Dès qu’un homme et une femme ne sont point attachés ailleurs par l’amour, ils cherchent dans leur amitié tout le dévouement de ce sentiment, et il y a une sorte d’exigence naturelle, entre deux personnes d’un sexe différent, qui fait demander par degrés, et sans s’en apercevoir, ce que la passion seule peut donner, quelque éloigné que l’un et l’autre soit de la ressentir ; on se soumet d’avance et sans peine à la préférence que son ami accorde à sa maîtresse ; mais on ne s’accoutume pas à voir les bornes, que la nature même de son sentiment met aux preuves de son amitié ; on croit donner plus qu’on ne reçoit, par cela même qu’on est plus frappé de l’un que de l’autre, et l’égalité est aussi difficile à établir sous ce rapport que sous tous les autres ; cependant elle est le but où tendent ceux qui se livrent à ce lien.
Nous voyons Tartuffe, qui lui aussi a établi sa base d’opérations au foyer domestique, faire de sa puissance un emploi formidable.
« Garde-toi des Écoles, garde-toi des serres où un horticulteur abusé ou malin élève des fleurs quasi artificielles, établit une Tradition — obtient des hybrides, des monstres.
Cette contradiction et cette résistance dessinent en leurs points d’équilibre les contours du réel ; mais pour que le réel se forme et devienne perceptible une condition est nécessaire : c’est une certaine durée de l’état d’équilibre qui s’est établi entre les deux forces antagonistes.
Tout l’esprit du christianisme est là : saint Pierre est l’Adam de la nouvelle loi ; il est le père coupable et repentant des nouveaux Israélites ; sa chute nous enseigne en outre que la religion chrétienne est une religion de miséricorde, et que Jésus-Christ a établi sa loi parmi les hommes sujets à l’erreur, moins encore pour l’innocence que pour le repentir.
Mais ce n’est pas assez que d’avoir bien établi l’ensemble, il s’agit d’y introduire les détails sans détruire la masse.
Un missionnaire ayant établi ses tréteaux sur la place de saint Marc à Venise, à côté d’un joueur de marionnettes, celui-ci s’attira si fort la foule par le moyen de son polichinel, que l’autre ne put jamais avoir un auditoire.
L’opera des bamboches, de l’invention de la grille, et qui fut établi à Paris vers l’année mil six cens soixante et quatorze, attira tout le monde durant deux hyvers, et ce spectacle étoit un opera ordinaire, avec la difference, que la partie de l’action s’executoit par une grande marionnette, qui faisoit sur le théatre les gestes convenables aux récits que chantoit un musicien, dont la voix sortoit par une ouverture ménagée dans le plancher de la scéne.
Elle ne put jamais débusquer Adam Smith de la tête de son singulier amant pour s’y établir à sa place, et c’est là aussi la première peine que lui infligea ce prélat qui ne connaissait pas la volupté, dit-elle, mais qui, sans volupté, lui fit un enfant.
Un grand progrès fut réalisé en philosophie le jour où Berkeley établit, contre les « mechanical philosophers », que les qualités secondaires de la matière avaient au moins autant de réalité que les qualités primaires.
En créant Constantinople, il donna une nouvelle direction à l’Orient, établit un nouveau centre de commerce, posa certaines barrières, en abaissa d’autres, et fit revivre, ou conserva pendant mille ans, au fond de la Thrace, une partie du goût et des lumières de la Grèce.
Il faut la capitale d’un grand royaume pour y établir la demeure du goût ; encore n’est-il le partage que d’un petit nombre d’honnêtes gens ; il est inconnu aux familles bourgeoises, et toute la populace en est exclue327. […] La Dévotion à la messe, et établit une comparaison entre « cette pièce barbare » et celles d’Eschyle « dans lesquelles la religion était jouée », parce qu’« on voyait dans Prométhée la Force et la Vaillance servir de garçons bourreaux à Vulcain, et dans Les Euménides une vieille pythonisse sur la scène avec des Furies347 ». […] Ces choses incontestables, ces vérités qui semblent si bien établies, le sont beaucoup moins qu’on ne pense, et c’est là un second et plus grave motif pour lequel la science ne doit pas s’en occuper. […] Est-ce une maison solide que je vais définitivement établir sur les ruines du vieux palais détruit par la main du Chevalier, sur les ruines de cet élégant pavillon qu’il a élevé ensuite comme une tente provisoire, en attendant une construction plus sérieuse ? […] Ce sera toujours une vaine prétention que celle d’établir le despotisme en fait de goût, et aucune nation ne pourra jamais imposer à toutes les autres les règles qu’elle a peut-être arbitrairement fixées373. » M.
Défense de planter aux Indes des vignes, des oliviers, ou d’établir des manufactures ; les galions du roi sont les seuls fournisseurs, et la répartition indique à chaque village combien de verroteries il doit acheter. […] On peut le prouver rigoureusement pour les caractères physiques, et grâce à la correspondance établie entre le physique et le moral, on peut conclure de même pour les caractères moraux ; l’hérédité physiologique nous garantit l’hérédité psychologique. […] Mais il ajoute beaucoup à l’esprit humain ; il ouvre des horizons, il suggère des aperçus, il réunit des groupes de faits séparés, il établit des ensembles. […] Louis de Loménie était issu d’une famille noble et peu riche, établie depuis plusieurs siècles à Faye, près de Limoges. […] Vois, pour te guérir du tien, l’ignoble équilibre établi, en attendant la culbute générale et prochaine et l’éruption du volcan qui nous soulagera de trente couches d’alluvions pétrifiées ; il s’est établi, cet équilibre, et il doit être maintenu en Europe par les écritoires qui ont à leurs ordres la poudre à canon, l’imprimerie, l’irréligion et partant la sédition.
Le Journal des Débats restaurait solennellement la critique littéraire, et déclarait, dans un article de Geoffroy (30 prairial an viii), que « l’extinction des partis, la tranquillité publique établie sur des bases solides, et un Gouvernement fort, sage et modéré, avaient enfin donné au peuple français le loisir de se reconnaître et de recueillir ses idées. » Dussault, Feletz, Delalot, Fiévée, Saint-Victor, l’abbé de Boulogne écrivaient fréquemment dans ce journal. […] Le contraire établit, au sein du roman le plus transportant, un ton de convention, de genre ; ainsi, dans la Nouvelle Héloïse, toutes les lettres de Claire d’Orbe sont forcément rieuses et folâtres ; l’enjouement, dès la première ligne, y est de rigueur. […] Quand elle peut s’établir à Rouen, la voilà, dans le premier instant, qui triomphe, car elle a gagné quelques lieues sur le rayon géométrique. […] Enfin, grâce à la tolérance de Fouché, qui avait pour principe de faire le moins de mal possible quand c’était inutile, il y eut moyen de s’établir à dix-huit lieues de Paris (quelle conquête !) […] Il y a un moment décisif pour les génies, où ils s’établissent tellement, que désormais les éloges qu’on en peut faire n’intéressent plus que la vanité et l’honneur de ceux qui les font.
Souvenez-vous de ce qui se passa lorsqu’on établit l’Église constitutionnelle. […] M. de Maistre a très-bien vu le premier que, le mouvement révolutionnaire une fois établi, la France et la monarchie (c’est-à-dire l’intégrité des États du roi futur) ne pouvaient être sauvées que par le jacobinisme200. […] Je les ai trouvés tous d’accord sur ce point, c’est que jamais il ne sera possible d’établir une souveraineté grecque… Je ne demande qu’à me tromper ; mais aucun œil humain ne saurait apercevoir la fin du servage de la Grèce, et s’il venait à cesser, qui sait ce qui arriverait ? […] Chaque jour M. de Maistre avait à peine achevé son repas que le Père Hintz (c’était le nom du savant) arrivait chargé de vieux livres, et des dissertations s’établissaient à fond entre eux sur le grec, l’hébreu, le copte. […] Après vous être établi son disciple, vous n’approchez de son école que sobrement et avec précaution. » 215.
L’expérience établit donc que le plus complexe a pu sortir du plus simple par voie d’évolution. […] Supposons qu’on arrive à établir, par inférence ou par expérience, que les espèces sont nées par un processus discontinu, dont nous n’avons aujourd’hui aucune idée. […] Dès lors la biologie pourrait et devrait continuer à établir entre les formes vivantes les mêmes relations que suppose aujourd’hui le transformisme, la même parenté. […] Le pur mécanisme serait donc réfutable, et la finalité, au sens spécial où nous l’entendons démontrable par un certain côté, si l’on pouvait établir que la vie fabrique certains appareils identiques, par des moyens dissemblables, sur des lignes d’évolution divergentes. […] Nous avons essayé au contraire d’établir, sur l’exemple précis de l’œil, que, s’il y a ici « orthogenèse », une cause psychologique intervient.
L’habitude, servie par l’intelligence et l’imagination, introduit parmi eux une discipline qui imite de loin, par la solidarité qu’elle établit entre les individualités distinctes, l’unité d’un organisme aux cellules anastomosées. […] Si pourtant la morale utilitaire s’obstine à reparaître sous une forme ou sous une autre, c’est qu’elle n’est pas insoutenable ; et si elle peut se soutenir, c’est justement parce qu’au-dessous de l’activité intelligente, qui aurait en effet à opter entre l’intérêt personnel et l’intérêt d’autrui, il y a un substratum d’activité instinctive primitivement établi par la nature, où l’individuel et le social sont tout près de se confondre. […] Un raisonnement établira donc que la fourmi a tout intérêt à travailler pour la fourmilière, et ainsi paraîtra fondée l’obligation. […] Mais de même qu’il s’est trouvé des hommes de génie pour reculer les bornes de l’intelligence, et qu’il a été concédé par là à des individus, de loin en loin, beaucoup plus qu’il n’avait été possible de donner tout d’un coup à l’espèce, ainsi des âmes privilégiées ont surgi qui se sentaient apparentées à toutes les âmes et qui, au lieu de rester dans les limites du groupe et de s’en tenir à la solidarité établie par la nature, se portaient vers l’humanité en général dans un élan d’amour. […] On a peut-être raison, mais on devrait ajouter que, de ce côté, la religion ne fait guère autre chose que promettre une extension et un redressement de la justice humaine par la justice divine : aux sanctions établies par la société, et dont le jeu est si imparfait, elle en superpose d’autres, infiniment plus hautes, qui doivent nous être appliquées dans la cité de Dieu quand nous aurons quitté celle des hommes ; toutefois, c’est sur le plan de la cité humaine qu’on se maintient ainsi ; on fait intervenir la religion, sans doute, mais non pas dans ce qu’elle a de plus spécifiquement religieux ; si haut qu’on s’élève, on envisage encore l’éducation morale comme un dressage, et la moralité comme une discipline ; c’est à la première des deux méthodes qu’on s’attache encore, on ne s’est pas transporté à la seconde.
Comment croirait-il plus que nous à la réalité d’une inspiration qui a besoin d’établir une sorte de service de contentieux pour prouver qu’elle est ? […] Mais ce sera affaire d’imagination plutôt que d’érudition que d’apprécier, de sentir cette vérité à la fois profonde et mouvante, tout comme ç’a été affaire d’imagination plus que de compulsation, que de la saisir et de l’établir. […] Pour comprendre le monde et établir les justes institutions de l’humanité, il a prétendu se fier exclusivement aux données du rationalisme expérimental. […] Ceci le condamnait, dans l’ordre théorique et intellectuel, a la dispersion indéfinie des idées et lui interdisait l’accès des hauteurs d’où peut s’embrasser l’ensemble du monde et de l’homme, s’en établir une synthèse « authentique ». […] Cette disparition de Dieu a rendu désespérant à réaliser le tacite concordat moral, le contact d’humanité qui devrait s’établir entre le curé et l’instituteur laïque, libres l’un de l’autre.
Elles s’appuient sur elles pour lutter contre la religion établie, et cet appui devient un joug. […] Calvin s’en alla à Strasbourg, s’y établit dans le personnage de pasteur et de professeur, et attendit les événements. […] Parce qu’il l’établissait sur sa volonté, plus forte et plus inflexible qu’aucune volonté humaine. […] C’est-à-dire un autre concile à qui s’appliqueront les mêmes règles que vous venez d’établir pour le premier, et ainsi de suite. […] Ronsard a pâli sur l’antiquité, sur des textes rudes, mal établis du reste, et obscurs.
S’il s’établit une figure populaire de l’artiste, ce sera une raison pour que l’artiste ne veuille pas lui ressembler. […] Mais c’est rarement de façon absolue et en dernier ressort qu’on peut établir l’erreur du génie, affirmer que Rembrandt ici ou là a fait à tort état de la lumière. […] Deux mois pendant lesquels s’établit entre Madeleine et lui une communauté d’horizon, de paysage, de pensée. […] ou pensait-il avec raison qu’il n’avait plus rien à craindre désormais pour cette identité de lui-même, qu’il avait pris jusque-là tant de soin d’établir ? […] Un centenaire en 1921 a permis, comme à l’ordinaire, d’établir un bilan momentané.
Nous ne devenons admirateurs difficiles que lorsque les ouvrages dans le même genre venant à se multiplier, nous pouvons établir des points de comparaison, & en tirer des regles plus ou moins séveres, suivant les nouvelles productions qui nous sont offertes. […] Pour concevoir comment un usage qui nous paroît si choquant dans le genre noble & pathétique a pû jamais s’établir chez les anciens, il faut supposer qu’à la faveur de l’étendue de leurs théatres, la dissonance monstrueuse de ces traits fixes & inanimés avec une action vive & une succession rapide de sentimens souvent opposés, échappoit aux yeux des spectateurs. […] Aux reproches que nous faisons aux comédiens sur l’indécence de leurs vêtemens, ils peuvent opposer l’usage établi, & le danger d’innover aux yeux d’un public qui condamne sans entendre, & qui rit avant de raisonner. […] Son caractere de naïveté une fois établi, nous devons trouver possible qu’il ajoûte foi à ce qu’il raconte ; & de-là vient la regle de suivre les moeurs ou réelles ou supposées. […] ainsi par degré la perfidie est plus atroce, à mesure que la confiance violée étoit mieux établie.
Ampère fut nommé, en décembre 1801, professeur de physique et de chimie à l’École centrale de l’Ain, il dut aller s’établir seul à Bourg, laissant à Lyon sa femme souffrante avec son enfant. […] Thénard, dont la position alors était moins établie que la sienne. […] Il établissait entre les propriétés des corps une multitude de rapprochements qu’on n’avait point faits ; il expliquait des phénomènes encore sans lien, et la plupart de ces rapprochements et de ces explications ont été vérifiés depuis par les expériences.
VI La marquise de La Pierre, son amie, et ses filles étaient venues s’établir pour quelques semaines aux bains d’Aix, en Savoie. […] Mais si l’usage de tous les temps et le bon sens de tous les peuples ne suffisaient pas pour établir ici cette distinction entre le poète et le héros, M. de Lamartine avait pris soin de l’établir d’avance dans la préface même de son ouvrage. « Il est inutile, dit-il, de faire remarquer que la plupart des morceaux de ce dernier chant de Childe Harold se trouvent uniquement dans la bouche du héros que, d’après ces opinions connues, l’auteur français ne pouvait faire parler contre la vraisemblance de son caractère.
XXIX « Quelques tribuns voulaient établir dans leur assemblée une opposition analogue à celle d’Angleterre et prendre au sérieux la Constitution, comme si les droits qu’elle paraissait assurer avaient eu rien de réel, et que la division prétendue des corps de l’État n’eût pas été une simple affaire d’étiquette, une distinction entre les diverses antichambres du consul dans lesquelles des magistrats de différents noms pouvaient se tenir. […] « J’arrive à Paris dans une maison nouvellement louée, et que je n’avais pas encore habitée ; je l’avais choisie avec soin dans le quartier et l’exposition qui me plaisaient ; et déjà, dans mon imagination, je m’étais établie dans le salon avec quelques amis dont l’entretien est, selon moi, le plus grand plaisir dont l’esprit humain puisse jouir. […] Je lui ai refusé ce plaisir vraiment raffiné ; c’est le seul mérite que j’aie eu dans la longue lutte qu’il a établie entre sa toute-puissance et ma faiblesse.
C’est cette même coïncidence de religion achevée, de mœurs faites, de politique établie, de loisir national conquis par les armes, et de langue créée par le temps qui fait, comme nous le disions tout à l’heure, qu’un grand siècle se fait homme tout à coup dans un groupe prédestiné de grands hommes. […] La seconde de ces causes, c’est que le poète tragique est privé, par la nature même de son sujet et par le dialogue pressé qu’il établit entre ses personnages, de toute la partie descriptive de la poésie, c’est-à-dire d’un des plus grands charmes du poème. […] Ces deux hommes laissèrent la froideur de la faute et du souvenir s’établir entre leurs âmes.
Baudelaire en convient implicitement lui-même par cette appréciation juste et profonde du talent de son auteur : « Aucun homme n’a raconté avec plus de magie les exceptions de la vie humaine et de la nature ; — les ardeurs de curiosité de la convalescence ; — les fins de saisons chargées de splendeurs énervantes, les temps chauds, humides et brumeux, où le vent du sud amollit et détend les nerfs comme les cordes d’un instrument, où les yeux se remplissent de larmes qui ne viennent pas du cœur ; — l’hallucination… l’absurde s’installant dans l’intelligence et la gouvernant avec une épouvantable logique ; — l’hystérie usurpant la place de la volonté, la contradiction établie entre les nerfs et l’esprit, et l’homme désaccordé au point d’exprimer la douleur par le rire. » Si on fait le compte de ces puissances, on se demande où, dans tout cela, se trouve la place de l’âme humaine. […] Il établit le tour du cadran de l’analyse sur le pivot de son mouvement interne. […] Le talent, en effet, si singulier et si nouveau de ses premiers Contes, publiés dans les Revues et les Journaux du temps, éleva leurs chiffres d’abonnements dans la proportion de cinq mille à cinquante mille, et lui aurait assuré une renommée solide, sur laquelle il eût établi sa fortune, dans un autre pays qu’un pays sans unité, sous les plis de ce drapeau menteur qui s’appelle le drapeau des États-Unis !
Ses premières comédies, qui étaient aussi bonnes pour son siècle, qu’elles sont mauvaises pour le nôtre, furent cause qu’une troupe de comédiens s’établit à Paris. […] Il y avait depuis quelques temps des comédiens établis à l’hôtel de Bourgogne. […] On permit à la troupe de Molière de s’établir à Paris ; ils s’y fixèrent, et partagèrent le théâtre du Petit-Bourbon avec les comédiens Italiens, qui en étaient en possession depuis quelques années.
C’était en effet avec quelques anneaux ainsi choisis à distance, et en omettant bien des intermédiaires, que l’on pouvait parvenir, moyennant un peu de bonne volonté, à établir une espèce de chaîne continue dans la doctrine déjà si disparate et à travers la carrière déjà si accidentée de M. de La Mennais ; mais depuis lors la chaîne s’est rompue à trop d’endroits pour qu’on essaye, par aucun artifice, d’en ressouder les fragments et d’en rejoindre les bouts. […] Carron d’un côté, moi de l’autre, nous l’avons entraîné, mais sa pauvre âme est encore ébranlée de ce coup. » Habemus confitentes… Il est évident, quand on suit l’ordre aujourd’hui si bien établi des faits et des pensées, que l’abbé Jean et M.
Mme Valmore, comme famille prochaine et presque aussi chère que celle du foyer, avait encore un frère qui vivait à Douai, deux sœurs et une nièce établies à Rouen, et assez peu heureuses, ce semble. […] Les autres sœurs et leurs enfants, qui étaient établis à Rouen.
Sur l’offre que leur en fit Alexandre, ils refusèrent de retourner en Grèce, ayant honte, disaient-ils, de s’y montrer en pareil état, et ils aimèrent mieux rester établis suc la terre d’exil. […] Ils ont été destinés au salon de Mme de Sablé, alors établie à la Place Royale.
D’autres auraient pu croire qu’il suffisait, en commençant, d’exposer la situation du royaume, l’état de l’administration, le système des lois politiques, civiles et pénales, au moment où saint Louis arriva au trône ; l’Académie n’en demandait pas davantage ; mais l’esprit du jeune écrivain était plus exigeant : de bonne heure attentif à remonter aux causes, à suivre les conséquences, à ne jamais perdre de vue l’enchaînement, il se dit que l’influence et la gloire de saint Louis consistaient surtout dans l’abaissement et la subordination du régime féodal, et il rechercha dès lors quel était ce gouvernement féodal dans ses origines et ses principes, comment il s’était établi, accru, et par quels degrés, ayant atteint son plus grand développement, il approchait du terme marqué pour sa décadence. […] Il aurait pu être ministre à son jour : il préféra demeurer le plus établi des historiens.
Que l’on vienne, dans une bibliothèque populaire, distribuer à des lecteurs inexpérimentés des aliments ou malsains, ou trop forts et d’une digestion intellectuelle difficile, ce n’est pas, vous le sentez bien, ce que je m’efforcerai de justifier ; mais ce qui me paraît d’autre part excessif, injustifiable, c’est qu’on prenne occasion de ce qui peut être un fait controversable ou blâmable, pour venir afficher une sorte de jugement public et officiel d’ouvrages et de noms livrés à la dispute des hommes, établir contre eux une sorte de sentence définitive et sans appel, les frapper d’une note odieuse de censure, et instituer dans notre libre France une sorte d’index des livres condamnés, comme à Rome. […] J’aimerais à le voir quelquefois, à l’entendre établir et revendiquer ici quelques-uns des principes de la société nouvelle, dût-on l’écouter en frémissant… Mais ce n’est point de cela qu’il s’agit en ce moment ; j’aimerais, dis-je, que le prince Napoléon fût présent, car ce serait à lui plus qu’à personne qu’il appartiendrait de venger le grand écrivain, le grand peintre, la femme cordiale et bienfaisante dont il est l’ami.
. — Il s’établit en même temps que la monarchie régulière et la conversation polie, et il les accompagne non par accident, mais par nature. […] Les œuvres de Milton contiennent environ 8 000 mots. « Shakespeare, chez qui la variété de l’expression est probablement plus grande que dans tout autre écrivain de quelque langue que ce soit, a composé toutes ses pièces avec 15 000 mots environ. » (Max Müller, Lectures on the science of language, I, 309.) — Il serait curieux d’établir en regard le compte si restreint du vocabulaire de Racine.
En possession du droit de jouer leurs mystères, d’interdire à tous autres d’en jouer à Paris ou dans sa banlieue, établis à l’Hôpital de l’Hôtel de la Trinité, plus tard à l’Hôtel de Flandre, ils lurent peut-être les premiers à représenter le drame de la Passion : ils furent sans doute les promoteurs des vastes compositions cycliques, dont la permanence de leur théâtre leur rendait facile, autant qu’avantageuse, la représentation. […] Une habitude s’établit de composer le spectacle des trois genres de pièces.
Ni la souple et ployable raison n’a su trouver une vérité constante, ni l’ondoyant et divers instincts n’a pu établir une forme universelle de vie. […] Surtout il n’est pas chrétien, et la décence de son adhésion à la religion établie dissimule mal en lui la négation de l’essence même du christianisme : ainsi le courant d’esprit antichrétien, ou simplement non chrétien, qui se laisse distinguer dans le siècle classique, et qui passe par Molière ou par Descartes pour arriver à Voltaire, prend sa source en lui ; le rationalisme, épicurien ou cartésien, est impliqué dans les Essais.
Il faisait avec soin la critique de ses sources, établissait le plus exactement qu’il pouvait l’authenticité, la valeur, la signification de chaque document. […] Ainsi établi dans sa forme définitive, il n’eut pas de peine à prendre place en 1756 dans l’Essai sur l’Histoire générale, et sur les mœurs et l’esprit des nations depuis Charlemagne jusqu’à nos jours.
J’établis que cela ne se produit pas. […] En vue qu’une attirance supérieure comme d’un vide, nous avons droit, le tirant de nous par de l’ennui à l’égard des choses si elles s’établissaient solides et prépondérantes — éperdument les détache jusqu’à s’en remplir et aussi les douer de resplendissement, à travers l’espace vacant, en des fêtes à volonté et solitaires.
J’en parlerai à Néron. » Certes, si les esclaves, prenant à la lettre et comme immédiatement applicable la parole de saint Paul, avaient établi leur domination sur les ruines fumantes de Rome et de l’Italie et privé le monde des bienfaits qu’il devait retirer de la domination romaine, Sénèque aurait eu quelque raison. […] Nous voulons établir partout le gouvernement qui nous convient et auquel nous avons droit.
J’aurais bien à dire sur le fil un peu léger qu’il établit entre l’acte commis par un jeune détraqué et la doctrine du savant austère qui fut son inspirateur sans le savoir ; j’estime qu’il calomnie le déterminisme en lui reprochant de supprimer la distinction du bien et du mal ; je crains qu’il ne conseille une chose de valeur morale très douteuse, quand il invite l’homme qui croit avoir trouvé une vérité psychologique contraire aux opinions reçues à ne pas la divulguer, de peur des conséquences qu’elle pourrait entraîner. […] Mais ce problème, qui intéresse l’éducation autant que l’histoire, ne sera résolu qu’après une multitude d’enquêtes méthodiques qui auront établi son bilan d’influence pour chacun des livres ayant remué une génération.
La citation d’Egger n’est pas le texte exact d’Aristote ou alors le texte d’Egger n’est pas celui qu’établissent les modernes. […] Encore ce spectacle ne nous apprend-il pas comment s’établissent des fondations ; il nous donne seulement quelques éléments précieux pour instituer sur cette question une hypothèse vraisemblable.
Il est aisé d’expliquer par les principes ou plutôt par les faits que nous venons d’établir, pourquoi le Français, l’Anglais, l’Italien, l’Allemand, etc., trouvent tous jusqu’à un certain point de l’harmonie dans la langue et dans la poésie latine. […] Ce discours m’en rappelle un autre à peu près semblable, que j’ai souvent entendu tenir à un étranger, homme d’esprit, établi en France depuis assez longtemps ; il m’a plusieurs fois avoué qu’il ne sentait pas le mérite de La Fontaine.
Quand je prendrais les ailes de l’Aurore et que je porterais ma tente aux confins des mers, là même, c’est ta main qui me conduira sur la route, ta main qui m’établira. […] L’érudition critique peut rapprocher et finement approfondir ce qui nous reste de notions appréciables sur les diverses formes de pouvoir théocratique établies chez les différents peuples.