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729. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Jules Simon, qui a lu beaucoup et cité beaucoup Pascal dans ses notes, ne se rejette pas, comme Pascal, de désespoir, devant cet abîme du scepticisme qui gronde, mais qui ne répond pas, au Dieu positif de la Révélation et de l’Église.

730. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Rapports entre Dieu et les pouvoirs humains, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la religion, — Nécessité d’une réforme de l’enseignement public dans l’intérêt de la littérature et de la politique, — Importance sociale du catholicisme, — Mœurs des Grands, — Exemple des Grands, — l’Église et l’État, ou Théocratie et Césarisme, — Royauté de Jésus-Christ et Restauration de l’Empire en France, voilà les neuf majestueux sujets que le P. 

731. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Auguste de Chatillon. À la Grand’Pinte ! »

De même, dans le Dimanche des Rameaux où tout est peint d’un ardent et vif mouvement de brosse, tout, excepté l’intérieur de l’église qui importait plus que le dehors, le poète va chanter la Mère Godichon, ce qui soulève… et fait penser que, si le pauvre et noble Dépouillé se souvient de son blason pourpré de gentilhomme, en regardant la pourpre et l’or d’un beau soleil couchant, les poètes ont aussi leurs blasons, comme les gentilshommes, leurs blasons qu’ils doivent toujours regarder !

732. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

L’élément dominant du moyen âge est l’Église. L’Église a mis près de dix siècles à donner une base solide à notre civilisation. […] L’Église ne considère les individus qu’autant qu’ils l’ont ou servie ou contrariée. […] Le caractère de la philosophie du moyen âge est la soumission quelquefois éclairée, quelquefois aveugle à l’autorité de l’Église. La philosophie moderne, en respectant l’Église, ne reconnaît que l’autorité de la raison.

733. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

dans l’église de Santa-Croce à Florence. […] La médiocrité et le goût barbare des constructions ; la ridicule et mesquine magnificence du petit nombre de maisons qui prétendent au titre de palais ; la saleté et le gothique des églises ; l’architecture vandale des théâtres de cette époque, et tant, tant, tant d’objets déplaisants qui, tous les jours, passaient devant mes yeux, sans compter le plus amer de tous, ces visages plâtrés de femmes si laides et si sottement attifées ; tout cela n’était pas assez racheté à mes yeux par le grand nombre et la beauté des jardins, l’éclat et l’élégance des promenades où se portait le beau monde, le goût, la richesse et la foule innombrable des équipages, la sublime façade du Louvre, la multitude des spectacles, bons pour la plupart, et toutes les choses du même genre. […] Les filles de la princesse de Stolberg obtinrent tour à tour cette distinction, qui leur procura de riches mariages, car les chanoinesses de ces abbayes ne faisaient pas vœu de renoncer au monde ; elles trouvaient au contraire dans cette singulière alliance avec l’Église une occasion de briller plus sûrement parmi les privilégiés de la fortune.

734. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre troisième »

Pour ce qui regarde l’Église, je n’ai remarqué que deux ou trois traits de satire timide et détournée contre les moines, ces plastrons, pendant près de cinq siècles, de tout ce qui tenait une plume en France, prosateur ou poète. […] Voir, voir, mais j’emplis ma pance De bons morceaux et de bous vins, Tels cum il affiert (appartient) a devins (gens d’Église). […] Les premiers demandent grâce pour sa jeunesse, pour son érudition, « telle, disent-ils, qu’il n’est personne qui puisse lui être comparé dans la langue française. » Quelques-uns prétendent qu’on se trompe sur ses intentions ; que, sous cette prétendue licence de langage, se cache un profond esprit de pénitence ; d’autres l’approuvent énergiquement d’avoir dit la vérité à tout le monde, nobles, gens d’Église, peuple.

735. (1894) Textes critiques

L’abat-jour vert de Raïa occulte la vision en haut… — Mais il est absurde d’analyser Solness ou d’expliquer ce que chacun sait d’après maintes études connues : l’identité d’Ibsen et de son constructeur d’églises, ses demeures refusées des hommes que se soumettra peut-être Strindberg… Drame très intelligemment mis à la scène par Lugué-Poe. […] Point de louanges pour Filiger, la meilleure étant pour lui celle des paysans qui, après l’admiration des Georgin : ou Notre-Dame des Ermites en sa baraque-salon drapassementée de toiles rouges — ou saint Claude crossé et mitré, marchant au-dessus des églises — où le Christ aux évangélistes, fleuri parmi les palmiers — ou saint Biaisé et saint Guérin, symétriques alexis des épizooties — et tous les Christs sur tous les fonds d’aurore, de crépuscule, d’air et de mer ou de crêpe, — disent : Ce que vous faites est encore plus beau. […] [Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais…] Depuis la phrase d’une préface de Beaumarchais, le travesti , défendu par l’Eglise et par l’art. « Il n’existe point de tout jeune homme assez formé pour… » La femme étant l’être jusqu’à la vieillesse imberbe et à la voix aiguë, une femme de vingt ans représente, selon la tradition parisienne, l’enfant de quatorze, avec l’expérience de six ans de plus.

736. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

Les longs corridors, les hauts dortoirs, la vaste église attenant à l’édifice, les portiques et les cours espacées sur lesquelles s’ouvrent les salles d’étude, donnent à tout l’ensemble de ce bâtiment l’aspect d’une magnifique abbaye de cénobites épris des champs, plutôt que la physionomie murale d’une prison d’enfants, physionomie trop habituelle à ces monuments d’étude. […] Je vivrais mille ans que je n’oublierais pas certaines heures du soir où, m’échappant pendant la récréation des élèves jouant dans la cour, j’entrais par une petite porte secrète dans l’église déjà assombrie par la nuit et à peine éclairée au fond du chœur par la lampe suspendue du sanctuaire ; je me cachais sous l’ombre plus épaisse d’un pilier ; je m’enveloppais tout entier de mon manteau comme dans un linceul ; j’appuyais mon front contre le marbre froid d’une balustrade, et, plongé, pendant des minutes que je ne comptais plus, dans une muette, mais intarissable adoration, je ne sentais plus la terre sous mes genoux ou sous mes pieds, et je m’abîmais en Dieu, comme l’atome flottant dans la chaleur d’un jour d’été s’élève, se noie, se perd dans l’atmosphère, et, devenu transparent comme l’éther, paraît aussi aérien que l’air lui-même et aussi lumineux que la lumière. […] « Aussitôt que les arbres ont développé leurs fleurs, mille ouvriers commencent leurs travaux : ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d’un vieux mur, ceux-là maçonnent des bâtiments aux fenêtres d’une église, d’autres dérobent un crin à une cavale ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu à la ronce.

737. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

Ce matin, Paris n’a plus sa grande voix bourdonnante, et le silence inquiétant des heures mauvaises est tel, que nous entendons sonner onze heures, à l’église de Boulogne. […] Intercaler là-dedans le souvenir angélique de nuits d’amour, passées à l’hôtel de Flandres, à Bruxelles, nuits semblant bercées par l’orgue de l’église mitoyenne. […] » montent les grandes ondes tragiquement sonores du tocsin, qui se met à sonner à toutes les églises — bruit lugubre qui me remplit de joie, et sonne pour Paris l’agonie de l’odieuse tyrannie. […] Les moins courageuses de ces femmes avouent seulement leur faiblesse, par un petit penchement de la tête de côté, qu’ont les femmes, quand elles ont longtemps prié à l’église. […] Je retrouve avec une profonde tristesse, dans un coin de l’église, cette vieille descente de croix en pierre, que nous avions dessinée ensemble, et que je ne croyais jamais revoir — tout seul.

738. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Le digne curé, au lieu de tirer parti de cette jeune âme volontiers heureuse, sembla s’attacher à la noircir de terreurs : il envoyait son élève à la nuit close, seul, invoquer le Saint-Esprit dans l’église ; il fallait traverser le cimetière, c’étaient des transes mortelles. […] « Vous aviez montré pour la vieillesse et le caractère du chef de l’Église des égards qui vous avaient honoré. […] … Non, je veux une église, et dans cette église il y aura une chapelle expiatoire, et l’on y déposera les restes de Louis XVI et de Marie-Antoinette. […] Dans une église de Naples, à Sainte-Claire, je crois, se voit un élégant tombeau de jeune fille par Jean de Nola, avec des vers latins ; tombeau grec, épitaphe païenne : …………………………………… At nos perpetui gemitus, tu, nata, sepulchri Esto haeres, ubi sic impia fata volunt. Cet impia fata dans une église catholique ne choque personne.

739. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Les assassinats, par exemple (ce qui est bien quelque chose dans le cours ordinaire de la vie), avaient non-seulement diminué, mais presque entièrement cessé dans la haute Italie sous le régime français ; ils avaient repris dès le lendemain avec autant de fréquence que jamais, grâce au droit d’asile dans les églises et à la facilité de s’enfuir sur le territoire des petits États circonvoisins. […] C’est ainsi qu’en France, au sortir de la Révolution, un nouvel ordre de sentiments inverses et tout opposés remplaça ceux de la veille : « Quand cette Église, dit-il dans cette même lettre à Channing, eut été renversée en France par le double effort des encyclopédistes et des révolutionnaires, quand surtout un peu de calme eut succédé à la tempête, le besoin des affections tendres des cœurs, le besoin de confiance et d’espérance, l’admiration pour la création, le sentiment de la spiritualité de notre être, la soif de l’immortalité se firent sentir dans les âmes.

740. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

La question de l’Église est plus délicate. […] De nos jours, l’Église est trop devenue un parti, j’allais dire une secte.

741. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

M. de Chateaubriand adorait madame de Beaumont ; il lui érigea un monument funèbre à Rome, dans l’église Saint-Louis-des-Français, pendant qu’il était secrétaire d’ambassade sous le cardinal Fesch. […] J’avais un sentiment d’admiration et de pitié pour ces belles îles de l’Archipel, où fleurissent en hommes et en femmes la plus charmante jeunesse du monde ; mais je n’avais aucune haine pour Mahomet et pour ce peuple religieux, pasteur et guerrier, qui était venu à son temps balayer des vallées de Bithynie la corruption byzantine, et prêcher l’unité de Dieu, ce dogme des Arabes, à la place des superstitions ingénieuses de l’Église grecque qui touchent de si près à l’idolâtrie.

742. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

Comme c’est un quartier très pauvre, il y faisait beaucoup l’aumône, et les malheureux l’entouraient dans l’église, ce qui lui avait valu l’épître des Thénardier : Au monsieur bienfaisant de l’église Saint-Jacques-du-Haut-Pas.

743. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVe entretien. Chateaubriand, (suite) »

Le public ravi y fut un moment trompé ; il crut que la religion chrétienne avait produit son fruit littéraire, et que l’homme du christianisme allait faire oublier l’Homère de l’Olympe, mais cette séduction du talent ne fut pas longue ; on reconnut bientôt que l’enfer sans terreur et le paradis sans espérance n’étaient que des parodies sans réalité des enfers et du paradis païens, mille fois moins intéressants que ceux de Virgile et d’Homère, car ils étaient sans foi ; cela ressemblait à tous ces enfers et à tous ces cieux dont les peintres modernes barbouillaient les dômes des églises en imitant ridiculement Michel Ange, et où la perfection des contours ne produisait pas même l’illusion de la réalité. […] J’entrai avec elle dans l’église pleine de musique et d’encens.

744. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre I. La littérature pendant la Révolution et l’Empire — Chapitre IV. Chateaubriand »

Il résulte pourtant de récents travaux que, dès 1793, sous le régime de la séparation de l’Église et de l’État, le clergé avait repris le culte public. […] Partout le peuple s’était porté avec empressement à ses églises.

745. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

De même que Bossuet trouvait dans sa croyance passionnée à la tradition de l’Église, la sagacité historique qui en aperçoit l’enchaînement sous la mobilité et sous les contradictions des grands corps qui la perpétuent, le sens du moraliste qui découvre au fond des cœurs les causes de la longue obéissance des peuples, l’intelligence qui comprend les grands orthodoxes, et je ne sais quelle amitié, à travers les siècles, qui fait de lui leur frère d’armes dans leurs luttes théologiques ; de même la prévention de Saint-Simon pour une monarchie absolue appuyée sur la noblesse, lui inspira une pénétration impitoyable pour découvrir les vices de la monarchie absolue remplaçant par des roturiers la noblesse disgraciée. […] Tous les deux secouent le joug sous lequel les plus hautes têtes d’alors se sont courbées, Fénelon rêvant une Salente où il eût joué le rôle de Mentor, et presque schismatique dans l’Eglise gallicane ; Saint-Simon faisant de la politique féodale, et inclinant au jansénisme.

746. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

Herder, à la fois homme d’église, poëte et historien, avait paru convenablement situé sur ce point de la ville. — On a regretté cependant que ce bronze ne fit pas tout l’effet attendu près du mur d’une église.

747. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

Le théâtre est l’Église du diable Voilà comment tiennent, l’une à l’autre, ces œuvres fameuses de la comédie ; un lien secret réunit à Molière, au maître absolu de ce grand art, toutes les comédies qui ont été faites après lui, et de même que Longin appelait le théâtre d’Eschyle, d’Euripide et de Sophocle : le Relief des Festins d’Homère , on pourrait appeler les comédies qui ont suivi L’Avare, Les Femmes savantes, Le Misanthrope et L’École des femmes, le relief des soupers de de la petite maison d’Auteuil. […] Elle donne un choc à l’esprit, et de ce choc dangereux, l’esprit a peine à se remettre ; il se souvient longtemps du spectacle animé de ces licences ; il y revient complaisamment, il les médite, et c’est pourquoi Tertullien appelle le théâtre : « l’Église du diable : Ecclesia diaboli ! 

748. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « BRIZEUX et AUGUSTE BARBIER, Marie. — Iambes. » pp. 222-234

Marie, la gentille brune aux dents blanches, aux yeux bleus et clairs, l’habitante du Moustoir, qui tous les dimanches arrivait à l’église du bourg, qui passait des jours entiers au pont Kerlo, avec son amoureux de douze ans, à regarder l’eau qui coule, et les poissons variés, et dans l’air ces nombreuses phalènes dont Nodier sait les mystères ; Marie, qui sauvait la vie à l’alerte demoiselle abattue sur sa main ; qui l’hiver suivant avait les fièvres et grandissait si fort, et mûrissait si vite, qu’après ces six longs mois elle avait oublié les jeux d’enfant et les alertes demoiselles, et les poissons du pont Kerlo, et les distractions à l’office pour son amoureux de douze ans, et qu’elle se mariait avec quelque honnête métayer de l’endroit : cette Marie que le sensible poëte n’a jamais oubliée depuis ; qu’il a revue deux ou trois fois au plus peut-être ; à qui, en dernier lieu, il a acheté à la foire du bourg une bague de cuivre qu’elle porte sans mystère aux yeux de l’époux sans soupçons ; dont l’image, comme une bénédiction secrète, l’a suivi au sein de Paris et du monde ; dont le souvenir et la célébration silencieuse l’ont rafraîchi dans l’amertume ; dont il demandait naguère au conscrit Daniel, dans une élégie qui fait pleurer, une parole, un reflet, un débris, quelque chose qu’elle eût dit ou qu’elle eût touché, une feuille de sa porte, fût-elle sèche déjà : cette Marie belle encore, l’honneur modeste de la vallée inconnue qu’arrosent l’Été et le Laita, ne lira jamais ce livre qu’elle a dicté, et ne saura même jamais qu’il existe, car elle ne connaît que la langue du pays, et d’ailleurs elle ne le croirait pas.

749. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

L’église et le club.

750. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

Légères malgré leur sérieux, gracieuses comme le monde l’entend et presque mystiques comme l’Église l’approuve, elles s’étaient lestement envolées de chez l’éditeur.

751. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Gustave III »

Ainsi, il vendit des biens d’Église, et devint distillateur et marchand d’eau-de-vie dans les proportions d’un monopole immense, pour faire vivre dans leur luxe effréné ceux-là que Léouzon-Leduc appelle hardiment ses mignons… L’un des plus comiques de ces spectacles fut sa coquetterie avec les Francs-Maçons et le prétendant d’Angleterre, qui était grand-maître de l’Ordre, auquel, dans des vues de conquête politique, il voulut succéder ; et surtout ce fut sa réclamation, comme Maçon, de la Livonie, qui avait jadis, comme on sait, appartenu aux Templiers… Extravagant, mais d’une extravagance qui passait comme un coup de vent, il rêva tour à tour qu’il prendrait la Norvège, qu’il confisquerait le Danemark, qu’il entamerait la Russie ; et il intrigua, brouilla, remua, mais stérilement, dans le sens de tous ces rêves, lesquels n’eurent de réel qu’une superbe bataille navale qu’il gagna lui-même en personne, — belle inutilité de plus !

752. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sophie Arnould »

Sophie Arnould commença par chanter dans les églises, à la Cour, puis à l’Opéra, où cette voix expressive, cette voix d’esprit, lutta contre la vraie musique, — la musique de Gluck qu’elle avait appelée « une bête » et contre laquelle elle se brisa.

753. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « La Bible Illustrée. Par Gustave Doré »

Or, encore, sans l’inspiration directe du Saint-Esprit, reconnue et attestée par l’Église, toute interprétation de la Bible n’est plus qu’une interprétation individuelle, par conséquent plus ou moins protestante, et alors il n’y a plus là que la question du génie humain à examiner.

754. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Auguste Vacquerie  »

On conçoit qu’il n’aime pas à se regarder dans ces imitations et à se trouver trop soi dans ces glaces dont il a fourni l’étamage, — ce qui est trop cher ; mais les hugolâtres s’excommuniant eux-mêmes de leur hugolâtrie, et se mettant à la porte de l’imitation hugotine qui est toute leur Église, et hors de laquelle il n’y a pour eux ni vie ni salut, cela réellement ne se comprend plus !

755. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Milton »

Sans le Paradis perdu, je vous le demande, que serait maintenant le secrétaire de Cromwell, le polémiste contre Saumaise, le républicain, le saint d’Israël de la République d’Angleterre, l’auteur de la Doctrine chrétienne retrouvée en 1823 et qui ne nous intéresse un peu que parce qu’elle est de l’auteur du Paradis perdu ; car que nous fait, à nous, hommes du xixe  siècle, que Milton fût, aux regards de l’Église protestante, orthodoxe ou hétérodoxe, trinitaire ou unitairien ?

756. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Eugène Sue » pp. 16-26

D’artiste devenu homme de parti, il attaqua l’Église, les gouvernements, les législations, toute la vieille société dont il ne gardait que les vices, et il publia successivement tous ces livres qui ont le plus mordu, vitriol terrible, sur les imaginations de ce temps.

757. (1773) Essai sur les éloges « Morceaux retranchés à la censure dans l’Essai sur les éloges. »

Les lois de l’Église défendent à un ecclésiastique d’instruire un procès criminel, et c’est le sous-diacre Châteauneuf, garde des sceaux, le même qui avait recueilli la dépouille d’un des deux frères, qui prononce la sentence de mort contre l’autre.

758. (1889) La littérature de Tout à l’heure pp. -383

Mais pourquoi, ce qu’il cherche et ce qu’il désire, ne le trouve-t-il pas dans l’Église qui berça ses devanciers ? […] Mais cette question, sans que Pascal ait eu la consolation de le savoir, recelait les secrets-mêmes de la réponse et cette ruine est l’arche magnifique qui relie à l’Église ancienne l’Église des temps nouveaux. […] — Aussi ne sont-ils point de cette Église. […] C’est encore de ces écrivains dévoués à l’Église et dont l’Église a horreur. […] Ils font leurs dévotions tour à tour au temple de Jupiter-Ammon et à l’Église de Jésus-Christ.

759. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Ainsi, dans Renaud de Montauban, sous la rude plaisanterie d’un ogre en belle humeur, on dirait déjà la révolte contre le moine et contre l’Église. […] L’Église n’avait pas trouvé de meilleur moyen d’assujettir à la longueur de ses offices les grands enfants barbares qu’elle avait entrepris de guider vers la civilisation. […] Puis, un jour, le drame sortit du sanctuaire, et le latin vulgaire commença d’envahir sur le latin d’Église. […] En 1673, le divorce de l’Église et du théâtre n’était pas consommé. […] Bernard, prêtre habitué en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois » ; et il faisait ses pâques, en dépit du rituel.

760. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Une petite cour resserrée par un bûcher, aux bûches disparaissant sous les porte-bougies et les dais en feuilles de chêne artificielles, qui servent aux grandes cérémonies de l’église. […] Dans l’église, nous dessinions ensemble le vitrail représentant la moyenâgeuse « Promenade du Bœuf gras ». […] J’arrive au bout de la rue d’Enfer, à cette église fraîchement bâtie à l’angle de cette rue et du boulevard Saint-Jacques. […] Des lieux éloignés lui paraissent tout proches, et la blanche église de Saint-Cloud semble couronner Boulogne. […] J’entre dans l’église, et je vois dans une chapelle, une réunion de capotes grises, dont quelques-uns de ceux qui les portent, ont à la main un pauvre petit livre de prières, au cartonnage des classiques de Delalain.

761. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Délivré de cette tutelle insupportable, le jeune roi avait juré, bien haut, de ne pas appeler l’Église dans ses conseils. […] En ce temps-là l’Église, qui regrettait le bon temps des guerres religieuses, avait remplacé la guerre civile par mille querelles. […] Il savait que toucher à l’hypocrisie était un crime sans rémission, non pas seulement chez les hypocrites, mais pour beaucoup d’honnêtes gens, et qu’il devait entrer par surprise dans cette brèche qu’il avait pratiquée dans l’Église. […] Dans cette Préface, Molière touche hardiment et habilement à tous les points de cette discussion entre le théâtre et l’église. […] Malheureusement pour l’histoire de la critique, et peut être malheureusement pour Bossuet lui-même, Molière était mort quand parut cette grande et éclatante manifestation du Vatican de l’église de Meaux.

762. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Molière »

On conçoit jusqu’à cet effroi naïf du janséniste Baillet qui, dans ses Jugements des Savants, commence en ces termes l’article sur Molière : « Monsieur de Molière est un des plus dangereux ennemis que le siècle ou le monde ait suscités à l’Église de Jésus-Christ, etc. » Il est vrai que des religieux plus aimables, plus mondains, se montraient pour lui moins sévères. […] Le curé de Saint-Eustache, sa paroisse, lui refusa la sépulture ecclésiastique, comme n’ayant pas été réconcilié avec l’Église. […] Il fut décidé qu’on accorderait un peu de terre, mais que le corps s’en irait directement et sans être présenté à l’église. […] La Bruyère a dit : « Un homme né chrétien et François se trouve contraint dans la satire : les grands sujets lui sont défendus, il les entame quelquefois et se détourne ensuite sur de petites choses qu’il relève par la beauté de son génie et de son style. »  — Molière n’a pas du tout fait ainsi, il ne s’est beaucoup contraint ni devant l’Église ni à l’égard de Versailles, et ne s’est pas épargné les grands sujets.

763. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

L’Eglise qui avoit adopté les langues Grecque & Latine, les parla toujours ; & sans elle, l’ignorance eût prévalu. […] Elle enfanta les premières erreurs qui affligèrent l’Eglise, & tout concourut au progrès du mal. […] Leur choix étoit d’autant plus naturel, que l’Eglise condamnoit les spectacles, & qu’elle avoit, long-temps auparavant, blâmé, prohibé les Tournois, ainsi que les Farces, tant à cause du sang humain qu’on répandoit dans les uns, que de la trop grande licence qui régnoit dans les autres. […] Quant à nous, les Saintes Ecritures ne nous ont été transmises qu’en Grec ou en Latin ; les seules langues que l’Eglise ait adoptées.

764. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Et tout en déclarant que l’Église ne dispose plus de rien ni de personne, — ce qui est tout près d’être vrai, — il demande cependant qu’on interrompe la construction de l’Église du Sacré-Cœur, qui d’après lui, est un monument de guerre civile. Renan à ce sujet, fait la proposition de convertir l’église en un « Temple de l’Oubli » où on élèverait une chapelle à Marat, une autre à Marie-Antoinette, etc., etc. […] Car enfin ces paysages historiques sont tout aussi intéressants que ce qu’on appelle un monument historique : une église, un château, une maison.

765. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Quant aux marchands qui sont morts ou qui ont déserté ces boulevards, ils sont remplacés par des vendeurs de meubles modernes, aux expositions se composant de mobiliers de salon en bois de chêne pour dentistes, de pendules de cabinet en marbre noir, de baromètres en noyer, de coffres-forts Huret et Fichet, entremêlés de vieux anges coloriés d’églises et de fausses poteries étrusques. […] Et le voilà gagnant 125 francs par mois, qu’il double de 125 autres francs, conquis comme soliste, au moyen de cachets de 15 francs, pour un grand enterrement ou un grand mariage ; en sorte que le matin, il dessine à l’École des Beaux-Arts, qu’à onze heures, il chante dans une église, que dans l’après-midi il est à une répétition, que le soir, il joue. […] Jeudi 10 mai On causait, ce soir, de l’aspect église, qu’ont, à l’heure présente, les temples de l’argent, et l’on décrivait le grand escalier du Comptoir d’escompte, l’élévation des salles, leur éclairage tamisé, enfin l’ensemble de dispositions architecturales donnant à un édifice un caractère religieux. […] Et ç’a été vraiment un féerique spectacle ; quand la messe finie et la porte de l’église ouverte, un coup de soleil y est entré, et enveloppant la mariée dans la blancheur transparente de son voile, l’a donnée à voir, une seconde, dans la lumière électrique d’un coup de théâtre.

766. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Le 4 août suivant, la ville de Douai accomplissait un devoir douloureux envers son cher poète, et la population douaisienne remplissait cette église Notre-Dame, toute voisine de la maison de naissance de la défunte, pour assister à la messe solennelle qui était célébrée en sa mémoire avec le concours du corps de musique de la ville et de la Société chorale de Sainte-Cécile.

767. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Note »

J’étais près de l’église Saint-Gervais, je prenais une ruelle, à moi bien connue, qui longe la nef et le chevet ; deux hommes étaient devant moi : l’un d’eux se retourne, c’était Lamartine, lequel, sorti de l’Hôtel de Ville par une porte de derrière, essayait de rentrer à son hôtel des Affaires étrangères en se dérobant à son triomphe.

768. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « quelque temps après avoir parlé de casanova, et en abordant le livre des « pèlerins polonais » de mickiewicz. » pp. 512-524

C’est bien en lisant ce volume qu’on sent à nu l’inconvénient d’un système dans lequel le but et le sentiment sont si disproportionnés à l’expression, d’un art exagéré chez qui la forme surmonte, écrase si étrangement le fond, et qui, en ses jours de débauche, édifierait volontiers une église de Brou comme catafalque au moineau lascif de Lesbie.

769. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXV. Mort de Jésus. »

La grande considération dont jouit Marie dans l’église naissante le porta sans doute à prétendre que Jésus, dont il voulait se donner pour le disciple favori, lui avait recommandé en mourant ce qu’il avait de plus cher.

770. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Renou » pp. 301-307

Pour l’église du collège de Louis Le Grand.

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