Il savait qu’une coalition mortelle à la France n’était pas possible si la Grande-Bretagne retirait sa main aux coalisés. […] Quel temps que celui où la force des révolutions était dirigée, sous la main de M. de Talleyrand, par l’esprit conservateur des traditions de l’Europe ! […] Les seuls complices de ce meurtre furent les exécuteurs ; et ce sont précisément ces exécuteurs qui en ont accusé sa main pour masquer leur main : mais ce sang, qu’on s’efforce vainement de laver sur leurs noms, s’y attachera comme une éternelle vengeance. […] La Prusse, déjà presque liée avec nous, retira sa main avec horreur de la nôtre. […] Le ressort même du patriotisme s’était affaissé sous sa main ; pourquoi ?
Après deux heures d’attente, j’eus l’honneur de le voir et de lui baiser les mains. […] m’écriai-je en levant les mains au ciel. […] C’est là précisément que je me vis attaqué par quatre hommes, l’épée à la main. […] vous voilà retourné, me dit-il en battant des mains, et il me tourna le dos. […] J’ôtai ma statue des yeux du public, pour y mettre ensuite la dernière main.
mais dans la main de l’Italie romaine ! […] où sont les peuples qui tendent la main à l’oppression universelle de l’Italie romaine ? […] Mais vous l’avez odieusement confisquée vous-mêmes en 1815 pour la jeter dans les mains ouvertes de la maison de Savoie, son éternelle rivale. […] Comment créerait-elle de ses propres mains une cinquième grande puissance militaire qui, en cas de coalition, la forcerait de faire face aux quatre vents au lieu de trois ? […] Le Piémont a forcé la main à la nature ; Turin et Londres retournent aujourd’hui, contre la pensée de la France, le sang de la France versé en Italie.
la base manque à la main qui veut appuyer le visage. […] La pensée a besoin de méditation pour mûrir ; le caractère a besoin de force pour résister : où est la réflexion, où est le caractère, dans une tête qui ne peut s’appuyer sur la main ? […] Le génie et la fantaisie se tiennent par la main pour rêver et chanter ensemble à leur heure, ou bien pour (comme dit Virgile, connaisseur en indolence). […] L’envie et l’impuissance s’étant accouplées comme le Péché et la Mort dans Milton, il en est sorti ce monstre de décomposition humaine, ce Polyphème qui n’a qu’un œil et des mains, l’homme spécial. […] Le premier billet, d’une main évidemment féminine, était de la princesse polonaise T..., sœur, je crois, du prince Poniatowski, le héros malheureux de la Pologne, noyé dans la déroute de Leipsik.
De l’autre part gît Suzanne, jetée à la renverse sur un fauteuil, la tête dans ses mains. […] Il lui offre son nom, son cœur, sa main qu’il vient d’ensanglanter pour elle. […] et de quelle main sûre le poète fait jouer les ressorts de cette âme, compliquée comme une serrure à secret. […] Mais Élisa refuse la main de M. […] Aussi bien, au premier mot, Élisa se redresse et déclare qu’elle accepte la main de M.
Cachez la tête de la femme, et découvrez celle du soldat, vous ne verrez plus à celle-ci que la douleur et la résignation immobile d’un malade entre les mains d’un oculiste qui lui fait une opération chirurgicale. […] Là un cheval cabré se précipite sur une autre femme, menace de la fouler elle et ses enfans, et cette femme lui oppose ses mains au poitrail si mollement que, si l’on ne voyait que cette figure, on jurerait qu’elle colle une image contre une muraille, c’est que le reste est ainsi et qu’il n’en faut rien rabattre. […] Tout cela ne vaut pas ce soldat de Le Brun, je crois, qui, d’une main, arrache un enfant à sa mère, en poignarde un autre de l’autre main, et en tient des dents un troisième suspendu par sa chemise. […] Le massacre s’exécute sur une place publique, au centre de laquelle sur un piédestal une figure qui semble ordonner de la main.
La main du guerrier perce dans ces duels de paroles, elle manie des glaives et tient des poignées. […] La main de l’artiste, la parole du poète n’avaient pas dégrossi ces dieux ébauchés. […] Déméter naissait avec une tête de cheval entrelacée de serpents, portant un dauphin sur la main droite, et une colombe sur la gauche. […] Até, Adrastée, les Érynnies, les Imprécations, le glaive dans une main, la torche dans l’autre, font des rondes de nuit autour de sa scène. […] On dirait l’arc de David tendu par la main d’Apollon.
Gapefigue s’en est fait l’historiographe et nous annonce un travail d’ensemble sous le titre : Les Reines de la main gauche, titre plus piquant qu’il n’est exact. Les reines de la main gauche, en effet, s’il en est quelque part, rappellent les lâches concessions et les doctrines bigames de Luther. […] En Allemagne, les femmes de la main gauche, et non pas les reines, sont des maîtresses et quelque chose de plus. […] Il est bien souvent obligé de plonger sa main dans le sang et dans la pourriture, mais, comme l’anatomiste, il ne doit pas oublier que c’est sur une table de marbre qu’il opère, marbre lui-même par l’impartialité ! […] Comme roi, Henri IV, pour toute initiative, reprit cette triste politique de Catherine de Médicis, qui consistait à réunir le parti catholique et le parti huguenot dans un centre commun et en s’éloignant des extrêmes, politique chétive, que les races et les générations se passent de la main à la main depuis des siècles, qu’on appelle fusion, conciliation, transaction, bascule, équilibre, tous mots vains !
On se perd dans le labyrinthe tortueux de cette intrigue à main armée. […] L’homme a besoin de se créer des idoles dans le passé, et il se prend à ce qu’il a sous la main : il lui suffit d’un prétexte. […] Parce que mon père vous a baisé la main, je suis très-mécontent. » Tout se passe au reste avec cette crudité, de part et d’autre. […] La demoiselle parut, et le comte la menait par la main. […] Elle pleurait de ses yeux, et elle voulut lui baiser les mains. « Merci, Campéador, en bonne heure vous êtes né.
Selon sa règle, chaque jour il lit pendant deux heures ; sept heures durant, il travaille de ses mains, et il ne mange, il ne boit que le strict nécessaire. […] Il a tenu dans ses mains le tiers des terres, la moitié du revenu, les chaux tiers du capital de l’Europe. […] On vit donc, ou plutôt on recommence à vivre sous la rude main gantée de fer qui vous rudoie, mais qui vous protège. […] Tous, par une vague tradition, par un respect immémorial, sentent que la France est un vaisseau construit par ses mains et par les mains de ses ancêtres, qu’à ce titre le bâtiment est à lui, qu’il y a droit comme chaque passager à sa pacotille, et que son seul devoir est d’être expert et vigilant pour bien conduire sur la mer le magnifique navire où toute la fortune publique vogue sous son pavillon. — Sous l’ascendant d’une pareille idée, on l’a laissé tout faire ; de force ou de gré, il a réduit les anciennes autorités à n’être plus qu’un débris, un simulacre, un souvenir. […] Mon peuple n’est qu’un avec moi ; les droits et les intérêts de la nation, dont on ose faire un corps séparé du monarque, sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu’entre mes mains ».
Dans ce temps-là, j’achevai un ouvrage d’argent en bas-relief, grand comme la main d’un enfant. […] À ces mots, il tendit la main, et lui donna une bourse de cent écus d’or, en lui recommandant de m’en donner ma part. […] Quand il eut achevé ses folies, cette belle créature leva la main, et lui donna une bénédiction papale. […] Près de là, je voulus tirer quelques oiseaux avec mon arquebuse ; un petit fer qui s’y trouvait me déchira la main droite ; et, sans ressentir beaucoup de mal, ma main versait beaucoup de sang. […] Alors je me remis tout entier entre les mains de Dieu, et je le priai de venir à mon secours.
Ils sont tombés, comme deux chevreuils du désert, sous la main du puissant Swaran. […] « Ta main n’est pas oisive, ô chef de l’île des Brouillards ! […] Malheureuse est la main de Cuchullin, depuis qu’elle a donné la mort à ce jeune héros. […] L’épée flamboyait dans la main de Cormac, ses yeux étaient pleins de douceur. […] Tu fus l’ennemi des ennemis de mon amante, et c’est de ma main que tu péris !
La tête de mort passe des mains de Dante dans les mains de Shakespeare ; Ugolin la ronge, Hamlet la questionne. […] — Est-ce un poignard que je vois là devant moi, la poignée tournée vers ma main ? […] MACBETH regardant ses mains. […] — Quelles mains j’ai là ! […] (Tonnerre. — On voit s’élever le fantôme d’un enfant couronné, ayant un arbre dans sa main.)
Le fils, mince et joli comme une fille, marche le coude appuyé sur l’épaule du vieillard, la main passée derrière la tête, et jouant avec les cheveux blancs du collet. […] » et sa main tremblotante et contractée cherchait ma main sur la nappe. « Ce n’est pas de ma faute ! reprend-il, je sais combien je t’afflige, mais je veux souvent et je ne peux pas (textuel). » Et sa main serrait la mienne, avec un « pardonne-moi » lamentable. […] Assis sur son traversin, derrière lui, mes mains tenant ses mains, je pressai, contre mon cœur et le creux de mon estomac, je pressai sa tête, dont je sentais la sueur de mort, peu à peu, mouiller ma chemise, et à la fin, couler le long de mes cuisses. […] Son regard paraît vous suivre, après que vous l’avez embrassé, et on aurait, par moment, l’illusion de la vie, si l’on ne rencontrait le violet de ses ongles au bout de ses mains pâles.
Je ne manquais jamais de me mêler à ces rondes, et je bondissais de joie naïve et précoce, en tenant par mes deux mains les mains complaisantes des plus jeunes et des plus jolies faneuses du pays. […] « Le père m’a pris par la main ! […] Le même fer défend le cœur du pays dans la main du soldat et égorge les victimes dans la main du bourreau. […] Il le trouva dans son jardin, bêchant de ses propres mains des laitues d’hiver. […] L’arme se retourne contre la main qui l’a forgée.
J’appelai Saphir, c’est le nom de la jument ; elle se calma à ma voix, et revint écumer sur mes mains et me remettre les rênes. […] Maintenant plus qu’octogénaire, il paraissait tout à fait aveugle, car il tenait une de ses mains en entonnoir sur ses yeux fixés vers le soleil, comme pour y concentrer quelque sentiment de ses rayons ; de l’autre main il palpait une à une les pierres amoncelées du petit mur à hauteur d’appui qui bordait le sentier, comme pour reconnaître la place où il se trouvait sur le chemin. […] Marguerite pioche le champ de pommes de terre et de sarrasin, ramasse le bois mort pour l’hiver ; elle fait le pain de seigle ; et moi je ne fais rien que ce que vous voyez, ajouta-t-il en laissant tomber ses deux mains sur ses genoux comme un homme oisif. […] J’ai des yeux dans les oreilles », continua-t-il en souriant ; « j’en ai sur les mains, j’en ai sous les pieds. […] Un seul vieux chien invalide se traîna péniblement à ma rencontre, et poussa quelques tendres gémissements en léchant les mains de son maître.
Vers le troisième mois, elle commence à tâter avec ses mains, à avancer ses bras ; mais elle ne sait pas encore diriger sa main, elle palpe et remue vaguement ; elle essaye les mouvements des membres antérieurs et les sensations tactiles et musculaires qui en sont l’effet ; rien de plus. […] Pendant plusieurs mois, elle a essayé spontanément tous les mouvements des bras, la flexion de la main sur le poignet, le rapprochement des mains, etc., puis, après enseignement et tâtonnements, elle est parvenue à frapper les mains l’une contre l’autre, comme on le lui a montré en disant bravo, à tourner régulièrement les mains ouvertes comme on le lui a montré en chantant au bois, Joliette, etc. […] Va faire doudou à la dame (caresser de la main et tendre la joue). […] Quant aux mouvements appris, les progrès se sont faits dans l’ordre suivant : 1º Tourner les yeux à volonté dans tel ou tel sens. 2º Les tourner du côté d’où vient la voix (quatre mois). 3º Gouverner les mouvements de son cou et de sa tête, et les tourner l’un et l’autre, en même temps que les yeux, du côté d’où vient la voix (cinquième et sixième mois). 4º Se servir de ses mains, commencer à palper, remarquer des sensations tactiles différentes, notamment la sensation nouvelle d’une des mains promenée par hasard sur l’autre main. […] Au septième mois, il commence à dépasser ce procédé primitif, à diriger un peu ses mains d’après son regard, à les relever graduellement vers l’objet, à saisir, après quelques tâtonnements, une fleur, un hochet, une petite cuiller : alors il les garde longtemps, avec attention, comme pour étudier leur poids, leur forme, leur consistance et les diverses apparences optiques qu’ils présentent à mesure qu’ils remuent dans sa main vacillante.
Tout périssait entre les mains de ces hommes de paroles. […] Le peuple, voyant clairement qu’il allait périr, porta illégalement sa propre main au gouvernail, et l’arracha aux mains impuissantes qui le laissaient dévier. […] Les mains liées de la reine la privaient d’appui contre les cahots des pavés. […] Elle ferma les yeux, baissa le front, se recueillit sous la main invisible qui la bénissait, et, ne pouvant pas se servir de ses mains liées, elle fit le signe de la croix sur sa poitrine par trois mouvements de sa tête. […] La mémoire des morts n’est pas une monnaie de trafic entre les mains des vivants.
C’est la tentative suprême de l’école de la Forme par la main d’un de ses meilleurs ; suprême, en effet, car on peut défier d’aller plus loin dans la vacuité de l’expression poétique et savante, de l’expression pour l’expression. […] — comme quelque chose de donné… comme une étoffe qu’il fallait travailler, et c’est ainsi que l’esprit devient matière sous ses mains ! […] Dans la préface de ses Odelettes, un peu musquée d’affectation et d’érudition qui porte à la tête, il dit à Sainte-Beuve : « Soyons les derniers de notre ordre, les derniers des délicats », et il en est un… de la main, comme Siméon Pécontal16 l’est de l’âme. […] La nature et ses grands spectacles, — car pour les poètes qui manquent de cœur il y a encore la nature, — la nature et ses grands spectacles : la mer, le ciel, les paysages, n’arrivent à la perception de Banville que de seconde main, par l’intermédiaire de quelque peintre dont il a vu les toiles ou de quelque poète dont il a lu et admiré les vers. […] L’inspiration, qui ne consiste pas à adorer Vénus Callipyge, quand les Olympiades sont finies, et à décalquer en vers propres les Hérodiades de Léonard de Vinci, le saisira-t-elle enfin de cette main qu’elle plonge aux entrailles ?
Aux innocents les mains pleines. […] C’est d’abord la belle et cruelle scène où Léa, visitée par Camille, l’interroge, les mains sur ses mains, les yeux dans ses yeux, comme elle lui donnerait la question. […] Valtravers ne prétend nullement à la main de sa belle cousine. […] Tel que vous le voyez, il a combattu des peuplades, tué des tigres, étranglé des nègres de ses propres mains. […] Deux nouvelles à la main insérées dans le Moustique !
et sa main fatiguée est retombée sur les pages éternelles. […] Tour à tour populaire ou savant, moqueur ou mélancolique, sceptique ou religieux, ce fond de poésie, sous des mains diverses, occupa vivement la France. […] Au milieu même de la guerre et de l’anarchie, les études se ranimèrent, comme une arme de plus pour l’esprit du peuple qu’une main de fer voulait plier à son gré. […] On lit des vers de lui où il invoquait la main d’un Sylla et bénissait cette sanglante tutelle. […] Qu’il te suffise de ce monument où sa puissante main a le gravé sur le bronze une trace immortelle !
— C’est bon, c’est bon, j’accepte ; voici ma main, Fritz. […] » leur criait Sûzel en les poussant de sa petite main potelée. […] » Il haussa les épaules, joignit les mains d’un air de pitié et s’en alla. […] » il la vit ainsi soupirant tout bas, les mains sur ses genoux, les yeux baissés. […] — Père Christel, reprit Fritz, vous tenez ma vie entre vos mains….
J’appuyai mon front un instant sur ses mains et je m’enfuis précipitamment. […] Ô douce main, semblable à la main d’une créature céleste, tu fais de cet asile un paradis ! […] Elle ouvre machinalement l’armoire pour serrer ses habits de fête ; la cassette se rencontre sous sa main. […] (Il lui prend les deux mains dans les siennes.) […] Et sa main qui presse la mienne !
« Il restait toujours le front sur ses mains sans répondre. […] mon cher, je le tenais à la main depuis un quart d’heure que je ne pouvais pas encore lire. […] Il me parut qu’elle s’appliquait à comprendre comment sa main droite battrait sa main gauche. […] « Elle lui prit la main qu’il appuyait sur son épaule, une grosse main noire et ridée ; elle la porta timidement à ses lèvres et la baisa comme une pauvre esclave. […] Je vous tends la main d’ici-bas, tendez-moi la vôtre de là-haut.
Sur les fenêtres de mon cœur Deux pâles mains se sont collées Mains de douleur et de malheur, Mains de la Mort, mains effilées. C’était sinistre de les voir Si nocturnement illunées, Levant vers moi leur désespoir Telles que des mains de damnées. […] Mains sinistres ! mains de poison ! […] Le Roy, par exemple, c’est une fenêtre où deux mains apparaissent en un geste d’énigme ; mais au lieu de donner à penser qu’il évoque ainsi un moment du cœur humain, ce poète a cru devoir en avertir dès les premiers mots, et, en spécifiant qu’il s’agit des mains de la mort, il enlève beaucoup de son mystère à une vision qui demeure pourtant belle et hantante.
. — Critiques à la main. — Un Pirate. — Au pays de Bohême. — Les dernières Calinodies. — Les mauvaises habitudes. — Petite gazette des tribunaux. — Une rivière qui s’ennuie. […] Pour moi, après y avoir mûrement réfléchi, je vois là-dedans la main de Dieu s’appesantissant sur la race maudite qui donna Alexandre Weill à la France. […] C’est lui qui, au collège, — la tête sous la couverture de son pupitre, — copiait, de son écriture la plus soignée, le Feu du ciel ou la Prière pour tous, signait Alidor au bas, et puis faisait passer, de main en main, ses vers par la salle d’études. […] * * * L… rencontre Balochard, étudiant de sixième année, — une lettre à la main, — profondément consterné. […] Hier donc, entre dans la salle, archet et violon en main, un vieillard d’au moins quatre - vingts ans.
Devant lui son gendre debout, et tenant de la main gauche le sac qui contient la dot. […] Sans s’intéresser à ce qui se passe, il regarde les papiers griffonnés, et promène ses petites mains par-dessus. […] Elle a la tête portée sur une de ses mains, et lance sur les fiancés des regards curieux, chagrins et courroucés. […] Une de ses mains qu’on voit en dehors est hâlée et brune, l’autre qu’on voit en dedans, est blanche : cela est dans la nature. […] D’une main elle tient le haut du bras de sa fille ; de l’autre elle serre ce bras au-dessus du poignet.
» Elle lui prit la main dans un élan involontaire : « Oh ! […] Puis elle revint auprès du lit et s’assit en reprenant dans sa main la main de petite mère, comme si elle l’eût veillée malade. […] Ses mains cessèrent leur hideuse promenade. […] Sa main ouvrit brusquement la porte. […] prendre une montagne en ses mains magistrales !
De l’art de reconnoître la main des peintres Le public écoute avec plus de prévention les peintres qui font le procès à un tableau, que les poëtes qui font le procès à un poëme. […] Quoique l’expérience nous enseigne que l’art de deviner l’auteur d’un tableau en reconnoissant la main du maître, soit le plus fautif de tous les arts après la médecine, il prévient trop néanmoins le public en faveur des décisions de ceux qui l’exercent, même quand elles sont faites sur d’autres points. […] On verra d’ailleurs par ceque je vais dire concernant l’infaillibilité de l’art de discerner la main des grands maîtres, quelles bornes on doit donner à la prévention qui nous est naturelle en faveur de tous les jugemens rendus par ceux qui font profession de cet art, et qui décident avec autant de confiance qu’un jeune médecin ordonne des remedes. Les experts dans l’art de connoître la main des grands maîtres, ne sont bien d’accord entr’eux que sur ces tableaux célebres, qui, pour parler ainsi, ont déja fait leur fortune, et dont tout le monde sçait l’histoire. […] L’écriture partant d’un mouvement rapide et continu de tous les organes de la main, elle dépend entierement de leur conformation et de leur habitude.
Tu l’as constitué dominateur des ouvrages même de tes mains ! […] « Dans tes mains je couche ma vie ! […] « Le sacrifice agréable à Dieu, c’est un esprit prosterné sous sa main ! […] « De même que les yeux de l’esclave sont fixés sur les mains de son maître, de même que les yeux de la servante sont attachés aux mains de sa maîtresse, de même, ô Jéhovah ! […] que ma main droite m’oublie moi-même !
Ils n’ont pas les moyens de savoir si c’est le vagabondage qui veut les exploiter, ils craignent d’être trompés ; ils font l’aumône autrement, à grandes proportions, souvent par des mains indirectes. […] « Le conventionnel étendit la main et saisit le bras de l’évêque : « — Louis XVII ! […] « — Oui, dit l’évêque, inexorable ; que pensez-vous de Marat battant des mains à la guillotine ? […] Tomber du trône dans les mains meurtrières du savetier Simon jusqu’à ce que mort s’ensuive, ne fut jamais la même chose que tomber d’un mur de dix pieds sur le pavé de la rue. […] Je n’ai pas besoin de ces procédés vulgaires : je suis moi, j’ai mon talisman en main, j’ai mes ailes au talon, je vais où je veux ; qui m’aime me suive !
Ce qu’on sait mieux, c’est qu’à partir de cette rédaction sous Pisistrate, de nombreux travaux sont venus ordonner de plus en plus, resserrer, éclaircir et aussi polir dans le détail l’œuvre du poëte, en simplifier peut-être les contours, en faire mieux saillir le dessin, en rendre surtout plus nettes les épreuves et le texte même, jusqu’à ce qu’enfin l’œuvre soit sortie telle que nous la possédons, aussi parfaite et divine qu’on la pouvait désirer, des mains du plus grand des critiques, de celui dont le nom est devenu comme celui d’Homère un immortel symbole de perfection et de louange, — des mains d’Aristarque. […] Pour moi, de tels scrupules en général, quand ils naissent en de bons esprits, et que la main qui tient le crayon est sûre et capable, ne m’effrayent pas plus qu’il ne convient. […] Lorsqu’on demandait à Praxitèle lesquels de ses ouvrages en marbre lui plaisaient le plus : « Ce sont, disait-il, ceux auxquels Nicias a mis la main. » Tant, ajoute Pline, il mettait de prix à la préparation de cet artiste. […] Dès qu’on met la main à l’œuvre, il ne s’agit pas seulement de se croire littéral, il faut être lisible et plus on s’éloigne de la phrase ordinaire et de fa locution française consacrée, plus il serait besoin d’avoir en dédommagement les mille secrets d’un grand écrivain. […] En un endroit, lorsqu’elle apprend brusquement à Mars la mort de son fils chéri Ascalaphus, le dieu terrible dans l’accès de sa douleur se met à frapper violemment ses deux florissantes cuisses de la paume de ses mains : le traducteur met simplement qu’il se frappe le corps de ses mains divines ; il oublie que cette forme expressive de désespoir s’est conservée fidèlement jusque chez les Grecs modernes.
L’histoire du journalisme en France, c’est-à-dire l’histoire de toutes les idées, de toutes les passions, de tous les partis qui se sont servis du journalisme comme d’une arme bonne à toute main, est, en effet, à cette heure, cruellement difficile, et qui l’entreprend doit avoir plus de froideur de tête et plus de mépris des préjugés contemporains que pour écrire toute autre histoire. […] La superbe invention des annuaires des pontifes, à Rome, dans laquelle on reconnaît tout de suite la main d’un peuple politique, n’a pas fécondé sa réflexion davantage, à lui qui parlait, il n’y a qu’un instant, de magistrature ! […] Hatin nous met au courant, avec minutie, de la composition de cette Gazette, qui causa d’abord des soulèvements parmi les nouvellistes du temps (les nouvellistes à la main), et qui allait opérer une révolution. […] Il paraît que Richelieu, qui voulait avoir sa fine et puissante main partout, avait attaché à la fondation de Renaudot ces hommes remarquables du temps : Mézeray, Bautru, Voiture, La Calprenède, dont il fit toujours, et sous toutes les formes, les commis de sa gloire. […] Nous les lui disons avec regret, mais nous les lui disons avec d’autant plus de sincérité et d’insistance que ce livre n’est que le premier volume d’un ouvrage qui doit en avoir plusieurs, et que tout à l’heure il aura dans les mains à brasser toute la petite Presse de la Révolution française, un bourbier ou une légion de bisons, qui aiment pourtant le bourbier, périrait.
mais comme on y sent l’historien tranquille et presque majestueux, avec ses fermes pondérations, sa balance, sa main de justice et ses diverses compétences, et comme on voudrait qu’il y fût encore davantage ! […] C’est lui qui l’a frappé, aplati et contourné, jusqu’à ce qu’il ne fût plus reconnaissable, par la main acharnée de deux forgerons en haine, l’un battant chaud, l’autre battant froid : Voltaire et Gibbon. […] Voltaire, blessé dans sa personnalité satanique, châtia Mahomet en en faisant un Tartufe, « un Tartufe les armes à la main ». […] Mahomet n’en descend pas, à un jour donné, comme Moïse, les Tables de la Loi à la main. […] Il n’y a plus ici de Tartufe, « les armes et l’encensoir à la main », comme disait le carnavalesque Voltaire, ni de bouffon thaumaturge à la façon de Gibbon, ni de vil conducteur de chameaux, ni d’épileptique.
C’est un édifice obscur ou à demi-jour dans lequel l’architecte n’a percé que cinq fenêtres, mais où la lumière entrera à torrents quand les murailles tomberont sous la main divine de la mort. […] On n’y sent aucune réminiscence de la Grèce policée ; on dirait qu’une invasion de races nouvelles a effacé tous les vestiges du génie des Phidias ou des Zeuxis et que des mains scythes ou gauloises ont arraché rudement le ciseau et le pinceau aux mains des suprêmes ouvriers du beau. […] On entendait du dehors le grincement de l’outil qui façonnait l’acier dans les mains du père de famille ou des enfants du châlet. […] Le jeune artiste accepta sans hésitation, des mains de l’amitié, ces arrhes de sa gloire future, bien sûr de les restituer avec usure à son généreux patron. […] L’attention a fait tomber de sa main et rouler à terre le tambourin entouré de grelots sur lequel elle venait de frotter du doigt la tarentelle de son île.
L’Église dite gallicane les prend, ces armes, des mains de l’évêque de Meaux. […] Lucques, Pise, Sienne, Livourne, abdiquent dans la main des Médicis leur liberté républicaine. […] Elle retomba de ses mains avec le monde, en 1815, et rentra sous le joug de l’Autriche. […] Les Génois abdiquèrent un moment leur souveraineté entre les mains de leur libérateur. […] Le Piémont a forcé la main au traité, en s’emparant de douze millions d’Italiens.
Trois fois Caïrbar jette sa lance sur la bruyère, trois fois il porte la main à sa barbe. […] J’ai vu les filles de Lutha qui revenaient un arc à la main. […] Le héros est assis sur un trône de vapeurs, sa lance aérienne est dans sa main. […] Ma faible main a-t-elle levé le fer contre toi ? […] Ma main oublie à bander l’arc, et je ne lève que des lances légères.
Jeune, il était déjà propre et entendu à bien des emplois : le coup d’œil de Henri sut démêler en lui ces capacités diverses qui étaient comme enveloppées, et son art de roi fut de les employer à propos alternativement et successivement, tenant de longue main l’utile serviteur en réserve pour les destinations futures. […] Il en gronde, et ne sait pas bon gré à ceux qui mettent la dernière main à la même affaire, à Du Plessis-Mornay, qui le supplante ici au dernier moment. […] Un homme du parti royaliste passa alors menant en main un cheval, un petit courtaud qu’il avait pris ; Rosny offrit à cet homme cinquante écus qu’il avait dans sa pochette : « car vous aviez cette coutume de porter toujours de l’or sur vous lorsque vous alliez aux combats ». […] M. d’Andelot veut s’emparer de force de la cornette blanche qu’il voit aux mains du page, et qui est une dépouille d’honneur et de profit tout ensemble. […] Henri IV destinait de longue main Rosny pour ses finances.
et de tous les temps, contracté dans la main puissante d’un homme, et rendant, sous la pression de cette main, son suc, son sens, sa gloire, ses vices, sa honte, ses larmes, son sang, par tous les pores. […] Le vieux Galba, proclamé empereur par les légions, s’avance et tend la main vers le sceptre. […] « Par cet acte, les destinées de la patrie et celles de notre maison ont été placées dans vos mains. […] Chacun veut avoir sa part de fidélité et d’héroïsme : il y en a qui vont jusqu’à affirmer qu’Othon a été percé par leur main. […] Tous se précipitent, rivalisant de vitesse et d’empressement, vociférant contre Galba, célébrant la justice des soldats, baisant la main d’Othon.
Mes homicides mains, promptes à me venger, Dans le sang innocent brûlent de se plonger. […] mon père y tient l’urne fatale ; Le sort, dit-on, l’a mise en ses sévères mains : Minos juge aux Enfers tous les pâles humains. […] Je crois voir de ta main tomber l’urne terrible ; Je crois te voir cherchant un supplice nouveau, Toi-même de ton sang devenir le bourreau ! […] Cette femme, qui se consolerait d’une éternité de souffrance, si elle avait joui d’un instant de bonheur, cette femme n’est pas dans le caractère antique : c’est la chrétienne réprouvée, c’est la pécheresse tombée vivante dans les mains de Dieu ; son mot est le mot du damné.
La jeune fille m’aurait tiré de perplexité, en tenant sa lettre cachetée d’une main, et de l’autre fesant sa leçon à la vieille, mais cela n’y était pas. […] La Grenée et vous, vous prendre par la main. […] Mais d’autres ont d’autres idées ; tous ces plis, l’endroit où ils se pressent… eh bien, ces plis, cet endroit, cette main ? […] On voit la retraite d’un russe, tartare ou autre ; à droite, le tartare debout, a la main appuyée sur une massue hérissée de pointes. […] Celle-ci tient la main de la jeune femme, elle lui parle, mais elle n’a point le caractère faux et rusé de son métier ; c’est une vieille comme une autre.
nous tenions Paris entre nos mains ! […] (Entrent, sans être vus, Bidault, Nichot, Cascaret et Poupardot tenant des notes à la main.) […] Il me semble (il étend les mains) que je palpe déjà des billets de cent, des billets de mille… (Ses mains étendues rencontrent les notes élevées en l’air par Bidault, Nichot, Cascaret, Poupardot.) […] (Nichot, Bidault, Cascaret, Poupardot tendent vers lui une main avide.) […] (Il prend Finette par la main.)
pour peu que, libre de ces préoccupations de parti qui bandent les yeux aux intelligences avant de les tuer, comme on fait aux hommes qu’on fusille, on ouvre l’Histoire d’une main impartiale, on ne trouve nulle part, depuis que le monde romain a sombré, de chose humaine qui ait plus que l’Empire de Napoléon ce caractère grandiose, monumental et merveilleux, qui fait penser à l’Épopée. […] Tout ce qui est, dans ce temps, âme ou seulement fibre de poète, le sait pour y avoir touché… Quand, au matin, vous voyez descendre de toutes les collines dans la vallée des jeunes filles, leur cruche à la main, vous dites, sans crainte de vous tromper, qu’il y a par là une fontaine. […] Il doit à ce précieux accord, plus rare qu’on ne le croit chez les artistes, si souvent en lutte, comme hommes, avec leur idéal, l’accent quelquefois très profond et toujours passionné de sa poésie, — cet accent qui reste et qui vibre dans l’expression, quand même cette expression n’a pas trouvé, sous la main du poète, toute sa perfection et toute sa rondeur. […] pas une main sans force qui a écrit : Une Scène de nuit à Schœnbrunn, La Popularité des grands Noms, Les Impérialistes, La Mort de l’Empereur, et la plupart des odes de ce recueil. Seulement, si cette force était plus grande encore, la main du poète, qui attaque parfois l’expression avec une si remarquable énergie, frapperait toujours juste et ne tournerait pas.
Au treizième siècle, le trouvère Walter Vogelweide, laissant tomber sa tête dans sa main, s’écriait : « Cette vie, l’ai-je vécue ? […] De Salomon à Byron, de Lucrèce à Chateaubriand, sa coupe léthargique passe, de main en main, inépuisable et fatale, comme le flambeau même de la vie. […] Son père, avant de mourir, a remis entre ses mains son jeune frère Paul. […] Madame de Rohan est du complot et le préside, l’éventail en main, comme elle ferait d’une cour d’amour. […] Mais Laffemas n’est pas homme à retourner d’une expédition les mains vides.
Ils maniaient, avec leurs grosses mains, cette divine opale aux nuances de vapeur, aussi indifféremment que les jetons de faux ivoire de leurs tables de jeu. […] Mais elle avait son frère, — ce Maurice sur l’épaule duquel elle mit la main de si bonne heure. […] Si la main, purement chrétienne et presque ascète de sa sœur Marie nous a cueilli quelques feuilles de ce beau lis double, la main poétique de Guérin a complété la corolle. […] Quant à elle, plus forte que ses nerfs, par l’affection, elle n’avait pas même sourcillé et elle aurait pris en souriant la mort de sa main comme elle aurait pris autre chose. […] Une époque sordide méprisait le bouquet de roses de la dot, qui avait séché dans des mains résignées, — dans des mains vouées, pour toute occupation désormais, à tourner le fil de la quenouille ou les grains du chapelet… N’importe !
Votre petite main, mon père, votre main chérie, — ajouta-t-il en tendant les lèvres avec ardeur. […] Il s’arrêta devant moi, les deux mains posées sur les hanches. […] Birouk ne me répondit pas ; il saisit la crinière du cheval de la main gauche (il avait passé la main droite dans la ceinture du voleur). […] Quant à Birouk, il était assis devant la table, la tête posée sur ses deux mains. […] Il frappa le cahier de la main et sourit. — Voilà un poëte !
Je m’attacherai avant tout à montrer l’homme et à bien dessiner cette forme d’esprit, l’une des plus hautes et des plus absolues qui soient sorties des mains de la nature. […] Sieyès était un esprit né maître, si on peut ainsi parler ; et il refaisait la plume à la main chacun des ouvrages de métaphysique ou d’économie politique qu’il lisait. […] Nommé membre de la Convention, témoin des luttes intérieures de cette formidable assemblée, sa disposition au mépris et au dédain ne fit que s’accroître, et j’en ai saisi plus d’un témoignage tracé de sa main dans des notes intimes. […] Cet effet de nouvelles vérités a été frappant, et cependant il (Sieyès) l’a aperçu longtemps avant vous, et il a fermé sa main. […] Lui qui croyait tenir la vérité et n’avoir qu’à la distribuer aux hommes, il la retire et il ferme la main.
Un bourreau l’embrasse par le corps et le traîne d’une main par sa draperie et de l’autre par les cuisses. […] notre ami Le Romain ne peut pas souffrir les anges à cause de leurs ailes ; moi je suis choqué des mains jointes dans les sujets tirés de l’histoire ancienne sacrée ou profane. Chaque peuple a ses signes de vénération ; et il me semble que l’action de joindre les mains n’est ni des idolâtres anciens, ni des juifs, ni même des premiers chrétiens. J’ai dans la tête que la date des mains jointes est nouvelle. […] Au premier coup d’œil, on croirait que ces deux morceaux sont de la même main.
L’un qui est vétu de long et qui paroît le maître, saisit son esclave d’une main, et il tient dans l’autre main une espece de sangle dont il veut le frapper. […] Comme on voulut d’abord tirer de ces instrumens plus de tons differens qu’ils n’avoient de cordes differentes, on racourcissoit la corde dont on prétendoit tirer un son plus aigu que celui qu’elle rendoit quand on la touchoit à vuide, en la pinçant avec deux doigts de la main gauche, armez apparemment de dez d’ivoire, tandis qu’on la faisoit resonner avec la main droite. C’étoit dans cette main que les joüeurs de lyre portoient une espece d’archet court et qui ne consistoit qu’en un morceau d’ivoire ou de quelqu’autre matiere dure, façonné pour l’usage qu’on en vouloit faire.
Les négociations s’établissent entre les deux camps ; on se demande pour qui et pourquoi on va verser tant de sang romain par des mains romaines. […] « Les cohortes prétoriennes portèrent son corps avec des éloges et des larmes, baisant à l’envi sa blessure et ses mains. […] Quant au meurtre et au glaive, comment cacher la main, ou comment trouver un exécuteur assez dévoué pour ne pas faillir à l’ordre d’accomplir un forfait si éclatant ? […] « Cependant Acéronia, assez mal inspirée pour crier qu’elle est Agrippine et qu’on sauve la mère de l’empereur, est écrasée à coups de crocs et de fers de rames et de tous les agrès qui tombent sous la main des meurtriers. […] Ou qu’à peine échappée à un tel naufrage, une femme eût envoyé un seul affranchi, avec un seul glaive à la main, pour combattre les armées et les flottes du maître du monde ?
Elle n’aurait pas mis dans la main du tribunal révolutionnaire la hache du peuple, avec laquelle il immola toute une génération pour faire place à une idée. […] Et moi, je combattis à main armée les assassins de la patrie aux journées de juin, et je ne leur ai jamais pardonné leur crime mystérieux contre la république et contre la France. […] À travers sa bravoure, son enthousiasme exalté pour la patrie, on craignait d’entrevoir en perspective un trône relevé sur les débris et par les mains d’une république. […] Je n’ai pu serrer sans un respectueux attendrissement cette main de vieillard qui avait serré celle de son père, qui avait serré celle du plus juste et du plus malheureux des rois. […] Elle est un instinct qui avertit la force d’amollir sa main à la proportion de la faiblesse et de l’adversité des victimes.
Ne lui parlons pas, son regard seul pourrait nous frapper, si ses yeux avaient des balles comme son tromblon ; fais-lui jeter son morceau de pain de loin, à travers la double grille, par la main du piccinino, et, les autres jours, ne te risque jamais à entrer dans sa loge, sans avoir la gueule des fusils des sbires de la porte derrière toi. […] Je mis un doigt sur mes lèvres pour lui dire, sans parler, de se taire, et, déposant ma cruche de l’autre main, j’ouvris, comme on me l’avait montré le matin, la première grille, et j’entrai tout entière dans la première moitié du cachot où je n’étais séparée d’Hyeronimo que par la seconde grille. […] Tu ne me refuseras pas de la recevoir de ma main pour nos parents ; ces quatre semaines de soulagement de ta chaîne descellée du mur, de prières, de visites, de consolations, d’entretiens avec le prêtre appelé par toi dans ton cachot, nous offriront un moyen ou l’autre de nous sauver ensemble de ces murs. […] Elle pleurait en me les remettant, et ses doigts semblaient vouloir retenir ce que me tendait sa main. […] À ce mot, monsieur, nous tombâmes, ma belle-sœur et moi, à la renverse contre la muraille, les mains sur nos yeux, en criant : « Est-il bien possible !
L’outil était trop lourd pour une main d’enfant, trop lourd même pour une main de femme. […] On n’était pas accoutumé à une telle virilité romaine d’idées et d’accents sous une main de jeune femme. […] Le baron de Staël, ami de Gustave III et ambassadeur de Suède à Paris, brigua et obtint la main de mademoiselle Necker. […] À ce prix, il obtint la main de mademoiselle Necker. […] Une protestation jetée au peuple par une main cachée, du sein du nuage, soulageait au moins sa conscience de femme.
Est-ce que nous avons montré une arme chargée dans nos mains ailleurs que sur le champ de bataille de Paris, pour défendre la société civile attaquée non pas par la liberté, mais par le meurtre ? […] « Il fallait vous servir contre nous de la force des révolutions quand vous l’aviez en main », nous disent aujourd’hui avec une amère ironie ces écrivains qui nous battent la joue de leur plume. […] Si ces ennemis parviennent (comme je ne le crains que trop) à briser dans ma main cette plume de l’homme de lettres, mille fois plus respectable quand elle cherche le salaire par honneur que quand elle cherche la gloire par vanité, ces ennemis apprendront trop tard (et avec regret, je n’en doute pas) que ce qu’ils appellent la mendicité du travail n’était que le devoir de la stricte probité. […] Qu’est-ce qu’un homme qui sait un métier quelconque, un métier de la main ou un métier de l’esprit ? […] Nous avons trop hâlé notre front et nos mains Aux soleils, au roulis des océans humains ; Échappés tous les deux d’un naufrage semblable, Faisons-nous sur la plage un oreiller de sable, Et qu’insensiblement, flot à flot, pli sur pli, La marée en montant nous submerge d’oubli !
Le progrès démolit de la main gauche, c’est de la main droite qu’il bâtit. La main gauche du progrès se nomme la Force, la main droite se nomme l’Esprit. […] Ce redoutable et consolant Ézéchiel, le révélateur tragique du progrès, a toutes sortes de passages singuliers, d’un sens profond : — « La voix me dit : remplis la paume de ta main de charbons de feu, et répands-les sur la ville. » Et ailleurs : « L’esprit étant entré en eux, partout où allait l’esprit, ils allaient. » Et ailleurs : « Une main fut envoyée vers moi. […] En voici une qui nous tombe sous la main : Bagne de Toulon. 1862. […] Le tyran devient dans ses mains un hideux projectile qui se brisera.
Ces centres sont reliés aux centres moteurs des muscles du larynx et des muscles de la main « auxquels ils donnent des ordres ». L’écriture est donc un langage direct, les gestes de la main, un langage également. […] Puis, des hommes ont pris dans leurs mains de la boue Qui vint éclabousser mes tempes et ma joue. […] Le plus noble arrondit un bras pompeux et sans main. […] « Ne vaut-il pas mieux tomber dans les mains d’un meurtrier que dans les rêves d’une femme ardente ?
Mais au bout d’un instant, Catherine, joignant les mains, soupira tout bas : « Oh ! […] — Dix-sept », répondit la tante en s’asseyant les mains sur les genoux. […] Zébédé leva la main sans répondre ; il était aussi bien triste et baissait la tête. […] Il avait mis une chemise, et tenait dans ses mains une cruche et deux verres. […] » Il se parlait à lui-même en marchant d’un air rêveur, les mains croisées sur le dos.
On eut promptement fait de se gâter la main. […] On y parvient sans trop de peine quand on a le don et la main. […] Il est tombé aux mains des justiciers. […] Il avait son homme sous la main ; et c’était le principal. […] Ils provoquent la commande, la reçoivent et passent la main.
Nous venons, ses œuvres en main, protester enfin contre cette série de méchefs et de contre-temps comblés par une terminaison si funeste. […] La nappe mise, chacun s’assit, maîtres et domestiques, le couteau et la fourchette en main, moi à la place d’honneur, devant un énorme château embastionné de choux et de lard, dont il ne resta pas une miette. […] Un moment il sembla que l’existence de Bertrand allait se régler : il devint secrétaire de M. le baron Rœderer, qui connaissait de longue main sa famille, et qui eut pour lui des bontés. […] Ainsi mon âme est une solitude où, sur le bord de l’abîme, une main à la vie et l’autre à la mort, je pousse un sanglot désolé. […] Mais à la cheville Ta main pend encor Serpette el faucille, Rustique trésor.
Il faut vivre, avancer, parvenir, la montre à la main. […] Mamignon aime Cyprienne : il se déclarait ; il va sans doute demander sa main. « Touchez-là, mon neveu ! […] En prenant d’une main sa charge, Philippe épousera, de l’autre, une jeune personne ornée d’une dot de cent mille écus. […] La scène est neuve, hardie, d’une hardiesse qui a dû faire trembler la main du poète. […] Mais, avant de partir, elle prend madame Pommeau par la main, l’avertit qu’elle n’est plus sa dupe et lui jette son mépris à la face.
Voilà pourquoi les romains, qui avoient entre les mains les élegies de Tibulle et de Properce, furent un temps avant que de leur associer celles d’Ovide. […] Le commerce avec les anciens, que le renouvellement des lettres et l’invention de l’imprimerie trouvée vers le milieu du siecle précedent, mettoient entre les mains de cinq cens personnes pour une qui les lisoit soixante ans auparavant, dégoûtoit de l’art confus de nos vieux romanciers. […] C’est que les contemporains de ce poete ne se tromperent pas dans le jugement qu’ils porterent sur ses ouvrages et sur ceux qu’ils avoient déja entre les mains. […] Les mêmes raisons qui les empêcherent de se tromper en cela, les auroient aussi empêchez de mettre la Franciade au-dessus de Cinna et des Horaces, s’ils avoient eu ces tragédies entre les mains. […] Le public lorsqu’il a entre les mains autant de poesies qu’il en peut lire, rend alors trop difficilement justice à ces ouvrages excellens qui se produisent, et pendant un temps assez long, il les place à une trop grande distance des ouvrages consacrez.
58 L’ayant achevé (l’offertoire), il découvre le calice des deux mains, plie le voile et le place du côté de l’épître, près du corporal…, puis, mettant la main gauche sur l’autel, hors du corporal, il prend dans la droite le calice et la place du côté de l’épître ; alors il enlève la pale de la main droite. […] Et lui, lui qui remuait cette fange, il ne craignait pas de s’y salir les mains. […] Mais vous en avez une sous la main : c’est Hélène Petit, qu’il vous faut ! […] Pourquoi m’a-t-on mis ça dans la main ? […] ce gros qui me dévore la main… Ils sautent sur mes épaules !
Il sanglotait et n’avait que la force de baiser les mains des deux amis. […] J’aperçus les deux mains tremblantes du vieil abbé Quillet, qui élevait le crucifix. […] Elle porte la main à son cœur. […] La terre de Norton, avec les maisons et les familles, est portée dans ta main comme le globe dans la main de Charlemagne. — Tu es le baron absolu de ta fabrique féodale. […] Il porte la main à sa tête.
On vit le vieillard entouré de moissons, tenant d’une main une gerbe de blé et de l’autre montrant les cieux, apprendre à sa famille à louer le Dieu qui la nourrissait. […] Je te loue, s’écrie l’habitant sauvage du Groenland, ô toi dont la main invisible amène tous les ans la baleine sous mes harpons, et fait couler son sang dans les mers, pour m’aider à suivre sa trace quand elle s’éloigne du rivage. […] Je m’imagine que Cléanthe, qui fut le second fondateur du portique, et qui, obligé de travailler de ses mains pour vivre, compta un roi parmi ses disciples, un jour, après leur avoir expliqué ses principes sur le système du monde et son auteur, tout à coup enflammé d’enthousiasme, se fit apporter une lyre, et chanta en leur présence cette hymne qui nous a été conservée par Stobée. […] Le tonnerre, ministre de tes lois, repose sous tes mains invincibles ; ardent, doué d’une vie immortelle, il frappe, et la nature s’épouvante. […] C’est là que de toutes parts on rencontre les cieux ; là le spectacle du jour a quelque chose de plus imposant, et la nuit de plus terrible ; là, le retour constant des saisons est marqué par de plus grands effets ; l’œil, en découvrant autour de lui des espaces sans bornes, est plus frappé de l’étendue de l’univers, et de la main qui en a tracé le plan.
Il dut se demander si sa conscience éveillée de continuateur ne lui créait pas l’obligation d’imiter, autant que le lui permettrait la nature de son esprit, l’homme dont on venait pour ainsi dire de lui mettre la plume à la main. […] On doit craindre toujours d’y tacher ses doigts et on rêve sa main régicide. […] Il a mis la main de l’Histoire à l’homme sanctifié par le sang, et il ne l’a pas profané en nous le montrant tel qu’il fut, car la lumière qui tombe sur un objet ne le profane pas ! […] Pauvre roi, qui mettait son énergie dans ses mains à l’heure où la puissance appartenait aux idées, et qui savait si mal le prix du temps qu’il dérobait à sa fonction ! […] Il le tenait lui-même ; il l’écrivait scrupuleusement de sa main.
Les grands praticiens d’autrefois, obligés d’opérer rapidement et sur une chair sensible, torturée, révoltée, hurlante, avaient une extrême habileté de main, une belle énergie, un imperturbable sang-froid. […] La tranquillité que donnent l’anesthésie et l’antisepsie permet à l’opérateur de prendre son temps, de tâtonner, et, n’eût-il qu’une main hésitante et d’insuffisantes notions d’anatomie et de médecine générale, de mener à bien un certain nombre d’opérations jadis réputées malaisées. […] La conséquence, c’est que, pour exceller dans la première partie de ce programme, le chirurgien doit avoir, avec une connaissance toujours présente de tout le corps humain, un sang-froid inaltérable, un regard lucide et sûr, une main délicate et intelligente, et comme des yeux au bout des doigts, une initiative toujours prête, la puissance d’inventer ou de modifier, à mesure, les procédés de son art, une faculté divinatoire, bref un « don », aussi rare peut-être, aussi instinctif et incommunicable que celui du grand poète ou du grand capitaine. […] * * * Puisque j’ai dû au docteur Eugène Doyen quelques-unes de mes émotions les plus rares — émotions artistiques, car le bon sorcier était beau à voir ; il respirait la force et la joie dans sa fonction salutaire et sanglante, et je sentais le « drame » conduit par une main délicate et forte, et cette main elle-même dirigée par une intelligence audacieuse et inventive ; — puisque, d’autre part, ce poète du scalpel m’apparaît comme un des hommes les plus évidemment prédestinés à diminuer parmi nous la somme du mal physique, pourquoi ne vous le dirais-je pas ?
Ces deux théâtres sont dans la main du ministère, qui est lui-même dans la main de la chambre. […] Vous m’avez fait mettre la main à la plume ; tant pis pour vous, je ne la quitterai pas que je n’aie tout dit. […] Buloz reçut des mains de M. […] Buloz de longue main ; en effet, la connaissance date de 1829. […] Buloz me faisait cadeau de la main à la main.
« Comme nos besoins, nos désirs sont bornés ; mes enfants gardent mon troupeau, et je ne dois rien à des mains mercenaires. […] « Ces vils habits n’éclipsent point son éclat, sa fierté, sa noblesse ; la majesté brille encore sur son front au milieu des plus humbles emplois ; la houlette à la main, elle conduit les troupeaux et les ramène ; sa main exprime le suc de leurs mamelles et presse le laitage. […] Que tes prières, qu’une onde sacrée versée par tes mains, lui rendent le calme et l’innocence. […] Je tiens à aussi grand honneur d’avoir ce mot sur mon livre que monsignor Paolini peut le faire de s’être essuyé les mains avec une serviette présentée par le Tasse. […] Il reçut cet arrêt comme une délivrance, éleva les mains au ciel pour remercier Dieu, et ne s’entretint plus que des choses éternelles.
Le livre, quoique délicieux, tomberait des mains. […] et pour regarder cette blanche main qui se retirait sous sa manche de soie noire, après avoir écarté le contrevent. […] Si j’avais été d’elle, j’aurais préféré l’amour d’un tel cavaliere à la main du premier prince d’Italie ! […] Des cris de détresse poussés par une voix de femme dans l’épaisseur du bois l’attirent, l’épée à la main, de ce côté. […] Quel sujet de tragédie sous la main de Shakespeare !
Regarder une figure qui charme, prendre dans sa main une poignée d’argile humide, pétrir cette argile sous ses doigts et chercher à lui donner les formes de la figure que l’on admire, quoi de plus naturel d’instinct ? […] La sculpture est à mes yeux le premier des arts de la main : pourquoi ? […] Voilà pourquoi Phidias ne sera jamais égalé ; aussi tous les arts de la main sont païens, et la sculpture a son idéal de pierre sur les frontons du Parthénon. […] Les débris du toit paternel de Saint-Lupicin vendus à l’encan, que tu n’oseras plus regarder inaperçu que de loin, pendant que la fumée de l’étranger, se levant au souffle d’hiver, te rappellera ce cher foyer où ta jeune mère réchauffait dans ses mains tes mains d’enfant glacées par la neige ! […] Cette pensée n’a pas besoin de temples bâtis de main d’homme : la nature entière est le temple où elle adore.
Ce poème, originairement épique, devint dramatique sous la main de Kalidasa, son second auteur. […] Ses peuples étaient religieux, obéissants, pacifiés sous sa main. […] » L’écuyer resserre les rênes, un ermite paraît, joignant les mains en signe de supplications pour le pauvre animal. […] (Il remet entre les mains de son écuyer ses armes et ses joyaux.) […] Se souvenant avec quel soin tu lui faisais manger dans ta propre main les grains savoureux du syamoca, il ne peut abandonner les traces de sa bienfaitrice.
Détruire de nos propres mains ce boulevard autrichien, ne serait-ce pas découvrir la France et livrer l’Italie, comme l’empire d’Orient, aux Souwarofs futurs ? […] C’est l’obstacle, jusqu’ici insurmontable, à l’unité allemande dans la main de la Prusse. […] Ne mettons pas la main entre la Providence et son œuvre. L’œuvre que vous voudrez faire sera précaire ; l’œuvre qu’elle accomplira elle-même par la main des peuples et par la main de son premier ministre, le temps, sera durable. […] Si la France met à ce prix une alliance permanente avec le cabinet de Vienne, l’Autriche donnera la main à la seule main qui peut la sauver d’immenses hasards.
Il n’y avait pas une idée en Europe qui ne fût foulée sous son talon, pas une bouche qui ne fût bâillonnée par sa main de plomb. […] Tribun sublime, au cœur tendre et expansif de la femme ; femme adorable et miséricordieuse avec le génie des Gracques et la main du dernier des Catons ! […] Les hymnes et les psaumes de David s’élevaient après trois mille ans, rapportés par des voix étrangères et dans une langue nouvelle sur ces mêmes collines qui les avaient inspirés ; et je voyais sur les terrasses du couvent quelques figures de vieux moines de Terre Sainte aller et venir leur bréviaire à la main, et murmurant ces prières murmurées déjà par tant de siècles dans des langues et dans des rhythmes divers ! […] Quelques-uns de ces monuments déserts semblaient intacts et sortis d’hier des mains de l’ouvrier ; d’autres ne présentaient plus que des restes encore debout, des colonnes isolées, des pans de muraille inclinés, et des frontons démantelés ; l’œil se perdait dans les avenues étincelantes des colonnades de ces divers temples, et l’horizon trop élevé nous empêchait de voir où finissait ce peuple de pierre. […] Ma conviction est que nous sommes à une de ces grandes époques de reconstruction, de rénovation sociale ; il ne s’agit pas seulement de savoir si le pouvoir passera de telles mains royales dans telles mains populaires ; si ce sera la noblesse, le sacerdoce ou la bourgeoisie qui prendront les rênes des gouvernements nouveaux, si nous nous appellerons empires ou républiques : il s’agit de plus ; il s’agit de décider si l’idée de morale, de religion, de charité évangélique sera substituée à l’idée d’égoïsme dans la politique ; si Dieu dans son acception la plus pratique descendra enfin dans nos lois ; si tous les hommes consentiront à voir enfin dans tous les autres hommes des frères, ou continueront à y voir des ennemis ou des esclaves.
Convoquée par le gouvernement, dirigée par lui, contenue ou interrompue au besoin, toujours sous sa main, employée par lui à des fins politiques, elle reste néanmoins un asile pour le clergé qu’elle représente. […] Du moins « ils veulent retirer le gouvernement à l’oligarchie ministérielle entre les mains de laquelle il est concentré ». […] Il se contente d’être économe pour lui-même ; il inscrit sur son journal un raccommodage de montre, et laisse la voiture publique, aux mains de Calonne, se charger d’abus nouveaux pour rentrer dans l’ancienne ornière, d’où elle ne sortira qu’en se disloquant. […] Réduire le prince à une liste civile, mettre la main sur les neuf dixièmes de son revenu, lui interdire les acquits au comptant, quel attentat ! […] Lancé hors de sa voie, il donne, il achète, il bâtit, il échange, il vient en aide aux gens de son monde, le tout en grand seigneur, c’est-à-dire en jetant l’argent à pleines mains.
le désespoir, et après le désespoir, la fureur, et après la fureur, l’attaque et la défense à main armée ; et après la défense et l’attaque à main armée, l’anéantissement de toute institution, et après l’anéantissement de tout ce qui fut et de tout ce qui est, quoi ? […] Il tenait à la main une baguette de bois, cassée à l’extrémité, et dont il caressait, sans corde ni mèche, la croupe de son cheval harassé. […] Voilà comment, poussé par la foule enthousiaste à la porte et dans l’escalier d’un pair de France destitué l’avant-veille par un décret de ma propre main, j’allais en aveugle chercher sous ses auspices un refuge contre l’enthousiasme populaire, et j’y échappais à l’ombre de son nom et de son mur ! […] Puis le coup d’État, trop appelé par la panique de la France, est venu, puis la confusion des langues, puis les exils, puis les amnisties, puis des pamphlets que nous déplorons, puis des poésies vengeresses, dont nous n’admirons que la verve, diatribes du génie qui stigmatisent des noms propres, que la colère peut écrire d’une main, mais que l’autre main doit raturer : car, en politique, on peut combattre, jamais insulter ! […] Vous ne voudrez gâter ni ce passé ni cet avenir, j’en suis sûr ; faites donc de mon livre ce que vous voudrez : il ne peut sortir de vos mains que de la lumière !
La foudre est dans la main ; c’est elle qui frappe ! […] Il tombe à genoux devant un gros fragment de rocher qui supporte ses coudes et ses deux mains jointes pour supplier son Père céleste. […] « Je suis fatiguée d’écriture, deux grandes lettres m’ont brisé la main. […] comme il est oppressé, comme il gémit, me lèche les mains et me dit : “Soulagez-moi ! […] J’ai gardé les deux petites pattes de devant si souvent posées sur ma main, sur mes pieds, sur mes genoux.
Il roulait entre ses doigts les cheveux de sa femme, comme si sa main eût voulu se dégager pour porter cette relique à ses lèvres. […] La foule battit des mains. […] On lui lia les mains. […] Je n’en doute pas, car ce livre, multiplié déjà à cent milliers d’exemplaires, était partout dans les mains du peuple pensant. […] Il passa, dit-on, des heures entières le front dans ses deux mains, accoudé contre la cloison rustique qui enclot le petit jardin.
Sa mère, qui déteste en elle l’enfant d’un mari abhorré, la rebute et la maltraite depuis son enfance ; jamais un tendre regard n’a réjoui ses yeux ; jamais un mot d’amour n’a fait battre son cœur ; et pourtant elle se présente aux prétendus avec un million dans chaque main. […] Le duc est le parrain des deux jeunes filles ; il vient signer au contrat de Julie, et il profite de l’occasion pour demander à la marquise la main de Philiberte. […] Philiberte ressent vivement le dédain que renferme l’offre de cette main goutteuse. […] Ainsi agit Philiberte, et elle n’a pas de peine à faire tomber à ses pieds cet écervelé de chevalier, qui lui offre son cœur, sa main et l’héritage de son oncle par-dessus le marché. […] Mais jamais suicidé ne sut plus mal son métier : au lieu de se laisser enferrer par le chevalier, c’est lui qui l’estropie, et, pour le dédommager de son égratignure, il le désigne au notaire qui attend son arrêt, la plume en main.
Au haut, vers le ciel, sur des nuages, la religion assise, un voile ramené sur son visage, tenant un calice à la main. […] Je les vois debout, attentifs, les sourcils laissés, leur tête et leur menton appuiés sur leurs mains. […] Je le mesure du bout de son pié, jusqu’à l’extrémité de la main dont il tient la couronne. […] On sent mieux un forcené qui se déchire le flanc de ses propres mains, que la simplicité, la noblesse, la vérité, la grâce d’une grande figure qui écoute en silence. […] Ce ne sont pas les morceaux de passion violente qui marquent dans l’acteur qui déclame le talent supérieur, ni le goût exquis dans le spectateur qui frappe des mains.
La grande lignée de nos rois, les Louis IX, les Charles V, les Louis XII et même les François Ier, en rassemblant sous leur main la France et en augmentant le fonds de la nation, contribuaient cependant, de siècle en siècle, à jeter les fondements de l’idée de patrie. […] La défection à main armée du connétable de Bourbon parut presque à tous odieuse. […] Ces procédés expéditifs contre les financiers et traitants, intermédiaires entre le roi et le peuple, n’étaient pas neufs, et ils furent souvent renouvelés depuis : Sully les appliqua en toute rigueur avec art et avec suite, et y tint la main tout le temps qu’il fut maître. […] La manière dont il eut cette place, qui devint entre ses mains un office de la Couronne, continue de le caractériser. […] Le roi sourit, et, lui mettant la main sur la main, lui dit : « Cet homme-là se nomme le marquis de Rosny ; le connaissez-vous bien ?
La main qui touche la Lyre, & celle qui trace les devoirs de l’homme, doivent être libres, pour répondre dignement à la noblesse de leur emploi. […] Les vertus & les talens ne germent point dans des ames basses & rampantes, & quiconque a pû tendre les mains aux fers de la servitude, a dégradé son être & s’est avili d’avance aux yeux de la postérité (a). […] Ici Lucrece sonde la Nature, analyse l’homme & le rassure contre de vaines chimères, heureux, si l’erreur ne se plaçoit pas à côté des plus utiles vérités ; là, Juvenal arme sa main de la verge de la satyre, porte le flambeau dans les ténébres épaisses ou se cache le crime, & sert l’humanité en démasquant le vice. […] C’est le Virgile des Portugais, qui fier & intrépide, lutte d’une main contre les flots ; de l’autre souleve son Poëme son plus cher trésor, il le protége, le sauve, & s’écrie transporté de joie, je n’ai rien perdu, j’ai préservé du naufrage le gage de mon immortalité. […] Elizabeth de Bohême, Princesse Palatine refuse la main de Ladislas IV. roi de Pologne pour cultiver la Philosophie & les Mathématiques, & s’honnorer du nom de disciple & d’amie de Descartes.
Il demande sa main, mais c’est à ce tournant du mariage que son état civil se démasque subitement devant lui. […] Cette fois même, le père gagne la sienne, et de haute main, aux yeux du public : les applaudissements se retournent et ne vont qu’à lui. […] André ne s’est pas récrié, quoique cette déclaration imprévue l’ait atteint au cœur : il aime Hélène, il allait demander sa main. […] Sur quoi, le comte, retournant les rôles, l’a aussitôt priée d’accorder sa main à son fils. […] Rarement drame si dangereux a été conduit d’une main plus habile.
Le glaive retrempé et rafraîchi dans le sang passera ainsi de main en main, dans une dynastie ou dans une famille, héréditaire comme un sceptre, fatal et inamissible comme l’outil que l’artisan d’une caste égyptienne léguait indéfiniment à ses descendants. […] Et toutes les fois que le vieillard étend les mains pour les saisir, le vent les soulève jusqu’aux nuées sombres. […] A Sparte, disait-on, son aigle, tombant furieusement du ciel, avait arraché de la main du prêtre le fer prêt à immoler une jeune fille. […] Quand le père s’en est repu, il fait apporter sur un bassin d’or leurs têtes et leurs mains nageant dans le sang. « Thyeste, — dit Eschyle, — vomit sur ce meurtre ; il renversa la table, et il appela l’inexorable Exécration sur les Pélopides. » Cette imprécation était restée célèbre dans l’antiquité. […] Vingt mains d’Ombres s’entrelacent à la main qui frappe, et la victime, qui ne voit qu’un glaive tendu sur sa gorge, tombe sous une troupe de fantômes sortis des Enfers pour l’y entraîner.
« Ainsi animée, ainsi rajeunie par les puissantes émanations de ce parterre de dix-huit ans, ainsi applaudie par ces grandes mains honnêtes et vigoureuses qui sortaient de ces habits bleus, trop étroits pour contenir toute cette fougue, mademoiselle Mars s’est, surpassée elle-même. […] C’est bien celle-là qui peut dire, et à plus juste titre que cet empereur de Rome qui allait se tuer de ses mains : — Qualis artifex pereo ! […] ce fut justement à ce moment-là de son triomphe (derniers moments du bonheur poétique, moments sacrés de cette pure joie des beaux-arts ; pour ces moments-là le dernier bandit des Abruzzes aurait de l’enthousiasme et du respect), qu’un homme caché, perdu dans la foule, attendait mademoiselle Mars, le poignard à la main. Que dis-je, le poignard à la main ? […] « Et parmi ces couronnes, il y en avait une qui avait été volée le matin même, dans un cimetière, sur une tombe profanée ; volée on ne sait par qui, par la même main invisible qui espérait ainsi attrister le dernier triomphe de Célimène !
Hier, c’était l’éclatant et cordial Saint-Maur47 que je vous présentais par la main. […] J’en connais d’autres qui disent insolemment du leur : « le vieux », et sont trouvés charmants par des fils comme eux, vils parricides, sans main ! […] Il porte, d’une main qui ne laisse rien déborder, cette coupe de larmes… Et elle est pleine jusqu’aux bords ! et on admire la pureté des larmes et la sûreté de la main ! […] Il l’est suprêmement, — et il ne l’est pas que la plume à la main.
Qu’il faut avoir tâtonné, redressé, corrigé, pour acquérir cette justesse de coup d’œil et cette sûreté de main ! […] Je ne sais quelle gêne, quelle incertitude vous envahit, vous empêche de vous livrer tout entier à votre œuvre : je ne sais quelle appréhension de ne faire que du provisoire, vous poursuit dans la moindre de vos phrases, vous glace, et vous empêche de rien écrire d’une main ferme et hardie. […] Ce ne sont point des pièces d’un métal précieux, qui circulent de main en main sans se déprécier ni acquérir de plus-value : ce sont des papiers qui sont aujourd’hui en baisse, demain en hausse, chiffons aux mains du malhabile, qui valent une fortune aux mains de l’homme avisé.
Ces pensées transplantées d’une langue dans une autre ne peuvent réussir qu’entre les mains de ceux qui du moins ont le don de l’invention des termes. […] Qu’ils évitent de tomber entre les mains du Barigel que le Boccalin établit sur le double mont. […] Que peut gagner en effet un poëte qui lit un ouvrage, lequel a déja reçû sa derniere main, que d’être redressé sur quelque mot, ou tout au plus sur quelque sentiment ? […] Enfin, son mérite parvenu où il peut atteindre, se soûtient toûjours jusques à ce que la vieillesse affoiblissant les organes, sa main tremblante se refuse à l’imagination encore vigoureuse. […] Son mérite avoit survécu à la dextérité de sa main, et il inventoit encore quand il n’avoit plus les talens nécessaires à l’éxecution de ses inventions. à cet égard, il n’en est pas tout-à-fait des poëtes comme des peintres.
Quillard, Pierre (1864-1912) [Bibliographie] La Fille aux mains coupées (1886). — Étude phonétique et morphologique sur la langue de Théocrite dans les « Syracusaines », avec M. […] C’est là que parut La Fille aux mains coupées, un mystère où, à des vers lyriques, sonores et doux, variés de rythmes et riches d’images, étaient mêlées des proses descriptives, savantes et harmonieuses. […] Oser cela, c’est être sûr de soi, c’est avoir la conscience d’une maîtrise, c’est affirmer tout au moins que, venant après Leconte de Lisle et après M. de Heredia, on ne faiblira pas en un métier qui demande, avec la splendeur de l’imagination, une certaine sûreté de main. […] Pierre Quillard réunit sous ce titre : La Lyre héroïque et dolente, ses courts lieder et ses évocations longues autour de deux poèmes dramatiques, l’Errante et la Fille aux mains coupées, déjà depuis longtemps connus et même représentes.
L’école chrétienne a cherché un autre maître ; elle le reconnaît dans cet Artiste qui, pétrissant un peu de limon entre ses mains puissantes, prononça ces paroles : Faisons l’homme à notre image. […] Ce fut en vain que Théophile lui fit brûler les mains, pour l’empêcher de tenir le pinceau. […] Sous l’empire des Goths et des Lombards, le christianisme continua de tendre une main secourable aux talents. […] Depuis ce temps, les arts, entre diverses mains et par divers génies, parvinrent jusqu’à ce siècle de Léon X, où éclatèrent, comme des soleils, Raphaël et Michel-Ange.
Ses plus antiques images la représentent avec la tête d’un cheval, enlacée de serpents, portant un dauphin sur la main droite et une colombe sur la main gauche. […] A sa vue, le glaive était tombé des mains de l’époux ravi. […] » dit-il en s’égorgeant d’une main maladroite. […] Il tient à deux mains le bréviaire que sa vie s’est usée à lire. […] — je vous touche de mes mains ; — ô chéri de votre sœur !
La première chose qui vous tombe sous la main, c’est le roman. […] On marchera son petit crochet à la main. […] — Si c’est un homme, il a la main trop dure. — Est-ce une femme ? […] tel cherche bien loin ce qui est sous sa main.” […] La France battit des mains, vous savez avec quelle joie !
L’image la plus favorable sous laquelle on puisse envisager un critique, est celle de ces gueux qui s’en vont avec un bâtonnet à la main remuer les sables de nos rivières pour y découvrir une paillette d’or. […] Les pieds et les mains sont faits avec plus grand soin. […] Il a la main droite appuyée au pli de son bras gauche qui en se relevant indique d’une manière très significative la mesure du plaisir qu’il promet. […] Ce sont des physionomies à tourner la tête ; des pieds, des mains et des bras à baiser mille fois.
Le placard imprimé disparaissait presque au milieu de ce grimoire d’apparence cabalistique, que les typographes se passaient de main en main, ne voulant pas faire chacun plus d’une heure de Balzac. […] Personne n’a fait mieux que lui la nouvelle à la main, l’article de petit journal. […] La Main droite et la Main gauche fut un des grands succès de l’Odéon et prouva, malgré l’opinion des charpentiers dramatiques, qu’un romancier pouvait faire une pièce. […] La main balance un énorme bâton. […] Pourquoi faut-il que le pinceau se soit échappé si tôt de cette main sans rivale ?
Or sus, pour abréger, voyez, magister, à quoi vous voulez vous résoudre, ou venir en prison, ou donner la bonne main à la compagnie avec les écus qui sont restés dans votre robe ; car le voleur ne vous a pris que ceux que vous teniez pour les changer. […] Si tu ne veux essayer des cachots de la Vicaria, et si tu n’as point d’argent, choisis de deux choses l’une : ou recevoir sur la paume des mains dix coups de cette férule, ou bien, les braies basses, recevoir cinquante coups d’étrivières ; car de toute façon tu ne sortiras pas de nos mains sans faire pénitence de tes fautes. […] Allons, l’autre main, bien ouverte. […] Étends bien la main, te dis-je ; tiens la droite comme cela. […] Potius faites-moi donner les étrivières, car je ne puis supporter une pareille douleur aux mains.
Pour les toucher dignement, il faudrait mieux que la main d’un historien ; il faudrait quelque chose comme la main d’un prêtre. […] Elles transforment toutes les mains qui les touchent respectueusement, fût-ce les plus légères, — et, pour peu qu’elles tremblent, on les aime, ces mains, et on voudrait les serrer ! […] On a beau se faire du xviiie siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse qui sera au Temple tout à l’heure ! […] Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire !
Pour les toucher dignement, il faudrait mieux que la main d’un historien ; il faudrait quelque chose comme la main d’un prêtre. […] Elles transforment toutes les mains qui les touchent respectueusement, fût-ce les plus légères, — et, pour peu qu’elles tremblent, on les aime, ces mains, et on voudrait les serrer ! […] On a beau se faire du xviiie siècle par la pensée, par l’étude, par l’admiration, par les affectations, on a gardé un peu de son cœur, on l’a arraché aux mauvaises mains de son esprit ; et le moyen de ne pas être grave, même à Trianon, même à la comédie chez les Polignac, quand on y suit cette reine enchanteresse, qui sera au Temple tout à l’heure ! […] Elle n’aurait pas destiné sa fille à un pays qui, de corruption, ressemblait alors à une Tour de la Peste, si elle ne l’avait dressée de longue main, non pour un sacrifice, mais pour une victoire.
Alfred de Vigny ne s’est pas pressé pour mettre une dernière main et laisser tomber un dernier coup d’œil sur l’œuvre entière de sa vie. […] La main a été plus sûre, l’œil plus lucide. […] C’est un observateur, c’est un moraliste, c’est un inventeur à tout autre titre qu’au titre de poète, c’est un historien, c’est un romancier, c’est enfin un de ces esprits marqués du caractère essentiellement moderne, qui ont fait vibrer sous leur main un grand nombre de faits, de sentiments et d’idées, et chez qui l’imagination est devenue encyclopédique comme la mémoire. […] Pour dormir sur un sein, mon front est trop pesant ; Ma main laisse l’effroi sur la main qu’elle touche, L’orage est dans ma voix, l’éclair est sur ma bouche : Aussi, loin de m’aimer, voilà qu’ils tremblent tous, Et quand j’ouvre les bras, ils tombent à genoux ! […] On ne puise pas dans le creux de sa main le feu des étoiles.
Lorsqu’on ne descend pas d’un certain niveau, la médiocrité des choses, antipathique à l’historien de cœur, n’offre pas le danger d’une hache qui pourrait lui blesser la main et mutiler son énergie. […] On y verra que cet homme n’a pas mal de sang sur les mains. […] C’est la pureté de la main qui l’écrit qui fait la beauté de l’histoire, et voilà pourquoi on l’essuie. […] Pour la première fois, ce coup de pinceau, sans lequel l’histoire ne vit pas, était appliqué sur les choses et surtout sur les hommes de la Révolution par une de ces mains ardentes qui, dans un temps donné, doit devenir la main d’un maître. […] Évidemment, de tête, de cœur et de main, il était organisé pour la bataille.
De son côté, l’épiscopat mit les armes aux mains du peuple et de la noblesse. […] Je vous réponds, l’histoire en main, que Bossuet, représentant le plus illustre de l’épiscopat français sous Louis XIV, en fut l’inspirateur principal, non seulement le complice, mais l’auteur direct. […] Et comme tous les médiocres, il ne lut qu’un jouet entre les mains des flatteurs. […] Il s’insinua dans la vie privée de son maître, dans sa vie amoureuse même, afin de pouvoir le mieux tenir en sa main. […] Ou vous cesserez de vous indigner contre un ennemi, qui ne fut qu’un instrument aux mains de la destinée normale et fatale qu’engendra votre héros, ou bien vous avouerez, comme nous, que ce héros ne fut en vérité qu’un traître.
C’est ainsi que sont les hommes quand ils sont tout à fait naturels, s’abandonnant à leurs mouvements avec une mobilité qui s’accorde bien, du reste, avec cette foi absolue en Dieu et avec cette idée qu’on est entre les mains de celui qui peut toute chose de nous à chaque instant du jour. […] Entassés sur des galères, Joinville et ses compagnons sort un jour menacés par une trentaine de furieux qui entrent l’épée nue ou la hache à la main. […] On y voit combien Joinville, sur l’article de la charité, sentait à l’unisson de saint Louis ; il croyait que nul chevalier, ni pauvre ni riche, ne pouvait honorablement revenir d’outre-mer, s’il laissait entre les mains des Sarrasins le menu peuple de Notre-Seigneur. […] [NdA] Ceci encore rappelle une des belles comparaisons d’Homère lorsqu’au chant XIme de l’Iliade, pour exprimer les douleurs d’Agamemnon blessé à la main ou à l’avant-bras et voulant continuer de combattre, il assimile les élancements qui le prennent tout d’un coup et ne lui laissent pas de répit à ceux d’une femme en couche. […] [1re éd.] la main du roi me tomba sur le visage ak.
— Pose seulement la main sur lui, — Et tu ne songeras pas à recommencer le combat. » Le Feu surgit, et un changement à vue prodigieux s’opère dans le drame de la Création. […] Mais l’opération était lente, parfois inutile ; elle usait la patience et les mains de l’agitateur. […] Les choses employées par la main de l’homme se personnifiaient vite dans ces temps de mythologie luxuriante, la vie divine coulait à plein bord et pénétrait tout. […] L’homme sort de ses mains à l’état de statue vivante, semblable aux dieux qu’il adorera, digne de les figurer dans leurs temples. […] La torche aléatoire passait de coursier en coursier et de main en main, jusqu’à ce que le vainqueur la déposât, scintillante encore, sur le sombre autel du Titan.
Une main sur notre épaule. […] Il répond à l’interrogatoire avec un balancement perpétuel, les mains croisées derrière le dos, à croire qu’elles sont liées, — et comme si l’homme était déjà bouclé pour la guillotine. […] La cérémonie impériale est terminée… Gautier qui a manqué son élection, et auquel nous serrons cordialement et tristement la main, dit : « Bah ! […] chez le premier, une fonction heureuse de la main et de l’œil, en regard du supplice du cerveau du second ; et chez l’un le travail qui est une jouissance et chez l’autre une peine. […] » en nous serrant la main de sa main droite, celle qui est encore bonne.
Darbours « Décors intimes », très simples, pans de route dans la lumière de la poussière ; et surtout une lisière de forêt où les arbres lèvent purement leurs étroites mains diaphanes. […] Aux pommettes de la petite fille pendent mortes, tenaille, deux mains de gloire : à leur paume de ventouse, le reflux de l’épiderme est bu, et l’attention hulule des deux yeux subits d’effroi presque, ronds boucliers. Des cercueils dans des escaliers à l’étroitesse de main de cauchemar qui tord, comme un déménagement de contrebasses. […] Exemple de cette convention : une ellipse verticale autour du visage avec la main et un baiser sur cette main pour dire la beauté suggérant l’amour. — Exemple de geste universel: la marionnette témoigne sa stupeur par un recul avec violence et choc du crâne contre la coulisse. […] A laquelle l’auteur de la note visée répond : Que pensez-vous de « ces petites mains en forme de cuiller ?
Il tenait toujours un livre ouvert à la main ; ce n’était pas un livre profane : c’était bien assez pour lui de les lire et de les expliquer par devoir aux élèves de sa classe à l’heure des leçons. […] Le gouvernement le favorisait sous main ; M. de Fontanes était le lien caché entre le trône nouveau et l’antique autel. […] Un abrégé en deux volumes, épuré d’Atala, de René et de plusieurs autres chapitres trop remuants pour des âmes déjà émues, furent mis par eux dans les mains de leurs maîtres d’étude. […] Cependant M. de Chateaubriand fut certainement une des mains puissantes qui m’ouvrirent dès mon enfance le grand horizon de la poésie moderne. […] Il s’approcha de toi, son rosaire à la main ; Toi tu compris sa soif et t’arrêtas soudain.
On ne croit plus aux faits qu’il apporte dans ces mains qui portent Dieu, parce que ces mains sont bénies. […] Les lettres aussi l’entraînaient… Seulement, où qu’il allât dorénavant et quoi qu’il devînt, l’Église lui avait mis la main sur le front, et jamais cette main ne se pose sur une tête humaine sans y laisser quelque chose de supérieur à l’homme. […] L’essentiel de la constitution exigeait que le sceptre fût porté par des mains catholiques avant tout. […] La Science y amène toujours la Discussion par la main, au milieu du récit des faits et de la citation des textes. […] En ouvrant trop l’oreille au conseil, l’homme parfois ferme les yeux à la lumière que Dieu lui a mise dans la main.
quel est le misérable qui a pu flétrir de l’empreinte livide de ces anneaux de fer l’ivoire de ces bras et de ces mains ? […] Il vaut mille fois mieux mourir les armes à la main avec toi, que de mourir de mon chagrin si tu étais enlevé à mon amitié ! […] Il s’efforce de croire qu’il se trompe, et qu’une autre main que celle d’Angélique a écrit son nom sur ces écorces ; puis il se dit : “Ah ! […] Zerbin, par une respectueuse pitié pour le héros, élève un trophée de ces armes ; il ne veut pas que l’épée de Roland soit profanée par une main étrangère. […] Il se résout à mourir de sa propre main dans la forêt ; il desselle Frontin et l’abandonne à lui-même, après l’avoir embrassé comme ayant été si cher à sa Bradamante.
C’est lui qui prendra Valère par la main et qui l’amènera, comme un rival éconduit, devant Isabelle. […] Un dernier incident la fait retomber dans les mains d’Arnolphe. […] En revanche, dans l’autre camp, on ne se défend pas de main molle. […] Nenni, Madame ; il est en de trop belles mains. […] On ne pousse pas plus de cris quand on a pris le larron la main dans le sac.
L’historien ne voyait que les détails, Machiavel voit l’ensemble ; Tite-Live n’est que la main, Machiavel est l’intelligence. […] C’est ainsi que Mirabeau, Étrusque de race comme Machiavel, secouait d’une main les barreaux de son cachot de Vincennes, et de l’autre main écrivait des volumes d’amour à madame de Mounier. […] Ce n’étaient pas les artifices et les violences qu’il estimait dans César Borgia, c’était la concentration d’une Italie armée sous sa main. […] Florence disparaît sous cette forte main, digne de manier l’histoire de tous les empires et de tous les siècles. […] Son peuple avait immensément grandi sous sa main.
(Il lui met une bourse dans la main.) […] (Il tend sa main.) Douchmanta , considérant la paume de sa main. […] Dans la poésie de Bavahbouti, mugissent et se calment tour à tour les orages de toutes les passions, que sa main puissante sait éveiller et assoupir. […] Comment la même main peut-elle allier à la rudesse de manier le fer homicide, la délicatesse de palper le velouté d’une fleur ?
Mieux vaut un bon tiens que deux tu l’auras ; mieux vaut un moineau dans la main que la grue qui vole en l’air. » — Mais aussi le même Sancho (car il a deux bâts à son âne) dirait « que mieux vaut tard que jamais ; qu’il n’y avait nul péril en la demeure ; que bonne espérance, après tout, vaut mieux que chétive possession, et qu’on peut attendre patiemment quand on est déjà si bien loti d’ailleurs et si bien nanti. » Le fait est que la dernière œuvre de M. […] Le jeune Cervantes était passionné pour la lecture, et dévorait tout ce qui lui tombait sous la main. […] Cervantes, quoique malade de la fièvre, insista pour combattre et fut placé au poste le plus périlleux avec douze soldats d’élite ; il y déploya un grand courage dont il porta les marques jusqu’à la mort ; car, sans compter deux coups d’arquebuse dans la poitrine, il en reçut un autre qui l’estropia et le priva de l’usage de la main gauche pour le reste de sa vie. […] » Plus de quarante ans après, lorsque Cervantes eut fait la première partie de Don Quichotte et qu’un intrus s’avisa de la continuer en voulant lui ravir sa gloire, ce continuateur pseudonyme eut la malheureuse pensée d’insulter non-seulement à la vieillesse du noble et original écrivain, mais encore à son infirmité, à sa blessure, et de dire, en parlant au singulier de sa main et avec intention, « qu’il avait plus de langue que de mains. » Sur quoi Cervantes, dans la préface de la seconde partie de Don Quichotte, répliqua : « Ce que je n’ai pu m’empêcher de ressentir, c’est qu’il m’appelle injurieusement vieux et manchot, comme s’il avait été en mon pouvoir de retenir le temps, de faire qu’il ne passât point pour moi, ou comme si ma main eût été brisée dans quelque taverne, et non dans la plus éclatante rencontre qu’aient vue les siècles passés et présents, et qu’espèrent voir les siècles à venir. […] Il reprit le service et rejoignit son frère, probablement dans le même régiment de Flandre qui était alors en Portugal : l’Espagne venait de mettre la main sur ce petit royaume.
La conclusion et le but où il en fallait venir est que, le cardinal Mazarin étant incompatible avec cet âge d’or et ce règne de la Justice sur la terre, « il sera incessamment poursuivi jusques à ce qu’il soit mis entre les mains de la justice pour être publiquement et exemplairement exécuté ». […] Il s’est rendu maître du peuple, de concert avec M. de Beaufort, qu’il tient entre ses mains et qui n’est qu’un fantôme ; il est l’idole des paroisses comme l’autre l’est des Halles. […] On y voit que quelques amis avaient parlé au cardinal de la triste situation de Patru, et celui-ci en a regret ; car il sait « quel fardeau c’est à une âme magnanime que d’être obligée de refuser : Lorsque je devins votre serviteur, ajoute-t-il, je ne regardai point à vos mains. […] Siècle à jamais heureux et incomparable, où les illustres naufragés de la politique, quand ils s’appelaient Retz, avaient comme pis-aller, pour se consoler dans le courant d’une semaine, un Corneille, un Despréaux et un Molière en personne, leurs œuvres à la main, et Mme de Sévigné sur le tout ! […] La politique de Rome et celle de France s’unirent pour s’opposer à un genre de renonciation qui aurait pu devenir un précédent et, dans l’avenir, un moyen de politique aux mains des puissances.
Il se met à rire, et dit que l’armée n’a plus rien à craindre de la famine, qu’elle a des provisions sous la main. […] S’il veut expliquer pourquoi la Palestine a passé de main en main, sans rester jamais sous une domination fixe, « c’est que Dieu ne veut pas qu’elle soit longtemps entre les mains de traîtres et pécheurs, chrétiens ou autres. » Il a vu à Jérusalem, sur les degrés du temple, la marque des pieds de l’âne que Notre-Seigneur montait « lorsqu’il entra le dimanche des Rameaux. » Il décrit les Éthiopiens, gens qui n’ont qu’un pied, mais si large qu’ils peuvent s’en servir comme d’un parasol. […] Environ la moitié du sol était aux mains du clergé. […] Mais cette parade sacrilége n’a qu’un temps, et Dieu met la main sur les hommes pour les avertir. […] Seint Gabriel de sa main l’ad pris.
Le moment qu’il a choisi, est celui où Ulysse marque de la main le haut de la tour, et où l’on arrache l’enfant à sa mère. […] Ulysse est devant eux, et il marque de la main le haut de la tour. […] C’est une des suivantes d’Andromaque, agenouillée, les bras élevés vers le ciel, les mains jointes, le visage tout couvert de sa longue chevelure. […] Laissez votre Andromaque prosternée comme elle l’est, car elle est très bien ; qu’elle saisisse seulement d’une main son fils ou le soldat, comme il vous plaira ; que son autre bras, sa tête, son corps, ses regards, son mouvement, toute son action soient portés vers Ulysse, comme il arrivera, sans y rien changer, lorsque vous aurez écarté ce soldat.
Nous allons écrire son histoire le plus poétiquement aussi que nous le pourrons ; d’une main qui dans un autre âge écrivit des vers ; mais nous n’ajouterons aucune circonstance ou aucune couleur imaginaire à la merveilleuse vérité de ce récit. […] C’était la dispersion de Babylone par la main de ce même guerrier que le pape avait si docilement couronné pour appuyer son autel sur le trône. […] Sachons le prix du don, mais ouvrons notre main. […] Bernardo osait aspirer à la main de Ginevra. […] Je gémis sur le sort de ma fille, qui malheureusement pour elle reste vivante, jeune, sans direction, entre les mains de ses ennemis, sans autre ami que son misérable père, pauvre, âgé, loin d’elle et disgracié de la fortune.
Pourquoi prêtons-nous une main complaisante, et peut-être meurtrière, à l’Angleterre, qui va chercher des consommateurs d’opium de plus dans ces régions, vendre la mort, en vendant des vices, et se préparer des sujets de plus dans l’extrême Orient ? […] Comptez quarante mille Druses, véritables Helvétiens du Liban, peuple fier, industrieux, sédentaire, vivant immémorialement en fraternité avec les Maronites dans le même village, et en parfaite harmonie, malgré leur culte différent, toutes les fois que des médiations étrangères ne leur mettent pas les armes à la main pour défendre leur part de nationalité dans les mêmes montagnes. […] Je tapisserais ensuite les murailles blanches de ma pauvre école avec les cartes de l’atlas Le Chevalier ; je mènerais par la main mes petits astronomes et mes petits géographes d’abord devant le globe, puis devant ces cartes où ce globe se décompose en surfaces planes sur lesquelles sont gravées, époque par époque, les superficies terrestres qui furent, ou qui sont, ou qui seront des empires humains. […] En un mot, la main d’un enfant, grâce à cet atlas mnémonique du monde, nous décrirait le cours du temps, et sa voix nous raconterait jusqu’à nos jours les destinées universelles de la terre ; vous auriez cherché à faire un simple géographe, et vous auriez fait un historien, un moraliste, un philosophe, un politique, un théologien universel, un homme enfin embrassant d’un coup d’œil toutes les faces de l’humanité. […] Dufour, l’auteur de ces magnifiques cartes, épuisé avant l’âge par ce travail surhumain de tant d’années, vient de laisser tomber de sa main le compas, seul instrument du salut de sa pauvre famille, et que son seul moyen d’exister aujourd’hui est une part du prix de cet atlas qui lui coûte son infirmité précoce.
Tous sont ardents à la besogne : et, entre tous, je remarque le valeureux Kuntz de Rouvaire, lequel s’exerce — pour se faire la main — à faire tenir des périodes en équilibre sur des points d’exclamation. […] Que ne se contentent-ils de se lire à eux-mêmes — à eux seuls — leurs élucubrations vides et mal ponctuées ; et, tenant leur manuscrit d’une main, de s’applaudir de l’autre ? […] Les trahisons de sa cuisinière aidant, on fait main basse sur tous les ridicules domestiques de « l’infâme ». […] C’est de ce contact perpétuel des intelligences réunies, de cet échange incessant des idées — de la main à la main — que sort la vie ! […] Le siècle n’est pas aux poésies de M. de Laprade : notre génération prend le livre, le livre lui glisse forcément et fatalement des mains.
Tous, à quelque pâturage d’opinion qu’ils appartiennent, ont senti l’importance de ce document qui leur tombait presque du ciel — car c’était de la main d’un pieux missionnaire — et qui brillait des deux qualités distinctives de tout document imposant : la probité et l’intelligence. […] L’amas produit la cohérence, et voilà pourquoi on les croit debout et solides quand ils ne sont plus que des cadavres rongés, n’ayant plus assez de poids pour tomber d’eux-mêmes, et devant se répandre comme un liquide, au lieu de crouler comme une chose qui se tient encore, quand un peuple vivant — un peuple quelconque — les poussera de sa robuste main ! […] L’homme qui l’a provoquée et qui la dirige n’est rien de plus qu’un grand voleur à la mode orientale, lequel se sert du drapeau de toutes les idées et de tous les intérêts qu’il trouve sous sa main, comme les corsaires déploient tous les pavillons pour tromper l’ennemi qu’ils veulent aborder. […] Quoique la main sévère et positive de Huc aime à toucher le fond des choses, à sonder l’artère, il a su la promener aussi sur les superficies, sur l’épiderme, et, s’il nous a cassé un peu notre vieille Chine de porcelaine, il nous en a, du moins, rapporté un bon morceau. […] Nation cadavre, la Chine entrera dans sa tombe avec ce flambeau à la main.
À elle, comme aux États, dont elle est l’expression oublieuse ou reconnaissante, il faut que l’on remplisse les mains avec de l’or ou de la terre pour qu’elle se souvienne qu’on est mort pour lui en donner. […] Quoique poète, comme nous allons le voir, quoique ayant à un degré éminent les qualités qui doivent un jour produire l’écrivain, il n’avait pas, il n’eut jamais l’inquiétude du xixe siècle, le vague à l’âme des Obermann et des René, ces génies idiots de caractère, qui ont une tête, mais pas de cœur, mais pas de mains, et qui finissent par mourir d’une hypertrophie de rêveries ! […] … Aller le prendre dans les élucubrations risquées de sa jeunesse, quand toutes les jeunesses de ce temps écrivassier et uniforme ont la plume à la main, c’est peut-être trouver les vestiges d’un poète mort dans son germe, mais ce n’est pas toucher le vrai Gaston de Raousset-Boulbon. […] Ton or glissera dans ta main, Tu seras pauvre et seul, tu gagneras ton pain. […] … On ne cite de tels vers que parce qu’ils s’appellent La Sorcière, — parce que cet homme qui a manqué un empire se promettait une royauté, — parce qu’il n’a pas revu son château et que nous savons à présent où ses os blanchissent… Macbeth pur, tué avant la couronne, et qui n’a sur les mains que son propre sang !
C’est à l’Angleterre seule de se féliciter du démembrement de l’empire ottoman par Méhémet-Ali, ou de la promenade monarchique du roi de Piémont en Italie pour y lever une armée de quatre cent mille hommes concentrés dans la main d’un client obligé des Anglais. […] Ne pouvant pas les supprimer, il faut les contenir ; il faut se préserver soi-même, les armes de l’indépendance à la main, contre les armes de la conquête, de l’ambition, de l’oppression des contempteurs du monde. […] C’était un homme léger de ton, étourdi d’allure ; mais il avait du génie dans le coup d’œil, de la promptitude dans la conception, de la résolution dans la main. […] Mais la main autrichienne ne fut pour rien dans la révolution qui couvait en France sous la philosophie moderne, et nullement sous la diplomatie française. […] L’Angleterre elle-même retira sa main de la main de M. de Talleyrand, de Danton, de Dumouriez.
Tout ce que je trouvais sous la main dans la petite bibliothèque très-expurgée et très-dépouillée de la chambre haute où les vieux livres de la maison gisaient épars sur les rayons. […] Le monde passe et change en passant, à chaque petit hasard industriel qui apprend à coudre sans dé et sans main ou à faire un nœud servant de tête à un clou ou de tête à une épingle. […] Ces manuscrits de la main de madame de Surville, en langue moins française que romane, étaient à peu près illisibles pour lui. Un vieil arpenteur du pays, accoutumé par état de déchiffrer les registres et les documents féodaux, l’assista dans ces recherches et lui remit dans les mains les mémoires et les poésies de Clotilde. […] Oui, desjà cuyde voir ta mère aux cieulx ravie Que tends vers luy tes innocentes mains !
Les deux bannis se prirent de querelle et en vinrent aux mains, le combat suivit la dispute. […] Vous servez, vous encouragez l’ennemi, et ainsi nous nous déchirons nous-mêmes par vos mains. […] Contre l’homme au Typhon, il envoie « l’irréprochable Hyperbios » qui porte religieusement sur son bouclier « Zeus debout, tenant en main le trait flamboyant ». […] » — II a la conscience de la Fatalité qui l’emporte, il sait qu’il n’est qu’un patient manié et secoué par ses mains terribles. […] Tydée, se soulevant d’un furieux effort, prit à deux mains cette tête toute saignante, et se mit à lui ronger la cervelle.
* * * — À la Bibliothèque, dans la salle de lecture, j’ai vu, en passant, un homme qui lisait ; il avait dans la main la main d’une jeune femme assise à côté de lui. […] L’homme lisait toujours, et il avait toujours la main de la jeune femme dans la main. […] Le rêve du czar avait été de donner à son fils la main d’une Napoléon. […] Puis, sous la pression de sa main, il lui dit d’une voix rude : « Ah ! […] Tout branlant, les mains tremblotantes, il nous fait place avec joie, auprès de son feu.
C’est l’œuvre unique sortie d’une main d’homme, au-delà de laquelle on ne rêve rien. […] Le lin paraît renaître et menace de ne jamais finir, sous les mains des aides qui le déroulent interminablement. […] Il avait de très jolies mains. […] Du lit, deux mains se tendent chaudes et douces. […] Et le mot : « Adieu » et il nous retend les deux mains, retournant la tête au mur.
Il m’en avait déjà dicté onze feuillets, et il venait, selon sa coutume, de me les reprendre des mains, un matin, pour les relire. Il voulut, comme il disait et faisait toujours en pareil cas, amorcer la suite : il ajouta encore trois lignes de sa propre main, mais il n’eut pas la force de continuer. […] C’était la première fois depuis huit ans que je lui voyais ainsi tomber la plume des mains ! […] Je ne m’avancerai pas jusqu’à dire que ces Mémoires ne laissent rien à désirer : l’auteur dicte, il ressaisit par portions des groupes de souvenirs, il se relit peu : de là des répétitions, de fréquents retours en arrière, une absence trop fréquente de dates précises là même où il croit les avoir données ; bien des défauts enfin qui tiennent, pour ainsi dire, à la main plus qu’à l’esprit. […] » En marge on lit d’une autre main : « Il est mort de ses blessures. » Le décret qui le nommait général de brigade était rédigé.
Par exemple, lorsque je presse ma main gauche avec ma main droite jusqu’à éprouver une sensation douloureuse, je distingue l’effort musculaire dans la main qui presse, la résistance dans la main pressée, la pression et la douleur éprouvées dans cette main et qui varient selon que l’autre main appuie plus ou moins fort.
Des deux tendances d’inspiration et de forme qui se croisent et se traversent dans son livre, comme deux veines sur une main, l’une — la chrétienne — n’est qu’un filet presque invisible, tandis que l’autre — la païenne — est la veine qu’a gonflé l’effort de la vie, et où on la voit palpiter ! […] Mais on ne vit pas longtemps hors des habitudes de sa pensée, et où qu’on fuie, elles savent nous reprendre de leurs traîtresses mains de velours ! […] mais autant la Fornarina que sa gloire, autant d’être mort où vous savez que d’avoir vécu dans l’assomption du travail, son astral pinceau à la main ! […] n’est pas séparé de la poésie individuelle par grand’chose… Il a l’instrument ; il a la main. […] S’il moule quelque chose de sa main lumineuse et forte, c’est ce qu’il y a de plus divin au fond de nos âmes ; car c’est ce que l’homme n’a pas fait.
Cependant l’un des serviteurs avait reporté la main sur mon bien. […] Mais, quand ils essayèrent d’ouvrir la main d’Angélique et de la serrer autour du cierge, la main inerte retomba sur la poitrine. […] Du moins, lui baisa-t-il la main, au départ. […] Alors les soldats se lèvent et portent la main à leur képi. […] Il remarqua qu’elle portait d’une main quelque chose d’assez long, dans un papier.
Nous brûlions de lire Atala ou René, qu’on ne nous avait pas laissés dans les mains. […] Il avait paru tout à coup à son siècle, un livre à la main. […] La France réunit toutes ses mains en une pour applaudir. […] En l’écrivant, il savait assez que c’était la plus haute adulation qu’il pût adresser au restaurateur du vieux monde, qui pétrissait dans ses mains un monde nouveau. […] votre reproche est juste : je voudrais pouvoir sécher vos larmes, mais il vous faut implorer le secours d’une main plus puissante que celle des hommes.
Et celle d’Orphée, promenant ses doigts sur sa lyre, et suspendant par ses accords harmonieux le travail des Danaïdes, le rocher de Sisyphe, la roue d’Ixion, les eaux du Cocyte ; récréant les serpents sur la tête des Euménides ; attirant Cerbere qui vient lui lécher les pieds ; répandant un rayon de sérénité sur le front sévère du monarque souterrain ; arrachant l’urne fatale des mains de l’inflexible Rhadamante, et arrêtant les fuseaux des Parques qui en ont oublié de filer ? […] La tête d’Euridice est sotte, ses pieds et ses mains sont mal dessinés ; mais la couleur de toute la figure fait plaisir. Les pieds et les mains des autres figures sont aussi mal dessinés ; mais qui est-ce qui se donne aujourd’hui la peine de finir ces parties ? […] Il faut voir comme il est coiffé et drapé ; comme sa main est naturellement posée sur sa baguette ; comme il regarde la douleur d’Esther ; comme il en est pénétré.
Elle est assise sur un tabouret ; elle a la tête appuyée sur sa main. […] Que cette longue tresse qu’elle relève d’une main sur ses épaules, et qui tourne plusieurs fois autour de son bras, est belle ! […] Il faut voir le soin et la vérité dont le dedans de cette main et les plis de ces doigts sont peints ! […] On serait tenté de passer la main sous ce menton, si l’austérité de la personne n’arrêtait et l’éloge et la main.
Sous un état de nature qui irait au-devant de tous ses vœux, où la branche se courberait pour approcher le fruit de sa main, il serait fainéant ; et, n’en déplaise aux poëtes, qui dit fainéant, dit méchant. […] La tyrannie d’un colon d’Amérique est moins cruelle ; la condition du nègre moins triste… qu’objecterez-vous au siècle de Rome pauvre, à ce siècle où des hommes à jamais célèbres cultivaient la terre de leurs mains, prirent leurs noms des fruits, des fonctions agrestes qu’ils avaient exercées, où le consul pressait le bœuf de son aiguillon, où le casque et la lance étaient déposés sur la borne du champ, et la couronne du triomphateur suspendue à la corne de la charrue ? […] Il nous revient par une foule de mains occupées. Ce luxe, contre lequel vous vous récriez, n’est-ce pas lui qui soutient le ciseau dans la main du statuaire, la palette au pouce du peintre, la navette ? […] Maîtres des nations, tendez la main à Cérès.
« Nous confions l’œuvre de nos mains aux entrailles du sol. […] « Le maître sait d’une main prudente et en temps opportun rompre l’enveloppe ; mais malheur ! […] Elle ne l’éclaire pas, mais elle peut, entre ses mains, incendier les villes, ravager les campagnes. […] Ce fut elle qui vint me chercher à Offenbach ; elle me prit par la main et me pria de venir la trouver à la ville. […] tu me souris, et ta main fraîche me caresse et tempère l’ardeur de mes joues ; cela doit me suffire !
comment je reconnais les traces de la main puissante du Dieu fort. […] Je la possède ; je l’ai sous la main, mais je me garderai de la donner à mes lecteurs, c’est trop poignant ! […] J’aimerais autant mépriser la main du pauvre enfant qui conduit l’aveugle, ou briser le bâton qui soutient le boiteux ! […] Mes chiens semblaient l’entendre, et se dressaient sur leurs pattes pour lui lécher amicalement les mains. […] Cela éteindrait les étoiles, si ses mains malfaisantes pouvaient atteindre jusque-là !
Je frappai doucement du plat de la main le dos de mon chien, et j’armai mon fusil. […] L’Indien immobile avait une main appuyée sur le manche de son couteau de chasse et l’autre sur son tomahawk. […] La vieille femme, stupéfaite, tenait encore en sa main son couteau. […] Nous déliâmes leurs pieds, mais nous laissâmes leurs mains garrottées, et nous les forçâmes de nous suivre. […] Réduits à vivre du travail de leurs mains, leurs vices, qui n’ont plus d’aliments, s’amortissent et leurs mœurs s’améliorent.
Mes mains tombèrent par hasard sur ces cinq volumes poudreux de Saint-Évremond, dans une vieille bibliothèque de famille, chez un de mes oncles, curieux de reliques d’esprit. […] Nous l’aperçûmes à cette époque une ou deux fois nonchalamment étendu dans l’ombre, le coude sur un coussin, la tête supportée par sa main sur un divan du salon obscur de Nodier. […] Mais la même note, touchée par tant de mains pendant dix années, avait fatigué la France. […] Un hasard nous rapprocha ; elle me tendit la main comme à un frère. […] Le ricanement de l’indifférence sur les lèvres, du plaisir pour de l’or et de l’or pour le plaisir dans la main : voilà ta poésie !
Elle est couchée nonchalamment ; elle tient une coquille d’une main ; elle est accoudée sur son autre bras. […] Orphée ne fut pas plus mal entre les mains des Bacchantes, que je le serais entre les mains de nos peintres.
C’est en ce même moment que, sous main, elle faisait don du royaume tout entier par un acte de bon plaisir et de pleine puissance. […] d’une main longue, élégante et grêle (gracilis), d’un front d’albâtre et brillant sous le crêpe, avec des cheveux d’or qui méritent une légère remarque. […] Deux fois il fut trouvé caché sous le lit de la reine, et, à la seconde fois, elle perdit patience et le mit entre les mains de la justice du pays. […] Cette fièvre calmée, Marie Stuart tourna son esprit vers les ressources qui s’offraient, et parmi lesquelles était la promesse de sa main. […] Une telle conduite et de tels actes, qui se couronnèrent par sa fuite inconsidérée en Angleterre et par l’imprudent abandon de sa personne aux mains d’Élisabeth, semblent bien peu propres à faire de Marie Stuart l’héroïne touchante et pathétique qu’on est accoutumé de chérir et d’admirer.
En un mot quelle valeur faut-il accorder, esthétiquement, à la fameuse formule du roman « qui peut être mis entre toutes les mains » ? […] » Et, en somme, le roman pour toutes les mains ne séjournera que dans les petites mains de quinze à dix-huit ans, qui ont cessé d’habiller des poupées et qui ne bercent pas encore des enfants. […] Et c’est pourquoi j’affirmais tout à l’heure que le roman « pour toutes les mains » est un genre faux. […] Supposons un livre de premier ordre aux mains d’un lecteur digne de lui. […] J’espère avoir établi que la formule du roman pour toutes les mains est celle tout simplement d’une erreur littéraire.
une Corinne dont les cheveux ne tiennent plus et s’affaissent, et dont le voile, moins drapé que celui qui flotte aux vents du cap Misène, a été déchiré par les mains convulsives qui le ramènent sur un visage brûlant de pleurs. […] qu’un bout de leur main et un peu de leur front à travers les étroits barreaux ! […] Tout cela pèse trop à leur main, même quand leur force est centuplée par le génie qui leur est propre et qui, pour la force, leur a souvent versé la fièvre, — le terrible génie de l’amour ! […] Dieu tient dans sa main les clefs qu’on croit perdues De tous les secrètes lui seul sait la valeur. […] honorez sa misère Et soutenez-la du cœur et de la main !
que le Don Juan de Byron devait parcourir le globe tout entier dans le plan du poëte, de même le héros de Gogol devait parcourir l’empire russe ; mais ce n’était pas la main aveugle des circonstances qui le poussait à travers l’empire, c’était une pensée de spéculation. […] On n’est pas une individualité parce qu’on est un voleur qui se lave les mains avec du savon de France, parce qu’on ne porte que des habits roux à reflets d’or et qu’on se mouche en faisant grand bruit. […] Manière de travailler qui, seule, le classerait à un rang presque subalterne, car l’Inspiration n’a pas pour procédé de tendre la main, quand cette main est celle du talent, ou le chapeau, qui est plus grand que la main, quand cette main est celle du génie !
Beaucoup de messieurs qui déménagent, un sac de voyage à la main. […] une main française a-t-elle pu signer cela ! […] Un homme, une brochure à la main, crie : Trochu découvert et mis à nu. […] Soudain, je le vois s’arrêter, porter la main à sa tête, appuyer, une seconde, sa main et son front contre un petit arbre, puis tourner sur lui-même, et tomber sur le dos, les bras en croix. […] Pour moi, c’est comme si la bourgeoisie, avant de mourir, se couronnait de ses mains.
Les femmes des Cimbres, ne pouvant obtenir de Marius la sauvegarde, de leur chasteté, se sont tuées par multitudes de leur propre main. […] — Car tu as trempé et rougi dans Fafnir — ton épée, cette épée étincelante. — Ton fer s’est arrêté dans mon cœur. » « C’est mon cœur qui m’a poussé. — Ce sont mes mains qui ont accompli l’œuvre, — mes mains et mon fer aigu. — Rarement il devient brave — et aguerri aux blessures, — celui qui tremble — au moment du danger ! […] si j’avais — le libre pouvoir de mes mains, — et si je pouvais, pour un temps, — sortir ! […] Que va devenir entre ses mains la noble morale platonicienne, l’adroite interprétation imitée de Jamblique et de Porphyre ? […] La langue sobre des orateurs et des administrateurs romains se charge, sous sa main, d’images excessives et incohérentes.
Le récit des circonstances de cet assassinat, qu’on trouve dans les lettres de la main du Tasse lui-même conservées à la bibliothèque Pitti, et que j’y ai lues, dément les circonstances romanesques ajoutées par ses premiers biographes à cette aventure. […] Alphonse répondit de sa propre main au cardinal Albano une lettre que nous possédons, et qui prouve assez que le séquestre mis sur les papiers et sur les poésies du Tasse à Ferrare, n’avait d’autre objet que d’en prévenir la destruction par les mains d’un insensé, dans un de ses accès de mélancolie. […] Une très grave indisposition de ma sœur, la duchesse d’Urbin, m’a empêché jusqu’ici de les recueillir tous, car un certain nombre de ces écrits sont entre les mains de la duchesse. […] J’en ferai profession le reste de ma vie, et je vous prie de me traiter comme tel ; je vous donne tout droit et toute souveraineté sans réserve sur ma liberté ; je baise votre main, et je vous jure que chacune des paroles que je viens d’écrire de ma main étaient auparavant écrites dans mon cœur ! […] Pendant ce temps un domestique ayant apporté de l’eau, nous nous lavâmes les mains, et nous nous mîmes à table.
Ne me prends pas la main avec tant de violence. […] Donne-moi ta main, ta main chérie. […] Ils vont lier mes mains, bander mes yeux ; je monterai sur l’échafaud sanglant, et le tranchant du fer tombera sur ma tête… Ah ! […] Ce n’était plus l’empire, c’était la dictature qu’il demandait l’épée à la main. […] Madame de Staël avait donné sa main, mais sans perdre le nom sous lequel elle avait illustré son génie.
Celle-ci n’a pas le visage agréable ; je lui trouve le bas des reins plat ; elle est noire ; ses chairs sont molles ; la main droite de l’autre m’a paru sinon estropiée et trop petite, du moins désagréable ; elle a les doigts recourbés. […] La figure serait mieux appuyée sur le plat de la main, et cette main aurait été d’un meilleur choix.
Dans ses deux grands romans, Diderot les jette à pleines mains, comme en un jour d’orgie. […] Elle s’ouvre toute grande aux mains d’une philosophie qui proclame la souveraineté de la raison. […] Toute la philosophie nouvelle éclôt sous sa main avec un air d’innocence, dans un roman pastoral, dans une prière naïve, dans une lettre ingénue467. […] Brusquement, d’une main sûre et sans avoir l’air d’y toucher, il enlève le voile qui couvre un abus, un préjugé, une sottise, bref quelqu’une des idoles humaines. […] C’est un systématique qui, replié sur lui-même et les yeux obstinément fixés sur son rêve ou sur son principe, s’y enfonce chaque jour davantage, en dévide une à une les conséquences, et tient toujours sous sa main le réseau entier.
soufflet que se donne de ses propres mains le vieux monde renouvelé qui se croit rajeuni ! […] — et que sous l’empire de cette Grâce, elle avait quitté son mari comme on ne le quitte guère dans les ouvrages de son père et de son frère, pour se jeter en pleines œuvres de haute dévotion et de prosélytisme, mais tout cela avec une telle gesticulation théâtrale, que les prêtres français de Jérusalem s’étaient inquiétés en leur prudence, de ce trop de gesticulation… Revenue en France, ajoutait-on, elle était entrée chez des religieuses de Passy, sans pourtant se faire religieuse, et elle y vivait dans une piété exaltée, peignant des sujets religieux ; mortifiant ainsi de la toile, si elle ne se mortifiait pas elle-même ; s’entretenant la main de cette façon et mortifiant toujours quelque chose ! […] La sainteté se recueille, se retire, cache sa main gauche avec sa droite, prie et médite au lieu d’écrire, et ne publie pas de roman ! […] La main qui a tracé la figure connue (trop connue) de cette femme sensuelle aux lèvres retroussées et à la bouche rouge, qui doit mordre dans son amant comme dans les biftecks saignants qu’elle dévore, est bien la main, à peu de chose près, de M.
j’allais presque dire prostitué), il a parfois touché avec une main moderne, et qui n’est pas la gourde main de ce chiragre de Le Sage, à la passion, au sentiment, à l’idée, à toutes ces choses qu’on ne peut pas plus rejeter entièrement du roman que de l’âme humaine. […] Il a mis sa tête dans sa main, comme la Mélancolie d’Albert Dürer. […] Eugène Sue méritait un soufflet terrible, et quelle meilleure main, plus pure et plus inspirée, que celle de Paul Féval, un romancier comme lui, pour le lui donner ? […] On n’y aperçoit que les deux mains de Dieu et les deux mains de son archange. […] Il a pris le taureau par les cornes, et les cornes du taureau lui sont restées dans les mains.
Elle retomba sur le divan, à demi assise, à demi couchée, appuyant sa tête sur une main, tandis que l’autre était fort occupée à ramener les plis de sa robe […] » « Ghérard s’en revint tristement à la cheminée, cachant son front dans ses mains, puis tout à coup se retourna, les yeux humides de larmes ; il se jeta à ses pieds, et ses mains s’avançaient vers elle, de sorte qu’il la serrait presque dans ses bras. […] Elle leva la main et l’abaissa vers son visage ; puis sa tête s’abaissa elle-même avec sa main : elle sourit doucement en le voyant ainsi penché sans être vue de lui. […] ma belle amie, lui dit-il en la retenant, comme un bon chrétien, j’aurais baisé la main qui m’eût frappé ; voudriez-vous m’empêcher d’achever ma pénitence ? […] Ainsi tu te plaisais à secouer la main Qui venait sur ton front essuyer ton chagrin.
C’est bien alors qu’on peut dire que nous formons de nos mains notre destinée, et que nous amassons pour nous-mêmes une suite de succès futurs ou de mécomptes. » Au sortir de l’étude de M. […] Nulle créature ne saurait se montrer plus reconnaissante que mon pauvre malade après sa guérison : il exprimait sa gratitude de la manière la plus significative en me léchant la main, le dos de la main d’abord, puis la paume, puis chaque doigt séparément, comme s’il s’était inquiété de ne laisser aucune partie sans remerciement ; cérémonie qu’il ne renouvela jamais qu’une seule fois depuis et dans une occasion toute semblable. […] Lui aussi, il fut malade, et dans sa maladie il eut également part à mes soins et à mon attention ; mais si, après sa guérison, je prenais la liberté de le caresser de la main, il grognait, frappait des pieds de devant, s’élançait ou mordait. […] J’eus même la hardiesse de prendre eu main le crayon, et j’étudiai toute une année l’art du dessin. […] Je n’en ai point assez pour faire de grandes choses, et ces petites choses sont si fugitives, que lorsqu’on attrape un sujet, on ne fait que remplir sa main de fumée.
Cet édit avait pour objet de régler l’entière évacuation du pays, l’ordre et la marche des détachements ; les exilés avaient dix jours pour vendre leurs biens ; ils devaient déposer les armes sur l’heure, et démolir tous leurs temples de leurs propres mains avant leur départ. […] M. le duc de Savoie a autour de 8,000 âmes entre ses mains. […] J’ai ordonné que l’on eût un peu de cruauté pour ceux que l’on trouve cachés dans les montagnes, qui donnent la peine de les aller chercher, et qui ont soin de paraître sans armes lorsqu’ils se voient surpris étant les plus faibles.Ceux que l’on peut prendre les armes à la main et qui ne sont pas tués, passent par les mains du bourreau. » Atrocité à jamais regrettable chez un guerrier humain l'erreur chez un esprit sage ! […] — Louis XIV, à la nouvelle de la victoire, écrivait de sa main à Catinat, le 22 août : « L’action que vous venez de faire me donne tant de joie, que je suis bien aise de vous le dire moi-même et de vous assurer que je vous sais le gré qu’elle mérite. […] Un autre, à sa place, aurait frémi d’être ainsi tenu en laisse après un triomphe ; lui, il s’en accommode, il n’en est pas fâché au fond et s’en lave les mains.
Les Éginètes ne purent l’en détacher, et ils n’osèrent le tuer dans cette attitude ; mais ils tranchèrent ces mains convulsives qui restèrent crispées et cramponnées aux anneaux, et ils égorgèrent l’homme tout auprès. […] est une main formidable, ta droite, ô Éternel ! […] Des visages échevelés et brillants de larmes, des bras dressés au ciel ou tendus désespérément vers leur hôte, des mains qui s’attachent à son vêtement, comme des gestes de naufragées saisissant une branche ; c’est l’image que donne ce chant éploré. […] Le vote du peuple rassemblé dans l’Agora a été unanime comme si un dieu l’avait inspiré. « L’air s’est hérissé de mains droites », et ces mains dressées sont autant de glaives prêts à les défendre. […] On comprend, en les écoulant, que Job ait compté, parmi les bienfaits de la mort, celui de « ne plus entendre la voix de l’exacteur dans le silence du sépulcre. » Les malheureuses se débattent sous les mains violentes qui les traînent
Vien, par exemple, qui a fait une Psyché tenant sa lampe à la main, et venant surprendre l’Amour endormi : Oh ! […] Ne doit-elle pas la tenir écartée, et interposer sa main pour en amortir la clarté ? […] la belle main ! s’écrie en la considérant le critique enivré, la belle main ! […] On s’approcherait de cette main pour la baiser, si on ne respectait cette enfant et sa douleur.
Cela est si vrai quant à la pensée et à la langue, que, lorsque les Mémoires de Retz parurent, une des raisons qu’alléguèrent ou que bégayèrent contre leur authenticité quelques esprits méticuleux, c’était la langue même de ces admirables Mémoires, cette touche vive, familière, supérieure et négligée, qui atteste une main de maître et qui choquait ceux qu’elle ne ravissait jamais. […] Vers ce même temps, une copie de La Conjuration de Fiesque, premier ouvrage profane de l’abbé de Retz, étant venue aux mains de Richelieu, celui-ci vit à quel point ce jeune homme caressait l’idéal du conspirateur et du séditieux grandiose, et il dit ces mots : « Voilà un dangereux esprit. » On assure qu’il aurait dit un autre jour à son maître de chambre, en parlant encore de lui, « qu’il avait un visage tout à fait patibulaire ». […] Mon admiration pour ce grand maître s’est accrue en recopiant les tableaux tracés de sa main… Si ce jugement favorable trouve sa justification, c’est surtout à l’origine des Mémoires, et dans la partie qui nous occupe. […] Il décrit en observateur doué d’une exquise sensibilité de tact leur période d’invasion, si brusque parfois, si imprévue, et de longue main pourtant si préparée. […] Irrité des contrariétés qu’il rencontrait à chaque pas dans les délibérations et les résolutions de cette assemblée, le prince de Condé revenait à ses instincts très peu parlementaires et menaçait d’avoir raison de ces bonnets carrés comme de la populace, à main armée et par la force.
c’est qu’il ait touché aux choses comme jamais main catholique n’y avait touché, et qu’il n’ait pas cessé pour cela d’avoir la main la plus sûrement catholique ! […] L’auteur de l’Homme l’a pris aux mains fumantes et impitoyables de de Maistre, l’a remis debout et l’a réexécuté. […] Sa main, qui tremble quand il se donne une peine si lâche pour raturer l’Inquisition de l’histoire de son Ordre, reprit toute sa fermeté pour glorifier ces deux choses, dérision du monde : — la chasteté virginale d’un moine et les miracles d’un serviteur aimé de Dieu. […] Malgré tout ce que je reconnais de supérieur et d’étonnant dans son livre, j’attendais plus encore de cet intuitif de regard et de cet artiste de main que des physionomies. […] Mais le temps est venu, enfin, d’ôter les Saints des mains des cuistres, et de les restituer au génie à qui ils appartiennent, de par leur incomparable beauté.
Les mains, les plus belles du monde, sont tout simplement celles de la famille : c’est un des signes remarquables chez les Bonaparte que cette finesse de la main. […] — Il présida et tint constamment la main par la suite aux arrangements qui furent réglés dans l’intérêt de la jeune femme, lors de la séparation des époux. […] Elle témoigne de sentiments aussi honorables pour vous qu’ils sont agréables pour moi ; puisque, suivant votre expression, la nouvelle fortune de la France est venue vous chercher, jouissez des faveurs qu’elle vous donne : elles ne sauraient être mieux placées que dans des mains aussi reconnaissantes que les vôtres. […] En voyant l’avénement de l’Empire en France, je me plaisais à espérer que le retour de ce régime pourrait ne point entraîner, comme une conséquence inévitable, celui d’une lutte de rivalité avec la Russie, et d’un conflit à main armée entre les deux pays. […] Un ancien ami avec qui elle se croyait brouillée et qu’elle savait blessé, mortifié et à jamais éloigné par la politique, avait passé près d’elle, près de sa voiture, n’avait point paru la reconnaître, et, l’instant d’après, en descendant, elle l’avait trouvé qui l’attendait pour lui prendre et lui serrer cordialement la main.
* * * — Quand je me couche un peu gris, j’ai la sensation, en m’endormant, d’avoir la cervelle secouée dans un panier à salade par une femme, dont je n’aperçois que le bras et la main — et ce blanc bras et cette blanche main sont ceux de la Lescombat que j’ai entrevus une seule fois chez un mouleur. * * * — Prière d’un vieillard de ma connaissance : « Faites, mon Dieu, que mes urines soient moins chargées, faites que les moumouches ne me piquent pas, faites, que je vive pour gagner encore cent mille francs, faites que l’Empereur reste pour que mes rentes augmentent, faites que la hausse se soutienne sur les charbons d’Anzin. » Et sa gouvernante avait ordre de lui lire cela, tous les soirs, et il le répétait, les mains jointes. […] Soudain, dans le paysage, par une petite allée d’ifs ressemblant à des cippes végétaux, débouchait une bande d’enfants de chœur aux aubes blanches sur des robes rouges, marchant insouciants et ballottant leur cierges tout de travers, et arrachant sur leur passage, d’une main qui s’ennuie, les hautes herbes de chaque côté du chemin. […] Le propriétaire de la maison et du parc à jeux de bague, et qui avait, dit Gavarni, à la fois une tête de lapin et de serpent, était un usurier à nom nobiliaire, entre les mains duquel était tombée la propriété du journal Le Curieux, et qui, voulant avoir mon ami pour rédacteur, sans le payer, avait fait nouer par sa femme une intrigue épistolaire avec lui, et se laissait tromper à domicile. […] » l’autre, un séducteur par la force des poignets de tout le féminin qui lui tombait sous la main… Et mon ami ajoutait qu’il serait sûr d’avoir à lui tout seul l’héritage de son oncle, le coucheur dans les lits vides, s’il voulait prendre une maîtresse, et le choisir comme confident et comme intermédiaire pour carotter de l’argent à son père et à sa mère au sujet de l’entretien de ladite maîtresse.
Ils l’appelloient souvent chironomie, et ce mot traduit litteralement signifie la regle de la main. […] Ce sont les bras, ce sont principalement les mains des danseurs que les anciens loüent. […] Par exemple, le geste de la main dont on se sert en France pour appeller quelqu’un, n’est pas le geste dont on se sert en Italie pour le même usage. Le françois fait signe à ceux qu’il veut appeller de s’approcher de lui, en levant la main droite dont les doigts sont tournez en haut, et en la ramenant plusieurs fois vers son corps, au lieu que l’italien, pour faire le même mouvement, baisse la main droite dont les doigts sont tournez vers la terre. […] Nos ancêtres, dit Cassiodore, ont appellé musique muette celui des arts musicaux, qui montre à parler sans ouvrir la bouche, à dire tout avec les gestes, et qui enseigne même à faire entendre par certains mouvemens des mains comme par differentes attitudes du corps, ce qu’on auroit bien de la peine à faire comprendre par un discours suivi ou par une page d’écriture.
Ce que nous appelons avec respect l’éducation militaire, cette forte éducation des choses qui l’emporte tant sur celle des livres et qui fait entrer les notions dans le cerveau par l’œil et la main, l’éducation militaire avait pu lui donner ce regard rectangulaire qui voit avec précision les objets, et la fermeté du dessin qui sait les reproduire, mais la maîtresse faculté de Daumas était le sentiment du pittoresque, et son livre de la Grande Kabylie le prouvait. […] On y sent la vie observée, la vie vraie, qui battra toujours la vie rêvée, et la poésie des réalités, qui l’emportera toujours sur la poésie de seconde main, la poésie des mots et des livres. […] Pour nous, c’était le plâtre, posé d’une main d’artiste, pour en garder l’empreinte, sur le visage d’un peuple qui va expirer ; car se transformer sous l’action du vainqueur, pour un autre peuple, c’est mourir. […] Par sa constitution donc comme par ses victoires, l’Armée se préparait de longue main à reprendre le rang et l’autorité qu’elle doit avoir dans un pays comme la France. […] Tout ce qui l’exalte, tout ce qui la raconte, tout ce qui nous apprend à l’aimer, tout ce qui nous fera mettre notre main dans sa main, notre cœur sur son cœur, est, littérature à part, digne d’applaudissement, d’encouragement, de popularité.
Nous, que l’histoire comme on l’écrit depuis vingt ans13 a lassés et un peu blasés sur les généralisations à perte de vue qui s’y mêlent, nous aimons cette saveur étrange, parce qu’elle est pure et vraie, que nous donne l’histoire écrite ainsi, et nous pensons que la voilà, impartiale et sincère, autant, du moins, qu’il est permis à la pauvre main humaine de la tracer. […] Seulement, dès qu’on a traversé toute cette splendeur et qu’on a mis la main sur le cœur de l’homme, on ne trouve plus qu’un être abject, auquel Dieu — qui sait seul ses desseins — a fait une grande destinée. […] Aussi doit-on le reconnaître, entre tous les historiens qui ont eu à parler de cet homme illustre, entre tous ceux-là qui touchent d’une main pieuse aux saintes poussières du passé, je n’en sache guères qu’un seul qui ait refusé sa sympathie à une si grande condition et à une si grande infortune. […] Ces interprétations de grands esprits qui nous font penser dans le sens de leur propre pensée, ces espèces de torsions imprimées à la réalité toute droite sous la main artiste qui sait la ployer et la reployer à son gré autour d’une idée, étouffent toujours un peu l’histoire et la meurtrissent. […] Dans tous les temps, les hommes qui l’ont le mieux servie sont les chroniqueurs, les hommes voués au fait, à la recherche laborieuse, tous ceux qui, comme Pierre Clément, plongent dans une époque et ne rapportent dans leurs mains sincères rien de plus ni rien de moins que ce qu’au fond ils ont trouvé.
Lui seul, en effet, cet Urbain Legeay, — un obscur toute sa vie, mais qui est sorti, après sa mort, de son obscurité, pour entrer dans la lumière de son livre, — lui seul a enfin mis la dernière main à la notion intégrale de Louis XI, de ce roi immense, calomnié, rapetissé et caricaturé par de sottes histoires. […] Le hasard seul d’une trouvaille de bibliothèque, le bonheur de quelque carton à renseignements découvert, a pu lui faire mettre la main précisément sur ce sujet d’étude, si éloigné des préoccupations de ce temps, et travaillé, du reste, je le reconnais, avec une conscience qui devrait être du talent, pour sa peine, mais qui malheureusement ne l’est pas toujours… L’auteur de cette récente histoire du roi René l’a proprement nettoyée de tous les récits légendaires qui l’obstruaient, car la Légende s’était enroulée comme une liane autour de ce vieux chêne qu’elle avait fini par cacher. […] Il avait même une femme courageuse, habile et charmante, qu’il envoya comme régente en son royaume de Sicile et qui le lui tint dans sa main jusqu’au moment où la sienne, à laquelle il échappa, vint la remplacer. […] Louis XI lui donna la haute main dans sa guerre de Bretagne ; le défiant se confia, et le loyal René le méritait. […] Et, non contente de le peindre ainsi, jusque par la main soi-disant historique du romancier Walter Scott, le bric-à-brackiste d’Abbotsford, qui avait les mêmes manies que le Roi René, elle a fini par l’accuser d’avoir abandonné, pour muser dans quelque Musée, le soin de ses états, même contre une rente viagère !
Il est impossible à celui dont la main peut gouverner les nations de quitter sa sphère céleste pour devenir un moine comme Charles-Quint — âme petite ! […] … On a parlé de la douleur d’avoir perdu l’Impératrice, de cette affection blessée par la mort et qui saigna toujours dans l’âme de ce fils de Jeanne-la-Folle, en qui l’amour conjugal semblait une passion héréditaire, mais la Douleur a son idée fixe et ne revient pas toucher, de ses mains préoccupées, les amusettes de l’Ambition. […] La nature lui avait donné une tête puissante et calme, un cerveau de Dieu de la terre… Mais la main de l’Espagne de saint Isidore s’était empreinte sur le crâne baptisé par elle, et cette marque, il ne put jamais l’effacer. […] C’est toujours cet empereur qui a mis Rome à sac, autrefois, par la main du connétable de Bourbon, et qui, vieux, recommence sous Paul IV la guerre contre Rome avec l’ardeur de sa jeunesse. […] son fils respectueux, le roi Philippe, prit, quand elles furent froidies, dans ses mains les cendres de son père et les jeta du haut de cette montagne aux quatre coins de l’horizon.
Pour écrire la vie de cet homme de brusque décision, qui aimait la vérité d’un amour hardi et sans scrupule, qui n’y alla jamais de main morte avec rien ni avec personne, et qui empoignait, quand il ne s’agissait que de toucher, besoin était d’un homme de sa sorte. […] Le chantage, par exemple, cette réputation qui plane sur toute la vie de Crétineau, dit l’abbé Maynard, et qui est le sort commun, fait par les ennemis, de tous ceux qui mettent la main dans la boue de la politique ; le chantage, cette revanche du fumier d’Augias qui se venge d’Hercule ! […] L’auteur de la biographie intitulée : Jacques Crétineau-Joly, avait dans les mains tous les éléments d’une vie qui, claire et courte, mais substantielle et d’un bel accent, aurait été lue, car, en France, on aime les batailleurs, et pouvait rester, durable comme une médaille. […] Un jour, Armand Marrast, un polémiste d’un autre genre, mais qui se connaissait en polémistes, donna à Crétineau un petit sanglier d’or sculpté, comme son symbole, et il fut flatté, tout sanglier qu’il fût, de cette caresse de vérité, de cette main passée sur ses soies. […] Il en avait la gaieté, la bonne humeur, la verte allure la nature à pleine main, ce Jacques, défenseur des jésuites et du Pape, qui n’avait ni peur de souper chez ses ennemis ni scrupule de se montrer, tous les soirs, dans les coulisses de l’Opéra.
que le Don Juan de Byron devait parcourir le globe tout entier dans le plan du poète, de même le héros de Gogol devait parcourir l’empire russe ; mais ce n’était pas la main aveugle des circonstances qui le poussait à travers l’empire, c’était une pensée de spéculation. […] On n’est pas une individualité parce qu’on est un voleur qui se lave les mains avec du savon de France, parce qu’on ne porte que des habits roux à reflets d’or et qu’on se mouche en faisant grand bruit. […] Manière de travailler qui, seule, le classerait à un rang presque subalterne ; car l’Inspiration n’a pas pour procédé de tendre la main, quand cette main est celle du talent, ou le chapeau, qui est plus grand que la main, quand cette main est celle du Génie !
Je repris ma place, et tout en préludant d’une main indécise : — Mon Dieu ! […] Alors on lui répond qu’elle a seize ans à peine, que ce limpide regard n’a jamais été attristé de l’éclat du lustre, et le parterre bat des mains ! […] Mais, au contraire, vous battez des mains à la victime, vous la couronnez de fleurs, vous la parez de votre mieux. […] L’Agnès en question était maigre et pâle ; elle avait les coudes rouges et les mains comme les coudes, la démarche embarrassée, et la voix très voilée. […] Plus vous avez la main légère et plus le public vous en saura bon gré.
Il a mis la main et le nez sur tous ces débris, dont l’ambre révèle l’infection, et il vous affirme sur l’honneur que tout cela n’est si sale ni si pourri qu’on le croyait et qu’il faut beaucoup en rabattre… Ah ! […] XI Elle y était peut-être, mais passive et secondaire, instrument du règne en des mains plus fortes que sa tête, à elle, ployée par ces mains dans des intérêts plus grands que les siens. […] Pas de doute que Mme Du Barry n’ait été un de ces pions sensibles et qu’avec la souplesse de la courtisane, qui n’est que la souplesse cultivée de la femme, elle ne se soit mêlée fort bien aux mouvements de la main qui jouait avec elle : main multiple ! la main de toute la coterie d’Aiguillon, qui voulait renverser Choiseul et le tenir renversé sous elle ! […] Elle a dans les mains assez de faits nombreux, éclatants et certains, pour poser maintenant des conclusions inébranlables et éternelles.
Elle était à l’église, à genoux et les mains jointes. […] sa main nue est habituée à frapper dans toutes les mains ; pourquoi s’en fâcher ? […] Cependant on apporte le contrat ; on le signe sans le lire, le docteur Loewe le signe d’une main ferme, Anna d’une main joyeuse, le baron de Lowemberg d’une main tremblante. — Ô surprise ! […] Quelle gaieté jetée à pleines mains comme l’esprit ! […] des mains si blanches !
La statue de Spartacus avait un bonnet rouge et un bouquet à la main. […] Ce n’est plus l’objet qui tient aux entrailles, la chose inaliénable des collectionneurs d’autrefois ; c’est une valeur qu’on se passe de main en main, une circulation de plus-value entre brocanteurs millionnaires, se dépêchant de vendre comme à un jeu de « petit bonhomme vit encore ». […] Pendant le repos des actes, Thierry, qui se tient, tout le temps, la figure masquée avec la main, et qui écoute cela, comme un supplicié, échange à voix basse quelques mots avec les acteurs. […] Il lui a demandé de se laisser mouler les deux mains dans la pose, pour en donner une plus réelle et vivante image. […] La princesse ne descend que quelques minutes avant déjeuner, à onze heures et demie, les journaux dans une main, et l’autre tendue aux baisers de ses hôtes.
Quand je suis près d’elle, elle me prend fiévreusement la main, deux ou trois fois, me disant : « J’irai vous… vous… j’irai vous voir ! […] Elle le prend, disparaît, revient les joues roses d’émotion, et murmure, en me tendant ses mains, gentiment odorantes : « “Embrassez-moi les mains, comme vous embrassez, dans les salons, les mains des dames de Saint-Pétersbourg.” […] Je le vois prendre, à deux mains, son verre à Bordeaux, et l’entends dire : « Voyez le tremblement que j’ai dans les doigts ! […] Sa main, quand il prend la vôtre, monte amoureusement le long de votre poignet. […] Sa petite chair rose, quand on la flatte de la main, on la sent heureuse.
La main sur la conscience, et sans vouloir flatter personne ni nous flatter nous-même, nous ne le pensons pas. […] La liberté lui mettait ces armes dans la main, mais il lui fallait un peuple soldat et vétéran de gloire comme la France pour lui en apprendre l’usage. […] Le chef de la famille ou le plus âgé des fils marchait en avant d’un pas consulaire, tenant d’une main le mince aiguillon, et s’appuyant fièrement de l’autre main sur la corne dorée de ses bœufs. […] À ces mots le livre tomba de mes mains, et je restai immobile et absorbé dans la contemplation de ce tombeau. […] J’avais à la main la lettre d’introduction qui m’avait été donnée par un gentilhomme notre voisin, ami de mon père.
En mettant la main sur le cœur du vrai poète, il faut le sentir battre, comme celui des héros, plus vite et plus fort que celui des autres mortels. […] ou porter dans ses mains des urnes pleines des cendres de nos sœurs ? […] Il lui fallait un vigoureux coup de férule sur les mains qui tenaient la plume depuis Ronsard. […] La littérature française, entre leurs mains, allait mourir d’ennui avant d’être née. […] Boileau fut pour sa littérature naissante cet instituteur, qui encouragea d’une main et qui émonda de l’autre sa sève surabondante.
Son père, passant avec lui à Amboise où les têtes des conjurés étaient encore exposées aux potences, lui mit la main sur la tête et lui fit faire, dès l’âge de huit ans et demi, une sorte de serment d’Annibal. […] C’est un grondeur et un mécontent par humeur que d’Aubigné ; il était inapplicable en grand et n’aurait su devenir tout à fait homme d’État ni principal capitaine ; il était né ce que nous appelons de nos jours un homme d’opposition : pourtant, dès qu’on le presse et qu’on lui met la main au cœur, comme il est fier de son Henri IV, du « grand roi que Dieu lui avait donné pour maître », dont les pieds lui ont servi si souvent de chevet ! […] Vous soupirez à Dieu pour l’absence de vos amis et fidèles serviteurs, et en même temps ils sont ensemble soupirant pour la vôtre et travaillant à votre liberté ; mais vous n’avez que des larmes aux yeux, et eux les armes aux mains ; ils combattent vos ennemis et vous les servez ; ils les remplissent de craintes véritables, et vous les courtisez pour des espérances fausses ; ils ne craignent que Dieu, vous une femme, devant laquelle vous joignez les mains quand vos amis ont le poing fermé ; ils sont à cheval, et vous à genoux ; ils se font demander la paix à coudes et à mains jointes ; n’ayant point de part en leur guerre, vous n’en avez point en leur paix. […] Le roi de Navarre parla d’abord et posa cette première question : si, dans les circonstances présentes et nouvelles, les huguenots devaient avoir les mains croisées durant le débat des ennemis, envoyer tous leurs gens de guerre dans les armées du roi sans en faire montre (ce qui était l’opinion de plusieurs), ou s’ils devaient prendre séparément les armes pour secourir le roi en leur propre nom, et profiter de toutes occasions pour s’affermir ? […] Il continuait sur ce ton élevé : Oui, il faut montrer notre humilité ; faisons donc que ce soit sans lâcheté ; demeurons capables de servir le roi à son besoin et de nous servir au nôtre, et puis ployer devant lui, quand il sera temps, nos genoux tout armés, lui prêter le serment en tirant la main du gantelet, porter à ses pieds nos victoires et non pas nos étonnements.
Demain, à midi, elles partiront, et moi aussi, pour vous aller manger les mains. […] Je te baise, mon cœur, un million de fois les mains. […] Henri IV (et cela me plaît en lui) n’est pas un de ces génies et de ces grands hommes qui jaillissent tout formés des mains de la nature et de la fortune. […] Sur cette vérité je vous baise les mains. […] [1re éd.] et ont aisément la plume en main
La reine s’avança pour le recevoir à l’entrée de son appartement, c’est-à-dire d’une chambre de paysan, de la porte à l’escalier ; elle parut se jeter à genoux pour lui baiser la main ; il l’en empêcha et la releva, mais ils se trouvèrent tous deux bien embarrassés de ne se pouvoir entendre. […] La camarera me tenait toujours par la main, m’avertissant du nombre de révérences que j’avais à faire, et qu’il fallait commencer par le roi. […] Quand je contai cela à M. de Villars, il me dit que, sans doute, la camarera voulait que je baisasse la main à Sa Majesté. […] Le roi et la reine sont assis, chacun dans un fauteuil ; des religieuses à leurs pieds, et beaucoup de dames qui viennent leur baiser les mains. […] L’État ne pouvait faire face à ses engagements, et l’Électeur de Brandebourg, à qui l’on refusait le payement d’une dette, dut retirer de Madrid son envoyé, et se payer de ses propres mains en faisant saisir un vaisseau espagnol chargé de marchandises, en vue d’Ostende.
Jeune fille ou veuve, il n’aurait jamais demandé sa main : elle est de celles qu’on a, si l’on peut, mais qu’on n’épouse pas. […] Pendant que se trame ce complot perfide, Séverine, au piano, fiévreusement inquiète, l’œil aux aguets, l’oreille aux écoutes, module, d’une main distraite, une vague mélodie. […] La victime chante, tandis que des mains encore invisibles la lient dans l’ombre et vont la tuer. […] Ainsi la livrée furète dans les plus intimes secrets de son cœur ; son alcôve donne dans l’antichambre ; sa pudeur est déshabillée, maniée, exploitée par des mains serviles ! […] un drame lancé d’une main si forte et si sûre, et qui s’abat sur lui-même, en touchant le but !
Mon cher monsieur, Vous me faites l’honneur de me demander mon avis au sujet de ce petit Vocabulaire français qui va se trouver si à propos sous la main de quiconque aura une lettre à écrire : en voulant bien m’adresser pareille question, vous vous êtes souvenu sans doute que je ne suis pas seulement un académicien, mais que je suis aussi un membre de la Commission du dictionnaire. […] L’idée donc me paraît excellente ; et je me figure très bien une personne, une femme élégante, qui fait son courrier dans son boudoir devant témoins, pendant qu’on jase autour d’elle, et qui ne serait pas fâchée de pouvoir se fixer sur l’exacte orthographe d’un mot, sans se lever toutefois et se déranger, sans déceler son doute, sans avoir recours même au plus portatif et au plus maniable des dictionnaires : elle n’a, maintenant, qu’à tourner d’une main négligente et comme par distraction son papier ; elle a l’air, tout au plus, de chercher le quantième du mois, et son œil est tombé précisément sur le mot qui faisait doute et qu’elle avait mal mis. […] Un petit vocabulaire sous la main ne leur serait pas inutile. […] On lui épargne toutes les difficultés, on va au devant de tous ses désirs ; on prévient ses méprises ou ses faux pas ; il a sous la main, en quelques minces feuillets, ce qui faisait autrefois la matière d’un in-folio.
Tout de suite, au contraire, il met la main sur le terme exact, sur l’image nette, sur la forme précise. […] Cet heureux Athénien, après nous avoir restauré plus d’un genre lyrique, l’ode, la chanson, l’épigramme, l’épître, même la satire et surtout l’élégie qu’il a rendue si belle, nous promet une tragédie : la première représentation d’une nouvelle Iphigénie, imitée d’Euripide, dont quelques scènes achevées courent déjà de main en main, verra tous ces instincts classiques, refoulés depuis soixante ans aux veines de la France, prendre enfin leur revanche du désastre de Hernani. […] Il est allé cette fois à la source de la vie, et comme la main qu’il tendait était sincère, la source ne lui a pas refusé son onde.
Rousseau affecte de narguer son chef, reste à Venise malgré lui, emprunte à toutes mains pour payer son retour en France, et revient victime de son orgueil. […] Il n’en reçoit pas moins son salaire des mains de M. de Montaigu quelque temps après son retour à Paris. […] Il se le reproche, il jette quelque modique aumône dans cette main qui a tenu autrefois son cœur. Thérèse, plus tendre que l’ancien amant, baise cette main et y laisse une larme. […] La magie de son style le dérobait à toute atteinte des lois ; tous ses lecteurs devenaient ses complices, pendant que ce livre était dans leurs mains.
Ce sont des composés de laboratoire qui restent inoffensifs dans le cabinet et sous la main du chimiste, mais qui deviennent terribles dans la rue et sous les pieds du passant. — On ne s’en apercevra que trop bien tout à l’heure, quand les explosions iront se propageant sur tous les points du territoire, quand, au nom de la souveraineté du peuple, chaque commune, chaque attroupement se croira la nation et agira en conséquence, quand la raison, aux mains de ses nouveaux interprètes, instituera à demeure l’émeute dans les rues et la jacquerie dans les champs. […] Contre leurs débordements et leurs dévastations, il a fallu installer une force égale à leur force, graduée selon leur degré, d’autant plus rigide qu’elles sont plus menaçantes, despotique au besoin contre leur despotisme, en tout cas contraignante et répressive, à l’origine un chef de bande, plus tard un chef d’armée, de toutes façons un gendarme élu ou héréditaire, aux yeux vigilants, aux mains rudes, qui, par des voies de fait, inspire la crainte et, par la crainte, maintienne la paix. […] « Dans toute véritable démocratie, la magistrature n’est pas un avantage, mais une charge onéreuse, qu’on ne peut justement imposer à un particulier plutôt qu’à un autre. » Nous mettons la main sur nos magistrats ; nous les prenons au collet pour les asseoir sur leurs sièges. […] Notre État n’est point une simple machine utilitaire, un outil commode à la main, dont l’ouvrier se sert sans renoncer à l’emploi indépendant de sa main ou à l’emploi simultané d’autres outils. […] Déjà, depuis longtemps, par la centralisation administrative, l’État a la main partout440. « Sachez, disait Law au marquis d’Argenson, que ce royaume de France est gouverné par trente intendants.
Ceux qui avaient applaudi sur le passage du parlement marchant de la grand’chambre au Louvre après ce coup d’État, n’étaient pas, disait-on, cette foule qui bat des mêmes mains à ce qui s’élève et à ce qui tombe ; c’étaient les gens de bien, les sages. […] Louis fit sur son trône asseoir la flatterie… Et l’encens à la main, la docte Académie L’endormit cinquante ans par sa monotonie. […] Le premier est une histoire familière de la cour de Louis XIV ; vrai tableau, ou plutôt vraie galerie de tableaux imposants et charmants, au-dessus desquels domine, tracé d’une main libre, pour l’histoire et non pour la tragédie, le portrait du grand roi. […] Malgré ces défauts où Voltaire est trop de son temps, on a raison de mettre le Siècle aux mains de la jeunesse studieuse. […] Il aime la vérité comme une convenance de cet esprit, et quoique la vérité, même rabaissée à la commodité d’un homme, ait été souvent, dans ses mains habiles et actives, une puissance bienfaisante, souvent il la traite en homme qui aurait su s’en passer, et il lui préfère la gloire.
Ce que d’Alembert avait copié deux fois de sa main pour le garder de toute fraude, s’est tourné contre sa mémoire. […] S’il est sorti du bien de l’école encyclopédique, jamais il ne fut plus vrai de dire qu’il est quelquefois dans les desseins de Dieu de faire le bien par les mains les moins dignes. […] Les pères endettés pour les mois de nourrice de leurs enfants, s’y réfugieraient contre les gens de justice, et nul n’y pourrait être arrêté que sur un ordre du roi, signé de sa main. […] J’ai peur qu’un homme qui a cherché si loin le bien à faire n’ait pas fait tout le bien qui était à sa main. […] Il a ouvert la marche, tenant à la main ce flambeau qui jetait tant de lumière parmi tant de fumée.
Quand je prendrais les ailes de l’Aurore et que je porterais ma tente aux confins des mers, là même, c’est ta main qui me conduira sur la route, ta main qui m’établira. […] « Tu as étendu ta main, et la terre les a consumés. […] que tes mains ont achevé. […] L’homme aux mains innocentes et au cœur pur, qui n’a pas mis sa confiance en de vaines divinités, et qui n’a pas juré, avec le dessein de tromper : celui-là remportera la bénédiction de Jéhovah, et la justice des mains de Dieu, son Sauveur. […] Sa main est étendue : qui peut la replier38 ?
Et d’abord, dans l’ordre de l’action, il y avait le Premier Consul, celui qui disait un matin, en mettant la main sur sa poitrine : Je sens en moi l’infini ; et qui, durant quinze années encore, entraînant le jeune siècle à sa suite, allait réaliser presque cet infini de sa pensée et de toutes les pensées, par ses conquêtes, par ses monuments, par son Empire. […] me suis-je dit, Oberman a passé familièrement ici ; il y a passé aussi familièrement que Saint-Preux ; il a touché la main de Lélia. […] Ampère, Albert Stapfer ; dans une correspondance curieuse et touchante que j’ai sous les yeux, et qui, entre les mains de l’ami qui me la confie, pourra devenir un jour la matière d’un beau livre de souvenirs, je lis d’autres noms encore de cette jeune intimité ; j’en lis un que j’efface, parce que l’oubli lui vaut mieux ; j’en lis deux inséparables, qui me sont chers comme si je les avais connus, parce qu’un grand charme de pureté les enveloppe, Edmond et Lydia, amants et fiancés. Tous vivent aujourd’hui, excepté Sautelet, qui est mort de sa main ; bien peu se souviennent encore de ces années, ou du moins s’y reportent avec regret et amour, excepté Lydia, qui est demeurée, me dit-on, fidèle aux pensées de cette époque, et les a gardées présentes et vives dans son cœur. […] La lecture d’Oberman, quand ce livre leur tomba par hasard dans les mains, fit sur eux l’impression qu’on peut croire ; cette mélancolie austère et désabusée devint un moment comme la base de leur vie ; la philosophie platonicienne eut tort ; Jules Bastide fut celui peut-être qui se pénétra le plus profondément de cette âpre et stoïque nourriture.
le compte des médecines qu’on a prises vérifié par un Purgon de cour ou un monsieur Fleurant, respectueux sujet en toutes ses parties, — mais c’est le journal de toute la vie, heure par heure, écrit non de la main d’un tiers, mais de la main même du Roi, — du Roi qui n’a pas passé un seul jour de son règne sans noter pieusement (pieusement envers lui-même) tout ce qu’il a fait dans la journée, et qui, mettant à le noter une exactitude qu’aucune circonstance, aucun événement n’a pu ni interrompre ni troubler, s’est peint, sans le savoir, avec une naïveté et une transparence qui envoient promener du coup tous les Tacites de la terre et se passent très bien de leurs profondeurs ! […] le Journal de Louis XVI, de la propre main de Louis XVI ! […] Imaginez-vous qu’on eût découvert le Journal de Périclès par Périclès ; le Journal d’Auguste, écrit de la main d’Auguste ! […] L’éditeur l’a trouvé sous sa main en préparant une histoire de Louis XVI à laquelle il travaille depuis plusieurs années, et sur les conclusions de laquelle nous n’avons rien à préjuger.
Je croyais à la transformation dernière, au brin d’immortelle cueilli enfin, et gardé, de toute cette masse de fleurs, de tous ces bouquets jetés à la tête de tout par une main que tout enivrait et qui, dans l’ivresse, s’est blessée ; et je n’ai pas eu ce que je croyais. […] Et puis, il avait, pour lui mettre son manteau sur les épaules et de la ouate autour du cœur, les deux belles mains dévouées de celle qui fut un jour digne de les poser, ses belles mains, dans la main couvre-empire de Louis XIV ! […] Le masque en main, les castagnettes Formant l’orage sous tes pieds, et je le conjurai d’aborder la poésie des sentiments les plus profonds de l’âme humaine.
Doit-on s’étonner qu’à défaut d’un visage expressif qu’on n’a pas, on se pétrisse, d’une main plus ou moins habile, un masque qui serve à cacher le néant ou la vulgarité de la physionomie qu’on a ? […] II Et tel est le poète nouveau qui se présente aujourd’hui au public, son œuvre à la main. […] Dévote à la mythologie du Gange, sa Muse vit, une queue de vache dans la main. […] Dans un temps où la langue serait forte, la Critique punirait peut-être le poète de cette impiété et de cette profanation, mais nous ne sommes plus au temps du grand Corneille où l’on disait Brute et Cassie, et où ce qui doit changer le moins, même les noms propres, devenaient français sous les plumes fières… À présent nous n’avons plus, il est vrai, cette insolence d’orgueil, et ce n’est pas seulement à l’expression étrangère que nous allons tendre des mains mendiantes, c’est à l’inspiration elle-même ! […] Il l’est purement et simplement, mais son relief est si vigoureux et si plein qu’il a fait battre des mains à toutes les paumes épaisses de tous les matérialistes contemporains !
Robinson ne procède que chiffres en main et toutes réflexions faites. […] » Elle s’enhardit, elle prend la liberté de lui baiser la main […] Tout d’un coup il s’oubliait, se baissait, et enlevait dans sa main le soulier d’une dame. […] Au-dessous un pâle squelette, les yeux clos, s’affaisse tenant en main son verre. […] Le dernier carabin extirpe l’œil, et la bouche contractée a l’air de hurler sous sa main.
Surpris de cette étrange réception, M. de Saint-Pierre prend froidement la selle, la remet entre les mains de l’hôte, et entre en explication. […] Dans le nombre, il en aperçut une adressée au général du Bosquet ; elle était entièrement de la main du maréchal de Munnich. […] Leur maître se promenait au milieu d’eux, une pipe à la bouche et un rotin à la main. […] Pour Virginie, d’un port noble et assuré, elle nous faisait signe de la main, comme nous disant un éternel adieu. […] Une de ses mains était sur ses habits ; et l’autre, qu’elle appuyait sur son cœur, était fortement fermée et roidie.
dit l’autre, en lui mettant les cent francs dans la main. […] « Moi, fait Tourguéneff, c’est une pensée très familière, mais quand elle vient, je l’écarte ainsi, dit-il, en faisant un petit geste de dénégation de la main. […] Cette parole impressionnait si vivement Villemain, qu’à la fin de la séance, lui prenant les mains, il lui disait : « Soyez bon pour moi ! […] Elle était si atrocement flambée, qu’elle semblait une négresse, et quand Larrey la vit, elle pouvait seulement se tenir dans son lit, à quatre pattes, sur la paume des mains et sur l’extrémité des genoux. […] Le maître d’anglais, lui, était un petit prêtre irlandais, un abbé poupin, auquel nous nous amusions à faire sauter des chaises, sa soutane retroussée et tenue d’une main devant lui.
Il convient pourtant qu’il n’est pas inutile de l’être quelquefois ; car il faut avoir la tête bien grosse quand on a éprouvé une perte en un lieu pour ne pas y pourvoir lorsqu’on se retrouve exposé au même hasard ; c’est le cas de se faire sage par sa perte : « Mais je me suis bien trouvé, ajoute-t-il, de ne l’avoir pas été, et aime mieux m’être fait avisé aux dépens d’autrui qu’aux miens. » Pour un personnage tout d’action et si homme de main, il est à remarquer comme il aime les préceptes, les sentences, et à moraliser sur la guerre ; il le fait en un style vif, énergique, imaginatif, gai parfois et qui sourit : oh ! […] Pourtant, comme il est un guerrier de l’époque intermédiaire, il le faut voir tel qu’il se peint à nous lui-même, une hallebarde à la main dans la mêlée ; c’était son arme ordinaire de combat. — Ou comme il le dit encore d’un air de fête : « J’ai toujours aimé à jouer de ce bâton. » La première bonne occasion où il se trouve commander n’étant qu’enseigne, et où il commence à marquer sa réputation auprès de ses camarades et de ses chefs, est sur la frontière d’Espagne, du côté de Saint-Jean-de-Luz (1523). […] Prisonnier à Pavie, il fut relâché par ceux des victorieux entre les mains de qui il était tombé : « Car ils voyaient bien, dit-il, qu’ils n’auraient pas grand’finance de moi. » Ayant eu ordre de vider le camp des impériaux avec tous les autres prisonniers jugés insolvables, il regagne ses foyers et sa Gascogne. […] Il avoue ses opiniâtretés, ses colères, qui sentent le cheval de sang et de race : « Il ne me fallait guère piquer pour me faire partir de la main. » Quelquefois aussi, chez lui, c’était méthode et tactique ; on le verra user de sa réputation terrible pour obtenir de prompts et merveilleux résultats : ainsi, à Casal, ville presque ouverte, où il se jette (1552) pour la défendre, et où il lui fallut improviser des fortifications et de grands travaux de terrassement en peu de jours, il donnera ordre à tout son monde, tant capitaines, soldats, pionniers, qu’hommes et femmes de la ville, d’avoir dès le point du jour la main à l’ouvrage « sous peine de la vie » ; et, pour mieux les persuader, il fit dresser des potences (dont sans doute cette fois on n’eut pas à se servir) : « J’avais, dit-il, et ai toujours eu un peu mauvais bruit de faire jouer de la corde, tellement qu’il n’y avait homme petit ni grand, qui ne craignît mes complexions et mes humeurs de Gascogne. » Et en revanche, sans se fier plus qu’il ne faut à l’intimidation, il allait lui-même, sur tous les points, faisant sa ronde jour et nuit, reconnaissant les lieux, « encourageant cependant tout le monde au travail, caressant petits et grands. » Ces jours-là, où il était maître de lui-même, il savait donc gouverner les esprits autant par les bons procédés que par la crainte, et il s’entendait à caresser non moins qu’à menacer. […] Ne lui demandez pas les grandes vues militaires ni de stratégie, ni d’embrasser un échiquier bien étendu ; mais dans ce cadre indiqué, il semble un officier accompli, plein de ressources, ayant le coup d’œil et la main, électrisant son monde, combinant l’audace et l’art, et corrigeant la témérité par l’adresse.
Il a lui-même raconté, dans quelques pages d’une simplicité un peu cherchée (Une anecdote relative à Laplace), l’origine de ses relations avec le grand géomètre et comment, sur un point de mathématiques, il trouva lui-même des solutions dont Laplace, qui les avait obtenues de longue main, voulut lui laisser tout le mérite devant l’Institut. […] C’est ce qu’il n’a cessé de faire à l’occasion des nombreux écrits et témoignages originaux publiés en Angleterre sur Newton, et dont il s’était constitué dans le Journal des Savants le rapporteur très attentif, très fidèle, en même temps que le critique scrupuleux et sévère : on peut dire qu’en ce qui concerne Newton, il a été, pour la France, son historien de seconde main. […] C’est, on le devine, même quand M. l’abbé Moigno ne nous l’aurait pas appris (n° du Cosmos du 7 février 1862), c’est que le vieillard avait changé, c’est qu’il avait remis depuis des années sa conscience en des mains pieuses, mais en des mains étrangères ; c’est que le Père de Ravignan ou le Père de Pontlevoy, cités avec éloge à un endroit du travail, avaient passé par là, et qu’il y a un petit souffle imperceptible venu du Vatican ou du voisinage, qu’on ne voit pas, mais qu’on sent, et qui, dans ce compte rendu du procès de Galilée, est bien capable à la fin d’irriter les âmes non patelines et grossièrement généreuses14. […] Il était fier, et avec raison, de cette découverte : « Auparavant, disait-il, les chimistes ressemblaient à des architectes qui, pour connaître un édifice, auraient commencé par le démolir et auraient prétendu ensuite juger de sa structure intérieure d’après la nature, le nombre et le poids des matériaux bruts, au lieu que maintenant, dans bien des cas, on peut saisir la constitution intime des corps sans les endommager, et distinguer les propriétés essentielles des particules mêmes en situation. » — Se plaignant que les chimistes tardassent trop à user de ce nouveau moyen d’investigation délicate : « Les chimistes ne sont que des cuisiniers, disait-il encore ; ils ne savent pas tirer parti de l’admirable instrument que je leur ai mis entre les mains. » Mais, enfin, il y eut de jeunes et habiles chimistes qui en essayèrent et qui donnèrent à M. […] Bour à… » Le nom en blanc, pour bien marquer l’intention que le legs précieux, ainsi transmis de main en main au plus digne, continuât de l’être encore sans courir la chance d’être divisé et dispersé.
La forme atteste une main habile et presque virile d’artiste ; le fond exprime une âme de femme délicate et ardente, mais qui a beaucoup pensé, et qui ne prend guère l’harmonie des vers comme un jeu. […] Et toi, morne Tranquillité, Sans douleur, mais aussi sans charme, Pose sur ce cœur agité Ta main qui sèche toute larme ! […] C’est une main pesante qui musèle, ce n’est pas une main faible, c’est encore moins une faiblesse pâle. […] On a, en bien des sens, comme redonné la main au xvie siècle, par delà les deux précédents. […] L’originalité, à mon sens, serait qu’il fût épique ou dramatique, c’est-à-dire qu’il portât la main là où on a manqué, là où les grandes moissons se conquièrent.
Qu’est-ce qu’elle tient donc à la main ? […] Elle retournait ce sucre dans ses petites mains rondes, et le croquait comme un jeune singe. […] Tout à coup une autre ombre s’allongea près de la sienne, et une main se posa sur son bras. […] ces mains chéries qu’on a pressées et qui vous ont pressé. […] … votre main… Ah !
Cette petite Blanchisseuse qui, penchée sur sa terrine, presse du linge entre ses mains est charmante ; mais c’est une coquine à qui je ne me fierais pas. […] Avec ses mains croisées sur sa poitrine ; ce visage long ; cet âge ; ces grands yeux tristement tournés vers le ciel ; cette draperie ramenée à grands plis sur la tête, c’est une mère de douleurs, mais d’un petit caractère, et un peu grimaçante. […] Ce Berger qui tient un chardon à la main et qui tente le sort pour savoir s’il est aimé de sa bergère, ne signifie pas grand chose.
Sans avoir eu à se mesurer à ces conjonctures tout à fait extrêmes, les deux frères Ségur, le comte et le vicomte, avec les nuances particulières qui les distinguaient, surent garder, eux aussi, leur bonne grâce et toutes leurs qualités d’esprit, plume en main, dans l’adversité. […] Quant au point de vue extérieur et européen, ce livre d’un diplomate instruit et qui avait tenu en main quelques-uns des premiers fils, commençait pour la première fois en France à tirer un coin du voile que les Mémoires d’un Homme d’État ont, bien plus tard, soulevé par l’autre côté. […] Dans une Lettre à mes enfants et à mes petits-enfants, placée en tête du manuscrit de cette Histoire tout entier écrit de la main de madame de Ségur, on lit ces paroles touchantes : Paris, ce 1er décembre 1817. […] Le secrétaire, bien digne d’ailleurs d’un tel témoignage, ne put que saisir cette main vénérable qui le cherchait, en la baignant de larmes. […] Madame de Staël alla au-devant du futur premier ministre, Jeanne Gray à la main, et tous deux s’électrisèrent en faveur de la démocratie ; mais bientôt le mérite du comte fut apprécié à sa valeur, et il fut trop heureux d’obtenir d’être ministre à Berlin.
Malgré sa grosse bonhomie, Monleau n’en mène pas moins sa suite haut la main. […] La main tâtait quelque chose là-dedans, — puis il la retirait et revenait à ses journaux. Les visites périodiques de cette main m’intriguaient très fort. […] C’était par saccades qu’il lisait : la grand-poche le préoccupait visiblement, — et sa main y multipliait les voyages, si bien qu’elle finit par rester au fond. […] Elle va là-bas demander la main de M.
La communauté de religion pouvait donc seule coïntéresser les papes, l’Italie, l’Autriche, la France, la Lorraine à maintenir à main armée l’indépendance de l’Écosse. […] Les vers de sa main qu’elle composa dans les premiers mois de son deuil n’exagèrent ni n’atténuent le sentiment de sa douleur. […] Il y parut en habit calviniste, le manteau court, drapé sur l’épaule, la Bible sous le bras en guise de glaive : « Satan, dit-il, ne peut rien contre l’homme dont la main gauche jette une flamme qui éclaire sa main droite, quand il copie la nuit les saintes Écritures ! […] Les conjurés le menaçaient, le battaient, l’injuriaient, et lui faisaient lâcher prise en piquant ses mains de leurs armes. […] Dès le 12 mars, c’est-à-dire lorsque le sang de Rizzio fumait encore sur le parquet de sa chambre et sur la main de Darnley, dès le 12 mars, écrit l’envoyé français à sa cour, la reine reprit tout son empire sur les sens et sur le cœur de Darnley.
Cet homme heureux a une fille, une fille à marier, qui se présente à ses prétendants avec un demi-million dans chaque main. […] Elle vient d’apprendre qu’il a refusé sa main, elle ignore ce qui lui vaut cette disgrâce ; mais, d’où qu’il vienne, ce refus l’élève à ses yeux. […] C’est un Grec de fine souche, qui saigne aussi bien qu’il plume, et tient une rapière de spadassin au bout de sa main d’escamoteur. […] Ce n’est pas qu’il ne soit vrai, en lui-même, ce premier mouvement de la fille étendant la main pour prendre et se vendre. […] Sa main paterne n’est pas de force à ajuster le pistolet tragique d’une exécution.
Tantôt hardie comme le génie, impérieuse comme la loi, elle s’élevait d’un bond au type normal de chaque genre, et en traçait d’une main ferme les règles inviolables. […] C’est un charme de voir ce chaos d’opinions s’arranger sous cette main patiente qui semblait d’abord désespérer elle-même de l’éclaircir. […] Aujourd’hui un jeune protégé sonne à la porte d’un journal : pour l’essayer, pour lui faire la main, on lui livre la littérature. […] Quel débutant peut marcher longtemps seul, si le public ne lui offre la main ? La critique c’est la main du public étendue vers les jeunes auteurs.
Abandonné à l’heure de la peine par ceux que sa bonté avait nourris, il est couché sur la terre nue sans qu’une main amie lui ferme les yeux. […] Quand il sortait de la maison, la main dans la main de sa mère, c’était pour aller s’enivrer des vibrations majestueuses de l’orgue de la cathédrale ou des couvents de Salzbourg, touché par son père dans les cérémonies religieuses des fêtes cathédrales. […] Au moment de partir, Wolfgang lui baisa la main, et le cardinal, ôtant sa barrette, lui fit un salut des plus gracieux. […] J’étais glacé, non seulement des mains et des pieds, mais de tout le corps, et la tête commençait à me faire mal. […] La main de la religion lui paraît seule assez forte et assez douce pour la lui faire accepter sans mourir.
Bien plus tard, un livre de sa bibliothèque me tomba entre les mains. […] Mais une main amie lui vient en aide, la main d’une femme, qui a été la providence de l’artiste et qui veut être aussi la sienne. […] Et voilà des motifs puissants qui vous mettent un livre dans la main. […] Une querelle s’engage ; ils en viennent aux mains. […] » dit Léon Cahun en passant sa main sur ses cheveux. « Hum !
Cette partialité mettait à chacun les armes à la main. […] La faveur se trouvait dans les mains de certains jeunes seigneurs, sans générosité et sans mérite. […] C’étaient, la plupart, de jeunes seigneurs de la cour, qui avaient tous plusieurs chevaux de main. […] En même temps, le nazir prit des mains du premier ministre la réponse du roi à la lettre du grand-duc, et la mit dans celles de l’ambassadeur. […] Il la releva aussitôt, et la porta sur ses mains.
À les entendre, le dix-neuvième siècle était la lie des siècles, l’homme, cette œuvre éternellement jeune de Dieu, à chaque génération, se rapetissait dans ses mains. […] Nous avions dérobé, par la main de son fils, la clef d’une très riche et très libre bibliothèque à madame de Monlevon (c’était le nom de cette aimable veuve). […] Il tenait d’une main la corde de la voile d’écoute, de l’autre le manche du gouvernail ; quatre rameurs, ruisselants d’écume, étaient courbés sur les rames. […] — « Je ne le sais pas bien », reprit-il ; « nous autres, nous ne savons jamais comment se nomment les étrangers qui viennent dépenser leur temps et leur argent à Genève ; nous savons seulement s’ils sont de bon cœur ou de mauvais cœur pour les pauvres ; les bons ont toujours la main ouverte ; les mauvais, toujours la main fermée. […] J’en garde mémoire malgré la longue inimitié de leur journal depuis contre moi, quand ce journal, après 1830, tomba aux mains d’une secte.
Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main, Et fais-moi des serments que tu rompras demain, Et pleurons jusqu’au jour, ô petite fougueuse. […] Aux mains lâches, les yeux éblouis des chemins, Elle baissa mes yeux et me joignit les mains Et m’enseigna les mots par lesquels on adore… ……………………………………………………. […] Tendez-moi votre main, que je puisse lever Cette chair accroupie et cet esprit malade. […] … Remords si chers, peine très bonne, Rêves bénis, mains consacrées, Ô ces mains, ces mains vénérées, Faites le geste qui pardonne ! […] Elle est en prison, repentie, et elle tient la tête de l’époux dans ses mains.
L’autre se cabrait indignée ; elle rompait les brides de ses mains, et ses bonds fracassaient le char. […] Il exhibe et il secoue, en quelque sorte, sous les yeux d’Athènes, le despote déchiré par la main du sort. […] Et tout s’exécute en cadence, comme au battement de mains d’un maître de cérémonies funéraires. […] » — « À pleine main ! à pleine main !
Ainsi furent écartés de son lit funèbre les créanciers qui allongeaient déjà, par-dessus sa tombe, la main des recors sur ses dépouilles. […] Marguerite pâlit et chancelle, une toux convulsive déchire sa poitrine ; elle se renverse sur un canapé, la main sur son cœur. […] Les banknotes s’entassent et débordent sous sa main fiévreuse. […] Elle fouille, elle furette, elle plonge, elle ouvre les tiroirs, elle lit les lettres, elle chiffonne, d’une main frémissante, les bonnets et les fichus de grisette traînant çà et là. […] Il accepte donc, faute de mieux, l’amitié que la comtesse lui offre de sa main gantée, et la dame s’en va non sans avoir surpris le nom de son hôte invisible, au bas d’un tableau commencé.
Mais, si nous en jugeons par les monuments écrasants de masse et imposants de solidité, par les montagnes des Troglodytes trouées comme des alvéoles de ruches humaines, par les temples de granit d’un seul bloc, par les pyramides, ces Alpes du désert élancées au ciel d’un seul jet, par les canaux creusés à main d’homme comme des lits au plus débordant des fleuves, par ces bassins intérieurs que tout le sable de l’Éthiopie ne suffirait pas à boire et que le percement de l’isthme de Suez s’efforce aujourd’hui de surpasser pour déverser trois mers en une et pour placer trois continents sous la main de l’Europe ; si nous en jugeons, dis-je, par ces gigantesques alphabets de pierre qui couvrent le sol de l’Égypte, sa littérature dut être aussi puissante que son architecture, car tous les arts prennent en général leur niveau dans une civilisation. […] L’antiquité grecque sort des ténèbres un chef-d’œuvre à la main. […] L’unité et la perfection égale des œuvres n’attestent-elles pas l’unité de pensée et la perfection de main de l’ouvrier ? […] Crithéis, qui avait entendu parler de la bonté de ce maître d’école pour les enfants, parce qu’elle songeait d’avance sans doute à lui confier le sien quand il serait en âge, conduisit son fils par la main au seuil de Phémius. […] Puis vint Alexandre le Grand, qui, passionné pour l’immortalité de sa renommée, et sachant que la clef de l’avenir est dans la main des poètes, fit faire une cassette d’une richesse merveilleuse pour y enfermer les chants d’Homère, et qui les plaçait toujours sous son chevet pour avoir des songes divins.
Ce que voyant, le marquis d’Auberville, qui se trouve là par hasard, jure, à part lui, que tout à l’heure le banquier serrera sans gant la main du banquiste. […] Qu’il paye d’audace ses débiteurs, qu’il aille, le front haut et la main ouverte, au-devant des mains fermées et des chapeaux cloués sur le front. […] J’aime moins Vernouilhet rapportant à la marquise cent mille francs qu’elle a perdus dans sa débâcle et l’amenant, grâce à ce beau trait, à demander pour lui la main de Clémence, qui est sa filleule. […] C’est encore, selon nous, un portrait manqué que celui du jeune comte d’Outreville, un petit neveu que le marquis a fait venir d’Avignon, pour le marier de sa main. […] L’amour se glisse, avec une pudeur exquise, dans le serrement de main et dans les paroles de cette réconciliation tendre et grave.
Pourtant, si en littérature il est indigeste, dans les arts proprement dits, dans ceux de la main et du ciseau, même en France, le xvie siècle est fort supérieur par la qualité du goût aux deux siècles suivants ; il n’est ni maigre ni massif, ni lourd ni contourné. […] Et redoublant sa pensée, selon son usage, par toutes sortes d’images et de formes familières et pittoresques, il dira encore que, s’il se laisse quelquefois pousser au maniement d’affaires qui lui sont étrangères, il promet « de les prendre en main, non pas au poumon et au foie ». […] Montaigne, qui retourne en son manoir rural le plus souvent qu’il peut, et quand les affaires de sa charge, qui tire à sa fin, ne l’obligent point à être à Bordeaux, se trouve exposé à toute sorte d’injures et d’avanies : « J’encourus, dit-il, les inconvénients que la modération apporte en telles maladies ; je fus pelaudé (écorché) à toutes mains. […] Il ne saurait y avoir au-dessus d’un tel chapitre, à titre de consolation dans les calamités publiques, qu’un chapitre de quelque autre livre non plus humain, mais véritablement divin, d’un livre qui ferait sentir la main de Dieu partout, et non point par manière d’acquit comme le fait Montaigne, mais la main réellement présente et vivante. […] Montaigne, ainsi que ferait Horace, leur conseille, tout en s’attendant de longue main à tout, de ne pas tant se préoccuper à l’avance, de profiter jusqu’au bout, dans un esprit libre et sain, des bons moments et des intervalles lucides ; il fait là-dessus de piquantes et justes comparaisons coup sur coup, et termine par celle-ci, qui me paraît la plus jolie, et qui d’ailleurs est tout à fait de circonstance et de saison : c’est folie et fièvre, dit-il, de « prendre votre robe fourrée dès la Saint-Jean, parce que vous en aurez besoin à Noël ».
Ils ne donnent jamais rien et ils reçoivent de toutes mains. […] Curie touchant seul la table, la main d’Eusapia étant sur la sienne. […] Curie lui tient la main gauche et M. Courtier la main droite. […] Il est arrivé qu’un assistant s’aperçoive qu’un des contrôleurs, au lieu de tenir la main d’Eusapia, tient celle de son associé, dans le contrôle, cependant que l’associé, de son autre main, tient solidement la main du premier contrôleur.
L’historiographie n’est qu’une chancellerie de plus à établir sous la main d’un gouvernement qui peut tout et pénètre partout, et surveillerait jusqu’à la chronique de Grégoire de Tours s’il pouvait y avoir un Grégoire de Tours dans les monastères de Moscou. […] L’histoire, qui met la main sur toutes les artères d’une société, ne saurait naître que quand une société existe assez pour avoir le besoin de se raconter et de se connaître. […] Entre ces esprits européens, ces fabricateurs de peuple à la main, et ces hordes qui sont le matras sur lequel ils ont opéré avec une si grande énergie, on chercherait en vain un peuple. […] Malgré le commandement, malgré l’obéissance, malgré ce fouet d’or avec lequel on bat la mer et qui n’a jamais quitté la main des races asiatiques depuis Xerxès jusqu’à Pierre le Grand, un peuple à sculpter en pleine barbarie ne se coule pas aussi vite que la statue de Falconet. […] Tout grand pouvoir, qui se fait charmant, doit avoir pour les plus nobles esprits des fascinations d’Armide, mais quand on est un lynx, on garde ses yeux, et on ne permet même pas à la Toute-Puissance, devenue aimable, de vous les fermer avec sa plus douce main de fer, gantée de velours.
Ainsi, ce n’était pas assez de voir le destin des couronnes tombé dans les mains de ministres comme Choiseul, Pombal, Tanucci, d’Aranda, il fallait que la tiare elle-même s’humiliât sous ces mains perverses, et que l’idée de la papauté ayant obéi à de tels hommes la dégradât aux yeux des peuples ! […] En abolissant les jésuites, et surtout à la date de leur abolition, on ne frappait donc pas la religion et le Saint-Siège précisément là où la philosophie guidait la main pour plus mortellement blesser, mais on frappait la société même et on abolissait sa dernière espérance. […] en vain à les sauver, appesantirent sur eux la main du pape en exaspérant les gouvernements par leurs intrigues. […] Theiner compte au nombre de ces intrigants ces pieuses filles des monastères d’Espagne, ces intrigantes du pied de la croix, auxquelles il reproche leurs prières, leurs ardeurs de zèle et de charité, et jusqu’à leurs prophéties sur les malheurs dont l’Église était menacée, on reste convaincu que la main qui signa le bref d’abolition était libre de toute amitié maladroite, et ne s’appesantit que sous celle des gouvernements qui la tinrent et qui la serrèrent. […] Si, comme on l’a ici donné à entendre, il se cachait plus de haine que d’amour au fond de son livre ; si la polémique qu’il a soulevée passait à travers Clément XIV pour atteindre l’Ordre de Jésus lui-même, et pour le toucher de cette main modérée dont parle Junius dans ses lettres et qui tue d’autant mieux qu’elle tue avec modération ?
Elles ont trouvé des mains impatientes. […] … Par ce temps d’imbécile clarté qui tombe sur tout avec indifférence, on se cache quelquefois pour mieux se montrer… Le voile impatiente, et, pour l’écarter, tente la main. […] Elles sont d’une substance plus terrestre… La main qui les a écrites est plus brûlante, la tête aussi. […] C’est madame de Staël qui a dit, je crois, au nom de toutes les femmes, que l’homme aimé d’elles est toujours l’Ange exterminateur qui vient les punir de leurs fautes… Eh bien, pour Réa Delcroix, Virgile d’Oult fut cet Ange exterminateur, qui ne vient pas toujours le glaive de feu à la main et les ailes étendues, mais qui n’en fait pas moins souffrir ! […] Les boucles folles ont protesté, mais force est demeurée à la loi. » Et de cette même main qui vient de relever ses cheveux et d’en despotiser les boucles, elle écrit : « La solitude est envahissante.
Il répugne à la nature de l’homme d’avoir un sujet dans les mains sans se passionner pour ou contre. […] Nous croyons beaucoup à ces hommes qui ont mis la main sur leurs facultés et qui les ont forcées à se taire longtemps. […] Il en a fait la fille d’un paysan dans l’aisance, qui lui a donné tout juste ce qu’il faut d’éducation à une fausse demoiselle pour mépriser son bonhomme de père, s’il a dans sa grosse main le calus du manche de la charrue ou du pied de frêne et s’il fait des fautes de français. […] Elle emprunte, en effet, elle dépense, elle prend à usure, elle abuse de la procuration que la confiance de Bovary a mise entre ses mains, et lorsque tout est mangé, dévoré, englouti, qu’il n’y a plus de ressources, que les meubles de l’officier de santé sont saisis, elle se glisse furtivement chez le pharmacien, y avale de l’arsenic à poignées et meurt ; heureusement, faut-il dire, car si elle ne s’empoisonnait pas ce jour-là, un autre jour elle aurait peut-être empoisonné son mari, comme madame Lafarge. […] Certes, pour peindre ainsi, il faut une main dont on soit sûr, mais la largeur vaut mieux que la finesse.
Il a mis sa main, sa main libre de prêtre, sur les questions du moment, et il a été tout à la fois sacerdotal et politique. […] Bourdaloue et Bossuet, au dix-neuvième siècle, auraient compris, ces grands hommes, quelle initiative est maintenant de rigueur pour ceux-là qui tiennent l’anneau de Salomon dans leur main. […] Indépendamment de la lumière que tout prêtre porte dans sa main, par cela seul qu’il est prêtre et qu’il allume son flambeau à la source de toute splendeur, le P. […] Et cependant, comme tout homme qui a l’étoffe catholique sous la main et qui pourrait tailler là-dedans, le P.
On en jugera par les premiers vers venus qui nous tombent sous la main, en ouvrant son poème : …….. […] J’ai couru pour trouver mon rivage À tous les vents du ciel. — À mon dernier voyage Je suis encore Œdipe appelant dans la nuit Antigone, l’enfant dont la main le conduit ! […] Pécontal, malgré sa jeunesse, malgré les tremblements de la main, inévitables à tout début, malgré la portée d’un vol qui ne s’élève jamais jusqu’au zénith, mais qui sait planer à la distance où il s’élève, M. […] On voit tout ce qui peut surprendre, Des hommes de toutes couleurs, Des oiseaux qui se laissent prendre Avec la main comme des fleurs ! Ce sont là des vers pris aussi avec la main, comme les fleurs auxquelles ils ressemblent, tant ils sont faciles, d’une couleur exquise, d’un tour heureux et naturel.
Pour que ce René de seconde main et d’application fût quelque chose après le grand Impuissant de Chateaubriand, il fallait qu’il fût profondément exceptionnel. […] Eh bien, en prenant ce sujet, qui n’est pas neuf, comme on le voit, mais en le prenant aux cheveux d’une main puissante, on aurait pu en tirer un livre ! […] En voyant cette nuance si supérieure à tout le reste du livre, nous avons cru qu’il y avait eu deux mains pour l’écrire. On nous a assuré qu’il n’y en avait qu’une… Alors, tant mieux pour cette main-là !
Un évêque, les mains jointes, prie étendu pendant qu’on lui tourne dans l’œil une tarière. […] Alors William jeta tout droit son psautier dans la main de son frère, qui dit : William, pense à la sainte Passion du Christ, et n’aie pas peur de la mort. — Et William répondit : Je n’ai pas peur. — Puis il leva ses mains vers le ciel, et dit : Seigneur ! […] Ils étaient hors d’eux-mêmes, croyant toujours sentir sur eux la main de Dieu ou la griffe du diable. […] — » Puis elle lui baisa la main et se prosterna devant lui. […] Le géant Désespoir, simple abstraction, devient aussi réel entre ses mains qu’un geôlier ou un fermier d’Angleterre.
Homme de bien, d’ailleurs, il joignait au mérite de l’être le faible de vouloir le paraître, et ce que faisait sa main droite il ne défendait pas à sa main gauche de le savoir. […] Trop friand de cette fumée, qu’on appelle la popularité, tout en aimant mieux la tenir des mains honnêtes, il ne la refusait pas de mains équivoques, et plutôt que de la manquer, il l’eût acceptée en désespéré de mains malfaisantes. […] En battant des mains au jeu du grand acteur, je ne m’engageais à rien. […] D’une main non moins ferme, Pasteur a tenu la science si. […] Les misérables, ils ont osé porter la main sur elle !
Enfin, quel homme ou quelle femme a péri par vos mains ? […] Vous me dites qu’il annonce que je dois périr par la pointe d’un fer ; mais un sanglier a-t-il des mains ? […] Si, après sa mort, l’empire doit passer dans les mains de sa fille, dont j’aurai fait mourir le fils, à quels dangers ne suis-je pas exposé ? […] Mais bientôt j’ai appris tout d’un homme de la maison, qui m’a accompagné jusqu’au dehors de la ville, et a remis l’enfant dans mes mains. […] Il mourut après cette confidence, et ses fils ne tardèrent pas à mettre la main à l’ouvrage.
Plus cette inquiétante concentration, plus ces mouvements nerveux, plus ces contractions de mains impatientes et prêtes à broyer des choses. […] Il semble vraiment qu’aux richards, sauf de très rares exceptions, est défendu le goût de l’art, supérieur, — de l’art fait par des mains, qui ne sont plus des mains d’ouvrier. […] Car dans ce petit monde, tous et toutes doivent travailler de leurs mains. […] Je lui mets un dollar dans une main, et le dollar passé dans l’autre main, était déjà perdu contre un camarade, avant qu’il se fût retourné pour me remercier. […] Pisani leur met entre les mains 300 francs, le premier semestre d’une pension qu’il s’engage à leur faire.
Celui-ci lui dit du geste qu’ils sont seuls et loin de tout témoin ; l’autre lui caresse l’épaule d’une main. […] La main qui presse l’oiseau est potelée et bien dessinée. […] Je préfère celui où l’enfant va caresser sa mère de ses deux petites mains.
Vénus fait la soumise et joue l’humilité : elle s’engage à tout ce que peuvent ses faibles mains. Mais ce n’est pas de mains ni de force ouverte qu’il est besoin, lui dit-on ; qu’elle veuille bien seulement commander à son fils d’enflammer la fille d’Éétès pour Jason. […] Junon, d’un nouveau sourire, l’en remercie, et lui touchant la main délicate pour l’apaiser : « Allons, dit-elle, ô Cythérée ! […] On aura remarqué cette comparaison naïvement touchante de la femme qui vit du travail de ses mains ; elle est tout à fait dans le goût d’Homère et des véritables Anciens. […] Elle-même prit les rênes, et, tenant le fouet élégant de la main droite, elle conduisait à travers la ville.
Il a donc les charges du gouvernement dont il a les profits, et, sous la lourde main qui les courbe, mais qui les soutient, on ne voit pas que les sujets regimbent En Angleterre, la haute classe arrive au même effet par d’autres voies. […] En effet, le gouvernement local, aux mains de rustres brutalisés par des plumitifs, est devenu une chose roturière, paperassière, et cette chose lui semble sale. « On blesserait son orgueil en l’invitant à s’y livrer. […] D’ailleurs, ces droits, censives, lods et ventes, dîmes et le reste, sont entre les mains d’un régisseur, et un bon régisseur est celui qui fait rentrer beaucoup d’argent. […] En vain la molle main seigneuriale voudrait être légère ou paternelle, la dure main du mandataire pèse sur les paysans de tout son poids, et les ménagements d’un chef font place aux exactions d’un commis. — Qu’est-ce donc lorsque, sur le domaine, au lieu d’un commis, on trouve un fermier, un adjudicataire qui, moyennant une somme annuelle, a acheté du seigneur l’exploitation de ses droits ? […] Au reste, sa geôle est souvent une cave du château ; « sur cent justices, il n’y en a pas une qui soit en règle du côté des prisons » ; ses gardiens ferment les yeux ou tendent la main.
Sa conscience était dans leurs mains. […] Il passait des journées entières enfoncé dans les forêts qui entourent le monastère de Port-Royal, ces volumes à la main. […] Une ode médiocre intitulée la Renommée aux Muses lui valut des louanges de la bouche du roi et une gratification de sa main. […] Boileau, à qui Molière porta l’ode de son jeune protégé, l’estima assez pour y faire de sa main des corrections. […] Aman tombe à ses pieds et porte sur elle ses mains suppliantes.
Ma mauvaise santé, qui me prive de l’honneur de vous écrire de ma main, m’ôte aussi la consolation de vous répondre dans votre langue. […] Bien de jeunes imaginations, bien des spéculations studieuses, bien des intrigues aussi, ménagées de longue main, étaient dirigées dans cette espérance. […] La main droite est appuyée sur le bras du fauteuil, et non pas sans quelque coquetterie. […] Ce n’était pas si mal juger, car il est évident, par les lettres et le peu d’écrits qu’on a d’elle, que la princesse n’avait tout son esprit qu’en conversation et en action, et non plume en main. […] Le monde, décrit par M. de Meilhan, de cette plume spirituelle et fine, de cette main à manchettes courant sur un papier glacé27, ne sera plus qu’un monde mort et curieux à étudier dans les collections.
et sa main tremblotante et contractée cherchait ma main sur la nappe : “Ce n’est pas de ma faute ! […] Et sa main serrait la mienne avec un “pardonne-moi” lamentable. […] Je souffre, je souffre, je crois, comme il n’a été donné à aucun être aimant de souffrir… » Puis, le 24 avril : « Dans la lecture d’un volume qu’il lit et qu’il interrompt, il cherche où il en est, et après avoir longtemps fatigué le volume de la promenade de ses mains dessus, il me jette d’une voix timide : Où en suis-je ? […] … 9 heures : Dans ses yeux troubles, tout à coup une éclaircie souriante avec le long appuiement sur moi d’un regard diffus et comme s’enfonçant lentement dans le lointain… Je touche ses mains, c’est du marbre mouillé… 9 heures 40 minutes : Il meurt, il vient de mourir. […] Je ne sais si c’est réel ou une imagination des sens, mais sans cesse il nous faut nous laver les mains.
Il l’appela sa sœur et lui baisa les mains. […] Son cerveau ne dépassa jamais sa main, cette main petite et belle, qui broya le monde. […] La main tâte le verre, mais n’a plus la force de le saisir. […] Des deux mains il en tient les bouts ; de la main droite il empoigne le verre, de la main gauche il tire le foulard qui, autour du cou, fait poulie, et l’ingénieux soûlard réussit à faire monter le verre jusqu’à ses lèvres. […] De ses mains, il avait étranglé des libéraux !
Lui-même on le vit des premiers mettre la main à l’instrument. […] Je pense bien que ces mains délicates firent assez peu d’ouvrage ; mais combien elles durent exciter autour d’elles ! […] Les Bonaventure des Periers, les Marot, les Saint-Gelais, les Amyot, étaient en mesure de prêter plus d’un trait à un canevas auguste, et de mettre la main à la demande en même temps qu’à la réponse. […] Quand, au lieu de copier, on en vint à traduire, on se sentit encore plus autorisé, et l’on prit de toutes mains, en disant les noms des auteurs ou en les taisant, indifféremment. […] Qui faict le plus, il fera bien le moings : Son cueur est pur et nettes sont ses mains.
Il était suivi de trente hommes de son parti, marchant un peu en arrière, destinés à porter la main sur les officiers de la Signoria. […] Les gens du palais se saisirent de toutes les armes et de tous les ustensiles domestiques qu’ils trouvèrent sous la main pour se défendre ou pour attaquer la suite de l’archevêque qui s’enfuyait. […] S’il est favorablement disposé à votre égard, il n’y a pas de meilleur moyen pour éprouver ses intentions que de me livrer moi-même entre ses mains ; c’est, j’ose le dire, la seule manière de nous procurer une paix honorable. […] Si la fortune en décide autrement, du moins mon malheur sera adouci par l’idée qu’il était nécessaire au bien public : car si nos ennemis ne veulent que ma ruine, je serai entre leurs mains. […] Laurent, aussi soigneux de sa popularité que de son génie, usa de la liberté du carnaval pour composer des poésies dansantes dont les belles filles des campagnes de Florence venaient le remercier avec des guirlandes de fleurs en main devant son palais.
On voit des jeunes filles, d’une main maigrelette, soulevant avec de jolies maladresses une longue lunette d’approche, tandis qu’elles se bouchent enfantinement un œil, de l’autre main. […] Les hommes, les mains dans leurs poches ou les bras croisés, regardent au loin devant eux, leurs pipes éteintes à la bouche. […] Ce soir, dans la rue, un homme marchait devant moi, les mains dans ses poches, chantonnant presque gaiement. […] Le rappel bat, la générale bat, un vieux garde national apoplectique passe son képi à la main, criant : « Les canailles ! […] Elle a un foulard blanc au col, et un panier de paille noire à la main.
qu’il nous prenne entre ses mains d’époux. […] Ce qui disparaît était tout, mais n’est plus rien : une femme, les nuits vécues, les fleurs vues ensemble, la vie écoulée comme du sable d’une main dans une main, enfants ! […] Que le soleil brûle ton visage et roussisse tes mains ! […] Aventure inexprimablement tragique : il la cloue par les mains à un arbre, comme par les ailes, un émouchet : Le sang jaillit de mes mains ! […] Il y a là une originalité puissante appuyée à ses premiers pas sur la main paternelle des maîtres : mais pour s’appuyer à ces mains hautes comme des cimes, il faut être naturellement grand.
Quiconque voulait être raisonnable sentait en lui je ne sais quelle impuissance du bien ; quiconque étendait une main pacifique, voyait cette main subitement séchée : le drapeau rouge flotte aux remparts des cités ; la guerre est déclarée aux nations : alors s’accomplissent les paroles du prophète : Les os des rois de Juda, les os des prêtres, les os des habitants de Jérusalem, seront jetés hors de leur sépulcre 169. […] Mais Dieu vit l’iniquité des cours, et il dit au soldat étranger : Je briserai le glaive dans ta main, et tu ne détruiras point le peuple de saint Louis.
Il devait s’y trouver très bien, dans ce tombeau splendide ; mais telle n’est pas l’opinion de Valfrey, — un exigeant, à ce qu’il paraît, — qui a voulu le tirer de là et lui bâtir, à part et de sa main, une petite colonnette… Chacun entend la gloire à sa façon, surtout quand on croit pouvoir la donner, et Valfrey est impatient d’ajouter à celle de Hugues de Lionne, qu’il ne trouve ni assez retentissante, ni assez personnelle. […] Il l’était déjà de nature, mais ils l’achevèrent… Né de tempérament grand seigneur, il en avait les mœurs déboulonnées et fastueuses : la main libérale, prompte au bouton et au teston. […] … Ce travailleur infatigable, mais à la suite ; ce premier, mais parmi les seconds ; cet instrument flexible, aiguisé, toujours prêt à la main qui le saisissait ; cette plume experte et à grand style, qui s’assimilait et traduisait presque avec majesté les inspirations de ses maîtres ; ce négociateur aux aptitudes et aux attitudes imposantes, mais qui, en somme, ne commanda nulle part en chef et ne gagna jamais en personne de grande bataille diplomatique, est-il réellement de stature d’Histoire ? […] En elle-même, et sans les diplomates qui la brassent, l’histoire de la diplomatie, cette spécialité historique d’un temps de spécialités et de pulvérisation universelle, où chacun travaille son atome, — son dix-huitième d’épingle, selon la méthode d’Adam Smith, — l’histoire de la diplomatie, ce démembrement de l’histoire telle qu’elle doit être dans la plénitude de son ensemble, puissant et complet, n’est plus qu’un travail préparatoire à la grande Histoire, fait par des ouvriers de dixième main. […] Histoire écrite sans pénétration, sans pincement des faits pour en exprimer l’intime essence, sans clarté profonde et à l’aveuglette, par un tâtonneur qui a mis la main sur un carton et qui nous le vide, par pièces et morceaux, sur la tête !
Entre ses mains incessamment paternelles, les canons de cette guerre seront peut-être des forceps ! […] Elle disparaissait : le catholicisme prit sa cause en main, et à défaut de bonnes raisons il condamna, frappa et brûla. […] Il y a trop longtemps que le diable sert à diriger les consciences faibles et douteuses ; entre les mains de l’Église, c’est un moyen de gouvernement, et voilà tout. […] Ils regardent tous le maître-forgeron qui ne parle pas et qui, debout, le bras levé, la main tendue, fait un geste que comprennent ses intelligents ouvriers. […] Nous, nous courbons honteusement la tête et nous ne disons rien, et parfois même il se rencontre parmi nous des malheureux qui baisent la main qui nous frappe.
Parle et répond par sa bouche, Par ses mains les mains il touche, N’espargnant hommes ni dieux. […] Le Sonnet est ouvrage de bonne main, d’un tour inattendu, presque unique parmi les productions contemporaines. […] Henri III en approuva l’Institution écrite sur un beau vélin, en la signant de sa propre main. […] Il a le tour de main, et il n’a pas le ton. […] Ils admirent sans peine des tours de main aisés à attraper, et qui ne sont rien.
Lui, un livre à la main, me poursuivait de quelque devoir. […] Il m’avait pris la main et essayait de me tirer en arrière. […] Une grosse religieuse, qui passait, en se hâtant, me prit par la main. […] s’écria mon père, en tendant la main au nouveau venu. […] Dès qu’il paraissait, chétif et maigre, dans sa redingote noire, son violon à la main, le silence s’établissait, chacun courait à sa place, saisissant d’une main la barre de bois.
À seize ans, ses Pastorales témoignaient d’une sûreté de main que personne n’avait eue, pas même Dryden. […] Entre ses mains elle devient une académicienne, et sa lettre est un répertoire d’effets littéraires. […] Cette sorte de poésie ressemble à la cuisine ; il ne faut ni cœur ni génie pour la faire, mais une main légère, un œil attentif et un goût exercé. […] Sans doute Pope avait le mécanisme plus brillant et plus agile ; mais cette habileté de main ne suffit pas pour faire un poëte, même un poëte de boudoir. […] Quand Roland, devenu ministre, se présenta devant Louis XVI avec un habit uni et des souliers sans boucles, le maître des cérémonies leva les mains au ciel, pensant que tout était perdu.
Nos grands hommes, autant de marionnettes dont le fil est tenu par des mains déliées et cachées ; héros, tant qu’ils obéissent aux passions populaires, martyrs, s’ils veulent briser cet esclavage ! […] Et enfin, tout d’un coup, voilà la jeune femme qui se prosterne vivement, qui s’empare de la main de mademoiselle Mars avec des sanglots et des larmes […] L’homme, de son côté, tout honteux d’être si ému, s’était retourné contre la muraille, et il tenait sa tête dans ses mains ; ses épais cheveux, mal en ordre, retombaient sur ses mains, et il pleurait. […] — Et quoi de triomphant, dans ce style muqueux, morose et glaçant d’une main lourde et dolente ? […] Ordinairement un jeune clerc de notaire apportait cette quittance, cruelle à signer, et mademoiselle Mars la signait d’une main ferme.
Le duc de Rohan sentit, dès le premier moment de cette mort, que son parti était relevé de tutelle ; les réformés perdaient avec Henri IV leur garant et aussi la main puissante qui les contenait. […] Ce qui est certain, c’est que les princes manquant, ce furent les grands les plus rapprochés qui prirent leur place, qui eurent l’initiative et le commandement des révoltes à main armée ; et la maison de Rohan se trouve au premier rang dans ce rôle actif. […] Les doublons d’Espagne, et ce Catholicon qui avait fait le sujet de tant de sarcasmes contre la Ligue, lui eussent paru très purifiés en passant par ses mains. […] Il commença le 1er mai 1625 ses entreprises à main armée, manqua son coup sur Lavaur44, mais fit déclarer chemin faisant toutes les villes du Lauraguais. […] On a accusé Rohan, aussi bien que son frère Soubise, de s’être ménagé dans les entreprises et les engagements militaires, de n’avoir pas toujours été en tête et au plus fort des mêlées, l’épée à la main.
Quand on tient son monde et qu’on l’a une fois dans la main, il est plus sûr d’en finir avec lui, séance tenante. […] Notre profond silence abusant leurs esprits, Ils n’osent plus douter de nous avoir surpris ; Ils abordent sans peur, ils ancrent, ils descendent Et courent se livrer aux mains qui les attendent. […] Le roi, pour dernière condition, exige que le vainqueur, quel qu’il soit, ait la main de Chimène. […] Tout le monde se met alors autour de Chimène, le roi, don Diègue, don Sanche lui-même, l’infante qui refait son offre habituelle de lui donner Rodrigue de sa main. […] Dans le temps de la seconde démarche de Chimène auprès du roi, quand le monarque se décide à publier le cartel proposé par elle et annonçant qu’à celui qui lui apportera la tête de Rodrigue elle donnera, s’il est noble et son égal, tous ses biens avec sa main, sur ces entrefaites Rodrigue est allé en pèlerinage pour l’expiation de ses péchés à Saint-Jacques de Galice, accompagné de deux écuyers ; et c’est en route que lui arrive une aventure des plus touchantes, léguée de longue main par la tradition, et en apparence des plus étrangères à l’action principale.
Son ami, l’auteur des Iambes, et aujourd’hui du Pianto, a osé beaucoup : proférant des paroles ardentes, et d’une main qui n’a pas craint quelque souillure, il a fouillé du premier coup dans les plaies immondes, il les a fait saigner et crier. […] Un Mathurin Regnier, qui lui tomba sous la main, lui ouvrit une copieuse veine de style franc et nourrissant qu’il versa sans tarder sur la scène du corps de garde et du cabaret borgne dans Don Paez. […] A travers tout le premier drame qui se passe au Tyrol, un air vif des montagnes circule ; on entend l’hallali des chasseurs qui fait bondir ; on croit boire à pleine main la saveur glacée des neiges dont la franche âcreté répare un sang affadi. […] Ce trait en rappelle un assez pareil de Shakspeare, lorsque Macbeth après son crime entend du bruit, et s’effraye, et s’écrie : « Quelles mains j’ai là ! […] Est-ce que tout l’Océan du grand Neptune pourra laver ce sang de ma main ?
Que les savants y prennent garde ; il y a dans cette manie de ne regarder comme de bon aloi que les travaux de première main un peu de vanité. […] On ne peut trop le répéter, les véritables travaux scientifiques sont les travaux de première main. […] Il est difficile de dire combien les choses scientifiques en passant ainsi de main en main, et s’écartant de leur source première, s’altèrent et se défaçonnent, sans mauvaise volonté de la part de ceux qui les empruntent. […] Un écrivain de troisième main procédera ainsi sur son prédécesseur, et ainsi, à moins de se retremper continuellement aux sources, la science historique est toujours inexacte et suspecte. […] Il faut définitivement bannir de la science ces travaux de troisième et de quatrième main, où l’on ne fait que copier les mêmes données, sans les compléter ni les contrôler.
Il n’en a pas été de tous les temps comme il en est du nôtre, où le plus obscur écolier jette une main de papier à la tête du lecteur, en ayant soin de l’avertir que c’est tout simplement un chef-d’œuvre. […] Il y avait alors, parmi les jeunes artistes, d’immenses et respectables familles, et des milliers de mains travaillaient sans relâche à suivre les mouvements de la main d’un seul homme. […] A. de Musset a raison entièrement et par ce qui touche à l’imagination, il pourrait voir qu’on n’a jamais plus imité qu’aujourd’hui et que ce temps passionné pour la recherche fiévreuse du nouveau n’a trouvé vraiment que cela, « l’imitation de seconde main ». — On copie ce qui n’était déjà qu’une imitation !
Jusque-là, de maigres notices, menteuses ou dérisoires, griffonnées sur Christophe Colomb, avaient montré qu’elles étaient dignes des mains qui avaient raturé son nom pour en mettre un autre à sa place sur sa grandiose découverte… et, pour la première fois, la vie de Christophe Colomb fut écrite. […] … Dans l’immense grand homme que fut Christophe Colomb, Pie IX vit le saint qu’il fallait en faire sortir, et de sa main pontificale, — de cette main qui dispose de l’éternité, — il lui prépara son autel. […] Les hommes de ce temps liront-ils ce livre, trop pesant pour leurs faibles mains et leurs faibles esprits ?
Il y avait pourtant un chef-d’œuvre qui aurait dû mettre la main sur l’épaule d’Hugo et l’avertir. […] La dissertation de Roscoe sur Lucrèce Borgia est le meilleur soufflet que des joues protestantes aient reçu de mains protestantes. […] Croyez bien qu’au terme où en est descendu Victor Hugo, même le livre que voici, tout concluant qu’il puisse être, ne lui ôterait pas la boue de la main ! […] L’historien que voici est revenu, lorsque les faits lui ont manqué, aux considérations du bon sens, à l’argumentation, à la force de l’induction ou à celle des choses déduites ; mais il est d’abord et surtout entré dans les faits, jusqu’à ce que les faits manquassent non pas sous sa main, mais sous toute main. […] Enfin ce fut Leibnitz lui-même, protestant aussi, qui, malgré sa haute probité, ayant mis la main sur le Diarium de Burchard reconnut qu’il fourmillait de fautes, et néanmoins le publia !
II Une femme fait des gestes violents, essuie ses yeux avec son mouchoir, sanglote en se cachant la tête dans les mains. […] Elle la possède donc encore lorsqu’elle est précédée de ses antécédents normaux ; par conséquent, lorsque la tête de mort est réelle et présente, lorsqu’un faisceau de rayons gris et jaunâtres en rejaillit pour aller frapper la rétine, lorsque cette impression de la rétine est propagée le long des nerfs optiques, lorsque l’action des centres sensitifs y correspond, la sensation visuelle ainsi provoquée donnera naissance au même fantôme interne, et le simulacre de tête de mort, qui se produit en nous pendant l’hallucination proprement dite, se produira aussi en nous pendant la perception extérieure, avec cette seule différence que, dans le premier cas, la main, tout autre sens, tout autre observateur appelé à vérifier notre jugement affirmatif, le démentira, tandis que, dans le second, la main, tout autre sens, tout autre observateur appelé à vérifier notre jugement affirmatif, le confirmera ; ce que nous exprimons en disant, dans le premier cas, que l’objet n’est qu’apparent, et, dans le second cas, qu’il est réel. […] Ainsi, levez la main du patient au-dessus de sa tête et fléchissez ses doigts sur la paume, l’idée de grimper, de se balancer, de tirer une corde est provoquée. […] Il donna tous les signes de la douleur, secoua ses cheveux, se frotta le visage avec les mains d’une manière frénétique et se dépouilla ensuite de sa veste pour se débarrasser de ses ennemies imaginaires. […] Celui-ci, se pressant le visage dans les mains et s’agitant de droite à gauche, se tordait dans la douleur. » Dans tous ces exemples, les conditions physiques et morales qui, d’ordinaire, répriment le travail hallucinatoire, sont absentes.
Le berger laisse ses dix pains et ses dix fromages aux mains des gardes des bagages, aux barrières du camp. […] La vie du roi était dans les mains du proscrit. […] « “Voyez dans mes mains le pan coupé de votre manteau ! Quand vous dormiez dans la caverne je n’ai point voulu porter ma main sur vous ! […] Il n’a d’autre consolation que sa harpe, qui se trempe de ses pleurs et qui sanglote sous la main de ses repentirs.
Tels de ses vers s’appuient sur des souvenirs de la mythologie antique et, ranimant des sylvains et des hippocentaures qui n’ont rien de commun avec les croyances et les traditions de nos races, dénoncent ainsi la main du littérateur, le souvenir d’études faites, de choses prises dans les livres. […] Mais ce serait un Thibaut moins léger, au plus grand cœur, et qui eût saisi la main tendue de la destinée. […] Les Cygnes sont des poèmes humains, dans le meilleur sens de ce mot, puisqu’ils font vivre l’homme, l’homme d’à présent, d’hier et de demain, celui qui a toujours été, celui que nous voyons, celui-là même de l’avenir : l’homme en tant qu’être sensitif et agissant, voué à la douleur et à la joie et tenant en ses mains la force qui fait créer. […] L’ombre scelle d’un doigt les lèvres du Silence : Je vois fleurir des fleurs de roses à ta main, Et par-delà ta vie autre et comme d’avance De grands soleils mourir derrière ton Destin. […] L’un écouteur plus direct de sa spontanéité, l’autre plus fidèle prêtre de l’immuable norme, de loin ils se tendent les mains, car M. de Régnier sait aussi d’ingénues mélodies et M.
Thaltybios, le héraut d’Agamemnon, arrive couronné d’olivier, la palme à la main, dans la poussière d’or des glorieux messages. […] La chose va se faire : la voilà déjà qui allonge le bras, saisit de la main ! […] Elle y voit ce qui s’y est fait, ce qui va s’y faire : les enfants de Thyeste reparaissent « tenant à pleines mains leurs entrailles brûlées, leurs chairs déchirées ». […] Ses traits se calment, ses nerfs se détendent, pareils aux cordes d’une lyre qu’une main violente cesse de tordre pour forcer ses tons. […] Il appelle femme — γυναι συ— le lâche qui a tué par la main d’une femme ; et dans une phrase d’une ambiguïté sarcastique, il l’affuble du sexe de sa maîtresse pour mieux l’avilir.
La fortune aime les nouveaux venus, quelques tours de baccarat lui jettent une liasse de billets de banque dans les mains. […] Il faut cinq cent mille francs à l’aigrefin pour qu’il se prête au changement de mains. […] Sa femme, ayant apporté huit cent mille francs, dans le ménage, en dépense, haut la main, cent vingt mille par an. […] Commanditaire de la maison, il a le droit de la réformer, et il n’y va pas de main morte. […] Tout ce morceau est d’une grâce exquise : on y voit une jeune âme recouvrer la vue sous les mains amies qui l’opèrent et qui la guérissent.
Le cardinal de Fleury étant mort, les intrigues jouèrent de plus belle ; il ne s’agissait, puisque le roi était si nul de volonté, que de savoir quelle main saisirait le gouvernail. […] Le peuple français n’y va pas de main morte. » Ces paroles me firent trembler, ajoute la bonne Mme Du Hausset qui nous transmet le récit, et je m’empressai de sortir. […] Enfin, ici comme pour l’imprimerie, elle a mis de toute manière sa main, sa jolie main, à l’œuvre ; elle est du métier, et, de même que les bibliophiles l’inscrivent sur leur liste et les typographes sur la leur, les graveurs ont droit de compter dans leurs rangs, à titre de confrère, Mme de Pompadour graveuse à l’eau-forte. […] Elle est représentée assise dans un fauteuil, tenant en main un cahier de musique, le bras gauche appuyé sur une table de marbre où sont posés une sphère et divers volumes. […] Tenant en main le cahier de musique avec légèreté et négligence, elle en est tout à coup distraite ; elle semble avoir entendu du bruit et retourne la tête.
L’immense foule des travailleurs se donnant la main pour une commune libération, voilà ce que nous avons vu. […] d’une vigueur nouvelle, quand les extrémités deviennent actives, quand les torrents de la vie chaude ruissellent dans les mains et dans les pieds. […] Elle nous apparaît comme le néfaste héritage d’un passé qui cherche encore de sa main de squelette à nous attirer vers la fosse ou il descend. […] La force n’est pas, en effet, dans l’arme qui tranche : elle est dans la main qui se tend. […] C’est à lui qu’aboutit notre vision finale, à travers ce groupe de précurseurs qui marchent la main dans la main vers des contrées inconnues.
L’orateur fut acclamé ; et lorsqu’il regagna son banc, toutes les mains se tendirent vers lui. […] Ils voudraient que l’Italie, la France et l’Espagne marchassent unies, la main dans la main, et communiassent dans l’amour des lettres et de l’humanité. […] Il reste un peu d’âme aux louches d’un clavecin sur lequel des mains — autrefois — se sont posées. […] Gaston de Melville, qui lui a offert son nom et sa main. […] Je les entrevois dans le brouillard de ma cigarette, recroquevillés par l’attention, la main dans la main, comme des enfants.
Victor Hugo les vers suivants : Heureux qui, dans l’essor d’une verve facile, Soumet à ses pensers un langage docile ; Qui ne sent point sa voix expirer dans son sein, Ni la lyre impuissante échapper à sa main, Et, cherchant cet accord où l’âme se révèle, Jamais n’a dû maudire une note rebelle ! […] Elle pencha vers la prose son front de muse, elle détacha de ses mains l’étoile et le bandeau62. […] fantômes, ombres vaines, Qui lassez à la fin mes pas irrésolus, Quand reviendront ces jours où vos mains étaient pleines Vos regards caressants, vos promesses certaines ? […] Mais, avec la même harmonie, Comme tout pleure sous ta main ! […] la main glace la main.
. — Et là-dessus, le gouverneur étant entré et Épagathus s’étant lui-même dénoncé comme chrétien, Æmilia et Attale se dénoncent librement à leur tour ; et Blandine, qu’on oubliait dans son coin, vient tendre les mains aux chaînes en disant : « Et moi ? […] BLANDINE, lui mettant les mains sur les oreilles. […] BLANDINE, lui mettant une main devant les yeux. […] Quant à vous, femmes, répandez vos cheveux sur vos épaules, afin que les amis de Pedanius puissent, s’ils le désirent, essuyer leurs mains. » — Les auteurs ont voulu nous mettre sous les yeux la vie élégante sous Néron, et la vie néronienne elle-même. […] Mais il n’est pas impossible qu’à force de la désirer, et comme une chose promise par Dieu, certains néophytes grossiers et véhéments fussent tentés d’y mettre la main.
Songe que tu tiens entre tes mains les intérêts de toute ame noble & généreuse ; plaide avec courage, & en présence du méchant même, il frémira à ta voix, les remords secrets déchireront son cœur, & tu liras ton triomphe sur son front abattu. […] Descartes qui s’emprisonne trente années fondant la Terre & les Cieux ; Mallebranche loin de ce monde lorsqu’il médite ; Corneille dans l’enthousiasme jusqu’au lever de l’aurore ; la Fontaine assis un jour entier au pied d’un arbre, exposé à l’inclémence d’un Ciel pluvieux ; Archiméde qui n’apperçoit point la main qui va l’assassiner ; voilà le charme invincible & profond qui retient dans ses chaînes invisibles l’ame du Poëte, & du Philosophe ; qui la pénétre, la remplit sans la fatiguer, qui accroît sa force & lui découvre des régions nouvelles étincelantes de beautés neuves & sublimes. […] Tu me peins le jour pompeux de la création, la terre couronnée de verdure s’échappant des mains du Tout-Puissant ; il allume le Soleil, il déploye l’auguste pavillon du firmament. […] Le Ciel & l’Enfer se choquent ; l’Enfer a soulevé ses feux, le Ciel a fait pleuvoir ses foudres, la victoire est suspendue dans ce combat terrible ; mais quel moment formidable ; le char du fils de l’Eternel franchit les plaines de l’immensité ; les carreaux vengeurs qui partent de ses mains, précipitent, écrasent & poursuivent ces innombrables légions de rébelles ; ô Milton ! […] Ne devez-vous donc arriver au but que couvert de lauriers arrachés avec fureur des mains de vos concurrens, & déja flétris par la honte ainsi que par les reproches des Spectateurs ?
L’homme tué par un meurtrier ne dormait tranquille que lorsqu’il avait pris sa revanche par la main d’un fils ou d’un frère. […] L’imagination évoque cette marche funèbre : elle voit défiler en deux rangs, sur le rythme d’un long chant plaintif, cette procession de femmes sépulcrales, drapées de robes noires en lambeaux, les joues meurtries par leurs ongles, tenant à deux mains les vases sur lesquels pleurent leurs cheveux défaits. […] Vois cette toile tissée par les mains, et les figures de lions qui y sont brodées. » — La sœur embrasse avec de tendres transports ce frère retrouvé, le seul amour qui survive aux pertes affreuses de son âme, toute autre affection en elle étant morte ou dénaturée. — « Ô douce lumière de mes yeux, toi qui as quatre parts dans mon cœur ! […] Électre redresse devant lui Clytemnestre à l’œuvre, dans l’élan forcené du meurtre. — « Elle frappait comme une femme Cissienne à la guerre ; ses deux mains jointes sur la hache allaient, retombaient, de près, de loin. […] L’instant d’avant, elles l’excitaient tout d’une voix ; elles auraient tourné vers sa mère le pouce inflexible des Vestales romaines achevant le gladiateur renversé, si le fer avait tremblé dans sa main.
Il avait déjà touché à l’histoire de plain-pied, à l’histoire politique, d’une main ferme et compétente. Ce livre-ci va montrer qu’il a également la délicatesse de la main. […] Le Mazarin qui est ici n’est pas celui de l’île des Faisans et du traité de Munster, le pacificateur de la France, qui recula devant ses ennemis jusqu’à la fuite derrière la frontière, mais qui revint, a dit un grand peintre dans un seul trait, « ramené par l’amour fidèle d’une femme et tenant Louis XIV par la main ». […] — est digne du geste de Richelieu, quand Richelieu le prit sur l’échelon où le souple Italien était parvenu et le fit monter sur sa main souveraine. […] Il ne se borna pas, comme Tartuffe, à y jeter son mouchoir : un marteau à la main, il parcourut, un beau jour, sa galerie, en brisant de ces beaux marbres ce qui choquait le plus ses regards.
Des vierges dirigeaient la route, les vierges du soleil, quittant les demeures de la nuit pour la lumière, et de la main écartant les voiles de leurs fronts. […] La déesse bienveillante m’accueillit ; et, de sa main, elle me prit la main droite ; et elle me dit ces mots : « Ô jeune homme, qui fais route avec des conductrices immortelles, dont les coursiers t’amènent dans ma demeure, réjouis-toi88 ; car ce n’est pas une mauvaise destinée qui t’a fait prendre cette route, en dehors de la voie battue des hommes ; c’est Thémis elle-même et la Justice. […] Loin donc de triompher, comme Lucrèce, de la faiblesse de l’homme, de ses souffrances physiques, de son déclin moral, de sa mort successive et complète, elle se plaît à montrer quelque chose au-delà de ces ruines qu’elle décrit : Des mains, dit-il, propres à l’action, sont adaptées au reste du corps ; mais surviennent de rudes accidents qui hébètent l’intelligence. […] On pourrait supposer Empédocle, d’après quelques vers de ses descriptions imitées par Lucrèce ; mais nulle trace du rhythme connu de ses poëmes ne se trouve dans le fragment cité ; et ce fragment, au contraire, sous la main d’un habile éditeur germanique, s’emboîte, avec peu de changements, dans les libres circuits de la strophe pindarique : Nous terminerons ici une étude trop incomplète sur cette haute poésie philosophique et religieuse puisée aux mêmes sources que celles du poëte thébain et s’animant parfois de la même ardeur. […] Sont-ils de sa main, ou du moins de sa première école ?
La vengeance étoit aisée ; le jésuite l’avoit dans ses mains. […] Il avoit en main des preuves comme les carmes n’étoient pas les plus anciens cénobites. […] Les jésuites sont accusés d’avoir conduit la main. […] Mais le peuple n’écoutoit que sa haine, & les voyoit toujours un poignard à la main. […] Elle fut mise entre les mains des grands inquisiteurs du royaume.
— Le notaire est en main au 6, et retenu par le 2, répondit le garçon. […] R…, une auge remplie de plâtre sur le dos et son manuscrit à la main, demandant une lecture. […] divine… Des yeux… des mains… des pieds… le gendre, à part. — Il faut que j’arrache mon gendre des mains de cette drôlesse de Paméla… Elle mangerait la dot de ma fille ! […] Voyez-vous ce monsieur qui tient un journal dans ses mains qui tremblent ? […] Je passe la main à un maître du genre descriptif intelligent.
Pourtant je ne murmure pas contre la main ou la volonté du ciel, et je ne rabats rien de mon courage ou de mon espérance ; debout et ferme je vogue droit en avant. […] Nous voulons des idées maniables ; nous avons quitté la grande épée à deux mains de nos pères, et nous ne portons plus qu’un léger fleuret. […] Viens donc, ô toi qui as les sept étoiles dans ta main droite ; établis tes prêtres choisis, selon leur ordre et leurs rites antiques, pour accomplir devant tes yeux leur office et verser religieusement l’huile consacrée dans tes lampes saintes toujours brûlantes. […] Adam est le vrai chef de famille, électeur, député à la chambre des communes, ancien étudiant d’Oxford, consulté au besoin par sa femme, et lui versant d’une main prudente les solutions scientifiques dont elle a besoin. […] Il avait dans sa main droite sept étoiles ; une épée aiguë à deux tranchants sortait de sa bouche, et son visage resplendissait comme le soleil quand il luit dans sa force.
On a trouvé, parmi ses papiers, des observations, écrites de sa main, sur les règles les plus fines de la grammaire et sur l’usage des mots. […] Avec Bossuet, on marche, on avance, la main dans sa main, à la fois charmé de voir si clair dans des matières si obscures, et tout disposé à se contenter de ce qui a pu suffire à un si grand homme. […] Cette connaissance nous est si nécessaire, qu’il fallait bien qu’elle fût à la main de chacun. […] A peine y eut-il mis la main qu’il sentit le plan s’étendre, et qu’il résolut de faire un ouvrage de ce qui ne devait être qu’une préface. […] Je ne m’étonne pas que de grands ou d’excellents esprits, Turenne, Dangeau, lord Perth et autres, aient abjuré le protestantisme entre ses mains.
Une lampe d’une main, un poignard de l’autre, une femme toujours prête à être égorgée, & qui, par un quart de conversion, ne l’est pas, ont paru, à des yeux avides de spectacle, un jeu d’optique qu’on pouvoit supporter quelquefois ; mais les gens de goût savent combien cette pantomime est peu propre à intéresser, ou plutôt combien elle prouve la sécheresse d’un esprit qui a eu besoin de recourir à de si minces ressorts. […] En prenant le pinceau, on croit qu’il ne tient en main qu’une lime. […] c’est trop sur la tombe où l’homme en paix s’endort, Cultiver de tes mains les cyprès de la mort ; C’est trop nous appeler sous ces ombres funebres, Pose la bêche, Young, & sors de ces ténebres.
Humilié aux genoux de l’impitoyable Achille, baisant les mains terribles, les mains dévorantes (ἀνδροφόνους, qui dévorent les hommes) qui fumèrent tant de fois du sang de ses fils, il redemande le corps de son Hector : Μνῆσαι πατρὸς σεῖο, ………… ………………………………… …… ποτὶ στὸμα χεῖρ ὀρέγεσται. […] nul infortuné n’a jamais été réduit à cet excès de misère : je baise les mains qui ont tué mes fils !
Gusman est aussi fier que le fils de Pélée : percé de coups par la main de Zamore, expirant à la fleur de l’âge, perdant à la fois une épouse adorée et le commandement d’un vaste empire, voici l’arrêt qu’il prononce sur son rival et son meurtrier ; triomphe éclatant de la religion et de l’exemple paternel sur un fils chrétien : (À Alvarez.) […] Le ciel venge la terre : il est juste, et ma vie Ne peut payer le sang dont ma main s’est rougie. Le bonheur m’aveugla, la mort m’a détrompé ; Je pardonne à la main par qui Dieu m’a frappé : J’étois maître en ces lieux, seul j’y commande encore, Seul je puis faire grâce, et la fais à Zamore.
ne doit-elle pas la tenir écartée, et interposer sa main, pour en amortir la clarté. […] Ces gens-là n’ont jamais vu une mère qui vient la nuit voir son enfant au berceau, une lampe à la main, et qui craint de l’éveiller. […] Elle étend la main pour la recevoir.
Garni qui a pour patron, un hercule dans un tricot couleur sang de bœuf, ayant toujours à la portée de sa main deux nerfs de bœuf, et une semaine de revolvers. […] Une première impression un peu cauchemaresque : l’impression d’entrer dans une chambre pleine de portraits fantomatiques aux grandes mains pâles, aux chairs morbides, aux couleurs évanouies sous un rayon de lune. […] En ce moment traversaient la chaussée, trois ouvrières, dont l’une, ma foi, qui était très gentille, dit à ses camarades, en me touchant presque de la main : « Voilà l’entreteneur que je rêverais ! […] La comtesse écrit une lettre de condoléances attendries au mari, et elle apprend qu’il a passé la nuit à se promener, sa lettre à la main. […] Ce jeune homme qui est un exubérant, dans la chaleur de son exposition, posait la main sur le couvercle d’un sucrier, faisant partie d’un verre d’eau posé sur le bureau du banquier, et emporté par un mouvement oratoire, il l’enlevait en l’air, au bout de sa main.
Je le revoyais encore… non, j’ai beau chercher, je ne revois plus sa tête, en ce jour… je me souviens seulement sur un drap, d’une main encore vivante, à la maigreur indicible, qu’on m’a fait baiser. […] Et je me rappelle — je ne sais dans quelles circonstances, j’avais couché deux ou trois nuits chez ma tante — la jouissance physique que j’avais, dans ce cabinet aux lueurs féeriques, à me laver, les mains jusqu’aux coudes, dans de la pâte d’amande : le lavage des mains à la mode, des femmes distinguées de la génération de Louis-Philippe. […] Le peintre, qui avait donné des leçons à la jeune fille, l’a représentée mariée, en la mignonnesse de sa jolie figure, de son élégant corps, tournant le dos à un clavecin, sur lequel, par derrière, une de ses mains cherche un accord, tandis que l’autre main tient une orange, aux trois petites feuilles vertes : un rappel sans doute de son séjour en Italie, et de la carrière diplomatique en ce pays, du père de ma tante. […] Et aussitôt, que ma tante m’eut embrassé, son premier mot à sa femme de chambre, était : « Donne-moi un mouchoir. » Et je m’apercevais, qu’elle lui tendait le mouchoir de la nuit, plein de sang, et que ces maigres mains cherchaient à cacher. […] » et il me serre les mains, comme on les serre à une maîtresse.
On commençait par la dresser 1169 ; puis on y attachait le patient, en lui enfonçant des clous dans les mains ; les pieds étaient souvent cloués, quelquefois seulement liés avec des cordes 1170. […] Sans cela les mains se fussent déchirées et le corps se fût affaissé. […] L’hémorrhagie des mains s’arrêtait vite et n’était pas mortelle. […] L’idée mère de ce cruel supplice n’était pas de tuer directement le condamné par des lésions déterminées, mais d’exposer l’esclave, cloué par les mains dont il n’avait pas su faire bon usage, et de le laisser pourrir sur le bois. […] Tout à coup, il poussa un cri terrible 1191, où les uns entendirent : « Ô Père, je remets mon esprit entre tes mains !
Il n’y a rien de moins homme que ces Lettres, et je défierais bien le plus neuf en sensation, donnée par le style, de se faire illusion une minute sur le sexe de la main qui a écrit de si délicieuses frivolités ! […] Assurément on donnerait volontiers la main à ce charmant et noble jeune homme sur tous ces sujets de discussion contemporaine qu’il traite avec l’air de les cravacher ; et même parfois on la lui serrerait avec une cordialité ardente, mais ce n’est plus comme en chiffons, cet art de la femme. […] Seulement, si la spontanéité de ses facultés passait bien souvent par-dessus les faux cadres dans lesquels posait sa pensée, nul ne put croire tout d’abord que, la plume à la main, cette Belle Impétueuse, qui se faisait un peu trop de rayons autour de la tête avec ses longs tire-bouchons d’or pût se maintenir, comme en ces Lettres parisiennes, femme du monde spirituelle, moqueuse et adorablement frivole, dans cette simplicité qui devait être une compression, et que nous avons tant admirées dans Mlle Mars, à la scène, car le talent de Mme de Girardin dans ses Lettres parisiennes rappelle le jeu de Mlle Mars, comme dans ses Poésies les cris de Mme Desbordes-Valmore rappellent le pathétique de Dorval. […] Alors la toute petite tache d’encre des anciens jours, indélébile aussi à tous les parfums de l’Arabie, reparaît sur ces mains purifiées d’Yseult aux blanches mains, et nous en ternit la splendeur.
En cela, il a été plus malheureux que Napoléon, qui, du moins, toucha à pleine main sa gloire, et fit des ennemis envieux de tout pouvoir d’un seul les très humbles et très obéissants valets du sien ! […] Né avec les manières de sentir du génie, Balzac voulut de bonne heure mettre à l’abri des froissements d’une condition médiocre ces manières de sentir qui le faisaient ce qu’il était, — et une spéculation de librairie, qu’il avait rêvée comme il rêvait ses livres, n’ayant pas réussi, il fut obligé toute sa vie de traîner l’horrible boulet de la dette, dont il se jura de briser la chaîne, à force de volonté, et avec cette plume qui, dans sa main, fut la massue d’Hercule. […] Madame de Hanska est entrée dans le génie et dans la gloire de Balzac, comme elle était entrée dans son cœur… C’est elle qui a, sans doute, autorisé l’impression et la publication des lettres du grand homme qui avait mis, avec une si docile tendresse, sa tête de lion sous sa main. […] Il fut, d’intellect et de cœur, une équation sublime… Pour avoir la femme qu’il aimait, pour se dégager des dettes qui auraient pu peser sur elle, pour lui offrir une main rachetée, une main royale de pureté, il travailla deux fois plus de temps que Jacob pour avoir Rachel.
Elle rappelle cette autre femme dont Alfred de Musset a dit : Elle faisait semblant de vivre ; De ses mains est tombé le livre Dans lequel elle n’a rien lu. Seulement, il mit du temps à tomber de ses mains charmantes ! […] … Ne savez-vous pas vous-même — mettez la main sur votre conscience et répondez-vous ! […] Benjamin Constant, l’inconsistant et le vaniteux homme d’esprit à qui on ne croyait guères que de l’esprit, y gagne une âme, et l’exquise Juliette Récamier y perd quelque peu, si ce n’est tout, de la sienne, laquelle semblait divine et qui, véritablement, l’était trop pour nous… Benjamin Constant, qui a écrit ces lettres, y abdique comme écrivain dans les mains de l’homme, et l’homme y abdique à son tour dans les mains de l’amoureux.
Pour ma part, il est dans notre histoire de France deux grandeurs auxquelles je défends à toute plume qui n’est pas catholique de toucher, et c’est précisément ce saint Louis sur lequel Guizot vient de mettre sans façon sa main protestante, et Jeanne d’Arc ! […] C’est maternel, la manière dont il lui passe la main sur le dos, à son lauréat, et comme il le cite ! […] Mais comme il n’a pas une idée à lui, dans tout le courant de son ouvrage, il se bute, pour en avoir une, dans la vieille opinion philosophique et gallicane, et de là, de cette moelleuse main qu’on lui connaît, si habile aux nuances et aux délicieux coloris, il nous protestantise légèrement la catholique figure de saint Louis, pour arriver par une pente douce à la figure, tout à fait protestante, celle-là, de Calvin ! […] Effrayante alternative pour Guizot, qui n’a même guères abordé que par la main des autres la vie publique de Calvin et son gouvernement spirituel, mais qui, pour le reste, pour cet abîme de la moralité d’un homme, qu’il faut pénétrer et sonder dans tout homme, quand on se charge de son histoire, a fait ce qu’on fit à la mort de Calvin, dont on s’empressa de clouer vite dans le cercueil le cadavre, qui aurait parlé, et de le jeter dans la tombe… Prudence terrible, qui dit même plus qu’on n’ose penser. […] C’est bien Guizot, l’ancien Guizot, mais tellement passé à la pierre ponce des années, tellement usé par la main de velours du temps qu’il s’en est velouté comme elle, tellement dulcifié qu’il en est devenu douceâtre, et ayant perdu si complètement tous ses angles, toutes ses âpretés et toutes ses sécheresses, qu’on se dit, sous le coup de cette étonnante métamorphose : Va-t-il lui pousser des contours ?
Sujet épouvantable, qu’il fallait toucher avec les mains pures, passées au charbon d’Isaïe, d’un artiste consommé. Ce ne sont pas là les quatre mains de ces messieurs. J’en connais deux parmi ces quatre, et je vous jure que le pouls y bat trop vite, que le sang les infiltre trop, que la passion y met des tremblements trop convulsifs pour avoir cette domination et cette sûreté des mains pures qu’ont les grands artistes, quand ils touchent à des sujets ardents et fangeux. […] Peindre pour peindre, décrire pour décrire, voilà leur visée, une visée très-courte, quand on l’entend comme eux, car ce n’est pas la main qui peint, c’est la tête. C’est la tête qui peint avec la main !
Les Curius et les Camille tenaient la main à la charrue. […] puissé-je une autre fois planter encore le grand van des vanneurs, et voir la déesse sourire, tenant dans ses deux mains des gerbes et des pavots ! […] Et comme je fais tourner ce fuseau d’airain, qu’ainsi lui-même il tourne devant notre seuil sous la main de Vénus ! […] Il entre au bal chez les Capulets, il voit Juliette : « Quelle est cette dame, demande-t-il aussitôt, qui est comme un bijou à la main de ce cavalier ? […] … La danse finie, j’observerai la place où elle se tient, et je ferai ma rude main bien heureuse en touchant la sienne.
. — J’ai déjà dit que, sur le premier article, ils s’abstiennent et sont indifférents ; locale ou générale, l’administration est hors de leurs mains et ne les intéresse plus. […] Un pareil train ne va pas sans gaspillage, et les domestiques, livrés à eux-mêmes, font leur main. […] Le fils dit « Monsieur » à son père ; la fille, respectueusement, vient baiser la main de sa mère à sa toilette. […] Ayant fait le code des usages, il est tout naturel que ce soit à leur profit, et elles tiennent la main à ce que toutes les prescriptions en soient suivies. […] Le joli est partout, dans les petites têtes spirituelles, dans les mains fluettes, dans l’ajustement chiffonné, dans les minois et dans les mines.
Il n’y a qu’une main armée qui puisse la relever sur son séant. […] Des captifs menés en triomphe, les mains liées derrière le dos, sont devenus tout à coup citoyens romains, et, qui pis est, vos tyrans. […] Il prit cette eau sanglante et fétide dans le creux de sa main, et il en aspergea la tête de son fils en le proclamant chevalier de la Victoire. […] « Elle me prit par la main et elle me dit : “Dans cette sphère céleste tu seras encore avec moi, si mon espoir ne me trompe pas. […] pourquoi cessa-t-elle de parler, et pourquoi sa main s’ouvrit-elle pour laisser retomber la mienne ?
Il signa et chercha à passer la plume à la main du comte de Maistre. […] Lisons de sa propre main le récit de cette incroyable échauffourée de zèle. […] Quand j’ai vu qu’elles se brisaient dans mes mains, j’ai fait un effort pour voir si je pourrais rompre la carte. […] Une telle politique serait une témérité envers la France ; car les cabinets de Turin et de Vienne auraient la clef des Alpes dans leurs mains unies. […] La baïonnette n’est pas un sceptre ; une confédération libre doit seule tenir dans ses mains collectives le sceptre de l’Italie.
Cicéron vivant, la ville a un centre, les lois une main, la patrie une voix, le sénat un guide. […] Combien de fois ce poignard, dont tu nous menaces, a-t-il été arraché de tes mains ! […] Et cependant il faut que ta main le relève aussitôt. […] En me suppliant de vivre, vous ne pouvez qu’une chose : arrêter ma main, prête à me frapper moi-même ; mais, hélas ! […] Pompée s’enfuit en Égypte, et meurt sur le rivage par la main d’un assassin soudoyé, qui veut offrir sa tête en présent à César.
Il n’y fallait qu’une main capable de reprendre sa plume. Cette main fut celle de Montesquieu. […] Comparés à ces grands changements que prépare de longue main la nature des choses et qu’accomplissent les vrais grands hommes, ces événements semblent des effets sans cause. […] Un père éclairé qui le met aux mains de son fils, ne se fera pas tort en le relisant pour son compte. […] La morale, dans le livre de Rollin, est une sagesse proportionnée, à la portée de toutes les mains, dont personne n’est incapable.
Desbarolles s’est mis à me conter, ce que ma main lui disait. […] Il nous montre une tête de La Tour achetée, un sou, à un étalage par terre, et nous parle avec désespoir d’une esquisse de Watteau, donnée de la main à la main, à l’ami Saint pour lui faire plaisir, vendue depuis, 25 000 francs en Angleterre. […] Elle cherchait, de sa main libre, à fermer une petite veste qu’elle portait par-dessus, à empêcher de trop voir dessous, sans toutefois la fermer tout à fait. […] Dieu ne me semble avoir fait à la main, et avec un caprice d’artiste, que les arbres d’Orient. […] Il a donné un second coup qui a coupé les chairs… le ventre est devenu tout rouge… un troisième… À ce moment, ma chère, ont disparu les mains à M.
Plus loin, des éclats de voix, des rires, des battements de mains. […] Il tendait ses mains vers les tabernacles. […] Grosses mains de portefaix, de tripoteur, d’étrangleur. […] Elle sait tendre la main franchement, loyalement. […] On lui serrait les mains.
Hier, lorsque tu étais assise avec moi sur la pierre, que le vent dans la cime des pins nous faisait entendre le bruit de la mer, prêt à succomber d’amour et de mélancolie, je me disais : Ma main est-elle assez légère pour caresser cette blonde chevelure ? […] une chimère… Et pourtant quand tu penchas ta tête charmante sur mon épaule, quand des paroles enivrantes sortirent de ta bouche, quand je te vis prête à m’entourer de tes mains comme d’une guirlande de fleurs, il me fallut tout l’orgueil de mes années pour vaincre la tentation de volupté dont tu me vis rougir. […] En effleurant le sol, sa main tremble, et ses pieds Frissonnent au toucher du fleuve qui les baise. […] Couchée et respirant cet amour qui l’inonde, Elle frémit ; son front a glissé de sa main. […] En vain, pour l’égayer, ses compagnes nageant Se lancent au hasard l’eau que leur main effleure, Et folles, pour hâter le pas traînant de l’heure, Entrechoquent leurs voix et leurs rires d’argent.
Et voilà comment se conduisait et comment finissait gaiement cette boutade de guerre, cette visite à main armée avec ou sans violons, une algarade ! […] Ces ménagements lui réussirent au point que les villes, les bourgs et les cantons se convertissaient en corps et demandaient à démolir de leurs propres mains des temples que leurs pères avaient bâtis. […] Il a l’idée heureuse d’employer des troupes qui sont sous sa main, celles du marquis de Boufflers, sans en demander exprès ; il n’a besoin que d’avoir toute latitude pour en user à son choix, avec discrétion. […] Croira qui voudra qu’il a tenu la main, comme il en prenait l’engagement, à ce qu’il n’y eut aucune violence : « Le 18 avril 1685, j’ai demandé à M. de Louvois des ordres en blanc pour faire loger une ou plusieurs compagnies dans les villes remplies de religionnaires, étant certain que la seule approche des troupes produira un grand nombre de conversions ; que je tiendrai si bien la main à ce que les soldats ne fassent aucune violence, que je me rendrai responsable des plaintes qu’il en pourrait recevoir. […] Foucault a en main bien d’autres moyens de persuasion.
Ce que je te demande, par cette main que je tiens, par ton bon Génie, au nom de ton honneur et de son isolement à elle, ce que j’implore de toi, c’est de ne la point quitter, de ne la point délaisser. S’il est vrai que je t’ai toujours chéri à l’égard d’un frère, si elle, elle n’a eu en estime que toi seul, et si elle a toujours fait en tout ta volonté, je te donne à elle pour mari, pour ami, pour tuteur et père : je te mets entre les mains tout notre bien, et je le confie à ta foi. » Elle met la main de Glycère dans la mienne : la mort la prend au même instant. […] » Ce sont là de ces passages qui ravissaient Fénelon : « Tout ce que l’esprit ajouterait à ces simples et touchantes paroles ne ferait, disait-il, que les affaiblir. » Le vœu de Tibulle se voyant en idée au lit de mort et tenant de sa main défaillante la main de son amie, Didon adjurant Énée au nom de tout ce qu’il y a plus doux et de plus sacré dans le souvenir, nous reviennent en mémoire ; mais Térence ici n’a rien à craindre à la comparaison. […] » — « Oui, et dans l’intention que je vous ai dite. » — « Eh bien, vous saurez tout. » — « Mais, en attendant, laissez là ce hoyau, cessez votre travail. » Ici une petite lutte s’engage, Ménédème voulant continuer de piocher tout en racontant, Chrémès s’y opposant et lui arrachant des mains son outil. […] Il y a dans le discours de Chrysis, traduit par M. de Belloy, un donc qui me gâte le naturel : Donc, ami, sur ta foi, par ta main que je serre, etc…, protège ma Glycère.
La nature, en livrant à l’historien ce personnage nouveau de sa plus haute invention et en qui elle s’est visiblement complu, en le remettant, pour ainsi dire, entre ses mains pour le raconter et le peindre, semble lui dire comme Horace au poëte : « Regardez-y bien ! […] Les traités de Campo-Formio et de Lunéville, en donnant Anvers à la France, en plaçant sous sa main les républiques batave, suisse et cisalpine, organisèrent en quelque sorte une guerre interminable entre la France d’une part, et l’Autriche et l’Angleterre de l’autre. […] Le premier Consul pouvait-il défaire de ses propres mains victorieuses son ouvrage, l’ouvrage du général en chef de 1796 ? […] Le ressort militaire et administratif, tendu dans ses mains et appliqué par des agents impérieux, foula les populations vaincues et finalement les souleva. […] Varnhagen d’Ense, le mari de la célèbre Rahel, avait entre les mains une lettre de M. de Metternich où se trouvait le récit détaillé du premier effet causé à Vienne par le retour de l’île d’Elbe en 1815.
Sur les deux bords, des êtres ondoyants et attentifs sont assis qui, une ligne à la main, essaient de capter dans l’eau ricaneuse le reflet fuyant et frémissant de l’ombre qu’ils sont. […] Quand ils touchèrent l’autre bord, le démiurge prit au creux de sa main quelques gouttes d’oubli. […] « Des mains d’amant les avaient caressées et déroulées. » Et le corps d’Antoinette ? […] Il n’est pas sorti des Confessions les mains vides et, sans nommer saint Augustin, il paraphrase en une page, qu’il réussit à rendre inepte, l’admirable « amabam amare ». […] Rencontrent-ils chez un adversaire une idée un peu nouvelle, aussitôt leur rire éclate, leurs mains claquent bruyantes sur leurs cuisses et ils entraînent le bon badaud à se gausser avec eux d’une aussi joyeuse folie.
Enfin, M. de Laborde vient en dernier lieu, il met comme la dernière main à cette œuvre de réhabilitation ; bien loin de se laisser arrêter un seul instant à ce charme contraire du cardinal de Retz, il n’en tient nul compte, et il semble avoir passé lui-même, avec entrain et verve, sous le charme de Mazarin. […] Mais quand Beringhen, poussé par la réserve même qu’il rencontrait, eut dit positivement qu’il venait de la part de la reine, ce fut comme une baguette magique qui opéra : À ce mot, le fin Italien change de conduite et de langage, et passant tout à coup d’une extrême retenue à un grand épanouissement de cœur : « Monsieur, dit-il à Beringhen, je remets sans condition ma fortune entre les mains de la reine. […] Écrit et signé de ma main. […] Il laissait insensiblement le pouvoir s’avilir entre ses mains. […] Il était nu dans sa robe de chambre de camelot fourrée de petit-gris, et avait son bonnet de nuit sur la tête ; il me dit : « Donnez-moi la main : je suis bien faible ; je n’en puis plus. — Votre Éminence ferait bien de s’asseoir. » Et je voulus lui porter une chaise. « Non, dit-il, non ; je suis bien aise de me promener, et j’ai affaire dans ma bibliothèque. » Je lui présentai le bras, et il s’appuya dessus.
nous demanda froidement, la plume en main et le papier sur le genou, l’homme de loi. […] Fior d’Aliza prenait de la belle eau du bassin dans sa main, s’en lavait le visage et embrassait l’eau qui fuyait entre ses doigts roses, comme si elle avait dit adieu à la source. […] ajouta-t-il en passant sa main noire d’encre sous le menton de Fior d’Aliza tout en larmes, comme elle a grandi, mûri et embelli, la petite chevrette du châtaignier ! […] Dieu est le maître d’ouvrir ou de rétrécir sa main à ses créatures ! […] c’est trop vrai, ajouta-t-il en levant les mains au ciel et en regardant les feuilles mortes qui n’avaient plus la force de supporter le poids de leurs lourdes grappes flétries.
Un peu plus de poésie, une main plus sûre, et telle scène de l’Ariane serait digne de Racine. […] Ce fut la dernière rêverie d’un octogénaire dont les mains défaillantes venaient de laisser tomber le Triumvirat. […] Ceux de Crébillon semblent partis de la main de Corneille et de Racine. […] Autant Voltaire regimbe contre la correction qui lui vient d’autrui, autant il se ménage peu quand il se l’administre de ses propres mains. […] La fin du dix-huitième siècle fut témoin de deux tentatives éclatantes pour régénérer la tragédie qui se mourait entre les mains des imitateurs de Voltaire.
Le traité de Balzac devait embrasser la vie élégante tout entière, avec ses faces multiples et ses développements, et il n’en a touché que la première partie, mais d’une main si sûre, si juste, si habile, si raffinée, et, qu’on me permette le mot ! […] Il y a plus : sans les exprimer, nulle plume tenue par une main anglaise ne les a fait pressentir, et la cause de cela n’est dans le génie individuel de personne. […] Un jeune homme va se mettre à genoux, les mains jointes, aux pieds de sa dame de beauté, pour la requérir d’amour, quand une foudre de fer, l’épée du mari, vu à mi-corps dans l’ombre, s’abat sur le damoiseau et le fend, du haut en bas, comme le couteau d’un enfant partage une pomme. […] L’homme qui (dans Le Péché véniel) a trouvé la scène du tête-à-tête conjugal au sommet de la tour formant balcon, et a peint la pauvre Blanche, la main dans la main de son mari, se détournant du superbe Minotaure héraldique, dont le casque fermé a comme un rictus d’ironie, pour regarder ailleurs « en resvant à son ami absent », a certainement, dans la gerbe de ses facultés, les deux charmantes fleurs de la grâce attristée et de la rêverie chaste ; mais il les meurtrit dans ses mains, qui, comme celles de ses héros, finissent par être trop gantelées… La préoccupation artistique de Doré est si matérielle que c’est moins l’homme que l’armure, la femme que la robe armoriée, qui projettent chez lui l’orgueil ou la terreur. […] Mais les mains qui auraient pu donner restèrent fermées.
Mais je n’ai pas le texte sous la main. […] Il y travaillait de ses mains. […] Mais chacun en comprit le danger si on le laissait aux mains de cette vieille enragée. […] Denon lui tend le verre qu’il tient à la main. […] Car il est à peine exagéré de dire qu’elle est à la fois la dernière mystique et la première réformée, et qu’elle tend une main, dans le passé, à saint François d’Assise et l’autre main, dans l’avenir, à Luther.
Gachard comme à celui du meilleur guide, de l’historien qui tient de longue main tous les fils de cette histoire, et qui a su en faire le tissu le plus solide et le plus ferme. […] A sept ans, on le mit entre les mains des hommes, et on lui donna pour précepteur Honorato Juan, un personnage des plus estimés, très instruit et bon, et qui s’attacha à son élève. […] Il aime à être vêtu avec pompe… Tout en lui dénote qu’il sera d’un orgueil sans égal : car il ne pouvait souffrir de rester longtemps en présence de son père ni de son aïeul, le bonnet à la main. […] Lorsque la princesse doña Juana se fut levée la première à l’appel, qu’elle fut allée devant le cardinal de Burgos célébrant, et que, la main posée sur les Évangiles, elle eut juré fidélité et obéissance à son neveu, elle voulut, en revenant à sa place, baiser la main du prince : il refusa, par respect, de la lui donner et l’embrassa. Don Juan vint ensuite et, le serment prêté, il fit une profonde révérence à don Carlos, lui baisant la main malgré sa résistance : c’est que don Carlos voyait surtout en lui un camarade et un ami.
Érasme et notre Guillaume Budé écrivaient d’une main et imprimaient de l’autre. […] Il fallut aller dans leur pays le leur arracher des mains. […] On commença par recevoir les idées antiques de seconde main, et par des intermédiaires. […] La publication récente des lettres de Marguerite ne permet guère de douter que le style des contes ne soit de la même main que la correspondance33. […] Son crime était d’avoir voulu arracher un homme des mains des archers.
Je viendrai à Paris faire abjuration entre vos mains. […] Le fer libérateur, qui perceroit mon sein, Déjà frappe mes yeux et frémit sous ma main, …………………………………………………… Et puis mon cœur s’écoute et s’ouvre à la faiblesse, Mes parents, mes amis ; l’avenir, ma jeunesse, Mes écrits imparfaits ; car à ses propres yeux. […] Clitus partant pour la guerre, et prenant son casque des mains de son écuyer. […] Le Père Sicard, parlant d’un petit temple situé au milieu des grottes de la Thébaïde, dit : « La voûte, les murailles, le dedans, le dehors, tout est peint, mais avec des couleurs si brillantes et si douces, qu’il faut les avoir vues pour le croire… » Au côté droit, on voit un homme debout, avec une canne de chaque main, appuyé sur un crocodile, et une fille auprès de lui, ayant une canne à la main. » On voit, à gauche de la porte, un homme pareillement debout, et appuyé sur un crocodile, tenant une épée de la main droite, et de la gauche une torche allumée.
Ne touchez pas à la hache de ce Barbare ; vous y laisseriez votre main. […] Thierry y a laissé la sienne, et, encore une fois, cette main ne manque pas de muscles ; c’est une main qui sait prendre et contenir. […] Les historiens à la file qui se passent l’histoire de la main à la main comme la lampe de Lucrèce posent, depuis des siècles, l’antithèse des vices des Romains et de la férocité des Barbares. […] La main de l’historien, qui n’a pas de haine, ne leur arrache pas violemment leur nimbe d’or ou leur auréole, mais elle l’éteint comme un ornement inutile. […] Elle n’a plus dans ses toutes-puissantes faibles mains l’humble quenouille de la Légende, mais c’est encore une sainte et héroïque fille du temps « qui avait la passion des austérités et de la retraite ».
Rien ne désigne plus un homme que sa main. […] Il y a la signature du caractère et la griffe du talent dans cette main de l’homme. […] Et il embrasse une main que la princesse retire aussitôt, et fait mine d’essuyer contre sa robe. […] Les petites filles vous donnent des fleurs, vous mordent et vous embrassent les mains. […] Au fond il semble qu’il veuille avoir la main forcée, de façon à être couvert par un ordre ministériel.
Avant que notre idiome fût fixé, et quand déjà il sortait de sa première indigence, du temps d’Amyot et pendant tout le XVIe siècle, il abondait en ressource pour traduire les Anciens ; il se modelait sur eux avec ampleur et souplesse, et en prenait de vives et fidèles empreintes, jusque sous des mains médiocrement habiles. […] Tacite retomba donc aux mains de traducteurs de profession. […] Entre toutes les qualités d’un écrivain, la force et l’énergie se prêtent le mieux à ce passage toujours violent d’un idiome dans un autre ; elles offrent plus de corps, pour ainsi dire, à la main qui les déplace, et il suffit que cette main et l’instrument qu’elle manie ne fléchissent pas sous le fardeau.
L’étudiant Cintio commence à se décourager ; il a reçu une lettre de son père qui l’invite à demander à Beltrame la main de sa fille ; il s’y résoudrait peut-être s’il n’était pas piqué au jeu par la rivalité de Fulvio. […] L’étudiant Cintio, instruit de ce nouvel incident, s’empresse de demander à Beltrame la main de Lavinia. […] Fulvio, en le voyant aux mains des sbires, se porte garant du capitaine. […] Quand le capitaine lui demande s’il aime Celia, Fulvio, sous l’empire de la même crainte, nie son amour ; il hésite à toucher la main de Celia qu’on lui donne et tourne toujours les yeux vers Scapin pour s’assurer qu’il n’a point mal fait.
Mes jours sont en tes mains ; tranche-les. […] Car ce sont des faits qu’ils allèguent, des faits dont ils sont témoins, qu’ils ont soufferts, dont leur corps porte les preuves, que tout le monde sait, que l’homme ne peut nier, qu’ils souffrent maintenant encore, qu’en ce moment même on touche de la main et des yeux. […] Il appelle bonté son hypocrisie, et de ses propres mains lui met la couronne. […] Il n’était point d’asile Où l’avarice des Romains Ne pénétrât alors et ne portât les mains. […] Nous cultivons en paix d’heureux champs ; et nos mains Etaient propres aux arts ainsi qu’au labourage.
Voilà un dictionnaire qui est entre de bonnes mains ! […] si je connaissais le malappris, il ne périrait que de mes mains ! […] Gustave Chadeuil, qui eût ainsi réuni dans ses mains les théâtres et la revue musicale. […] Mais du moins, la main conserve la lucidité lorsque la tête divague. […] … car je les ai tenus dans ma main….
Plus je relis ce que vous faites, Plus je connois ce que vous êtes ; Il ne faut que vous mettre en train ; Tout le monde, Iris, vous admire : Si les Dieux se mêloient d’écrire, Ils emprunteroient votre main. […] compagnes des Justes, Je vois deux Héros* prosternés, Dépouiller leurs bandeaux augustes, Par vos mains tant de fois ornés : Mais quelle Puissance céleste Imprime sur leur front modeste Cette suprême majesté ? […] Sa main redoutable & chérie, Loin de sa paisible Patrie, Ecartoit les troubles affreux, Et son autorité tranquille Sur un peuple à lui seul docile Faisoit luire des jours heureux ».
Quelle muraille s’est élevée entre ma main et l’épi ? […] Pourquoi a-t-elle ouvert la main qui tenait la mienne ? […] Elle ne vous connaît pas, soyez prince, et sa main est à vous. […] En recevant la main de Pauline, Beauséant doit donner à M. […] Les idées que la foule se passe de main en main comme une monnaie courante, c’est lui qui les a mises en circulation.
Le mensonge est puissant, Il règne : dans ses mains luit un fer menaçant. […] Il copie de sa main une épigramme de Myro la Byzantine qu’il trouve charmante, adressée aux Nymphes hamadryades par un certain Cléonyme qui leur dédie des statues dans un lieu planté de pins. […] On sait le joli fragment : Fille du vieux pasteur, qui, d’une main agile, Le soir remplis de lait trente vases d’argile. […] Il s’avance, il voit au bord d’un ruisseau une jeune femme échevelée, tout en pleurs, assise sur un tombeau, une main appuyée sur la pierre, l’autre sur ses yeux. […] Quand il n’a l’air que de traduire un morceau d’Euripide sur Médée : Au sang de ses enfants, de vengeance égarée, Une mère plongea sa main dénaturée, etc.
Ils ont crié : « Que ta main soit bénie ! […] Étends sur eux la main de ta clémence ! […] c’est bien vrai, que j’en ai bien vu tomber et renaître de ces chères feuilles de notre gros arbre, dit-elle en écartant de sa main amaigrie les mèches de ses cheveux blancs, qui lui tombaient de son front sur les yeux. […] L’enfant effrayé retira sa main. […] Le couvercle du coffre échappa à ces mots de la main de la pauvre nourrice, et retomba avec un bruit sépulcral sur les zampognes désormais muettes.
Sa main du feu divin leur fut trop libérale. […] Un des dieux fut touché du malheur des humains : C’est celui qui pour nous sans cesse ouvre les mains, C’est Phébus Apollon. […] il n’en est point de telle en la nature ; Sur le point de jouir, tout s’enfuit de nos mains : Les dieux se font un jeu de l’espoir des humains. « Sur le point de jouir, tout s’enfuit de nos mains. » Ceci est un souvenir mythologique, c’est Tantale ; et en même temps cela nous fait songer aux beaux vers de Musset sur le bonheur : Et le peu de bonheur qu’on rencontre en chemin. […] C’est un des procédés classiques, et même usés, de Scarron, et La Fontaine, avec sa dextérité, ne se refuse pas ces effets-là parce qu’il sait que, sous sa main, ils seront toujours mesurés.
D’ailleurs Cyrus lui envoyait les tributs des villes qui se trouvaient aux mains de Tissapherne. […] Que celui qui est de cet avis lève la main. — Ils la levèrent tous. […] Il n’y a que lui pour assembler de tels contrastes, et pour amener devant l’imagination, la main dans la main, le marquis de Mascarille et M. […] Il fallait couper les mains aux captifs, dévaster méthodiquement les cultures. […] Pendant les deux règnes suivants, ils ont sans cesse la main dans les coffres de l’Espagne.
Le voyage à travers les steppes, l’arrivée au quartier général, les groupes divers qui s’y dessinent, les provocations belliqueuses de Tarass Boulba qu’ennuie l’inaction et qui veut donner carrière à ses fils, la déposition du kochevoï ou chef supérieur qui ne se prête pas à la guerre, et l’élection d’un nouveau kochevoï plus docile, toutes ces scènes sont retracées avec un talent ferme et franc ; le discours du kochevoï nouvellement élu, lorsqu’il prend brusquement en main l’autorité et qu’il donne ses ordres absolus pour l’entrée en campagne, me paraît, pour le piquant et la réalité, tel que M. […] Son noble fils est resté prisonnier aux mains des vainqueurs. Dès ce moment, le père n’a plus qu’une idée, qu’un deuil fixe, opiniâtre, où luit un désir inextinguible : délivrer son Ostap, s’il se peut, ou, sinon, le revoir du moins et puis le venger ; car aux mains de tels ennemis, s’il ne s’échappe, on sait trop quels tourments l’attendent. […] Il jeta un regard sur les siens leva une de ses mains au ciel, et dit à haute voix : « — Fasse Dieu que tous les hérétiques qui sont ici rassemblés n’entendent pas, les infidèles, de quelle manière est torturé un chrétien ! […] L’on n’entendait pas un cri, pas une plainte, même lorsque les bourreaux commencèrent à lui briser les os des pieds et des mains, lorsque leur terrible broiement fut entendu au milieu de cette foule muette par les spectateurs les plus éloignés, lorsque les jeunes filles détournèrent les yeux avec effroi.
Parcourez aujourd’hui la France ; si la Révolution a diminué les différences de fortune, la centralisation a augmenté les différences de culture : une seule cité maîtresse où fourmillent et pullulent les idées engorgées qui s’étouffent et se fécondent infatigablement par le travail et le mélange de toutes les sciences et de toutes les inventions humaines, alentour, des villes de provinces inertes où des employés confinés dans leur bureau et des bourgeois relégués dans leur négoce vont le soir au café pour regarder une partie de billard et remuer des cartes grasses, bâillent sur un vieux journal, songent à dîner et digèrent sur des cancans ; plus bas encore, des paysans qui ont pour bibliothèque un almanach, lequel est de trop bien souvent, puisque la moitié d’entre eux ne sait pas lire, qui votent en moutons, et trouvent que ce vote est une corvée, ignorants, apathiques, incapables d’entendre un mot aux intérêts de l’Etat et de l’Eglise, habitués à laisser leur conscience et leurs affaires aux mains des gens qui ont un habit de drap. […] Il suit toutes les liaisons de toutes ces choses, voit l’épargne et les querelles, sent les odeurs de la cuisine, et sort attristé, égayé, la tête comblée d’histoires villageoises, prêt à déverser le trop-plein de ses imaginations sur l’ami ou la feuille de papier qui va tomber sous sa main. — Le coche l’emporte à Versailles ; il aperçoit un seigneur qui, au bord d’une pièce d’eau, fait une révérence et offre la main à une dame. […] La même main a écrit les Troqueurs et à côté les deux Pigeons. […] Pendant ce temps, sa main écrit des lignes non finies, terminées par des syllabes pareilles ; et il se trouve que ces lignes sont la même chose que ce rêve ; ses phrases n’ont fait que noter des émotions.
À la suite de la querelle qui a eu lieu entre elle et son mari, à l’occasion du portrait que ce dernier a vu aux mains de la comédienne Vittoria, Isabelle, soupçonnant Oratio d’aimer celle-ci, ordonne à Pedrolino d’aller demander audit Oratio le portrait qu’elle lui a donné jadis. […] Le docteur Gratiano, mari de Flaminia, voyant Arlequin qui, une lettre à la main, contemple la fenêtre de sa femme, conçoit des soupçons, et lui demande ce qu’il cherche là et de qui est cette lettre. […] Ils mettent la main à leur épée. […] Flavio, mettant la main à sa joue, part sans dire un mot. […] Je veux donc, madonna Silvia, puisque vous y consentez, n’épouser que vous, et je vous jure, foi de cavalier, que si je ne pouvais obtenir votre main, je renoncerais à toute autre au monde.
Qu’on écrive l’histoire sans être un homme de génie, qu’on étudie les faits, et qu’on prouve qu’on les a étudiés en les discutant et en les racontant texte en main, cela est courageux et modeste, et cela donne le droit, quand on en a la puissance, de s’élever de ces faits jusqu’à ces généralités qui sont comme la raison des choses et l’essence même de l’histoire. […] La Démocratie en Amérique, qui a fait si aisément sa fortune et qui le coula, sans effort et sans résistance, à la tête des écrivains politiques du règne de Louis-Philippe, n’est pas un livre de conclusion, et n’annonçait guères que le logicien pût se développer jamais dans un esprit qui recevait, les deux mains ouvertes, les faits les plus contradictoires, et toujours avec le même sourire de bon accueil. […] Il a fermé volontairement les yeux à un état des choses qui a reçu son accomplissement absolu de la main d’un homme qu’il lui coûte de louer à cette heure, et il a tout attribué de l’ordre administratif à l’ancien Régime : la justice, la tutelle, et jusqu’à la garantie des fonctionnaires ! […] Mais Tocqueville ne pouvait ni ne voulait toucher à ce sujet, brûlant pour une main comme la sienne. […] Ils se la laissent arracher « des mains sans résistance, de peur de compromettre « le même bien-être qu’ils lui doivent.
Mais Napoléon l’a tirée, lui, quand il disait, avec cette profondeur de bon sens qui caractérisait son génie, que, « toujours et partout, la main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit ». Eh bien, c’est ce renversement volontaire, accepté et à la mode, de la main qui reçoit et de la main qui donne, c’est l’anarchie, le ridicule et le danger d’une telle situation, c’est l’abaissement moral vers lequel doucement elle nous pousse, que nous voulons seulement… indiquer ! […] Nous pensons qu’en les dirigeant, qu’en exerçant sur eux la haute main qu’ils doivent toujours sentir, invisible et présente, sur leur tête, les théâtres peuvent servir à mieux qu’à l’amusement, c’est-à-dire à l’éducation des peuples ; seulement, ici, oserait-on vraiment nous opposer la littérature dramatique ? […] Demandez-lui enfin, à cette Église, qui se connaît en passions, qui jauge éternellement le cœur et les reins de l’homme de ses mains puissantes, si la pureté des cœurs et toutes les vertus de la famille ne sont pas menacées de périr dans ces comédies, qui chauffent à blanc toutes les vanités en concentrant le feu de tous les regards sur elles ?
La Critique voudra-t-elle bien y toucher de ses mains prudentes ? […] Exceptez un gouvernement où la main de Dieu a été évidente, nous l’avons encore au milieu de nous, ce siècle vivace, et quelques changements à la clef ne sauraient nous faire illusion sur l’affreuse musique qu’il a chantée et que nous exécutons après lui ! […] Auteur déjà d’un petit livre intitulé : Études sur les grands Hommes, il a montré cet esprit positif et net qui aime à saisir les plus brillantes écorces dans sa main et en exprimer strictement tout ce qu’elles contiennent. […] Nicolardot qui n’a pas, lui, au cœur, l’indignation sainte de M. de Maistre, et dans sa main le pinceau de feu de ce coloriste inspiré, ce livre froid, méthodique, dur comme le fait qui s’y entasse en grêle coupante, réconciliera certainement les admirateurs de Voltaire avec le foudroyant portrait des Soirées de Saint-Pétersbourg, car il y a pis pour l’honneur de Voltaire que ce supplice en effigie auquel de Maistre l’a cloué, et ce sont les pages bien autrement impitoyables, où on le retrouve descendu, culbuté de son piédestal dans la vie, dans cette vie d’un moment qui passe et qu’on croit oubliée, cette vie qui tombe comme une escarre de notre immortalité historique, quand nous sommes immortels, et que voici ressuscitée et ramenée tout à coup sous le regard, dans ce qu’elle eut de plus chétif, de plus obscur et de plus honteux ! […] un moi éblouissant à l’aide duquel il a séduit et régné comme les femmes règnent et séduisent ; ce coup de parti, frappé sans passion avec les mains pures et impartiales de l’histoire, avait de quoi tenter un esprit courageux et ferme, et M.
Cela a été assez pour ce vigoureux catholique, que le Protestantisme, en diminuant le Catholicisme et en le forçant de lui tendre la main qu’il avait blessée, n’ait pu le tuer tout à fait, pour s’établir intégralement à sa place. […] Seulement, il fallait s’y prendre comme l’Église, et, au xvie siècle, le Pouvoir politique était tombé dans les mains de princes exceptionnellement abominables, qui, n’ayant ni sa vue surnaturelle des choses, ni la fermeté de sa justice tempérée de miséricorde, ne pouvaient pas agir comme elle. […] Après l’horrible guerre des Albigeois, qui finit après que le frère de Saint Louis eut pris possession du comté de Toulouse, M. de Meaux ajoute triomphalement : « Dans ce premier effort de l’Hérésie pour avoir un peuple qui lui appartînt, sa tentative pour rompre l’unité nationale l’avait resserrée », — et, toujours content, il sourit et se frotte les mains pour le Catholicisme. […] Mais le Royalisme, ce sentiment inouï du Royalisme, qui est de France, et qui balançait le Catholicisme dans les cœurs, l’aurait probablement empêché, s’il n’avait pas été assassiné, de porter la main sur cet être sacré et presque divin : le Roi ! […] De rondeur, de bonhomie, de main ouverte, d’éloquence attendrissante et joyeusement spirituelle, de charme enfin, Henri IV a une séduction qui m’inquiète.
Qu’on se demande ce que les hommes qui ont pensé le plus fortement sur le cœur auraient dit et ajouté à leurs observations, s’ils avaient eu à leur convenance l’institution qui permet au plus simple des prêtres d’essuyer perpétuellement, de sa main consacrée, la sanie honteuse des plaies secrètes ? […] C’est une vaste polémique engagée et soutenue du haut de la chaire, mais qui n’en est ni moins forte, ni moins victorieuse parce qu’elle en est descendue, parce que nous la retrouverons toujours à portée de notre main quand, lassés, nous voudrons nous appuyer, pour reprendre haleine, contre le mur de l’orthodoxie, et revoir de là la défaite de l’ennemi vaincu… Modèles d’apologie et de discussion, elles furent prononcées pour rappeler aux pieds de notre Dieu abandonné les générations actuelles, et elles ont fait leur moisson sans doute, mais le confessionnal le sait seul et ne parle pas, ce tombeau de la pénitence ! […] C’est l’homme qui a mis la main sur les artères de l’humanité, et qui a compté goutte par goutte ce qu’il y passe de sang orageux ou de sang corrompu. […] Quand ce moine blanc à la face exsangue, aux lèvres pâles, mettait, en nous parlant des passions, sa main sous le froc qui couvrait sa poitrine domptée et calme et qu’il l’en retirait tout à coup, on croyait voir le sang de sa jeunesse découler de cette main appuyée un instant sur son cœur, et il semblait nous dire : « Je vous connais, mes frères !
Plus la gloire et le talent semblent de bon aloi, plus le peseur de tout cet or fin doit avoir la main sûre et le tact exquis. […] Gustave Planche, mort maintenant mais vivant alors, qui du moins avait de la compétence littéraire, une sagacité exercée, et qui aurait vu dans Balzac, artiste énorme, mais non infaillible, des débilités de main ou des excès d’intelligence qui ont échappé à l’adolescence magistrale de M. […] Ajoutez à cela les mille angoisses que connut Balzac, le plomb des exigences de librairie, les tyrannies des marchands érigés en Mécènes, les Fourches Caudines sous lesquelles sont obligés de passer les plus fiers écrivains, l’inspiration que l’on chasse et la commande que l’on fait, les instincts bas dont les colporteurs de littérature risquent le plaidoyer, l’argent à la main, pour tenter la faim qui doit prêter l’oreille, malgré le proverbe, enfin la levée de boucliers des esprits sans lumière et sans vie contre les réfractaires qui s’obstinent à vouloir être ce qu’ils sont, et dites-vous si le massacre n’est pas organisé, — de haute lice et de nécessité, — et s’il n’est pas besoin d’une force intellectuelle redoutable pour ne pas périr au moins dans quelques parties de son âme et de son talent ? […] A-t-il même une main ? […] N’est-il pas la main de M.
Leur main d’ouvriers (ils l’avaient été) avait reposé longtemps sur le cœur qu’ils voulaient scruter. […] Il reprend son ouvrage en sous-œuvre et il le refait dans le fondement même… Et de ce qui était faible de langage et immoral de sentiment et de tendance, il tire un livre parsemé d’aperçus, vivant de drame, abondant, familier, terrible, à pleine main dans l’observation et dans la vie, profond lorsqu’il paraît trivial, sévèrement écrit, d’un style pur, et pourtant ardent, comme du fer passé dans la flamme ; beau livre, enfin, moral et chrétien, comme Diderot aurait pu l’écrire, s’il n’eût pas été l’athée Diderot ! […] « C’est vous qui m’avez mis la plume à la main », disait Mme Sand à M. […] Il fonda, à la suite de M. l’abbé Massart et de M. l’abbé Cross, l’œuvre de Saint-François-Xavier, mettant ses pieds dans la trace des pieds de ces hommes bénis et n’aspirant là, comme partout, selon son expression humble et pittoresque, qu’à n’être rien de plus qu’une marionnette intelligente aux mains du clergé. […] Mais qu’importe à cet esprit sincère qui aime la vérité ; toujours prêt à la servir avec la hardiesse insoucieuse d’un homme qui sait que la vie est un passage, — et qui n’a pas peur de mourir, sous la main des Anges, à l’hôpital !
Mais il avait la main fine, de l’esprit et une certaine grâce. […] Cette merveille sortait des mains du bienheureux Éloi, connu pour le premier orfèvre de son temps. […] Il avait étendu ses deux mains, espérant se saisir de ceux qui chercheraient à s’échapper. […] Sa mère était morte de la même façon, au moment où elle portait la main à ses beaux cheveux pour les relever. […] Malgré cela, Musset lui prend doucement la main et lui remet la bague.
L’œuvre se polit de mains en mains. […] Elle appartint à des mains étrangères. […] La main, d’un geste lent, faisait verdoyer le scarabée annulaire. […] car j’entends tinter à leurs mains des clefs fatidiques. […] Théodore de Banville lui mit aux mains un bouquet de fleurs joyeuses.
« L’aîné, déjà un peu protecteur, conduisait son frère de la main gauche et avait une baguette dans sa main droite. […] Les pensées qui tombaient du ciel étaient douces comme une petite main d’enfant qu’on baise. […] C’était un bonhomme de cinquante ans qui menait par la main un bonhomme de six ans. […] « Il ressaisit la main de son fils. […] « Dès qu’ils ne furent plus en vue, l’aîné se coucha vivement à plat ventre sur le rebord arrondi du bassin, et, s’y cramponnant de la main gauche, penché sur l’eau, presque prêt à y tomber, étendit avec sa main droite sa baguette vers le gâteau.
Feydeau est entré dans l’atelier, s’est posé devant une toile et, palette en main, s’est mis à peindre ses deux personnages et leur intérieur, et à leur donner tout l’éclat, tout le relief imaginable. […] Le comte me découvrit dans l’espèce de retraite où je m’étais réfugié ; il vint à moi, me prit par la main, et me conduisit vers Ellénore. […] Je vous recevrai demain, me dit-elle, mais je vous conjure… — Beaucoup de personnes nous suivaient ; elle ne put achever sa phrase ; je pressai sa main de mon bras ; nous nous mîmes à table. […] Vous voyez, lui dis-je en lui donnant la main pour rentrer dans le salon, que vous disposez de toute mon existence ; que vous ai-je fait pour que vous trouviez du plaisir à la tourmenter ? […] Tout à coup je ressaisis ma lucidité en sentant un pied de femme (on se contentait d’une main dans Adolphe) se glisser sur le mien… ; c’était elle qui me prévenait de ma préoccupation trop visible.
Il relisait avec M. de Tillemont les volumes manuscrits de son Histoire ecclésiastique ; il surveillait la réimpression des Réflexions morales du Père Quesnel ; il collationnait avec de nouveaux traducteurs de saint Augustin, et l’original à la main, le texte de leur traduction. […] « Je vous régalerai, écrivait-il à l’un d’eux (et il l’aurait pu dire également à chacun en particulier), de tout ce que la main de la Providence mettra entre les miennes et que je croirai pouvoir servir de nourriture agréable et utile à l’amour que Dieu vous a donné pour toute vérité. […] Alors il m’ouvrit son cœur et m’expliqua confidemment ses idées sur le mariage et la qualité de l’alliance qu’il cherchait pour sa fille, ajoutant que s’il trouvait de quoi remplir solidement ces idées, comme serait un jeune avocat de bon esprit, bien élevé, formé de bonne main, qui eût eu déjà quelque succès dans des coups d’essais et premiers plaidoyers, avec un bien raisonnable et légitimement acquis, il le préférerait sans hésiter à un plus grand établissement, quoi que lui fissent entrevoir et espérer des gens fort qualifiés et fort accrédités qui voulaient marier sa fille. […] Vuillart, M. de Préfontaine, en lui répondant, avait semblé regretter de sa part une omission : c’est que celui qui avait fait le personnage d’ange Raphaël dans ce mariage de Tobie et de Sara n’eût point ajouté aussi le conseil que l’ange avait autrefois donné au jeune homme, de s’abstenir durant les trois premières nuits, de les passer à deux, à genoux, mains jointes, en continence et en prière. […] Il est entre les mains de Celui qui deducit ad inferos et reducit, qui eripü de portis mortis, qui dixit populo suo : Ego sum Domîmes, sanator tuns, et de qui saint Augustin dit : Omnipotenti Medico nihil est inscinabile.
Il recrute les ouvriers des faubourgs, les invite à boire et les moralise au comptoir, le verre en main. […] Les mains se blessent. […] Le Vice Suprême de Péladan lui tombe entre les mains et lui révèle sa vocation. […] Une femme y est morte mystérieusement aux mains du rebouteur qui y logeait précédemment. […] L’Astral ne souffre pas l’atteinte des mains sacrilèges.
Il lisait d’un bout à l’autre, sans ennui, sans impatience, la plume à la main, faisait des extraits pour lui, et n’en parlait jamais qu’à l’occasion, si on le questionnait et pour rendre service. […] Duplessis, pour obliger un éditeur de sa connaissance, a mis la main à quantité de petits recueils très bien faits, très agréablement assortis et honnêtement récréatifs, publiés la plupart sous le pseudonyme d’Hilaire le Gai. — Il préparait dans les derniers temps une édition des Pensées de La Rochefoucauld, qui doit paraître chez le libraire Jannet119. […] [1re éd.] il se passait quelquefois sa belle humeur plume en main.
(et sur les beaux cheveux D’une enfant là présente et sur sa brune tête Il étendait la main en façon de conquête), Pour dix francs tout cela ! […] Puis, lorsqu’elle eut compris que pour motif secret Je n’avais, après tout, qu’un honnête intérêt, Elle me l’envoya seule ; et l’enfant timide Entrait, me regardait de son grand œil humide, Puis sortait emportant la pièce dans sa main. […] Telle de Maria (c’était ma jeune fille) Jusqu’à moi, du plus loin, la caresse gentille Souriait, s’égayait, et d’un air glorieux Elle accourait montrant à deux mains ses cheveux.
… Mais tout hideux que je suis, j’ai pourtant mille brebis dont ma main presse les riches mamelles, et dont je bois le lait écumant. […] Si ma poitrine hérissée blesse ta vue, j’ai du bois de chêne, et des restes de feux épandus sous la cendre ; brûle même (tout me sera doux de ta main), brûle, si tu le veux, mon œil unique, cet œil qui m’est plus cher que la vie. […] comme je baiserais sa main, si elle me refusait ses lèvres !
Carle Maratte aïant été choisi comme le premier peintre de Rome pour mettre la main au plafond dont je parle, et sur lequel Raphaël a représenté l’histoire de Psyché, ce galant homme n’y voulut rien retoucher qu’au pastel, afin, dit-il, que s’il se trouve un jour quelqu’un plus digne que moi d’associer son pinceau avec celui de Raphaël, il puisse effacer mon ouvrage pour y substituer le sien. […] On imite la main d’un autre, mais on n’imite pas de même, pour parler ainsi, son esprit, et l’on n’apprend point à penser comme un autre, ainsi qu’on peut apprendre à prononcer comme lui. […] On ne sçauroit donc contrefaire le génie des grands hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire leur main, c’est-à-dire, leur maniere de coucher la couleur et de tirer les traits, les airs de tête qu’ils repetoient et ce qui pouvoit être de vicieux dans leur pratique.
De même que M. d’Estrades, à l’époque de la conquête de Louis XIV, savait cette particularité si essentielle, ce secret des écluses dont la clef était à Muyden (mais il ne fut pas interrogé à temps), de même un homme dont on ne doit parler qu’avec bien de l’estime, le Père Griffet, continuateur du Père Daniel pour l’Histoire de France, l’excellent historien de Louis XIII, celui qui, sans l’exil qui le frappa avec tous les jésuites, allait nous donner un règne de Louis XIV de première main, le Père Griffet avait connu ces sources, y avait puisé et en avait tiré huit volumes de lettres qui sont imprimés (1760-1764) ; mais ces huit volumes, trop peu consultés eux-mêmes, sont peu de chose eu égard à l’immensité du dépôt. […] Cette égalité et cette confusion avec le vil peuple, sous la main du roi et du ministre qui ordonnait en son nom, indignait le petit duc assez peu militaire de sa nature et peu soldat. […] Nouer un commerce intime et de tête-à-tête avec les plus grands hommes d’un grand siècle ; tenir entre ses mains les lettres originales de Louis XIV, de Louvois, de Turenne, de Condé, de Vauban, de Luxembourg et de tant d’autres, dont l’écriture semble encore fraîche, comme si elle était tracée d’hier ; démêler sans peine tous les secrets de la politique et de la guerre ; assister à la conception et à l’éclosion des événements ; surprendre l’histoire, pour ainsi dire, à l’état natif, quelle plus heureuse fortune et quelle plus grande joie ! […] Il en profite pour être présent en tout lieu, pour s’instruire de tout sans bruit, sans appareil, et comme d’affaires de sa maison ; il voit de près et touche de ses mains les irrégularités de tout genre, les énormités et les lacunes de l’administration de la guerre, aucun abus ne lui échappe : il conçoit et prépare sans un instant de relâche cette organisation centrale, cette discipline rigoureuse, cette égalité de tous sous un même règlement, ce contrôle des deniers de l’État. cette économie et ce ménagement des subsistances, cette coordination et cet ajustement de toutes les parties du service, qui sont proprement son œuvre. […] Ils échangent leurs cadeaux d’amitié : Vauban aura le portrait de Louvois, peint par Mignard ; Louvois recevra de Vauban « un Plan de Lille bien rectifié, avec la description de tout son paysage à la portée du canon à la ronde, où toutes choses, jusqu’au moindre fossé, sont mises dans leur place juste, et où il ne manque pas la moindre chose du monde » ; présent sévère et de main de maître aussi.
L’aîné des enfants tire le soufflet de la forge, pendant qu’un plus jeune frère regarde avec insouciance, les mains derrière le dos. La femme du forgeron, grande paysanne habillée comme dans le nord de la France, est debout, les mains posées l’une sur l’autre : elle est en face, près de son mari qui est de trois quarts. Le père, assis dans un coin, tient une gourde d’une main et de l’autre un verre. […] La femme à côté ne mange ni ne boit ; elle a les mains l’une sur l’autre. […] Il a les mains et la figure très-fines.
Dans la plupart des cas, à mon sens, il y a mieux à faire : c’est de profiter de l’accroissement de connaissances et des nouvelles lumières en chaque chose, sans mettre à néant ce qui nous a été transmis de longue main et qui a ses raisons de subsister, ses racines cachées et qu’on ne sait plus bien toujours. […] Dans la conquête de Franche-Comté (1674), il ne se distingua pas moins à la prise du fort Saint-Étienne et des dehors de la citadelle de Besançon que le régiment des gardes emporta l’épée à la main. […] On s’adressa dès 1677 à l’un de ses ministres, le comte Mattioli, qui se prêta aux ouvertures, promit beaucoup au nom du duc et parut donner entièrement les mains au projet. […] L’abbé d’Estrades, ambassadeur du roi à Turin, trouve moyen d’attirer Mattioli hors de cette ville, où il était imprudemment venu ; faisant semblant de croire à ses excuses et à ses mensonges, lui promettant le payement d’une somme que Catinat, disait-il, avait entre les mains, il l’emmène dans son carrosse vers une hôtellerie, à la frontière, sur le territoire français. […] Le duc de Mantoue désirait, en cédant la citadelle de Casal, non la ville ni le château, que l’on crût qu’il avait la main forcée, et à cette fin, pour lui servir d’excuse envers ses voisins, Espagnols ou Italiens, il était nécessaire qu’on fît montre de rassembler en Dauphiné un corps de troupes fort supérieur à celui qu’on réunissait effectivement.
Mme de Gasparin n’a pas cru devoir en mettre ; elle a puisé à pleines mains autour d’elle dans sa langue romande, dans cette riche flore rustique dont elle est éprise et où l’on dirait qu’elle se plonge à cœur-joie ; elle a moins songé à nous agréer qu’à se satisfaire. […] Prenons les souris. » — L’une glisse et fuit sous la main. […] » La religieuse secoue la tête : « Abandonnez-vous à Dieu. » Cette fois nos mains passent comme elles peuvent au travers des barreaux ; elles vont chercher, elles vont presser les mains des dominicaines. […] Ces mots sont bien placés dans ces grandes œuvres divines, sur ces puissants arbres qui vous disent de craindre la main qui les a plantés. » Tout cela est pur, net, distinct, bien vu, bien dit, rapidement conté ; c’est classique, c’est attique et irréprochable. […] Vous avez dessiné ce beau profil d’une main délicate… Le Journal de Mlle de Guérin m’a profondément intéressée.
A mon cou nu pose ta main légère ; Dors, cher Enfant ; je suis aussi ta mère ! […] A mon cou nu pose ta main légère ; Dors, cher Enfant ; je suis aussi ta mère ! […] je sens ta main légère A mon cou nu de trop près s’attacher, Ce front trop tiède en mon sein se cacher ; Éveille-toi ! […] De mon cou nu lève ta main légère ; Éveille-toi ! […] De mon cou nu lève ta main légère ; Éveille-toi !
Songez un peu à ce que fût devenu un sujet pareil entre les mains de M. […] L’effort de la production devient une espèce de lutte à main plate, le combat de Jacob avec l’Ange dans une foire de banlieue. […] Ce peintre qui, le pinceau à la main, est hanté de l’image de la chair, renonce à celle de Christine, ce qui est assez peu croyable. […] Elle « ôte ses bas, devant Félicien, d’une main vive » (page 124). […] Ses mains tâtonnantes étreignaient le vide, sa tête trop lourde pliait sur sa nuque délicate.
Kléber arrivait à ce moment d’Alexandrie, et, voyant ce vieillard tout tremblant qui baisait la main du général en chef, il lui demanda qui c’était : C’est le chef de la révolte, lui répondit Napoléon. — Eh quoi ! […] On saisit à nu, dans ce chapitre, l’œuvre d’une vieille société en reconstruction sous une main puissante, une vieille civilisation avec ses pièces essentielles, hardiment remise, comme un vaisseau de haut bord, sur le chantier. […] En s’adressant à ces chefs arabes, à ces ulémas et docteurs révérés, à ces honnêtes gens du pays, en essayant auprès d’eux sa politique de ménagement et de réparation pour ces grands intérêts de toute société, la religion, la propriété, la justice, le jeune conquérant se faisait la main pour ce qu’il devait accomplir ailleurs de bien plus délicat. […] Celui qui les dictait eût été le seul capable d’y tenir la main. […] Parmi les mots caractéristiques qu’on lit dans ces derniers volumes, il en est un qui me revient et que je me reprocherais de ne pas relever, car il trahit une pensée intime, et il est un de ceux que Napoléon a ajoutés de sa main au crayon sur le manuscrit.
Cela fait, il résolut de quitter sans retard la cour du sultan, et il partit secrètement, un bâton à la main, en habit de derviche. […] En partant, il laissa aux mains d’un ami un papier scellé, recommandant qu’on le remît au sultan vingt jours après son départ. […] On devine déjà que le poème sorti d’une telle main et couvé d’un tel cœur ne saurait être une œuvre vulgaire. […] Mon sort était écrit au-dessus de ma tête, et je devais mourir de la main de mon père. […] Ainsi parle en expirant cet autre Hippolyte, immolé ici de la main de Thésée.
C’est peut-être même un égard pour le roi de Prusse… On voit que le ministre qui chassa les Jésuites de France savait pratiquer au besoin l’escobarderie, et altérer sous main un texte en disant que ce n’était pas une infidélité. […] Doué d’un esprit supérieur, d’un caractère et d’une volonté à l’unisson de son esprit, Frédéric s’est mis au militaire comme il s’est mis à bien d’autres choses, et il n’a pas tardé à y exceller, à en posséder, à en perfectionner dans sa main les instruments et les moyens, bien que ce ne fût peut-être pas d’abord chez lui la vocation d’un génie propre et qu’il n’y fût pas d’abord comme dans son élément. […] Je ne sais pas d’homme qui, plume en main, soit moins charlatan que lui ; il dit ses raisons et ne les colore en rien : « Un rôle d’emprunt est difficile à soutenir, pensait-il ; on n’est jamais bien que soi-même. » En écrivant l’histoire de sa maison sous le titre de Mémoires de Brandebourg, il nous donne le sens, l’inspiration première et la clef de ses actions. […] J’ai dit que le type qu’il se propose ; l’homme dont il fait dater à bon droit la grandeur de sa maison, est Frédéric-Guillaume, dit le Grand Électeur, celui qui prit en main le Brandebourg, au sortir de cette désastreuse guerre de Trente Ans « qui avait fait de l’électorat un désert affreux, où l’on ne reconnaissait les villages que par des monceaux de cendres qui empêchaient l’herbe d’y croître ». […] Il est à noter que Frédéric, plume en main, tout en restant sévère, est moins sobre que César et même que Napoléon ; il ne s’interdit pas le talent proprement dit, surtout dans cette première histoire dont Gibbon a pu dire qu’elle est bien écrite.
Mais, dans ces querelles où celle-ci était si attentive et si initiée, comme on sent chez l’autre une personne qui prend naturellement le dessus, et qui mène le tout, haut la main ! […] Pour Monseigneur le duc de Bourgogne, qui est, je crois, un peu sujet aux distractions, je m’étonne que, dans les premiers moments de sa joie, il ne prît pas quelque dame pour une bille, et qu’il ne lui donnât pas un coup du billard qu’il avait à la main. […] Ils sont résolus de perdre plutôt la vie que de rien faire d’indigne de ce qu’ils sont », c’est-à-dire qu’ils sont résolus à défendre leur couronne les armes à la main jusqu’à la mort, et elle est incapable de leur donner un autre conseil. […] Mme de Maintenon aspirait à en sortir comme une femme et comme beaucoup trop d’hommes alors, comme une femme de sens qui voit de près le mal, qui en souffre en elle et pour ceux auxquels elle est attachée, qui n’a rien d’une héroïne, qui est toute résignée et chrétienne, qui voit la main de Dieu non seulement dans les revers redoublés et les défaites, mais encore plus directement dans les fléaux naturels, dans les hivers tels que celui de 1709 (dont on n’avait point eu d’exemples depuis plus d’un siècle), et dans la famine qui s’ensuivit. […] Mme des Ursins, parmi les princesses d’Europe, en choisit exprès une des moindres, qu’elle pût créer comme de ses mains et former à sa dévotion.
Ces sçavantes reliques sont passées à sa mort entre les mains du marquis Massimi, et l’on en voit les estampes dans le livre de M. de La Chausse intitulé : le pitture antiche delle grotte di Roma . […] D’une main elle caresse son fils, et l’autre main est dans la contraction. […] Quatre ou cinq traits que le sculpteur à sçu placer à propos sur son visage, je ne sçais quoi qu’on remarque dans l’action de ses mains, démentent la naïveté et la sincerité qui paroissent d’ailleurs dans son geste et sur son visage. […] Cette distraction est sensible dans tout son corps, et principalement dans ses mains et dans sa tête. […] Les passages de ces auteurs que nous ne comprenions pas bien quand les peintres modernes ignoroient encore quels prestiges on peut faire avec le secours de cette magie, ne sont plus si embroüillez et si difficiles depuis que Rubens, ses éleves, Michel Ange de Caravage, et d’autres peintres les ont expliquez bien mieux les pinceaux à la main que les commentateurs les plus érudits ne le pouvoient faire dans des livres.
Quand il est arrivé à chacun de mes gosses, il leur prenait la tête entre ses mains : « D’où viens-tu, mon petit ? […] Des dunes du Nord aux Vosges, partout, leur imagination dresse les deux montagnes saintes, celle des Oliviers, qui est la montagne de la résignation où l’on dit : « Non ma volonté, mais la vôtre », et celle du Calvaire, qui est la montagne du sacrifice, où l’on dit : « Je remets mon esprit entre vos mains. » Pour les chrétiens, chaque jour de nos tranchées renouvelle la passion du Christ. […] Peu importe, Je me confie entre les mains de Jésus, prêtre souverain et Hostie. […] Je mets ton sort éternel entre tes mains : suis-moi au Calvaire. […] Il nous mène ; acceptons sa main ; nous serons bien conduits. » Le 9 mai 1915, c’est l’assaut.
Jouffroy ne dit rien d’utile ; il embrassait le vague avec une grande force ; et le nuage en vain pressé laissait à peine une goutte de mauvaise eau dans sa main. […] Puis, par réflexion, vous songez à la prendre dans votre main, et, si vous l’avez dans votre main, à la porter une seconde fois dans votre bouche. […] L’homme a non-seulement des capacités spéciales comme chaque chose en a, et par exemple, celle de penser, de se souvenir, de se mouvoir ; mais, de plus, il gouverne ses capacités, c’est-à-dire qu’il les tient dans sa main et s’en sert comme il veut74. Ceci nous révèle que l’homme ressemble soit à un État où il y a un gouvernement et des sujets, soit à une machine en exercice où l’on distingue l’instrument qui est remué et la main qui remue. […] Que l’objet excite une sensation dans notre main froissée, et qu’à la suite de la sensation nous concevons et affirmons l’objet.
Les petites mains fluettes sortent de grandes manches en étoffe d’or et d’argent mêlée de rouge et de vert. […] Entre ses mains, les jeunes femmes de Boccace deviennent « les Schéhérazades du Sépulcre ». […] préserve mes mains du sang ! […] Seulement c’est à tes législateurs d’adapter la poignée à ta main. […] N’est-ce pas votre orgueil qui est satisfait lorsque je baise votre main ?
Aussi bien, le moment n’est-il pas arrivé de parler de M. de Musset autrement que l’encensoir à la main ? […] Malgré ce surnom formidable, Ivan était très aimé de son peuple, comme le sont en général tous les princes qui ont la main ferme et rude. […] Mercier, le père de Laure et de Lucile, et celui de la vieille fille dont on offre la main à Georges, et qu’il a un moment l’envie d’épouser. […] Un art de seconde main, hybride et incohérent, archaïsme de la veille, rien de plus. […] Que sommes-nous donc entre les mains toutes-puissantes qui nous épargnent ou nous frappent à leur gré ?
Dans cette grande ville si souvent souhaitée, il veut puiser à pleines mains le plaisir. […] Il implore la merci d’une proscrite dont la vie est entre ses mains. […] Anne d’Autriche, Marie, de Thou, ne viennent qu’épisodiquement, mais sont tracés de main de maître. […] C’est pourquoi le docteur tiendra d’une main sévère les rênes de son gouvernement paternel. […] L’art dramatique aux mains de M.
Votre style, souvent embarrassé de l’abondance de vues et de l’excès d’esprit de l’auteur, ressemblait dans le commencement à un fil d’or mal dévidé, qui se noue dans sa trame et qu’on regrette de ne pas trouver toujours sous la main. […] Cette mère n’avait que vous pour passé, pour présent, pour avenir ; j’aime à me la retracer dans ce petit jardinet de la rue Notre-Dame des Champs, où je causais souvent avec elle en attendant que vous fussiez rentré quand j’allais vous voir ; sa modestie, sa grâce naturelle, sa bonté maternelle, son sourire fin et attendri, le timbre enchanteur de sa voix émue en causant de vous, me rappelaient cette Monique, mère d’Augustin, si bien peinte par Scheffer, quand, dans son geste double, elle presse ici-bas des deux mains les mains de son fils, tandis que ses deux beaux yeux levés au ciel et tournés à Dieu ont déjà oublié la terre et enlèvent l’âme de son enfant dans un regard. […] Bonne autant qu’ingénue, Elle me consolait du sort trop inhumain ; Je l’avais vue un jour rougir à ma venue, Et sa main par hasard avait touché ma main. […] D’une main je lançais un peuple, de l’autre main je découvrais ma poitrine et je réprimais une populace victorieuse et domptée, puis je retombais sans me plaindre dans l’humiliation de la misère ou dans le sang de mon échafaud ; le plus grand des bonheurs n’est-ce pas l’échafaud pour l’innocent ? […] Si vous aimez un ami plus vieux, qui, déjà arrivé bien haut, vous prenne par la main et vous élève, vous grandirez rapidement, et sa faveur alors vous pèsera, ou vous lui porterez ombrage.
On n’eût pu mettre en de meilleures mains que les siennes le Journal de Trévoux. […] Mais ce qui l’étonna, ce fut la main d’où partoit le coup. […] Cet abbé poussa l’ingratitude jusqu’à méconnoître la main qui l’avoit secouru. […] Ce désaveu, signé de sa main, fut imprimé dans plusieurs gazettes.
Ainsi passe, en se tenant par la main, le plus superbe couple qui s’unit jamais dans les embrassements de l’amour : Adam, le meilleur de tous les hommes qui furent sa postérité ; Ève, la plus belle de toutes les femmes entre celles qui naquirent ses filles. […] ton autre moitié te réclame. » En parlant ainsi, ta douce main saisit la mienne : je cédai ; et depuis ce temps j’ai connu combien la grâce est surpassée par une mâle beauté, et par la sagesse qui seule est véritablement belle. […] Le poète a su lever d’une main chaste le voile qui couvre ailleurs les plaisirs de cette passion. […] Adam, quoiqu’à peine né et sans expérience, est déjà le parfait modèle de l’homme : on sent qu’il n’est point sorti des entrailles infirmes d’une femme, mais des mains vivantes de Dieu.
On la voit de face, la tête coeffée à la romaine, le regard assuré, le bras droit retourné et le dos de la main appuyé sur la hanche ; l’autre bras posé sur la selle à modeler, l’ébauchoir à la main. […] Elle a la palette et le pinceau à la main. […] Du reste de belles mains, bien modelées, excepté la gauche qui n’est pas dessinée.
C’était chez ces peuples un devoir religieux que de célébrer par des chants ceux qui avaient eu le bonheur de mourir les armes à la main. Ossian, chef, guerrier, poëte et musicien, entend frémir pendant la nuit les arbres qui environnent sa demeure, il se lève, il s’écrie : " âmes de mes amis, je vous entends ; vous me reprochez mon silence. " il prend sa lyre, il chante, et lorsqu’il a chanté, il dit : " âmes de mes amis, vous voilà immortelles, soyez donc satisfaites, et laissez-moi reposer. " dans sa vieillesse, un barde aveugle se fait conduire entre les tombeaux de ses enfans ; il s’assied, il pose ses deux mains sur la pierre froide qui couvre leurs cendres, il les chante. […] le cabaret. autre petit Wouwermans à préférer au précédent pour l’effet. à droite, le cabaret avec du bois, des bûches, des paniers, des tonneaux à la porte. à quelque distance de la porte, le cabaretier un verre plein dans une main, sa bouteille de l’autre. […] L’autre cheval est monté de son cavalier qui a le verre à la main.
Il s’agit enfin de s’opposer une fois pour toutes à cette irruption d’écrivains qui, sans la vocation du talent et le droit de l’intelligence, touchent à un sujet historique réservé à la main des Maîtres. […] Mettre le trait d’union qui conserve entre l’ancienne France monarchique, brisée par la Révolution, et la France moderne, qui mourait si elle ne redevenait pas une monarchie ; ôter cette proie à la Révolution, retrouvée sans cesse aux pieds de son œuvre pendant qu’il relevait et qui lui gêna tant de fois la main, quoiqu’il l’eût puissante, telle fut l’entreprise de Napoléon. […] On a mieux aimé admettre la France passive et pétrie par la main d’un artiste en domination, que vivante et se plaçant d’elle-même dans le milieu où elle pût le plus spontanément agir, sous la main sympathique et ferme d’un grand homme qui l’eût devinée.
Nous oublions trop que le grand caractère de l’Histoire c’est d’être une peseuse de poussière, et que des écroulements définitifs, des fins accomplies, conviennent mieux à cette Observatrice funèbre que des choses vivantes encore, qui déconcerteraient son œil et sa main. […] , ni Guizot, qui a vu les mélanges du bien et du mal, mais qui n’a pu les expliquer, ni personne, enfin, parmi les gloires modernes, n’a porté la lumière et la main sur le nœud gordien de ce temps et son implication formidable, tandis que quelques vers de Shakespeare, quelques pages de Walter Scott, en font du moins passer l’âme dans nos esprits, comme une vision trop tôt évanouie ! […] Et encore l’envers des choses les retourne, mais ne les brise pas, tandis que le masque de prose appliqué par les mains bourgeoises de Labutte sur le poétique et gigantesque facies du xe siècle fait bien plus que de le défigurer, il le diminue, et diminuer, en histoire, c’est la pire manière de travestir. […] Les ducs de Normandie peuvent n’intéresser que quelques Normands comme celui qui écrit ces lignes, lequel voudrait que sa province eût enfin l’histoire qui lui manque et dont les matériaux n’attendent que la main qui doit les soulever.
Il releva de la main ses deux paupières pendantes, qui retombaient toujours sur ses yeux, et il reconnut l’homme qu’il avait là, à deux pas de son chevet. […] Prenez-moi la main. […] … Seulement, s’il empruntait l’instrument, il n’empruntait pas la main. […] La gloire, pour ceux qui la méritent et qui ont la faiblesse de l’aimer, n’est jamais qu’une question d’heure qui se résout montre à la main.
votre reproche est juste ; je voudrais pouvoir sécher vos larmes, mais il vous faut implorer le secours d’une main plus puissante que celle des hommes. […] Béranger se vante d’être du peuple, M. de Chateaubriand revendique les anciens comtes de Bretagne ; mais tous les deux se rencontrent dans l’idée du siècle, dans la république future, et ils se tendent la main. […] Toute main est bonne pour nous donner le verre d’eau dont nous pouvons avoir besoin dans la fièvre de la mort. […] car comment abandonner sans désespoir la main que l’on a couverte de baisers, et que l’on voudrait tenir éternellement sur son cœur ? […] Et lui-même, si par hasard nous le rencontrons sous les ormes de son boulevard, n’a-t-il pas fleur à la main et jeunesse légère, et, si nous le saluons, toute la grâce du sourire ?
On complote à table, une fille à gauche, un espion à droite, le verre à la main. […] Il ne possédait au monde que ses cinq francs : il les prend et les met dans la main d’Éponine. […] Elle vient au jardin le lendemain à l’heure ténébreuse, à pas muets, sans savoir qu’elle y vient ; elle caresse de la main la grosse pierre, comme pour la remercier. […] « Elle lui prit la main et la posa sur son cœur. […] Ils s’étaient pris les mains sans savoir.
On les attendait, on se les passait de main en main ; c’était une mode. […] Balzac y tombe, quand il dit : « J’ai un éventail qui lasse les mains de quatre valets, et qui fait un vent en ma chambre qui ferait des naufrages en pleine mer. » Goulu relève le défaut de couler d’une pensée noble dans une pensée basse. […] Il y avait d’autant plus de mérite alors à refuser l’allégeance à cet empereur des orateurs, qu’il courait déjà de main en main, au milieu d’une grande attente, des fragments de son Prince, « et probablement pas les pires pièces, dit judicieusement Goulu, puisqu’il les a proposées comme échantillons, et une montre, pour débiter mieux sa marchandise15. » C’est en 1628 que le général des feuillants faisait cette guerre à Balzac. […] Cette langue devait recevoir des développements infinis de la variété des sujets et des talents ; mais tout ce que le génie y ajouta de durable est conforme au type sorti des mains de cet homme de talent, le premier auquel on appliqua le vir bonus, dicendi peritus, maxime aussi vraie de l’écrivain que de l’orateur, et d’aussi étroite obligation pour l’un que pour l’autre. […] Du moins, Balzac eut le solide mérite d’indiquer la voie à de plus habiles ; et s’il est vrai que son édifice se soit écroulé, une partie des matériaux, employée par des mains plus heureuses, a servi à des constructions qui ne périront pas.
Mme de Sévigné et Saint-Simon ont peint les individus, l’une d’une main qui esquisse, l’autre avec le luxe de couleurs qui rend les tableaux saisissants. […] On en venait prendre des copies jusque sur la table, avant que le cachet y fût mis ; et les voilà courant de mains en mains. […] On ne se défie pas du moins de cet esprit dans ces charmants récits ou le siècle de Louis XIV nous est débité en anecdotes, ni dans ces portraits esquissés d’une main si légère et si sûre. […] En recherchant la perfection des penseurs, ils perdraient les fraîches beautés de l’improvisation, et ces grâces d’un écrit fait de jet par une main exercée. […] Un modèle de langue serait comme un type d’écriture pour toutes les mains.
Il avait la main fine et petite, et il ne haïssait pas de la montrer. […] Cependant, M. de Latouche se frottait les mains et en triomphait. […] Il continua de rire et de se frotter les mains. […] Mais c’est incroyable, c’est révoltant… » Cependant M. de Latouche riait encore et se frottait les mains. […] Son talent, même quand il fait de l’épigramme, ne va qu’une lanterne sourde à la main.
Devait-il s’essuyer enfin de toute cette physiologie dans laquelle il avait l’esprit et les mains, et revenir à l’Histoire, cette grande Pureté ? […] Les industries de main, les métiers matériellement utiles, passent, aux yeux de Proudhon et dans une société bien faite, très avant les inutilités aristocratiques de la pensée. — Mais que Michelet en soit venu là ! […] Dès que l’enfant pourra agir, répète-t-il sans cesse, mettez-lui dans ses petites mains de la matière qu’il puisse pétrir, de petits morceaux de bois qu’il puisse assembler. […] Mais comme, malgré l’importance que prend la main dans le système de Michelet, il y a toujours en l’homme un bout d’intelligence qui ne tient pas — comme le croyait ou comme le disait Helvétius, dont Michelet semble un disciple retrouvé, — « à la conformation de la main », ce bout d’intelligence a ses exigences et doit être éduqué aussi, comme le corps. […] Les casuistes (comme il appelle les éducateurs chrétiens d’autrefois) voulaient qu’on prit de bonne heure les enfants aux mains des femmes, pour les remettre aux mains des hommes.
Comme ces Scythes aveugles condamnés à battre le lait des vainqueurs, elles ont assez battu le lait de la bonne doctrine pour qu’il se répande, par-dessus leurs mains insensées, en torrents féconds sur le monde. […] Homme de conscience plus que de passion impétueuse ou tenace, il devait sa gloire au mérite de sa pensée ; mais il s’effrayait de cette gloire allumée par son talent, comme un enfant s’épouvanterait de l’incendie projeté par le flambeau qu’il porte dans ses mains confiantes. […] Son livre, qui tomberait des mains sans qu’on prît la peine de le ramasser, s’il ne s’agissait que de la personnalité de l’auteur, a cependant une certaine importance : — l’importance de l’opinion collective qu’il exprime. […] L’Angleterre ne reculera point dans la voie qu’ont tracée les esprits les plus religieux et les plus éclairés de ce temps, où tout ce qui porte un flambeau dans sa faible main va vers Dieu. […] Si nous ne nous trompons, c’est Newman qui a reçu dans ses mains, récemment bénies, l’abjuration d’Oakeley.
Cent trente galères turques tombèrent aux mains des vainqueurs ; un grand nombre se brisèrent au rivage, ou furent incendiées. […] qui, de leurs mains, a pu sauver ceux d’Autriche et les Germains ? Leur Dieu pourra-t-on par hasard aujourd’hui les préserver de ma main vengeresse ? […] Le Seigneur, qui a montré sa forte main pour la foi de son prince chrétien, et qui, pour la gloire de son saint nom, accorde à son Espagne ce triomphe. […] Il n’avait pas assez d’enthousiasme naturel pour une œuvre si haute, ni l’art français d’alors assez de maturité savante pour bien rendre sous sa main.
On ne voit que des mains tendues et des propositions d’alliance. […] Ne sait-on pas que, selon les mains qui la manient, elle peut produire tous les systèmes ? […] Fourier vous tend la main et vous donne l’exemple. […] L’effet fut immense, et tout le monde mit la main sur une arme si bien trouvée et si puissante. […] Il travaillait de ses mains, se louait à la journée, et avait épousé la fille d’un restaurateur.
Il cherche, de ses deux mains, à arracher son masque. […] — Puis elle rougit, et retira sa main. […] Elle remit sa main. […] mon cœur se serre et la main me tremble. […] Je pris la lampe des mains du sonneur, et je m’approchai.
En paraissant à la lumière, et avant de pouvoir exercer ses organes, il s’approprie par sa bouche et par ses deux mains les mamelles, ces sources de vie, périssant à l’instant si on le dépossède de ce lait qui lui appartient, car il a été filtré pour lui dans les veines de la femme. […] Il s’approprie, en ouvrant les yeux, la lumière, sans laquelle ses mains et ses pieds deviennent inutiles à sa subsistance et à ses mouvements, et il languit dépossédé de sa part au jour. […] Le père de famille veut ainsi conserver, malgré la loi, la souveraineté naturelle en l’exerçant encore après lui ; il veut perpétuer, autant qu’il est en lui, sa famille et son nom, en laissant dans les mains d’un chef de maison la maison, le domaine, la richesse relative de la royauté domestique, qui constate la suprématie de la famille dans la contrée, au lieu de distribuer entre un grand nombre des parcelles de fortune que la moindre catastrophe dissipe en poussière en tant de mains. […] L’équité est un sens composé de deux poids égaux que Dieu a mis, pour ainsi dire, dans chaque main de l’homme ; poids au moyen desquels l’homme pèse forcément en lui-même si tel de ces poids est égal à l’autre, et si l’équilibre moral est établi ou rompu entre les choses. […] Doit-elle planer comme une Némésis de l’égalité, la faux de Tarquin à la main, pour faucher sans cesse ce qui dépasse le niveau uniforme du champ social ?
Il désirait passionnément l’épouser à son retour ; il était revenu demander sa main à sa famille avec un espoir mêlé de doute. […] Rien de ce qui a été fait depuis ne s’approche de ce final incomparable où tous les maîtres ont puisé à larges mains. […] “Donne-moi donc ta main”, répond le commandeur. […] D’Aponte enlève à Trieste le cœur d’une jeune et belle Héloïse, fille d’un négociant anglais : les parents de son écolière lui accordent sa main. […] Nous regretterions de n’avoir pas connu ces Mémoires restés obscurs de d’Aponte ; c’est un trésor de littérature vénitienne qui vaut un regard de ce siècle et la traduction d’une main légère.
Assis sur une botte de foin des buffles, il témoigne de son rang et de son autorité en posant avec une impérieuse douceur la main sur le bras d’un serviteur qui replie, à l’ordre de son maître, les toiles étendues tout à l’heure sur le char pour le garantir contre le soleil. […] Cette flamme qui avait couvé sept ans dans le cœur du jeune homme, amortie par le devoir et par le respect, venait d’éclater sous la main même de la mort. […] Il est déjà vêtu de sa capote de laine de pêcheur ; d’une main il s’appuie sur le trident et le harpon, instruments de pêche ; de l’autre il montre, par un geste inquiet, le nuage qui plombe dans le lointain sur la mer ; il sonde l’horizon d’un regard plein de pressentiments. […] La main ne peut pas s’abstraire du cœur ; quand le modèle est sans cesse dans l’âme, il se reproduit à notre insu dans le tableau. […] Il rêvait évidemment, pendant ce travail à Venise, ce que le Tasse avait rêvé à Ferrare pendant qu’il composait le huitième chant de la Jérusalem, de légitimer, à force de renommée, ses prétentions à la main d’une autre Éléonore.
fait Charles Blanc, se voilant la face des deux mains. […] * * * — J’ai connu une petite fille de quatre ans à laquelle un monsieur avait l’habitude de baiser la main. […] Je lui pris la main, elle commençait à être froide. […] Plus une main douée, plus une scélérate de patte, peignant, couvrant de pâte colorée, un morceau. […] Au fond, une recherche voulue, de petites mains, lavées, écurées, soignées comme des mains de femme — et avec cela une tête de maniaque, une voix coupante comme une voix d’acier, et une élocution visant à la précision ornée d’un Saint-Just et l’attrapant.
Il tente avec eux une attaque à main armée contre Florence. […] De là, plus refoulé que jamais par la vengeance vers le parti de l’empereur, il ne cesse d’animer ce prince contre sa patrie et de le pousser de la main à l’oppression de Florence. […] Ceci devient sous la main d’Ozanam un vaste traité de scolastique moderne dans lequel nous ne le suivrons pas. […] Ce fragment, que nous avons reproduit nous-même dans la vie de Cicéron, est, selon nous, la plus belle profession de foi rationnelle qui ait été écrite par une main d’homme au-dessus des fictions et des crédulités d’imagination de l’antiquité. […] Il éleva ses mains au ciel et dit à haute voix : « Je vous remercie, mon Dieu, des souffrances et des afflictions que vous m’avez envoyées dans cette demeure que je quitte.
Il étend la main. […] Grymalkin élève les mains vers le ciel. […] Malbardé joint les mains. […] Il se cache la face dans ses deux mains. […] La main dans la main, ils s’éloignent.
On bat des mains, on applaudit, on trouve que Molière n’a jamais mieux joué. […] Ses mains tremblent et se crispent ! […] Et moi, poursuivi, décrété, brûlé dans mes œuvres par la main du bourreau ! […] Lui aussi, il a tenu dans ses mains les preuves de sa misère ; lui aussi, il n’a pas voulu y croire. […] Et comme on frémit de dégoût et d’impatience, quand la main de ce misérable effleure seulement cette blanche étamine !
La nourrice, madame Rollet, est une mendiante, toujours la main tendue. […] On sent à chaque page la main d’un novice. […] Il ne veut pas devoir la main de la jeune fille à la confession de l’aïeul. […] Il y a en pleine société un enfer de main d’homme. […] Que pensez-vous de Marat battant des mains à la guillotine ?
Veut-on savoir ce qu’étaient autrefois, au dire populaire, ces colossales statues de rochers, dressées par la puissante main de la nature, et auxquelles le montagnard du Jura a donné le nom de Dames d’Entreporte ? […] La main des trois filles est promise aux trois vainqueurs. […] On a deviné : au moment où le mariage est consommé, le voile tombe, et c’est la main d’une vassale qui a reçu l’anneau de chaque noble amant.
Là, ma main se porta sur l’espagnolette de la croisée, et mon front alourdi s’appuya sur ma main. — Il paraît qu’à l’instant même je tombai à la renversé sans en avoir conscience, que mes camarades me relevèrent aussitôt, et que je revins à moi presque immédiatement, car leur conversation fut à peine interrompue et continuait lorsque je sortis de la chambré au point où je l’avais trouvée en entrant. — Mais ce qu’il y a de curieux, c’est que pendant cette chute il me sembla que je faisais un voyage qui dura plusieurs jours. […] Puis enfin, comme je flânais, en fumant un cigare, sous les arceaux d’une longue rue à arcades, comme la rue du Pô à Turin, j’entendis des voix éloignées qui prononçaient mon nom ; je me retournai, restant un instant immobile et dans l’attente, et peu à peu je vis autour de moi les camarades qui venaient de me relever et me soutenaient encore de leurs mains. — Aucune impression douloureuse n’a été le résultat de cet accident, qui n’eut point de suite et ne s’est jamais renouvelé. »
Un Amour élevé sur la pointe du pied, placé entre ces deux dernières et tournant le dos au spectateur, conduit de la main une guirlande, qui passe sur les fesses de celle qu’on voit par le dos, et va cacher, en remontant, les parties naturelles de celle qui se présente de face. […] Placez un linge entre la main de la Venus de Médicis, et la partie de son corps que cette main veut me dérober, et vous aurez fait d’une Venus pudique une Venus lascive, à moins que ce linge ne descende jusqu’aux pieds de la figure.
Au-dessous de Jupiter sévère, je vois un scélérat qu’on se prépare à lier ; il est désespéré, il regarde la terre, il se frappe le front du poing. à côté de ce brigand, car il en a bien l’air, un jeune homme qui lui a saisi le bras, qui tient une chaîne de sa main gauche, et qui serre si fort cette chaîne qu’on dirait qu’il craint plus qu’elle ne lui échappe que son coupable. […] Dans le berceau voisin, le jeune Hercule assis tient par le cou un serpent de chaque main, et s’efforce des bras, du corps et du visage, de les étouffer. […] De ces deux femmes celle qu’on voit par le dos, montre le ciel de la main et semble dire à sa compagne : voilà le fils de Jupiter.
Ce qui fait l’étonnant mérite de la Princesse de Clèves et de Madame de La Fayette, ce sont les nuances les plus tendres et les plus choisies qu’on ait jamais vues fleurir, un matin, dans la délicatesse humaine, et que madame de la Fayette nous a offertes avec l’adorable simplicité qui prend de l’eau de source dans ses belles mains pour nous montrer combien elle est pure. […] Quelques détails de toilette assez gracieux et vivement rendus, et qui révèlent une main de femme dans un temps où l’on ne décrivait pas, ne sont point assez pour qu’on nomme hardiment madame de la Fayette, cette platonicienne sans le savoir, qui ne voit absolument rien dans le monde que l’expression chaste des sentiments. […] Ce fut un dompteur de difficultés ; seulement il ne prit pas dans ses fortes mains, qui auraient pu fermer la gueule des lions, cette petite chose ailée qu’on appelle le style, et, parce qu’il ne l’avait pas, il restera, malgré sa verve d’invention, un grand dramaturge inférieur, quelque chose comme le Shakespeare des portières.
D’artiste en belles œuvres, devenir un artisan de tortures, meurtrir et broyer la chair de la même main qui cisèle les vases des banquets célestes, quelle contrainte et quelle déchéance ! […] Prométhée, je me lamente sur tes maux… Habileté de mes mains, que je te déteste ! […] Une impression terrible se dégage de ce périple tragique qu’une main gigantesque semble dessiner à tâtons sur l’ombre. […] Il pousse le chercheur vers l’endroit ou gît la trouvaille ; il la fait jaillir sous sa main, de la pierre qui la recèle ou du silo qui l’enterre. — ‘Ερμης ϰοινός ! […] Il n’était pas jusqu’à la conception surnaturelle de la vierge Io, devenant mère par l’imposition de la main de Zeus. (« Il posera sur toi une main caressante, et son toucher suffira ») qui ne parût un emblème de la Vierge Marie fécondée sous le souffle de l’Esprit divin.
Que les Allemands aient eu cette légèreté de main une fois, dans l’art, c’est bien extraordinaire, mais cette légèreté de main, ils ne l’ont eue, pourquoi ? […] Sa mère, une janséniste, était tellement respectée, que pendant la Terreur, tous les dimanches, elle faisait ouvrir la grande pièce de réception de la maison, où il y avait un christ accroché au mur, et un livre de messe à la main, elle lisait tout haut la messe aux paysans agenouillés. […] Là-bas, pas de croque-morts, ce sont les parents qui portent la bière, quelquefois un flacon sous le nez tenu de la main libre et bien souvent un des porteurs rentre chez lui, atteint de la fièvre jaune. […] En passant sur la Seine, au moment d’arriver à Rouen, étendant la main vers le fleuve couvert de brouillard, il s’écrie : « C’est mon canotage là-dedans, le matin, auquel je dois ce que j’ai aujourd’hui ! […] Ce monument d’art, le comité de souscription l’offre par mon intermédiaire à la ville de Rouen, et le remet entre les mains de son maire.
Il portait à la main un bâton de bois blanc sans pommeau et sans douille ; ce n’était pas un bâton de vieillesse, mais une habitude de la main : il ne s’y appuyait pas ; il décrivait du bout de cette branche de houx des cercles capricieux sur le parquet, sur le pavé ou sur le sable. […] Qui nous l’aurait dit il y a vingt-sept ans, quand les rois de nos pères, rentrés de longs exils et sacrés pour nous par le sang de Louis XVI, régnaient, le testament de leur frère dans une main, une charte libérale dans l’autre main, sur un peuple frémissant, mais à demi libre ? […] Un Anacréon pour les amants, un Aristophane pour les malveillants, un Tyrtée pour les escouades, un Théocrite pour les paysans ; une lyre, un sifflet, un clairon, une flûte ou un flageolet dans la même main ! […] Il y a plus, ma famille a toujours espéré que, par une vicissitude quelconque du sort, elle remonterait au rang légitime d’où elle était tombée par la misère, et qu’elle se ferait reconnaître, ses titres à la main, pour ce qu’elle est. […] Il avait la main dans toutes les conspirations bourboniennes pour la restauration de la monarchie ; il était lié d’opinion et d’amitié avec les chefs vendéens qui rêvaient de rétablir, par les bras de quelques braves paysans, le trône renversé par la république.
Mais le premier Consul, précisément parce qu’il n’était pas assez religieux, voulait avoir extérieurement sous la main une religion politique. […] L’érudition recevrait la vie par la main du talent. […] Cette époque ressemble beaucoup à celle où les orateurs athéniens du parti de Démosthène jetèrent, par leurs déclamations contre Alexandre de Macédoine, la Grèce et l’Asie dans les mains d’Alexandre. […] Ils ne se proposent pas l’assassinat, mais l’enlèvement à main armée et par surprise du premier Consul. […] Ce n’est pas assez pour rassurer le premier Consul, il veut porter la main plus loin.
Elle passait pour avoir abjuré entre ses mains le protestantisme et pour pratiquer en secret le catholicisme. […] N’allons-nous pas trouver là-haut Louis XIV, madame de Maintenon, la duchesse de Bourgogne, Bossuet, Fénelon, Pascal, groupés autour de Racine, son manuscrit à la main ? […] Récamier demanda à son amie, madame Bernard, la main de sa fille Juliette à peine éclose à la vie. […] — « Je viens, me dit-il, savoir de vous mon sort ; il est dans vos mains. […] Il me serra les mains à son tour et partit pour l’Angleterre
« Mais nos mains, de quelle commodité ne sont-elles pas, et de quelle utilité dans les arts ! […] Avec leur secours les mains usent du pinceau et du ciseau ; elles jouent de la lyre, de la flûte ; voilà pour l’agréable. […] « L’esprit invente, les sens examinent, la main exécute. […] Par notre travail, c’est-à-dire par nos mains, nous savons multiplier et varier nos aliments. […] En un mot, nos mains tâchent de faire dans la nature, pour ainsi dire, une autre nature.
Retz et Condé se bravaient ; leurs partisans étaient près d’en venir aux mains. […] Dans la Journée des barricades, on rencontre des enfants de cinq à six ans avec des poignards à la main. […] La littérature se pacifie, s’assagit ; elle achève de se soumettre au moment où Louis XIV prend en main les rênes du gouvernement ; elle a suivi la même marche que le reste de la société dont elle fait partie. […] Seulement la fable est devenue entre leurs mains comme un tonneau où le vin s’est tourné en vinaigre. […] Est-il aux mains de l’aristocratie ?
L’âge et l’étude avaient affermi sa main. […] Son esprit observateur et pénétrant ourdissait un de ces grands drames de caractère, qu’elle avait la force de nouer et de dénouer d’une main sûre. […] On l’y trouvait presque toujours seule, la plume à la main, le visage trop pâli ou trop coloré par le feu de la composition. […] Ce fut notre dernier serrement de cœur et notre dernier serrement de mains. […] Le poème commencé par une main, achevé par l’autre, ne serait plus qu’un lugubre concert à deux voix, dont l’une est morte et dont l’autre est éteinte.
Taine les articule et les entasse et les presse dans son histoire, d’une main qui ne manque, certes ! […] Il ne pense donc, comme tout anatomiste, qu’à l’animal qu’il a entre les mains. […] Qui donc, parmi les admirateurs de la Révolution française ou parmi ses haïsseurs éternels et implacables, s’attendait à un tel livre, venant d’une telle main ? […] Je ne crois pas qu’on ait jamais appliqué de main historique un plus rude soufflet sur la joue de ce grand dadais de Suffrage universel, qui se croit fait pour gouverner le genre humain. […] Elles ne sont pas souillées et déformées sous leurs pas en tombant du ciel en terre ; ils ne les ont pas vues se changer dans leurs mains en hideuses caricatures.
Ils étaient entre les mains d’un de ses petits-fils, abbé de Saint-Acheul, près Amiens. […] Certaines scènes capitales du Parlement sont rendues avec exactitude ; il les tenait de première main. […] Le prince battit des mains à son arrivée ; le parterre aussitôt en fit autant. […] Mais en voici bien d’une autre : le mort avait déposé, avant de mourir, son testament aux mains de M. de Sacy, avocat au Conseil, avec un autre papier cacheté, et la suscription du testament porte qu’il sera ouvert en présence de ses créanciers. […] Newton est de main de maître. » C’était moins le mathématicien que le philosophe qui était supérieur chez Fontenelle, et de l’ordre le plus élevé.
Ce sont des matériaux scrupuleux dont il fait choix, et qui serviront plus tard à en contrôler d’autres, aux mains de l’historien définitif. […] Entièrement émancipé désormais, grâce à la confiance ou à l’insouciance paternelle, ayant sous la main toutes les ressources de dépenses à l’âge des passions et dans une époque licencieuse, il se rend ce témoignage de n’en avoir jamais abusé. […] Gardant toutes ses pensées et son travail intellectuel, il ne donnait que son temps et sa main, comme Jean-Jacques quand il copiait de la musique. […] C’était l’accomplissement de son rêve : le monde, la vie alentour et sous sa main dans leur infinie diversité ; pas d’étiquette apprise, pas de poétique, et tout le dictionnaire. […] Quand on imprima son premier recueil, le public chantant n’y apprit rien qu’il ne sût à l’avance : c’eût été de même pour les suivants ; quelques copies distribuées de la main à la main auraient suffi ; la tradition vivante, l’harmonieuse clameur l’aurait soutenu et sauvé de toutes parts, comme on le rapporte des anciens poëtes.
Et voir laver la planche, la voir noircir, la voir nettoyer, et voir mouiller le papier, et monter la presse, et étendre les couvertures, et donner les deux tours, ça vous met des palpitations dans la poitrine, et les mains vous tremblent à saisir cette feuille de papier tout humide, où miroite le brouillard d’une image à peu près venue. […] … Et songer que l’humanité est si jeune, songer que vingt-quatre centenaires, se tenant par la main, nous feraient une chaîne qui nous ramènerait aux temps héroïques, à Thésée… Ah ! […] D’une main elle cueille un œillet donné par le Régent, et qui serait, d’après une légende de famille, le prix de sa livraison. […] Dans ses divagations, ce dentiste a pour excuse de ne pouvoir porter quelque chose sur la tête et de tenir dans la rue son chapeau à la main, mais les folies qui jaillissent de sa faible cervelle, ne lui sont pas tout à fait personnelles : elles lui sont apportées par le courant des choses, elles lui sont soufflées par le vent des idées dans l’air. […] Il y a un sergent de ville au carreau de notre loge, et tout près un cent-garde flamboyant ; et assis à côté de l’ouvreuse, Alessandri surveille le corridor, la main sur le manche d’un poignard de son pays.
On a les extraits et cahiers de ses lectures en ces années ; car il eut de bonne heure l’habitude de lire et de penser plume en main. […] Ce piétinage difficile, fatigant, par des chemins obscurs et épineux , ne lui allait pas, et surtout une chose l’en eût dégoûté : l’habitude était alors de toucher les honoraires de la main à la main, un écu de trois livres pour une consultation. […] Il a été donné à Roederer de faire les deux parts et de mettre également la main au nivellement hardi et à la correction, à la réparation organisatrice. […] Pour tout lecteur impartial, il est aujourd’hui évident que Roederer, au 20 Juin et au 10 Août, se conduisit en magistrat probe, exact, peu royaliste sans doute d’affection, mais honnête, strict et consciencieux ; que, dénué de pouvoir et chargé de responsabilité, il usa des faibles moyens légaux qu’il avait entre ses mains, et que, les trouvant souverainement inefficaces, il prit le seul parti qui pouvait éviter dans cette dernière journée un malheur immédiat : il conduisit, en les assistant et les protégeant de sa personne, le roi et sa famille, du château déjà envahi, au sein de l’Assemblée désormais responsable. […] Mais toutes ces réfutations, empruntées à l’ordre économique ou à l’ordre providentiel, sont également vaines quand la société n’a pas la force en main pour appuyer les raisons.
Ils ont une droite et une gauche ; on peut les opposer, non les superposer, comme les deux mains. […] La vaccination, qui n’avait été jusqu’ici qu’une application très particulière d’une théorie à peine ébauchée, devient entre vos mains un principe général, susceptible des usages les plus variés. […] La nature est roturière ; elle veut qu’on travaille ; elle aime les mains calleuses et ne se révèle qu’aux fronts soucieux. […] Nos deux mains ne se superposent pas ; mais elles peuvent se joindre. […] Littré, n’est qu’une fonction, la dernière et la plus tranquille de toutes. » Pour moi, je la trouve odieuse, haïssable, insensée, quand elle étend sa main froidement aveugle sur la vertu et le génie.
En congédiant M. de Montègre, madame de Simerose a laissé entre ses mains un billet qui la compromet : il ne contient que ce mot : « Venez ! […] Au troisième acte, mademoiselle Hackendorf, cette belle victime de la vie mondaine, lui offre sa main avec une humilité bien touchante ; il la refuse sèchement. […] Nullement blasé, d’ailleurs, par ces voltiges perpétuelles, facilement ému, le coeur sur la main, Valmoreau est un gandin bon enfant. […] C’est une jeune femme inconnue, qui se promène, depuis quelques jours sur la plage, en tenant un petit garçon par la main. […] Exalté par son émotion, attendri par le nom de père que prononce l’enfant en rouvrant les yeux, il lui demande sa main avec une tendresse passionnée.
Mais Boileau n’était pas assez de sang-froid ni assez philosophe pour aller chercher et goûter une pensée saine dans une expression qui ne l’était pas : et Fontenelle, à son entrée dans le monde, offrait les vérités, bonbonnière en main, absolument comme on offrirait des dragées ou des pastilles. […] Dans son petit traité Du bonheur, il veut qu’avant de s’attacher aux objets extérieurs, on évalue ce qu’ils peuvent rapporter en plaisirs ou en peines, et qu’on ne laisse prendre des droits sur soi qu’aux objets dont, tout compte fait, on a plus à espérer qu’à craindre : « Il n’est question que de calculer, dit-il, et la Sagesse doit toujours avoir les jetons à la main. » Des jetons pour compter les points. […] Il est un ennemi de l’ignorance, non pas un ennemi à main armée, mais froid, patient, méprisant dans sa douceur, et irréconciliable à sa façon plus qu’il ne croit. […] Hors de là, il est dans le vrai et il a l’œil dans l’avenir : « La Nature, dit-il, a entre les mains une certaine pâte qui est toujours la même, qu’elle tourne et retourne sans cesse en mille façons, et dont elle forme les hommes, les animaux, les plantes. » Et il en conclut que, puisqu’elle n’a point brisé son moule, il n’y a aucune raison pour qu’il n’en sorte point d’illustres modernes aussi grands à leur manière que les anciens. […] Fontenelle, qui marque mieux que toute définition (comme l’a si bien dit Fontanes) la limite de l’esprit et du génie ; et Diderot, une espèce de génie extravasé et en ébullition, qui ne peut se contenir à une limite ; l’un qui ouvre discrètement le siècle, et qui retient dans sa main à demi fermée plus de vérités qu’il n’en laisse sortir, qui semble dire chut !
Le général Bonnet, qui prit le commandement, fut blessé peu après, et le général Clauzel se trouva commander de troisième main. […] Il le lui devait ; car, par un retour singulier du sort, ce fut Marmont, si maltraité finalement par Napoléon, qui, le seul de ses maréchaux, eut pour mission comme spéciale de voir son fils, de lui parler de son père, de lui démontrer, cartes en main, cette gloire militaire qui jusque-là n’était, pour l’enfant de Vienne, qu’un culte et qu’une religion. […] Au sortir de Leipzig où il soutint le poids de la défaite, et où une nouvelle blessure le frappa à la seule main dont il pût manier l’épée, Marmont, après quelque pause à Mayence, rentra en France, et, à la tête du 6e corps si réduit, il prit la part la plus active à l’immortelle campagne de 1814. […] C’était le soixante-septième engagement de mon corps d’armée depuis le ler janvier, jour de l’ouverture de la campagne, c’est-à-dire dans un espace de quatre-vingt-dix jours, et où les circonstances avaient été telles que j’avais été dans l’obligation de charger moi-même l’épée à la main, trois fois, à la tête d’une faible troupe. Pour achever de le peindre dans cette dernière attitude où nous l’avons vu, repoussant la colonne russe à la tête de 60 hommes, qu’on se rappelle que son bras droit était hors de service depuis la bataille d’Arapiles, que sa main gauche avait le pouce et l’index fracassés depuis Leipzig.
Ici on a affaire à un historien qui, par un concours unique de circonstances, a eu en main une quantité innombrable de pièces et papiers d’État, les vraies sources, dans tout leur secret et leur continuité, et qui, les ayant dépouillés, analysés au complet, ne va que d’un pied sûr. […] Thiers, c’est moins la conclusion qui m’importe que le chemin lui-même et les éléments dont il se compose : il a établi, grâce aux matériaux qu’il avait en main et au soin qu’il y a mis, la plus belle route et, si j’ose dire, le plus beau pavé de l’histoire qu’on ait jamais vu. […] Thiers, carte en main, non pas en courant, mais en lisant tout (c’est ainsi qu’il convient de le lire), on est profondément intéressé ; car on se rend compte de toute chose, et des difficultés, et de l’importance, et des dangers, et de la force d’âme et de l’héroïsme qu’il a fallu même pour aboutir, sans désastres, à un résultat si neutre et si négatif. […] Masséna y apparaît réhabilité des mains de l’équitable histoire, et honorablement relevé de sa dernière et unique disgrâce. […] Aujourd’hui l’opinion est bouleversée ici, on ne sait que devenir ; on voyait un port en moi, on n’y voit plus aujourd’hui qu’un jouet de l’orage qui n’est bon à rien… Jamais je ne consentirai aux traitements horribles que lui font éprouver (à la nation espagnole) les gouvernements militaires ; jamais mes mains ne déchireront ses entrailles et ne démembreront ses provinces, et je mourrai digne du trône en le quittant lorsqu’il sera bien démontré que je ne puis pas y remplir les devoirs d’un roi… (Novembre 1810.)
Après eux, Ducis, Thomas, Parny, Colardeau, Roucher, Delille, Bernardin de Saint-Pierre, Marmontel, Florian, tout le troupeau des orateurs, des écrivains et des politiques, le misanthrope Chamfort, le raisonneur Laharpe, le ministre Necker, les faiseurs de petits vers, les imitateurs de Gessner et de Young, les Berquin, les Bitaubé, tous bien peignés, bien attifés, un mouchoir brodé dans la main pour essuyer leurs larmes, vont conduire l’églogue universelle jusqu’au plus fort de la Révolution. […] Ils n’ont aucune notion de l’architecture sociale ; ils n’en connaissent ni les matériaux, ni les proportions, ni l’équilibre ; ils n’y ont jamais mis la main, ils n’ont point de pratique. […] Ils sont toujours les fils de ceux qui, à Fontenoy, au lieu de tirer les premiers, mettaient le chapeau à la main, et, courtoisement, disaient aux Anglais : « Non, Messieurs, tirez vous-mêmes ». […] Il ne leur vient pas à l’idée d’y avoir recours ; ils ne savent ni ne veulent se servir de leurs mains, surtout pour cette besogne323. […] Qu’auraient-ils fait de leurs grâces, sans leurs valets pour leur tenir lieu de mains et de jambes ?
Ma main droite ira chercher mon menton et soutenir ma tête qui tombe ; et ma main gauche ira chercher le coude de mon bras droit, et soutenir le poids de ma tête et de ce bras. […] Je permettrai bien à un Persan de porter la main à son front et de s’incliner ; mais voyez le caractère de cet homme incliné ; voyez son respect, son adoration ; voyez la grandeur de sa draperie et de son mouvement. […] Où est celui de nos peintres qui se soucie de faire des pieds et des mains ? […] Cependant le pied et la main du soldat qui joue aux cartes dans son corps de garde sont les mêmes dont il marche au combat, dont il frappe dans la mêlée. […] C’est que le corps de l’homme, sa poitrine, ses bras, ses épaules, c’est que les pieds, les mains, la gorge d’une femme sont plus beaux que toute la richesse des étoffes dont on les couvrirait.
C’était la mendicité à main armée, la guerre entreprise contre l’intérêt public, le vol pratiqué contre l’État par les défenseurs naturels de l’État. […] Ce qu’il y a de merveilleux, c’est qu’entre les mains des juges, ils s’étonnaient et s’indignaient encore de l’insolence de la loi. […] Elle possédait, je ne puis en douter en regardant les portraits authentiques qui sont sous mes yeux, le genre d’attraits qu’on prisait si fort au dix-huitième siècle, et qui avec de belles mains avait fait la réputation d’Anne d’Autriche. […] Mais de ce labeur infini et de ces petits détails est sortie une œuvre vivante ; ces portraits si nombreux, attachés les uns au bout des autres, sont animés ; ils parlent au visiteur ; on sent la main d’un romancier et d’un poëte. […] « La Providence en a disposé autrement, et Chantilly attend encore une main réparatrice. » Cela fait penser à cette phrase célèbre qu’il semble avoir copiée dans une oraison funèbre : « Ô maison d’Orléans, maison illustre et infortunée, je briserais à jamais ma plume plutôt que de la tourner contre vous.
J’eus le plaisir de rencontrer dans le manuscrit de la Bibliothèque royale les autographes de ces lettres, au nombre de six, écrites pour la plupart de la main de Leibnitz ou corrigées et signées par lui. […] Ont-elles péri, ou n’ont-elles fait que s’égarer entre des mains qui les retiennent au détriment du public ? […] André a écrit la vie et rassemblé la correspondance de Malebranche, mais que cet écrit égaré est maintenant retenu en des mains inconnues, il s’indigne contre l’enfouisseur et le somme de restituer son trésor : Avant de quitter cet important sujet, nous voulons adresser encore une fois avec toute la force qui est en nous, notre publique et instante réclamation à celui qui possède encore aujourd’hui les matériaux de ce grand ouvrage. Qu’il sache qu’il ne lui est pas permis de retenir le précieux dépôt tombé entre ses mains, encore bien moins de l’altérer. […] Il y parle en maître, il a Dieu dans sa main, il foudroie son auditoire, il ne descend jamais, comme l’orateur politique, dans les détails secs et minutieux d’une affaire particulière, il ne parle que du devoir en général, de la vie humaine, des dangers du monde, de la providence de Dieu.
Les actes originaux de l’entreprise d’Amboise avaient été déposés entre les mains du père de d’Aubigné ; le seing de L’Hôpital, sa signature y était tout du long à côté de celle de d’Andelot et des autres principaux réformés. […] Il apostrophe ceux qui ne rougissent point des vertus et grandeurs paternelles, et qui se sentent de force à en soutenir l’héritage ; il les supplie de lui tendre la main et de lui prêter secours. […] Henri IV, dans le premier moment, voyant que tout bronchait déjà autour de lui, se retira dans un cabinet avec deux gentilshommes des siens, La Force et d’Aubigné, et, les prenant par la main, les consulta. […] Le roi appelle le maréchal de Biron : « Mon cousin le maréchal, c’est à cette heure qu’il faut que vous mettiez la main droite à ma couronne… » Et Biron de ce pas et sans phrase va prendre le serment des Suisses. […] J’aurai, parmi les catholiques, ceux qui aiment la France et l’honneur. » Givry entre sur cette conclusion, ajoute d’Aubigné, et avec son agréable façon prit la jambe du roi, et puis sa main, dit tout haut : « Je viens de voir la fleur de votre brave noblesse, Sire, qui réservent à pleurer leur roi mort quand ils l’auront vengé ; ils attendent avec impatience les commandements absolus du vivant : vous êtes le roi des braves, et ne serez abandonné que des poltrons. » Cette brusque arrivée et la nouvelle que les Suisses venaient prêter leur serment mirent fin aux fâcheuses paroles, et Henri IV, coupant court à ceux qui hésitaient, n’eut plus qu’à faire acte de roi de France.
Christophe Colomb, en effet, est de tous les grands hommes celui dans la vie duquel la main de Dieu se fait le mieux voir et le plus à nu. […] Dans ses mains, à lui, il pesait trop ; dans les mains de M. de Humboldt, il pesait trop peu pour un génie d’homme. […] Les trois sommets de l’île de la Trinité, aperçus par lui et répétant à leur manière le nom projeté de cette île, qu’il devait appeler la Trinidad avant de l’avoir découverte, l’histoire de la croix plantée de sa main à la Vera-Cruz et dont le bois produisit pendant tant d’années des guérisons si extraordinaires et si désespérées, le compte inouï de tous les grands événements de la première expédition de Colomb, lesquels, tous heureux, tombèrent à point nommé le vendredi, depuis le vendredi du départ jusqu’au vendredi du retour, tous ces faits que le très commode hasard, inventé pour faire substitution et pièce « à la Providence », n’explique et n’éclaire plus, parce que le hasard est essentiellement solitaire et que des faits nombreux et continus lui ôtent son caractère de hasard, M. […] Ce mariage fixa Colomb en Espagne, et c’est l’Espagne qui devait prendre l’aumône d’un monde qu’il offrait à la main de toutes les nations !
Le moindre grimaud sans mandat et sans autorité, ou la moindre grimaude, — car nous avons vu des femmes conférencer, leur éventail à la main, — se hisse sur un amphithéâtre ou sur un perchoir de quelque chaire, et la curiosité badaude, et l’oisiveté ennuyée, et la paresse, ennemie des lectures attentives et longues, viennent tendre leurs oreilles aux connaissances faciles qu’on leur égruge et qu’on leur jette. […] Il croit atteindre, à travers ce Pape, l’Église, à la tête et au cœur… Comme, pour lui, le comte de Gasparin, l’Église romaine est une institution faite de main d’homme ou gâtée par la main des hommes, on ne dira pas (a-t-il dit) qu’il la diminue en la concentrant dans le plus glorieux et le plus heureux de ses pontifes, et il le prend, ce grand homme, pour déshonorer l’Église dans sa grandeur même. […] Le grain de sénevé apporté par la main du Divin Semeur ne devait pas lever sur le sillon… Cette incroyable idée chrétienne ne devait chercher ni son accroissement, ni son organisation. […] Ce sont des hommes d’ordre surnaturel, prêchant des doctrines surnaturelles, et y mêlant, quand ils sont des Massillon et des Bourdaloue, des torrents de notions sur le cœur humain, qu’ils tiennent et tordent dans leurs chirurgicales mains de confesseurs.
Or, le bon Corneille a la main lourde dans la dédicace. […] Il est des dédicaces où il tend la main. […] tu baises donc sa main ! […] Evincé sans raison, Qui me tendit la main ? […] Un soir, il trouve dans sa chambre un poupon, qu’une main mystérieuse y a déposé.
Je n’ai jamais lu la plume à la main. […] Puis, j’enfonce mes mains dans les trous, et je les fouille. […] Les voilà aux prises, pied contre-pied, main contre main : ces deux corps entrelacés semblaient n’en faire qu’un. […] Vous n’avez les mains liées que parce vous les tendez. […] Elle avait les mains les mieux tournées du monde.
Le Directoire, par le 18 fructidor, prévint donc la guerre civile et lui substitua un coup d’État exécuté avec force, mais avec le calme et la modération possibles dans les temps de révolution. »Le 18 fructidor tua en France le parti royaliste en tant que conspirateur, et il ne reparut plus désormais qu’en 1814, la Charte en main, avec des paroles d’amnistie et de liberté. […] Merlin et La Révellière, pressés de tous côtés et cédant aux circonstances, se démirent, le 30 prairial, d’un pouvoir qui n’était plus en leurs mains qu’une occasion de discorde civile. […] L’ennemi commun renversé, ils se trouvaient en présence les uns des autres, sans aucune main pour les contenir » Cette main puissante se rencontra enfin, et en vérité, à considérer les choses à cette distance, on ne sait trop si l’on doit s’en féliciter ou s’en plaindre.
» peut se dire l’Académie avec un orgueil moins cruel, elle qui, aujourd’hui, la main étendue sur la tête de M. […] Philosophe qui se surveille et qui se lave beaucoup les mains, dès qu’il a touché à la théologie, il n’efface pas du moins sur son front la trace de son baptême, et quand il approche le plus de l’Académie, il se dit chrétien avec une honnête rougeur. […] C’est un plaidoyer insinuant, adroit, — accordant quelque chose pour obtenir beaucoup, quêtant la tolérance philosophique avec des airs aimables, — on quête toujours dans un sac de velours, — indiquant des rapports étranges et bons entre la philosophie de saint Thomas d’Aquin et les philosophes modernes, et poussant à ce qu’on se prenne la main et qu’on s’embrasse. […] Il consiste à reprendre d’une main tout doucettement ce qu’il a donné de l’autre avec un grand geste, et ce qui suit va le faire comprendre : Agrégé à la Faculté des lettres, sorti de l’Université pour entrer à l’Académie dont il a voulu le prix qu’il n’a pas manqué, ayant par conséquent des terreurs respectueuses fort naturelles pour le progrès, et non moins naturellement des affections intellectuelles pour l’Église, M.
Même la petitesse surprenante de leurs mains devient un sujet de dégoût et d’effroi. […] On dirait des mains qui sont en train de repousser, comme les pattes des crustacés, et qui n’ont pas encore atteint leur entier développement. Elles achèvent, ces délicates mains, de donner à ces immondes créatures un aspect de monstres.
En vous donnant la main, il l’approche de son cœur. […] » Enfin cela s’apaise, Saint-Victor tend la main à Edmond, et le dîner reprend. […] Espinosa, le maître de ballets, arpente le devant du théâtre, en claquant la mesure dans ses mains. […] Dans le seul grand assassinat de bourreau du temps, — et un assassinat de main de femme, — c’est la tête et non le cœur qui a mené la main. […] Le jeune homme ne voulait pas, repoussait la boisson avec une main, à un doigt de laquelle se voyait une bague armoriée.
» disait-il en frottant diaboliquement ses vieilles mains ; mais il ne prévoyait pas ce qu’on a vu. […] mais un artiste qui ne fait qu’une chose et qui l’accomplit eût valu plus que lui… Il a touché à tout comme Voltaire, mais il n’avait pas plus la main ailée de Voltaire qu’il n’avait la main fine et languissante de Sterne. […] Mais elle en reviendra si elle le lit, car jusqu’ici elle ne l’a lu que par fragments, comme elle le trouvait sous sa main. […] Le croirait-on, si on ne tenait sous la main tous ses Salons ? […] Mais une telle besogne demandait une main plus forte que la sienne.
Fontenelle disait que, s’il avait la main pleine de vérités, il se garderait de l’ouvrir. […] Il prend la main du premier, la lui serre, puis lui mord le doigt à le faire crier ; au second de même. — « Aïe ! […] Il feint une faiblesse, et lui demande sa main pour s’appuyer : il serre énergiquement cette main, jusqu’à ce que le jeune homme crie et demande grâce. […] C’était probablement le Cardinal qui avait, sous main, poussé à cette démarche. […] Il était difficile à contenter, et y mettait en marge des notes de sa main.
Un tel livre eût été le code en action de la politique ; mais il fallait une main divine pour l’écrire : je n’étais qu’un homme de bonne volonté. […] » Et il appuya sa résolution d’un regard et d’une main qui convainquirent le parti radical et glacèrent d’effroi la majorité. […] Comment les républicains donneront-ils la main aux légitimistes ? […] Le roi dissoudra alors, par la main de quelques ministres transitoires. […] La majorité se reconstitua sous la main de cet homme d’État et le suivit, malheureusement pour la couronne, jusqu’à la catastrophe qu’il ne sut ni prévoir, ni conjurer, ni dompter.
Jamais le lointain des lieux et des temps ne fut plus merveilleusement rapproché de l’œil et de l’imagination ; on porte l’Italie d’Horace dans sa main. […] « Pendant que tu le peux, et que la Fortune conserve un visage souriant, reviens à Rome… Quelle que soit la divinité qui tire pour toi de l’urne une heure acceptable, prends-la d’une main reconnaissante ; ne remets pas les plaisirs présents à une autre année ! […] C’est ainsi que le bœuf paresseux et lourd demande la selle et la bride d’un coursier, et que le cheval de main soupire après la charrue. […] À la quatrième heure on débarque un moment près de la fontaine Ferrione, pour se laver le visage et les mains dans son onde pure. […] Desjardins, a trouvé encore aujourd’hui son chemin de Rome à l’Adriatique, le voyage d’Horace à la main.
(En disant ces mots, le voyageur fit un mouvement involontaire pour saisir la main du Lépreux, qui la retira avec vivacité.) […] vous alliez saisir ma main ! […] Je voyais son voile s’élever de temps en temps, et ses mains blanches se diriger vers le ciel. […] Le Lépreux, à la fin de ce récit, couvrit son visage de ses mains ; la douleur ôtait la voix au voyageur. […] Le manuscrit s’échappa de mes mains et je n’eus pas la force de le relever.
Quel livre que celui qui peut passer dans votre main de la vie au néant, du soleil sous la terre, du temps à l’éternité, sans pâlir à vos yeux, et qu’on peut lire des deux côtés de la tombe sans changer de feuillet ! […] Du jour où la nature, au néant arrachée, S’échappa de tes mains, comme une œuvre ébauchée, Qu’as-tu vu cependant ? […] Je n’ai pas écouté chanter en moi mon âme Dans la grotte sonore où le barde des rois Sentait, au sein des nuits, l’hymne à la main de flamme Arracher la harpe à ses doigts. […] « Est-ce l’œil, ou l’oreille, ou la bouche, ou la main ? […] « Je renonce à chercher des yeux, des mains, des bras, « Et je dis : C’est bien toi, car je ne te vois pas !
L’Auteur de ceci n’accepte pas l’immense platitude, devenue lieu commun, qui fait encore législation à cette heure, à savoir « qu’on doit aux vivants des égards et qu’on ne doit qu’aux morts la vérité. » Il pense, lui, qu’on doit la vérité — à tous, — surtout, — en tout lieu, et à tout moment, et qu’on doit couper la main à ceux qui, l’ayant dans cette main, la ferment. Il ne croit qu’à la Critique personnelle, irrévérente et indiscrète, qui ne s’arrête pas à faire de l’esthétique, frivole ou imbécile, à la porte de la conscience de l’écrivain dont elle examine l’œuvre, mais qui y pénètre et quelquefois le fouet à la main, pour voir ce qu’il y a dedans… Il ne pense pas qu’il y ait plus à se vanter, d’être impersonnel que d’être incolore, — deux qualités aussi vivantes l’une que l’autre et qu’en littérature, il faut renvoyer aux Albinos !
C’est une copie revue par Chateaubriand qui l’a corrigée de sa propre main. […] Il veut toucher avec la main la frise du Parthénon. […] Ce Protée possédait l’art, comme qui dirait, de lire dans la main. […] Mais ce sera chose différée, car je n’ai pas sous la main leurs ouvrages. […] N’ai-je point coupé de mes propres mains cette natte sur votre tête ?
S’est-il égaré souvent dans ces cours faits l’épée à la main et le feutre sur l’oreille ? […] André Léo tient la plume d’une main ferme : son Mariage scandaleux est une œuvre. […] L’inspiration doit trouver sous ses mains un clavier parfaitement juste, auquel ne manque aucune corde. […] Jamais le clavier poétique n’a été parcouru par une main plus légère et plus puissante. […] Philippeaux l’entraîne, et les jolies petites filles se reprennent par la main pour danser aux chansons.
Decaisne était las de mesurer l’infranchissable distance qui sépare la main de l’artiste de la réalisation de sa pensée ; il était dégoûté d’un monde qui a pour les artistes des engouements ou des aversions, et point de jugement juste et impartial. […] Nous nous serrâmes les deux mains, qui ne se desserrèrent jamais plus. […] Tous ceux sur qui le fort met ses pieds triomphants ; Les faibles sont les siens, sa force les relève ; Il porte dans ses mains la grâce et non le glaive. […] Les poésies de Laprade seront recueillies dans les familles honnêtes des champs, sur ces tablettes de la chambre à coucher auxquelles on laisse atteindre sans crainte les mains des enfants de la maison, et qui portent les livres de piété qu’on feuillette le dimanche en allant au temple. […] Le fouet sied mal à cette main, qui tient mieux l’encensoir.
» Honoré tient de la main droite une petite tige de fer, de la main gauche, une sorte de troublette. […] Il entre, en tenant deux ou trois feuilles de papier à la main, et nous dit : « Vous venez chercher un article ; eh bien ! […] Un jour il y vit l’amiral Sydney Smith mettre un genou en terre pour baiser la main de la duchesse. […] Elle s’arrête, se passe la main sur les yeux : — Non, c’est impossible, il vaut mieux ne pas nous revoir. […] Dans la verdure, au-dessus d’un mur, deux cordes allantes et venantes, auxquelles sont attachées deux mignonnes mains roses : une balançoire où se balance un petit être qu’on ne voit pas.
Elle lui rappelle sa vraie fonction et sa destinée qu’un instant elle oublia, quand elle prit en main cet emblème viril : la plume de l’écrivain. […] Mais pourquoi ne pas voir plutôt, dans cette profession de foi païenne, une acquisition de seconde main ? […] Il serait aisé de montrer, citations en mains, que la technique de la Maison du Péché est sensiblement analogue à celle de Gustave Flaubert. […] Voici le thème, ou fragment saphique : « Et toi, ô Dika, ceins de guirlandes ta chevelure aimable ; tresse les tiges du fenouil de tes tendres mains. […] Les femmes de Mme de Noailles cèdent avec délice au joug du mal sacré, « tendres corps qui se penchent et avancent, tendus vers les mains des hommes ».