Sa tête répond aux cuisses du soldat. Elle a les bras étendus, le corps incliné et la tête relevée ; son vêtement, son caractère, son attitude sont nobles et pathétiques. […] Et ces maussades et longs soldats, à faces de cuivre rouge, et à têtes de choux, entassés les uns sur les autres, que signifient-ils ? […] Si Doyen eût montré son ébauche à un homme de sens, voici ce que cet homme lui aurait dit : Écartez-moi ces soldats les uns des autres, et donnez-leur plus de caractère, plus de force, des têtes, [des] corps et des visages relatifs à l’action. […] Laissez votre Andromaque prosternée comme elle l’est, car elle est très bien ; qu’elle saisisse seulement d’une main son fils ou le soldat, comme il vous plaira ; que son autre bras, sa tête, son corps, ses regards, son mouvement, toute son action soient portés vers Ulysse, comme il arrivera, sans y rien changer, lorsque vous aurez écarté ce soldat.
On ne sçauroit donc contrefaire le génie des grands hommes, mais on réussit quelquefois à contrefaire leur main, c’est-à-dire, leur maniere de coucher la couleur et de tirer les traits, les airs de tête qu’ils repetoient et ce qui pouvoit être de vicieux dans leur pratique. […] Par exemple, on reproche au Guide d’avoir fait ses têtes trop plates. Ses têtes manquent souvent de rondeur, parce que leurs parties ne se détachent point et ne s’élevent pas assez l’une sur l’autre. Il suffit donc, pour lui ressembler en cela, de se négliger et de ne point se donner la peine de pratiquer ce que l’art enseigne à faire pour donner de la rondeur à ses têtes. […] Fier d’avoir contrefait avec succès quelques têtes du Guide, il entreprit de faire de grandes compositions dans le goût de cet aimable artisan, et dans le goût des autres éleves du Carache.
La tête ne serait pas mal, si elle n’était pas vile. […] C’était tête à tête que je lui débitais ces douceurs ; savez-vous ce qu’elle fit ? […] Madame Therbouche a joint à son tableau de réception une tête de poëte où il y a de la verve et de la couleur. […] Lorsque la tête fut faite, il était question du cou, et le haut de mon vêtement le cachait, ce qui dépitait un peu l’artiste. […] L’indigne prussienne… a la tête folle et le cœur dépravé.
Pigalle, le chapeau sur la tête et de son ton rustre que vous lui connaissez, s’adressa à un particulier qu’il prit pour un artiste et qui ne l’était pas, et lui demanda s’il était en état de juger mieux que lui ; ce particulier, enfonçant son chapeau sur sa tête, lui répondit qu’il ne s’entendait pas en bas-reliefs, mais qu’il se connaissait en insolens et qu’il en était un. […] Son char est attelé de deux chevaux fougueux, à la tête de ces chevaux, un écuyer les contient par la bride et se dispose à remettre les rênes au triomphateur. Sur le devant, un vigoureux israélite tout nud enfonce la pique dans la tête de Goliath qu’on voit énorme, renversée, effroyable, les cheveux épars sur la terre. […] Sur le devant, une autre danseuse qui tient son enfant par la main ; l’enfant danse aussi, mais il a les yeux attachés sur l’horrible tête, et son action est mêlée de terreur et de joie. […] Son père le prit par la main, le conduisit au sallon, et lui dit : tiens, vois, et juge-toi toi-même… l’enfant avait la tête baissée et restait immobile.
Sa tête n’est que la tête d’un homme : Raphaël l’a traitée dans le goût des têtes que les peintres font pour les christs, et l’on n’y trouve d’autre difference que celle qu’il faut mettre, suivant les loix de l’art, entre deux têtes, dont l’une est destinée à représenter le pere, et l’autre à représenter le fils. […] Frappé de la majesté divine, et de la fierté noble que Michel-Ange faisoit sentir dans le caractere de tête du pere éternel, qu’on voit en differens endroits de la chapelle de Sixte, faisant l’ouvrage de la création : il condamna sa maniere sur ce point, et il prit celle de son concurrent. […] Par une liberté poëtique, Raphaël emploïe la tête de Jules II pour représenter le pape, devant qui le miracle arriva. […] On y voit que Raphaël cherchoit déja comment il feroit pour varier les airs de tête, qu’il vouloit donner de l’ame à ses figures, qu’il dessinoit le nud sous les drapperies, enfin qu’il faisoit plusieurs choses que son maître ne lui enseignoit point apparemment.
J’étais dans une chambre, et un monsieur, en chapeau noir, donnait de furieux coups de tête dans les murs, et au lieu de s’y briser la tête, y entrait, en sortait, y rentrait encore. […] Toutes, en écoutant, prennent la tête d’expression de leur figure. […] Elle est là, à côté de moi, avec sa belle et charmante tête, dans laquelle, avec l’âge, s’accuse, de jour en jour, un peu plus le type de la mulâtresse. […] Je l’ai soumise à mon régime, bordeaux, gigot, haltères… Voilà, et j’ai amené avec un coup de poing sur une tête de Turc — et encore sur une tête de Turc neuve — j’ai amené 520… Aussandon qui a étouffé un ours à la barrière du Combat, pour défendre son chien, et qui, de là, est allé laver à la pompe ses entrailles — un gaillard, n’est-ce pas ? […] Et je vois encore celui qui marchait en tête, un Cupidon faunin, nimbé par le rond d’un tambourin, et le rire aux lèvres, se balançant d’un pied sur une outre.
Eh bien, alors, reprit-il en levant subitement la tête, il faut vous marier. […] Puis, détournant la tête et s’approchant de la muraille, il pleura. […] Mais aussitôt Moumou releva convulsivement la tête et montra les dents. […] Il tressaillit, mais ne leva pas la tête et ferma les yeux. […] Il détourna la tête, ferma les yeux, ouvrit les mains….
Dans le morceau dont il s’agit ici la mariée est d’un joli ensemble, la tête en est bien dessinée, mais le mari vu par le dos a l’air d’un sac sous lequel on ne ressent rien ; sa robe de chambre l’emmaillotte, la couleur en est terne. […] Il faut être juste, dans cette petite composition, où vous avez loué un certain cheval blanc, je conviens qu’il est d’une finesse de couleur étonnante ; mais convenez que la tête en est fort mauvaise. […] Tout à fait à gauche, devant une petite table, un jeune talon rouge, vu par le dos, serrant la main qu’on lui a tendue, la tête penchée sur son autre main ou renversée en arrière, je ne sais lequel des deux, et dans l’attitude du désespoir. […] Et la tête de cet enfant est-elle soutenue comme elle devrait l’être ? […] C’est du Fontenelle brouillé avec du Théocrite ; c’est la composition d’une tête faible, étroite et déréglée.
je lui fends la tête avec la hachette. » M. […] Catherine ne pouvait plus se tenir, je la posai dans le fauteuil et je partis sans oser tourner la tête. […] Zébédé leva la main sans répondre ; il était aussi bien triste et baissait la tête. […] Je penchai la tête. […] » Et, m’embrassant, il me plaça dans ce fourgon la tête sur un sac.
Me voilà devant le papier : c’est comme un clown sur le tremplin… Et puis, j’ai une syntaxe très en ordre dans la tête. […] Et c’est une causerie tête à tête, simple, tranquille, bonhomme, allant sans se presser, mais tout droit, et sans surcharge de métaphores, et avec une grande suite dans l’enchaînement des idées et des mots, et, par-ci, par-là, laissant percer une mémoire étonnante, où le souvenir a la netteté d’un cliché photographique. […] Anna Deslions, des cheveux noirs opulents, magnifiques, des yeux de velours avec un regard qui est comme une chaude caresse, le nez un peu en chair, la bouche aux lèvres un rien entr’ouvertes, une superbe tête d’adolescent italien, éclairée de la coloration dorée de Rembrandt en ses têtes juives. […] Il est sans cravate, le col nu, la tête rasée, en vraie toilette de guillotiné. […] L’épigastre inquiet, la tête vide, le toucher émotionné, et pas le courage d’aller au-devant de la nouvelle.
On ne saura jamais par quelle bizarrerie nous nous surchargeons la tête d’un pareil fardeau. […] Un sauvage prendrait cela pour les têtes d’une douzaine d’ennemis appliquées l’une sur l’autre. […] Il est nue tête, on lui voit le cou et une partie de la poitrine ; voilà du goût. […] C’est quelque mauvais plaisant qui a conseillé à cette tête de chou de se faire mettre en marbre, cette matière, cet art qui est si grave, si sévère, qui demande tant de caractère et de noblesse.
Heureux ceux qui ne sont d’abord qu’une tête dans la foule, quand il est donné à cette tête de circuler librement dans cette foule, d’en visiter les replis et de la refléter tout entière ! […] La tête de Condé est bien connue ; mais, par un surcroît de conscience, je suis allé consulter les estampes de la bibliothèque Victor Cousin. […] Si l’on avait à imaginer quelque chef de bande idéal, le type même de l’aventurier et de l’homme de proie, c’est bien cette tête-là qu’on lui mettrait sur les épaules. C’est là proprement une tête d’aigle, comme celle de Mirabeau est une tête de lion, celle de Robespierre une tête de renard, celle de Louis XVI une tête de mouton. […] cette tête magnifique, extraordinairement expressive, M. le duc d’Aumale en a eu peur, et cela n’est pas bien pour un amateur et un collectionneur de tableaux.
Nous parlerons aujourd’hui de leur corruption, puisqu’on la nie, puisque, avec de certains ports de tête, on cesse d’être des courtisanes ! […] Cousin, et, malgré les adorations d’expression qui ne prouvent que l’état inflammatoire de la tête d’un homme, on ne les trouve pas. […] Il a pratiqué Mme de Chevreuse, et le grand seigneur, lui, ne perd pas la tête devant la grande dame. […] Le portrait de famille qu’il a fait graver en tête de son livre doit, du reste, être ressemblant. […] Elle manigançait de petites complications contre le grand homme qui était la tête de la France.
Ils n’avaient plus rien à disputer que leurs têtes. […] La tête craignait le bras, le bras craignait la tête. […] Robespierre leur avait arraché la tête de Louis XVI, cédée lâchement en échange de leurs propres têtes. […] Ce mouvement comprimé, elle baissa la tête en signe d’acceptation et monta sur la charrette. […] La tête de la reine tomba.
Ils plaçoient donc après la définition de chaque personnage, telle qu’on a coutume de la mettre à la tête des pieces de théatre et sous le titre de dramatis persone, un dessein de ce masque. […] mais les masques dont parle Phedre, étoient dans le même cas que la tête d’Esope. Ces masques couvroient toute la tête de l’acteur, et ils paroissoient faits pour avoir de la cervelle. […] En effet, ajoûte-t-il, le visage, et toute la tête étant renfermez sous la couverture du masque, de maniere que la voix ne sçauroit s’échapper que par une sortie qui est encore resserrée, il s’ensuit que la voix ainsi contrainte rend des sons plus forts et plus distincts. […] Ceux qui récitent dans les tragedies, dit notre poëte, se couvrent la tête d’un masque de bois, et c’est par l’ouverture qu’on y a ménagée, qu’ils font entendre leur déclamation ampoulée.
C’était cette vieille idée de la conquête, qui fait qu’un homme, à la tête de quelques hommes comme lui, s’empare d’un pays mal gouverné, malheureux, exploité par des corrupteurs imbéciles, et le pousse dans des voies de prospérité, d’intelligence et de gouvernement. […] Il fallait appuyer patiemment, tendrement, longuement, pour les faire mieux voir, sur toutes les lignes de ce profil si fier, de cette tête ardente, énergique et fatale. […] mais, avant, ta tête qui s’incline Aura longtemps saigné sous ton bandeau d’épine. […] Il a pris Gaston de Raousset dès son enfance, — le petit loup, comme les paysans appelaient cet enfant à la tête fauve, dont la fierté sauvage s’adoucit, mais ne plia jamais. […] Voilà qui valait mieux déjà que les vers de jeunesse qui, plus tard, devaient venir en cette tête plus poétique que poète.
Le tableau dans lequel plusieurs têtes et plusieurs expressions sont les mêmes, ne fut jamais fait d’après la nature. […] L’apôtre qui est auprès de lui semble plus âgé et montre la physionomie et la contenance d’un homme posé : aussi, conformement à son caractere, applaudit-il par un simple mouvement des bras et de la tête. […] Un autre philosophe qu’on juge à son air de tête un homme ferme et même obstiné, a le menton sur la poitrine : il est absorbé dans des reflexions sur les merveilles qu’il entend, et l’on croit s’appercevoir qu’il passe dans ce moment-là de l’ébranlement à la persuasion. Un autre a la tête panchée sur l’épaule droite, et il regarde l’apôtre avec une admiration pure, qui ne paroît pas encore accompagnée d’aucun autre sentiment. […] En étudiant ces auteurs, on se remplit la tête des fables et des histoires de leur païs, et l’on oublie difficilement tout ce qu’on peut avoir appris dans l’enfance.
Stapfer à la tête de son volume, il semble bien mieux qu’il ne dit. Sa tête ne manque pas de puissance. […] Figurez-vous un membre du clergé romain prêchant chez nous dans ce style, pétillerait-il de génie, quel coup de crosse de l’évêque diocésain ne recevrait-il pas sur la tête ! […] On roula sur un tas d’ossements, comme l’autre, cette nouvelle tête d’Yorick, de ce pauvre bouffon d’Yorick, dans laquelle avaient fleuri tant de pensées joyeuses et tendres, et ce ne furent pas les fossoyeurs de Shakespeare qui jouèrent à la boule avec cette tête de génie, ce furent, avec leurs mains sanglantes, des chirurgiens ! […] En deux mots, jugement très ferme et tête très saine, voilà ce qui me frappe en M.
Ce zodiaque tourne encore au-dessus de nos têtes. […] Peut-être a-t-il parlé dans les roseaux à Oannès, l’homme-poisson de la Chaldée, qui avait deux têtes, en haut une tête d’homme, en bas une tête d’hydre, et qui, buvant le chaos par sa gueule inférieure, le revomissait sur la terre par sa bouche supérieure, en science terrible. […] Il tâte sa tête par moments, comme s’il la cherchait. […] La poitrine où est le cœur a pour cap la tête ; lui, il a le phallus. […] Il hoche la tête, et il éclate de rire.
« — Ne dirait-on pas que les yeux lui sortent de la tête ? […] Elle leva la tête en haut comme au ciel, et je vis ses grands yeux bleus mouillés comme ceux d’une Madelaine. […] « Il haussa les épaules en penchant la tête (avec un air si doux, le pauvre garçon !) […] Jamais on n’en a tiré une parole, si ce n’est quand elle dit qu’on lui ôte ce qu’elle a dans la tête. […] Je lui en parlai un jour chez moi, tête à tête, sans approbation ni blâme.
une forte tête. […] ce n’est plus cela du tout ; elle a tout autre chose en tête. […] Le forestier ôta son bonnet et baissa la tête. […] Le pauvre diable baissa la tête. […] Nikolaï Ivanovitch baissa la tête.
Tâche d’avoir toujours la tête froide et les pieds chauds : c’est le précepte de la sagesse. […] — Sois tranquille, David, fit Kobus en se levant, ce vin-là ne vous montera jamais à la tête. […] C’est étonnant que le père Christel et la mère Orchel, qui n’ont pas quatre idées dans la tête, aient mis ce joli petit être au monde. […] Ces gens tournèrent la tête et dirent : « Bonjour, monsieur Kobus ! […] Elle, baissant les yeux, pencha la tête contre l’épaule de Fritz sans répondre.
Ils sont bien groupés, et leurs têtes sont belles. […] La tête en est coiffée dans le goût antique ; elle est bien dessinée. […] Pour trouver le geste et la tête d’un homme qui commande au soleil, il faut y rêver longtemps. […] Monsieur de La Grenée, je vous parle avec franchise, parce que je vous aime, et que je suis content de votre Susanne, mais très content : Si vous m’en croyez, vous vous en tiendrez aux tableaux de chevalet, et vous laisserez-là ces énormes compositions qui demandent de grands fronts et quelqu’une de ces têtes énormes que Raphaël, le Titien, Le Sueur ont portées sur leurs épaules, et dont Deshays a quelques traits.
Sa tête est un peu inclinée vers la terre, ou plutôt vers Pigmalion qui est à ses pieds. […] Combien de malice dans la tête de cet Amour ! […] Toute belle que soit la figure du Pigmalion, on pouvait la trouver avec du talent ; mais on n’imagine point la tête de la statue sans génie. […] Cependant au premier coup d’œil le cou de la statue me parut un peu fort, ou sa tête un peu faible.
Vendredi 27 juillet Longue promenade en voiture dans la forêt de Sénart, en tête à tête avec Daudet. […] Alors il se lançait avec son domestique à sa poursuite, espérant le prendre en haut, où il y avait un petit vide dans la ronce, mais là l’homme surgissant soudain, piquait une tête dans le dévalement de la ronce de l’autre côté, piquait une tête comme dans une rivière, sans que Clemenceau pût voir sa figure… Des années se passaient. […] En tête, est imprimée cette ligne d’une poésie : Le vent du printemps, qui a passé sur les fleurs des pruniers, parfume ses cheveux, semblables à des brindilles de saule. […] Octave Mirbeau, dessiné à la plume par Rodin (1894), sur un exemplaire de : Sébastien Roch, deux profils et une tête de face, dont la construction est d’un puissant manieur de glaise. […] Robert de Montesquiou, peint à l’huile par de la Gandara (1893), sur un exemplaire du beau livre des : Chauves-souris, portrait rendant la silhouette et le port de tête du poète.
Parce qu’il y a eu un Saint-Simon qui a fait des mémoires sublimes, voilà que la folie des mémoires prend toutes les têtes et qu’on les croit tous sublimes, de cela seul qu’ils sont des mémoires ! […] Il y aura peut-être un jour dans la famille de Luynes quelqu’un qui osera prendre sur sa tête — une tête de génie… — de répondre à cette grande question ! […] Sainte-Beuve, d’un si spécial génie, n’a pu tirer pourtant (c’est significatif) que deux anecdotes de ces quatre immenses volumes, dont l’une, je crois, sur Louis XIV, qui, ennuyé du joug qu’il faisait porter aux autres et à lui-même, jetait parfois, pour se divertir, des oranges à la tête des dames, à souper, lesquelles lui envoyaient des pommes et parfois même des salades avec leur huile ; gaminerie piquante par son contraste avec la pose éternelle du grand roi ! […] Sainte-Beuve trouve dans le duc de Luynes la complète certitude qu’il fut un temps où l’on dînait le chapeau sur la tête. […] Effectivement, le chevau-léger, à la tête de la troupe, battit encore les ennemis. » Certes, c’est charmant d’héroïsme ; c’était perdu, et puisque cela est retrouvé, c’est nouveau.
Ceux-là tous qui, pour une raison ou pour une autre, ont mis le bout de leur plume dans ce périlleux sujet d’histoire, en ont reçu à la tête un tel coup qu’ils en ont perdu l’équilibre, qu’ils en ont été plus ou moins terrassés. […] Ce fut celle de la loi du 22 prairial, sortie, toute, de la tête de Robespierre. […] On le trouva, à l’Hôtel de Ville, la mâchoire brisée, son habit violet déchiré, ses culottes nankin avalées, ses bas de coton sur ses talons, souillé, sanglant, vautré sur une table où il venait d’écrire, et après l’avoir un peu lavé, un peu pansé, tout en l’insultant, on le jeta, ce reste vivant d’homme, au bourreau, qui coupa comme il put cette tête fracassée, et telles furent, en mourant, la grâce et la décence de ce magnifique gladiateur de l’Égalité ! […] Et le travail qu’il a fait sur le cœur, il l’a fait aussi sur la tête. Il l’a ouverte aussi, cette petite tête vaniteuse et vipérine, grosse et verdâtre comme un œuf de canard, et il a montré que cette tête n’avait qu’une pincée de cervelle, et qu’en fin de compte cet homme, colossalisé par ses crimes et par les partis, cet homme — la terreur de la France !
tenir tête à l’ennemi. » Les coups d’épée tombaient pressés sur son corps. […] Mais aussi il l’a payé cher, je veux bien vous le dire: de ma main je lui ai abattu la tête. […] Avant de délier le heaume, on brisa le bois qui avait pénétré dans sa tête. […] Vous affirmiez que vous vouliez, seul, me tenir tête dans un combat. […] On lui coupa la tête ; elle la porta par les cheveux devant le héros de Troneje.
Les trois têtes les plus fortes de la Révolution française sont des têtes de tonsuré, comme dirait agréablement la Philosophie. […] À prendre la tête du mouvement populaire, le gouvernement ne descendait pas. […] Mais la plus forte tête vivante du xixe siècle pensait encore. […] Il l’a montré passé la ceinture, — de la tête aux pieds, de cette tête orgueilleuse de génie jusqu’à ces pieds de bête impure qui relevaient cyniquement sa robe de docteur ! […] Elle ressemble à son cœur, qu’il ne portait pas dans la tête, où les hommes d’État, a dit l’un d’eux, doivent mettre leur cœur.
On le percevait à peine, en appliquant sa tête contre sa poitrine. […] Et à onze heures, tout le monde se lève et s’en va, Hugo mettant sur sa tête un vieux chapeau de Castelar, que l’Espagnol lui a laissé en place d’un plus neuf. […] Et le reste du temps, un état trouble de la tête ne me permettant pas de travail, ou ne produisant que du mauvais travail. […] « Arnaud de l’Ariège, c’est une tête d’ascète, de croisé, — s’écrie Robin, avec dans la voix une colère amusante — oui, lui, un convaincu, un sincère… mais de Broglie, allons donc, c’est une tête d’épervier déplumé, sans circonvolutions, sans une circonvolution ! […] Alors la tête travaille et enfante.
si c’est là le prix qu’exige le ciel pour nous épargner, qu’il nous tue tout de suite ; qu’il nous ensevelisse tous les quatre ensemble dans le tronc de l’arbre que ces bourreaux de bûcherons vont abattre sur nos têtes ! […] Ma pauvre sœur, prenant la tête ensanglantée de Fior d’Aliza sur ses genoux, étancha le sang que sa chute sur la racine faisait égoutter de sa tempe. […] Quant à moi, je mis ma tête aveugle entre mes deux mains, sur mes genoux tout tremblants, et je pressentis confusément de grands malheurs. […] Le chevreau qu’elle portait encore, la tête renversée sur son épaule, expira sur ses genoux en entrant à la maison. […] Et je me mis à pleurer et à prier Dieu en retombant, la tête sur mon lit, noyée dans mes larmes.
Mais s’ils l’avaient exprimée, cette poésie de la Pauvreté, ce n’avait guères été qu’en passant, par traits détachés, par éclairs, en quelques groupes ou en quelques têtes flambant de génie, dans un coin de livre ou de tableau… Qui les avait vues, ces têtes, les avait contemplées ; qui les avait contemplées ne pouvait plus les oublier. […] Il faut convenir que cette idée ne pouvait venir qu’à une tête poétique, et je dirai plus : — à une âme profonde. […] Seul, ce rayon de Dieu leur tombant sur la tête, plus chaud et plus magnifique que le soleil de Murillo, a éclairé les gueux et les a idéalisés. […] Richepin, quand il s’efforce et donne d’une tête de bélier enragé contre tout. […] Elle a l’angoisse de l’homme qui s’est brisé la tête contre le Sphinx sans mot des choses.
… Ôtez ce coup de guillotine, luisant, maintenant, pour jamais, sur cette tête de Chénier qui renvoie à la guillotine sa lumière ; ôtez le mot immortel : « J’avais quelque chose là », et tout est dit pour l’éternité ; vous n’avez plus rien à raconter. […] L’Aveugle (Homère), Le Mendiant (Lycus), la partie de l’œuvre intitulée les Églogues, frappèrent tout le monde à la tête, et la tête de presque tout le monde garda si bien l’impression du coup qu’aujourd’hui c’est s’aventurer que de dire tardivement et hardiment comme je le dis : le meilleur de la poésie d’André Chénier n’est pas là ! […] La guillotine qui lui coupa la tête brisa le carquois de colère qu’il allait vider dans les cœurs maudits qui envoyaient la France entière à l’échafaud. […] cette beauté du poète, que l’édition actuelle, avec les appesantissements et les vulgarités de sa notice et les têtes d’épingles d’érudition de ses notules, n’a pas assez respectée. La notice a descendu l’idéale figure d’André du piédestal qu’il avait dans nos têtes et l’a mis de niveau égal avec tous ceux qui font péniblement de la littérature, et les notules, qui bourrent et surchargent ce livre ailé et envolé depuis longtemps dans sa gloire, nous montrent trop le poète rongé par le versificateur et par l’érudit.
Sur celui-là, sur cette tête crépue de Samson, la civilisation, cette Dalila, a déjà mis cette affreuse main qui coupe la force ; demain elle y mettra les ciseaux ! […] En vain est-il écrit avec cette furie de coloris qui fit de Balzac, en ses derniers écrits, quelque chose comme un Tintoret, d’une exaspération sublime, ce n’est, après tout, pour qui veut conserver son sang-froid devant cette magie, que la satire en action d’un colossal Archiloque qui avait au ventre une peur égale à celle de Pascal pour l’enfer, devant le « Robespierre aux cent mille têtes » et le communisme futur ; mais ce n’est pas la vérité ! […] Les paysans dont le beau roman de M. de La Madelène fait l’histoire sont, nous l’avons dit déjà, ces robustes et lestes paysans du Midi, bruyants, extérieurs, ivres de leur force, têtes de poudre et de foudre, capables de tout dans un moment donné, et dont la gaieté est une turbulence encore. […] » et qui n’ait pas sur le cœur un vautour comme Prométhée, mais une colombe ; après avoir donné une si magistrale saillie à ce Marius Tirard, le maire de Lamanoc, une tête qu’aurait admirée Walter Scott ; après nous avoir épinglé cette vieille Mlle Blandine, travaillée comme les dentelles rousses de son corsage, Mlle Blandine, un type de vieille fille nouveau, quand ils sont tous usés, les types de vieilles filles ! […] Il a le regard transparent, et peint la tête dans la lumière, y mettant la passion elle-même, dans cette lumière, quand il la peint furieuse et sauvage.
Le silence, gardé deux siècles durant, sur l’un des plus fiers livres qu’ait produits non le génie d’un homme, mais le génie des hommes, était en vérité par trop honteux, et c’est être délivré de la honte que d’être autorisé à en parler aujourd’hui, sans qu’on vous jette une soutane sur la tête pour mieux enterrer vos admirations arriérées ! […] » peut se dire l’Académie avec un orgueil moins cruel, elle qui, aujourd’hui, la main étendue sur la tête de M. Jourdain, son lauréat et l’interprète de sa pensée, nous assure solennellement que saint Thomas d’Aquin, toute réflexion faite, avait vraiment de la philosophie dans la tête, quoiqu’il fût… un théologien ! […] fut un philosophe plus et mieux que Kant et Hegel, par exemple, les Veaux non pas d’or, mais d’idées, de la philosophie contemporaine ; montrer qu’on peut très bien dégager de son œuvre théologique une philosophie complète avec tous ses compartiments, et que le monde d’un instant qui l’a pris pour une tête énorme, ce grand Bœuf de Sicile dont les mugissements ont ébranlé l’univers, ne fut dupe ni de l’illusion ni de l’ignorance, demander enfin pardon au dix-neuvième siècle pour une telle gloire, voilà le programme de l’Académie et le livre de son lauréat. […] Saint Thomas d’Aquin ne serait donc qu’un tome second d’Aristote, si le théologien, l’homme de la science surnaturelle, ne le frappait pas tout à coup d’une différence sublime, — empreinte éternelle qui empêchera désormais les siècles de confondre cette tête rase de moine avec la tête aux cheveux courts de la médaille du Stagyrite.
Il faut prendre au pied de la lettre ce mot tracé par l’auteur, non par l’éditeur, à la tête de ce volume. […] Pour notre compte, nous n’aimons pas beaucoup ces titres spirituels qu’il faut expliquer par une préface et qu’on met à la tête de ces choses si simples et qui pourraient être si grandes : — des vers. […] Il n’avait pas seulement, comme tous les romantiques du temps, fait ses humanités dans Shakespeare et bu dans la coupe Tête de mort où lord Byron avait laissé le sang de ses lèvres pour sa peine d’avoir osé jouer avec la douleur ! […] Parti de lord Byron avec la fougue que lord Byron communique à tous ceux qui l’aiment, il a fini par aboutir, dans son ralentissement d’ardeur, à Gray et à sa mélancolie ; mais, dans ce détiédissement d’un rayon qui n’est plus que doux et qui avait été brûlant, il n’a jamais dépouillé cet air que j’appelle l’air poétique anglais, et qu’il a encore dans les cendres de son Couvre-feu quand il caresse la tête de ses deux enfants et qu’il rabat jusqu’à eux et à leur souvenir cette hautaine idée de la gloire comme nous l’avons dans la jeunesse. […] Lui ne mourut pas ; il revint blessé, mais l’âme guérie, et ses Confidences nous retracèrent, avec la flamme qui ne sort jamais qu’une seule fois du volcan de la tête d’un homme, les douleurs de cet amour affreux qu’il noya enfin dans l’hémorragie des blessures.
La tête blanche de Hugo, dans un capuchon, domine derrière le cercueil ce monde mêlé, semblable à une tête de moine batailleur du temps de la Ligue. […] Nous nous risquons à les regarder de notre balcon, quand une balle vient frapper au-dessus de nos têtes. […] Il y a dans les moellons, des encoches comme la tête d’un enfant. […] Quelques femmes se couvrent la tête de leurs jupons relevés. […] Sa tête n’a pas un cheveu blanc de plus, son paletot une tache de moins.
On précisait : un chaud et froid contracté à la sortie d’une des séances de la Haute-Cour ; un érysipèle de la face ; trois jours de maladie, de cauchemars, de fièvre délirante, puis soudain le réveil d’une conscience abolie, un regard douloureux qui se reprend et qui jette une dernière lueur consciente sur les êtres chers qui vous entourent, comme pour leur demander pardon de les quitter ; des mains hâtivement pressées dans la chaleur d’une rapide étreinte, d’un adieu suprême, puis la tête qui retombe… et… plus rien ! […] On plaint ceux des assistants qui vont être obligés de tenir les cordons du poêle et d’affronter la rafale, tête nue. […] Les fiacres et les tramways nous éclaboussent au passage d’une gerbe de boue, On marche voûté, la tête en avant, comme à l’assaut, pour lutter contre la tourmente. […] Au-dessus de la file des dos courbés, c’est, en tête, l’éternel cahot du corbillard et la danse obstinée d’une énorme couronne dont le vent pille les fleurs, au point qu’elle commence à montrer des coins de carcasse nue. […] Sans fortune, n’ayant pour vivre qu’un modeste emploi, quelque part dans un ministère, il s’était mis tout à coup en tête d’éditer à ses frais les poètes inconnus, et le plus extraordinaire c’est qu’il arrivait à vendre ses volumes, mais il voulut aller trop vite.
Mais, léger comme l’esprit même, si dangereux quand il est seul dans la tête d’un homme, nerveux comme une femme encore plus que comme un artiste, proie sans résistance du milieu embrasé dans lequel allait flamber et pétiller sa jeunesse, Camille était de tous les hommes à la fois le plus armé et le moins armé pour cette guerre civile de la presse, à laquelle il dévoua sa vie et pour laquelle il la perdit. […] Sybarite littéraire, élevé littérairement, il n’avait, pour résister aux dures épreuves des révolutions, dans la tête et dans le cœur que de la littérature. […] Depuis le fameux jour, qui fut son destin, où il planta sur l’oreille de sa petite tête, vaniteuse et éventée cette cocarde verte de l’insurrection dont il fut l’enfant trouvé et gâté, jusqu’à l’autre jour, trop tôt venu, où il se fit couper la dernière mèche de cheveux pour sa Lucile sur cette tête qui allait tomber, il eut toujours les yeux en larmes… Sheridan appelait Pitt, pour le faire sortir de ses gonds, l’enfant colère… Mais la colère de cet autre enfant-ci avait des pleurs ! […] Voyez-le raconter, dans une de ses lettres à son père, la chasse donnée pendant SIX heures, dans le carré du Palais-Royal, à un malheureux agent de police reconnu par dix mille bourreaux (c’est lui qui donne le chiffre), lesquels le jettent dans le bassin, le daguent de la pointe de leurs cannes, et lui mettent un œil hors de la tête ! […] il l’était, comme les nerveux, comme les voluptueux, comme tous les esprits égoïstes et superficiels, qui sont sensibles, mais qui peuvent être horribles, Je tout par sensibilité… Camille Desmoulins, ce léger d’esprit, cette mauvaise tête et ce bon cœur (la phrase du vaudeville !)
Moi qui voyais qu’il disait la vérité, et qui avais déjà fait le sacrifice de ma vie, je secouai ma tête, en lui disant que je me serais défendu jusqu’à la mort. […] Comme cette tête était fort avancée, je l’avais découverte par un peu de vanité, pour la laisser voir au public. […] Après m’avoir entendu, il me quitta en branlant la tête. […] Je vis d’abord la tête de Méduse, parfaitement coulée, ce qui fut favorisé par les ventouses dont j’avais parlé au duc. […] — Vous trouverez beaucoup d’hommes, lui répondis-je en baissant la tête, qui vous en feront ; mais pour des Persées, non ; et je m’en allai.
Nul autre que Fingal, nul autre que le roi des Collines-Orageuses ne peut faire tête à Swaran dans les combats. […] Sa chevelure tombe de sa tête en ondes de flammes, lorsque, penché en avant, il agite sa lance. […] Ils sont comme deux nuages, et leurs épées brillent comme l’éclair au-dessus de leurs têtes. […] À leur tête marche leur roi dans l’appareil effrayant de ses armes. […] … C’est lui qui va marcher à votre tête : il faut que sa gloire devienne célèbre dans nos chants.
La tête d’un Langrois est sur ses épaules comme un coq d’église au haut d’un clocher ; elle n’est jamais fixe dans un point ; et si elle revient à celui qu’elle a quitté, ce n’est pas pour s’y arrêter. […] Le port de sa tête alors prenait « beaucoup de noblesse, d’énergie et de dignité ». […] Cette attitude était tout le contraire de celle de Diderot, qu’on se représente la tête en avant, les bras tendus, la poitrine ouverte, toujours prêt à être hors de lui et a vous embrasser, pour peu que vous lui plaisiez, à la première rencontre. […] La tête de Psyché devrait être penchée vers l’Amour, le reste de son corps porté en arrière, comme il est lorsqu’on s’avance vers un lieu où l’on craint d’entrer, et dont on est prêt à s’enfuir ; un pied posé, et l’autre effleurant la terre. […] Voyez la vérité des détails de ces doigts, et ces fossettes, et cette mollesse, et cette teinte de rougeur dont la pression de la tête a coloré le bout de ses doigts délicats, et le charme de tout cela.
Il trouva le temps de vivre tête à tête avec sa pensée, de tirer de son cerveau et de son cœur tout ce qu’il y avait de génie, et de le verser dans des œuvres qui maintenant ne périront pas ! […] On savait bien que le tourbillon d’une politique qui prenait la France aux cheveux au temps de Rivarol, faisait tourner toutes ces folles têtes qui allaient tomber. […] Cette tête irlandaise, — exagérée comme toute tête irlandaise (toutes têtes de poètes !) […] Mais, tout interrompue qu’elle ait été, cette histoire ne frappa pas uniquement, pour la féconder, que la tête politique et puissante de Burke. Elle eut le triste honneur de frapper également la tête hébétée d’un gouvernement éperdu, qui demanda toujours à tout le monde un secours dont il ne sut jamais se servir, depuis Pezay jusqu’à Mirabeau !
Le tabellion est vêtu de noir, culotte et bas de couleur, en manteau et en rabat, le chapeau sur la tête. […] Elle a la tête portée sur une de ses mains, et lance sur les fiancés des regards curieux, chagrins et courroucés. […] On peut reprocher à Greuze d’avoir répété une même tête dans trois tableaux différents. La tête du père qui paye la dot est celle du père qui lit l’Ecriture sainte à ses enfants, et je crois aussi celle du paralytique, ou du moins ce sont trois frères avec un grand air de famille. […] Je ne sais si la tête de cette sœur n’est pas aussi celle de la Blanchisseuse.
Delacroix a envoyé cette année quatre tableaux : 1° La Madeleine dans le désert C’est une tête de femme renversée dans un cadre très-étroit. […] Nul, à moins de la voir, ne peut imaginer ce que l’artiste a mis de poésie intime, mystérieuse et romantique dans cette simple tête. […] — L’an passé, nous avons vu de lui, aux galeries du boulevard Bonne-Nouvelle, une tête d’enfant qui nous a rappelé les meilleurs morceaux de Lawrence. […] La tête, romantique et doucement pâle, se détache sur un fond gris, encore plus pâle autour d’elle, et qui, se rembrunissant vers les coins, a l’air de lui servir d’auréole […] Flandrin, une simple tête qui nous a rappelé ses bons ouvrages.
Ce descendant des Condé (ne marchandons pas les mots), en s’associant pour la vie une telle compagne, avait, donc mis la tête sous un joug avilissant. […] C’était donc, à tous égards, une résolution inexplicable que celle qui, après dix ans d’une pareille oisiveté, le plaçait pour la première fois à la tête d’une armée et dans des conditions aussi critiques que celles d’alors. […] Les jeunes têtes de l’armée trouvaient qu’on y mettait trop de lenteur, et il fut bientôt décidé, entre Mme de Pompadour et l’abbé de Bernis, que le maréchal d’Estrées serait remplacé par Richelieu. […] La tête d’une société est bien malade quand elle prend pour son idéal de pareils Don Juans, dont le vice surtout est contagieux. […] C’était l’illustre Pitt qui, arrivé au pouvoir, avait persuadé au roi d’Angleterre de mettre le due Ferdinand de Brunswick à la tête de l’armée des alliés et de le demander au roi de Prusse, afin d’abolir toute trace d’une Convention honteuse.
Cette maison a une fenêtre sans rideaux, où, à travers la vitre, on voit une tête d’Antinoüs en plâtre, et un chandelier représentant un gendarme en carton-pierre colorié, avec une chandelle fichée dans la tête. […] J’en vois passer un autre, son pauvre mouchoir noué sur la tête, un édredon vert sur les jambes. […] Elle est en cheveux, les cheveux tignonnés en couronne ou plutôt en moule de pâtisserie, au haut de la tête. […] Je le vois remonter sur les épaules de quatre hommes, inerte ; la tête bringue-ballante. […] Ça a été abominable, cette pauvre petite poule voletant, un moment, dans le jardin, sans tête.
Nul artiste, en effet, nul penseur, ne tire de sa tête, si riche qu’elle soit, la notion de l’élégance à l’état pur. […] Enfin, pour citer Balzac lui-même à Balzac, les têtes les plus étonnantes de sa Comédie humaine, celles dans lesquelles il a versé le plus d’intelligence, sont des têtes de dandys. […] Le dos de cet homme, ainsi retourné, vaut un visage, et son casque, qui masque sa tête, vole en éclats, crevé par deux cornes qu’il semble qu’on voit croître, tant elles s’élèvent dru sur ce front fécondé ! […] Il a des manières de faire flotter des plumes sur la tête qui dispensent de la tête ! […] Faute capitale, car toute l’édition, si bien faite qu’elle soit d’ailleurs ultérieurement, en répondra sur sa tête, c’est-à-dire sur son succès !
Le vêtement rouge du fils de l’homme est jetté à droite sur une balustrade qui règne autour de la composition, et au-delà de laquelle il y a une foule de spectateurs hideux et cruels, dont on n’apperçoit que les têtes. […] Si ce n’est pas une mauvaise plaisanterie, Bounieu est un artiste sans tête et sans ressource. […] Vous n’avez pas une idée dans la tête. […] Sa tête n’est pas mal, en comparaison du reste, c’est celle d’un joli petit ange ou d’un petit amour, tant les traits en sont formés. […] La tête et la poitrine de la peinture sont comme d’un ancien maître.
Par la baie d’une porte ouverte, un garçon étendant un tapis sur un billard, et derrière lui un autre entrant dans la pièce avec un matelas roulé sur sa tête. […] Dans la rue quelques gamins à la tête gouailleuse de blagueurs de paradis, mêlés à de misérables filles qui raccrochent en bonnet et en pèlerine noire jetée sur une robe de coton. […] Ses regards se croisaient sur le bois qu’il dessinait… puis c’étaient des douleurs soudaines, comme si on lui tirait des coups de fusil à travers la tête. […] Nous avons une maladie dans la tête. […] L’une, un squelette ; la seconde, un corps de phtisique portant une grosse tête ridicule ; la troisième, une statue de marbre noir.
Oui, je le revois son doux et triste visage, un jour de mon enfance, où bien malade à la suite d’une coqueluche mal soignée, j’étais couché dans son grand lit, et où penchée sur moi, elle avait près de sa tête, la tête de son frère Armand, la jolie et aimable tête fripée d’un ancien officier de hussards : — car ils étaient presque tous des soldats, dans nos deux familles— quand soudain — moi ne comprenant pas bien — après avoir rejeté le drap de dessus la maigreur cadavérique de mon pauvre petit corps, elle tomba dans les bras de son frère, en fondant en larmes. […] Dans cet escalier de marbre, je vois tirés par les pieds, les deux gardes du corps, décapités en bas, et dont les têtes furent frisées au bout des piques, qui les portaient. […] Sa tête était tombée sur des épreuves fraîches du dictionnaire de Robert Estienne, qu’il corrigeait, et la sueur de la mort avait imprimé quelques caractères des épreuves sur son front. […] Daudet confessait, qu’après le four de Lise Tavernier à l’Ambigu, il avait été drôle comme tout, à un souper distingué, original, qu’avait donné son beau-père, mais après, quand il s’était trouvé tête à tête avec sa femme, il avait été pris d’une crise de nerfs, et, ma foi, qu’il avait pleuré, pleuré comme un enfant. […] Un intelligent haut de tête, des yeux clairs et voluptueux, un petit nez droit, un grain de beauté jeté au beau milieu d’une joue rose.
J’ai la tête comme si on y rangeait un musée de toiles et de marbres… Je m’en vais tâter le pouls aux lettres dans les petits journaux. […] Je m’ennuie avec les quelques idées monotones et ressassées qui me passent et me repassent dans la tête. […] Avez-vous vu ces têtes ? […] J’entendais l’un, un jeune blond, à la tête bonasse, s’écrier en tapant sur sa poitrine : « Ce n’est point une poitrine que j’ai là, c’est un mur ! […] Et hanchant coquettement, elle tient au-dessus de sa tête, entre ses deux mains, toute une rangée de livres.
Elle est dans ce qui nous faisait tourner la tête, quand nous avions une tête à tourner. […] écrit ce livre pour défendre ce charme des femmes, menacé par elles-mêmes, et dans l’intérêt des têtes qu’après, elles pourraient tourner encore…… Votre très dévoué et très respectueux, Jules Barbey d’Aurevilly.
Et celle d’Orphée, promenant ses doigts sur sa lyre, et suspendant par ses accords harmonieux le travail des Danaïdes, le rocher de Sisyphe, la roue d’Ixion, les eaux du Cocyte ; récréant les serpents sur la tête des Euménides ; attirant Cerbere qui vient lui lécher les pieds ; répandant un rayon de sérénité sur le front sévère du monarque souterrain ; arrachant l’urne fatale des mains de l’inflexible Rhadamante, et arrêtant les fuseaux des Parques qui en ont oublié de filer ? […] La tête d’Euridice est sotte, ses pieds et ses mains sont mal dessinés ; mais la couleur de toute la figure fait plaisir. […] On aperçoit seulement vers le fond quelques sommets de têtes. […] Il le paiera de sa tête.
Si l’on a appauvri l’architecture en l’assujettissant à des mesures, à des modules, elle qui ne doit reconnaître de loi que celle de la variété infinie des convenances, n’aurait-on pas aussi appauvri la peinture, la sculpture et tous les arts enfants du dessin, en soumettant les figures à des hauteurs de têtes, les têtes à des longueurs de nez ? […] Un bossu est bossu de la tête aux pieds. […] Si vous tentez l’apothéose du grand Henri, exaltez votre tête ; osez, jetez, tracez, entassez tant de figures allégoriques que votre génie fécond et chaud vous en fournira ; j’y consens. […] Mais il vous vient en tête de transformer votre lingère en Hébé ?
Le nom de Félicité est inscrit au-dessus de sa tête. […] Sa tête, tournée vers Cérès, exprime une attention religieuse. […] Cette fois Marc-Aurèle va combattre lui-même en tête des légions. […] La pierre philosophale ne valait-elle pas une tête de rebelle ? […] Il jouait avec les têtes qu’il faisait couper.
* * * Frémiet me racontait que Rude s’amusait à mettre, à côté de la belle tête du cheval de Phidias, la tête d’un cheval de fiacre, et qu’il faisait observer que c’était la même chose, que seulement la tête du cheval de fiacre était encore plus belle. […] Les têtes sont hideuses, avec des gaudissements, des jovialités qui font peur. […] L’un surtout avait une tête taillée à la serpe, la tête grossière et rude d’un carrier, avec des moustaches de sergent de ville, et des yeux durement brillants : « Quand nous sortons de l’école, a-t-il dit, nous sommes comme un fil de fer. […] vous, vous vous creusez la tête pour trouver le mystère de la nature, mais vous ne le trouverez jamais ! […] Elle a son chapeau sur la tête.
On en voit la tête de face, et le corps de deux tiers. La figure est un peu raide et droite, fichée comme elle l’aurait été par le maître à danser, position la plus maussade, la plus insipide pour l’art, à qui il faut un modèle simple, naturel, vrai, nullement maniéré, une tête qui s’incline un peu, des membres qui s’en aillent négligemment prendre la place ordonnée par la pensée ou l’action de la personne. […] Le bleu fort de ce mouchoir de soie qui lui ceint la tête est un peu dur et nuit à l’harmonie.
. — Cas des enfants que l’on habitue à calculer de tête, — Mathématiciens précoces. — Cas des joueurs d’échecs qui jouent les yeux fermés. […] L’halluciné prétendit alors qu’il ne voyait plus le corps du squelette, mais que la tête était encore visible au-dessus du corps du médecin ». […] Bientôt un fragment de la sensation reprend toute sa prépondérance ; une jambe ou une tête de fantôme disparaît, par la réapparition du morceau de meuble qu’elle cachait. […] Il faut que sa tête soit rendue à Paris à six heures. […] À mon réveil, je me suis senti la tête complètement débarrassée, tout en me rappelant parfaitement ce qui s’était passé.
Schœlcher, une tête de casse-noisette, non le casse-noisette méchant, mais le bon. […] Il n’y a de désapprobateur dans la salle, que la grosse tête de Sarcey jouant l’ennui. […] À quelque temps de là, à une représentation du Théâtre-Français, il tombait, dans un coin, sur la bonne tête et la grosse lippe de Dumas, qui s’offrait à lui montrer les coulisses. […] Avant le dîner, pendant que je suis en tête à tête avec Daudet, il laisse échapper son étonnement admiratif des trois dialogues philosophiques, que va publier son fils, y trouvant, ainsi qu’il le dit, les extériorités de son père, et les intuitions de sa mère. […] Voilà une heure et demie, que le boa cherche la tête de l’agneau, distrait, dit l’homme Jardin des Plantes, par le monde qui l’entoure.
» Nous causons des femmes qu’il a vues danser, et nous lui demandons s’il en a fait des croquis. « Non, non, mais je les ai emportées dans ma tête. […] * * * — Certains mots d’une méchanceté sublime sont donnés à des femmes sans intelligence : la vipère a la tête plate. […] Il n’y a personne chez nous pour se mettre à la tête de l’opposition ! […] Je regarde et je vois un homme de quarante ans, le haut du corps soulevé par des oreillers, un tricot brun mal boutonné sur la poitrine, les bras tendus hors du lit, la tête un peu de côté et renversée en arrière. […] Elles ont été à un lit, la sœur à la tête, la bonne au pied et élevant la chandelle en l’air.
et elle a jeté sur la tête de tout le monde le poids d’un génie écrasant, qui a écrasé ceux qui le niaient ou qui voulaient le diminuer. […] Ses lettres vous font assister à cette incroyable vie de luttes et de travaux sortis de cette tête inépuisablement féconde, dont on peut dire que, positivement, elle vomissait des chefs-d’œuvre comme la Terre vomit ses fleuves ! […] Moi, j’aurai porté toute une société dans ma tête… Autant vivre ainsi que de dire tous les soirs : pique, atout, cœur, ou de chercher pourquoi madame une telle a fait telle ou telle chose. » Et cette fière ambition de Balzac n’a pas été une rêverie vaine. […] Madame de Hanska est entrée dans le génie et dans la gloire de Balzac, comme elle était entrée dans son cœur… C’est elle qui a, sans doute, autorisé l’impression et la publication des lettres du grand homme qui avait mis, avec une si docile tendresse, sa tête de lion sous sa main. […] Il paya de ses veilles et de son sang, qu’il brûla dans une inspiration dont il entretint l’incendie, le petit pavillon d’or qu’il voulait étendre sur la tête adorée… Mais c’est toujours l’histoire de Chanaan !
Nous verrons que le signe même de dénégation et le signe d’affirmation sont des mouvements de la tête pour s’écarter de l’objet, on pour s’approcher de l’objet nutritif. […] Laura Bridgman, quoique aveugle, sourde et muette, presque privée du goût et de l’odorat, fait des gestes instinctifs, penche la tête pour affirmer, la secoue latéralement pour nier ; elle hausse les épaules, etc. […] Chez l’homme, ce mouvement, joint à l’inclinaison de la tête en arrière, marque le ricanement de défi ou de souverain mépris, quoique nous n’ayons plus l’intention d’attaquer l’ennemi à coup de dents. […] S’il y a une émotion un peu plus violente, l’inclinaison de la balance du côté de la tête peut persister de cinq à dix minutes. […] Chez les animaux supérieurs, sortes d’états très centralisés, la concentration de la conscience dans la tête ne fait qu’obscurcir le rudiment de sensibilité qui doit subsister encore dans les autres parties.
J’ai vu les Aïssaouas, pendant des quarts d’heure qui semblaient des heures très longues, secouer leurs têtes comme des loques au-dessus d’un brasier, avec des miaulements lamentables… Mais ces têtes étaient charmantes, mais ces cris étaient doux et berceurs comme le bruissement des feuilles, comparés aux cris et aux têtes des acteurs du théâtre annamite. […] Musique de tortionnaires, faite pour accompagner l’agonie des prisonniers à qui l’on a enfoncé des roseaux pointus sous les ongles, ou dont on a introduit la tête dans une cage hermétiquement close, laquelle contient un rat, — un joli rat aux dents pointues pour vous grignoter les lèvres, le nez, les yeux, lentement, avec des pauses… Ce qui fait de ces misérables un objet d’horreur vraiment douloureuse, c’est qu’ils ne sont pas seulement affreux, ils sont grotesques.
Il vit les Miniatures de Venevault ; il avança la lèvre inférieure, hocha de la tête, et se tut. […] En effet, si vous vous en souvenez, la tête de l’Adam est du plus antique et du plus grand caractère ; la figure de la fille est large et belle ; cette femme échevelée sur le fond, jointe à l’horreur du paysage qui l’entoure, fait frissonner. […] Eh bien, ce Bachelier avait pourtant cela dans sa tête.
Il y a quelques têtes de juges qui ne sont pas mal. […] On l’aurait vue de la tête aux pieds. Lorsque l’orateur eût écarté le voile qui couvrait sa tête, on aurait vu ses belles épaules, ses beaux bras, sa belle gorge, et par son attitude je l’aurais fait concourir à l’action de l’orateur au moment où il disait aux juges : Vous qui êtes assis comme les vengeurs des dieux offensés, voyez cette femme qu’ils se sont complu à former, et, si vous l’osez, détruisez leur plus bel ouvrage.
Sa chère épouse reprend le chemin de sa maison, mais en retournant souvent la tête et en versant d’abondantes larmes. […] Diomède dormait aussi sur la peau d’un bœuf sauvage, et sous sa tête était enroulé un tapis aux couleurs éclatantes ! […] Jupiter, en les contemplant, est attendri de pitié ; il secoue la tête et dit dans son cœur : « Ah ! […] Il jure à ses soldats qu’il ne célébrera pas les funérailles de Patrocle avant de lui avoir rapporté les armes et la tête d’Hector. […] Un nuage de poussière, ramassé de ses propres mains pendant qu’il se roulait à terre, couvre sa tête et ses épaules.
Ce sont des rémouleurs qui travaillent toute la journée, à plat ventre, aiguisant des pièces de coutellerie, sur une petite meule placée au-dessous de leur tête. […] C’est curieux cette tête, à l’ovale ramassé, aux yeux retroussés, aux grosses lèvres, et qui a quelque chose de féminin qu’il doit à sa coiffure ; et à deux mèches de cheveux, lui faisant des espèces d’accroche-cœurs aux tempes : tête tantôt égayée de vrais rires d’enfant, tantôt s’enfermant dans un sérieux, mauvais, perfide. […] Une parenté dans la construction de la tête de Chateaubriand et de Lamartine, tels que nous font voir les deux écrivains, les deux peintres Guérin et Decaisne. […] Roguenand, secrétaire du syndicat des mécaniciens, un socialiste opposé aux grèves, un homme à la tête bonne et honnête. […] La petite Dora, que je vois pour la première fois, une délicieuse tête au charme slave, et d’une ressemblance curieuse avec une tête au pastel de Doucet, qui est chez la princesse.
La tête s’est renversée ; les mains se sont redressées à l’articulation du poignet ; les coudes se sont portés en arrière : tous les membres ont cherché le centre de gravité commun qui convenait le mieux à ce système hétéroclite. […] Malgré l’ignorance des effets et des causes, et les règles de convention qui ont été les suites de cette ignorance, j’ai peine à douter qu’un artiste qui oserait négliger ces règles, pour s’assujettir à une imitation rigoureuse de la nature, ne fût souvent justifié de ses pieds trop gros, de ses jambes courtes, de ses genoux gonflés, de ses têtes lourdes et pesantes, par ce tact fin que nous tenons de l’observation continue des phénomènes, et qui nous ferait sentir une liaison secrète, un enchaînement nécessaire entre ces difformités. […] Toutes les fois que l’artiste prendra ses crayons ou son pinceau, ces maussades fantômes se réveilleront, se présenteront à lui ; il ne pourra s’en distraire et ce sera un prodige s’il réussit à les exorciser pour les chasser de sa tête. […] Ce n’est pas dans l’école qu’on apprend la conspiration générale des mouvements, conspiration qui se sent, qui se voit, qui s’étend et serpente de la tête aux pieds. Qu’une femme laisse tomber sa tête [en devant], tous ses membres obéissent à ce poids ; qu’elle la relève et la tienne droite, même obéissance du reste de la machine.
Toutes les têtes de la même touche, et coulées dans le même creux. […] Il y a un autre mérite que peu d’artistes auroient eu et que beaucoup moins de spectateurs auroient senti ; c’est dans une multitude de figures, toutes debous, toutes vêtues de même, toutes rangées autour d’une table quarrée, toutes les yeux attachés vers le même point de la toile, des positions naturelles, des mouvements de bras, de jambes, de tête, de corps si variés, si simples, si imperceptibles, que tout y contraste, mais de ce contraste, inspiré par l’organisation particulière de chaque individu, par sa place, par son ensemble ; de ce contraste non étudié, non académique, de ce contraste de nature. Ces vilaines figures ont je ne scais quoi de coulant, de fluant depuis la tête aux pieds qui achève par sa vérité de faire sortir le ridicule des grosses têtes, des grosses perruques, et des gros ventres.
Que nous importe qu’il y ait une tuile sur ta tête, une ombre sur ton front, un seuil sous tes pieds ? […] Les chiens dormaient, leurs têtes sous nos pieds, leurs yeux dans nos yeux. […] Quand je vois ce cher et fier animal passer par hasard sous son possesseur inconnu dans l’avenue des Champs-Élysées, je détourne la tête, je pâlis ; et, si l’on me dit : Qu’avez-vous ? […] La brise seule aurait pu écrire ses improvisations vagabondes, échevelées comme la belle tête blonde de l’Hoffmann de la musique. […] Deux têtes d’hommes vêtus de noir apparurent derrière un rideau bas de noisetiers de l’autre côté du ravin.
Le tout permet de prononcer avec exactitude sur son degré d’insuffisance à la tête des affaires, et sur les motifs d’excuse qui sont à sa décharge. […] Montmartel craint de risquer sa fortune ; sa femme l’obsède et le noircit, et moi je suis obligé d’aller lui remettre la tête et de perdre vingt-quatre heures par semaine pour l’amadouer (quel style, trop d’accord avec la situation ! […] J’ai dit deux têtes dans un bonnet, on voit que c’est trois qu’il faut dire. […] J’ai la tête perpétuellement ébranlée ou obscurcie. […] Je l’aiderai de tous mes moyens, et j’aurai la tête plus libre dès que je cesserai de manquer à ma parole.
Il tint constamment la tête de la défense. […] Le maréchal, voulant s’assurer par lui-même, descend dans la grande rue de Belleville : Mais à peine avais-je descendu quelques pas, je reconnus, dit Marmont, la tête d’une colonne russe qui venait d’y arriver. […] Je chargeai à la tête de cette poignée de soldats avec le général Pelleport et le général Meynadier. […] La tête de la colonne ennemie fit demi-tour. […] Il portait dans le combat cette tête haute qu’on lui connaît, la poitrine et le cœur en dehors.
On lit dans la premier volume des Mémoires sur les campagnes des armées du Rhin, par le maréchal Gouvion-Saint-Cyr, de bien étonnants détails sur les nominations de généraux, et même de généraux en chef, qui se faisaient alors ; il y a surtout la nomination d’un certain général Carlin ou Carlenc, mis à la tête de l’armée du Rhin sur le refus de tous les autres : c’est une véritable scène de comédie. […] Il était d’une grande taille, portant la tête haute, surtout devant l’ennemi ; d’une tenue irréprochable ; doué d’un esprit fin et juste, d’un courage et d’une bravoure incontestables et incontestés ; il aurait figuré dans le nombre de ces nobles et vaillants chevaliers cités dans l’histoire et dans les poèmes épiques, qui ne comptaient leurs ennemis que quand ils avaient mordu la poussière. […] Un jour, c’était le cas, et les boulets qui pleuvaient sur les rangs faisaient à la fin baisser la tête aux plus aguerris. « Qu’est-ce que c’est ? […] Allons, relevez la tête ; que je voie vos moustaches ! […] En 1815, à Waterloo, blessé à la tête de la Garde dans cet effort suprême où elle s’avançait sur les lignes anglaises à la Haie Sainte, Friant ne vit point les dernières et lugubres heures où le drapeau recula.
On entre donc en Pologne, brûlant, saccageant châteaux et abbayes : les deux fils de Tarass Boulba marchent partout en tête, et le cœur de leur père s’applaudit. […] Ce moment qui suit la séparation est très-bien peint, et les couleurs qu’y a employées l’écrivain devenu poëte nous font entrer dans le génie de la race : « Tarass voyait bien que, dans les rangs mornes de ses Cosaques, la tristesse, peu convenable aux braves, commençait à incliner doucement toutes les têtes. […] « Ils marchaient la tête découverte, leurs longues tresses pendantes ; tous avaient laissé pousser leur barbe. […] Tarass se tenait dans la foule, la tête inclinée, et, levant de temps en temps les yeux avec fierté, il disait seulement d’un ton approbateur : « — Bien, fils, bien ! […] La dévastation, le massacre, l’incendie, ne cessent plus, jusqu’à la mort du vieux Tarass qui s’obstine, à la tête de son polk, à ne point reconnaître le traité de paix offert par les Polonais, et accepté par le reste de sa tribu.
Arlequin y va, riant de la folie de son ambassade, et revient saisi d’effroi ; la statue a baissé la tête : elle accepte l’invitation. Don Juan n’en croit rien ; il va la répéter lui-même, et demeure interdit lorsque le commandeur ajoute un oui à son inclination de tête. […] Son chapeau l’embarrasse, il le met sur la tête de Don Juan, qui le jette au loin, et qui lui fait beaucoup de questions sur la jeune veuve dont il est fort tenté. […] Comme il ne peut parler qu’à peine, il dit que l’homme qui a fait ainsi (Arlequin baisse la tête) est là. […] Arlequin se lève, emplit son verre, obéit, et la statue répond à la courtoisie en inclinant la tête.
Des arbres élevés laissent pendre leurs fruits sur sa tête ; des poires, des grenades, des oranges, des figues douces et des olives vertes. […] Dix-sept prétendants avaient déjà péri, et Pélops, arrivant devant Pise, vit leurs têtes plantées entre les créneaux de la porte. […] L’aurige infidèle détacha les clous du moyeu d’une roue ; au premier élan du départ, le char fracassé s’abattit, et Oenomaos se brisa la tête dans sa chute. […] L’hydre domestique, acharnée sur elle-même, enchevêtre ses têtes en se déchirant. […] Ils se penchent pour écouter le dialogue, avec des gestes de connivence et des sursauts d’attention ; ils passent la tête entre les meurtriers qui complotent et mêlent des chuchotements funèbres à leurs voix tragiques.
Nous avons eu Linguet, le paradoxal et incorrect Linguet, à qui la Révolution coupa la langue et la tête sans qu’il nous ait manqué grand-chose ! […] « Il a la tête petite », dit Joubert, dans un éclair qui nous le montre bien, et qui est digne de lui, Montesquieu ! […] Et ce mot de Joubert est vrai, même physiologiquement, même sur la médaille où cette fine tête ne doit guère peser au cou décharné de vieux romain qui la porte avec tant de noblesse. […] La sécheresse, d’ailleurs, qui s’accuse dans la médaille gravée et mise à la tête du livre de Vian, n’est pas un dessèchement produit par la vieillesse. […] Une pareille éducation, qui commençait même avant que la tête de l’enfant fût ouverte aux premières impressions de l’existence, mais dont il devait plus tard recevoir, en apprenant cela, l’enseignement, n’a peut-être agi qu’à la mort sur l’âme de Montesquieu.
Est-ce un écrivain à bâtons rompus qui jette les deux bouts du bâton par-dessus sa tête ? […] S’il y avait deux têtes de Méduse, elles seraient ses deux têtes de Méduse ; car, qui sait ? dans les injures qu’il leur vomit, dans les imprécations, dans la rage, dans le mépris qu’elles lui inspirent, il y a peut-être un peu d’épouvante, — la peur (assez fondée, du reste), de ne pouvoir égaler jamais en beauté cette belle tête sereine et souriante dans son immortalité qu’on appelle le génie de Racine et sa composition tragique. […] À force d’exagérer, d’extravaguer, de s’enivrer de mots et d’images ; à force d’insulter le bon sens, — cette hydre dont il n’écrasera jamais une seule tête ; à force de se remuer, de sauter, de bondir dans le faux, Vacquerie finit, une belle fois, par se retrouver dans la vérité, dans la raison, dans le bon sens… comme s’il en avait ! […] Mais nous, nous pourrions lui donner l’adresse qu’il oublie ; et c’est alors qu’il aurait horreur de sa vérité de hasard et qu’il se replongerait, la tête en bas, dans la vague de ces hautes fantaisies dont il est le Protée fougueux !
Lorsque les Champis triomphent sur toute la ligne, lorsque des paysans et des ouvriers de fantaisie, aussi faux que ceux de Watteau et moins jolis, ont, grâce à une plume qui n’est pas pourtant une baguette de fée, le privilège de tourner la tête à l’Opinion superstitieuse, le moment n’est pas mal choisi, ce nous semble, pour nous rappeler à la réalité de cette nature populaire qu’il n’est pas besoin de flatter pour qu’elle intéresse, et pour nous la montrer éloquemment et simplement, dans tous les plis de sa forte étoffe, ample et sincère, — parlant français et non faux patois ! […] Du reste, pouvait-on attendre mieux d’un roman de ce temps fait par deux jeunes gens, deux têtes trop vertes et dont le plus mauvais (nous avons le droit de dire cela à M. […] Tout à coup, 1830 éclata, et quelques jours après qu’on eut bu à cette coupe de Circé révolutionnaire, le journaliste Brucker, transformé en… farouche et en garde national, demandait, à Vincennes, la tête de M. de Peyronnet, avec lequel, par parenthèse, il s’est lié plus tard ; cette tête poétique qui fait de beaux vers et qui, en envoyant son portrait à son ennemi mortel devenu son ami jusqu’à la mort, écrivait ce quatrain tourné avec la grâce qui n’empêche pas d’être un homme d’État, en terre de France : J’entends encor l’hymne infernal, (Il faut bien dire que c’était La Marseillaise pour ceux qui ne la reconnaîtraient pas à l’épithète). […] Brucker alluma dans sa tête ce système, asphyxiant pour les imaginations vives, le Fouriérisme, et c’est ainsi que le suicide de sa vie, il ne l’accomplit que sur sa raison… C’est dans cette orageuse période de sa jeunesse qu’il écrivit avec un talent haletant et convulsé le livre intitulé Mensonge, où la Critique put remarquer un effrayant chapitre intitulé Le Fond des âmes, enlevé dans l’amère et ironique manière d’Henri Heine, un des plus grands poètes qui aient paru depuis Byron, mais une fleur de poésie mortelle aux âmes qu’elle touche, comme le laurier-rose, dont elle a les suavités de teinte et les poisons. […] Raymond Brucker vint à la Foi catholique comme l’enfant vient à l’existence, la tête la première.
— Très bien… Tête, prenez un siège. […] Quarante roues de moulin me tournent dans la tête. […] Il baisse la tête. […] Une auréole septicolore se dessine autour de leurs têtes. […] Seul, Norbert de Gloussat approuve vivement de la tête.
Et puis ce monarque long, sec, maigre, élancé, vu de profil, avec une petite tête couverte d’un chapeau retapé n’a-t-il pas l’air d’un escroc qui a la vue basse. […] Il couvre le roi qu’on cherche et qu’on ne distingue que parce qu’il a la tête couverte. Je ne sais si Mr de Marigni ressemble ; mais on le voit assis dans son portrait, la tête bien droite, la main gauche étendue sur une table, la main droite sur la hanche, et les jambes bien cadencées.
Les révolutions passent sur les peuples, et font tomber les rois comme des têtes de pavots ; les sciences s’agrandissent et accumulent ; les philosophies s’épuisent ; et cependant la moindre perle, autrefois éclose du cerveau de l’homme, si le temps et les barbares ne l’ont pas perdue en chemin, brille encore aussi pure aujourd’hui qu’à l’heure de sa naissance. […] La faculté philosophique du siècle avait donc besoin, pour s’individualiser en un génie, d’une tête à conception plus patiente et plus sérieuse que Voltaire, d’un cerveau moins étroit et moins effilé que Condillac ; il lui fallait plus d’abondance, de source vive et d’élévation solide que dans Buffon, plus d’ampleur et de décision fervente que chez d’Alembert, une sympathie enthousiaste pour les sciences, l’industrie et les arts, que Rousseau n’avait pas. […] Mon âme ne s’est point endurcie, ma tête ne s’est point relevée ; mon dos est bon et rond comme ci-devant. […] Grimm avait déjà comparé la tête de Diderot à la nature telle que celui-ci la concevait, riche, fertile, douce et sauvage, simple et majestueuse, bonne et sublime, mais sans aucun principe dominant, sans maître et sans Dieu. […] Diderot n’était pas censé auteur de la lettre ; et nous devons dire, en biographe scrupuleux, que l’anecdote des joyeux dîners à six sous par tête entre le philosophe adolescent et le futur cardinal ne nous semble pas pour cela moins authentique.
La tête est coupée, les pieds sont brisés : quelle physionomie initiale avait la statue ? […] Le Chœur plie la tête, promet de se taire ; il a des mots touchants pour répondre aux durs reproches de son roi : — « Ô Zeus, quelles femmes nous as-tu données ! […] Une tradition rapporte que Tydée, mortellement blessé par le Thébain Mélanippos, gisait au seuil de la porte Proétide, lorsqu’on lui apporta la tête de son meurtrier tué à son tour par Amphiaraos. Tydée, se soulevant d’un furieux effort, prit à deux mains cette tête toute saignante, et se mit à lui ronger la cervelle. […] Mais le service intime du héros est célébré par les femmes de la famille qui viennent, dans l’ordre de leur parenté et de leur douleur, lui chanter les derniers adieux. — Andromaque « aux bras blancs » parle la première, en tenant dans ses mains la tête de l’époux : — « Ô homme !
Moi, j’ai perdu la tête et je crie « Nanette ! […] Julien hochait sa vieille tête avec un grave contentement. […] Je vois encore les têtes noires de ces deux épingles. […] Ma tête était en feu. […] Quelque hasard lui fera-t-il tourner la tête de ce côté ?
répond insolemment le factieux ; est-ce donc un crime de vouloir donner une tête à la puissance décapitée de la multitude, quand le sénat, qui est la tête du gouvernement, n’a plus de corps et ne peut rien pour la patrie ? […] Depuis longtemps, Catilina, le consul aurait dû t’envoyer à la mort, et faire tomber ta tête sous le glaive dont tu veux nous frapper. […] Clodius, à la tête de la populace, osa l’affronter encore. […] Pompée s’enfuit en Égypte, et meurt sur le rivage par la main d’un assassin soudoyé, qui veut offrir sa tête en présent à César. […] Quand Antoine, Lépide et Octave se furent réconciliés en se livrant mutuellement les têtes de leurs ennemis personnels comme gage de paix, Antoine demanda la tête de Cicéron ; elle fut disputée, mais enfin accordée.
La mort le surprit au moment où il allait se mettre à la tête de cet armement formidable. […] Sa tête n’est point éclairée par une lumière fixe, mais par des éclairs. […] La terreur marchait en tête de l’invasion avec la famine. […] La dénombrer tête par tête étant impossible, une sorte de métrique grossière fut inventée pour l’additionner. […] À force d’insistance, il fit rouvrir le conseil levé, réfuta les objections, tint tête aux injures ; inflexible sous le bâton même qu’Eurybiade osa lever sur sa tête : — « Frappe, mais écoute !
Pour engager les Prédicateurs à tenir la tête droite, il les avertit très-élégamment, qu’une tête baissée déplaît, parce que cette contenance est commune aux dévotes. […] Il faut cependant prendre garde, en relevant la tête, ajoute-t-il, d’imiter le mouvement des oiseaux qui boivent.
Michelet a les caprices d’un homme, poète jusqu’à l’insanité, et les passions (de tête, bien entendu) d’un révolutionnaire jusqu’au crime. […] Quand un homme a dit ce mot-là, il le porte toute sa vie comme une torche liée à sa tête, et il ne peut plus éteindre à son front la lumière inévitable sous laquelle on le voit toujours ! […] Il n’y a pas de place dans sa fine et spirituelle tête de couleuvre pour cette chose large, opaque, carrée, qui s’appelle la métaphysique. […] S’il est athée, ce n’est donc pas à la manière des grands penseurs hégéliens, spinosistes, qui ont de ces têtes puissantes, comme parle Joubert : « organisées pour écraser des œufs d’autruches ». […] Un demi-siècle, qui a brisé sous son pied justement méprisant la philosophie du dix-huitième, n’a pu mûrir cette tête qui (Diderot l’aurait dit !)
Il pâlissait, son regard s’altérait ; il semblait mourir d’un mal inconnu. — Le scarabée d’or l’aura mordu à la tête et lui aura filtré dans la cervelle le poison dont il meurt, — disait Jupiter. […] — dit Legrand à son noir. — Une tête de mort, — répond le nègre de plus en plus épouvanté ; — une tête de mort clouée sur la branche. — Eh bien, — dit Legrand, — tu connais ta gauche et ta droite ? […] On ne tâtonne pas avec la tête de Méduse. […] Nous eussions de Baudelaire, d’une tête qui a parfois la froide lucidité de Poe, attendu une thèse plus virile. Il pouvait être le frère de charité, l’ensevelisseur des restes d’un homme de génie, sans les jeter à la tête de tout un pays qui, en définitive, ne l’a point volontairement assassiné.
Sa tête lui semblait à la fois lourde et vide. […] ces têtes ! […] c’te tête ! […] Tiens, vois donc, Titi, elle est en tête grise. […] Paul marchait en tête et sanglotait.
Je n’ai remué non plus ni ma tête, ni mon bras, ni ma main. […] Ce que peuvent nous faire connaître les nerfs des canaux, c’est la différence de pression sur les deux extrémités d’un même canal, et par là : 1° La direction de la verticale par rapport à trois axes invariablement liés à la tête ; 2° Les trois composantes de l’accélération de translation du centre de gravité de la tête ; 3° Les forces centrifuges développées par la rotation de la tête ; 4° L’accélération du mouvement de rotation de la tête. […] Connaissant l’accélération du mouvement de rotation de la tête à chaque instant, nous en déduisons, par une intégration inconsciente, l’orientation finale de la tête, rapportée à une certaine orientation initiale prise pour origine. […] À elles seules elles ne suffiraient pas cependant ; car elles ne peuvent nous renseigner que sur les mouvements de la tête, elles ne nous apprennent rien sur les mouvements relatifs du tronc ou des membres par rapport à la tête. De plus, il semble qu’elles nous renseignent seulement sur les rotations de la tête et non sur les translations qu’elle peut subir.
Cette carte est un décrassoir — on le jurerait en ivoire — et avec les cheveux, les tannes, toutes les saletés d’une tête, engagées dans les dents du peigne. […] » Un doux maniaque qu’on n’a jamais pu décider à porter un gilet, un original, à la tendre et honnête tête, annonçant l’homme qui s’est fait médecin pour soigner sa mère, attaquée d’une maladie mortelle. […] C’est Cousin, qui me dit un jour, en me montrant le pavillon des Tuileries, aujourd’hui démoli : “La bonne tête ou plutôt la bonne caboche qui est là ! […] Il me dit que Lagier est allée voir Flaubert à Rouen, et qu’elle craint que la solitude et le travail ne lui fassent partir la tête. […] Malheureusement en ouvrant le volume, je suis tombé sur une lithographie, une ridicule lithographie le représentant avec une tête d’Andrieux idéologue.
On avait beau demander à la Convention des secours, le Nord même de la France était alors découvert et en péril ; et la Convention, en son style figuré et d’une rhétorique sublime, puisque chacun y mettait sa tête pour garant des paroles, répondait à ses généraux et à ses représentants : « Vous demandez du lait à une mère épuisée ! […] Peu après, l’anarchie régnait dans l’armée principale, réunie et acculée sous Perpignan, le général en chef Barbantane ayant résigné ses fonctions, le peuple appelle à grands cris à la tête des troupes le seul général populaire par ses succès, le vainqueur de la Cerdagne, et l’on expédie sur-le-champ à Dagobert l’ordre de redescendre dans la plaine avec l’élite de sa division. […] Mais, arrivé à Perpignan, il y trouva Dugommier, un vrai général en chef, une tête et un bras dignes du commandement, et il se contenta de retourner dans sa Cerdagne y faire le diable à quatre comme devant. […] ils le connaissaient bien peu), un émigré français, le comte de Saint-Hilaire ; il le chercha et le battit à Monteilla dans une position fortifiée, gravissant des premiers à pied en tête de la colonne, à travers les neiges ; puis il poussa jusqu’à la Seu d’Urgel qu’il mit à rançon ; mais, faute d’artillerie, il dut s’arrêter devant la citadelle. […] À la tête de sa nouvelle armée, Dugommier justifia l’espoir des gens de cœur comme au siège de Toulon.
Le mari ici est un magistrat, un président de tribunal ; il est inquiet ; il s’aperçoit depuis quelque temps qu’il donne terriblement sur les nerfs à sa femme, et que, jusque dans les moindres choses, elle en a de lui, comme on dit, par-dessus la tête. […] La femme mord au fruit défendu en toute franchise et toute ingénuité ; elle se monte la tête pour le docteur, si bon comédien, et qui, pris à son propre jeu, est tenté par moments, comme saint Genest, de passer de la feinte à la réalité. […] Au moment où le docteur allait se prendre et sortir de son rôle en y entrant trop bien ; où la femme surtout, la tête en feu, se croyait déjà perdue sans retour, tout est sauvé par un effort heureux et un tour de clé habile du romancier. […] À ce seul titre, qui ne croirait qu’il s’agit du premier cheveu blanc qui se découvre, un matin, sur une tête blonde ou brune de femme ? […] Pour quelques-uns et quelques-unes qui ressentent sérieusement ce mal, combien s’affectent et s’en vont gémissant tête haute par les salons !
Sans doute il faut être à la tête des affaires pour juger les événements, pour voir à la fois mille petits détails séparés dont les rapports entre eux méritent plus ou moins d’être appréciés, enfin pour pouvoir embrasser d’un seul coup d’œil l’ensemble, même des choses. […] Aussi avons-nous vu de nos jours l’infortuné Louis XVI, digne héritier d’un instinct si élevé, se mettre le premier à la tête de son siècle, pour le diriger. […] Bonaparte s’était mis à la tête de la révolution, mais seulement de la révolution, et non point à la tête des idées du siècle, ce qui est bien différent ; ou, en d’autres termes, à la tête de la révolution faite par les hommes, et non à la tête de la révolution faite par le progrès du temps. […] Louis XVIII s’est donc mis réellement à la tête de son siècle ; seulement il a dû, et il a voulu, sauver le principe éternel des sociétés humaines, en concédant une Charte au lieu de la recevoir, en faisant remonter la date de son règne à la mort de l’enfant douloureux qui devait être roi.
Avec ses mains croisées sur sa poitrine ; ce visage long ; cet âge ; ces grands yeux tristement tournés vers le ciel ; cette draperie ramenée à grands plis sur la tête, c’est une mère de douleurs, mais d’un petit caractère, et un peu grimaçante. […] Sa tête, celle de son fils, et celle de sa femme sont d’une beauté rare. […] Il y a des têtes qui sont autant de petits tableaux très vrais, entre lesquels on distingue l’enfant qui boude, et la petite fille qui se repose sur sa chaise.
Les églises que nous avons parcourues étaient pleines de femmes à longues failles sur la tête, et qui tombent jusqu’à leurs pieds. […] Mais que direz-vous quand vous apprendrez que nous venons de voir la tête véritable du Laocoon, possédée par ce duc d’Aremberg, au prix de 460,000 francs ? Je vivrais mille ans que je ne pourrais oublier cette merveille qui me poursuit, cette tête noyée de douleur et de reproches amers. Des Vénitiens l’ont trouvée dans leurs fouilles longtemps après la découverte du magnifique groupe dont la tête véritable n’avait jamais été retrouvée. […] Pour moi, je la crois antique. — Les deux têtes représentent également, ce me semble, un homme dans la force de l’âge. — J’inclinerais à trouver la tête d’Aremberg supérieure, pour l’expression et pour l’exécution, à celle du groupe du Vatican.
L’homme qui a procuré à ses semblables opprimés et innocents une telle lueur d’espérance, et qui a payé lui-même ce bon mouvement, de sa tête et de son sang, mérite qu’on lui pardonne beaucoup ; mais ajoutons vite qu’il en a grand besoin. […] La nation sera purgée, et les étrangers, les mauvais citoyens, tous ceux qui préfèrent leur intérêt particulier au bien général, en seront exterminés… Camille ajoute, il est vrai, aussitôt après : « Mais détournons nos regards de ces horreurs. » Il les en détourne néanmoins si peu, que, dans une note de sa brochure, il s’arrête avec complaisance sur l’exécution sommaire des malheureux de Launay, Flesselles, Foulon et Berthier : « Quelle leçon pour leurs pareils, s’écrie-t-il, que l’intendant de Paris rencontrant au bout d’un manche à balai la tête de son beau-père ; et, une heure après, que sa tête à lui-même, ou plutôt les lambeaux de sa tête, au bout d’une pique ! […] N’avez-vous pas vu de ces gamins effrontés qui marchent hardiment en tête de la musique d’un régiment un jour de départ, parodiant le fifre et le tambour, parodiant surtout le tambour-major ? […] On y trouve moins un cœur réellement échauffé qu’une cervelle en ébullition ; on dirait que l’écrivain a dans la tête une braise allumée qui tournoie sans cesse et ne lui laisse point de repos. […] Camille, en effet, n’était qu’une plume, une verve et une pétulance faite pour rester au service d’une tête plus forte.
Encore si l’idée est bonne, le dessin est insuffisant ; les têtes n’ont pas un caractère bien écrit. […] L’allure, le geste, les airs de tête sont excellents. […] Sa tête piriforme est surmontée d’un toupet très-proéminent et flanquée de larges favoris. […] Il a un talent d’observation tellement sûr qu’on ne trouve pas chez lui une seule tête qui jure avec le corps qui la supporte. […] Mais comme il était artiste par métier et homme de lettres par la tête, il n’a jamais pu les biens exprimer.
Monsieur, la tête m’en a tourné. […] Jean Valjean peut gagner tous les millions qu’il voudra dans ses manufactures, il peut protéger les filles, doter les enfants, etc. ; maire de sa bourgade, il peut se relever à la sublimité vertueuse du repentir, se vouer lui-même à l’infamie pour écarter le soupçon de la tête d’un coupable : il ne sera jamais que le scélérat mille fois relaps, debout dans la nuit, sa massue à la main sur la tête de son bienfaiteur, indécis, comme dit l’écrivain, prêt à frapper s’il s’éveille, et finissant par ne pas frapper parce qu’un cadavre l’accuserait plus que l’hôte endormi ! […] « Quand l’évêque releva la tête, la face du « conventionnel était devenue auguste. […] Aussi, tout en gémissant sur le frère innocent et supplicié du fameux filou, quand on lit sous la même larme les deux noms accolés, on ne peut s’empêcher de faire un geste de tête en arrière, et de crier : « Oh ! […] Alors la fureur commence, et les poètes, comme André Chénier, portent leur tête sur l’échafaud.
Il était impossible de toucher plus grandement et de donner une plus belle tête au Joseph qui sommeille derrière la Vierge qui adore son fils. […] il vous répondra, Dans ma tête…. […] Mais dites cela à un homme corrompu par la louange et entêté de son talent, et il hochera dédaigneusement de la tête ; il vous laissera dire et nous le quitterons Jussum se suaque solum amare.
Quand on expose une tête seule, il faut qu’elle soit très-belle ; et celle de ce chanteur de rue, de ce gueux ivre demandait une exécution merveilleuse, pour en excuser le bas caractère. […] Que pensez-vous du contraste de cette tête ignoble d’ Anacréon avec les vases précieux qui l’entourent et les riches étoffes qui le couvrent ? Jettez un voile sur le reste de votre composition, ne montrez que cette tête, et dites-moi à qui elle appartient ?
C’est la nécessité de cette sympathie générale des membres qui fait qu’une femme assise l’est de la tête, du cou, des bras, des cuisses, des jambes, de tous les points du corps et sous tous les aspects ; ainsi d’une figure debout, d’une figure nue, d’une figure occupée de quelque manière que ce soit. Cette Minerve est svelte, sa tête est bien coëffée et son casque de bonne forme. […] Le ciseau y est un peu sec ; les cheveux sont bien attachés sur sa tête, qui n’est pas sans majesté.
Puis il repartit, battant avec sa tête la mesure de son pas rythmé. […] Elle leva la tête et leur sourit. […] Puis elle s’alarma, perdit la tête, se mit à fuir. […] Elle tourna un peu la tête vers nous. […] … Déjà sa tête voyageait.
Il nous semble qu’ils ont dû se réjouir, lorsque l’aube a touché de son rayon charmant leur tête si fine. […] D’ailleurs il a le front vaste du monarque qui porte tout l’Etat dans sa tête, et sa crinière l’élargit encore. […] Ce mouvement géométrique et violent convient au raisonneur qui casse la tête de son ami pour écraser la mouche. […] 121 C’est qu’il a le front large et méditatif, et la bonne grosse tête d’un homme de cabinet. […] Sous les os pesants de cette tête mal formée, l’intelligence est comme durcie.
Tu me redresses la tête ! […] j’en arrose l’oreiller de ma tête ! […] Le voilà, dans sa vieillesse, proscrit de son palais par ses fils ingrats, errant dans son royaume sans y trouver une pierre stable pour reposer sa tête. […] Tous ceux qui me voient passer desserrent les lèvres pour rire de moi et secouent la tête avec dérision ! […] sous ma tête, que ma langue reste collée à mon palais !
Le ciel s’étant incarné en Zeus, c’était de sa tête qu’elle avait surgi comme une inspiration héroïque, revêtue d’armes éclatantes, dans sa pureté de vierge et sa vigueur de guerrière. […] C’était elle, selon les récits uniques, qui avait tué la Gorgone, dont la tête hérissée de reptiles béait au centre de son bouclier. […] Elle ne s’effraie pas non plus, la guerrière, qui porte sur son égide la tête coupée de Méduse. […] C’est aussi une scène de Jugement : l’âme du mort va être pesée dans la balance infaillible, devant les juges de l’Amenti, aux têtes de vautours. […] » — Sans s’irriter, Pallas leur laisse entendre pourtant qu’elle est la plus forte : on sent qu’elle aurait envie, à ce moment-là, de leur rendre la raison, comme elle fit pour Hercule, furieux, en leur jetant une pierre à la tête.
CCLIII Enfin elle passa ; je n’osai pas, par mauvaise honte, m’approcher beaucoup de la loge où Hyeronimo attendait, sans vouloir m’appeler, la tête en ses deux mains, appuyé sur la grille du cachot, me regardant à travers les mèches de ses cheveux rabattus sur sa tête ; et moi, du haut de ma fenêtre, plongeant mes regards furtifs sur sa figure immobile dans la demi-ombre de sa loge. […] Je marchais la dernière et je baissais la tête. […] Après l’élévation, le prêtre nous fit approcher, et déployant sur nos deux têtes un voile noir, que l’enfant de chœur prit pour un linceul du condamné, il nous glissa à chacun un anneau dans la main et nous bénit en cachant ses larmes. […] Je revins ensuite à la chapelle, je rétablis vite le barreau de la fenêtre à sa place, pour qu’on ne s’aperçût pas qu’il avait été déplacé ; puis je me mis à genoux la tête entre mes mains devant l’autel, comme un mourant qui a passé la nuit dans les larmes en pensant à ses péchés. […] et il tomba inanimé à mes pieds ; le ciel s’obscurcit, la tête me tourna et je me sentis évanouir dans les bras de mon époux.
J’en voudrais allumer un torrent sur la tête d’Édelestand du Méril. C’est, en effet, une de ces têtes comme je les respecte et les aime… insoucieuses de tout, excepté de faire le mieux possible ce qu’elles font. […] C’est une Méduse d’érudition… et le Persée qui lui coupera la tête, franchement, je ne le connais pas ! […] Rien n’a défailli ni dans la plume ni dans la tête de l’auteur. […] Voilà le défaut, qui tient à une qualité de force de tête et d’embrassement que nous n’avons pas comme l’auteur.
Gustave Planche, esprit exclusivement critique, qui ne pouvait être jamais un roi littéraire, tant sa tête manquait d’imagination par laquelle seule on est roi en littérature ! […] et cela au moment décisif de la vie, quand on la marque de ce premier éloge qui reste éternellement dans la tête des imbéciles, Cire pour recevoir, marbre pour retenir ! et même aussi dans la tête des hommes d’esprit, où Mérimée tient une si large place encore. […] Un écrivain épistolaire qui n’écrit que pour les deux yeux d’un ami ou les oreilles de quelques autres, est toujours un peu l’homme d’esprit dont le prince de Ligne parle quelque part, et qui doit avoir de l’esprit même au saut du lit et quand il n’a pas encore arraché le bonnet de nuit de sa tête. […] Cette tête de conteur d’histoires, qui n’a jamais fait véritablement grand dans ses romans et dans ses drames, avait la tête trop petite pour contenir une idée générale ou une philosophie quelconque.
D’un autre côté, il est certainement, à cette heure, le plus grand métaphysicien catholique qui soit en Europe ; mais un grand métaphysicien n’a pas chance d’être infiniment populaire dans un pays — qui fait de la philosophie, il est vrai, comme il fait des vers, mais qui n’a pas plus la tête métaphysique qu’il ne l’a épique… Et, voyez ! […] C’est, sous son nom abstrait, mis bravement à la tête du livre pour faire tête de Méduse aux sots et les empêcher d’y toucher, — car les sots de moins dans un débat en rendent facile la conclusion, — une thèse vieille comme l’Église elle-même. C’est la thèse qu’ont posée et soutenue partout les Pères, les théologiens et les écrivains catholiques qui ont eu à parler de l’Église depuis son établissement, — c’est la notion même de l’Église, se renversant, dans la tête humaine, si elle ne s’appuie à cette idée nécessaire d’infaillibilité. […] Une tête de la force de celle de l’auteur pourrait peut-être, sous ce bloc d’idées si nettement équarri, appréhender leurs développements et leurs conséquences, vues à travers cette langue si strictement condensée, cet autre bloc de cristal, dense et transparent à la fois. […] Ainsi, on a du talent et plus que du talent ; on écrit un livre de la plus haute et de la plus rare éloquence ; on sème dans ce livre les aperçus et les axiomes ; à chaque mot, c’est, pour le lecteur, une décharge électrique d’idées neuves dans la tête et dans la poitrine ; — et tout cela est inutile !
Toutes les fenêtres étaient garnies de têtes, toutes les rues remplies de curieux ; la place d’armes fut pleine en un instant, et nous fûmes obligés de traverser une foule innombrable qui venait voir ses vainqueurs. […] Nous sommes abandonnés au fond de l’Italie… Joubert, en tête de cette élite dont chaque nom est celui d’un héros, quel plus bel éloge ! […] C’est pour le coup qu’il avait de quoi se consoler, dans sa modestie, d’avoir été mis à la tête d’une division. […] Pendant que se signait cette paix achetée par tant de travaux et de victoires, l’esprit de parti, l’esprit royaliste continuait d’infester la France ; la réaction levait la tête et avait pris pied partout, jusque dans les pouvoirs publics ; et le 18 fructidor, ce coup d’État fâcheux, mais nécessaire, n’était pas encore venu rappeler à l’ordre les mauvais Français, ou ceux qui, se croyant bons, s’égaraient assez pour laisser naître et s’élever en eux des désirs de malheur. […] [NdA] C’est l’éloge que lui donne pour cette action Bonaparte, dans son rapport du 15 avril au Directoire : « Déjà l’intrépide général de brigade Joubert, grenadier par le courage et bon général par ses connaissances et ses talents militaires, avait passé avec sept hommes dans les retranchements de l’ennemi ; mais, frappé à la tête, il fut renversé par terre, etc. » 27.
Elles sont d’une substance plus terrestre… La main qui les a écrites est plus brûlante, la tête aussi. […] Mais en continuant de lire ces lettres, où le cœur emporte la tête, j’ai bien compris qu’il n’y était pas. […] Ce qu’était Réa Delcroix avant de rencontrer l’homme qu’elle a éperdument aimé, nous ne le savons pas… mais certainement elle était quelqu’un par la tête, en attendant qu’elle fût plus que quelqu’un par le cœur… Et si, dans ses lettres embrasées du double feu de l’esprit et de l’amour, elle parle par hasard — comme elle y a parlé — de quelques poètes ou de quelques artistes contemporains avec une justesse qui est un éclair, allez ! […] D’organisation et d’habitude, elle a peut-être gardé d’un passé qu’on ignore je ne sais quelle pente vers les choses qui préoccupent et dominent la pensée et l’imagination de son temps ; peut-être même que sans l’amour, avec toutes les notions fausses qui circulent présentement autour de nos têtes, dans ce misérable siècle égaré, elle aurait incliné, elle aussi, vers le bas-bleuisme universel. […] Tête faible et presque égarée, esprit flottant, conscience dévorée de scrupules, — cette vermine des âmes imbéciles, religion sans racines, — Virgile d’Oult, l’homme adoré, eut, je l’ai dit, le dessein de se faire prêtre, dans un caprice d’imagination pusillanime et mystique, et, si cela pouvait être terrible pour Réa, cela pouvait être du moins grand pour l’homme qu’elle aimait s’il eût persisté stoïquement dans sa résolution.
Une froide nuit d’hiver (décembre 1701) à l’heure du bœuf (2 heures du matin), dans une tourmente de neige, les conjurés, vêtus d’un surtout noir et blanc pour se reconnaître, et en dessous de toile d’acier, marchent silencieusement vers le yashki de l’homme dont ils se sont promis d’aller déposer la tête sur le tombeau de leur seigneur. […] Je vous servirai de second, et après avoir en toute humilité recueilli la tête de Votre Grâce, j’irai la déposer en offrande sur la tombe du seigneur Takumi. » Kotsuké ne se rendant pas à l’invitation qui lui était faite, Kuranosuké lui coupait la tête avec le petit sabre qui avait servi à son maître à s’ouvrir le ventre. […] Et leur offrande faite de la tête de Kotsuké, se regardant déjà comme morts, ils demandaient aux bonzes de les ensevelir, et se rendaient au tribunal. […] … ou plutôt Quengo Tadao… car il y a une défense d’indiquer les vrais noms des ronins, et ils sont représentés avec les noms défigurés qu’ils ont au théâtre. » Et disant cela, Hayashi avait le doigt sur la planche, où est imprimé, en couleur, un guerrier au casque bleu, au vêtement noir et blanc doublé de bleu, la tête baissée, les deux mains sur le bois d’une lance, un pied en l’air, un autre appuyé à plat sur le sol, et portant un furieux coup de haut en bas.
Nous n’avons en tête de ce livre que peu de lignes à écrire, et l’espace nous manque pour les développements nécessaires. […] Comme la maladie de l’état est dans la tête, la noblesse, qui y touche, en est la première atteinte. […] Aux yeux de l’auteur, et sans préjudice de ce que les personnages accessoires peuvent apporter à la vérité de l’ensemble, ces quatre têtes ainsi groupées résumeraient les principales saillies qu’offrait au regard du philosophe historien la monarchie espagnole il y a cent quarante ans. À ces quatre têtes, il semble qu’on pourrait en ajouter une cinquième, celle du roi Charles II. […] Il ne se fait pas bandit, il se fait bohémien. — On sent que la royauté absolue a passé pendant de longues années sur ces nobles têtes, courbant l’une, brisant l’autre.
Jeunes et de bonne heure en posture, à cet âge où la tête est féconde, fût-ce même en folies, MM. […] Il a écrit un livre du Devoir sans sanction et un autre livre de la Religion naturelle, qui n’est qu’un catéchisme à l’usage de ceux qui n’ont pas la tête faite pour la philosophie et de ceux qui n’ont pas le cœur fait pour la religion ! […] Jules Simon, qu’il appelle La Religion naturelle, et qui pourrait très bien, sans jeu de mots, dispenser du devoir qui a dû le suivre, car, quel que soit l’ordre de succession dans la publicité, il est certain que le devoir est la conséquence de la Religion naturelle, au moins dans la tête de l’auteur ! […] Il a la tête plus forte que Pascal. […] Les notions sont ce qu’elles peuvent être dans les têtes humaines.
Avisée comme un vieux diplomate et prudente comme un vieux médecin, l’Académie ne se compromettait point par un démenti direct donné aux idées contemporaines qu’elle eût fait affoler davantage, et elle n’en mettait pas moins tout doucement les compresses de glace de l’Histoire sur la tête de la Philosophie, pour la guérir de la fièvre cérébrale qui la dévorait. […] Aussi, pour peu qu’on aimât les lettres et qu’on tînt à elles, au bien qu’elles font, à la gloire qu’elles donnent, par quelque ardente sympathie, on était heureux de penser que les lettres seules avaient préservé les quarante premières têtes de France de cette contagion d’idées fausses qui, à cette époque, avait saisi tous les esprits, et les savants plus que personne. […] Ce talent est animé, vivant, plein d’une généreuse chaleur de tête et d’entrailles. […] Elle a tremblé devant cette alliance, et elle a mieux aimé déposer ses couronnes sur deux têtes protestantes, deux têtes d’entre-deux, comme dirait Pascal, qui ne sont ni tout à fait pour la Révolution, ni tout à fait contre la Philosophie.
En plaçant à la tête de son livre cette promesse d’un Corneille inconnu pris à même l’autre Corneille, M. […] Les injustices de la Renommée, cette tête de femme qui est si souvent une tête perdue, les injustices de la Critique, parfois aussi tête perdue que la Renommée, y sont signalées avec un discernement supérieur. […] Les fonds noirs vont bien aux têtes de génie, et leur plus belle atmosphère, c’est le mystère à travers lequel on les entrevoit.
Il nous était connu déjà par des admirations qui l’avaient compromis et un système littéraire qui n’était pas même sorti de sa tête, mais dans lequel plutôt sa tête était entrée, en se déformant. […] Duranty, qui a mis son extrait d’âge en guise de préface, à la tête de son volume, n’a encore que vingt-sept ans. […] Gustave Flaubert, qui a bien mis le bout de sa botte dans le réalisme, mais dont la tête artiste et savante aspire à des sphères d’observation plus hautes que celles dans lesquelles il a jusqu’ici limité et contenu son genre de génie23 ! […] Leur gaieté même est âpre, quand ils plaisantent, et l’on voit, à travers la jeunesse de l’un et la maturité de l’autre, la tête de mort d’un siècle vieux… Enfin, — et c’est là le plus grand reproche qu’on puisse leur adresser, — observateurs de la vie sensible et descripteurs acharnés et presque chirurgicaux du défaut et du vice humain, pour tout ce qui tient à la vie morale, ce sont d’indifférents sourds-muets.
On a tiré sa couverture sur sa tête, et le public vous laisse mourir dessous. […] Il passe pour expérimenté, connu déjà par des ouvrages dont la publicité n’a pas été, jusqu’à ce moment, très sonore, ce qui est presque une distinction dans un temps où les réputations les moins méritées font le bruit de ces innocents coups de pistolet de papier que les enfants s’amusent à tirer et qui ne cassent la tête ni les doigts de personne. […] La question reste de savoir si les têtes principales du roman peintes là-dessus se détacheront mieux… L’idée du Blessé de Novare n’est pas une découverte. […] La draperie de ce mot cache les plus grandes badauderies de la tête humaine.
À Palmyre, le dattier fend les têtes d’homme et de lion qui soutiennent les chapiteaux du temple du Soleil ; le palmier remplace par sa colonne la colonne tombée, et le pêcher que les anciens consacraient à Harpocrate, s’élève dans la demeure du silence. […] Quelquefois une caravane, arrêtée dans ces déserts, y multiplie les effets pittoresques : le costume oriental allie bien sa noblesse à la noblesse de ces ruines ; et les chameaux semblent en accroître les dimensions, lorsque, couchés entre des fragments de maçonnerie, ils ne laissent voir que leurs têtes fauves et leurs dos bossus. […] Le chakal, monté sur un piédestal vide, allonge son museau de loup derrière le buste d’un Pan à tête de bélier ; la gazelle, l’autruche, l’ibis, la gerboise, sautent parmi les décombres, tandis que la poule-sultane se tient immobile sur quelques débris, comme un oiseau hiéroglyphique de granit et de porphyre.
Ce n’est qu’après un long silence admiratif qu’elle a dit tout bas, que la perfection de la tête ne répondait pas tout à fait à celle du corps ; cette tête est belle pourtant, ajoutait-elle, beaux enchâssemens d’yeux, belle forme, belle bouche, le nez beau, quoiqu’il pût être plus fin. Elle était tentée d’accuser le cou d’être un peu court, mais elle se reprenait en considérant que la tête était inclinée. à son avis, le goût de la coëffure pouvait être plus grand ; mais lorsque l’œil s’arrêta sur les épaules, elle ne put s’empêcher de s’écrier : les belles épaules !
Nous passions de longues soirées, tête à tête, dans des entretiens purement littéraires ou philosophiques qu’il avait la complaisance de rechercher. […] C’était dans les dernières années de sa courte vie ; elle resplendissait encore des reflets de son soleil couchant, comme une tête de Vénus grecque effleurée, dans un musée, par un dernier rayon du soir. […] Le contraste de ce capuchon de laine brune, de cette tête de l’ascétisme chrétien, à côté de ces cheveux semés de fleurs et de ce visage de beauté mourante après tant d’éclat, faisait monter le sourire aux lèvres ou les larmes aux yeux. […] Ils venaient d’apprendre que le ministre de France et sa suite avaient été renvoyés comme eux, sans égards, des portes du couvent, et qu’ils cherchaient en vain un toit de berger pour y reposer leur tête. […] Évidemment cette tête est un portrait encore.
Pendant qu’elle délibère on la frappe à la tête ou au cœur ; avant qu’elle ait réuni ses contingents on est au centre de ses provinces, à Mayence, à Francfort, à Vienne, en Saxe, à Munich, à Berlin. […] Un joli bonnet noir à la mode allemande s’adaptait étroitement à sa petite tête, qu’un col long et mince attachait gracieusement à une nuque souple et à des épaules d’une forme statuaire. […] Le suprême et impassible bon sens siégeait ainsi dans sa tête au-dessus de la féconde imagination, comme dans l’œuvre de la Providence l’homme travaillait et le dieu regardait. […] Marguerite, rentrée, est seule dans sa chambre, tresse ses nattes de cheveux et les relève de ses mains enfantines autour de sa tête. […] Marguerite, sa cruche posée sur la margelle du puits, la tête basse et les deux mains croisées avec langueur sur sa robe, cause avec Lieichen, jeune fille à la langue affilée.
Sa stature, sans être élevée, paraissait grandiose par la dignité un peu exagérée avec laquelle il portait la tête en arrière. […] Sa tête fermentait de restauration ; il voulait relever la maison de Savoie par les Russes, peut-être même par les Français. […] ” Alors je souffrais beaucoup ; j’avais la tête chargée, fatiguée, aplatie par l’énorme poids du rien. […] Le métier n’allait pas à une tête si forte et si active. […] « — Je vous ai dit, Monsieur le Général, qu’il ne s’agit que de parler tête à tête à votre empereur, oui ou non.
Et enfin je vois des transfuges du pouvoir de 1830, à la tête de toutes les colonnes d’opposition, fomenter dans toute la France une agitation fiévreuse qui commence par des banquets et qui finira inévitablement par des séditions. […] Cette royauté suspendue sur la tête du roi passe à l’Assemblée constituante ; une constitution règne métaphysiquement à sa place ; l’Assemblée constituante rend un trône presque aboli à ce fantôme de roi captif. […] Cette tête auguste et innocente livrée entraîne leurs propres têtes. […] Sa pensée se brouille dans sa tête et la plus grande pensée des siècles aboutit à la guerre et à la servitude. […] Les institutions républicainement spiritualistes peuvent avoir une tête monarchique, sans pour cela cesser d’être populaires.
— C’est la faim, disait le fiancé, et il m’offrait un morceau de gâteau bénit que le prêtre du village voisin venait de leur distribuer à la messe des noces ; mais je n’avais pas faim, et je détournais la tête en repoussant sa politesse. […] CXLVI À ces mots, tous me firent place, en tête du char, près du timon, et jetèrent sur mes genoux, les uns du gâteau de maïs parsemé d’anis et des grappes de raisin, les autres des poires et des oranges. […] Je fis ma prière et je m’étendis ensuite tout habillée sur le lit, recouverte de mon manteau de bête et ma pauvre zampogne, fatiguée, couchée à côté de ma tête, comme si elle avait été un compagnon vivant de ma solitude et de ma misère. […] » Les chevreaux en bondissaient de plaisir dans les bruyères ; ils s’arrêtaient de brouter, les pieds de devant contre les rochers et la tête tournée vers nous pour écouter (les pauvres bêtes !). […] Je cherchais dans ma tête une réponse apparente à lui faire, et je baissais les yeux sur la pointe de mes souliers de peur qu’elle ne lût je ne sais quoi dans mes yeux.
Sa cause ne fut point dans des hasards ; elle fut dans une pensée : cette pensée, rapide et universelle comme tous les mouvements intellectuels de ce pays où la main est si près de la tête, s’était développée d’abord dans sa littérature. […] Les baïonnettes elles-mêmes, comme on l’a dit, sont intelligentes ; les armes y obéissent à leur insu à la tête plutôt qu’à la main. […] La bourgeoisie ne fut qu’une croissance naturelle qui donne une tête aux peuples quand le corps est formé ; elle portait en elle le travail, l’aisance, le commerce, les industries, toutes choses matérielles ; elle ne portait pas encore la pensée. […] Une nation n’a pas deux têtes : quand elle se décapite, il ne reste que le tronc. […] La terrible machine fonctionnait encore d’elle-même quand ses moteurs étaient déjà des cadavres sans tête couchés dans son panier.
Il avait une bonne grosse tête, toute ronde, avec de larges oreilles rouges. […] La tête engagée entre les balustres, j’assistais à une scène extraordinaire. […] Quelques-unes m’invitèrent à des jeux, mais je faisais : « non » de la tête sans répondre. […] J’étais dans ses bras, assise sur ses genoux, roulant ma tête sur son épaule. […] Et tante Lili approuvait de la tête.
Un jour de première communion, une pensionnaire reprocha à Sophie de Lavalette, qui marchait devant elle penchant la tête et tramant la queue de sa robe, de ne savoir porter ni sa tête ni sa queue « On n’en dira pas autant de toi, répondit mademoiselle de Lavalette avec sa précoce prestesse de riposte, car tu n’as ni queue ni tête. » Réponse mordante, partie avant la réflexion, et qui n’empêchait pas la jeune communiante d’avoir les sentiments de piété les plus exaltés. […] Il ne regardait pas en avant, mais en arrière ; et, à chaque pas qu’il faisait, il retournait la tête. […] Une fantaisie lui passait par la tête, une émotion par le cœur : il l’exprimait et n’y pensait plus. […] c’est bientôt dit, et là-dessus on secoue la tête d’un air superbe ; mais nous voudrions y voir condamnés, non pas à perpétuité, di talem avertite casum ! […] Marilhat n’était pas mort, mais déjà il était perdu pour les arts ; la tête ne guidait plus cette main si habile, et deux ans il se survécut ainsi à lui-même.
Voilà donc le bourgeois qui relève la tête et qui commence à considérer de près la grande machine dont le jeu, dérobé à tous les regards vulgaires, était jusqu’ici un secret d’État. […] Et qu’est-ce que la cour, sinon la tête de cette immense aristocratie qui couvre toutes les parties de la France, qui, par ses membres, atteint à tout, et exerce partout ce qu’il y a d’essentiel dans toutes les parties de la puissance publique ? […] Par suite, à l’unanimité, il exige que les députés votent, « non par ordre, mais par tête et conjointement » « Dans le cas où les députés du clergé et de la noblesse refuseraient d’opiner en commun et par tête, les députés du Tiers, qui représentent 24 millions d’hommes, pouvant et devant toujours se dire l’Assemblée nationale malgré la scission des représentants de 400 000 individus, offriront au roi, de concert avec ceux du clergé et de la noblesse qui voudront se joindre à eux, leur secours à l’effet de subvenir aux besoins de l’État, et les impôts ainsi consentis seront répartis entre tous les sujets du roi indistinctement600. » — « Le Tiers, disent d’autres cahiers, étant les 99 pour 100 de la nation, n’est pas un ordre. […] Dans ce délire universel, Morris ne peut citer à Washington qu’une seule tête saine, Marmontel, et Marmontel ne parle pas autrement que Morris. […] j’ai vu l’énorme tête d’un lion, gueule béante, et vomissant des chaînes dont il menace les passants ; peut-on imaginer un emblème plus effrayant de despotisme et de servitude ?
Une autre femme veut arracher les yeux à un soldat ; cachez la tête du soldat, et vous croirez qu’on le caresse. Cachez la tête de la femme, et découvrez celle du soldat, vous ne verrez plus à celle-ci que la douleur et la résignation immobile d’un malade entre les mains d’un oculiste qui lui fait une opération chirurgicale. […] Les têtes du père et de la mère sont d’ivoire.
Il dit, et celui-ci allait Supplier lui Ayant saisi son menton De sa main épaisse ; Mais lui le frappa Au cou au milieu, S’étant élancé avec son épée, Et lui coupa deux nerfs ; Et la tête donc De celui-ci parlant encore Fut mêlée à la poussière. Or ils enlevèrent de la tête de lui Et son casque de peau de belette Et sa peau de loup Et son arc élastique Et sa lance longue… Traduction Leconte de Lisle Dolon, ne pense pas m’échapper, puisque tu es tombé entre nos mains, bien que tes paroles soient bonnes. […] Et le Troien parlait encore quand la tête tomba dans la poussière.
En attendant qu’elles soient hommes tout à fait par la tête, elles se font hommes parle nom, croyant sans doute comme Mahomet, ce singulier et terrible nominaliste, que « nommer les choses, c’est les créer ! […] A-t-elle entassé lentement dans sa tête l’avalanche de livres que voilà lâchée et dont les premiers tombent sur nous avec une grêlante rapidité ? […] Zola, dans son Assommoir, nous vide un pot de chambre — le pot de chambre du peuple — sur la tête ! […] Seulement, si l’œuvre n’est pas ce qu’elle aurait dû être, on voit — avec regret — ce qu’était primitivement la tête de la femme qui l’a conçue et la santé d’un esprit dans lequel la grande idée de la Chute et du Péché originel, si impopulaire et si insultée en ce temps de bâtardise et de révolte orgueilleuse, est restée debout, comme une colonne, dans le vide des autres idées écroulées, qui auraient pu la corroborer et la soutenir… II Mais cette tête que je crois née très bien faite, a été pétrie par le monde moderne qui l’a déformée et appauvrie.
Ce livre, d’une haleine très saine et très pure, ressemble à un verre d’eau versé pieusement sur une mémoire qu’on veut faire refleurir ; mais ce n’est qu’un verre d’eau, et pour faire relever la tête à cette fleur, piétinée et souillée par les boueux du xviiie siècle, il faudrait davantage. […] Regardez son portrait, à la tête du volume de M. de Barthélemy ! […] Tête synthétique que cette tête de Celte, bien au-dessus des mièvreries d’analyse de Sainte-Beuve, qu’on a trop vanté, Fréron eut le style de ses facultés, et fut, comme écrivain, ce qu’il était comme critique. […] On a dit que ce régicide ne le devint que parce qu’on avait tué son père, en supprimant son Année littéraire au nom du roi, rendant ainsi, coup pour coup, à la royauté, le coup qu’il avait reçu d’elle… Crime plus grand que dans un autre, dans le fils d’un homme comme Fréron, qui dérogea si épouvantablement à sa naissance et aux vertus de son père, et à qui on pourrait appliquer le mot grandiose et terrifiant de Chateaubriand, parlant d’un autre fils coupable : « Si son père l’eût su dans sa tombe, il serait revenu lui casser la tête avec son cercueil !
Dans ce moment où la mollesse de l’opinion sur tant de choses est la torpille qui engourdit les plus énergiques cerveaux, il faudrait, pour bien juger de la politique de Louis XIV, avoir plus que de l’historien dans la tête : il faudrait y avoir de l’homme d’État. […] Tous, au contraire, en supputant sur leurs dix doigts les dommages faits à la France de l’industrie par la politique de Louis XIV, trouveront sérieusement moins grand ce grand homme à la lueur tremblotante de leurs chiffres… Et quoique Weiss n’ait pas dans l’âme cette profondeur de rancune qui attend le moment pour frapper et fait jeter un livre à la foule, comme Ravenswood, dans Walter Scott, jette sur la table la tête coupée de son taureau, l’auteur de l’Histoire des réfugiés aura peut-être, en fin de compte, le mieux vengé le protestantisme en démontrant placidement, et d’un ton très doux, à une société qui ne croit plus guères qu’à des chiffres, qu’économiquement la révocation de l’Édit de Nantes fut une grande faute, — car, en faisant cela, il aura insurgé contre Louis XIV la seule chose qui soit vivante et qui ressemble à une passion dans notre temps ! […] On eût dit qu’à partir des commencements de la monarchie cette question s’endormait par moments, puis avait ses réveils de lion, avec quelque grand homme qui tout à coup venait à naître… Quand Charlemagne conférait le baptême sous peine de mort ; lorsque Louis XI frappait la féodalité à la tête ; lorsque Catherine de Médicis ne craignait pas de laisser peser sur sa mémoire l’effroyable décision de la Saint-Barthélemy ; quand Richelieu, plus tard, abattait de la même main les restes de l’aristocratie féodale et le protestantisme de son temps retranché dans la Rochelle, achevant à lui seul la double besogne de Louis XI et de Catherine de Médicis, nulle de ces grandes têtes politiques n’avait cédé à des passions vulgaires. […] Sans daigner répondre à ces reproches d’immoralité et de tyrannie, faits par les hautes moralités du xviiie siècle à une mesure qui eut l’assentiment d’hommes comme Le Tellier, Bossuet et Grotius, le plus vénéré des protestants, il eût examiné seulement, la tête dans le xviie siècle, si la mesure de Louis XIV avait cette convenance du moment et cette prévoyance de l’avenir qui donnent à tout pouvoir, eût-il échoué, un bill d’amnistie devant l’Histoire.
L’éditeur, qui se nomme à la tête de ces deux volumes, est le petit-neveu du comte de Fersen. […] Il était, comme le portrait de ce livre l’atteste, jeune et beau, — d’une beauté presque féminine, et quoiqu’il soit mort vieux, avec des cheveux blancs, souillés et ensanglantés comme ceux de Priam, l’Imagination s’obstine à ne voir sa tête que jeune et charmante, telle qu’elle était du temps de cette Reine à laquelle il s’était dévoué, et comme si un dévouement pareil au sien ne pouvait appartenir qu’à l’enthousiasme de la jeunesse ! Le sentiment de Fersen pour Marie-Antoinette l’a revêtu d’une éternelle jeunesse, et il portera sur son front inextinguiblement cette lueur d’étoile… Cet admirable serviteur d’une Reine assassinée mourut longtemps après elle, assassiné comme elle, dans une émeute de son pays, mais avec des détails de cruauté à faire bénir le coup de tranchet de la guillotine qui emporta la tête de la Reine. […] Quand cette philosophie incrédule avait faussé des têtes de la force de celles de Frédéric de Prusse et de Catherine II, que pouvait-elle faire de la pauvre cervelle des médiocrités qui menaient le monde ? […] Quand on coupait la tête au principe de la Souveraineté, encore plus qu’au roi Louis XVI, la Royauté ne sentait pas le sang de la solidarité et de l’honneur qui coulait par toutes ses veines.
Dumas n’a eu le choix ni de sa tête de Turc, ni de sa borne… Il a répondu au livre de M. […] Alexandre Dumas n’en a pas moins charmé ses contemporains, et surtout ses contemporaines ; et son inexplicable charme est allé même jusqu’à l’ensorcellement, Qu’on se rappelle la fête où, dernièrement, une troupe de Philamintes et de Bélises, prises au bataillon du bas-bleuisme de ce temps, le traitèrent comme un Trissotin colossal, portant sur les rubans de leurs robes tous les titres de ses ouvrages, et ayant à leur tête — ces singulières amazones fêtant Alexandre ! — une reine, qui avait moulé la tête de Dumas, aux cheveux divins, sur son casque ! […] Dumas, l’épicurien sentimental, qui croit, comme madame de Staël, que le but légitime de la vie est le bonheur individuel et non pas le perfectionnement moral, n’a pas mis à côté des idées de madame de Staël une idée qui prouvât à cette glorieuse jupe que l’homme, en matière d’État, est, comme en tout, au-dessus de la femme… Pour mon compte, j’accepte le tranchant de la hache qui a coupé une tête de plus dans nos institutions. […] » disait un jour un vieux bleu à un général vendéen qui lui tenait le sabre levé sur la tête en lui disant : « Meurs !
Cela se ressemble… Avec les différences de rabougrissement, de race et de peau, comme le crapaud, dont Lavater faisait Apollon, ressemble à la tête de Méduse ; car les nègres donnent à tout leur profil. […] Excellent tout le temps qu’il n’est qu’historien et peintre, il n’a plus la même valeur quand, des faits qu’il décrit avec une si pénétrante ironie, il veut monter dans les généralités philosophiques et, dominant Soulouque et son empire, regarder plus haut que cette tête crêpue et ce globe impérial fait avec une boule de jongleur. […] Le christianisme, qui a déjà une fois modifié ces natures bestiales et enfantines, mais qui n’a pas — les doux maîtres partis — gardé sa conquête, tant le nègre redevient incorrigiblement ce qu’il était dans l’espace d’une génération, le christianisme, avec ses influences surnaturelles, pourrait seul constituer un état de civilisation relatif pour ces nègres, en pleine réaction, à l’heure qu’il est, de barbarie africaine, et dont Soulouque est bien plus l’instrument que la tête ; car un pareil homme n’est la tête de rien. […] De cet illuminisme qui domine la tête de Soulouque, et de la vanité du nègre (la vanité du nègre est quelque chose de sans nom) blessée par les classes éclairées, qui se moquèrent de son fétichisme dès les premiers moments de son avènement, l’historien fait sortir le Soulouque méchant enté sur le bon nègre, l’espèce de Tibère cafre qui, tout omnipotent qu’il soit, et féroce, sacrifie au préjugé des procédés judiciaires, et, trait de caractère, se sert un jour, pour condamner à la mort qu’il a résolue, de commissions militaires qu’il pourrait ne pas invoquer dans l’état absolu de sa puissance, mais qu’il invoque, nous dit d’Alaux avec une profondeur spirituelle, « pour ne pas être volé d’une seule de ses prérogatives ».
Le poète, terrible et terrifié, a voulu nous faire respirer l’abomination de cette épouvantable corbeille qu’il porte, pâle canéphore, sur sa tête, hérissée d’horreur. […] Baudelaire ce que deviendrait la poésie en passant par une tête organisée, par exemple, comme celle de Caligula ou d’Héliogabale, et Les Fleurs du mal, — ces monstrueuses, — se sont épanouies pour l’instruction et l’humiliation de nous tous ; car il n’est pas inutile, allez ! […] Baudelaire, qui salue, à la tête de son recueil, M. […] Les Solitaires ont auprès d’eux des têtes de mort, quand ils dorment. Voici un Rancé, sans la foi, qui a coupé la tête à l’idole matérielle de sa vie ; qui, comme Caligula, a cherché dedans ce qu’il aimait et qui crie du néant de tout, en la regardant !
Il lui avait très proprement coupé la tête. Mais la tête coupée a fait mieux que de marcher, comme saint Denis avec la sienne elle a rendu le coup et elle a tranché celle de son bourreau. […] Vieille, — quand elle le sera tout à fait, — c’est avec les tremblements de tête d’une adorable vieille émue, que la langue française se retournera encore vers Ronsard, son mâle et impétueux premier-né, pour se rajeunir en se baignant dans le souvenir de cette aurore ! […] même Lamartine, le Virgile chrétien, qui, tout chrétien qu’il fut, n’en chanta pas moins Socrate, Psyché et Sapho ; prenez Hugo, de Vigny, de Musset, Amédée Pommier, Sainte-Beuve, Gautier, Hégésippe Moreau, et jusqu’à Béranger, et regardez s’ils n’ont pas tous le souffle de Ronsard sur la tête, s’ils ne sont pas tous les fils et les successeurs de Ronsard ! […] Il avait vu, comme Byron, les cheveux blancs pleuvoir de bonne heure sur sa tête, et stupide, comme Byron, sur ses œuvres, il les avait impitoyablement mutilées dans d’infanticides éditions.
Quand il arrivera à l’examen du Paradis perdu, il ne mettra pas, bon gré mal gré et de force, et en faussant tout autour de soi pour l’expliquer, toute l’Angleterre politique et sociale du temps de Milton dans ce poème, qui n’eut d’autre source que la Bible, entrée dans la tête d’un grand poète. […] Mais le Titan poétique était si fort en lui, qu’au moment même où l’on pouvait le plus le croire écrasé, il se leva tout droit et tout grand en rejetant ces affreuses montagnes qu’il avait empilées sur sa tête, et il apparut à l’Angleterre la fleur magnifiquement épanouie du Paradis perdu à la main ! […] et inflexible Tête-Ronde dont le temps a fait une tête de mort comme des autres, dans le charnier de l’Histoire où elle aurait été oubliée, si elle n’avait été qu’une tête politique et religieuse, et que l’historien, qui n’est, en somme, qu’un fossoyeur, n’aurait peut-être pas reconnue en la roulant sous sa bêche ? […] À côté des pédants de la Critique, il y a les pédants de la Politique, — une race nouvelle, — il y a les caporaux de la Démocratie, qui donnent, depuis quelque temps, le mot d’ordre contre la Poésie, qui lui refusent le droit d’exister, à cette sublime fille de la tête humaine, et qui la traitent comme une amusette de peuple enfant, comme un polichinelle cassé.
Ce même duc, en 1630, gagne une bataille en Italie, et, en 1632, perd la tête sur un échafaud, pour s’être ligué avec le frère du roi contre le ministre : il est vrai qu’il avait été pris les armes à la main. Les deux princes de Vendôme, fils de Henri IV, sont emprisonnés à Vincennes ; le comte de Soissons fuit en Italie ; le duc de Bouillon sauve sa tête par l’échange de Sedan. […] En 1633, le commandeur du Jars et d’autres sont condamnés à perdre la tête ; un seul a sa grâce sur l’échafaud ; tous les autres sont exécutés. […] Il ne faut pas oublier que, par arrêt du parlement, son innocence fut reconnue ; mais c’était après la mort du cardinal, et sa tête, en attendant, était tombée sur l’échafaud. […] Sous lui, les provinces furent toujours très foulées : d’une main il abattait les têtes des grands, et de l’autre il écrasait les peuples.
Un homme ou une bête qui porte l’Etat dans sa tête peut-il être autre chose qu’imposant et sévère ? […] Ils se sont monté la tête avec leur projet héroïque. […] Par exemple le rat s’étonne de voir tout le monde tourner la tête au passage de l’éléphant. […] Le loup est procureur du roi, appelle l’âne « pelé, galeux », demande la tête du coupable, et veut sauver la société. […] Sur la tête des rois, et sur celle des ânes Vous allez vous planter.
On quitte les mulets de montagne pour les chameaux ; la caravane décidément se forme et s’organise ; les cavaliers montent à cheval au nombre de trente environ et prennent la tête du convoi. […] Hélène et Priam, au sommet de la tour, nommaient les chefs de l’armée grecque ; Antigone, amenée par son gouverneur sur la terrasse du palais d’Œdipe et cherchant à reconnaître son frère au milieu du camp des Sept Chefs, voilà des tableaux qui me passionnent et qui me semblent contenir toutes les solennités possibles de la nature et du drame humain. « Quel est ce guerrier au panache blanc qui marche en tête de l’armée ? […] Il s’agit dans ces journées ardentes d’y trouver un peu d’ombre ; cette ombre, nulle à midi même, ne commence à se dessiner faiblement que vers une heure : « Assis, on n’en a pas encore sur les pieds ; debout, le soleil vous effleure encore la tête ; il faut se coller contre la muraille et se faire étroit. […] Peu à peu, cependant, on voit sortir des porches entrebâillés de grandes figures pâles, mornes, vêtues de blanc, avec l’air plutôt exténué que pensif ; elles arrivent les yeux clignotants, la tête basse, et se faisant, de l’ombre de leur voile, un abri pour tout le corps, sous ce soleil perpendiculaire. […] Le soleil monte, abrégeant l’ombre de la tour, et finit par être directement sur ma tête.
On dirait très bien de quelqu’un dont la tête faiblit et qui ne gouverne plus bien sa mémoire : « Il n’a que des réminiscences, il n’a plus de souvenirs. […] Lui, il gardait son chapeau sur la tête ; on le lui arracha de force. […] Hier je m’y rendis ; elle me vit une figure assez triste, et dès que nous fumes tête à tête, elle me demanda : « Avez-vous des nouvelles ? […] Ils étaient rivaux sur un point ; ils courtisaient tous deux la même maîtresse, la popularité ; Benjamin Constant rappelait que Béranger lui avait dit un jour ; « Quand j’étais garçon d’auberge, j’avais souvent envie de casser les assiettes sur la tête de ceux auxquels j’étais obligé de les donner. » — Béranger ayant été condamné à trois mois de prison en 1823, M. […] S’il y avait eu, comme dans la Révolution, peine de mort pour des signes de commisération, si les têtes avaient dû tomber, la plupart se seraient gardés de me dire un mot, et j’aurais eu peu de visites.
Si vous portiez des arcs, je vous prendrais pour elles. » — On dirait un baron du moyen âge, la tête pleine d’histoires de goules et de sorcières barbaresques, questionnant avec une sévérité soupçonneuse quelque bande noire d’Égyptiennes qui serait venue camper sous sa ville. […] La notion d’un peuple libre n’est jamais entrée dans leurs têtes serrées par les bandeaux de la servitude ; ce partage de l’autorité les étonne et les scandalise. […] » On dirait en effet l’Anubis aboyant, à tête de chacal, de la mythologie égyptienne, tel que des monuments le représentent quelquefois, portant un caducée et cuirassé d’une cotte d’armes. — « Tu vomis l’onde amère ! […] arrachez nos cheveux, meurtrissez-nous, tranchez nos têtes ! […] Un instant, il essaye d’effrayer le roi, en le menaçant de la guerre ; cette fière réponse le renvoie, tête basse, vers sa barque. — « La Cité a décidé, par son suffrage unanime, que ces jeunes filles ne seraient ni livrées contre leur gré, ni enlevées par la violence.
Lui seul, en sa qualité de grand poète, pouvait renverser ses facultés sans les briser, — comme cette Hérodiade du portail de la cathédrale de Rouen, qui danse sur la tête et qui n’en paraît aux yeux d’Hérode qu’une plus grande danseuse ! […] le pistolet de Werther aurait probablement raté, il s’est tiré ce coup de pistolet dans la tête, mais la balle de la philosophie était si creuse qu’elle ne l’a pas tué, Dieu merci ! […] D’ailleurs, dans ce livre : De l’Allemagne, comme dans la tête de l’auteur, il résulte du mélange de poésie très vraie et de philosophie très fausse qui s’y combinent, je ne sais quoi d’hermaphrodite et de bâtard qui n’est ni la poésie qu’on pouvait espérer, ni la philosophie qu’on devait attendre. […] est moins grand que Voltaire parce qu’il a fait moins de train dans le monde, mais ce train ne tenait qu’à l’heure qui sonnait sur la tête de Voltaire. […] En vain nous dit-il, entre deux morsures du mal sous lequel il a succombé, que « malgré ses souffrances, il est gai, et que les pensées joyeuses le hantent », je ne connais, moi, rien de plus navrant que ces lettres dans lesquelles l’enchanteur intellectuel qu’il était, en conversation aussi animé, aussi éclatant, aussi poète que dans ses livres, sent la paralysie lui infliger l’affreux mutisme de l’impuissance, et se peint tête à tête avec sa femme deux heures durant, sans pouvoir rien lui dire, lui qui l’adore !
Le st Charlemagne est un gros spadassin, le ventre tendu en devant, la tête ébouriffée et renversée en arrière, la main gauche fièrement appuyée sur le pommeau de son épée. […] Le casque s’est séparé de la tête, et il est à terre au-dessous. […] Tout à fait sur le fond, autour de ce grotesque personnage et derrière son officieux camarade, des têtes de satellites épouvantés. […] Parcourez toutes les fonctions de la vie, toutes les sciences, tous les arts, la danse, la musique, la lutte, la course, et vous reconnaîtrez dans les organes une aptitude propre à ces fonctions ; et de même qu’il y a une organisation de bras, de cuisses, de jambes, de corps propre à l’état de porte-faix, soyez sûr qu’il y a une organisation de tête propre à l’état de peintre, de poëte et d’orateur, organisation qui nous est inconnue, mais qui n’en est pas moins réelle, et sans laquelle on ne s’élève jamais au premier rang ; c’est un boiteux qui veut être coureur.
Quand un livre qui a la prétention de raconter et d’expliquer les cent dernières années qui viennent de s’empreindre si profondément sur l’Europe ne renferme que les connaissances les plus superficielles, et les moins sûres encore dans leur superficialité, et, de plus, quand c’est l’inconséquence, non pas seulement d’une tête faible, mais d’un distrait, qui se sert de ces connaissances pour en tirer de ces jugements sans cesse contredits et abolis les uns par les autres, la Critique peut passer outre avec moins de dédain que de pitié. […] Elle en induit ou déduit ce qu’une tête pensante peut donner. […] Esprit médiocre, tête inconsistante, réputation exagérée comme une hyperbole italienne, Cantu pouvait-il juger Napoléon ?
Il y a ceux qui ne sont contents que quand ils ont la tête à la fenêtre, qu’ils voient défiler le cortège en toute chose, et qu’ils racontent aux autres tout ce qui passe. […] Le métaphysicien Malebranche, dans sa jeunesse et avant d’avoir trouvé sa vocation, avait voulu s’appliquer à l’histoire ecclésiastique ; il commença par lire Eusèbe et d’autres chroniqueurs : « Mais les faits, dit Fontenelle, ne se liaient point dans sa tête les uns aux autres ; ils ne faisaient que s’effacer mutuellement. » Au contraire, prenez un pur historien, Tillemont : tout enfant, dès l’âge de douze ans, il ne peut se détacher de Tite-Live ; dès qu’il l’a ouvert, il ne peut se résoudre à le fermer qu’il n’en ait lu tout un livre. […] Quatre chevaliers envoyés pour reconnaître l’ordre et le plan des Anglais le viennent redire au roi Jean, qui, « monté sur un grand blanc coursier », exhalait son ardeur et n’épargnait pas les paroles pour piquer les siens : « Entre vous, disait-il, quand vous êtes à Paris, à Chartres, à Rouen ou à Orléans, vous menacez les Anglais et vous vous souhaitez le bassinet en la tête devant eux : or, y êtes-vous ; je vous les montre… » Et ses barons lui répondaient par des cris de joie et d’espérance. […] Mais voilà, quand les batailles du roi sont bel et bien ordonnées (trois grosses batailles et deux moindres, mais d’élite, placées en tête), voilà qu’arrive au galop, piquant des deux et venant de Poitiers, le bon cardinal de Périgord, qui va se démener tout le jour à vouloir faire la trêve entre les deux armées : rôle honorable, mais vain, et qui le fait un peu ressembler à l’archevêque Turpin dans les romans des douze pairs26. […] Le prince, en effet, rencontre là des gens de ce cardinal rangés du côté des Français et qui prennent part à la bataille : il croit, dans le premier moment, que c’est l’effet d’une fourberie du prélat pacificateur, et veut leur faire trancher la tête : Jean Chandos l’arrête à temps.
Pourquoi à l’Escurial, dans sa bière, la tête de l’infant don Carlos est-elle séparée du tronc ? […] Le sommet, c’est la tête. […] Est-ce une tête qui porte une couronne ? Est-ce une tête qui porte une pensée ? […] De là un nouveau ciel historique au-dessus de nos têtes.
L’œil attaché sur l’horizon lointain, mais sûr d’arriver, il ne détournerait pas la tête pour regarder en arrière ; il se résignerait de bonne grâce à la continuité harmonieuse de ses efforts. […] Elle avait conquis l’amour d’un homme, elle avait posé sa tête sur son épaule, et dans ses rêves elle avait surpris le murmure de son nom ; elle était fière et glorieuse, et ne soupçonnait pas que la chance pût tourner contre elle. […] Je subirai, sans détourner la tête, les affronts et le mépris de ce monde qui me conviait à ses fêtes, et que j’ai quitté. […] Mais comme sa tête a voulu avant que son cœur désirât, c’est Ellénore qu’il attaque, et qu’il préfère à toutes les autres. […] Non ; il s’applaudira de son choix, et lèvera fièrement la tête.
À la tête des orateurs qui l’ont loué, est ce Libanius, né à Antioche, et regardé comme l’homme le plus éloquent de l’Asie. […] les trésors ne leur suffisaient pas ; ils avaient l’audace de s’indigner s’ils ne partageaient point la considération attachée à la dignité, croyant voiler ainsi leur servitude… L’empereur chassa du palais ces animaux dévorants, ces monstres à cent têtes, et voulut qu’ils regardassent comme une grâce la vie qu’il leur laissait. » Il était difficile, sans doute, de mieux peindre la corruption profonde de la cour de Byzance, cette chaîne de brigandage et d’oppression, et l’abus du crédit, dans une classe d’hommes qui, voués par état à des emplois obscurs, mais approchant du prince, ou paraissant en approcher, imprimaient de loin l’épouvante, parce qu’ils habitaient le lieu où réside le pouvoir. […] Mis à la tête de l’empire, il y soutint son caractère ; on le vit à la cour dédaigner le faste, fuir la mollesse, combattre ses sens, dompter en tout la nature, se contenter de la nourriture la plus grossière ; souvent il la prenait debout, souvent se la refusait, dormait peu, n’avait d’autre lit qu’une peau étendue sur la terre, et passait une partie des nuits ou dans son cabinet, ou sous sa tente, occupé au travail et à l’étude. […] Alors le génie de l’empire lui parut triste et désolé, et la tête couverte d’un voile. […] qu’il fut beaucoup plus philosophe dans son gouvernement, et sa conduite que dans ses idées ; que son imagination fut extrême, et que cette imagination égara souvent ses lumières ; qu’ayant renoncé à croire une révélation générale et unique, il cherchait à chaque instant une foule de petites révélations de détail ; que, fixé sur la morale par ses principes, il avait, sur tout le reste, l’inquiétude d’un homme qui manque d’un point d’appui ; qu’il porta, sans y penser, dans le paganisme même, une teinte de l’austérité chrétienne où il avait été élevé ; qu’il fut chrétien par les mœurs, platonicien par les idées, superstitieux par l’imagination, païen par le culte, grand sur le trône et à la tête des armées, faible et petit dans ses temples et dans ses mystères ; qu’il eut, en un mot, le courage d’agir, de penser, de gouverner et de combattre, mais qu’il lui manqua le courage d’ignorer ; que, malgré ses défauts, car il en eut plusieurs, les païens durent l’admirer, les chrétiens durent le plaindre ; et que, dans tout pays où la religion, cette grande base de la société et de la paix publique, sera affermie ; ses talents et ses vertus se trouvant séparés de ses erreurs, les peuples et les gens de guerre feront des vœux pour avoir à leur tête un prince qui lui ressemble.
Il parlait aujourd’hui de l’extraordinaire force physique des turcos, et de l’espèce de joie orgueilleuse qu’ils éprouvaient, quand leur sac, leur écrasant sac dépassait de beaucoup leur tête. […] » quand le capitaine leur a jeté à la tête : « Tu es un imbécile ! […] » Ils font nenni de la tête, et répètent avec entêtement, sans qu’on puisse en tirer rien de plus : « Nous sommes ben las ! […] C’est lui qui, à une messe de minuit de Noël, où les paysans qui s’étaient grisés avant, faisaient du bruit, son surplis déjà à moitié sorti de la tête, leur cria : « Eh ! […] Alors, le roi y faisait placer des pièges pour prendre les voleurs, et l’un des deux frères était pris, et l’autre lui coupait la tête, pour n’être pas reconnu et arrêté.
C’est une tête originale, avec une chevelure à la Giorgione, une tête toute cahoteuse de méplats et de rondeurs turgescentes : une tête de foudroyé. […] J’ai vu un beau jeune homme, dans l’enroulement d’un caban à broderies d’argent, la tête penchée sur une main gantée de jaune, qu’on m’a dit être le poète Déroulède. […] Oui, il me semblait assister, dans une baraque de guignol, au plongeon ironiquement révérencieux de polichinelle, après le coup de bâton qu’il donne sur la tête de sa victime. […] À mesure qu’il parle de ce pays, le blanc de ses yeux s’agrandit dans son exaltation, ou bien, les yeux fermés, la tête renversée en arrière, il se touche le front de l’index. […] Un somptueux dîner, arrosé d’un Hochkeimer frappé, tout à fait supérieur, mais un dîner où, entre chaque convive, une tête de chien formidable, une tête de chien de toutes les grandes espèces, demandait, et quand on le faisait attendre, demandait avec des aboiements féroces, tout prêt à manger le convive qui l’oubliait trop longtemps.
La Fille naturelle est une autre aberration de Gœthe, dans la tête de qui grouillait aussi du Diderot parmi bien d’autres grouillements. […] Porchat (et l’on sait l’honnêteté des traducteurs pour ceux qu’ils traduisent) écrit, dans une note, démoralisé et la tête perdue, que Gœthe avait probablement dans l’esprit un autre dénoûment (comment le sait-il ?) […] Mais pourtant qu’il est loin de Lessing par la plénitude de la tête qui l’a pensé, par le mouvement d’idées, par l’enthousiasme ! […] Gœthe envoie un petit garçon le chercher, quand la jeune fille, qui a voulu le voir partir, met la tête à la fenêtre d’un entresol très bas, et elle l’aperçoit hors de la voiture. […] Mais il avait été moins heureux avec la tête de Newton qu’avec la tête de Louis XVI.
Danse sur la corde (À la fin la corde casse, et les danseurs tombent qui sur les pieds, qui sur la tête, au milieu du brouhaha général.) […] Le démolisseur humoriste doit savoir danser sur la tête au milieu des ruines qu’il entasse ; il doit savoir rêver eu pleine veille, tournoyer à jeun comme s’il était ivre, paraître toujours pris de vertige, écrire en tenant sa plume à l’envers, effacer à mesure chaque trait de son dessin sous l’enchevêtrement des arabesques, jeter la préface au milieu, les réflexions dans le drame, les bêtises dans les réflexions, et l’épilogue avant le titre ; il doit unir Héraclite et Démocrite, et faire le Solon eu démence, pour pouvoir dire au monde la vérité qui rebute, quand elle est servie seule, mais qui s’avale avec le reste dans une olla-putrida 149. […] La comédie pose sur la tête de l’Humanité une couronne de fleurs, et la conduit souriante aux Petites-Maisons. — Moins une nation ou une époque est poétique, plus elle change facilement la comédie en satire. […] Voici comment Jean-Paul conclut le Prologue-Programme de son Titan : Maintenant donnons-nous la main, auteur et lecteurs, et dansons ensemble dans cet ouvrage ce grand bal de la vie ; moi à la tête d’un quadrille, et vous en sautant en mesure derrière moi, accompagnés par le chant des Muses et par la lyre d’Apollon, dansons de volume en volume, de cycle en cycle, de digression en digression, d’une pensée à une autre… (Traduction de M. […] L’humour ressemble à l’oiseau Mérops, qui monte vers le ciel en tenant sa queue tournée vers lui ; c’est un jongleur qui boit et aspire le nectar en dansant sur la tête, etc., etc., etc.
J’aime ces doux combats, et je suis patient : Dans l’étroit vêtement qu’à son beau corps j’ajuste, Là serrant un atour et là le déliant, J’ai fait passer enfin tête, épaules et buste ! […] À la tête de ce recueil aussi passionné dans sa correction et sa beauté typographique que le serait le manuscrit d’un vieux moine (et M. Soulary est bien capable de nous donner son prochain ouvrage sur le parchemin d’un manuscrit enluminé), à la tête de ce recueil il y a un portrait du poète qui dit bien tout ce qu’il est, lui et sa poésie, à ceux-là qui savent lire l’hiéroglyphe de la physionomie humaine. […] IV Le livre des Sonnets humouristiques est divisé en plusieurs livres, composés, à leur tour, d’un nombre déterminé de sonnets, et ces différents livres, dont nous donnerons seulement les noms, parce qu’en donnant ces noms on donne aussi les teintes de l’imagination qui les a écrits, s’appellent : Pastels et Mignardises, — Paysages, — Éphémères, — Les Métaux, — En train express, — L’Hydre aux sept têtes, — Les Papillons noirs, — et déjà, à ne considérer que ces grandes divisions de l’œuvre des Sonnets humouristiques, on entrevoit la forte originalité de l’esprit qui a concentré tant de vigueur dans de si petits espaces et sous un nombre si rare et si choisi de mots. […] Joséphin Soulary, qui a le riant des teintes, comme on vient de le voir, est bien plus profondément lui-même, quand il est grave, fort et poignant dans sa couleur âprement foncée, ainsi qu’on peut le voir dans ses Métaux, par exemple, ou dans son Hydre aux sept têtes, lesquelles ne sont rien moins que les sept péchés capitaux.
Qu’il ait écrit les trois livres qui n’en sont qu’un : Un début à l’Opéra, M. de Saint-Bertrand et le Mari de la Danseuse 39, tout d’une haleine ; qu’il en ait inventé ou combiné les événements à tête reposée et de longue main ; ou, comme tant d’autres marquis de la Rocambole du feuilleton, qu’il les ait trouvés au jour le jour dans cette improvisation qu’on apprend comme tout ce qui est de métier et d’exercice, il n’importe ! […] Attaqué, depuis son début, dans sa moralité d’écrivain, ce qui, au fond, lui est bien égal, il n’en a pas moins relevé le gant pour le compte de la moralité de son œuvre, afin de n’avoir point à le relever pour le compte de son talent contesté, et il a écrit une longue préface qu’il a plaquée à la tête de ces trois volumes, précisément, dit-il en capitales, « pour qu’on la passe ! […] Madame Sand, qui faisait un livre, a traité ce sujet en se plaçant en plein centre d’âmes et de drame tète à tête, et, quoique sa main de femme ait un peu tremblé sur le scalpel et ne l’ait pas enfoncé aussi avant qu’il le fallait, elle en a mis pourtant la pointe à la place juste, tandis que Feydeau, venu après elle et faisant un feuilleton, a enroulé autour du Leone Leoni de madame Sand, dissous et délayé dans une boue plus liquide et plus infecte que la boue qui avait servi la première fois à la confection de ce type, un tas d’événements en arabesques qui sont des prétextes à feuilleton, mais qui ne font rien, absolument rien au sujet. […] C’est toujours la même potée de choses vulgaires qu’on nous jette, depuis des siècles, sur la tête. […] Le style (nous ne voulons rien oublier), le style dans lequel tout cela est écrit s’est desséché comme la tête de l’auteur sous sa théorie de l’exactitude.
Les têtes de taureaux ne sont pas des têtes d’aigles. […] « “Quant à la tête, je compte sur une calotte dantesque, pour qu’elle puisse braver aussi l’aquilon. […] Je réfléchis, mes idées mûrissent, je reconnais que la nature m’a traité favorablement en me donnant mon cœur et ma tête. […] « “Quelle énergie ne faut-il pas pour garder sa tête saine quand le cœur souffre autant ! […] Elle invoque le remède, le pouvoir à une seule tête, la dictature.
Année 1887 Samedi 1er janvier Dîner chez les de Béhaine, en tête à tête avec le mari, la femme, et leur fils venu de Soissons, où il est en garnison. […] Elle entre chez un pharmacien, et s’écrie, avec la tête d’expression de la Douleur, dessinée par Lebrun : « Ah ! […] On le voit tout à coup abaisser la tête, regarder le plancher, tenir ses bras étendus entre ses cuisses ouvertes, et lâcher, lâcher de la parole, mêlée à des choses agressives. […] La femme, de beaux yeux et un air aimable, l’homme, une tête à la détermination froide, et s’exprimant avec une netteté de la pensée et une correction de paroles, remarquables. […] Il entre, s’assoit dans un fauteuil, son chapeau sur la tête, tenant sa canne avec un geste automatique de figure de cire.
Il s’étonnait du soin, selon lui excessif, qu’on prenait à décrire si longuement leurs mœurs, et surtout à faire admirer leur industrie : « Car enfin, disait-il, une mouche ne doit pas tenir dans la tête d’un naturaliste plus de place qu’elle n’en tient dans la nature. » Il semble que Buffon, se tenant au point de vue de l’homme et placé entre les deux infinis, celui de l’infinie grandeur et celui de l’infinie petitesse, n’ait été sensible qu’au premier. […] … Et encore : « Buffon, toute sa vie, fut combattu entre des idées opposées : sa tête semble un chaos sublime, sillonné de mille éclairs et plein des germes des mondes futurs. » Il me semble que l’historien, en ces endroits, a fait un Buffon trop semblable à Diderot, cette tête fumeuse. […] Je considérais l’autre jour, au musée du Louvre, le buste de Buffon, par Augustin Pajou : il y est représenté déjà vieux ; le contour de l’œil, les tempes ridées et un peu amaigries le disent : mais c’est une belle tête, digne, haute, noblement portée. […] Le front élevé n’a surtout rien de bombé, de proéminent ni d’olympien, comme nos statuaires ne manquent pas de le faire à toutes les têtes encyclopédiques. Je faisais la même réflexion en voyant l’instant d’auparavant le buste de Bossuet : il n’y a rien d’exagéré dans toutes ces têtes sublimes, et le caractère humain est empreint dans celle de Buffon.
S’il faut tout dire, — et pourquoi farder d’un idéal menteur la tête de mort d’un souvenir ? […] Le drame dégageait une flamme de jeunesse, une fièvre de passion, une chaleur de vie qui étourdissaient la tête, en troublant le cœur. […] elle l’aime déjà, de toute la folie de sa tête, de toute l’oisiveté de son cœur. […] Paul Aubry, lequel ne se doute pas de sa bonne fortune ; puis il s’esquive et laisse, en tête à tête, ces deux amants qui se voient pour la première fois. […] Ce doit être un portrait que cette tête charmante, pleine de compassion ingénue et de sainte bonté.
Le soir, à la veillée, on parle du carrosse qui apparaît mené par des chevaux sans tête avec un postillon et des cochers sans tête, ou des esprits malheureux qui, obligés d’habiter la plaine sous le souffle aigu de la bise, implorent l’abri d’une haie ou d’un vallon. […] En vain on les supplie ; quand à la fin ils ont consenti, ils se repentent ; c’est une curée qu’il leur faut tout de suite, et Warwick le reprenant de force lui tranche la tête dans un fossé. […] Mortimer, mené au billot, dit avec un sourire49 : « Il y a un point dans la roue de la Fortune où les hommes n’atteignent — que pour rouler en bas la tête la première. […] Je ne suis pas encore folle… Le ciel sur ma tête semble d’airain fondu, et la terre de soufre enflammé, et pourtant je ne suis pas folle. […] Il n’y a pas de cheveu planté sur ma tête qui, comme un morceau de plomb, ne m’enfonce dans ma tombe.
Les deux ou trois plâtres antiques qu’on voyait dans sa chambre quand on y allait, il ne songea à les y placer que depuis qu’il en eut besoin pour les jeter à la tête des gens. […] Or, pour cela, quoi de mieux, en présence d’un tableau vivant, intéressant, animé, où tout parle, se comprend, où là foule s’arrête, et qui est signé d’un nom célèbre, que de hocher la tête, de pousser un profond soupir ou de hausser les épaulés de pitié ? […] Il faut voir comme il jette Milton, Klopstock, Raphaël, Michel-Ange, tous ces grands noms, à la tête d’Horace Vernet, si celui-ci a essayé son Léon XII ou une Judith ; comme il le renvoie à son Pont d’Arcole et à son Cheval du Trompette ! […] Si j’étais plus jeune, ou pour mieux dire moins vieux, ma tête n’y tiendrait pas… « En attendant le départ, je fais des têtes de soldats comme s’il en pleuvait. […] Je t’assure que, dès ce moment, je n’ai plus pensé qu’au bonheur de joindre à tous les souvenirs que j’ai déjà dans la tête une nouvelle collection de matériaux d’un caractère tout particulier.
Penser à un acte de violence, c’est commencer la violence en pensée, c’est esquisser l’acte de violence dans sa tête ; on peut s’en tenir là, on n’en a pas moins déjà commis un premier acte ; on a eu non seulement une « mauvaise pensée », mais encore une mauvaise impulsion, un mauvais vouloir, et, en définitive, on a déjà fait une mauvaise action, dont on se repent aussitôt, et dont on réprime le développement interne, puis externe. […] Je perçois, en premier lieu, une légère tension à la tête, mais cette tension résulte d’une contraction des muscles de la tête et non d’un sentiment de décharge cérébrale. En effet, je sens la tension sur le côté droit de la tête lorsque je meus le bras droit, tandis que la décharge motrice a lieu dans le côté gauche du cerveau. Dans les contractions extrêmes des muscles du corps et des membres surviennnent, comme pour les renforcer, ces contractions spéciales des muscles de la face (spécialement le mouvement des sourcils et le serrement des dents) et ces tensions de la peau de la tête. […] Ils sont peut-être la raison fondamentale qui nous fait attribuer notre sentiment de contraction extrême à la région de la tête, et l’appeler une conscience d’énergie, au lieu d’une sensation périphérique. » Ces observations de Münsterberg montrent bien que nous ne pouvons accomplir un grand effort d’un membre sans une irradiation de l’onde nerveuse qui entraîne des mouvements sympathiques et synergiques, et cela, principalement du côté du corps qui est en jeu (y compris la tête).
Au lieu de ce nord qu’il a dans la tête, mettez-lui, comme à Oreste, du midi dans les veines, il tuera sa mère. […] Quand il plaisait au prince de n’avoir pas eu de témoin, il y allait de la tête à tout ignorer. […] non, il hoche la tête. […] Il a, lui aussi, au-dessus de sa tête, la chauve-souris qui vole éventrée, et à ses pieds la science, la sphère, le compas, le sablier, l’amour, et derrière lui à l’horizon un énorme soleil terrible qui semble rendre le ciel plus noir. […] Les nuées viennent sur sa tête, les forêts l’accablent d’ombre, l’ouragan s’abat sur sa nuque, l’orage plombe son manteau, la pluie pèse sur ses épaules, il marche plié et hagard, comme s’il avait les deux genoux de la nuit sur son dos.
Quelle est la tête de la Tour autour de laquelle l’œil ne tourne pas ? […] Le bras du Jupiter foudroyant d’Apelle saillait hors de la toile, menaçait l’impie, l’adultère, s’avançait vers sa tête. […] Réfléchissez-y un moment, et vous concevrez que le corps d’un prophète enveloppé de toute sa volumineuse draperie, et sa barbe touffue, et ces cheveux qui se hérissent sur son front, et ce linge pittoresque qui donne un caractère divin à sa tête, sont assujettis dans tous leurs points aux mêmes principes que le polyèdre. […] La tête des brunes s’embellit dans la demi-teinte ; celle des blondes à la lumière.
Nous allons voir si le Leopardi d’imagination que nous avions tous dans la tête et qui nous avait griffé la cervelle, n’est, pas tué net sur place, — non par la trahison, mais par la fidélité de son traducteur. […] Il ne l’a pas écorché de la tête aux talons avec des mains d’Apollon irrité, mais il l’a moulé des pieds à la tête, avec des mains innocentes et presque pieuses, dans le plâtre d’une prose blafarde comme l’est le plâtre et d’autant plus exacte qu’elle est plus blafarde. […] qui faisaient contre-sens, mais le grand sens, le sens humain, l’émotion, la profondeur de la pensée, le grandiose de l’image, fût-elle exprimée par une mauvaise plume, comme une tête de buste qu’on déterre est cassée par un extracteur maladroit, nous l’avions pourtant, nous pouvions en juger, — et il y a plus : ce n’est peut-être que dans de mauvaises traductions que l’on peut avoir l’essentiel, l’indestructible, la partie irréductible des grands poètes.
Il n’a rien dans la tête, et c’est un mauvais peintre. […] Mais auparavant j’observerai qu’à parler à la rigueur un peintre quelquefois par un tour de tête particulier préférera un moment tranquille à un moment agité [.] […] quels caractères de tête ne faudra-t-il pas qu’il donne à son orateur, et à ses auditeurs ?
La tête est noble. […] Ce sont des physionomies à tourner la tête ; des pieds, des mains et des bras à baiser mille fois. […] Sa tête est si noble !
Le mauvais larron s’est donc soulevé sur son gibet, et dans cet effort que la douleur lui a fait faire, il vient d’arracher la jambe qui a reçu le coup en forçant la tête du cloud, qui tenoit le pied attaché au poteau funeste. La tête du cloud est même chargée des dépouilles hideuses qu’elle a emportées en déchirant les chairs du pied à travers lequel elle a passé. […] On voit de profil la tête du supplicié, et sa bouche dont cette situation fait encore mieux remarquer l’ouverture énorme, ses yeux dont la prunelle est renversée, et dont on n’apperçoit que le blanc sillonné de veines rougeâtres et tenduës ; enfin l’action violente de tous les muscles de son visage, font presqu’oüir les cris horribles qu’il jette.
Cette tête était ornée par derrière et voilée par-devant d’une belle chevelure indécise entre le brun et le blond, qui ruisselait jusque sur ses épaules, et d’où sortait, au mouvement de sa main, un front limpide, mais déjà plein de je ne sais quoi, pensées ou rêves, poésie future ou sagesse prématurée. […] La pensée a besoin de méditation pour mûrir ; le caractère a besoin de force pour résister : où est la réflexion, où est le caractère, dans une tête qui ne peut s’appuyer sur la main ? […] je l’ai vu mourir avant son malade, à la fleur de ses années, d’une maladie de trois ans, tête à tête avec un crucifix d’ivoire suspendu par un chapelet de femme au bois de son lit. […] Sur sa noire jument, à la tête étoilée, Il allait, en causant, sous la nuit de l’allée, Comme sa sombre vie au fond de l’inconnu ; Il n’avait plus d’étoile, et son ciel était nu. […] Malédiction, ô cher compagnon de mes jours de fatigues, à ceux qui t’ont laissé dix ans brouter déferré sur cette herbe sèche, et moi languir inutile dans cette masure presque démolie sur ma tête, pendant que le sang généreux de la force et de la liberté coulait encore, inutile, dans nos vieilles veines !
Je passai devant la porte de ma cour sans y entrer ; je suivis, sans lever la tête, le pied du mur noir et bossué de pierres sèches qui borde le chemin et qui enclot le jardin ; je n’osai pas m’arrêter même à l’ombre de sept à huit platanes et de la tonnelle de charmille qui penchent leurs feuilles jaunes sur le chemin. […] Ils y ralentissent le pas sans qu’on retire la bride, et baissent la tête pour flairer la vallée, et pour brouter quelques touffes d’herbe brûlée par le vent sur le bord du ravin. […] Le soleil avait baissé sans que je m’en aperçusse pendant cette halte dans mes souvenirs : il touchait presque aux petites têtes du bois de sapins que vous connaissez, et qui dentellent le ciel au sommet de la montagne, en face de moi, en se découpant sur le bleu du ciel comme les mâts d’une flotte à l’ancre dans un golfe d’eau limpide de la mer d’Ionie. […] Elle avait rompu d’une saccade de tête les tiges de houx auxquelles j’avais enroulé la bride ; elle galopait, allant et revenant sur elle-même dans le chemin creux, arrêtée par les cris et par les gestes épouvantés d’un vieillard qui levait et agitait comme à tâtons, d’une main tremblante, un grand bâton dont il semblait se couvrir contre le danger. […] Tout cela a roulé en bruissant pendant je ne sais combien de temps dans ma tête, comme le torrent de ma vie qui serait redescendu tout à coup après une pluie d’orage de toutes les montagnes, et qui serait revenu prendre possession de son lit desséché.
Chez le ver de terre, la tête n’a pas beaucoup plus de génie que les autres segments de l’animal ; chez l’homme, la tête est un Bonaparte qui plie tout le reste sous son joug. […] Une grenouille saine, emprisonnée dans l’eau par une glace placée au-dessus de sa tête, saura fort bien découvrir une sortie par les coins pour aller respirer l’air. […] C’est donc bien la vie familiale et sociale qui a disparu ; ce sont les rapports avec les autres êtres animés qui ne viennent plus se représenter dans la tête de l’animal. […] L’attention du pianiste, par exemple, passe de sa tête dans son tronc, dans ses bras et dans ses doigts ; c’est une pièce d’or qui se change en menue monnaie.
Du moins, il n’en est pas aussi certain avec son titre écolier, et rougissant vertueusement, d’études, que s’il avait écrit fastueusement à la tête de son livre ce titre qui chausse si bien, comme dirait Rabelais, les grands déchaussés de cervelle : Histoire des civilisations ! […] Pour qui sait les annales du genre humain et qui a la tête assez forte pour y lire sans être aveuglé, il n’y a qu’une civilisation qui mérite ce nom de civilisation, si c’est un si grand honneur que de le porter, et c’est celle-là qui est sortie de l’Évangile et du Christianisme pratiqué. […] L’autre type, dolichocéphale, pris de la partie antérieure de la tête à l’occiput, est plus large que les têtes brachycéphales. » Je ne sais pas s’il est brachycéphale ou dolichocéphale, Louis Faliés ; mais ce qui est certain, c’est quil a la tête faite pour contenir ces choses exquises, que Panurge, ce batifoleur, dirait en riant, mais que Trissotin et Thomas Diafoirus diraient avec la gravité de Faliés.
Il cache son nom comme la tortue, dont il a la lenteur, cache sa tête sous son écaille… Lorsque, pour ne parler que de ceux-là, François Hugo et Émile Montégut traduisirent Shakespeare, ils ne s’en cachèrent point, et ce fut avec une juste fierté qu’ils signèrent la traduction d’une œuvre qui faisait tomber sur leur nom un rayon de sa glorieuse beauté. […] que sous le ciel bleu de la Grèce, chez un peuple qui aima la lumière, il se rencontrât une tête indigne de cet azur, — une tête grecque que Phidias n’aurait pas sculptée, car il l’eût faite plus intelligente, — qui allât s’enfouir dans la crasse et dans la poussière des plus noires bibliothèques allemandes, pour en rapporter le détritus de chroniques ignares et menteuses ! […] L’oie n’a pas une tête inventive, et il y a peu d’invention dans le roman de Rhoïdis. […] Pour attirer à celui-ci, on a placé, à son frontispice, le portrait de la Papesse Jeanne, tiare en tête, avec son bâtard dans les bras ; et comme on l’a posée, elle a l’air de rappeler, avec affectation, une image sacrée… Intention lâchement sacrilège !
Le nombre des volumes qu’un homme publie, les matières qu’ils renferment, les lectures qu’ils supposent, tout cela produit dans les têtes innocentes un effet qui commence le succès et qui l’a commencé pour M. […] Martin tranquille, la Critique n’aurait vraiment d’autre moyen, pour l’empêcher de le planter sur la tête de la foule, que de lui prendre et de lui retourner son bonnet ! […] Henri Martin n’entend pas assurément le celtisme comme l’entendait cet excentrique La Tour-d’Auvergne, d’une solidité de dolmen, avec sa tête étroite, dure et enragée de Breton, et pourtant, tout moderne qu’il est, M. […] Henri Martin ne me paraît pas ce qu’on peut appeler une tête très forte. […] « et, c’est ainsi, dit l’historien dont la tête fait l’effet d’une table tournante, que la grande âme de la Gaule éclate partout, partout — dans le sanctuaire du chêne, — dans le libre arbitre de Lérins et du Paraclet, dans la souveraine indépendance de l’inspiration de Jeanne d’Arc et… dans le moi de Descartes ».
Il n’est que le produit du temps ; il est sorti de son fumier… Il est vrai que quand Louis XV, sous la pression universelle, fut allé du premier bond à l’inceste et passa successivement par les bras prostitués des quatre sœurs, cette France, livrée de toute éternité à ce que nous appelons à présent en politique : le centre gauche, c’est-à-dire à la modération bourgeoise dans le mal, trouva trop de Gabrielles comme cela à la clef et se prit à crier contre un sardanapalisme si effroyablement exaspéré, non par vertu, mais par inconséquence de tête changeante et frivole, et pour que l’Histoire eût deux fois à la mépriser. […] Et, à présent qu’on le sait, ceux qui ne le comprenaient pas comprendront, sans doute, que la guillotine d’une révolution expiatrice ait abattu, relativement, en plus grand nombre que des têtes de nobles, des têtes de bourgeois ! […] Elles emportent tout cela dans le tourbillon enlevant de ce charme qui fait tourner la tête aux vivants, même quand elles sont mortes. […] Pauvre peinture de la Force, qui se faisait peindre le casque en tête, l’épée à la main, un lion à ses pieds, et qui n’était que la Faiblesse !
Ayant refusé de s’humilier, il a refusé toutes les gloires qui étaient suspendues en l’air, prêtes à tomber sur sa tête ! […] « Cette palme, — dit-il, en parlant du titre que lui avait décerné Carnot, — il fallait la laisser flottante sur la tête de tous les guerriers de la France ! […] Il allait au feu comme à la promenade, quand il fait chaud : le chapeau et le manteau sur le bras, la tête nue comme son épée, et toujours à vingt pas en avant des grenadiers dont il était le premier. […] L’utopiste révolutionnaire, qui, dans son Histoire de la Révolution, a voulu décapiter l’Histoire de ses chefs, c’est-à-dire lui couper ses têtes au profit des masses sans têtes ; revient à cette rêverie… Il y revient, en poète qu’il est, au commencement de son livre ; et c’est même beau de forme à nous faire illusion !
Il est vrai qu’il avait depuis vingt-cinq ans écrit sérieusement et involontairement des choses assez comiques ; mais était-ce là une raison suffisante pour être capable de tirer de sa tête une comédie, cette fois-ci volontaire et impersonnelle ? […] Enfin, octroyez-lui de l’érudition, c’est-à-dire des faits ; mais encore plus dans le casier que dans la tête, car Μ. de Girardin est un preneur de notes, un compilateur à la Trublet, un paperassier, — puisqu’il faut dire le mot, — bien plus qu’un érudit substantiel, à la mémoire pleine et toujours prête. […] La première condition d’une œuvre littéraire, c’est le temps, le sérieux, l’effort, la conscience, le respect de soi et du public, auquel on ne jette pas les bavures de son portefeuille à la tête. […] Pas un seul mot n’y dépasse l’autre, — pas un mot, et les déclamateurs en ont parfois, n’y est chauffé à la flamme du cœur ou de la tête de cet utopiste de l’argent, qui se croit, sans viser, un Aristophane ! […] Adam, qui représente la sagesse, la vérité et l’opinion de Μ. de Girardin tout le long de la pièce, « ne sont pas faits comme les autres hommes (textuel) ; ils sont les centaures de ce temps-ci : ils ont une tête de savant sur un corps de soldat », ce qui est la manière progressive d’être centaure au xixe siècle.
Jean Reynaud, ils n’ont pas moins apprécié les trois grandes puissances sur la tête humaine qui se trouvent dans ce livre de Terre et Ciel, et qui en protègent actuellement, la fortune, à savoir : l’appareil des mots scientifiques pour cacher le vide de la pensée, l’effronterie gratuite de l’hypothèse et la majesté de l’ennui ! […] — car il ne faut pas croire que cette tête, aux notions confuses, n’ait pas vis-à-vis d’elle-même la bonne foi de ses confusions. […] … Aurait-il pu jamais adopter comme vrai ce système du développement progressif de la vie et de ses perpétuelles métamorphoses, qui parque l’homme sur son globe et applique à la création tout entière, à l’œuvre du Dieu tout-puissant, lequel a créé spontanément l’homme complet, innocent et libre, ce procédé de rapin, qui, par des changements imperceptibles et successifs, se vante de faire une tête d’Apollon avec le profil du crapaud ? […] Au lieu de ces longueurs indécises, de ces toiles d’araignée philosophiques, de cette mosaïque de filandreuses dissertations qui se lèvent par plaques, sous les pieds de l’esprit, et qui en retardent la marche, qu’on aimerait mieux quelques lignes de conclusions, nettes et courageuses, les articles (enfin arrêtés) du Symbole de la Philosophie, de ce Symbole qu’on nous jetterait à la tête, à nous les arriérés ! comme les Apôtres eurent autrefois l’impudence sublime de jeter le leur, en bloc, à la tête du genre humain !
Seulement, avec sa tête de papier gonflé, Quinet a bien plus pris feu à la chose que Michelet… Oh ! […] Edgar Quinet, auteur d’Ahasvérus, de Napoléon et de Merlin, qui n’a jamais pu être un poète, tout en se crevant comme la grenouille de la fable pour le devenir, a-t-il cru que ce dernier coup de tête, de se faire savant, lui serait une ressource ? […] Chacun d’eux avait creusé à son image la tête du poète. » La tête est devenue, à la fois et tour à tour, Jupiter, Neptune, Pluton, Mercure, Minerve. […] Or, de tous ces romanciers de la science, le plus chimérique, c’est encore, assurément, Quinet, qui n’a observé les faits que dans les livres des autres, et qui a ajouté à l’observation des autres ses rêveries et ses pétards de tête à lui… Ce qu’il en est de l’homme en est aussi des langues dans son livre.
Eh bien, le libraire qui, comme l’écrivain, se fait la courtisane des fantaisies de son époque et n’ose prendre aucune initiative en dehors de ce que ces fantaisies lui imposent, encourt un peu de ce mépris qui revient aux hommes littéraires, profanateurs de leur génie, qui ont mis en petits morceaux, dans des compositions proportionnées à la taille de leur époque, cet arbre merveilleux que Dieu leur avait planté dans la tête et qui devait s’épanouir et fleurir dans quelque beau livre, orgueil de la patrie et de la postérité ! […] Mais à cela près de cette nappe de lumière qu’un homme de génie versa, comme un Dieu bienfaisant, sur la tête d’un homme de talent trop obscur, Henri Beyle n’aurait été, aux yeux des hommes de son temps, qu’un dilettante supérieur d’art et de style, et non l’homme qui, dans cette première moitié du xixe siècle, devait, après Balzac, marcher à la tête des artistes, des observateurs et des écrivains. […] Critique fin comme un lynx, — trop fin peut-être, — ayant ce ton détaché qui est à cent lieues en l’air du pédantisme et que Beyle aurait aimé plus que personne, spirituel, incisif, pénétrant, mais pénétrant comme une pointe, ayant sous chaque mot dont il se sert une aiguille d’or qu’il enfonce délicatement dans la tête des sots, Paulin Limayrac devait comprendre ce mélange de dandy, d’officier, d’artiste, d’homme du monde, de penseur original, d’humoriste, de touriste, d’excentrique et d’ironique que fut cette Chimère fabuleuse qui répondait au nom de Beyle… ou plutôt qui n’y répondait pas. […] Sa Physiologie du mariage — une gaîté et presque une fredaine de sa forte et sanguine jeunesse, une corde agacée de cette lyre aux sept cordes qu’il devait briser sous sa main, — ne descend point en ligne droite de l’Amour de Beyle-Stendhal, mais en spirale, comme un vol d’aigle, de cette Fantaisie que Balzac portait dans sa tête, à côté des plus augustes, des plus calmes, des plus impériales facultés.
Dans ce livre, en effet, le métier n’est pour rien, — le métier, cette chose terrible qui casse si souvent la tête à l’art, dans les écrivains les plus écrivains tous les jours ! […] Regardez, en effet, le portrait placé à la tête de ce volume, et voyez si sur cette face résolue et tranquille de lion au repos il n’y a pas la tristesse immense de notre âge, cette tristesse qui pénètre tout, hélas ! […] Si Jean Gigon avait été pieux, la religion aurait mis de son auréole autour de cette tête tondue en brosse, selon l’ordonnance ; elle aurait mis de son rayon d’espoir dans ce mâle regard rectangulaire qui n’a peut-être jamais, sous la visière de son képi, cherché là-haut ce « je ne sais quoi » qui prend pitié du pauvre soldat, comme il prend pitié « du pauvre sauvage » ! […] Jean Gigon, qui n’avait jamais eu la prière pour s’élever de la vie, avait eu quelquefois l’ivresse du vin pour y échapper, et en mourant il avait recommandé qu’on l’enterrât la tête sur une bouteille de ce vin qui lui avait réjoui parfois son grand cœur isolé. Une bouteille fut donc le chevet de cette tête militaire endormie.
« Jean Valjean baissa la tête et ne répondit pas. […] La tête de Jean Valjean se releva. […] La société baisse la tête devant l’audacieux forçat. […] « Toutes les têtes se dressèrent. […] monsieur l’avocat général remue la tête, vous dites : M.
La tête de mort passe des mains de Dante dans les mains de Shakespeare ; Ugolin la ronge, Hamlet la questionne. […] ou n’es-tu qu’un poignard né de ma pensée, le produit mensonger d’une tête fatiguée du battement de mes artères ? […] — Puisque tu peux remuer la tête, tu peux aussi parler. […] dussent les châteaux s’écrouler sur la tête de leurs gardiens ! […] (Tonnerre. — On voit s’élever le fantôme d’une tête armée d’un casque.)
Des chevaliers entrent deux à deux en longue file, casque en tête, habillés d’une chemise blanche et d’un manteau rouge. […] Mais celle-ci, reconnaissant un maître, demeure suspendue sur la tête d’un Pur et d’un Fort. […] Gurnémanz lui demande s’il est égaré ; l’inconnu s’assied comme un homme épuisé de fatigue et hoche la tête. […] Kundry détourne la tête. […] Pendant qu’il l’élève au-dessus de sa tête, la coupe se colore comme au premier acte, mais d’un rouge plus ardent.
Le tribun breton fut très-sensible à l’abandon du critique normand, dont les premières hostilités éclatèrent, je crois, contre les Affaires de Rome. « Je l’ai rencontré depuis, disait-il, dans le quartier de l’Odéon, il a d’abord balbutié je ne sais quoi, puis, tout interloqué, il a baissé la tête. […] De son côté, il n’avait cessé de m’exhorter directement ou indirectement à me fixer, à croire… Mais, je le demande, que pouvais-je faire lorsque, tout d’un coup, je le vis passer du blanc au noir ou au rouge, et dans sa pétulance sauter par-dessus ma tête, m’enjamber comme au jeu du cheval fondu pour aller tomber tout d’un bond du catholicisme dans l’extrême démagogie ? Il y avait de quoi être embarrassé vraiment et de quoi baisser la tête.
La scolastique elle-même, toute chimérique qu’elle est, abandonne le Pré Spirituel de Moschus, raille l’Échelle Sainte de Jean Climaque, et rougit du siècle où saint Bernard, attisant le bûcher que voulaient éteindre les vicomtes de Campanie, appelait Arnaud de Bresse « homme à tête de colombe et à queue de scorpion. » Les Qualités Cardinales ne font plus loi en anthropologie. […] Grand-Jean de Fouchy, le peu crédule secrétaire perpétuel de l’Académie des sciences, il y a cent ans, eût hoché la tête si quelqu’un lui eût dit que du spectre solaire on passerait au spectre igné, puis au spectre stellaire, et qu’à l’aide du spectre des flammes et du spectre des étoiles on découvrirait tout un nouveau mode de groupement des astres, et ce qu’on pourrait appeler les constellations chimiques. […] Que pensent les éminents spécialistes d’à présent, Desmarres en tête, des savantes découvertes faites au dix-septième siècle par l’évêque de Titiopolis dans les fosses nasales ? […] Hilarius eut la tête tranchée. […] Aujourd’hui on peut s’appeler Théodore et même faire tourner une table, sans qu’un géomètre vous fasse couper la tête.
Le poète, terrible et terrifié, a voulu nous faire respirer l’abomination de cette épouvantable corbeille qu’il porte, pâle canéphore, sur sa tête, hérissée d’horreur. […] Ce profond rêveur qui est au fond de tout grand poète s’est demandé, en Baudelaire, ce que deviendrait la poésie en passant par une tête organisée, par exemple, comme celle de Caligula ou d’Héliogabale, et Les Fleurs du mal — ces monstrueuses ! […] Par la langue et le faire, Baudelaire, qui salue à la tête de son recueil Théophile Gautier pour son maître, est de cette école qui croit que tout est perdu, et même l’honneur, à la première rime faible, dans la poésie la plus élancée et la plus vigoureuse. […] Les Solitaires ont auprès d’eux des têtes de mort, quand ils dorment, Voici un Rancé, sans la foi, qui a coupé la tête à l’idole matérielle de sa vie ; qui, comme Caligula, a cherché dedans ce qu’il aimait, et qui crie du néant de tout, en la regardant ! […] Tête de versificateur !
Les trois cent mille têtes du citoyen Marat ne m’auraient pas suffi et le pétrole aurait vainement sollicité mon suffrage. […] Le citoyen qui n’aura pas les mains sales, on lui coupera la tête. […] Donato, il a un beau ventre et une tête qui a l’air d’en être sortie. […] il est son bienfaiteur et sa brochure est un bourrelet qu’il lui met sur la tête. […] Le plus beau diadème de la terre posé sur la plus noble des têtes n’égalerait pas en splendeur cette largesse inutile.
Garde-toi surtout, en voulant complaire à d’autres, d’attirer par la suite de grands malheurs sur ta tête. […] Lorsqu’il s’aperçut de son malheur, il appela son frère, lui dit ce qui venait de lui arriver, et le conjura de lui couper sur-le-champ la tête pour empêcher qu’on ne le reconnût, et sauver au moins l’un des deux. Convaincu qu’il ne lui restait pas d’autre ressource celui-ci obéit, et, ayant remis la pierre, en place, se retira chez lui, emportant la tête de son frère. […] Ces hommes sont venus certainement avec le projet de combattre, pour défendre contre nous le défilé, et je n’en doute pas, parce que leur usage est de parer leurs têtes, toutes les fois qu’ils doivent exposer leur vie. […] Cet Épialte, craignant, à la suite de sa trahison, la vengeance des Lacédémoniens, s’enfuit en Thessalie ; et, dans une assemblée générale des amphictyons réunis aux Piles, sa tête fut mise à prix par les Pylagores.
Elle ne put jamais débusquer Adam Smith de la tête de son singulier amant pour s’y établir à sa place, et c’est là aussi la première peine que lui infligea ce prélat qui ne connaissait pas la volupté, dit-elle, mais qui, sans volupté, lui fit un enfant. […] Ainsi le bas-bleu, même avant la tête passionnée ! […] III Oui, se vanter — du fond de sa vieillesse de femme, — cet antre vide, — se vanter plus que d’avoir aimé, se vanter d’avoir été aimée, et avec les noms à l’appui, — tout au long, — des noms d’évêques, — de princes, — de littérateurs, — de savants, — de membres du Parlement d’Angleterre, couronnés enfin, tous ces noms, qui passent dans le grand défilé de la Revue des Morts, à minuit — par le nom d’un homme de génie, attaché, dans un ridicule immense, au pilori de ces Mémoires, cela ne devait-il pas suffire à l’inflammation de la tête d’une femme qui n’a jamais compris l’amour que comme Aspasie, et qui a toujours cherché son Périclès ? Le diable fourre sa queue partout, dit gaiement le proverbe, mais nous n’avons pas besoin de cette queue-là pour expliquer les détails passionnés des Mémoires de cette tête romanesque, qui a l’habitude d’écrire des romans et d’en faire, cela suffisait !
Vaultier, né pour la rhétorique, sensible à ce bien dire si vain, dut être pour les phrases et les beaux parleurs de la Gironde, et il faillit payer de sa tête son goût pour eux. […] Elle ne nous offre, quand elle n’est pas une hideuse tragédie, que le curieux et lamentable spectacle d’une nation qui se piquait d’être à la tête du monde, et que Dieu livrait aux principes du Contrat social. […] Mais en pleine révolution, quand les capitales des provinces, têtes somnolentes comme les fameux pavots qui tombèrent sous la baguette de Tarquin, avaient été abattues par la Convention, ce Tarquin monstre à trois cents baguettes, — qui coupait tant de têtes et qui n’en avait pas, — ce n’était pas une poignée de rhéteurs en fuite qui pouvait résoudre de haute lutte le problème que Napoléon Bonaparte a laissé pendant derrière lui.
I Henri Rochefort est un des plus beaux fils de cette Chronique que j’accusais récemment d’être un genre mortel à la littérature et au talent, et qui, comme la Révolution française, comparée par Vergniaud à Saturne, doit dévorer tous ses enfants… La Chronique ne coupera point la tête aux siens, comme la Révolution française, mais elle leur videra le cerveau. […] Je regretterais beaucoup de voir tant d’excellente substance cérébrale employée, tout entière, à faire les bulles de savon du jour le jour, si recherchées des amateurs, quoique chez Rochefort, par exception, les bulles de savon soient moins bulles que balles, — et balles visées juste et mises très bien en pleine tête (s’ils en ont) des petits ridicules contemporains. […] Rochefort est un Chamfort jeune, qui n’a pas encore l’âge d’être un misanthrope amer, empoisonné, brisé et bronzé, et blessé, et jetant son sang à poignées à la tête d’une société haïe ; mais qui le deviendra, pour peu qu’il vive. […] Il avait essayé du rire, du rire à large fente, et il s’en est fait un comme à la scène on se fait une tête ; car naturellement, si j’en crois le livre que j’ai sous les yeux, il n’est pas un esprit gai ; il n’a pas la promptitude, et la sveltesse, et le pétillement et la couleur rose qui font ce qu’on appelle la gaîté, du moins comme on l’entend en France, le seul pays où on la comprenne.
Mais des Chevaliers de l’Esprit, il n’y en a eu que dans la tête de Meurice, que voilà obligé de nous apprendre ce qu’il entend par là dans l’introduction de son livre ; et, ce qu’il entend, le croiriez-vous ? […] Dégradé par un indigne et sot amour comme homme, comme époux, comme tête qui pense, comme citoyen, comme chef d’État, Césara est encore dégradé comme père. […] Le baptême couvre encore le révolté, la tête dure du révolté dans Meurice, et il n’aurait pas reçu le baptême que sa tête n’en nagerait pas moins dans dix-huit cents ans de Christianisme, qui, eux aussi, sont un baptême, et qu’on n’efface pas avec les quelques gouttes d’encre de l’orgueil !
mon cher ami, reposons toujours notre tête fatiguée sur ce chevet d’une bonne conscience ; si nous l’arrosons de quelques larmes, ces larmes du moins n’auront rien d’amer. » Un des mérites de Ducis est d’avoir devancé sur bien des points l’école qui a suivi, et, en même temps que des paroles antiques, d’avoir eu des accents précurseurs. […] Toutes les lettres à Talma respirent un enthousiasme presque continu : « Ma tête est un peu échauffée ; je vais la laisser reposer quelques jours, puis je la remettrai sur ma nouvelle tragédie, où je vous ai, pendant mon travail, dans l’âme, dans l’oreille, dans les yeux. » (Avril 1798.) […] Et enfin, après d’insatiables retouches et remaniements de cet éternel cinquième acte d’Hamlet, et lui-même la tête encore toute fumante d’une dernière refonte : « Je lui écris (à Talma) que mon nouveau cinquième acte, refait à ma guise, à ma cuisine, est terminé, et que je ne le conçois et ne le concevrai jamais que de cette manière. […] Il faut que ma tête et que mon cœur soient en mouvement, mais de cette unique manière ; je ne veux plus me jouer à la vérité77. » C’était pour un poète tragique par trop abjurer les grandeurs de l’histoire. […] Il y volait dans l’air d’heureux hémistiches, qu’il attrapait, disait-il, comme des mouches : « J’ai encore dans la tête des formes, des couleurs, des idées poétiques, originales, bizarres, flottantes, qui sont comme les rats de mon grenier, et les grains qui nous nourrissent. » « J’ai beaucoup d’idées assez singulières qui me roulent dans la tête et qui ne laissent pas que d’occuper encore mon cœur et mon imagination… Qu’on m’ôte la liberté et la joie de mon cœur, et l’on a coupé sur ma tête le cheveu fatal, et je suis un pauvre homme qui se meurt. » Ainsi parlait à toute heure ce beau vieillard reverdissant.
Le mouvement instinctif du nouveau-né, lorsqu’il sort de son premier domicile, et qu’il est encore oscillant à l’ouverture, ce mouvement, ce premier acte de vie, est de redresser la tête et de la soulever vers la lumière : cœlumque tueri jussit . […] Il se figure que ça va finir demain ou après-demain, et comme il se croit un des grands auteurs du 2 décembre, une tête à prix, il se figure que tout chez lui sera mis en miettes, et il a tout vendu. […] » beuglé dans la ruelle… Saint-Victor a une grande histoire en tête, et déjà commencée : « les Borgia » toute l’Italie et la Renaissance. […] Partout, montant et descendant, des hommes qui portent la hotte, la tête inclinée en avant, les bras ballants, et partout, çà et là, dans le vignoble, et tout là-bas, où ils ne sont que des points rouges, des points bleus, des reins baissées de femmes, que relèvent en plis puissants les courts cotillons. […] * * * — Dans les tableaux italiens, l’écartement des yeux dans les têtes, marque l’âge de la peinture.
L’éperdument de tête est si grand de l’homme qui a pu écrire, par exemple, cette partie du livre intitulée : Les offices de la Nature, qu’il n’est évidemment plus capable de cette triste chose qu’on appelle la logique de l’erreur. […] Lui qui procédait en Histoire par surprises et par fulgurances, et mettait perpétuellement les Gloires la tête en bas et les Abjections la tête en haut, ne nous dit rien là que nous ne sachions, et même trop… Le voilà sentimental, niais, déteint, pleurard, vieillard et cafard… de philanthropie. — « Comme te voilà fait ! […] Le grand artiste à tête de feu qui nous fascinait du fond du mensonge, est entré dans la peau rude de ce Franc-Comtois grossier. […] Il s’agit du Christianisme tout entier, du Christianisme, l’erreur absolue qu’il faut balayer de la tête humaine comme une ordure, et le balai, c’est l’éducation ! […] Ce pauvre diable de système, qui n’est même diable que comme cela, n’a pas coûté à la tête légère de Michelet un bien grand effort de génie.
Puissance civilisée, la France a été là à sa place, à la tête de la civilisation contre la force. […] La tête ne trouvait pas les bras à son service ; les tribuns ne manquaient pas, mais les armées manquaient aux tribuns. […] Nous ignorons ses motifs, à plus longue vue que les nôtres, sans doute ; les cabinets à une seule tête sont les plus sûrs des secrets d’État. […] Et quelle durée des trocs pareils de population, contre tout droit et contre toute nature, peuvent-ils faire augurer au monde politique pour une unité monarchique de l’Italie, dont chaque membre proteste contre la tête, et ne présente pour tête que des gueules de canon ? […] Or la monarchie unitaire de l’Italie, sur la tête d’un roi de Piémont, rend à jamais impossible l’alliance entre la France et l’Autriche.
Mes Arabes avaient donné l’orge dans le sac de poil de chèvre à mes chevaux attachés çà et là autour de ma tente ; les pieds enchaînés à des anneaux de fer, ces beaux et doux animaux étaient immobiles ; leur tête penchée et ombragée par leur longue crinière éparse, leur poil gris luisant et fumant sous les rayons d’un soleil de plomb. […] L’acropolis, ou la colline artificielle qui porte tous les grands monuments d’Héliopolis, nous apparaissait çà et là entre les rameaux et au-dessus de la tête des grands arbres ; enfin nous la découvrîmes tout entière, et toute la caravane s’arrêta comme par un instinct électrique. […] L’idée est mûre, les temps sont décisifs ; un petit nombre d’intelligences appartenant au hasard à toutes les diverses dénominations d’opinions politiques, portent l’idée féconde dans leurs têtes et dans leurs cœurs ; je suis du nombre de ceux qui veulent sans violence, mais avec hardiesse et avec foi, tenter enfin de réaliser cet idéal qui n’a pas en vain travaillé toutes les têtes au-dessus du niveau de l’humanité, depuis la tête incommensurable du Christ jusqu’à celle de Fénélon ; les ignorances, les timidités des gouvernements, nous servent et nous font place ; elles dégoûtent successivement dans tous les partis les hommes qui ont de la portée dans le regard et de la générosité dans le cœur, ces hommes désenchantés tour à tour de ces symboles menteurs qui ne les représentent plus, vont se grouper autour de l’idée seule, et la force des hommes viendra à eux s’ils comprennent la force de Dieu et s’ils sont dignes qu’elle repose sur eux par leur désintéressement et par leur foi dans l’avenir. […] Un monde de poésie roule dans ma tête, je ne désire rien, je n’attends rien de la vie que des peines et des pertes de plus. […] Lui seul sait à quelle destinée il appelle ses créatures, et pénible ou douce, éclatante ou obscure, cette destinée est toujours parfaite, si elle est acceptée avec résignation et en inclinant la tête !
Quelquefois, le corps penché, la tête somnolente, il s’accoude sur l’épaule d’un petit Satyre. — Bacchus ressemble à sa vigne, il s’appuie et il enivre. […] Les Bacchantes, le visage plâtré du gypse mystique, la tunique fendue, les cheveux au vent, trépignent avec rage, et renversent leurs têtes pendantes sur la pomme de pin de leurs ceps. […] Les rameurs sentent leurs rames glisser et serpenter dans leurs mains ; les cordages sifflent et dressent vers le ciel des têtes d’hydres. […] Brahma rentre, pour quelque temps, dans l’œuf d’or natal ; Vischnou s’est rendormi dans la mer de lait, sur sa couleuvre à cinq têtes, laissant passer ce brûlant orage. […] Saisis de nostalgie en se rappelant la race dont ils sont déchus, ils plongent dans leurs mains noueuses leurs têtes dégradées, et de grosses larmes roulent sur leurs joues velues.
On le suivait des yeux aux flammes de sa tête. […] Là, dans l’intérieur de sa tête brûlée, se forme et s’accroît quelque chose de pareil à un volcan. […] par le Ciel, elles ont raison. — Du moins, celle-ci qui a les yeux sur moi ne me verra pas baisser la tête. — Oh ! […] Il porte la main à sa tête. […] Au contraire. — Je suis guéri. — Seulement j’ai la tête brûlante.
Parmi cette forêt de têtes, il y a peut-être des milliers d’hommes qui sont supérieurs à ce que vous avez rencontré, mais vous ne les connaissez pas. […] Il n’y a pas beaucoup de têtes plus au-dessus de la foule et de la banalité dans un siècle. […] Voyons si, de la tête de la nation, quelque chose de supérieur aux peuples antiques n’était pas descendu jusque dans les membres inférieurs ! […] … il a mis les têtes à prix, qu’il soit traîné ! […] Mais des bras nus et vigoureux le saisirent par la tête et par la crinière et le flattèrent en le contenant.
L’air de famille est on ne peut pas mieux conservé dans les trois têtes. […] Les têtes sont nobles et grandement touchées. […] ce fut une jeune fille qui suivit avec un morceau de charbon, les contours de la tête de son amant dont l’ombre était projetée sur un mur éclairé.
Entre Champfleury, armé des pieds à la tête, et suivi de Max Buchon et Duranty, équipés en guerre. […] Il y va de la tête, mais il y va de la liberté ! […] La porte est enfoncée, et une troupe de janissaires, à la tête desquels marche Feydeau-Pacha, fait irruption dans la salle.)
Tout cela, il n’a pu le voir que dans sa tête. […] Ne vaut-il pas mieux nous laisser avec la nature en tête à tête ? […] Sa tête s’incline. […] La Sekhet à tête de lionne, l’Isis-Hâthor à tête de vache sont encore admissibles. […] Le Rannu à tête de serpent est hideux.
Des jeunesses anéanties, des têtes pelées, des visages ridés ! […] Est-ce que par hasard elles auraient eu l’audace de relever la tête ? […] un homme tout courbé que vous mettez ainsi tête à tête avec ces tristes détails de fièvres et de maladies de tous genres ! […] Frêle machine en effet, l’esprit qui produit, la tête qui pense ! […] Sentez-vous le safran qui vous monte à la tête ?
Et j’entrais, au moment où ma cousine se trouvait la tête renversée, les jambes relevées et écartées, le derrière soulevé sur un oreiller — et son mari tout prêt à faire acte de mari. […] Il s’endormait cependant, se réveillait à huit heures et demie, s’habillait complètement, quand il se plaignait d’avoir dans la tête, des choses qui lui faisaient mal. La femme de chambre le peignait au peigne fin, et pendant qu’elles le peignait, voyant sa tête ne plus se soutenir, s’affaisser, tomber, elle lui demandait ce qu’il avait, s’il souffrait toujours. […] … j’ai un vide dans ma tête… je me meurs ! […] » qui ont l’air de lui déchirer la poitrine ; prononçant des paroles douloureuses, avec, au-dessus de sa tête, ses deux bras relevés dans un geste désespéré ; disant des choses, de la voix étrange et un peu de l’autre monde, qu’ont les femmes parlant dans un rêve.
. — Depuis quinze jours (deux mois et demi), j’en constate un qui est visiblement acquis : entendant la voix de sa grand’mère, elle tourne la tête du côté d’où vient la voix. Même apprentissage spontané pour les cris que pour les mouvements ; le progrès de l’organe vocal s’opère comme celui des membres ; l’enfant apprend à émettre tel ou tel son, comme il apprend à tourner la tête ou les yeux, c’est-à-dire par tâtonnements et essais perpétuels. […] Quand ses poupées avaient la tête cassée, on lui disait qu’elles étaient mortes. Un jour, sa grand’mère lui dit : « Je suis vieille, je ne serai pas toujours avec toi, je mourrai. — Alors, tu auras la tête cassée ? […] » — Pour la première fois, l’idée de l’immobilité finale vient d’entrer dans sa tête.
La chute de sa couronne ne donna pas un mouvement à sa tête. […] Le décret de suspension, prononcé par Vergniaud, avait été un coup de hache sur sa tête. […] Qu’on lise ce récit compulsé tête par tête, dans cette mêlée de cadavres et dans cette mare de sang, pour faire au peuple horreur de lui-même quand il prend ses fureurs pour loi ? […] Il portait la tête haute et un peu penchée à gauche, comme dans le défi. […] La tête du roi respectée aurait été l’amnistie vivante de la royauté.
Ormuzd plane sur sa tête et la couvre d’un geste de bénédiction. […] Artaxerxès fait écraser la tête des cuisiniers sous une pierre, il exile sa mère à Babylone ; mais elle est bientôt rappelée. […] L’une redressait orgueilleusement sa tête, fière du harnais comme d’une parure, et sa bouche se prêtait au frein. […] Il ne passe plus maintenant hors de ses longs plis que la tête épargnée du Roi et quelques membres mutilés de l’armée détruite. […] L’idole est tombée, sa tête d’or s’est ouverte, et il en sort, en guise des rats que cachait celle de la Bible, les vains repentirs et les lâches frayeurs d’une âme ramollie.
« Il y a bien des Tourangeaux qui n’ont l’esprit qu’à fleur de tête », a dit un jour Gui Patin dans une de ses gaietés de style : il n’a pas assez compris qu’il suffisait d’un Tourangeau comme Descartes pour ruiner son observation de fond en comble. — En vieillissant, il s’enfonce dans ses idées sans les modifier. […] Il y a des moments où, quand il cause en tête à tête avec ses amis Gassendi et Gabriel Naudé, il a l’air d’aller bien avant et de toucher de bien près, comme il dit, au sanctuaire. […] Il croit qu’il y a un parti des honnêtes gens dont il est, et de l’autre il place ses adversaires, Guenault en tête, les chimistes et empiriques, médecins de cour et « enjôleurs de belles dames », avides de lucre à tout prix. […] Le second en date des plus anciens registres concernant l’histoire de la Faculté a été recouvré sous son gouvernement, et, dans une note de sa main qu’on lit en tête, il le constate avec satisfaction22. […] Le 12 septembre 1664, pensant à un autre ami bien cher, il lui écrit : « Il y a aujourd’hui vingt-deux ans qu’Armand, cardinal de Richelieu, ministre enragé, fit couper la tête dans votre ville à mon bon et cher ami M. de Thou : Heu dolor !
À cette même tranchée devant Mardyck, au moment où il fallait en déloger les ennemis, Bussy, qui est entré par un côté, se rencontre tête à tête avec le duc d’Enghien, qui montait de l’autre, faisant main basse sur tout ce qui se présentait à lui : Je ne songe point, dit-il, à l’état où je trouvai ce prince, qu’il ne me semble voir un de ces tableaux où le peintre a fait un effort d’imagination pour bien représenter un Mars dans la chaleur du combat. […] Il nous le peint, selon son usage, en quelques coups de crayon rapides et heureux : Il avait la tête fort belle, tant pour le visage que pour les cheveux, et c’était un très grand dommage qu’il eut la taille gâtée ; car, à cela près, c’était un prince accompli. […] Il quitta l’armée de Flandre exprès pour cela, non sans s’être auparavant assuré de la protection du prince de Condé, et il vint faire son coup de main en plein jour près de Saint-Cloud, à la tête d’une troupe de cavaliers. […] « Si j’étais à la tête de la cavalerie et que je fusse obligé de lui parler pour la mener au combat, etc., etc. », disait-il au début, et il continuait sur ce ton, faisant semblant d’être plus étonné d’avoir à parler devant l’Académie que devant un front de bataille. […] Il tient tête à Mme de Sévigné dans sa première manière ; il la provoque avec bonheur.
Villars étant, on l’a vu, incompatible avec ce prince, on le déplaça et on le mit à la tête de l’armée qui défendait la frontière des Alpes du côté du Dauphiné contre le duc de Savoie. […] Enfin, après les revers de 1708 et le calamiteux hiver qui suivit, Louis XIV se décida, par raison d’économie, à ne plus mettre de princes du sang à la tête de ses armées, et Villars fut envoyé pour commander en Flandre, à la frontière la plus exposée. […] La démoralisation, commencée par la tête du corps, avait gagné tous les membres, et c’est encore dans les derniers rangs, parmi les officiers subalternes, qu’il fallait chercher ce qui restait de ressort et de constance. […] À peine fut-il à table que milord d’Albemarle lui fit dire que la tête de l’armée française paraissait de l’autre côté de l’Escaut, et faisait mine de vouloir l’attaquer. […] Le prince Eugène donna seulement ordre à quelques brigades de sa droite de se rendre aux retranchements de Denain, à quatre lieues de là : pour lui, il s’y transporta à toutes jambes, ne pouvant encore se persuader que ce fût la tête de l’armée française.
Dans le drame espagnol, don Diègue parle d’une incursion des Maures des frontières, qui ont fait du butin et qui emmènent des prisonniers ; l’occasion s’offre de rendre un signalé service en leur coupant la retraite ; il s’agit de se mettre au plus tôt à la tête de cinq cents amis et parents, déjà rassemblés et convoqués à cette fin. […] Chimène, en apprenant la victoire de Rodrigue, et tout heureuse qu’elle est de le savoir vainqueur, se redit donc, dans son point d’honneur filial, qu’il faut se remettre en colère et aller sur l’heure redemander sa tête au roi. […] Rodrigue refait ce qu’il a déjà fait une fois ; il va droit au danger et à l’attrait ; il est chez Chimène, en tête-à-tête avec elle : et cette fois ce n’est pas à la dérobée, c’est tête haute et en plein jour qu’il s’y est rendu. […] Et Rodrigue à son tour, se répétant aussi, apporte encore une fois sa tête aux pieds de sa maîtresse, — une pure formalité qui ne saurait être sérieuse et qui se résout en beaux vers. […] Dans le temps de la seconde démarche de Chimène auprès du roi, quand le monarque se décide à publier le cartel proposé par elle et annonçant qu’à celui qui lui apportera la tête de Rodrigue elle donnera, s’il est noble et son égal, tous ses biens avec sa main, sur ces entrefaites Rodrigue est allé en pèlerinage pour l’expiation de ses péchés à Saint-Jacques de Galice, accompagné de deux écuyers ; et c’est en route que lui arrive une aventure des plus touchantes, léguée de longue main par la tradition, et en apparence des plus étrangères à l’action principale.
Tant de pouces pour la tête et pour la poitrine, tant pour le ventre et les hanches, tant pour les jambes et pour les pieds. […] Cariatide du firmament, le géant vaincu soutenait sur sa tête courbée, de ses bras raidis, l’énorme rondeur du Zodiaque. […] Un autre marbre le montre raccordant les bras et les jambes, le torse et la tête d’un corps qu’il a sculpté par fragments. […] C’est Pallas, la Sagesse céleste, qui pose le papillon de l’âme sur la tête de ses créatures. […] Dans les autres Mythologies, l’homme est créé d’une façon baroque : l’engendrement dont il naît ressemble à un cas tératologique, — Belus, dans la Phénicie, l’extrait de la tête coupée d’une déesse informe.
L’espèce d’insurrection épiscopale qui venait d’y lever la tête à propos de l’Enseignement trouvait sa raison d’être dans l’idée d’une réaction à laquelle on travaille en la proclamant bien haut, et la conversion de Hurter, comme l’Histoire de la Papauté, comme la Vie d’Innocent III 2, a été donnée comme une preuve de plus en faveur de ce retour vers les idées du Moyen Âge, vers ce catholicisme ultramontain accepté enfin, et après expérience, par la raison et la science du xixe siècle. […] Pour cela besoin serait d’une tête de premier ordre ; car où la vérité n’est pas les ressources de l’esprit doivent être immenses ; et il n’y a point de ces têtes-là dans le parti ultramontain, parmi ces hommes passionnés qui sont comme la mauvaise monnaie de l’esprit et des opinions de Joseph de Maistre. […] voilà ce qui échauffe et gonfle la tête de l’Allemagne, et non pas on ne sait quelle réaction en faveur d’un principe que sa gloire a été de combattre la première. […] Tête faible, mais saine, Hurter aime l’ordre, comme toute tête saine doit l’aimer, et cette autorité des Papes, de ces grands juges de paix de la chrétienté au Moyen Âge, qui pouvaient le réaliser d’une façon si simple et si rapide, lui paraît une belle et regrettable chose. […] Mais des facultés si sereines suffisent-elles quand on a des responsabilités de souverain sur la tête ?
Est-ce que, la révolution finie, à l’avènement de l’Assemblée constituante à Paris, il a manqué un cheveu à une tête, une borne à un héritage, un grain de sable au champ du plus riche ou du plus pauvre des citoyens, une patrie à un innocent ? […] Quand sous le fer trompé César fut abattu, Antoine eut peur en lui d’un reste de vertu ; Fulvie aux triumvirs mendia cette tête ; Octave marchanda ; Lépide, un jour de fête, Ne pouvait refuser ce bouquet au festin ; La courtisane obtint ce plaisir clandestin ; La meute des soldats, qu’un délateur assiste, Sortit de Rome en arme et courut sur la piste. […] Il descendait déjà le sentier du rivage Où sa galère à sec s’amarrait à la plage, Quand on lui demanda sa tête ! […] Le jardin qu’il aimait but le sang de son maître… De son bouquet sanglant ardente à se repaître, Fulvie, en recevant la tête dans son sein, Passa sa bague au doigt du tribun assassin ; Puis, dans l’organe mort pour punir la harangue, De son épingle d’or elle perça la langue, Et sur les Rostres sourds fit clouer les deux mains Qui répandaient le geste et le verbe aux Romains ! […] Qui ne voudrait trembler et mourir à ce prix, Léguant comme ce sage, au sortir de la vie, Son âme à l’univers et sa tête à Fulvie ?
Le nuage d’or qui ceint le front du fils de Pélée, la flamme qui s’élève sur sa tête, la comparaison de cette flamme à un feu placé la nuit au haut d’une tour assiégée, les trois cris d’Achille, qui trois fois jettent la confusion dans l’armée troyenne : tout cela forme ce sublime homérique qui, comme nous l’avons dit, se compose de la réunion de plusieurs beaux accidents et de la magnificence des mots. […] quelles ténèbres sont répandues sur vos têtes, sur votre visage et autour de vos genoux débiles ! […] « Ulysse, prenant dans sa forte main un pan de son superbe manteau de pourpre, le tirait sur sa tête pour cacher son noble visage, et pour dérober aux Phéaciens les pleurs qui lui tombaient des yeux. […] Quand Démodocus recommençait ses chants, et que les anciens l’excitaient à continuer (car ils étaient charmés de ses paroles), Ulysse s’enveloppait la tête de nouveau, et recommençait à pleurer. » Ce sont des beautés de cette nature qui, de siècle en siècle, ont assuré à Homère la première place entre les plus grands génies. […] Il traduit : Un esprit vint se présenter devant moi, et les cheveux m’en dressèrent à la tête.
… La Célébrité ressemble le plus souvent à la Calomnie, qui rase la terre avant de s’élever et d’éclater sur nos têtes. […] C’est, en effet, la destinée des écrivains plus forts que leur temps, de lui faire retourner la tête vers une œuvre qu’il n’avait pas vue, quoiqu’elle fût sous ses yeux. […] Ces têtes romaines, organisées pour la politique, comme les têtes grecques l’étaient pour l’art, admettaient que le droit du magistrat fût absolu ; et il l’était à tous les degrés de la magistrature, pour le censeur comme pour le tribun, pour le préteur comme pour le consul. […] de ces esprits éperdus : Commode, Néron, Caligula, ne purent dégoûter la tête ferme des Romains de cette chose toute romaine : — le pouvoir absolu.
Il croit atteindre, à travers ce Pape, l’Église, à la tête et au cœur… Comme, pour lui, le comte de Gasparin, l’Église romaine est une institution faite de main d’homme ou gâtée par la main des hommes, on ne dira pas (a-t-il dit) qu’il la diminue en la concentrant dans le plus glorieux et le plus heureux de ses pontifes, et il le prend, ce grand homme, pour déshonorer l’Église dans sa grandeur même. Singulier rapport entre le prédicateur évangélique, qui se fait très doux, dans son livre, — mais un peu comme Rominagrobis, et qui pousse la bonté jusqu’à bien vouloir convenir de la grandeur et de la conscience de nos Papes, — et cet empereur affolé qui désirait que le genre humain n’eût qu’une tête, pour la lui couper. Le comte de Gasparin a cru trouver la tête de l’Église sur les épaules d’Innocent III, et il en a peut-être tressailli d’aise dans ses petites entrailles de petit Caligula protestant, au demeurant, le meilleur fils du monde. Seulement, la tête de l’Église n’est sur les épaules de personne, et la Papauté, qui dure plus que le Pape, est encore plus difficile à tuer d’un seul coup que le genre humain ! […] Elle se compromettait et se tuait, et se déshonorait, en devenant l’Église romaine avec son chef, — comme le corps est avec sa tête.
II Ne nous montons donc pas la tête. […] L’œil à fleur de tête de l’auteur du Demi-Monde voit mieux son sujet que l’œil trouble de cet ivrogne de Planche, infiltré de madère. […] En sa qualité de tête dramatique, Dumas ne voit que les faits. […] Quant au poète, c’est-à-dire au romancier, il est temps de montrer, par-dessus la tête de Dumas qui l’admire, ce qu’il est, dans Manon Lescaut. […] Un autre jour, quand il faut sortir de Saint-Lazare, Desgrieux, qui appelle rompre ses fers casser la tête d’un portier d’un coup de pistolet, trouve un supérieur d’une bénignité si charmante que ni dans le moment, ni plus tard dans le cours du roman, car Desgrieux continue de cultiver cet aimable supérieur, il ne lui parle de cette bagatelle d’une cervelle de portier brûlée sous ses yeux !
En outre, ses sensations musculaires étaient troublées ; il ne sentait pas le sol en marchant, ce qui rendait ses pas incertains et lui donnait la crainte de tomber ; ses jambes étaient mues comme par un ressort étranger à sa volonté ; il lui semblait constamment qu’elles ne lui appartenaient pas… Lorsqu’il causait avec quelqu’un, il lui voyait deux têtes incomplètement emboîtées l’une dans l’autre ». […] C’est que, lorsque je me trouvais seul dans un endroit nouveau, j’étais comme un enfant nouveau-né, comme Gaspard Hauser au sortir de sa cave, ne reconnaissant plus rien, incapable de tirer de mes sensations perverties aucune indication pour me conduire. » Puis, revenant sur l’histoire de sa maladie, il ajoute : « La première sensation que j’aie éprouvée était une bouffée qui me montait à la tête. […] Les lunettes les plus foncées ne me suffisaient plus ; je les mis doubles, et finalement j’eus l’idée de noircir mes lunettes avec du noir de charbon… Constamment il m’a semblé que mes jambes n’étaient plus à moi ; il en était à peu près de même de mes bras ; quant à ma tête, elle me semblait ne pas exister… Il me semblait que j’agissais par une impulsion étrangère à moi-même, automatiquement. […] Je tâtais ma tête, mes membres ; je les sentais.
Les Parnassiens, qui n’acceptent pas leur défaite, relèvent la tête en 1900 et lui notifient par la voix de Mendès que « sa poétique est déjà surannée et vieillissante35 » Mais le coup le plus droit porté à son influence sera le triomphe de Cyrano de Bergerac où Rostand se gausse des petits esthètes du « Mercure françois ». […] Et il est vrai que ce fut une bacchanale monstre, une orgie effrénée où, pour l’illustration des mœurs baptisées « fin de siècle », on voit des princesses enlever des tziganes et des têtes couronnées folâtrer avec des danseuses impubères. […] Ennemi de l’étiquette, on le voyait prendre la tête des cortèges en jaquette et en chapeau melon, ce qui clouait de stupeur indignée son prédécesseur M. […] Elle nous a remis Schéhérazade en tête.
Le Poussin a pu se servir de l’idée du peintre grec qui avoit représenté Agamemnon la tête voilée au sacrifice d’Iphigenie, pour mieux donner à comprendre l’excès de la douleur du pere de la victime. […] Comme il n’y a point de mérite à dérober une tête à Raphaël ou une figure au Dominiquin : comme le larcin se fait sans grand travail, il est défendu sous peine du mépris public. […] Quant à ces peintres sans verve, qui ne sçavent faire autre chose en composant que mettre, pour ainsi dire, à contribution les tableaux des grands maîtres, taxant l’un à deux têtes, imposant l’autre à un bras, et celui qui est plus riche à un grouppe : brigands, qui ne fréquentent le Parnasse que pour y détrousser les passans, je les compare aux couseurs de centons les plus méprisez de tous les faiseurs de vers. […] Le plan d’un long ouvrage, dont la disposition pour être bonne, veut être faite dans la tête de l’inventeur, ne peut être produit sans le secours de la mémoire ; ainsi ce plan doit se sentir de l’affoiblissement de cette faculté : suite trop ordinaire de la vieillesse.
Le malheureux Louis XVI n’a pas eu que la tête coupée par la Révolution. […] Tout cela classé, récapitulé et réglé, comme, dans un herbier, des plantes mortes ; tout cela à l’état de faits morts aussi, qui n’engendrent pas une pensée dans la tête qui les relate et n’y appellent jamais une réflexion… Louis XVI n’est jamais là-dedans que le plus stérile des nomenclateurs, de la plus étonnante impassibilité. […] Nicolardot a mis à la tête de son livre, en guise de préface. […] Mais le couteau de chasse est un bout d’épée, et s’il l’avait employé autrement que contre des cerfs et des sangliers, il se fût allongé à son poing et aurait peut-être sauvegardé sa tête !
On essayait de couper la robe sans couture, de se tailler un capuchon pour sa petite tête dans ce riche et vaste manteau. […] Ozanam, en écrivant son livre, avait plutôt pour but de découronner le Dante que de le couronner, et il le découronne pour planter son laurier sur la tête du Moyen Âge tout entier, — du Moyen Âge qui n’a pas besoin de cela ! […] Il a été résolu, attentif, voulant rester froid devant la tête de Méduse du Génie et son épouvantante beauté, et si son regard n’a pas été profond, il a souvent été juste. Du moins, si le critique était chétif en proportion de son poète, il n’a pas été terrassé par l’aspect de la tête superbe et terrible qui, à l’opposé de celle de la fable, ne terrasse jamais qui s’obstine à la regarder.
Qualité anti-allemande, cela, être souple, parmi ces culs-de-plomb dont la tête pèse encore plus que l’autre bout ! […] Il abattit souvent mainte tête qu’il eut la cruauté de relever pour bien montrer qu’elle était vide… » Ironique et spirituel, il tournait dans ses feuilletons contre la France, les théâtres et les influences françaises, les deux qualités françaises qui le rendent si cher à Heine, lequel les avait aussi ! […] Avec quel ton cavalier il traite cette vieille idole japonaise qui avait tourné la tête à l’Europe ! […] Il se dit et il est lui-même aristotélicien : « Je suis capable — dit-il — de prendre Rodogune, par exemple, et en lui appliquant les règles d’Aristote, d’en construire une pièce meilleure que celle de Corneille. » C’est là le dernier trait, mais c’est aussi l’erreur et l’infatuation… C’est l’homme du temps qui parle, ce n’est pas l’homme de l’avenir, qui allonge son regard par-dessus la tête des autres parce qu’il est plus grand qu’eux, — et Lessing l’était !
Je croyais à la transformation dernière, au brin d’immortelle cueilli enfin, et gardé, de toute cette masse de fleurs, de tous ces bouquets jetés à la tête de tout par une main que tout enivrait et qui, dans l’ivresse, s’est blessée ; et je n’ai pas eu ce que je croyais. […] On est aussi Scarron par la tête, cette boule grotesque de la tête de Scarron, avec laquelle il jouait au cochonnet, dans son fauteuil de cul-de-jatte ! […] … Et la rose du soir sur tant de folles têtes… ce n’est pas, enfin, Un cœur blessé, quand il fut tendre Un fou tué sous son esprit, qui peut jamais être cette grotesque gargouille de Scarron, qui vomissait l’esprit comme les gargouilles des toits vomissent l’eau sale !
Dans la partie supérieure appelée la tête, et qui, vue du dehors, semblait un objet comme tous les autres, circonscrit dans l’espace, pesant, etc., je trouvai quoi ? […] Selon cette hypothèse le monde réel, tout achevé à l’avance, n’a plus, comme dit encore Schopenhauer, « qu’à entrer tout bonnement dans la tête à travers les sens et les ouvertures de leurs organes ». Le monde « existerait là, dehors, tout réel objectivement et sans notre concours ; puis il arriverait à pénétrer, par une simple impression sur les sens, dans notre tête, où, comme là dehors, il se mettrait à exister une seconde fois ».
En effet les hommes durent se représenter la terre comme un grand dragon couvert d’écailles, c’est-à-dire d’épines ; comme une hydre sortie des eaux (du déluge), et dont les têtes, dont les forêts renaissent à mesure qu’elles sont coupées ; la peau changeante de cette hydre passe du noir au vert, et prend ensuite la couleur de l’or. […] Vulcain fend la tête de Jupiter, d’où sort la déesse, minuit caput, étymologie de Minerva. Caput signifie la tête, et la partie la plus élevée, celle qui domine.
» Sa femme fit « non » de la tête. […] On se tient de la tête aux pieds… Le collage enfin ! […] Il ne tourna pas la tête. […] Paulette lève brusquement la tête. […] Leurs lèvres s’unirent et sa tête pencha en arrière.
Il y avait dans sa tête l’effacement et l’éblouissement. […] On ne peut pas discuter avec Marius : il a un tourbillon dans la tête, une amante perdue dans le cœur, un baril de poudre sous la main dans la barricade, la mèche au poing pour faire sauter vainqueurs et vaincus si la victoire hésite. […] « Le fils, regrettant les cygnes, tourna la tête vers le bassin jusqu’à ce qu’un coude des quinconces le lui eût caché. […] Furieux de trouver la nature en opposition avec leur système platonique de société, ils ont perdu la tête et ils ont fait le coup d’État contre la nature. […] Et l’on va devant soi, et, une fois engagé, on ne recule plus, et l’on se précipite tête baissée, ayant pour espérance une victoire inouïe, la révolution complétée, le progrès remis en liberté, l’agrandissement du genre humain, la délivrance universelle, et pour pis-aller les Thermopyles.
Souvenez-vous de ces paroles qu’il vous dit dans un tête à tête : En considération de M. le marquis de Montausier, j’empêcherai ma compagnie d’aller chez vous ; c’est un seigneur à qui je dois tout. […] Pour ce qui est de sa capacité, je n’ai point mémoire d’avoir lu d’écrivain si ignorant… Quel avantage dois-je donc attendre de combattre un homme si foible, de tenir tête à une harangère, & d’imiter ce Ctésiphon de Plutarque qui faisoit le coup de pied de mulet ?
Il supportait la raillerie, les surnoms, les quolibets, en penchant sa belle tête enfantine sur sa poitrine et en souriant d’un air un peu confus qui encourageait à le railler davantage. […] » disait-il aux chemins, aux arbres, aux rochers surplombant sur sa tête : « C’est moi qui suis le fiancé, le fiancé de la Jumelle ! […] Étendu ventre à terre sur le carreau, je soutenais ma tête sur mes deux mains accoudées du côté de la fenêtre. […] Ses lentes vibrations se répercutaient si mécaniquement sur le tympan de ma tête brisée de douleur et d’insomnie que mes pensées suivaient involontairement le branle de l’airain, et qu’elles prenaient insensiblement pour gémir et pour pleurer le rythme de cette sonnerie des morts. […] De Lisle était rêveur ; son cœur était ému, sa tête échauffée.
En entrant, j’ai vu un grabat d’où s’est levée une tête de mort ou à peu près. […] « Aujourd’hui, et depuis même assez longtemps, je suis calme, paix de tête et de cœur, état de grâce dont je bénis Dieu. […] Mais la tête renversée en arrière les dépasse encore ! […] Il y en a dans le chemin du moulin, à l’abri d’un tertre tout parsemé de leurs petites têtes blanches. […] Lire, écrire, prier, prendre une corbeille de sable sur la tête, comme ce solitaire, et marcher.
Francine courbe la tête sous la malédiction du vieillard, mais elle se raidit dans son refus obstiné. […] Navarette, qui n’est pas jalouse, le laisse en tête à tête avec sa rivale, et l’on comprend que la marquise ne soit pas tout à fait fascinée. […] A ce mot, le baron chancelle, comme si l’hôtel croulait sur sa tête. […] Lucien reprend son récit du duel ; le médecin pour rire secoue la tête d’un air consterné ; Navarette fait son entrée et se jette sur son amant, avec un désespoir mélodramatique. […] Au moins Scapin, quand il se fait apporter sur une chaise, devant Argante et Géronte, prend-il la précaution d’avoir la tête entourée de linges, comme s’il avait été blessé.
M. de Nanjac aime la femme qu’il vient de surprendre en tête à tête avec lui ; il s’est cru devant un rival ; de là cette mauvaise humeur qu’il n’a pas su contenir. […] » A côté de cette vilaine tête s’évapore et sourit à vide madame de Santis, une créature de rubans et de grimaces, une poupée écœurée et écervelée, et pas plus de sens moral que dans la tête d’une perruche qui croque une praline ! […] De l’autre part gît Suzanne, jetée à la renverse sur un fauteuil, la tête dans ses mains. […] Le danger l’inspire, elle réfute l’évidence, elle tient tête aux accusations les mieux démontrées ; elle a des poses, des effusions, des repentirs, des tendresses dont le spectateur est dupe presque au même point que l’amant. […] A quoi Jean Giraud répond, en renfonçant son chapeau sur sa tête : « Vous m’ennuyez, à la fin !
Elle incline la tête en disant un oui, un oui étouffé… Le fiacre roule. […] Un jeune homme ouvre le guichet, me demande le nom, l’âge… couvre d’écritures, pendant un quart d’heure, une dizaine de feuilles de papier, qui ont en tête une image religieuse. […] La porte s’entrouvre au bout de quelque temps, et il en sort une tête de garçon boucher, le brûle-gueule à la bouche : une tête où le belluaire se mêle au fossoyeur. […] » Une passion, des passions à la fois de toute la tête, de tout le cœur, de tous les sens, et où se mêlaient toutes les maladies de la misérable fille, la phtisie qui apporte de la fureur à la jouissance, l’hystérie, un commencement de folie. […] Et à propos du roman sans péripéties, sans intrigue, sans bas amusement, tranchons le mot, qu’on ne me jette pas à la tête le goût du public !
Nattier Voici une Vestale de Natier ; et vous allez imaginer de la jeunesse, de l’innocence, de la candeur, des cheveux épars, une draperie à grands plis, ramenée sur la tête et dérobant une partie du front ; un peu de pâleur ; car la pâleur sied bien à la piété (et à la tendresse). Rien de cela, mais à la place, une coiffure de tête élégante, un ajustement recherché, toute l’afféterie d’une femme du monde à sa toilette, et des yeux pleins de volupté, pour ne rien dire de plus.
Elle réunit en un rêve charmant ces deux têtes, l’une blonde, l’autre brune. […] Elle ne leva pas les yeux et hocha la tête négativement. […] Une tête d’aigle attendri. […] Il arrêta son cheval court à quelques pas de moi et me montra une tête sanglante qu’il venait de couper ; il la tenait par la bouche, et la tête, en serrant les dents, lui mordait les doigts. […] Il donnait le bras à son aide de camp, la tête inclinée, l’air soucieux.
Monselet, qui doit aimer la supériorité et regarder par en haut, comme les têtes créées pour la lumière, s’est fait le Saint Vincent de Paul de tous les enfants perdus du xviiie siècle, et il en a fait inutilement des enfants trouvés. […] C’était une vraie circonvallation d’éventails déployés, derrière chacun desquels je comptais régulièrement deux têtes qui s’avertissaient du regard comme on s’avertit du genou, — car il y a du genou dans le regard, à certaines heures ! […] III J’ai signalé déjà le plus important de ces Portraits après décès, qui ne vont pas jusqu’à la douzaine et qui sont plutôt des têtes de médaillon que des portraits en buste, mais je ne peux m’empêcher d’y revenir. […] bien souvent tout le pauvre et éclatant succès de la tête qui est dessous, si ce sont des gaîtés sont des gaîtés sombres, qui sont d’autant plus sombres qu’elles touchent de plus près à la vérité… IV Il y a dans Shakespeare un railleur aimable, — pas si littéraire peut-être, — mais, ma foi !
C’est le traquenard des titres intéressants, — mis effrontément ou cauteleusement à la tête des ouvrages les plus profondément dénués d’intérêt et de talent. […] … L’esprit humain est un si drôle de mystère, que la tête d’un imbécile peut être encore quelque chose de très complexe et que toute l’habileté du philosophe le plus malin serait impuissante à expliquer. […] Sismondi ne fut point, lui, amoureux de Madame de Staël, mais, quand il mettait la tête hors de ses livres comme une carpe met la sienne hors de l’eau, il l’admirait naïvement et passait sa vie à l’entendre. […] Il a donc pris son pic, c’est-à-dire sa plume, et il a creusé cette Notice, dont le but est de dégager le Sismondi sentimental du Sismondi soliveau, du Sismondi la tête de bois, qui a écrit l’Histoire comme une mécanique à bon sens.
… Catherine II, qui n’avait pas vu Galiani aux soupers du baron d’Holbach, sa perruque sur le poing, arrachée, dans le feu de l’inspiration, de sa tête fumante, disait que : « quand elle avait devant elle une lettre de Galiani elle croyait avoir le Vésuve », et son imagination ne la trompait pas. […] Il avait pour oncle Mgr Célestin Galiani, archevêque de Tarente, grand aumônier du Roi de Naples, et dès son premier âge on lui jeta des abbayes à la tête comme à un neveu de Monseigneur son oncle. […] L’abbé Galiani fit les délices d’une société charmante qui les lui rendit, et quand, par suite d’une indiscrétion diplomatique, car ce pétulant intellectuel, cette tête à feu et à fusées, ne pouvait pas être la tirelire à serrure des petits secrets politiques qu’il faut garder, il fut forcé de quitter cette société qui était devenue la patrie de son esprit, il la quitta comme on quitte une maîtresse aimée, et la Correspondance que voici atteste à chaque page ce sentiment presque élégiaque dans une nature si peu tournée à l’élégie, mais dont l’esprit souffre de regret comme un cœur ! […] Marmontel, qui ne voyait pas grand-chose, avait vu cela, et, lui qui ne bouillait pas de couleur, avait dit qu’il était, ce petit Poucet d’abbé Galiani, gros et grand comme rien mais spirituel comme tout, une tête de Machiavel, qu’il ne rapetissait pas, lui, comme Morellet avec son Machiavellino !
Le roman, qui est agréable, n’est que pour la forme ; tirons-en le fond, et quoique l’auteur, quand il l’écrivait, fût de quelques années plus âgé qu’en ses beaux jours d’éclat auprès du fauteuil de Mme de Créqui, soyons bien sûr qu’il avait déjà tous les mêmes jugements dans la tête et dans la conversation quand il désennuyait si bien la marquise. […] J’avais dîné chez elle avec plusieurs personnes dévouées au parti de Necker, et ardentes à soutenir le doublement du Tiers et l’opinion par tête ; au moment où cette question était agitée avec le plus de chaleur, la maréchale ouvrit sa boîte pour prendre du tabac, et le lourd avocat Target s’avança et prit familièrement une prise de tabac dans la boîte ouverte de la maréchale. […] « Néron70 disait : Je voudrais que les hommes rassemblés n’eussent qu’une seule tête, pour pouvoir la couper. La Révolution a fait le contraire, elle a composé un Néron d’une multitude immense d’hommes. » Comment de cette multitude de têtes revenir à une seule, et à une seule forte et raisonnable ? […] Le président de Longueil disait quelquefois en montrant la tête de son jeune élève : « Il y a du monde au logis. » Dans la conversation, M. de Meilhan devait être brillant, imprévu, fertile, plein de coup d’œil, ouvrant à tout moment des perspectives, donnant le sentiment et l’aperçu de grandes choses qu’il ne s’agissait plus que d’exécuter.
« On envoie un empirique, disait-il gaiement, là où les médecins ordinaires ont échoué. » Il prit d’ailleurs sa mission très au sérieux, et eut dès l’abord des idées saines et justes sur l’esprit qu’il convenait d’y apporter : Je me mis dans la tête de tout tenter, d’employer toutes sortes de voies, hors celle de ruiner une des meilleures provinces du royaume ; et même que si je pouvais ramener les coupables sans les punir, je conserverais les meilleurs hommes de guerre qu’il y ait dans le royaume. […] Au milieu de la rigueur nécessaire, il s’y montre assez humain, bon politique, observateur éclairé et curieux des cerveaux en délire, nullement présomptueux : « Quand on a, dit-il, à ramener un peuple qui a la tête renversée, on ne peut répondre de rien que tout ne soit consommé. » Témoin des phénomènes physiologiques les plus bizarres, des tremblements convulsifs des prophètes et prophétesses, il est un de ceux dont la science invoquera un jour le témoignage : J’ai vu dans ce genre des choses que je n’aurais jamais crues si elles ne s’étaient passées sous mes yeux : une ville entière, dont toutes les femmes et les filles, sans exception, paraissaient possédées du diable. […] J’en fis arrêter vingt des plus méchantes… Il voit des gens jusque-là réputés fort sages, un maire d’Alais, par exemple, à qui la tête tourne subitement et qui se croit prophète à côté d’une prophétesse, fou d’ailleurs sur ce seul point et sensé sur tous les autres, comme don Quichotte qui ne déraisonnait que quand il était question de chevalerie errante. […] Les réflexions que Villars adressait au ministre à ce sujet sont d’un grand sens : On les destina à servir d’exemple : mais la manière dont Maillé reçut la mort était bien plus propre à établir leur esprit de religion dans ces têtes déjà gâtées qu’à le détruire. […] Villars reçut en même temps un ordre réitéré de partir, et une lettre de Chamillart datée de quelques heures après, qui révoquait cet ordre et lui permettait de rester à la tête de l’armée du Rhin.
Génie loyal, plein d’honneur et de moralité, marchant la tête haute, il devait se prendre d’une affection soudaine et profonde pour les héros chevaleresques de cette brave nation. […] Les personnages de Corneille sont grands, généreux, vaillants, tout en dehors, hauts de tête et nobles de cœur. […] Ses héroïnes, ses adorables furies, se ressemblent presque toutes : leur amour est subtil, combiné, alambiqué, et sort plus de la tête que du cœur. […] Il avait fini par se figurer qu’il avait été en son temps bien autrement galant et amoureux que ces jeunes perruques blondes, et il ne parlait d’autrefois qu’en hochant la tête comme un vieux berger. […] Voltaire met en note : « Des têtes au-dessus des bras, il n’était plus permis d’écrire ainsi en 1657. » Il serait certes piquant de lire quelques pages de Saint-Simon qu’aurait commentées Voltaire.
Lorsqu’il dansait sur le théâtre, en tête de ses Chœurs, il aurait pu frapper sa lyre de l’épée, comme les Curètes frappaient de leur glaive sur le bouclier. […] Race héroïque entre toutes : son frère Cynégire est l’homme qui, se cramponnant à l’abordage d’une galère persane, et les deux bras coupés par la hache, s’y rattacha avec les dents ; pour l’en faire démordre, il fallut lui trancher la tête. […] Niobé, « la couveuse de tombeaux », comme il l’appelait, restait assise sur le sépulcre de ses enfants, enveloppée d’un voile qui la couvrait de la tête aux pieds. […] Déméter naissait avec une tête de cheval entrelacée de serpents, portant un dauphin sur la main droite, et une colombe sur la gauche. […] Les unes, dépouillées de toute forme, n’ont rien gardé que leur titre, pareilles à ces « têtes vaines des morts » dont parle Ulysse, dans l’Odyssée.
Il fut d’abord dans les gardes-françaises en 1698, et, quand commença la guerre de la Succession (1701), il obtint d’acheter un régiment d’infanterie, à la tête duquel il servit au-delà des Alpes. […] Ce genre de défaut va nous être plus apparent encore et plus sensible chez Bonneval : il ne lui a manqué qu’un grain de moins dans la tête pour être un personnage historique et non romanesque. […] À la tête de quelques hommes de son régiment, entouré d’un corps nombreux de janissaires, il résista une heure entière, et abattu d’un coup de lance, dix soldats qui lui restaient l’emportèrent vers l’armée victorieuse. […] Grand, beau, l’air ouvert et martial, l’œil plein de feu, la tête haute, avec une coiffure à lui, la chevelure assez rase et en rond, à la Charles XII, ou à la Titus comme nous dirions, Bonneval attirait les regards. […] La tête de Bonneval s’exalte ; il sort évidemment du droit sens, et nous le retrouvons ce que nous l’avons précédemment trouvé avec Chamillart, et bien au-delà : Les personnes de ma naissance ont trois maîtres : Dieu, leur honneur, et leur souverain… Nous ne devons rien à ce dernier qui puisse choquer les deux premiers.
Sur leur penchant dans la demi-teinte, homme assis soutenant par la tête une femme noyée qu’un autre, sur la pente en dessous, porte par les pieds. […] Il a vu tout à fait sur la gauche et sur le devant, une femme étendue à terre, enlacée d’un énorme serpent qui la dévore et qui l’entraîne au fond des eaux, où ses bras, sa tête et sa chevelure pendent déjà. […] On voit à gauche les têtes de quelques bêtes à cornes. […] Au-dessus de sa tête des planches sur lesquelles des pots et autres ustensiles. […] Dans ses tableaux de paysages, il y a quelquefois des figures qui visent un peu à l’éventail ; j’en appelle à l’un de ses tableaux du matin ou du soir, et à cette petite femme qu’on y voit montée sur un cheval avec un petit chapeau de paille sur la tête et noué d’un ruban sous son cou.
Sa tête était belle, et il la portait haut. […] C’est le dessin de deux têtes. […] mes amis quelle belle tête il a ! […] Comme il est simple… et quelle belle tête il a ! Une tête bien italienne ; l’enchâssement de l’œil grand, bien prononcé !
(Voyez les quatre têtes de buffles et de bœufs dans les Moissonneurs et dans le tableau de la Madonna dell’ Arco de Léopold Robert, et vous y reconnaîtrez ces réminiscences du Jura.) […] Ce tableau de Gérard, en face du beau visage flétri de madame Récamier, au-dessus de la tête triomphale et dédaigneuse de M. de Chateaubriand, complétait bien la scène d’intérieur à laquelle j’étais rarement admis. […] Quelle tête ! […] Du poète populaire d’abord, belle tête homérique aux traits pensifs et aux yeux rêveurs, où l’inspiration professionnelle flotte sur un visage de chanteur de rues. […] Une enfant de huit à dix ans, sa fille, rêve aux sons de la guitare, la tête penchée sur les genoux de sa mère.
Une pente rapide de gazon, comme un glacis de forteresse, descendait de là vers la plaine ; un bois de pins maritimes s’étendait plus bas entre le glacis et la plaine ; ses troncs penchés par le vent, ses rameaux cuivrés par le soleil et les légers parasols de ses cimes laissaient entrevoir la mer entre les branches et par-dessus la tête des arbres. […] La comtesse Héléna pouvait avoir trente ou trente-quatre ans à cette époque : encore ne pouvait-on lui donner ce nombre d’années que par réflexion, et en voyant à côté d’elle grandir au niveau de sa tête une charmante fille unique de quinze ans, qu’on appelait Thérésina : mince, svelte, élancée, et pour ainsi dire diaphane. […] Moi-même j’ai essayé vingt fois dans ma vie, à tête reposée, de décrire sur une page en vers ou en prose cette indescriptible figure avec tous les détails des traits, des yeux, de la bouche, des cheveux, de l’attitude, sans avoir jamais pu y réussir. […] Il resta ainsi plus d’une heure la tête dans ses mains, Mesdames, ce chevalier mélancolique, etc., etc. […] Thérésina, qui se trouvait bien sur cette couche de tendresse, ne cherchait pas à se relever ; elle étendit un de ses bras à demi nu sous sa tête, comme pour se faire un oreiller ; elle passa l’autre autour du cou de sa jeune mère comme pour s’y suspendre ou pour attirer vers le sien le visage de la comtesse.
Elle a la tête penchée sur l’épaule, avec un mouvement de fatigue qui semble coucher sur un oreiller la découpure aiguë de son profil. […] Ziem me parle de sa santé, des chaleurs qui lui montent à la tête, du manque d’équilibre de sa circulation, de l’impossibilité qu’il éprouve maintenant à travailler dans des lieux fermés. […] Elle s’écrie : « Qu’il faut qu’il ne revienne pas, qu’il se fasse tuer à la tête de son armée ! […] La répétition d’une pièce, ça l’empêche d’en faire une autre, et comme, dit-il, il n’a plus que quatre ou cinq années à produire, il veut faire les dernières choses qu’il a en tête. […] Sa tête, d’une pâleur orangée, s’enfonçait dans le noir de ses longs cheveux.
« À la voix de ces âmes blessées, je baissai de pitié la tête et je tins mon visage incliné vers le sol. […] La tête de l’une semblait servir de coiffure à la tête de l’autre. « Et de même qu’on mange le pain quand on a faim, de même celui qui était au-dessus mordait avec les dents la tête de celui qui était au-dessous, à l’endroit où la cervelle s’unit à la nuque. […] Puis Virgile et Dante remontent de l’abîme, en se servant, en guise d’échelle, des poils du corps de Lucifer, précipité du ciel la tête en bas ! […] Béatrice passe son bras d’amante autour du cou de son amant ; elle lui plonge la tête dans les eaux purifiantes du ruisseau.
Son père, passant avec lui à Amboise où les têtes des conjurés étaient encore exposées aux potences, lui mit la main sur la tête et lui fit faire, dès l’âge de huit ans et demi, une sorte de serment d’Annibal. […] Sayous) nous fait voir Henri III juge délicat des choses de l’esprit : Henri III savait bien dire quand on blâmait les écrits qui venaient de la cour de Navarre de n’être pas assez coulants : « Et moi, disait-il, je suis las de tant de vers qui ne disent rien en belles et beaucoup de paroles ; ils sont si coulants que le goût en est tout aussitôt écoulé : les autres me laissent la tête pleine de pensées excellentes, d’images et d’emblèmes, desquels ont prévalu les anciens. […] Je vous donne trois semaines pour vous éprouver, et quand vous serez à bon escient fortifiée contre de tels accidents, je m’en irai périr avec vous et avec nos amis. » L’Amirale répliqua : « Ces trois semaines sont achevées ; vous ne serez jamais vaincu par la vertu de vos ennemis, usez de la vôtre et ne mettez point sur votre tête les morts de trois semaines. […] Un de ses plus beaux discours est celui qu’il adresse au roi de Navarre captif à Paris, en 1575, pour l’exhorter à la fuite, à se dérober aux mollesses et aux dangers dont il est environné, et à reprendre son rang dans le parti, à la tête de ses affectionnés serviteurs. […] Et reprenant à la fin et retournant à contrepied le raisonnement du vicomte de Turenne : Je conclus ainsi : « Si nous nous désarmons, le roi nous méprisera ; notre mépris le donnera à nos ennemis : uni avec eux, il nous attaquera et ruinera désarmés ; ou bien, si nous nous armons, le roi nous estimera ; nous estimant, il nous appellera : unis avec lui, nous romprons la tête à ses ennemis. » Il échappa au roi de Navarre sur la fin de ce discours de s’écrier : « Je suis à lui !
Il est vrai que celle-ci n’y est qu’à peine touchée ; et c’est sans doute la raison pour laquelle le poëte a cru pouvoir ainsi clouer en tête de son recueil ce titre voyant de Poésies Barbares, qui devient un attrait. […] Il arrive souvent aux grands poëtes sur le déclin des ans de susciter en de jeunes cœurs des admirations passionnées qui ressemblent à de l’amour : ainsi Gœthe enflamma le cœur ou la tête de Bettina ; ainsi Lamartine, ainsi Chateaubriand en ont enflammé bien d’autres. […] Ta tête virginale aux rêves printaniers. […] une chimère… Et pourtant quand tu penchas ta tête charmante sur mon épaule, quand des paroles enivrantes sortirent de ta bouche, quand je te vis prête à m’entourer de tes mains comme d’une guirlande de fleurs, il me fallut tout l’orgueil de mes années pour vaincre la tentation de volupté dont tu me vis rougir. […] Parfois tous ces beaux corps par les bras reliés De suaves rondeurs font une chaîne rose, Où sur chaque poitrine une tête repose ; L’eau trahit par un flot l’essor caché des pieds.
Je devais, après mon Gœtz et mon Werther, vérifier le mot d’un sage : « Lorsqu’on a fait quelque chose qui plaît au monde, le monde sait, s’arranger de manière à ce qu’on ne recommence pas. » En d’autres heures pourtant et dans l’habitude de la vie, il appréciait mieux son rare bonheur : ce bonheur avait été de venir à temps, en tête d’une grande époque qui naissait et qu’il avait en partie dirigée et conduite : « Je suis bien content, disait-il gaiement un jour qu’il venait de lire de jolis vers d’un tout jeune poëte, de n’avoir pas aujourd’hui dix-huit ans. […] Ce qui s’appelle vraiment le peuple ne sert que fort peu à notre développement, et tous les hommes de talent, toutes les bonnes têtes sont parsemées à travers toute l’Allemagne. […] Imaginez-vous maintenant une ville comme Paris où les meilleures têtes d’un grand empire sont toutes réunies dans un même espace, et par des relations, des luttes, par l’émulation de chaque jour, s’instruisent et s’élèvent mutuellement ; où ce que tous les règnes de la nature, ce que l’art de toutes les parties de la terre peuvent offrir de plus remarquable est accessible chaque jour à l’étude : imaginez-vous cette ville universelle, où chaque pas sur un pont, sur une place, rappelle un grand passé, où à chaque coin de rue s’est déroulé un fragment d’histoire. Et encore ne vous imaginez pas le Paris d’un siècle borné et fade, mais le Paris du xixe siècle, dans lequel, depuis trois âges d’hommes, des êtres comme Molière, Voltaire, Diderot et leurs pareils ont mis en circulation une abondance d’idées que nulle part ailleurs sur la terre on ne peut trouver ainsi réunies, et alors vous concevrez comment une tête bien faite, grandissant au milieu de cette richesse, peut être quelque chose à vingt-quatre ans. » Certes, de tels témoignages rendus avec cette magnificence, et venant de quelqu’un qui s’est toujours passé de Paris, ne sont pas humiliants pour cette noble tête de la France ! […] les jolies têtes se relèvent, tiges et feuilles reverdissent, et toutes aussi saines que si elles étaient encore sur le sol maternel.
De même que, dans le fœtus, on voit tour à tour la tête disproportionnée se réduire à sa juste mesure, les fontanelles du crâne se boucher, les cartilages se changer en os, les vaisseaux rudimentaires se clore et se ramifier, la communication de la mère et de l’enfant se fermer, de même, dans le langage enfantin, on voit tour à tour les deux ou trois noms dominants perdre leur prépondérance absolue, les mots généraux limiter leur sens trop vaste, préciser leur sens trop vague, s’aboucher entre eux, acquérir des attaches et des sutures, se compléter par l’incorporation d’autres tendances, ordonner sous eux des noms de classes plus étroites, former un système correspondant à l’ordre des choses, et enfin agir par eux seuls et d’eux-mêmes sans l’aide des nomenclateurs environnants. — Un enfant a vu sa mère mettre pour une soirée une robe blanche ; il a retenu ce mot, et désormais, sitôt qu’une femme est en toilette, que sa robe soit rose ou bleue, il lui dit de sa voix chantante, étonnée, heureuse : « Tu as mis ta robe blanche ? » Blanc est un mot trop large ; il faut que désormais il le réduise à une seule couleur. — Le même enfant entend sa mère qui lui dit : « Tu balances trop ta tête ; ta tête va frapper la table. » Il répond d’un air curieux et surpris : « Ta tête va frapper la table ? » Ta est pris dans un sens trop vaste, vil faut que désormais ce mot désigne seulement la tête de celui à qui l’on parle. — L’endiguement va se faire ; de nouvelles expériences compléteront la tendance qui produisait le mot blanc, et, désormais achevée, elle correspondra non seulement à la présence de l’éclat, mais encore à la présence d’une certaine couleur. […] Le lecteur voit tout de suite qu’au lieu du nom de chat on pourrait mettre celui de chien, singe, crabe, et d’un animal quelconque, ou d’une plante quelconque, et aussi d’un groupe quelconque, animal ou végétal, aussi large ou aussi étroit qu’on voudra, et, en général, d’un groupe quelconque, moral ou physique ; l’opération serait pareille ; tous les noms généraux se remplissent de la même façon. — Ordonnés les uns par rapport aux autres, chacun avec son escorte de tendances, ils composent l’ameublement principal d’une tête pensante.
Mignet le premier, dans l’introduction qu’il a mise en tête des Négociations relatives à la succession d’Espagne (1835), rencontrant tout d’abord Mazarin, lui a rendu une éclatante justice, et a tracé de lui un grand portrait historique en pied qui restera. […] « Enfin, il fit si bien, dit Retz, qu’il se trouva sur la tête de tout le monde, dans le temps que tout le monde croyait l’avoir encore à ses côtés. » On ne dira pas que je suis insensible aux grâces persuasives de Mazarin ; mais là où je me sépare un peu de M. de Laborde et de ses ingénieuses apologies, c’est dans l’admiration générale du personnage et du caractère. […] Il était nu dans sa robe de chambre de camelot fourrée de petit-gris, et avait son bonnet de nuit sur la tête ; il me dit : « Donnez-moi la main : je suis bien faible ; je n’en puis plus. — Votre Éminence ferait bien de s’asseoir. » Et je voulus lui porter une chaise. « Non, dit-il, non ; je suis bien aise de me promener, et j’ai affaire dans ma bibliothèque. » Je lui présentai le bras, et il s’appuya dessus. Il ne voulut point que je lui parlasse d’affaires : « Je ne suis plus, me dit-il, en état de les entendre ; parlez-en au roi, et faites ce qu’il vous dira : j’ai bien d’autres choses maintenant dans la tête. » Et revenant à sa pensée : « Voyez-vous, mon ami, ce beau tableau du Corrège, et encore cette Vénus du Titien, et cet incomparable Déluge d’Antoine Carrache, car je sais que vous aimez les tableaux et que vous vous y connaissez très bien ; ah ! […] Un jour, Brienne, entrant à petits pas dans la chambre du cardinal, au Louvre, le trouva sommeillant au coin de son feu, dans son fauteuil : sa tête allait en avant et en arrière par une sorte de balancement machinal, et il murmurait, tout en dormant, des paroles inintelligibles.
Un ermite au froc noir, à la tête blanchie, Marchait d’abord, Vieux concierge du temps, vieux portier de la vie Et de la mort ; Et nous l’interrogions sur les saintes reliques Du grand combat, Comme on aime écouter sur les exploits antiques Un vieux soldat. […] C’est là que chacun d’eux, près de sa fosse prête, Spectre vivant, S’exerçait à la lutte, ou reposait sa tête En attendant ! […] Dans le sépulcre voisin, tout ce qui fut un corps humain n’est déjà plus, excepté une seule partie, qu’une espèce de nappe de poussière, un peu chiffonnée et déployée comme un petit suaire blanchâtre, d’où sort une tête. […] En y regardant bien, vous reconnaîtrez des contours humains : ce petit tas, qui touche à une des extrémités longitudinales de la niche, c’est la tête ; ces deux autres tas, plus petits encore et plus déprimés, placés parallèlement un peu au-dessous, à droite et à gauche du premier, ce sont les épaules ; ces deux autres, les genoux. […] Si vous introduisez votre tête dans ce sépulcre pour mieux voir, prenez garde : ne remuez plus, ne parlez pas, retenez votre respiration.
… C’est brillant, foisonnant, tortillant, provoquant, chargé de mille détails gros comme des têtes d’épingle. […] Les aigles à deux têtes n’existent qu’en blason, mais j’en cherche vainement en littérature, et MΜ. Fervaques et Bachaumont auraient d’autant plus de peine à en faire un que leurs têtes sont différentes. […] Et il ne s’y éteindra pas, parce qu’il n’est pas une chose de société, mais de nature humaine… Quand la démocratie aura coupé la dernière tête de noble et de poète, il y aura encore de l’aristocratie dans le monde, et, malgré toutes les égalités proclamées, elle repoussera, — déplacée, oui ! […] L’homme, qui a dans sa tête de grandes pensées et dans sa vie de grandes actions, peut rester célibataire, comme Dieu.
Le Cinq-Mars de Vigny fut un livre navrant pour ceux qui croyaient que le jeune poète portait, en sa tête blonde, tout une sainte famille de poèmes comme Éloa ; car le succès de Cinq-Mars, ce succès à quatorze éditions et qui n’est pas épuisé encore, devait entraîner son auteur vers la prose, du train terrible de ces quatorze éditions, — deux de plus que les douze chevaux de la voiture du roi ! […] Tous les deux, forme à part, spécialité de talent et de vocation à part, sont de la même race d’intelligences, idéales, religieuses, pensives… Il est des têtes glorieusement conformées pour aller se casser inutilement contre le ciel. […] Vous jugerez de cette lutte acharnée entre l’esprit qui ne croit pas et l’âme qui veut croire : « Bonaparte meurt en disant : Tête d’armée, et repassant ses premières batailles dans sa mémoire ; Canning, en parlant d’affaires ; Cuvier, en s’analysant lui-même et disant : La tête s’engage… « Et Dieu ? […] Mais l’âme se cabre et pousse son cri : « Et pourquoi — reprend-il — ne pas dire : Je sens sur ma tête le poids d’une condamnation que je subis toujours, ô Seigneur ! […] Alfred de Vigny restera donc à présent, dans la pensée de tous, ce qu’il n’était que dans la sienne : un désespéré qui avait apprivoisé le désespoir, qui l’avait rendu doux et aimable, qui, comme Androclès, se faisait suivre par ce lion… Il apparaîtra plus grand que les poètes de ce temps, qui ne sont que des poètes ; car il fera l’effet d’une poésie, — la poésie de ce désespoir silencieux qui ne se mettait pas de cendres sur la tête, mais qui en avait dans le cœur !
Le bien, pour être autre chose qu’un rêve, a besoin d’être organisé, et cette organisation réclame aussitôt une tête, ministre ou souverain, un grand personnage social. […] L’art d’un roi qui, sans être supérieur, eût été pratique et prudent, c’eût été de pourvoir au plus tôt, de porter remède à cette fièvre soudaine, à cette chaleur de réforme qui avait saisi à la fois toute la nation, moins les classes privilégiées, et qui gagnait, jusque dans ces classes privilégiées, bien des têtes ardentes et généreuses ; c’eût été de donner à cet enthousiasme le temps et les moyens de se calmer ; c’eût été, par des réformes partielles vigoureusement suivies, de donner satisfaction à des intérêts justes et, par là, de décomposer petit à petit ce nuage gros d’illusions, qui renfermait des tonnerres. […] Ce que la volonté, la détermination d’un homme de tête et de cœur, aux instants les plus critiques, si cet homme est le point de mire de tous, peut jeter d’imprévu dans la balance des événements, est incalculable.
Il faut aimer la liberté. » La liberté, nous l’avions alors : c’était pour nous, de prendre possession de tout ce qui nous entourait, de rouler sur l’herbe, de moissonner les fleurs, de faire jouer les serrures verrouillées, et c’était pour moi, souvent, de m’entretenir en silence avec les peintures des galeries et les grandes ombres du clair de lune, car déjà j’avais la tête farcie de romans dévorés en cachette. […] Les lointains se peuplaient pour lui d’un défilé sans fin d’hommes et de bannières ; comme un vague tambour, le vent bourdonnait dans les branches sèches, — si sèches, que celle où il s’accrochait cassa, et il tomba — la tête la première à — à rebours. » Lutèce vécut jusqu’en 1886. […] « Il y eut là-dedans de curieuses polémiques, d’ébouriffantes “Têtes de pipe”, des articles d’un catholicisme exagéré et de mesquines vindictes.
N’est-il pas permis à ceux autour desquels s’amassent incessamment calomnies, injures, haines, jalousies, sourdes menées, basses trahisons ; hommes loyaux auxquels on fait une guerre déloyale ; hommes dévoués qui ne voudraient enfin que doter le pays d’une liberté de plus, celle de l’art, celle de l’intelligence ; hommes laborieux qui poursuivent paisiblement leur œuvre de conscience, en proie d’un côté à de viles machinations de censure et de police, en butte de l’autre, trop souvent, à l’ingratitude des esprits mêmes pour lesquels ils travaillent ; ne leur est-il pas permis de retourner quelquefois la tête avec envie vers ceux qui sont tombés derrière eux, et qui dorment dans le tombeau ? […] La liberté dans l’art, la liberté dans la société, voilà le double but auquel doivent tendre d’un même pas tous les esprits conséquents et logiques ; voilà la double bannière qui rallie, à bien peu d’intelligences près (lesquelles s’éclaireront), toute la jeunesse si forte et si patiente d’aujourd’hui ; puis, avec la jeunesse et à sa tête, l’élite de la génération qui nous a précédés, tous ces sages vieillards qui, après le premier moment de défiance et d’examen, ont reconnu que ce que font leurs fils est une conséquence de ce qu’ils ont fait eux-mêmes, et que la liberté littéraire est fille de la liberté politique. […] Hernani n’est jusqu’ici que la première pierre d’un édifice qui existe tout construit dans la tête de son auteur, mais dont l’ensemble peut seul donner quelque valeur à ce drame.
Les cléricaux, comme on dit maintenant, — puisque la littérature française parle belge et cherche ses mots dans le dictionnaire de Havin, qui les prend lui-même dans l’Indépendance, — les cléricaux se sont crus pourfendus, du ventre à la tête, par la plumette d’Augier ! […] Un marquis tarte à la crème, deux caillettes, dont l’une n’est que la Bélise de Molière servilement copiée, et un type d’Henri Monnier, à présent commun comme la borne, voilà les épouvantables éléments dont se compose le cléricalisme qui fait trembler, et auquel Augier, cette tête de linotte dramatique, oppose, pour l’aplatir, Giboyer le vénal, monsieur son bâtard et la demoiselle Fernande, née de l’adultère… La critique, cette courtisane de tous les publics dont elle devrait être l’institutrice, a battu des mains comme un simple Gringalet du lustre, et fait ensuite, sur le tremplin du lieu commun, sa pirouette mélancolique en l’honneur des partis vaincus. […] Il n’y a pas jusqu’à Déodat, le redoutable fils du tonnelier, personnellement insulté là-dedans, qui n’ait levé son puissant maillet, pour le détourner, il est vrai, en voyant quelle pauvre tête il allait écraser.
Ce trait de satire, devenu proverbe en naissant, fit une telle impression sur l’Abbé Cassagnes, qu’il en perdit la tête & fut enfermé à S. […] Nos Auteurs ont la tête plus forte.
Il représente l’homme vivant (animé), non seulement dans une de ses parties, mais dans son être entier de la plante des pieds jusqu’à la tête. […] En tête de ce groupe est la porteuse du Gral (mademoiselle Kramer) qui réalise en son personnage tout un rythme, des pieds à la tête, formant une véritable harmonie de musique ; derrière arrive le cortège du roi blessé. […] Quand le second groupe se précipite à son tour, la tête de Parsifal est comme perdue au milieu d’une mer de fleurs mouvantes. […] Quand Parsifal la baptise, elle incline la tête très bas, jusqu’à terre, comme succombant à l’émotion : elle s’étend à terre, secouée par les sanglots ; puis le regard de Parsifal semble l’attirer à lui, elle relève la tête et le regarde avec un calme pénétré, tandis qu’il l’embrasse au front. […] Une sorte de douleur source l’a envahi, la souffrance de son ignorance, et il secoue la tête tristement pour répondre aux questions de Gurnemanz.
Cela semble misérable, cette donnée, mais pour une tête féconde, quel sujet ! […] … Qui pique une tête en ces bas-fonds y perd la sienne. Il me serait impossible, s’il l’y perdait, de ne pas regretter la noble tête de M. […] Dans la destinée de la grande comédienne, les mille têtes d’un parterre qui l’applaudissent avec transport ne pèsent-elles pas plus que la tête unique de l’homme qui l’adore, et qui souffre de l’adorer de cela seul que l’amour qu’elle éprouve et qu’elle montre, elle peut le jouer ! […] Et c’est ainsi que j’aurais terminé mon roman s’il m’était passé dans la tête de peindre, comme M. de Goncourt, une grande comédienne.
L’éditeur ne met point en tête de ces Mémoires : Nouvelle édition ; c’est dire que les précédentes n’existent pas. […] Il faut contre-peser le maréchal d’Uxelles qui tous les jours envoie des têtes de lapins pour le chien de la maîtresse de Monseigneur. — Mais, bon Dieu ! […] Il ne se lassa jamais de s’arrêter devant moi chez le régent, en entrant et sortant du conseil de régence, avec une révérence extrêmement marquée, ni moi de passer droit sans le saluer jamais, et quelquefois détourner la tête avec insulte. […] Saint-Simon est un poète épique ; le pour, le contre, les partis mitoyens, l’inextricable entrelacement et les prolongations infinies des conséquences, il a tout embrassé, mesuré, sondé, prévu, discuté ; le plan exact du labyrinthe est tout entier dans sa tête, sans que le moindre petit sentier réel ou imaginaire ait échappé à sa vision. […] On lui versa des carafes d’eau sur la tête, et pendant ce temps les dames semonçaient Saint-Simon.
Quand je vois, depuis le commencement de ce récit, le grand-duc, le futur Pierre III, ne pas faire un seul pas qui ne l’achemine à l’abîme et à la ruine profonde, il me semble constamment voir dans le même temps, derrière lui et au-dessus de lui, debout et voltigeant, ce fantôme fatal qui, le pied sur la tête des mortels, les pousse aux actes insensés, et qu’Homère appelle l’Imprudence. […] Les comtes Razoumowsky, que j’avais toujours aimés, furent plus caressés que jamais ; je redoublai d’attention et de politesse envers tout le monde, excepté les Schouvaloff ; en un mot, je me tins fort droite : je marchais tête levée, plutôt en chef d’une très-grande faction qu’en personne humiliée et opprimée. » Sa fierté n’a pas grand effort à faire pour se redresser : elle n’était pas née pour l’attitude et le rôle de victime. […] Un jour qu’il était allé avec un de ses amis, le comte de Horn, faire une visite au grand-duc à sa maison d’Oranienbaum, le grand-duc, qui avait la noce d’un de ses chasseurs en tête et qui voulait y aller boire, les planta là, et la grande-duchesse dut leur faire les honneurs de la maison : « Après le dîner, je menai la compagnie qui m’était restée, et qui n’était pas fort nombreuse, voir les appartements intérieurs du grand-duc et de moi. […] Un jour, impatientée du changement de conduite, à son égard, de Léon Nariohkine, tête légère et sans conséquence, qui, du nombre de ses intimes amis, avait tourné contre elle et lui faisait de petites trahisons au profit des Schouvaloff, quoiqu’il eût par-ci par-là des hoquets de repentir (que dites-vous de l’expression ?) […] Je viens de dire que je plaisais, par conséquent la moitié du chemin de la tentation était faite, et il est en pareil cas de l’essence de l’humaine nature que l’autre ne saurait manquer ; car tenter et être tenté sont fort proches l’un de l’autre, et malgré les plus belles maximes de morale imprimées dans la tête, quand la sensibilité s’en mêle, dès que celle-ci apparaît, on est déjà infiniment plus loin qu’on ne croit, et j’ignore encore jusqu’ici comment on peut l’empêcher de venir.
En tête marche la grande Électre, sombre comme la nuit, pâle comme la mort, le front chargé de pensées sinistres. […] Ma tête ébranlée retentissait à chaque coup. » Les appels au père recommencent, pressants et perçants à fendre sa tombe ; le mémento suit l’invocation. […] Ne redresseras-tu pas ta tête chérie ? […] Comme la servante de Judith, elle tendrait volontiers le sac où roulerait sa tête. […] » — « Tu as tué le père, tu mourras par le fils. » Et il l’entraîne dans le palais, tête pendante, comme un victimaire tenant par la corne une bête d’holocauste.
On dira, de Paris, dans cent ans, comme aujourd’hui, de Paris, la ville active, ingénieuse, orageuse et turbulente, qu’elle était la tête d’un corps énorme, et qu’elle absorbait injustement tout un vaste empire. […] En revanche, s’il n’y a pas d’esprits forts, il y a les hommes forts, il y a les disciples de Danton, de Robespierre, de Marat, d’honnêtes sans-culottes, bien vêtus qui ne voudraient pas tuer une mouche, et qui désirent, tout haut, que le genre humain n’ait qu’une tête… Oui, Suzon soyez-en sûre, ils couperaient la tête du genre humain ! […] Cela fait toujours dix ou douze ans de moins, sur la tête brune ou blonde de toutes ces adorables menteuses. […] L’homme, de son côté, tout honteux d’être si ému, s’était retourné contre la muraille, et il tenait sa tête dans ses mains ; ses épais cheveux, mal en ordre, retombaient sur ses mains, et il pleurait. […] elle meurt de regret et de désespoir, parce que la cornette de Lisette échappe à sa tête blanchie, parce que l’éventail de Célimène, dont elle avait fait un sceptre, s’est brisé entre ses doigts.
L’espace grand devant les pas, le ciel libre sur la tête rendent l’âme vaste et l’esprit indépendant : les murs sont l’esclavage, les champs sont la liberté. […] C’est que le génie a deux natures : flamme dans la tête de l’homme, chaleur dans le cœur de la femme. […] C’est là qu’il va chercher le repos, roulant dans sa tête une foule de pensées. […] Eumée tout en larmes baise la tête, les yeux, les mains de son jeune maître. « D’où nous vient cet étranger ? […] … » Le vieillard à ces mots sent son cœur et ses genoux défaillir ; il jette ses deux bras autour de la tête d’Ulysse, son fils !
Les uns pendent par les reins, les autres par les jambes, par la tête ou par le cou. […] Il lui montra la peau et les cheveux arrachés de la tête de son fils. […] Il lui coupe la tête et la met au bout de sa lance ; puis il revient parmi les Francs. […] Il pardonna cependant, et Hortense revint dîner avec lui en tête à tête, mais non sans lui avoir auparavant demandé sa parole de chevalier de Saint-Louis qu’il n’essaierait pas d’attenter à sa vertu . […] On voit leur cou fléchir, leur tête se pencher ; leurs yeux, leurs mains, tous leurs membres semblent ceux d’une personne vivante.
Votre musée de plâtres ressemble à un champ de bataille après le combat, torses, têtes, membres épars. […] Tel est cet ennemi des dieux, Typhon, le monstre aux cent têtes qui gît dans le hideux Tartare. […] Un général n’était pas alors un calculateur qui se tenait sur une hauteur avec une carte et une lorgnette ; il se battait, la pique à la main, en tête de sa troupe, corps à corps, en soldat. […] Tête de Junon à la villa Ludotisi. Tête du Jupiter d’Otricoli.
Les plis de ce front de vieux nocher, la gravité de la tête du lion, l’amplitude des tempes triomphales ou rêveuses, ressortaient mieux dans l’immobilité. […] Et cette noble tête se détachant ainsi derrière le lecteur dans la bordure du tableau de Corinne, tableau un peu trop rapproché de nous, je me disais : « Enfant, de tels fonds ont surmonté longtemps et dominé nos rêves. […] Le chevalier résiste, il se défend, il obtient capitulation ; il reste intact, et son honneur, même d’enfant, peut marcher la tête haute, pur d’affront. […] On voit çà et là, l’hiver, venir de rares hôtes à cheval avec le porte manteau en croupe ; ce sont ceux que le père reçoit tête nue sur le perron. […] Les soirs d’automne, dans le vaste salon, vêtu d’une robe de ratine blanche, la tête couverte d’un haut bonnet roide et blanc, il se promène à grands pas ; si la mère, le chevalier et sa sœur, qui sont assis immobiles, échangent quelques mots, il dit en passant, d’un ton sévère : « De quoi parliez-vous ?
Cette larve du fatalisme, par où que vous mettiez la tête à la fenêtre, vous la rencontrez. […] on trouve de tout temps en tête des partis populaires un patricien dissolu et brillant, qui renie sa caste et gagne la faveur de la foule : à Rome Catilina, César ; des exemples sans nombre dans les républiques italiennes ; les Guises en France, Retz et Beaufort, D’Orléans, Mirabeau. […] Pour tout résumer de l’opinion actuelle sur Mirabeau, — comme homme privé, il est jugé plus indulgemment, plus affectueusement même à travers ses désordres ; — comme renommée de grand citoyen, il a déchu, ou plutôt il a été dégradé : — comme tête politique, il a grandi. […] Depuis lors il quitta le service et resta privé de l’usage de son bras droit, la tête soutenue d’un collier d’argent. […] Les extravagances de d’Holbach se rapprochent beaucoup des extravagances qui fourmillent dans la tête et les écrits de ces autres philosophes si indulgemment acceptés.
Pareillement, un gentleman cité par Abercrombie56, ayant reçu un coup sur la tête, perdit tout d’un coup la connaissance du grec, tous ses autres souvenirs demeurant intacts. — La défaillance porte quelquefois sur une période de la vie antérieure. […] « Il y a quelques années, dit Abercrombie58, je vis un enfant qui, en tombant d’un mur, s’était heurté la tête contre une pierre. […] Il sentait que sa tête était blessée, mais ne soupçonnait pas comment il avait reçu la blessure. Après un peu de temps, il se rappela qu’il s’était frappé la tête contre une pierre, mais ne put se rappeler comment cela lui était arrivé. […] « À son départ pour la Grèce, un de nos savants fut renverse de sa voiture par une violente secousse ; une boîte, peu lourde pourtant, lui tomba sur la tête ; il ne s’ensuivit ni douleur ni plaie des téguments ; mais le blessé oublia totalement le pays d’où il était sorti, le but de son voyage, le jour de la semaine, le repas qu’il venait de faire, toute l’instruction qu’il avait acquise.
Berthelot, son ami et son compère, qui a fait en collaboration le livre que voici — deux têtes d’athées dans le même bonnet… de coton, — hélas ! […] , « c’est que la science pourrait avoir à sa disposition l’enfer, et non pas l’enfer chimérique duquel il n’y a aucune preuve, mais l’enfer réel », devant lequel le voilà qui se met à trembler, esprit décousu, tête inconsistante, comme s’il n’avait pas dit d’abord que la science serait infaillible et la rébellion impossible ! […] On est un héros dès qu’on est très brave… Il y a les héros et les saints du Démon comme il y a les héros et les saints de Dieu, dans ce monde où le mystérieux Surnaturel tient tête, avec une invincible opiniâtreté, aux efforts de ceux qui ne veulent admettre que les vérités à démontrer et qui tombent directement sous la coupe rigoureuse de la raison. […] Comme tous les esprits énervés par de vieilles civilisations, et qui, au lieu d’agir, aiment à se regarder passionnément l’ombilic, Marc-Aurèle, chez qui le philosophe étouffait l’empereur, facile du reste à étouffer, avait son petit livre bleu comme les jeunes filles de ce temps-ci, qui y écrivent ce qui leur passe par la tête, et c’est là ce qui a ravi M. […] Renan lui a ôté le talent de peindre, car un peintre d’histoire est, hors des lettres ou dans les lettres, un grand artiste, et un grand artiste ne peut être un sceptique, un trembleur qui tremble de la tête et qui tremble de la main.
Dès qu’elle apparaît, spectre vague, dans son clair obscur ensanglanté, l’Imagination, effarée et rêveuse, s’assied, pour mieux la contempler, la tête dans sa main et l’œil fixe, comme la hagarde Mélancolie que nous a peinte Albert Durer. […] Il n’est pas de romancier, en effet, si créateur qu’il ait été, qui jamais, à notre connaissance, ait atteint à la sombre épouvante de ces deux types, Élisabeth de Platen et Sophie-Dorothée, après leur crime, — l’une, vieillissant, désolée, jusqu’à l’âge de quatre-vingt-sept ans, aveugle et tête à tête avec ses remords dans les ténèbres de sa cécité, vomissant enfin son cœur dans une confession qu’elle autorisa son confesseur à publier, et l’autre, plus tragique encore sous l’imposture de son innocence, soutenue trente-deux ans avec la persévérance de l’enfer ! Ces deux têtes historiques, aux méplats creusés et noirs, plus difficiles à fouiller que le marbre, il faudrait une espèce de Michel-Ange pour les sculpter dans un livre d’histoire magistral.
Comme les très grands écrivains qui ont su s’attendre, Joseph de Maistre, qui fut une créature beaucoup trop élevée et trop simple pour se jeter à la tête de la publicité et pour s’ébouriffer de ce mot de gloire, comme Diderot, Rousseau et tant d’autres, Joseph de Maistre, qui écrivit tard, apparaît, quand il paraît avec une beauté accomplie et une physionomie complète. […] » Ce Job de la diplomatie savait tenir contre la misère avec la gaité de Beaumarchais, mais il ne savait plus qu’être triste devant l’abandon d’un gouvernement, stupide de cœur comme de tête, qui ne lui donnait ni mission réelle, ni instructions, et, en échange d’admirables conseils demandés pour ne pas les suivre, lui renvoyait d’ordinaire d’ineptes duretés… Ah ! […] Il a beau avoir de la grandeur de tête et de la vertu, Joseph de Maistre a un esprit du diable, comme on dit dans le pays des gens d’esprit, mais c’est le diable avant sa chute, dans le temps qu’il était ange encore et qu’il s’appelait Lucifer ! […] C’en est un autre de voir l’histoire de ces redoutables temps passer à travers la tête de Joseph de Maistre, et s’y teindre des idées et des couleurs de ce grand esprit éclatant !
Et tout ce qu’on pourrait ajouter ne paraîtrait-il pas fade et froid à un jeune homme nourri de cette chapelure de perles fines, comme un empereur romain de la décadence, et qui a certainement la tête très solide s’il n’a pas pour l’instant l’orgueil de Nabuchodonosor ? […] Quoique ce soit toujours le même type juif, où le bouc domine, qui s’élève de l’attention jusqu’à l’épouvante, l’épouvante en elle-même est beaucoup plus variée que l’attention, et vous avez ici toutes les variétés de l’épouvante ; car le terrible, dans l’histoire juive, ne ressemble pas au terrible de l’histoire des autres peuples, qui n’ont jamais senti aussi directement, aussi intimement sur leurs têtes l’accablement de la main de Dieu. […] Son Nouveau Testament, où ce qu’il y a de plus beau a été inspiré par l’Apocalypse : la Vision de saint Jean, qui rappelle ce qu’il y a de plus grandiose, de plus pathétique et de plus fulgurant dans l’Ancien, son Nouveau Testament n’a guères de touchant que Jésus guérissant les malades, et encore la tête, l’incompréhensible tête de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour tous les artistes, et sur laquelle les plus grands n’ont eu que des lueurs, Doré, qui la change chaque fois qu’il la recommence, la manque toujours.
La mère leur jette de l’argent sans les regarder ; elle tourne la tête vers son mari et cette tête ne dit mot non plus que celle du père ; de plus, ces deux figures muettes sans caractère, sans expression, sont encore lourdes, courtes et grises ; si le balcon était percé en dessous et qu’elles fussent achevées, leurs jambes passeraient de beaucoup à travers.
Jollain l’amour enchaîné par les grâces. imaginez l’amour assis sur une petite éminence au milieu des trois grâces accroupies ; et ces grâces n’en ayant ni dans leurs attitudes, ni dans leurs caractères, maussadement groupées, maussadement peintes ; la tête de l’amour si féminisée qu’on s’y tromperait, même à jeûn ; ni finesse, ni mouvement, ni esprit. […] Du même côté, étendue à terre, sa fille la tête penchée sur le bras de son père qui lui serre la main.
Paul Verlaine arriva en tête de liste avec soixante-dix-sept voix. […] Il n’eut plus peur d’être vu, il releva la tête et marcha au milieu du salon. […] Le passant le plus distrait tourne la tête au bruit de l’émeute. […] Tête de vieil oiseau, mais d’oiseau héraldique. […] Sa tête est un creuset où bouillonnent vingt siècles de littérature.
Les affirmations accoutumées sont: sur ma tête, sur mes yeux. […] Les chevaux étaient attachés aux pieds et à la tête avec de grosses tresses de soie et d’or à des clous d’or fin. Ces clous sont longs de quinze pouces environ et gros à proportion, ayant un gros anneau à la tête, par où l’on passe le licou ou les entraves. […] Les geôliers qui ont ces bêtes en garde se jettent alors sur le taureau, lui abattent la tête à coups de hache et donnent son sang à la bête. […] Le roi se retira sans dire un mot aux ambassadeurs et sans tourner seulement la tête de leur côté.
Apparaît la tête effarée de Blanche, qui me crie : « Le feu est à la maison ! […] Je n’en sais rien, mais je commence à avoir du banquet par-dessus la tête, avec le désir irrité d’en finir, le désir d’en finir le plus vite possible. […] Je sais, que les frères Daudet doivent souper avec Barrès, et le jeune ménage Hugo, mais j’ai la crainte d’apporter du froid avec ma vieille tête, au milieu de ces turbulentes jeunesses. […] Avec le mal de tête, et la lassitude douloureuse de cette maladie particulière, il me faut du courage, pour travailler, tout l’après-midi, avec Hayashi, et arriver, à nous deux, à la traduction laborieuse de ces préfaces japonaises d’Hokousaï, si difficilement transportables dans notre langue. […] À son retour, pris de douleurs cérébrales, il avait la malheureuse idée de s’entourer la tête de linge imbibé d’eau froide, à la suite de quoi il lui venait une névralgie, lui amenant un enflement de la tête, avec des taches de sang à la peau, et des rages de dents et des lancinements des tempes, à se jeter par la fenêtre.
La tentative du moins était bonne, et elle demeure en vue comme une tête de pont qui n’aurait pas été continué. […] Cousin en tête, étonnait dans son premier feu. […] On raconte que lorsque le bourreau décoiffa, pour la faire tomber, cette tête charmante, on découvrit que ses beaux cheveux avaient légèrement blanchi. Je ne sais si, dramatiquement parlant, quelques mèches grises aussi ne se sont pas glissées, depuis vingt ans, sur cette tête si applaudie. […] Cet article, écrit d’abord à l’occasion de la reprise de Marie Stuart, a depuis été en grande partie reproduit à la tête des OEuvres de M.
— Mince, lisse, blanc et rond comme les petites colonnes de marbre couronnées par des têtes d’ange, en chapiteau, sur la porte de la cathédrale de Pise. […] Nous baissâmes la tête et nous dîmes à l’homme de loi qui venait nous retrancher les trois quarts du bien : — Puisque les juges de Lucques, qui sont si savants, le disent, il faut bien que cela soit vrai. […] m’écriai-je en me précipitant les deux bras ouverts et tendus devant moi pour me jeter entre l’arbre et la hache ; mais c’est comme si vous commandiez de ne pas m’opposer à ce qu’on enlevât ma tête aveugle de dessus mes épaules ! Cet arbre, monsieur, c’est autant que ma tête !… c’est plus que ma pauvre tête, ajoutai-je en pleurant ; c’est la vie de toute ma famille, c’est le père nourricier de ma sœur, de mon neveu, de ma fille et de moi !
Pour peu que le cerveau ne soit pas imbécile, la métaphysique est le milieu, dans la tête humaine, par lequel tous les faits sont obligés de passer pour se teindre des reflets qui sont les conditions de leur lumière. […] Thomas Carlyle, ce mystique puritain, cette Tête-Ronde de génie qui s’était aiguisé les yeux en lisant la Bible, avait vu ce que n’avaient pas vu ces freluquets politiques qui font les beaux bras dans l’Histoire, ces perruquiers qui frisent la tête de Madame de Lamballe sur sa pique. […] On coupe les têtes ! […] Dans le grand ossuaire de son livre, il fait avec l’étiquette de leurs noms, pour que mieux on le croie, une pyramide de ces têtes coupées par ces Tamerlans du ruisseau ! […] N’allez pas croire que ce soit par peur de cette tête sanglante de la Révolution qu’il nous présente, comme Persée, tenant au poing la tête de Méduse !
Dans cet état, le mollet emporté d’un coup de lance, blessé d’un coup de pistolet à la hanche, et d’un coup d’épée à la tête et à la main, il ne laissa pas de se relever après quelque étourdissement ; mais il se trouva seul sur le champ de bataille, n’ayant près de lui aucun des siens, ne sachant où aller ni que faire. […] Le page qui le montait avait revêtu la cuirasse de son maître et portait la cornette blanche de l’ennemi ; l’autre page portait les brassards et le casque tout fracassé de Rosny au bout d’un bris de lance ; car, effondré de coups comme il était, il eût été impossible de le mettre en tête. Après eux venait le sieur de Maignan, écuyer (et ordonnateur de la pompe), ayant la tête bandée et un bras en écharpe à cause de deux plaies. […] » À l’affaire d’Aumale (1592) où Henri s’expose si imprudemment, Rosny est dépêché par les plus fidèles serviteurs du roi pour lui faire remontrance sur le terrain même et le prier de ne point se hasarder ainsi sans besoin : « Sire, ces messieurs qui vous aiment plus que leurs vies, m’ont prié de vous dire qu’ils ont appris des meilleurs capitaines, et de vous plus souvent que de nul autre, qu’il n’y a point d’entreprise plus imprudente et moins utile à un homme de guerre que d’attaquer, étant faible, à la tête d’une armée. » À quoi il vous répondit : « Voilà un discours de gens qui ont peur ; je ne l’eusse pas attendu de vous autres. » — « Il est vrai, Sire, lui repartîtes-vous, mais seulement pour votre personne qui nous est si chère ; que s’il vous plaît vous retirer avec le gros qui a passé le vallon, et nous commander d’aller, pour votre service ou votre contentement, mourir dans cette forêt de piques, vous reconnaîtrez que nous n’avons point de peur pour nos vies, mais seulement pour la vôtre. » Ce propos, comme il vous l’a confessé depuis, lui attendrit le cœur… Il y a dans ces Mémoires de Sully, et si l’on en écarte les cérémonies et les lenteurs, des scènes racontées d’une manière charmante et même naïve. […] C’est à la tête de ce convoi financier d’un nouveau genre que Rosny fit son entrée à Rouen où le roi était alors.
Chez Gibbon tout s’était passé dans la tête et dans le champ clos de la dialectique ; un raisonnement lui avait apporté son nouveau symbole, et un autre raisonnement le remporta. […] Tout le monde connaît sa silhouette, son profil découpé qui est en tête des Mémoires, et où il est représenté triturant sa prise de tabac, ce corps volumineux et rond porté sur deux jambes fluettes, ce petit visage comme perdu entre un front haut et un menton à double étage, ce petit nez presque effacé par la proéminence des joues. […] Gibbon lui-même, qui avait qualité de premier capitaine, fut d’abord à la tête de sa propre compagnie et ensuite de celle des grenadiers ; puis, dans l’absence des deux officiers supérieurs, il se trouva de fait chargé par son père de donner des ordres et d’exercer le bataillon. […] Madame Brown est l’auteur de la découpure qui se voit en tête des Mémoires. […] Guizot et qui se lit en tête de l’Histoire traduite, M.
Il savait trop bien que les sentiments et les idées mêmes résultent, dans un être organisé, de tout l’ensemble, de sa structure, et qu’on n’est pas impunément homme et cheval, tête et croupe tout ensemble. […] Vitet), regretter, qu’il n’eût pas en effet réalisé la lutte entre des deux natures, entre la nature humaine supérieure la tête, la pensée, l’esprit, et entre la nature inférieure, animale, matérielle ? […] Ces immobilités soudaines me laissaient ressentir ma vie tout émue… Autrefois, j’ai coupé dans les forêts des rameaux qu’en courant j’élevais par-dessus ma tête : la vitesse de la course suspendait la mobilité du feuillage qui ne rendait plus qu’un frémissement léger ; mais au moindre repos, le vent et l’agitation rentraient dans le rameau, qui reprenait le cours de ses murmures. […] L’idée de ma personnalité se confondait dans ma tête avec celle de mon bien-être… Tout le jour, je me remplissais de mûres, de raiponces, de salsifis des prés, de pois verts, de graines de pavots, d’épis de maïs grillés, de baies de toutes sortes, prunelles, blessons, alises, merises, églantines, lambrusques, fruits sauvages ; je me gorgeais d’une masse de crudités à faire crever un petit bourgeois élevé gentiment, et qui ne produisaient d’autre effet sur mon estomac que de me donner le soir un formidable appétit. […] Mon christ, ma sainte Thérèse, les autres dessins que j’ai dans ma chambre lui plaisaient beaucoup ; il voulait les avoir et les voir tous à la fois, et sa petite tête tournait comme un moulinet.
je ne voudrais rien conseiller à la jeunesse que de convenable ; mais vraiment, lorsque après avoir lu et relu les Maximes de La Rochefoucauld, un éditeur d’un nom distingué comme M. de Barthélémy en vient à écrire dans un avertissement placé en tête du petit livre, exquis de tout point, que rien ne l’obligeait de réimprimer : « Nous signalons dans ce recueil une vingtaine de pensées inédites, dans lesquelles on retrouvera cependant quelquefois de lointaine parenté avec un certain nombre de celles de diverses éditions » ; que dire ? […] Écrire de telles pages en tête d’une édition de La Rochefoucauld, c’est donner à juger son propre goût : c’est l’étaler et l’encadrer d’une manière fâcheuse. […] la saison est propice et favorable, allez en Suisse et voyez les montagnes ; allez à Bade, cherchez les ombrages et les fontaines ; chassez ailleurs ; soyez du turf, et faites même courir, s’il le faut : surtout ne faites pas imprimer de pareilles phrases en tête d’un La Rochefoucauld, au nom d’un Barthélémy. […] La description ou le portrait de l’Amour-propre, qui est en tête de la première édition des Maximes, est un admirable morceau d’ensemble qu’on n’a pas réfuté encore ; c’est un morceau digne de Pascal, de celui des Pensées, et qui cette fois, par sa date, a bien réellement devancé la publication posthume de l’ouvrage de Pascal, et dans un même genre. […] Édouard de Barthélémy ayant publié, depuis son La Rochefoucauld, un autre volume intitulé : Les Amis de la marquise de Sablé (1865), a mis en tête une Dédicace à une dame, et j’y trouve ces mots à mon adresse : « En travaillant, on est exposé à se heurter sur sa route à des inimitiés et à des jalousies plus ou moins franches, plus ou moins rudes.
Lemontey, qui était de Lyon et qui y avait vu Mme Roland avant que la Révolution l’eût transformée, a dit également avec la finesse et la curiosité de nuance où s’aiguisait la plume de cet écrivain maniéré, mais distingué : « J’ai vu quelquefois Mme Roland avant 1789 ; ses yeux, sa tête et sa chevelure étaient d’une beauté remarquable. […] Je me souviens que la première fois que je la vis, elle réalisa l’idée que je m’étais faite de la petite fille de Vévay qui a tourné tant de têtes, de la Julie de J. […] J’ai connu personnellement cette femme dont la mort héroïque a expié l’égarement ; dont l’âme ardente et la tête ambitieuse eussent mérité un cloître ou une principauté ; dont l’esprit fin et turbulent était aussi propre à diriger des intrigues qu’incapable d’écrire avec fidélité les scènes d’horreur où elle n’avait pas craint de jouer un rôle. » Ce jugement est sévère, et je ne le donne qu’à raison de l’autorité que j’accorde aux paroles de Mallet du Pan. […] Quelque distingué que fût le groupe des Girondins, il ne s’y trouvait aucun homme réellement supérieur par le coup d’œil, et, comme Dumont l’a également remarqué, elle en fut réduite à s’exalter et à se monter la tête pour des esprits qui ne la valaient pas : « Il a manqué à son développement intellectuel (c’est encore Dumont qui parle) une plus grande connaissance du monde, et des liaisons avec des hommes d’un jugement plus fort que le sien. […] Elle s’éprit de lui ; elle se monta la tête et s’enflamma le cœur (car bien hardi qui tranche en pareil cas !)
Ici, on le retrouve ce qu’il sera toute sa vie, combattant pied à pied, un peu formaliste, tenant à n’avoir pas eu un tort, retranché dans la question de droit, disputant le terrain comme il aurait pu le faire avec Mina dans les plis et replis des montagnesa, tendant la situation au risque de la briser, jouant sa tête en toute témérité et bonne grâce plutôt que de se laisser entamer de l’épaisseur d’un cheveu ; en un mot, si j’ose le dire, à la fois chevaleresque et raisonneur comme le sont certains héros de son compatriote Corneille. […] Je veux m’expliquer plus clairement : si un véritable homme de lettres, bien simple, bien modeste, bien consciencieux, mais étranger à l’action, mais ne sachant ni payer de sa personne, ni représenter en Cour des pairs ou en cour d’assises, ni tenir tête aux assaillants de tout genre et de tout bord, ni dessiner sa poitrine avec cette noblesse dans le danger, avait écrit du fond de son cabinet la plupart des choses excellentes que Carrel a écrites (j’entends excellentes, littérairement parlant), il ne passerait, selon moi, que pour un bon, un estimable, un ferme, un habile et véhément écrivain ; mais il n’eût jamais excité les transports et les ardeurs qui accueillirent les articles de Carrel : c’est qu’avec lui, en lisant et en jugeant l’écrivain, on songeait toujours à l’homme qu’on avait là en présence ou en espérance, à cette individualité forte, tenace, concentrée, courageuse, de laquelle on attendait beaucoup. […] Il semblait admis alors dans les bureaux du National que Carrel était très bon pour faire un article à loisir, à tête reposée ; mais, dès qu’il fallait payer de sa plume, c’était M. […] Cette physionomie gracieuse et pure, cette jeune tête riante et chauve de Sautelet se dessine avec beaucoup de finesse, et même par moments avec un éclair de gaieté ; puis l’analyse reprend, exacte, sévère, presque impitoyable. […] Lerond, le censeur, lui ordonna de sortir des rangs et lui dit : « Monsieur Carrel, rendez-vous sans retard à la prison ; il est vraiment déplorable qu’un élève aussi distingué que vous ait une tête aussi mauvaise ; avec les idées qui y fermentent, vous révolutionneriez le collège si on vous laissait faire. » — « Monsieur le censeur, répondit Carrel, il y a de ces idées dans ma tête plus qu’il n’en faut pour révolutionner votre collège de Rouen, il y en aurait de quoi révolutionner bien autre chose. » Il y a une anecdote de collège toute pareille qui est racontée par Marmontel, celui de tous les hommes qui ressemblait le moins à Carrel.
Et voilà qu’on l’a vu se promenant par la littérature, avec le sombrero sur la tête. […] » Vous avez les cheveux taillés en brosse, — je me suis fait raser la tête à fleur de crâne ; Chaque matin, — dans votre parterre de Nice, — vous versez, du col de votre arrosoir vert, de fraîches ondées sur vos géraniums assoiffés ; — moi, qui n’ai pas de jardin, j’ai mis un arrosoir sur ma cheminée, en guise de pendule ; Portez-vous des pantalons collants ou des pantalons à la hussarde ? […] Ma toque professorale ne branlera pas d’indignation sur ma tête, puisque je n’ai pas de toque. […] Le mot, qui est de Balzac, accuse fortement la raideur et la pose chez ces Catons de vingt ans dont la tête a tué le cœur. […] Rien de plus simple : prenez le petit Cupidon de cire aux pieds délicats et rosés, chaussez-le de sabots ferrés et lourds, plongez-le, la tête la première, au fond d’un baquet rempli d’eau de vaisselle ; maintenez-le quelque temps dans cette mare gluante ; vous le retirez avec de la chassie aux yeux, des détritus infects pris à sa chevelure blonde, et de la crotte aux ailes.
versa toujours trop de biographie, trop de détails inutiles et insignifiants, qui n’éclairent ni l’œuvre qu’on juge, ni l’homme qu’on veut pénétrer, en ces articles qui perdaient par là de leur beauté et de leur pureté de critique, et qui n’avaient pas besoin de ces pieds d’argile pour avoir une tête d’or ! […] Mais il est de la nature des esprits très étendus de ne pouvoir conclure, empêchés par le nombre de choses qu’ils voient ; et tel est le seul défaut qu’en cherchant bien on peut trouver à la cuirasse de Macaulay, lequel n’en demeurera pas moins à la tête des critiques de cet âge, qui, tous, sceptiques en plus ou en moins, n’ont pas l’ensemble de ces fortes, saines et brillantes facultés que nous montrent, parce qu’ils nous les montrent presque sans alliage, les Essais littéraires. […] Seulement, Macaulay y paraît aussi sous un jour si neuf, son sarcasme et sa grandiose insolence s’y ajustent, avec tant de proportion, à la bêtise de Southey, cette tête épique, dont la bêtise fut quelquefois comme la tête, que la légère inexactitude de M. […] Pas plus qu’une foule de ses plus illustres compatriotes, il ne put effacer jamais la trace de cette main de l’Université sur sa tête que je retrouve encore avec tant de dépit sur les cheveux bouclés et la tête révoltée de Byron.
Sans doute, il est juste d’y suivre et d’y reconnaître, parmi d’affreux conflits, une touchante physionomie de poëte, une tête de héros et de victime, André Chénier, saluant avec l’hymne de l’espérance l’Assemblée nationale, puis frappant de l’anathème d’Archiloque la trahison sanguinaire, ou pleurant comme Simonide sur l’innocence et le malheur. […] je n’ai, dans un intérêt de parti, offusqué ta lumière ou étouffé ta sainte flamme ; mais je bénissais les armes triomphales de la France délivrée, et je baissais la tête et je pleurais au nom de la Grande-Bretagne. […] Oui, pendant que debout je regardais ébloui, la tête nue, et que je lançais au loin mon âme sur la terre, l’Océan, les airs, maître de toutes choses par la puissance du plus ardent amour, là je t’ai sentie, ô liberté ! […] Regarde cependant : à mesure que s’efface l’éclat des astres d’en haut, chaque bouquet de bois ouvre sur nous des milliers de regards, en face, à nos côtés, sur nos têtes ; la mouche de feu promène sa flamme d’amour, et, dans sa fuite, sa poursuite, son vol en bas, en haut, explore l’obscurité du bois, tandis que, sous un souffle plus frais, le datura, se dévoilant, ouvre son large sein d’une senteur embaumée et d’une virginale blancheur, tel qu’une perle suspendue autour des boucles de la nuit…. […] « Ils virent en face le glaive du tyran, la crinière ensanglantée du lion ; ils inclinèrent leurs têtes pour recevoir la mort.
Quand je pense que nous demeurons à Nice, j’ai envie de me casser la tête. […] On a mis aussi à prix les têtes des nobles, 50 roubles la pièce. […] Les romans m’ont tourné la tête. […] C’est ça qu’il faut bien se mettre dans la tête. […] Allusion au dessin placé en tête de la lettre précédente.
Comment n’ai-je pas trouvé le blond essaim au-dessus de la tête blonde, et les deux vieillards et les deux enfants entre lesquels une révolution a passé, et les torrents de vœux et de regrets aux heures les plus oisives, et cette voix incertaine qui soupire en nous et qui chante, mélodie confuse, souvenir d’Éden, etc. ? […] J’avais, d’ailleurs, mes restes de fantaisie et de résistance, et, par exemple, je me refusai tout net un jour, quoique j’en fusse très-sollicité, à parler de l’Essai sur la Littérature anglaisequi est en tête de la traduction de Milton de Chateaubriand. […] Il fut le premier à le sentir et à m’en remercier dans une lettre, la dernière que j’aie reçue de lui et que je ne retrouve pas sous ma main ; mais j’en retrouve une autre un peu antérieure et qui se rapporte au temps où je préparais la notice à mettre en tête des œuvres de Fontanes : « 4 octobre 1838.
À leur tête, le roi, qui a fait la France en se dévouant à elle comme à sa chose propre, finit par user d’elle comme de sa chose propre ; l’argent public est son argent de poche, et des passions, des vanités, des faiblesses personnelles, des habitudes de luxe, des préoccupations de famille, des intrigues de maîtresse, des caprices d’épouse gouvernent un État de vingt-six millions d’hommes avec un arbitraire, une incurie, une prodigalité, une maladresse, un manque de suite qu’on excuserait à peine dans la conduite d’un domaine privé Roi et privilégiés, ils n’excellent qu’en un point, le savoir-vivre, le bon goût, le bon ton, le talent de représenter et de recevoir, le don de causer avec grâce, finesse et gaieté, l’art de transformer la vie en une fête ingénieuse et brillante, comme si le monde était un salon d’oisifs délicats où il suffit d’être spirituel et aimable, tandis qu’il est un cirque où il faut être fort pour combattre, et un laboratoire où il faut travailler pour être utile Par cette habitude, cette perfection et cet ascendant de la conversation polie, ils ont imprimé à l’esprit français la forme classique, qui, combinée avec le nouvel acquis scientifique, produit la philosophie du dix-huitième siècle, le discrédit de la tradition, la prétention de refondre toutes les institutions humaines d’après la raison seule, l’application des méthodes mathématiques à la politique et à la morale, le catéchisme des droits de l’homme, et tous les dogmes anarchiques et despotiques du Contrat social Une fois que la chimère est née, ils la recueillent chez eux comme un passe-temps de salon ; ils jouent avec le monstre tout petit, encore innocent, enrubanné comme un mouton d’églogue ; ils n’imaginent pas qu’il puisse jamais devenir une bête enragée et formidable ; ils le nourrissent, ils le flattent, puis, de leur hôtel, ils le laissent descendre dans la rue Là, chez une bourgeoisie que le gouvernement indispose en compromettant sa fortune, que les privilèges heurtent en comprimant ses ambitions, que l’inégalité blesse en froissant son amour-propre, la théorie révolutionnaire prend des accroissements rapides, une âpreté soudaine, et, au bout de quelques années, se trouve la maîtresse incontestée de l’opinion À ce moment et sur son appel, surgit un autre colosse, un monstre aux millions de têtes, une brute effarouchée et aveugle, tout un peuple pressuré, exaspéré et subitement déchaîné contre le gouvernement dont les exactions le dépouillent, contre les privilégiés dont les droits l’affament, sans que, dans ces campagnes désertées par leurs patrons naturels, il se rencontre une autorité survivante, sans que, dans ces provinces pliées à la centralisation mécanique, il reste un groupe indépendant, sans que, dans cette société désagrégée par le despotisme, il puisse se former des centres d’initiative et de résistance, sans que, dans cette haute classe désarmée par son humanité même, il se trouve un politique exempt d’illusion et capable d’action, sans que tant de bonnes volontés et de belles intelligences puissent se défendre contre les deux ennemis de toute liberté et de tout ordre, contre la contagion du rêve démocratique qui trouble les meilleures têtes et contre les irruptions de la brutalité populacière qui pervertit les meilleures lois.
Diderot s’est expliqué encore d’autres fois sur l’éducation, entre autres en tête du Fils naturel. […] Quand on a dans sa tête des modèles parfaits de dialectique, on y rapporte, sans presque s’en clouter, les autres manières de raisonner. […] N’exigez de lui qu’une chose, c’est de s’exprimer toujours purement et clairement ; d’où résultera l’habitude d’avoir bien vu dans sa tête avant que de parler, et de cette habitude, la justesse de l’esprit.
En effet, sur la rétine, les images des objets sont renversées ; les pieds d’une figure sont en haut et la tête est en bas, et néanmoins nous situons la tête en haut et les pieds en bas. […] Les yeux fermés, nous démêlons, en flairant, en tournant la tête en divers sens, en avançant et en reculant, que l’odeur vient d’un bouquet placé de tel côté, que le froid vient de telle fissure. […] À deux mois et demi, elle reconnaissait manifestement la direction de certains sons ; par exemple, entendant la voix de sa grand’mère, elle tournait la tête vers elle. À trois mois, elle savait, en certains cas, diriger son regard en tournant les yeux et la tête vers l’objet qu’elle voulait voir, entre autres, mon visage. […] Ils pouvaient dire les noms de plusieurs pigeons apprivoisés avec lesquels ils s’amusaient dans un petit jardin, rien qu’à les entendre voler au-dessus de leurs têtes. » (Abercrombie, ibid.
La tête a de la jeunesse, des grâces, de la vérité, de la noblesse. […] Comme cette draperie de tête est jetée !
Entre tous ces portraits aucun qui arrête, un seul excepté, qui est de Roslin et que je viens d’attribuer à Perronneau, c’est celui de cette femme dont j’ai dit que la gorge était si vraie qu’on ne la croirait pas peinte, c’est à inviter la main comme la chair ; la tête est moins bien, quoique gracieuse et fesant bien la ronde bosse ; les yeux étincelent d’un feu humide ; et puis une multitude de passages fins et bien entendus, un beau faire, une touche amoureuse. Celui de Madame De Marigny est assez bien entendu pour l’effet d’une couleur agréable, mais la touche en est molle, il y a de l’incertitude de dessin, la robe est bien faite ; la tête est tourmentée ; la figure s’affaisse, s’en va, ne se soutient pas, elle a l’air mannequiné ; les bras sont livides et les mains sans formes, la gorge plate et grisâtre ; et puis sur le visage un ennui, une maussaderie, un air maladif qui nous affligent.
Alexandre Dumas à la tête de son livre, ne croyant peut-être pas que ces messieurs pussent avoir, chacun, deux admirations, comme maître Jacques deux casaques : une admiration pour le privé, qui n’était pas une admiration pour le public, — une admiration de par devant et une admiration de par derrière ; — et quoi qu’elle en pensât, du reste, se disant, en se frottant ses petites menottes avec la volupté d’un bon tour : « S’ils ont imaginé que je me contenterais d’une admiration tête à tête, je vais joliment les attraper ! […] Je dis qu’on respire dans ce livre un air chargé de vapeurs mauvaises, — les vapeurs d’une tête de femme qui joue à la prophétesse et qui ne fera l’effet d’en être une à personne qu’à M.
Les anciens ont dit quelque part que le serpent meurt lorsqu’on lui crache sur la tête. […] Les romans de madame Sand, qui ont versé depuis vingt années tant de flots de mépris sur l’institution du mariage, les drames dans lesquels l’illégitimité de la naissance est une poésie de plus sur le front des héros, depuis l’Antony, de Dumas père, jusqu’au Fils naturel, de Dumas fils, ont troublé si bien les têtes qu’ils les ont tournées, et que l’orgueil individuel et solitaire n’a jamais plus été qu’à cette heure « le roi insensé qui s’aveugle avec son diadème sur les yeux ». […] Dieu, qui connaît les mystères des cœurs mieux que personne, a flétri nos tristes mœurs dans leurs tristes fruits, pour nous les interdire, au nom même de nos entrailles, en nous rendant responsables des calamités que nous amassons sur la tête de nos enfants. […] L’avortement, l’infanticide et l’abandon ont cent fois levé le poignard sur sa tête, cherché des oubliettes mystérieuses, consulté des scélérats et rêvé bien des espèces de crimes avant de le déposer dans son berceau et de l’y laisser, — pour la religion peut-être, qui l’y a trouvé et qui l’y a pris !
Il semblait donc vraiment que le xviiie siècle, en nous jetant dans le monde, nous eût imprimé sur la tête — tant il nous avait inclinés vers lui — ce terrible coup de pouce du chirurgien qui gauchit le cerveau de l’enfant et décide de sa triste destinée ! […] Il y a, parmi ceux qui écrivent l’Histoire, des imaginations qui vont de préférence aux désastres, aux revers, à tout ce pathétique qui éveille plus que la pensée dans la tête, mais la pitié, c’est-à-dire une vertu, dans les cœurs. […] Le xviie siècle venait d’expirer, et celui-là qui lui succédait allait bientôt justifier le mot contemplatif du vieux Mathieu dans son Louis XI : « Les grandes montées font les grandes descentes. » Le scandale du testament de Charles II éclatait, comme une trahison de Louis XIV, quoique Louis XIV — et Moret le rappelle avec raison dans son histoire — ne fût pour rien dans la dictée de ce testament, inspiré (ou imposé peut-être) par le génie du patriotisme espagnol à la tête imbécile de Charles II. […] Quand on a lu son livre des Quinze ans du règne de Louis XIV, on a certainement quelques notions justes de plus, quelques faits de plus dans la tête, bien époussetés et bien éclaircis, mais on n’a pas une vue nouvelle, — une de ces traînées de lumière, ou même, simplement, un de ces points fixes et lumineux que les hommes qui fécondent les événements par la méditation allument dans l’esprit avec une phrase ou avec un mot.
Ni Danton, ni Robespierre, ni Marat, ni celui qui devait se mettre en travers du boulet qui l’eût coupé en deux si la mort — venue à temps — ne lui eût épargné cette leçon cruelle, ni Mirabeau, ce Pitt manqué de la Monarchie française qui a ressuscité sans lui, ni aucun de ceux qui se sont taillé un bout de renommée dans la colossale famosité de la Révolution, ne furent des personnalités libres, puissantes par elles-mêmes, possédant ce qui investit les vrais chefs, les vraies têtes de gouvernement, c’est-à-dire : l’autorité incontestée d’un commandement, plus forte que les passions, qui frémissent de subir le commandement mais qui le subissent ! […] Lui, qui a essayé d’écrire l’histoire de la Révolution française, l’histoire prise dans son esprit et dans son idée, a bientôt perdu la tête à cette hauteur d’abstraction, et il est retombé dans les habitudes de l’idolâtrie personnelle. […] Voilà pourquoi toute critique qui va plus loin que l’œuvre d’art et l’édifice de la composition, ne doit pas laisser circuler, sans avertir et sans y attacher une étiquette, ce sachet de graines vénéneuses, ce haschich préparé pour les têtes ardentes, ce petit poison de Java dans lequel les Tricoteuses des temps futurs peuvent tremper la pointe de leurs aiguilles, et qu’on nous débite, en ce moment, avec des airs vertueux et sensibles dignes de la femme de l’apothicaire de Roméo ! […] Quant à sainte Condorcet, il fait ce qu’il peut pour la placer très haut dans le paradis jacobin et philosophique entr’ouvert à ses mystiques regards au-dessus de la tête de la déesse de la Raison, et ce n’est pas sa faute, à lui, si elle n’y a pas une des plus splendides auréoles : « Elle ressemblait — dit-il — à l’ange de la métaphysique. » Apparemment, un des anges du paradis en question !
Bonne lorgnette, du reste, pour bien les voir, que cette lunette sanglante de la guillotine par laquelle passa la plus noble des têtes que la Révolution ait coupées ! […] Comme Louis XVI, qui n’était pas un poète, mais qui avait en lui la Bonté, la Bonté tout aussi illusionnante que la Poésie ; comme Lafayette, ce grand candide, qui ne vit pas que la Révolution et le Jacobinisme n’étaient qu’un même monstre et qu’il n’y avait pas à se mettre entre eux comme les Sabines entre les Romains et les Sabins, dans le beau tableau de David, André Chénier eut, lui, parce qu’il était poète, l’illusion de la Révolution française, et il se grisa de son imbécile espérance… Seulement, son erreur fut courte, et elle fut expiée bien avant qu’il la payât de sa tête ! […] Si André Chénier, ce jeune poète mort sur l’échafaud, au lieu de regarder du côté des hommes avant de mourir, en leur montrant du doigt la tête dans laquelle il y avait quelque chose qu’ils allaient couper, avait regardé du côté du ciel, il y aurait autour de cette tête de martyr une autre auréole.
Il est évident, en effet, que de ces quatre-vingts lettres retrouvées et publiées il se dégage une tête de vieille femme qui n’est pas celle de la marquise de Créqui des Mémoires, quoique le costume soit le même et bien souvent le ton aussi, ce costume intime, ce linge de corps de la pensée des femmes ! […] Malgré son fond de piété sincère, — la piété des femmes de l’ancien monde qui ne s’étaient pas enversaillées, comme disait le vieux marquis de Mirabeau, — elle a les haines et les mépris un peu altiers des femmes comme elle, à qui la Révolution a cassé sur la tête le dais sous lequel elles rendaient la justice féodale autrefois. […] Quand elle se prit de goût et d’intelligence pour M. de Meilhan, il avait, lui, quarante-six ans, l’âge où l’homme resté le plus beau parle moins à l’imagination qu’à la pensée, et elle en avait soixante-huit, mais soixante-huit si sereins et si fermes, que la dépravation de tête, le néant de tout et l’ennui, l’horrible ennui d’une créature qui vit sans Dieu, dans le cachot de la cécité, ne firent pas d’elle une Madame Du Deffand, amoureuse d’un autre Horace Walpole ! Elle n’avait ni les engouements, ni les dégoûts, ni les besoins mendiants de société de cette femme d’un esprit qui tenait tête à Voltaire et qui périssait dans la solitude, tout en se croyant la fière philosophie de Diogène parce qu’elle avait donné à son fauteuil du coin du feu la forme étrange d’un tonneau.
Avant Swedenborg, il y avait dans le monde toute une filiation de mystiques, de têtes frappées de visions, même parmi les philosophes. […] Têtes anarchiques, orgueilleuses, profondément troublées, dont Swedenborg fut la dernière, marquée à un coin plus énergique et plus mordant ! […] n’est pas cependant beaucoup plus clair que le bégayant Brid’oison quand il faut prononcer ce terrible mot d’imposteur sur la tête d’un homme qui sembla toujours un homme de bien, ou donner les raisons d’admettre cette hallucination, qui dura, sans s’interrompre une minute, de cinquante-huit à quatre-vingt-cinq ans, dans une tête aussi calme quand elle écrivait la Doctrine de la vie pour la Nouvelle Jérusalem, que quand elle écrivait, dans son livre du Règne animal, les chapitres sur les entrailles et sur les organes pectoraux.
Caro se sont faits sur-le-champ les cariatides entrelacées du livre du médecin de Vienne, et nous l’ont apporté sur leurs deux têtes, ce livre léger, qui, du moins, ne les écrasera pas… heureusement pour la littérature ! […] Adrien Delondre, c’est d’une évidence qui saisit d’autant plus que son Étude (comme on dit) a été mise à la tête du livre par les éditeurs très intelligents, — ce qui, par parenthèse, fait un double emploi assez inattendu, et c’est même la seule chose assez inattendue qu’il y ait dans cette petite publication de lieux communs qu’on nous donne là pour un ouvrage original, neuf et pensé avec énergie. […] Il peut trouver ce pauvre Feuchtersleben une tête énergiquement pensante et son Hygiène de l’âme un Novum organum… en raccourci. […] Pour combattre l’hypocondrie, une maladie qui fut toujours la tête de Méduse pour sa perruque de médecin, il n’y avait qu’à méditer « l’idée de Dieu et ses lois éternelles », et il les avait méditées, et s’il eût pu devenir brahmane, il n’eût plus eu même une colique ; car on sait que jamais les brahmanes ne meurent du choléra-morbus !
L’enthousiasme ne sait pas trembler, un écrivain qui a voué à Bossuet un culte véritable et qui, pour mieux vivre tête à tête avec lui, s’est retiré intellectuellement de son siècle et n’a plus habité que celui de cet imposant génie, Floquet, a entrepris de nous donner un livre nouveau sur Bossuet, et, quoique sa modestie le cache avec un goût parfait sous ce nom respectueux d’Études, ce livre, d’une érudition vaste et détaillée, n’en est pas moins une biographie. […] La tête humaine n’est pas conformée de manière à ce que l’admiration y pénètre par plus d’un côté à la fois. […] Ni la lecture des œuvres de Bossuet, ni ses lettres, ni ses Élévations, ni ses écrits mystiques, ni cent passages de ses sermons, n’ont pu modifier ce jugement faux, coulé en plomb dans le moule à bêtises de la tête des sots, lequel jugement vient de la gloire de Bossuet et de l’éclat extérieur de sa vie, mais qu’une autre partie de cette vie pourrait réfuter, comme ses œuvres, si l’on prenait la peine de l’invoquer !
Pour notre compte, nous attendions avec impatience cette occasion de parler du chef de l’école éclectique, — mort depuis longtemps comme expression d’idées, après s’être tiré dans la tête ce coup de pistolet d’enfant, chargé à bonbons, qu’on appelle l’Histoire de madame de Longueville. […] Là fut le secret de tant de traductions, d’éditions, d’annotations, d’interprétations, de sommaires, de commentaires, où il s’est si effroyablement tortillé, et de ce détail d’érudition sous lequel il a plongé le vide de sa tête, érudition pointilleuse, acharnée, enragée, presque physique ; car le dos des livres a fini par lui être cher et il a passé bibliophile pour le compte de la philosophie, ne pouvant, hélas ! […] Seulement, en la relisant à tête reposée, comme je viens de le faire dans le texte revu à froid que l’on publie, toute cette blague, puisque blague il y a, de l’aveu même du blagueur, ne me paraît pas organisée de manière à surprendre l’opinion de ceux même qui croient à la philosophie, et à recommencer son succès. […] Car l’auteur qui l’a revu et qui le prend à sa charge devant le public y a mis certainement toute sa force de tête, qu’il soit une vérité ou un mensonge, et si c’est un mensonge il en aura, certes !
Guizot a méconnu la plus vulgaire règle de composition, qui exige que l’intérêt aille toujours croissant dans toute œuvre littéraire, et il a commencé son livre par ceux avec lesquels il devait le finir ; car, à moins que toutes les notions ne se trouvent brouillées dans sa tête, saint Louis et Calvin sont bien autrement intéressants en histoire que Duplessis-Mornay et même que saint Vincent de Paul ! […] Des plumes très catholiques se sont montrées très incapables, par le talent, de faire une auréole à cette tête d’archange, mais elles ne l’ont pas, du moins, profanée ; tandis que tous les historiens non catholiques de la Pucelle se sont traînés, plus ou moins, comme des limaces, sur sa mémoire. […] J’ai donné plus haut la liste des historiens de saint Louis (qui du reste n’y sont pas tous) derrière lesquels Guizot a eu le soin de cacher sa tête vide. […] Ainsi, Guizot, qui a écrit à la tête de son livre le mot Vie, — Vies de Quatre grands chrétiens français, — n’avait pas, en réalité, le droit de l’écrire, puisqu’il ne nous donne qu’une biographie dédoublée.
Puis, ayant remis son chapeau sur sa tête et s’étant frayé de vive force un passage, il s’élança hors de l’église et disparut. […] Même les doctes parmi les croyants, même les prêtres faits pour pétrir toutes ces têtes dures qui viennent s’incliner sous leurs chaires, personne enfin ne se risquait à toucher d’une main ferme, d’une maîtresse main, à ce dogme mutilé et saignant sous deux siècles de plaisanteries. […] À part ses conséquences, — et ces conséquences, si elles étaient légitimes, feraient table rase de tout ce que le monde moderne tient pour vrai en philosophie et replaceraient la théologie à sa vraie place, c’est-à-dire à la tête de toutes les sciences, même naturelles, — à part ces conséquences à outrance, ne manqueront pas de dire certaines gens, le mémoire adressé par M. de M*** à l’Académie des sciences morales et politiques a encore une importance considérable. […] Nous l’avons dit parfois, à propos de ce surnaturalisme dont il faudra bien finir par s’occuper sérieusement, tant il nous pèse sur la tête : nul écrit n’avait paru encore (et nous l’avons regretté) qui révélât dans son auteur une conception supérieure et donnât le signal d’une haute discussion.
Alors même qu’elle ne penserait pas que la poésie est la plus belle et la plus difficile des choses littéraires, alors qu’elle partagerait pour ce langage des dieux, méprisé des goujats, l’indifférence dédaigneuse des fortes têtes de son siècle, la Critique ne peut pas plus laisser inaperçu un livre de vers signé Auguste Barbier, qu’un poème de Lamartine et des recueils de poésies de Victor Hugo et d’Alfred de Musset. […] André n’était que l’éphèbe de cette poésie ; Auguste Barbier devait en être l’homme, dans sa toute-puissante virilité… Quand il lança, de ce bras musclé qui rappelle les bras de Michel-Ange, ces premiers vers-flèches à la tête de la Révolution de 1830, ce que l’imagination avait rêvé sur ces grands noms : Archiloque et Tyrtée, dont on n’avait point les vers, fut réalisé pour elle ! […] Il se précipita de son zénith sans discussion, sans cabrement devant l’abîme, et il sombra nettement, d’un trait, la tête en bas, tombant à pic dans ses Chants patriotiques et religieux, — et je ne dirai point à plat ; car il sembla trouer la place où il tomba pour mieux s’y ensevelir et y disparaître. […] C’était là une illusion, un bien joué sans doute : les Minerves tout armées ne sortent de la tête des Jupiters que dans les Mythologies.
Tel l’honneur de ce livre, et telle la meilleure gloire du poète qui l’a écrit et dont le lyrisme, autrefois éclatant et gai, et la plaisanterie couronnée d’étoiles, avaient reçu ce coup de foudre qui leur avait courbé la tête comme à des saules pleureurs, sur les rivières du sang de la France qui coulait. […] Le vieil artiste, l’artiste consommé, et dans un jet de talent le plus puissant que ce talent ait jusqu’alors poussé, a eu pour préféré aux yeux du public un jeune homme qui a fait des vers avec son cœur, tandis qu’il en faut faire avec son cœur, avec sa tête, avec tout ce qui fait qu’on est cette Complexité admirable et mystérieuse qu’on appelle un grand poète ! […] Il était pour moi tête de colonne parmi les Flamboyants. Le voici, à présent, tête de colonne parmi les Profonds.
Je ne serais point étonné que le comte de Vigny n’eût lui-même défendu toute préface ou notice à la tête de ses œuvres, comme il avait défendu tout discours officiel sur sa tombe. […] II Du reste, si nous n’avons pas de notice à la tête de ces dernières poésies d’Alfred de Vigny, nous avons un portrait qui vaut mieux qu’une notice, et qui dit sans phrase, à ceux qui ne l’ont pas connu, ce que fut Alfred de Vigny de sa noble personne. […] À une époque, en effet, où la poésie est devenue tellement extérieure que toute son âme a passé par dehors et que les plasticités de Rubens sont la visée commune de tous les poètes, rien de plus curieux et de plus inattendu que ces quelques vers, qui n’ont pas jailli, mais qui sont tombés lentement d’une tête réfléchie comme le sang tombe lentement d’une blessure quand elle est trop profonde pour dégorger… Et ce n’est pas tout. […] J’ai l’âme si pesante, Que mon corps gigantesque et ma tête puissante Qui soutiennent le poids des colonnes d’airain Ne la peuvent porter avec tout son chagrin !
En effet, Laurent est un poète, comme Sténio, qui, disait-on, était déjà un portrait ; débauché comme Sténio, amoureux comme Sténio, bien plus de l’émotion de l’amour que de la femme aimée, recherchant cette émotion moins pour l’éprouver que pour la peindre, contradictoire comme un enfant et comme tant de génies, lorsque la religion, qui fait seule l’harmonie et l’ordre dans ces têtes sublimes et troublées, n’y verse pas la paix féconde et la lumière ! […] seulement deux lignes plus bas, ce pauvre cerveau chancelant, que les critiques galantins de ce temps appellent une tête forte, écrit, de sa plume titubante de femme littéraire : « L’exercice de la vie est le combat éternel contre soi », et elle ne s’aperçoit pas qu’elle est en pleine contradiction avec elle-même ! Elle oublie que son héroïque Thérèse devrait, pour l’honneur de son honneur, un peu plus combattre contre les tentations de sa pitié ; que si Laurent est un fou, c’est au moins un fou incendié par la tête et qui a des éclairs lucides, tandis qu’elle, c’est bien pis qu’une folle, c’est un esprit faux et un cœur débile, toujours prêt à faire, sans aucun enthousiasme, l’exercice de la compassion en douze temps ! […] Les critiques qui veulent aller passer huit jours à Nohant peuvent la traiter de tête d’homme, de penseur, de génie qui n’a pas de sexe, etc. ; mais, pour ceux-là qui savent rester dans leur chambre, comme le voulait Pascal, madame Sand n’est qu’une femme littéraire, ayant plus ou moins de talent ou de prétention littéraire.
« Plus la révolution s’éloigne de nous, écrivait la Décade (20 floréal an V) et plus les destinées de la France nous paraissent s’éclairer », lisez : moins nous tremblons pour notre tête et notre bourse. […] Sainte-Beuve fait erreur, le monde de René était découvert avant Senancour et Chateaubriand, mais l’honneur de le marquer de son sceau revient à Chateaubriand ; il sut se servit de la langue, des images et des passions du jour, et personnifier ce monde sentimental et idéal que les contemporains portaient dans leur cœur et dans leur tête. […] Les hommes de ce temps se montaient la tête et tendaient leurs forces afin de sortir de leur situation, afin de s’élancer par-delà le monde tangible pour épuiser l’ardeur et la passion de mouvement qui bouillonnaient dans leurs crânes. […] Elle s’indigne que « des fortes têtes regardent les travaux de la pensée, les services rendus au genre humain comme seuls dignes de l’estime des hommes… Mais combien d’êtres peuvent se flatter de quelque chose de plus glorieux que d’assurer à soi seul la félicité d’un autre. […] Un chef-d’œuvre n’est pas plus « une variété du miracle… une distribution de Dieu22 » qu’une rose mousseuse ou un veau à deux têtes.
Les yeux lui sortent de la tête. […] Au-dessus de sa tête, un papillon réveillé, remuant comme un atome coloré dans une raie de lumière, va et vole dans la brume chaude de la loge. […] Dans le seul grand assassinat de bourreau du temps, — et un assassinat de main de femme, — c’est la tête et non le cœur qui a mené la main. […] Ils sont emmagasinés dans sa tête, tous ces visages ! […] Moi, moi, si je l’avais épousé, il me semble que je lui aurais cassé la tête, pour savoir ce qu’il y avait dedans !
On dînait autrefois avec le chapeau sur la tête, c’était la règle. Dans le dîner burlesque de la satire de Boileau, on voit à un certain moment l’un des campagnards relevant sa moustache Et son feutre à grands poils ombragé d’un panache : il dînait donc le chapeau sur la tête, bien qu’on fût dans une salle fort chaude et en plein été. […] L’abbé Le Dieu, ancien secrétaire de Bossuet, étant allé visiter Fénelon à Cambrai en septembre 1704, fut invité à dîner et à souper avec le prélat, et il nous a laissé un détail minutieux de tout ce dont il fut témoin en ce palais où régnait la politesse : « M. l’archevêque, dit-il, prit la peine de me servir de sa main de tout ce qu’il y avait de plus délicat sur sa table ; je le remerciai chaque fois en grand respect, le chapeau à la main, et chaque fois aussi il ne manqua jamais de m’ôter son chapeau, et il me fit l’honneur de boire à ma santé. » Du temps de M. de Luynes, il paraît que l’usage ordinaire de dîner le chapeau sur la tête subsistait encore, puisqu’il remarque qu’on se découvre quand on dîne avec le roi. Voici, du reste, le passage duquel on peut tirer cette conséquence On sait, dit-il (août 1738), qu’il y a longtemps qu’il est en usage, lorsqu’on a l’honneur de manger avec le roi, d’ôter son chapeau ; ce n’était pas autrefois le respect, et Mme la maréchale de Villars m’a dit que dans le temps qu’elle suivait M. le maréchal dans ses campagnes, les officiers qui mangeaient avec elle et M. le maréchal, même les ordonnances de la maison du roi, le gendarme, le chevau-léger, etc., qui ont toujours l’honneur de manger avec le général, y mangeaient avec leurs chapeaux sur la tête. […] Ce passage ne semble-t-il pas indiquer qu’à cette date de 1738 et autre part qu’à la Cour, lorsqu’on n’était pas en cérémonie, on dînait encore avec le chapeau sur la tête ?
Je ne pus lire autre chose dans son regard oblique. » Sieyès avait déjà sans doute son arrière-penséeq, qui se trahit par ce mot fameux : « Il nous faut une tête et une épée. » Il entendait la tête d’un côté, — c’était lui, — l’épée de l’autre, un général quelconque : combinaison abstraite et de cabinet ! Le métaphysicien était devancé : la tête et l’épée existaient déjà, mais ensemble ; la tête et l’épée ne faisaient qu’un. […] Joubert qui avait tant maudit l’instant où il fut fait caporal, qui avait tant repoussé le poids de la responsabilité, sentit qu’il en avait assumé une double sur sa tête, celle d’une armée, celle d’un parti ; mais il était embarqué, il fallait poursuivre.
Même dans le négligé, c’était une beauté de reine plutôt que de femme du monde : Aucune femme, a dit M. de Meilhan, ne portait mieux sa tête, qui était attachée de manière à ce que chacun de ses mouvements eût de la grâce et de la noblesse. […] Elle pouvait aimer comme elle faisait la liberté des entretiens et des jeux, la familiarité des intérieurs ; elle pouvait jouer à la vie de bergère ou de femme à la mode, il lui suffisait de se lever, de reprendre en un rien son air de tête : elle était reine. […] Si Louis XVI avait été autre, et s’il avait offert quelque prise à une impulsion active énergique, il n’y a nul doute qu’à un moment ou à un autre, sous l’inspiration de la reine, il ne se fût tenté quelque entreprise qui aurait bien pu être un coup de tête, mais qui peut-être aussi aurait rétabli pour quelque temps l’ordre monarchique ébranlé. […] La tête de la princesse de Lamballe, présentée aux barreaux, lui avait donné le premier froid de la mort. Au moment où elle sortait du Temple pour être transférée à la Conciergerie, elle se frappa la tête au guichet, n’ayant point songé à se baisser ; on lui demanda si elle s’était fait du mal : « Oh !
Il n’a pas dans sa tête le premier trait de la figure de l’archange, ni son mouvement, ni le caractère angélique, ni l’indignation fondue avec la noblesse, ni la grâce, ni l’élégance et la force. […] Si nous pouvions, par un tour de tête original, voir les hommes en scène, prendre le monde pour ce qu’il est, un théâtre, nous nous épargnerions bien des moments d’humeur.
Il voit partout autour de lui une race dégradée, des têtes en délire. […] Je ne me mettrai pas de cet Ordre-là, j’aurais affaire à de trop dures têtes. » « (19 février 1815)… Je n’ai courage à rien, le siècle est trop sot. […] La Mennais, qui est l’homme des brusques résolutions, dont la tête se monte vite (et elle se monterait à moins), qui se voit déjà en idée enveloppé et compris dans la catastrophe, écrit de Saint-Malo à son frère, le 1er avril 1815 : « Je t’annonce, mon cher Jean, une nouvelle qui te surprendra peut-être ; lorsque tu recevras cette lettre, je serai parti pour les colonies. […] S’il était resté à La Chesnaie, personne ne lui en eût rien dit : Fouché avait pour lors d’autre gibier en tête. […] M. de Janson était à la tête d’une communauté, les missionnaires en France.
Le mercredi 27 avril283 au matin, le roi, étant à Trianon de la veille, se sentit incommodé de douleurs de tête, de frissons et de courbature. […] Cependant les voitures étaient arrivées, et le roi s’était laissé porter dans son carrosse, se plaignant toujours beaucoup de mal de tête, de maux de reins, de maux de cœur. […] Cependant la fièvre se soutint dans la nuit avec assez de force, il y eut même de l’augmentation ; les douleurs de tête devinrent plus fortes, et nous apprîmes à huit heures du matin qu’on allait saigner le roi. […] Son mal de tête, qui n’avait pas cédé à la première saignée, ne cédait pas plus à la seconde, et il se répandait dans Versailles, à la grande satisfaction des uns et au grand chagrin des autres, que le roi entrait dans une grande maladie. […] Son affaissement continuait ; il se plaignait de douleurs sourdes de tête, et l’agitation était excessive malgré l’abattement.
Au treizième siècle, le trouvère Walter Vogelweide, laissant tomber sa tête dans sa main, s’écriait : « Cette vie, l’ai-je vécue ? […] La fille parisienne qui regrette son ruisseau natal, et qui s’y replonge en pensée, et qui y nage, et qui y barbote, et qui s’en donne par-dessus la tête ! […] Clorinde consent en courbant la tête ; elle a déjà bu jusqu’à la lie le mépris de Fabrice, elle le boira, pour l’amour de lui, jusqu’à l’infection. […] A ces paroles, l’honneur des jeunes fous se dégrise et se réveille ; leurs fronts se découvrent, leurs têtes s’inclinent. […] Ce poignard de fer blanc, levé sur une tête si haute, luit faux et n’effraye pas.
Nous avons l’impertinence de parler d’une Sainte, morte, — comme disait le rêveur, son frère, — avec « son auréole d’obscurité » autour de la tête. […] Les filles de Milton voyaient l’orbe du génie paternel se coucher sur leurs têtes, dans un horizon orageux. […] De ce moment Maurice l’aima comme on aime les êtres déjà chers avec qui l’on a eu des torts involontaires, les têtes pour qui l’on a tremblé. […] Maurice de Guérin se mariait atteint déjà de la maladie dont il mourut peu de temps après… Il en ressentait les premières souffrances, les premières illusions et ces premiers symptômes, qui rendaient plus touchant le genre de beauté qu’il avait ; car, pour les têtes d’imagination, il avait la beauté qu’on pourrait attribuer au dernier des Abencerrages. […] Dieu lui ôta donc sa suprême espérance, et ce fut, dans l’ordre des douleurs de cette âme, quelque chose de pareil à la séparation, avec le couteau, du fil de chair saignante qui retient au tronc la tête coupée par la hache.
« Va-t’en, puant coquin ; vous êtes tous, chacun de vous, des canailles et des suborneurs. » Un mercier cassait la tête d’un appariteur avec son aune. […] Ils les emportent avec eux et les méditent tout bas dans les champs, à leur ouvrage, quand ils se croient seuls ; et là-dessus, obscurément, passionnément, les têtes travaillent. […] Il cesse de parler à ses amis ; il demeure pendant des heures, la tête penchée, triste ; la nuit, sa femme l’entend soupirer, et il se lève ne pouvant dormir. […] Et voilà que la sage-femme, promptement, a cousu dans le suaire leurs têtes et leurs pieds, et les a emportées dehors pour la sépulture. […] Mais alors il me vint dans la tête : Et si le clocher aussi tombait ?
Vis-à-vis et à droite, le pape et ses assistants forment, en s’étendant vers le fond et sur le devant, toute l’assemblée, dont le personnage le plus voisin du spectateur est un prélat, la tête appuyée sur sa main, qui écoute, et qui écoute bien ; qui a un beau caractère de tête, qui est drapé largement, qui est bien peint, mais qui nuit à tout.
Sa tête hébraïque fumait plus qu’à l’ordinaire de ce feu d’enthousiasme qui s’évapore perpétuellement du foyer sacré de son front. « Qu’avez-vous ? […] Leurs têtes bleues ont de petits yeux fins comme des aiguilles ! […] Combien de fois, rude sevreur des veaux, ne les avait-il pas sevrés, et sur le dos de la mère irritée rompu des brassées de gourdins, jusqu’à ce qu’elle fuie la grêle des coups, hurlante et retournant la tête vers son nourrisson entre les jeunes pins ? […] « Et, comme un éclair, à ras des claies Mireille passe ; pâtres et brebis, comme lorsque leur courbe la tête un soudain tourbillon, s’agglomèrent. […] Mais elle, des chênes nains frôlant les têtes, est déjà loin, et sur les touffes des panicauts, des camphrées, ce perdreau de fille vole, vole !
Passez ces mêmes montagnes que je vois sur ma tête. […] Ma retraite des affaires pour toujours est devenue dans ma tête une idée fixe ; je la porte dans le monde et à la promenade. […] me dirait-on : Soyez le maître, disposez de tout au péril de votre tête ? […] « Le pavé a ébranlé ma tête, je souffre ; mais soyez en paix, vous me reverrez bientôt, et tout sera fini ! […] Il arrivait tous les jours chez elle à deux heures et demie ; ils prenaient le thé ensemble et passaient une heure à causer en tête à tête.
Auprès du bassin, près du pavillon de l’Horloge, il y avait une tête de chevreuil coupée par terre, et une amazone de l’Hippodrome qui caracolait à cheval. […] À un quatrième de la rue Vaneau, un petit appartement bourgeois et frais, un mobilier de velours vert, des têtes d’Ary Scheffer au mur, et au milieu de quelques objets de Dunkerque, le moulage d’une délicate main de femme. […] Et il faut travailler, s’isoler la tête, la faire créer, et trouver des idées et des mots artistes dans la souffrance de l’un compliquée de la souffrance de l’autre, et dans l’agacement infernal, produit par la maison que nous habitons. […] Vers les cinq heures, la princesse à laquelle la tension du travail met un peu le sang à la tête, sort avec tout son monde, quelquefois en voiture. […] Une fatigue de tête qui rêvasse, mêlée délicieusement à un éreintement du corps.
Il faut la voir ; comment rendre le mouvement, la mêlée, le tumulte d’une foule d’hommes jetés confusément les uns à travers les autres ; comment peindre cet homme renversé qui a la tête fracassée et dont le sang s’échappe entre les doigts de la main qu’il porte à sa blessure ; et ce cavalier qui, monté sur un cheval blanc, foule les morts et les mourants. […] Ce Casanove est dès à présent un homme à imagination, un grand coloriste ; une tête chaude et hardie ; un bon poète ; un grand peintre.
Le groupe d’enfans, la tête de femme, les deux petites têtes, la femme qui dort avec son enfant, gravés au crayon, mais à plusieurs crayons, sont d’un effet vraiment surprenant.
En effet, combien de couronnes diverses rassemblées sur cette tête ! […] Dites-moi un peu ce qu’on pouvait faire de mieux pour déranger une autre tête que la mienne ? […] C’est une tête froide ; il a des pensées, il a de l’oreille, mais point d’entrailles, point d’âme. […] Elle porte en tête cette note : M. […] Elle est imprimée en tête du second volume.
Depuis, le magnifique Pierre Soderini étant mis à la tête du gouvernement, et mon père étant à son service en qualité de flûteur, il employa ses talents à des ouvrages plus relevés. […] Comme Espagnol qu’il était, il me balbutia encore quelques paroles impertinentes ; mais je le regardai en levant la tête, et sans lui répondre un mot, ce qui redoubla son courroux. […] Celui-ci s’en plaignit au cardinal, qui lui répondit que, si Benvenuto le touchait, il lui ferait passer sa folie avec sa tête. […] Quelques amis qui étaient dans ma boutique dirent : Voyez ce pauvre animal, il a peur, et à peine ose-t-il montrer sa tête ! […] Payez, reprit-il, et ne me rompez pas la tête de vos discours !
Cela rappelle ces Mappemondes du moyen âge, entrecroisées de géographie et d’astronomie, marquées aux quatre angles de têtes de Vents furibonds dégorgeant des souffles, historiées d’effigies barbares et d’animaux fabuleux. […] Sur la tête sublime de l’Olympien assis et buvant à sa table d’or, frémit un éclair. […] Enraciné par son origine aux mythes du monde primitif, il dresse sa tête vers l’aurore d’une foi nouvelle. […] Ézéchiel se retourne vers un contradicteur invisible, du tour de tête courroucé qu’on voit au Titan défiant Hermès. Zacharie plonge sa tête chauve dans la lecture d’un livre absorbant.
Il le rappelle dans une préface qu’il avait le droit et qu’il a eu raison de placer à la tête de son livre. […] Avec ses facultés étoffées et fortes, il n’a pas été créé pour être le chacal du fait, pour le suivre pas à pas et tête basse. […] C’est cette tête-là que je désirerais reporter et replacer dans le milieu qui lui convient. […] Mais le bon sens qui habitait sa tête carrée l’arrêta net dans cette voie, bonne pour les souples, et le fit entrer dans celle des forts, qui était la sienne. […] Évidemment, de tête, de cœur et de main, il était organisé pour la bataille.
Le xvie siècle nous a suffisamment appris ce que peut être l’athéisme dans une tête italienne, et le xixe continue de le démontrer. […] Ferrari, et par cela même qu’il est Italien, l’inévitable Catholicisme, qui impose ses symboles aux poètes qui l’insultent, et ses idées aux penseurs qui nient la vérité, lui a laissé l’empreinte d’un pouce tout-puissant sur sa fine tête à la Machiavel, et cette marque-là n’a jamais été mise pour rien sur le crâne d’un homme. […] Ferrari est un artiste, et un érudit, et son érudition a porté à sa tête d’artiste. […] Lorsque le malade n’en peut plus et ne tient plus à la vie, il tire sa couverture par-dessus sa tête. […] Ferrari n’est pas seulement un historien réussi… quelquefois, ou un philosophe échoué presque toujours : c’est aussi un poète à sa manière, ou du moins une tête d’une organisation poétique.
Le poète met souvent en tête de ses vers des épigraphes qui sentent la misère. […] Champfleury Ce Pétrus Borel, forçant l’étrangeté pour dissimuler son peu d’imagination, se présentant en « loup » dans la civilisation, goguenard très travaillé, sans cesse en quête de sujets étonnants, voulant attirer l’attention du public par son orthographe, n’écrivant toutefois qu’avec peine de bizarres récits en prose, poète jadis, dont les vers étaient hirsutes et martelés, à la tête autrefois d’un groupe d’artistes à tous crins qui avaient laissé leurs cheveux dans les mains de l’occasion.
Lorsque l’Académie présenta à Louis XIV son Dictionnaire, Tourreil, qui pour lors étoit à la tête de ses Confreres, composa dans cette occasion vingt-huit complimens différens, tous avec un ton & des tournures particulieres. […] Mais pour cela, outre la souplesse du génie, il faut de la patience : vertu qui manque plus que le génie aux François, & qui manque sur-tout aux Traducteurs ; car tout Ecrivain ne fait effort qu’à proportion de la gloire qu’il se promet de son Ouvrage ; & comme les Traducteurs savent que le préjugé du Public n’attache qu’une gloire médiocre à leur travail, aussi sont-ils sujets à ne faire que des efforts médiocres pour y réussir. » Après avoir condamné la maniere de traduire de Tourreil, on doit rendre justice aux deux Préfaces excellentes qu’il a mises à la tête de sa Traduction.
M. de Chateaubriand, après Atala et René, a eu ses admiratrices passionnées, nobles, tendres, délicates, dévouées jusqu’à en mourir : on eût vu marcher en tête la pâle et touchante Mme de Beaumont. […] Mais quand on aime vraiment, d’une passion de cœur et non d’une passion de tête, est-ce qu’on songe à tirer ainsi son cœur de la classe commune et à l’en distinguer ? […] Elle s’exalte et se monte la tête sur la pureté de sa passion, sur la beauté du motif qui l’anime. […] L’instinct de son sexe, c’est-à-dire son bon sens, lui dit bien tout bas par instants qu’elle a peu à attendre de lui, qu’elle peut à peine en tirer quelque réponse, qu’il n’est guère séant après tout à une femme de se jeter ainsi à la tête d’un homme bourru (fût-il grand écrivain), qui ne se soucie nullement d’elle et qui la rebute. […] Ce n’était pas sa tête seulement qui s’était montée pour Rousseau ; elle l’aimait sincèrement, avec chaleur, avec déraison, avec ce dévouement d’une femme qui n’avait point eu jusque-là d’objet sur qui placer ses affections romanesques.
Les princes et les grands, de tous côtés, relevaient la tête et prenaient les armes ; les protestants ressaisissaient l’occasion de se confédérer et de former un État dans l’État et contre l’État. […] Dans cette succession royale si soudainement ouverte par un assassinat, la couronne conquise par Henri IV n’était tenue, comme dans l’autre Fronde, que par la main d’une femme sur la tête d’un enfant. […] Je n’en ai pas sous les yeux le texte : il promet dans le secret de faire dire des messes s’il est guéri dans huit jours d’un mal de tête qui l’obsède. […] Nous montrant la reine Marie de Médicis forcée alors de quitter le Louvre, accompagnée de tous ses domestiques qui portaient la tristesse peinte en leur visage : « Il n’y avait guère personne, se plaît-il à faire observer, qui eût si peu de sentiment des choses humaines, que la face de cette pompe quasi funèbre n’émût à compassion. » Et parlant de l’odieux et barbare traitement infligé à la maréchale d’Ancre et de son supplice, quand elle fut condamnée comme sorcière à avoir la tête tranchée sur l’échafaud, et ensuite le corps et la tête brûlés et réduits en cendres, il a des paroles d’une haute pitié : Sortant de sa prison et voyant une grande multitude de peuple qui était amassé pour la voir passer : « Que de personnes, dit-elle, sont assemblées pour voir passer une pauvre affligée ! […] Avenel, qui le rapporte à la date de 1621 environ : S’il plaît à la divine bonté, par l’intercession du bienheureux apôtre et bien-aimé saint Jean, me renvoyer ma santé et me délivrer dans huit jours d’un mal de tête extraordinaire qui me tourmente, (je promets) de fonder en ma maison de Richelieu une messe qui se célébrera tous les dimanches de l’année, et, pour cet effet, donnerai à un chapelain de revenu annuel trente-six livres pour les messes qui seront célébrées en action de grâces.
Il se remit en marche vers la Jérusalem de la religion et de la poésie, le casque en tête et le glaive à la main, comme un des chevaliers du Tasse, et non sans se laisser aussi surprendre en chemin par les enchantements ; il entra dans la Cité sainte reconquise par l’arc de triomphe ou par la brèche (je ne sais trop), mais en plein soleil, tandis que M. […] L’auteur, encore tout ému de sa chute et de l’ingratitude de l’Assemblée, ne prévoyant pas que, dans les malheurs qui s’apprêtent à fondre sur toutes les têtes, cette retraite prématurée deviendra pour lui un salut et un bienfait, l’auteur se laisse aller à toutes ses pensées ; il nous livre son âme au vif, toute saignante et gémissante ; il la montre dans sa sensibilité, dans ses étonnements, dans ses douleurs de tout genre, dans ses passions naturelles, honnêtes, droites, humaines et un peu débonnaires. […] L’État se fût-il abîmé après eux, et en partie par eux, croyez-le bien, ils n’ont jamais fait aucune faute ; ils n’ont pas un reproche à se faire, et, la main sur le cœur et la tête haute devant Dieu, ils le jureraient. […] Je conçois encore qu’on parle avec cette légèreté de Mazarin, dont la réputation historique, à cette date, n’était pas rétablie encore ; mais s’exprimer avec ce dédain naïf sur Richelieu, dire avec satisfaction et en redressant la tête : « S’il vous faut un Richelieu, trouvez-le ailleurs, ce n’est pas moi » ; cela juge le politique, en M. […] c’est une certaine façon compliquée, un peu subtile, un peu hautaine, de prendre et de présenter les choses, qui n’est pas à l’usage des esprits ordinaires, ni même des esprits très naturels ; c’est le procédé de gens habitués à regarder intuitivement (comme ils disent quelquefois) au-dedans de leur pensée, plutôt qu’à mettre la tête à la fenêtre et à laisser courir leur parole au-dehors.
On pourra s’asseoir, s’étendre tout de son long, et achever de fumer le cigare de la poésie de fantaisie, et rire au Décaméron de Boccace avec le doux ciel bleu sur sa tête, le jour où la souveraineté d’un roi sera exactement de même dimension que la liberté d’un homme. […] Incorruptibilité doit tenir tête à corruption. […] L’indifférence au bien et au mal porte à la tête, on peut en être ivre, et voilà où l’on arrive. […] Un autre, la sagesse, a coupé la tête de la nuit hérissée de serpents et l’a clouée sur son bouclier. […] Il n’en est pas moins en tiers avec ceux qui aiment, avec ceux qui songent, avec ceux qui soupirent, passant sa tête dans l’ombre entre deux têtes d’amoureux.
Les deux Introductions qu’il a placées à la tête de son volume de Saint-Simon portent la marque de son talent, à lui, — talent très vivant et très personnel. […] On aura mieux la compréhension de cette tête où tout se tenait dans une unité pleine de force. […] Comme Bayard, il défend seul la tête de ce pont ; mais ce pont s’est écroulé. […] Le péché de Louis XIV a engendré la mort de la Monarchie, tuée bien avant que la tête de Louis XVI tombât ! […] C’est une tête d’histoire et de réalité.
On s’en aperçut dès le premier jour, dès les premières heures, lorsque l’armée entière s’étant ébranlée à trois heures du matin, Vandamme, une des têtes de colonne les plus importantes, se trouva en retard et manqua au rendez-vous faute d’avoir été prévenu. […] A-t-il été jusqu’au bout le premier des guerriers par la tête comme par l’épée, et s’est-il retiré, est-il tombé du théâtre de l’histoire dans sa plénitude de génie militaire, et avec le sacre du malheur en plus ? […] Ney, à peine arrivé et immédiatement mis à la tête de son corps d’armée, crut avoir, besoin de quelques heures pour se reconnaître, pour prendre idée des troupes qu’il commandait : la lenteur à attaquer dans la soirée du 15 pouvait se réparer aisément le lendemain. […] Mais Ney comprit si bien de cette manière l’ordre émané du major-général que, dans son héroïque fureur, appelant le comte de Valmy, dont il avait fait approcher une brigade, il lui dit, en répétant le mot qui lui montait à la tête : « Général, le sort de la France est entre vos mains.
Une jeune fille qu’on croyait morte à la suite de cette maladie, — son père pleurant au pied de son lit, — rejette soudain le drap qu’elle avait sur la tête, se soulève dans une attitude de prière, montrant un visage à la beauté surnaturelle qui fait croire à un miracle, et après un petit discours de consolation adressé à son père, se recouche et repose le drap sur sa tête, en disant : « Je puis dormir maintenant. » * * * — J’ai connu un amant qui disait à sa maîtresse se plaignant d’avoir perdu une fausse dent de 200 francs : « Si tu la faisais afficher ? […] Yeux en verroterie bleue à fleur de tête. […] Ce vieillard à la tête où il y a du cabotin et du conventionnel, porte un col large, rabattu à l’enfant, une cravate chamois à bouquets roses et verts, et une chaîne de montre s’échappe de son gilet pour se perdre dans la poche extérieure d’une redingote vert bouteille, pendant qu’une de ses mains ornée d’une bague en turquoise, pose sur un manteau plié sur ses genoux, un manteau raisin de Corinthe.
Par moments, un grondement de tonnerre sortait du mont Olympe, et dans ces instants-là le voyageur épouvanté voyait se soulever au nord, dans les déchirures des monts Cambuniens, la tête difforme du géant Hadés, dieu des ténèbres intérieures ; à l’orient, au-delà du mont Ossa, il entendait mugir Céto, la femme baleine ; et à l’occident, par-dessus le mont Callidrome, à travers la mer des Alcyons, un vent lointain, venu de la Sicile, lui apportait l’aboiement vivant et terrible du gouffre Scylla. […] Quelquefois c’était dès le matin ; il allait, il gravissait la montagne et la ruine, brisait les ronces et les épines sous ses talons, écartait de la main les rideaux de lierre, escaladait les vieux pans de mur, et là, seul, pensif, oubliant tout, au milieu du chant des oiseaux, sous les rayons du soleil levant, assis sur quelque basalte verte de mousse, ou enfoncé jusqu’aux genoux dans les hautes herbes, humides de rosée, il déchiffrait une inscription romane ou mesurait l’écartement d’une ogive, tandis que les broussailles de la ruine, joyeusement remuées par le vent au-dessus de sa tête, faisaient tomber sur lui une pluie de fleurs. […] Là, seul comme le matin, plus seul encore, car aucun chevrier n’oserait se hasarder dans des lieux pareils à ces heures que toutes les superstitions font redoutables, perdu dans l’obscurité, il se laissait aller à cette tristesse profonde qui vient au cœur quand on se trouve, à la tombée du soir, placé sur quelque sommet désert, entre les étoiles de Dieu qui s’allument splendidement au-dessus de notre tête et les pauvres étoiles de l’homme qui s’allument aussi, elles, derrière la vitre misérable des cabanes, dans l’ombre, sous nos pieds. […] Montrer dans le burg les trois choses qu’il contenait : une forteresse, un palais, une caverne ; dans ce burg, ainsi ouvert dans toute sa réalité à l’œil étonné du spectateur, installer et faire vivre ensemble et de front quatre générations, l’aïeul, le père, le fils, le petit-fils ; faire de toute cette famille comme le symbole palpitant et complet de l’expiation ; mettre sur la tête de l’aïeul le crime de Caïn, dans le cœur du père les instincts de Nemrod, dans l’âme du fils les vices de Sardanapale ; et laisser entrevoir que le petit-fils pourra bien un jour commettre le crime tout à la fois par passion comme son bisaïeul, par férocité comme son aïeul, et par corruption comme son père ; montrer l’aïeul soumis à Dieu, et le père soumis à l’aïeul ; relever le premier par le repentir et le second par la piété filiale, de sorte que l’aïeul puisse être auguste et que le père puisse être grand, tandis que les deux générations qui les suivent, amoindries par leurs vices croissants, vont s’enfonçant de plus en plus dans les ténèbres.
pour cette forte tête, virilisée encore par l’étude et par la réflexion, le peignoir a peut-être une poésie cachée, et pense-t-elle qu’il lui donne l’air plus prêtresse, plus prophétesse et plus Muse ? […] Il y en a « de gaze lilas, brodés de fleurs de jasmins blancs, accompagnés d’un voile de dentelles blanches sur la tête », pour les jours « d’agitation languissante ». […] Et pendant que cet endiablé bas-bleu disserte majestueusement sur Spinosa ou sur Marc-Aurèle, ma pensée passe des jupes et il me trotte dans la tête des peignoirs, bien supérieurs encore à ceux que Mme de Blocqueville a mis dans ses livres, comme un petit regain de la femme échappé au bas-bleu. […] Je n’en sais rien, mais ce que je sais et ce que je puis garantir, c’est l’ennui, pour hommes et pour femmes, qui tombera sur tout le monde comme une avalanche, de ces deux accablants volumes ; c’est l’horreur qu’on va prendre dans ce crachoir des lectures de toute une vie de bas-bleu, retourné et renversé sur nos têtes, et dont on voudra se laver et s’essuyer au plus vite, n’importe où !
Tentant peut-être pour la plume, malgré son impureté, qui a écrit Lélia, un pareil roman aurait pu être essayé par Mme Sand, cette tête hermaphrodite, prise pour une tête d’homme par un siècle lâche et myope, et qui croyait, en se regardant, que la femme peut tout ce que l’homme peut. […] Elle fait une classe à part. » Mais cette pauvre phrase qui, après avoir affirmé l’amitié entre homme et femme, la nie et en fait une classe à part ; cette phrase peu honorable pour la netteté d’esprit de La Bruyère, — moraliste du reste plus piquant que profond et dont habituellement l’expression pique plus que la pensée, « ne pouvait engendrer rien de bien lucide, dans la tête, qui l’est très peu, de Mme Haller. […] Humiliante Fourche Caudine pour le génie qui s’y heurte et y courbe sa lumineuse tête, le feuilleton est une forme littéraire, très commode pour les esprits sans hauteur et débiles qui n’ont pas la force d’organiser un livre, avec ses développements et ses difficiles transitions… et Mme Haller est, malheureusement, un de ces esprits.
C’est que cette plume devrait rester sur leurs têtes ; et celle de Mme Claire de Chandeneux n’y est pas restée, non plus. […] Et comme elle ne se sentait pas d’invention dans sa tête de femme, plus faible que puissante, elle a songé naturellement à écrire ce qu’elle voyait dans le milieu militaire où elle vivait par le fait de son mariage, et naturellement encore, elle a écrit les Ménages militaires… Voilà, probablement son histoire, dans sa simplicité ! […] Elle croit que tout est dans la culture de l’esprit ; qu’avec de la pisciculture intellectuelle, on ferait des têtes de femme, des têtes d’homme, comme on fait des huîtres ; et cela pourrait bien être, puisque je me suis laissé dire que les huîtres étaient un mêli-mêlo des deux sexes !
Il est vrai que, sous le dernier des Stuarts, cette théorie, qui saignait encore du coup de hache qui avait fait tomber la tête de Charles Ier, fut définitivement mise en pièces, mais elle n’était pas tombée du ciel comme un bouclier salien, et, pour qu’elle se fût si souverainement posée, il fallait qu’elle répondît à des sentiments publics, à des idées qui avaient cours. […] et il continue, avec cette légèreté qui jette la dernière pelletée de terre sur la tête de toutes les questions : « Quelques points controversés avaient été décidés d’après les opinions des meilleurs juristes, et l’on s’était écarté de la ligne de la succession ; c’était tout, mais c’était assez. » Oui, c’était tout ! […] On ne sait pas assez combien les peuples chicanent peu avec les races qu’ils aiment, et quelle puissance de fautes de toute espèce ces races prédestinées peuvent porter dans leur tête ou en faire sortir, sans en mourir ! […] On lui a fait un crime de stupidité de n’avoir pas accepté le droit nouveau, ce droit qui, pour lui, était né dans le sang de la tête coupée de son père, et c’était comme si on lui eût reproché d’être Stuart, catholique, lui-même !
La paperasse a envahi un livre qu’il fallait couper dans la paperasse et d’où il fallait le tirer, comme on tire, d’un bloc, la tête d’un buste. […] Ils l’ont été avec acharnement et ils ont résisté à toutes les furies de la critique ; les petits serpents à têtes folles ont cassé leurs dents sur ces limes. […] Son portrait, mis à la tête du volume et très ressemblant, rappelle, par son énergie de dogue, la tête de Granier de Cassagnac, — cette autre grande plume de guerre, — mais avec une expression plus gaie.
Regardez-la dans ce portrait de Madame Lebrun, gravé par Rajon, qui est à la tête du volume, et avant de l’avoir lu vous aurez déjà l’idée d’une femme qui ne ressemble aux femmes de son siècle ni par les passions, ni par les mœurs, ni par la beauté. […] Mais il ne tournait pas que les pouces, il tournait les têtes aussi, et il tourna celle de Madame de Sabran ! […] comme ces dévotes qui, à Rome, écrivent au bon Dieu des lettres qui, bien entendu, restent à la poste… Elle continua de l’aimer à travers le monde qu’elle voyait, ce terrible rival à plusieurs têtes. […] Il tournait la chanson comme il tournait les têtes, — comme il tournait ses pouces, — et elle voulut aussi tourner la chanson, et il y en a deux, dans ses lettres, qui ne sont pas trop mal tournées ; mais, Dieu soit béni !
Ce fut la séduction de Poniatowski, qui créait l’amitié comme l’amour, ce fut la séduction de cet homme fait pour être aimé par les femmes et dont c’était la vraie destinée, bien plus que d’être Roi, ce fut cette même séduction qui lui avait donné Catherine II, la brûlante Bacchante à tête froide, qui lui amena aussi la raisonnable Madame Geoffrin. […] elle aima, cela est certain et ressort et jaillit pour moi de toutes les lettres de la Correspondance que voici ; mais son amour ne fut pas plus fort que sa raison, restée imperturbablement la maîtresse de son logis et la faiseuse de son ménage ; et si cet amour, qui lui vint tard, fut fou, — car tout amour est fou, — ses folies ne dépassèrent point les limites de son pauvre cœur, résolu à être aussi sage que sa tête, mais qui ne le fut pas toujours… Elle aima, tout l’atteste. […] Elle lui donna pour dernier conseil de laisser là la couronne qu’une femme lui avait mise sur la tête, et une femme (on sent le trait jaloux) qui n’était pas elle ! […] V Le portrait gravé par Rajon à la tête du volume, et qui représente ce Roi de beauté créé Roi politique par une femme, nous le montre avec son cou nu de taureau adouci découvert jusqu’à la poitrine, et ses magnifiques épaules pleines de promesses viriles et nonobstant d’une grâce tombante d’épaules de femme.
Flourens l’a prouvé, ce qui distingue Buffon des hommes de son temps que la gloire rendit fous, comme Rousseau et Voltaire, de vrais parvenus, c’est que sa belle tête calme sut résister à cette syrène ! […] Flourens n’attribue pas avec assez de rigueur, à notre sens, quoiqu’il l’indique, l’absence de vue perçante de Buffon, en fait de méthode, à une conformation de tête qui n’avait rien de métaphysique et à des facultés qui devaient entraîner celui qui les avait, comme l’imagination entraîne. […] Mais la loi abstraite, la méthode qui donne tout dans un seul procédé, disons-le hardiment, ne pénétrait pas en cette tête pompeusement éprise de généralités, de différences et de coloris. […] Flourens, qui voudrait couvrir de sa tête tout entière, comme on couvre de sa poitrine celui qu’on aime, les erreurs de Buffon, ces erreurs qui sont souvent grandioses, — « et j’aime mieux, à tout prendre, une conjecture qui élève mon esprit qu’un fait exact qui le laisse à terre… J’appellerai toujours grande la pensée qui me fait penser. »« C’est là le génie de Buffon, ajoute-t-il encore, et le secret de son pouvoir, c’est qu’il a une force qui se communique, c’est qu’il ose et qu’il inspire à son lecteur quelque chose de sa hardiesse. » Et pourtant, est-ce que les paroles de M.
Pour ma part, il m’est impossible d’admettre comme un livre, dans le sens véritablement littéraire du mot, les Conférences de Notre-Dame, improvisées, on nous l’a dit assez, en insistant sur ce mérite, et si remaniées depuis, à main et à tête reposées, en vue de la publication. […] Renan, si vous vous en souvenez, s’est amusé, dans un de ses derniers écrits, à éteindre autour de la tête de nos Saints le nimbe d’or que la Foi y allume, malice philosophique assez semblable au mauvais sentiment du gamin qui renverserait la lampe d’un sanctuaire ! […] Lacordaire ne l’éteint pas, il est vrai, ce nimbe du surnaturel et du divin autour de la tête pâle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, mais il le voile, pour qu’on aperçoive mieux combien cette tête est humainement belle et pour que ceux qui sourient du nimbe soient touchés au moins de la beauté du plus beau et du plus doux des enfants des hommes !
Comme Jupiter, chez les Grecs, elle pourrait s’appeler : Assemble-Nuages, et ses nuages versent une pluie d’ennui… Son plus grand philosophe, Hégel, est obscur à se cogner la tête dans ses œuvres. Son plus grand poète, Goethe, est ennuyeux à faire périr d’étisie les gens obèses. — L’aigle noir de Russie a deux têtes. […] Fatalité de la tête orgueilleuse de l’homme qui veut percer tous les mystères : la métaphysique est le jeu d’échecs, enchanté ou maudit, où celui qui y joue une fois est condamné à jouer toujours ; car la partie contre les problèmes de l’être et de la vie ne finit jamais ! […] Éclairée par la connaissance de ce monde, la volonté cesse son vouloir, ne veut plus vivre, et se libère par le parfait repos. » C’est l’histoire des fakirs aux Indes, qui passent leur vie à se regarder le bout du nez, pendant que les oiseaux font leurs nids et tout ce qu’ils veulent sur leurs têtes immobiles.
Lacordaire, un homme de son ordre, ce Savonarole qui, en secouant son crucifix au-dessus de sa tête, secouait les passions de Florence comme une torche qu’on veut allumer, a laissé à la postérité distraite un volume de sermons politiques dont la lettre est à peu près morte, et un volume de sermons, purement catholiques, qui vivront toujours, comme le cœur de l’homme et la doctrine de vérité qui s’applique à ce cœur immortel : Immortale jecur ! […] J’oserai le dire : Mirabeau sera, un jour, réduit à peu de chose, quand on se mettra résolument en face de ses œuvres oratoires et qu’on n’aura plus la vue offusquée et la tête courbée par les événements de son siècle. […] La flamme du regard, la pâleur ascétique de la tête pensive, le geste éblouissant, la voix, — la voix, cette séduction infinie ! […] J’ai entendu nier la carrure de sa tête, la force doctorale qui est en lui, parce que cette force ne se montre pas assez nue, assez décharnée, assez seule pour qu’on la voie : aux yeux des esprits superficiels ou raccourcis, l’indigence d’une faculté étant le meilleur repoussoir d’une autre.
Il n’a jamais pris pour lui le mot insolent et cruel, trop accepté, comme tant de mots : « Les Français n’ont pas la tête épique. » Lui, il a toujours cru qu’il l’avait. […] Et si ce n’était qu’en matière d’idées que Merlin fût un ruminement, je ne m’en étonnerais pas, car les têtes toutes-puissantes qui renouvellent leur inventaire intellectuel et aient plus d’une source d’inspiration à leur service, le nombre en est infiniment restreint parmi les poètes, même parmi ceux que le monde appelle les plus grands. […] Quinet rappelle l’Arioste, mais l’Arioste avec cette fameuse tête qu’Ariel mit un jour sur les épaules de Puck, et qui, je crois bien, ne trouvera pas cette fois-ci de Titania ! […] Non content de cette promenade à travers le monde, il le fait promener même en dehors de ce monde, comme le Dante, et de cette promenade éternelle, le but est de nous dérouler toute l’histoire, légendaire et poétique, du passé comme de l’avenir, car l’enchanteur Merlin, qui entre aux limbes, comme il entre partout, par la vertu de sa petite baguette de coudrier, n’a pas beaucoup de peine ni de mérite à nous prophétiser ce qui est de l’avenir pour lui, du temps du roi Arthur, et ce qui est du passé pour nous, Charlemagne, Hugues Capet, la Saint-Barthélemy, Louis XIV, la Révolution française, la tête coupée de Louis XVI, Robespierre et Napoléon.
C’est un esprit acéré de toutes les manières, qui porte à la tête comme le syringa, et aux yeux comme des paillettes d’acier ou les facettes du diamant. […] Ce qui distingue particulièrement et toujours davantage son genre de talent, lequel se développe dans le sens de ses premiers ouvrages et de sa native personnalité, c’est l’éclat à tout prix et l’aperçu à tout prix, et pour les avoir, à tout prix, il met souvent à la vérité des atournements pour lesquels elle n’est point faite, et il va même parfois jusqu’à la renverser la tête en bas, pour la montrer par où on ne l’avait pas vue encore. […] J’étais avec Aubryet, le délicat des Patriciennes de l’amour, un homme qui n’est jamais vulgaire, et qui, pour échapper à cette ornière qu’on appelle la vulgarité, se jetterait dans tous les sauts de loups du côté opposé, la tête la première. […] Bien commencé par une tête d’ange, le livre finit, comme tant d’autres, en queue de poisson, et ce poisson n’est pas un dauphin !
Ses amis ont eu la bonté d’apprendre au monde que le talent de l’auteur de Tolla faisait sortir de terre les testaments et les donations, et que, comme Burke et Chatham, il avait trouvé des duchesses de Marlborough qui, par fanatisme d’admiration, avaient versé sur sa tête la corne d’abondance de toute une fortune ! […] Il perd la tête, ce grand médecin, devant la crise finale qui doit sauver Germaine, et il écrit à madame Chermidy qu’enfin la malade est perdue ; agréable nouvelle qui arrive à la Chermidy accompagnée d’une autre, la mort de son mari, tué par les Chinois ! […] Tête de linotte littéraire, qui avait peut-être du talent, si elle avait eu quelque poids ! […] En effet, s’il pouvait se défaire de ce ton sans gêne qui ne le quitte jamais (littérairement, bien entendu) et qui le conter, la casquette sur la tête et les mains dans ses goussets, il serait ici, nous en convenons, dans son vrai genre, il aurait découvert son filon.
Il paraît que cette grasse personne s’est laissée choir, la tête la première, dans le liquide élément dont l’aspect enthousiasme cet épais cerveau. […] C’est chose curieuse à remarquer que cet esprit qui vient après le grand mouvement satirique et démolisseur du dix-huitième siècle, et auquel Voltaire aurait su gré, pour l’idée seulement (car le pauvre grand homme ne s’y connaissait guère quant au reste), de toutes ces caricatures monacales, — moines bâillants, moines goinfrants, têtes carrées d’assassins se préparant à matines, têtes rusées, hypocrites, fines et méchantes comme des profils d’oiseaux de proie ; — il est curieux, dis-je, que ce haïsseur de moines ait tant rêvé sorcières, sabbat, diableries, enfants qu’on fait cuire à la broche, que sais-je ? […] Quelquefois, en rentrant chez lui, il trouvait sa femme et sa fille se prenant aux cheveux, les yeux hors de la tête, dans toute l’excitation et la furie italiennes.
Peu à peu, ils se mirent à divaguer dans une langue qu’ils croyaient celle d’Hippocrate et qui n’est qu’un jargon d’officine… Ce fut un grand progrès d’avoir appelé hystérotomotocie l’opération césarienne, scolopomachérion le bec de bécasse, et méningophylax un couteau à pointe mousse pour la chirurgie de la tête ! […] « On parle, ajoutait-il, et l’on écrit, en général, pour être compris et les mots qui s’appliquent nettement et exclusivement à la chose qu’on veut désigner sont nettement les meilleurs. » 91 « Il ne s’agit pas, développe encore Rémy de Gourmont en l’ouvrage précité, il ne s’agit pas de bannir les termes techniques, il s’agit de ne pas traduire en grec les mots légitimes de la langue française et de ne pas appeler céphalalgie le mal de tête. […] On parla de cynisme et M. le Dr Prieur conclut dans le Mercure de France : « Je crois même que ce dernier mot est insuffisant quand on se souvient qu’à la répétition générale le professeur Bertry, ce guignol incohérent, qu’un accès d’angine de poitrine venait frapper au dernier acte, avait pris la tête et les gestes de Charcot que l’angine de poitrine avait frappé à mort, une nuit de voyage, dans une auberge de province, peu de temps auparavant… » 105 Outre une erreur de diagnostic (car Charcot succomba à une insuffisance aortique dûment constatée par les professeurs Strauss et Debove qui assistèrent à son agonie)106, nous pouvons signaler que M.
Les factieux, ayant Cromwel à leur tête, crurent leur attentat légitime, & voulurent le faire paroître tel aux yeux des nations. […] Quoique tous les livres en faveur des parlementaires rebèles eussent été composés par des écrivains plus factieux encore, & que l’esprit seul qui dictoit ces ouvrages dût les rendre méprisables, ils ne laissoient pas de faire des impressions profondes dans les têtes même les mieux organisées. […] « Anglois, qui vous renvoyez les têtes des rois comme des balles de paume ; qui jouez à la boule avec des couronnes ; qui vous servez de sceptres comme de marottes ; &c. » Les monarchomaques triomphèrent.
La Harpe a cherché malice et philosophie dans quelques paroles d’Arlequin refaisant des hommes selon le procédé mythologique, et intervertissant le rang de ces nouvelles poupées, mettant le laboureur en tête, puis l’artisan, l’homme d’épée ne venant que le troisième ; avec cet homme d’épée qui tranche du capitan, Arlequin commence par lui jeter bas d’un revers de main le chapeau à plumet qu’il a insolemment sur la tête : « Chapeau bas devant ton père, quand tes deux aînés sont dans leur devoir. […] » C’était pure illusion et jactance ; il prenait sa chaleur de tête pour la température du dehors. […] Sa tête était trop remplie de ses propres saillies et de ses jeux de mots pour y laisser entrer autre chose. […] On joue ce soir aux Français Rodogune ou Cinna : cela nous tournerait la tête du côté qu’il ne faut pas ; allons au boulevard ! […] L’Étude qu’on va lire a paru d’abord dans la Revue contemporaine du 31 octobre 1864 ; elle a été reproduite en tête d’une édition des Œuvres choisies de Piron, publiée chez MM.
Fénelon lui-même n’a pas pu me faire aimer l’esprit de chimère, quoique chez lui le rêve de la perfection vienne du cœur plutôt que de la tête, et que sa vie ait été aussi pure que son idéal. […] Rousseau, chez qui l’esprit de chimère vient d’une tête par moment troublée, et dont la vie a si violemment contredit les maximes !
pourquoi cette action ne l’écrase-t-elle pas ; ne lui tient-elle pas la bouche entrouverte, ne lui fait-elle pas sortir les yeux de la tête ; ne me la montre-t-elle pas prête à être étouffée ? comme elle est, libre de la tête, des bras et de tout le haut de son corps, si elle s’avisait de se secouer avec violence, elle renverserait le monarque, et mettrait les dieux, les échevins et le peuple en désordre.
et cet homme qui porte [du] feu qu’il va renverser sur sa tête, est-ce son époux ? […] Il est fait pour tourner la tête à deux sortes de gens ; son élégance, sa mignardise, sa galanterie romanesque, sa coquetterie, son goût, sa facilité, sa variété, son éclat, ses carnations fardées ; sa débauche, doivent captiver les petits-maîtres, les petites femmes, les jeunes gens, les gens du monde, la foule de ceux qui sont étrangers au vrai goût, à la vérité, aux idées justes, à la sévérité de l’art ; comment résisteraient-ils au saillant, au libertinage, à l’éclat, aux pompons, aux tétons, aux fesses, à l’épigramme de Boucher.
Si la statue n’est pas de bronze, elle sera bientôt détrempée, et les eaux du ciel laveront la tête à Proudhon. […] Il ne l’était pas plus dans l’idée que dans l’expression ; il avait la faculté de se monter la tête, comme un acteur qu’il était. […] Ici, la clameur des théories vous fend moins la tête. […] Mets ton chapeau sur ta tête. […] vous avez du feu dans l’expression, ô mon pauvre grand écrivain, comme vous en aviez dans la tête !
On peut du moins supposer que tel est le processus générateur de cette opinion universellement répandue qui fait du mot tête le synonyme populaire d’esprit. […] Se mettre une idée dans la tête, une tête faible, une pauvre tête, la forte tête de l’endroit, etc. […] Littré, au mot tête, 27°. […] C’est de cet usage du mot tête que dérivent entêter, entêté, entêtement. […] La localisation de la pensée dans la tête ne peut s’expliquer que par l’association de la pensée avec une sensation localisée, ou périodique ou constante ; reste à déterminer quelle est cette sensation.
Ce soir, dîner en tête à tête chez les Daudet, et arrangement pour la lecture de la pièce à Porel. […] C’est Zola, n’ayant plus sa tête du portrait de Manet, un moment retrouvée, mais si changé, avec de tels trous aux pommettes, un si immense front sous ses cheveux rebroussés, que vraiment dans la rue, je serais passé à côté de lui, sans lui donner la main. […] Elle a dû se faire donner un coup de lancette dans la bouche, et a eu à la suite du coup de lancette, une crise de nerfs, et est obligée de jouer, le cou et la tête tout empaquetés. […] » Lundi 17 décembre Je laisse Porel dans son cabinet, en tête à tête avec les censeurs. […] Avant tout, pour la scène à faire, il faut de l’imagination, et permettez-moi de vous dire, que si vous avez une grosse tête, vous avez une cervelle comparativement petite à cette tête : cervelle dont nous connaissons les dimensions et la qualité des circonvolutions, par la lecture de vos œuvres d’imagination.
Le succès de Lucrèce redouble ; les têtes se montent. […] S'il résiste à l’entraînement, il aura bonne tête, et il paraît qu’il l’a.
Il y a dans sa tête des liens qui garrottent son imagination et elle ne s’en affranchira jamais, quelque secousse qu’elle se donne. […] Premièrement c’est la tête et le bras du Laocon antique.
C’est par là que de loups l’Angleterre est déserte : On y mit notre tête à prix. […] En cette estrof, commença à crier, prier, implorer, invoquer Jupiter par oraisons moult disertes (comme vous savez que nécessité fut inventrice d’éloquence), levant la face vers les cieux, les genoux en terre, la tête nue, les bras hauts en l’air, les doigts des mains écarquillés, disant à chacun refrain de ses suffrages à haute voix infatigablement : « Ma coignée, Jupiter, ma coignée. […] Esope dit en deux mots que le chêne n’ayant pas voulu courber la tête, fut brisé par l’ouragan. […] Quand il eut ruminé tout le cas dans sa tête. […] « Il avait le visage petit et basané, de grosses lèvres, les yeux enfoncés dans la tête et presque tout cachés sous les sourcils, une grande barbe épaisse, les cheveux hérissés, l’estomac et le cou velus comme un ours.
Tout ce que l’oreille entend, tout ce que l’œil contemple sur ce superbe théâtre n’existe que par une pensée de la tête puissante qui fit sortir d’un marais tant de monuments pompeux. […] Si c’est là de la philosophie, c’est la philosophie de la hache, qui tranche les têtes pour trancher les difficultés. […] Cette tête, ce cœur sont-ils faits comme les nôtres ? […] L’erreur aux cent têtes a fui devant l’indivisible vérité : Dieu règne dans le Panthéon, comme il règne dans le ciel, au milieu de tous les saints. […] Ma place (de régent de la grande chancellerie) revient à peu près à vice-chancelier, et me met à la tête de la magistrature, au-dessus des premiers présidents.
Une jeune fille ne met pas la tête à sa fenêtre sans y être vue par tous les groupes inoccupés. […] Si le Parisien leur jetait en souriant une dédaigneuse affirmation, ils se regardaient en hochant la tête d’un air d’incrédulité. […] D’ailleurs le cœur simple, la tête étroite de Nanon ne pouvait contenir qu’un sentiment et une idée. […] Eugénie baissa la tête. […] Le chagrin est entré chez moi avec la mort de mon frère, pour lequel je dépense, à Paris, des sommes… les yeux de la tête, enfin !
Or, tout à coup, dans une rue étroite, Condé, suivi de ses gens, rencontre Retz il la tête d’une procession. […] A leur tête était M. de Janzé, celui pour qui l’on créa l’expression de « petit-maître ». […] Le duc tire la nappe, renverse la tablé, coiffe plusieurs convives d’une assiette de potage, casse leurs violons sur la tête des musiciens. […] Il est pris entre les deux battants d’une porte, le corps d’un côté, la tête de l’autre. […] Le poème est un monstre avec une tête de colombe et des serres de vautour.
» au bout de quoi, sa tête tombait de côté sur la table. […] C’est un homme aux traits de peuple, aux yeux clairs, clignotants sous des paupières maladivement rouges, à la longue barbe flave, aux cheveux coupés ras, à la tête ronde, la tête du doux et obstiné entêtement — un homme tel que je me figure les disciples de Jésus-Christ. […] Enfin brisé de fatigue et mourant de faim, un habitant le suppliait de coucher dans sa maison, pour la préserver contre le pillage, et là, dans une petite chambre d’en haut, en tête à tête avec un gigot et une bouteille de vin cachetée, il faisait à travers les cris des blessés qu’on amputait au-dessous, il faisait le meilleur et le plus égoïste dîner. […] Et elle marchant en tête, le volume des Mémoires d’outre-tombe entrouvert, et Daudet et les enfants et moi, suivant à la queu-leu-leu, le landau vide derrière nous, nous allons par les rues, comme une troupe d’Anglais, demandant aux gens sur leurs portes, le fameux « chemin de Henri IV » qui était tout proche de l’habitation, et qui doit nous la faire reconnaître. […] » Gibert, avec une langue technique, qui donne les plus grandes jouissances aux amateurs de l’expression, une langue juste, précise, peinte, parle de cette voix artificielle, de cette voix de tête ou de nez, que certains chanteurs se font : voix métallique à résistance indéfinie, tandis que les voix naturelles des gens qui chantent avec l’émotion de leur poitrine, est plus vite cassée.
La chaleur était à peine tombée avec le soleil ; les oiseaux, déjà retirés et non encore endormis, annonçaient, par un ramage languissant et voluptueux, le plaisir qu’ils goûtaient à respirer un air plus frais ; une rosée abondante et salutaire ranimait déjà la verdure… Ici une de ces descriptions naturelles dont il a le premier dans notre littérature donné le parfait exemple, mais où il a été depuis surpassé par ses grands disciples, par Bernardin de Saint-Pierre, par Chateaubriand, par George Sand, tous bien autrement particuliers, nuancés et neufs, et qui ne se contentent pas de peindre la nature en traits généraux devenus trop aisément communsy ; — et il continue : À ce concours d’objets agréables, le philosophe, touché comme l’est toujours en pareil cas une âme sensible où règne la tranquille innocence, livre son cœur et ses sens à leurs douces impressions : pour les goûter plus à loisir, il se couche sur l’herbe, et appuyant sa tête sur sa main, il promène délicieusement ses regards sur tout ce qui les flatte. Après quelques instants de contemplation, il tourne par hasard les yeux vers le ciel, et à cet aspect qui lui est si familier et qui pour l’ordinaire le frappait si peu, il reste saisi d’admiration, il croit voir pour la première fois cette voûte immense et sa superbe parure… Ici toute une description encore : spectacle des cieux, le couchant enflammé, la lune qui se lève à l’orient, les astres innombrables qui roulent en silence sur nos têtes, l’étoile polaire qui semble le pivot fixe de toute la révolution céleste ! […] Il y a tel passage du songe, celui-ci, par exemple : « L’autel qui s’élevait au milieu du temple se distinguait à peine au travers des vapeurs d’un encens épais qui portait à la tête et troublait la raison… L’appareil d’un continuel carnage environnait cet autel terrible… Tantôt on précipitait de tendres enfants dans des flammes de bois de cèdre, tantôt, etc., etc. », il y a, dis-je, tel de ces passages qui me fait m’écrier : Ô Rousseau, ô Lamennais, lequel des deux a imité l’autre ? […] Ce mal était tout dans sa tête, non dans son cœur. […] Necker), mon jeune ami, plaignez-moi ; plaignez cette pauvre tête grisonnante qui, ne sachant où se poser, va nageant dans les espaces, et sent pour son malheur que les bruits qu’on a répandus d’elle ne sont encore vrais qu’à demi.
La tête de la société alors ne l’entendit pas ainsi ; la bourgeoisie (sauf des exceptions) pensait comme la tête et était devenue cette tête elle-même. […] Il y eut même un jour où il lui dit (assure-t-on), — c’était vers 1845, — à un moment critique où on voulait le lui ôter comme ministre et où le vote de la Chambre avait hésité : « Monsieur Guizot, collez-vous à moi. » Mais, tout en appréciant avec estime le talent de l’homme qui le servait avec tant d’éclat, il ne partageait pas sa confiance ni cette intrépidité monarchique si absolue sur une base que lui-même sentait si étroite et si vacillante : « Vous avez mille fois raison, lui répétait-il souvent dans les dernières années ; c’est au fond des esprits qu’il faut combattre l’esprit révolutionnaire, car c’est là qu’il règne ; mais, pour chasser les démons, il faudrait un prophète. » Ce prince était donc, somme toute, un homme d’esprit, et bonne tête, tant qu’il ne faiblit pas. — « Cette bonne tête, ou plutôt cette bonne caboche , » disait de lui un de ses anciens ministres qui se reprenait, comme si le premier mot était un peu trop noble pour le sujet.
Monsieur et Madame me firent l’effet des Caractères d’un petit La Bruyère… mauvais sujet, — d’une espèce de La Bruyère qui connaissait les femmes, non pas « entre tête et queue », comme les connaissait et voulait qu’on les prît La Bruyère, mais qui les prenait avec la tête et avec la queue, et Dieu sait si la queue est un endroit par lequel on puisse les prendre à présent ! […] C’est un romancier de passion et de mœurs, qui, dans la conception de sa première œuvre, a montré une force de tête sur laquelle la Critique n’avait aucun droit de compter. […] Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche. […] Par la modernité des têtes, par le dialogue surtout, si rare maintenant sur nos scènes sans esprit, qui en ont — quand elles en ont — uniquement dans les situations, Gustave Droz aurait sa place et une destinée au théâtre.
Nous ne sommes plus à une de ces bienheureuses et virginales époques littéraires où l’on n’avait abusé de rien, et où une nouvelle, comme le Mouchoir bleu, par exemple (de la cotonnade en littérature), faisait la réputation d’un homme d’esprit qui n’avait pas, au fond, dans la tête, beaucoup plus d’invention qu’un marchand… de mouchoirs. […] Et que les Païens innocents 27 aient été écrits avant ou après l’Introduction aux Lettres du président de Brosses, ils disent éloquemment que si c’est après la tête et la poitrine de l’auteur se sont ouvertes et que, dans ces lèvres pincées, a éclos le naturel et bon sourire ; et si c’est avant l’Introduction que ces nouvelles ont été composées, elles disent non moins éloquemment encore que l’auteur a porté la peine de ses doctrines, — car, pour une minute, elles ont desséché et défiguré son talent. […] En effet, en ces deux-là, on trouve, avec ses qualités habituelles et dans le milieu ordinaire de l’observation de l’auteur, deux ou trois individualités, deux ou trois têtes, en profil, il est vrai, mais qui sont arrêtées et dont la fine originalité vous saisit au plus délicat de votre être. […] La coiffe avait exactement la forme d’une coquille d’œuf que vient de percer le bec d’un oisillon ; elle encadrait le front, elle pressait les joues, elle cachait presque le menton de cette figure amaigrie, — une vraie tête d’oiseau ! […] À la tête des nouvelles de Babou se trouve une préface dont la verve, l’entrain, le mouvement, rappellent Diderot (le rappellent trop peut-être), mais qui justifient ce que nous venons d’exprimer.
Marat croyait à la justice : il demandait deux cent mille têtes. […] Et elle restait la tête ardente sur la vitre que le vent secouait. […] Elle se dégagea, j’appuyai ma tête sur ses genoux et j’y collai ma bouche. […] Je ne les trouvais pas : j’avais la tête perdue. […] Vous vous fatigueriés la tête et vous seriez moins propre au travail.
Sur un exemplaire de Vauquelin de la Fresnaie On a lu plus haut, en tête de l’Étude sur Joachim Du Bellay (page 268), ce qu’a écrit M. […] Sainte-Beuve sur la feuille de garde en tête de l’exemplaire.
Lamennais m’avait fait force avances depuis 1830, après mon recueil des Consolations, dans le monde de Victor Hugo d’abord, puis lorsqu’il fut à la tête de L’Avenir. […] Il branle la tête, se trémousse en parlant, et ricane d’une façon mystérieuse et qui s’entend elle-même. […] comme il a enfoncé sa lame, au lieu que le style de Cousin plane en quelque sorte sur moi et passe sur ma tête sans me toucher ! […] C’est refait de tête et de mémoire, et en vue de la circonstance présente. […] On l’a dit très spirituellement, s’il osait il écrirait poème épique en tête d’un sonnet.
C’est une tentative fort sérieuse ; mais faites donc qu’une pareille pensée soit entrée dans la tête d’une génération de sensualistes et de libertins ! […] Sainte-Beuve à leur tête, gens de cœur et d’esprit ; mais ils échoueront. […] la tête levée et le cœur haut, sursùm corda ! […] Pour échapper à ce supplice, il est obligé de se déguiser de la tête aux pieds. […] Est-ce un coup de tête de la Compagnie ?
Gaza en a fait de même ; car, soit pour éviter de renouveler de fâcheux souvenirs, soit tout autre motif, les maisons même ne sont pas fermées, et, par mesure de sûreté, nous avons cru devoir planter nos tentes dans le milieu de la grande place, malgré de gros nuages suspendus sur notre tête. […] Horace et sa caravane, avant d’arriver à ces lieux consacrés par tant de souvenirs, ont fait la rencontre du gouverneur de Jérusalem en personne qui tenait la campagne à la tête d’un corps de cavalerie, pour aller châtier quelque bicoque du voisinage ; ce gouverneur les invite poliment au passage, et les oblige, un peu malgré eux, de s’arrêter à son bivac, d’un aspect d’ailleurs des plus mélodramatiques et des plus bigarrés. […] dans ce moment, il n’y a pas de Jérusalem, de Bible, d’Évangile, de Jacob et d’Arabe avec ses moutons qui soient venus me trotter dans la tête : j’étais dans l’enfer, et, vois comme je suis perverti, je m’y trouvais bien Cependant, au moment où je t’écris, malgré mon enthousiasme guerrier, j’ai le cœur gros. […] » logé dans les palais du prince ou chez les premiers seigneurs de l’empire, présenté par l’empereur dans les manœuvres comme étant de son État-major, l’accompagnant dans ses voyages à l’intérieur, traité par lui non comme un peintre, mais comme un ami, comme un fils, comme un enfant gâté, avec une confiance, un laisser-aller que les lettres n’exagèrent pas, et que les meilleurs témoins nous ont certifié, Horace sut garder sa tête, son bon sens, et ne pas se laisser enivrer ni enguirlander. […] Voilà ce que c’est que le combat de plusieurs idées dominantes dans une tête de peintre : chacune veut sortir la première ; le bec d’une plume n’est pas large ; la foule se presse à la porte pour sortir, comme d’une salle de spectacle où l’on crie au feu !
Il a la tête disproportionnée au reste du corps. […] On lui avait fait cadeau d’une tortue de grande espèce : un jour, cet animal le mordit à un doigt ; aussitôt il lui arracha la tête avec les dents. […] S’étant engagé dans un escalier obscur qui conduisait au jardin, lieu du rendez-vous, il fit une chute et se blessa grièvement à la tête (19 avril 1562). […] Il a les cheveux bruns et lisses, la tête médiocre, le front assez peu élevé, les yeux gris, les lèvres moyennes, le menton un peu long, la figure très-pâle. […] Un jour, passant dans la rue, un peu d’eau lui tomba sur la tête de la fenêtre d’une maison : il commanda qu’on brûlât la maison et qu’on mît à mort tous les habitants.
En quittant la Mode, il passa à l’Artiste, à la Silhouette (1832), il se répandit et dessina pour toutes les publications du moment ; livré, voué à une production incessante, il ne refusait aucun travail qui s’offrait, livres illustrés, journaux à gravures, têtes de romances, etc. […] J’ai vu de sa façon un portrait aquarelle de son vieil ami Old-Nick (Forgues), portrait de tout jeune homme, long, fluet, riant, couché, la tête renversée en arrière, les jambes étendues, dans cette délicieuse position horizontale ou demi-horizontale que l’artiste aime à reproduire, et par laquelle il exprime à ravir le far niente, la flânerie, cette première condition du bonheur : il a voulu, tout à côté, faire du même Old-Nick une charge, et il n’a réussi qu’à faire un portrait moins bien, en triste et en laid. […] Prenez la plus innocente de ces fourberies, celle de la jeune fille au bras de son papa qui la devine. — « Comment saviez-vous, papa, que j’aimais mosieu Léon f » — « Parce que tu me parlais toujours de mosieu Paul. » Allez à la plus calme, à la mieux établie et la mieux réglée de ces fourberies conjugales : un jeune homme dans un salon est assis bien à l’aise, installé dans un fauteuil, lisant comme chez lui, le chapeau sur la tête ; avec lui une jeune femme près de la fenêtre, debout, tient à la main son ouvrage et regarde en même temps dans la rue ; et, pour toute légende, ces mots : « Le v’là ! […] » Pour le marin, la beauté, tête de bois, rit à la poupe du vaisseau quand on rentre au port après l’orage. […] Balzac, que je ne prétends nullement diminuer sur ce terrain des mœurs du jour, et de certaines mœurs en particulier, où il est expert et passé maître, Balzac pourtant s’emporte et manque de goût à tout moment ; il s’enivre du vin qu’il verse et ne se possède plus ; la fumée lui monte à la tête ; son cerveau se prend ; il est tout à fait complice et compère dans ce qu’il nous offre et dans ce qu’il nous peint.
» Le souffle poétique, ce qui est rare chez Mirabeau, semble avoir passé en cet endroit, et en cet autre encore : « Si vous me redonnez la liberté, même restreinte, que je vous demande, la prison m’aura rendu sage ; car le Temps, qui court sur ma tête d’un pied bien moins léger que sur celle des autres hommes, m’a éveillé de mes rêves. » Ailleurs, parlant non plus à son père, mais de son père, il dira par un genre d’image qui rappelle les précédentes : « Il a commencé par vouloir m’asservir, et, ne pouvant y réussir, il a mieux aimé me briser que de me laisser croître auprès de lui, de peur que je n’élevasse ma tête tandis que les années baissent la sienne. » On a refusé l’imagination proprement dite à Mirabeau ; il a certainement l’imagination oratoire, celle qui consiste à évoquer les grands noms historiques, les figures et les groupes célèbres, et à les mettre en scène dans la perspective du moment : mais, dans les passages que je viens de citer, il montre qu’il n’était pas dénué de cette autre imagination plus légère, et qui se sent de la poésie. […] Encore une fois, je suis enterré : cependant, si j’en crois ma tête et mon cœur, et ce je ne sais quel pressentiment qui est souvent la voix de l’âme, ma vie pourrait n’être pas inutile. […] Pourtant ce mot de gloire, le père implacable, vaincu dans ses derniers jours, a fini par le proférer de loin sur la tête radieuse de son fils. Lorsque, décidément, le Mirabeau pamphlétaire eut cessé et que l’orateur eut levé la tête, quand il eut pris son grand rôle dans les assemblées des États de Provence et qu’il s’y fut dessiné comme tribun déjà et comme pacificateur tout ensemble, le vieillard, lisant la relation de ces scènes mémorables, s’écria : « Voilà de la gloire, de la vraie gloire ! » Et vers le même temps (22 janvier 1789), il écrivait à son frère le bailli, parlant de son fils : « De longtemps ils n’auront vu telle tête en Provence.
La tête, déjà forte, bien au-delà des proportions ordinaires, était encore grossie par une énorme chevelure bouclée et poudrée. […] Vous ne m’avez encore rien dit. » Ils renouèrent en quelques mots : « Avec un aristocrate comme vous, ajouta Mirabeau, je m’entendrai toujours facilement. » Au premier dîner qu’ils firent ensemble, tête à tête, Mirabeau débuta en disant : « Vous êtes bien mécontent de moi, n’est-ce pas ? […] que Mirabeau le sentait lorsque, impatient de ces éternelles remises de l’« homme aux indécisions » (c’est ainsi qu’il appelle La Fayette), et de cette pudibonderie si hors de propos, irrité de voir en tout et partout les honnêtes gens de ce bord en réserve et en garde contre lui, il s’écrie : « Je leur montrerai ce qui est très vrai, qu’ils n’ont ni dans la tête, ni dans l’âme, aucun élément de sociabilité politique. » Et relevant la tête en homme qui, avec ses taches, avait son principe d’honneur aussi et le sentiment de sa dignité, il écrivait un jour (1er décembre 1789) à La Fayette, sans craindre d’aborder le point délicat et qui recelait la plaie : J’ai beaucoup de dettes, qui en masse ne font pas une somme énorme ; j’ai beaucoup de dettes, et c’est la meilleure réponse que les événements puissent faire aux confabulations des calomniateurs. […] Il s’épuise à vouloir opérer en Louis XVI cette métamorphose d’un roi honnête et timide, brusque et faible, en un roi ferme et ouvert, qui aille tête levée, qui ose tout ce qu’il faut pour son salut, pour celui de la monarchie et de la société.
À quoi cette poésie peut-elle servir, sinon à égarer notre bon sens, à jeter le désordre dans nos pensées, à troubler notre cerveau, à pervertir nos instincts, à fêler nos imaginations, à corrompre notre goût, et à nous remplir la tête de vanité, de confusion, de tintamarre et de galimatias ? […] Un critique allemand de 1680, Bentheim, se sent désarmé, parce que, dit-il, Shakespeare est une tête pleine de drôlerie. […] Après ces paroles de Pope, on ne comprend guère à quel propos Voltaire, ahuri de Shakespeare, écrit : « Shakespeare, que les anglais prennent pour un Sophocle, florissait à peu près dans le temps de Lopez (Lope, s’il vous plaît, Voltaire) de Vega. » Voltaire ajoute : « Vous n’ignorez pas que dans Hamlet des fossoyeurs creusent une fosse en buvant, en chantant des vaudevilles, et en faisant sur les têtes des morts des plaisanteries convenables à gens de leur métier. » Et, concluant, il qualifie ainsi toute la scène : « Ces sottises ». […] Le lyrisme est capiteux, le beau grise, le grand porte à la tête, l’idéal donne des éblouissements, qui en sort ne sait plus ce qu’il fait ; quand vous avez marché sur les astres, vous êtes capable de refuser une sous-préfecture ; vous n’êtes plus dans votre bon sens, on vous offrirait une place au sénat de Domitien que vous n’en voudriez pas, vous ne rendez plus à César ce qu’on doit à César, vous êtes à ce point d’égarement de ne pas même saluer le seigneur Incitatus, consul et cheval. […] Raffinement, excès d’esprit, afféterie, gongorisme, c’est tout cela qu’on a jeté à la tête de Shakespeare.
S’il peint à la manière flamande ses premiers plans, choisis avec le discernement et le sentiment d’un Ruysdaël, d’un Potter ou d’un Wouvermans, il n’en lève pas moins parfois les regards vers les cimes ; et par échappées, sur les têtes de ses personnages, un trait plus hardi, plus fier, plus grandement rêveur, nous rappelle la magnifique et immense Nature qui surplombe tous les petits cadres où Topffer s’enferme, des pies nuageux ou irisés de ses sommets. […] Le bel œil bleu, à fleur de tête, de cet honnête Topffer, est un œil de myope, un œil qui glisse, qui n’étreint point, qui ne pénètre pas. […] Seulement Sterne a un de ces tranquilles regards qui fendent le cœur sur lequel ils descendent, comme la flèche de Tell fendit la pomme sur la tête blonde de son fils.
… La tête de la vieille France se dessécherait-elle ? […] De 1848 à 1852, si vous exceptez, dans l’erreur inouïe, les œuvres de Proudhon, et, dans la beauté pure de la vérité chrétienne, le grand livre de Blanc-Saint-Bonnet (De la Restauration française), deux sortes de productions contraires, mais qui, erreur et vérité à part, sont de ces têtes de saumon qui valent mille grenouilles, comme disait le duc d’Albe, vous n’avez plus rien, pas même les grenouilles, quoique à cette terre généreuse les hommes médiocres n’aient jamais manqué. […] Proudhon, nous l’avons dit, croit ou feint de croire à la ruine de ce que l’histoire du monde appelle la politique, et à laquelle il substitue un ordre économique, impossible, il est vrai, à concevoir avec l’état actuel de la tête humaine.
Ils ramenaient toutes les fonctions de l’âme à trois parties du corps, la tête, la poitrine, le cœur. À la tête, ils rapportaient toutes les connaissances, et comme elles étaient chez eux toutes d’imagination, ils placèrent dans la tête la mémoire, dont les Latins employaient le nom pour désigner l’imagination.
Ceux-ci, fort anxieux, écoutaient le vieillard en hochant la tête. […] Elles battaient le linge et levaient la tête pour sourire. […] Le turban sur la tête, il portait des vêtements tout azurés. […] Il secoua la tête. […] belle, priez pour vos péchés, car je vous couperai la tête.
Elle avait la tête renversée en arrière, avec un regard flottant entre ses paupières entrouvertes, et de la bouche de la jolie fillette sortaient toutes les impuretés, toutes les obscénités, toutes les salauderies imaginables, ainsi que le flot de purin d’un fumier — cela, pendant que pleurait auprès d’elle une vieille tante, en se cachant la figure dans ses mains. […] Et à chaque tête qui passe, à chaque lettre qu’on apporte, j’attends toujours la terrible annonce : « Nous sommes saisis. » En regagnant le chemin de fer d’Auteuil, j’ai une de ces joies enfantines d’auteur, je vois un monsieur, qui, mon livre à la main, sans pouvoir attendre sa rentrée chez lui, le lit en pleine rue, sous une petite pluie qui tombe. […] » Je suis reconnaissant à la femme de cette phrase qui me la dévoile, dans le fond de sa pensée, comme préoccupée des menaces suspendues sur ma tête. […] Et tous deux se plongent, avant de manger, dans la lecture d’imprimés immenses, où les raccourcis de la face pâle de la femme, où les raccourcis de la tête de bossu méchant du jeune homme, prennent, sous le gaz, l’aspect effrayant d’un ménage de larves, vivant de correspondances étrangères. […] La Truchotte, la marchande d’écrevisses, chez laquelle nous allons, une vieille femme, la tête nue, où il y a une raie, comme un large tracé d’une route vicinale, en un pays de landes.
Privé de son plus puissant auxiliaire, le Dr Pusey, dans ces derniers temps, est resté plus à la tête des idées que des passions de son parti, et dans une attitude si désarmée qu’on dirait qu’il médite en silence quelque lente et suprême résolution. […] Non seulement elle passe de bien haut dans l’histoire par-dessus la tête vautrée de Henri VIII et de son Établissement, mais elle traite, avec une voix dont nous connaissons l’accent, nous, catholiques et romains, toute intervention de l’État dans l’Église, d’usurpation et de violation de droit. […] Il se plaça à la tête des membres de l’Université qui portèrent une censure courageuse sur le choix prostitué du gouvernement. […] Quant à Oakeley, fellow, comme Ward, du collège de Balliol, chanoine de Lichfield et curé de Sainte-Marguerite de Londres, l’un des esprits les plus distingués de son Église, il avait noblement appelé sur sa tête la condamnation qui avait frappé Ward. […] Une telle démonstration n’indiquait-elle pas éloquemment le désespoir d’une Église qui fut toujours exclusive, mais qui mendiait des auxiliaires pour tenir tête à ce papisme abhorré, avec lequel elle avait rompu ?
De temps à autre, le singe se grattait de brefs coups de patte saccadés et le lièvre, qui redoute sans cesse d’être surpris par quelque ennemi de sa race, ne pouvait s’empêcher à tout instant de tourner la tête tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. […] » — « Ce n’est pas plus singulier que de te voir sans répit tourner la tête dans toutes les directions !
L’ Éducation sentimentale confirme suffisamment le vide de tête qu’avait affirmé Salammbô. […] Or, ce style, c’est la description, une description infinie, éternelle, atomistique, aveuglante, qui tient toute la place dans son livre et remplace toutes les facultés dans sa tête. […] Un jour, l’empereur Napoléon, qui voyait le fond des têtes comme il voyait le fond des cœurs, écrivait en Espagne à son frère Joseph, dont il était mécontent : « Vous avez un défaut terrible qui empêche toute action, toute décision et tout courage, c’est ce genre d’imagination qui, surtout, se fait des tableaux. […] Moreau, comme Joseph-Bonaparte, voit dans sa tête toutes les choses qu’il craint, et les décrit comme si elles étaient arrivées. […] Et si, un jour, on a cru voir la crinière du lionceau pointer autour de la tête de ce nouveau venu en littérature qui publia Madame Bovary, elle ne poussa bientôt plus, et le lion qu’on avait cru voir dans Flaubert, et qui s’est détiré opiniâtrement toute sa vie pour sortir de sa gaine, n’en est point sorti, et même ses efforts pour en sortir l’y ont enfoncé davantage !
Seulement, dans ces contes à la Meissonier pour la peinture, dans ces intailles bonnes, à ce qu’il semble, pour faire l’agrafe d’un bracelet ou la tête d’une épinglette, y a-t-il trace d’émotion ? […] Est-ce qu’il peut, ce page de génie, capable de tourner la tête de toutes les demoiselles des Trois Cousines de la terre, devenir jamais fort et profond ? […] La tête inclinée sur l’épaule, sa canne aux dents comme une clarinette, l’illustre et lugubre farceur s’avança jusqu’au milieu de la chambre et vint se jeter contre ma table en disant d’une voix dolente : “Ayez pitié d’un pauvre aveugle !” […] Le cadre accepté, la tête prise là-dedans, il a fait un livre sincère. […] — mendiant, sans toit, la pluie et les éclairs sillonnant sa tête insensée.
Et il lui conseille de ne point se soucier de ceux qui menacent de changer de parti si lui-même il ne change sur l’heure de religion : Gardez-vous bien de juger ces gens-là sectateurs de la royauté pour appui du royaume, ils n’en sont ni fauteurs ni auteurs… Quand votre conscience ne vous dicterait point la réponse qu’il leur faut, respectez les pensées des têtes qui ont gardé la vôtre jusques ici ; appuyez-vous, après Dieu, sur ces épaules fermes, et non sur ces roseaux tremblants à tous vents ; gardez cette partie saine à vous, et dedans le reste perdez ce qui ne se peut conserver. […] de trier aussitôt parmi les catholiques ceux qui sont plus attachés à la royauté qu’au pape ; une bonne partie de ces catholiques sont tout prêts et s’offrent à servir, le maréchal de Biron en tête ; cela suffit : « Serénez votre visage, usez de l’esprit et du courage que Dieu vous a donnés, voici une occasion digne de vous. » La raison par laquelle il conclut est celle qui est la meilleure pour appuyer tous conseils de ce genre, et qui est le grand renfort des arguments : N’ignorez pas que vous êtes le plus fort ici ; voilà plus de deux cents gentilshommes de votre cornette dans ce jardin, tous glorieux d’être au roi ; si votre douceur accoutumée et bienséante à la dignité royale et les affaires présentes n’y contredisaient, d’un clin d’œil vous feriez sauter par les fenêtres tous ceux qui ne vous regardent point comme leur roi. […] Cependant d’O, à la tête de plusieurs gentilshommes catholiques, vient porter la parole et sommer en quelque sorte Henri IV, en recueillant la couronne, d’en accepter en même temps toutes les conditions : la première est de rentrer au giron de l’Église ; c’est à ce prix qu’il dépouillera du coup le roi de Navarre et ses misères pour revêtir d’emblée le bonheur et l’excellence d’un roi de France. […] Avec infiniment plus de moralité assurément que Bussy-Rabutin ou que Bonneval, il a comme eux une faculté de satire et de riposte dont il abuse ; sa réplique a volontiers un air de défi qu’il vous jette à la tête, en sous-entendant à peine : « Prenez-le comme vous voudrez. » Et puisque j’en suis à rassembler autour de lui les noms qui peuvent servir à le mesurer et à le définir, je dirai encore qu’il participe à cette démangeaison de Henri Estienne et de ces gens d’esprit pétulants qui se donnent avant tout la satisfaction d’imprimer leurs fantaisies, sauf à s’attirer bientôt des affaires sur les bras et à ne trop savoir comment en sortir.
Dans les simples et judicieuses pages qu’il a mises en tête, M. […] Encadrée comme elle l’était dans la maison de Port-Royal, amenée après des années de recueillement et de paix à être témoin et, qui plus est, champion de contentions opiniâtres, jetée forcément au milieu des luttes, et placée même depuis la mort de sa sœur à la tête de la résistance, elle sut conserver un caractère de douceur inaltérable, une physionomie paisible et presque souriante. […] Assurément la mère Agnès connaissait Mme de Sévigné et l’avait entendue causer, puisqu’un jour que cette aimable femme était venue au couvent de la Visitation de la rue Saint-Jacques où se trouvait alors reléguée la mère Agnès par ordre de l’archevêque, et avait demandé à la voir sans en obtenir la permission, la recluse et prisonnière écrivait à l’oncle : « J’aurais beaucoup perdu du fruit de ma solitude si j’avais eu l’honneur de voir Mme de Sévigné, puisqu’une seule personne qui lui ressemble tient lieu d’une grande compagnie. » Cette religieuse, on le voit, connaissait son monde ; causer en tête à tête avec Mme de Sévigné, c’était posséder plusieurs femmes d’esprit à la fois.
À chaque instant, on croit qu’elle va se lever, cette cravache indignée, dans la main de ce prêtre mâle et ferme, qui exige si nettement ce qu’on lui doit, ne fût-ce que pour éviter d’être foulé, lui et la considération de tout prêtre venant après lui en Chine, sous les pieds d’un peuple lâche, gouverné par le bâton, et qui a toujours besoin de sentir le vent du bambou sur sa tête ! […] Aussi corrompus, aussi lâches, aussi impuissants les uns que les autres, les Chinois de l’attaque lutteront avec des chances diverses contre les Chinois de la défense, et cette lutte pourrait, pendant longtemps, immobiliser le jeu aléatoire de toutes les horreurs, n’était l’idée de la condamnation par le sort de la race Mandchoue (actuellement régnante), qui commence déjà d’envahir ces têtes fatalistes et qui décidera probablement de la victoire ! […] Bien des esprits ne comprendront rien, sans doute, à cette attitude silencieuse et expressive, à cette impersonnalité du penseur, dont la tête doit bouillonner et qui se contente d’être un réflecteur impassible. […] C’est un peuple dont la spiritualité n’est plus dans la poitrine, mais dans la tête.
certainement, l’honorable mais doux Honoré, n’est pas homme à laver la tête à Michelet avec la potasse qui convient… Trop grosse besogne pour une modestie qui s’est fortifiée par l’étude ! […] … » comme l’Empereur expirant disait : « Tête de pont, corps d’armée ! […] C’est des Mémoires du duc de Luynes, qui disent la princesse petite à treize ans, mais vive et gaie, la tête un peu grosse pour sa taille, qu’il ne craint pas de tirer la conséquence du rachitisme ! Cependant, il ne peut s’empêcher de convenir qu’en dépit de sa laideur la tête est intelligente, l’œil vif, la mine éveillée, mais, allez !