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1146. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Peu de fortune de chaque côté : de l’un assez d’ambition, une mère ultra, vaine de son titre, de son fils, et l’ayant déjà promis à une parente riche, en voilà plus qu’il ne faut pour triompher d’une admiration plus vive que tendre ; de l’autre, un sentiment si pudique qu’il ne s’est jamais trahi que par une rougeur subite, dans quelques vers où la même image se reproduisait sans cesse. […] Sans doute il ignore l’excès de cette préférence, mais il en sait assez pour regretter un jour d’avoir sacrifié le plus divin sentiment qu’on puisse inspirer, aux méprisables intérêts du grand monde72. » M. de Vigny ne se maria qu’en quittant le service : il n’épousa pas sa riche parente, mais une Anglaise qu’il avait rencontrée dans le midi et dont le père, grand original, assure-t-on, avait parfois quelque peine à se rappeler le nom du poète son gendre.

1147. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le poète reçut de Benoît XII, en récompense de cette ode, un canonicat avec un riche bénéfice ecclésiastique dans l’évêché de Lombez. […] Pétrarque rentra avec eux à Avignon, harangua éloquemment le pape, et reçut en récompense de sa harangue un riche bénéfice dans l’État de Pise.

1148. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Un large collier, en lames de cuivre, pend sous leur poitrail, luxe du riche laboureur plutôt qu’une nécessité de l’attelage. […] Il dit que son soleil, à lui, baisse aussi, que sa famille est établie et prospère, que ses champs sont riches de gerbes, que ses cheveux blancs, qui s’échappent de son chapeau sur ses tempes amaigries et pâles, lui annoncent la fin des labours et des moissons ici-bas, et que l’automne de la terre lui prédit sa propre automne.

1149. (1860) Cours familier de littérature. X « LVe entretien. L’Arioste (1re partie) » pp. 5-80

Mais il se sentait trop riche d’imagination et de poésie pour en gaspiller les trésors en menue monnaie de cour et de fêtes, dans une capitale de province. […] — Cette charmante veuve, répondit le professeur, était de la riche famille des Amerighi de Florence dont un membre, Amerighi Vespuzio, donna son nom au nouveau monde.

1150. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (3e partie) et Adolphe Dumas » pp. 65-144

Je suis riche, très riche, ajouta-t-il ; regardez, j’ai plus de cent écus dans cette bourse ; j’ai ma pension de poète à toucher incessamment par quartiers ; c’est vous qui êtes pauvre, puisque vous avez employé vingt ans de politique à vous appauvrir, et que vous devez vos jours et vos nuits à vos créanciers, que le travail ne solde pas assez vite.

1151. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Au printemps et en été, le gazouillement du mâle, qu’il répète par intervalles, est plein, riche et mélodieux. […] Un matin, de bonne heure, je vins à ma grotte : les rayons brillants du soleil coloraient de riches teintes chaque objet autour de moi.

1152. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Qui croirait aujourd’hui, en parcourant les châteaux dont la Renaissance a semé les bords de la Loire, en voyant ces merveilles d’élégance et de délicatesse, à la fois si sobres et si riches dans leur ornementation, qu’à certaines époques ils ont déplu au point d’être regardés comme indignes d’être conservés ? […] Si l’historien peut glaner de la sorte quelques renseignements utiles, plus riche est la moisson qu’il a droit d’espérer des fêtes religieuses ou patriotiques, populaires ou princières, auxquelles l’esprit a été si souvent intéressé.

1153. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VIII »

Dans les parties itères et pleines de reproches, elle ressemble à celle de Wotan au second acte de la Walküre ; lorsque la douleur l’accable, l’allitération disparaît et la rime prend sa place, une rime riche et très sonore. […] Si le lecteur veut bien prendre le poème à la main, il verra comment dans le premier duo, l’allitération persiste, comment la rime s’y introduit peu à peu ; il verra que dans le second duo, la seule allitération qu’on puisse trouver est celle si douce et vague de voyelles initiales, et que la rime y est particulièrement riche et harmonieuse ; et il verra que dans le troisième duo, l’allitération n’existe plus, au fond, tandis que beaucoup de vers sont littéralement presque réduits à des syllabes dont la fonction est de faire musique en rimant avec d’autres.

1154. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Un appartement riche et banal ressemblant à ces appartements meublés, qu’on loue aux provinciaux pour le mariage d’une fille riche.

1155. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Et comme je me récriais à propos de l’audace de l’assertion : “Et l’Alsace, et la Lorraine seront à jamais perdues pour vous, reprit le comte, parce que les petits États s’en vont, et que la faveur est pour les grands, parce que vous ne vous doutez pas de ce que l’Allemagne, après sa consolidation et votre amoindrissement, deviendra comme puissance maritime, et quelle préférence auront, en ce temps d’intérêt matériel, vos anciens nationaux pour un grand pays riche, qui demandera beaucoup moins d’impôts que leur ancienne patrie.” » « Un autre fait, messieurs, que je vous demande la permission de citer. […] Vendredi 21 juin Je dîne ce soir, chez Riche, avec Flaubert, qui passe à Paris pour se rendre à l’inauguration de la statue de Ronsard, à Vendôme.

1156. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

N’étant pas assez riche pour fournir à moi seul les fonds manquants, n’ayant reçu d’aucun membre de la Société la demande de compléter entre amis, la somme de 2 000 francs, répugnant à rouvrir une souscription qui depuis plusieurs années n’avait pas réuni 9 000 francs, je me rendais au vœu du Conseil général et je demandais, le mois dernier, une représentation au Théâtre-Français. […] Et il me dit son bonheur de se coucher maintenant, à deux heures du matin, revenant à ces années de vie commune avec sa danseuse de corde où il se couchait à cinq heures, forcé de s’installer avec elle, après la représentation, chez Riche jusqu’à une heure du matin, puis de déménager avec elle chez Hill, où ils demeuraient jusqu’à trois heures, puis de passer encore une heure dans un bar, en face, où se réunissaient tous les saltimbanques de Paris, l’homme qui marchait sur un doigt de la main, etc., etc., etc.

1157. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Le Comte Léon Tolstoï »

Or la réalité est aussi riche en corruption qu’en pureté, en douleur qu’en joie, en cruauté qu’en bonté ; les carnages et les débauches y côtoient les innocences et les continences ; l’amour de l’or, l’ambition, la perversité, la soif de jouissances, sont des mobiles plus puissants que les vertus qui les contredisent ; celui-là seul peut trouver plaisir à contempler la vie, qui considère sans horreur le mal dont elle est faite comme le bien, sinon la colère et les froissements sont continuels ; l’on s’en détourne, l’on s’en indigne ou l’on s’en contriste, mais l’on cesse d’en connaître. […] Cet homme qui jeune, fut musculeux et trapu, le visage oblong, le front bombé par les côtés et arrondi par le haut, les yeux clairs enfoncés sous les sourcils broussailleux, le nez puissant, les lèvres charnues et rondes dans la barbe épaisse, l’air énergique et mâle, brusque et bon, bien Russe, qui, né noble et riche, prit part aux guerres du Caucase et à la défense de Sébastopol, qui parcourut l’Europe, mena à Saint-Pétersbourg et Moscou la grande vie du gentilhomme, qui fut cassant et orgueilleux, insolent pour Tourguénef, qui devint célèbre et dont la gloire a conquis ces dernières années la France et l’Allemagne, s’est tout à coup détourné de sa nature, de son génie, de sa renommée et contraint mystérieusement par les commandements de sa conscience, renonçant à ses habitudes, à ses appétits, à l’exercice de sa puissante intelligence, s’est retiré du monde, de l’art, de la jouissance même de ses richesses.

1158. (1856) Cours familier de littérature. II « XIIe entretien » pp. 429-507

Il étend au loin ses racines ; Comme un troupeau sur les collines Sa famille couvre Ségor : Puis dans un riche mausolée Il est couché dans la vallée, Et l’on dirait qu’il vit encor. […] Parmi les hommes, les uns meurent pleins de jours, riches et heureux, les autres dans l’amertume de leur âme, sans avoir goûté aucun bien ; et cependant tous dorment ensuite également dans la poussière, et les vers rampent également sur leurs cadavres ! 

1159. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Son père, déjà vieux, riche et noble seigneur, Quoique avare, l’aimait, et n’avait de bonheur Qu’à la voir admirer, et quand on disait d’elle Qu’étant la plus heureuse, elle était la plus belle. […] — l’âge où la femme, au jour de sa naissance, Sortit des mains de Dieu si blanche d’innocence, Si riche de beauté, que son père immortel De ses phalanges d’or en fit l’âge éternel !

1160. (1926) L’esprit contre la raison

D’ailleurs, si nul ne peut même songer à en vouloir aux beaux animaux de sang assez riche, de chair assez confusément opulente pour opposer une tête et un corps en toute spontanéité victorieux des pièges sentimentaux et des méchancetés de l’intelligence, quel moyen d’accepter les calembredaines et syllogismes truqués des anémiques, sots et pédants qui, à grand fracas, se réclament de civilisationl, parlent avec ostentation de vie morale et, en fait, se contentent d’user de principes à double fond pour composer un bonheur dont la source n’a point jailli de ce morceau d’eux-mêmes où il eût été, sinon héroïque, du moins décent qu’ils tentassent de la faire sourdre. […] Le fait divers défraya la chronique en 1924 : l’assassinat du fils d’une riche famille de Chicago Bobby Franck, 14 ans, par deux jeunes gens eux-mêmes fils de milliardaires, étudiants brillants, Nathaniel Leopold, fasciné par Nietzsche, et Richard Loeb.

1161. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Pauvre comme il était, ce fut un de ses amis, un riche généreux, l’un des Crozat, qui paya ses bulles.

1162. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Après avoir conseillé surtout l’étude de la botanique, comme propre à calmer l’âme et à lui ouvrir une source d’aimables et faciles jouissances, il montre le promeneur fatigué rentrant plus riche le soir dans sa pauvre chambre : « Oh !

1163. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Ô justesse dans la vie, ô égalité dans les mœurs, ô mesure dans les passions, riches et véritables ornements de la nature raisonnable, quand est-ce que nous apprendrons à vous estimer ?

1164. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

S’il avait vécu à Paris, sa plume élégante et qui cherchait des sujets où s’employer, eût peut-être aspiré à l’histoire, l’histoire écrite en beau style et traitée comme on l’entendait alors : « Je me serais hasardé à composer une histoire de quelqu’un de nos rois. » Mais vivant en province, loin des secours et des riches dépôts, il finit par s’accommoder très bien de cet obstacle à un plus grand travail, et sauf quelques heures d’étude facile dans le cabinet, il passa une bonne partie de sa vie à l’ombre dans son jardin, au jeu, aux agréables propos et en légères collations.

1165. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Le même Mérard de Saint-Just a tracé de Bailly, après sa mort, un Éloge historique qui ne brille point par la simplicité ni par une justesse de ton continue, mais qui est riche de détails, de souvenirs, et dans lequel tous les biographes ont largement puisé.

1166. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

On ne saurait rien voir de plus riche, de mieux travaillé et de plus agréable.

1167. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Ce sont des grandes âmes, riches, heureuses.

1168. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — II » pp. 369-387

De riches provinces, de grandes villes seront en votre pouvoir ; vous y trouverez honneur, gloire et richesses.

1169. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

La vie que Santeul menait à l’abbaye de Saint-Victor nous paraît assez extraordinaire chez un homme de cloître et un moine ; elle ne le paraissait pas trop à ses confrères ni à ses supérieurs, qui se contentaient de le rappeler quelquefois au bercail quand il s’en écartait trop longtemps et qu’il s’oubliait pendant des mois dans les riches maisons de campagne où on l’invitait.

1170. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

Mais Ronsard, qui n’a plus que des rencontres et par-ci par-là de ces bons accidents, s’en prend alors de son peu d’entrain et de son ralentissement aux rois et princes qui ne l’ont pas assez récompensé ni fait assez riche : au fond, il ne devrait s’en prendre qu’à lui et à sa nature.

1171. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Le voyage de nuit à cheval, les abords et l’aspect de la riche ferme dite des Bertaux, l’arrivée, l’accueil que lui fait la jeune fille qui n’est pas du tout une paysanne, mais qui a été élevée en demoiselle dans un couvent, l’attitude du malade, tout cela est admirablement décrit et rendu de point en point comme si nous y étions : c’est hollandais, c’est flamand, c’est normand.

1172. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — II » pp. 435-454

M’aperçois-je jamais que je suis riche, sinon par la contrainte que ma condition m’impose ?

1173. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Le trône écroulé, le roi arrêté et mis en jugement, lui, prince du sang, il se figurait qu’il allait continuer de vivre à Paris à son aise, dans les plaisirs et en riche citoyen ; et son amie Mme de Buffon, femme gracieuse, qui montra plus tard bien du dévouement, écrivait au duc de Biron (un autre intime), alors à la tête de l’armée du Rhin, une lettre curieuse, incroyable34, où elle lui racontait à sa manière et sur un ton badin, les événements du 10 août, les arrestations qui en étaient la suite, les exécutions qui devaient commencer le lendemain au Carrousel : Au milieu de ces arrestations, disait-elle, Paris est calme pour ceux qui ne tripotent point. — J’oubliais de vous dire que Mme d’Ossun est à l’Abbaye.

1174. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur.

1175. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

Et le 7 septembre 1811 il écrivait encore, et de Coppet même : « Il n’arrive jamais à Mme de Staël de se mettre à la place des autres, et tout son esprit ne lui suffit pas pour comprendre ce qui n’est pas elle ; et puis, si l’on voulait bien entendre les riches, il n’y aurait de malheur que pour eux.

1176. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Après son premier jet poétique et sa première moisson si riche, si puissante et comme indomptable, il s’apaisa, parut avoir tout donné, et se mit à étudier le monde en savant.

1177. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Les grands, les riches, les heureux du siècle seraient charmés qu’il n’y eût point de Dieu ; mais l’attente d’une autre vie console de celle-ci le peuple et le misérable.

1178. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise par M. Taine. »

On admire cette drue végétation, cette sève verdoyante, inépuisable, moelle d’une terre généreuse ; mais on lui voudrait parfois plus d’ouvertures et plus d’éclaircies dans ses riches Ardennes.

1179. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Legkzinska »

. — Il a plusieurs parents peu riches, mais on ne sait rien de personnel qui soit désavantageux à cette famille. » Ce maigre éloge tout négatif fut le point de départ.

1180. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Quand je dis que cette langue romane des xie et xiie  siècles est sortie du latin vulgaire et populaire graduellement altéré, j’ai peur de me faire des querelles ; car, d’après les modernes historiens philologues, les transformations du latin vulgaire ne seraient point, à proprement parler, des altérations : ce seraient plutôt des développements, des métamorphoses, des états successifs soumis à des lois naturelles, et qui devinrent décidément progressifs à partir d’un certain moment : il en naquit comme par voie de végétation, vers le xe  siècle, une langue heureuse, assez riche déjà, bien formée, toute une flore vivante que ceux qui l’ont vue poindre, éclore et s’épanouir, sont presque tentés de préférer à la langue plus savante et plus forte, mais plus compliquée et moins naïve, des âges suivants.

1181. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Depuis les Harmonies, on attendait une preuve poétique qui y répondît, quand Jocelyn vint annoncer comme une nouvelle manière : Jocelyn était un début dans l’ordre des compositions ; bien que la fable n’en fût pas bien difficile à inventer, elle était touchante, elle prêtait aux plus riches qualités du poëte, et l’induisait sans violence à des tons rajeunis.

1182. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Jocelyn d’une part, de l’autre les Paroles d’un Croyant et les Affaires de Rome, sont, à ne voir que l’écrivain même, d’admirables et riches preuves de puissance et de fertilité.

1183. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Par bonheur, une jeune femme riche et belle, madame d’Hervart, s’attacha au poëte, lui offrit l’attrait de sa maison, et devint pour lui, à force de soins et de prévenances, une autre La Sablière.

1184. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

Je faisais plus d’une de ces réflexions, à part moi, durant ce riche discours tout semé et comme tissu de poésie, et je me demandais tout bas, par exemple, ce que penserait l’élégance un peu effacée du défunt en s’entendant louer par l’élégance si tranchée de son successeur.

1185. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

Discret sur les choses établies, respectant les croyances d’autrui, se contentant de conseiller aux hommes un meilleur emploi de leur santé, de leur argent et de leur vie, sévère pour les riches, parce que tous les exemples bons ou mauvais viennent d’eux, exhortant l’Europe à la paix, non pas en politique, mais en sage, il recommande à tous un genre de vie formé sur le modèle du sien, dans l’ordre, la dignité et le travail.

1186. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

Mallarmé orientait ses propos, avec un art invisible et discret, vers l’idéalité la plus haute sans négliger pourtant de cueillir en chemin toutes les fleurs de sa riche fantaisie.

1187. (1890) L’avenir de la science « XVI »

Les plus profonds linguistes ont été étonnés de trouver, à l’origine et chez les peuples qu’on appelle enfants, des langues riches et compliquées.

1188. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Le sentiment de la ‘puissance, de la supériorité, du pouvoir proprement dit : le plaisir du riche propriétaire, du chef d’une manufacture, de l’homme d’Etat, du millionnaire, du savant qui découvre, de l’artiste qui réussit.

1189. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Tapissier lamartinien, il transporte son délayage dans un riche salon de collectionneur.

1190. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Ce sont des hommes qui ont nos idées et qui les ont dans la mesure et dans le sens où il nous serait bon de les avoir, qui entendent le monde, la société, particulièrement l’art d’y vivre et de s’y conduire, comme nous serions trop heureux de l’entendre encore aujourd’hui ; des têtes saines, judicieuses, munies d’un sens fin et sûr, riches d’une expérience moins amère que profitable et consolante, et comme savoureuse.

1191. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Lettres inédites de l’abbé de Chaulieu, précédées d’une notice par M. le marquis de Bérenger. (1850.) » pp. 453-472

Ceux qui, à en juger par une lecture légère, croiraient Chaulieu un petit poète abbé, musqué et mythologique, se tromperaient fort : c’était une nature brillante et riche, un génie aisé et négligé, tel que Voltaire nous l’a si bien montré dans Le Temple du goût.

1192. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Ce livre nous introduit dans un riche ménage d’honnêtes gens d’alors, et l’on en sait chaque détail comme si l’on y avait vécu.

1193. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Je vous proteste que, s’il y avait un prince étranger assez riche, assez habile, assez audacieux, vous verriez en France une révolution semblable à celle de 1688 en Angleterre.

1194. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Patru. Éloge d’Olivier Patru, par M. P. Péronne, avocat. (1851.) » pp. 275-293

Sa mère qui, veuve d’un riche procureur au Parlement, voulait qu’il devînt un avocat célèbre, lui voyant de l’aversion pour ses cahiers, les jetait elle-même au feu, et lui donnait des romans à lire.

1195. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

On croyait, en général, qu’il improvisait : il avait à un haut degré cette faculté d’improvisation, mais il ne la séparait point des ressources toujours présentes d’une riche mémoire.

1196. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Cette solennité pathétique fait un peu sourire, quand on songe que tout cela n’avait pour effet que d’associer Beaumarchais à des gains d’affaires, à des intérêts dans les vivres, et de le rendre riche à millions.

1197. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Cela tient, je suppose, à ce qu’il a toujours vécu trop près de sa pensée, n’ayant jamais eu l’occasion de la développer en public : en effet, sa santé délicate, sa voix faible et qui a besoin de l’oreille d’un ami, n’a jamais permis à ce riche talent de se produire dans l’enseignement ou dans les chaires.

1198. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre I : La politique — Chapitre II : Philosophie politique de Tocqueville »

Senior, l’un des amis et l’un des correspondants de Tocqueville ; mais celui-ci s’opposait de toutes ses forces à cette prétention, et affirmait que, dans la constitution anglaise, le bien du pauvre est sacrifié à celui du riche.

1199. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Et ce moi d’emprunt, vivant d’une vie plus riche que le moi proprement dit, c’est encore nous-mêmes.

1200. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Il y eut telle page qui rappela les lamentations sublimes de Byron et de Lamartine ; l’accent fut si sincère, la douleur si grande, l’expression si riche, qu’il faut tout citer53 : Le jour était venu où, du sein de ce paisible édifice, de la religion qui m’avait recueilli à ma naissance, et à l’ombre duquel ma première jeunesse s’était écoulée, j’avais entendu le vent du doute, qui de toutes parts en battait les murs et l’ébranlait jusque dans ses fondements.

1201. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XII : Pourquoi l’éclectisme a-t-il réussi ? »

Rien de plus aisé qu’un nom à faire ou à défaire ; le dictionnaire est riche, et le dictionnaire manquant, on peut inventer.

1202. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Beaucoup moins riche que son ami, il fut obligé longtemps de donner des leçons pour vivre.

1203. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Nous ne voulons pas garantir l’authenticité de tous les bons mots qu’on lui prête, ni de ces paroles sacrilèges avec lesquelles on prétend qu’il termina sa vie : « Tirez le rideau, la farce est jouée. » Mais on ne prête guère qu’aux riches, et nous ne pouvons nous empêcher de croire que le ridicule a paru à Rabelais le premier et le dernier mot de la vie humaine. […] Cela ne se passoit pas sans penible solicitude : j’en fesois un secret ; et moy, qui ose tant dire de moy, ne parlois de mon argent qu’en mensonge, comme font les aultres qui s’appauvrissent riches, s’enrichissent pauvres, et dispensent leur conscience de jamais tesmoingner sincerement de ce qu’ils ont. […] La forme la plus lumineuse, la plus compréhensive, le point de vue le plus riche, semblent être échus en partage à chacune de ses pensées. […] Dans le germe caché et fécond contemplé ou conçu par le génie poétique, celui-ci saisit l’individualité riche, puissante, variée, toujours concrète, des êtres qu’il met en scène. […] » « Un homme fort riche peut manger des entremets, faire peindre ses lambris et ses alcôves, jouir d’un palais à la campagne et d’un autre à la ville, avoir un grand équipage, mettre un duc dans sa famille, et faire de son fils un grand seigneur : cela est juste et de son ressort.

1204. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

» Et c’est encore l’histoire arrivée à un riche Anglais de ses amis, qui reçoit, le même jour, congé de son valet de chambre, de son cocher, de son groom. […] * * * — Les vengeances du peuple contre les riches : ce sont ses filles. […] Singulier homme, vrai artiste, original qui a passé sa vie à faire des folies comme l’achat de cette maison, comme l’achat de sa grande maison de Paris, folies qui l’ont fait riche sans qu’il y songeât.

1205. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

de la contagion émanant des classes riches. […] Que signifie cette prétendue abolition des castes, qui crée des riches et des ilotes et ceci au nom de sciences qui, sous leurs noms de sophisme, mysticisme, gnosticisme, scholastique, Kabbale, Talmuds, n’ont rien su créer ? Cette science purement d’érudition, accessible aux riches seulement, cette science qui étouffe les voix de la conscience, est-ce vraiment la science ? […] car on sait que la charité individuelle ne guérit pas la pauvreté, et que la prédication n’entraîne pas les riches au renoncement. […] À l’art il demanderait plus d’émotion et de vie, et non point la fourniture donnée aux loisirs ou aux besoins de comparaison de telle classe assez riche pour acheter les livres, et certes il a raison.

1206. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

Or, ils s’entendaient avec eux-mêmes à leur manière, c’est-à-dire très différemment ; et cela d’abord était inévitable, ensuite c’était un bien, c’était un développement plus riche de la seule vraie unité philosophique, celle de la libre réflexion. […] Il était assez riche et fort bien né, fils d’un conseiller au parlement de Bretagne et lui-même seigneur du Perron. […] Voilà pourquoi, au lieu de demander une armée équipée à ses propres frais, par conséquent composée des meilleures familles, des riches et des Eupatrides, Périclès a fait une armée dans laquelle tout le monde, pauvres comme riches, pouvait entrer, une armée pénétrée de l’esprit du temps et capable de le défendre. […] La raison débute par une synthèse riche et féconde, mais obscure : vient après l’analyse qui éclaircit tout en divisant tout, et qui aspire elle-même à une synthèse supérieure, aussi compréhensive que la première et plus lumineuse. […] Jamais quart de siècle n’a produit autant d’écrits ingénieux et solides, ni préparé d’aussi riches matériaux aux généralisations du génie.

1207. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Certainement il commençait déjà à rimer, à vagabonder en vrai poëte, prenant part aux bruyantes fêtes rustiques, aux joyeuses pastorales figuratives, à la riche et audacieuse expansion de la vie païenne et poétique, telle qu’on la trouvait alors dans les villages anglais. […] il est bien vrai que j’ai erré à l’aventure et que j’ai fait de moi un bouffon, exposé aux yeux du public, ensanglantant mon âme et vendant à vil prix mes plus chers trésors180. » « Disgracié de la fortune181, dit-il encore ; disgracié aux regards des hommes, je pleure dans la solitude l’abjection de mon sort ; je jette les yeux sur moi, maudissant mon destin, me souhaitant semblable à quelqu’un de plus riche en espérances ; en beauté, en amis, dégoûté de mes meilleurs biens, me méprisant presque moi-même182. » On retrouvera plus tard les traces de ces longs dégoûts dans ses personnages mélancoliques, lorsqu’il parlera « des coups de fouet et des dédains du siècle, de l’injure de l’oppresseur, des outrages de l’orgueilleux, de l’insolence des gens en place, des humiliations que le mérite patient souffre de la main des indignes et qu’il souffre quand il pourrait se donner à lui-même quittance et décharge avec un poinçon de fer de six pouces183. » Mais le pire de cette condition rabaissée, c’est qu’elle entame l’âme. […] Au lieu d’un chemin uni, tracé par une suite régulière de jalons secs et sagement plantés, vous entrez dans un bois touffu d’arbres entrelacés et de riches buissons qui vous cachent et vous ferment la voie, qui ravissent et qui éblouissent vos yeux par la magnificence de leur verdure et par le luxe de leurs fleurs. […] Falstaff, chargé de faire des recrues, a vendu des exemptions à tous les riches, et n’a enrôlé que des coquins affamés et à moitié nus.

1208. (1932) Le clavecin de Diderot

Mon curé va chez les riches (bien sûr), chez les pauvres (ça lui plaît moins), chez les sportifs et même (qu’il dit), chez les poètes. […] Les noirs sont aux blancs des moyens, des occasions de se divertir, comme leurs esclaves, aux riches Romains du bas empire. […] Les romanciers dévoués à la cause des riches n’avaient cessé d’invoquer, en excuse au luxe insolent de certaines demeures, les conflits pathétiques dont elles étaient les théâtres. […] Juge et partie Ce petit raisonnement, il semble que répugnent de moins en moins à se le tenir les chérubins des quartiers riches, au sortir de leurs lycées.

1209. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Dans la forme d’argile, il a lu le sens de l’âme… » Il est au moins certain que la poésie persane fut très riche et très brillante avant le bon Saadi, dont l’œuvre semble même de moindre envergure que celle de ses grands devanciers. […] Ce n’est pas notre arc roman, ce n’est pas non plus notre ogive ; c’est quelque chose de nouveau, une ligne imprévue ; avec elle, on pénètre dans un autre royaume, le dénuement, la poésie, la riche fantaisie musulmane : d’un coup, on enjambe l’Orient. […] Il affirme donc « la priorité sur l’activité réfléchie d’une activité plus obscure et plus riche qui consiste dans la faculté de saisir immédiatement la vie »… Plus riche, je n’en jurerais pas, mais plus obscure, assurément. C’est cette intuition plus obscure et plus riche qui a, paraît-il, la vertu de ramener à Dieu. […] Ce garçon, riche et oisif, mène à Paris la vie d’étudiant ou de jeune littérateur, fréquente le cercle du Luxembourg, aligne de temps à autre quelques vers et s’ennuie, même sans lire Renan.

1210. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — II. (Fin.) » pp. 213-233

Il était riche d’ailleurs et serré ; il entassait les sacs d’écus derrière ses livres, avait maison rue Montorgueil et une campagne avec vigne à Chaillot.

1211. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

Oxford, comme toutes les institutions riches, sans contrôle, et livrées à elles-mêmes, était tombé peu à peu dans mille abus qu’on assure avoir été en partie corrigés ou diminués depuis.

1212. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Ainsi, dans le sermon Sur l’hypocrisie, on a le Tartuffe de Molière blâmé et dénoncé au point de vue de la chaire ; dans le sermon de L’Impureté, l’un des plus riches et des plus complets pour la science morale, sermon qui choqua et souleva une partie de la Cour, je ne répondrais pas qu’à un certain endroit il ne fût question des Contes de La Fontaine69 ; il y est certainement question des scandales que produisit l’affaire dite des poisons, où tant de personnes considérables furent impliquées (1680).

1213. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — II. (Suite.) » pp. 434-453

Je crois que vous verrez d’un coup d’œil combien ce sujet est vrai, riche et varié.

1214. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Tandis que celui-ci, gai, riant, plein de verve et sous ses airs d’Anacréon, semble avoir rempli sa destinée naturelle, La Fare fait plutôt l’effet d’avoir manqué la sienne ; on voit dans son exemple de riches facultés qui se perdent, et des talents distingués qui s’altèrent et s’abîment faute d’emploi ; on est involontairement attristé.

1215. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — II » pp. 159-177

La corolle était toute remplie, et les feuilles étaient tout humides ; à la voir avec poésie, on aurait dit qu’elle versait des pleurs pour ses boutons laissés à regret sur le riche buisson où elle avait fleuri.

1216. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

Dans des matières si diverses et où les particularités en apparence les plus minutieuses ne sauraient être négligées, le ministre a dû s’autoriser et s’aider (et il se plaît à le reconnaître) des rapports et des souvenirs de MM. les inspecteurs généraux ; il a joint les fruits de leur pratique à la sienne propre et à sa riche expérience universitaire.

1217. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — I » pp. 395-413

[NdA] On lit chez un autre écrivain français de Berlin, chez Ancillon, cette pensée, qui n’est que celle de Frédéric sous une forme plus générale : Il y a des âmes tellement riches, que, dans leurs développements successifs et graduels, elles semblent pouvoir remplir l’éternité : ces âmes prouvent l’immortalité de notre être.

1218. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Mirabeau, qui écrit à l’emporte-pièce, lui trouve en quelques endroits le style lâche ; le mot n’est pas poli ; nous le traduirons mieux en disant : c’est une suite, un enchaînement de raisons déduites avec largeur et un peu de complaisance, dans une langue riche, un peu traînante en effet, mais d’une belle plénitude morale, d’une élévation continue, et qui rencontre quelquefois des mouvements d’éloquence.

1219. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

J’ai travaillé, j’ai fait mon chemin… Je suis devenu entrepreneur de routes… Savez-vous que je suis maintenant un des premiers dans ma partie… Je suis riche… Mais, Mme la duchesse, c’est que tout cela vous appartient, on dit que vous n’êtes pas à l’aise.

1220. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

On comprit alors cette plainte obstinée d’une si riche nature ; les germes d’extinction et de mort précoce qui étaient déposés au fond de ses organes, dans les racines de la vie, se traduisaient fréquemment au moral par ce sentiment inexprimable de découragement et de défaillance.

1221. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Sans parler des meubles élégants, les murailles étaient revêtues de riches tapisseries de Flandre et décorées de plusieurs tableaux de sainteté ou de famille, dus au Titien, ce peintre favori de l’empereur et dont il avait même un jour, dit-on, ramassé le pinceau.

1222. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Les frères Le Nain, peintres sous Louis XIII, par M. Champfleury »

La forme du sien n’est peut-être pas élégante ni très-habilement ciselée : ce n’est ni la coupe antique moulée sur le sein d’Hélène, ni le riche hanap rehaussé de bosselures, ni le vase orné et ouvragé de la Renaissance ; la liqueur elle-même qu’il y verse, sent le terroir ; elle est un peu crue et âpre au palais, mais saine, nullement frelatée ni mélangée, et parfois réconfortante au cœur.

1223. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Oeuvres inédites de la Rochefoucauld publiées d’après les manuscrits et précédées de l’histoire de sa vie, par M. Édouard de Barthélémy. »

Il y a tant d’autres manières d’employer son temps, quand on est jeune, beau, riche, noble, un pied, je le crois, dans les fonctions publiques, que j’ai peine à m’expliquer, chez quelqu’un qui n’y est pas condamné par le sort, cette précipitation à écrire, à compiler, à copier, à éditer sans prendre même la peine de se relire.

1224. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

La représentation dans la grange, chez Bellombre, un ancien camarade qu’ils ont retrouvé près de Poitiers, devenu riche par héritage et propriétaire, est un nouveau tableau.

1225. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Entendons-nous bien : je ne parle pas de la langue de Molière, plus riche, plus ample et plus diversement composée ; mais quand on se place au point de vue de Racine, au centre de son œuvre, et qu’on le considère, ainsi que l’ont fait Voltaire et tous ceux de son école, comme le dernier terme de la perfection dans le style, on n’a pas alors à signaler de meilleur préparateur que Vaugelas.

1226. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Tout immensément riche, qu’il est, qu’il se crée des devoirs, des obligations, des gênes ; qu’il devienne député, diplomate, ambassadeur, administrateur d’une grande ligne de chemins de fer, que sais-je ?

1227. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

s’écria l’un des Français, l’Espagne n’a pas fait riche un tel homme !

1228. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Le critique philosophe, ayant porté toutes ses forces sur les parties difficiles et comme sur les hauts plateaux, descend un peu vite ces pentes agréables, si riches toutefois en accidents heureux et en replis ; il dédaigne de s’y arrêter, oubliant trop que c’eût été pour nous, lecteurs français, la partie la plus accessible et une suite d’étapes des plus intéressantes par le rapprochement continuel avec nos propres points de vue.

1229. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Van Loo est plus riche avec ses tons dorés : Tocqué est plus gai.

1230. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

La suite de ce riche présent historique, dont on ne saurait trop le remercier, la marche même de la publication, nous obligera à revenir plus d’une fois sur les personnages et les événements qui y gagnent en lumière.

1231. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Ce savant Villoison, qui avait publié le manuscrit de Venise, croyait n’avoir fait qu’apporter un dernier trésor, et le plus riche de tous, dans le temple consacré au vieil Homère ; en réalité il avait apporté un arsenal, un brûlot, une machine de guerre : de cette édition comme du cheval de bois sortit toute une année d’assaillants.

1232. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Que du milieu de la moisson si riche de ses premiers triomphes, de cette ferveur généreuse des Vêpres Siciliennes, de cette exquise versification des Comédiens, il me soit permis de choisir, et d’exprimer ma prédilection toute particulière pour des portions du Paria : le jeune auteur y trouvait dans l’expression de l’amour des accents passionnés et vrais ; dans ses chœurs, surtout quand il exhale les tristesses et les langueurs de sa Néala, il arrivait au charme et nous rendait mieux qu’un écho de la mélodie d’Esther.

1233. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Dans le chant que met André Chénier sur les lèvres d’Homère, il assemble toute une série de grands sujets, et tandis que se déploie devant nous ce riche canevas, ce tissu des saintes mélodies, on y reconnaît et on se rappelle successivement, tantôt le chant de Silène dans l’églogue vie de Virgile, tantôt le bouclier d’Achille et les diverses scènes qui y sont représentées, puis encore des allusions à diverses circonstances de l’Odyssée ; mais, vers la fin du chant, le combat des Centaures et des Lapithes prend le dessus, et tout d’un coup on y assiste.

1234. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Il y en a cinq ou six dans cette contrariété. » Ces réminiscences un peu fades de pastorales et de romans sont naturelles sous son pinceau, et font agréablement ressortir tant de descriptions fraîches et neuves qui n’appartiennent qu’à elle : « Je suis venue ici (à Livry) achever les beaux jours, et dire adieu aux feuilles : elles sont encore toutes aux arbres, elles n’ont fait que changer de couleur ; au lieu d’être vertes, elles sont aurore, et de tant de sortes d’aurore que cela compose un brocard d’or riche et magnifique, que nous voulons trouver plus beau que du vert, quand ce ne seroit que pour changer. » Et quand elle est aux Rochers : « Je serois fort heureuse dans ces bois, si j’avois une feuille qui chantât : ah !

1235. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Assises dans la campagne, les deux sœurs s’abandonnaient à de longues rêveries, se perdaient dans de vagues pensées, et, sans avoir été distraites, revenaient moins agitées. » Et un peu plus loin : « M. de Revel, dans la vue de distraire sa famille, se plaisait à lui faire admirer les riches pâturages du Holstein, les beaux arbres qui bordent la Baltique, cette mer dont les eaux pâles ne diffèrent point de celles des lacs nombreux don le pays est embelli, et les gazons toujours verts qui se perdent sous les vagues.

1236. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE DURAS » pp. 62-80

Devenue tout à fait orpheline, et riche héritière malgré les confiscations d’Europe, elle passa en Angleterre où elle épousa le duc de Duras.

1237. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « CHRISTEL » pp. 515-533

Vers ce temps, un jeune homme, fils d’un riche notaire de l’endroit, pour lequel Mme M… avait eu en arrivant quelque lettre, mais qu’elle n’avait pas cultivé, parut désirer d’être présenté chez elle et d’obtenir le droit de la visiter.

1238. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre troisième. Les sensations — Chapitre premier. Les sensations totales de l’ouïe et leurs éléments » pp. 165-188

Mais tous ces adjectifs ne le définissent pas ; ils indiquent seulement quelque analogie lointaine entre notre impression totale et des impressions d’une autre nature ; ils sont de simples étiquettes littéraires comme les noms que nous employons à l’endroit des odeurs, lorsque nous disons que l’odeur de l’héliotrope est fine, celle du lis pleine et riche, celle du musc pénétrante, etc.

1239. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

Écoutons Tacite, c’est ainsi qu’il commence son premier livre : XI « J’entreprends une œuvre riche en vicissitudes, atroce en batailles, déchirée en séditions, sinistre même dans la paix : « Quatre empereurs tranchés successivement par le glaive, trois guerres civiles, plusieurs guerres extérieures, quelques autres tout à la fois civiles et étrangères ; « Nos armes, prospères en Orient, malheureuses en Occident ; l’Illyrie troublée, les Gaules mobiles, la Grande-Bretagne conquise et perdue presque au même moment ; les races suèves et sarmates se ruant contre nous ; les Daces illustrés par des défaites et par des victoires alternatives ; l’Italie elle-même affligée de calamités nouvelles ou renouvelées des calamités déjà éprouvées par elle dans la série des siècles précédents ; des villes englouties ou secouées par les tremblements de terre sur les confins de la fertile Campanie ; Rome dévastée par les flammes ; nos plus anciens temples consumés ; le Capitole lui-même incendié par la main de ses concitoyens ; nos saintes cérémonies profanées ; des adultères souillant nos plus grandes familles ; les îles de la mer pleines d’exilés ; ses écueils ensanglantés de meurtres ; des atrocités plus sanguinaires encore dans le sein de nos villes ; noblesse, dignités, acceptées ou refusées, imputées à crime ; le supplice devenu le prix inévitable de toute vertu ; l’émulation entre les délateurs, non-seulement pour le prix, mais pour l’horreur de leurs forfaits ; ceux-ci revêtus comme dépouilles des consulats et des sacerdoces, ceux-là de l’administration et de la puissance de l’État dans les provinces, afin qu’elles supportassent tout de leur violence et de leur rapacité ; les esclaves corrompus contre leurs maîtres, les affranchis contre leurs patrons, et ceux à qui il manquait des ennemis pour les perdre, perdus par la trahison de leurs amis. » XII « Toutefois le siècle n’est pas assez tari de toute vertu pour ne pas fournir encore de grands exemples : « Des mères accompagnant leurs fils poursuivis, dans leur fuite ; des femmes s’exilant volontairement avec leurs maris ; des proches courageux ; des gendres dévoués ; la fidélité des serviteurs résistant même aux tortures ; des hommes illustres bravant les dernières extrémités de l’infortune ; l’indigence elle-même héroïquement supportée ; des sorties volontaires de la vie comparables aux morts les plus louées de nos ancêtres.

1240. (1892) Boileau « Chapitre VI. La critique de Boileau (Fin). La querelle des anciens et des modernes » pp. 156-181

Perrault donc imagina trois personnages : un Président, savant homme, dit-il, et idolâtre des anciens, à qui il ne put prêter toutefois plus de science qu’il n’en avait lui-même, ni plus d’attachement à l’antiquité, qu’il ne croyait qu’on pût raisonnablement en avoir ; un abbé, savant aussi, mais « plus riche de ses propres pensées que de celles des autres », vraie image de l’auteur qui s’y mire complaisamment, sans se douter que cet autre lui-même a plus d’ignorance que d’esprit, et parmi l’abondance de ses idées une totale absence de sentiment esthétique ; enfin un chevalier, sorte de Turlupin de la critique, plus sot que spirituel, n’en déplaise à Perrault, qui l’a chargé d’avancer toutes les énormités qu’il n’osait faire endosser à son abbé.

1241. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Laissant la peinture du monde et des ridicules mondains, La Chaussée prend pour objet la vie intime, les douleurs domestiques : il développe les tragédies des existences privées, le mari libertin ramené à sa femme par la jalousie, le riche ou noble fils de famille épris d’une pauvre fille, le fils naturel en face de son père, etc.

1242. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Il faut payer, il faut être riche pour entendre la parole de Celui qui aimait les pauvres !

1243. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Quand j’ai vu tout à coup cet Auvergnat éclater d’indignation parce que son fils doit épouser une femme qui a vingt ans de plus que lui et qui a eu un amant, mais qui est duchesse, très belle, influente et prodigieusement riche, ma surprise n’a pas été mince.

1244. (1829) De la poésie de style pp. 324-338

Enfin, pour dernière raison, qui pourrait au besoin servir à justifier l’éditeur du recueil que nous annonçons3, si on venait à lui reprocher qu’il a tiré à peine quelques paillettes d’or d’une mine si riche, nous rappellerons le jugement de madame de Staël dans son livre de l’Allemagne : « La poésie du style de Jean Paul ressemble aux sons de l’harmonica, qui ravissent d’abord, et nous font mal au bout de quelques instants. » À tout prendre, ce petit livre est donc un présent dont nous devons remercier l’éditeur.

1245. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre XI. L’antinomie sociologique » pp. 223-252

La division du travail, avec sa spécialisation à outrance, avec sa canalisation des activités dans certaines directions, n’assure nullement aux individus une vie intérieure plus riche, plus intense, plus profonde, ni plus originale.

1246. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Campagnes d’Égypte et de Syrie, mémoires dictés par Napoléon. (2 vol. in-8º avec Atlas. — 1847.) » pp. 179-198

En un mot, même en face de César, et pas trop au-dessous dans l’ordre de la pensée, il y a place toujours pour Cicéron, et pour toutes les formes variées de discours, riches, faciles, naturelles, éloquentes ou ornées, que ce nom de Cicéron représente.

1247. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Simonide le disait mieux dans des vers dont voici le sens : « La santé est le premier des biens pour l’homme mortel ; le second, c’est d’être beau de nature ; le troisième, c’est d’être riche sans fraude ; et le quatrième, c’est d’être dans la fleur de jeunesse entre amis. » Ces traités où la théorie s’évertue à démontrer les machines et les industries de détail du bonheur, et à inventer à grande peine ce qui naît de soi-même dans la saison, me rappellent encore un joli mot de d’Alembert, et qui ne sent pas trop le géomètre : « La philosophie s’est donné bien de la peine, dit-il, pour faire des traités de la vieillesse et de l’amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l’amour. » Il est pourtant des endroits bien sentis dans le traité de Mme du Châtelet : elle y parle dignement de l’étude, qui, « de toutes les passions, est celle qui contribue le plus à notre bonheur ; car c’est celle de toutes qui le fait le moins dépendre des autres ».

1248. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Marmontel, très jeune, qui le vit beaucoup dans cette année, nous a montré au naturel avec sa bonté affable, sa riche simplicité, sa douceur à souffrir, sa sérénité inaltérable et sa haute raison sans amertume.

1249. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Frédéric le Grand. (Berlin, 1846-1850.) » pp. 144-164

Et, par exemple, je ne vois pas, dans les histoires qu’il a écrites, un mot qu’il n’ait justifié dans sa conduite et dans sa vie : Un prince, disait-il et pensait-il, est le premier serviteur et le premier magistrat de l’État ; il lui doit compte de l’usage qu’il fait des impôts ; il les lève, afin de pouvoir défendre l’État par le moyen des troupes qu’il entretient ; afin de soutenir la dignité dont il est revêtu, de récompenser les services et le mérite, d’établir en quelque sorte un équilibre entre les riches et les obérés, de soulager les malheureux en tout genre et de toute espèce ; afin de mettre de la magnificence en tout ce qui intéresse le corps de l’État en général.

1250. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Joubert, aux épanchements d’une veine abondante et riche, les sautillements et les murmures d’un ruisseau : petits bruits, petits mouvements, très agréables sans doute quand il s’agit d’un filet d’eau resserré qui roule sur des cailloux, mais allure insupportable et fausse quand on l’attribue à une eau large, qui coule à plein canal sur un sable très fin. 

1251. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

Pasquier veut une langue qui soit bien française de fonds, mais très large et très riche d’acquisitions et de dépendances.

1252. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Mais lorsqu’en lisant Rulhière on peut se détacher assez de l’intérêt profond des choses pour n’observer que la structure du discours, on est partout frappé de la riche variété des nombres qui concourent à l’harmonie générale.

1253. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Né à Paris le 12 janvier 1628, dans une famille de bonne et riche bourgeoisie, sa mère lui apprit à lire ; il eut son père pour premier précepteur et répétiteur ; il fit ses études au collège dit de Beauvais, et il revenait le soir à la maison paternelle.

1254. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Madame Sophie Gay. » pp. 64-83

Gay, qui devint receveur général du département de la Roer, elle habita durant près de dix ans, tantôt à Aix-la-Chapelle, tantôt à Paris, et vécut pleinement de cette vie d’un monde alors si riche, si éclatant, si enivré.

1255. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Bernardin de Saint-Pierre. — II. (Suite et fin.) » pp. 436-455

Les lettres des admirateurs se mirent à lui pleuvoir de toutes parts dans sa solitude : Des âmes sensibles m’adressent des lettres pleines d’enthousiasme ; des femmes, des recettes pour mes maux ; des gens riches m’offrent des dîners ; des propriétaires, des maisons de campagne ; des auteurs, leurs ouvrages ; des gens du monde, leurs sollicitations, leurs protecteurs, et même de l’argent.

1256. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Le roi d’abord à part et seul dans un vers ; Condé de même, qui le méritait bien par son sang royal, par son génie, sa gloire et son goût fin de l’esprit ; Enghien, son fils, a un demi vers : puis vient l’élite des juges du premier rang, tous ces noms qui, convenablement prononcés, forment un vers si plein et si riche comme certains vers antiques : …………………… Que Colbert et Vivonne, Que La Rochefoucauld, Marcillac et Pomponne, etc.

1257. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Saint François de Sales. Son portrait littéraire au tome Ier de l’Histoire de la littérature française à l’étranger par M. Sayous. 1853. » pp. 266-286

Bossuet, qui sentait si bien Rancé gravissant âprement vers les hautes cimes et les mornes sommets de l’antique pénitence, suivait également saint François de Sales dans ses riches et riantes vallées ; et, s’étendant de l’un à l’autre en esprit, il tenait en quelque sorte le milieu du royaume chrétien.

1258. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Marguerite, reine de Navarre. Ses Nouvelles publiées par M. Le Roux de Lincy, 1853. » pp. 434-454

Le beau moment est celui où, par une inclinaison soudaine de la saison, les lumières et l’esprit se répandant tout d’un coup d’une manière plus riche et plus égale sur toute une génération d’esprits vigoureux, l’on revient vivement au naturel et où l’on peut s’y abandonner sans contrainte.

1259. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Ils ont des sentiments cossus et des vices riches.

1260. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 38, que les peintres du temps de Raphaël n’avoient point d’avantage sur ceux d’aujourd’hui. Des peintres de l’antiquité » pp. 351-386

On ne parle pas de l’expression aussi-bien que Pline et les autres écrivains de l’antiquité en ont parlé, quand on n’a pas vû un grand nombre de tableaux riches dans cette partie de la peinture.

1261. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 33, que la veneration pour les bons auteurs de l’antiquité durera toujours. S’il est vrai que nous raisonnions mieux que les anciens » pp. 453-488

Si nous sommes plus habiles que les anciens dans quelques sciences indépendantes des découvertes fortuites que le hazard et le temps font faire, notre superiorité sur eux dans ces sciences, vient de la même cause qui fait que le fils doit mourir plus riche que son pere, supposé qu’ils aïent eu la même conduite, et que la fortune leur ait été favorable également.

1262. (1824) Discours sur le romantisme pp. 3-28

À la même époque, un Espagnol, doué de la plus riche imagination, connaissant les préceptes et les modèles de la scène antique, mais, comme il le disait lui-même, les tenant enfermés sous dix clefs, pour ne pas succomber à la tentation de suivre les uns et d’imiter les autres, s’était condamné à l’extravagance, pour plaire à sa nation, amoureuse de l’élévation démesurée des sentiments, de la pompe emphatique du langage, et de la complication fatigante des événements.

1263. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

La langue de La Fontaine et de Racine, quelque riche qu’elle soit, n’a pas la précision qui convient aux époques scientifiques.

1264. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Saint-Bonnet » pp. 1-28

., n’a pas (comme vous le voyez) que ce livre de la Douleur au riche budget de ses œuvres· Malheureusement, ces œuvres, qui devraient éclater de gloire, n’ont pas fait le bruit de la moindre sottise, et c’est nonobstant appuyé sur elles qu’il reste tranquillement, attendant patiemment la Postérité.

1265. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Figurez-vous cette langue, plus plastique encore que poétique, maniée et taillée comme le bronze et la pierre, et où la phrase a des enroulements et des cannelures, figurez-vous quelque chose du gothique fleuri ou de l’architecture moresque appliqué à cette simple construction qui a un sujet, un régime et un verbe ; puis, dans ces enroulements et ces cannelures d’une phrase, qui prend les formes les plus variées comme les prendrait un cristal, supposez tous les piments, tous les alcools, tous les poisons, minéraux, végétaux, animaux ; et ceux-là, les plus riches et les plus abondants, si on pouvait les voir, qui se tirent du cœur de l’homme : et vous avez la poésie de Baudelaire, cette poésie sinistre et violente, déchirante et meurtrière, dont rien n’approche dans les plus noirs ouvrages de ce temps qui se sent mourir.

1266. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Pendant que sur le bocage, le bétel si sauvage et si beau agite sa cime dans l’air, le faisan magnifique, avec sa queue traînante et ses ailes étendues, s’élance d’un rapide essor, et aussi le volatile aux cent couleurs, dont les dames d’Ava prisent tant le plumage. » Peut-être, lecteur français, ces noms étrangers, cet amas de vives couleurs, vous semblent-ils monotones, comme les cieux qu’ils rappellent ; mais l’âme du poëte va reparaître dans quelques vers tout anglais de sentiment et de paysage : « Jamais si riches ombrages et pelouses, si verdoyantes n’ont tressailli aux pas de nos danses britanniques.

1267. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Pourquoi celle-ci est-elle laide et celle-là belle, ou celui-ci riche et celui-là pauvre ? […] Car le ton fait la chanson, l’éclairage fait le tableau, et mille nuances rendent aimable dans le discours oral, tête à tête ou devant un auditoire privé, ce qui paraîtrait dur ou excessif, mis par écrit et imprimé sans ce riche et souple accompagnement. […] Vous vous rappelez que Lucien Leuwen, renvoyé de l’École polytechnique pour avoir pris part à une manifestation républicaine, est nommé sous-lieutenant de lanciers à Nancy par l’influence de son père, riche banquier parisien. […] Du Bousquier, étant riche (2 500 francs de rentes), lâche 600 francs. […] Contre les riches, ils ne firent pas de socialisme méthodique, mais de la défense antiréactionnaire.

1268. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ceux qui sont destinés à les posséder un jour ne les acquièrent le plus souvent qu’à force de vivre, et les achètent, en général, fort cher au prix de tous les biens qui rendent la jeunesse si riche. […] C’est un homme plus riche et plus libre que les serfs indigènes parmi lesquels il promène sa curiosité. […] Enfin, on se demande quel est le régime qu’il faudrait donner à la presse dans un pays où la classe la plus influente et la plus riche — celle des Américains de race espagnole — donne le nom de traperos (littéralement chiffonniers) aux artistes, aux littérateurs, aux instituteurs et aux commerçants. […] Si l’on prête si volontiers aux riches, n’est-ce pas un peu parce qu’on compte que les riches rendront facilement ? […] On ne donne pas tant que cela, si riche qu’on soit, et l’impôt volontaire de la charité n’est point un impôt progressif.

1269. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Il semble encore que ce soit elle qui lui ait doucement persuadé de passer aux colonies, « où se concluent les riches mariages », disait un autre de ses amis. […] L’autre morceau nous offre le spectacle sublime du soleil se jouant dans les tropiques, à travers les nuages qu’il colore de la manière la plus variée et la plus riche… Vous jugez avec quel intérêt j’ai dû lire un morceau où vous enseignez si bien l’art de nuancer les couleurs. […] Non qu’elle fût riche ! […] Roussel sont riches de détails et de « documents inédits ». […] Mais cependant ne le nions pas en tout ; et, pour n’être pas aussi plein de sens que nous le voudrions, ni surtout aussi riche de promesses, ne croyons pourtant pas que le mot en soit tout à fait vide !

1270. (1927) Approximations. Deuxième série

Parce qu’il ne se sert jamais d’une unité inférieure au bataillon, son esprit garde toujours une densité merveilleuse ; le saut d’une idée à une autre est motivé par de si riches accumulations intérieures. […] Prenez la phrase sur la Bethsabée de Rembrandt, ou encore celle-ci : « Deux Grecos, passionnés et riches ; dahlias d’arrière-saison que l’automne échevela22 ». […] Le sens de la forme significative traduite par les moyens combinés de la vigueur de main et de la vigueur d’esprit, telles sont bien à la fois la faculté et la tendance centrales des grands artistes florentins ; mais elles s’accompagnent chez eux de dons si riches et si variés que les résultats dépassent sans cesse l’objet qu’ils se proposent et qu’ils atteignent en nous l’être tout entier. […] Chez Degas, il y a plus de hauteur que d’épaisseur dans les facultés : il est altier plutôt que riche ; il ne rend avec une netteté si souveraine le vrai que parce qu’il le domine — non comme Flaubert par la rêverie lyrique qui le repousse et n’a pas avec lui de frontières communes, mais par la lucidité d’esprit qui le juge. […] Mon admiration pour Rivière et ma confiance en lui augmentent tous les jours : il est si riche.

1271. (1895) Nos maîtres : études et portraits littéraires pp. -360

Un nouveau langage musical était constitué, déjà plus riche et plus complexe que le langage antérieur des Grecs. […] Les plus riches implorèrent du peuple roi, en échange de petits sacrifices pécuniaires, telles fonctions législatives. […] Mais sous la riche variété des fleurs on sent un terrain ferme et sûr ; et l’on retrouve dans le style de M.  […] La propriété lui paraissait un état contre nature : il allait même jusqu’à faire bon marché de la propriété légale, et plus d’une fois il a pris aux riches, sans autre formalité, des fruits ou des victuailles pour les donner aux pauvres. […] Noble et riche comme jadis saint François, comme lui il a voulu devenir pauvre ; renonçant à être prince, il s’est fait cordonnier.

1272. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

Je me trompe peut-être, mais j’espère, à cette heure, qu’un vent rafraîchissant va souffler, et que, pour peu que les esprits s’apaisent, cette terre française est encore assez riche, généreuse et pleine de suc nourricier pour faire pousser et lever une génération, une moisson d’hommes, une légion nouvelle de penseurs. […] Il est honnête, sain de corps et d’esprit, riche et facile à l’attendrissement. […] Soulié, les parents de Molière jusque dans les vêtements dont ils se vêtaient, on a compté les bijoux et les collerettes de Marie Cressé, on a pénétré dans ce riche intérieur de marchand tapissier, on a, pour ainsi dire, touché le décor qui encadrait la vie quotidienne de ces honnêtes bourgeois parisiens, enrichis par leur constant labeur et leur vieille probité. […] En 1668, le vieux tapissier Poquelin, qui jadis tenait, à l’enseigne des Singes, une riche boutique de tapisserie, « à verdures et à personnages », Poquelin le père était ruiné. […] Riches, faites faire des statues à sa gloire.

1273. (1893) Alfred de Musset

Maurice Clouard, qui sait tout ce qu’on peut savoir sur Musset, m’a prêté libéralement le concours de son inépuisable érudition et de sa riche bibliothèque. […] Au collège, il ne se lia qu’avec des enfants plus riches que lui, non par orgueil, mais par goût. […] Il n’accepta jamais l’obligation de la rime riche. […] Sa conversation était alors riche d’imprévu, comme dans le dialogue du premier acte avec l’honnête Spark. […] Il a le sang moins riche, le tempérament plus affiné, mais c’est lui, c’est bien lui.

1274. (1932) Les idées politiques de la France

Comme Chateaubriand, de Maistre et Bonald avaient marqué l’âge d’or des idées traditionalistes, les Royer-Collard, les Guizot, les Tocqueville, surtout la famille intellectuelle Staël-Constant-Broglie, toute cette riche dynastie politique de Juillet, ont créé un quartier général du libéralisme. […] La crise de l’héritage Or l’idée qui justifie politiquement les intérêts particuliers ne peut être que celle de l’intérêt général, non seulement de l’intérêt général actuel, coupe faite par la génération présente, mais de l’intérêt général durable, héréditaire, l’intérêt de la richesse plus que l’intérêt des riches, l’intérêt du fonds plus que l’intérêt du revenu. […] Qu’est-ce que le capitalisme, sinon la transformation de la richesse en moyens de production, en moyens d’action future, alors que le prolétaire, qui vit en dehors de la catégorie d’héritage, la suppose seulement chez les riches, la sent seulement chez lui, comme un moyen de jouissance présente ? […] Nous dirons même que, si toutes les tendances de la Révolution française sont représentées dans le radicalisme, si son chef actuel nous offre une belle et riche sensibilité girondine (M.  […] Les idées de la Révolution sont en somme les idées du xviiie  siècle, et l’on sait dans quelle explosion de liberté, d’audace et de génie elles sont nées de grands cerveaux et de riches sensibilités.

1275. (1883) Le roman naturaliste

C’est l’histoire d’une pauvre fille dont les qualités domestiques sont la fortune de madame Aubain, sa maîtresse, et le désespoir de « ces dames » de Pont-l’Évêque. « Félicité, comme une autre, avait eu son histoire d’amour », qui s’était dénouée par une trahison ; Théodore — car il n’est pas jusqu’aux noms qui ne soient les mêmes — l’ayant abandonnée « pour épouser une vieille femme très riche, madame Lehoussais de Toucques ». Nous connaissons également cette vieille femme très riche : elle s’appelait madame Dubuc, et elle fut la première femme jadis de Charles Bovary. […] Plus tard, c’est le riche que le romancier mettra en contact avec le pauvre, et le patron avec l’ouvrier, le peuple avec la bourgeoisie, pour instituer ce que M.  […] On ne croyait plus « aux courtisanes conseillant les diplomates, aux riches mariages obtenus par des intrigues, au génie des galériens, aux docilités du hasard sous la main des forts ». […] Quand par exemple Flaubert nous raconte les terreurs de Carthage assiégée par les mercenaires, et qu’il nous peint le bout de tableau que voici : « Les riches, dès le chant des coqs, s’alignaient le long des Mappales et, retroussant leurs robes, ils s’exerçaient à manier la pique.

1276. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

» Ces anges « qui se réjouissent de la riche beauté vivante, que la trame incessante de l’être vient envelopper dans les suaves liens de l’amour, qui fixent en pensées stables la vapeur onduleuse des apparitions changeantes », sont-ils autre chose, pour un instant du moins, que l’intelligence idéale qui, par la sympathie, arrive à tout aimer, et par les idées, à tout comprendre ? […] Il écrivait son Beppo en improvisateur, avec un laisser-aller charmant, avec une belle humeur ondoyante, fantasque, et y opposait l’insouciance et le bonheur de l’Italie aux préoccupations et à la laideur de l’Angleterre. « J’aime à voir le soleil se coucher, sûr qu’il se lèvera demain, —  non pas débile et clignotant dans le brouillard, —  comme l’œil mort d’un ivrogne qui geint, —  mais avec tout le ciel pour lui seul, sans que le jour soit forcé d’emprunter — sa lumière à ces lampions d’un sou qui se mettent à trembloter — quand Londres l’enfumée fait bouilloter son chaudron trouble1304. » — « J’aime leur langue, ce doux latin bâtard — qui se fond comme des baisers sur une bouche de femme, —  qui glisse comme si on devait l’écrire sur du satin — avec des syllabes qui respirent la douceur du Midi, —  avec des voyelles caressantes qui coulent et se fondent si bien ensemble, —  que pas un seul accent n’y semble rude, —  comme nos âpres gutturales du Nord, aigres et grognantes, —  que nous sommes obligés de cracher avec des sifflements et des hoquets1305. » — « J’aime aussi les femmes (pardonnez ma folie), —  depuis la riche joue de la paysanne d’un rouge bronzé — et ses grands yeux noirs avec leur volée d’éclairs — qui vous disent mille choses en une fois, —  jusqu’au front de la noble dame, plus mélancolique, —  mais calme, avec un regard limpide et puissant, —  son cœur sur les lèvres, son âme dans les yeux, —  douce comme son climat, rayonnante comme son ciel1306. » Avec d’autres mœurs, il y avait là une autre morale ; il y en a une pour chaque siècle, chaque race et chaque ciel ; j’entends par là que le modèle idéal varie avec les circonstances qui le façonnent. […] — … An honest gentleman, at his return May not have the good fortune of Ulysses ; … … The odds are that he finds a handsome urn To his memory — and two or three young misses Born to some friend, who holds his wife and riches And that his Argus bites him by — the breeches.

1277. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre VI. La parole intérieure et la pensée. — Second problème leurs différences aux points de vue de l’essence et de l’intensité »

Selon quelques auteurs, les langues trop riches, trop analytiques, auraient le même défaut ; un langage synthétique et concis, aidant moins la pensée, l’excite davantage, car alors l’assimilation n’a pas lieu sans un véritable effort d’invention ; on cite à l’appui les écrivains bibliques et surtout la langue chinoise. […] La psychologie ne justifiera son titre de science que si elle présente un ensemble riche et coordonné de faits et de lois capables de s’expliquer les uns par les autres, et, pour cela, il faut qu’elle admette, par exemple, que les états remémorés sont conservés en dehors de la succession consciente dans l’intervalle de deux apparitions à la conscience. […] Ce double exercice est également utile à l’acquisition des mots (thème) et au développement des idées (version)… L’enfant qui annonce le plus d’esprit… doit donc réussir dans la version mieux que dans le thème, et c’est aussi ce qui arrive presque toujours. » Le dernier fait est exact, mais l’explication est superficielle. — Quant aux exercices d’invention (discours, narrations, etc.), ils n’ont à aucun degré la valeur pédagogique dont nous parlons, la pensée, dans leur composition, ne faisant qu’un avec son expression, et, s’ils invitent l’esprit soit à chercher la meilleure expression de sa pensée, soit à faire la critique logique de ses raisonnements, ils ne l’y obligent pas ; avec une mémoire verbale riche et docile, on invente facilement, on improvise sans réfléchir.

1278. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

En riche inconsidéré, il a follement dépensé pour un premier amour tout ce qu’il possédait de tendresse et d’illusions dans le cœur, et quand, s’apercevant qu’il avait fait fausse route, il a voulu recommencer l’expérience, il s’est aperçu que la nature lui avait repris cette faculté magique qui transforme tout et enveloppe l’objet aimé du charme même qu’il n’a pas. […] Il la mène en cheveux et en fichu dans les cafés du quartier Latin, où les étudiants riches lisent les revues. […] Rien de plus amusant que de suivre le manège des quatre hommes qui veulent épouser la riche veuve, rien de plus touchant que ses naïfs étonnements, sa douleur quand elle apprend qu’il ne s’agit que de sa cassette. […] Sa prodigieuse mémoire lui permettait sur tous les sujets d’apporter des faits nouveaux, des idées originales ; et en même temps sa riche imagination mêlait à sa conversation, avec un tour souvent paradoxal, des élans de poésie, des rapprochements inattendus, parfois même des vues prophétiques vers l’avenir. […] Mais le cercle Masséna de Nice bat son plein à cette heure, et les cercles de Paris donc, et ceux des départements et des nations voisines, sans compter les claque-dents, les tripots clandestins de tous genres… et, aux antipodes de la terre, où il fait jour maintenant, et dans l’univers entier tout le monde joue, les pauvres comme les riches, les filous comme les dupes.

1279. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

L’homme célèbre a le devoir de se montrer accueillant, s’il veut que l’on respecte sa gloire, de même que l’homme riche doit être modeste, s’il veut se faire pardonner sa richesse. […] Est-ce que cette personne est riche ?… » — « Très riche… » — « Eh bien ! […] Qui est-ce qui me prend mon coin au Café Riche ?  […] Comme elle n’est pas riche, elle n’offre pas de thé et n’allume qu’une bougie, et on trouve cela tout naturel, parce que c’est elle.

1280. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Thiers, à dater du jour de son arrivée d’Aix à Paris jusqu’au manifeste du National le 27 juillet 1830, c’est là notre sujet pour le moment ; et le sujet est riche, il est attrayant et varié, il prête déjà, dans ces limites où nous le circonscrivons aujourd’hui, à un jugement d’ensemble, à un jugement impartial, incontestable, bien actuel pourtant, et dont plus d’un trait se reflétera sur les circonstances présentes de ce merveilleux esprit, si fécond chaque jour en preuves nouvelles. […] Nous rentrâmes alors chez le possesseur qui, en vertu des lois de la Constituante, a succédé aux riches oisifs qui s’ennuyaient autrefois de ce beau spectacle et n’y voyaient que des rochers et d’humides vapeurs.

1281. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

En France, à Paris, parmi les riches bibliothèques alors renommées, y compris celle du Roi, il n’y en avait aucune qui répondît au vœu de Naudé, c’est-à-dire qui fût ouverte à chacun et de facile entrée, et fondée dans le but de n’en dénier jamais la communication au moindre des hommes qui en pourra avoir besoin. […] Cœur délicat sans doute et reconnaissant, on le voit empressé de payer sa bienvenue à chacun des membres ; lui aussi il se sent riche à sa manière, il veut rendre et donner.

1282. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIIIe entretien. Vie du Tasse (3e partie) » pp. 129-224

En vérité, si ce n’était la crainte de paraître trop impressionnable ou trop inconstant en faisant un nouveau choix, j’aurais réfléchi sur laquelle de ces beautés je devais porter mes pensées. » La grande-duchesse de Toscane, sans doute à l’instigation de la jeune princesse de Mantoue sa fille, envoya au poète un riche présent en argent, pour payer le voyage qu’il se proposait de faire à Florence. […] Le poète qui chante un de ces récits doit donc le chanter avec les accents et les images que la riche imagination lui prête ; mais il est tenu aussi à le chanter dans un mode sérieux, conforme à la réalité de la nature humaine à l’époque où il la met en scène, conforme surtout à la vérité des mœurs de ses héros ; en un mot, le poème épique, pour être national, humain, religieux, immortel, doit être vrai, au moins dans l’événement, dans la nation, dans le caractère et dans le costume de ses personnages.

1283. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

« — Au fait, nous ne sommes pas riches à présent, dit-elle en riant aux éclats ; tiens, regarde ma bourse, je n’ai plus qu’un louis tout seul. […] Je n’ai jamais su de quoi pouvait venir ce caprice d’acrimonie qui donnait le droit de douter de la bonté de cœur de ce vieillard. « Vous êtes un homme de bien que j’ai toujours voulu prendre pour un homme d’État, parce que la fortune, maîtresse des destinées, vous a fait naître illustre, riche et beau.

1284. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Vous aviez un défaut, il y a quelques années, dans vos premiers volumes de vos conversations du Lundi : vous étiez trop riche, trop abondant, trop nuancé, trop fin. […] « Je crois être dans le vrai en insistant sur cette médiocrité de fortune et de condition rurale dans laquelle était né Virgile, médiocrité, ai-je dit, qui rend tout mieux senti et plus cher, parce qu’on y touche à chaque instant la limite, parce qu’on y a toujours présent le moment où l’on a acquis et celui où l’on peut tout perdre : non que je veuille prétendre que les grands et les riches ne tiennent pas également à leurs vastes propriétés, à leurs forêts, leurs chasses, leurs parcs et châteaux ; mais ils y tiennent moins tendrement, en quelque sorte, que le pauvre ou le modeste possesseur d’un enclos où il a mis de ses sueurs, et qui y a compté les ceps et les pommiers ; qui a presque compté à l’avance, à chaque récolte, ses pommes, ses grappes de raisin bientôt mûres, et qui sait le nombre de ses essaims.

1285. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Désignant Malborough sous le nom de Marcus Crassus, il lui écrivait : « Vous êtes le plus riche citoyen de la république ; vous n’avez pas d’enfant mâle, vos filles sont toutes mariées à de riches patriciens ; vous touchez au déclin de la vie, et malgré tout cela, vous êtes profondément atteint de cet odieux et ignoble défaut de l’avarice… Je n’en citerai pour exemple que cette fameuse paire de bottes que toute l’éloquence du monde vous décida à peine à laisser couper, pour vous en délivrer, lorsque vous ne pouviez les garder mouillées et glacées comme elles l’étaient, qu’au péril de votre vie. » (Examiner nº 28.)

1286. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

Parmi ceux-ci, les montres, ces petits chefs-d’œuvre de l’art industriel avec les délicates imaginations de leur riche décor, sont parmi les bibelots que j’aime le mieux. […] Mardi 13 mai Je parlais à une femme de la société, de la correction de la mise, de la simplicité élégante de la toilette des grandes cocotes… « Oui, oui, me répondait-elle, il y a du vrai dans ce que vous dites… Tenez, moi, quand je me suis mariée, je connaissais très peu, même par les livres, le monde interlope… Eh bien, quand mon mari me menait au théâtre, — nous prenions en général des places de balcon, — bientôt je le voyais jeter un regard sur ces femmes dans les loges… Et comme j’ai toujours eu le sentiment de l’élégance, ces femmes je les trouvais mieux mises que moi… Car vous savez, il n’y a pas seulement la question d’argent, il y a une éducation pour la toilette… et en me comparant à elles je me trouvais une petite provinciale… Puis le regard de mon mari, après être resté là, un certain temps, revenait des loges à moi, un rien méprisant, et avec quelque chose de grognon sur la figure… et ça se passait en général aux pièces de Dumas, qui étaient la glorification de ces femmes… Alors aux parties dramatiques de la pièce… je pleurais… je m’en donnais de pleurer… si bien que mon mari, qui après le spectacle, aimait à entrer chez Riche ou chez Tortoni, me jetait de très mauvaise humeur : « Avec des yeux comme vous en avez, c’est vraiment pas possible de s’asseoir dans un café. » Mercredi 14 mai Me voici au vernissage, où je n’ai pu refuser le déjeuner immangeable, auquel se condamnent, tous les ans, les peintres, par leur domesticité d’esprit pour les choses chic.

1287. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Si des traductions en prose nous passons à celles en vers, nous trouverons que nous ne sommes pas peut-être plus riches ; car il faut l’avouer, malgré le mérite de la plûpart des versions citées, nous n’avons encore que de froides copies de Virgile. […] Tous les sujets qu’il traitoit quelque stériles, quelque bizarres même qu’ils fussent, devenoient riches, gracieux & fleuris entre ses mains.

1288. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

Aux yeux des premiers on faisait miroiter de riches alliances et des faveurs spéciales, tandis qu’on circonvenait les seconds, comme il advint du vieux ministre Ferri dont Bossuet tenta en vain la conversion ; ce qui fit inspira au ministre Bernegger cette phrase bien caractéristique : « Ces beaux projets d’accord ne me semblent, désormais, que de beaux songes ; et, quelquefois, la peau du lion, ne servant plus de rien, on prend celle du renard. […] Quoique gentilhomme catholique, Saint-Simon fut assez large d’esprit et de cœur pour ne pas dissimuler la sympathie profonde que lui inspirèrent ces victimes de la théocratie : « La révocation de l’édit de Nantes, écrit-il, sans le moindre prétexte et sans aucun besoin, et les diverses proscriptions plutôt que déclarations qui la suivirent, furent les fruits de ce complot affreux qui dépeupla un quart du royaume, qui ruina son commerce, qui l’affaiblit dans toutes ses parties, qui le mit si longtemps au pillage public et avoué des dragons, qui autorisa les tourments et les supplices dans lesquels ils firent réellement mourir tant d’innocents de tout sexe par milliers, qui ruina un peuple si nombreux, qui déchira un monde de familles, qui arma les parents contre les parents pour avoir leur bien et les laisser mourir de faim ; qui fit passer nos manufactures aux étrangers, fit fleurir et regorger leurs États aux dépens du nôtre et leur fit bâtir de nouvelles villes, qui leur donna le spectacle d’un si prodigieux peuple proscrit, nu, fugitif, errant sans crime, cherchant asile loin de sa patrie ; qui mit nobles, riches, vieillards, gens souvent très estimés pour leur piété, leur savoir, leur vertu, des gens aisés, faibles, délicats, à la rame, et sous le nerf très effectif du Comité, pour cause unique de religion ; enfin qui, pour comble de toutes horreurs, remplit toutes les provinces du royaume de parjures et de sacrilèges, où tout retentissoit de hurlements de ces infortunées victimes de l’erreur, pendant que tant d’autres sacrifioient leur conscience à leurs biens et à leur repos, et achetoient l’un et l’autre par des abjurations simulées d’où sans intervalle on les traînoit à adorer ce qu’ils ne croyoient point, et à recevoir réellement le divin corps du Saint des saints, tandis qu’ils demeuroient persuadés qu’ils ne mangeaient que du pain, qu’ils devoient encore abhorrer.

1289. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Pourtant l’artiste vise à nous introduire dans cette émotion si riche, si personnelle, si nouvelle, et à nous faire éprouver ce qu’il ne saurait nous faire comprendre. […] Ainsi tombera la barrière que le temps et l’espace interposaient entre sa conscience et la nôtre ; et plus sera riche d’idées, gros de sensations et d’émotions le sentiment dans le cadre duquel il nous aura fait entrer, plus la beauté exprimée aura de profondeur ou d’élévation.

1290. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « Remarques finales. Mécanique et mystique »

Riches et pauvres se passaient de superfluités que nous tenons pour des nécessités. […] Seulement, autour d’une sensation forte mais pauvre, prise comme note fondamentale, l’humanité a fait surgir un nombre sans cesse croissant d’harmoniques ; elle en a tiré une si riche variété de timbres que n’importe quel objet, frappé par quelque côté, donne maintenant le son devenu obsession.

1291. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Le fond, ce sont les idées et les observations morales, et les grands siècles littéraires sont riches, avant tout, de cette double matière. […] Ce ne sont point des tableaux très riches et abondants des mœurs humaines que le théâtre peut nous présenter, c’est l’analyse très nette, très diligente et bien conduite, d’une ou deux passions dans chaque pièce, et c’en est assez ; c’est l’évolution, bien suivie en ces phases successives, d’un ou de deux sentiments, qu’on saura présenter et opposer d’une manière dramatique. […] Le Montesquieu voyageur a contribué à nous faire un Montesquieu plus instructif, de plus de portée, de fonds plus riche ; moins imposant et moins maîtrisant. […] C’est un grand bourgeois ; il est riche, il aime le monde, le luxe, les arts, les conversations libres entre « honnêtes gens », le théâtre, et la paix sous ses fenêtres. […] Cependant le développement complet d’un instinct, dans une nature riche, intelligente et souple, peut aboutir à son contraire, comme une idée longtemps suivie contient dans ses conclusions le contraire de ses prémisses.

1292. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Tout le monde paraît riche parce que tout le monde a de l’argent ou de la fausse monnaie ; mais peu de jours suffisent pour démêler l’un et l’autre.

1293. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Vraiment elle parlera bien à vous, car on lui a dit que vous aviez une autre maîtresse. » Il allait céder et se rendre lorsqu’un ami, représentant le conseil de la raison, lui dit à l’oreille : « Monsieur, tournez votre cœur à droite, car là vous trouverez des biens, une extraction royale et bien autant de beauté lorsqu’elle sera en âge de perfection. » Rosny se déclara donc pour la plus douce, la plus modeste et la plus vertueuse, et qui se trouvait être la plus riche aussi.

1294. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

On y voit combien Joinville, sur l’article de la charité, sentait à l’unisson de saint Louis ; il croyait que nul chevalier, ni pauvre ni riche, ne pouvait honorablement revenir d’outre-mer, s’il laissait entre les mains des Sarrasins le menu peuple de Notre-Seigneur.

1295. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — I. » pp. 301-321

L’art, le génie de Haydn, le caractère de cette musique riche, savante, magnifique, pittoresque, élevée, y sont présentés d’une manière sensible et intelligible à tous.

1296. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

Daru (et avec lui les projets étaient bientôt mis à exécution), il y avait une tragédie de Néron : « Je n’ai rien à dire contre votre plan, lui écrivait le père Lefebvre, mais vous referez, je l’imagine, le récit de la mort d’Agrippine que vous avez volé à Suétone ; c’était Tacite qu’il fallait piller : un voleur honnête ne s’adresse qu’aux riches. » On voit que le goût du père Lefebvre, comme celui des Oratoriens en général, était quelque peu orné et fleuri ; c’était un compromis avec le goût du siècle92.

1297. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

Dans le cours de ses longues excursions, après avoir gravi les hauteurs, descendu les pentes rapides, franchi les ruisseaux plus ou moins gonflés ou à sec selon les saisons, il arrive devant un parc seigneurial par où il peut abréger son chemin en le traversant ; il ne fait point comme Rousseau qui éviterait sans doute d’y passer, et qui aimerait mieux faire le grand tour sous le soleil que de rien devoir au riche et au puissant.

1298. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Que si quelque savant tel que Ménage, venant à passer au Mans, lui faisait visite, Costar l’invitait à un de ces dîners recherchés qu’un de ses commençaux nous a décrits, où le buffet était brillant, le linge riche et propre, l’argenterie somptueuse, le vin exquis, la chère succulente, et les raretés de tout genre en abondance, à titre le plus souvent de cadeaux lointains et faits pour flatter la vanité de l’Amphitryon autant que le goût des convives : mais rien n’était si bien apprêté que le maître, qui, doué d’une excellente mémoire, s’était dès le matin préparé à un extraordinaire de grec, d’italien et de latin.

1299. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Au sujet de ces agitations, de ces énergies de cœur et d’esprit qu’elle lui marquait, il lui disait encore : « Votre âme se porte trop bien, elle vous use ; vous n’aurez jamais un corps sain. » — À la paix, après quelques années passées à observer les riches héritières, le marquis de Créqui se maria avec Mlle du Muy ; cette union, tout en vue de la fortune, fut sans bonheur, et les zizanies, les chicanes qu’elle engendra rejaillirent jusqu’à Mme de Créqui, et lui causèrent bien des ennuis et même des pertes d’argent considérables ; mais ce qui l’atteignait plus que tout, c’était l’indifférence et l’ingratitude de cœur de son fils, qui ne parut jamais s’apercevoir des sacrifices et de l’affection de sa mère.

1300. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Il prévoyait, dit-on, qu'il fallait être riche pour être ensuite indépendant.

1301. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

on peut bien lui prêter cela, a-t-il dû se dire ; on ne prête qu’aux riches.

1302. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il ne saurait y avoir excès dans ce que nous donne et nous donnera en tous ces genres divers le curieux par excellence, le possesseur du plus beau et du plus riche cabinet particulier qui se puisse voir.

1303. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann a une nature morale assez riche, et c’est assurément un homme d’esprit ; mais son pinceau est mou ; on voit bien qu’au collège il se plaisait à lire en allemand les romans d’Auguste Lafontaine auxquels il avait collé un titre d’ Histoire romaine pour mieux tromper le maître d’étude.

1304. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

» Raynal unissait bien des contradictions et des inconséquences ; il était à la fois riche, bonhomme et parasite.

1305. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

(Suit le passage de Fénelon, qui lui-même introduit une citation de saint Augustin.) » Les années 1812, 1813, sont très pauvres en correspondances ; sans doute nous n’avons pas tout ce qu’il a écrit. 1814 au contraire est fort riche.

1306. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

De grands-oncles de ce nom de Desbordes, riches libraires établis en Hollande et restés protestants, proposèrent, à ce qu’il paraît, à leurs parents de Douai de les faire entrer dans leur succession, si les enfants étaient rendus à la religion protestante, qui était celle des aïeux avant la révocation de l’édit de Nantes.

1307. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — Note »

Le mois d’août avait été témoin d’un changement soudain, d’un renouvellement moral dans cette riche nature, dont le désespoir et les malédictions n’étaient le plus souvent que dans le trop-plein d’ambitions, de désirs et d’espérances. 

1308. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. (Les Pleurs, poésies nouvelles. — Une Raillerie de l’Amour, roman.) » pp. 91-114

« Ma mère, imprudente et courageuse, se laissa envahir par l’espérance de rétablir sa maison en allant en Amérique trouver une parente qui était devenue riche.

1309. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Je conçois les difficultés et les scrupules lorsqu’on a en main d’aussi riches matériaux ; mais il importait, ce me semble, dans l’intérêt de la lecture, de conserver à la publication une sorte d’unité ; d’éviter ce qui traîne, ce qui n’est qu’intervalles, et surtout d’avoir toujours les Mémoires sous les yeux, pour abréger ce qui n’en est qu’une manière de duplicata.

1310. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Aloïsius Bertrand »

il passa presque toute sa vie, il usa sa jeunesse à ciseler en riche matière mille petites coupes d’une délicatesse infinie et d’une invention minutieuse, pour y verser ce que nos bons aïeux buvaient à même de la gourde ou dans le creux de la main.

1311. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre III. Montesquieu »

Les excellents Oratoriens qui l’ont instruit à Juilly lui ont découvert la riche source d’énergie morale qui jaillit pendant toute la durée des antiquités grecque et romaine ; les grands ouvrages de l’esprit, les coups d’héroïsme dans l’action politique ont ravi l’imagination du jeune Gascon, dont le bon sens aiguisé goûte ce qu’il y a toujours de pratique et de mesuré dans les traits les plus étonnants de l’antiquité.

1312. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Élevé et entretenu aux frais du Trésor ou des plus riches, il offrait un spectacle gratuit au peuple entier.

1313. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Élevé et entretenu aux frais du Trésor ou des plus riches, il offrait un spectacle gratuit au peuple entier.

1314. (1890) L’avenir de la science « XIII »

La science ressemble de nos jours à une riche bibliothèque bouleversée.

1315. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre I : La loi d’évolution »

Tous deux sont soumis à la même loi d’évolution, aux mêmes variétés de forme ; il y a des sociétés rudimentaires tout comme des organismes grossiers ; il y a des organisations sociales, savantes et compliquées, tout comme des organismes dont le mode de vie est riche et complexe.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

C’est un livre riche.

1317. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Leibniz, son concurrent, mourut riche aussi, quoique beaucoup moins, et avec une somme de réserve assez considérable.

1318. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Saint-Évremond et Ninon. » pp. 170-191

Elle-même Ninon avait coutume de comparer Mme de La Fayette à ces riches campagnes de Beauce qui rapportent d’excellent froment, et Mme de La Sablière à un joli parterre qui charme les yeux.

1319. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Un esprit riche de tant de connaissances et de tant d’idées ne pouvait être commun que par oubli50.

1320. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Sa nature calme et peu passionnée ne paraît point avoir souffert d’ailleurs d’une telle union : En l’année 1639, ayant épousé M. de Motteville, dit-elle, qui n’avait point d’enfants et avait beaucoup de biens, j’y trouvai de la douceur avec une abondance de toutes choses ; et si j’avais voulu profiter de l’amitié qu’il avait pour moi, et recevoir tous les avantages qu’il pouvait et voulait me faire, je me serais trouvée riche après sa mort.

1321. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Barin (contre lequel j’avais quelque rancune), directeur des postes, homme fort riche, et surtout en argent comptant.

1322. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Il avait dès l’enfance un goût passionné pour la lecture ; la bibliothèque de son père, on peut le croire, n’était guère riche ni bien fournie ; elle consistait surtout en livres de polémique religieuse.

1323. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — I. » pp. 287-307

Rousseau, qui commençait à devenir célèbre, le présenta un jour à Mme d’Épinay, aimable et spirituelle femme, très mal mariée, riche, et dont la jeunesse, dénuée de guide, s’essayait alors un peu à l’aventure : M. 

1324. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker dans son ouvrage, c’est de faire voir ce qui peut, dans l’ordre actuel de la société, réconcilier le pauvre avec le riche ; le prolétaire avec le propriétaire, celui qui vit de son salaire de chaque jour avec « les dispensateurs des subsistances ».

1325. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

La même fièvre qui le rend éloquent, riche en idées, habile à apercevoir les mille faces d’une théorie, tue sa personnalité, le fait échouer dans toutes ses tentatives, modifier à chaque instant sa route, et rouler d’avortement en avortement, sollicité par toutes les déterminations possibles, incapable de se cantonner en aucune.

1326. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre VI. Le beau serviteur du vrai »

Mais quand c’est un poëte qui parle, un poëte en pleine liberté, riche, heureux, prospère jusqu’à être inviolable, on s’attend à un enseignement net, franc, salubre ; on ne peut croire qu’il puisse venir d’un tel homme quoi que ce soit qui ressemble à une désertion de la conscience ; et c’est avec la rougeur au front qu’on lit ceci : « Ici-bas, en temps de paix, que chacun balaye devant sa porte. « En guerre, si l’on est vaincu, que l’on s’accommode avec la troupe. » — … — « Que l’on mette en croix chaque enthousiaste à sa trentième année.

1327. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre VI. Des Livres qui traitent de la Rhétorique. » pp. 294-329

Nous ne sommes pas bien riches dans ce genre ; on trouvera pourtant de bonnes choses dans les Regles pour former un Avocat, par M.

1328. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

En effet son style et son pinceau ne sont qu’à lui ; il ne veut s’endetter qu’à Raphaël, le Guide, le Titien, le Dominiquin, Le Sueur, le Poussin, gens riches que nous lui permettrons d’interroger, de consulter, d’appeler à son secours, mais non de voler.

1329. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Le riche et son fils.

1330. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

Si vous saviez combien elles sont riches et belles les émotions que donne la venue au monde du jour bien-aimé !‌

1331. (1868) Curiosités esthétiques « VI. De l’essence du rire » pp. 359-387

Elle tombe ici en pleine civilisation turbulente, débordante et méphitique, elle, tout imprégnée des pures et riches senteurs de l’Inde ; elle se rattache à l’humanité par la famille et par l’amour, par sa mère et par son amant, son Paul, angélique comme elle, et dont le sexe ne se distingue pour ainsi dire pas du sien dans les ardeurs inassouvies d’un amour qui s’ignore.

1332. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre X. »

Pindare vient, au milieu des concitoyens et des amis, saluer le jeune vainqueur, dans la maison de son père, riche citoyen d’Égine ; et tout aussitôt la pensée du poëte s’élève à la joie du patriotisme commun, comme pour y perdre le souvenir de la faute et du malheur de Thèbes.

1333. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Tout le monde se connaissait, se jalousait, s’aimait ou se haïssait fortement dans cette vivante Florence où le peuple enthousiaste et railleur, prenant part à tous les progrès, convié à toutes les études, véritablement souverain même dans les choses de l’esprit, déversait en acclamations, en ostracismes, en attributs, en sobriquets, honorifiques ou ironiques, la gloire ou l’ignominie sur les citoyens, nobles et riches, chevaliers, artistes ou artisans, qui combattaient pour lui ou contre lui sur la place publique. […] En dépit de la jalousie populaire, on n’élevait au priorat que des grands, c’est-à-dire des riches, nobles ou plébéiens d’origine. […] Parmi les grands et les riches, que d’épicuriens et de libertins, que d’esprits forts, et qu’on était voisin du temps où Boccace, devançant de trois siècles un Lessing et un Voltaire, allait comparer, en les égalant, les trois religions juive, chrétienne et musulmane ! […] L’un d’eux, Jean-Gaspard, celui qui fut le père de Wolfgang, épousa une jeune fille riche de la famille syndicale des Weber, qui, pour se rehausser selon la mode du xvie  siècle, avait latinisé son nom et se faisait appeler Textor. […] La famille et les amis ne voyaient dans ce riche pupitre, décoré de cristaux et de végétaux rares, qu’un ornement du salon ; l’enfant seul connaissait et taisait, nous dit-il, son caractère sacré.

1334. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Le passage est deux fois caractéristique : par l’accent, il décèle chez le baron féodal l’impatience du joug de l’Église ; dans le détail et dans le fond, c’est l’indication du thème qui, pour le fabliau, va devenir le plus ordinaire, le plus riche de variations, le plus agréable certainement aux oreilles populaires. […] Tout ce que nous pouvons dire, c’est que Jean Pocquelin, père de Molière, était de bonne, vieille et riche bourgeoisie. […] Dès cette époque, la troupe n’était pas seulement à l’abri du besoin ; elle était riche. […] Corneille, comme font tous ses contemporains, choisit son sujet d’abord, et le choisit, selon le mot de Racine, « chargé de matière », riche de péripéties, fertile en incidents, fécond en épisodes. […] Dans cette grande caserne, il acheva d’enrichir son vocabulaire, déjà si riche en injures, des expressions, des polissonneries et des gros mots du corps de garde.

1335. (1894) Les maîtres de l’histoire : Renan, Taine, Michelet pp. -312

Sa prodigieuse mémoire lui permettait sur tous les sujets d’apporter des faits nouveaux, des idées originales ; et en même temps sa riche imagination mêlait à sa conversation, avec un tour souvent paradoxal, des élans de poésie, des rapprochements inattendus, parfois même des vues prophétiques sur l’avenir. […] Le pays n’est pas riche. […] Au lieu de la riche variété des harmonies d’autrefois, nous voyons revenir constamment le même rythme, la même ritournelle. […] Nous assistons à l’ensemencement d’un sol qui devait porter plus tard de si riches moissons. […] Cela n’est pas dans le tempérament de la nation, et il y a une sorte de bonhomie générale, de familiarité ancienne entre les riches et les pauvres, entre les nobles et les roturiers, qui ne laisse aucun avenir à Mazzini et aux idées de 93.

1336. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

Le lecteur n’a qu’à mettre en regard les portraits du temps, ceux d’Italie et ceux d’Allemagne ; il apercevra d’un coup d’œil les deux races et les deux civilisations, la Renaissance et la Réforme : d’un côté, quelque condottiere demi-nu en costume romain, quelque cardinal dans sa simarre, amplement drapé, sur un riche fauteuil sculpté et orné de têtes de lions, de feuillages, de faunes dansants, lui-même ironique et voluptueux, avec le fin et dangereux regard du politique et de l’homme du monde, cauteleusement courbé et en arrêt ; de l’autre côté, quelque brave docteur, un théologien, homme simple, mal peigné, roide comme un pieu dans sa robe unie de bure noire, avec de gros livres de doctrine à fermoirs solides, travailleur convaincu, père de famille exemplaire. […] Elle ne les choque point par un rigorisme étroit ; elle n’entrave point l’essor de leur esprit ; elle n’essaye point d’éteindre la flamme voltigeante de leur fantaisie ; elle ne proscrit pas le beau ; elle conserve plus qu’aucune église réformée les nobles pompes de l’ancien culte, et fait rouler sous les voûtes de ses cathédrales les riches modulations, les majestueuses harmonies d’un chant grave que l’orgue soutient. […] Prédicateur à Saint-Paul, goûté et admiré des gens du monde « pour sa beauté juvénile et florissante, pour son air gracieux », pour sa diction splendide, protégé et placé par l’archevêque Laud, il écrivit pour le roi une défense de l’épiscopat, devint chapelain de l’armée royale, fut pris, ruiné, emprisonné deux fois par les parlementaires, épousa une fille naturelle de Charles Ier, puis, après la Restauration, fut comblé d’honneurs, devint évêque, membre du conseil privé, et chancelier de l’Université d’Irlande : par toutes les parties de sa vie, heureuse et malheureuse, privée et publique, on voit qu’il est anglican, royaliste, imbu de l’esprit des cavaliers et des courtisans ; non qu’il ait leurs vices ; au contraire, il n’y eut point d’homme meilleur ni plus honnête, plus zélé dans ses devoirs, plus tolérant par ses principes, en sorte que, gardant la gravité et la pureté chrétiennes, il n’a pris à la Renaissance que sa riche imagination, son érudition classique et son libre esprit. […] Ils ont aboli comme impies le libre drame et la riche poésie que la Renaissance avait portés jusqu’à eux.

1337. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion statique »

Une représentation riche de matière, comme l’idée d’un sorcier ou d’un esprit, doit sans doute abandonner la plus grande partie de son contenu pour devenir celle de la « mauvaise chance » ; elle subsiste cependant, elle n’est pas complètement vidée, et par conséquent les deux mentalités ne diffèrent pas essentiellement l’une de l’autre. […] Bref, tout progrès de la science consiste dans une connaissance plus étendue et dans une plus riche utilisation du mécanisme universel. […] Mais nulle évolution n’est plus riche que celle de Zeus, le dieu souverain de la Grèce. […] C’est ainsi qu’Osiris, la figure la plus riche du panthéon égyptien, paraît avoir été d’abord le dieu de la végétation.

1338. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

On dirait que de si éminents esprits ressemblent à ces hauts et verts sommets qui, riches de leurs ombrages et de leurs moissons fleuries, versant autour d’eux des sources abondantes, embellis, échauffés des rayons du ciel et faits à ses orages, ne peuvent, par leurs vastes dimensions, servir d’ornements aux parcs étroits, ni aux enceintes bornées des palais : ils ne sont bien que sous leur Olympe. […] « Riche des sentiments en ton cœur médités, « Ta gloire est l’heureux fruit de tes adversités. […] « Dans le lieu le plus frais d’une riche campagne, « Le héros et les chefs, et le charmant Ascagne, « Sur la verdure assis, et d’ombrage couverts, « Réparent par des mets les fatigues des mers. […] Roland, vainqueur d’un tyran, qu’il tue pour le bien du monde, ne réserve de ses riches dépouilles, qu’une arme à feu. […] Aucune n’est plus brillante, plus riche, plus gracieuse ; elle déifie tout, elle anime et transforme tout.

1339. (1890) Nouvelles questions de critique

Notre littérature classique est si riche, qu’une bibliographie des éditions originales de nos grands écrivains, pour être à peu près complète, n’exigerait pas moins d’une demi-douzaine de volumes comme celui de M.  […] Plus riche, plus complexe, plus inventive que l’imagination du dramaturge et du romancier, à plus forte raison, la vie ne se laisse-t-elle pas emprisonner dans les textes du législateur. […] Naturels et savants la fois, calculés et légitimes pourtant, ses procédés ont ramené la langue à l’état poétique, où le mot, déjà riche de la diversité des sens qui ne s’en dégageront que plus tard, les enveloppe, les contient tous, et n’en exprime aucun qui ne traduise, ou en qui n’apparaisse du moins quelque chose de tous les autres. […] Émile Hennequin, riche de fond, curieux et suggestif, sous sa forme laborieuse et singulièrement tourmentée. […] — de Gautier et de M. de Banville, les symbolistes ou décadents, sans déclarer précisément la guerre à la rime riche et à la consonne d’appui, ont revendiqué pourtant, contre les « parnassiens », l’ancienne liberté du poète.

1340. (1913) Les idées et les hommes. Première série pp. -368

La province fidèle a gardé beaucoup de l’ancienne vie française, qui était plus variée, originale que la nôtre, plus riche en belles singularités. […] Une telle sensibilité est riche merveilleusement ; elle reçoit un perpétuel afflux d’impressions variées comme l’univers. […] Un style qui, à chaque instant, trouve ses ressources, les trouve plus riches, plus extraordinaires, plus éblouissantes qu’on ne les aurait prévues. […] Or, à notre époque riche d’historiens, on ne fait plus d’histoire ; on en écrit, on n’en fait plus. […] Il raille les utopistes « qui veulent, par un décret, rendre tous les Français riches et vertueux d’un seul coup ».

1341. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Car c’est un bien grand talent encore que celui de Massillon, bien flexible, bien riche ; et, parmi les auteurs dramatiques, Pradon avec Boyer ne font pas la monnaie de Quinault. […] Enfin, la littérature des Mémoires, déjà si riche, acheminait, elle aussi, le roman vers le même but. […] Si l’on dressait un lexique de la langue de Marivaux, elle apparaîtrait extrêmement riche — bien plus riche peut-être que celle de Le Sage — en dictions communes, triviales, populaires. Elle apparaîtrait, comme l’on sait, non moins riche en néologismes : c’est encore qu’en sa qualité d’adversaire déclaré des anciens, il se pique d’être uniquement attentif aux choses de son temps. […] Ma maison est jolie, quoique l’architecture et les meubles n’en soient pas riches.

1342. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Une intelligence riche en souvenirs, en images, en idées, sera, toutes choses égales d’ailleurs, plus disposée à inventer et à former des synthèses nouvelles parce qu’elle aura plus d’éléments à sa disposition, et ces synthèses seront le plus souvent formées avec la catégorie dominante des images et des idées ; un esprit où vivent surtout des idées abstraites inventera plutôt des idées abstraites. […] La plus riche en effets pour vous ! […] Musset, qui offre une si riche mine d’associations par contraste, semble avoir parfois changé, d’une manière brusque, au témoignage de M.  […] Des digressions incessantes, entraînées par le développement anormal de tel ou tel élément, écartent l’esprit du sujet de ses réflexions, puis l’y laissent revenir plus riche et mieux pourvu. […] Ses ouvrages, par exemple La Logique sociale, sont une riche mine de faits et d’idées très ingénieuses et il y a étudié avec beaucoup de pénétration le rôle de l’invention dans la vie des sociétés.

1343. (1730) Des Tropes ou des Diférens sens dans lesquels on peut prendre un même mot dans une même langue. Traité des tropes pp. 1-286

Seconde partie, des tropes en particulier La catachrese abus, extension, ou imitation. les langues les plus riches n’ont point un assez grand nombre de mots pour exprimer chaque idée particulière, par un terme qui ne soit que le signe propre de cette idée ; ainsi l’on est souvent obligé d’emprunter le mot propre de quelqu’autre idée, qui a le plus de raport à celle qu’on veut exprimer ; par exemple : l’usage ordinaire est de clouer des fers sous les piés des chevaux, ce qui s’apèle ferrer un cheval : que s’il arive qu’au lieu de fer on se serve d’argent, on dit alors que les chevaux sont ferrés d’argent, plutot que d’inventer un nouveau mot qui ne seroit pas entendu : on ferre aussi d’argent une cassette, etc. […] Au contraire Crésus roi de Lydie fut un prince extrèmement riche ; delà on trouve dans les poètes Irus pour un pauvre et Crésus pour un riche : (…). […] Le théatre italien est riche en parodies. […] Une langue sera véritablement riche, si elle a des termes pour distinguer, non seulement les idées principales, mais encore leurs diférences, leurs délicatesses, le plus et le moins d’énergie, d’étendue, de précision, de simplicité, et de composition.

1344. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le cardinal de Bernis. (Fin.) » pp. 44-66

C’est beaucoup, dit-il, pour un cadet de Gascogne, si c’est peu pour un cardinal : Les premiers diacres de l’Église romaine n’en avaient pas tant, et je ne suis pas fâché d’être le plus pauvre des cardinaux français, parce que personne n’ignore qu’il n’a tenu qu’à moi d’être le plus riche.

1345. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Pour tout secours, elle a été recommandée par la mourante à un bon religieux, lequel lui-même la recommande à un homme riche et qui passe pour respectable, M. de Climal.

1346. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

La matière est riche, la mine est profonde ; je n’ai fait que la sonder en quelques points et la reconnaître.

1347. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Nombre de remarques justes sur l’humeur de la nation, et sur son étrange facilité à se plier pour un temps à cet atroce régime de terreur, révèle le publiciste moraliste, l’homme qui a vécu avec Tacite et qui en a pénétré tout le sens : Parmi les habitants de Paris, faibles, légers, indolents pour la plus grande partie, les gens riches ou aisés désiraient intérieurement, l’année passée (1792), le retour de la monarchie, pour assurer leur fortune ; mais ils craignaient la transition, et, semblables à ces malades qui ne peuvent supporter l’idée d’une opération douloureuse qui doit les sauver, ils se familiarisaient avec leurs maux… Aujourd’hui, stupides de terreur, ils attendent comme de vils animaux qu’on les conduise à la mort.

1348. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire de la querelle des anciens et des modernes par M. Hippolyte Rigault — II » pp. 150-171

Ces riches rameaux des langues, venus et mûris sous tant de soleils, ont eu naturellement des fruits différents, et quelques-uns ont porté des fruits d’or.

1349. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

C’est par impatience de toutes ces fades copies et de ces répétitions serviles qu’Alfred de Musset, dans le préambule de La Coupe et les lèvres, au milieu de cet admirable développement où il s’ouvre à cœur joie sur l’infinie variété et la riche contrariété de ses goûts, s’écriait : Vous me demanderez si j’aime la nature.

1350. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Yemeniz, ce riche et libéral amateur qui, dans sa cité de Lyon, a gardé une étincelle de la Grèce, sa première patrie : le volume imprimé par Perrin (1857), orné d’images et d’emblèmes, distribué petit, nombre et non mis en vente, consacre désormais le nom du trop heureux Papon, au rang de ces curiosités de bibliothèque qu’on enchâsse et qu’on ne lit pas.

1351. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Le physique revient à la fin et nécessairement puisqu’il peut être question, d’un moment à l’autre, de marier avec une archiduchesse ce riche héritier de tant de royaumes.

1352. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Son premier voyage en Espagne, qui est de 1840, et qui fut dans sa vie d’artiste un événement, lui avait fourni des notes nouvelles d’un ton riche et âpre, bien d’accord avec tout un côté de son talent ; il y avait saisi l’occasion de retremper, de refrapper à neuf ses images et ses symboles ; il n’était plus en peine désormais de savoir à quoi appliquer toutes les couleurs de sa palette.

1353. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. (suite et fin.) »

Parmi les Grecs, à peine ai-je trouvé un homme qui en fût révolté, et les prêtres, dont le fanatisme égale l’ignorance, se montraient nos plus grands ennemis. » À un moment où l’on apprend qu’ils ont reçu de leurs amis de Constantinople quelque somme d’argent, on semble changer de procédés à leur égard, ou plutôt la vexation se déplace ; les croyant riches, au lieu de les charger de pierres on les poursuit, on les agonise de demandes exigeantes ; c’est à qui mendiera près d’eux et leur arrachera quelques pièces de monnaie.

1354. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Ainsi, écrivant à sa sœur naturelle, la princesse de Holstein, qu’il fit dans un temps venir en France et qu’il pilota au début, il disait, non sans finesse, mais en exagérant un peu, je l’espère : « Comme il est d’usage en France que les femmes marchent comme les capucins, deux à deux, je ferai venir de Paris sur votre route une femme qui s’appelle Mme de Narbonne, qui est de fort bonne compagnie, et qui, ayant vécu toujours dans le grand monde français, en connaît parfaitement les usages ; elle a le bon ton, a été très riche, a de l’esprit, avec tout cela fort peu de cervelle ; mais c’est la chose du monde la plus rare dans ce pays-ci, et dont on fait le moins de cas. » Voilà pour le compte des femmes.

1355. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine »

Chez tous les trois, ce développement plein de grandeur auquel, dans l’espace de vingt-cinq années, on dut les Études et les Harmonies de la Nature, Delphine et Corinne, le Génie du Christianisme et les Martyrs, s’accomplissait au moyen d’une prose riche, épanouie, cadencée, souvent métaphysique chez madame de Staël, purement poétique dans les deux autres, et d’autant plus désespérante, en somme, qu’elle n’avait pour pendant et vis-à-vis que les jolis miracles de la versification delillienne.

1356. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Quoi qu’il en soit, cette année amena pour Victor Hugo sa plus paisible et sa plus riche efflorescence lyrique : les Orientales sont, en quelque sorte, son architecture gothique du xve siècle ; comme elle, ornées, amusantes, épanouies.

1357. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Il y en a des plaines immenses qui sont la part des riches, et de petits coins qui sont le trésor du pauvre, et qu’il entoure et veille avec un soin plein d’affection.

1358. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DE LA LITTÉRATURE INDUSTRIELLE. » pp. 444-471

Maintenant, quand on lit dans un grand journal l’éloge d’un livre, et quand le nom du critique n’offre pas une garantie absolue, on n’est jamais très-sûr que le libraire ou même l’auteur (si par grand hasard l’auteur est riche) n’y trempe pas un peu.

1359. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LE COMTE XAVIER DE MAISTRE. » pp. 33-63

Étale ta riche parure Aux yeux de mes jeunes enfants ; Témoin de leurs jeux innocents, Plane autour d’eux sur la verdure.

1360. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Il a donc rang parmi nos poëtes65 à aussi bon droit, je pense, que s’il avait composé dans sa vie une couple de pièces en alexandrins ; et nous n’avons pas même à demander pardon de la liberté grande aux innombrables auteurs d’élégies, à l’aristocratie désormais très-mélangée des rêveurs et des rimeurs à rimes plus ou moins riches.

1361. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Or, cette époque des xive et xve  siècles était précisément la plus riche en chroniques de toutes sortes, et déjà assez française pour qu’en changeant très-peu aux textes, on pût jouir de la saveur et de la naïveté : naïveté relative et d’autant mieux faite pour nous, qu’elle commençait à soupçonner le prix des belles paroles.

1362. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE PONTIVY » pp. 492-514

mon ami, lui écrivait-elle, quelle femme riche d’amour et de flamme est morte en moi !

1363. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Malgré tout, c’est chez lui désormais, et nulle part ailleurs, qu’il faut apprendre à connaître la vie religieuse de Mme de Krüdner ; journaux manuscrits, correspondance intime, entretiens de vive voix avec les principaux personnages survivants, il a tout recherché et rassemblé avec zèle, et, dans la riche matière qu’il déroule à nos yeux, on ne pourrait se plaindre, par endroits, que du trop d’abondance.

1364. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIIe entretien. Fénelon, (suite) »

Il y avait alors à Paris une jeune, belle et riche veuve, madame Guyon, douée d’une beauté rêveuse et mélancolique, d’une âme passionnée et d’une imagination qui cherchait l’amour jusque dans le ciel.

1365. (1892) Boileau « Chapitre II. La poésie de Boileau » pp. 44-72

Dès sa première satire, pièce assez médiocre, il trouve la rime pleine, riche, curieuse même.

1366. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Cette nature complexe, riche de bien et de mal, mêlée de tant de contraires, dispersée en tous sens, a tendu avec une énergie inépuisable vers tous les objets que ses passions ou sa raison lui ont proposés.

1367. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Le lecteur poursuit : telle est la gloire que le héros s’est acquise qu’il a reçu la visite des plus riches personnages et des plus belles dames de la ville ; une d’elles s’est éprise d’un violent amour pour lui et veut l’épouser.

1368. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Cette galerie si riche, si variée, c’est la part que La Bruyère a faite à notre esprit de médisance.

1369. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Mais Verlaine est trop routinier : À la rime riche il s’attache.

1370. (1890) L’avenir de la science « XIX » p. 421

Les habitudes de la société française, si sévères pour toute originalité, sont à ce point de vue tout à fait regrettables. « Ce qui fait l’existence individuelle, dit Mme de Staël, étant toujours une singularité quelconque, cette singularité prête à la plaisanterie : aussi l’homme qui la craint avant tout cherche-t-il, autant que possible, à faire disparaître en lui ce qui pourrait le signaler de quelque manière, soit en bien, soit en mal. » Les natures vraiment belles et riches ne sont pas celles où des éléments opposés se neutralisent et s’anéantissent ; ce sont celles où les extrêmes se réunissent, non pas simultanément, mais successivement, et selon la face des choses qu’il s’agit d’esquisser.

1371. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels  » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée.

1372. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

L’époque se rattache ainsi à la grande période classique qui commence à la Renaissance et va jusqu’au romantisme, période où l’imitation des Grecs et des Romains est un des traits essentiels de la littérature française, comme l’étude du grec et du latin est le fond de l’enseignement donné aux enfants de la noblesse et de la bourgeoisie riche.

1373. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Lamoureux riche, audacieux, persévérant… Donc, avec tout le monde, nous exaltions « les projets de M. 

1374. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Tout aura conspiré autour d’elle pour lui persuader qu’elle est belle, les bijoux, les diamants, les belles robes, les riches parures, les miroirs eux-mêmes qui mentent toujours quand on les consulte dans des cadres d’or.

1375. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Mais une fortune imprévue, léguée par un oncle, l’a transformée, d’un jour à l’autre, comme par une machine de féerie, en riche héritière.

1376. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Il va se marier à une riche veuve, et ce mariage serait rompu, si le secret de cet enfant lui était connu.

1377. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Il appréciait chez celui-ci le don des métaphores, cette fertilité vive qui est le signe particulier d’une heureuse et riche nature.

1378. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il paraît, au reste, reconnaître lui-même cette supériorité d’une nature riche et capricieuse, qui se produit chaque fois sous une forme toujours surprenante, toujours nouvelle : « Tu es ravissante, ma jeune danseuse, lui dit-il ; à chaque mouvement, tu nous jettes à l’improviste une couronne. » C’est qu’aussi elle le comprend si bien, elle sait si bien l’admirer !

1379. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Celui-ci sut l’espagnol à une époque où l’on commençait à ne plus le savoir en France, et il y puisa d’autant plus librement comme à une mine encore riche qui redevenait ignorée.

1380. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Biographie de Camille Desmoulins, par M. Éd. Fleury. (1850.) » pp. 98-122

Jamais plus riche proie n’aura été offerte aux vainqueurs.

1381. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame Émile de Girardin. (Poésies. — Élégies. — Napoline. — Cléopâtre. — Lettres parisiennes, etc., etc.) » pp. 384-406

À l’intérieur de ce cercle, de ce cadre indispensable dont il faut entourer toute figure de femme belle et spirituelle, n’entreront point du tout, ou du moins n’entreront qu’à peine et à mon corps défendant, les éclats, les ricochets de la politique, de la satire, les réminiscences de la polémique, toutes choses du voisinage et auxquelles, si on se laissait faire, un si riche sujet pourrait bien nous convier.

1382. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « La Grande Mademoiselle. » pp. 503-525

Mademoiselle avait quarante-deux ans ; elle avait manqué tant et de si grands mariages, qu’elle semblait n’avoir plus qu’à demeurer dans cet état indépendant et libre de la plus riche princesse de France, lorsqu’elle commença (1669) à remarquer M. de Lauzun, favori du roi, et plus jeune qu’elle de plusieurs années.

1383. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — II. (Lettres écrites du donjon de Vincennes.) » pp. 29-50

Dans le donjon de Vincennes, il écrivait pour lui seul, dans son cahier de notes et d’extraits, divers passages de Plaute, qu’il lisait beaucoup alors, et il en faisait l’application à sa félicité perdue ; tout ce joli passage du Pseudolus, par exemple, qui fait partie de la lettre d’une maîtresse à son ami : Nunc nostri amores, mores… « Voilà que nos plaisirs, nos désirs, nos entretiens, avec les ris, les jeux, la causerie, le suave baiser… tout est détruit ; plus de voluptés ; on nous sépare, on nous arrache l’un à l’autre, si nous ne trouvons, toi en moi, moi en toi, un appui salutaire. » Mais j’aime mieux cet autre passage, également emprunté de Plaute, où le sentiment domine : « Lorsque j’étais en Hollande , écrit Mirabeau, je pouvais dire : Sibi sua habeant regna reges, etc. », et tout ce qui suit, « Rois, gardez vos royaumes, et vous, riches, vos trésors ; gardez vos honneurs, votre puissance, vos combats, vos exploits.

1384. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Son cœur, continuent de dire ceux qui le connaissent, est affectueux et chaud, doué de riches qualités.

1385. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Sa témérité, ses éclats de sarcasme, ses railleries et ses insultes, plume en main, se passaient uniquement en quelque sorte dans les hauteurs de son esprit ; c’étaient les saillies, les éclairs et comme les coups de tonnerre du talent, d’un talent trop riche, surabondant et solitaire.

1386. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Necker, déjà riche banquier, membre de la Compagnie des Indes, et âgé pour lors de trente-deux ans ; elle n’avait pu se décider encore à lui faire une réponse favorable.

1387. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires de Marmontel. » pp. 515-538

On y saisit à l’origine une nature prompte, facile, assez riche et très malléable, une nature très naturelle si je puis dire, ouverte, franche, assez fière sans orgueil, sans fiel et sans aucun mauvais levain.

1388. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

La Harpe nous est représenté à dîner chez un riche banquier, un peu avant le dessert ; il est dans cette disposition heureuse de cœur et d’estomac qui porte à l’indulgence : rien de ce qu’il aimait n’avait manqué au repas ; il était réconcilié avec les hommes ; il aurait trouvé de l’esprit à Saint-Ange, du jugement à Mercier, de la décence à Rétif, de la douceur de caractère à Blin de Sainmore ; enfin, il aurait accordé du talent à d’autres qu’à lui, quand tout à coup il se lève de table et disparaît : Après une assez longue absence, la maîtresse de la maison le fait chercher : on ne le trouve point.

1389. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Rollin. » pp. 261-282

En français, au contraire, il traduit ; il cite, il enchâsse de belles pensées, de jolis traits, de beaux et riches exemples et, au milieu de la bonhomie de son style, cela aussitôt se distingue.

1390. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Les lettres que nous annonçons au public sont déjà recommandables, comme on le voit, par le nom des personnages qui les ont écrites, et dont nous possédons les originaux ; mais quand on apprendra qu’elles renferment tout ce qu’il y a de plus instructif à la fois, de plus original et de plus piquant ; quand on saura que la science, la politique, la littérature, y ont leur compte avec de nouveaux aperçus, quand on y verra le vieux philosophe Adanson, l’homme le plus scientifique et le plus profond qui fût jamais, s’enivrer des regards d’une Dervieux, et tourner le fuseau presque à ses pieds ; Noverre, déployer toutes les ressources de l’imagination la plus riche ; Mme Beaumarchais, effacer presque les Ninon et les Sévigné ; et cette brillante Sophie Arnould, parer tour à tour son style de tout ce que l’esprit a de folle gaieté, de tout ce que le cœur a de sentiments les plus exquis, révéler avec cet abandon séduisant toutes les petites indiscrétions du boudoir et nous initier aux mystères de l’alcôve, c’est alors surtout que nos lecteurs nous sauront gré de notre entreprise. 2 vol. in-8, 12 francs.

1391. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

C’est la loge de Croisette, en son sérieux luxe, en ses beaux meubles de toilette aux riches bronzes dorés, en ses tentures et ses portières de soie, aux tons nouveaux introduits par les grands tapissiers de goût.

1392. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Henri Heine »

On sait que Henri Heine est né dans une riche famille juive, et qu’il se convertit au christianisme à l’âge de vingt-quatre ans, échangeant son nom de Harry contre celui plus orthodoxe de Henri.

1393. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Il semble qu’il y ait plus de ressemblance dans ceux de Racine, et qui tendent un peu plus à une même chose ; mais il est égal, soutenu, toujours le même partout, soit pour le dessein et la conduite de ses pièces, qui sont justes, régulières, prises dans le bon sens et dans la nature, soit pour la versification, qui est correcte, riche dans ses rimes, élégante, nombreuse, harmonieuse : exact imitateur des anciens, dont il a suivi scrupuleusement la netteté et la simplicité de l’action ; à qui le grand et le merveilleux n’ont pas même manqué, ainsi qu’à Corneille, ni le touchant ni le pathétique.

1394. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

Bien avant Boileau, même avant Racine, ne sont-ils pas aujourd’hui unanimement reconnus les plus féconds et les plus riches pour les traits d’une morale universelle ? 

1395. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Son ministère consistait-il à consoler les malheureux par l’espoir d’une autre vie, à inviter le pauvre à la vertu, le riche à la charité ?

1396. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

Goujet, un riche trésor où l’on trouve presque tout ce que l’on peut désirer pour l’intelligence de notre langue.

1397. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

Lui-même ne tarde pas à pressentir d’instinct qu’il n’a rien de mieux à faire pour son bonheur que d’exceller dans la carrière qu’il suit, et qu’il a tout à espérer de ses progrès, rien de la protection ; leçon qui ne lui est que trop fréquemment et trop fortement inculquée par la vile et funeste prédilection des maîtres pour les enfants des riches et par leur utile sévérité pour les enfants des pauvres.

1398. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vien » pp. 74-89

" … et oui, bourreau ; et c’est ce dont je me plains… " cet ajustement n’est-il pas riche et bien touché ?

1399. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Le point essentiel, pour bien écrire, est d’être riche en idées ; mais les idées sont rares, et la rhétorique commune.

1400. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Plus riche que son frère par le sentiment chrétien, s’il est plus pauvre par le talent naturel de l’expression, il pourrait, si ce sentiment était très profond ou très enflammé, en faire sortir une exaltation qui remplacerait celle qu’il n’a pas dans le talent, mais l’intensité manque également à M. 

1401. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

. — Mais du moins, dira-t-on, il n’y a pas encore de riches et de pauvres ?

1402. (1925) Comment on devient écrivain

Un écrivain connu, et qui meurt pauvre, est-il plus raté qu’un écrivain riche mais ignoré ? […] Les éditeurs s’en mêlent ; des auteurs riches se les font attribuer ; et, comme il n’y a de prix que pour le roman, tout le monde fait du roman.‌ […] Aucun genre de production n’offre une plus riche perspective de développements faciles. […] Il vivait riche, seul, sans parler à personne, sans fréquenter personne. […] Vous êtes riche ; laissez-nous travailler à le devenir92. » Me Henri-Robert n’a pas grande confiance dans la facilité oratoire que de fortes études n’ont point précédée et que le travail ne soutient pas. « Elle pourra, dit-il, donner des premiers succès éclatants, gros de promesses en apparence.

1403. (1881) Le roman expérimental

Je le répète, ce n’est ici qu’un terrain sur lequel je m’appuie, et le terrain le plus riche en arguments et en preuves de toutes sortes. […] Ainsi, il est rare de ne pas trouver, dans ses comédies, la jeune fille immaculée, très riche, et qui ne veut pas se marier, parce qu’elle s’indigne d’être épousée pour son argent. […] Il est riche par le théâtre ou par la librairie ; il est son maître. […] Il s’assied devant une table du café Riche, pris de soif. […] Et croyez que mon dossier sera riche.

1404. (1864) Corneille, Shakespeare et Goethe : étude sur l’influence anglo-germanique en France au XIXe siècle pp. -311

Le moment était venu de fournir des exemples et de montrer à une société rassasiée et vieillie, le riche développement littéraire que pouvait prendre une nation jalouse de son originalité, se fiant à ses propres forces, et n’absorbant pas la sève nationale dans l’écorce d’une civilisation décrépite. […] Sainte-Beuve, riche et fertile nature, ouverte à tous les germes, et les fécondant en son sein, les transformant presque au hasard par une force spontanée et confuse ; moule vaste et bouillonnant où tout se fond, où tout se broie, où tout fermente ; capacité la plus encyclopédique qui fût alors, mais capacité active, dévorante à la fois et vivifiante, animant, embrasant tout ce qui y tombe, et le renvoyant au dehors dans des torrents de flamme et aussi de fumée ; Diderot passant d’une machine à bas qu’il démonte et décrit, aux creusets de d’Holbach et de Rouelle, aux considérations de Bordeu ; disséquant, s’il le veut, l’homme et ses sens aussi dextrement que Condillac, dédoublant le fil de cheveu le plus ténu sans qu’il se brise, puis tout d’un coup rentrant au sein de l’être, de l’espace, de la nature, et taillant en plein dans la grande géométrie métaphysique quelques larges lambeaux, quelques pages sublimes et lumineuses que Malebranche ou Leibnitz auraient pu signer avec orgueil, s’ils n’eussent été chrétiens ; esprit d’intelligence, de hardiesse et de conjecture, alternant du fait à la rêverie, flottant de la majesté au cynisme, bon jusque dans son désordre, un peu mystique dans son incrédulité, et auquel il n’a manqué, comme à son siècle, pour avoir l’harmonie, qu’un rayon divin, un fiat lux, une idée régulatrice, un Dieu. » C’est ainsi que Diderot, tout en travaillant à l’Encyclopédie, à la Correspondance que Grimm adressait à quelques souverains allemands ; tout en écrivant ses Salons qui n’ont paru qu’après sa mort, était toujours prêt à communiquer ses idées à ses amis, aux jeunes écrivains qui venaient le consulter. […] Ses contemporains ne voyaient pas que dans une âme ardente, dans une imagination aussi vive et aussi riche que la sienne, la négation devenait une affirmation passionnée, une fureur de destruction et de vengeance qui touchait de plus près qu’on ne le croit à la réhabilitation de la religion dans le sentiment naturel. […] Quiconque se voudra donner la peine de retracer les accidents d’une de ses journées, ses conversations avec des hommes de rangs divers, les objets variés qui ont passé sous ses yeux, le bal et le convoi, le festin du riche et la détresse du pauvre ; quiconque aura écrit d’heure en heure son journal aura fait un drame à la manière du poète anglais. » En somme, c’est bien moins comme critique que comme poète que M. de Chateaubriand contribua à introduire en France les éléments de la littérature anglaise, et eut sa part dans la réforme poétique de notre siècle. […] Celui-là ne déploie guère qu’un vice de société, capable tout-au-plus de lui faire manquer un mariage, mais qui ne peut le dégrader, car du temps de Regnard un gentilhomme était toujours pardonné et toujours riche.

1405. (1916) Les idées et les hommes. Troisième série pp. 1-315

Ce Benoît, c’est le fils d’un agriculteur du Gers, homme assez riche et qui n’a pas lésiné pour que son fils eût de l’instruction. […] Et, finalement, capitaine de la garde civique, amant de la colonelle, assez riche, propriétaire, il n’a rien à se refuser, en fait d’ambitions, de cupidités et de désirs. […] Son édition, riche à foison, que de fautes la condamnent ! […] … « Ce furent des temps riches, excessifs, fougueux et libertins. […] Émile Ollivier suit son précepte : ses volumes sont riches de documents et de pièces ; il avoue même qu’il a souvent sacrifié l’agrément littéraire de ses narrations à l’intègre souci de publier « les textes » authentiques.

1406. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Les avez-vous jamais vus à table un jour de Saint-Charlemagne ou de gala chez quelque riche bourgeois qui leur ouvrait sa cave ? […] Il est de ces riches auxquels volontiers on prête ; il est l’Hercule du genre ; on en a fait un de plusieurs.

1407. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Mais pour en revenir à ces Larmes de saint Pierre et à ce qu’elles ont de meilleur, le saint, dans son désespoir, s’en prend à la vie, à la déloyale vie, qu’il apostrophe comme une personne distincte ; il lui dit des injures, l’accusant de mensonge et d’iniquité : On voit par ta rigueur tant de blondes jeunesses, Tant de riches grandeurs, tant d’heureuses vieillesses, En fuyant le trépas au trépas arriver ; Et celui qui, chétif, aux misères succombe, Sans vouloir autre bien que celui de la tombe, N’ayant qu’un jour à vivre, il ne peut l’achever ! […] Comme c’est riche et flottant !

1408. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Le ridicule n’est qu’un motif de la gaieté comique, le motif le plus ancien et le plus nouveau, la source la plus riche, j’y consens ; mais il est si peu la gaieté elle-même, qu’il ne réussit pas toujours à la provoquer, et que celle-ci peut très bien prendre ailleurs ses inspirations. […] Le riche Mégadore demande sa fille en mariage.

1409. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Il va chercher de pauvres ouvriers, des bateleurs, un enfant trouvé, et accable sous leur bon sens, sous leur générosité, sous leur délicatesse, sous leur courage et sous leur douceur, la fausse science, le faux bonheur et la fausse vertu des riches et des puissants qui les méprisent. […] Laissez aux savants la science, l’orgueil aux nobles, le luxe aux riches ; ayez compassion des humbles misères ; l’être le plus petit et le plus méprisé peut valoir seul autant que des milliers d’êtres puissants et superbes.

1410. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

Samedi 20 février Les gens riches, il leur arrive parfois d’avoir du goût dans les porcelaines, dans les tapisseries, dans les meubles, dans les tabatières, dans les objets de l’art industriel. […] Le riche collectionneur a donné à sa collection le milieu à la fois imposant et froid d’un Louvre.

1411. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre sixième. Le roman psychologique et sociologique. »

Plus tard, c’est le riche que le romancier mettra en contact avec le pauvre (Balzac), le patron avec l’ouvrier, le peuple avec la bourgeoisie, pour instituer ce que Zola veut qu’on appelle des expériences. […] A midi mille papillons blancs s’y réfugiaient, et c’était un spectacle divin de voir là tourbillonner on flocons dans l’ombre cette neige vivante de l’été… Le soir, une vapeur se dégageait du jardin et l’enveloppait ; l’odeur si enivrante des chèvrefeuilles et des liserons en sortait de toute part comme un poison exquis et subtil ; on entendait les derniers appels des grimpereaux et des bergeronnettes s’assoupissant sous les branchages… C’était un jardin fermé, mais une nature acre, riche, voluptueuse et odorante .

1412. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Les matériaux dont il opère la synthèse, il les suppose régis par des lois nécessaires, et bien qu’il aboutisse à des combinaisons de plus en plus riches, de plus en plus malaisées à prévoir, de plus en plus contingentes cri apparence, il ne sort pas du cercle étroit de la nécessité, où il s’était enfermé d’abord. — En approfondissant ces deux conceptions de la nature, on verrait qu’elles impliquent deux hypothèses assez différentes sur les rapports de la loi avec le fait qu’elle régit. […] Mais le dynamisme ne cherche pas tant à établir entre les notions l’ordre le plus commode qu’à en retrouver la filiation réelle : souvent, en effet, la prétendue notion simple — celle que le mécaniste tient pour primitive — a été obtenue par la fusion de plusieurs notions plus riches qui en paraissent dériver, et qui se sont neutralisées l’une l’autre dans cette fusion même, comme une obscurité naît de l’interférence de deux lumières.

1413. (1904) Essai sur le symbolisme pp. -

Puisque je dois non seulement m’entendre, mais aussi me faire entendre, je remplace mon sentiment original par un mot plus ou moins adéquat, semblable, jamais identique, je substitue un schème, une image simplifiée et appauvrie à un état d’âme riche et touffu, et me voici retombé dans l’ornière dialectique obligatoire. […] On éprouve la solidité d’une théorie d’esthétique en s’assurant si ses fondements reposent sur le riche terrain de la vie.

1414. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

Boris, qui n’était pas riche, mais dont les parents autrefois étaient riches, avait été élevé à l’université et avait reçu une excellente éducation. […] Mais Pierre, avec sa tranquillité et sa modestie de caractère, s’inquiétait peu de ce que les riches appellent les agréments de la vie, et se réjouissait de posséder une maisonnette où il pût s’abriter dans les mauvais temps.

1415. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Tchéou, le riche banquier de Canton, sans doute n’est-elle jamais vécue ? […] Samuel Bernard, soit dit en passant, était un grand financier, si riche qu’il était pris pour juif, mais il ne l’était point ; il se fit même recevoir à Marly par Louis XIV. » Lorsque Xavier se vit rue du Bac à minuit, il n’eut même pas le désir de traverser la Seine et d’aller au Bœuf sur le toit, d’autant que le paquet de livres que Jacques Boulenger lui avait remis était très lourd. […] Voilà que Radiguet se croit riche ! […] Il est un des plus riches héritiers d’une civilisation menacée.

1416. (1940) Quatre études pp. -154

Il était sentimental, au point de s’être épris de sa cousine, et puis de son autre cousine, comme les collégiens : des cousines riches, qui avaient bien ri de ce soupirant. […] Ils sont parés des « teintes les plus riches, mais les plus mystérieuses, du pays des illusions ». […] Il entend un appel auquel il est incapable de répondre. « Ma mère », s’écrie Petöfi, Ma mère, les rêves ne trompent pas ; Le linceul de la mort peut m’envelopper, Le nom glorieux de ton fils poète, Ma mère, vivra dans l’éternité26… Or, tandis qu’il est déjà riche de cette assurance, il ne fait encore qu’imiter ; il suit ses prédécesseurs, et ses accents ne sont que des échos. […] Puisqu’il a cultivé son âme, déjà riche, plus qu’aucun !

1417. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

On est riche de souvenirs et d’anecdotes qui peuvent à l’occasion tenir lieu d’idées et qui plaisent toujours à notre époque friande de commérages. […] Lemaître respire avec un plaisir « délicieusement pervers » le parfum capiteux des fleurs du mal, j’entends quand ces fleurs sont rares, étranges de forme, ou riches de couleur comme une collection d’orchidées. […] N’était-ce pas hier que je lisais les lignes suivantes : « Les romanciers modernes se sont découvert un riche, un inépuisable domaine d’observation, lorsqu’ils se sont avisés qu’il existe une sensibilité particulière à chaque métier. […] Et pourtant la mise en scène la plus merveilleuse, le style le plus riche ou le plus châtié lui semblent encore des qualités secondaires qui ne suffisent point à faire vivre une œuvre dramatique. […] La débauche, qui jette les jeunes gens riches en proie aux gourgandines de haut vol, lui paraît être l’« Assommoir de la bourgeoisie ».

1418. (1900) Molière pp. -283

Ce mot peut signifier aussi la perspective et la définition d’un état de choses où tous les caractères d’hommes seront égaux, où le caractère humain sera également respecté dans tous les hommes, dans les plus infimes comme dans les plus riches et les plus puissants, où la solidarité et l’égalité de toutes les âmes dans l’espèce humaine seront vivement senties. […] Avant la Révolution, dans les hautes classes, chez les bourgeois riches et opulents, chez les financiers et chez les magistrats, le droit d’aînesse régnait en souverain. […] C’étaient environ deux cents personnes de tout âge depuis seize ans jusqu’à soixante, la plupart de condition moyenne, un fonds d’étudiants… des conseillers à la Cour et des magistrats de tout grade, des intendants et des officiers d’intendance… un certain nombre de femmes… Tout cela formait un auditoire attentif et redoutable en qui la nourriture était riche et solide, dont le goût surgissait par éclairs, prompt et fin. […] Timaule est devenu maréchal de France et il a soixante ans ; il peut choisir désormais entre les plus riches et les plus belles. […] ——— Il n’y a de riche que la jeunesse.

1419. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Gras et riche, bien portant, solide à soixante ans comme à quarante, Molina, — Molina le tombeur, comme on l’appelait, — passait ses après-midi à la Bourse et ses après-dîners au foyer de la danse. […] Cardinal ne sera pas nommé maire… Il s’y attend… L’ancien maire va avoir la majorité dans le conseil… C’est un grand industriel retiré des affaires, très riche… deux ou trois millions… C’est un de ces hommes qui, selon l’expression de M.  […] S’il fût né pauvre, il n’eût été qu’un homme ordinaire ; riche, c’était un sot… Physiquement, M. de Maurescamp était un grand et beau garçon, un peu haut en couleur et d’une élégance un peu lourde. […] Lévy, est riche d’études contemporaines ; M. de Pontmartin y a passé en revue Joseph Autran, MM.  […] Un ami lui avait confié la totalité des manuscrits si riches et si intéressants, recueillis sur cette famille par M. 

1420. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Massillon est plus riche en images, mais moins fort en raisonnements. […] Et tous les riches ornements se détachèrent de sa tête, la bandelette, le nœud, le réseau, et le voile que lui avait donné Aphroditè d’or, le jour où Hektôr au casque mouvant l’avait emmenée de la demeure d’Eétiôn, après lui avoir donné une grande dot. […] Grantor, voyant avec des yeux pleins d’indignation que j’étais tout auprès de lui, redoubla son ardeur : tantôt il invoquait les dieux, et leur promettait de riches offrandes ; tantôt il parlait à ses chevaux pour les animer : il craignait que je ne passasse entre la borne et lui ; car mes chevaux, mieux ménagés que les siens, étaient en état de le devancer : il ne lui restait plus d’autre ressource que celle de me fermer le passage. […] Où l’œil se plaisait à regarder des coteaux riches et verdoyants, on ne voit plus que des plantations bouleversées et des cavernes hideuses. […] « Il y avait assurément dans cet art de graves défauts : d’abord il était d’une monotonie fatigante et à la longue insupportable ; la période d’Isocrate, sans parler de celle de Demosthène, est bien plus variée dans ses effets et bien plus riche ; elle est aussi bien plus puissante, plus capable d’entraîner.

1421. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Il était dur et même assez rude, résistant, ayant du silex dans sa complexion, comme le terrain dans ses vignes ; prompt à s’exalter et prompt à s’abattre, d’un ressort puissant, d’une trempe d’acier, avec des alternances de tristesse, impétueux même dans ses crises de pleurs ; difficile à manier et à conduire — riche de sève comme, les ceps du Mâconnais. […] Il étudie l’histoire et il constate que l’individu est d’autant plus riche en émotions, d’autant plus abondant en forces sentimentales, qu’il est moins individualiste, plus complètement, plus intimement baigné, noyé dans l’âme collective dont il est une des pensées, dans l’action générale dont il est un des moments. […] Vétheuil est un Parisien, riche, élégant, qui sait la vie. […] C’est à sa piété pour l’Oriental qu’il doit cette couleur étrangement riche de son imagination et aussi à ses inconscients atavismes. […] Il rime riche, il rime rare, et il ne donne jamais cette sensation de virtuosité contre laquelle les disciples de Verlaine ont réagi, avec un excès plus absurde encore, en substituant plus tard l’assonance à la rime.

1422. (1903) Propos de théâtre. Première série

— Votre père est riche, dit-il, soit, mais ……… Si vous veniez à mourir le premier, Où serait son douaire ? […] Félix a été nommé par l’empereur Décius (247) gouverneur d’Arménie, et, au moment où l’action commence, Pauline vient d’épouser, par obéissance aux désirs de son père, Polyeucte, riche seigneur de cette province. […] Il a compris que la manie du bel esprit chez les bourgeoises riches peut servir à quelque chose, et il a rêvé du « beau mariage ». […] Ils trouvaient que ces personnages, quelque semblables à nous qu’ils fussent, avaient un air qui n’était point tout à fait le nôtre, avaient une âme qui, tout en ressemblant à nos âmes, était plus riche. […] Elle est toujours la même en son fond, mais s’est accrue de sentiments nouveaux, d’une idée plus vaste du poème tragique, et se trace à elle-même un cadre plus large, plus haut et plus riche.

1423. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Les graines de cresson alénois, par exemple, ne peuvent germer que dans un air relativement riche en oxygène ; en mélangeant un volume d’air avec deux volumes d’un gaz inerte, de l’hydrogène, par exemple, la germination n’a pas lieu. […] On comprend donc que l’animal puisse vivre dans un milieu moins riche en oxygène, si la pression accrue vient compenser cette diminution, et inversement que le même animal puisse vivre dans un milieu plus riche en oxygène que l’air ordinaire, si l’abaissement de pression compense l’accroissement. […] À un moindre degré, cela se rencontre chez les animaux ; le squelette des crustacés et la carapace des insectes sont des parties qui sont peu riches en azote ou qui en sont même absolument dépourvues. […] J’ai montré que le sang qui sort d’un muscle en contraction n’est pas plus riche en eau que celui qui y entre, c’est même plus souvent le contraire. […] J’ai montré que le sang veineux qui sort des glandes est à peu près aussi riche en oxygène que le sang artériel, de sorte que l’exagération de la fonction n’entraînerait pas la disparition de l’oxygène.

1424. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Le parti philosophique et révolutionnaire, Fouché, qui était alors ministre de la police, en tête, poursuivait implacablement un journal dans lequel on voyait à la fois un ennemi et une riche proie. […] Riche, pair d’Angleterre, beau, plein de talent poétique, il quittait son pays en 1809, en laissant derrière lui, comme souvenirs, son premier amour dédaigné, ses premiers poëmes persiflés67, ses débuts parlementaires au-dessous du rôle que lui assignait son orgueil. […] Une imagination qui n’est pas toujours maîtresse de son élan, une intelligence qui ne contient pas toujours sa pensée, et qui, ainsi que l’auteur le dit lui-même, se laisse emporter par elle, comme dans un tourbillon mélodieux ; parfois quelque chose d’excessif dans les idées et les sentiments : voilà les défauts de cette riche nature, défauts plutôt indiqués que bien caractérisés dans ces premières poésies.

1425. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

» Il s’estimerait heureux et riche de ses restes.

1426. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « M. Boissonade. »

Ayant fait toutes mes réserves, j’ai le droit maintenant d’ajouter que ces deux volumes doivent peut-être à ce genre de commentaire animé et plein d’effusion, à tout ce luxe inusité, d’avoir du mouvement et de la vie ; d’un peu nus et d’un peu secs qu’ils eussent été autrement (les écrivains qu’on appelle attiques le sont parfois), ils sont devenus plus nourris, plus riches, d’une lecture plus diversifiée et, somme toute, fort agréable ; seulement, dans le plat varié qu’on nous sert, cela saute aux yeux tout d’abord, la sauce a inondé le poisson.

1427. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

De Chimène, il n’en est pas plus question dans la suite de cette Chronique que si elle n’existait pas ; et un jour que le comte de Savoie, prisonnier de Rodrigue, lui a offert sa fille en mariage, le victorieux refuse, non pas en disant : « Je suis déjà marié », mais comme n’étant pas de ceux à qui appartient fille de comte et si riche héritière.

1428. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Appendice. Discours sur les prix de vertu »

Il existe à Paris, dans le quartier Notre-Dame-de-Lorette, une femme, nous a-t-on dit, qui, depuis quarante ans, dans une condition des plus médiocres, a fait autant de bien à elle seule que les familles riches et les bureaux de bienfaisance qui l’entourent.

1429. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

« Quand je songe, écrivait-il à son ancien collègue, aux épreuves qu’une poignée d’aventuriers politiques ont fait subir à ce malheureux pays ; lorsque je pense qu’au sein de cette société riche et industrieuse on est parvenu à mettre, avec quelque apparence de probabilité, en doute l’existence même du droit de propriété ; quand je me rappelle ces choses, et que je me figure, comme cela est la vérité, l’espèce humaine composée en majorité d’âmes faibles, honnêtes et communes, je suis tenté d’excuser cette prodigieuse énervation morale dont nous sommes témoins, et de réserver toute mon irritation et tout mon mépris pour les intrigants et les fous qui ont jeté dans de telles extrémités notre pauvre pays. » C’était peut-être, il est vrai, pour consoler le chef de l’ancienne Opposition de gauche et le promoteur des fameux banquets qu’il écrivait de la sorte : quoi qu’il en soit, le philosophe est ici en défaut, et il paraît trop vite oublier ce qu’il a reconnu ailleurs, que ce ne sont pas les partis extrêmes qui ont renversé Louis-Philippe, mais que c’est la classe moyenne le jour où elle fit cause commune avec eux.

1430. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Il n’avait qu’un seul ami personnel sur qui il put compter, et dont le concours, l’assistance lui était indispensable : son beau-frère, le comte Temple, frère aîné de George Grenville, le chef de cette grande famille, alors si riche et si considérable.

1431. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

Jamais langue plus belle, plus riche, plus fine, plus libre, ne fut parlée par des hommes de plus d’esprit et de meilleure race.

1432. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Qu’ils sont rares ceux qui, dans l’ordre de la pensée, se fixent à temps et adhèrent sans réserve à la vérité reconnue par eux perpétuelle, universelle et sainte ; qui, non contents de la reconnaître, s’y emploient tout entiers, y versent leurs facultés, leurs dons naturels : riches leur or, pauvres leur denier, passionnés leurs passions ; orgueilleux s’y prosternent, voluptueux s’y sèvrent, nonchalants s’y aiguillonnent, artistes s’y disciplinent et s’y oublient ; qui deviennent ici-bas une volonté humble et forte, croyante et active, aussi libre qu’il est possible dans nos entraves, une volonté animant de son unité souveraine la doctrine, les affections et les mœurs ; véritables hommes selon l’esprit ; sublimes et encourageants modèles !

1433. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Où siégeaient, sur de riches carreaux, Cent idoles de jaspe aux têtes de taureaux ; . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

1434. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

Riche de savoir, rompu à l’étude, propre aux langues, regorgeant, en quelque sorte, de souvenirs et d’aventures éprouvées ou recueillies qui s’étaient amassées en lui dans le silence, il saisit sa plume facile et courante pour ne la plus abandonner ; et par ses romans, ses compilations, ses traductions, ses journaux, ses histoires, il s’ouvrit rapidement une large place dans le monde littéraire.

1435. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

En avançant pourtant et à force d’écrire, sa phrase, si riche d’ailleurs de gallicismes, ne laissa pas de se former ; elle s’épura, s’allégea beaucoup, et souvent même se troussa fort lestement.

1436. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il m’est arrivé plus d’une lois, messieurs, en assistant à certaines de vos discussions, de former un regret et un vœu : ce vœu, ce serait de voir plus souvent dans cette enceinte un prince si remarquable par les dons de l’intelligence, si riche de connaissances qu’il accroît de jour en jour, d’un esprit vraiment démocratique, doué d’éloquence, d’une capacité multiple et prompte que tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher admirent, et qui, pour tout dire d’un mot, est digne de sa race.

1437. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Il n’y a point de langue assez riche pour fournir autant de termes, de tours et de phrases que nos idées peuvent avoir de modifications.

1438. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

VI Le commerce, qui faisait les riches, ne devait pas tarder à faire les rois.

1439. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

Jean Clopinel, de Meung-sur-Loire, était aux enviions de l’an 1300 un grave et sage homme, des plus considérés, riche, possédant une maison dans la rue Saint-Jacques et le jardin de la Tournelle, estimé des plus nobles et meilleurs seigneurs ; il avait traduit de savants ouvrages, la Chevalerie (De re militari) de Végèce, la Consolation de Boèce ; il avait fait un Testament en vers français, très pieux, où le prud’homme réprimandait fortement les femmes elles moines.

1440. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Richard Darlington, fils du bourreau, devenu membre du Parlement, jette sa femme par la fenêtre pour épouser une femme plus riche.

1441. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Francisque Sarcey »

S’il est plus facile d’écrire un roman qui se fasse lire qu’une pièce qui se fasse écouter, rien n’est meilleur ni plus rare qu’un très bon roman ; et un roman de premier ordre sera toujours plus riche d’observations et reproduira plus complètement la vie qu’un drame même excellent. ) Or, l’œuvre dramatique est comme pressée par deux nécessités contradictoires.

1442. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

Il a pour voisine une sainte fille, Sévéraguette, orpheline et riche.

1443. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

Les articles, dits premier-Paris, admirables et la seule forme contemporaine parce que de toute éternité, sont des poèmes, voilà, plus ou moins bien simplement ; riches, nuls, en cloisonné ou sur fond à la colle.

1444. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Quant à supposer la possibilité de l’accueil éventuel que la presse pourrait réserver à un nouveau Sainte-Beuve, c’est là, en raison du dédain que professent les plus riches des feuilles publiques accaparées par des besognes entièrement autres, une supposition à la réalisation de laquelle je ne crois pas.

1445. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Riche, sonore, accentuée, abondante en onomatopées, habile à exprimer les nuances les plus délicates et les plus subtiles, douée, comme le grec, d’un pouvoir de composition presque sans bornes, la langue russe semble faite pour la poésie.

1446. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Soyons César, Cyrus, Hamlet et s’il nous prend fantaisie d’être Don Juan, le passé est assez riche en héroïnes de tout genre, pour que nous puissions y cueillir des trophées à loisir.

1447. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Que de Dissertations n’ont-ils pas publiées sur l’Ame, pour nous persuader qu’elle est mortelle & périssable comme son enveloppe ; qu’elle ne differe pas de celle des bêtes & des plantes ; que l’Honnête homme infortuné & le Riche bienfaisant n’ont pas plus de récompense à espérer, après leur mort, que les Méchans & les Pervers n’ont de châtiment à redouter !

1448. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Elle a épousé un gentilhomme riche et de haute naissance, elle est une grande dame par le nom qu’elle a conquis, les portes du monde se sont ouvertes à deux battants devant elle.

1449. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

C’est Boissy d’Anglas qui nous le montre ainsi, et Chateaubriand achève le portrait en ajoutant : « Mais, à la première phrase qui sortait de sa bouche, on sentait l’homme d’un vieux nom et le magistrat supérieur. » Sa conversation était riche, nourrie, abondante ; il savait tout, ou du moins il savait beaucoup de tout, et cela sortait à flots avec une vivacité et une profusion qui rendait sa parole aussi piquante qu’instructive.

1450. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Veuf d’une première femme et voulant se remarier, « cherchant du bien, dit-il, parce qu’il savait qu’il sert beaucoup à faire obtenir les grands honneurs », il s’était laissé persuader par quelques entremetteurs intrigants qu’une jeune veuve fort riche, Mme de Miramion, ne demandait pas mieux que de l’épouser, mais qu’elle avait besoin d’y paraître contrainte pour donner un consentement que sa famille n’aurait pas approuvé.

1451. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

Le dessous, encore une fois, était d’une nature moins effrayante, d’une nature riche, ample, copieuse, généreuse, souvent grossière et viciée, souvent fine aussi, noble, même élégante, et, en somme, pas du tout monstrueuse, mais des plus humaines.

1452. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre I. Le Bovarysme chez les personnages de Flaubert »

Dambreuse, le riche banquier orléaniste, découvre qu’il a toujours été républicain.

1453. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre II. Le fond et la forme dans la littérature indigène. »

. — Le riche et son fils. — Le prince qui ne veut pas d’une femme niassée, etc.

1454. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre III. La complication des sociétés »

Au temps où la principale richesse est la propriété foncière, les mêmes familles possèdent ordinairement les mêmes choses ; les grands sont aussi les riches, et, chacun restant à son rang, la hiérarchie sociale est comme pétrifiée.

1455. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre premier. »

Elle frappe dans l’ensemble, dans les détails, malgré tout ce qui sépare le majestueux évêque français, fils de magistrat, magistrat lui-même, reçu dans la cour et le conseil d’État d’un grand roi, le théologien profond, l’orateur incomparable, dont la voix illustrait les grandes funérailles, et l’harmonieux Trouvère de la Grèce idolâtre, le fils d’un musicien de Béotie, habitant une petite maison de Thèbes, poëte et chanteur, et, à ce titre, hôte bien voulu dans les cités de la Grèce, dans les palais des rois de Syracuse, d’Agrigente, d’Etna, de Cyrène, et souvent aussi, dans la maison et à la table de riches citoyens, dont il célébrait, pour des présents ou par amitié, les triomphes dans les jeux sacrés de la Grèce.

1456. (1903) La pensée et le mouvant

N’est-il pas plus riche de nouveauté, d’imprévisibilité radicale, que la symphonie du plus grand maître ? […] Ce sera d’ailleurs une unité riche et pleine, l’unité d’une continuité, l’unité de notre réalité, et non pas cette unité abstraite et vide, issue d’une généralisation suprême, qui serait aussi bien celle de n’importe quel monde possible. […] Le monde n’est-il pas une œuvre d’art, incomparablement plus riche que celle du plus grand artiste ? […] Mais cette métaphysique, comme cette science, a déployé autour de sa vie profonde un riche tissu de symboles, oubliant parfois que, si la science a besoin de symboles dans son développement analytique, la principale raison d’être de la métaphysique est une rupture avec les symboles.

1457. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Certes, un chef germain du IIe siècle était plus capable d’envahir l’empire qu’un patricien de Rome n’était capable de le défendre ; mais le Romain érudit et fin, curieux et désabusé, tel que nous connaissons l’empereur Hadrien, par exemple, le César amateur de Tibur, représentait un plus riche trésor d’acquisition humaine. […] Renan aime à se tirer à lui-même, pour le plaisir de penser d’une façon plus riche et plus complète, — virtuose prestigieux de sa propre intelligence qui s’enivre d’idées comme les musiciens se grisent de sons, et les peintres, de couleurs ! […] Il est, sinon riche, du moins à l’abri du métier mercenaire. […] Entendez par là cette philosophie que Carlyle appelle profondément, dans son Sartor resœrtus : « a spiritual picture of nature… une peinture spirituelle du monde. » La riche et prodigieuse variété des phénomènes se résume en quelques lois qui sont comme les fioles d’opium, mères du songe grandiose. […] Nous savons, grâce aux Mémoires de cet étonnant Casanova, si bien nommé Aventuros par le prince de Ligne, quelle douce existence, riches et pauvres, nobles et plébéiens, menaient dans les cités italiennes du XVIIIe siècle.

1458. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

… » Et il explique par quel travail compliqué de barrages et d’irrigations ces trois vallées, de sauvages et de stériles, se transformeraient en de riches prairies, propices à un magnifique élevage de bestiaux : « Vous verrez un jour, conclut-il, la vie, la joie, le mouvement, là où règne le désert, là où le regard s’attriste de l’infécondité. […] Léon Crouslé, « que je comprends bien ces dégoûts, ce besoin de plaisir et d’émotions que nous n’aurons jamais, et qui sont pour les nobles et les riches ! […] Barrès ramasse dans son raccourci des jours et des jours de réflexion, de « méditation », — pour parler le langage d’Un Homme libre, — devant cette énigme : le contraste entre les dégénérescences d’une époque libérée, mais si féconde en avortements27, et tout près, à deux âges d’homme, les vitalités d’un temps hiérarchisé, emmaillotté de préjugés, mais si riche en destinées glorieuses, si magnifique de virilité triomphante !‌ […] Joseph Delorme et les Consolations n’auront été que deux moments dans cette longue et riche existence du plus compréhensif, du plus souple, du plus perspicace des grands écrivains du dix-neuvième siècle.

1459. (1897) Aspects pp. -215

Il s’entête à dire sa pensée, si blessante pour les conformes, à vivre sa vie trop colorée parmi les grisâtres, à soulever le voile sous lequel les Dirigeants dissimulent leurs sales mystères ; la haine vorace du riche contre le pauvre, la peur envieuse du pauvre devant le riche. […] Ventre riche, mâchoire ardente et menton gourd ; Haine et terreur murant son gros front lourd Et poing taillé à fendre en deux toutes attaques. […] Michel Alexandrovitch Bakounine naît en 1814 d’une famille noble et très riche. […] En effet, voyez-vous cet homme gênant qui se permet de combattre, d’aller en prison ou en Sibérie et de se faire condamner à mort au lieu de prospérer, riche et gras, occupé de métaphysique, sous l’égide paternelle du czar ! […] S’il nous vient des nouvelles du monde, par les amis qui nous visitent ou les gazettes que je reçois — comme elles nous paraissent riches et admirables !

1460. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Un avenir brillant s’ouvrait devant lui et il pouvait faire un riche mariage ; il a épousé une fille pauvre qui, par les relations de sa famille, pouvait lui frayer la voie vers l’Académie. […] Paul Bourget, fertile en idées, riche en aperçus nouveaux et d’un style très distingué, très délicat, auquel on pourrait seulement reprocher ça et là l’abus de la langue philosophique. […] Il n’en saurait aller autrement avec des œuvres comme celles-là, si riches d’aperçus et si suggestives. […] Il l’aime à l’adoration, non seulement parce qu’elle l’a fait riche, mais surtout parce qu’elle l’a fait honnête homme. […] Alphonse qui l’y contraint presque, et non par intérêt pour l’enfant, mais pour se rendre possible un riche et honteux mariage.

1461. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Traitée avec une entière liberté d’esprit, cette partie si riche de l’histoire des hommes deviendra une source de méditation psychologique. […] Il est d’ailleurs très probable que le populaire romain se représentait Vénus à peu près comme le populaire novolatin s’est représenté la Madeleine : une courtisane ou une princesse très belle, très riche et très lascive. […] Il a eu le bonheur d’être assez riche pour donner de belles robes à ses idées, et ses idées en ont profité pour faire leur chemin dans le monde. […] Riche, sénateur, ambassadeur, ministre, M.  […] Il y a de lui au Luxembourg un pastel qui semble fait avec des ailes de papillon ; c’est le même velouté moelleux et riche.

1462. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Mais de temps à autre il abandonnait tout travail, s’en allait courir par les routes, « afin, disait-il, de ne pas devenir trop riche ». […] Le voyage qu’il fit de Pise à Rome fut riche en belles impressions. […] « L’empereur était amplement drapé dans une toge très riche, mais de forme un peu démodée. […] Pour que l’humanité soit heureuse, les lettrés doivent oublier la science, et les riches renoncer à leur fortune : à cela doit tendre la future éducation sociale. […] Et de même que celui-ci a toujours pris soin de nous présent ter ses amoureux comme de beaux jeunes hommes indépendants et riches, n’ayant d’autre affaire que d’aimer, de même M. 

1463. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

Ce mot de riche vénerie ainsi solennellement rejeté indique d’abord qui est le chasseur. […] 93 Les plaisanteries du bourgeois riche ne sont que grossières.

1464. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Furieux, nous avons combattu, le feu planait sur la demeure des hommes, et nous avons endormi dans le sang ceux qui veillaient aux portes de la ville. » Par ces propos de table et ces goûts de jeune fille, jugez du reste20.Les voici maintenant en Angleterre, plus sédentaires et plus riches : croyez-vous qu’ils soient beaucoup changés ? […] L’heureuse poésie d’Homère se développe abondamment en amples récits, en riches et longues images.

1465. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Les pauvres, au même titre que les riches, sont de par le droit naturel des citoyens, c’est-à-dire du nombre des parties vivantes dont se compose, par l’intermédiaire des familles, le corps entier de la nation, pour ne pas dire qu’en toutes les cités ils sont le grand nombre… Comme donc il serait déraisonnable de pourvoir à une classe de citoyens, et d’en négliger l’autre, il devient évident que l’autorité publique doit prendre les mesures voulues pour sauvegarder le salut et les intérêts de la classe ouvrière… Pour ce qui est des intérêts physiques et corporels, l’autorité publique doit tout d’abord les sauvegarder, en arrachant les malheureux ouvriers aux mains de ccs spéculateurs qui, ne faisant point de différence entre un homme et une machine, abusent sans mesure de leurs personnes pour satisfaire d’insatiables cupidités. […] Et il est écrit ailleurs : « Je vous le dis encore une fois, il est plus facile qu’un chameau passe par le trou d’une aiguille qu’un riche entre au royaume des cieux. » Mais si la lettre de ces paroles n’est pas développée par l’esprit de la tradition, quel effet ne produiront-elles pas sur un humble lecteur — infimæ sortis, pauperculæ domus — puisqu’elles ont fourvoyé dans ce dédale d’erreurs le plus grand écrivain de la Russie contemporaine !

1466. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Oui, vous avez raison ; c’était un beau temps que celui où, riche de jeunesse, d’espérances, et j’oserai presque dire d’avenir, toute une génération se précipitait à notre suite, par la brèche qu’avaient ouverte Henri III, Hernani et la Maréchale d’Ancre. […] Buloz ; énumérons les chefs-d’œuvre enfouis dans la lourde et ténébreuse Revue des Deux Mondes, que cette fée à qui Dieu a donné une plume au lieu de baguette soulevait comme un ballon, illuminait comme un météore chaque fois que sa capricieuse et poétique fantaisie posait dans ce nid de hibou, un de ces cygnes au doux ramage ou au plumage éclatant qui composent sa riche et nombreuse famille.

1467. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

3° Elle admet une plus riche variété de sons spécifiques [§ 5]. […] Voir dans la deuxième partie de notre présentation le commentaire de l’intérêt de ce passage extrêmement riche p. 70-71 si on le met en rapport avec la nouveauté formelle future du monologue intérieur du point de vue littéraire.

1468. (1862) Notices des œuvres de Shakespeare

Quand les enfants de Saint-Paul commencèrent leurs représentations, il y avait déjà nombre d’années que les riches seigneurs de la cour avaient pris l’habitude d’enrôler parmi leurs serviteurs des troupes de comédiens ; Élizabeth était depuis peu sur le trône, lorsque lord Leicester donna l’exemple, et avant 1584 il avait déjà eu dix imitateurs. […] Lorsque Rome fut conquise, en 1527, par les Espagnols et les Allemands ; il se trouva parmi les prisonniers un riche marchand nommé Ambrogio, qui avait un fils et une fille, tous les deux d’une beauté et d’une ressemblance si parfaites que, s’ils changeaient d’habillements, le père lui-même avait peine à les distinguer5. […] La versification des Deux Gentilshommes de Vérone est presque toujours excellente, et on y trouve une foule de détails qu’embellit la poésie la plus riche. […] Le roi lui promit que, si son remède réussissait, il la marierait avec l’homme le plus noble et le plus riche du royaume, qu’elle choisirait elle-même. […] Dans un manuscrit persan qui rapporte le même fait, il s’agit d’un pauvre musulman de Syrie avec qui un riche juif fait ce marché pour avoir les moyens de le perdre et parvenir ainsi à posséder sa femme dont il est amoureux ; le cas est décidé par un cadi d’Émèse.

1469. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Il est toujours resté des nuages sur leur dessein de se faire comprendre dans cette trève de vingt ans, proposée par Louis XIV, en 1684, aux puissances ennemies de la France ; sur leurs propositions de paix avec le monarque déjà rédigées par écrit ; sur leur contrat passé avec Antoinette Bourignon, femme plus visionnaire encore que riche, & dont les grands biens servirent à l’impression de dix-neuf gros volumes de pieuses rêveries & à la subsistance d’une foule de prosélytes fainéans ; sur cette isle de Nordstrand, près du Holstein, achetée d’abord par cette même Bourignon, sous le nom de son directeur, pour y rassembler une secte de mystiques, & revendue ensuite aux jansénistes, qui jamais n’y formèrent d’établissement. […] Il préféra l’évêché de Sénès, peu riche, mais isolé. […] Dans quelque situation qu’on l’ait vu, riche, pauvre, puissant, disgracié, fugitif, il a toujours été supérieur aux événemens, enseignant & pratiquant la vertu. […] La médecine, au contraire, donne accès auprès des riches & des grands, & présente moins de sujets de dégoût. […] Les académiciens les plus riches sont accusés, dans cette pièce, d’avoir les mains avides de jettons, d’être plus touchés de ce petit gain que du progrès de la langue, & d’avoir même refusé leurs suffrages à des récipiendaires, parce qu’ils les jugeoient capables de diminuer leur profit par leur assiduité.

1470. (1899) Arabesques pp. 1-223

Le maniement exclusif de l’or, toute autre industrie leur ayant été longtemps interdite, a desséché l’âme des riches de leur race. […] Si l’Église se renouvelait, si elle rompait avec les puissants et les riches pour revenir à l’esprit de l’Évangile, si le Pape renonçait au temporel, se transfigurait en un pasteur désintéressé, fondant, au nom de l’équité, le royaume de Dieu sur la terre, n’en résulterait-il pas une renaissance religieuse dont profiteraient les souffrants et les exploités ? […] Et de là naissait la société, l’association librement consentie des centaines d’association diverses… Et c’était tout, plus d’oppresseurs, plus de riches et de pauvres, le domaine commun de la terre, avec ses outils de travail et ses trésors naturels, rendu au peuple, le légitime propriétaire qui saurait en jouir logiquement, lorsque rien d’anormal n’entraverait plus son expansion. […] Ce qui attire ces jeunes gens à Wagner, c’est que son art est si riche en charades, c’est qu’il y joue à cache-cache sous cent symboles ; c’est la polychromie de son idéal ; c’est son génie nuageux, sa manière de saisir, de glisser, d’errer dans les airs, son partout et nulle part, exactement les mêmes choses avec lesquelles Hegel les attirait et les égarait de son temps.

1471. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

L’auteur des synonymes dit que le bonheur est pour les riches, la félicite pour les sages, la béatitude pour les pauvres d’esprit ; mais le bonheur paroît plûtôt le partage des riches qu’il ne l’est en effet, & la félicité est un état dont on parle plus qu’on ne l’éprouve. […] Mais on veut savoir quel est le plus heureux de deux hommes également sains, également riches, & d’une condition égale, il est clair que c’est leur humeur qui en décide. […] Il se pourroit qu’un scélérat mal élevé, un grand-turc, par exemple, à qui on auroit dit qu’il lui est permis de manquer de foi aux Chrétiens, de faire serrer d’un cordon de soie le cou de ses visirs quand ils sont riches, de jetter dans le canal de la mer noire ses freres étranglés ou massacrés, & de ravager cent lieues de pays pour sa gloire ; il se pourroit, dis-je, à toute force, que cet homme n’eût pas plus de remords que son mufti, & fût très-heureux.

1472. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Est-il quelqu’un qui conteste qu’elle ait été une ruée de pillards avides sur des contrées riches, prenant prétexte dans le mot d’ordre d’un pape, qui lui-même obéissait à des idées politiques en le donnant ? […] Or la magistrature, c’était la bourgeoisie ; c’était la grande bourgeoisie française ; c’était la bourgeoisie française assez riche, fort instruite et fort éclairée, très patriote, catholique gallicane et catholique libérale, antiprotestante, à tendances ou à sympathies jansénistes, adversaire, généralement, de la noblesse et du haut clergé, adversaire du despotisme, dévouée au roi, mais indépendante à son égard et voulant qu’il fût respectueux des « lois fondamentales ». […] Croit-on que la démocratie déteste et redoute l’homme riche parce qu’il est riche ? […] Je suis persuadé que si « l’Église latérale », l’Église congréganiste, a été si puissante et si riche n’ayant pour soutien que les fidèles, l’Église officielle devenue l’Église libre trouvera dans les fidèles le même appui et le même viatique ; et je ne vois pas les raisons pourquoi il en serait autrement. […] Exploiter contre eux le ressentiment séculaire du peuple contre les abbés trop gras et les évêques trop riches du xviiie  siècle, c’est le dernier jeu que peut jouer la bourgeoisie pour détourner les regards du peuple loin des gras d’aujourd’hui et loin des riches de maintenant.

1473. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Accoutumé de bonne heure à l’étude et à la méditation, possédant parfaitement la langue du pays, animé par un but fixe et une ambition réglée, jeune et peut-être plus avancé qu’un autre à mon âge, riche d’ailleurs, très-riche pour ce pays-là, voilà bien des Avantages. […] Si peu idéale, si peu riche d’illusion qu’on la fasse à aucun moment, elle achève dès lors de perdre sa lueur, elle se décolore de plus en plus ; entre eux, à partir de ce jour (septembre 1789), comme entre Adolphe et Ellénore, des mots irréparables avaient été prononcés. […] Si par le malade vous entendez la royauté, le clergé, la noblesse, les riches, je crois bien que l’émétique de Ferrand peut seul les tirer d’affaire ; mais je ne suis pas fâché qu’il n’y ait pas d’émétique à avoir.

1474. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

L’ordre, la précision et la promptitude sont des qualités dont je tâche tous les jours d’acquérir un peu. » Au milieu de cela, des voyages en Suisse, en Italie, l’étude dans toutes les directions, la comparaison étendue dans toutes les branches des beaux-arts et des littératures ; bientôt les sciences naturelles qui vont s’y joindre ; une vie noble, assise, bien distribuée et ordonnée, occupée et non affairée, à la fois pratique et à demi contemplative (« Je demeure hors de la ville, dans une très belle vallée où le printemps crée dans ce moment son chef-d’œuvre ») ; tout ce qui, enfin, devait faire de cette riche organisation de Goethe le modèle et le type vivant de la critique intelligente et universelle.

1475. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite et fin). »

Ce sont de belles âmes que celles-là, d’un fonds primitif et riche ; mais elles offrent trop de prise à la douleur et aux impressions ineffaçables qui creusent.

1476. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite et fin.) »

Il y a un moment dans la vie de l’artiste où, muni de toute sa science et riche de tous ses matériaux, fort de son entière expérience et encore en possession de toute sa force, mais pressentant qu’elle pourrait bien faiblir un jour et lui échapper, il se lance à fond de train, se déploie, s’abandonne avec fureur et sans plus de réserve comme s’il voulait s’épuiser et laisser son âme dans son œuvre : c’est le moment décisif, c’est celui qui, dans une grande bataille rangée, décide et achève la victoire.

1477. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DES MÉMOIRES DE MIRABEAU ET DE L’ÉTUDE DE M. VICTOR HUGO a ce sujet. » pp. 273-306

Victor Hugo, plus abondant et d’une plus riche étoffe que dans la suite ; il l’a écrite en effet à vingt-quatre ans, imbu des notes et de l’esprit du marquis, par ses ordres, pour lui complaire, et tout repu encore de cette franche nourriture domestique.

1478. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Cigongne, possède aussi dans sa riche collection un manuscrit qui correspond, pour le contenu, à l’un des trois premiers, et qui paraît en être l’original.

1479. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre III »

Sur ces échanges, on voit, à Nantes, à Bordeaux, se fonder des maisons colossales. « Je tiens Bordeaux, écrit Arthur Young, pour plus riche et plus commerçante qu’aucune ville d’Angleterre, excepté Londres… Dans ces derniers temps, les progrès du commerce maritime ont été plus rapides en France qu’en Angleterre même. » Selon un administrateur du temps, si les taxes de consommation rapportent tous les jours davantage, c’est que depuis 1774 les divers genres d’industrie se développent tous les jours davantage562.

1480. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXIXe entretien. Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) » pp. 5-63

Œuvres diverses de M. de Marcellus (2e partie) I Quoi qu’il en soit de ce vœu, comme de tant d’autres, le livre de M. de Marcellus est un des livres de jeunesse qui sont les plus doux à emporter dans son bagage de voyageur ou à feuilleter dans son âge avancé, quand on veut se donner une odeur du printemps de la vie ; on y vogue, on y change d’horizon à tous les levers de l’aurore ; on y chante à demi-voix les vers mémoratifs de ses études, on y parle la plus riche et la plus sonore des langues ; et, par-dessus tout, on y cause avec un compagnon de route toujours instruit, toujours spirituel, toujours tempéré et souriant, qui semble avoir en lui la précoce et froide sagesse du vieillard à côté des belles illusions de la vie.

1481. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Plaisir léger, volage, fugitif, qu’accompagnent mille tourments, à travers l’éclat trompeur dont tu nous éblouis, tu caches des maux cruels, et ta riche et brillante parure couvre des monstres hideux.

1482. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

Étudiez Phèdre, la grande passionnée : amour, pudeur, espoir, honte, remords, jalousie, repentir, il n’y a rien, dans ce rôle si riche, qui soit donné simplement comme modification sentimentale de l’être intime ; tout est évalué comme quantité d’énergie, produisant un certain travail, pour éloigner ou approcher tour à tour le personnage d’une action irréparablement bonne ou mauvaise.

1483. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

De ce point de vue, et en ma qualité de Capoulié du Félibrige représentant le vaste domaine de la langue d’Oc qui, vous le savez bien, est aussi riche et aussi étendu que celui de la langue d’Oïl, je ne pourrais vous répondre.

1484. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Catulle Mendès me semble aussi adroit, aussi preste, aussi prestigieux, aussi riche et aussi prodigue que le Théodore de Banville des Odes funambulesques et de Dans la fournaise.

1485. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre premier »

Les littératures les plus riches en images sont les plus pauvres d’idées.

1486. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre deuxième »

Pantagruel est l’homme né, le riche ; il a des qualités dont il pourrait se passer.

1487. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Ailleurs, parlant du plaisir pieux que trouvait saint Louis à lire les Écritures, et comparant son respect pour les livres sacrés au respect d’Alexandre pour les poèmes d’Homère, il dit : Il les tenoit enclos comme un riche trésor Dans un coffre odorant de cèdre et de fin or : Il les vouloit nommer la fleur de ses délices L’aiguillon des vertus et la bride des vices.

1488. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Aucune littérature, et, nous pouvons le dire, aucune société, n’a offert une galerie plus riche et plus variée.

1489. (1890) L’avenir de la science « VIII » p. 200

Mais il faudrait au moins qu’un commerce intime s’établit entre ces fonctions diverses, que les travaux de l’érudit ne demeurassent plus ensevelis dans la masse des collections savantes, où ils sont comme s’ils n’étaient pas, et que le philosophe, d’un autre côté, ne s’obstinât plus à chercher au-dedans de lui-même les vérités vitales dont les sciences du dehors sont si riches pour celui qui les explore avec intelligence et critique.

1490. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 août 1885. »

Maintenant, en effet, une musique qui n’a de cet art que l’observance des lois très complexes qu’il se dicte, mais exprime d’abord le flottant et l’infus, confond les couleurs et les lignes du personnage avec les timbres et les thèmes en une ambiance plus riche de Rêverie que tout air d’ici-bas, déité costumée aux invisibles plis d’un tissu d’accords ; ou va l’enlever de sa vague de Passion, au déchaînement trop vaste pour un seul, le précipiter, le tordre : et le soustraire à sa notion, perdue devant cet afflux surhumain, pour la lui faire ressaisir quand il domptera tout par le chant, jailli dans un déchirement de la pensée inspiratrice.

1491. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

La haine des accords trop élémentaires conduit naturellement à l’amour des accords plus riches et plus vagues.

1492. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « I »

L’absence de loges particulières et la riche décoration de la loge grand-ducale lui donnent tout à fait l’apparence d’un théâtre de cour, et l’effet général est loin d’y perdre.

1493. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « II »

La décoction riche, bien comprise, mérite d’être spécialement mentionnée ; de plus, la direction de la Monnaie a fait abaisser l’orchestre, et réalisé une convenable obscurité dans la salle.

1494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

De grands talens, & l’abus de ces talens porté aux derniers exès : des traits dignes d’admiration, une licence monstrueuse : des lumieres capables d’honorer son Siecle, des travers qui en sont la honte : des sentimens qui ennoblissent l’humanité, des foiblesses qui la degradent : tous les charmes de l’esprit, & toutes les petitesses des passions : l’imagination la plus brillante, le langage le plus cynique & le plus révoltant : de la philosophie, & de l’absurdité : la variété de l’érudition, & les bévues de l’ignorance : une poésie riche, & des plagiats manifestes : de beaux Ouvrages, & des Productions odieuses : de la hardiesse, & une basse adulation : des leçons de vertu, & l’apologie du vice : des anathêmes contre l’envie, & l’envie avec tous ses accès : des protestations de zele pour la vérité, & tous les artifices de la mauvaise foi : l’enthousiasme de la tolérance, & les emportemens de la persécution : des hommages à la Religion, & des blasphêmes : des marques publiques de repentir, & une mort scandaleuse ; telles sont les étonnantes contrariétés, qui, dans un Siecle moins conséquent que le nôtre, décideront du rang que cet Homme unique doit occuper dans l’ordre des talens & dans celui de la Société.

1495. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

Au contraire, ils viennent se résumer dans une synthèse de plus en plus complète, qui n’est autre qu’une sensibilité de plus en plus riche et de plus en plus intuitive.

1496. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

Venus souvent de pays moins riches, ils apportent des exigences moindres : ouvriers, commerçants, industriels, banquiers, ils rendent plus ardue la concurrence pour le gain, et sont un élément qui s’ajoute aux complications de la question économique.

1497. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1877 » pp. 308-348

Lundi 12 novembre Un curieux type à fabriquer avec ce marquis de Saint-Senne, vivant dans une mansarde, en face du plus beau tapis persan du seizième siècle connu, et possédant dans deux ou trois malles, — des malles des bonnes de la campagne, — les plus belles épées, les plus riches majoliques, et pour garder ces trésors, se privant de tout, et mangeant dans une crémerie.

1498. (1899) Esthétique de la langue française « La métaphore  »

Ici et dans plusieurs des paragraphes suivants, nous nous servons de la riche moisson de termes populaires recueillis par M. 

1499. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

CEtte Histoire forme une branche très-intéressante de l’Histoire Ecclésiastique ; mais nous ne sommes pas plus riches en ce genre que dans la partie des Conciles.

1500. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre IV. Comparaison des variétés vives et de la forme calme de la parole intérieure. — place de la parole intérieure dans la classification des faits psychiques. »

L’extension du sens des mots, dans une science qui veut être méthodique, ne doit pas se faire au hasard ; le droit d’attacher son nom au genre tout entier n’appartient pas à la première espèce qui a reçu un nom scientifique, quand cette espèce n’est pas dans le genre ou la plus caractéristique ou la plus riche en individus, à plus forte raison quand elle est morbide et exceptionnelle ; or tel est le cas de l’hallucination.

1501. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Ils n’ont pas vu que c’était la saison la plus riche et la plus colorée de l’année, celle où les arbres, qui peuvent se ressembler au printemps, ont des frondaisons variées, et chacun une manière différente d’épanouir en peu de jours toute leur beauté jusque-là indécise ?

1502. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Alors c’était tout à la fois une innovation et une opération fort coûteuse que de faire mouler une statue antique en plâtre, et il ne fallut rien moins qu’un statuaire riche comme l’était Giraud, et aussi amoureux de son art, pour faire les sacrifices que l’on exigea de lui en pareille occasion. […] Très-fin connaisseur en tableaux, fort habile à les restaurer, Fabre sut profiter d’une foule d’occasions fréquentes à cette époque, pour faire des achats bien calculés, et en somme il augmenta sa fortune en achetant des tableaux, et se forma une riche galerie.

1503. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

III. scen. j. v. 109. dit que c’est une conduite loüable pour un homme de condition qui est riche, de prendre soin lui-même de l’éducation de ses enfans ; que c’est élever un monument à sa maison & à lui-même. […] Petit-maître, n’est pas un maître petit ; c’est un pauvre homme, se dit par mépris d’un homme qui n’a pas une sorte de mérite, d’un homme qui néglige ou qui est incapable de faire ce qu’on attend de lui, & ce pauvre homme peut être riche ; au lieu qu’un homme pauvre est un homme sans bien. […] En François nos adjectifs sont terminés : 1°. ou par un e muet, comme sage, fidele, utile, facile, habile, timide, riche, aimable, volage, troisieme, quatrieme, &c. alors l’adjectif sert également pour le masculin & pour le féminin ; un amant fidele, une femme fidele. […] Quelque, un, marquent aussi un individu de l’espece dont on parle : mais ces prénoms ne désignent pas singulierement cet individu ; quelque homme est riche, un savant m’est venu voir : je parle d’un individu de l’espece humaine ; mais je ne détermine pas si cet individu est Pierre ou Paul ; c’est ainsi qu’on dit une certaine personne, un particulier ; & alors particulier est opposé à général & à singulier : il marque à la vérité un individu, mais un individu qui n’est pas déterminé singulierement ; ces propositions sont appellées particulieres.

1504. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CLe entretien. Molière »

Il travaillait surtout pour le salaire ; il devint assez riche. […] Baron monta dans l’appartement de Molière, et lui rendit le discours de Mondorge, avec peine, et avec précaution pourtant, craignant de rappeler désagréablement à un homme fort riche l’idée d’un camarade fort gueux. « Il est vrai que nous avons joué la comédie ensemble, dit Molière, et c’est un fort honnête homme ; je suis fâché que ses petites affaires soient en si mauvais état.

1505. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et si nous comprenions leur emblème social, leur symbolisme supérieur, tant d’outils discrédités, les sonnantes truelles, et les fourches sournoises, et les râteaux bruissants nous paraîtraient d’une beauté aussi haute que les riches et claquants étendards des chevaleries évanouies. […] Ces sites joyeux comme un dimanche d’été, avec leurs riches pacages, leurs fermes opulentes où rient de grasses filles plantureuses, leurs moissons rouges où, pareils à des flammes, les corps amoureux ont d’étroites étreintes, je ne doute point qu’il ait rêvé d’y séjourner.

1506. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Et il travaillait un temps pour le prince, ornant alors ses travaux de bois, de belles et riches matières, et en faisant de somptueux objets d’art que collectionnait le prince, et dont il faisait cadeau aux daïmio, ses amis. […] Dubreuilh comptant les mille premiers mots de Manette Salomon, répartis en sept groupes : Êtres et Choses (substantifs et prénoms), Qualités (adjectifs qualificatifs), Déterminations, Actions, Modifications, Relations, Connexions, Interjections, et les rapprochant des premiers mille mots du Discours de la méthode, de Descartes, des premiers mille mots de l’Esprit des lois, de Montesquieu, des premiers mille mots de Télémaque, de Fénelon, etc., etc., me trouve beaucoup plus riche en Déterminations (adjectifs et articles) qu’en Connexions (les mots qui servent à lier les êtres et les choses) et déclarant que je suis l’écrivain qui s’éloigne le plus de Descartes, il me classe, en la haute et respectable compagnie de Bossuet et de Chateaubriand.

1507. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Lorsque ces espèces, par suite de cette conservation ou sélection naturelle continue des fleurs les plus riches en pollen, furent de plus en plus recherchées par les insectes, ceux-ci, agissant de leur côté inconsciemment, continuèrent à transporter régulièrement le pollen de fleur en fleur ; et je pourrais aisément prouver, par les plus frappants exemples, combien ce rôle des insectes dans la fécondation des fleurs a d’importance. […] Il en résulterait que ces deux genres se seraient ainsi fondus en convergeant dans un seul plus riche en formes ; mais, en raison de la force du principe d’hérédité, il semble difficile que ces deux groupes d’espèces nouvelles ne forment pas au moins deux sections bien tranchées dans ce genre supposé unique78.

1508. (1913) Poètes et critiques

Inoubliable bourg avec ses riches paysans, aux gros gants tricotés de fleurs, « qu’ils emportent dans le tombeau », avec ses lourdes fermières, aux tabliers et aux fichus « plus éclatants qu’un parterre de curé », avec son rude et robuste pasteur, aux homélies terrifiantes, et au destin délicieux, dans son presbytère enchanté : « Il en domine le fleuve et la vallée, ses fenêtres semblent s’ouvrir à la hauteur des collines violettes qui ferment l’horizon. […] Et tout à fait au nord, en pays norvégien, le bourg de pêche de Svolvœr : « une baie toute rose, des récifs et un rempart formidable », ou le port de Balstad, dans le plus riche district des îles Lofoten : « Le fantastique ne se mêle pas à la vie réelle comme sur les fjells de Pelle Molin. […] Je n’aurais pas montré tous les aspects de ce livre si riche et si neuf, si j’omettais de donner aux lecteurs une idée du service que l’auteur de a Suède nous a rendu en traduisant, comme l’on doit traduire, c’est-à-dire très fortement, des fragments de pièces ou des pièces entières de ces écrivains scandinaves qui l’ont passionné. […] On s’attristait d’abord ; et puis, non… Il était heureux, en effet ; on ne tardait pas à s’en apercevoir : une gaieté enfantine, et de qualité presque divine, l’animait bientôt, dès qu’il entrait en sécurité… Il avait été assez riche, et puis tout son argent s’en était allé sans qu’il sût avec exactitude comment.

1509. (1908) Jean Racine pp. 1-325

D’ailleurs assez riche. […] Ce sentiment plus profond — ou plus voulu — de la nature et cette façon plus riche de la peindre sont assurément un gain, qui le nie ? […] L’Histoire de Napoléon est un drame plus complet, mieux machiné, plus riche en péripéties et en coups de théâtre ; et un drame aussi qui contient plus de passion, d’émotion et de larmes. […] Il est vrai qu’il n’y avait que vingt mille citoyens environ, mais peut-être cent mille esclaves, et un assez riche domaine public. […] Encore enfant, elle se donne au vieux Lépide parce qu’il était riche.

1510. (1910) Rousseau contre Molière

Je suis émerveillé de cette providence Qui fait naître le riche auprès de l’indigent. […] Or, vous pensez bien depuis très longtemps que le riche honnête homme, sur qui est lancé le faux billet qui doit le dépouiller, est Philinte lui-même ; que pendant le temps que Philinte a disputé avec Alceste et avec Eliante, le faussaire, qui est un ancien intendant de Philinte, a repris la pièce des mains de l’avocat et l’a donnée à un procureur ; que le procureur arrive chez Philinte et lui fait sommation de payer, sur quoi Philinte s’écrie comme Orgon : « Oh ! […] George Dandin, paysan riche, a acheté une demoiselle d’une famille où le ventre anoblit, uniquement pour avoir des enfants gentilshommes et pour être un peu gentilhomme par reflet. […] Ensuite, de plus en plus, il flatte les goûts de la classe moyenne : son mépris pour la lésine, ou plutôt, car elle est avare, le plaisir qu’elle prend à ce qu’on ne la prenne pas pour telle et à ce qu’on offre à ses mépris des avares extravagants ; son aversion, très réelle, pour les bourgeois riches qui veulent se faire gentilshommes (George Dandin, M.  […] Il faut recevoir l’impression générale des choses ; il faut noter la place où, tout le roman lu, Julie se met dans notre esprit et, à en juger de la sorte, Julie est beaucoup plus grande, beaucoup plus haute, beaucoup plus riche aussi et consistante que Sophie !

1511. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

., moins diverse et moins riche, n’en est que plus touchante. […] Mise ainsi tout à fait en vue, Mlle de la Force essaya d’en profiter pour faire ce qu’on appelle une fin, et elle jeta son dévolu sur un riche jeune homme, M. de Brion, fils d’un conseiller au parlement de Paris.

1512. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

Au Théâtre À l’Odéon on donne Amoureuse, de Porto Riche, drame à trois personnages marquants : le mari, la femme et l’ami de la maison. […] Il a commencé par dire le contraste entre les pauvres et les riches, la rue et la chambre bien close, la brutalité et la convention : en un mot, il a joué des variations, avec une diction qui lui appartient en propre, sur le thème que Richepin dans sa Chanson des Gueux et André Gill dans sa Muse à Bibi avaient déjà entrepris, sans parler encore d’Auguste de Chatillon et de la fameuse complainte de la Levrette en paletot, qui est la mère du genre. […] Celui qui veut être appelé du nom de poète doit disposer d’une provision inépuisable de mots et de formes ; il doit être si riche et si prodigue que chacun se dise : après avoir dissipé ce qui est une fortune pour les autres, il lui reste pourtant encore tout un trésor. » Il prononça ces mots avec la mine d’un grand seigneur, qui posséderait des richesses immenses. […] — « Voyez-vous », dit-il, « notre tâche consistera à apporter un sang plus riche à la langue. […] Barrès n’appartient pas à une race riche ; il ne saurait garder son autonomie morale qu’en rassemblant toutes ses forces et qu’en les gouvernant avec économie.

1513. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

Thomas Raikes, honnête gentleman, fils d’un riche marchand de la Cité, et qui se trouvait très flatté de vivre dans ce grand monde anglais et français sur le pied de comparse ou figurant, a noté, comme l’aurait fait un Dangeau, avec une minutieuse attention qui tenait autant de la badauderie que de l’exactitude, tout ce qui peut se rapporter à M. de Talleyrand, à Montrond et à leurs entours.

1514. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Avec le poëte, pourtant, cela tire moins à conséquence : l’imagination aisément répare, surtout quand elle est plus riche que jamais.

1515. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

J’en finis avec ces chicanes qui ne portent, on le voit, que sur des détails très-secondaires dans le développement et l’œuvre si riche de M.

1516. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

, fut-elle antérieure à son mariage avec l’honnête et riche cordier Ennemond Perrin, ou se continua-t-elle jusqu’à travers les lois conjugales ?

1517. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIIe entretien. Poésie lyrique » pp. 161-223

Les soupirs des plus beaux et des plus riches garçons du voisinage n’étaient pas mieux accueillis.

1518. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIVe entretien. Littérature politique. Machiavel (3e partie) » pp. 415-477

D’ailleurs la monarchie universelle du Piémont, monarchie récente et faible comme tout ce qui est récent dans le droit public, cette monarchie d’annexions, cette mosaïque de nationalités discordantes, cette monarchie improvisée d’élan par la France, mais monarchie précaire quand la France aura retiré sa main, cette monarchie contestée par les partis et par les souverains dépossédés, par les héritiers naguère si aimés des Léopold, par les papes, par les rois de Naples, par les puissances ou par les populations catholiques en Espagne, en Portugal, en Bavière, en Saxe, en Belgique, en France, en Irlande, en Angleterre même, une telle monarchie sera-t-elle assez compacte, assez militaire, assez riche, assez populaire pour couvrir de son épée l’Italie contre les Germains modernes ?

1519. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

« Si un des deux partis venait à plier, si les vaincus se cachaient dans les boutiques, ou se glissaient dans quelques maisons, la populace s’ameutait pour qu’on les jetât dehors et qu’on les égorgeât, afin de s’emparer de leurs dépouilles ; car, tandis que le soldat s’acharnait à tuer, le bas peuple s’acharnait au pillage. » XXII « Horrible et difforme était l’aspect de la ville : ici des meurtres et des blessures ; là des tavernes et des bains ; ici des ruisseaux de sang et des monceaux de cadavres ; là des courtisanes et des hommes prostitués comme elles ; tout ce qu’il y a de débauches dans la riche oisiveté de la paix, tout ce qu’il y a de forfaits dans la plus implacable victoire ; en sorte que vous eussiez cru voir la même ville se déchirer et se débaucher à la fois. » XXIII « Déjà, dans deux circonstances, sous Sylla et sous Cinna, des armées s’étaient combattues dans les murs de Rome ; il n’y avait pas eu alors moins d’acharnement, mais il y avait cette fois une plus inhumaine insouciance, tellement que les plaisirs mêmes n’y furent pas interrompus un seul instant.

1520. (1863) Cours familier de littérature. XV « XCe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (3e partie) » pp. 385-448

. — Si j’écrivais sa vie, cette vie si jeune, si riche, si rare, si rattachée à tant d’événements, à tant d’intérêts, à tant de cœurs !

1521. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Ses habitudes étaient modestes, quoiqu’il fût assez riche sur ses vieux jours pour se donner un carrosse.

1522. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Et je ne sais rien de plus beau, de plus riche de sens et de poésie, de plus saisissant par la grandeur et l’importance de l’idée exprimée, et en même temps par la simplicité superbe et la rapidité précise et ardente de l’expression, que ces trente vers où nous est rendue présente, comme dans un large éclair, la suprême découverte de la science et la conception la plus récente de l’unité du monde physique.

1523. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

À défaut du mariage, on eût dû la faire religieuse : la règle et les austérités l’eussent calmée, mais il est probable que le père n’était pas assez riche pour payer la dot et sa condition ne permettait pas de la faire sœur converse.

1524. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Les alchimistes d’autrefois cherchaient dans leurs alambics le moyen de faire de l’or ; Lavoisier y trouve, y crée mieux que cela : une science, riche de jeunesse et d’avenir, qui s’appelle la chimie.

1525. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

Telle est la riche et inépuisable matière qui s’impose aux réflexions de tous et que nous nous proposons d’étudier ici sous ces faces diverses.

1526. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 avril 1886. »

En lui nous trouvons, si nous le considérons attentivement, l’art idéal animé, sous une forme sévère et classique, de la plus riche vie romantique ; car la vie romantique, cette âme joyeuse de la nature, qui ne peut et ne veut parler qu’artistiquement, n’est en son essence pas autre chose que la musique.

1527. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 septembre 1886. »

Voici les émotions plus fortes exprimées par Christophe Glück ; et déjà le langage est plus riche ; deux parties, le chant et l’orchestre, concourant à l’expression ; une scrupuleuse application — et chez nul, peut-être, autant que chez Glück — à ce que la musique recrée seulement les émotions définies du personnage en scène ; des opéras rigoureusement divisés en deux parties : l’une, d’amusement (les ballets, certains airs), l’autre, d’art ; une profondeur d’analyse jusque là insoupçonnée : avec cela, un très petit nombre d’émotions, les mêmes sans cesse traduites, et par les mêmes moyens.

1528. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

., de 15 portraits, de 4 eaux-fortes, qui forme le plus curieux et le plus riche recueil de ce genre.

1529. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Il est riche ou plutôt cossu ; car l’opulence prend, chez certains hommes, la rondeur grotesque de l’obésité.

1530. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — Marchal le peintre, déjeunant le matin, en son habit de soirée, à la crémerie, avec les domestiques de la maison où il avait été invité au bal, connaissait les secrets de tous les riches intérieurs de Paris.

1531. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Fortuné prend le sens de riche ; il suit l’évolution de fortune, et les grammairiens n’y peuvent rien.

1532. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

quand on voit le vaste empire de Moscovie abandonner sa filiation littéraire slave et grecque, et adopter le français pour sa langue aristocratique, en laissant au vulgaire sa langue russe plus riche et plus harmonieuse cependant ?

1533. (1902) La métaphysique positiviste. Revue des Deux Mondes

Nous sommes riches des acquisitions de ceux qui nous ont précédés, mais nous ajoutons toujours quelque chose à ce qu’ils nous ont légué, et ceux qui nous suivront ne partiront donc pas à leur tour du même point de départ que nous.

1534. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Votre imagination, très riche en paradoxes, a saisi avec ardeur ces nouveaux moyens de succès.

1535. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Nous saluâmes ces deux avec beaucoup de respect, tant à cause d’elles que de leurs jupes qui, véritablement, étaient plus riches que ne semblait le promettre un tel équipage.

1536. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Ernest Feydeau » pp. 106-143

Riche, noble, — on n’a plus besoin de noblesse, — et on ne dit pas qu’il le soit, misanthrope marié et trompé indignement par sa femme, qui mériterait bien, par parenthèse, de s’appeler Fanny, car elle lui ressemble horriblement, si ce n’est pas elle.

1537. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Ils ont reçu la France, leur trésor familial, et veulent laisser une France plus belle et une famille plus riche en mérites.

1538. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

C’est parce que cette psychologie se retrouve, en traits épars et sous des formes poétiques ou théologiques, chez les peuples de race sémitique, que l’ethnographie est bien plus riche en documents sur cette race que sur les précédentes.

1539. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

La décoration à la fois riche et sobre m’en a paru très bien entendue. […] Ce sont… Et ce sont enfin les hommes qui exploitent leur vanité, cette terrible vanité bourgeoise, le défaut le plus profond, le plus indéracinable et le plus riche, comme filon de mine, de la classe dont il s’agit, j’entends en France. […] Mais s’il s’agit d’Alceste, cette expression ne nous fait-elle pas entendre quelque chose de plus riche et de plus exact ? […] Mais, aussi, que le personnage principal ait en lui-même une source d’énergie abondante, une sensibilité riche et forte, ne voit-on pas, dans ce cas, que le poète pourra réduire au minimum la quantité et je dirai la qualité des faits extérieurs, sans qu’au total l’action risque de faire défaut ? […] J’en ai parlé autrefois à propos du livre si riche et si précieux de M. 

1540. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

L’ode n’est plus qu’un puéril exercice, une charge en douze temps de rimes riches ; la nouvelle, un conte à ronfler debout. […] Il professe un véritable culte de latrie pour la rime riche. […] Elle me rappelle ces esclaves du sérail qui fixaient le cœur des sultans, et que leur beauté élevait à la dignité d’impératrice. — La rime riche est la sultane de M. 

1541. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Sans s’inquiéter, autant que d’ingénieux publicistes, de l’endroit précis où se trouve le ressort actif du mouvement, la majorité de la société actuelle, de cette classe ou riche, ou moyenne et industrielle, sur laquelle on s’est principalement fondé, profite du mouvement lui-même : sans faire de si soudaines différences entre ce qui s’est succédé au pouvoir depuis quelques années, elle semble trouver qu’en général le principe est le même et qu’on la sert à peu près à souhait. […] Des noms paraîtraient nécessaires peut-être pour préciser, mais le présent est trop riche et le passé trop pauvre en échantillons.

1542. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide d’avoir fait son domaine du spécial, de l’étrange, des « régions inexplorées, marécageuses, riches en danger neuf ». […] André Gide intitule Caractères. « Il est d’autant plus malaisé, pour un artiste, d’obtenir la faveur, ou même l’attention du public, que ses dons sont plus nombreux, plus divers… Tel ne paraît ici très riche que parce qu’il est très pauvre par ailleurs.

1543. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

Mais cette unité organique, vivante, qui admet dans son sein la diversité et la contradiction, est infiniment trop riche pour pouvoir être rendue par un substantif, même doublé d’une épithète. […] Les médecins, selon le témoignage contemporain d’un de leurs confrères455, n’étaient que de « grands charlatans, véritablement courts de science, mais riches en fourberies chimiques et pharmaceutiques ».

1544. (1861) Questions d’art et de morale pp. 1-449

Son père, riche imprimeur, était sur le point d’expier sur l’échafaud ses opinions royalistes ; il fut sauvé par ses ouvriers, qui vinrent en masse le réclamer à la barre, en affirmant que le citoyen Ballanche avait toujours été leur père. […] La langue allemande, plus riche que la nôtre en termes philosophiques, distingue nettement ces deux sortes d’imaginations. […] Est-elle aussi riche en vérités supérieures à la vérité vulgaire ? […] Mais, dans l’âge primitif, comme c’était à travers la nature, à travers les harmonies de la forme, de la couleur et du mouvement, à travers la vie, en un mot, que l’homme percevait Dieu et l’infini, l’hymne, alors, pour célébrer la nature, cherchait à l’imiter, et ne trouvait point de formes trop riches, trop animées, trop vivantes.

1545. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Ce sera la seule et j’ose dire qu’elle est instructive : « Jacques faisait le portrait d’une dame mondaine, riche, impertinente, hardie en opinions, au demeurant belle personne et encore jeune. […] Aujourd’hui que l’immortelle est décédée, l’infâme drôlesse qui l’a détrônée, l’Opinion publique, nage dans les splendeurs, car son concubin préféré est le plus incontinent des aveugles riches et il s’appelle le Succès. […] Il a voulu qu’une effigie de son glorieux auteur fût érigée au milieu de Paris dans un quartier riche, inaccessible à la petite bourse de madame veuve Chéret. […] Quel riche entassement de clartés !

1546. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Il n’y a de mastics que quand on veut mêler l’un de l’autre, l’un dans l’autre, les deux mondes, le monde riche et le monde pauvre, les deux systèmes, les deux langages. […] Faux riches, faux pauvres, également manqués, également malheureux, également inexistants, également méprisables. […] Moi aussi je ne tiens pas à me mêler avec les riches. […] Ni pour le riche, vous en êtes la preuve. […] enfin le fin du fin, la rime riche d’un nom commun avec un nom propre, avec consonne d’appui ; sur consonne d’appui ; et la rime avec ce nom propre, ce qui est le dernier des derniers, le dernier raffinement, pour un maître rimeur, la rime avec ce nom propre d’un temps personnel de la conjugaison d’un verbe : Judith, descendit ; Jérimadeth, demandait.

1547. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

On n’avait encore rien vu à la scène, on n’y a rien vu depuis qui fût d’un coloris si riche et si chaud. […] L’œuvre ne pouvait être menée avec plus de décision et de persévérance, ni avec le secours d’une plus riche information. […] Ces leçons, à l’efficacité desquelles croyait Pasteur, aucune vie n’en a été plus riche que la sienne. […] Ceux qui, de tout temps, ont su parler aux foules et les manier, en appliquaient d’instinct les règles ; les orateurs, les chefs d’État et aussi les auteurs dramatiques en possédaient les secrets ; Shakespeare, dans une scène fameuse de Jules César, les mettait en action avec une sûreté qui ne laisse rien à désirer ; et les écrivains de notre littérature classique si profondément sociale, ont par avance réuni pour elle une riche provision de matériaux. […] Elle nous doit une image fidèle de la vie, et si les passions de l’amour ne sauraient être l’unique sujet de ses peintures, on serait pareillement embarrassé pour lui interdire une matière aussi riche en émotions que fertile en enseignements.

1548. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Nous autres grands auteurs sommes trop riches pour craindre de rien perdre de nos productions… » Notons bien tout ceci : Mme de Sablé dévote, qui, depuis des années, a pris un logement au faubourg Saint-Jacques, rue de la Bourbe, dans les bâtiments de Port-Royal de Paris ; Mme de Sablé, tout occupée, en ce temps-là même, des persécutions qu’on fait subir à ses amis les religieuses et les solitaires, n’est pas moins très-présente aux soins du monde, aux affaires du bel-esprit : ces Maximes, qu’elle a connues d’avance, qu’elle a fait copier, qu’elle a prêtées sous main à une quantité de personnes et avec toutes sortes de mystères, sur lesquelles elle a ramassé pour l’auteur les divers jugements de la société, elle va les aider dans un journal devant le public, et elle en travaille le succès.

1549. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Les personnes qui, sans connaître notre ami, l’ont lu pendant dix années et l’ont suivi dans ses productions fréquentes et diverses, qui l’ont trouvé si facile et souvent si gracieux de plume, si riche de textes, si abondant et presque surabondant d’érudition, qui ont goûté son aisance heureuse à travers cette variété de sujets, ceux mêmes auxquels il est arrivé d’avoir à le contredire et à le combattre, peuvent-ils apprendre sans surprise et sans un vrai mouvement de sympathie que cet écrivain si fécond, si activement présent, si ancien déjà, ce semble, dans leur esprit et dans leur souvenir, est mort avant d’avoir ses vingt-neuf ans accomplis ?

1550. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIIe entretien. Poésie lyrique. David (2e partie) » pp. 157-220

… Dans l’Orient, riche en symbole, Ainsi quand des saints orateurs La pathétique parabole Fait fondre l’auditoire en pleurs, Le prêtre suspend la prière, Il va de paupière en paupière Éponger l’eau de tous les yeux ; Et de cet égouttement d’âme Il compose un amer dictame Qui guérit tout mal sous les cieux !

1551. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

Après Totila, cet édifice devint comme une carrière publique, où, pendant dix siècles, les riches Romains faisaient prendre des pierres pour bâtir leurs maisons, qui, au moyen âge, étaient des forteresses.

1552. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Le capitaine des sbires a le cœur sensible, quoiqu’il ait déjà la barbe un peu grise ; il est garçon, il est riche, il est ennuyé de vieillir seul, sans joie dans sa maison, sans enfant après lui pour hériter de ses scudi et de son domaine ; il a été ébloui, à ses voyages dans la montagne, de la beauté de votre fille et de son innocence.

1553. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIIe entretien. Madame de Staël »

Des bras arrondis, charnus, rappelaient la vigueur paysanesque des montagnards de sa patrie ; la gorge était riche ; la taille, massive sans flexibilité et sans affaissement, avait trop d’aplomb pour le poids d’une femme ; sa stature courte et virile ne donnait ni élégance ni noblesse de race à sa personne.

1554. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

la nuance seule fiance Le rêve au rêve, et la flûte au cor… D’autre part, il est tout simple : Je suis venu, calme orphelin, Riche de mes seuls yeux tranquilles, Vers les hommes des grandes villes : Ils ne m’ont pas trouvé malin.

1555. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « De l’influence récente des littératures du nord »

Je me refuse d’ailleurs à admettre qu’ils soient nécessairement, par là, moins émouvants ou d’une moins riche substance humaine.

1556. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Elle s’en va avec sa mère à la Guadeloupe, où les appelle un cousin riche.

1557. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Dans le monde qui s’amuse, il distingue toujours scrupuleusement les Salomon et les d’Aurec, et les viveurs de la bourgeoisie riche ou de la finance et ceux de l’ancienne aristocratie.

1558. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Nous voulons bien que les héros du théâtre aient plus d’esprit que nous, que leur sensibilité soit plus profonde, leur imagination plus riche, leur raison plus hardie que la nôtre ; qu’ils soient les premiers, mais les premiers parmi leurs pareils.

1559. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

D’autres en ont de riches qui ne leur coûtent rien ; et d’autres en ont de propres et galants, qui sont à deux mains, font des vers, des chansons, quelquefois des cadeaux, donnent la comédie, l’assemblée et les marionnettes.

1560. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Il n’a plus autour de son corps que les lambeaux des habits aux riches couleurs qu’il portait, les ayant déchirés dans l’emportement de sa douleur.

1561. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Une fille, dont Magnard ne se rappelle pas bien exactement le nom, jouissant d’une certaine notoriété, avait été abandonnée par un riche entreteneur, à cause de ses relations avec un ingénieur.

1562. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

Elle a dû arrêter un moment l’auteur de Clément XIV quand, riche des renseignements inconnus déposés par masses dans ses mains, il s’est dit qu’il allait peut-être retourner contre le Saint-Siège, dans l’opinion du monde, les jugements qu’il avait à rendre contre un pontificat isolé.

1563. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

Il était né riche.

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