Nous n’avons la prétention ni de les résoudre, ni même de les traiter ; elles ont été déjà posées ici même, dans des pages éloquentes que l’on n’a point oubliées1. […] A la tête se placent les Anglais et les Allemands, qui, par la découverte et le développement de la théorie de l’évolution, viennent de poser les bases d’une nouvelle période de haute culture intellectuelle.
D’où vient que nous n’hésitons pas à poser la réalité de la ligne AB tout entière, quoiqu’elle reste inaperçue, et qu’au contraire, de la ligne CI le présent I actuellement perçu est le seul point qui nous paraisse exister véritablement ? […] Pour démasquer entièrement l’illusion, il faudrait aller chercher à son origine et suivre à travers tous ses détours le double mouvement par lequel nous arrivons à poser des réalités objectives sans rapport à la conscience et des états de conscience sans réalité objective, l’espace paraissant alors conserver indéfiniment des choses qui s’y juxtaposent, tandis que le temps détruirait, au fur et à mesure, des états qui se succèdent en lui.
Cette pièce de terre semble être ainsi taillée pour être le siège du plus heureux et du plus solide empire du monde, si la prudence l’avait pu étendre jusqu’aux limites que la nature lui a posées.
Cela posé, il énumère et parcourt la liste de toutes les personnes royales et d’extraction souveraine qui sont à marier ; il épuise, comme on dirait, l’Almanach de Gotha de son temps, distribuant à droite et à gauche des lardons et voyant à toutes des impossibilités.
Devant ces jeunes débauchés en qui fermentait déjà l’esprit du xviiie siècle, il pose en principe que « la source de toute incrédulité est le dérèglement du cœur » ; que « le grand effort du dérèglement est de conduire au désir de l’incrédulité » ; que c’est l’intérêt qu’ont les passions à ne point arriver à un avenir où la lumière et la condamnation les attendent, qui incline et oblige les esprits à ne pas y croire.
Dans l’épilogue qui termine le chant VIe et que je veux citer pour exemple du ton, l’auteur se représente comme ayant passé la nuit à méditer sur ces astres sans nombre et sur tout ce qu’ils soulèvent de mystères, jusqu’au moment où l’aube naissante les fait déjà pâlir et quand, à côté de lui, l’insecte s’éveille au premier rayon du soleil : Ainsi m’abandonnant à ces graves pensées, J’oubliais les clartés dans les Cieux effacées : Vénus avait pâli devant l’astre du jour Dont la terre en silence attendait le retour ; Avide explorateur durant la nuit obscure, J’assistais au réveil de toute la nature : L’horizon s’enflammait, le calice des fleurs Exhalait ses parfums, revêtait ses couleurs ; Deux insectes posés sur la coupe charmante S’enivraient de plaisir, et leur aile brillante Par ses doux battements renvoyait tous les feux De ce soleil nouveau qui se levait pour eux ; Et je disais : « Devant le Créateur des mondes « Rien n’est grand, n’est petit sous ces voûtes profondes, « Et dans cet univers, dans cette immensité « Où s’abîme l’esprit et l’œil épouvanté, « Des astres éternels à l’insecte éphémère « Tout n’est qu’attraction, feu, merveille, mystère. » Ce sont là des vers français qui me font l’effet de ce qu’étaient les bons vers latins du chancelier de L’Hôpital et de ces doctes hommes politiques du xvie siècle s’occupant, se délassant avec gravité encore, dans leur maison des champs, comme faisait M.
Ces jeunes princes, objets de tant de vœux et d’espérances et qui n’ont pas vécu, tous ceux à qui la voix du peuple comme celle du poète a pu dire : « … S’il t’est donné de vaincre les destins ennemis, tu seras Marcellus » ; ces figures inachevées que souvent l’imagination couronne, posent en passant un problème que les esprits les plus sérieux et les moins chimériques peuvent méditer au moins un instant.
Cousin ne se soit jamais posé une seule fois cette question : « Qu’aurait gagné, qu’aurait perdu mon propre talent, ce talent que l’on compare tous les jours à celui des écrivains du Grand Siècle, qu’aurait-il gagné ou perdu, cet admirable talent (J’oublie que c’est lui qui parle), si j’avais eu à écrire ou à discourir, ne fût-ce que quelques années, en vue même de Louis XIV, c’est-à-dire de ce bon sens royal calme, sobre et auguste ?
Le roi de Navarre parla d’abord et posa cette première question : si, dans les circonstances présentes et nouvelles, les huguenots devaient avoir les mains croisées durant le débat des ennemis, envoyer tous leurs gens de guerre dans les armées du roi sans en faire montre (ce qui était l’opinion de plusieurs), ou s’ils devaient prendre séparément les armes pour secourir le roi en leur propre nom, et profiter de toutes occasions pour s’affermir ?
Le premier jet frappe et attire : mais ensuite une expression juste, une pose sévère et vraie, un dessin serré et gracieux en même temps, ne conservent pas seulement cette première attention, mais ces qualités produisent le goût des arts et font les amateurs constants.
Au reste, il ne faisait pas uniquement ces choses pour la montre et pour l’exemple ; dans la pose des pièces d’artillerie, à quoi il excellait, il avait la main à la besogne pour qu’elle fût mieux et plus sûrement faite : au siège de Monte-Calvo, pendant qu’il était une nuit à loger ses gabions et ses canons, survint M. d’Enghicn qui, le prenant familièrement par la taille, lui dit : « Vous avez été mon soldat autrefois, à présent je veux être le vôtre. » — « Monsieur, dis-je, soyez le bienvenu !
L’auteur ne semble pas s’être posé cette question ; il ne s’est demandé qu’une chose : Est-ce vrai ?
Walckenaer, dans sa copieuse édition (1845), a rassemblé tout ce que fournit de curieux la comparaison des nombreuses éditions originales données par La Bruyère lui-même, et aussi tout ce qu’on a pu savoir ou conjecturer des personnages qui avaient posé devant lui.
Parfois hors des fourrés, les oreilles ouvertes, L’œil au guet, le col droit, et la rosée au flanc, Un cabri voyageur, en quelques bonds alertes, Vient boire aux cavités pleines de feuilles vertes, Les quatre pieds posés sur un caillou tremblant.
Je n’accepte pas la question posée en ces termes.
Le grand Frédéric, malgré ses médecins et son bon sens, se faisait mal en mangeant tout le long du jour des compotes posées exprès sur les tablettes de cheminée et les diverses consoles de ses appartements.
Renan croit fermement que l’homme individuel a un but, « une perfection morale et intellectuelle à atteindre. » Il professe avec énergie ces hautes doctrines ; et, si on le presse, si on le chicane, si on lui oppose ses propres recherches, sa propre méthode, ce qu’il y a d’inexorable dans les résultats ou les inductions de l’analyse positive, il n’hésite pas à s’arrêter, à réserver l’avenir, à poser au terme de tout examen critique, et en présence du grand inconnu, ce qu’il appelle un doute inébranlable, mais un doute qui est tout en faveur des plus nobles suppositions et des hypothèses les plus conformes à la dignité du genre humain.
Il y a de sauvages et orgueilleux oiseaux qui n’aiment à se poser que sur des rochers si escarpés que le soleil seul, comme dit Homère, y a mis le pied.
Guéroult a, selon moi, le mérite de voir surtout le but, l’objet essentiel ; et c’est maintenant que je suis en mesure de répondre à la question que j’avais posée d’abord : que représente-t-il dans la presse quotidienne ?
C’était dans le monde protestant, dans le monde israélite instruit, que la question ainsi posée et traitée rencontrait des curieux, des sectateurs ou controversistes en sens divers.
D’intervalle en intervalle, d’espace en espace, à je ne sais quel signal qui éclate dans l’air, de grands talents nouveaux prennent l’essor et se posent du premier coup sur des collines plus avancées d’où l’on découvre d’autres horizons : un nouvel ordre de perspectives s’est révélé, une nouvelle ère commence.
Le général Cavaignac, dictateur, pour couper court à ce qu’il appelait « les publications imprudentes » de M. de Girardin, fît poser les scellés sur le matériel de son journal et donna l’ordre de mettre le rédacteur à la Conciergerie.
Au reste, il est plus heureux pour vous que le cœur du roi ne soit pas fort porté à la tendresse, parce qu’en cas de passion la froideur naturelle est moins cruelle que l’infidélité. » La glace était posée désormais, et c’est le vieux précepteur qui l’avait mise ; elle ne fit que s’entr’ouvrir et ne disparut jamais entièrement depuis.
C’était le premier grand acte par lequel il traçait à la Prusse son rôle futur et posait sa prépondérance, son hégémonie rivale en face de l’Autriche.
Armand Lefebvre, sans songer à se poser le cas d’une manière si générale, a observé le précepte ; à force d’interroger les faits et de les serrer de près, ils lui ont répondu en ce sens.
Mais c’est trop douter ; la conscience aussi, en pareil cas, dit non et se soulève ; je reviens à la règle sûre, déjà posée : l’art, comme la morale, comme tous les genres de vérités, existe indépendamment du succès même.
Or, ceci bien posé, il est aisé de rétablir en leur vraie place et de voir en leur vrai jour les hommes originaux du temps, qui, dans leur conduite ou dans leurs œuvres, ont fait autre chose que remplir le programme du maître.
Seulement, de très-bonne heure, il paraît avoir fait entre les hommes la distinction qu’il a posée au commencement de son discours : il a mis d’une part les nobles songeurs, les penseurs, comme il dit, c’est-à-dire surtout les artistes et les poëtes, et d’autre part il a vu en masse les hommes d’action, ceux qu’il appelle les improvisateurs, parmi lesquels il range les plus grands des politiques et des chefs de nations.
. — Cette aptitude uns fois posée, le reste suit.
Il les posera nettement, vigoureusement ; il les suivra avec amour, d’un rire éclatant et serein, dans le tumultueux jaillissement de leurs énergies naturelles.
La Nouvelle Héloïse 503 est, avant tout, un roman philosophique : une foule de thèses sociales et morales sont posées, discutées, résolues dans des lettres particulières ; et le roman lui-même, dans l’ensemble de son développement, démontre une des thèses favorites de Jean-Jacques.
En général aussi, le dédain superbe des faits que nous avons remarqué dans la philosophie du xviiie siècle, se retrouve chez nos orateurs : ils les écartent de leurs discours, ils construisent a priori, posent des principes et tirent des conséquences ; le solide soutien des faits manque à leurs vastes compositions.
Puis, d’une façon plus générale, il nous a encouragés à ne pas nous arrêter dans le dilettantisme artistique ou dans l’impassibilité scientifique, à considérer la littérature comme une collection d’actes humains, libres et moraux ; c’est-à-dire qu’il nous amène à poser toujours la question de la valeur morale, des propriétés morales de chaque œuvre.
Bien que les rapports de convenance entre toutes ces différentes choses et vous-même soient trop compliqués pour être exprimés comme dans le cas de la musique, vous sentez cependant qu’ils existent… Tout cela posé, passons à votre définition à vous, Loti.
Il se pose par eux, il existe par eux, mais il s’oppose à eux, il ne jouit guère qu’en leur causant quelque dommage, il profite de leurs souffrances, il ne vit que de leur mort.
Sans pose, avec des silences, elle allait d’elle-même aux régions élevées que visite la solennité. » « Un silence, ajoute Henri de Régnier, puis le geste hiératique devenait familier.
Mais n’entendant absolument rien en théologie, et sentant pourtant le besoin d’une croyance, elle trouve commode de prendre tout fait le système qu’elle rencontre sous sa main, sans se soucier de le perfectionner ; car tenter de le perfectionner, ce serait le prendre au sérieux, ce serait se poser en théologien ; or, il est de bon ton, parmi nous, de déclarer qu’on ne s’occupe pas de ces sortes de choses.
Un germe est posé, renfermant, en puissance, sans distinction, tout ce que l’être sera un jour ; le germe se développe, les formes se constituent dans leurs proportions régulières, ce qui était en puissance devient un acte ; mais rien ne se crée, rien ne s’ajoute.
Le premier se demanda avec tristesse ce que faisait la Providence pendant ces bouleversements qui engloutissaient tant de vies innocentes, et il posa une fois de plus cet angoissant problème de l’existence du mal physique sur la terre.
L’auteur l’a vue, posée, l’appelle même une difficulté « formidable en apparence » : j’ose dire qu’il ne l’a nullement résolue.
Le préambule m’en rappelle un peu ceux des histoires de Salluste : comme ce Romain dissolu auquel il a pu penser pour plus d’une raison, La Fare commence par établir quelques principes de morale et de philosophie ; mais il les pose avec une netteté tout épicurienne, en débutant hardiment par un mot de Rabelais.
Ajoutez qu’elle y devient de plus en plus une Mère de l’Église, et qu’elle s’y pose en adversaire à mort de Voltaire.
L’histoire, dans sa gravité simple et dans le cours naturel de sa marche, doit moins se poser cette nécessité continue ; elle ne doit pas, presque à chaque page, recommencer à s’élancer avec le geste d’un Pindare ou d’un tribun.
Son honneur à lui, c’est de n’avoir jamais, même aux moments les plus désespérés et les plus amers, cédé d’un point sur les conditions qu’il jugeait essentielles au rétablissement de la monarchie en France : « Il est aussi impossible de refaire l’Ancien Régime, pensait-il, que de bâtir Saint-Pierre de Rome avec la poussière des chemins. » Consulté de Vérone par Louis XVIII, et d’Édimbourg par le comte d’Artois, dans leurs projets excentriques de restauration, il ne cesse de leur redire : « Il faut écouter l’intérieur si l’on veut entreprendre quelque chose de solide… Ce n’est pas à nous à diriger l’intérieur, c’est lui qui doit nous diriger. » Dans une note écrite pour Louis XVIII en juillet 1795, Mallet du Pan lui pose les vrais termes de la question, que ce roi ne paraissait pas comprendre entièrement alors, et qu’il fallut une plus longue adversité pour lui expliquer et lui démontrer : La grande pluralité des Français ayant participé à la Révolution par des erreurs de conduite ou par des erreurs d’opinion, écrivait Mallet, il n’est que trop vrai qu’elle ne se rendra jamais à discrétion à l’ancienne autorité et à ses dépositaires ; il suffit de descendre dans le cœur humain pour se convaincre de cette vérité.
Modéré d’humeur, réglé et pacifique d’intelligence, il ne se pose point le problème comme Pascal ou comme Hamlet.
Ou plutôt chacun aujourd’hui peut faire la réponse à la question que je pose ainsi : La comédie des Deux Gendres était-elle une fin, le dernier mot d’un talent arrivé à son plus haut terme, ou n’était-ce qu’un point de départ et un premier pas dans la grande carrière ?
Chez lui-même, en effet, on ne voit rien de systématique, et l’esprit fort ne s’y pose point comme tel.
Voltaire peut-être a raison, et pourtant la postérité, qui n’a pas à opter entre ces chefs-d’œuvre divers ni à se décider pour l’un au détriment des autres, la postérité, qui n’est pas homme de lettres, ne se pose point la question de la sorte ; elle ne recherche pas ce qui est plus ou moins difficile ou élevé comme art, comme composition ; elle oublie les genres, elle ne voit plus que le trésor moral de sagesse, de vérité humaine, d’observation éternelle qui lui est transmis sous une forme si parlante et si vive.
On les voit dans les précipices se poser sur une cime et replier leurs ailes, et ils se mettent à méditer.
Cela posé, il faudrait convenir que Rousseau avait le goût et l’instinct de quelque chose de meilleur que ce qui suffisait à son siècle : ni le plaisir seul ni les convenances, ne satisfaisaient cette âme gâtée mais généreuse.
Le romancier qui soutient trop une thèse (voilà le défaut, malgré la grâce et les ressources de son talent), pose en fait que tous les gouvernements sont, (l’essence, les ennemis de la pensée, de l’art, de la poésie, ce qui n’est pas nécessairement, et il le prouve (on prouve tout ce qu’on veut quand on a de l’esprit et de l’invention dans l’esprit) par trois romans historiques qu’il a comme incrustés dans un premier roman, qui est la base même de sa thèse, discutée entre Stello, le poète spleenétique, et le docteur Noir, son médecin.
Papisme ou libre pensée, telle est l’alternative encore une fois posée : il serait temps de se décider pour l’un ou pour l’autre, si l’on veut éviter dans l’avenir des malentendus dont la gravité s’affirme de jour en jour.
Un problème du même genre se pose à propos de la nouvelle, que sa forme extérieure fait considérer comme un petit roman, alors qu’elle est le plus souvent un drame de par la conception de l’action et du conflit psychologique.
Vinet se l’est demandé en effet, et il a répondu dans ces deux morceaux à la question qu’il s’était posée. […] Exemplaire de l’espèce humaine, il pose devant lui-même comme le modèle devant son peintre, et il veut qu’en tout ce qui est essentiel les spectateurs puissent, d’après lui, juger de l’humanité. […] Il est vrai que nous sentons vaguement que la morale est la loi de la perfection ; il est vrai que de la seule impossibilité de lui poser une limite nous la concluons illimitée ; il est vrai qu’il nous semble plus facile de la nier que de la borner, et que personne ne saurait sérieusement se proposer d’être imparfait. […] Mais sans retourner en arrière, passons à la manière dont il répond à une objection qu’il se pose à lui-même. […] La loi entrait de plusieurs manières dans le plan de Dieu relativement à la vraie religion : elle posait le fondement ; le faîte devait venir plus tard.
— Oui, il pouvait se trouver parmi nous quelques royalistes d’opinion, il pouvait s’y trouver quelques hommes qui, méditant dans le silence du cabinet sur notre Constitution nouvelle, croyaient y apercevoir quelques imperfections, qui soupçonnaient qu’un pouvoir exécutif, placé dans les mains d’un seul homme, pourrait acquérir plus d’activité, plus de dignité, plus de cette force morale qui économise la force politique, et qu’une telle réforme, loin de saper la liberté, la posait sur ses vrais fondements. […] On a souvent posé cette question et exprimé ce regret : pourquoi le premier consul n’est-il pas resté consul ? […] « Mais en même temps nous nous hâtons de le déclarer, et nous voulons que la France l’entende, ces motifs qui ont pu suffire à quelques-uns, qu’ils ont longuement commentés, dont ils ont avec adulation exagéré la force, ne nous auraient jamais décidés seuls à une concession de cette étendue ; nous nous fussions défiés même de ce sentiment de la reconnaissance, comme trop sujet à égarer les peuples, même de cette importance de la stabilité, comme devant être cherchée plus dans les lois que dans les hommes, si à ces considérations ne s’en était jointe une autre qui a dû fixer nos suffrages : c’est la ferme confiance que bientôt Bonaparte, appréciant les nouvelles circonstances qui l’entourent, n’écoutant que l’inspiration de son âme et la voix des bons citoyens, posera lui-même à l’autorité dont il est investi une limite heureuse, qu’il ne profitera de cette prolongation de sa magistrature que pour achever, réaliser des institutions qu’il n’est pas temps de détailler encore, mais dont le but sera de former dans le sein de ce peuple un pouvoir véritablement national, qui seconde le sien, qui le tempère, qui le supplée au besoin, qui en assure la transmission légitime.
Et dès que cette pierre angulaire cédait, sur laquelle posait l’Eglise, rien ne méritait plus d’être vrai ». […] Pour un critique, la question ne se pose même pas. […] Il sera posé ici (où là tout aussi bien) comme un ton pur ; et non loin vibreront d’autres tons purs, mais d’une absence de rapports telle qu’elle n’autorise aucune association de pensées ».
Son Art de couler bas en poésie 983 a tout l’air d’une bonne rhétorique ; les principes y sont posés, les divisions justifiées, les exemples rapportés avec une justesse et une méthode extraordinaires : c’est la parfaite raison mise au service de la déraison. […] Même lorsqu’il arrive à la charmante Vanessa, sa veine coule semblable : pour la louer enfant, il la pose en petite fille modèle au tableau d’honneur, à la façon d’un maître d’école990 […] Philosophe contre toute philosophie, il a créé l’épopée réaliste, parodie grave, déduite comme une géométrie, absurde comme un rêve, croyable comme un procès-verbal, attrayante comme un conte, avilissante comme un torchon posé en guise de couronne sur la tête d’un dieu.
Les uns, alarmés par la fougue d’un tempérament trop nourri et par l’énergie des passions insociables, ont regardé la nature comme une bête dangereuse, et posé la conscience avec tous ses auxiliaires, la religion, la loi, l’éducation, les convenances, comme autant de sentinelles armées pour réprimer ses moindres saillies. […] Elle s’est posé des principes, elle en a raisonné, elle les a appliqués aux différentes circonstances de la vie, elle s’est munie sur chaque point de maximes, de distinctions et d’arguments. […] Personne n’a égalé Sterne dans l’histoire de ces hypertrophies humaines ; il pose le germe, l’alimente par degrés ; il fait ramper alentour les filaments propagateurs, il montre les petites veines et les artérioles microscopiques qui s’abouchent dans son intérieur, il compte les palpitations du sang qui les traverse, il explique leurs changements de couleur et leurs augmentations de volume.
Mais je n’y suis jamais entré ; j’ai eu peur de poser le pied sur cette base qui engloutit tout ce qu’on y met. […] Paul Bourget pose le problème : Certaines doctrines philosophiques, le déterminisme, par exemple, et le fatalisme scientifique, sont-elles par elles-mêmes dangereuses et funestes ? […] Brunetière parlait de la sorte — et je crois que c’est bien là sa pensée — nous ne serions pas près de nous entendre ; mais la question serait mieux posée. […] On peut se le figurer agile et nu, suivant sa mère au bord du fleuve, quand elle descendait le soir remplir la cruche qu’elle posait droite sur sa tête, suivant la coutume séculaire et qui dure encore. […] Où les pieds de tant de saints, du Messie lui-même, s’étaient posés si souvent, le pied impur de la femme se pose aujourd’hui ; les derniers enfants de Schnoudi se sont mariés et ont ainsi introduit dans le sanctuaire de Dieu une abomination de la désolation à laquelle n’avait sans doute point songé le prophète Daniel.
C’est d’abord la double tradition posée dans l’avant-propos — idéalisme poétique, poésie dite « scientifique » — dont Les Dates et les Œuvres amène à réévaluer l’opposition, par le syncrétisme que René Ghil entend promouvoir. […] Syncrétisme poétique, mise à distance du moi, de la Forme, ouverture sur la Vie, René Ghil pose ici les bases certaines de la modernité poétique. […] vous peut-être, c’est cette tentative de poser dès le début de la vie la première assise d’un travail dont l’architecture est sue dès aujourd’hui de vous, et de ne point produire (fût-ce de merveilles) au hasard. […] Tel il m’apparut, tandis qu’assis, le buste serré au veston d’appartement, en pose allongée et les pieds croisés légèrement, il me parlait de moi avec un plaisir évident. […] La théorie était posée, qui, par la suite, ne devait que s’assurer par l’apport de sa documentation science, et en tirer de plus larges possibilités.
Son esprit est encore intact ; mais à la violence du style, à la crudité des détails précis, à l’effrayante tension de toute la machine nerveuse, jugez si l’homme n’a pas déjà posé un pied au bord de la folie : Oh ! […] Quand il fait jouer la pièce qui doit démasquer son oncle, il se lève, il s’assoit, il vient poser sa tête sur les genoux d’Ophélie, il interpelle les acteurs, il commente la pièce aux spectateurs ; ses nerfs sont crispés, sa pensée exaltée est comme une flamme qui ondoie et petille, et ne trouve pas assez d’aliments dans la multitude des objets qui l’entourent et auxquels elle se prend. […] Elle pose sur ses tempes velues une couronne de fraîches fleurs odorantes. « Et les gouttes de rosée qui tout à l’heure s’étalaient sur les boutons comme des perles rondes d’Orient s’arrêtent maintenant, pareilles à des larmes, dans les yeux des pauvres fleurettes, comme si elles pleuraient leur disgrâce311. » Elle appelle autour de lui les génies qui la suivent : Sautillez devant lui dans ses promenades, et gambadez devant ses yeux. — Nourrissez-le d’abricots, de groseilles, — de raisins empourprés, de figues vertes et de mûres. — Dérobez aux abeilles sauvages leur sac de miel ; — pour l’éclairer la nuit, coupez leurs cuisses de cire ; — allumez-les aux yeux de feu du ver luisant, — pour conduire mon amour au lit et pour l’éveiller ; — arrachez les ailes peintes des papillons ; — avec cet éventail, écartez de ses yeux endormis les rayons de la lune […] Elle chasse le monstre ; ses souvenirs de la nuit s’effacent dans un demi-jour vague, « comme des montagnes lointaines qui s’évanouissent en nuages. » Et les fées vont chercher dans la rosée nouvelle des rubis qu’elles poseront sur le sein des roses, et « des perles qu’elles pendront à l’oreille des fleurs315. » Tel est le fantastique de Shakspeare, tissu léger d’inventions téméraires, de passions ardentes, de raillerie mélancolique, de poésie éblouissante, tel qu’un des sylphes de Titania l’eût fait.
Poésie, philosophie, roman, histoire, il touche tout de son génie, sans s’y poser davantage ; il montre la voie d’un geste large et dédaigne de se faire chef d’école. […] Elle n’éprouve pas le besoin de faire du tapage et d’ameuter les gens, elle ne se drape pas dans sa vertu, elle ne se pose pas en héroïne, parce qu’elle a fait son devoir : une honnête femme, jusque dans sa vertu, met de la simplicité, de la bonne grâce et de l’esprit. […] Leconte de Lisle pose en principe que le premier devoir du poète, c’est d’être impersonnel. […] François sonne d’une façon plus large, le son est plus posé.
Quelques retouches délicatement posées, et beaucoup de ses ouvrages seraient au point. […] Remarquons tout d’abord que la question est fort mal posée, sinon oiseuse. […] La faute en est à sa question qui est mal posée, comme je l’ai déjà dit. […] C’est l’inutile question de Longin qui m’a conduit à poser la mienne. […] Pendant que Clarice est absente, Son portrait lui fait un amant. » Claudine récitait volontiers devant ses adorateurs des vers de sa façon, et elle se montrait fort gracieuse en pose inspirée.
La question serait impertinente, si c’était moi qui la posais ; mais c’est lui qui la pose et y répond. […] Pour varier ses propres sensations et celles du lecteur, il pose de curieux problèmes : Que deviendraient la Claudie de George Sand et ses paysans idéalisés entre les mains de M. de Maupassant ? […] Il faut citer et je cite : « Je crois qu’ordinairement on pose mal cette question de l’immoralité dans l’art ; mais il me suffit ici que ce que l’on craint, ce n’est évidemment pas que les œuvres tombent dans l’indifférence, puisque c’est au contraire qu’elles ne risquent, en égarant les sympathies, de nous faire perdre, avec les vrais noms, les justes notions des choses20. » Ouf ! […] Quand on est pénétré de cette idée que la littérature est un organisme vivant, où tout s’enchaîne et a sa raison d’être, on peut et l’on doit, à propos de chaque ouvrage ou de chaque auteur, se poser deux questions : De quelles causes est-il l’effet ? […] Non, il ne se résigne pas à ignorer l’origine et la fin des êtres ; il se révolte contre « ce point d’interrogation pour toujours posé sur l’horizon », et alors, devant ce mystère éternel, il est pris, comme une âme endolorie de femme, d’une poignante nostalgie de la foi religieuse ; il ne sait que croire, mais il voudrait croire ; il adorerait volontiers une figure voilée ; il est près de plier les genoux devant un Dieu inconnu ; parfois même il revoit dans les souvenirs de sa pieuse enfance « la pâle figure du Crucifié » ; peu s’en faut qu’il ne dise pour son compte la prière qu’à la fin de son dernier roman il met sur les lèvres du vieux philosophe Adrien Sixte : « Notre Père, qui êtes aux cieux. » Comme ce mysticisme intermittent, la pitié est chez M.
Aujourd’hui, « on peint à plus gros traits ; là où l’écrivain du dix-septième siècle posait une légère teinte demi-grise, l’artiste du dix-neuvième applique rudement une large plaque de pourpre éclatante. » La vision est si aiguë déjà qu’elle va jusqu’au « demi-gris », et l’artiste, conscient de l’usure du mot pourpre, le relève par une épithète qui, bien que banale, acquiert par opposition une valeur certaine. […] Si les comparaisons qui fleurissent l’Iliade sont réellement homériques, si on ne doit pas y reconnaître une touche postérieure, des « agréments » posés sur le poème comme une suite de petites fresques sur la nudité magistrale d’un mur de granit, Homère n’est pas le modèle qui aurait dû enchanter M. […] ») commence ainsi : « Ces morts, alignés dans une pose vivante, étaient épouvantables à voir ! […] Cela, c’est l’ombre de Montaigne ; le vrai Pascal émet une telle lumière que l’antithèse y est noyé, invisible : comme quand il pose l’erreur en principe d’utilité donnant au faux et au vrai la même valeur modératrice de l’inquiétude humaine. […] Une dissertation, même sommaire, sur l’e muet serait incomplète sans un essai de classification des rimes ; j’en ai antérieurement posé le principe32 ; des exemples le fortifieront.
Cela reste probable encore ; pourtant, cela l’est moins, et la question posée en ces termes commence à pouvoir faire hésiter la réponse. […] Mais, toujours, la question mélancolique revient et se pose : Tous les livres qui ont disparu, méritaient-ils vraiment de périr ? […] Jamais le temps perdu ne se rattrape complètement, et, pour poser les fondements d’une gloire, il n’y a pas de temps plus utile, de temps dont la perte soit plus irréparable pour un auteur, que celui de sa vie présente. […] Dans l’espace d’une trentaine d’années, cette gloire est devenue immense ; elle est née de l’occasion heureuse qui nous a rendu en 1837 le manuscrit de la bibliothèque bodléienne, et du besoin, pour l’histoire littéraire de la France, de poser solennellement, à l’origine de notre littérature, un grand monument héroïque, patriotique et religieux, d’une certaine beauté relative. […] Peut-être ce que dure un accès, le temps pour nos néo-chrétiens, dont la gravité semble si peu sérieuse, de se guérir d’une affectation et d’une pose.
Une des choses qui me plaisent le plus dans Mézeray, à côté de l’agencement plein et facile de la narration, c’est le talent naturel et presque insensible avec lequel sont traités les caractères ; on les voit se développer successivement et sans parti pris selon les circonstances, avec tous leurs flux et reflux de passions ; Mézeray ne les fait jamais poser, il les laisse marcher et on les suit avec lui.
Cette mortelle douleur de la pieuse et vertueuse Blanche en apprenant le vœu chrétien de son fils eût pu être dissimulée par un auteur plus soigneux des convenances extérieures, par un écrivain de la classe de ceux qui font les éloges ou les oraisons funèbres ; mais Joinville, comme Homère et comme les narrateurs primitifs, dit tout, et il ne songe à rien de ce qui est pose et attitude convenue.
La Bruyère a très finement touché ce coin singulier, et ce travers d’être en tout l’opposé du commun des mortels, dans le portrait qu’il a donné de Tréville sous le nom d’Arsène (chapitre « Des ouvrages de l’esprit ») : Arsène, du plus haut de son esprit, contemple les hommes, et, dans l’éloignement d’où il les voit, il est comme effrayé de leur petitesse : loué, exalté et porté jusqu’aux cieux par de certaines gens qui se sont promis de s’admirer réciproquement, il croit, avec quelque mérite qu’il a, posséder tout celui qu’on peut avoir, et qu’il n’aura jamais : occupé et rempli de ses sublimes idées, il se donne à peine le loisir de prononcer quelques oracles : élevé par son caractère au-dessus des jugements humains, il abandonne aux âmes communes le mérite d’une vie suivie et uniforme, et il n’est responsable de ses inconstances qu’à ce cercle d’amis qui les idolâtrent ; eux seuls savent juger, savent penser, savent écrire, doivent écrire… À l’heure dont nous parlons, Tréville n’avait point encore eu d’inconstance proprement dite, mais une simple conversion ; seulement il l’avait faite avec plus d’éclat et de singularité peut-être qu’il n’eût fallu et qu’il ne put le soutenir : il avait couru se loger avec ses amis du faubourg Saint-Jacques, il avait rompu avec tous ses autres amis ; il allait refuser de faire la campagne suivante sous les ordres de Louis XIV : « Je trouve que Tréville a eu raison de ne pas faire la campagne, écrivait un peu ironiquement Bussy : après le pas qu’il a fait du côté de la dévotion, il ne faut plus s’armer que pour les croisades. » Et il ajoutait malignement : « Je l’attends à la persévérance. » Tel était l’homme dont la retraite occupait fort alors le beau monde, lorsque Bourdaloue monta en chaire un dimanche de décembre 1671 et se mit à prêcher Sur la sévérité évangélique : il posait en principe qu’il faut être sévère, mais que la sévérité véritablement chrétienne doit consister, 1º dans un plein désintéressement, un désintéressement même spirituel et pur de toute ambition, de toute affectation même désintéressée ; — 2º qu’elle doit consister dans une sincère humilité, et 3º dans une charité patiente et compatissante.
Chapelle et Bachaumont ne se posent point en législateurs du Parnasse ; ce sont deux beaux esprits naturels qui se permettent de rire des beaux esprits maniérés.
Le marchand qui va à deux pas de la capitale respirer la poussière de la grande route, et qui se croit dans une Tempé ; les belles qui chaque année courent aux eaux, aux bains de mer, et y portent avec elles leur frivole tourbillon, passent et posent devant lui tour à tour.
Il divisait cette fin de harangue en deux points comme un sermon ; insistant sur les grâces de l’homme et s’y laissant ravir, il posait en principe qu’il vaudrait mieux être Louis sans être roi, que d’être roi sans être Louis. — Rare et inimitable original !
Il ne semble pas s’être posé ce cas de délicatesse paternelle.
. — Les autres enfin, légères, ailées, poétiques, s’envolent, comme cet essaim d’abeilles qui s’arrêta sur la bouche de Platon endormi, et qu’un Grec aurait vu se poser sur les lèvres souriantes de La Fontaine.
La correspondance entre Vauvenargues et Mirabeau, dans sa nouveauté d’aujourd’hui, est donc une intéressante lecture, profitable et pleine de sens ; elle agite beaucoup d’idées, provoque bien des observations contraires, pose au naturel les deux personnages, ajoute à notre bonne opinion de l’un, et ne laisse pas du tout une mauvaise opinion de l’autre.
Le traité de paix que Mme de Choiseul signe avec sa belle-sœur dans une première entrevue en présence de son mari, les conditions qu’elle pose, les limites qu’elle établit nettement et qu’elle trace autour d’elle, chez elle, en épouse dévouée autant qu’en maîtresse de maison accomplie, tout cela est d’une personne bien ferme, bien délicate, parfaitement douce et sans humeur, mais qui veut qu’on la compte, capable de plus d’un sacrifice, excepté de ceux qui atteindraient la dignité.
Ils posent tous deux devant le public en s’écrivant.
Mais il ne se posait même pas la question, tant il était sûr de lui, tant il était appliqué à balancer et à peser en sens divers ses propres commodités et convenances !
On trouve en général que mon ouvrage est simple et sans incidents ; mais mon succès fût-il un triomphe, ce que je suis bien loin d’espérer, recevez d’avance ma protestation, Monsieur, que je pose ma couronne sur la base et aux pieds de la statue de Shakespeare.
Il est curieux, en le lisant, de voir à quel point la pensée de s’enquérir du fond, l’idée de critique et d’examen est loin de son esprit ; il ne se pose pas un seul instant cette question philosophique et morale de la vérité, de la certitude, la question de Pascal ; Louis Legendre est un rhétoricien ecclésiastique ; il veut faire son chemin par son talent, et il le fera : « Quand je vins à Paris, dit-il, j’avais beaucoup de pièces faites, néanmoins j’étais résolu non seulement d’y retoucher, mais de les refaire entièrement quand j’aurais entendu ceux des prédicateurs qui avaient le plus de réputation.
Hook, de ce sentiment d’une poésie presque banale, a fait un tableau délicieux. » Jusqu’ici tout est bien ; mais écoutez la fin, qui est d’une mélancolique poésie : « Cependant l’enduit rouge des palais s’écaille comme le fard aux joues d’une courtisane ; la vase et les herbes marines envahissent les canaux déserts ; des linges sèchent aux fenêtres bouchées de planches, et le crabe monte sur les marches où Violante et la reine Cornaro58 posaient leur pantoufle d’or. » Et le feuilleton du Moniteur finit là-dessus.
Et toutefois je ne demeure pas d’accord que toute leur utilité soit bornée d’un si petit espace de temps, non-seulement parce qu’il n’y a nulle proportion entre ce qui se change et ce qui demeure dans le cours de vingt-cinq ou trente années, le changement n’arrivant pas à la millième partie de ce qui demeure, mais à cause que je pose des principes qui n’auront pas moins de durée que notre langue et notre Empire. » Que vous en semble ?
Je ne pose que les points principaux et comme les premiers jalons de la double route ; mais il est clair qu’il y avait antagonisme, antipathie, incompatibilité entre les esprits et les procédés.
Il y a assez de politique pour poser les caractères, pas assez pour ennuyer.
Cousin s’était toujours posé on défenseur et admirateur de Maine de Biran ; une entière fidélité eût ressemblé ici à de l’ingratitude.
Elles sont au parloir ; la description selon Mme de Gasparin commence : « Un banc à droite, un banc à gauche ; au fond la grille pose sur un mur d’appui ; à peine si les doigts passeraient entre les barreaux.
Grave question que chacun se posait et qui réveillait à la Cour toutes les ambitions, toutes les espérances.
Il vient de poser la généalogie des La Feuillade et de nommer divers membres de la famille : « Celui-ci, dit-il du maréchal, se poussa à la guerre, et fut fort aidé à la Cour par son frère, l’archevêque d’Embrun, qui y était en considération, et qui lui céda ses droits d’aînesse.
J’ai posé des faits que j’ai crus probables, les preuves viendront peut-être ; en tout cas, c’est le meilleur moyen de les faire venir.
Ce livre sur les Grotesques suffirait, indépendamment de ce qu’on sait de lui d’ailleurs, pour poser M.
Elle achevait à peine de les poser qu’un jeune homme entra, et, se découvrant respectueusement derrière la grille, demanda si l’on n’avait pas de lettres à l’adresse qu’il nomma.
. — En sorte qu’au commencement de la psychologie nous sommes obligés, ce semble, de poser un nombre très grand de données mutuellement irréductibles, comme les corps simples en chimie, comme les espèces animales en zoologie, comme les espèces végétales en botanique, mais avec ce désavantage particulier qu’en chimie, en botanique, en zoologie, les différences et les ressemblances sont constituées par des éléments homogènes et précis, le nombre, la force et la forme, tandis que, dans les sensations, nul élément pareil ne pouvant être isolé, nous sommes réduits à l’affirmation brute de quelques ressemblances grossières et à la constatation sèche de différences indéfinissables en nombre indéfini.
C’est le Molière grave et politique des peuples en révolution ; le peuple romain pose, non-seulement devant son peintre, mais devant son juge.
Aujourd’hui on ne se pose plus de questions du tout.
Et alors il n’y avait plus qu’à poser le problème : Comment quelques-uns de nos écrivains se sont-ils rapprochés du procédé de style de Shakespeare et des poètes du nord ?
Il pose les trois fleurons de la couronne sur sa large tête de rigolade.
Ils vont au christianisme « inventé par les esclaves », au christianisme qui a « ravalé jusqu’à la plus honteuse barbarie le monde gréco-romain, effaçant tout vestige de raison et de beauté » ; au christianisme qui a « posé sur l’univers, comme une chape de plomb, son manteau de folie et de laideur ».
Là, comme il l’éprouva si souvent ailleurs, il eût fallu, pour achever et maintenir ce qu’il avait posé, qu’il y eût laissé un autre lui-même.
Quand, sur un fonds d’organisation héréditaire aussi ferme et aussi nettement tracé, un talent singulier vient à se poser et à éclore, quand un grand don de gloire vient à éclater, quand l’éloquence, par exemple, la parole de feu descend, elle trouve de quoi la porter et l’encadrer : c’est comme l’encens qui d’avance a son autel, c’est comme l’holocauste qui s’allume sur le rocher.
Lui, il les posait, mais il ne s’y enfermait pas.
Sa journée avait ses heures et ses stations marquées comme les signes où se pose le Soleil.
Elle commence par poser en principe « que nous n’avons rien à faire en ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables ».
Il y pose comme devoir et comme règle le respect aux conventions fondamentales de la société, aux lois (même imparfaites), la subordination et le sacrifice de l’intérêt particulier à l’intérêt de tous.
C’était l’âme d’un usurier qui passait tantôt dans le corps d’un militaire, tantôt dans celui d’un négociateur. » Et remarquez que tout cela n’est pas à l’état de portrait comme dans les histoires plus ou moins littéraires, où l’historien se pose devant son modèle : c’est dit en courant, comme par un homme du métier qui pense tout haut et qui cause.
» Combien une telle question, si on se la posait, retrancherait, ce semble, de phrases inutiles et raccourcirait de discussions oiseuses !
Contre les savants de profession et ceux qui posent l’autorité avant tout en matière de belles-lettres et de beaux-arts, il est clair, à la façon dont le combat s’engage et dès les premières lignes, que Perrault aura en bonne partie raison.
Après avoir essayé de tous les raisonnements à la Sénèque, après s’être proposé des perspectives de loisir riant comme Atticus, d’Antin pose la plume pour cette fois, et il ne la reprend que quinze mois plus tard en revenant aux mêmes lieux, à ce château de Bellegarde ; mais quel changement dans l’intervalle !
On ne saurait que la poser, et c’est déjà un honneur pour celui qui la suscite.
« Dans cette halte de victoires qu’on appelait la paix, au bruit de ces crosses de fusils posées un moment à terre », il a montré le public d’élite accouru en foule à cette paisible fête littéraire, les bancs des académiciens envahis, l’auditoire en attente, et il s’est écrié : Quel contraste dans toutes les âmes, entre ces purs, ces gracieux souvenirs et ce ciel d’airain ?
C’était l’auteur de profession, le poète de la Cité et de la place Dauphine, qui se posait comme juge en face des illustres qu’étalaient en vente les Barbin de la galerie du Palais.
L’activité primordiale est alors l’expansion première de l’être et de la vie, et il faut bien poser d’abord l’être avec cette expansion active : « Au commencement, dit Faust, était l’action. » Aussi ne pouvons-nous nous empêcher de placer dans tous les êtres, même dans les forces les plus aveugles de la nature, une certaine activité, alors même que nous nous les figurons insensibles.
Il est même, les muettes rayées, fort curieusement combiné, ce vers, avec ses groupes en nombres décroissants, six, cinq, quatre, trois, et bien conforme aux principes que le poète s’est à lui-même posés.
Mme Stern n’est en réalité qu’une volontaire, toujours en révolte contre son organisme féminin, et la volonté n’a jamais mieux démontré qu’elle n’est pas le talent et qu’elle peut être l’impuissance… Savante, dit-on, du moins de pose savante ; allemande d’éducation intellectuelle ; hégélienne peut-être et, dans tous les cas, très digne de l’être, elle a trouvé que ce n’était pas encore assez de savoir l’allemand et elle s’est mise à apprendre le hollandais pour faire le livre que voici.
III Mais cette réserve faite sur le fond des choses, mais ce desideratum, posé, ce desideratum dont Aubryet, avec la libéralité de son esprit, ne méconnaîtra pas l’exigence, je n’ai plus qu’à louer, même sur le fond des choses, l’écrivain qui vient de montrer en critique tant d’aperçu et de fécondité.
C’est la thèse qu’ont posée et soutenue partout les Pères, les théologiens et les écrivains catholiques qui ont eu à parler de l’Église depuis son établissement, — c’est la notion même de l’Église, se renversant, dans la tête humaine, si elle ne s’appuie à cette idée nécessaire d’infaillibilité.
Alors que la morale religieuse n’est plus, quand la pauvre littérature, qui mourra aussi, un de ces jours, de son immoralité, existe encore » il n’y a plus que la question esthétique à poser devant un livre comme celui des Blasphèmes ; il n’y a plus qu’à savoir si nous avons, malgré l’horreur de son livre, un poète de plus dans M.
Il aime les barrières et il en pose.
Posez d’abord avec lui qu’il y a deux psychologies : l’une analogue aux sciences physiques, ayant pour objet de constater, de décrire et de classer les plaisirs, les peines, les sensations, les idées, bref, toutes nos opérations passagères ; l’autre ne ressemblant à aucune des sciences physiques, unique en son genre, ayant pour objet d’observer et de définir le sujet permanent et la cause durable de ces opérations17.
Après tant de discussions, les principes se faisaient connaître par leurs résultats, comme les arbres par leurs fruits ; il fallait poser de nouvelles conclusions dans ce procès intellectuel qui s’agitait depuis tant d’années. […] Le créateur de toutes choses est le seul, en effet, qui ait posé ces lois fondamentales que Montesquieu a appelées les rapports des choses, et dont les lois écrites ne sont que l’expression. […] Elle aurait été un hommage de l’homme étudiant avec une respectueuse admiration les lois intellectuelles posées par le Créateur, et ne s’étonnant point de rencontrer dans cette étude l’incompréhensible, qui témoigne seulement combien la compréhension humaine est bornée. […] En effet en disant, « Je pense », il affirmait son existence avant d’affirmer sa pensée, puisqu’il commençait par poser en fait sa personne, Je ; c’était donc de son existence qu’il déduisait son existence. […] Les sceaux posés sur les divers systèmes d’idées par la pesante main de l’empereur se trouvaient tous levés à la fois.
Cette manie de poser des devinettes et de pousser des colles est insupportable. […] Comment résoudre une question sans d’abord la poser ? Et fût-elle insoluble, il y aurait un immense intérêt à savoir qu’elle se pose. […] Par la question préalable, que pose la plus longue et constante expérience, ces manuels bourrés à éclater semblent décourageants et irrecevables. […] Émile Bouvier, Dada posait de graves problèmes et apportait non seulement « une doctrine littéraire », mais un « système du monde ».
Charlotte s’accoudait à la fenêtre ; son regard se promenait sur la campagne ; elle le porta vers le ciel, puis vers moi : je vis ses yeux pleins de larmes ; elle posa sa main sur la mienne et dit : « Ô Klopstock ! […] Alors, ce que nous voyons de lui, ce n’est point le sentiment dont il s’efforce de manifester l’ardeur, la profondeur ou la violence : c’est la comédie de passion qu’il se joue à lui-même ; c’est son affectation d’avoir « un cœur capable d’embrasser tout l’univers dans son amour » ; c’est la « pose » de son attitude, de son geste, de sa rhétorique, dont il serait absurde de nier que l’éloquence ou l’habileté nous entraîne souvent, mais qui cependant ne nous possède jamais entièrement. […] C’est la question que nous posions au début. […] Le duc est très bienveillant quand le poète apporte le manuscrit depuis si longtemps attendu de son œuvre capitale, il invite sa sœur à lui poser sur le front la couronne même dont elle venait d’orner le buste de Virgile. […] Merck, qui depuis des années posait déjà pour Méphistophélès, posa pour Antonio Montecatino, ou du moins pour les lignes extérieures de ce personnage dont nous connaissons les véritables origines.
Il eût été bon, ce semble, avant de permettre aux candidatures de se poser, de bien définir le genre de mérite qu’on voulait couronner. […] On a dit que pour le prix dont il s’agit aucun des concurrents n’a posé sa candidature et n’a fait la moindre démarche ; je veux bien le croire, mais en sera-t-il toujours ainsi ? […] Le temps n’est-il pas venu pour les femmes de réclamer leurs droits légitimes, et ne pensent-elles pas que le moment soit favorable pour se poser en rivales des frères de la Doctrine chrétienne ? […] Doré sont bien suspendus en l’air ; ils volent, on n’en saurait douter ; le dessin est correct, la pose est élégante, mais ce n’est pas là la Françoise du poète. […] Je voulais aussi dire ceci : pour se poser avec quelque éclat comme champion du public, il ne faut pas s’attaquer aux faibles.
Posons d’abord quelques principes usuels sur les terminaisons ; & nous en ferons ensuite l’application à quelques racines. […] & jv. de la II. partie de la Grammaire générale, décide nettement contre M. l’abbé Girard, que faire du substantif & de l’adjectif deux parties d’oraison différentes, ce n’est pas là poser de vrais principes. […] Fromant, que M. du Marsais lui-même, dont il paroît admettre la doctrine sur les genres, a été contraint, comme nous, de distinguer entre substantif & adjectif, pour poser de vrais principes, au-moins à cet égard. […] Il est assez surprenant que M. du Marsais n’en ait pas porté le même jugement, après avoir posé des principes dont il est la conclusion nécessaire. […] Ce n’est point ici une these métaphysique que je prétends poser, c’est le simple résultat de la déposition combinée des usages des langues ; mais j’avoue que ce résultat peut donner lieu à des recherches assez subtiles, & à une discussion très-raisonnable.
Le problème pour Rousseau (et il ne peut s’en poser d’autre), c’est de restituer à l’individu, dans la société politique, l’équivalent du droit primitif qu’elle lui a ravi en le dépouillant de la liberté des forêts. […] Dans sa prodigieuse inconscience à éliminer les données fondamentales des problèmes dont il traite, Rousseau ne pose pas une seule fois la question pédagogique première : qu’advient-il de cette jeune sensibilité ? […] Mais, posée sur un petit mur, une Jonquille fleurie lui rapporte cet enchantement « d’une lueur céleste que nous croyons saisir, qui nous passionne, qui nous entraîne et qui n’est qu’une ombre indiscernable, errante, égarée dans le ténébreux abîme59. » Il recourt aussi à la consolation philosophique. […] Vous aurez, peu s’eu faut, l’homme fatal, à la mode de 1830, être de pure pose, à lie le prendre que sur ses propos et ses mines ; mais sous cette vaine enveloppe se dessine un individu trop réel, assez pitoyable, bien différent de celui que le poète voulut imposer à notre imagination.
C’est le point de départ des mathématiques qu’il donne aux sciences morales, lorsqu’il pose que la sensation est un mouvement interne causé par un choc extérieur, le désir un mouvement interne, dirigé vers un corps extérieur, et lorsqu’il fabrique avec ces deux notions combinées tout le monde moral. […] Les écrivains posent en règle que toutes les femmes sont des drôlesses, et que tous les hommes sont des brutes. […] Ici les gens sont posés ; ils dissertent ou disputent ; le raisonnement est le fond de leur style ; ils sont si bien écrivains qu’ils le sont trop, et qu’on voit à travers eux l’auteur occupé à combiner des phrases. […] Tel personnage, au beau milieu du dialogue et en pleine prose, décrit « de jolies lèvres boudeuses avec une petite moiteur qui s’y pose, pareilles à une rose de Provins fraîche sur la branche, avant que le soleil du matin en ait séché toute la rosée615. » Ne voilà-t-il pas les gracieuses galanteries de la cour ? […] En effet, c’est la forme qu’ils prennent pour sujet dans presque toutes leurs poésies sérieuses ; ils sont critiques, ils posent des préceptes, ils font des arts poétiques.
Elle a les yeux tout gonflés des pleurs de la nuit, et est assise en une pose affaissée, ses mains molles réunies dans un mouvement de prière, inattentive à ce que vous dites, ou bien accueillant, d’un pâle sourire de politesse, les paroles qui s’adressent directement à elle. […] Le logis de Raffaëlli, une petite maison bourgeoise de banlieue, sans rien de la bibeloterie ou de la faïencerie ordinaire des ateliers, mais où est posé sur un chevalet, ou accroché, çà et là, aux murs pour la vue, dans un cadre joliment doré, un paysage d’Asnières ou de Jersey, le plus souvent peint aux crayons de couleur à l’huile de Faber, un paysage qui a l’air d’un pastel fixé. […] Alors l’idée un peu méphistophélique de jeter de l’imprévu, dans les combinaisons arrêtées d’avance du corps savant, nous prend d’improviser cette candidature, qui va produire le même effet qu’un pied posé dans une fourmilière, et cela est aussi mêlé de la pensée ironique du désarroi, que ça va mettre dans la hiérarchie maritime, cette anomalie d’un lieutenant de vaisseau, académicien.
Ingres, en particulier, est de vouloir imposer à chaque type qui pose sous son œil un perfectionnement plus ou moins despotique, emprunté au répertoire des idées classiques. […] Les attitudes du riche lui sont familières ; il sait, d’un trait de plume léger, avec une certitude qui n’est jamais en défaut, représenter la certitude de regard, de geste et de pose qui, chez les êtres privilégiés, est le résultat de la monotonie dans le bonheur. […] Le plancher offrait à peine un étroit sentier où poser les pieds. […] Je me rappelle que, très jeune, quand je goûtai pour la première fois aux œuvres de notre poëte, la sensation de la touche posée juste, du coup porté droit, me faisait tressaillir, et que l’admiration engendrait en moi une sorte de convulsion nerveuse. […] L’ouverture, dis-je, résume donc la pensée du drame par deux chants, le chant religieux et le chant voluptueux, qui, pour me servir de l’expression de Liszt, « sont ici posés comme deux termes, et qui, dans le finale, trouvent leur équation ».
Ces diverses publications achèvent de mettre en pleine lumière la figure du malheureux poète de Nérine, en même temps qu’elles permettent d’étudier le problème intéressant que les premiers critiques qui se sont occupés de Leopardi ont posé dès l’abord : celui des rapports entre les circonstances extérieures qu’il a traversées et sa philosophie de l’Infelicita. […] Il lui posa diverses questions, d’autant plus indiscrètes qu’elle ne lui devait aucune explication sur rien ; elle lui répondit cependant avec complaisance. […] Malgré sa brève existence et l’extrême jeunesse de ses rédacteurs — les frères Rossetti avaient vingt et vingt et un ans —, elle a cependant sa signification : plusieurs des articles qui y furent insérés posaient très nettement les problèmes d’esthétique que la « Confrérie préraphaélite » essayait de résoudre. […] Lui, ne l’a jamais quittée ; et quand il posait la plume pour prendre le pinceau, quand il abandonnait l’outil libre et subtil de la poésie pour le royaume des lignes et des couleurs, le caractère de son inspiration ne changeait pourtant pas. […] Ainsi Améric Vespuce, le jour où Colomb posa le pied sur un sol nouveau, ignorait encore la découverte du continent auquel il devait donner son nom.
Douce et claire est la nuit, sans souffle et sans murmure ; A la cime des toits, aux masses de verdure, La lune glisse en paix et se pose au gazon, Et les coteaux blanchis éclairent l’horizon. […] Vedova è insino al fine ; ed alla notte Che l’altre etadi oscura, Segno poser gli Dei la sepoltura162.
Horace aime à poser sa Vénus près des lacs d’Albane, en marbre blanc, sous des lambris de citronnier : sub trabe citrea. […] Plus d’une question que nous posions ici trouve sa réponse dans l’article sur Benjamin Constant et madame de Charrière inséré dans les Derniers Portraits (1852) et, depuis, dans le tome III des Portraits littéraires, édit. de 1864.
Loin de là, il pose tout d’abord la différence qu’il y a entre les lettrés d’ordinaires mélancoliques et songearts, et les hommes d’action et de gouvernement auxquels sont dévolues des qualités toutes contraires : Paucis ad bonam mentem opus est litteris, répétait-il d’après Sénèque. […] Il commence par poser avec Charron « que la justice, vertu et probité du Souverain, chemine un peu autrement que celle des particuliers. » A-t-il tort de le prétendre ?
. — Pose de la première pierre. […] Transporter ainsi à l’aide de l’impérieux ascendant de l’art, l’esprit d’un public frivole, en dehors des bornes qu’il pose généralement à son imagination, faire naître en lui une joie vraie dans un attristement réel, grâce à l’entraînement de la spiritualité et des plus hautes aspirations de notre être, n’est ce point une des plus belles victoires dont il ait été donné aux poètes et aux artistes d’ambitionner la gloire ?
Le dieu posera sur son front une main caressante : un fils nommé Epaphos — « Touché doucement » — naîtra de cette conception mystique, et ce fils sera l’ancêtre du libérateur qu’attend Prométhée. […] Il n’était pas jusqu’à la conception surnaturelle de la vierge Io, devenant mère par l’imposition de la main de Zeus. (« Il posera sur toi une main caressante, et son toucher suffira ») qui ne parût un emblème de la Vierge Marie fécondée sous le souffle de l’Esprit divin.
Renouvier, dans notre Introduction à la Genèse de l’idée de temps. « Les disciples contemporains de Kant, renonçant à l’intuition pure, se contentent, avec plus de modestie, de poser le temps comme simple « loi de la représentation ». […] Cette façon de poser le problème est trop commode.
La couronne était sous un globe, et posée sur un coussin de velours brodé d’or. […] Or, le triomphe se peut-il rencontrer dans cette critique baveuse, inquiète, malsaine, impotente, semblable à ces lourds nuages qui se posent sur la lumière du soleil sans un moment d’éclaircie ?
Enfin un chapeau de feutre gris aussi, à larges bords et sans forme ou déformé, tantôt posé de travers sur la tête, tantôt profondément enfoncé sur le front et laissant flotter quelques boucles de cheveux incultes, mais presque blonds encore, sur son collet ou sur ses joues, complétait ce costume. […] Béranger n’agit pas ainsi, soit par amour évangélique des classes laborieuses, avec lesquelles il lui plaisait de se confondre par la langue et par les préjugés comme par le cœur ; soit pour poser son levier d’opinion sur les masses plus résistantes, afin d’y trouver plus de force contre le trône des Bourbons ; soit enfin pour complaire à ses amis, et pour servir par une action plus vive la triple opposition monarchique, républicaine et militaire, qui le couronnait alors d’une triple popularité.
Je me pose cette question, quand j’entends rire les spectateurs, même dans la Ville-Lumière, à des passages d’où le comique est certainement absent. […] Le problème se pose autrement.
Loin de brusquer sa fin, Gibbon se plaît à la prolonger : il achève cette longue carrière presque comme une promenade, et, au moment de poser la plume, il s’arrête à considérer les derniers alentours de son sujet ; il s’y repose. — Il n’a rien du cri haletant de Montesquieu abordant le rivage ; il n’en avait pas eu non plus les élans, les découvertes d’idées en tous sens et le génie.
Cependant on ne saurait leur faire à l’un ni à l’autre l’injure de poser cette question, s’ils étaient braves et très braves en effet : mais ils étaient les têtes du parti, et ils avaient à se réserver pour leur cause ; et de plus, comme on l’a très judicieusement observé, ils devaient craindre, non pas de périr les armes à la main de la mort du soldat, mais d’être pris et d’aller finir sur un échafaud en rebelles.
Il fallait, à l’exemple de Bossuet, fondre la statue d’un seul jet, et non poser sur une base irrégulière et fragile une petite figure à pièces de rapport.
C’est ainsi que la question fut posée.
» Puis bientôt, à force de ruminer et de combiner dans son esprit de petites circonstances accessoires et des plus insignifiantes, il en vint à se poser cette alternative burlesque : « Si M.
Mais tout est gâté par une continuelle préoccupation de l’applaudissement : vous croiriez qu’elle pose toujours pour son portrait devant le biographe. » Voilà le défaut saisi et marqué par un peintre sarcastique.
On peut différer avec lui sur la mesure de ses conclusions et sur ce qu’elles ont parfois de trop marqué ; mais il a le mérite d’avoir posé les cadres de la discussion et d’en avoir, le premier, rassemblé avec méthode les éléments.
Je sentis, à la vive et fraternelle étreinte de ses deux petites mains cordialement posées dans les miennes, que la réalité de mon rêve était revenue ; puis, s’emparant avec une familiarité de sœur aînée du bras d’Olivier et du mien, s’appuyant également sur l’un et sur l’autre, et versant sur tous les deux, comme, un rayon de vrai soleil, la limpide lumière de son regard direct et franc, comme une personne un peu lasse, elle monta les escaliers du salon. » Est-il besoin de remarquer que Dominique, le narrateur qui est ici le peintre, n’a fait entrer dans son tableau que ce qu’il a eu réellement motif de voir, d’entendre, de retenir, ce qui est en rapport avec son sentiment, — le son des grelots qui lui annonçait l’approche désirée, — le voile bleu qui tout d’abord a frappé son regard ?
Mais, avant tout, il est quelques points à rappeler et à poser.
Il ne se posa point en victime.
Déjà l’on a pu voir, dans les précédents morceaux de critique, à quel point, même après m’être engagé d’abord par une admiration sincère, je ne craignais pas de revenir et de poser mes réserves quand il y avait lieu.
C’était accepter la question tout entière comme on l’avait posée, c’était ne l’éluder en rien et la soutenir dans sa complète importance, dans la hardiesse du premier défi.
Les Contes d’Espagne et d’Italie, en mettant hors de ligne la puissance poétique de M. de Musset, posaient donc en même temps une sorte d’énigme sur la nature, les limites et la destinée de ce talent.
Malgré tout, on revient toujours à se poser à son sujet cette question délicate, embarrassante : Comment se fait-il que, lorsqu’on a eu du goût, on cesse tout d’un coup d’en avoir ?
Pour ne pas nous perdre ici en des apologies de détail dont le lecteur n’a que faire, nous poserons tout d’abord un principe, et ce principe est celui-ci : Il faut avoir l’esprit de son âge, dit-on : cela est vrai en avançant ; mais surtout et d’abord il faut en avoir la vertu : des mœurs et de la pudeur dans l’enfance, de la chevalerie, de la chaleur de conviction et de la générosité de pensée dans la jeunesse.
Au dix-huitième siècle, en effet, il y avait l’athée ; il se posait tel ; c’était presque une profession.
Ainsi Montesquieu pose ces étranges maximes : qu’un État déchiré par la guerre civile menace la liberté des autres ; et qu’il se forme toujours de grands hommes dans les guerres civiles.
Les hommes qui ne voulaient pas de l’adjonction des capacités peuvent encore se réjouir en voyant la faiblesse de nos écoles primaires. » — Et c’est pourquoi il posa tout au moins le principe de l’obligation et de la gratuité, car « dans un pays de suffrage universel, l’enseignement primaire obligatoire, étant pour la société un devoir et un profit, doit être payé par la communauté ».
Un livre de généralités est nécessairement dépassé au bout de dix années ; une monographie étant un fait dans la science, une pierre posée dans l’édifice est en un sens éternelle par ses résultats.
Pour répondre à ces points d’interrogation, une étude méticuleuse des sociétés et des époques qui nous les posent est indispensable.
Ces arts se sont séparés dans la suite des siècles ; l’écriture s’est même transformée par l’imprimerie. « Quelque dissemblables que nous paraissent aujourd’hui le buste placé sur la console, le tableau pendu contre le mur, le numéro du Times posé sur la table ; ils sont parents de loin, non-seulement par nature, mais par origine. » La poésie, la musique et la danse formaient aussi à l’origine un groupe inséparable.
Arrivé au temple, il prit la parole et posa nettement la question : — « Ô Roi !
Qu’on se rappelle L’Impromptu de Versailles, où ce conflit est si bien posé.
Je dois à la bienveillance de M. le marquis de Jaucourt, ancien ministre d’État, lequel a beaucoup connu Barnave, quelques explications qui répondent à la question que je me suis posée au sujet des rapports du célèbre orateur avec la Reine.
S’étant de bonne heure posée en vieille femme et en maman des gens qu’elle reçoit, elle a un moyen de gouvernement, un petit artifice qui est à la longue devenu un tic et une manie : c’est de gronder ; mais c’est à faire à elle de gronder.
Bazin, lui aussi, n’a pas laissé de faire plus d’une hypothèse et de commettre quelques petites erreurs de fait, en même temps qu’il se donne le facile plaisir de se poser en redresseur sur des points que d’autres avaient déjà rectifiés avant lui.
I, p. 285), s’est porté pour adversaire de Saint-Simon, et a articulé contre lui des accusations et imputations qu’il m’est impossible d’admettre dans la généralité où il les pose.
La tête de Psyché devrait être penchée vers l’Amour, le reste de son corps porté en arrière, comme il est lorsqu’on s’avance vers un lieu où l’on craint d’entrer, et dont on est prêt à s’enfuir ; un pied posé, et l’autre effleurant la terre.
ses maladies elles-mêmes, ses infirmités avaient quelque chose d’indolent et de tranquille : « Il avait la goutte, mais sans douleur ; seulement son pied devenait de coton ; il le posait sur un fauteuil, et voilà tout. » C’était une âme et un corps où n’entra jamais l’aiguillon.
Dans toutes ces relations avec la reine, Lauzun avait peut-être des intentions généreuses, mais certainement il avait des poses chevaleresques : il se posait comme un homme prêt sans cesse à se sacrifier, à faire bon marché de son avancement, il se présentait comme n’étant dévoué qu’à elle : « Suis-je à moi ?
Bossuet, l’Évangile même, dit-il, n’ont sur les chrétiens que l’autorité que leur donne l’Église. » Par condescendance pourtant, et afin de montrer que la vérité accepta toutes les armes, M. de Bonald prend des mains du xviiie siècle les divers problèmes, tels que ce siècle les a posés.
Les dix ou douze années qu’il passa à Bourges furent des années fécondes, et dans lesquelles il posa les fondements de tous ses grands travaux.
Parlant d’un magistrat prisonnier que l’insurrection réclame de la Cour, et qui est rendu à la liberté : « L’on ne voulut pas quitter les armes, dit Retz, que l’effet ne s’en fût ensuivi ; le Parlement même ne donna point d’arrêt pour les faire poser, qu’il n’eût vu Broussel dans sa place.
La Nature, avec toi, fit sept pas éclatants ; Et, de son règne immense embrassant tout l’espace, Ton immortelle audace A posé sept flambeaux sur la route des Temps.
Rica est l’homme moqueur, Parisien dès le premier jour et peignant avec badinage les travers et les ridicules des originaux qui passent sous ses yeux et desquels il s’accommode : Usbek, plus sérieux, résiste et raisonne ; il aborde les questions, il les pose et les discute dans les lettres qu’il adresse aux théologiens de son pays.
Quant à d’Holbach, ce furieux incrédule, et qui voulait convertir tout l’univers à son athéisme, il était tel de caractère qu’il croyait sur les choses de la vie tous ceux qu’il voyait : « Il ne sait jamais ce qu’il veut, et le dernier qui lui parle a toujours raison. » Voilà quelques-uns de ceux qui se posaient emphatiquement alors comme les professeurs du genre humain.
Tel est le problème qui se pose aux limites idéales de notre science.
Ceci posé, il peut arriver qu’un personnage antipathique par ses sentiments et ses actions, mais animé d’une vie intense, nous entraîne par-cette intensité de vie, en dépit de notre répulsion naturelle.
Tourguénef pose ses créatures, les façonne en un coup de main, nous explique leurs mobiles, leur caractère, et nous voilà entraînés à suivre l’existence d’un étranger, dont le visage nous est devenu familier et dont l’âme va nous être révélée jusque dans son essence.
Les salles étaient de deux espèces : les unes, simples cours d’hôtelleries, ouvertes, un tréteau adossé à un mur, pas de plafond, des rangées de bancs posés sur le sol, pour loges les croisées de l’auberge, on y jouait en plein jour et en plein air ; le principal de ces théâtres était le Globe ; les autres, des sortes de halles fermées, éclairées de lampes, on y jouait le soir ; la plus hantée était Black-Friars.
Il n’a soutenu nulle part ce que l’École ultramontaine pose en fait : que les conditions du passé sont nécessaires.
Il est de la race du grand poète, impie au stoïcisme, qui disait : « Je les attends, les plus enragés stoïques, à leur première chute de cheval. » Ce n’est qu’un épicurien, sentant trop la douleur pour la nier, — mais un épicurien de la Pensée, un voluptueux de l’Idéal et de la Forme, ayant la sensibilité nerveuse de la femme et l’imagination des poètes qui s’ajoute à cette sensibilité terrible… Et, dans les livres où il parle de ses souffrances avec une expression tout à la fois délicieuse et cruelle, il ne songe pas une minute à se poser comme un résistant de force morale et de volonté héroïque… En ces livres, parfumés de douleur, il n’est que ce qu’il a été toute sa vie, dans ses livres de bonheur et de jeunesse, — c’est-à-dire bien moins une créature morale qu’une charmante créature intellectuelle, intellectuelle jusqu’au dernier soupir.
Ce sont même les Saints les plus ridicules, les plus bas au regard du monde, qu’il a trouvés et qu’il a posés les plus grands à la lumière de Dieu.
La flaque d’eau de l’ornière ne pose pas des points d’interrogation à l’Océan. […] Il est employé à poser, comme on dit au théâtre, les deux autres héros, Gauvain et Cimourdain. […] Simples questions que je pose sans les résoudre, simples doutes et même, avouons-le, intéressés, car enfin M. […] « Mais oui, au fait, dit-il, la question ainsi posée, tout change de face ! […] Mais il fallait la poser ainsi toi-même, la question, homme supérieur, lumière de ton parti !
Pareillement, dans son Horace, dans son Cinna, dans sa Rodogune, lorsqu’il mêle ensemble les choses de la politique et de la galanterie, ne vous imaginez pas que ce soit Justin qu’il imite, ni Sénèque, ni Tite-Live, mais ce sont bien les mœurs de son temps, et des « modèles » qui posent devant lui. […] » Et, en effet, la question valait la peine d’être posée. […] Jean Desmarets de Saint-Sorlin [Paris, 1595 ; † 1676, Paris]. — Celui-ci a essayé de tout : — du roman, dans son Ariane, 1632 ; — de la comédie, dans ses Visionnaires, 1637 ; — de la tragédie, dans son Érigone, 1638 ; — dans son Scipion, 1639 ; — de la poésie lyrique dans son Office de la Vierge, 1645 ; — et de l’épopée dans son Clovis, 1657. — L’unique intérêt du Clovis est d’ailleurs dans la Préface de 1673, où l’un des premiers, Desmarets a posé clairement la théorie du « merveilleux chrétien ». […] En revanche, et pour les mêmes raisons, — que Bourdaloue demeure en français le vrai maître du développement oratoire ; — si nul mieux que lui n’a su poser, diviser et ordonner un sujet ; — le traiter selon sa constitution ; — et n’y rien ajouter d’extérieur ou de superflu. — Cette entière sincérité ne fait pas moins d’honneur à son caractère qu’à son talent — ou plutôt son talent et son caractère ne font qu’un. — Témoignages que lui ont rendus ses contemporains [Cf. […] Au point de vue esthétique ou littéraire ; — il s’agit de savoir si les Anciens ont atteint la perfection ; — et posé des lois qu’on ne saurait transgresser sans détriment pour l’art ; — ou, au contraire, si les genres littéraires ne doivent pas s’enrichir ou se transformer du fait seul du progrès du temps.
La hanche droite, assouplie par l’inclinaison de la pose, prolonge son ondulation dans la draperie glissante que le genou, porté en avant, laisse retomber en plis majestueux. […] Au banquet de son sacre, gêné par la couronne trop large pour sa tête, il l’ôta sans façon, et la posa sur la table, comme il aurait fait d’un bonnet. […] Ayant à se venger d’une jeune fille qui lui servait de modèle, et qui l’avait trompé avec un de ses apprentis, il la forçait de poser, durant des heures, dans les attitudes les plus fatigantes. […] Elle l’éblouissait de tournois, l’étourdissait de rêves, lui soufflait les faits d’armes et les entreprises, le nourrissait en amour d’abstractions et de quintessences espagnoles, et se posait vis-à-vis de lui comme une « Dame de pensée » plutôt que d’alcôve. […] Il y avait du Don Quichotte dans ce roi de triste figure ; Diane de Poitiers fut sa Dulcinée ; une Dulcinée décevante, aussi chimérique que celle du Toboso, idéalisée par les arts, incessamment rajeunie par les cadres mythologiques où elle se posait.
les épines ensanglantent ses mains et déchirent ses vêtements : il lâche la tige, et reste suspendu à l’un des dards méchants par le fond de ses chausses liliales… L’étoffe cède ; il tombe rudement sur le sol… Mais, pendant ce temps-là, un beau frelon, cuirassé, doré, galonné, s’est posé sur la rose, et la baise à antenne-que-veux-tu… D’un coup de bâton, Pierrot, jaloux et désespéré, casse la tige de la fleur, qui s’abat mourante. […] Certes, il y eut dans ce silence de la circonspection et un orgueil qui eût voulu effacer de si grotesques commencements ; mais peut-être y eut-il aussi quelque honte plus secrète de la mémoire… Une question insoluble, mais qu’on ne peut guère s’empêcher de se poser, est celle-ci ; « Mme Scarron est-elle restée vertueuse ? […] Orante et Climène, deux jeunes femmes, quelque peu précieuses, viennent poser à Eraste cette question de cour d’amour : « Lequel doit plaire davantage, de l’amant confiant ou de l’amant jaloux ? […] Il me semble, du reste, qu’on n’éprouve nullement le besoin de se poser une pareille question à leur sujet. — La question paraît un peu moins étrange quand il s’agit d’Alceste et de Polyeucte. […] Le cas d’Adrienne Lecouvreur, transportez-le du drame dans la comédie ou dans le roman pittoresque, et vous aurez l’illustre Delobelle qui, dans sa pauvre chambre de cabotin sans emploi, se pose de trois-quarts pour manger un œuf à la coque, et qui, à l’enterrement de sa fille, tout brisé de douleur, écrase virilement une larme au coin de son œil avec le geste d’un vieux colonel du Gymnase.
Il est certain qu’il y a dans son œuvre une part d’affectation, de fait exprès, en un mot, de « pose ». […] Il refuse de ployer, en bas, les ailes de sa rêverie pareille à ces sublimes oiseaux qui ne se posent jamais que sur les cimes. […] disparue, s’élèveront par-delà les forêts d’automne et les filaos et les mers moins mystérieusement murmurantes, jusqu’aux célestes lointains où l’ineffable amoureuse, un instant posée sur la terre, s’en retourna pour jamais ! […] Le mot est un oiseau au vol démesuré, mais qui s’envole d’une branche, qui ne plane qu’après s’être posé ; et les hirondelles, si elles ne rencontrent pas de mât de navire, se fatiguent à travers l’océan. […] C’est à ces imaginations séduisantes et vaines, disparaissantes, que fait songer la poésie de Jules Laforgue, — libellule envolée en parfums, diaphane frémissement d’ailes presque invisibles, qui ne se pose point.
Mais ne pose-t-il pas trop rigoureusement le principe ? […] M. de Bonald ne s’occupant qu’à poser les principes, néglige de donner des avis particuliers aux maîtres. […] Mais il est temps de passer au résumé général de La Législation primitive ; tels sont les principes que M. de Bonald a posés. […] Le principe étant ainsi posé, il nous semble qu’il est du moins inattaquable par le fond, mais on peut disputer sur quelques détails. […] De là deux parties ou deux divisions dans l’ouvrage : dans la première on pose les faits ; dans la seconde on conclut : c’est-à-dire que dans l’une on traite de la nature de l’homme, et que dans l’autre on fait voir quel est le gouvernement le plus conforme à cette nature.
Cela est si vrai, que certains économistes veulent que la production des métaux soit la mesure de la puissance des peuples, et n’hésitent point à poser cet axiome : « La puissance est aux nations qui produisent le plus de fer. » Il y a là, du moins, plus de vraisemblance que dans la boutade de Jean-Jacques. […] Je poserai quelques traits seulement : votre mémoire achèvera. […] Voici d’immenses souterrains, à plafonds bas, soutenus par de gros piliers courts ; voici un géant à huit bras, le pied gauche posé sur un éléphant couché : c’est Vira-Bhadra, une des avatars ou incarnations de Vischnou. […] Tout auprès, celle de Siringam, à sept enceintes : au-dedans, l’image de Vischnou, à laquelle Brahma lui-même rend un culte d’adoration : elle représente le dieu Vischnou couché sur le serpent Sécha (Durée) ou Ananta (Sans-Fin), dont les sept têtes lui servent de dais ; — ils voguent sur un océan de lait, agité par les bons et les mauvais génies. — Quelquefois un lotus énorme jaillit de son nombril, et Brahma est assis dans cette fleur. — Dans d’autres temples, on voit Vischnou assis par terre, les mains posées à terre aussi et en arrière, la tête renversée et les yeux levés au ciel, avec une expression de béatitude extatique. […] Au reste, peu soucieux du vraisemblable : voyez la pose de la Nuit !
Elle a été posée pour Britannicus, comme pour Iphigénie. […] C’est une petite question que je pose à mes lecteurs selon l’habitude qu’ils m’ont donnée en répondant si souvent et si bien aux petits problèmes que je leur indique. […] — « Permettez à un de vos lecteurs et à un ami des classiques de vous donner son humble avis sur la question que vous posez .Le « petit discours » en trois vers de Philaminte me paraît être sérieux, jusqu’à en avoir un peu d’amertume. […] — « Voulez-vous me permettre un mot ou deux au sujet de la question par vous posée dans votre dernier feuilleton ? […] Ces prétentions, elle les conserve toutes, même éclairée sur le compte de l’écornifleur Trissotin.. — Voilà pour la question posée.
Alors il ouvre de nouveau la cellule chaste et solitaire où pose, éclairée par une douce lumière, l’angélique figure de Mme de Couaën. […] Trouver le repos dans la liberté, tel est le problème qu’il lui faut résoudre, problème hardi qu’aucun siècle n’a si nettement posé que le nôtre, tâche immense qu’aucune génération n’a si résolument entreprise. […] Telle fut la première question que notre jeune compatriote se posa ; voici ce qu’il apprit : un capitaine d’infanterie anglaise (pour Victor Jacquemont était-ce caver au plus fort ?)
Il comprit la question posée par la Constituante dans toute son étendue, et, devançant dès novembre 1790 l’heure du Concordat, il disait : Si l’on aimait le bien, la paix et l’ordre ; si l’on était de bonne foi ; si l’on était attaché à la religion qui seule est l’appui de toute autorité et de toute forme de gouvernement, jamais pape n’a été plus porté à la conciliation que celui-ci… Mais, si l’on veut tout détruire et faire une religion nouvelle, on y rencontrera des difficultés plus grandes qu’on ne croit.
Il s’agit du caractère de Charles VII, que l’abbé Le Grand oppose dès l’abord à celui de Louis XI et que Duclos donne sans poser le contraste : j’indique sur deux colonnes, comme l’a fait M.
Il s’est donc posé le problème sans le diminuer et dans toute son étendue.
Il se pose nettement au nom des spiritualistes contre les idéologues : « Les spiritualistes, dit-il, sont spécialement et invariablement opposés aux idéologues qui voudraient que nous fissions nos idées avec nos sensations, tandis qu’elles nous sont seulement transmises par nos sensations. » Il attaque l’idée matérialiste qui est le fond de la doctrine adverse, et la force à reculerg.
L’impossible aussi pour ceux qui de nos jours posent en principe qu’on ne sait pas écrire en français, et surtout de ces choses de morale et de société, depuis Louis XIV, ce serait de leur faire reconnaître que Senac de Meilhan est un moraliste et un écrivain des plus distingués, qui a de très grandes qualités, de belles parties, et plus que de la finesse, je veux dire de la largeur, de l’élévation, de l’essor.
Mme de Genlis a raconté qu’un jour, un dimanche, à l’Ile-Adam, comme on attendait pour la messe le prince de Conti, on était dans le salon autour d’une table sur laquelle les dames avaient posé leurs livres d’heures ; la maréchale s’amusait à les feuilleter par manière d’acquit.
Lorsque le rossignol, dans la saison brûlante De l’amour et des fleurs, sur la branche tremblante Se pose pour chanter son mal cher et secret, Rien n’arrête l’essor de sa plainte infinie, Et de son gosier frêle un long jet d’harmonie S’élance et se répand au sein de sa forêt.
Je ne sais pas inventer, je vois. » Je n’éluderai pas la question d’art qui se pose, et je la soumettrai du moins dans ses vrais termes à ceux qui voudront l’examiner.
Cette occasion tarda, l’empereur n’étant jamais seul ; il aurait fallu, pour cela, qu’il allât poser dans l’atelier du peintre.
La même question s’est posée à la fin de chaque siècle.
Mais le matin elles quittent les branches : Comme un collier qui s’égrène, on les voit S’éparpiller dans l’air bleu, toutes blanches, Et se poser plus loin sur quelque toit.
Qu’au retour du printemps, dépouillant la prairie, Des dons du villageois ma tombe soit fleurie ; Puis d’une brebis mère et docile à sa main, En un vase d’argile9 il pressera le sein ; Et sera chaque jour d’un lait pur arrosée La pierre en ce tombeau sur mes mânes posée.
Topin, il ne s’est pas un seul instant posé cette simple question : « Où en était la France, si le prince Eugène avait pris Landrecies ?
On serait trop tenté vraiment, à voir le détail d’une telle vie, et quel mal infini eut de tout temps à se soutenir et à subsister cette famille d’élite et d’honneur, ce groupe rare d’êtres distingués et charmants, comptant des amitiés et, ce semble, des protections sans nombre, chéris et estimés de tous, on serait tenté de s’en prendre à notre civilisation si vantée, à notre société même, à rougir pour elle ; et surtout si l’on y joint par la pensée le cortège naturel de Mme Valmore, cette quantité prodigieuse de femmes dans la même situation et « ne sachant où poser leur existence », courageuses, intelligentes et sans pain, « toutes ces chères infortunées » qui, par instinct et comme par un avertissement secret, accouraient à elle, qu’elle ne savait comment secourir, et avec qui elle était toujours prête à partager le peu qui ne lui suffisait pas à elle-même !
Marty-Laveaux le soin de démêler et de fixer ces dates, sur lesquelles j’ai autrefois posé quelques questions.
Mais, pour lui, il ne s’est jamais posé le rôle, il ne s’est jamais dit que c’était embarrassant ; il a senti que c’était doux, près de soi, d’avoir un haut abri dans ses pensées ; et cependant il s’en est tiré mieux que tous les cadets de grands hommes en littérature : il a trouvé sa place par le naïf, le sensible et le charmant26.
Ce jour-là, une nouvelle question littéraire était posée, ou du moins la précédente ne l’était plus.
introduisait dès lors cette manière de crier tout haut famine et de se poser en mendiant glorieux, rôle que je n’avais cru que du jour même chez nos grands auteurs.
C’était l’âge des joutes magnifiques ; l’historien s’en est posé une à lui-même, avec les règles du combat.
Est-ce avant, est-ce après ce voyage, qu’il eut à poser lui-même une limite dans les degrés de cette faveur personnelle qu’il avait ambitionnée auprès de l’illustre souveraine, faveur précieuse et qu’il ne voulait pourtant pas épuiser ?
Nous n’avons plus affaire à ce jeune et sincère désabusé qui a écrit l’Essai en toute rêverie et en toute indépendance, y disant des vérités à tout le monde et à lui-même, et ne se tenant inféodé à aucune cause : ici il se pose, il a un but, et le rôle est commencé.
Mais cette question, qu’on pourrait poser chez nous presque à chaque siècle et pour chaque période du développement de la littérature d’imagination, va se représenter à nous plus impérieusement encore à l’occasion des Fabliaux.
Des morts sortent du tombeau : le licencié Dominico Zapata, rôti à Valladodid l’an de grâce 1631, pose aux docteurs de l’Église soixante-sept questions subversives de la foi.
La morale professionnelle résout le problème suivant posé par Nietzsche : « J’essaie une justification économique de la vertu. — Le problème, c’est de rendre l’homme aussi utilisable que possible et de le rapprocher, autant que faire se peut, de la machine infaillible : pour cela, il faut l’armer des vertus de la machine ; il faut qu’il apprenne à considérer les conditions où il travaille d’une façon machinale et utile comme les plus précieuses : pour cela il est nécessaire qu’on le dégoûte, autant que possible, des autres conditions, qu’elles lui soient présentées comme dangereuses et décriées. — Ici la pierre d’achoppement est l’ennui, l’uniformité qu’apporte avec elle toute activité mécanique.
Et n’y aurait-il, dès lors, comme on le veut, qu’un pas à tenter pour poser plus loyalement le problème de notre responsabilité métaphysique ?
Alors tous tireront dans le même sens ; alors la science maintenant cultivée par un petit nombre d’hommes obscurs et perdus dans la foule sera poursuivie par des millions d’hommes, cherchant ensemble la solution des problèmes qui se poseront.
Si le théâtre par une revanche imprévue fait à son tour la guerre à la religion, la philosophie, elle aussi, se pose en ennemie de la foi.
Pour opérer ce triage, il suffit de reprendre une à une les questions que nous nous sommes posées pour faire l’analyse d’une œuvre isolée179.
Les affiches : La première affiche posée sur les colonnes Morris, porte « très prochainement première représentation… » elle est du 21 avril.
Le dialogue date de ce second personnage posé en face du premier ; car parler et répliquer à un Chœur impersonnel et confus, c’était converser avec un écho.
Il me reste cependant à déclarer que, si quelqu’un s’emparait de ce précédent jugement sur M. de Pontmartin pour m’en faire penser sur son compte plus que je n’en ai dit, je protesterais de même, et que, ces réserves une fois posées, je n’ai plus que des compliments à lui faire.
La duchesse du Maine, avec tout son esprit, ne soupçonnait pas un mot de ces choses, et ne se posait pas une de ces questions ; elle croyait à ses droits de naissance, à ses prérogatives de demi-dieu, aussi fermement qu’elle croyait au système de Descartes et à son catéchisme.
Si donc il fallait conclure et répondre à la question posée au début, je rattacherais désormais au nom de Mlle de Scudéry l’idée, non pas du ridicule, mais plutôt de l’estime, d’une estime très sérieuse, et point du tout l’idée de l’attrait ou de la grâce.
» Il fut donné à Marmont de se poser deux fois ce fatal problème : « Heureux, s’écriait-il, heureux ceux qui vivent sous l’empire d’un gouvernement régulier, ou qui, placés dans une situation obscure, ont échappé à cette cruelle épreuve !
Ces malheureux, dévorés par le verbalisme, possèdent encore, outre ceux qui sont immortels, toute une série de principes, tels que : le principe sur lequel tout roule — le principe solidement assis — le principe posé trop légèrement — le principe inflexible — le principe qui a germé d’une manière féconde » ; ils détiennent aussi « l’hommage rendu aux principes, l’étrange aberration de principes, les principes sacrés, et les principes consacrés ».
A ce sujet un problème se pose, qui intéresse au plus haut point la morale et l’art.
La poésie est la parole traditionnelle ; la prose est la parole écrite : les limites de la poésie et de la prose, chez toutes les nations, dans toutes les langues, reposent sur la ligne naturelle qui fut posée, à l’origine, par la force même des choses ; ou, pour parler plus exactement, par celui qui enferma les mers dans leurs bassins, et l’intelligence humaine dans la parole.
Or, voilà la question que la Critique est en droit de poser aujourd’hui.
Dès le début, le poète de L’Enfer, malgré la beauté de pose de ses strophes et leur roulement sombre, entremêle à l’ensemble pathétique et noir de ses tableaux des touches vulgaires en apparence, qu’on nous permette le mot : des clairs de vulgarité (Ébahis se frottent les yeux !
Pour toute question que l’esprit pose elle tient des mots tout prêts ; elle l’enveloppe dans un filet d’abstractions où s’endort bientôt toute capacité d’intuition personnelle, et qu’il ne saurait rompre sans une extraordinaire vigueur native.
» Et il n’y a pas un seul fait, dans tous les Mémoires, qui donne à Saint-Simon, l’Alceste moins l’honnêteté cette fois, le droit de poser de telles conclusions ! […] Blanche, au milieu d’une touffe de thym, Sa pierre funéraire est fraîchement posée. […] Quelques-uns lui refusent absolument le don d’observer, parce qu’il ne s’est pas posé en faiseur d’études, c’est un tort, et je trouve dans Le Lendemain des amours des caractères très vrais, entre autres celui du père de la petite du Conservatoire, ancien chef de bureau décoré, sorte de M. […] C’est que le détail est partout captivant, et que l’auteur, un peu à la façon des habiles prestidigitateurs qui, en vous parlant, détournent votre attention du petit miracle qu’ils préparent, en une phrase, en trois mots qui semblent n’être là que pour être agréables, a effectué une évolution ou posé un trait caractéristique. […] Il n’atteignait pas sans doute les proportions que lui donnaient les sculpteurs et les peintres, pour accentuer le relief du génie, mais « il était vraiment d’une beauté et d’une ampleur surhumaines ; les plus vastes pensées pouvaient s’y écrire, les couronnes d’or ou de laurier s’y poser comme sur un front de Dieu ou de César.
Descartes n’a fait que poser un axiome physiologique et d’une vérité humaine si absolue, qu’elle eût été comprise par les plus anciens et les plus humbles peuples. « Je pense, donc je suis », c’est la traduction en paroles d’un état cellulaire. […] Ils posent d’abord le précepte : la terre est le centre du monde. […] On se voit donc obligé, quand on a posé une morale trop sévère, de la ruiner peu à peu par des complaisances, pour permettre le jeu, de plus en plus complexe, de la vie. […] La première question posée a précisément permis à plusieurs jeunes filles d’affirmer leur caractère. […] Voilà la limite du féminisme, et posée par la société elle-même.
Les femmes se trompent ; non pas qu’elles estiment trop les plaisirs dont elles disposent ; mais, et cela ne leur est pas particulier, elles prennent ici la cause pour l’effet ; elles renversent les termes tels qu’ils se posent dans le thème d’une bonne logique. […] Mais la question ne se pose pas encore. […] Me voilà donc limité par mon hypothèse, c’est-à-dire par moi-même, et je reconnais, cette fois indubitablement, que je ne puis pas ne pas me limiter, car, dès que je pense, je pose l’hypothèse de la pensée. […] Vie de relation La métaphysique pose des axiomes, l’expérience les vérifie ; si elle n’en a pas le droit, elle le prend. […] Quel poète et qui donc serait content de la seule couronne qu’il se poserait lui-même sur la tête, comme Charles-Quint ?
L’éternelle question des races n’est même pas posée. […] La morgue, la pompe et la pose de Chateaubriand l’irritent. […] A supposer même que l’état de nature célébré par celui-ci eût été l’âge d’or qu’il prétendait et eût fait régner la vertu, il resterait encore à savoir s’il conviendrait de tout sacrifier à cette vertu que le citoyen de Genève posait a priori comme le souverain bien. […] Dans Adolphe, si le roman est fait des hésitations du héros, la question du moins est nettement posée. […] La petite Lili de Pomairols est apparue et ne s’est posée que treize années au foyer de son père.
Ses règles sont toutes de goût et de finesse : elles ne sont ni posées distinctement sous la vue, ni palpables : on serait enclin à les croire confuses, parce qu’elles sont nombreuses ; à les soupçonner d’être nulles, tant elles sont déliées ; à les attribuer au caprice, tant elles se modifient. […] C’est sans doute cette coutume d’introduire au théâtre les dieux parmi les hommes, qui a fait poser en axiome, par le docte Grec, que tout ce qui entre dans l’épopée entre dans la tragédie. […] Quand nous poserons les règles du drame lyrique, nous achèverons de mettre ces conformités en pleine évidence. […] Corneille pose lui-même ce principe, en avouant, avec la noblesse ingénue qui lui est ordinaire, que la mort de Camille, dans les Horaces, n’y est qu’accessoire au sujet de sa tragédie. […] La limite qu’ils ont posée est d’autant plus sage, qu’une plus longue mesure de temps entraîne nécessairement une succession de faits détachés, destructive de l’unité de la fable.
Il avait suivi à Francfort et il espérait suivre un jour à Weimar et à Wetzlar les souvenirs de Goethe, selon le principe posé par Goethe lui-même : « Quiconque veut comprendre le poète doit aller dans le pays du poète. » C’était son dilettantisme à lui et mieux que cela, sa méthode vivante d’interprétation et de critique littéraire. […] Cuvier : « Bossuet après tout était un conseiller d’État. » Mais cette question, quand on aborde uniquement Bossuet par le côté de sa parole et par les productions de son éloquence, n’est que secondaire ; l’idée ne vient même pas de se la poser.
Toutefois, prenons les choses d’un autre biais, et posons le cas que son sentiment fût conforme à l’interprétation que vous en faites. […] Ils y ont gagné, Racan et même Maynard, de laisser quelques strophes parfaites, dans le sens de l’imitation d’Horace et selon les règles posées par le chef de l’école restaurée.
La Renommée, ce monstre infatigable, du même vol dont elle a touché les ruines des empires, s’arrête à cette chose aimable, s’y pose un moment ; elle en revient, comme la colombe, avec le rameau. […] Mais ce qui intéresse avant tout dans ce petit volume, c’est Aïssé elle-même et son tendre chevalier ; la noble et discrète personne suit tout d’abord, en parlant d’elle et de ses sentiments, la règle qu’elle a posée en parlant du jeu de certaine prima donna : « Il me semble que, dans le rôle d’amoureuse, quelque violente que soit la situation, la modestie et la retenue sont choses nécessaires ; toute passion doit être dans les inflexions de la voix et dans les accents.
Il ne nous reste plus, pour trouver sa définition exacte, qu’à appliquer le grand principe posé par Socrate lui-même à l’ouverture de notre leçon. […] Elle rit de tout, et ne s’intéresse à rien ; elle touche à toutes les idées de la raison, et n’en épouse aucune ; elle joue avec toutes les passions de la nature humaine, et reste indépendante en face d’elles ; elle voltige d’objet en objet dans le monde réel et dans tous les mondes imaginaires, sans se poser plus d’un instant sur chaque fleur.
Elles ne sont plus élues dans les clubs quand on nomme les belles dont on boit la santé ; elles sont obligées par leurs principes de se coller une mouche sur le côté du front où cela va le plus mal ; elles se condamnent à perdre les toilettes du jour de naissance ; il ne leur sert de rien qu’il y ait une armée et tant de jeunes gens porteurs de chapeaux à plumes ; elles sont forcées de vivre à la campagne et de nourrir leurs poulets, juste dans le temps où elles auraient pu se montrer à la cour et étaler une robe de brocart, si elles voulaient se bien conduire… Un homme est choqué de voir un beau sein soulevé par une rage politique qui est déplaisante même dans un sexe plus rude et plus âpre… Et cependant nous avons souvent le chagrin de voir un corset près d’être rompu par l’effort d’une colère séditieuse, et d’entendre les passions les plus viriles exprimées par les plus douces voix… » Mais, heureusement, ce chagrin est rare ; « là où croissent un grand nombre de fleurs, la terre de loin en semble couverte ; on est obligé d’avancer et d’entrer, avant de distinguer le petit nombre de mauvaises herbes qui ont poussé dans ce bel assemblage de couleurs. » Cette galanterie est trop posée ; on est un peu choqué de voir une femme touchée de si près par des mains si réfléchies. […] Mon cœur se fondait dans un secret ravissement… Le Génie me conduisit alors vers la plus haute cime du roc et me posa sur le faîte.
Mais il est un point qui, au travers des questions de casuistique posées et non résolues, et peut-être non aperçues par l’auteur, ressort de plus en plus (qui l’aurait cru naguère ?) […] Lia refuse : « Je ne saurais, dit-elle, être la femme d’un homme qui m’a voulu prendre de force, dont les bras m’ont meurtrie, dont mon visage a senti le souffle, et qui a pu croire, fût-ce par ma faute, que j’allais être sa maîtresse… Et enfin je n’aime pas votre neveu, et cela répond à tout. » Au reste elle ne se pose point en victime.
Il ne craint pas de poser le grand dilemme dans toute sa rigueur : « Si la Providence efface, sans doute c’est pour écrire… Je suis si persuadé des vérités que je défends, que lorsque je considère l’affaiblissement général des principes moraux, la divergence des opinions, l’ébranlement des souverainetés qui manquent de base, l’immensité de nos besoins et l’inanité de nos moyens, il me semble que tout vrai philosophe doit opter entre ces deux hypothèses, ou qu’il va se former une nouvelle religion, ou que le christianisme sera rajeuni de quelque manière extraordinaire. […] Ce sont là des questions que nous posons à peine, mais qui se lèvent devant nous ; et comme la lecture de De Maistre met, bon gré mal gré, en train de prédire, nous nous risquerons à ajouter : Quoi qu’il puisse arriver dans un avenir quelconque, et même (pour ne reculer devant aucune prévision), même si quelque chose en religion devait définitivement triompher qui ne fût pas le catholicisme pur, que ce fût une convergence de toutes les opinions et croyances chrétiennes, ou toute autre espèce de communion, De Maistre aurait encore assez bien compris l’alternative à l’heure de crise, il aurait assez ouvert les perspectives profondes et assez plongé avant son regard, pour s’honorer à jamais, comme génie, aux yeux des générations futures vivant sous une autre loi ; il ne leur paraîtrait à aucun titre un Julien réfractaire, mais bien plutôt encore une manière de prophète à contre-cœur comme Cassandre, une sibylle merveilleuse. […] Voir l’étude sur le comte Xavier de Maistre, insérée dans la Revue des deux Mondes, numéro du Ier mai 1839 ; on ne l’a pas mise dans ce volume, d’après la règle qu’on s’est posée de n’y pas faire entrer de vivants. — (Cette étude sur le comte Xavier est entrée depuis dans le tome II des Portraits contemporains, 1846.)
Mais Fauriel, dans une suite de questions très-fermement posées, lui demandait : « Les dogmes extravagants, les fables ridicules n’appartiennent-ils pas à l’esprit plus qu’à la forme d’une religion, ou du moins ne peuvent-ils pas agir sur cet esprit et le corrompre sans le secours d’aucune forme extérieure ; et dès lors n’y a-t-il pas lieu à réformation dans un cas inverse à celui admis exclusivement par l’auteur ? […] » Villers, pour mieux démontrer les bienfaits de la Réformation, s’était posé à lui-même la question suivante : Que serait-il arrivé en Europe, et en quel sens auraient marché les choses et les esprits, si la Réformation n’avait pas eu lieu et si Rome avait triomphé de Luther ? […] Il ne serait même pas déraisonnable d’affirmer que l’histoire proprement dite des différentes époques est moins instructive que leurs fables… Gardons-nous de croire avec les esprits chagrins que l’homme aime et embrasse l’erreur pour l’erreur elle-même : il n’y a pas, et même il ne peut y avoir de folie qui n’ait son coin de vérité, qui ne tienne à des idées justes sous quelques rapports, mais mal circirconscrites et mal liées à leurs conséquences 61. » En ce qui concerne le stoïcisme, Cabanis ne fait en quelque sorte, dans cette lettre, que poser la doctrine d’un stoïcisme moderne plus perfectionné, et traduire, interpréter dans le langage direct de la science, et sous forme de conjectures plus ou moins probables, les conceptions antiques de cette respectable école sur Dieu, sur l’âme, sur l’ordre du monde, sur la vertu. […] N’exagérons rien ; nous ne serons que vrai en affirmant que la publication en France des tragédies traduites par Fauriel, et les jugements dont il les accompagna, eurent à l’instant leur contre-coup en Italie ; les éloges de Gœthe, que le critique avait enregistrés, ceux qu’il avait ajoutés lui-même, ces glorieux ou graves suffrages, venant du dehors, posaient, comme on dit, Manzoni chez les siens et préparaient les voies au succès prodigieux de son roman.
Je fis une tempête au fond de l’encrier, Et je mêlai parmi les ombres débordées, Au peuple noir des mots l’essaim blanc des idées ; Et je dis : Pas de mot où l’idée au vol pur Ne puisse se poser, tout humide d’azur ! […] Si les romans de Victor Hugo n’ont pas autant perdu que ceux de Chateaubriand et de Lamartine, cela vient peut-être de ce qu’ils sont plus objectifs : des problèmes sociaux qu’ils posent et qu’ils résolvent, quoique d’une manière apocalyptique : du vif intérêt romanesque qu’ils savent éveiller, et d’un certain réalisme… que le grand poète nous pardonne ! […] Il ne se pose pas en philosophe, il ne se pique pas d’être à l’excès styliste ou puriste. […] Là se pose une autre question.
Quel singulier mélange de bon sens et de sottise que l’âme de cet honnête chambellan, qui est réellement expérimenté, mais qui n’en tombe pas moins en enfance, qui vous donne les meilleurs conseils du monde, mais des conseils qui ne répondent en rien à la question posée, — qui est fin et qui manque lourdement de tact ! […] Il pourrait presque dire en face de sa propre œuvre ce que disait l’architecte sir Christophe Wren en face de je ne sais quelle église gothique d’Angleterre : « Je vous en bâtirai une semblable, si vous pouvez me découvrir où la première pierre a été posée. » Où la première pierre a-t-elle été posée ? […] À aucun moment il ne se pose comme le poète particulier de la vie aristocratique ; mais il ne se met jamais en opposition avec l’esprit des classes nobles, et il lui paye scrupuleusement ce qui lui est dû d’hommages et de considération. […] Chaque nouveau voyageur pose scrupuleusement son pied sur l’empreinte laissée par le pied de son prédécesseur, qui semble aussi sacrée pour lui que l’empreinte du pied de Bouddha pour les naturels de Ceylan. […] Il était une preuve vivante que cet ennui dont tous les grands poètes de notre âge ont accusé l’existence chez les générations modernes était bien une maladie réelle, et n’était pas un jeu de l’imagination, une attitude choisie pour attirer les regards du vulgaire, une pose savante pour appeler les sympathies des âmes romanesques.
Là, au milieu d’un cercle de figures farouches, brigands de la Sierra, contrebandiers, bravaches, vauriens, quelque fringante fille, mal vêtue de haillons éclatants, se cambre dans une pose hardie. […] Il a posé sa pelle auprès de lui, il s’est tassé pour quelques minutes d’inaction et de détente des muscles, il a croisé ses mains dures et halées. […] Nous sommes entre hommes, pas de pose à faire. […] » J’ai vu un de mes amis français sursautera cette question brusquement posée dans un salon de la vertueuse New-England. […] Mon ami souffrait de voir les yeux bleus de cette jolie blonde se poser sur certains tableaux, terriblement instructifs.
C’est une table posée en travers sur quatre roues et traînée par un cheval. — Il faut l’avouer, depuis tantôt deux années, la parure des femmes est devenue splendide. […] , le ci-devant conseiller, le quasi-noble, le magistrat, seigneur de fiefs et le père de famille, Jean Monteil, qui passait naguère, la tête haute, la main fièrement posée sur sa canne à pomme d’or, à travers ce peuple qui l’honorait, saluant chacun et salué de tous chapeau bas, hélas ! […] Le cercueil était posé sur des tréteaux ; il était seul. […] Les plus grands poètes de l’Europe moderne, Goethe et M. de Chateaubriand, ont posé devant M. […] Pour savoir les caractères de ce siècle, elle était mieux posée que Molière, mieux que La Bruyère. — Elle était mieux posée que l’usurier lui-même, cet avide et infâme moraliste qui, lui aussi, peut dire sa mésaventure à quiconque ose pénétrer dans son antre.
Il se pose trop en homme qui a eu une belle douleur, et qui semble dire : « Faites-la-moi oublier, ce sera pour vous une gloire. » Mais c’est ainsi que sont faits les cœurs humains, et une délicate fidélité, ou même un délicat oubli, un ensevelissement profond et respecté, n’est le propre que de bien peu.
Il savait ces choses, et il s’en inquiétait afin d’y répondre, et de ne pas négliger, au besoin, de se poser en victime ; mais, pourvu qu’il eût le roi pour lui, il ne s’en affligeait guère et ne s’en décourageait pas.
Il publia en 1815 un volume de Pensées sur divers objets de bien public, et une brochure toute politique, du Pacte fédéral ; c’était poser sa candidature pour le nouvel ordre de choses.
De temps en temps, dans ma lecture, je pose le livre et je murmure entre mes dents avec le Chrémyle de la comédie : Non, tu ne me persuaderas pas, lors même que tu m’aurais persuadé.
C’est là le plus grand problème du temps ; il est posé, mais non résolu. » Il a l’art d’élever les questions, mais aussi de les éloigner en les généralisant.
oui, partout où l’aile bigarrée De la chanson diligente et sacrée Se pose et luit, oh !
C’est le pauvre fils de Marie, C’est l’époux de la terre en deuil, Qui pose la lampe de vie Dans le mystère du cercueil !
Ces demi-questions posées, ces réserves faites, hâtons-nous pourtant de reconnaître ce que nous possédons, ce que nous devons à l’application et à la sagacité pieuse de M augère d’avoir reconquis pleinement.
A chaque nœud du récit, quelques principes fortement posés reviennent frapper les temps et comme sonner les heures.
Reprenant la question posée par son maître Hesnault sur le désir immodéré qu’ont les hommes de léguer leurs noms à la postérité, elle en réfute non moins sérieusement que lui la chimère : espère-t-elle donc les en guérir, s’en guérir elle-même ?
Les esprits qui n’auront trouvé où poser leur vol s’en reviendront comme la colombe de l’arche, sans même rapporter le rameau d’olivier
Forgeot (c’est le nom du maître apothicaire), placé avantageusement, allait poser et mettre en place la canule, quand tout à coup le garçon de la chambre, voyant que la lumière qu’il porte donne en plein sur le derrière royal, et imaginant apparemment que son effet peut être dangereux pour la santé ou au moins la commodité de Sa Majesté, arrache avec précipitation de dessous le bras d’un médecin un chapeau, et le place entre la bougie et le lieu où M.
Ce n’est pas dans cette assemblée qu’on peut faire l’apologie de celui qui a nié la divinité du Christ, et qui s’est posé comme l’ennemi acharné de la religion de nos pères qui est encore celle de la très-grande majorité des Français.
La morale pose les fondements sur lesquels la gloire peut s’élever ; et la littérature, indépendamment de son alliance avec la morale, contribue encore, d’une manière plus directe, à l’existence de cette gloire, noble encouragement de toutes les vertus publiques.
Si Dieu s’était déclaré l’auteur de ces livres ou de ces chants, l’historien de ses propres mystères, le poète de ses propres œuvres, quel serait donc l’insecte assez superbe, assez insensé et assez sacrilège pour se poser en critique du Créateur de la pensée et de la parole ?
Tout simplement parce qu’une fois posée, il n’y a plus rien à en dire.
Dryden lui donna l’idée d’un drame plus violent ; Addison, par son Caton, l’instruisit à moraliser la tragédie, à y poser nettement la thèse philosophique.
Il est ductile, fluent, allégé, « sans rien qui pèse ou qui pose ».
Il se contenta de tirer les conséquences des principes posés par Luther.
Bossuet ne pose point de problèmes, et ne jette point de pâture à nos doutes.
Autant de questions que Voltaire s’est posées, et auxquelles il répond.
La monarchie tombée, cette fidélité eut l’air d’une pose théâtrale, et Chateaubriand pleurant ses rois exilés ressemble trop à un voyageur appuyé contre un débris de colonne, qui médite parmi des ruines.
n’y a-t-il pas des états où il faut de force que l’individu et l’humanité posent sur l’instable ?
Rousseau même ne posera-t-il pas en dogme absolu l’infaillibilité de la passion, quand il écrira : « Tout est bien sortant des mains de l’auteur des choses. » Est-il malaisé de deviner dès lors ce qui va dominer dans les personnages du théâtre de Voltaire ?
La Religion a su poser sagement ses limites.
Au dehors, tout est fête, splendeur, allégresse ; de cime en cime, une Victoire immense vient de se poser sur Argos, ses ailes de flamme se mêlent aux feux de l’aurore ; des hymnes portés sur des nuées d’encens montent vers le ciel.
Le type n’est pas seulement fantastique ; il est ridicule par l’incroyable exagération de sa pose et l’outrecuidance inouïe de sa prétention.
Elle est représentée assise dans un fauteuil, tenant en main un cahier de musique, le bras gauche appuyé sur une table de marbre où sont posés une sphère et divers volumes.
Je n’ai voulu aujourd’hui que le poser.
Il semble qu’il ait voulu nous faire toucher la disproportion formidable qui s’accuse entre les interrogations posées par l’inquiétude de notre esprit et nos moyens d’y répondre.
Chaque découverte d’un entendement sans cesse en progrès pose à la mémoire verbale un problème chaque fois plus difficile à résoudre.
Ces épreuves sont généralement des conditions posées pour l’acceptation d’un prétendant.
Maintenant, ceci bien posé, en principe : c’est un épicurien qui admet la notion de la Providence, notion que les épicuriens n’admettaient pas, il y a là une réserve très considérable, très originale aussi, et qui montre la liberté d’esprit de La Fontaine qui n’est jamais celui qui jure sur la foi d’un maître maintenant il a fait, relativement à la philosophie déjà classique de son temps, déjà en possession de l’admiration et de l’adhésion du public, il a fait une sécession aussi incontestable, qui est celle de la croyance à l’âme des bêtes, j’y reviens, mais à un autre point de vue que tout à l’heure.
Tandis que nous écrivons, par une sorte d’instinct théâtral et de tradition, des chapitres qui gravitent tous autour d’une scène principale, un peu comme les actes d’une pièce dramatique ; tandis que nous faisons un livre très un et très serré, destiné à être lu sans arrêt, eux, ils écrivent une sorte de journal intime ; ils superposent les détails, sagement, posément, avec l’amour de l’heure présente qui ne connaît pas l’avenir, sans la même hâte vers le but, et ils songent aux misses qui parcourront vingt pages avant une course à cheval, au chasseur de renard qui revient au logis et qui a besoin d’une petite dose de lecture pour calmer la fièvre de ses veines, au commerçant de la Cité, à l’ouvrier anglais, libres avant le coucher du soleil, et qui prendront le livre et le poseront bientôt sur le coin du dressoir, heureux d’avoir trouvé l’occasion d’une larme ou d’un sourire qui n’étaient pas permis dans le travail du jour.
Ceci posé, il est aisé de voir que nous avons tout intérêt à prendre pour « déroulement du temps » un mouvement indépendant de celui de notre propre corps.
» Puis, dans un retour aux mouvements impétueux de la vie, est-ce Pindare, est-ce Bossuet, qui, frappé du sillon d’éclair de l’aigle, que sa pensée a tant de fois suivi dans les cieux, dit d’un guerrier qu’il admire : « Comme une aigle qu’on voit toujours, soit qu’elle vole au milieu des airs, soit qu’elle se pose sur quelque rocher, porter de tous côtés ses regards perçants et tomber si sûrement sur sa proie qu’on ne peut éviter ses ongles non plus que ses yeux ; aussi vifs étoient les regards, aussi vite et impétueuse était l’attaque, aussi fortes et inévitables étaient les mains du prince de Condé. » Un seul mot vient ici littéralement de Pindare, et avant lui, d’Homère : χεῖρας ἀφύκτους.
L’imagination peut rêver sans terme l’allégresse triomphale et l’enthousiasme lyrique de ce dénouement, où le libérateur posait une couronne sur la tête du porte-flamme de l’humanité, en même temps qu’il le déliait de ses chaînes.
Car le xviiie siècle était de tout ce que de Maistre pose en principes la | négation franche et passionnée. […] Partir d’un axiome, et déduire, déduire encore, déduire toujours, sans jamais rien admettre qui ne soit contenu dans le principe primitif ; de temps en temps, quand, par exemple, on commence un nouveau livre, reprendre l’axiome, le poser à nouveau, dans les mêmes termes, et fournir une nouvelle série de déductions : voilà, non pas la méthode de Bonald, mais sa façon même d’être au monde. […] Montesquieu, il le remarque, et sa remarque est parfaitement juste, après avoir posé cet axiome, ne s’y est pas tenu le moins du monde. […] Il paraissait très moderne, saisissant si bien le nœud même de la question, telle que les modernes la posent ; il ne paraît plus (souvent) qu’un scolastique répétant des arguments très anciens, sans les rajeunir par le plein contact des objections mêmes. […] Tel me paraît avait été de Bonald, esprit vigoureux, loyal et étroit, esprit surtout négatif, vraiment faible et, on peut le dire, un peu puéril, quand il a posé et affirmé une thèse personnelle, solide et d’une assez rude étreinte quand il a nié les idées modernes, étroit pourtant là même encore, et oubliant que, pour étouffer sûrement, il faut avoir embrassé.
Quand on réfléchit sur ce qu’on appelle caractère national, on n’est plus tenté de railler les querelles des nominalistes et des réalistes, et l’on se pose involontairement leur vieille question : est-ce un mot, un simple flatus vocis ? […] Elle lui pose sur le visage un masque d’une morne gravité, le fait mouvoir avec une raideur inflexible, et lui inflige le supplice d’être plus souvent assis que debout, supplice cruel, s’il faut en croire le poète qui en a fait un des châtiments de son enfer. […] Pendant ce temps, me trouvant encore tout près de sir John Ayres, je l’atteignis à la tête, et il tomba pour la troisième fois ; aussitôt je posai le genou sur lui et je le frappai tant que je pus avec le tronçon de mon arme, si bien que je lui fis quatre blessures et que je lui coupai presque la main gauche. […] je donnai mille regards pensifs et pénétrants à cette chaise que tu as si souvent honorée de tes charmes dans ces repas tranquilles et sentimentaux, puis je posai ma fourchette et mon couteau, et je pris mon mouchoir, et j’en couvris mon visage, et je pleurai comme un enfant. […] Vous le posez à plat, et vous y lisez une certaine histoire fort jolie d’ordinaire, et qui se suffit parfaitement à elle-même ; mais, si vous levez la page, vous en apercevez une seconde mystérieusement cachée derrière les caractères d’imprimerie, qui prennent alors la transparence d’un rideau de fine gaze.
Elle se pose naïvement comme une comédie de Molière et se comprend tout d’abord, autre mérite bien vieux et redevenu bien nouveau. […] Je regrettais que la jeune fille du Demi-Monde [Marcelle] fût si peu développée après avoir été si bien posée, et que cette scélérate [la baronne d’Ange], si vraie d’ailleurs et si bien jouée, fût le personnage absorbant de la pièce. […] Il ne permet pas qu’on pose le livre et qu’on réfléchisse. […] Mais enfin la remarque est juste et la date est bien posée. […] Seulement, parmi cela, comme entre parenthèses et en incise, il glisse ceci, qui est excellent et de portée : « … Car Corneille entend fort bien le groupe et, aux moments essentiels, pose fort dramatiquement ses personnages.
La coïncidence est curieuse, et l’on dirait qu’elle est préméditée ; car Nicolas Lenau, comme on sait, ne s’est posé en rien moins qu’en rival de Goethe et a, lui aussi, écrit un Faust qui eut un grand retentissement en Allemagne et qui ne laisse pas d’en être digne. — C’était un grand poète que ce Hongrois si peu connu en France, un très grand poète. […] À ce point de vue, se demander si elle est bonne ou mauvaise est sans doute nécessaire, et la question de moralité reparaît et se pose. […] Mais une fois qu’il a été bien établi et posé en principe qu’il était l’homme dont une femme ne saurait s’éprendre, ç’a été bien pis, — « pis que tout cela ?
Le coiffeur examina la tête avec des yeux d’artiste, et répondit en tenant sa main droite posée avec grâce et les doigts arrondis sur sa poitrine… » Il est impossible qu’après la lecture de ce portrait on n’ait pas une idée parfaite du modèle. […] « Elle chantait. — Elle m’offrait la cerise à sa bouche ; — Et ma bouche riait et venait s’y poser. — Elle montrait sa jambe et disait : Taisez-vous ! […] Ces hommes d’État ont donc bien tort de se poser en conservateursvis-à-vis de nous. […] Il conservait pendant ce léger sommeil un sourire tranquille, posé sur de grosses lèvres vernies et reluisantes ; ce sourire allait, venait, et participait de la respiration qui soulevait également son gros corps pour sortir par sa bouche entrouverte. […] Tu n’as pas à t’en occuper ; nous te demandons de beaux bras, de belles jambes, de belles poitrines, des têtes d’une géométrie irréprochable, des personnages bien posés ayant l’intention de nous plaire par la noblesse, la grâce, le goût de leurs attitudes, qui songent à nous enfin et non à eux.
Ce que nous appelons adultère, amour coupable ou tout simplement amour, ce n’est en fin de compte que « l’indomptable instinct qui veut un renouvellement de la sélection. » Partant de ce principe, un mari en train de tromper sa femme se posera ainsi le problème de son innocence ou de sa culpabilité : « Où est le crime de chercher ce que la nature a si âprement voulu, d’obéir à l’irrésistible, magnifique et féconde polygamie ? […] C’est pour cette raison que nous avons cru pouvoir poser à propos de l’un de ses ouvrages le problème qui nous occupe. […] Dédaigneux de l’intrigue, — et jusqu’à l’excès —, il écrit des pièces où il ne se passe rien ; mais les âmes s’y expliquent, les sentiments s’y développent, un problème moral est posé, discuté, résolu, autant que les problèmes de cette sorte admettent une solution. […] Une situation étant posée, il va jusqu’au bout, bravement. […] Tout cela se déduit logiquement du principe une fois posé.
Il apporte une consultation en forme ; le dévot est devenu médecin, pose des principes, disserte, démontre :49 « le prince ne manque que de chaleur, le long âge en lui l’a détruite », mais il y a un beau secret pour « réparer la nature défaillante. » Et là-dessus savourant tous les mots, surtout le plus atroce, il ajoute : D’un loup écorché vif appliquez-vous la peau Toute chaude et toute fumante. […] Une mouche s’était posée sur le nez de son ami ; il invente pour la chasser un stratagème fin, et s’en applaudit d’avance.
Année 1895 Mercredi 2 janvier Ce soir, une femme agitant un éventail en plumes blanches, que je lui ai donné, me disait cette phrase gentille, et comme seules les femmes savent en trouver : « Pour moi, les choses que vous me donnez, et que je pose sur une commode, ou que j’accroche au mur, ne me sont de rien, je n’aime que les choses qui me suivent, que je porte avec moi, que mes doigts peuvent toucher, comme cet éventail. » Dimanche 6 janvier Carrière, qui était à la parade de la dégradation militaire de Dreyfus, perdu dans la foule, parlant de La Patrie en danger, me disait que moi, qui avais si bien rendu le mouvement fiévreux de la rue, pendant la Révolution, il aurait voulu que je fusse là, et que bien certainement, j’aurais tiré quelque chose du frisson de cette populace. […] Et le Parisien mangerait dans cette salle à manger, au milieu de ces panneaux en faux acajou, agrémentés de ces arabesques en poudre d’or, près de cette cheminée, jouant le chauffoir pour les serviettes d’un établissement de bains ; et le Parisien coucherait dans cette chambre à coucher, entre ces deux chaises épouvantant le goût, dans ce lit, qui est un matelas posé sur une pierre tombale !
Je l’ai vu de même employer sa queue en guise d’arc-boutant quand il se posait sur un plan vertical. […] Un Palmier traînant de l’archipel Malais grimpe au sommet des arbres les plus élevés à l’aide de crampons admirablement construits qui sont posés autour de l’extrémité de ses branches.
« Invinciblement elle avançait, comme sans arrêt concevable, et le mouvement et la pose impassible du pied cambré, et la minime flexion de la taille droite, et le feu fixe des grands yeux d’où, par intervalles, coule une lueur fauve, sans jamais un battement ce de paupières, disent qu’elle ne supporte tout au plus que des tangences. […] On pourrait se poser la même question et répondre de même pour tous les autres personnages de M. de Bonnières. […] Voici une comparaison assez basse, mais qui me fera entendre : je songe, quand je lis M. de Bonnières, à ces groupes en cire du musée Grévin, où chaque individu est admirablement pris sur le vif, campé et posé, isolément, et où c’est l’ensemble qui détruit l’illusion. […] J’estime qu’il serait parfaitement oiseux de se poser au sujet de M.
Cependant, le P. de Rhodez, casuiste, posait cet axiome que « le péché ne saurait être plus grand que la conscience ne le dicte », ce qui se traduit ainsi en langage moderne : « Les hommes sont inégalement responsables devant la loi. » Bel acte d’audace intellectuelle et de probité scientifique, dit M. de Gourmont. […] Faguet n’ait réussi qu’à poser une fois de plus l’antinomie. […] Tout auprès de nous, les perches dressées pour avertir les bateliers semblaient des tracés posés sur un tableau sublime pour guider d’inhabiles copistes. […] On a tant parlé, à propos des « Deux Vies », de pétition à la Chambre, de commissions parlementaires, de groupe émancipateur ou de la libre pensée, on a cité tant de jurisconsultes, tant de lois et tant d’arrêts qu’il est presque impossible, quittant les espèces données par les romanciers, de ne pas discuter la question du divorce dans son principe même, puisque c’est elle qu’ils ont posée.
La situation est très bien posée ; les caractères se dessinent à merveille ; chaque acteur parle le langage qui lui est propre : maintenant, il s’agit de tirer M. […] Tout cela, vous le comprenez, n’est que la superficie de Saint-Martin, et, s’il revenait au monde, il se fâcherait de nous voir chercher sa gloire dans quelques traits épars qui n’ont rien de commun avec le fond de sa doctrine ; mais ce fond est-il bien facile à trouver, et appartient-il à un frivole causeur de se poser en docteur de Sorbonne ? […] Il ne se contente pas de commenter, d’analyser, d’admirer Molière ; il le ressuscite ; il fait circuler à travers ses comédies le souffle même de son temps : il touche de sa baguette magique les originaux qui figurent dans la galerie immortelle : marquis enrubannés, poëtes râpés, savantes et précieuses, fines coquettes, bourgeois ridicules, sages raisonneurs, courtisans spirituels, tout ce monde qui posa devant Molière, et qui disparut avec lui.
Mais, dans l’ordre artistique et littéraire, domaine de la contemplation pure et tout à fait désintéressée, la question suivante se pose : quelque chose peut-il émouvoir, autrement qu’en apparence et à la surface, l’indifférence profonde du public ? […] Si André Chénier avait suivi la règle malencontreuse qu’on approuve sans réflexion, parce que c’est Molière et La Fontaine qui l’ont posée, il nous aurait laissé, sans profit pour sa gloire, plus de pièces dans le goût du Serment du jeu de paume et des Suisses de Châteauvieux. […] Lorsque Anatole France reprend pour son propre compte cette question posée par Alexandre Dumas dans un discours académique, notre premier mouvement est de l’écarter comme une de ces déclamations vaines qu’on se permet quand on n’a rien à dire ; mais le souvenir de l’histoire et un peu de réflexion nous avertissent que la confiance en nos enthousiasmes est naïve, que c’est une prodigieuse témérité de promettre à notre jugement d’aujourd’hui qu’il sera celui d’après-demain, que la question est donc très sérieuse, et que la réponse de France est d’un sage : « Personne n’est en état de le deviner. […] La question qu’on entend poser si souvent : « Que restera-t-il des œuvres du xixe siècle ? […] Soyez sûrs qu’ils étaient, non de la copie quelconque de journal, mais des enfants préférés de son esprit, que ce gros homme avait voulu accoutrer avec un brin de coquetterie, et sur lesquels — un instant — sa patte s’était tendrement posée, pour assurer leur nœud de cravate et les bénir… avant de les envoyer à tous les diables d’un grand coup de pied au cul.
Sarcey nous pose un sophisme, si j’ose m’exprimer ainsi. […] Vacquerie a dû se poser ces deux questions : — Dans quelles conditions un jaloux souffrira-t-il le plus de sa jalousie ? […] Ceci posé, ce qui se passe dans l’âme de Rodion après le meurtre ne saurait être tout à fait du même ordre que ce qui se pourrait passer chez un Pranzim un peu nerveux. […] Kabanova : Ne te pose pas en victime ! […] Pose à la Watteau.
Ils posèrent des couronnes sur la tête de la reine. […] Jusqu’à ce que le grand Corneille fût venu apporter un changement total, opérer une véritable révolution dans l’art dramatique et poser les bases du goût et de la convenance, les auteurs donnaient accès dans leurs pièces à des vers d’une crudité d’expression, d’un cynisme de situation que le spectateur admettait sans y trouver rien à redire. […] Toutefois, aucun de ceux que l’opinion, ou plutôt la coterie, posèrent au dix-septième siècle en rivaux de Racine, ne peut soutenir le moindre parallèle avec lui. […] La Chapelle, membre de l’Académie française, né à Bourges, en 1655, ne se posa pas en rival de Racine, mais il chercha à l’imiter. […] Chose digne de remarque, Boursault, arrivé à Paris, ne parlant que le patois languedocien, sut en peu de temps se poser comme un des législateurs de la langue française, qu’il maniait avec une correction allant jusqu’au scrupule sans toucher à l’affectation.
C’est ce problème que s’est nettement posé M. […] Impossible d’imaginer une étrangeté plus naturelle, plus exempte de pose et d’apprêt. […] Non point qu’il se rallie sans réserve à la doctrine modèle du Transformisme, énoncée par Darwin, posée en système total par M. […] Renan n’en demeure pas moins nettement posée, définitive. […] Un dernier problème se pose.
Son récit posé : tout à coup ! […] On ouvrit…… il paya vingt francs un lampion, qu’il alluma et qu’il posa sur le ventre de M. […] Un jour qu’il faisait secrètement poser sa maîtresse pour une composition destinée au salon de 1837, on frappe vigoureusement à sa porte.
Certes Molière a dû frémir quand, une fois évoqué, il aura vu se dresser devant lui ce fantôme, et si peu semblable à ces innocents petits seigneurs qui posaient devant le poète pour amuser Louis XIV ! […] Ajoutez que ce Molière parle un patois vif, alerte et vrai ; même il parle tous les genres de patois, comme un digne enfant des Halles : Tout lui va, le patois de la ville et celui du village, le patois des provinces, la vraie langue des franches natures, la langue qu’il nous faut protéger contre Despréaux, ce dédaigneux qui posait l’Art poétique comme la borne qui ne veut pas qu’on aille plus haut, ou plus loin. […] Tout ceci posé, et quand ce père infortuné s’est éloigné de cette maison maudite, en maudissant monsieur son fils, que nous fait la statue du Commandeur ?
Celui-ci l’emporte tout content et rencontre dans la rue un camarade : « Ça ne m’a coûté que trente sous, lui dit-il ; mais je crois que j’ai eu tort de ne pas marchander, il me l’aurait laissé pour vingt. » Il faisait à Versailles un tableau pour le roi Louis-Philippe, et un gendarme venait poser pour une tête.
Lui, il suit les questions, il les possède à l’avance, il les prépare, il les pose, et par la manière dont il les présente, s’il est habile, il suggère dans la plupart des cas la solution et incline déjà les suffrages.
Mais leur vêtement habituel idéalisé, les traits rassemblés de leur physionomie, leur pose, leur allure, se joignent étroitement à l’idée et font revivre, en le rehaussant, le personnage.
A la manière dont il parle de l’amitié, de ce goût qu’elle a et auquel ne peuvent atteindre ceux qui sont nés médiocres, on croirait qu’il a renoncé pour elle à l’amour ; et, à la façon dont il pose certaines questions ravissantes, on jurerait qu’il a eu assez l’expérience d’un grand amour pour devoir négliger l’amitié.
On avait commencé par ouvrir la fenêtre, par l’ouvrir toute grande ; mais, aussitôt après, on s’est mis à y poser des barreaux et des grilles, et si serrées, si étroites, qu’à peine si on peut respirer l’air à travers.
C’est pourquoi le Tiers pose son droit comme incontestable, et, à son tour, dit comme Louis XIV : « L’État, c’est moi ».
Elle ne vint point quand j’entrai me flairer et me caresser gaiement, comme d’ordinaire, mais en regardant pleurer sa maîtresse à côté du berceau vide de son enfant, elle posa la tête sur les genoux de la pauvre mère, et en contemplant le berceau, elle se mit elle-même à verser de grosses larmes qui mouillèrent mes mains étonnées.
Le poëte est semblable aux oiseaux de passage Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage, Qui ne se posent pas sur les rameaux des bois ; Nonchalamment bercés sur le courant de l’onde, Ils passent en chantant loin des bords ; et le monde Ne connaît rien d’eux que leur voix.
Pénétrés du sentiment que tout se tient et s’enchaîne dans la nature, que rien ne s’arrête et ne se fixe, et que dans ce monde changeant des apparences on ne peut nulle part poser de commencement ni de terme, nous croyons qu’on dénature le fini et qu’on en fait un absolu, si on le détache complètement de toutes les réalités qui le pressent, le précèdent ou le continuent, pour l’exprimer dans un genre rigoureusement déterminé.
A l’ordinaire, une tragédie de Racine est un fait, abondamment nécessité par les caractères des personnages : chacun d’eux étant posé au début dans une situation, sous une certaine pression, le conflit de leurs sentiments remplit les cinq actes, jusqu’à ce qu’il détermine un unique et irrémédiable fait, le dénouement.
Quand les poètes, réunis dans l’entresol de Lemerre il y a quelque vingt ans, votaient l’admission de ses vers dans le recueil du Parnasse, qui leur eût dit qu’un jour viendrait où cet étrange rimeur, que l’on arborait comme un épouvantail, par pose, pour consterner le bourgeois, aurait un jour ses disciples qui trouveraient la plupart d’entre eux bourgeois eux-mêmes, vulgaires et tout à fait vieux jeu ?
Dumoulin retrouvait les véritables sources et posait les règles fondamentales du droit français ; Bodin mêlait à des rêveries pythagoriciennes deux principes excellents, et qui sont devenus du droit public, l’inaliénabilité du domaine royal et la nécessite du consentement des sujets pour la levée des impôts.
Les arrière-pensées, les doubles conduites, les sourdes menées, l’influence par les affranchis ou par les valets intérieurs, tous ces grands traits des gouvernements absolus sont communs aux deux époques, et il semble quelquefois que le même original ait posé devant les deux peintres.
La question qui se pose ici, c’est en somme, convenablement généralisée, la question du luxe.
Pas plus que nous, cette année terrible ne devait résoudre les problèmes qu’elle posait.
Si l’harmonie est une science fermée, c’est-à-dire une science où les règles, posées une fois pour toutes, ont la valeur d’axiomes et ne sauraient être transgressées, Wagner doit être regardé comme un pitoyable harmoniste ; si, au contraire, elle a le droit d’étendre son domaine, et, sans gâter pour cela le plaisir exigé par l’oreille, de s’enrichir de conquêtes nouvelles, Wagner offre en ses travaux une matière digne d’intérêt.
Gudehus et Vogl : Gudehus, moins bon acteur, mais d’une superbe voix, et d’une remarquable intelligence ; Vogl, dont la voix se fatigue, mais le seul de ces acteurs qui sache à peu près poser son personnage.
Plusieurs de ces vœux sont en train de se réaliser, et si, à propos de Reichstag et de bottes, M. de Bismarck ne nous met point dans les roues quelques-uns de ces bâtons de forte taille en la pose desquels il défie toute concurrence, nous avons de beaux mois wagnériens en perspective.
Par exemple : La nature, en nous accablant de tant de misère et en nous donnant un attachement invincible pour la vie, semble en avoir agi avec l’homme comme un incendiaire qui mettrait le feu à notre maison, après avoir posé des sentinelles à notre porte.
La religion vient arrêter ses recherches et pose (?)
— Nous sommes loin de l’époque où Reid, après s’être posé ce grand problème, concluait qu’il faut renoncer à expliquer la merveille : « C’est qu’il a plu à Dieu, disait-il, de nous donner la connaissance directe et immédiate du passé. » Avec ce miracle trop opportun, Reid admettait une contradiction dans les termes.
« J’ai d’abord posé un clou, et d’un coup de marteau, je l’ai fait entrer d’un centimètre dans la cervelle du public, puis d’un second coup, je l’ai fait entrer de deux centimètres… Eh bien mon marteau, c’est le journalisme, que je fais moi-même autour de mes œuvres. » * * * — Chez quelques chirurgiens, leur travail de tous les jours, dans le muscle, dans la chair, leur apporte quelquefois le dégoût de la viande.
Cette manière hardie et mâle de poser le problème est bien celle qu’on devait attendre du grand esprit de M.
Le problème que nous venons de poser va nous permettre de revendiquer les droits de la raison sans retomber dans l’idéologie.
Sainte-Beuve, quel que fût celui qu’il étudiât, se posait toujours cette question : a-t-il été amoureux ?
Michelet, leur père par l’enseignement, qui se pose en éducateur.
Il y avait là des Françaises, des Anglaises, des Américaines du Nord et du Sud, des Italiennes, des Espagnoles, des Allemandes, des Belges, des femmes venues des îles de l’archipel grec et de l’Asie Mineure, et la race se reconnaissait à la forme des traits, à la nuance de la peau, à un peu plus de raideur, ou d’abandon, ou de volonté tranquille dans la tenue, bien que les chaises fussent toutes exactement alignées, les tailles droites, les mains posées à plat ou jointes sur les robes tombant à plis pareils.
Ces questions dont on ne semble pas avoir soupçonné l’existence, puisqu’on ne les a jamais posées, sont cependant de la plus haute importance. […] Enfin, cette tradition d’anatomie soi-disant physiologique se trouve encore aujourd’hui dans les thèses des Facultés, dans les sujets de concours toujours posés ainsi : Anatomie, physiologie d’un organe, comme si la seconde se déduisait de la première. […] On pose au contraire un problème à deux termes dont on cherche le rapport : savoir, un aliment d’une part, par exemple, et l’appareil digestif qui doit le modifier de l’autre. […] Après avoir posé une ligature sur le tube, on retire le mandrin, et l’on obtient de cette façon de la salive parotidienne parfaitement pure. […] La même question pourrait être posée à l’occasion de la glande sous-maxillaire, afin de savoir si la gustation est gênée par suite du défaut d’écoulement de la salive sous-maxillaire.
Ce dernier cas est celui des lois que nous posons en physiologie et en médecine, où leur multiplicité même atteste leur imperfection. […] Enfin je me résumerai en disant que toujours les conditions des problèmes vitaux doivent être posées par la physiologie, les sciences physico-chimiques intervenant seulement après pour les expliquer. […] C’est donc la question d’origine que nous devons nécessairement nous poser et résoudre devant vous, parce que le sucre étant une substance qui entre dans l’alimentation des animaux, on est obligé de se demander si c’est là la source unique du sucre que l’on rencontre dans l’économie. […] La discussion à laquelle nous nous sommes livré dans la précédente séance nous a offert un exemple de cette double source des idées à priori dans l’étude d’un phénomène : car, d’une part, on a fait parler la nature, on lui a prêté ses répugnances et ses préventions ; de l’autre, on s’est basé sur des faits bien constatés, correspondants à un état antérieur de la science qui a eu sa raison d’être à une certaine époque, et dans lequel on a voulu rester, sauf à inventer des explications étranges, et même à poser des assertions hasardées pour en faire des arguments contre des découvertes nouvelles. […] En effet, ayant une théorie posée en avant dans laquelle ils ont foi ; comme dans un axiome, ils veulent lui assujettir les faits ; ils tourmentent de toutes les manières les expériences de façon à leur faire dire ce qu’ils ont induit ou imaginé.
Il remarque très judicieusement, et il pose en principe que le christianisme a eu pour principal effet de renouveler le fonds moral de l’homme. […] Une seule fois dans tous ses ouvrages la question de l’existence du mal sur la terre s’est posée (Désespoir, Méditations, I). […] Il feint d’être exaspéré de la prétention et de la pose qu’on sent en effet sous ce beau langage. […] Jusqu’aux Contemplations son procédé dans les pièces philosophiques consistait à disposer l’appareil d’une dissertation, à poser un grand problème… et à s’esquiver (Pensar Dudar, Que nous avons le doute en nous, Pente de la rêverie, etc.). […] » Une voix qui chantait et qui s’arrête, pour lui « s’éteint comme un oiseau se pose.
» C’est vrai, j’aurais dû me poser cette question. […] Puis, Tamerlan fait grâce de la vie au Soudan d’Egypte, parce qu’il est le père de Zénocrate, pose la couronne de Perse sur le front de sa bien-aimée, et l’épouse solennellement. […] Je me pose ces deux questions : « L’action d’Olivier est-elle légitime ? […] Mais, tandis qu’il nous explique son cas, son cornet à piston qu’il a posé à terre se met à jouer tout seul la Marche persécutrice. […] J’ai écouté de toutes mes oreilles et j’en suis encore réduit à me poser ces questions : — Charmeretz aime-t-il ou n’aime-t-il pas d’amour Henriette Lalurange ?
« Marcelle retira sa main, si doucement posée sur le bras de Julien. […] il l’a posée. […] Son cas est très vulgaire et ne tranche, ni n’éclaire, ni même ne pose aucune question. […] Worms qui résume très bien cette difficulté, qui pose très bien cette antinomie. […] Cette doctrine a eu contre elle la question des origines et la façon étourdie dont Rousseau l’avait posée.
Cette scène encore, posée tout d’abord en tableau, est à la fois très théâtrale et très dramatique. […] Cela posé, je vous demanderai toutefois la permission de faire, à ce propos, une remarque sur le grand nombre de plaidoyers que Corneille a mis dans la plupart de ses pièces. […] Et voici comment l’action s’engage ; c’est l’exposition même de la pièce : pendant qu’il cause avec Cliton, surviennent à l’entrée du jardin des Tuileries deux jeunes femmes, Clarice et Isabelle ; la première fait un faux pas et manque de tomber ; Dorante s’élance, lui présente la main pour la soutenir ; la conversation s’engage : et, quoiqu’il la voye pour la première fois, il lui déclare qu’il l’aime depuis longtemps, et qu’il n’a quitté que pour elle les guerres d’Allemagne, où il se distinguait par sa vaillance et dont il lui fait de superbes descriptions. — Dans l’espagnol, Don Garcia dit qu’il arrive du Pérou, où il s’est fort enrichi, et se pose comme une sorte de nabab. […] Voilà le premier acte : charmant, vif, grandiose, bien coupé, bien posé, et des plus émouvants.
On dirait parfois que ce n’est pas le même individu qui a posé. […] Et maintenant une question se pose, une question très discutée et qui a son importance. […] Et alors la question se pose : Quel est le rôle de l’érudition dans l’histoire ? […] Ayant posé cette vérité qu’il n’y a pas, de par le monde entier, deux grains de sable, deux mouches, deux mains ou deux nez absolument pareils, il me forçait à exprimer en quelques phrases un être ou un objet, de manière à le particulariser nettement, à le distinguer de tous les autres objets de même race ou de même espèce. « Quand vous passez, me disait-il, devant un épicier assis sur sa porte, devant un concierge qui fume sa pipe, devant une station de fiacres, montrez-moi cet épicier et ce concierge, leur pose, toute leur apparence physique, contenant aussi, indiquée par l’adresse de l’image, toute leur nature morale, de façon à ce que je ne les confonde avec aucun autre épicier, ou avec aucun autre concierge, et faites-moi voir par un seul mot en quoi un cheval de fiacre ne ressemble pas aux cinquante autres qui le suivent et le précèdent. » Imitez l’exemple de Flaubert, Bouilhet et Maupassant : imposez-vous l’obligation de lire à quelqu’un ce que vous écrivez, dussiez-vous, comme Molière, recourir à votre servante.
Donc la pile de pièces de cent sous, était posée sur un coin de la table. […] Il est amusant ce Loti, sous sa gravité de pose et de commande, avec l’éveil, par moments, de ses yeux éteints devant cette cuisine du théâtre ; et sa vue semble jouir délicieusement de la montée des décors, de l’abaissement des plafonds, et ses oreilles se pénétrer curieusement de l’argot de la machination.
Puis, tout d’un coup, tout chavire et, suspendu aux architraves de la syntaxe, son style essaie les équilibres les plus osés, risque de se tuer, se promène sur les entablements, casse les cariatides, maquille les chapiteaux, y pose des couleurs et des dessins qui les balafrent. […] Ne les posez pas sur mon écriture, Vous ne savez pas ce que c’est d’écrire.
Si le crime de Thalès demeure impuni, « c’en est fait de la sécurité de la ville, citoyens ; et cette liberté dont vous êtes si fiers, Thalès va l’anéantir. » Voilà qui s’appelle « élargir une cause. » Il invoque la loi de Chairondas sur les sévices ; il admire les beautés de ce texte, puis, avec un dédain d’homme supérieur : « C’est que Chairondas habitait une cité, Thalès ; mais toi, tu ignores ce que c’est qu’une cité et comment une cité s’administre. » Ce Thalès est, en effet, un homme sans domicile, — et sans lettres ni politesse : au lieu que lui, Battaros, est un homme bien posé, bien élevé, et qui a des lumières… « Bref, citoyens, reprend-il, j’ai été roué de coups ; la porte de ma maison a été défoncée (et je paye le tiers du loyer), le linteau a été roussi… » Mais, segnius irritant animos, etc… Battaros se souvient tout à coup du procédé pathétique recommandé par les rhéteurs anciens et dont Racine se servira dans les Plaideurs. […] Sûrement, vous vous êtes posé cette question : — Que sentiraient les hommes d’autrefois, ceux qui sont morts depuis des siècles, si quelque prodige les ramenait parmi nous ? […] Et, dès que la tête de Jean-Baptiste a été posée sur la table, crac 1 un ressort a joué, et la tête s’est auréolée d’un cercle de lumière électrique… Je voyais approcher avec terreur la scène de Jésus et de Madeleine. […] Un hasard les rapproche ; Valentine va poser chez Pierre, pour son buste. […] » J’aurais voulu être celui-là. » Une fois sa candidature posée, il entend bien ne la faire triompher que par des moyens irréprochables.
131 » On dirait que le don est modeste et que le mari est raisonnable Pour bien comprendre l’histoire de nos rois, posons toujours en principe que la France est leur terre, une ferme transmise de père en fils, d’abord petite, puis arrondie peu à peu, à la fin prodigieusement élargie, parce que le propriétaire, toujours aux aguets, a trouvé moyen de faire de beaux coups aux dépens de ses voisins ; au bout de huit cents ans, elle comprend 27 000 lieues carrées.
Ressuscitez donc alors ce peuple féroce, nourri par la louve dans les cavernes du Latium, suçant plus tard, au lieu de lait, le sang du genre humain, ne pouvant grandir qu’en dévorant tour à tour tous les peuples libres pour aliments de sa faim insatiable de domination ; souveraineté du brigandage, de l’iniquité, de la force, de la guerre, sur l’espèce humaine, et qui avait posé ainsi la question de sa grandeur exclusive en face des dieux et des hommes : « Que Rome périsse, ou que l’homme soit esclave partout !
La terre avec amour porte la blonde enfant ; Des rameaux par la brise agités doucement Le murmure et l’odeur s’épanchent sur sa couche ; Le jour pose, en naissant, un rayon sur sa bouche.
Ceux-là ont la légèreté de l’oiseau ; ils ne se posent pas, ils ne ruminent rien, ils effleurent tout avec les ailes, figures sans contrepoids, qui manquent de balancier pour se tenir en équilibre sur le vide de leurs facultés.
On leur pose alors, pour les embarrasser, la terrible question du jugement et du supplice du roi.
Il ne se donne à aucun, il négocie avec tous ; il pose, impassible sur l’élément tumultueux de cette Assemblée, les bases de la constitution réformée : législation, finances, diplomatie, guerre, religion, économie politique, balance des pouvoirs, il aborde et il tranche toutes les questions, non en utopiste, mais en politique.
Quelle main peut se poser sur la neige même du Jura, sans la sentir attiédie par le feu qui couve sous l’enveloppe glacée de ces collines ?
Le plaisir de lui voir l’air content, d’être à sa fête, et au fond de cette joie des serrements de cœur, et cette horrible vision des cercueils autour du salon, — posés sur ces tabourets longs et drapés à franges d’argent.
J’oserais poser à ce philosophe une série de questions cosmiques dont ces quatre énormes volumes ne seraient que le premier chapitre.
Une révélation de son génie inné lui avait fait imiter sans efforts l’expression des fortes sensations : effroi, amour, contemplation, tristesse, deuil, désespoir, sur le visage et dans la pose du corps, pour produire sur l’œil ce que la poésie dramatique ou épique la plus éloquente produit sur l’imagination la plus sensible.
On trouvait au fond des pots les idées hardies ou plaisantes ; d’insolentes facéties, comme le Chapelain décoiffé, et la Métamorphose de la perruque de Chapelain en astre, naissaient comme d’elles-mêmes après boire ; et si l’on examinait souvent quelque point de doctrine, la raison d’un usage ou d’une règle, si ce fut vraisemblablement dans ces conversations autour de la table que nos écrivains prirent conscience de leur rôle, et que Boileau exerça sur leur génie une sorte de direction salutaire par la droiture de son sens critique, il ne faut pas oublier que ces bons compagnons faisaient une besogne sérieuse très peu sérieusement, sans morgue dogmatique, sans tapage et sans pose, n’ayant l’air de songer et ne songeant en effet qu’à se divertir.
C’est au moment où les deux bienheureux vont s’enlacer : L’âme, vêtue ici d’une chair éthérée, Sœur des lèvres, s’y pose, en paix désaltérée, Et goûte une caresse où, né sans déshonneur, Le plaisir s’attendrit pour se fondre en bonheur.
Un style clair, qui vaut surtout par la logique, la précision des lignes, l’enchaînement serré des idées, qui n’admet guère que des épithètes abstraites et générales ; un théâtre où les personnages sont comme détachés de leur milieu et se meuvent dans un cadre vague, indéterminé, où ils se présentent presque comme de purs esprits dont les pensées et les sentiments méritent seuls l’attention ; des tragédies simples ; d’une structure rigide et géométrique, d’une sobriété de mise en scène qui montre qu’elles s’adressent à l’âme, non aux sens ; une littérature qui se concentre tout entière dans l’étude, de l’homme civilisé, qui ne daigne ou ne sait pas voir le reste de l’univers, qui ne connaît pas la campagne, qui soumet l’imagination, « la folle du logis », aux commandements de la raison, qui marche à pas comptés, d’une allure méthodique et posée.
La reine n’osait s’avancer, craignant pour sa fraîche parure ; elle descendit de cheval et, tirant sa monture par la bride, elle se dirigea vers une petite planche qu’on avait jetée comme un pont au-dessus du ruisseau ; mais elle était sale et si glissante qu’Yseult n’osa pas y poser le pied.
Deux symphonies de Robert Schumann, celles en ut majeur (1866, et en ré mineur (1841-1851) contiennent également un thème principal, qui, posé dès l’introduction lente, réapparaît dans la plupart des morceaux suivants, mais d’une manière peu intéressante, et au fond sans modifications véritables, si bien que l’éloge excessif de l’érudit docteur Richard Pohl : « ici Schumann entre véritablement dans une voie nouvelle »61 nous surprend parce qu’il a été l’un des premiers à approfondir et célébrer le génie de Berlioz. — à moins qu’il n’ait voulu dire : en ce qui concerne la musique allemande.
Louis Brassin est délégué par le comité provisoire pour assister à la solennité de la pose de la première pierre du Théâtre de Fête, et, dès le mois de juin 1875, la somme souscrite à Bruxelles s’élève à plus de 14, 000 francs.
Ce qui n’a jamais été prouvé, et a même été posé contre toute évidence256.
Lundi 27 août Je monte hier, en voiture, avec un vieux monsieur à favoris blancs, le chapeau posé en arrière de la tête, avec, diable m’emporte !
Ma hardiesse ne va qu’à poser pour principe la possibilité de surpasser nos maîtres ; et il me semble qu’on est enfin parvenu à en convenir : mais quand cette idée seroit aussi fausse qu’elle est vraie, l’illusion ne laisseroit pas d’avoir encore ses avantages.
Le tombeau était pour moi la pierre de Moïse d’où coulaient toutes les eaux ; j’ouvris mon cœur comme une écluse, et la prière en sortit à grands flots avec la douleur, la résignation et l’espérance ; et mes larmes aussi coulaient ; et quand je retirai mes mains de mes yeux et que je les posai contre le seuil pour le bénir, elles firent une marque humide sur la pierre blanche… Un bruit m’avait fait lever en sursaut.
Je les pose à même sur le papier pour qu’ils jettent librement leurs feux.
Une méfiance lui vient sur un devoir si avantageux… Naguère, à propos d’une pièce où se posait je ne sais plus quel cas de conscience, je me souviens d’être arrivé à cette conclusion : « Lorsque tu hésites entre deux devoirs contraires, choisis le plus désagréable. » Edouard s’aperçoit bientôt que cette règle est sûre. […] Et alors, poussant plus loin, nous serions tentés de nous poser, sur le Dieu de Claude, des questions de plus en plus indiscrètes… Et, comme c’est rarement au théâtre que nous sommes induits à nous poser ces questions-là, j’en conclus que la Femme de Claude, qui n’est peut-être pas une œuvre dramatique parfaitement harmonieuse, est un poème diantrement intéressant. […] Ceci posé, Brignol est charmant. […] Et, en tout cas, la question de la légitimité de cette « idée de patrie » et des devoirs qui en dérivent ne se pose même pas, quand la communauté qui est la patrie est lésée ou menacée.
Au théâtre, sa combativité est devenue le souci presque continuel de poser des thèses et de les soutenir. […] Seulement, dès que la question législative est posée dans une pièce, la pièce devient une pièce à thèse, et, dès qu’une pièce est une pièce à thèse, le personnage qui soutient une thèse, sans que la thèse contraire soit soutenue par personne, passe immédiatement pour le porte-parole de l’auteur, et, par conséquent, pour le personnage que l’auteur nous donne comme étant le personnage sympathique. […] Le Duel est une pièce où l’auteur a fléchi sous la grandeur du sujet et sous la difficulté du sujet ; mais il lui reste l’honneur de l’avoir entrepris ; l’honneur de nous avoir éloignés de la banalité sordide des pièces à adultères et à fugues amoureuses de femmes à cheveux gris ; l’honneur d’avoir posé, au risque de ne pas la résoudre, une grande et haute question et très dramatique ; l’honneur aussi d’avoir écrit un premier acte très original et un second presque puissant, et partout de très beaux morceaux oratoires. […] L’auteur par cette façon, un peu bizarre, de poser la situation a voulu marquer qu’il y a un peu de fatalité dans l’aventure qui va suivre entre Aubier et Judith.
Ces grands artistes font « poser » la nature devant eux ; Lamartine, non. […] Sur les heures : Les autres s’éloignent et glissent Comme des pieds sur les gazons … Impressions matinales : Les brises du matin se posent pour dormir… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . […] Ceci posé, je crois que la meilleure métaphore, et la plus vivante, est celle où l’objet sous-entendu reste le plus présent, le mieux mêlé à l’image par laquelle on l’évoque en nous à condition que cette image n’en soit point elle-même effacée ou affaiblie.
Heureusement pour ceux-ci, Balzac, dans son ambition de parcourir jusqu’à ses extrêmes confins le vaste champ qu’il avait découvert, a posé plus de jalons et accumulé plus de matériaux qu’il n’a élevé de monuments. […] Gouverné par l’inflexibilité de nos convictions, nous jugerons sans colère, nous condamnerons sans crainte, nous exécuterons sans pitié, quelles que soient d’ailleurs les personnalités qui poseront devant nous. […] On sent que cet homme pose sans cesse en face du monde comme de lui-même ; qu’il se préoccupe avant toute chose d’être différent d’autrui, pour mieux paraître supérieur à tous. — Il trouvera le moyen d’envelopper une déclaration d’amour dans la sécheresse et la précision pédante d’une formule scientifique ; la description d’un paysage, émaillée de mots familiers au chimiste ou au psychologue, prendra sous sa plume le caractère d’une laborieuse marqueterie.
Les personnages, quelque vulgaires qu’ils soient, sont posés avec une solennité épique. […] Il lisait tout haut, tête nue, posé sur un tabouret de bâtons secs ; le vent frais de la prairie faisait trembler les pages du livre et les capucines de la tonnelle… Ah ! […] C’est poser des étiquettes. […] un conquérant qui porte un million dans ses bagages et qui sait poser des rails ! […] En 1715, elle ne poussait pas l’ambition jusqu’à poser elle-même des limites à l’autorité royale ; elle mettait son salut dans le plein exercice de cette autorité.
Ces généreuses paroles partent du cœur ; la source est pleine, elle a beau couler, elle ne tarit pas ; dès que l’écrivain parle de la cause qu’il aime, dès qu’il voit se lever devant lui la Liberté, l’Humanité et la Justice, la Poésie naît d’elle-même dans son âme, et vient poser sa couronne sur le front de ses nobles sœurs. […] Chaque pas du procès reportait à l’esprit, soit en arrière, à travers tant de siècles troublés, jusqu’aux jours où les fondements de notre constitution furent posés ; soit bien loin dans l’espace, par-dessus des mers et des déserts sans bornes, jusque parmi des nations bronzées, qui habitent sous des étoiles inconnues, qui adorent des dieux inconnus, et qui écrivent en caractères étranges de droite à gauche.
La plus grande charité, c’est de les rapprocher de nous, de leur faire perdre la pose. »2 La Société des Gens de Lettres, préoccupée également par cette même question, l’a mise à son ordre du jour. […] Mon cher confrère, La première question que vous posez est d’une simplicité qui n’a d’égale que la simplicité de la réponse qu’elle appelle : Légiférer sur le commerce des lettres privées serait inopérant.
Lebrun, et L’Invention] ; — elle a communiqué à ses successeurs l’ambition d’égaler la langue française à la dignité du grec et du latin ; — et il n’est pas enfin jusqu’aux bornes de l’art classique qu’elle n’ait posées d’avance. — En ce sens Ronsard, moins le lyrisme, c’est déjà Malherbe ; — et Malherbe, en y ajoutant l’étendue de connaissances et la probité de réflexion qui lui manqueront, ce sera déjà Boileau. […] — Pour quelles raisons il ne peut avoir eu que des pressentiments. — Témoignages de Cuvier [Histoire des sciences naturelles] et d’Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire [Histoire des règnes organiques]. — Ses attaques contre les alchimistes. — Importance de la forme qu’il a donnée à son œuvre [Dialogues entre Théorique, ou l’idée a priori, et Pratique, c’est-à-dire l’expérience]. — Il ne semble pas cependant qu’il ait fait aucune découverte importante ; — ni posé aucun principe de méthode ; — ni formé d’ailleurs aucun disciple. — Que son grand mérite est d’être émancipé de la servitude de son temps à l’égard des anciens.
Face glabre, au nez vitellien, légèrement empourpré et picoté de petites engrêlures qui tiennent le milieu entre le bourgeon de la fleur du pêcher et les bubelettes vermillonnes d’un pleurnichage chronique, assez noblement posé, d’ailleurs, au-dessus d’une fine bouche d’aruspice narquois et dubitatif, — comme un simulacre romain de la Victoire ailée et tranquille, au bord d’une route tumultueuse de la haute Asie, encombrée du trafic suspect de Babel ou de Chanaan. […] Cela fait une assez grosse question qui pourrait, je crois, se poser ainsi. […] À la septième, il pose sa plume et pousse ce cri : « Quelle accumulation ! […] Le plus beau diadème de la terre posé sur la plus noble des têtes n’égalerait pas en splendeur cette largesse inutile.
Or ces trois premiers actes, en effet, forment une comédie complète ; à la fin du troisième acte, voici où nous en sommes : Tartuffe, posé de pied en cap dans les deux premiers actes, a fait sa déclaration à Elmire ; Damis a dénoncé cette déclaration à Orgon ; Orgon a chassé Damis de sa maison et a déclaré à sa femme qu’il voulait qu’elle reçût Tartuffe autant qu’il lui plairait d’être reçu ; Tartuffe reste ; c’est là que s’arrêtait la pièce ; et cela arrive souvent ainsi dans la vie ; elle pouvait s’arrêter là, c’était donc une pièce complète. […] Je ne crois pas, je l’ai dit, je ne puis pas croire que Molière se soit posé pour but de déterminer la ruine de la noblesse par le ridicule, comme Louis XIV la ruinait par son gouvernement, en substituant partout, dans les grandes charges, les roturiers aux gentilshommes. […] » Eh bien, prenez garde : quoique votre costume soit bien changé, vous ne vous habillez pas encore comme tout le monde ; il y a quelque chose dans votre chapeau ; il y a quelque chose dans la manière dont vous posez votre canne à terre, dans la manière dont vous jetez toutes vos paroles ; vous ne parlez plus latin, je le sais bien… mais, positivement, depuis une vingtaine d’années, vous vous mettez tout doucement à parler grec. […] Lui, stupéfait, l’écoute, ne sait que croire, s’abîme dans sa modestie, et, pour peu qu’elle le pousse, se met à envier l’heureuse facilité dont elle débite ses discours et pose ses aphorismes.
Et dans le portrait de cette femme qui a pris un air pensif pour poser devant son peintre, rien n’est plus amusant que le contraste de cette méditation, simulée, avec l’audace, bien spontanée et presque enfantine, d’un petit nez fringant, qui se retrousse pour humer un vent d’aventure et pour chercher, parmi les aromes du printemps amoureux, la piste parfumée des bonnets envolés par-dessus les moulins. […] Ils ont rencontré un terrain solide où diriger leur marche, des choses réelles où poser leurs yeux. […] Les années qui se posent sur ces petites têtes si chères ne calment pas cet amour inquiet. […] Marcel Monnier, ma conviction est que la plupart de ces mouvements soi-disant populaires… sont imputables non pas à la population prise dans son ensemble, mais à de très hauts et de très puissants seigneurs et à la canaille diplômée. » Voilà une observation qu’il ne faut pas oublier si l’on veut poser avec soin le diagnostic de l’« Homme malade de l’Extrême-Orient ».
La Rochefoucauld, à sa manière, ne dit pas autre chose, et lui, si bien posé pour le savoir, il se plaint encore de cette facilité qu’elle avait à être gouvernée, dont il usa trop et dont il ne resta pas maître : « …..
À peine avais-je posé le doigt sur le loquet et entrebâillé la porte, sans rien entendre, excepté le vent de l’aurore pleurant doucement dans les branches des sapins, que la porte, cédant violemment aux épaules de douze ou quinze soldats embusqués, muets autour de la cabane, me renversa tout meurtri jusque sur la cendre du foyer ; et ces soldats, s’engouffrant dans la chambre et faisant résonner les crosses de leurs carabines sur les dalles, se jetèrent sur Hyeronimo, le précipitèrent à leurs pieds dans la poussière, et lui lièrent les mains derrière le dos avec les courroies de leurs fusils ; ils lui attachèrent une longue chaînette de fer à une de ses jambes, comme on fait à la bête de somme aux bords des fossés pour la laisser paître sans qu’elle puisse pâturer plus loin que sa chaîne ; puis, le relevant de terre à coups de pieds et à coups de crosses : — Marche, brigand, lui crièrent-ils, on va te confronter avec le cadavre de ta victime, et tu ne pourriras pas longtemps dans le cachot qui t’attend.
Son ami Giorgio Vasari y sculpta et y posa son buste.
Mais une question se pose sur laquelle bataillent les érudits : puisque évidemment ce n’est pas de la tradition latine qu’est sortie l’épopée française, d’où vient-elle ?
Ici se pose un grave problème : quelle est la sincérité de Villon ?
Le problème posé devant Racine était donc celui-ci : d’une part, chercher à faire les pièces les plus agréables au public contemporain ; d’autre part, ne traiter que des sujets anciens ou étrangers… Puisque la voie n’était vraiment ouverte et libre que du côté de l’antiquité, la difficulté était de rendre cette antiquité intelligible et acceptable à la société du temps de Louis XIV et à la cour, qui donnait le ton.
Il a un « art poétique » tout à fait subtil et mystérieux (qu’il a, je crois, trouvé sur le tard) : De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l’impair Plus vague et plus soluble dans l’air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose.
Il aime, il peint avec une émotion vraie et un charme rare les vieux prêtres, les « bonnes dames », les vieilles demoiselles pieuses, les jeunes filles innocentes, les mœurs terriennes, les antiques foyers, les vies modestes, dévouées, secrètement héroïques… Parce que le père Labosse, au milieu de ses gambades, n’a point cessé d’être « bien pensant », qu’il a gardé le respect des choses essentielles et que, docile au fond et enfantin, il n’a jamais commis « le péché de l’esprit », Henri Lavedan, bon psychologue en même temps que bon interprète de la miséricorde divine, accorde à ce polichinelle une mort comiquement orthodoxe et touchante… Sur quoi, je me pose cette question : — Tandis qu’il absolvait son vieux marcheur, qui sait s’il n’y avait pas, chez Lavedan, cette arrière pensée que Dieu lui appliquerait à lui-même, pour des péchés plus fins, le bénéfice de bons sentiments plus réfléchis, mais analogues ?
La franchise de la vie n’est qu’à la condition de percer ce voile intermédiaire et de poser incessamment sur le fond vrai de notre nature pour y écouter les instincts désintéressés, qui nous portent à savoir, à adorer et à aimer.
La question critique, telle qu’elle était posée dans mon esprit, leur eût paru quelque chose d’inintelligible, tant leur foi était simple et absolue.
Il ouvrit la carrière, et posa la limite.
Sa taille élevée et souple se devinait dans la nonchalance de sa pose ; ses cheveux abondants, soyeux, d’un blond sévère, ondoyaient au souffle tempétueux des eaux, comme ceux des Sibylles que l’extase dénoue ; son sein gonflé d’impression soulevait fortement sa robe ; ses yeux, de la même teinte que ses cheveux, se noyaient dans l’espace.
Théodore de Banville, je rappellerai ce que je disais il y a un an, ici même, à propos de ses Odelettes : « Des deux grands principes posés au commencement de ce siècle, la recherche du sentiment moderne et le rajeunissement de la langue poétique, M. de Banville a retenu le second… » Dans ma pensée, je retenais le premier pour M.
Et néanmoins les plus hautes questions, dont plusieurs n’avaient même jamais été posées sont traitées dans cet ouvrage, preuve palpable que l’esprit humain, sans se jeter dans des problèmes inabordables, et en se restreignant dans les recherches d’un ordre entièrement positif, peut y trouver un aliment inépuisable à son activité la plus profonde.
On peut se poser cette question et avoir ces hésitations à propos des grands auteurs.
Ce fondement posé, ne trouvez pas mauvais Qu’en ces fables aussi j’entremêle des traits De certaine philosophie Subtile, engageante et hardie.
Sa tournure d’esprit purement sensitif et artiste fait qu’il n’est à l’aise que dans le concret et le contingent, non pas du tout pour y chercher de pénétrantes intuitions métaphysiques (le bergsonisme l’ennuierait autant que le platonisme), mais pour en jouir naïvement, sans se poser de questions, comme on respire une fleur. […] Les questions d’authenticité ne se posent pas pour lui, du moins quand il s’agit de la Bible. […] Lasserre nomme, en première ligne, Leibniz, pour lequel il considère que la question ne se pose même pas. […] Au fond, il y a dans ces gémissements un peu de convention, disons le mot, un peu de pose. […] Camille Jullian, dans les Nouvelles littéraires, lui fait honneur d’avoir posé quelques-unes des règles de la méthode historique véritable, et reconnaît sa valeur de savant, la « grandeur de son édifice scientifique ».
Mais les discours sur une ample matière étant divisés par de longs intervalles, exigent, chaque fois qu’on reprend la parole, une récapitulation des éléments que l’on a posés d’abord. […] « Où posas-tu la terre ? […] La suite en dérive par une succession de faits nécessaires, et par un enchaînement de conséquences qui ne doivent jamais tromper l’attente du lecteur dont le souvenir remonte sans cesse au principe que les premiers mots ont posé. […] « ……………………………… Zéphire, « Sous ses voiles flottants, s’insinue et soupire, « L’enlève au pied d’un roc, dans un vallon charmant, « Et sur un lit de fleurs la pose mollement.
Il nage, il vole, il plane ; comme un cygne se berçant sur ses grandes ailes blanches, tantôt dans la lumière, tantôt dans la brume, d’autres lois aussi dans des nuages orageux, il ne pose à terre que rarement et bientôt reprend son essor, à la première brise qui soulève ses plumes. […] Deschanel n’a jamais posé. […] Il a fait, plusieurs fois, le tour de ce mausolée, afin de compter tous les cadavres ensevelis dans les sarcophages, toutes les urnes posées dans les niches, toutes les épitaphes gravées sur les stèles. […] Ils l’enchantaient vraiment, « ces hommes empanachés, barbus comme le Père éternel, avec leur bicorne posé sur l’oreille et leur épée battant la rondeur du mollet. […] Les voyageurs qui vont de Hendaye à Saint-Sébastien. se posent cette question les uns aux autres, lorsqu’ils voient le Javelot perpétuellement embossé devant l’île des Faisans, sous le pont du chemin de fer.
Le moindre courtaud de boutique, laid, gauche, lourdaud et imbécile, se flatte et se vante de ses succès féminins, d’autant plus qu’il en a moins, et pour se poser avantageusement dans le monde. […] Ribot, posa les vrais principes : l’association religieuse est une association comme une autre, les hommes ayant le droit de vivre en commun, d’être pauvres, d’être célibataires et d’être chastes ; il ne faut que limiter l’accumulation des biens de mainmorte dans les associations religieuses comme dans les autres associations ; il faut surveiller les biens et laisser tranquilles les personnes. […] Étienne ; mais la question était posée et le gouvernement, pour la première fois, avait eu un sourire favorable pour la séparation. […] Et un seul remède serait efficace : l’expropriation et la nationalisation de tout cet enseignement particulier, aux vues égoïstes… » La question, au point de vue socialiste, est très bien posée dans cet article, quoique lourdement. […] La question, avant la loi de 1905, se posait ainsi : on séparera l’Église de l’État ; mais, une fois séparée, lui appliquera-t-on tout simplement le droit commun, ou lui imposera-t-on un régime exceptionnel ?
Ce vieux pontife obèse était grand d’impureté, quand, aux noces de Lucrèce, il versait des dragées dans le corsage des nobles Romaines, ou quand, après souper, assis à côté de sa fille, il faisait danser des courtisanes nues, qu’éclairaient les flambeaux de la table posés à terre. […] Alors le roi tira son épée et la posa sur la table. […] Mais cette fois, elle se trouva l’associée d’un soldat condamné à posséder seul le monde ou à n’avoir plus une pierre où poser sa tête. […] Après, la victoire de Philippes, il posa sa propre cuirasse sur le cadavre sanglant de Brutus, afin d’honorer en soldat les funérailles du vaincu. […] Et si l’on avait quelque peine à croire qu’un moyen mnémotechnique se soit transformé avec le temps en un bel effet d’art, il suffirait de songer que, dans l’architecture des Grecs, une poutre posée sur des piliers de bois devint l’architrave et que chaque bout de la charpente du toit se changea en un triglyphe de marbre.
Il nous suffit de la poser. […] Les principes précédemment posés permettaient de prévoir que le milieu respiratoire intérieur de ces animaux devait échapper, au milieu d’un mécanisme approprié, à la dépression du milieu extérieur ; en d’autres termes, que l’oxygène contenu dans leur sang artériel ne devait pas varier à ces grandes hauteurs. […] Il ne s’agira pas d’ailleurs, dans ces leçons où nous traçons une sorte d’esquisse ou de plan de la physiologie générale, de résoudre les questions ; il importe d’abord de les poser : c’est à quoi nous nous bornerons en traitant successivement de la fermentation, de la combustion, de la putréfaction. […] Le problème du mécanisme de ces synthèses organisatrices est très loin de sa solution, il n’est même pas encore bien posé ; et ici nous n’essayons pas autre chose que de fixer la question et de faire connaître l’état de la science à ce sujet. […] Ce résultat est d’accord avec le principe général que nous avons posé au début de nos études, à savoir, que la vie n’est pas opposée, mais semblable dans les deux règnes, qu’elle comprend nécessairement deux ordres de phénomènes, la création organique et la destruction organique, que tout être doué de vie, animal ou plante, simplement protoplasmique ou complet, doit nécessairement les posséder.
Tout ce qu’on peut faire, c’est d’éclairer ses semblables et de poser sur les fondrières des lanternes qui crient en leur langage : Casse-cou ! […] Est-ce qu’ici Molière a eu l’idée de poser le grave problème de l’éducation des filles ? […] Le problème ainsi posé excède de beaucoup les visées de Molière ; mais il est facile de trouver, dans les vers du poète, des éléments de solution. […] Rappelez-vous la scène où Elmire promet de confondre Tartuffe en lui faisant poser le masque : — Faites-le-moi descendre, dit-elle à Dorine. […] Une honnête petite bourgeoise, bien craintive, bien prude, et s’effarouchant d’une main posée sur le genou, ne parlerait pas ainsi ; elle ne s’exposerait même pas aux hasards d’une aussi scabreuse aventure.
Il faut, pour qu’il comprenne, que la seconde idée soit contiguë à la première, sinon il est dérouté et s’arrête ; il ne sait pas bondir irrégulièrement ; il ne va que pas à pas, par un chemin droit ; l’ordre lui est inné ; sans étude et de prime abord, il désarticule et décompose l’objet ou l’événement tout compliqué, tout embrouillé, quel qu’il soit, et pose une à une les pièces à la suite des autres, en file, suivant leurs liaisons naturelles. […] — Je crois qu’il m’est venu du ciel. — Mon amour a quitté toutes les autres femmes — et s’est posé sur Alison. » — « Avec ton amour, dit un autre, ma douce bien-aimée, tu ferais mon bonheur, — un doux baiser de ta bouche serait ma guérison119. » N’est-ce point là la vive et chaude imagination du Midi ?
Je dis qu’elle est posée et se débat aujourd’hui. […] Aussi, entre ce qu’on appelait tragédie et ce qu’on nommait quelquefois comédie, la seule différence essentielle consistait-elle dans le dénouement, d’après le principe posé au xve siècle par le moine Lydgate qui veut que la comédie commence dans les plaintes et finisse par le contentement, tandis que la tragédie doit commencer par la prospérité et finir dans le malheur. […] Ce trouble des esprits ne peut cesser tant que la question sera posée entre la science et la barbarie, les beautés de l’ordre et les effets du désordre, tant qu’on s’obstinera à ne voir, dans le système dont Shakespeare a tracé les premiers contours, qu’une liberté sans frein, une latitude indéfinie laissée aux écarts de l’imagination comme à la course du génie.
… J’allais poser le sceau de cire noire Sur ce fragile et cher trésor, J’allais le rendre, et n’y pouvant pas croire En pleurant j’en doutais encor. […] En examinant avec plus d’attention, nous voyons des montagnes affaissées, des rochers fendus et brisés, des contrées englouties, des îles nouvelles, des terrains submergés, des cavernes comblées ; nous trouvons des matières pesantes souvent posées sur des matières légères, des corps durs environnés de substances molles, des choses sèches, humides, chaudes, froides, solides, friables, toutes mêlées et dans une espèce de confusion qui ne nous présente d’autre image que celle d’un amas de débris et d’un monde en ruine67. […] Il n’a eu que faire de l’harmonie préétablie, de l’optimisme, puisqu’il pensait, avec les déterministes, que le problème du mal ne pouvait même pas se poser, et qu’il était absurde, en conséquence, de continuer à chercher sa solution80.
Nous trouvons, par un hasard singulier, dans un volume imprimé en Suisse (Mélanges de Littérature, par Henri Piguet, Lausanne, 1816), une réponse précise à la question que nous nous posions ici.
Comme pourtant les doctrines ne se posent point toutes seules et qu’elles dont dans la bouche de quelqu’un, il a bien fallu en venir à des noms propres pour pouvoir vérifier le plus ou moins d’exactitude des phrases citées et incriminées.
Ils posent en principe que l’homme, surtout l’homme du peuple, est bon ; pourquoi supposer qu’il puisse vouloir du mal à ceux qui lui veulent du bien ?
Son fils, le roi actuel de Piémont, hérita de son ambition et de sa valeur comme soldat ; il fut le premier de ces princes qui préparèrent des armées et des alliances à la révolution radicale d’Italie, pour y renverser des papautés, des nationalités et des trônes, et qui posèrent ainsi la question indécise : Lesquels seront les dupes, après l’œuvre confuse, des rois ou des peuples ?
« Une pierre était là, l’évêque s’y assit ; l’exorde fut ex abrupto . » Les poètes seuls posent ainsi les figures : ce qu’on appelle poésie n’est que la reproduction vivante et colorée de la vérité.
Il y en a, comme Coppée, qui ont une âme cii ailes de moineau ; qui va, légère, amusée, gouailleuse, tendre et gaie à la fois, se poser sur tous les arbres des squares et guetter les humbles joies et les humbles drames pour en faire une chanson.
Ainsi, au prologue de la tragédie antique il substitue le premier acte de la tragédie moderne, et il pose cette règle, « que le premier acte doit contenir les semences de tout ce qui doit arriver, tant pour l’action principale que pour les épisodiques ; en sorte qu’il n’entre aucun acteur dans les actes suivants qui ne soit connu par ce premier, ou du moins appelé par quelqu’un qui y aura été introduit. » Le prologue de la tragédie antique, tel qu’Aristote le caractérise, est un artifice dramatique dont la grossièreté ne peut pas être dissimulée par le mérite des paroles : il nous avertit que nous allons assister à un mensonge.
Qu’est-ce donc à dire sinon qu’une grande philosophie n’est point celle qui règle les questions une fois pour toutes mais celle qui les pose ; qu’une grande philosophie n’est point celle qui prononce, mais celle qui requiert.
Jésus, sur ce point, a été mon maître plus qu’on ne pense, Jésus, qui aime à provoquer, à narguer l’hypocrisie, et qui, par la parabole de l’Enfant prodigue, a posé la morale sur sa vraie base, la bonté du cœur, en ayant l’air d’en renverser les fondements.
Le chant des pèlerins et le chant des syrènes y sont posés comme deux termes, qui dans le final trouvent leur équation.
Schuré29, qui trouve absurde « qu’un jeune homme, qui n’est après tout qu’un niais, pénètre d’un seul coup toutes les profondeurs de la religion et de la philosophie parce qu’une femme a posé ses lèvres sur les siennes !
Le bon Pan lui apprend à poser ses doigts sur les roseaux du syrinx et à frapper la terre d’un pied cadencé.
Pendant tout son règne, qui fut un combat, une croisade incessante dans l’intérêt de l’Église, attaquée de partout par les mille bras du Protestantisme, il se sentait et se posait comme un second Pape devant le Pape.
Ainsi Descartes, après avoir si bien posé le point de départ de toute recherche philosophique, oublie plus d’une fois l’analyse et revient, au moins dans la forme, à l’ancienne philosophie. […] Cependant, lorsqu’un problème est posé, tant qu’il n’est pas résolu, il trouble, il obsède l’esprit humain. […] Elles sont supérieures à mon esprit, puisqu’elles le redressent et le corrigent ; elles ont le caractère de la divinité, car elles sont universelles et immuables comme Dieu ; elles subsistent très réellement, selon un principe que nous avons déjà posé : rien n’existe tant que ce qui est universel et immuable. […] La seule question que nous posons est celle-ci : le principe de l’intérêt est vrai en lui-même, mais n’y a-t-il pas aussi d’autres principes tout aussi vrais, tout aussi légitimes ? […] Nous allons examiner en lui-même le principe qu’elle pose, et faire voir qu’on ne peut tirer de ce principe ni l’idée du bien et du mal, ni aucune des idées morales qui se rattachent à celle-là.
Et enfin à tous, l’homme que j’appelle devra dire que le secret social est parfaitement dans la devise, souvent raillée, qu’on lit au fronton de nos édifices ; mais à la condition qu’on sache la comprendre. « Liberté, Egalité, Fraternité », l’inconnu, l’ignorant peut-être, qui a trouvé cette formule ne s’est pas douté sans doute que c’était là le problème social très bien posé par thèse, antithèse, synthèse. […] C’est pour cela que j’appelle de mes vœux un grand penseur, ou plusieurs, qui, comme la plupart de ceux que je viens d’étudier, se posent toujours en même temps le problème moral et le problème politique et s’efforcent sans cesse d’éclaircir l’un aux lumières de l’autre. […] Après avoir posé en principe que le romantisme… laissons de côté le mot, disons : après avoir posé en principe que ce qu’il faut, c’est une littérature conforme aux goûts, aux mœurs, aux croyances du temps où l’on vit, et après avoir présenté Pigault-Lebrun comme le modèle à imiter, Stendhal en vient à proposer comme sujet de poèmes pour la génération de 1820 « un Henri III, une Mort du duc de Guise à Blois, une Jeanne d’Arc, un Clovis et les évêques. » Décidément, où en sommes-nous ? […] Il pose la thèse, il pose l’antithèse et il cherche la synthèse. […] « On s’enferme pendant une quinzaine de jours avec les écrits d’un mort célèbre ; on l’étudie, on le retourne, on l’interroge à loisir ; on le fait poser devant soi… Chaque trait s’ajoute à son tour et prend place de lui-même dans cette physionomie… Au type vague, abstrait, général, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle… On a trouvé l’homme. » — Jamais Sainte-Beuve ne s’est mieux défini que dans cette page.
C’est donc à une de ces farces dont Molière avait tracé le canevas, mais qu’il avait à peine écrites, et que ses camarades et lui jouaient en quelque sorte à l’impromptu, c’est au Docteur amoureux qu’il dut son succès ainsi que l’autorisation définitive de se fixer à Paris, et que le siècle de Louis XIV et tous les siècles à venir doivent peut-être ces admirables chefs-d’œuvre que Molière n’eût jamais enfantés en province, loin de cette cour et de cette société qui posèrent devant lui, loin de ce milieu où son génie s’inspira et grandit. […] Les chaudières bouillantes et la peinture de l’enfer lui attirèrent celle des tartuffes, qui posaient déjà pour leur immortel portrait. […] « Le Roi ne doit venir de deux heures », dit Molière au commencement de sa pièce, et, cette fiction posée, il prend toute liberté pour contrefaire quelques acteurs de l’hôtel de Bourgogne, pour se rire des marquis. […] Tellement qu’ils se séparèrent les meilleurs amis du monde, et que ce fut une nouvelle scène pour la cour, meilleure encore que celles qui y avaient donné lieu. » Malgré tout ce qu’il y a d’évidemment faux dans ce récit et le soin manifeste qu’a pris l’anonyme, pour le rendre plus dramatique, de faire jouer à Molière un rôle inconciliable avec la noblesse de son caractère, il fournit du moins la preuve certaine que le parterre ne s’était pas trompé dans son application, et que l’original, loin d’être fâché qu’on l’eût fait poser, craignait encore de ne pas assez ressembler à son portrait.
Cela posé, le meilleur moyen de prouver que la pièce d’Ibsen est intelligible, c’est de la raconter. […] Elle est constamment préoccupée de l’effet qu’elle produit sur les autres ; elle se regarde ; même seule, elle pose pour une galerie invisible qu’elle porte partout en elle-même. […] J’arrive à me poser cette question : — Un homme de bonne volonté, et qui croirait fermement que les actes qu’il prête à Baugréant, à Cécile et à sa mère sont, en eux-mêmes, partout et toujours, des crimes, — ou des péchés, — aurait-il accumulé dans son œuvre, avec cette complaisance tranquille, les images qui peuvent induire en péché ? […] En le voyant approcher, les pêcheurs et les femmes se sont éloignés avec des mots prudents… A ce moment tinte le glas des trépassés… Kadik tremble et, répondant à une question que sa femme ne lui pose pas : « Mais c’est un accident ! […] Sur quoi j’ai envie de poser cet axiome, auquel il faudrait beaucoup d’explications : « La littérature, qui rend quelquefois mauvais, empêche toujours de l’être complètement. » Je suis forcé maintenant d’aller vite.
Ce matin, un apprenti menuisier est venu chez moi poser une bibliothèque. […] Quant aux autres, c’est présentement l’apprenti menuisier qui les pose sur des tablettes de bois blanc. […] Il posa sur une tablette la pile de livres qu’il embrassait, se croisa les bras et, hochant la tête : — Je lis tous les jours mon journal, monsieur. […] Ils se plaisent à montrer le lit à courtines, le coffre, la haute cheminée de pierre devant laquelle est posé le banc de bois sculpté, l’étroite fenêtre aux vitres lamées de plomb, le buffet sur lequel reluisent quelques riches ouvrages de dinanderie. […] J’ai d’abord posé un clou, et d’un coup de marteau, je l’ai fait entrer d’un centimètre dans la cervelle du public, puis, d’un second coup, je l’ai fait entrer de deux centimètres… Eh bien, mon marteau, c’est le journalisme que je fais moi-même autour de mes œuvres. » Si je relève un tel aveu, ce n’est pas pour en faire un grief à M.
Ainsi, frappé de l’inanité de l’être humain si vite détruit, il posait cette question : « Où est la poussière qui n’ait pas vécu ? […] Il est donc aisé, grâce à lui, de répondre à la question que je viens de poser. […] le byronisme, le romantisme, les souvenirs de la Révolution française, des décembristes, et l’adoration de Napoléon ; la foi au destin, à une étoile, à la force du caractère, de la pose et de la phrase ; et l’angoisse du vide, les inquiétantes fluctuations d’un étroit amour-propre, en même temps que l’audace et la force agissante, etc… » En passant à la Pologne, et ce n’est pas hélas ! […] C’est qu’un jour, la voyant elle-même dans une attitude méditative, qui rappelait le marbre de Michel-Ange, « ce symbole sacré de la mélancolie » quelqu’un lui dit : « Siete penserosa ; De ce marbre inspiré l’image se reflète Sur votre jeune front de femme et de poète, Vous avez son air triste et son regard penseur, Et Michel-Ange en vous eut reconnu sa sœur. » Ce qu’on reconnaît plus sûrement ici chez l’auteur, c’est la prétention et la pose.
Posons donc comme certain et incontestable qu’il ne faut donner aucune part dans le gouvernement aux citoyens atteints de cette ignorance… » Une ignorance qui se complaît en elle-même, c’est la définition de la démocratie ; et une ignorance qui se défie de tout ce qui ne lui ressemble pas, et une ignorance qui se croit supérieure à tout ce qui ne lui ressemble point, et une ignorance qui s’admire, qui se cultive, qui se perfectionne et qui se répand ; car ceux qui auraient quelque tendance à y échapper y reviennent vite, ou ne la quittent point, en considération des grands avantages qu’elle procure et de la défaveur, de l’ostracisme qui frappe ce qui n’est pas elle. […] Outre que le patriote ne peut même pas et ne doit pas se poser cette question, le philosophe a quelque raison d’y répondre négativement. […] Mais les Grecs n’en étaient pas là et s’obstinaient à vouloir expliquer chaque chose par le tout et à poser toujours l’absolu pour en déduire le relatif. […] » — Remarquons d’abord que Platon ne se pose pas cette question et n’a pas à se la poser, puisqu’il croit que qui sait le bien fait le bien, et que qui ne fait pas le bien c’est qu’il ne le sait pas. […] De la méthode qui fut évidemment celle de Socrate, il n’a gardé que le fond : exciter et diriger par des questions adroitement posées et faire trouver ainsi au disciple la connaissance ou lui persuader qu’il l’a trouvée lui-même.
Celle-ci au contraire se pose ainsi la question : « Le volume de M. ou de Mme N… est assez bon aujourd’hui que certains procédés de couleur et de rhythme sont vulgaires ; mais l’auteur l’aurait-il fait, il y a dix ans ? […] Rien de plus rare que ce vrai goût dans l’expression chez quelques-uns des écrivains même qui se sont posés récemment en amis et en défenseurs du goût classique et de l’ancienne simplicité.