Par quelle impartialité, par quelle justice envers eux sa plume ne répare-t-elle pas les fureurs de son épée ! […] Puissent les Muses ne plus exalter les fureurs d’une telle justice, ni l’amour des sources du désordre ! […] Mais les peuplades restées encore entre la première barbarie et la civilisation dernière, incessamment poussées par la nécessité de l’agression et de la défense ; forcées à combattre, pour exister ou s’agrandir, contre les voisins qui les menacent ou qui les pressent ; mues par des passions ardentes, ces peuplades adorent les dieux avec fanatisme, embrassent les vertus avec enthousiasme, fondent leurs droits sur l’audace et les armes, suppléent à la justice incomplète de leurs lois par la promptitude des vengeances, punissent les outrages par des crimes, et les férocités par de sanglantes représailles : la raison n’oppose qu’un frein léger à l’instinct véhément qui les entraîne ; amour, amitié, dévouement, haine, orgueil, colère, cruauté, tout en elles est extrême ; et le passage subit de leur âme aux plus violentes agitations multiplie en leurs caractères les contrastes perpétuellement variés des transports à l’abattement, de l’excès de la crainte à l’excès de la témérité, et de la tendresse ou de la pitié profonde à la plus atroce fureur, sources du pathétique et du terrible. […] remplis-moi de ton souffle puissant, « Et, si ton plus beau temple est un cœur innocent, « Viens épurer le mien, viens aider ma faiblesse ; « Fais que de mon sujet j’égale la noblesse, « Et que mon vers brûlant, animé de ton feu, « Venge aux yeux des mortels la justice de Dieu. […] La raison, la sensibilité, la justice du noble éditeur, n’omettent rien ni de touchant ni d’utile, ne vous laissent rien ignorer de ce qui vous fait apprécier à la fois l’homme et le chef-d’œuvre.
Borée composa Clorise, Achille, Bevalde, la Justice d’amour, Rhodes subjuguée, Tomyris, tragédies aussi ennuyeuses que longues, se rapprochant des temps barbares du théâtre, mais dans lesquelles on trouve cependant quelques scènes bien dialoguées. […] La Justice régnait avec égalité ; Et jamais les présents n’avaient eu la puissance De faire lâchement trébucher la balance. […] Un régulier lui disputa le prieuré, il s’ensuivit un procès qui fut à l’avantage du religieux, et ce n’était que justice. […] On se rendit en foule à la Phèdre de Pradon, qu’on applaudit, qu’on vanta, qu’on porta aux nues, bien qu’elle fût détestable et que le public dût en faire bientôt justice. […] C’était justice ; car à part l’amour de la vertu qui règne dans les œuvres de l’abbé de Saint-Vilmer, on n’y trouve que défectuosités dans le plan et dans la versification.
J’ai fait remarquer plus haut que Molière, qui voit très juste, qui sait son siècle et qui sait l’humanité, n’a pas manqué de faire son Don Juan à la fois athée et immoral et débauché, et il faut lui rendre cette justice qu’il a très bien vu ainsi les rapports qui existent entre le libertinage dans un sens de ce mot et le libertinage dans l’autre sens de ce terme. […] Debidour, que, conduit à Sedan par la justice immanente des choses, Napoléon III paya, au bout de plus de vingt ans, le tort de s’être abandonné à l’Église par ambition et fit, du même coup, payer à la France la faiblesse qu’elle avait eue de s’abandonner à lui. […] Dire que les congrégations sont l’armée de la contre-Révolution et que l’existence des congrégations est incompatible avec le développement pacifique et régulier de la Révolution, c’est placer la question en dehors de toute considération juridique et de toute considération de justice ; c’est dire : « frappez tous ceux qui vous paraîtront contre-révolutionnaires » ; en langage pratique, c’est dire : « frappez tous vos adversaires électoraux » ; et des paroles de M. […] Nous n’avons plus la même prétention au titre de fille aînée de l’église, dont la monarchie se faisait un sujet d’orgueil pour la France, et nous avons la conviction absolue que notre considération et notre ascendant dépendent exclusivement aujourd’hui de notre puissance matérielle, ainsi que des principes d’honneur, de justice et de solidarité humaine qui ont valu à la France moderne, héritière des grandes maximes sociales de la Révolution, une place à part dans le monde. » Impossible de mieux dire, ou peut-être de plus mal dire, mais de dire plus formellement : « Le protectorat de la France sur les chrétiens d’Orient, au fond je suis ravi d’en être débarrassé. […] Le système parlementaire, direz-vous encore, tel qu’il est pratiqué en France, a de singuliers résultats de temps en temps et même toujours : il met un avocat à la marine, un homme de lettres à la guerre, un financier à la justice, un commerçant à l’instruction publique et ainsi de suite.
Il est impitoyable comme la justice. […] Dites-leur qu’il est une miséricorde supérieure à la justice et toujours prête à leur pardonner leurs fautes. […] D’accomplir un acte de justice, de tirer de l’enfer un damné ? […] nous rencontrerions, si nous l’osions prescrire, Le doux nenni de Magne avec son doux sourire, Le jour où, devant l’huis du trésor, surgirait, Enclose dans les flancs sacrés de notre arrêt, La justice, devoir, dette, loi des croyances. […] Il lui rendait pleinement justice.
Mais il faut rendre à Voltaire la justice qu’il mérite ; il riait dans son âme de ses tours de gibecière ; il connaissait les hommes, il les méprisait ; il savait ce qu’il faut au peuple, et rarement, en voulant tromper les autres, il se trompait lui-même. […] Supposer l’Être suprême capable d’exiger qu’un fils égorge sa mère, c’est une horrible impiété, c’est outrager la céleste justice. […] C’est ce que dit M. de La Harpe, et il dit mieux qu’il ne pense ; car son intention n’est pas d’approuver, mais bien de blâmer cette disposition des hommes : il est persuadé que la justice veut qu’on juge l’ouvrage et non pas l’auteur. Son opinion est spécieuse, et cependant je pense le contraire, et crois avoir pour moi la vérité : je me fonde sur ce principe d’éternelle justice, qu’un petit bien n’est rien en comparaison d’un grand mal. […] Il serait donc plus noble, plus théâtral, plus digne de la reine de Babylone, de braver le coup qu’elle ne peut parer, de lutter contre l’inévitable destin, de périr en reine, en héroïne, en conquérante, et de ne pas cent fois mourir de peur avant de tomber sous le glaive de la justice divine.
Pas une pièce, depuis trente ou quarante années de suprématie européenne, qui émerge au-dessus d’une moyenne honorable ; pas un dramaturge qui, en bonne justice, soutienne la comparaison avec des hommes de l’envergure de M. […] Le genre qu’ils ont créé n’est donc pas inadmissible : loin de là ; et ce n’est que justice de lui reconnaître d’incomparables mérites. […] Le beau, comme la religion, comme la morale, comme la justice, comme toutes les idées, n’a ni son origine ni sa place dans l’ordre de la nature, et il n’existe que par une conception du génie humain pour répondre à certaines exigences de notre activité sensitive et intellectuelle. […] En réalité, il ne fit ni l’un ni l’autre ; son influence, si tant est qu’elle soit appréciable, ne fut ni si mauvaise ni si heureuse, et la justice impartiale considérera sa doctrine moins à titre de cause que simplement à titre d’effet. […] Et puis, parmi les écrivains, dont les débuts remontent au-delà de quinze ou vingt ans, et que nous n’avons pas nommés, combien en est-il à qui l’on soit redevable d’une innovation de quelque importance, et que l’on puisse considérer, en bonne justice, comme des créateurs réellement exceptionnels ?
Pourquoi l’Égalité, pourquoi la Fraternité, quand le Sauveur est venu susciter entre les hommes la Justice et l’Amour, glorifier les simples, les pauvres et les humbles, condamner les riches et les puissants ?” […] Ce prétendu révélateur de la justice sociale, comme disent nos politiciens, fut un déséquilibré de la plus classique espèce. […] Le médecin devant lequel ils comparaissent doit décider s’ils seront remis à la justice comme responsables en dépit de leurs excentricités et de leurs simulations, ou bien si leur état mental exige l’internement. […] Vous avez fait justice aussi de la légende imaginée par les rationalistes, et acceptée par les romantiques, d’un Pascal douteur et désespéré, qui aurait demandé au suicide de sa raison l’apaisement de son scepticisme. […] Mais il a dû, comme vous nous l’avez dit, réagir aussitôt, et se rendre la justice qu’il avait servi, aussi bien que jadis Montluc, puisqu’il avait maintenu intact en sa personne le type idéal du soldat.
Hugo répète, après Cabet, après le National, après tous les démocratisants, l’éternelle histoire de la fille du peuple forcée de se prostituer pour vivre ; Goethe fait cette petite pièce-ci, qui est bien une idée, une propriété à lui : Devant la justice. […] Le poète gémit de voir la fille du peuple forcée de se prostituer, la justice mal rendue, les poètes insultés par les méchants, les enfants qui travaillent dans les manufactures, les avocats et les journalistes, travailleurs hideux, le cheval qui traîne la charrette, le vieux soldat obligé de casser des pierres pour vivre, l’homme de Bourse, enfin le monde, la société et ses plaies. […] C’est là, c’est dans cet oubli des faits, c’est dans ce manque de justice que je vois que la morale qu’ils veulent défendre leur est bien plus étrangère qu’à celui qu’ils attaquent, et que j’apprends à connaître de quoi sont capables les honnêtes gens. […] « En deux mots, ajoute-t-il, je suis en mesure d’établir, par l’observation, le raisonnement, les faits, que la femme plus faible que l’homme, quant à la force musculaire, vous-même le reconnaissez, ne lui est pas moins inférieure quant à la puissance industrielle, artistique, philosophique et morale ; en sorte que si la condition de la femme dans la société doit être réglée, ainsi que vous le réclamez pour elle, par la même justice que la condition de l’homme, c’est fini d’elle : elle est esclave. » « À quoi j’ajoute aussitôt que c’est précisément le système que je repousse : le principe du droit pur, rigoureux, de ce droit terrible que le Romain comparait à une épée dégainée et qui régit entre eux les individus d’un même sexe, n’étant pas le même que celui qui gouverne les rapports entre individus de sexes différents. » « Quel est ce principe différent de la justice et qui cependant n’existerait pas sans la justice ; que tous les hommes sentent au fond de l’âme et dont vous autres femmes ne vous doutez seulement pas ? […] Le verdict l’a seulement déclaré mauvais plaisant ; mais jamais, il faut bien rendre cette justice aux autres, on n’a songé à les examiner sous le rapport de la pensée.
Obscurément elle ne cesse d’aspirer à une révolution qui, humiliant les puissants, rétablirait pour un jour la justice. […] Sully-Prudhomme, dans la Justice et le Bonheur, fait du « long poème » un instrument d’investigation philosophique. […] Aussi bien l’existence même de la société est liée à un principe : c’est que l’individu n’a pas le droit de se faire justice. […] Les idées de devoir, de justice, de charité, de pitié, ces créations de notre esprit, n’ont d’autre objet que d’y faire contrepoids. […] Autant d’erreurs et de sophismes, dont une lecture de l’œuvre complète de Verlaine fait aussitôt justice.
À Dieu ne plaise que Bossuet ait reculé devant le génie et le courage de l’auteur de Tartuffe ; il avait affronté d’autres colères, il avait écrasé Saurinet toute l’école de Charenton, il avait combattu Fénelon ; ce grand homme était armé de toutes pièces ; s’il appelait à son tribunal la mémoire de l’illustre poète-comédien, c’est que probablement l’heure de la justice était venue. […] Orfila met sous le nez de la justice comme un parfum digne de la déesse ; — mais un malheureux qui a perdu ses cheveux à la suite d’une fièvre cérébrale, qui a encore à la bouche le goût d’affreuses drogues pour lesquelles le pharmacien menace de faire saisir son mobilier ; celui-là, soyez-en sûr, il lui est impossible de s’amuser beaucoup à la représentation du Malade imaginaire. […] Alceste, à force de vertu inquiète et turbulente, est brouillé avec toutes les justices. […] ne reconnaît plus au pouvoir le droit de lier ou de délier à son gré ; le pouvoir est soumis à la justice. […] Et pour votre procès, dont vous pouvez vous plaindre, Il vous est en justice, aisé d’y revenir, Et contre cet arrêt… Alceste.
Il n’y a pas de verdict passionné où la justice soit plus rare. […] Quand tous les critiques rendaient leur justice le lundi, ils avaient le temps de préparer et d’écrire leurs feuilletons. […] Alors, il est de toute justice de tenir la balance égale entre elles. […] Selon moi, Justice est l’œuvre d’un poète qui n’a pas songé à couper ses ailes, et que ses ailes font trébucher. […] Dans Justice, l’effort littéraire me trouve plein de sympathie.
C’était, telle qu’on me l’a dépeinte, une figure antique, habillée le plus souvent non comme une dame mais comme une servante, en faisant l’office au logis, la femme de ménage parfaite, une mère aux entrailles ardentes, et avec cela douée d’une élévation d’âme et d’un sentiment de la justice qu’elle dut transmettre à ce fils dont elle était fière et jalouse. […] En supprimant, comme font volontiers les modernes, et comme ils sont portés à le faire de plus en plus, les anciens miracles et l’ordre surnaturel, il essaye de substituer et d’inaugurer un autre idéal, celui de l’Humanité ; et ce qui n’était chez lui d’abord qu’un sentiment de justice et de reconnaissance individuelle devenant un dogme social avec les années, il se range à cette parole d’un maître : « L’Humanité est composée de plus de morts que de vivants, et l’empire des morts sur les vivants croît de siècle en siècle : sainte et touchante influence qui se fait sentir de plus en plus au cœur à mesure qu’elle subjugue l’esprit.
Le poète Guiraud, l’ami de M. de Vigny, disait en sortant de la séance : « Mon amitié a souffert, mais ma justice a été satisfaite. » M. […] Molé avait sauvé la vie à M. de Vigny ; car, si le directeur de l’Académie n’avait pas fait cette exécution, le public était si irrité qu’il se serait fait justice de ses propres mains. » M.
Paul S’il y a des passions, la justice en est une et des plus déréglées, disait Moréas. […] Sans même parler de conscience, de justice, de respect des bonnes lettres, du lecteur, et des talents, à qui l’on fait tort en louant des niaiseries, cela lui est physiquement impossible.
Il me sera permis de rendre encore justice, non à moi-même, — ce qui ne serait pas convenable, — mais à la vérité, sur une particularité qui me regarde. […] C’était d’un seul coup blesser la justice, les règles et l’usage, qui les placent au-dessus des grands dignitaires et des princes du sang.
Heureusement que cela n’a pu durer qu’une représentation, et que, somme toute, sous l’excitation des opposants, une justice fatale empêcha les faux Wagnériens d’achever leur énormité. […] Chamberlain, rectifiant la chronologie wagnérienne, faisant justice de tous les lieux communs, de tous les préjugés qui ont cours à propos de Wagner, et les travaux de MM.
Or, les mêmes, de qui, dédaignant sans doute d’avoir été un précurseur dans la voie philosophique comme nous l’avons dit souvent 5 , le poète de Justice et de Bonheur souhaitait avec une étrange âpreté « régénérer l’inspiration languissante pour lutter contre les entreprises des novateurs » ! […] (Article de la Justice, Janvier 1893).
* * * — La Justice à deux degrés : chose absurde ! La Justice devrait apparaître infaillible comme le Pape.
L’Empereur ayant entendu parler à l’architecte des Tuileries, Lefuel, d’une somnambule qui l’avait étonné, en retrouvant, dans une promenade où elle était endormie, des pièces de monnaie perdues, des pièces de quarante sous, a voulu qu’à mesure qu’on démolissait, on fît tout voir à cette femme, espérant par elle retrouver des trésors, surtout le trésor, indiqué dans un récit venant d’un des domestiques de Louis XVII, comme enfoui devant lui, par Louis XVI, dans une salle à colonnes, où, sous une des colonnes déplacées, le Roi avait caché le sceptre, la main de justice, etc. […] » * * * — Depuis que la Justice existe, il n’y a eu qu’un procès qui ait été révisé : c’est celui de Jésus-Christ.
Au-dessous du Christ, là-bas au fond, le président, à la voix d’un vieux père noble édenté, dans le silence d’émotion de la salle, ânonne une lettre d’amour, dont il souligne chaque mot pour les jurés, avec une malignité de vieux juge, une sorte de bégayement sinistre, particulier aux gens de justice. […] Heures longues, où l’accusé retient sa tête entre ses deux mains, comme s’il la sentait moins solide sur ses épaules, et, pour ainsi dire, vacillante entre cette dispute qui s’en fait entre la Justice et la Défense.
Je me demande, comment toutes les plumes, tous les talents, toutes les indignations ne sont pas soulevées contre cet axiome blasphématoire, comment toutes les idées de justice, semées dans le monde par les philosophies anciennes, le christianisme, la vieillesse du monde, n’ont pas protesté contre cette souveraine proclamation de l’injustice, comment il n’y a pas eu insurrection contre cette intrusion du darwinisme en la réglementation contemporaine, et peut-être future de l’humanité, comment enfin, toutes les langues de l’Europe ne se sont pas associées, dans un manifeste de la conscience humaine, contre ce nouveau code barbare des nations. […] Tout ce fer et tout cet acier du bourreau, est entremêlé de moins cruelles curiosités de la vieille justice.
Il regarda donc pendant longtemps et jusqu’au vertige dans la profondeur de son âme, de sa foi, de ses amours, de ses haines, de ses vengeances, et il se dit : « Je ferai voir l’invisible, et je le rendrai si visible, par la puissance de ma foi et par la vigueur de mes pinceaux, que la terre et le ciel sembleront s’ouvrir aux yeux des hommes, et que je jouirai d’abord en ce temps, puis, par anticipation, dans l’éternité, de cette justice éternelle qui sera à la fois ma félicité et ma vengeance. […] Il rapporte avec justice l’idée générale du poème à cet incomparable fragment de la philosophie, de la raison et de l’éloquence antique dans Cicéron, intitulé le Songe de Scipion.
L’être qui déguisait les apparences et sa propre médiocrité sous les noms flatteurs de conscience, de réalité, espérant vivre parmi prétextes et mensonges aussi tranquille que le rat dans son classique fromage et, comme ce rat, décidé à en vivre, d’un cœur léger renonçait à toute justice suprême, à toute grandeur. […] C’est là et non dans le coma paisible, le radotage sans fin des après déjeuner et, comme le constate André Breton dès la seconde page du Manifeste du surréalisme : « Réduire l’imagination en esclavage, quand bien même il y irait de ce qu’on appelle grossièrement le bonheur, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve au fond de soi de justice suprême.
Pourtant une justice à leur rendre, c’est qu’ils ont accompli cette besogne avec une observation plus sagace, une exactitude plus scrupuleuse que leurs devanciers, les romantiques. […] — il est encore de beaux fils de France, taillés pour la lutte et la volupté, qui sont avides de continuer la vie des ancêtres selon son idéal de gloire, de justice et de raison.
Je ne trouve pas qu’on ait rendu assez de justice à ce témoignage parfaitement désintéressé de Sully.
Il la perdit après peu d’années de mariage, et tomba dans un abattement et un désespoir qu’il crut éternel ; on lui doit cette justice qu’il fit tout son effort pour conserver et consacrer cette disposition d’âme, et il eût volontiers écrit alors à M. de Tréville, ou à tel autre de ses amis avancé dans la pénitence, cette belle parole qui résume toute la piété d’un deuil vertueux : « Priez Dieu d’accroître mon courage et de me laisser ma douleur. » On a dans plusieurs lettres de lui, et dans des réflexions écrites en ce temps-là, l’expression très naturelle et très vive de ses sentiments ; il s’écriait : Dieu a rompu la seule chaîne qui m’attachait au monde ; je n’ai plus rien à y faire qu’à mourir ; je regarde la mort comme un moment heureux… Que je me trouve jeune !
Il avait remarqué dans l’histoire du monde un peuple célèbre, dont les institutions avaient quelque chose de singulier ; il a pensé que l’étude de l’histoire et des institutions de ce peuple pouvait faire naître quelques réflexions utiles ; mais, en rendant justice au savoir, au talent de plusieurs des historiens nationaux, il n’a point trouvé chez eux cette indépendance qui est la première qualité de l’historien.
Les habiles gens vous feront alors justice ; et les habiles gens décident toujours à la longue dans le public.
Buffon, avec un dédain superbe, commença le premier à attaquer Linné sur ses méthodes artificielles, et, même lorsqu’il en fut venu à reconnaître par expérience la nécessité des classifications, il ne lui rendit jamais pleine et entière justice : « Buffon antagoniste de Linné, que toujours il avait combattu, nous dit Linné lui-même dans des fragments de Mémoires, est obligé, bon gré mal gré (nolens, volens), de faire arranger les plantes du Jardin du roi d’après le système sexuel. » Buffon, en ce point, ne céda pas si aisément que le croyait Linné ; il ne consentit jamais, nous dit Blainville, à laisser entrer dans le jardin de botanique la méthode et la nomenclature de Linné, enseignes déployées ; « il permit seulement d’inscrire les noms donnés par Linné, mais à condition (chose incroyable si le génie n’était humain !)
Au nombre des charges que l’on amassait ou que l’on construisait contre Fouquet, la mission de Maucroix à Rome fut incriminée ; rappelé sur-le-champ, il eut à répondre devant la Commission de justice.
On en voit le thème : il s’indigne pour les siens, pour les hommes de sa cause, à cette seule idée de se faufiler dans l’armée royale ; ce serait abjurer le passé : Ce serait, dit-il en commençant, fouler aux pieds les cendres de nos martyrs et le sang de nos vaillants hommes, ce serait planter des potences sur les tombeaux de nos princes et grands capitaines morts, et condamner à pareille ignominie ceux qui, encore debout, ont voué leurs vies à Dieu, que de mettre ici en doute et sur le bureau avec quelle justice ils ont exercé leurs magnanimités ; ce serait craindre que Dieu même ne fût coupable ayant béni leurs armes, par lesquelles ils ont traité avec les rois selon le droit des gens, arrêté les injustes brûlements qui s’exerçaient de tous côtés, et acquis la paix à l’Église et à la France… Je dis donc que nous ne devons point être seuls désarmés quand toute la France est en armes, ni permettre à nos soldats de prêter serment aux capitaines qui l’ont prêté de nous exterminer, leur faire avoir en révérence les visages sur lesquels ils doivent faire trancher leurs coutelas, et de plus les faire marcher sous les drapeaux de la Croix blanche qui leur ont servi et doivent servir encore de quintaine (point de mire) et de blanc.
L’abbé de Montesquiou, étant venu faire part d’un arrêté au nom de l’ordre du clergé, prononce un discours et loue le secrétaire de l’Assemblée, c’est-à-dire Bailly, comme l’ami des pauvres et l’écrivain des hôpitaux : J’ai promis, s’écrie Bailly, que mon âme serait ici toute nue, et en conséquence je dirai que cette justice qui me fut rendue inopinément au milieu de mes collègues, dans une si digne assemblée et par un autre ordre que le mien, me causa une vive et sensible émotion.
. — C’est en avoir assez dit, je crois, et c’est rendre assez de justice à l’homme qui ressemble le moins à Tacite, mais qui cependant a son prix.
Le roi pourtant eut son avis, à lui, et démêla les qualités essentielles de son brave serviteur sous les défauts dont on le chargeait : « Le roi répondit qu’il avait toujours vu et connu que la colère et bizarrerie qui était en moi n’était sinon pour soutenir son service, lorsque je voyais qu’on le servait mal : or, jamais il n’avait ouï dire que j’eusse pris querelle avec personne pour mon particulier. » M. de Guise, favorable à Montluc, fit aussi cette remarque devant le roi, que le maréchal de Brissac se contredisait dans sa lettre, en déniant d’une part à Montluc l’ordre de talents nécessaires pour commander au nom du roi, et d’autre part en le louant si fort pour des qualités qui sont pourtant les principales en un homme de commandement, telles que d’être homme de grande police et de grande justice, et de savoir animer les soldats en toute entreprise : « Qui a jamais vu, ajoutait M. de Guise, qu’un homme doué de toutes ces bonnes parties n’eût avec lui de la colère ?
Les trois livres dont se compose l’ouvrage roulent : 1° sur l’homme, sa misère, ses faiblesses, ses passions ; sur la vie humaine, ses fluctuations et sa brièveté ; sur les différents états, conditions et genres de vie qui distinguent les hommes ; 2° sur la manière de s’affranchir des erreurs, de l’opinion ou des passions ; 3° enfin, sur les quatre vertus de prudence, justice, force et tempérance.
Il n’y a qu’un très petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur.
Tu m’as donné des chants pour te célébrere ; donne-moi les prières, donne-moi les larmes par où je puisse laver les taches de ma vie antérieure, poète trop peu chrétien ; et que tu n’aies point à me percer un jour de cette parole de David, qui est comme un javelot : « Pourquoi racontes-tu mes justices et prends-tu mon testament à travers tes lèvres ?
Quant à la noblesse et aristocratie de France, il l’estime, et sans assez de raison peut-être, beaucoup plus heureuse que celle d’outre-mer, « tant parce que celle-ci, dit-il, paie taille comme le peuple, qu’aussi pour la rigueur de justice qui est si ordinairement exercée contre eux, qu’il y en a qui tiennent à beaucoup d’honneur, et prennent la grandeur de leurs maisons par le nombre de leurs prédécesseurs qui ont eu la tête tranchée, au lieu que cela est fort rare parmi nous. » Il parle ici en jeune homme et avant Richelieu.
Il faut rendre cette justice à Emma, elle y met du temps.
Chez la plupart des baillis et chez la majorité des juges du syndicat la justice était vénale.
Son humanité a égaré sa justice.
J’aurais tout cela moins que Geoffroy, bien d’autres qualités moins encore, et je n’aurais de plus que lui qu’un amour de justice qui ferait des ennemis au rédacteur et pas un abonné au journal. » Parmi tous ces motifs de refus, il y en avait encore un autre, et le principal, que le malin ne mettait pas en ligne de compte, mais que le démon lui soufflait tout bas : c’est qu’il allait saisir la Renommée par un autre bout de l’aile.
Il n’y a pas à combattre, car on est disposé, même en se tenant à distance, à lui rendre toute justice et à reconnaître ses mérites d’esprit.
Le mot Dieu est toujours pour lui le signe représentatif de toutes les belles et suprêmes idées que l’humanité conçoit, pour lesquelles elle s’exalte et qu’elle adore ; mais il semble que ce soit quelque chose de plus encore à ses yeux qu’une expression ; il semble prêter décidément à l’intelligence, à la justice indéfectible et sans bornes, une existence indéfinissable, inconnue, mais réelle.
Quand on ouvre les Évangiles pour les lire sans parti pris, et en ayant passé l’éponge en soi sur toute doctrine préconçue, il en sort, au milieu de mainte obscurité, de mainte contradiction qu’on y rencontre, un souffle, une émanation de vérité morale toute nouvelle ; c’est le langage naïf et sublime de la pitié, de la miséricorde, de la mansuétude, de la justice vivifiée par l’esprit ; l’esprit en tout au-dessus de la lettre ; le cœur et la foi donnant à tout le sens et la vie ; la source du cœur jaillissante et renouvelée ; les prémices, les promesses d’une joie sans fin ; une immense consolation assurée par-delà les misères du présent, et, dès ici-bas, de la douceur jusque dans les larmes.
Un fragment d’ode (car cela n’a l’air que d’un fragment), à propos d’un meurtre célèbre, le meurtre de Fualdès, et dans laquelle est célébrée la Justice aux mains éternelles et inévitables, se dresse debout comme une colonne et rappelle vraiment Pindare ou Horace en ses grands jours.
C’est là que grandit, pour la gloire et le bonheur de l’espèce humaine, ce peuple artiste et poète qui s’éleva à la connaissance de la justice par le culte de la beauté. » Le livre de M.
L’Académie française, il faut lui rendre cette justice, n’a pas été des dernières à appeler les esprits dans cette voie plus libre et à la proclamer ouverte désormais.
Aucune forme de justice ne fut observée à son égard.
Je me suis laissé traîner à la remorque pour parler de ce livre important : c’est que, malgré le désir que j’avais de lui rendre toute justice, je sentais mon insuffisance pour en juger pertinemment et en pleine connaissance de cause, pour l’explorer et l’embrasser, comme il le faudrait, dans ses différentes parties.
Homme obscur, ignoré dans la république des lettres ; jeté, par cette force invisible qui maîtrise nos destinées, dans les agitations d’une vie errante et toujours malheureuse ; appelé, par un concours de circonstances extraordinaires, à des emplois redoutables, où le moment de la réflexion était sans cesse absorbé par la nécessité d’agir ; remplissant encore aujourd’hui des fonctions administratives, bien plus par l’amour de la justice et l’instinct du devoir que par la connaissance approfondie des principes sur lesquels nos grands maîtres ont établi l’art si difficile de l’administration publique ; demeuré, par une captivité longue et douloureuse, presque entièrement étranger aux nouveaux progrès que des savants recommandables ont fait faire à la science, mon premier devoir, Citoyens, est de faire ici l’aveu public de mon insuffisance, et de vous déclarer que tout ce que je puis offrir à cette Société respectable est l’hommage sincère, mais sans doute impuissant, de ma bonne volonté… » Et se voyant amené, par l’ordre des idées qu’il développait dans ce discours, à parler de la Révolution française, explosion et couronnement du xviiie siècle, de « cette Révolution à jamais étonnante qui, déplaçant tout, renversant tout, après des essais pénibles, souvent infructueux, quelquefois opposés, avait fini par tout remettre à sa véritable place », il s’écriait, cette fois avec le plein sentiment de son sujet et avec une véritable éloquence : « La Révolution !
On en est sorti enfin : les cités commencent ; on invente la justice ; les premiers législateurs font parler les dieux.
Les honnêtes gens se font justice à main armée, et Milon tue Clodius.
Je n’étais pas prévenue de son départ, et on le presse pour obvier aux plus noires et malicieuses insinuations du roi de Prusse : espérant, si le roi est au fait, qu’il ne se laissera pas entraîner par des méchants, comptant sur sa justice et sa tendresse pour sa chère petite femme.
La satire fait comme un accompagnement railleur aux préceptes didactiques : mais cela même, et certains dénis de justice, certaines duretés, font du poème une œuvre de polémique autant que de théorie : c’est le langage d’un homme qui ne sent pas encore son autorité très affermie ; un maître qui enseigne à plus de mesure et d’impartialité.
. — Herbert Spencer : Premiers principes ; les Bases de la Morale évolutionniste ; Introduction à la science sociale ; Justice. — Bain : la Science de l’éducation.
Dans Buffon, plus naturaliste que métaphysicien, plus de justice envers les animaux n’eût été que séant, car si en regard du matérialisme de son temps il a mis l’homme très haut, il ne l’a pas mis assez près de Dieu pour qu’il fût besoin de lui donner pour piédestal la nature animale dégradée.
Ainsi Joseph de Maistre trouvait dans le bourreau le fondement de l’ordre social que d’autres croient reconnaître dans la justice, dans l’amour ou dans la concurrence.
Ils chantent, dans leur isolement, avec la même assurance que si l’univers entier était suspendu à leurs lèvres et il faut leur rendre cette justice que s’ils aimaient les applaudissements, ils les ont quêtés fièrement, sans flagornerie ni bassesse.
Le bon sens a fait justice de cette singulière école esthétique de l’ironie, mise en vogue par Schlegel, où l’artiste, se drapant fièrement dans sa virtuosité et sa génialité, faisait exprès de ne présenter que des choses fades et insignifiantes, puis haussait les épaules sur le sens obtus du public, qui ne pouvait goûter ces platitudes.
La Justice, prologue.
On verrait, par exemple, que les races sauvages les plus basses ignorent la justice et la pitié ; qu’elles connaissent à peine certaines émotions esthétiques, comme celles de la musique ; que l’amour de la propriété se produit tard, et est, par conséquent, un sentiment ultérieur et dérivé.
[NdA] Des personnes très compétentes m’assurent que, tout en rendant justice à Pline, je n’accorde pas assez à Vincent de Beauvais, qu’en effet je connais trop peu, et je mets ici cette critique qu’on m’adresse, à titre de réparation.
C’est ici qu’il est véritablement curieux de l’observer, et qu’il convient de lui rendre la justice qui lui est due.
D’ailleurs, la nature supérieure et d’elle-même généreuse de M. de Lamartine se fait jour dans l’impartialité de quelques appréciations : il rend à Marmont, duc de Raguse, la justice qui lui est due pour sa défense de Paris, et il le lave du reproche de trahison en déterminant la part d’erreur et de faiblesse, commune alors à bien d’autres moins accusés.
Les curieux trouveraient dans le tome XV du Spectateur du Nord des articles sur Mallet du Pan, qui résument bien l’opinion des contemporains éclairés, au moment de sa mort : on y promet à sa mémoire la justice lente et sûre qui lui est rendue aujourd’hui.
L’histoire lui a rendu toute justice aujourd’hui.
La Providence, qui fait aux nations des origines et des destinées diverses, ouvre aussi à la justice et à la liberté plus d’une voie pour entrer dans les gouvernements ; et ce serait réduire follement leurs chances de succès, que les condamner à se produire toujours sous les mêmes traits et par les mêmes moyens.
Il y a eu, c’est vrai, des époques où l’on pensait autrement ; dans ces temps-là les choses sur lesquelles on marchait le prenaient quelquefois mal, et se soulevaient ; mais c’était l’ancien genre, ridicule maintenant, et il faut laisser dire les fâcheux et les grognons affirmant qu’il y avait plus de notion du droit, de la justice et de l’honneur dans les pavés d’autrefois que dans les hommes d’aujourd’hui.
Il n’est pas de si médiocre écrivain auquel il suffise, pour son coup d’essai, de découvrir des vérités applicables àun grand royaume, et qui ne reste mécontent de lui-même, s’il n’a pu renfermer le genre humain dans le sujet de son discours. » Le point de départ des études de M. de Tocqueville semble avoir été ce mot célèbre de M. de Serres : « La démocratie coule à pleins bords. » Il a cru que la révolution démocratique était inévitable, ou plutôt qu’elle était faite, et au lieu de raisonner à priori sur la justice ou l’injustice de ce grand fait, il a pensé qu’il valait mieux l’observer, et, laissant à d’autres le soin de l’exalter et de la flétrir, il s’est réservé de la connaître et de la comprendre.
De là cet appel de l’homme épouvanté des injustices terrestres à la justice céleste.
Après les épouvantables entr’actes de férocité et d’égoïsme de l’être grandissant, se réalisera peut-être le rêve de la religion déiste, une conscience suprême, rendant justice au pauvre, vengeant l’homme vertueux. […] Théoctiste nous a bien montré que seule l’hypothèse monothéiste se prête à la réalisation de nos idées les plus enracinées sur la nécessité d’une justice supérieure pour l’homme et l’humanité. […] De la réalité nous avons reçu trop de rudes avertissements ; au moment même où j’écris, l’humanité, qui se croyait civilisée, au moins quelque peu, est jetée en proie à l’une des guerres les plus énormes, et les plus écrasantes, qu’elle ait jamais peut-être soutenues ; deux peuples se sont affrontés, avec un fanatisme de rage dont il ne faut pas dire seulement qu’il est barbare, qu’il fait un retour à la barbarie, mais dont il faut avouer ceci, qu’il paraît prouver que l’humanité n’a rien gagné peut-être, depuis le commencement des cultures, si vraiment la même ancienne barbarie peut reparaître au moment qu’on s’y attend le moins, toute pareille, toute ancienne, toute la même, admirablement conservée, seule sincère peut-être, seule naturelle et spontanée sous les perfectionnements superficiels de ces cultures ; les arrachements que l’homme a laissés dans le règne animal, poussant d’étranges pousses, nous réservent peut-être d’incalculables surprises ; et sans courir au bout du monde, parmi nos Français mêmes, quels rudes avertissements n’avons-nous pas reçus, et en quelques années ; qui prévoyait qu’en pleine France toute la haine et toute la barbarie des anciennes guerres civiles religieuses en pleine période moderne serait sur le point d’exercer les mêmes anciens ravages ; derechef qui prévoyait, qui pouvait prévoir inversement que les mêmes hommes, qui alors combattaient l’injustice d’État, seraient exactement les mêmes qui, à peine victorieux, exerceraient pour leur compte cette même injustice ; qui pouvait prévoir, et cette irruption de barbarie, et ce retournement de servitude ; qui pouvait prévoir qu’un grand tribun, en moins de quatre ans, deviendrait un épais affabulateur, et que des plus hautes revendications de la justice il tomberait aux plus basses pratiques de la démagogie ; qui pouvait prévoir que de tant de mal il sortirait tant de bien, et de tant de bien, tant de mal ; de tant d’indifférence tant de crise, et de tant de crise tant d’indifférence ; qui aujourd’hui répondrait de l’humanité, qui répondrait d’un peuple, qui répondrait d’un homme.
* * * — Je me demandais comment était née la justice dans le monde ? […] Ces aquarelles représentent des panathénées de judicature, des rencontres d’avocats, des défilés de juges, sur des fonds blafards, éclairés du jour sinistre d’un cabinet de juge d’instruction, de la lumière grise d’un corridor de palais de justice. […] Sous la salle où l’on se marie, c’est la justice de paix, et celle-ci y va sans doute pour quelque démêlé avec son tapissier.
Je n’ai jamais aimé les petites chapelles, coteries littéraires, ou de quelque nom qu’on les nomme, et puis me rendre cette justice de n’avoir pas tenté une démarche en vue de participer aux bénéfices du groupement. […] Mais lui rendre témoignage en un livre où précisément l’exécution correspond au double principe de notre génie français, résumé dans ces deux mots : sobriété du détail, pureté de la forme, c’est assez pour qu’à ce premier sous-titre : Roman, nous puissions substituer celui de Poème en Prose, qui plus exactement fait justice à son mérite. […] celui-là connaissait bien un sexe pour qui l’idée de justice toute nue correspond précisément à l’abstraction ennemie de sa nature, et tellement hostile à son tempérament qu’elle aime mieux la négliger de parti pris que d’y plier les prédilections de son cœur. […] Ce sont l’Ordre, reposant tout entier sur le principe d’autorité, qui maintient entre les divers membres du groupe, comme entre les pièces d’un organisme savamment assemblées, les rapports de dépendance et de hiérarchie propres à assurer leur fonctionnement… La Morale, qui envisage l’être individuel, comme un composé d’instincts bons et mauvais, entre lesquels se poursuit une lutte sans trêve, les uns conservateurs, les autres destructeurs de la personnalité, répondant de façon frappante d’ailleurs à cette théorie biologique de la Phagocytose, ou lutte entre les bons et mauvais microbes qui constituent l’être physique et rivalisent entre eux pour la destruction ou la durée de celui-ci… La Religion, enfin, qui reposant au fond sur l’idée kantienne, perçue bien avant Kant, de la relativité de la connaissance, propose l’hypothèse d’une Destinée supra-terrestre, laquelle peut seule donner un sens à la vie… la Religion, le plus puissant de tous les freins, assise même de l’ordre social, sur laquelle durant tant de siècles s’appuya l’édifice, et dont un penseur de nos jours a pu dire, en termes d’autant plus saisissants qu’il n’y voyait que le dernier soutien de cet ordre compromis : « On peut évaluer son apport dans nos sociétés modernes, ce qu’elle y a introduit de pudeur, de douceur et d’humanité, ce qu’elle y entretient d’honnêteté, de bonne foi et de justice. » Veut-on maintenant qu’au type normal nous opposions son contraire ?
Se perfectionner par la justice, ou se faire saint, en observant la loi temporelle et en la développant dans son entière vérité, tel est le but indiqué à l’homme par la morale ; … se perfectionner par l’art ou, si j’ose me servir de cette expression familière, se faire beau, en épurant sans cesse, à l’instar de notre âme, les formes qui nous entourent, tel est l’objet de l’esthétique. L’une nous enseigne la tempérance, le courage, la pudeur, la fraternité, le dévouement, le travail, la justice ; l’autre nous purifie, nous pare, nous environne de splendeur et d’élégance. […] Et cela se comprend : étant des médiocrités, ils ne blessent personne, ils sont aimables, bons enfants à la surface, et n’offrent pas de ces angles dont sont pleins ceux qui sont doués ; mais le temps fait bonne et prompte justice des médiocrités. […] Ce qui ressort le plus clairement de ses tristesses et de ses douloureux tâtonnements actuels, ce sont ses aspirations vers la Justice et la Vérité.
Mais, d’abord, il faut que je m’excuse de venir ainsi parler de moi-même, à cette place où j’ai coutume (on me rendra cette justice) d’introduire ordinairement des écrivains considérables. […] Charles de Rouvre auront voué tout leur talent au service de la pitié sociale, de la justice fraternelle, et imposé, par le prestige de l’art, l’angoisse de ces problèmes aux plus indifférents. […] Il faut qu’à leur exemple nous parlions des misérables avec sympathie et justice. […] Ce n’est qu’un chef de bande, le seigneur d’une famille guerrière, qui va par pays, cherchant noises, livrant batailles, rendant la justice (et quelle justice !) […] Tôt ou tard, cette généreuse imprudence sera récompensée… La cité antique reposait sur des fondements qui répugnent à nos idées de justice et de charité.
Voilà des années, cependant, qu’un érudit qui contait mieux que personne de France, aujourd’hui, les choses du jansénisme, avait fait justice de ces suppositions. […] Il y a une justice ; et il ne faut pas enfin croire que tous ceux qui nous ont précédés aient rempli si médiocrement la tâche qu’ils s’étaient donnée qu’elle soit toujours à reprendre. […] Ses deux femmes le poursuivent en justice. […] Pour les gens de justice, je n’en parlerai point… » C’est un morceau de bravoure, comme on en rencontre tant et de si lestement troussés dans la comédie de Regnard. […] Le curé le fit déposer dans son église, en attendant la justice, qui fut appelée, comme c’est l’usage lorsqu’un cadavre a été trouvé.
Il en revient toujours à ses projets de lois somptuaires pour arrêter le luxe et forcer la bourgeoisie, les gens de justice, police, finance, d’écritoire (c’est tout dire), « qui sont ceux qui se jettent aujourd’hui le plus sur le luxe », à rétrograder jusqu’aux mœurs de Louis XII ou de Charles VIII et de Louis XI.
» Dans les dernières années de sa vie enfin, étant revenu habiter à Lausanne, sa conversation habituelle était en français, et il craint que les derniers volumes de son Histoire de la décadence et de la chute de l’Empire romain, composés durant cette époque, ne s’en ressentent : « La constante habitude, dit-il, de parler une langue et d’écrire dans une autre peut bien avoir infusé quelque mélange de gallicismes dans mon style. » Si ce sont là pour lui des inconvénients et peut-être des torts aux yeux des purs Bretons, que ce soit au moins à nos yeux une raison de nous occuper de lui et de lui rendre une justice plus particulière, comme à un auteur éminent qui a été en partie des nôtres.
Saint Louis, né le 25 avril 1214 ou 121588, roi en 1226 à l’âge de douze ans sous la tutelle de sa sage et prudente mère, arrivé à sa majorité vers 1236, avait grandement commencé à ordonner son royaume d’après de bonnes lois, à y réprimer les entreprises des seigneurs, à y faire prévaloir la justice, la piété, à se faire respecter de ses voisins pour son amour de la paix et sa fidélité à ses engagements, lorsque, ayant été pris d’une grande maladie (décembre 1244), et étant tombé dans un tel état qu’on le crut mort, et qu’une dame qui le gardait voulait déjà lui tirer le drap sur le visage, il conçut au fond de son âme la pensée de se croiser ; au premier moment où il se sentit mieux et où il recouvra l’usage de ses sens, il appela à son lit l’évêque de Paris.
La Fare rend pourtant cette justice au cardinal de Richelieu « qu’avec cette jalousie qu’il avait de l’autorité royale et de la sienne qu’il en croyait inséparable, il aima et récompensa la vertu partout où elle ne lui fut pas contraire, et employa volontiers les gens de mérite ».
Un jour, la fille du poète Roucher, écrivant à son père alors sous les verrous, relevait avec une sagacité remarquable et un sentiment de préférence filiale bien permis les défauts de la traduction de Delille au début des Géorgiques : « Mais d’un autre côté, répondait à sa fille l’honnête Roucher, tu ne me parais pas rendre toute la justice qui est due à sa grâce, à son harmonie, à ce je ne sais quoi qui plaît, même dans sa manière française, aux amateurs impartiaux de l’Antiquité. » On voit que je tiens à accorder à Delille tout ce qui se peut raisonnablement.
Puis l’invention commença, grossière en naissant et pesante : on eut l’escabeau à trois pieds, la table massive qui servait de siège : l’immortel Alfred n’avait point d’autre trône, et c’est de là que, sceptre en main, il vendait la justice à ses royaumes enfants.
Il lui a rendu cette justice, qu’elle fit tout pour l’en tirer : Le vice à son aspect n’osait jamais paraître : De mes sens mutinés elle m’a rendu maître ; C’était par la vertu qu’on plaisait à ses yeux.
Par un décret du Sénat de juillet 1778, il fut arrêté « que toute la procédure qu’on avait faite contre lui serait biffée des registres, qu’on lui rendrait son amende » ; et on lui décerna de plus une médaille d’or au nom de la ville, représentant une Justice qui tient une couronne, avec cette légende : De Republica bene merito. — C’est par cette petite historiette républicaine que s’ouvrent les mémoires de cour du baron de Besenval.
Elle s’en plaignit au grand-papa, c’est-à-dire au premier ministre, pour qu’on châtiât Fréron : de quoi Horace Walpole, dès qu’il le sut, se montra très contrarié : « Nous aimons tant la liberté de l’imprimerie, disait-il, que j’aimerais mieux en être maltraité que de la supprimer. » Fréron n’avait fait, d’ailleurs, que rapporter un ouvrage traduit de l’anglais, et il n’y avait de reproche à lui faire que d’avoir reproduit cette traduction : « Dans l’exacte justice, disait M. de Choiseul, c’est le censeur qui a tort et non pas Fréron ; ils seront cependant corrigés l’un et l’autre. » Mme de Choiseul avait été mise en mouvement pour cette affaire, mais elle sent vite qu’il faut se mêler le moins possible de toutes ces tracasseries où assez d’autres se complaisent : Ne nous fourrons pas, ma chère enfant, dans les querelles littéraires ; si nous nous en sommes mêlées, c’était pour en tirer notre ami, et non pour y entrer : elles ne sont bonnes qu’à déprécier les talents, mettre au jour les ridicules.
Quant à l’air, il remerciait Dieu de l’avoir trouvé si doux, car il inclinait plutôt sur trop de chaud que de froid, et en tout ce voyage, jusques lors, n’avions eu que trois jours de froid et de pluie environ une heure ; mais que du demeurant, s’il avait à promener sa fille, qui n’a que huit ans, il l’aimerait autant en ce chemin qu’en une allée de son jardin ; et quant aux logis, il ne vit jamais contrée où ils fussent si dru semés et si beaux, ayant toujours logé dans belles villes bien fournies de vivres, devin, et à meilleure raison qu’ailleurs. » Montaigne, à la veille de quitter l’Allemagne et le Tyrol autrichien, écrit une lettre à François Hotman, ce célèbre jurisconsulte qu’il avait rencontré à Bâle, pour lui exprimer sa satisfaction de tout ce qu’il a vu dans le pays et le regret qu’il avait d’en partir si tôt, quoique ce fût en Italie qu’il allât ; ajoutant qu’excepté quelques exactions à peu près inévitables des hôteliers guides et truchements, « tout le demeurant lui semblait plein de commodité et de courtoisie, et surtout de justice et de sûreté. » Cette première partie de son voyage, dont il se montrait si enchanté, n’avait fait que le mettre en goût et en appétit de découverte.
Tout le monde parmi les érudits ne rend pas assez de justice à Apulée, à ce Romain d’Afrique né sous Trajan, et qui nous a conservé tant de bons contes que l’on chercherait en vain autre part que chez lui, qui nous les a cousus et enchâssés dans un tissu de style recherché et perlé, étincelant de manière et de grâce.
Il y a de ces justices imprévues que le monde parfois se plaît à faire.
Pie VII, de douce et bénigne figure, ne compromettait point la cause romaine en paraissant au milieu de nous ; Rome eût gagné à n’être que lui seul, et ce mot du Pontife à un jeune homme qui, dans une rue de Paris, se dérobait par la fuite à sa bénédiction, est le mot de la situation même : « Jeune homme, la bénédiction d’un vieillard ne fait jamais de mal. » C’était l’impression la plus générale de la France à ce moment ; on était dans une période de sentiment, de pitié et de justice, en même temps qu’à une ère recommençante de grande politique, et la politique véritable consistait précisément à respecter et à reconnaître toutes ces dispositions publiques, à se donner faveur et force en y satisfaisant.
Aimer Boileau… mais non, on n’aime pas Boileau, on l’estime, on le respecte ; on admire sa probité, sa raison, par instants sa verve, et, si l’on est tenté de l’aimer, c’est uniquement pour cette équité souveraine qui lui a fait rendre une si ferme justice aux grands poètes ses contemporains, et en particulier à celui qu’il proclame le premier de tous, à Molière.
» Il le redit, non moins excellemment, dans un article sur Ary Scheffer, en faisant remarquer que cet esprit si distingué et si élevé n’a pas assez compris que la pensée pittoresque n’avait rien de commun avec la pensée poétique : « Un effet d’ombre ou de clair, une ligne d’un tour rare, une attitude nouvelle, un type frappant par sa beauté ou sa bizarrerie, un contraste heureux de couleur, voilà des pensées comme en trouvent dans le spectacle des choses les peintres de tempérament, les peintres nés. » Aussi, tout en rendant justice aux sentiments et aux intentions épurées de ce « poète de la peinture » comme il l’appelle, il ne l’a loué en toute sincérité et franchise que pour certains portraits où le sens moral n’a fait qu’aiguiser l’observation et donner plus de vie à la vérité.
Et ici rendons toute justice à Vaugelas.
Comme il n’a été suivi d’aucune œuvre littéraire proprement dite, on ne lui avait pas rendu jusqu’ici assez de justice littérairement ni moralement.
Herman, en présence du baron Fritz, ce beau-frère entiché de sa noblesse et des vieux préjugés germaniques, maintient lui-même le rôle du noble moderne converti aux idées du siècle : il répond à l’accusation banale d’être un déserteur de sa caste et de n’avoir ni foi ni principes : « Croyez plutôt, dit-il en parlant des Biron, des Custine, des La Fayette, qu’il a fallu une foi bien ferme à ces déserteurs qui, dans la solitude de leur conscience, se sont voués à la haine de ceux qu’ils abandonnaient, à la méfiance de ceux qu’ils voulaient servir, sans autre espoir que la justice tardive de la postérité. » Mais ce commencement de discussion entre Herman et Fritz est arrêté à temps par un-geste d’Emma qui n’entend pas que ses deux adorateurs, comme elle dit, combattent sur ce terrain, et qui les rappelle à l’ordre.
Prenons une comparaison bien sensible pour nous : en faisant justice des Précieuses ridicules, en faisant main basse sur leur faux jargon avec sa verve la plus vigoureuse, Molière ne laissait pas à ce qu’on appelait les bonnes précieuses la ressource de se distinguer des autres et de leur survivre.
Taine dans la personne et dans le talent de Pope ; car nul n’apprécie mieux que lui Addison, le premier type de l’urbanité anglaise, en tant qu’il y a urbanité : il juge excellemment Addison et son genre moyen, discret, moral, bienséant, ce Quod decet que le premier il enseigna à ses compatriotes ; il rend toute justice aux divers personnages si bien esquissés dans son Spectateur, et qui sont si anglais toujours de physionomie.
En supprimant ces endroits, on a fait un sacrifice à la convenance et peut-être à la justice, puisque M.
C’était moins de l’envie que de la justice révoltée en elle.
Massillon, dans ce magnifique Discours pour la bénédiction des drapeaux, rendait à Catinat cette justice entre tous les guerriers que « la sagesse était comme née avec lui. ».
Les marabouts, très respectés parmi eux, sont des nobles qui ont abdiqué tout rôle politique dans la gestion des affaires pour conquérir une plus grande autorité religieuse, et pour exercer une sorte de magistrature libre dans l’ordre de la justice et de l’instruction publique.
En même temps elle se néglige quelquefois un peu vis-à-vis du comte et de la comtesse de Provence ; mais elle répare cela avec beaucoup de grâce dans d’autres moments… » L’observateur montre la reine encore étrangère à la politique, s’abstenant d’y intervenir sérieusement, et, jusqu’alors, en fait de ministres, n’en aimant aucun : « Elle les juge comme tout le public qui est toujours mécontent d’eux ; et comme les entours de cette princesse sont la plupart intéressés à décréditer le ministère quelconque et accoutumés à tout critiquer et à faire des plaisanteries sur tout, il arrive de là qu’elle ne connaît jamais aucun homme en place du bon côté, et ne voit que ses défauts ou ceux qu’on lui impute, et que souvent il n’a pas. » Le côté agréable est mis en relief sans être exagéré ; justice est rendue à toutes les qualités séduisantes déployées dans l’intimité.
Il devra surtout, dans la Notice qu’on attend de son savoir et de sa fermeté d’esprit, tenir compte de tous les travaux antérieurs, profiter des vues justes, faire justice des fausses, accueillir et rejeter avec choix dans ce qu’on propose, être un rapporteur enfin et même un juge en dernier ressort.
Cette province est un bel exemple pour les autres, et surtout de respecter les gouverneurs et les gouvernantes, de ne leur point dire d’injures et de ne point jeter de pierres dans leur jardin ; » et enfin : « Vous me parlez bien plaisamment de nos misères : nous ne sommes plus si roués ; un en huit jours seulement pour entretenir la justice : la penderie me paroît maintenant un rafraîchissement. » Le duc de Chaulnes, qui a provoqué toutes ces vengeances, parce qu’on a jeté des pierres dans son jardin et qu’on lui a dit mille injures dont la plus douce et la plus familière était gros cochon, ne baisse pas pour cela d’un cran dans l’amitié de Mme de Sévigné ; il reste toujours pour elle et pour Mme de Grignan notre bon duc à tour de bras ; bien plus, lorsqu’il est nommé ambassadeur à Home et qu’il part du pays, il laisse toute la Bretagne en tristesse.
Homère lui révèle d’abord un monde supérieur, une immortalité de l’âme, un jugement de nos actions après la vie, une justice souveraine, une expiation, une rémunération, selon nos vertus ou nos crimes, des cieux et des enfers ; tout cela altéré de fables ou d’allégories, sans doute, mais tout cela visible et transparent sous les symboles, comme la forme sous le vêtement qui la révèle en la voilant.
C’est sans doute ma faute ; et lorsque, ensuite, je l’ai vu si digne dans l’affaire des faux autographes, si décidé à braver le ridicule, à sacrifier sa réputation et toute sa vie à la justice et à la vérité, je n’ai plus eu d’étonnement.
Joubert rendait encore à Diderot cette justice qu’il y a bien plus de folies de style que de folies d’idées dans ses ouvrages.
En s’adressant à ces chefs arabes, à ces ulémas et docteurs révérés, à ces honnêtes gens du pays, en essayant auprès d’eux sa politique de ménagement et de réparation pour ces grands intérêts de toute société, la religion, la propriété, la justice, le jeune conquérant se faisait la main pour ce qu’il devait accomplir ailleurs de bien plus délicat.
Il lui est habituel de dire : « Il était trop tôt… il était trop tard… Dieu commençait seulement à exercer ses justices et à donner ses leçons (p. 31). » Qu’en savez vous ?
Ne fais pas de mal à une fourmi qui traîne un grain de blé, car elle a une vie, et la douce vie est un bien… C’est cet esprit de sagesse, d’élévation, de justice et de douceur qui circule à travers l’immense poème de Ferdousi, et qu’on y respire dans les intervalles où pénètre la lumière.
Tout en rendant justice à Geoffroy, on sent que c’était celui dont il s’éloignait le plus par ses habitudes polies et par le ton.
Il n’y a qu’un très petit nombre de vrais amis sur qui je compte, non par intérêt, mais par pure estime ; non pour vouloir tirer aucun parti d’eux, mais pour leur faire justice en ne me défiant point de leur cœur.
Il me suffit, à moi, de raconter et d’exposer fidèlement, de manière que chacun puisse profiter des choses de l’esprit et du bon langage, et soit à même de faire justice des autres parties toutes morales que je n’ai garde de dissimuler.
Pasquier ne pressait pas trop ces questions premières ; mais pour lui, dans sa splendeur et sa plénitude actuelle, le Parlement représentait la majesté de la couronne qui réside en Justice, et qui ne meurt pas.
Pourtant, sa bonté de cœur l’emportant encore sur sa fierté et sur son mépris : « Mais ceci me déplaît, ajoute-t-il douloureusement, de voir des natures débonnaires et capables de justice se corrompre tous les jours au maniement et commandement de cette confusion… Nous avions assez d’âmes mal nées, sans gâter les bonnes et généreuses. » Pour lui, dans ce malheur, il cherche plutôt une occasion et un motif de se fortifier et de se retremper.
On se console des revers de cette existence présente en songeant que la postérité nous rendra plus de justice.
On a un tableau ironique comme en aurait pu tracer un Philippe de Commynes, et il le termine par ces considérations si dignes de lui, de l’homme resté, en tout temps, royal : Je reconnus en cette occasion que tout parti composé de plusieurs corps qui n’ont aucune liaison que celle que leur donne la légèreté de leurs esprits…, n’a pas grande subsistance ; que ce qui ne se maintient que par une autorité précaire n’est pas de grande durée ; que ceux qui combattent contre une puissance légitime sont à demi défaits par leur imagination ; que les pensées qui leur viennent, qu’ils ne sont pas seulement exposés au hasard de perdre la vie par les armes, mais, qui plus est, par les voies de la justice s’ils sont pris, leur représentant des bourreaux au même temps qu’ils affrontent les ennemis, rendent la partie fort inégale, y ayant peu de courages assez serrés pour passer par-dessus ces considérations avec autant de résolution que s’ils ne les connaissaient pas.
À l’histoire seule appartient le devoir de l’apprécier dans son ensemble, de marquer avec impartialité les mérites, les grandeurs et les défauts du souverain, et de prendre toute sa mesure : c’est assez pour la critique littéraire, si elle a pu rendre sur un point un hommage et une justice bien dus au plus littéraire des rois.
L’avocat affirme, que le duc d’Aumale a pétitionné la présidence, qu’il l’a arrachée, contre toute justice, au général Schramm, que c’est enfin, pour le prince, un moyen de se produire.
Les personnes que l’harmonie douce de Lamartine requiert ne pouvaient, en bonne justice, ne point admirer les beaux vers publiés dans le premier Parnasse, et la chuchotante, magique, illuminée harmonie de l’Après-midi d’un Faune.
Les curieux sçavent bien qu’on ne rendroit pas au Titien la justice qui lui est duë, si l’on vouloit juger de son merite par celles des mosaïques de l’église de saint Marc de Venise, qui furent faites sur les desseins de ce maître de la couleur.
Si la justice est une vertu, c’est parce qu’elle respecte les nécessités vitales ; l’homicide est un crime pour la raison opposée.
Notre nation, grâce à l’excellence de ses qualités naturelles et acquises, a toujours fait bonne et prompte justice de ces entreprises téméraires.
Je dois rendre cette justice à Verlaine, qu’il refusa de s’embrigader parmi les chevaliers du Symbole, poussant l’abnégation jusqu’à se séparer de ses caudataires pour demeurer seul avec son idée.
Ici la passion de groupe, de coterie, de parti, et l’opposition politique, ne semblent plus rien dans cette absence de justice ou de sagacité.
Il a la balance, comme un peseur d’or, mais il n’a pas le couteau qui retranche et qui est l’instrument et le complément de la Justice.
Ils n’avaient pas cet amour fraternel et ce respect de la vie humaine qui peuvent seuls édifier une œuvre de justice, soit en littérature, soit en politique.
On n’a plus le droit de cacher son opinion ; on a sa foi, on a ses doutes, on a son idéal, sur lequel on sera jugé plus encore que sur son talent ; on a par-dessus tout, si l’on est digne d’écrire, la sainte passion de la vérité et de la justice ; quoi qu’il advienne, on veut lui rendre témoignage. […] Mais en même temps cette histoire rattachera chaque branche au tronc primordial ; elle fera aussi justice des superfétations parasites que l’on a voulu enter sur les rameaux légitimes. […] Ce nouveau monde de paix, de justice et de charité qui va surgir n’est que la floraison progressive et naturelle de l’ancien monde. […] Le mot de martyr veut dire témoin ; tout témoignage en faveur de la vérité et de la justice entraîne quelque chose des souffrances et de la grandeur du martyre. […] Si on la juge comme il faut la juger, comme nos siècles chrétiens demandent à être jugés eux-mêmes, sur les grands hommes qui en sont les types, l’antiquité aussi a vénéré la justice, la piété, le dévouement et la pudeur.
Qu’ils vivent avec sécurité, sachant que c’est sous Marc-Aurèle. » Il défendit même avec une compassion délicate qu’on reprochât en justice aux enfants de Cassius le crime de leur père. […] On suit pour ainsi dire sa croissance vers la perfection ; on le voit grandir en héroïsme, en justice, en beauté morale : il monte au sommet de la vertu humaine par des degrés de sublimité. […] » De ces retraites en lui-même, il sort fortifié et tranquillisé, muni, comme d’un viatique, d’un optimisme calmant qui le fait compatir au mal en lui révélant sa fatalité : — « C’est toujours malgré elle qu’une âme est privée de la vérité et de la justice. […] Dieu vous ha fait justice ! […] Elle convoqua le ban et l’arrière-ban de sa parenté et vint, traînant à ses jupes quatre cents dames du plus haut parage, demander au roi justice de l’affront qu’elle avait reçu.
Son étude est de les rendre bons, de leur faire aimer la justice et l’équité. […] Tout en rendant justice à la supériorité avec laquelle le nu y est rendu, ils insistèrent sur ce que ce défaut de costume avait d’invraisemblable, et combien il choquait à la fois les habitudes reçues et surtout la morale. […] C’est qu’en effet, s’il n’y a pas de véritable civilisation tant que les lois de la justice restent inconnues, il est également vrai qu’il n’y a point d’art tant qu’on ne s’est pas appliqué à la recherche des proportions qui constituent le beau visible. […] Il faut cependant leur rendre cette justice : ils aimaient les arts ; ils ont poussé Michel-Ange et Raphaël. […] Les jeunes élèves qu’enseignait alors David reprochaient également à Girodet de se donner trop de peine pour si peu de résultats ; et, tout en rendant justice à son mérite comme dessinateur, ils lui reprochaient le maniéré, l’afféterie de ses expressions, la recherche de ses pensées.
La pitié ou la simple justice, qui suffit et même qui vaut mieux, sont peut-être des luxes pour époques de civilisation plus affinée. […] Henri de Régnier croit aux redressements futurs pour les grands poètes méconnus ou insultés et à la justice des siècles. […] Celui-ci a rendu aussi toute justice à Michelet, que Sainte-Beuve détestait, et à Flaubert, que le lundiste n’estimait qu’avec des réserves. […] Taine ne rendait pas non plus toute justice à Boileau, que Victor Hugo et Flaubert estimaient tant. […] Le public tenait compte de leurs préventions, et leurs dénis de justice n’excluaient pas certaines observations en partie fondées et salutaires.
C’était la justice ! […] La critique littéraire n’est d’aucun parti ; elle demande seulement aux partis d’offrir une portion de justice et de raison suffisante pour servir de fond solide à la poésie. […] Il faut absolument que cette indulgence contienne une part de raison, de justice, de vérité morale ; sans quoi la poésie manque de fond solide et ne saurait avoir aucune valeur sérieuse. […] Dès lors, la Commune perd jusqu’à l’apparence d’un droit et d’une justice quelconque. […] Guizot a partout donné l’exemple de cette justice distributive.
Les fastes des magistrats étoient les jours où il étoit permis de plaider ; & ceux auxquels on ne plaidoit pas s’appelloient nefastes, nefasti, parce qu’alors on ne pouvoit parler, fari, en justice. […] Il y a dans Paris plusieurs lieux de franchises, où les débiteurs ne peuvent être saisis pour leurs dettes par la justice ordinaire, & où les ouvriers peuvent exercer leurs métiers sans être passés maîtres. […] Faire des graces, répandre des graces, est le plus bel apanage de la souveraineté, c’est faire du bien : c’est plus que justice. […] « Contemple la nature divine, illumine ton esprit, gouverne ton coeur, marche dans la voie de la justice ; que le Dieu du ciel & de la terre soit toûjours présent à tes yeux. […] Vous prononcez les termes abstraits, grandeur, vérité, justice, fini, infini ; mais ce mot grandeur est-il autre chose qu’un mouvement de votre langue qui frappe l’air, si vous n’avez pas l’image de quelque grandeur ?
Il souhaite le règne de la raison et de la justice. […] Il faut lui rendre cette justice que, sauf une grosse faute du goût, M. […] Mais ayant le cœur généreux et bon, il accorde à chacun les mêmes droits, selon la justice. […] Il met une justice distributive dans sa misanthropie. […] Il n’a pas rendu pleine justice à Taine, ni à Renan, qu’on ne peut pourtant pas assimiler aux pédants modernistes.
Première partie, le mal Ceux qui veulent à tout prix découvrir dans l’histoire l’application d’une rigoureuse justice distributive s’imposent une tâche assez rude. […] Il y a une justice pour elle ; il ne lui est pas loisible de s’abandonner, de négliger sa vocation ; il est évident que la Providence l’aime ; car elle la châtie. […] La nature a fait une race d’ouvriers, c’est la race chinoise, d’une dextérité de main merveilleuse sans presque aucun sentiment d’honneur ; gouvernez-la avec justice, en prélevant d’elle pour le bienfait d’un tel gouvernement un ample douaire au profit de la race conquérante, elle sera satisfaite ; — une race de travailleurs de la terre, c’est le nègre ; soyez pour lui bon et humain, et tout sera dans l’ordre ; — une race de maîtres et de soldats, c’est la race européenne.
À ces causes, la justice fut touchée de ses plaintes. […] Ajoutez que l’indignation publique faisait justice de toutes ces tracasseries mesquines : aller aux marionnettes, y prendre sa part du dialogue malin, y chanter tout haut ces mille couplets grivois, prêter sa voix et son geste à ces pauvres créatures rendues muettes par ordre du Parlement, c’était faire acte d’indépendance. […] Est-ce qu’elles auraient demandé justice ? […] Provost, dans le rôle de Chrysale, se ressent de ce mélange heureux de justice et de faiblesse, de bon sens et de bonté qui distingue cet excellent Chrysale, fanfaron loin de sa femme, mais reprenant son humble attitude dès qu’il entend gronder chez lui. — « Ce n’est pas ma femme que je crains, disait un sage ; je crains le bruit ! […] Laissez-moi assister à ce duel solennel de la vérité et du mensonge, de la philosophie et du sophisme ; que j’entende retentir douloureusement ce mot terrible de la justice : J’ai perdu !
Ou celle-ci encore, plus significative : Ce jour de ta justice, ce beau jour de lumière qui éclairera, qui illuminera, qui éblouira le monde, je l’attends, Seigneur, je l’espère, je le désire avec toute l’ardeur, avec toute la fièvre de ma foi inébranlable. […] C’était elle seule, et non pas les cours de France ou d’Angleterre, que ce grand homme se représentait devant la justice de ses pensées, quand il en sut anticiper ainsi l’arrêt89 » ; 5° Le parallèle Quand on compare entre eux deux sujets (caractères ou portraits, etc.) le morceau s’appelle : Parallèle. […] Pouvez-vous supposer qu’après avoir respecté sa vie, lorsqu’il pouvoit la lui arracher avec justice, dans un lieu, à un moment favorable, avec la certitude de l’impunité, il ait pu l’entreprendre contre toute justice, dans un lieu suspect, dans une circonstance défavorable, au risque d’être puni capitalement ?
Grands ou petits, coupables ou innocents, intéressés ou indifférents à son histoire, ils sont tous constamment occupés de lui ; les uns avec remords, les autres avec affection et douleur, d’autres encore simplement avec curiosité, quelques-uns même sans curiosité et uniquement par occasion : par exemple, ce grossier fossoyeur qui avait, dit-il, commencé son métier le jour où feu ce grand roi avait remporté une grande victoire sur son voisin le roi de Norvège, et qui, en le continuant pour creuser la fosse de la belle Ophélia, la maîtresse folle de Hamlet fou, retrouve le crâne du pauvre Yorick, ce bouffon du roi défunt, le crâne du bouffon de ce spectre qui sort à chaque instant de son tombeau pour troubler les vivants et obtenir justice de son assassin. […] L’homme le plus vertueux, le plus aimable et le plus instruit de l’Angleterre sous Charles Ier, de qui lord Clarendon a dit : « Qu’il faudrait haïr la révolution, ne fût-ce que pour avoir causé la mort d’un tel homme. » Après avoir énergiquement défendu dans le parlement, contre Charles Ier, les libertés de son pays, il se rallia à la cause de ce prince lorsqu’elle devint celle de la justice ; et ministre de Charles Ier, il se fit tuer à la bataille de Newbury, de désespoir des malheurs qu’il prévoyait : il avait alors trente-trois ans. […] Toutes sont rapportées par les historiens du temps comme des lois sages et bienfaisantes ; et si Macbeth fût arrivé au trône par des moyens légitimes, s’il eût continué dans les voies de la justice comme il avait commencé, il aurait pu, dit la chronique de Hollinshed, « être compté au nombre des plus grands princes qui eussent jamais régné. » Mais ce n’était, continue notre chronique, qu’un zèle d’équité contrefait et contraire à son inclination naturelle. Macbeth se montra enfin tel qu’il était ; et le même sentiment de sa situation qui l’avait porté à rechercher la faveur publique par la justice changea la justice en cruauté ; « car les remords de sa conscience le tenaient dans une crainte continuelle qu’on ne le servît de la même coupe qu’il avait administrée à son prédécesseur ». […] Richard, agent bien plus direct, bien plus volontaire de l’esprit du mal, semble plutôt jouter avec lui que lui obéir ; et dans ce jeu terrible des pouvoirs infernaux, c’est comme en passant que s’exerce la justice du ciel jusqu’au moment où elle éclatera sans équivoque sur l’insolent coupable qui s’imaginait la braver en accomplissant ses desseins.
Je m’excuserais d’accoler une appellation aussi barbarement scientifique à de tels noms, si elle n’exprimait, dans un raccourci très clair, cette vérité qu’il faut, pour rendre pleine justice à un littérateur, discerner, à côté de sa production individuelle, la part de suggestion fécondante qu’il a pu exercer sur d’autres. […] Il demeurait la dupe du prestige d’une philosophie aujourd’hui délaissée avec justice comme si chimérique et si vaine. […] En faire un moment d’un esprit collectif, qui la précède, qui lui survit, qui l’ignore, c’est de nouveau la nier, elle, et les appétits de justice, de lumière, d’amour qui constituent son essence. […] Rendons du moins à France cette justice que nous réclamons pour notre maître Taine, que cette adhésion à la doctrine des dernières années de sa vie fut désintéressée. […] Cette christianisation, si elle est une œuvre de justice, est aussi une œuvre de force.
Il n’y a entre vous et nous de différence que la justice de la cause. […] Une bonne partie des éloges qu’enlevait le premier volume de l’Histoire du Consulat peuvent s’appliquer avec non moins de justice aux volumes suivants.
Je ne sais si Leopardi rendait toute justice au mouvement italien contemporain, dont il n’était lui-même qu’un des nobles organes, et s’il y reconnaissait autant de signes de parenté avec lui qu’on croit en découvrir à distance, mais je me plais à enregistrer ici le mot de Manzoni sur son talent : « Vous connaissez Leopardi, disait-il vers 1830 à un voyageur, avez-vous lu ses essais de prose ? […] L’abbé Gioberti, à qui l’on doit cette justice que, chrétien et prêtre, il n’a jamais parlé de Leopardi qu’en des termes pleins de sympathie et d’une admiration compatissante142, a raconté qu’ayant connu le poëte à Florence, en 1828, et l’ayant accompagné dans un petit voyage à Recanati, il entendit chemin faisant, de sa bouche, le récit de sa conversion philosophique, c’est ainsi que Leopardi la nommait : la première impulsion lui serait venue d’un personnage qu’il admirait beaucoup, littérateur influent par son esprit et par ses ouvrages.
La querelle fut assez vive, car Firenzola était un ferrailleur ; mais j’avais pour moi la justice, appuyée par mon courage. […] L’autre duchesse s’écria à ces mots : C’est donc ainsi qu’on rend la justice à Rome, au nom du vicaire de Jésus-Christ !
« Or admirons, dit Cellini, la justice de Dieu, qui ne laisse rien d’impuni sur la terre. […] Je dirai dans son lieu que justice sera faite aussi de plusieurs de mes persécuteurs.
Les Français ne reverront jamais un talent égal à celui de Voltaire ; mais on peut dire que, le point de vue de Villemain se trouvant plus élevé que celui de Voltaire, Villemain peut critiquer Voltaire et juger ses qualités, et ses défauts. » On aime à voir un grand poète rendre cette éclatante justice à un grand critique ; cela efface d’avance les puériles négations de notre temps. […] Vous devez avouer que cette conclusion, où l’âme sauvée s’élance au ciel, était très difficile à composer ; et au milieu de ces tableaux suprasensibles, dont on a à peine un pressentiment, j’aurais pu très facilement me perdre dans le vague, si, en me servant des personnages et des images de l’Église chrétienne, qui sont nettement dessinés, je n’avais pas donné à mes idées poétiques de la précision et de la fermeté. » XVI À la fin du mois, il parle mal de Victor Hugo, auquel il a rendu avant une enthousiaste justice.
Cette idée je ne la trouvai nulle part exprimée comme je l’aurais voulu ; je remarquai parmi ses juges plus d’admiration, ou plus de haine, ou plus de pitié que de véritable justice. […] Bientôt après, son revenu s’accrut encore ; il refusa toujours à Stella cette grâce, ou plutôt cette justice.
Vendredi 28 février Dans la non-concordance de la critique théâtrale avec le sentiment sincère du vrai public, il me venait l’idée, si je tentais encore une fois une grande bataille au théâtre, de faire afficher au-dessous du titre de la pièce, avec l’indication qu’elle est jouée tous les soirs, des affiches couvrant les murs de Paris, et ainsi conçues : « Je m’adresse à l’indépendance du public et lui demande, s’il trouve que c’est justice, de venir casser comme il l’a fait pour Germinie Lacerteux, le jugement porté dans les journaux par la critique théâtrale. […] Il nous entretient de Royer-Collard, l’ex-secrétaire de la Commune, de ses relations avec Danton, de la phrase de ce dernier : « Tu sais, tu es hors la loi, mais il y a une maison, où je t’offre l’hospitalité, et où tu seras en sûreté : c’est le Ministère de la Justice !
Avec tout l’appareil de la justice. […] Tantôt l’invitation est volontaire, tels ou tels de ses membres se tournant contre elle, souvent par ambition personnelle, quelquefois par un sentiment de justice : penchés vers la classe inférieure, ils dissipent alors l’illusion qu’entretenait la distance.
Rendons-lui toutefois la justice qu’il ne paraît pas s’être arrêté longtemps sur cette idée qu’il serait lui-même Premier ministre.
Le moment de la majorité du roi approchait ; le 22 février (1723), un lit de justice devait être tenu au Parlement pour cette déclaration solennelle ; le roi y devait parler, le Régent aussi, le chancelier ou le garde des sceaux également, et enfin le premier président du Parlement y avait son rôle à part.
… » Comme Voltaire l’avait dénoncé d’emblée aux puissances et signalé comme un calomniateur de Louis XIV, de Louis XV et du roi de Prusse, La Beaumelle le rappelait à l’ordre et lui faisait toucher son inconséquence : « Apprenez qu’il est inouï que le même homme ait sans cesse réclamé la liberté de la presse, et sans cesse ait tâché de la ravir à ses confrères15. » Il y a même une lettre assez éloquente, la xiiie , dans laquelle l’auteur suppose un baron allemand de ses amis, qui s’indigne de l’espèce de défi porté par Voltaire, dans son enthousiasme pour le règne de Louis XIV : « Je défie qu’on me montre aucune monarchie sur la terre, dans laquelle les lois, la justice distributive, les droits de l’humanité, aient été moins foulés aux pieds… que pendant les cinquante-cinq années que Louis XIV régna par lui-même. » La réponse est d’un homme qui a souffert dans la personne de ses pères et qui sort d’une race odieusement violentée dans sa conscience, opprimée depuis près de quatre-vingts ans16 et traquée.
ce qui est même un secret de la Providence, dans laquelle nul de nous ne saurait pénétrer. » Et il en appelle, tout en s’humiliant, à cette justice tardive et à cette immortalité qui s’assied sur la tombe : Cineri gloria sera venit.
Elle même, la nobledame, aguerrie à toutes les vicissitudes par le christianisme, elle se montrait calme, indulgente, ne s’exagérant en rien la portée des événements déjà si graves, rendant justice à tout ce qui lui paraissait bon et méritoire chez les adversaires ou chez ceux qu’elle eût été tentée la veille d’appeler de ce nom.
Justice pour tout le monde !
« Dans les procédés, justice et générosité.
Elle ne rend pas du tout justice, il est vrai, à l’éloquence de Mme de Staël, mais elle ne se trompe pas trop sur les défauts d’obscurité et de subtilité qu’elle reproche à son ouvrage.
C’est ainsi qu’une nuit, en Italie, il rêva qu’il était à Genève, en tiers avec sa sœur et une autre dame genevoise ; celle-ci se mit à lui parler avec franchise de ses qualités et défauts, et, entre autres vérités un peu dures, elle lui dit : « J’ai encore un reproche impardonnable à vous faire : c’est d’avoir abandonné votre patrie, et d’avoir voulu renoncer au caractère de citoyen genevois. » — Je me défendis d’abord, nous dit Sismondi, qui a pris soin de relater par écrit ce songe, en représentant que la société n’était formée que pour l’utilité commune des citoyens ; que, dès qu’elle cessait d’avoir cette utilité pour but et qu’elle faisait succéder l’oppression et la tyrannie au règne de la justice, le lien social était brisé, et chaque homme avait droit de se choisir une nouvelle patrie.
Et de même que, conseiller au Parlement de Bordeaux, il faisait toutes les remarques que le bon sens et l’humanité pouvaient suggérer à un aussi excellent et aussi libre esprit, témoin des chicanes, des procédures sans fin, des misères et des horreurs, des géhennes et des tourments, mais sans s’attacher toutefois à une réforme, sans la prendre à cœur et s’y vouer par zèle pour l’humanité et la justice, comme il appartenait à l’âme d’un L’Hôpital ; de même, en qualité de maire et de chef d’une cité, il n’avait rien d’un Eustache de Saint-Pierre, ou d’un Guiton, maire de la Rochelle, de ceux qui se sacrifient et s’immolent volontiers pour un peuple ou pour une cause.
Un jour, comme on répétait devant Mme Gay des éloges que Béranger avait donnés aux vers de sa fille dans un monde un peu différent et moins favorable, où la jeune muse n’allait pas, il lui échappa de dire : « Delphine rend bien aussi justice à Béranger. » Ce mot d’égal à égal, redit au chansonnier, le piqua et lui fit retirer sa chanson.
Ce contemporain, dont le nom n’étonnera que ceux qui n’ont lu aucun de ses trois ouvrages caractéristiques, et qu’un instinct heureux de fureteur ou quelque indication bienveillante n’a pas mis sur la voie des Rêveries, d’Oberman et des Libres Méditations ; l’éloquent et haut moraliste qui débuta en 1799 par un livre d’athéisme mélancolique, que Rousseau aurait pu écrire comme talent, que Boulanger et Condorcet auraient ratifié comme penseurs ; qui bientôt, sous le titre d’Oberman, individualisa davantage ses doutes, son aversion sauvage de la société, sa contemplation fixe, opiniâtre, passionnément sinistre de la nature, et prodigua, dans les espaces lucides de ses rêves, mille paysages naturels et domestiques, d’où s’exhale une inexprimable émotion, et que cerne alentour une philosophie glacée ; qui, après cet effort, longtemps silencieux et comme stérilisé, mûrissant à l’ombre, perdant en éclat, n’aspirant plus qu’à cette chaleur modérée qui émane sans rayons de la vérité lointaine et de l’immuable justice, s’est élevé, dans les Libres Méditations, à une sorte de théosophie morale, toute purgée de cette âcreté chagrine qu’il avait sucée avec son siècle contre le christianisme, et toute pleine, au contraire, de confiance, de prière et de douce conciliation ; fruit bon, fruit aimable d’un automne qui n’en promettait pas de si savoureux ; cet homme éminent que le chevalier de Bouflers a loué, à qui Nodier empruntait des épigraphes vers 1804 ; que M.
Rendons, rendons enfin admiration et justice à ces hommes qui ont imposé leur nom à leur siècle, Périclès, Auguste, Léon X et Louis XIV ; oui, ils ont été pour beaucoup dans la grandeur et la majesté de l’âge qu’on les a trop accusés d’accaparer ; leur absence totale et prolongée est bien capable aujourd’hui de faire apprécier leur rôle : ils ont empêché les génies et les talents de s’égarer, de se dissiper, les médiocres de passer sur le corps des plus grands ; ils ont maintenu les proportions, les rangs, les vocations, la balance des arts.
Pour arriver à mieux, il renie la maternelle nature : le peintre agence des lignes qui n’obéissent plus à la divine concordance ; le littérateur écrit « la Justice » et paraît oublier que le vers est rythme et image.
Maintenant, si l’on remarque que chez les modernes européens non-seulement l’État et l’Église se séparent de plus en plus, mais que l’organisation politique est très complexe, qu’elle suppose des subdivisions dans la justice, les finances, etc., on ne pourra point douter que le progrès se fait ici de l’homogène à l’hétérogène.
Tous deux amis des hommes et martyrs des dieux, champions de la justice, combattants du droit, redressés contre les tyrans, inclinés vers les opprimés.
Car les Dieux, qui prennent toutes les formes, passent souvent par les villes, semblables à des étrangers errants, afin de reconnaître la justice ou l’iniquité des mortels. » — Apollonios de Rhodes raconte qu’un jour, Héra, déguisée en vieille femme, pleurait et se lamentait sur le rivage de l’Anauros gonflé par les neiges, « pour éprouver la bonté des hommes ».
La mère, au théâtre, — et c’est une justice, — n’apparaît presque jamais que sous un aspect élevé et noble.
Dans les pages de réflexions et de considérations élevées qu’il écrivit dans la retraite ou dans la captivité en 1792, il faut lui rendre cette justice qu’il parle surtout des choses et des événements généraux, et très peu de lui.
Rousseau a parlé d’elle dans ses Confessions avec peu de justice, même en ce qui concerne la beauté ; il a insisté sur de certains agréments, essentiels selon lui, et qui auraient manqué à Mme d’Épinay ; il a parlé d’elle, enfin, comme un amoureux qui n’aurait pas été écouté.
Si vous voulez gagner en particulier les bonnes grâces et l’affection de certaines gens, hommes ou femmes, tâchez de découvrir leur mérite le plus saillant, s’ils en ont, et leur faiblesse dominante, car chacun a la sienne ; puis rendez justice à l’un, et un peu plus que justice à l’autre.
Jetée en prison, livrée par les Bourguignons aux Anglais, par ceux-ci à la justice ecclésiastique et à l’Inquisition, son procès s’entame à Rouen en janvier 1431, et se termine par l’atroce scène du bûcher, où elle fut brûlée vive, comme relapse, convaincue de schisme, hérésie, idolâtrie, invocation des démons, le 30 mai de la même année.
Les dernières études qu’on a faites sur Diderot ont cela de commun qu’elles tendent à le mettre à sa place avec justice, sans colère et sans trop de zèle.
Et maintenant, quand on a parlé de Ninon avec justice, avec charme, et sans trop approfondir ce qu’il dut y avoir de honteux malgré tout, ce qu’il y eut même de dénaturé à une certaine heure, et de funeste dans les désordres de sa première vie, il faut n’oublier jamais qu’une telle destinée unique et singulière ne se renouvelle pas deux fois, qu’elle tient à un incomparable bonheur, aidé d’un génie de conduite tout particulier, et que toute femme qui, à son exemple, se proposerait de traiter l’amour à la légère, sauf ensuite à considérer l’amitié comme sacrée, courrait grand risque de demeurer en chemin, et de flétrir en elle l’un des sentiments, sans, pour cela, se rendre jamais digne de l’autre21.
Il y a eu plainte portée devant la justice comme pour un fait qui n’est pas encore entré dans le vaste domaine de l’histoire, et, en conséquence, jugement et condamnation (26 janvier 1859).
La justice est un combat. » Mais souvent, tout en contraignant les hommes, il est bon de leur laisser croire qu’on les a persuadés.
Raynouard, auteur d’ailleurs fort estimable et d’un grand talent, nous le représente comme un homme froid, impassible ami de la justice, qui n’a aucune raison d’aimer ou de haïr les Templiers, qui tremble devant un inquisiteur et qui ne semble demander que pour la forme aux Templiers un acte de soumission et de respect.
Ce sage et juste milieu qui, en France, a toujours été plutôt à l’état de vœu, de regret ou d’espérance, qu’à l’état de pratique réelle, avait pourtant quelque ombre d’effet et de coutume dans le pouvoir attribué au Parlement, et Retz montre tous les rois sages, saint Louis, Charles V, Louis XII, Henri IV, empressés à se modérer eux-mêmes et à s’environner d’une limite de justice.
Mme de Motteville n’est point une royaliste aveugle : elle croit au droit des rois, mais aussi à la justice qui en est la règle, et que Dieu, selon elle, leur inspire souvent, et qu’il leur a presque toujours suggérée dans ce royaume de France.
Berryer lui rendait cette justice.
Il y ménagea toutes les situations et les existences : c’est une justice que M. de Fontanes lui a rendue depuis.
Ainsi le De Natura, la Justice, de M.
De lugubres incidents, propres à faire douter de la justice sociale, la torture de Lalie par son père, l’arrestation de Martineau mourant, sont racontés avec complaisance.
On ne rend pas volontiers justice aux justiciers.
Et même ailleurs, — rendons-lui cette justice, puisqu’elle n’est pas avec nous, et précisément parce qu’elle n’est pas avec nous, — on a rarement aimé Dieu mieux qu’elle.
C’est une justice publique très bien faite, et avec le petit mot pour rire du plus aimable bourreau qui ait jamais coupé le sifflet à quelqu’un.
Par modestie d’abord, et par justice aussi pour les héros inconnus, je désire que le nom de mon fils soit par vous pieusement gardé sans être publié… Je me conforme à regret à cette volonté ; je tairai le nom du héros, qui occupait une haute charge ; je me borne à analyser le petit dossier que l’on me communique.
L’orgueil cependant s’est élevé contre sa louange, lui faisant obstacle sans justice, et voulant par des bouches insensées avoir parlé, et attacher ainsi quelque tare secrète aux vertus des bons.
Alphonse Daudet qui, parmi eux, semble admettre parfois une sorte de providence universelle, un impératif catégorique et ce que son ami Gambetta appelait, un peu radicalement, la justice immanente des choses. […] Son indulgente sollicitude y maintient la paix, l’indépendance et la justice. […] Fais-moi justice ! […] Fais-moi justice. » Hier j’ai répondu : « Père, vous serez obéi. » Ma mère, ma pauvre mère, priez Dieu qu’il ait pitié de votre âme. […] En Grèce, ses ennemis l’avouent, il rendit la justice avec une grande douceur et il se montra jaloux d’être nommé l’ami des Grecs et plus encore des Athéniens.
Sous l’influence de cette action souveraine on voyait l’ordre se rétablir, la paix régner dans les provinces, la justice y pénétrer, la probité rentrer dans les affaires, le commerce, l’industrie, les arts, attirés et transplantés de Flandre ou d’Italie en France, y prendre comme un nouvel essor. […] On rend universellement justice à la force et à la précision de sa langue ; on admire en lui l’historien et le controversiste ; on rend hommage à l’orateur, plus abondant que Cicéron et plus nerveux que Démosthène. […] Et — c’est une justice à lui rendre — il a tenu parole, il a prêché autrement, mais moins bien ; et de cette rage de nouveauté, dont il est un éloquent exemple, la suite est aussitôt ce qu’on pouvait prévoir : la décadence ou l’abaissement de tous les genres nobles ou élevés. […] « Nous avons ajouté beaucoup de mots », écrit en 1718 le rédacteur de la Préface de la seconde édition du Dictionnaire de l’Académie ; et en un autre endroit, il fait cette observation, qui n’intéresse pas uniquement la langue : « L’Académie n’a pas cru devoir exclure certains mots, à qui la bizarrerie de l’usage, ou peut-être celle de nos mœurs… a donné cours depuis quelques années… Il semble qu’il y ait en effet entre les mots d’une langue, une espèce d’égalité comme entre les citoyens d’une république ; ils jouissent des mêmes privilèges et sont gouvernés par les mêmes lois ; et comme le général d’armée et le magistrat ne sont pas plus citoyens que le simple soldat, ou le plus vil artisan… de même les mots de Justice et de Valeur ne sont pas plus des mots français, ni plus français, quoiqu’ils représentent les premières de toutes les vertus, que ceux qui sont destinés à représenter les choses les plus abjectes et les plus méprisables. » Veut-on connaître quelques-uns de ces mots ? […] Le Satirique. — De l’intérêt de cette question pour en résoudre une autre ; — qui est celle de la portée philosophique du livre de La Bruyère. — De la parole célèbre : « Un homme né chrétien et français se trouve contraint dans la satire ». — La quatrième édition des Caractères, 1689 ; — et de la hardiesse croissante de La Bruyère, jusqu’à la neuvième, 1696. — Mais qu’il faut faire attention que, n’épargner personne, c’est presque aussi n’attaquer personne. — Quand on raille également les hommes et les femmes ; — les gens de la cour et ceux de la ville ; — les partisans et les gens de justice ; — les dévots et les libertins ; — on est sans doute un pessimiste, — mais non pas un révolutionnaire [Cf.
De retour à Paris, il demande inutilement justice de son ambassadeur. […] Sur quoi l’on pourrait dire : — L’hérédité, dont vous citez un inconvénient possible, et l’inégalité des biens peuvent être contre la justice ou la raison, non contre la nature. […] (Tout ce qu’on peut dire, c’est que le désir de l’égalité coïncide, dans certains cas, avec le désir de la justice). […] Au reste Rousseau, après son énigmatique raisonnement, veut bien ajouter : Ceci suppose, il est vrai, que tous les caractères de la volonté générale (c’est-à-dire, d’après lui-même, la clairvoyance, la justice et le désintéressement) sont encore dans la pluralité. […] — Je puis du moins entrevoir ses attributs : intelligence, puissance, justice, bonté.
Si Dieu existe, sa loi édictée dans les livres saints donne une règle de justice inattaquable. […] Et d’abord tout sceptique doit aimer Pascal, parce qu’il est, des apologistes de la religion, celui qui a le mieux compris ses adversaires et qui leur a rendu la justice la plus pleine. […] Il est si rare que nous puissions nous rendre la justice de leur avoir prodigué assez de tendresse, quand ils vivaient ! […] Mieux qu’aucun autre il a rendu cette double angoisse des négateurs de notre époque : l’angoisse que leur infligent la vision de l’universel néant et le besoin de l’universel amour, le sentiment de l’absolue, de l’implacable nécessité, et l’appétit insatiable de la justice. […] Elle sera pour lui, cette histoire, non pas le drame changeant des passions, non pas l’épopée mystique de la Justice et de la Providence, mais « un problème de mécanique psychologique ».
Quelques sentiments très simples et très forts, le culte des aïeux, l’amour du sol natal, le courage, le dévouement, l’idée de la justice, la beauté du travail, la poésie de la mer, des champs, de la montagne, le sentiment de la tristesse et de la joie humaines, voilà le fond de ces petits poèmes. […] Quand les fiancés comprennent leur ruine, Kersti laisse couler ses larmes, mais son fiancé Per l’enlace fortement en lui disant : « S’il n’y a pour nous ni lois ni justice, il y a pourtant le seigneur Dieu. […] Il ne s’est cru tenu à l’absolue justice et n’a usé très librement de tout son droit de discussion qu’envers l’écrivain supérieur et de haut renom, pour qui d’autres auraient sans doute réservé leurs aimables égards et leurs ménagements pleins de prudence. […] Mais dans quel coin du Paris de 1875 le repris de justice Verlaine eût-il trouvé cet indispensable complice ? […] Il est proudhonien, pour avoir feuilleté assidûment La Justice dans la Révolution et dans l’Église.
Il ne parle plus des beurrières qui lui feront justice des injures de ses calomniateurs ; il ne trouve pas mauvais qu’on l’attaque à son tour, et il fait une sorte de réparation à certains auteurs qu’il avait maltraités. […] ou bien n’était-ce qu’excès de justice, par peur d’être accusé de jalousie envers un devancier qu’on lui opposait comme un rival ? […] Voltaire, à un moment de pleine justice envers Boileau, en a fait le plus bel éloge, quand il a dit de lui : « Despréaux a très bien fait ce qu’il voulait faire178. » Et ailleurs : « Boileau a dit ce qu’il voulait dire179. » Voltaire sous-entendait ceci : Il n’a fait ni voulu dire que ce qui était vrai selon sa nature et sa raison.
On ne peut comparer un artiste qu’à lui-même, mais il y a profit et justice à noter des dissemblances : nous tâcherons de marquer, non en quoi les « nouveaux venus » se ressemblent, mais en quoi ils diffèrent, c’est-à-dire en quoi ils existent, car être existant, c’est être différent. […] L’attitude du public est moins bénigne lorsqu’on l’entretient du désaccord qui s’observe entre lui, public, maître obscur des gloires, et l’opinion du petit nombre oligarchique : habitué à accoupler ces deux idées, renommée et talent, il montre de la répugnance à les disjoindre ; il n’admet pas, car il a un sens secret de la justice ou de la logique, qu’un auteur illustre ne le soit que par hasard, ou qu’un auteur obscur mérite la lumière. […] Mais disserter sur de tels propos, c’est avouer que l’on n’est pas familier avec l’opération de logique qui s’appelle la dissociation des idées, car il semble de justice élémentaire d’évaluer séparément la valeur ou la beauté de l’arbre et de ses fruits, de l’homme et de ses œuvres.
Plus on la voit, plus on lui reconnaît un fonds de justice, de bon cœur, d’humanité et d’envie de plaire, qui la rendent respectable et aimable.
Mais il est un chapitre intéressant et neuf de son ouvrage qui sans doute (je l’espère du moins) lui appartient plus en propre et auquel il faut rendre toute justice, c’est celui qui a pour titre Histoire des causes de la guerre de 1756.
La langue française est impuissante à rendre toutes les beautés de la langue grecque. » Ils répondaient : « Peu nous importe », et ajoutaient comme l’abbé de Pons, d’un air de compliment pour Mme Dacier : « Elle a entendu Homère autant qu’on le peut entendre aujourd’hui ; elle sait beaucoup mieux encore la langue française ; elle a rendu le plus élégamment qu’elle a pu, dans notre langue, ce qu’elle a vu, pensé et senti en lisant le grec : cela me suffit, j’ai L’Iliade en substance. » L’erreur, c’était de croire qu’un poète dont l’expression est un tableau, une peinture naïve continuelle, fût fidèlement rendu par une traduction tout occupée d’être suffisamment polie et élégante ; l’erreur, c’était de s’imaginer qu’il n’y avait là qu’une question de plus ou moins d’élégance et de précision, et qu’en supposant l’original doué de ces deux qualités à un plus haut degré que la traduction, on lui rendait toute la justice qu’il pouvait réclamer, il s’agissait bien de cela !
Pelleport ne manque pas, en cet endroit, de rendre à son dernier chef Marmont une justice qu’il est redevenu de mode depuis quelque temps de lui refuser.
Alfred de Musset, par exemple, un des talents aussi que cet intègre Gustave Planche n’a jamais pu se décider à louer et à reconnaître, Alfred de Musset a écrit, sur le Salon de 1836, des pages très-fines et bonnes encore à relire ; il y rend aux toiles d’Horace une justice gracieuse qui est une revanche des insultes de tout à l’heure.
Prenez Pétrarque, par exemple, le père de la Renaissance et le prince aussi de la poésie moderne (on ne rendait pas alors pleine justice à Dante) ; Pétrarque lui-même, en tant que poète toscan, est intraduisible.
Quelques auteurs entichés pourraient s’en trouver purement et simplement flattés ; de plus aguerris et de plus stricts useraient du droit de répression, requérant en justice dommages et intérêts : le plus sûr et le plus fructueux est d’amener par transaction ces journaux à payer tribut pour leur reproduction, et à s’abonner, en quelque sorte, à vous.
Molière est né sous les piliers des halles ; Boileau dans la Cité, à l’ombre du Palais de Justice ; et Béranger a joué avec les écailles d’huîtres de la rue Montorgueil.
C’était un fonctionnaire comme il en fallait à cette renaissance, et comme le chef les recherchait volontiers : homme de justice et d’ordre, nouveau à la fois et ancien, n’ayant pas trempé dans le régime intermédiaire.
Et je ne parle pas seulement de ce qui intéresse l’honnêteté naturelle et la justice : soyons d’accord en causant de tout, même des choses de bel-esprit, afin de mieux appuyer l’exact rapport de nos âmes.
s’écriait-il alors comme pour réprimander son premier cri ; en toutes choses point de liberté ; mais en toutes choses justice, et ce sera assez de liberté. » Il disait : « Un des plus sûrs moyens de tuer un arbre est de le déchausser et d’en faire voir les racines.
Marie-Joseph Chénier, en parlant de cet écrit en son Tableau de la Littérature, lui a rendu une justice à laquelle ses réserves mêmes donnent plus de prix.
Eynard traite bien durement le spirituel comte Alexandre de Tilly, « un homme que ses ridicules Mémoires, dit-il, ont livré au mépris des uns et à la pitié des autres. » On a assez le droit d’être sévère pour le comte de Tilly, sans qu’il soit besoin d’en venir à ces extrémités de dédain qui passent la justice ; d’autres diraient, qui blessent la charité.
Le monde a soif de justice ; l’engouement nécessaire à toute vérité en Europe passe enfin du côté des persécutés.
de ce qu’une image inoubliable, avec ou sans justice, s’est appliquée au nom du bonhomme.
Rien surtout ne saurait donner du poème une idée plus favorable que le morceau qui se trouve, du reste très illogiquement, l’ouvrir : le Jugement de Renart est vraiment un chef-d’œuvre, à quelques grossièretés près, et telle de ses parties, comme l’arrivée de dame Pinte demandant justice de Renart pour la mort de Copée, donne la sensation de quelque chose d’achevé, d’absolu, d’une œuvre où la puissance, l’idée de l’écrivain se sont réalisées en perfection.
Il ne faut pas s’arrêter non plus à ce qu’il fut arrêté en 1526, poursuivi en 1532, décrété et obligé de fuir à la fin de 1534 : il y a des exemples de gens persécutés pour des opinions qu’ils n’ont pas ; et c’était peut-être la riposte des théologiens aux épigrammes, des gens de justice à l’Enfer.
Venceslas est une forte étude d’une âme violente, qui arrive à la générosité par la volonté : ce vieux roi Ladislas qui condamne son fils par justice, et ce fils qui accepte sa juste condamnation, font une situation vraiment cornélienne.
Lui aussi, il a pris une gravité de médecin consultant, il a tâté le pouls à la société ; on l’a vu déposer en justice comme un expert en psychologie, dont la consultation fait preuve.
Il trouve aux portes de la ville la noblesse, le clergé, les officiers de justice, quatre mille bourgeois sous les armes, et conçoit nettement, une fois pour toutes, qu’il n’est point de la même pâte que les autres hommes.
Par l’inégalité dernière de ces deux noms, presque aussi retentissants l’un que l’autre à cette époque, mesurez la justice des deux causes.
La colère est dans les mots, la justice est dans les choses.
Et ce que j’ai dit bien des fois, elle lui fait connaître un pays tout nouveau, je veux dire le commerce de l’amitié et de la conversation sans chicane et sans contrainte ; il en paraît charmé. » Certes, elle devait être d’un grand charme cette amitié qui, dans madame de Maintenon, était de l’amour retenu par la raison, la justice, l’honneur, la bienséance ; cette amitié, où les sens entraient pour quelque chose, mais soumis à de plus hautes et plus puissantes sympathies, celles de l’âme et de l’intelligence, à de plus nobles besoins, ceux de la considération et du respect de soi-même ; cette amitié passionnée que l’honneur forçait à résister au plus doux penchant, qui ne souffrait pas moins de sa résistance que l’ami à qui elle était opposée ; cette tendresse qui avait autant besoin d’être consolée de ses refus que celui qui les essuyait et dont la souffrance parvenait à obtenir des encouragements de l’amant voluptueux et contrarié.
Il faut rendre à Béranger cette justice qu’il n’a pas, le premier, recherché ces hommes réputés d’abord plus sérieux que lui, qui ne le sont pas, et à aucun desquels il ne le cède par l’esprit.
Le maître qui renvoie Gil Blas ne lui en veut pas ; il compatit au tort qu’il lui fait, et lui ménage même une bonne condition ; et Gil Blas renvoyé ne maudit pas le vieillard ; il nous le montre tel qu’il est avec sa passion sénile, amoureux, ridicule, mais bonhomme encore, et tâchant de concilier un reste de justice avec sa faiblesse.
à sortir de mon dangereux assoupissement, que tout le soleil de votre justice soit levé.
Mirabeau répondit à cette justice tardive de son père d’une manière touchante, en demandant, lui le prisonnier du fort de Ré, du château d’If, du château de Joux, du château de Dijon et du donjon de Vincennes, lui qu’on va porter en pompe au Panthéon, en demandant, à l’heure de la mort, d’être enterré à Argenteuil entre son aïeule et son père.
C’est justice de rappeler qu’on trouve quelques-unes de ces intentions cordiales réalisées dans le recueil d’un poète artisan, dans les Chansons de chaque métier, par Charles Poney, de Toulon5.
Pour rendre à Mlle de Scudéry toute la justice qui lui est due, et pour lui assigner son vrai titre, on doit la considérer comme l’une des institutrices de la société, à ce moment, de formation et de transition.
ce ne sont ni les impôts, ni les lettres de cachet, ni tous les autres abus de l’autorité, ce ne sont point les vexations des intendants et les longueurs ruineuses de la justice, qui ont le plus irrité la nation, c’est le préjugé de la noblesse pour lequel elle a manifesté le plus de haine : ce qui prouve évidemment que ce sont les bourgeois, les gens de lettres, les gens de finances, et enfin tous ceux qui jalousaient la noblesse, qui ont soulevé contre elle le petit peuple dans les villes, et les paysans dans les campagnes.
alors Le Brun, qui était de la lignée de Malherbe, se sentait saisi d’indignation, et il faisait justice de l’irrévérence dans cette épigramme, l’une des plus belles que je connaisse : Sur La Harpe, Qui venait de parler du grand Corneille, avec irrévérence.
Il remit l’ordre, rétablit les idées de justice, rendit courage à la portion judicieuse et saine du pays, et fut bientôt salué de la masse de la population comme un sauveur.
Peut-être les partis les plus contraires seront-ils choqués, peut-être les passions contemporaines seront-elles scandalisées de trouver en une telle matière et sur un temps une si singulière impartialité, une justice si peu appliquée à les satisfaire.
Simplicité, c’est justice.
Il n’y a pas de commune mesure entre ces deux choses, et c’est ce qu’on exprime en opposant le fait au droit, la force à la justice.
Celui qui n’a égard en écrivant qu’au goût de son siècle, songe plus à sa personne qu’à ses écrits : il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette justice qui nous est quelquefois refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la rendre.
Il faut toujours tendre à la perfection, et alors cette justice qui nous est refusée par nos contemporains, la postérité sait nous la rendre… » Certes, nous croyons défendre aussi la pensée classique et la tradition française, de clarté, de sobriété et de mesure, ce qui ne veut pas dire que nous louerons les pâles épigones et les imitateurs et les plagiaires27.
Quand la moitié du monde connu croit à la nécessité et à la justice de la Révolution française, avoir prouvé qu’elle n’est, comme l’arianisme, comme le manichéisme, et tant d’autres erreurs qui ont eu leur jour et leur règne, qu’une erreur, qui doit peut-être, comme le disait Mirabeau dans l’ivresse de son orgueilleuse parole, faire le tour du globe, mais pour passer et non pour s’établir ; avoir montré, de plus, après le vice radical du principe, les vices radicaux de ses apôtres : erreur partout, excès et crimes inutiles, — car les crimes et les excès sont toujours inutiles, et Machiavel n’est qu’un menteur ; — c’est avoir commencé à tracer la ligne que d’autres esprits creusent, à l’exemple de l’auteur de l’Histoire des Causes, et devant laquelle le génie révolutionnaire de l’avenir doit nécessairement reculer.
Il faut être juste pour tous deux, et la justice, je crois, est d’abaisser de quelques degrés le niveau de l’un et d’élever d’autant le niveau de l’autre, par conséquent de les rapprocher, ces frères, qui ne s’en plaindront pas, mais de les rapprocher sans effacer la distance qui doit exister cependant entre l’auteur des Récits mérovingiens et celui des Récits de l’histoire romaine !
Belle au point de vue de la passion furieuse, cette histoire est belle encore au point de vue de la justice.
Trois ans encore d’angoisse, passés auprès des pauvres, durant lesquels l’abbé Pierre, demeuré « tel qu’un sépulcre vide où ne restait pas même la cendre de l’espoir », assiste à la banqueroute de la charité, empêcheuse de justice.
Les premières sont sous l’autorité immédiate du prince ; les secondes se discutent et s’approfondissent en secret sous l’œil calme et sévère de la justice.
Elle a mangé le fond de douze cents mille livres à plaider, de sorte que ses enfans même qu’elle poursuit en justice, n’auront absolument rien. […] … En ce cas, il ne sera pas long-temps éloigné de vous ; car il faut avouer que nous avons un monarque autant ami de la justice que de la vérité, qui ne punit qu’à regret, & qui proportionne les peines au délit…. […] Si sous son regne la justice fut d’un côté, l’oppression étoit de l’autre, ainsi que l’a très-bien observé l’auteur de sa vie, qui trop diffuse mériteroit d’être resserrée. […] Tout seroit relatif, & suivant la justice distributive…. […] Par mon systême, le luxe tomberoit entiérement : on ne donneroit des voitures qu’à ceux dont les affaires & le rang éminent exigeroient une pareille commodité ; c’est-à-dire, qu’un habile médecin, obligé de se répandre dans tous les quartiers pour le bien public auroit un équipage, tandis que ceux qui n’en ont que le nom, iroient à pied ; c’est-à-dire, qu’un bon évêque, destiné par état à visiter un diocese, auroit un carrosse, mais si modeste, qu’il ne pourroit en tirer aucune vanité ; c’est-à-dire, que de premiers magistrats, obligés de se rendre au temple de la justice avec célérité, jouiroient de ce privilege, tandis que les financiers, les négocians, mais sur-tout les êtres inutiles, iroient à pied, à moins que l’âge ne les autorisât à prendre une brouette.
Il s’en va ramasser dans les pamphlets du temps certaines calomnies infâmes, dont la critique moderne a fait justice. […] Don Pèdre, furieux de sa pupille enlevée, demande justice au sénateur ; le sénateur est tout occupé, lui, d’une fête qu’il va donner. « — Je viens, dit don Pèdre, demander l’appui de la justice contre cette action. […] Je viens demander l’appui De la justice Contre cette action. […] Jamais, dans Amphitryon Molière n’aurait écrit : Je viens demander l’appui De la justice Contre cette action.
La jeune fille déshonorée et sa mère vont se jeter aux genoux du vieil empereur en criant : « Justice ! […] Et la femme de bien « chantera perpétuellement des hymnes avec les bienheureux » ; et « elle sera joyeuse de la justice rigoureuse que Dieu rend aux mauvais ». […] Et ce n’était que justice, car ce poète est bien une des figures les plus originales de ce siècle. […] … Ô justice infinie, J’ai promis d’observer et de venger tes lois ; Mais prince eut-il jamais à faire un pareil choix ! […] Ici, le déni de justice n’est pas du même ordre, il n’est pas criant et je n’exprime, en me séparant du jury, qu’une opinion personnelle.
Cette manière de considérer l’Allemagne, qui consistait à lui rendre entière justice, à reconnaître ses services passés et à lui demander de nouveaux enseignements, de nouvelles lumières, ne date guère pour la France que de notre siècle. […] Il est créé comme un monde. » « Un signal lugubre est donné ; un ministre abject de la justice vient frapper à sa porte et l’avertir qu’on a besoin de lui : il part, il arrive sur une place publique couverte d’une foule pressée et palpitante. […] Oui, ce romancier si parfaitement habile à nous montrer les grâces, les vapeurs, le charme, les gloires de la vie-heureuse ; ce merveilleux indicateur des plus imperceptibles mouvements du cœur de l’homme… et de la femme ; cette bonne d’enfants à peine sevrés, ce rude instituteur des plus sauvages natures, cette marchande de modes, savante à marier l’une à l’autre la forme et la couleur ; ce pédant qui porte la flamme en sa férule ; cette vieille portière accroupie, au milieu de l’hiver, sur son gueux rempli de cendres froides, et cette duchesse en son ronron de Versailles, et cette fraîche grisette aux lilas de Romainville ou dans la ronde harmonieuse du bal de Sceaux ; oui, cet être multiple, ingénieux, odieux, brutal, charmant, la corruption même et l’innocence en personne, aujourd’hui la reine des courtisanes et le lendemain le roi des repris de justice — un si grand seigneur, un si bon bourgeois, un si fameux aventurier, le Christophe Colomb de la rue Soly et le Pizarre du faubourg Saint-Honoré, le sourire et le râle, le squelette et la fleur, l’âme et le corps, la dentelle et la bure, le haillon et la pourpre, la hotte et le trône, le crochet et le sceptre, le vin généreux des gais coteaux et l’eau-de-vie en feu dans l’écuelle des mendiants, le poète et le soldat, le médecin et le curé, le Napoléon, le Rétif de la Bretonne du conte bien fait, l’Homère en patois et la nature humaine, le La Bruyère et le Piron de ce siècle des infamies, des lâchetés et des élégances exquises, après avoir épuisé le bouquet et la mousse amoureuse du vin d’Aï, s’est enivré d’alcool, et déserteur de ces belles passions, traître à ces belles mœurs, tombé en méfiance de sa valeur personnelle : Non est certa meos quae forma invitet amores, il est devenu tout d’un coup (dans ses livres bien entendu) l’homme le plus passionné pour les biens de la fortune, dirait La Bruyère, qui se soit jamais rencontré dans aucune littérature ! […] Malgré cette espèce d’affinité que Victor Hugo semble manifester pour l’élément germanique, il est étrange qu’il soit si peu goûté en Allemagne, et que la nation la mieux faite pour le comprendre le connaisse si mal et lui rende si peu justice.
Gandar, qui a si bien rendu toute justice au Dante, n’est pas injuste pour l’Arioste, pas plus que tout à l’heure pour Sheridan, et, à l’occasion des ouvrages du Titien réunis à l’Exposition de Manchester, et d’une suite de portraits excellents, il écrivait : « Le meilleur de tous, et l’une des peintures les plus parfaites de toute cette Exposition, est un portrait de l’Arioste. […] Jacquinet, directeur des études littéraires à l’École normale : « Cet enseignement de nos conférences tout intérieur et familier, après la Faculté de Caen d’où il sortait, était assez nouveau pour lui : ce qu’il gardait, au commencement surtout, de solennité de débit, ce qu’il avait encore à cette époque d’enveloppé et de trop orné fut facilement excusé par les élèves en faveur de son savoir et de son ardeur : il fut, en somme, très estimé à l’École. » Les élèves, juges très fins et qui savent fort bien concilier malice et justice, avaient un mot pour rendre ridée de ce mérite solide, un peu grave d’aspect et de ton : « Gandar parle d’or, mais il pèse son poids. » Il se serait assoupli en continuant.
Cela dit, et cette justice rendue à une noble et gracieuse descendance au profit de laquelle nous sommes heureux de nous trouver en partie déshérités, on nous accordera pourtant d’oser maintenir et de répéter ici notre conclusion première ; car, comme l’a dit dès longtemps le Poète, à quoi bon tant questionner sur la race ? […] On a toujours cru (et, sans doute, avec justice) que c’est par un choix très-éclairé que je vous aime plus que ma vie, et que la source de ma constance étoit beaucoup plus dans votre caractère que dans le mien.
Piquante « justice immanente » et moralité ironique des choses ! […] Le noble dessein d’affranchir et d’élever le peuple, d’établir le règne de la justice, de fonder la cité idéale, et de tuer la bourgeoisie, est presque toujours né dans des cervelles de bourgeois.
Je voudrais rechercher dans la conduite du duc de Bourgogne l’influence de ce tour d’esprit de Fénelon, et s’il n’y a pas la même justice à mettre au compte du précepteur certains travers de l’élève, qu’à lui faire honneur des victoires remportées par ce jeune prince sur son naturel. […] En écrivant ce qu’on vient de lire, je n’ai pas été sans scrupule sur la vérité de mes jugements, ni sans inquiétude sur leur justice.
Au fond, ce n’est que justice ; mais la justice n’est pas une vertu assez courante pour qu’on passe sous silence les actions honnêtes qu’elle inspire.
Voici un fragment tiré du récit du bonhomme Champmathieu que la justice prend pour un ancien forçat : Avec ça, j’avais ma fille qui était blanchisseuse à la rivière. […] On doit lui rendre cette justice qu’on ne rencontre nulle part autant que dans ces romans une persistance pareille à rechercher les sujets scabreux et à les détailler.
Taine qu’un disciple attardé de Condillac, lui avons-nous rendu suffisamment justice ? […] Il croit à la responsabilité morale, à la justice distincte de l’intérêt, au droit et au devoir fondés sur des rapports absolus. […] Je conçois ainsi un pur idéal, dont je détermine les attributs, l’immensité, l’éternité, la simplicité, l’immutabilité ; je le conçois comme idéal de l’esprit plus encore que de la nature, comme le type de la vérité, de la sainteté, de la justice et de la beauté.
vous faites pour la seule justice, pour l’humanité seule, ce qu’à peine on aurait attendu de la plus ardente amitié ! […] J’y profite peu ; mais c’est une façon de jouir que de voir combien les hommes ordinaires de notre temps, tant maudit et même avec justice, voient nettement de bonnes choses que les hommes supérieurs d’un temps très-peu ancien ne voyaient que très-obscurément. […] Chauvet : c’étaient là des questions élémentaires, des discussions en quelque sorte négatives, auxquelles les réformateurs se voyaient ramenés sans cesse par des chicanes obstinées dont le temps a fait justice ; mais il était d’autres soins plus essentiels et plus intérieurs de la réforme dramatique tentée alors, d’autres coins marquants de son but, qu’on ne saurait trop rappeler, car il n’a peut-être pas été fait, depuis, un seul pas qui ait avancé la cause de l’art dans la même voie, ou qui bien plutôt ne l’ait pas fait rétrograder, en la compromettant par tous les oublis et tous les excès. […] J’ai lu avec un singulier plaisir l’Adelchi et le Carmagnola français. — Pour ce qui est de la traduction de mon petit Dialogue, je ne puis que trouver en vérité que vous avez voulu faire preuve envers moi d’une bonne grâce extrême. — Permettez-moi de vous dire que, dans le reste du volume, il est rendu pour la première fois justice, et sous tous les points de vue, au talent de notre ami ; cela va devenir on ne saurait plus utile à sa réputation littéraire, même parmi nous.
Trop intelligent pour se soucier de ce qu’on appelle la justice sociale, trop finement égoïste pour songer à détruire des privilèges où il voulait entrer, il se fit ouvrir par le peuple la porte de la forteresse que le peuple, alors, crut avoir prise. […] Barrès de produire une œuvre en trois volumes appelée le Roman de l’énergie nationale, avec les titres de « tableaux » tels que la Justice ! […] Inconsciemment soumis à l’habitude et au pouvoir des mots, nous ne sommes point hors de servitude. » Nous devrons nous défier encore de nos instincts, même s’ils nous « poussent vaguement à faire œuvre de bien, de bonté et de justice » ; l’instinct n’est pas la conscience ; c’est à la conscience et non à l’instinct que nous devons obéir. […] Ainsi donc, en haut, des esprits cultivés croient à la venue de plus de justice, de plus de bonté, de plus d’amour, de plus d’intelligence ; en bas, des esprits simples croient à la venue d’un bonheur tangible, réel, corporel : jamais un milieu plus favorable ne s’est offert à un poète décidé à chanter les joies de l’avenir.
. — Les Dialogues d’Évhémère, et le Prix de la justice et de l’humanité, 1777. — Ses démarches pour obtenir qu’on le laisse rentrer à Paris. — Il quitte Ferney le 5 février 1778 ; — et arrive à Paris le 10 du même mois. […] Candide et l’Histoire d’un bon Bramin] ; — il n’en considère pas moins « qu’on peut les dresser à la raison comme à la folie » ; — et qu’en cela même doivent consister l’œuvre de la civilisation [Cf. ses Remarques sur les pensées de Pascal] ; — et l’objet de la société [Cf. l’A, B, C]. — C’est ce qui le sépare profondément de Rousseau ; — et bien mieux que l’opposition de leurs intérêts ; — c’est ce qui explique la violence de leurs disputes ; — Voltaire ayant toujours vu la condition des seuls progrès dont les hommes soient capables, — dans ce qui est aux yeux de Rousseau la cause de leur « dépravation ». — Cette première idée le conduit à une autre, qui est de poursuivre à outrance, — et malheureusement par tous les moyens, — tout ce qu’il trouve d’irrationnel, ou seulement de déraisonnable dans l’organisation de la société ; — et de là ses attaques à une « justice » — dont il avait lui-même éprouvé l’injustice ; — de là ses déclamations contre la guerre, — qu’il impute sans hésitation ni réflexion à des mobiles toujours bas et intéressés ; — de là ses attaques à la religion, qu’il considère à la fois comme inhumaine, irrationnelle, et « bonne pour la canaille » [Cf. à cet égard Dieu et les hommes, l’Examen de Mylord Bolingbroke, et dix autres pamphlets]. — Mais après cela, comme il est Voltaire, — c’est-à-dire trop perspicace pour ne pas savoir ce que vaut une religion comme « principe réprimant », — il croit à l’existence d’un « Dieu rémunérateur et vengeur », — qui implique la croyance à l’immortalité de l’âme ; — ainsi qu’à la Providence ; — et généralement à tout ce qui constitue la « religion naturelle » ; — y compris la confiance au « Dieu des bonnes gens » ; — avec cette arrière-pensée que, de tous les mortels, ce Dieu n’en regarde aucun avec plus de bienveillance que les amis des lumières ; — quand surtout ils écrivent en vers ; — et qu’ils font des tragédies. Il n’a d’ailleurs pas vu qu’il n’y a pas de « religion naturelle » ; — pas plus qu’il n’y a pas de « nécessité libre » ou de « hasard constant » ; — l’association même de ces idées étant contradictoire dans les termes ; — toutes les vérités qu’enseigne la religion naturelle lui venant d’une autre source qu’elle-même ; — et n’étant qu’une « laïcisation » des enseignements de quelque religion « révélée ». — Il n’a pas vu davantage que, — si la raison peut atteindre quelques-unes des vérités constitutives de la religion, — ce n’en sont point les plus hautes ; — ni surtout les plus efficaces ; — et que la croyance en un « Dieu rémunérateur et vengeur » ne pouvant être un principe ni surtout un mobile d’action, mais uniquement un motif de ne pas faire, — ne saurait suffire à fonder la morale ; — laquelle devient donc ainsi purement sociale ; — et conséquemment relative, diverse et changeante. — Qu’au surplus, dans sa polémique injurieuse et grossière contre le christianisme, — il a manqué non seulement de justice, mais de loyauté ; — en méconnaissant la supériorité du christianisme sur le mahométisme, par exemple, ou sur le paganisme ; — si, du point de vue purement historique ou humain, le christianisme a renouvelé la face du monde, — et si d’autre part l’intolérance et le « fanatisme » ne l’ont point attendu pour se déchaîner parmi les hommes. — Il ne semble pas en effet qu’une ardeur de prosélytisme ait précipité les Perses contre les Grecs ; — ni que les partisans de Marius ou de Sylla se soient entrégorgés pour une question de dogme. — Et ce qu’enfin il a vu moins clairement encore que tout le reste, — c’est que, dans cette société même, la raison toute seule n’a jamais rien fondé de vraiment durable ; — si même on ne peut dire qu’elle tend plutôt à l’anarchie qu’à l’union. — C’est ce qu’avaient fortement établi les Bossuet et les Pascal ; — que pour ce motif Voltaire a tant combattus, sans les avoir toujours compris. — Incomparable pour saisir avec rapidité les aspects superficiels et la ressemblance extérieure des grandes choses, — Voltaire n’a jamais eu la force de méditation ; — il ne s’est jamais donné les loisirs studieux qu’il faut pour les approfondir ; — et c’est ce que de bons juges veulent dire, — quand ils lui refusent le titre de philosophe ou de penseur, — et qu’ils appellent son œuvre « un chaos d’idées claires » [E. […] L’affaire Goëzman, — et les Mémoires, 1773-1774. — Effet soudain qu’ils produisent ; — et soudaine popularité du nom de Beaumarchais. — Raison de ce succès ; — et qu’il y en a de politiques ; — mais il y en a de littéraires aussi ; — quoique les plaisanteries y soient d’un goût parfois douteux ; — l’éloquence toujours voisine de la déclamation, — et les intérêts en cause un peu mesquins. — Du Barbier de Séville, 1775 ; — et comment en y reprenant l’un des sujets qu’on pouvait croire le plus usés, — Beaumarchais y a trouvé son chef-d’œuvre ; — et le chef-d’œuvre de la comédie française au xviiie siècle. — Le succès du Barbier de Séville a consacré la comédie en prose ; — c’est depuis lui que l’habileté de la disposition de l’intrigue ; — le mouvement du drame ; — la verve hardie du dialogue sont devenus des conditions du genre. — Intervention commerciale et politique de Beaumarchais dans les affaires d’Amérique, 1776, 1778. — Les qualités du Barbier se retrouvent dans le Mariage de Figaro, 1783 ; — et il s’y en joint d’autres encore ; — moins théâtrales peut-être ; — et qui tiennent autant de la nature du pamphlet que de celle de la comédie. — Portée politique du Mariage ; — et comment elle eût sans doute été plus considérable encore ; — si Beaumarchais, toujours occupé d’affaires au milieu de sa littérature, n’avait eu la malchance de s’attaquer à Mirabeau, 1786 ; — et d’intervenir, 1787, dans le procès du sieur Kornmann et de sa femme ; — où l’avocat Bergasse le maltraite encore plus qu’il n’avait, lui Beaumarchais, douze ans auparavant, maltraité Goëzman ; — et pour d’autres raisons ; — mais avec autant d’apparence de justice ; — et non moins d’applaudissements à son tour.
Entre la cupidité qui partage avidement les dépouilles du vaincu, entre les chiens qui se précipitent sur le cadavre du sanglier, et les hommes animés d’une ambition vraie, préparés par leurs études, par leurs convictions, au gouvernement du pays, il n’y a nulle comparaison, nulle alliance ; et ce n’est pas aux champions glorieux de la raison, de la justice, de la liberté que s’adresse la satire. […] Louis de Rohan n’est guère traité avec plus de justice. […] Je passe sous silence l’inutile torture à l’aide de laquelle la justice essaye d’obtenir des aveux ; mais je ne puis omettre les hautaines railleries du patient. […] Toutefois nous devons lui rendre cette justice, qu’il se montre courageux et persévérant. […] Ce que je dis des héros de Shakespeare, je puis le dire, avec une égale franchise, avec une égale justice, des fables où ces héros sont engagés.
La justice traite différemment chaque caste ; elles sont inégales devant l’impôt. […] En un mot, la notion de paradis est la notion de vie future à laquelle s’est agrégée une idée de justice ou, tout au moins, une idée sentimentale. […] Cependant, les civilisés y ont, à une époque incertaine, mais assez éloignée, joint l’idée de justice, ou de réparation, ou de bonheur, ce qui donne le paradis. […] Le monde entier doit connaître le nom de Ruskin, mais l’Angleterre doit le vénérer, car il a rénové en elle le sens de la justice sociale et le sens de la justesse artistique. […] En tel procès criminel, il s’agit de reconnaître un personnage entrevu, et on y arrive, mais en influençant les témoins, en les mettant sur la piste probable ou sur celle que la justice désire leur voir suivre.
Et lorsque l’événement fatal se produira, il est probable que personne parmi nous ne fera ce simple raisonnement : si, lorsqu’une nation — la France, par exemple — prend pied sur un territoire, c’est le congréganiste, le militaire et le fonctionnaire — éléments nuisibles ou neutres — qu’elle installe, tandis qu’une autre nation — mettons l’Angleterre — y verse des agriculteurs, des industriels, des trafiquants — éléments actifs — il est clair qu’au point de vue de la civilisation mondiale, du bonheur, de la justice et de la santé de l’ensemble, la diminution de la sphère d’influence de la première est un bien. […] Je comprends fort bien et je partage même le sentiment qui induit des consciences éprises de justice — (au sens humain et restreint que nous donnons à ce mot) — à protester contre la suppression violente ou progressive d’un groupe national. […] Et après avoir maudit la loi qui semble broyer toutes nos idées contemporaines de droit et de liberté, élevons-nous jusqu’à la compréhension du splendide but cosmique vers lequel sa marche lente et continue l’achemine — malgré tous les retards et tous les reculs — remettant à la fonte les formes usées ou mauvaises, extrayant le bien du mal en une mystérieuse alchimie, et ne refusons pas de voir dans ce qui n’est, à notre courte vue d’hommes, qu’iniquité, une plus large justice, auprès de laquelle la nôtre n’est qu’une vague notion conçue par le cerveau d’un enfant, une justice qui s’égale aux proportions mêmes de la nature. […] Où serait la justice dans les normes du monde si ceux qui ont désobéi aux lois de nature avaient autant de chances d’avenir que ceux qui s’en témoignèrent respectueux ?
Critique sévère, clairvoyante sur presque tous les points, et dont Racine aura l’esprit de profiter, — mais où, enfin, Saint-Évremond rendait assez justice au jeune auteur. […] Par la suite, on réconcilia tant bien que mal Racine et Molière, et tous deux eurent l’esprit de se rendre réciproquement justice, ou à peu près, sur leurs ouvrages. […] Il n’ajouta rien, que je sache, à l’ordonnance civile de 1667 par laquelle il avait voulu corriger les dérèglements de la justice. […] Et, à la fin de sa préface, Racine assimilait clairement Corneille au « vieux poète malintentionné » dont parle Térence dans le prologue de l’Andrienne Racine est sans respect ni charité, comme Corneille avait été sans justice. […] À un moment, Suréna ayant dit qu’il veut mourir pour se tirer d’embarras, Eurydice répond mélodieusement : Vivez, seigneur, vivez afin que je languisse, Qu’à vos feux ma langueur rende longtemps justice.
« — Si cela est vrai, ce n’est que justice. […] Un de ceux qui l’ont aimé et admiré depuis son enfance jusqu’à sa mort s’est chargé de cet acte de justice en écrivant sa vie et en la faisant connaître par sa correspondance, c’est M. […] Je m’arrête, renvoyant le lecteur à ce livre plein de hautes pensées, de l’amour de l’humanité et de la justice et que M. […] La République, avant l’épreuve, apparaissait à ses fidèles comme un idéal de désintéressement, de justice et d’honneur, et l’immatérielle splendeur de leur rêve justifiait assez le culte farouche qu’ils lui avaient voué. […] Il faut que la tête du plus coupable m’en fasse justice !
Le grand poète a réalisé le tour de force d’écrire ces quatorze volumes dans la vieille langue française correspondant à peu près à la langue Castillane de cette époque, virtuosité littéraire à laquelle le grand Littré a rendu hautement justice. […] Le grand poète a réalisé le tour de force d’écrire ces quatorze volumes dans la vieille langue française correspondant à peu près à la langue Castillane de cette époque, virtuosité littéraire à laquelle le grand Littré a rendu hautement justice. […] Il se laissa choir un jour maladroitement dans la salle des Pas Perdus du Palais de Justice. […] Où est la justice ? […] Mme Adam n’était pas encore chrétienne à cette époque, mais elle s’était déjà nettement séparée du Radicalisme sectaire dont sa soif de justice l’empêcha toujours d’adopter le programme persécuteur. « L’anticléricalisme, disait-elle, m’a brouillée avec tous mes amis.
Et voici Rousseau, défunt Rousseau, dans le temps que Genève se permet de lui élever un monument : « Tristes fêtes dont nous n’osons plus rire, quand nous songeons qu’il est une autre vie et que probablement ce malheureux Rousseau, mort dans l’hérésie, sans sacrements et, selon toute apparence, sans repentir, a plus affaire à la justice de Dieu qu’à sa clémence. […] Où sont les travailleurs qui nourrissent la société, les penseurs qui l’instruisent, les magistrats qui font prévaloir la justice, les médecins qui soignent les maux du corps, les pasteurs qui guérissent les plaies de l’âme ? […] Ainsi, La Justice de paix, conte que j’aurai la décente hypocrisie de ne point analyser : et qui, dans son genre obscène, est excellent ; et qui — changez seulement le magistrat — serait, en vers, un conte de La Fontaine, un conte drôle et anodin. […] Gradoine, qui n’a pas réussi, se fâche, au nom de la justice. […] » Gradoine accuse l’autorité de fraude, la justice de corruption, la religion de mensonge : « Autorité, justice, religion, moi j’achèterai tout !
— Comme j’ai la justice pour moi, je ne crains rien. […] Néarque, chrétien fervent, mais ayant besoin de l’entraînement d’un Polyeucte pour devenir martyr ; Sévère, honnête homme, sage, tempéré, philosophe éclairé, plein d’un grand esprit de justice et de tolérance, mais un peu froid, et ayant besoin que Pauline l’anime pour aller jusqu’au dévouement, à la générosité héroïque qui fait taire la passion et parle contre elle. […] La justice de Molière se montre en cela. […] Il n’est que justice de le dire. […] Est-ce aux rois à garder cette lente justice ?
C’est dans cette discussion du Code civil que Bonaparte, étonné de la force, de la logique et de l’activité de pensée, de la profonde science de Tronchet, jurisconsulte octogénaire, l’étonne bien plus lui-même par la sagacité de son analyse, par le sentiment de justice qui lui fait chercher la règle applicable à chaque cas particulier ; par ce respect pour l’utilité publique et pour la morale qui le fait poursuivre toutes les conséquences d’un principe de législation ; par cette sagesse d’esprit qui, après l’examen des choses, lui laisse encore le besoin de connaître l’opinion des hommes de quelque autorité, les exemples de quelque poids, la législation actuelle sur le point en question, la législation ancienne, celle du Code prussien, celle des Romains ; les motifs et les effets de toutes.
L’indisposition de son mari, mais surtout la beauté, la jeunesse et l’esprit galant de cette dame n’ont fait aucun tort à sa vertu, et quoique les personnes qui soupiraient pour elle fussent des plus riches du royaume et de la plus haute qualité, elle a mérité l’estime générale de tout le monde par la sagesse de sa conduite ; et on lui doit même cette justice de dire qu’elle s’est piquée d’une belle amitié conjugale sans en pratiquer les principales actions. » Certes, c’est là un témoignage qui compte de la part d’un contemporain, d’un homme qui ne passe pas pour trop scrupuleux et qui s’exprime en général assez librement.
On ne parle plus de ceux de Voltaire, il les garde : on s’est souvenu du mot de M. le duc d’Orléans, à qui il demandait justice sur pareils coups, et le prince lui répondit : « On vous l’a faite. » » L’évêque de Blois a dit : « Nous serions bien malheureux si les poètes n’avaient point d’épaules. » On dit que le chevalier de Rohan était dans un fiacre lors de l’exécution, qu’il criait aux frappeurs : « Ne lui donnez point sur la tête !
Rendons aussi cette justice à notre âge : on est assez disposé à y accepter, tel qu’il s’offre, cet abbé sublime, ce moine digne de Syrie ou du premier Clairvaux, ardent, impétueux, impatient, d’action et de fait plus que de discussion et de doctrine, bien que de grand esprit à la fois ; vrai moine de race, comme dirait de Maistre, indompté de tout autre que de Dieu.
Quant à Béranger, il est bien l’homme de sa réputation, le chansonnier populaire de ces quinze années ; oui, messieurs, populaire à la lettre, bien autrement que Desaugiers, qu’on lui a opposé sans justice, et qui réussit peut-être mieux auprès des gastronomes ; populaire exactement dans le même sens qu’Émile Debraux et autres que ni vous ni moi ne connaissons.
Il en faudrait dire autant, à plus forte raison, de plusieurs brochures de lui sur le même sujet, et dont une polémique de charité et de justice animait l’accent13.
Sue cette justice qu’il a sérieusement étudié son sujet, et non-seulement dans les sources ouvertes et faciles, mais dans les plus particulières.
Avant de rendre compte des moyens et des résultats de son travail, il importe toutefois (c’est justice) de caractériser une phase nouvelle qui semble s’ouvrir en France pour la critique littéraire, et dont M.
Mais les uns croient que la garantie de la liberté, le maintien de l’ordre, ne peut subsister qu’à l’aide d’une puissance héréditaire, et conservatrice ; les autres, reconnaissent de même la vérité du principe, que l’ordre seul, c’est-à-dire l’obéissance à la justice, assure la liberté : mais ils pensent que ce résultat peut s’obtenir sans un genre d’institutions que la nécessité seule peut faire admettre, et qui doivent être rejetées par la raison, si la raison prouve, qu’elles ne servent pas mieux que les idées naturelles, au bonheur de la société.
Le marquis de Mirabeau décrit « la fête votive du Mont-Dore, les sauvages descendant en torrents de la montagne650, le curé avec étole et surplis, la justice en perruque, la maréchaussée, le sabre à la main, gardant la place avant de permettre aux musettes de commencer ; la danse interrompue un quart d’heure après par la bataille ; les cris et les sifflements des enfants, des débiles et autres assistants, les agaçant comme fait la canaille quand les chiens se battent ; des hommes affreux, ou plutôt des bêtes fauves, couverts de sayons de grosse laine, avec de larges ceintures de cuir piquées de clous de cuivre, d’une taille gigantesque rehaussée par de hauts sabots, s’élevant encore pour regarder le combat, trépignant avec progression, se frottant les flancs avec les coudes, la figure hâve et couverte de longs cheveux gras, le haut du visage pâlissant et le bas se déchirant pour ébaucher un rire cruel et une sorte d’impatience féroce Et ces gens-là payent la taille !
Quelle justice parle au cœur en pareilles images ?
La probité, la justice, la bonne foi, personne n’ignore qu’elles avaient choisi le cœur et toute l’âme de Laurent pour leur domicile et le temple qui leur était le plus agréable.
Si, trop sensibles à la l’orme, trop épris de bon sens et de bon goût, nous sommes tentés de la juger bien sévèrement, il faut adoucir pourtant un peu notre justice, et songer que la prolixe médiocrité de nos trouvères et de nos conteurs a conquis le monde.
Il sera facile de louer ce débat de la Miséricorde et de la Justice, qui encadre le mystère et la Passion, en lie les scènes, et en précise le sens : ce drame symbolique, se jouant dans le ciel au-dessus du drame humain qui l’explique, est une haute invention.
Dur métier qui suppose d’incessantes lectures, un esprit toujours en éveil et le goût de la justice.
La place, dans l’obscurité de la nuit, est encore pleine de la justice d’hier.
Dans ses malheurs, il a été recueilli par Dame Justice et il a fait chez elle, pour raison de santé, quelques petites retraites.
Le principe fondamental de l’école utilitaire, c’est que le seul critérium possible de la justice ou de l’injustice des actions consiste dans leurs conséquences calculables, c’est-à-dire dans leurs tendances : « Toujours depuis que l’homme est devenu un être social et moral, l’observation et le raisonnement ont montré constamment que certaines actions — par exemple, dire la vérité — tendent en général à augmenter le bonheur de l’humanité ; et que certaines actions contraires — par exemple, mentir, — tendent à porter atteinte au bonheur de l’humanité.
Les vieillards écoutent ces accusations étouffées, ils entendent crier le sang répandu ; une parole terrible leur échappe : — « Je pressens un grand malheur embusqué dans l’ombre ; les Dieux ont l’œil sur ceux qui ont fait périr beaucoup d’hommes. » — Le Chœur est pourtant un sujet fidèle, il aime son roi et il le vénère ; mais une justice supérieure parle plus haut en lui que son affection.
Pourtant le caractère de Louis XV étant donné, c’est encore ce qui pourrait peut-être arriver de, mieux à ce roi que de tomber aux mains d’une femme « née sincère, qui l’aimait pour lui-même, et qui avait de la justesse dans l’esprit et de la justice dans le cœur : cela ne se rencontre pas tous les jours. » Telle est, du moins, l’opinion de Voltaire, jugeant Mme de Pompadour après sa mort.
Mes amis m’ont représenté, monsieur, que les accusations de l’auteur des Cacouacs étaient trop graves et trop atroces pour que je dusse souffrir d’y être impliqué nommément ; je prends donc la liberté de vous porter mes plaintes du commentaire que Fréron a fait à mon sujet, et de vous en demander justice.
Qu’on ne mette plus les honnêtes gens dans la dépendance des hommes qui les ont opprimés, mais qu’on donne les bons pour guides aux méchants : c’est l’ordre de la morale et de la justice.
Cet éloge du Grand Condé transporta Bussy, et il faut lui rendre cette justice que, si maltraité qu’il fût de ce prince en d’autres occasions, nul ne l’a peint avec plus d’enthousiasme et de feu dans sa beauté martiale.
C’est ainsi qu’en mourant ils rendent hommage à la justice des hommes, et témoignent de leur foi en leur libre arbitre.
En regardant cette foule, je songe que c’est une singulière chose que la justice de cette première postérité, qui suit un talent à peine refroidi.
Le Dieu de Milton est un créateur & un juge ; mais sa justice ne détruit point sa bonté.
Tel est l’hommage que Musset, avec justice, a rendu à La Fontaine conteur.
… Si la gloire atteint Guérin un jour, — et elle l’a atteint, quoiqu’on n’ait jamais tort de douter de la justice de cette fille des hommes, — Mlle Eugénie, sa sœur Eugénie au front pâle et doux (comme il dit, modeste pour elle), doit remporter sur toutes les sœurs de poëte, dont les frères nous ont appris les noms et chez qui l’Épouse, la Mère, la Femme enfin, rayonnant en sentiments divers, ont diminué la sœur et comme fané la virginité de sa tendresse.
Avoir constamment un extrême souci de la justice, il faut exiger beaucoup : avoir de l’autorité, en acquérir encore, sans perdre le contact des hommes ; il faut pouvoir remonter et consoler.
Les bravi assassinent moyennant finance et les gens de justice font pis que les bravi. […] Nulle idée de la justice. […] VII Supposez donc que le législateur leur dise : « Je vous dois une loi juste, et vous n’êtes pas traités selon la justice, lorsque, appelés à donner votre confiance, vous êtes forcés de choisir entre des gens que vous ne connaissez pas. […] Il avait trente-deux ans, il rentrait dans la bataille de la vie, et la lutte qu’on engage contre les hommes lui semblait pire que la lutte qu’on soutient contre la nature : car, dans celle-ci, on combat contre des forces brutes et l’on ne s’attend point à être ménagé ; on s’attend à être ménagé dans l’autre, et l’on souffre d’autant plus lorsqu’on découvre que la guerre s’y fait à toutes armes, sans souci de la justice et de l’humanité. — Gleyre s’en retira lorsqu’il eut fait cette découverte : un accident lui avait montré le fond de l’homme. […] Pendant plusieurs mois, il abandonnait sa narration, il s’enfermait avec les feudistes ou les économistes, il étudiait le droit féodal, la tenure de la propriété, l’état des justices, la théorie des physiocrates, les plans de Turgot ; puis, comme toute question en suggère une autre, il passait de Quesnay à Bentham, de la morale physiocratique à la morale spiritualiste, de la vieille France à la France moderne.
La postérité revient aux sacrifiés avec une foule de bons et de mauvais sentiments, mélange qui se retrouve à l’origine de presque toutes nos actions, avec un souci de la justice, une saine et noble curiosité, et aussi un malicieux désir de faire pièce un peu à ceux qui ont trop triomphé, aux victorieux authentiques, aux princes consacrés de la littérature.
Non, on ne peut, en justice et en conscience, lui demander beaucoup davantage. […] Mme Silvain, qui a une très bonne voix et qui articule bien et qui est intelligente, a eu un rare succès : elle s’est fait applaudir dans le rôle de Laonice, qui n’est qu’une utilité, et vraiment, quoique ce fût bienveillance, c’était aussi justice. […] Maurice Olivaint, dont le public a déjà remarqué deux volumes de poésies : Les Fleurs du Mé-Kong et Les Fleurs de corail, couronnées, en toute justice, par l’Académie française, et qui fit représenter à ce même Odéon une adaptation en vers des Deux Gentilshommes de Vérone de Shakespeare. […] Or, le monologue préparatoire et explicatif de la scène que je viens de citer, le monologue qui la précède immédiatement, pour nous y mener et nous y introduire, le monologue par quoi Corneille veut nous éclairer à l’avance sur la scène de la proposition, le monologue par quoi il veut nous étaler l’état d’âme de Rodogune sans voile et sans détour, pour que nous ne nous trompions pas et pour que nous ne puissions pas nous tromper sur la scène de la proposition ; ce monologue ne contient pas un mot qui soit d’accord avec la singulière interprétation de Corneille dans son Examen ; et il en contient cent qui nous montrent Rodogune comme très sérieuse et très décidée dans son dessein de venger Nicanor et de faire tuer Cléopâtre. — Je cite presque tout ce monologue puisque j’ai besoin, contre Corneille, de Corneille lui-même ; et du reste le couplet est assez beau pour que vous n’ayez que du plaisir à vous le remettre en mémoire : Sentiments étouffés de colère et de haine, Rallumez vos flambeaux à celles de la reine, Et d’un oubli contraint rompez la dure loi, Pour rendre enfin justice aux mânes d’un grand roi. […] C’est le contraire qu’il fallait faire en toute justice.
Voilà pourquoi Rose est là ; mais elle n’y est point du tout comme personnification de l’indulgence et de la justice. […] Mendès, car le succès a de ces rançons et la justice cette part d’iniquité, il restera aux yeux de nos petits-fils l’œuvre dramatique de M. […] A travers sa stupéfaction, Mme Marèze, qui est une nature droite, d’abord rend pleine justice à Juliette ; ensuite lui donne un peu de son cœur ; et enfin elle finit par comprendre. […] Elle n’a pas de preuves valant en justice ; un commissaire de police, qui m’a paru un peu idiot, ou un peu trop « du parti des hommes », lui a démontré qu’il était à peu près impossible à une femme trompée en dehors du domicile conjugal de divorcer d’avec son mari. […] Et enfin, quand éclate ce que tout le monde attendait, la grande discussion et querelle sur l’idée de patrie, il est clair que l’on est remué par les belles et fortes paroles que trouve Aubier pour expliquer pourquoi il aime son pays, et on l’applaudit vigoureusement, et c’est justice pour toutes sortes de raisons et même parce que le couplet est très beau ; mais on ne peut pas s’empêcher de se dire que tout cela est un peu faux, nonobstant, non pas en soi, mais en ce que personne n’y dit la parole juste, la vraie parole juste.
Je vous dis : Faites-moi aussi la grâce ; faites-moi l’égalité, faites-moi l’équité ; traitez-moi comme eux ; puisque en somme vous êtes venu me voir ; faites-moi la justice de croire non seulement que je ne vous offense pas, mais que je ne peux pas vous offenser. […] Ou alors il n’y a plus de justice. […] Il faut lui rendre cette justice, non seulement à Jérimadeth mais à Hugo, que de tous les noms hébreux qui se présentaient, qu’il pouvait choisir, qui demandaient, qui imploraient, qui étaient à ses pieds, il n’y en avait certainement aucun qui rendît à ce point, par sa forme même, par son énoncé, et aussi par sa phonétique, si je puis dire ; par sa configuration, surtout par sa graphie, qui était une vraie géo-graphie ; cette h notamment qu’il y avait à la fin, les deux jambages, les deux tours de Notre-Dame, et qui déjà inaugurait si solennellement le nom même de Hugo ; le nom saxon ; qui fît à ce point qu’on y fût ; qu’on y était ; que c’était bien Ruth qui était couchée, aux pieds de Booz. […] Ce Hugo, qui dans sa carrière a mis tant de Grandes Capitales où il n’en aurait pas fallu : Liberté, Égalité, Fraternité, Raison, Justice, Droit et le reste, pour une fois qu’il en devait mettre une, le politicien s’est effrayé, il a renâclé devant cette grande capitale. […] Il fait comme une enquête, une opération de justice, une remontée de justice.
Je l’entends exprimer ainsi cette grande vocation de justice et de vérité : « Où passa ma jeunesse, sinon dans la recherche sombre, jusqu’au jour où je vis, je pris ce rameau d’or dont j’évoquai les nations ? […] Celle qui danse nue au sabbat, célèbre le rite du crapaud et du bouc, baise la fesse du diable, cherche l’herbe suspecte et l’équivoque solanée, celle que pourchasse une justice stupide pour l’écraser du poids de son marteau, la livrer aux Sprenger et aux Lancre, la torturer d’exorcismes, est encore, et malgré tout, la femme et mérite la pitié. […] Une âme moins énergique et moins féconde se fût usée au spectacle de tant de siècles ; la sienne y puisa un infatigable espoir ; l’avenir lui apparaissait lumineux de paix et de justice. […] Il aima la justice et la vérité, et, comme tout homme, il y mêla la violence et l’erreur. […] Il lui restait de ses longs services un sentiment de justice et de pitié, le culte de l’honneur, une sorte de stoïcisme hautain, le goût de la solitude et de la retraite.
Il suffit, pour s’en convaincre, de parcourir les chapitres du quatrième livre de son grand ouvrage, qu’il consacre à l’analyse de la justice, de la bonté et de la pitié. […] Zola cette justice qu’il a conscience de l’insuffisance de son apport. […] La société n’a rien trouvé pour défendre l’innocent contre le coupable : tout ce qu’elle peut faire, c’est de le laisser s’armer du revolver ou du vitriol, c’est de l’acquitter quand il s’est fait justice. […] Immoral, lui qui ne songe qu’à faire avancer le règne de la justice, lui dont chaque œuvre est un effort vers le bien, lui dont la pensée unique est d’adoucir la passion et de transformer le plaisir en vertu quelle erreur et quelle injure ! […] vers la Justice forte et claire !
Il n’y a, dans cet ordre de faits, aucune justice, et le règne de la justice y est particulièrement chimérique, parce que les joies et les chagrins d’une vie tiennent beaucoup moins aux événements dont elle est traversée qu’au caractère physiologique de l’individu. […] Je ne réprouve pas les superstitions : les plus humbles ont une raison d’être aussi profonde que les délicates croyances religieuses et, en somme, l’esprit humain n’est capable que de deux états, l’état de foi et l’état d’incrédulité : croire à la Justice et croire à la Sainte Vierge, c’est également se rejeter en dehors de la certitude vers le pays des dogmes, des hypothèses, des désirs et des rêves. Il serait cependant plus facile de trouver dans l’histoire un fait certifiant l’intervention d’un personnage mythologique qu’un fait duquel l’idée de justice puisse s’inférer légitimement. […] Pascal a noté des faits encore plus minces ; il annexait tout à son génie : les valets précédant la chaise des grands lui font faire des réflexions sur la justice et inclinent sa logique à respecter la force. […] L’amour, la justice, le salut, l’intelligence, la volonté et tous ces mots abstraits qui sont communs d’usage aux philosophes et au peuple, n’ont pas le même sens pour le peuple et pour les philosophes ; quoiqu’ils représentent essentiellement des idées générales, ils ne peuvent, en effet, être compris, même par un philosophe, que sous la catégorie particularité.
Notre âme, au contraire, sent le besoin de résister aux raisonnements de Pline, et d’abattre cette raison si fière: il semble que le convaincre d’erreur, c’est restituer à l’homme tous ses droits, à la nature sa grâce et sa beauté, à Dieu sa justice et son pouvoir. […] Il n’y a que la méchanceté des hommes qui leur fasse nier une justice qu’ils craignent.
Une église, la cathédrale des charbonniers, noire au dehors, noire au dedans ; un tribunal, un temple noir de la Justice, un Odéon de la loi, académiquement funèbre, et d’où l’on tombe sur une promenade, où les arbres maigrissent d’ennui dans une grande ombre moisie. […] Alors de mornes désespoirs, où dans le pessimisme momentané qui pousse les choses à l’extrême, il y a des tentations de suicide… et c’est une revue rageuse, dont on s’empoisonne l’âme, de tout ce que, tous deux, nous avons eu de dénis de justice, de mauvaises chances, d’échecs, de faillites du succès, tombant au milieu de cet état maladif qui ne nous laisse pas un jour sans la souffrance de l’un de nous ou l’inquiétude de la souffrance de l’autre.
Il est temps de faire justice des critiques entassées par le mauvais goût du dernier siècle sur ce style admirable, et de dire hautement que Molière occupe la sommité de notre drame, non seulement comme poëte, mais encore comme écrivain. […] Le temps fera justice du livre, ou la lui rendra.
Henry Bérenger seul ou à peu près seul1 a rendu publiquement justice à l’œuvre créatrice de M. […] Que l’on réfléchisse sur n’importe lequel de ses grands poèmes philosophiques, sur la Justice plus que sur tout autre : c’est la conclusion naturelle à laquelle on aboutit, et tout en admirant la pensée de l’auteur, qui semble en poésie neuve, ingénieuse ou profonde, on s’attriste de ce que la forme qui enveloppe cette pensée soit si souvent timide et même embarrassée, comme si elle hésitait à être ce qu’elle voudrait être.
Il a supputé « ce qu’il y introduit de pudeur, de douceur et d’humanité, ce qu’il y maintient d’honnêteté, de bonne foi et de justice ». […] Et c’est justice. […] Tout au moins avons-nous droit à un plaisir de justice qui nous est refusé. […] À la tête du parquet d’abord, puis second président au Sénat, jamais une émotion ne l’effleura dans l’exercice de la justice, si terrible fût le cas. […] On parlait d’abus et de réformes, de justice, d’égalité… Des gentilshommes, des magistrats, des prêtres, même des grandes dames, s’entretenaient à la Loge blanche.
Marthe le sait bien quand elle implore la justice de l’Univers93. […] La Ville (Première et seconde versions), Librairie du Mercure de France, 1911 Propositions sur la justice, dans l’Indépendance, 15 Mai 1911 Chemin de Croix, dans Durendal, 1er Juin 1911 Sous presse : Théâtre. […] Et non plus elle ne revendique rien, elle ignore la justice, elle ne réclame pas avec amertume son dû.
C’était justice, si Lamennais, Bonald ou de Maistre n’avaient pas flétri plus énergiquement « les saturnales de l’athéisme et de l’anarchie », ni traité d’un plus hautain mépris les « écrits sophistiques et déréglés des Voltaire, des Diderot et des Helvétius ». […] Influence de Chateaubriand sur le développement du sentiment historique ; — et que pour s’en rendre compte, on n’a qu’à comparer ses Martyrs aux Histoires de Voltaire. — Quelle que soit en effet la vérité vraie de ses Francs, de ses Gaulois, de ses Romains et de ses Grecs ; — laquelle est toujours discutable ; — au nom d’une érudition devenue depuis lui plus précise ; — ils ne se ressemblent pas entre eux ; — et c’est ce qui les distingue des Grecs et des Romains de la tragédie pseudo-classique. — Ce qui revient à dire qu’il a eu l’art d’individualiser les époques de l’histoire ; — comme il avait fait les scènes de la nature ; — et c’est la justice que lui a rendue Augustin Thierry [Cf. plus loin, p. 430, l’article Augustin Thierry]. — De l’importance de cette innovation d’art ; — et comment en devenant le principe de tout ce que le romantisme désignera par le nom de couleur locale, — elle a contribué au renouvellement de la poésie ; — au renouvellement de la manière d’écrire et de concevoir l’histoire ; — et au renouvellement de la critique même ; — s’il y a quelque chose de Chateaubriand jusque dans Villemain, Sainte-Beuve, et Renan. […] ] ; — ses premiers écrits : l’Éloge historique de Victor-Amédée III, 1775 ; et l’Adresse à la Convention nationale, 1794. — Séjour à Lausanne. — Cinq paradoxes à la Marquise de M***, 1795 [publiés en 1851 seulement] ; — et combien la connaissance en importe à la définition du talent de J. de Maistre ; — s’ils établissent que nul, en son temps, n’a eu plus que lui le goût du paradoxe ; — ni plus de tendance à la préciosité. — Les Considérations sur la France, 1796. — Il est nommé ministre du roi de Sardaigne à Saint-Pétersbourg ; — où il demeure jusqu’en 1817 ; — et c’est là qu’il compose ses principaux ouvrages : l’Essai sur le principe générateur des constitutions politiques, 1810 ; — la traduction du Traité de Plutarque sur les délais de la justice divine, 1815 ; — son livre du Pape, 1819 ; — ses Soirées de Saint-Pétersbourg, — et son Essai sur la philosophie de Bacon. […] — et qu’en tout cas on lui rendrait plus de justice à lui-même ; — sinon pour quelques théories bizarres dont il a semé ses écrits ; — et pour quelques prédictions plus qu’aventureuses [Cf. […] Sur quelles idées fondamentales de droit et de justice a-t-il établi les rapports des hommes entre eux ?
Ainsi empoisonné dans sa source, le divin sentiment de la justice s’était tourné en folie lugubre. […] Les parties supérieures de sa nature disparurent ; il n’en resta que l’animal sans frein ni guide, lancé par ses convoitises à travers la justice et la pudeur. […] Roscommon traduit l’Art poétique d’Horace, Waller le premier acte de Pompée, Denham des fragments d’Homère, de Virgile, un poëme italien sur la justice et la tempérance. […] Ses mésaventures ne seront plus le martyre de la justice, mais les désagréments d’un caractère grognon.
Ici rendons-lui justice. […] Molière, il faut lui rendre cette justice, y touchait d’une main ferme, implacable. […] Ici, c’est un évêque intolérant qui secoue la poussière de ses sandales sur une Académie, parce que la compagnie littéraire accueille chez elle un philosophe convaincu dont toute la vie fut vouée aux lettres, à l’étude et à la recherche de la justice. […] À nous cette humeur satirique des diseurs de bons contes, aïeux et neveux de Rabelais, amis sincères de l’humanité tenue en santé par l’hygiène physique et morale, prêts à dauber sur la moinerie moinillante, bravant le bûcher pour dire la vérité, prenant tous les moyens pour la mettre en lumière, sculptant au besoin leurs protestations railleuses jusqu’au flanc des cathédrales gothiques, répondant à la persécution par la caricature, et n’ayant qu’un but, un désir, une foi ; terrasser l’erreur et faire aimer la justice.
Depuis quinze ans, nous l’avons loué outre mesure, pour lui faire rendre la justice qui lui était due, et que le gros du public lui refusait encore. […] Pourtant Boris était un homme très remarquable, qui avait fait beaucoup de bien à son pays : mais telle est la justice populaire chez les nations barbares ; il va sans dire qu’elle est toute différente chez les nations civilisées. […] Nous étions en hiver ; je jetai au feu mes trois volumes, avec le sentiment de satisfaction profonde que l’on ressent à consommer un acte de justice. […] Il était digne de l’homme qui nous a peint en traits admirables Condé et Corneille, Descartes et Pascal, l’héroïsme militaire et l’héroïsme intellectuel, de faire justice de ces ridicules fadeurs, et de nous montrer que c’est en échappant à leur influence que les grands hommes de cette époque ont conservé intacts leur génie et leur gloire. […] Situation singulière et instructive, où l’on est plus sûr de sa pensée et de sa parole, plus certain d’être de son propre avis en rendant justice à ses adversaires qu’en rendant hommage à ses amis !
Aristophane est resté un grand nom ; et c’est justice, puisqu’il fut un excellent poète. […] Je me rappellerai que ce cri du Prêtre de Némi : « Impossible de sortir de ce triple postulat de la vie morale : Dieu, justice, immortalité ! La vertu n’a pas besoin de la justice des hommes ; mais elle ne peut se passer d’un témoin céleste qui lui dise : « Courage ! […] Ernest Daudet se rend lui-même si largement justice, que telle était à peu près la première version du drame. […] Une fois elle a voulu parler : Réboval, — ce grand honnête homme à qui ses adversaires même rendent cette justice qu’il n’a jamais menti, — lui a donné « sa parole d’honneur » qu’il n’avait pas de maîtresse.
« Je suis opprimé, vous êtes puissant, je demande justice. […] Elle s’accroîtra encore par la justice que vous promettez de rendre à tous les opprimés. […] » Fontanes répondit à Fourcroy : dans son discours, il n’est question d’un bout à l’autre que du Code civil qu’on venait d’achever, et de l’influence des bonnes lois : « C’est par là, disait-il (et chaque mot, à ce moment, chaque inflexion de voix portait), c’est par là que se recommande encore la mémoire de Justinien, quoiqu’il ait mérité de graves reproches. » Et encore : « L’épreuve de l’expérience va commencer : qu’ils (les législateurs du Code civil) ne craignent rien pour leur gloire : tout ce qu’ils ont fait de juste et de raisonnable demeurera éternellement ; car la raison et la justice sont deux puissances indestructibles qui survivront à toutes les autres136. » Il y a plus : le lendemain (4 germinal), Fontanes, à la tête de la députation du Corps législatif, porta la parole devant le Consul, à qui l’assemblée, en se séparant, venait de décerner une statue comme à l’auteur du Code civil (singulière et sanglante coïncidence) ; il disait : « Citoyen premier Consul, un empire immense repose depuis quatre ans sous l’abri de votre puissante administration.
Si je sens une longue épine se tourner dans mon cœur avec tous ses piquants, je me tairai, et j’espère que mes douleurs secrètes me seront comptées dans un monde où tout est justice et vérité.
Vous n’avez pas seulement jugé son talent avec cette sûreté de coup d’œil et d’analyse d’un maître, vous avez aussi apprécié son caractère avec une justice et une bienveillance qu’il n’a pas toujours rencontrée dans les écrivains de son camp.
Sa justice revêt politesse et bonne grâce.
Il faut voir dans la Vie de Madame de La Fayette, par Mme de Lasteyrie (1858), les rapports et la correspondance de Mme de La Fayette avec Roland ministre, lorsqu’elle fut mise en arrestation en septembre 1792 ; il y eut là aussi une gradation marquée, depuis la première rigueur jusqu’au réveil des sentiments d’humanité et de justice.
On a remarqué souvent combien la beauté humaine de son cœur se déclare énergiquement à travers la science inexorable de son esprit : « Il faut des saisies de terre, des enlèvements de meubles, des prisons et des supplices, je l’avoue ; mais, justice, lois et besoins à part, ce m’est une chose toujours nouvelle de contempler avec quelle férocité les hommes traitent les autres hommes. » Que de réformes, poursuivies depuis lors et non encore menées à fin, contient cette parole !
Avec les écrivains, on n’aura jamais à se repentir d’avoir pratiqué la justice, surtout sous la forme de l’humanité.
Laurent, informé de ces justices populaires, envoya délivrer le jeune cardinal Riario, neveu du pape, qui s’était réfugié à l’ombre de l’autel et qui jurait de son innocence.
J’ai tâché d’être juste ; était-ce modestie, était-ce justice ?
Qu’Oreste baigné du sang de sa mère tremble à l’aspect des furies vengeresses dont il se croit entouré ; que Macbeth et Richard III poursuivis par leurs remords pensent l’être par leurs victimes, cet égarement de leurs esprits est la punition de leurs crimes ; et la nature même a créé de tels supplices pour les coupables échappés à la justice humaine.
Il n’y a point, selon lui, de proposition moins soutenable et plus grossière que de croire « qu’un homme, quelque ignorant et quelque grossier qu’il soit, s’il rapporte une grande chose, sans en rien dérober à la connaissance de l’auditeur, pourra avec justice être estimé éloquent et sublime ».
Services, fidélité, présence au jour du danger, absence au jour des récompenses, toute cette réelle noblesse de sa conduite, il ne la donne pas à la légitimité, pour aider au triomphe de la justice, il se la donne à soi-même, pour agrandir sa personnalité.
Moréas, il se croira prince en Tartarie : Que l’on m’emporte dans la ville Où je serai le khan Infaillible comme un prophète Et dont la justice parfaite Prodigue le carcan.
Ce n’est pas, comme l’a imaginé le paradoxe, dédain ou incurie de sa gloire : c’est justice.
Ces grandes pensées sur l’éducation, sur la paix et la guerre, sur la justice, sur les lois, sur les devoirs des princes ; ces vues si justes et si élevées sur les rapports qui lient les hommes dans une société bien réglée, sont autant de nouveautés dans la littérature française.
Il fait justice de la Ligue au nom des principes éternels qui condamnent toute anarchie, il oppose à sa politique la vraie politique de la France, et il retrouve, pour peindre les horreurs de la guerre civile, les accents de Démosthène dévoilant Philippe, et de Cicéron accablant Antoine.
« Et la postérité, ajoute-t-il, lui faisant justice et voyant en lui des mœurs tout conformes à celles de ces grands hommes de l’antiquité, admirera la candeur et l’ingénuité de cet esprit élevé au-dessus du commun, quoique les hommes jaloux maintenant de sa gloire ne veuillent pas reconnaître une vertu si sublime. » C’est sa franchise qui lui attire ces libelles diffamatoires dont les auteurs ont pris dans ce qu’il dit de lui le spécieux prétexte et la matière de toutes leurs accusations.
Quant aux devoirs sociaux particuliers, il est aisé d’en comprendre le mécanisme, une société industrielle exigera surtout, avec les réserves indiquées déjà, de la probité, de la régularité, le sens de la justice l’exactitude à remplir les engagements pris ; une civilisation guerrière imposera des devoirs de solidarité militaire et d’exacte subordination, de courage, de fidélité personnelle, etc.
En tout cas, je peux dire que, s’il y avait en moi quelque capital de production littéraire, la justice voulait qu’il y eût sa large part ; c’est bien lui qui l’avait découvert, je ne m’en étais jamais douté.
Quant à son peuple, c’est bien le moins qu’il ait témoigné du fait auguste, j’atteste la Justice qui ne peut que régner là !
S’il parle d’une bataille, c’est pour faire remarquer que les Combattans qui avoient pour eux la justice, ont eu les revers en partage.
Ces surprises de la justice littéraire ne devaient pas se prolonger longtemps ; elles tenaient surtout à la faiblesse des œuvres qui entouraient le roman de M.
Et Lavallée nous raconte ses révoltes à propos de cette glorification, — lui qui était cependant très libéral, — nous disant avec justice que sa génération n’avait pas été encore apprivoisée au Robespierre, par des tentatives d’explication comme dans Thiers ou des poétisations comme dans Lamartine.
I — Le génie comme puissance de sociabilité La religion commande aux hommes de croire à la réalisation possible d’une société idéale de justice, de charité et de félicité, déjà en partie réalisée et dont nous devons, pour notre part, nous faire membres ou citoyens.
De quelque façon qu’on t’appelle, Bramah, Jupiter ou Jésus, Vérité, justice éternelle, Vers toi tous les bras sont tendus.
LE principal avantage qu’a l’Histoire sacrée sur toutes les autres histoires, c’est qu’elle nous éleve à Dieu, & nous fait connoître sa Providence & aimer sa justice.
Leurs armées rassemblent des Arabes, des Kurdes, des Berbères, des Circassiens, mais ils rendent difficilement justice à un chrétien.
Dès lors on ne lui rendit point assez de justice.
Judex renferme dans sa composition les deux racines jus & dex : cette derniere se trouve employée hors de la composition dans Cicéron ; dicis gratiâ, par maniere de dire : judex signifie donc jus dicens, ou qui jus dicit ; & c’est effectivement l’idée que nous avons de celui qui rend la justice : ce qui prouve, pour le dire en passant, que la définition de nom, comme parlent les Logiciens, differe assez peu, quand elle est exacte, de la définition de chose. Il en est de même de la définition étymologique de justus & de justitia : le premier signifie in jure stans, & le second, in jure constantia ; expressions conformes à l’idée que nous avons de l’homme juste & de la justice. […] On s’abstient de la forme impérative par énergie, quand l’autorité de celui qui parle est si grande, ou quand la justice ou la nécessité de la chose est si évidente, qu’il suffit de l’indiquer pour en attendre l’exécution : Dominum Deum tuum adorabis, & illi soli servies (Matth. iv. 10.), pour adora ou adorato, servi ou servito. […] en faisant l’éloge de sa justice & de sa douceur, at verb hoec tua justitia & lenitas florescit quotidie magis : peut-on penser qu’il ait voulu lui dire que tous les jours il cessoit d’avoir de la justice & de la douceur pour recommencer chaque jour à en montrer davantage ?
Il suivit, pour son noviciat, Louis XIII dans le voyage de Narbonne en 1641, et fut témoin, au retour, de l’exécution de Cinq-Mars et de De Thou : amère et sanglante dérision de la justice humaine. […] Boileau, tout artiste sobre qu’il était et dans un autre procédé que Molière, lui rendait haute justice là-dessus ; il le reprenait sans doute quelquefois et aurait voulu épurer maint détail, comme on le voit par exemple en cette correction qui a été conservée de deux vers des Femmes savantes.
Il punit en homme convaincu, qui tient sur sa table une liasse de preuves, qui n’avance rien sans un document ou un raisonnement, qui a prévu toutes les objections et réfuté toutes les excuses, qui ne pardonnera jamais, qui a raison d’être inflexible, qui a conscience de sa justice, et qui appuie sa sentence et sa vengeance sur toutes les forces de la méditation et de l’équité. […] De leur justice ou de leur injustice, il s’inquiète peu.
À votre nez, mon frère, elle se rit de vous : Et, sans avoir dessein de vous mettre en courroux, Je vous dirai tout franc que c’est avec justice. […] Et tout fini par cette justice.
Ce caractère lyrique de la première période est le fait essentiel ; quand on en sera bien pénétré, on interprétera et on groupera mieux les divers témoignages de la littérature en langue latine ; on retrouvera, derrière le système des clercs, l’âme d’un peuple nouveau, et le jugement total que nous portons sur cette époque de nos origines s’en trouvera heureusement modifié, dans un sens de plus grande justice historique. […] Remarquons dès à présent que la primauté intellectuelle de la France, indiscutable pendant les deux premières ères, nous apparaît beaucoup moins nette au cours de la troisième ; pour diverses raisons : cette époque est trop près de nous pour que nous puissions en voir l’essentiel ; la science des faits les plus minimes nous cache le mouvement des idées ; enfin, le développement d’autres nationalités (et surtout de la nation allemande) a créé une littérature européenne où la France ne règne plus en maîtresse absolue ; mais son rôle au xxe siècle n’en demeure pas moins très particulier, même là où elle ne fait que reprendre des méthodes ou des idées allemandes. — On peut dire de la France qu’elle n’est pas mystique, ni passionnée, ni artiste par intuition ; elle n’est pas créatrice, mais elle est l’éducatrice ; logique, elle dégage des idées latentes ce qui est essentiel, et le met en lumière pour tous ; pratique, elle le réalise ; puis, éprise de justice et de vérité jusqu’au fanatisme, elle constate la première l’insuffisance des réalités présentes, et dans son généreux enthousiasme elle semble se déchirer elle-même, en formulant l’angoisse générale, comme elle avait trouvé hier la formule de l’ordre et de la discipline.
À plus forte raison, les hommes supérieurs ont-ils droit auprès de lui à ce large examen dont l’indulgence est encore de la justice, et qui, faisant la balance de la grandeur qui leur est propre et des misères qu’ils partagent avec d’autres, accorde en fin de compte l’avantage à la grandeur. […] Il a établi l’égalité parmi les hommes, comme parmi les mots, en dérangeant cette justice naturelle qui gît dans l’inégalité. […] Venez, dit le poète, victimes de l’injustice et de la justice. […] N’a-t-il pas mission de visiter les hôpitaux, les prisons, les lavoirs, les gares de chemin de fer, le Mont-de-Piété, les refuges de nuit, toutes les institutions économiques et sociales inventées par la justice, la tolérance, ou la charité ? […] La psychologie. — Supériorité du réalisme russe Ici la justice nous ordonne une distinction qui n’est point, hélas !
Enfin il monta jusqu’à moi et s’y arrêta : sans doute un souvenir, d’abord vague, lui traversait l’esprit, et puis elle se rappelait mieux, elle me reconnaissait… Mais que lui importait après tout que ce fût moi ou un autre ; je ne pouvais plus rien pour elle, et ce sentiment qu’elle avait eu un matin, en me donnant son baiser de petite fille, n’avait peut-être pas duré deux heures… Quant à moi, une pensée folle d’amour m’emportait vers elle, à présent qu’il y avait entre nous cette barrière de crimes ; à présent qu’elle était une chose perdue appartenant à la justice, et aussi inviolable qu’une fille sacrée. […] J’espérais seulement qu’en allant là de très bonne heure, avant le lever des gens de justice, j’obtiendrais peut-être, par un procédé vieux comme le monde, la permission de la voir. […] Homme à principes erronés, il gouverna une nation qui manquait de principes et qui mettait un idéal de prospérité romanesque à la place de la vraie civilisation ; le succès et la chance à la place du droit et de la justice. […] Il crée une formule ; à ce moule il donne un nom qui devient la justice des siècles. […] Grave question que celle-là ; bien discutable aussi l’équité de la justice distributive humaine !
On croyait notre force morale intacte ; on comptait sur nous ; on n’avait pas oublié ce que nous avions fait en d’autres temps ; on souhaitait notre intervention, parce qu’elle eût été favorable aux intérêts de la liberté, de la tolérance et de la justice. […] Il ne se payait pas de mots et de vagues théories ; il voulait contribuer, de toutes ses forces, à la victoire intellectuelle, morale, industrielle de notre pays, non par l’effet d’une vanité irraisonnée, mais parce qu’il voyait partout, à mesure qu’il avançait dans les pays barbares, combien les idées françaises avaient été utiles au progrès de la justice et de la pitié. […] Et, respirant un air nouveau, nous vîmes se dérouler devant nous une immense étendue de terres vierges, des plaines et des plaines, des champs illimités, de pauvres villages épars, « un horizon sans bornes qui appelle à lui » ; et, sous le ciel rude, un peuple d’âmes longuement résignées, accoutumées aux misères et aux servitudes, mais habituées à se consoler du réel par la familiarité de l’invisible, et capables, à l’heure où les cloches tintent et où les étoiles s’allument dans la nuit froide, d’apercevoir, au-delà des tristesses de l’hiver ingrat, le mirage d’un printemps éternel… Nous entendîmes distinctement des voix que, jusqu’alors, nous n’avions pas écoutées ; elles parlaient de choses divines, que les Français avaient jadis aimées, et auxquelles nous ne songions plus : de l’éminente dignité des pauvres, du petit nombre des heureux, de la justice et de la charité. […] Le nombre s’en accroît tous les jours, et même l’esprit de justice de notre vieux commandant s’allie quelquefois dans les jeunes promotions de Polytechnique et de Saint-Cyr à une culture et à un talent de l’espèce la plus rare. […] Wagner s’est imposée, et qu’il nous recommande, par-dessus tout, dans trois nobles livres qui s’appellent Justice, Jeunesse, Vaillance.
Mais il n’est que trois cœurs au monde qu’elle ne peut persuader ni abuser, et près desquels elle perd ses sourires : à savoir, « l’auguste Minerve, qui n’aime que les combats, les mêlées, ou les ouvrages brillants des arts, et qui enseigne aux jeunes filles, sous le toit domestique, les adresses de l’aiguille ; puis aussi la pudique Diane aux flèches d’or et au carquois résonnant, qui n’aime que la chasse sur les montagnes, les hurlements des chiens, ou les chœurs de danse et les lyres, et les bois pleins d’ombre, et le voisinage des cités où règne la justice ; et enfin la vénérable Vesta, la fille aînée de l’antique Saturne, restée la plus jeune par le décret de Jupiter, laquelle a fait vœu de virginité éternelle, et qui, à ce prix, est assise au foyer de la maison, à l’endroit le plus honoré, recevant les grasses prémices. » A part ces trois cœurs qui lui échappent, Vénus soumet tout le reste, à commencer par Jupiter, dont on sait les aventures.
Je conclus donc que, pour un cœur droit qui se présentera devant eux avec cette ignorance pour excuse, ils se serviront de l’axiome de nos juges de la justice humaine : Dans le doute, il faut incliner vers le parti le plus doux ; transportant ici le doute, comme il convient à des Dieux, de l’esprit des juges à celui de l’accusé. » L’affaire du duel terminée (et elle le fut à l’honneur de Farcy), l’embarras d’argent restait toujours ; il parvint à en sortir, grâce à l’obligeance cordiale de MM.
» Cette humeur du talent méconnu, cette impatience de la justice, quand elles vont jusqu’à la mort, sont un crime sans doute ; mais, dans le délire, où est le crime ?
.… les larmes, seule justice du cœur qu’il soit donné à une femme de rendre à ce qu’elle ne peut venger ; qu’elle était poète malgré elle ; que ses émotions coulaient de ses lèvres en rythmes mélodieux et en images colorées.
Qui est-ce qui graduera cette échelle de la justice ou de la perversité diplomatique ?
Je reçois un charmant billet de M. de Sainte-Beuve, cet homme exquis dont je reçois l’écriture vivante. » M. de Sainte-Beuve avait rendu à son frère Maurice une justice qui eût été bien plus juste si elle s’était adressée à la sœur !
Rentré maintenant en possession de notre liberté, et nous souvenant de la fidélité, de la dignité et du zèle avec lesquels il nous prodigua, à notre plus grande satisfaction, ses utiles et empressés services, nous croyons qu’il importe non moins à notre justice qu’aux intérêts de l’État de le rétablir dans cette même charge de notre secrétaire d’État, autant pour lui donner un public témoignage de notre estime particulière et de notre amour, que pour mettre de nouveau à profit ses qualités et ses lumières qui nous sont si connues.
Qui est-ce qui n’a pas affaire, une fois ou l’autre dans sa vie, avec la justice ou la police d’un pays ?
Le billet de vous que j’ai trouvé ici en arrivant m’a fait voir que la joie d’Amélie vous faisait une sorte de plaisir, et que vous repreniez un peu à la justice et à l’espérance.
Il se promenait au Père-Lachaise pour chercher sur les tombes des noms expressifs ; il écrivait à une amie d’Angoulème pour savoir « le nom de la rue par laquelle vous arrivez à la place du Mûrier, puis le nom de la rue qui longe la place du Mûrier et le palais de Justice, puis le nom de la porte qui débouche sur la cathédrale ; puis le nom de la petite rue qui mène au Minage et qui avoisine le rempart822 ».
« Ne me condamnez point quand je me fais justice.
Malgré la précoce beauté de ces grands traits de philosophie chrétienne, qui sont la part de la Réforme dans Ronsard, et quoiqu’il y ait en beaucoup d’endroits de son recueil de l’imagination, du feu, de la fécondité, quelque invention de style, ce poète équivoque placé entre les petites perfections de la poésie familière de Marot et la haute poésie de Malherbe, ne sera jamais un auteur qu’on fréquente ; mais, comme représentant d’une époque, il y aura toujours justice à l’apprécier et profit à l’étudier.
Dans la Logique de Port-Royal, on ne lui rend même pas justice littérairement, et on profite de lui sans l’en remercier.
Loin d’absoudre la France des excès de la révolution, il la force de s’en déclarer responsable ; et comme le confesseur qui presse le condamné, jusque sous le couteau, d’avouer et de se repentir, l’inexorable vengeur de la justice éternelle demande, jusque sur la charrette, une confession au malheureux qu’on mène à l’échafaud.
Cela donnait une haute idée de la sagacité extraordinaire de la justice, de la promptitude de son coup d’œil, de la sûreté avec laquelle elle saisissait la piste d’un crime.
Il mêle les pédantismes ironiques aux pédantismes graves et écrit des préfaces qui détruisent ses livres, Cet art de ne point se prendre au sérieux est ce qu’il y a de plus précieux dans le professeur, sa dernière justice et sa dernière sincérité.
Pas un mot de l’arbitrage de l’honneur : le duel, que la justice absout ou condamne d’après des manières de voir particulières, est jugé sans un texte.
Si par ma franchise j’en montre la sévérité, j’en possède aussi la bienveillante justice.
A ses genoux sont ses heures et son chapelet, et autres menus ustensiles, sa main de justice, son sceptre, son chapeau et sa Notre-Dame.
C’est comme une justice, et, à coup sûr, c’est une douceur que de voir le talent manquer à ceux qui manquent aux lois morales !
Nous suivons encore une marche analogue à celle de ces premiers hommes, mais c’est à l’égard des choses intellectuelles, telles que les facultés de l’âme, les passions, les vertus, les vices, les sciences, les arts ; nous nous en formons ordinairement l’idée comme d’autant de femmes (la justice, la poésie, etc.), et nous ramenons à ces êtres fantastiques toutes les causes, toutes les propriétés, tous les effets des choses qu’ils désignent.
» — Il y a donc, selon Descartes, un instinct de justice dans la moquerie, dans la dérision et par conséquent dans la comédie. […] Je veux bien ; mais globalement, je vois surtout que la malice est de la méchanceté beaucoup plus que de l’instinct de justice qui se fait jour, ou que de la moralité qui se met sur ses gardes meurtrières. […] James Sully est d’esprit si large et si élevé et — cent fois — il rend d’une façon si éclatante justice et hommage à Molière, qu’il est très probable que ce n’est pas le sentiment que je viens de dire qui a eu beaucoup d’influence sur lui. […] La démission de Bérénice au cinquième acte : J’éprouve du Sénat l’amour et la justice Et n’ai qu’à le vouloir pour être impératrice. […] Sur Polyeucte il en est encore, à bien peu près, à l’opinion de Voltaire, dont il cite en italiques et avec une complaisance marquée les plus contestables jugements : « Le dix-huitième siècle, lui rendit [à Polyeucte] pleine justice, tout dix-huitième siècle qu’il était.
Pourquoi faut-il que, dans la série des romans de Mme Sand, notre impartialité, notre justice nous obligent à signaler une œuvre digne de ses devancières par le talent qui y abonde, mais indigne de l’auteur par l’émotion scandaleuse qu’elle devait nécessairement produire et qu’elle produisit ? […] Aussi insistons-nous avec l’énergie d’un critique qui accomplit un acte de justice. […] Nous avons déjà fait semblable œuvre de justice pour Gabriel Ferry, non sans étonner ceux qui n’avaient pas lu cet écrivain. […] Quelle féconde, imagination a, au contraire, été nécessaire à l’auteur pour varier à l’infini la nature des crimes commis, les circonstances qui les accompagnent, les mobiles des coupables, les indices laissés par eux, les fausses comme les bonnes pistes, tout ce qui autorise presque la justice à poursuivre des innocents et ce qui permet au criminel de se dissimuler, jusqu’au moment où un policier plus perspicace finit par découvrir la voie conduisant à la vérité ! […] Où pourraient-ils mieux se convaincre de la nécessité de ne négliger aucun indice, mais de savoir distinguer entre les indices sérieux et ceux qu’a laissés à dessein le coupable pour égarer la justice ?
Si donc une puissance vengeresse surgit, ce sera pour frapper la société dans son ensemble, sans s’appesantir uniquement sur le point d’où le mal était parti : le tableau de la Justice poursuivant le coupable est relativement moderne, et nous avons trop simplifié les choses en montrant l’individu arrêté, au moment de rompre le lien social, par la crainte religieuse d’un châtiment qu’il serait seul à subir. […] Thémis, déesse de la justice humaine, est la mère des Saisons (Hôrai) et de Dikè, qui représente aussi bien la loi physique que la loi morale. […] Dans la Babylonie du Sud, le soleil qui voit tout est devenu le gardien du droit et de la justice ; il reçoit le titre de « juge ».
Et, pour achever de venger les martyrs, quand de bons chanoines veulent recueillir la dîme, des gens de Montpellier, à cheval et masqués, tombent sur leurs gens, enlèvent leur blé : le roi ne peut leur faire justice de leurs pillards ; c’est piété, pour ces huguenots, de dépouiller des chanoines. […] Elle nous fait pénétrer dans le monde des érudits, des bibliothécaires et des collectionneurs : monde bizarre et mêlé, où ne manque pas même l’érudit crasseux, mal peigné et sauvagé, tapi dans ses bouquins comme le hibou dans son trou ; ni l’aventurier, espion et bigame, qui fait de la science aux heures de répit que la justice lui laisse. […] Peut-être apprendra-t-on ainsi à rendre plus de justice à la psychologie de Corneille, lorsque l’on verra ses conceptions qui nous paraissent les plus aventureuses et fantaisistes, affirmées par le philosophe comme d’incontestables vérités. […] Roi, grands seigneurs, ministres, commis, gens de justice, médecins, auteurs, solliciteurs, brigands et filous, comédiens et comédiennes, duègnes, vertueuses dames et filles galantes : toute la vie civile est là. […] … » Je me refuse à voir là l’illusion de 1789, la soif d’égalité et de justice.
« C’est une sincérité et une honnêteté de l’ancienne chevalerie », écrivait madame de Sévigné445, et voici le portrait passablement flatté qu’en 1651 mademoiselle de Scudéry traçait du héros sous le nom de Mégabate : « On voyait tous les jours, en ce temps-là, au palais de Cléomire, un homme de très grande qualité, appelé Mégabate, gouverneur d’une province de Phénicie446, et dont le rare mérite est bien digne d’être connu de l’illustre Cyrus qui m’écoute… Quoique d’un naturel fort violent, Mégabate est souverainement équitable, et je suis fortement persuadé qu’il n’y a rien qui lui pût faire faire une chose qu’il croirait choquer la justice… Il ne donne pas son amitié légèrement, mais ceux à qui il la donne doivent être assurés qu’elle est sincère, qu’elle est fidèle et qu’elle est ardente. […] En effet, je crois que s’il eût eu une maîtresse pâle, il n’eût jamais pu dire qu’elle eût été blanche ; s’il en eût eu une mélancolique, il n’eût pu dire aussi, pour adoucir la chose, qu’elle eût été sérieuse, et, tout ce qu’il eût pu obtenir de lui, eût été de ne lui parler jamais de ce dont il ne pouvait lui parler à son avantage… Ceux qui cherchent le plus à trouver à reprendre en lui, ne l’accusent que de soutenir ses opinions avec trop de chaleur… Il est certain qu’il est un peu difficile, et que les moindres imperfections le choquent ; mais il faut souffrir sa critique comme un effet de sa justice… Je n’aurais jamais fait si je voulais vous dire tout ce que Mégabate a de bon ; c’est pourquoi il vaut mieux que j’achève cette légère ébauche de sa peinture, en vous assurant que cet homme est incomparable, et qu’on n’en peut parler avec trop d’éloges447. » Tallemant a fait de Montausier un portrait moins idéal. — « M. de Montausier, dit-il, est un homme tout d’une pièce ; madame de Rambouillet dit qu’il est fou à force d’être sage.
Il paraît que, si j’étais volé, je ne pourrais appeler mon voleur en justice sans prêter le serment théologique préalable ; sinon, on a vu le juge renvoyer le plaignant, lui refuser justice et l’injurier par-dessus le marché.
On a vu récemment les descendants de George Sand triompher en justice à propos des billets, cependant bien innocents, qui avaient paru sans autorisation27. […] J’ai affirmé ainsi l’idée où je suis qu’en principe la propriété littéraire d’une lettre missive, comme sa propriété mobilière, doit appartenir au destinataire ; étant prêt d’ailleurs à m’incliner devant décision de justice si le quasi-délit que je pouvais commettre m’eût valu une poursuite.
. — Satire de la scolastique, — des moines en général, — de la Cour de Rome, — des rois et des grands, — de la magistrature et de la justice. […] Vie d’Antoine] ; — de Joseph de Maistre [Traité des délais de la justice divine].
Il paraît que, si j’étais volé, je ne pourrais appeler mon voleur en justice sans prêter le serment théologique préalable ; sinon, on a vu le juge renvoyer le plaignant, lui refuser justice et l’injurier par-dessus le marché.
Cette précipitation n’a-t-elle pas quelque chose de sacrilège, de barbare à tout le moins, n’est-elle pas un manquement à la justice et au goût autant ou plus qu’à la chronologie ? […] Ils n’ont pas davantage à se soucier de l’opinion, et encore bien moins de la justice des hommes, puisqu’en fait ils en sont eux-mêmes la source et la sanction. […] ou peut-être qu’elle discerne avec trop de lucidité le fort et le faible des choses, le pour et le contre, et que, par exemple, jusque dans l’application des principes de la justice elle trouve toujours je ne sais quoi d’injuste qui se mêle encore ? […] Il y a des vices, pour Molière, dont le rire du parterre ne saurait suffire à faire justice, ni leurs propres et naturelles conséquences, ni les lois mêmes, puisque enfin de son temps, pas plus que du nôtre, on ne pouvait, je crois, faire donation entière de son bien quand on avait deux enfants ; et, d’ailleurs, la donation était toujours révocable « pour cause d’ingratitude ». […] Ai-je besoin d’ajouter, qu’avec le même esprit de justice, tout ce qui pouvait lui servir à peindre la corruption régnante, Le Sage le leur a partagé ?
Voici comment : « Comme, dit Colletet, le bruit s’épandoit déjà partout de quatre livres d’odes que Ronsard promettoit à la façon de Pindare et d’Horace, du Bellay, mû d’émulation jalouse, voulut s’essayer à en composer quelques-unes sur le modèle de celles-là et, trouvant moyen de les tirer du cabinet de l’auteur à son insu et de les voir, il en composa de pareilles et les fit courir pour prévenir la réputation de Ronsard, et, y ajoutant quelques sonnets, il les mit en lumière l’an 1549, sous le titre de Recueil de Poésie : ce qui fit naître dans l’esprit de notre Ronsard, sinon une envie noire, à tout le moins une jalousie raisonnable contre du Bellay, jusques à intenter une action pour le recouvrement de ses papiers : et, les ayant ainsi retirés par la voie de la justice, comme il étoit généreux au possible et comme il avoit de tendres sentiments d’amitié pour du Bellay, il oublia toutes les choses passées, et ils vécurent toujours depuis en parfaite intelligence : Ronsard fut le premier à exhorter du Bellay à continuer dans l’ode. » Le Recueil était dédié à la docte princesse Marguerite, qui « daignait contempler d’un bon œil » la Poésie et les poètes. […] La prophétie de Tirésias à Créon est vigoureusement renouvÉlée de Sophocle : … Avant que le soleil Laisse en notre horizon la nuit et le sommeil, Vous verrez les effets du malheureux augure Qui m’a si clairement marqué votre aventure : Le frère mort, privé des honneurs du cercueil, La sœur vive enterrée et tout le peuple en deuil Appellent, d’une voix qui ne sera pas vaine, La justice du ciel sur l’injustice humaine : La mort de votre fils, ce prince aimé de tous, Est le premier fléau qui tombera sur vous ; D’effroyables remords, mégères éternelles, Invisibles bourreaux des âmes criminelles, Vous persécuteront jusqu’aux derniers abois ; Et, s’il faut mettre hors tout ce que je prévois, Un bras victorieux, que votre crime attire, Vous va bientôt ravir et la vie et l’empire. […] ŒDIPE Quoi, vous ne voyez pas que sa fausse justice Ne sait plus ce que c’est que d’un juste supplice, Et que par un désordre à confondre nos sens Son injuste rigueur n’en veut qu’aux innocents. […] Lorsque la ville d’Amiens éleva une statue au savant Charles du Fresne, sieur du Cange, auteur du célèbre Glossaire, plus d’un s’écria dans son enthousiasme : — C’est justice d’élever un bronze à l’auteur d’Agathe et de la Maison du Corrégidor !
Il veut croire que l’univers existe, pour que la justice y règne un jour, et il écrit : « Nous avons besoin que l’univers ait un sens et qu’il ait celui-là11. » On voit qu’à l’occasion le critique ne manque pas d’élévation morale. […] Ce n’est pas lui qui suivra d’une sympathie ardente les efforts désespérés des peuples vers la justice éternelle. […] « J’admire, s’écrie-t-il, les hommes violents qui travaillent d’un cœur simple à fonder la justice sur la terre. » Il a vraiment l’air ébahi qu’il existe des gens ayant assez de foi et d’énergie pour entreprendre quelque chose, et c’est le plus sincèrement du monde qu’il s’extasie sur les âmes passionnées qui ont vécu une vie militante. […] L’autre consiste à comparer ce qui est à ce qui devrait être, à chercher, non plus pourquoi telle loi s’est établie, mais si elle est conforme à l’idée que nous nous faisons de la justice ; elle part du présent pour marcher à la conquête de l’avenir ; elle est logique et idéaliste ; elle a été pratiquée par Rousseau au siècle dernier et par tous les novateurs de nos jours ; comme elle fait ressortir les imperfections de l’état social à la lumière d’une conception de l’esprit, comme elle montre un droit idéal en dehors et au-dessus des faits, elle porte à corriger les abus, à modifier les coutumes et les codes ; elle mène à des conclusions réformatrices ou même révolutionnaires.
Je cherche souvent en moi-même ce qui peut m’avoir fait frapper si durement par notre cher Créateur ; car il est impossible que sa justice punisse ainsi sans cause, et cette pensée achève bien souvent de m’accabler… » Quand on écrit la biographie de certains poëtes, on peut dire que l’on montre l’envers de leur poésie : ici, dans cette longue odyssée domestique, on a simplement vu le fond même et l’étoffe dont la poésie de Mme Valmore est faite, et à quel degré, dans cette vie d’oiseau perpétuellement sur la branche, — sur une branche sèche et dépouillée, — près de son nid en deuil, toute pareille à la Philomèle de Virgile, elle a été un chantre sincère.
Charles Labitte, qui était un esprit resté naturel parmi les jeunes (qualité des plus rares aujourd’hui), dans le livre utile où il apporte toutes sortes de preuves nouvelles en aide à la saine tradition, fait justice de ces travers en sens opposé.
Tous les gémissements les plus secrets du cœur humain ont trouvé leurs voix et leurs notes sur les lèvres et sur la harpe de ce barde sacré ; et, si l’on remonte à l’époque reculée où de tels chants retentissaient sur la terre ; si l’on pense qu’alors la poésie lyrique des nations les plus cultivées ne chantait que le vin, l’amour, le sang et les victoires des mules et des coursiers dans les jeux de l’Élide, on est saisi d’un profond étonnement aux accents mystiques du berger-prophète, qui parle au Dieu créateur comme un ami à son ami, qui comprend et loue ses merveilles, qui admire ses justices, qui implore ses miséricordes, et qui semble un écho anticipé de la poésie évangélique, répétant les douces paroles du Christ avant de les avoir entendues.
Mais cela suffit-il au malheur, qui voit effacer des astres cet astre de l’âme, cette divine providence infinie qui compte ses larmes et ses jours et qui met en réserve ses souffrances pour les changer en océan de justice, de réparation et de délices au jour éternel où elle donnera à l’insecte tout ce qu’elle a promis à l’univers pour sa seule existence ?
Si vous en voulez savoir plus long, il faut que l’aveugle vous le raconte à son tour, ou bien Fior d’Aliza elle-même, car, pour ce qui concerne la justice qui vint se mêler de nos affaires et nous ruiner, Antonio comprend cela mieux que moi ; et, pour ce qui concerne l’amour avec son cousin Hyeronimo, rapportez-vous-en à la jeune sposa ; c’est son affaire à elle, et je ne crois pas que, de notre temps, on s’aimât comme ils se sont aimés… — Et comme ils s’aiment, dit, en reprenant sa belle-sœur, l’aveugle… — Et comme ils s’aimeront, murmura tout bas entre ses dents la fiancée.
Un tel mystère honore le peuple français : on a craint son indignation, on peut donc encore espérer sa justice.
On dirait aujourd’hui que dans le ciel la justice s’est endormie, puisqu’un seul s’approprie ce qui fut donné à tous.
Votre sœur a expié sa faute ; mais, s’il faut dire ici ma pensée, je crains que, par une épouvantable justice, un aveu sorti du sein de la tombe n’ait troublé votre âme à son tour.
Les misérables et les humbles de nos romans sont généralement moins religieux ; ils n’ont souvent, comme l’héroïque Dussardier, d’autre religion que le culte ingénument philosophique de la justice absolue.
C’est le croyant qui crée, par son amour, la justice de son Dieu.
La même justice qui a donné à Corneille le nom de grand a dit le tendre Racine, non pour le réduire au mérite d’avoir bien exprimé la tendresse, mais parce que c’est sa qualité dominante.
C’est une figure toute neuve, au théâtre, que celle de ce comte de Lys, vrai Taciturne du mariage, ni sympathique ni odieux, ni attrayant ni blâmable, abstrait comme le droit, patient comme la force, inexorable comme la justice et tuant, comme elle, dans un cas prévu, à heure fixe, la montre en main, sans émotion et sans colère.
Eschyle devrait être cité en justice et boire la ciguë comme ce vieux misérable de Socrate.
Oui, de la vérité rallumant le flambeau, J’enflammerai les cœurs de mon noble délire ; On verra l’imposteur trembler devant ma lyre ; L’opprimé, qu’oubliait la justice des lois, Viendra me réclamer pour défendre ses droits ; Le héros, me cherchant au jour de sa victoire, Si je ne l’ai chanté doutera de sa gloire ; Les autels retiendront mes cantiques sacrés, Et fiers, après ma mort, de mes chants inspirés, Les Français, me pleurant comme une sœur chérie, M’appelleront un jour Muse de la patrie !
Une bonne partie du rôle de Chactas rappelle celui du Huron par la constatation étonnée de tout ce qui, à Paris et à Versailles, dans les lois et dans les mœurs, s’éloigne de la raison, de la justice, et de la nature. […] C’est dans le même esprit que Chactas assiste aux fêtes de Versailles, visite l’Académie, le Palais de Justice, etc… Le palais de Versailles lui inspire des propos de ce genre : « Ce palais n’a-t-il coûté ni sueurs ni larmes ? […] Bref (et je ne dis rien de plus), Chateaubriand a fait tout ce qui était en lui pour que nous pussions supposer, par le rapprochement du texte de René et des Natchez et de celui des Mémoires, qu’il inspira une grande passion à sa sœur Lucile, un peu plus âgée que lui (charmante, mais mal équilibrée), et qu’il en fut lui-même fort troublé, comme l’indique ce qu’il fait dire à René par le Père Souël : « Votre sœur a expié sa faute ; mais, s’il faut dire ici ma pensée, je crains que, par une épouvantable justice, un aveu sorti du sein de la tombe n’ait troublé votre âme à son tour. » Notez enfin que, après le voyage au Canada, c’est Lucile qui marie son frère. […] Chateaubriand dit dans les Mémoires d’outre-tombe : « Je m’adressai à madame de Rémusat ; je la priai de remettre à l’impératrice une lettre de demande de justice ou de grâce à l’empereur. » Madame de Chateaubriand dit dans le Cahier rouge : « Mon mari écrivit à Bonaparte ; mais, comme quelques expressions de sa lettre l’avaient, dit-on, choqué, il répondit : Chateaubriand demande justice, il l’aura. » Et Madame de Rémusat raconte dans ses Mémoires, que l’empereur lui dit : « Chateaubriand a l’enfantillage de ne pas m’écrire à moi » (ceci contredit le Cahier rouge) ; « sa lettre à l’impératrice est un peu sèche et hautaine ; il voudrait m’imposer l’importance de son talent. […] C’est l’ordre de la morale et de la justice.
Ayant appris par un académicien que, rendant justice à la valeur d’Alphonse Daudet, l’Académie était prête à lui ouvrir ses portes, ce qui n’eût étonné personne, je me hâtai d’aller chez lui. […] Ainsi qu’on le voit, la Justice, dont M. […] C’est la vie d’une pauvre folle traduite en justice pour un vol qui n’en n’était point un. […] Si elle doit produire plus de justice et de lumière et que ce surplus de justice et de lumière se répartisse entre des âmes qui ne doivent pas périr, si c’est vraiment à une œuvre éternelle que nous travaillons, au progrès de la conscience universelle, à la réalisation de plus en plus étendue et profonde du monde moral sur la terre, comme inauguration et commencement du règne de Dieu, certes il n’est pas de but plus élevé, plus digne de nos efforts.
Son plus considérable ouvrage, la Justice, est une tentative de cet ordre : D’autres, au contraire, pensent qu’il, y a un antagonisme irréductible entre l’instinct de vérité d’où émane la science et l’instinct de beauté, source première de la poésie. […] L’argument est souverain en esthétique comme en politique, et il est bien certain que jusqu’ici tous les poèmes fondés sur la science, depuis le De natura rerum jusqu’à la Justice, leur donnent raison puisque les portions poétiques de ces œuvres sont celles où l’auteur a exprimé, non pas ce qu’il croyait être la vérité, mais ses émotions, mais ses songes, l’afflux de ses visions et de ses désirs, en un mot son âme. […] Heureux les hommes qui peuvent, comme Tourguéniev, se rendre, en mourant, cette justice, qu’ils ont été de bons serviteurs de l’œuvre à laquelle leur race travaille !
Est-ce de la justice, cela ? […] C’est l’histoire d’un mari trompé qui refuse l’indemnité que lui offre le barine amant de sa femme ; puis qui égorge dans un accès de jalousie l’enfant né de l’adultère, et qui enfin, affolé par le remords, vient se livrer, spontanément à la justice. […] Et alors voici le duo lugubre des avocats qui lui expliquent son affaire en musique et lui cornent aux oreilles que la polygamie est un cas pendable ; puis la danse horrible et noire des hommes de justice, des procureurs et des sergents. […] Presque à chaque page enfin, des plaisanteries inhumaines et sauvages dans le genre de celle-ci : « Voilà déjà trois de mes enfants dont il m’a fait l’honneur de conduire la maladie, qui sont morts en moins de quatre jours et qui, entre les mains d’un autre, auraient langui plus de trois mois » ; ou comme cette réplique de Sbrigani à Nérine : « Je suis confus des louanges dont vous m’honorez, et je pourrais vous en donner avec plus de justice sur les merveilles de votre vie, et principalement sur la gloire que vous acquîtes… lorsque si généreusement on vous vit prêter votre témoignage à faire pendre ces deux personnes qui ne l’avaient pas mérité…. » On trouve déjà là ce goût macabre de jouer avec l’idée du crime et avec l’idée de la mort, qui s’est si fort développé de nos jours dans une certaine littérature, et qui a trouvé sa plus franche et plus nette expression dans les meilleures chansons d’un Jules Jouy ou d’un Aristide Bruant.
voici le bout de journal où vous trouverez tout au long le récit de l’aventure, authentiqué par-devant la justice ; et que répondrez-vous à cela ? […] Zola, pour une fois, a trouvé le vrai milieu dans lequel devait se mouvoir son drame ; parce que cette honteuse passion ne « sort son plein et entier effet », comme disent les grimoires de justice, que dans une classe ouvrière ; parce que, dans un autre monde, elle pourra bien compromettre la santé d’un malheureux, sa dignité, son bonheur domestique, elle ne compromettra jamais directement la fortune de la famille, l’honnêteté de la femme, l’éducation des enfants. […] Et « nos vies sont tellement liées entre elles qu’il est absolument impossible que les fautes des uns ne retombent pas sur les autres ; même la justice fait ses victimes ; et nous ne pouvons concevoir aucun châtiment qui ne s’étende en ondulations de souffrances imméritées bien au-delà du but qu’il a touché ». […] Tulliver était un homme profondément honnête, mais il considérait que devant la loi le but de la justice ne pouvait être atteint qu’en employant un plus fort coquin pour en battre un plus faible. […] S’ils veulent peindre Tom Tulliver, c’est-à-dire un enfant doué de cette fermeté de résolution qui va jusqu’à la dureté, de cet esprit de justice qui va jusqu’à l’injustice, de cette austérité de jugement qui va jusqu’au pharisaïsme, ils lui donneront aussitôt la raideur de l’attitude, l’impassibilité de la physionomie, l’aphoristique brièveté du langage, jamais cette physionomie neutre et placide, « ces yeux gris bleu, ces cheveux brun clair, ces joues de crème et de rose, ces lèvres épaisses, ce nez et ces sourcils indéterminés » que lui a donnés George Eliot.
Je ne me repentirai jamais de ma constance, puisque je suis profondément persuadé de la justice de la cause pour laquelle je souffre760. » Un de ses fils ayant été renvoyé de l’école, il écrivit au directeur, M. […] But I can never repent my constancy, since I am thoroughly persuaded of the justice of the cause for which I suffer.
Dans un carton, il a quelques croquis faits au Palais de Justice, pendant le procès de Henry. […] Dans la rue, Clemenceau s’avoue tout à fait empoigné par la littérature, déclare qu’il voudrait faire un roman et une pièce de théâtre, s’il ne lui fallait pas, tous les jours, fabriquer un article pour La Justice, et toutes les semaines, deux articles pour La Dépêche ; enfin, s’écrie-t-il, s’il lui arrivait d’avoir un jour libre sur deux, il écrirait ce roman, il écrirait cette pièce.
Villiers de l’Isle-Adam fut un noble écrivain et ce ne sera que justice d’honorer sa mémoire. […] Moréas prisait assez peu les modernes, et Hugo ne l’enthousiasmait guère, pas plus, il me semble bien, que les autres romantiques, encore qu’il leur rendit, en partie, justice, ainsi qu’à Leconte de Lisle et à Baudelaire. […] Il les admire presque et, au fond, il est d’avis que, s’il importe de faire justice des voleurs, il est, après tout, juste aussi de la leur rendre !
Que, dans leur entrevue, Shakespeare ait exercé la vivacité de son esprit aux dépens de son puissant adversaire, que ce succès l’ait consolé de son mauvais sort, et qu’il en ait joui avec cet orgueil moqueur si amusant pour celui qui le déploie et si offensant pour celui qui le subit, une telle supposition est en soi très-vraisemblable ; et la scène où, dans la Seconde partie de Henri IV, Falstaff traite avec une spirituelle insolence le juge Shallow qui veut le poursuivre en justice pour un fait absolument pareil, nous a évidemment conservé quelques-unes des réparties du jeune braconnier. […] Les triomphes du goût classique se bornèrent pour lui aux éloges unanimes des gens de lettres de son temps, peu difficiles en fait de régularité, et toujours heureux d’avoir à venger la science des dédains du vulgaire ; les tragédies et les comédies de Ben-Johnson n’en furent pas moins assez froidement accueillies du public, repoussées même quelquefois avec une irrévérence dont il se faisait ensuite justice dans ses préfaces. […] Richard III marche de complot en complot ; chaque nouveau succès redouble l’effroi que nous a causé d’abord son infernal génie ; la pitié qu’éveille successivement chacune de ses victimes vient se perdre dans les sentiments de haine qui s’amassent sur le persécuteur ; aucun de ces sentiments particuliers ne détourne à son profit nos impressions ; elles se reportent sans cesse, et toujours plus vives, vers l’auteur de tant de crimes ; et ainsi Richard, centre d’action, est en même temps centre d’intérêt ; car l’intérêt dramatique n’est pas seulement l’inquiète pitié que nous ressentons pour le malheur, ou cette affection passionnée que nous inspire la vertu ; c’est aussi la haine, le désir de la vengeance, le besoin de la justice du ciel sur le coupable, comme celui du salut de l’innocent.
Mais, avec sincérité, il croyait à tous les grands rêves — qu’on dise les grands poncifs, si l’on veut — de l’ère héroïque de 1848 : la justice, la vérité, tenue par lui comme pouvant toujours être prouvée matériellement, de façon « scientifique » : ingénuité qu’on retrouve dans Taine, mais que la manière et la nature d’esprit du romancier alourdissaient. […] L’Afrique du Nord a reconnu en Louis Bertrand, le père spirituel qui l’a mis littérairement au monde, et c’était justice. […] Mais non pas toutefois un animal comme les autres : dans les ténèbres où il avance, malgré les crimes qu’il commet, devant ses yeux faibles et vacillants, éternelle, inextinguible pourtant, une lumière : l’idée de Justice. […] Il passa presque tout de suite à Barrès, et s’étendit — c’était de toute justice — davantage.
Naturellement fière, assez disposée à l’avarice, elle dompta ses inclinations, soigna les pauvres, les malades, fit des aumônes considérables avec discernement et intelligence, n’oubliant pas la justice jusque dans la charité.
Justice de Dieu, je m’abandonne à toi !
La politique de la Restauration, entre autres, est une justice sévèrement rendue à la haute pensée de Louis XVIII, le vrai roi de la liberté moderne, compatible avec la démocratie, vraie pensée du temps.
Elle n’est pour cela ni antisociale, ni antireligieuse, puisqu’elle a pour objet de faire triompher la justice des priviléges, cette tyrannie des castes, et de faire triompher la foi des superstitions, cette tyrannie de l’esprit.
Il n’y aurait pas de justice à n’en pas étendre l’éloge à tout ce qu’il a écrit d’accessoire à ses spéculations, dans lesquelles on n’est pas surpris de trouver le grand naturel de la raison, puisque c’est la raison elle-même qui s’y manifeste par l’évidence.
Une philosophie aussi n’est point une chambre de justice.
Plus tard, je le trouvai passé à des idées politiques très exaltées ; la passion vive, qui faisait le fond de son caractère, s’était tournée vers la démocratie ; il rêvait la justice, il en parlait d’une manière sombre et irritée ; il pensait à l’Amérique, et je crois qu’il doit y être.
Reprocher aux exposants du Palais de l’Industrie qu’ils ne peignent point des œuvres d’art, sous le prétexte de ce qu’ils emploient des procédés (dessins, couleurs) pouvant servir à des œuvres d’art, n’est-ce point être cruel sans justice, et inintelligent de la destination que doit avoir le Salon de Peinture ?
Il ne sied pas à un galant homme de proposer la bourse ou la vie ; le pistolet d’une haute justice ne se bourre pat, avec des écus.
Ne serait-ce pas faire œuvre bien utile et bien haute que de montrer le combat perpétuel entre l’égoïsme et la pitié dans une âme, le trouble de conscience par où peuvent passer ceux qui s’étonnent de dépenser tant de justice sans récolter de reconnaissance, et d’essayer de dire le remède, puisque la souffrance est souvent double ici, et qu’on la trouve chez le patron qui cherche et chez l’ouvrier qui se plaint ?
Jules Janin Académicien d’hier il devrait l’être, en bonne justice, depuis vingt ans. […] Le discours de Janin sur le grand écrivaind qu’il remplaçait à l’Académie, tous les journaux l’ont répété et le critique du théâtre a rendu pleine justice au critique du livre : il en a dit la sagacité merveilleuse, l’intuition profonde, la finesse subtile, la patience d’investigation et ce don de tout comprendre, de tout pénétrer, de tout sentir, d’entrer dans les natures les plus opposées, de vivre leur vie, de penser leurs idées, de descendre jusqu’au fond de leurs replis les plus cachés, une lampe d’or à la main, et de passer, comme les dieux indous, par une perpétuelle suite d’incarnations et d’avatars. […] L’admiration qu’on a en France pour les talents soporifiques, fait qu’on n’a pas rendu jusqu’à présent justice à Tony Johannot. […] Un charme secret nous attirait vers lui, et souvent l’on nous a accusé de partialité à son endroit, partialité qui n’était qu’une avance de justice et dont nous sommes fier aujourd’hui comme d’une divination.
Il a déjà la prévision et la peur du châtiment inévitable : … Dès cette vie, — et c’est Dieu qui l’ordonne — A nos lèvres enfin la justice en courroux Va porter le calice empoisonné par nous ! […] C’est ensuite (au premier acte) la vénalité de la justice, alors universellement et tranquillement admise. […] Je sais bien que, ici, la justice que je m’efforce de lui rendre, il la trouvera fort maigre. […] Les hommes y gardent encore, çà et là, quelque conscience, quelque notion du bien et du mal, quelque sentiment de justice et de pitié. […] Elle paraissait, au premier acte, capable sinon de finesse morale, du moins de pitié et de justice.
Comme au temps féodal, ils en appellent d’abord aux armes, et gardent l’habitude de se faire justice par eux-mêmes et sur-le-champ. « Jeudi dernier12, écrit Gilbert Talbot, comme milord Rytche allait à cheval dans la rue, un certain Wyndhans lui tira un coup de pistolet… Et le même jour, comme sir John Conway se promenait, M. […] C’est un vrai jugement qu’ils imaginent, un jugement pareil à celui qu’ils ont vu devant le justice, où ils ont crié ou glapi comme témoins ou parties, avec les termes de chicane, les pro, les contra, les rôles de griffonnages, les voix aigres des avocats, les piétinements, le tassement, l’odeur des corps et le reste.
Les vengeances sans danger et sans justice apparente ne nous laissent voir que la bassesse et la perfidie. […] que ta justice Approuve la fureur d’un si noir sacrifice.
Nous rendrons, sur le premier de ces deux articles, la justice qui est due aux soins de la plupart des maîtres ; mais nous en appelons en même temps à leur témoignage, et nous gémirons d’autant plus volontiers avec eux sur la corruption dont on ne peut justifier la jeunesse des collèges, que cette corruption ne saurait leur être imputée. […] Au reste, il serait peut-être à souhaiter que, dans les réceptions à l’Académie Française, un seul des deux académiciens qui parlent, savoir, le récipiendaire ou le directeur, se chargeât de l’éloge du défunt ; le directeur serait moins exposé à répéter une partie de ce que le récipiendaire a dit, et le champ serait par ce moyen un peu plus libre dans ces sortes de discours, dont la matière n’est d’ailleurs que trop donnée : sans s’affranchir entièrement des éloges de justice et de devoir, on serait plus à portée de traiter des sujets de littérature intéressants pour le public.
Dénoncer la coupable à la justice ? […] Il la contient mal aussi devant Max Albigny, le rival de Salvian, le révolutionnaire ascétique, qui prend pour un amour du progrès et de la justice les crises de féroce envie dont il est possédé. […] Spinoza les cite en justice, gagne le procès et, pour toute vengeance, leur laisse l’argent. […] Ce peuple ne lui apparut pas non plus, sinon vers la fin, comme l’être idéal et sublime de qui relève une chimérique justice. […] Pas plus que l’opinion contemporaine, et quelle ironie que la prétendue justice de l’histoire !
Sainte-Beuve, qui nous apparaissait dans l’éloignement comme le modèle des honnêtes hommes de lettres, n’échappe pas à cette justice amère et rétrospective. […] Notez encore que Dickens a trouvé çà et là d’inoubliables accents de détresse, des cris d’appel vers la justice de Dieu, que la pitié légère et un peu méprisante de Daudet ne pouvait connaître. […] Marie Allain, il se décidait à se livrer de lui-même à la justice : « Une sorte de conseil de guerre avait été tenu.