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852. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

On peut être agréablement touché, aussi, du double manège, très bien conduit, de la princesse qui, pour se faire aimer du prince, se déclare à lui amoureuse d’un autre et du prince qui, pour amener la princesse à l’amour pour lui, se déclare à elle épris d’une autre beauté ; et cela pourrait très bien s’appeler les Fausses confidences. […] « La qualité l’entête ; on ne le voit jamais sortir du grand seigneur ; dans le brillant commerce il se mêle sans cesse et ne cite jamais que duc, prince ou princesse. » Et l’on voit que dans le Misanthrope, comme il lui est arrivé si souvent, Molière a annoncé une pièce qu’il projetait de faire. […] Le grand monarchiste, le grand étatiste, le grand profiteur à la fois et mainteneur du sens social, voit très bien en Molière un appui du sens social et de la société telle quelle est faite, et il doit se répéter à lui-même : Notre prince n’a pas de sujet plus fidèle. […] N’a-t-il pas ceux qui sont toujours mécontents de la Cour, ces suivants inutiles, ces incommodes assidus, ces gens qui pour services ne peuvent compter que des importunités et qui veulent qu’on les récompense d’avoir obsédé le prince dix ans durant ? […] C’est une qualité que j’aime en un monarque : La tendresse du cœur est une grande marque ; Que d’un prince à votre âge on peut tout présumer, Dès qu’on voit que son âme est capable d’aimer.

853. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Dans un juste sentiment de son pouvoir intellectuel et de son ascendant sur les esprits, Dante s’adresse aux princes, aux tyrans, aux peuples. […] Les âmes, les étoiles des princes justes et saints composent ensemble la figure de l’aigle impériale aux ailes éployées. […] Dans le ciel de Jupiter où Dante exalte les rois justes, il flagelle les mauvais princes. […] Comme à Dante, la faveur des princes vient à Gœthe avec la renommée. […] Tous deux inséparables désormais, le prince et le poëte, ils s’excitent mutuellement, ils rivalisent d’inventions bruyantes et surprenantes.

854. (1895) Hommes et livres

C’est une affaire d’État et une question de patriotisme, que d’empêcher Muratori de consulter une charte d’Othon, qui autoriserait certaines revendications de l’empereur ou d’un prince italien. […] Récitée plutôt que jouée dans les collèges et les hôtels des princes, faite pour la lecture et non pour la représentation, c’est un poème, non un drame. […] Le petit abbé arrivait avec ses charcuteries : un cadeau fait toujours plaisir, même aux princes. […] Les Réflexions sur les caractères de quelques princes sont bien aussi d’un élève des anciens. […] C’est cet esprit qui gouverne, et quoi que fassent les princes « de mal, d’équivoque, de bien, ils iront toujours au même but ».

855. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Mais si l’on veut se donner le spectacle divertissant des erreurs d’un homme d’esprit et d’un honnête homme, on n’a qu’à suivre les grandes querelles que Saint-Simon fait à ses égaux, à la cour, à la monarchie, au roi, pour un manteau, pour un carrosse, pour un deuil, pour la communion des princes. […] Or, Philippe a contre lui la volonté du roi, sa mauvaise réputation, la jalousie des princes légitimés, déjà investis de moyens d’action considérables, plus que tout, les préventions de la cour. […] Avec un art infini, il dissipe les préventions ; il gagne au prince des partisans parmi les jésuites et les jansénistes, au parlement et à la cour ; il se fait l’âme d’un complot si adroitement ourdi, que le roi vivant n’en soupçonne pas tout le péril, et que le roi, à peine mort, il éclatera jusque dans les moindres détails, avec la régularité d’une mesure dès longtemps prévue et acceptée. […] Il rêve un carnage de conseillers d’État et de ministres, et il le rêve accompli par un prince débonnaire qui n’a à la bouche que le nom de Henri IV, et qui, ne fût-il pas clément par facilité d’humeur et par libéralité d’esprit, le serait par mollesse et par crainte de la fatigue. […] Si l’on songe à ses théories sur le tiers état, « si disproportionné de l’ordre de la noblesse », on voit déjà Mirabeau Coblentz, futur député de la Chambre introuvable, qui suspend la cocarde tricolore à la queue de son cheval et dénonce aux princes assemblés le jacobinisme du comte de Provence.

856. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Camille Jordan, et Madame de Staël »

On a pu dans la suite rappeler contre Camille Jordan telle page, telle lettre qui lui était échappée alors et qui pouvait à la rigueur le faire ranger parmi les royalistes ; mais il ne le fut jamais dans le sens direct qu’on attache à ce mot, c’est-à-dire à titre de partisan des princes déchus : il put de bonne heure être royaliste de doctrine et partisan en théorie de l’autorité d’un seul ; mais il ne conspira jamais contre la forme républicaine tant qu’elle prévalut. […] Je commence depuis deux jours à me ranimer, à reprendre à des projets, à de l’avenir, et à sortir un peu de ce cercle d’idées si fatal que je suis bien décidée à éloigner le plus possible. — Je commence à observer ce qui m’entoure et à voir quelques personnes. — L’influence de l’Italie commence à se faire sentir ici non par le climat, mais par les mœurs. — Les femmes ont des sigisbées pour société et des abbés pour intendants. — Le prince Borghèse, qu’on n’appelle ici que le prince, a, dit-on, la petite cour la plus solennelle de l’Europe. […] Les vanités du rang et de la puissance rappellent le grand monde de Paris, mais sont bien plus ridicules parce qu’elles s’agitent dans un plus petit cercle et ne se lient à aucun intérêt politique. — Je ne crois pas qu’il y ait de pays où l’on tienne plus à la représentation ; les maisons sont des palais, et l’on y conserve l’ancien luxe d’avoir un grand nombre de domestiques ; mais quand on arrive sans être attendu, on est tout surpris, après avoir traversé des antichambres, des salons, des galeries, de trouver la maîtresse de la maison dans un cabinet écarté, éclairé par une seule chandelle. — En tout, il me paraît d’usage ici de se donner le superflu aux dépens du nécessaire. — Le prince mène la vie la plus retirée, excepté les heures de représentation. […] Aux approches du 20 mars, il se signala entre les personnes dévouées qui assistèrent Monsieur, comte d’Artois, venu à Lyon pour conjurer le retour de l’île d’Elbe : il fut le dernier, dit-on, à se séparer du prince.

857. (1927) André Gide pp. 8-126

El Hadj est l’histoire ultra-symbolique d’un prophète qui console par de pieux mensonges et ramène dans sa ville un peuple égaré dans le désert, à la recherche d’un Chanaan chimérique et à la suite d’un prince mystérieux, toujours caché dans sa litière ou sous sa tente et dont personne n’a pu voir le visage. Seul le prophète a fini par être admis auprès du prince, mais plus il l’approchait, plus le prince dépérissait : on ne peut pourtant avouer au peuple qu’il est enfin mort, si tant est qu’il ait jamais vraiment existé. On devine que ce prince, c’est la foi, qui mobilise les nations et déplace les montagnes, mais s’accommode mal des curiosités indiscrètes.

858. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Troisième partie. — L’école historique » pp. 253-354

J’ai vu la plus vile canaille paraître sur le théâtre avec des princes, et j’ai entendu les princes parler comme la canaille ! […] Donnez-lui des combats de coqs, des enterrements, des duels, des gibets, des sortilèges, des revenants, des princes qui se disent des injures, des femmes qui se roulent sur la scène ; cela lui plaît mieux que l’éloquence la plus noble et la plus sage, et plus d’un grand seigneur a le goût fait comme celui du peuple340. […] « Je n’ai rien vu, dit-il, mais les hommes comme moi n’attendent pas de voir ; il suffit qu’ils imaginent, qu’ils soupçonnent, qu’ils aient une crainte, une idée. » Un jour, il rencontre, sans l’avoir cherchée, une preuve positive, le poignard du prince dans la chambre de sa femme.

859. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Nettement envers ses princes. — Les gloires pour faire nombre. — Revendication des vraies gloires. […] Bon prince ! […] Un cerf a été relancé, il s’est défendu contre M. le duc d’Orléans, tout aussi bien qu’il se fût défendu contre M. le prince de Bourbon lui-même. […] » criaient les jeunes gens dont il était le prince et le modèle : princeps juventutis ! […] Une lampe funèbre devait éclairer ce dernier asile d’un prince si puissant et si riche ; la lampe s’était éteinte faute d’un peu d’huile.

860. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

S’il fait sa cour aux princes, soyez sûr que ce n’est point à genoux : une âme si vive ne s’affaisse point sous le respect ; l’esprit le met de niveau avec les plus grands ; sous prétexte d’amuser le roi, il lui dit des vérités vraies542. […] Le bon Pepys, en dépit de son cœur monarchique, finit par dire : « Ayant entendu le duc et le roi parler, et voyant et observant leurs façons de s’entretenir, Dieu me pardonne, quoique je les admire avec toute l’obéissance possible, pourtant plus on les considère et on les observe, moins on trouve de différence entre eux et les autres hommes, quoique, grâce en soit rendue à Dieu, ils soient tous les deux des princes d’une grande noblesse et d’un beau naturel !  […] Charles II recevait de Louis XIV une pension, une maîtresse, des conseils et des exemples ; les seigneurs suivaient le prince, et la France était le modèle de la cour. […] Rien ne lui avait manqué ; il avait tout atteint, de prime-saut, sans effort apparent, comme un prince qui n’a qu’à se montrer pour trouver sa place. […] But the true service of the public is a business of so much labour and so much care, that though a good and wise man may not refuse it, if he be called to it by his prince or his country, and thinks he can be of more than vulgar use, yet he will seldom or never seek it, but leaves it commonly to men who, under the disguise of public good, pursue their own designs of wealth, power, and such bastard honours as usually attend them, not that which is the true, and only true reward of virtue.

861. (1929) Critique et conférences (Œuvres posthumes III)

Ce dernier membre de phrase ne concernant d’ailleurs que vous, mon prince, car pour moi qu’on croit le roi, c’est bien différent. […] Au prince***. […] Et le roi et le prince, pas pris, de se mêler aux groupes de rhumatisants, d’ataxiques, de bacillaires, de grands et petits hystériques, de cardiaques, d’épileptiques, sans oublier les vénériens : blennorhagiques et autres blessés de l’amour (la cour est pleine !) […] Le « quelqu’un » se trouvait être un jeune homme, un artiste de vos amis, mon prince, qui nous apportait de la part de Mme Reine (et cette Reine n’est ni plus ni moins que Mme Séverine) des fleurs. […] Et roi, page et prince, nous regagnons la « cour ».

862. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Le jeune prince avait, d’ailleurs, une obstination douce contre laquelle aucune autorité ne pouvait rien. […] Et que de vérités dans l’histoire de cette Mariette, danseuse de l’Opéra, entretenue par un prince, et allant en grand équipage embrasser sa mère, fruitière aux Batignolles ! […] Il dit ensuite au prince qu’il avait mis par écrit comment il voulait qu’on en usât avec son corps, après que Dieu l’aurait tiré de cette temporalité, et il fit faire la lecture de ce règlement. […] Suit un morceau de haut intérêt littéraire, « ce que La Fontaine doit aux autres et notamment au prince duc de Bourgogne ». […] Gautier, qui ne pouvait s’empêcher de regretter que le prince souverain de la poésie romantique ne fût pas sombre et blême ; « sans être de l’avis de M. 

863. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Cinq ans après, dans le Cid d’Andalousie, le mot chambre excitait des murmures à la première représentation ; le Globe 91 était obligé de remémorer aux ultra-classiques le vers d’Athalie : De princes égorgés la chambre était remplie. […] Mais non : tant qu’il trouve un voisin, Tout homme a le cœur d’Alexandre, Et, prince ou bourgeois, veut étendre Ou son royaume ou son jardin.

864. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « M. DE LA ROCHEFOUCAULD » pp. 288-321

Lorsque, après l’arrestation des princes, elle s’enfuit en Normandie, puis de là par mer en Hollande, d’où elle gagna Stenay, elle se déshabitua un peu de lui137. […] Dans sa chambre de l’hôtel Liancourt, à un dessus de porte, M. de La Rochefoucauld avait un portrait du jeune prince.

865. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Tout à côté, un autre prince poète, le bon roi René, nous présente, dans l’exubérance et l’anachronisme déjà sensible de certains de ses goûts, une espèce de caricature amusante et toute débonnaire du moyen âge finissant. […] L’abbé Sallier, au xviiie  siècle, en découvrant Charles d’Orléans, en remettant en lumière les poésies de ce prince poète, essaya de le substituer à Villon et de le porter au trône de la poésie du xve  siècle.

866. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « M. Paul Verlaine et les poètes « symbolistes » & « décadents ». »

Il pleure la mort du prince impérial, parce que le prince fut bon chrétien, et il se repent de l’avoir méconnu : Mon âge d’homme, noir d’orages et de fautes,   Abhorrait ta jeunesse…..

867. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

J’avais parcouru la galerie des Batailles, la salle des Maréchaux, celles des diverses campagnes ; j’avais vu des sacres de rois ou d’empereurs, des cérémonies royales, des prises de villes, des généraux, des princes, des grands seigneurs, des figures sottes ou insolentes, quand tout à coup je me pris à me demander : Où est donc la place de l’esprit ? […] Un pauvre moine défroqué, qui n’échappa à ses ennemis que parce qu’il plut à quelques petits princes de le prendre sous leur protection.

868. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Additions et appendice. — Treize lettres inédites de Bernardin de Saint-Pierre. (Article Bernardin de Saint-Pierre, p. 420.) » pp. 515-539

J’écris pareillement à M. le prince Dolgorouki qui me prêta 500 livres ou 25 louis vieux à Berlin, où il était alors ministre de Russie. […] Ce prince m’a appris dernièrement la mort de mon ancien chef, M. de Villebois, et il n’a pu rien me dire du général Dubosquet, auquel je l’avais prié de remettre un exemplaire de mes Études.

869. (1856) Cours familier de littérature. I « Digression » pp. 98-160

Ce prince avait eu occasion de voir et d’entendre la jeune fille dans les salons des Tuileries, chez une des femmes de la cour logée au palais ; il avait exprimé pour elle une admiration qu’on pouvait prendre pour de l’amour. […] Des intelligences dans les affections des princes sont des influences dans leurs conseils ; la politique, sous les apparences de l’amour, assiège même l’oreiller des rois.

870. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

C’est le nabab français, sanguin, de belle humeur, insolent de bienveillance, facile, ouvert, répandu, répandant ; d’une duperie aimable et commode, mais pas bête pourtant, car il se sait dupe et il est le bon prince de sa duperie ; sceptique, corrompu, mais pas trop, pas assez pour n’avoir point, de temps en temps, une larme à l’œil et un bon sourire sur ses grosses lèvres ; repu d’or, indigéré de billets de banque, et n’ayant plus que l’ambition d’être député, dans cette société où c’est là le seul bâton de maréchal qui reste dans les pauvres gibernes de l’ambition. […] C’est la royauté qui n’est plus le Dieu Terme de nulle part, qui abdique aussi lestement qu’une écuyère descend de cheval après sa représentation du Cirque, et qui, riche de tout, excepté de sa couronne, — la seule richesse à laquelle elle devrait tenir, — la sacrifie et l’oublie, avec la facilité des philosophes et des viveurs, pour les délices de cette Capoue qui s’appelle Paris, comme ce prince souverain de Brunswick — un type de roi exilé — qui troqua si facilement sa royauté contre les diamants laissés et emportés aux boutonnières de sa culotte !

871. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

Il dira platement du Grand Condé : « S’il eût eu la patience de M. de Turenne, et si M. de Turenne eût eu la supériorité d’esprit de M. le prince, ils n’auraient jamais pris parti contre le roi, et tous deux seraient parvenus à être de grands hommes ; au lieu qu’ayant injustement contribué à déchirer leur patrie et à lui causer de grands maux par des guerres civiles, ils ne pourront jamais être mis par les connaisseurs qu’au rang des hommes illustres. » Le bonhomme n’est pas même content de M. de Turenne, lequel n’était pas assez Aristide pour lui.

872. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Appendice. »

Tel il fut au lycée, dans les concours ; tel, à l’École normale dans cette première génération qui datait de la fondation même : partout le plus en vue, le plus désigné, l’âme et la vie, le prince de la jeunesse pensante, le grand promoteur et agitateur dans l’ordre des idées.

873. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre I. L’esprit gaulois »

On n’entre jamais ici dans un atelier sans inquiétude ; fussiez-vous prince et bordé d’or, ces gamins en manches sales vous auront pesé en une minute, tout gros monsieur que vous êtes, et il est presque sûr que vous leur servirez de marionnette à la sortie du soir.

874. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

C’est un Gascon, soldat de fortune, de cette petite noblesse provinciale, qui s’attacha directement à la royauté, et lui fournit tant de serviteurs dévoués et dociles, pour détruire les restes de la grande féodalité, et empêcher les princes du sang de la reconstituer.

875. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Banville, Théodore de (1823-1891) »

Camille Mauclair Le génie féerique et fantaisiste de ce prince de lettres a de secrètes affinités avec celui de Villiers, le dédain paradoxal du réel et de l’utile les faisait fraternels, et l’on reviendra un jour sur cette parité de deux grands esprits.

876. (1901) La poésie et l’empirisme (L’Ermitage) pp. 245-260

le triste empire des lettres, pour manquer d’empereur reconnu et de princes, n’est point davantage une république !

877. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IV. Des changements survenus dans notre manière d’apprécier et de juger notre littérature nationale » pp. 86-105

Que serait-ce donc si j’embrassais tous les ouvrages de Bossuet ; si je descendais avec lui dans l’arène de cette haute polémique où il consuma une partie de ses forces ; si j’interrogeais avec lui les oracles des anciens jours, afin de m’initier moi-même et d’initier mon lecteur aux secrets de cette Politique sacrée que l’on croirait appartenir à un autre âge, tant pour les princes que pour les peuples ; si je m’élevais sur ses ailes à la contemplation des mystères du christianisme ; si je creusais avec son analyse lumineuse et pénétrante les profondeurs d’un mysticisme exalté où s’égarèrent quelques âmes tendres ?

878. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

L’aristocratie de Saint-Pétersbourg, qui s’est faite européenne aussi pour des motifs moins élevés que ceux du czar Pierre, cette aristocratie qui n’est pas plus Russe que Catherine, qui était Allemande, qu’Alexandre et Nicolas eux-mêmes, lesquels, à travers la langue officielle de leurs ukases, apparaissent comme des princes fort distingués, mais entièrement européens de mœurs, de connaissances et de génie ; l’aristocratie de Saint-Pétersbourg n’est pas plus une société que des régiments de Cosaques ne sont un peuple.

879. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Léon XIII et le Vatican »

Jamais temps plus noir pour l’Église n’avait assombri l’horizon… La papauté, dépossédée de son pouvoir temporel et mutilée de la moitié d’elle-même, avait payé cruellement les premières illusions de Pie IX, chez qui le Pape, il est vrai, avait racheté les fautes du prince.

880. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

J’avoue que, jusqu’à la lecture de ce livre, je connaissais mal le prince dont la mort fut un deuil cruel pour la France. Comme la plupart de mes contemporains, je conservais du duc d’Orléans le souvenir d’un prince sympathique, d’un homme élégant, d’un soldat très brave, mais j’avoue que je ne sentais pas en lui cette haute intelligence qu’un paquet de lettres vient de révéler. […] Une chose pourtant m’avait frappé plus que toutes les autres, c’était les filets noirs dont, au lendemain de la mort du prince, les journaux, même ceux de l’opposition qui, d’ordinaire, en parlaient assez dédaigneusement, avaient encadré des articles nécrologiques qu’on se lisait tout haut en pleurant dans les familles. […] En tournant ces feuillets, je vois passer ce nom : « Je désire, dit le prince, qu’on prévienne Cambis que je m’occupe ici à former une ménagerie ». […] Duffour-Dubergier, appuya d’un long discours la candidature du général Cavaignac. — Le membre de l’assemblée qui demanda la parole après lui se contenta de dire — « J’ai l’honneur de proposer la candidature de Son Altesse Impériale le prince Louis-Napoléon ! 

881. (1929) La société des grands esprits

Sans compter que plus d’un pape et d’un prince ou d’un factieux prêtait alors le flanc à l’invective même impartiale. […] Le prince consort des Pays-Bas était présent. […] Autant que le permettaient les anciens régimes, ce prince de l’esprit sut traiter d’égal à égal avec ceux de la terre. […] Les autres princes profitaient des facilités que leur rang leur donnait pour être sûrement bienvenus de lui. […] Enfin, il a dit, dans son Don Juan, qu’il n’adulait pas non plus le peuple, et n’accepterait pas plus la tyrannie démagogique que celle des princes.

882. (1923) Nouvelles études et autres figures

Les mystiques et les philosophes s’en emparent et en font des transpositions symboliques dont les dernières et les plus parfaites sont celles du prince de la mystique hispano-musulmane, le Murcien Abenarabi. […] Que lui dit le prince ? […] Mais Hugo suit ici l’Évangile ; et ce n’est pas lui qui a inventé qu’après la résurrection de Lazare, les princes des prêtres s’assemblèrent et ne songèrent qu’à faire mourir Jésus. […] Mais un parricide n’a pas besoin d’être un prince ou un roi pour que le sang de sa victime retombe sur lui ; et il nous importe peu que Hugo pense au Deux Décembre, si nous, nous n’y pensons pas. […] Le Petit Roi de Galice nous présente des princes féroces en liberté : il y en a eu ; mais il y en a eu d’autres, et Roland était prince ; et la ressemblance de Napoléon III avec Rosalbat ou Ruy le Subtil n’éclate pas.

883. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

M. de Ferriol, ambassadeur de France à Constantinople, vit un jour, parmi les esclaves qu’on amenait vendre au marché, une petite fille qui paraissait âgée d’environ quatre ans, et dont la physionomie l’intéressa : les Turcs avaient pris et saccagé une ville de Circassie, ils en avaient tué ou emmené en esclavage les habitants ; l’enfant avait échappé au massacre de ses parents, lesquels étaient princes, dit-on, en leur pays. […] Cette éducation dangereuse ne la séduisit cependant pas au point de la faire céder aux vues de M. de Ferriol, qui, peu généreux, exigeait d’elle trop de reconnaissance, et d’un grand prince qui voulait en faire sa maîtresse ; mais elle la disposa à la tendresse, et le chevalier d’Aydie en profita71. » Le récit de M.  […] Ce prince, en effet, l’ayant rencontrée chez Mme de Parabère, la trouva tout aussitôt à son gré et ne douta point de réussir ; il chercha à plaire de sa personne, en même temps qu’il fit faire sous main des offres séduisantes, capables de réduire la plus rebelle des Danaë ; finalement il mit en jeu Mme de Ferriol elle-même, peu scrupuleuse et propre à toutes sortes d’emplois.

884. (1866) Petite comédie de la critique littéraire, ou Molière selon trois écoles philosophiques « Première partie. — L’école dogmatique — Chapitre premier. — Une leçon sur la comédie. Essai d’un élève de William Schlegel » pp. 25-96

Quant à Tartuffe lui-même, le théâtre tout entier n’a point de personnage moins gai que ce scélérat, qui fait passer le pauvre Orgon par « une alarme si chaude », que le dénouement de cette prétendue comédie allait être tragique, si Molière ne s’était avisé à temps que Louis XIV était « un prince ennemi de la fraude ». […] Mais nous comptions sans le beau-frère qui nous interdit toute joie profane, et nous ramène à des sentiments sérieux par cette exhortation finale tout à fait pathétique :                   Souhaitez que son cœur en ce jour Au sein de la vertu fasse un heureux retour ; Qu’il corrige sa vie en détestant son vice, Et puisse du grand prince adoucir la justice92. […] Mais l’infortuné prince ne l’a pas plus tôt mise à son doigt, la tête lui tourne, il ne sait plus ce qu’il dit ni ce qu’il fait.

885. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

À cette hauteur d’opulence et avec cette étendue d’action, c’est un prince, et, comme il a la situation d’un prince, il en a les sentiments. […] Le petit Joas de Racine n’a pu naître que dans une pièce composée pour Saint-Cyr ; encore le pauvre enfant parle-t-il en fils de prince, avec des phrases nobles et apprises comme s’il récitait son catéchisme.

886. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

« Il s’agit, bien entendu, du xixe  siècle ; et, pour éviter un double emploi avec de précédentes consultations (élection d’un prince des poètes, etc.), nous demandons que l’on n’indique ici aucun poète vivant. […] Je serais d’ailleurs inquiet en lui donnant le premier rang : pas de prince ! […] elle n’est qu’un souvenir atavique, déformé aujourd’hui, du temps où le poète était, avec l’astrologue, le fou et le majordome, de la domesticité des princes.

887. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Le poseur que Gœthe n’était peut-être pas naturellement, mais que ses admirateurs ont fait de lui en l’admirant trop, cachait soigneusement le creux de son être sous l’air olympien, comme Talleyrand, qui n’était pas moins creux, cachait le sien sous sa : pose indolente et railleuse de grand seigneur blasé et qui en avait vu bien d’autres… Il y a, en effet, beaucoup de ressemblance entre Gœthe et Talleyrand, ces deux âmes de princes ! […] Son Voyage de France, il le fit en 1792, avec le duc de Brunswick, sans fonction précise que celle de curieux à la suite du prince dont il aurait été l’historiographe s’il eût moins méprisé l’histoire. […] Cette servante valait mieux que l’ignoble Thérèse, pour laquelle Rousseau ne se mésalliait pas, mais elle n’aurait pas mieux valu que l’Europe n’eût rien dit du tout de cette accointance du grand Gœthe, faisant du concubinage avec tranquillité sous l’œil de son prince et du monde.

888. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

C’est en effet depuis l’adoption de cette mesure que les productions des artistes, multipliées à l’excès, sont devenues beaucoup plus embarrassantes qu’utiles aux arts et à la gloire du pays ; c’est depuis cette époque que les différents gouvernements qui se sont succédé ont contracté en quelque sorte l’engagement d’entretenir à leurs frais une foule d’artistes dont le nombre s’accroît toujours en proportion de la libéralité irréfléchie des princes, des gouvernements ou des grandes administrations. […] Il y aurait sans doute de l’injustice à juger rigoureusement le caractère de cet homme indéfinissable, fils naturel d’un prince allemand, entraîné de bonne heure dans l’émigration, rentrant en France sous la protection du peintre David, ayant, comme on vient de le voir, des velléités de républicanisme, et plus tard, vivement attaché au système impérial de Napoléon, mais l’abandonnant vers 1813 pour se joindre aux armées alliées qui firent rentrer les Bourbons en France l’année suivante, et obtenant sous la restauration je ne sais quel emploi dans l’Inde, où il a fait une espèce de fortune dont il est venu jouir à Paris jusqu’à sa mort, vers 1842. […] Après une suite de victoires qu’il serait superflu d’énumérer ici, le jeune Bonaparte, le général en chef de l’armée d’Italie, signe les préliminaires de la paix avec les plénipotentiaires de l’empereur d’Autriche (floréal an V) ; six mois après (vendémiaire an VI), il conclut à Campo-Formio, près d’Udine, un traité de paix définitif avec les envoyés du même prince, et bientôt (frimaire an VI) il apporte lui-même à Paris et présente au Directoire la ratification de ce traité donnée par l’empereur. […] Jules II, Léon X, François Ier, Louis XIV, tous ces gens-là ont été de grands princes et ont fait fleurir les arts… Je sais bien qu’on peut leur objecter la Grèce républicaine… Périclès n’était ni roi ni pape… quoique, si on y regarde de bien près, on pourrait bien voir en lui une espèce de dictateur… Hein ?

889. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

À quoi peuvent servir les Belles-Lettres et comment voulez-vous que nous fassions une œuvre littéraire à l’heure où nous cherchons encore, les uns et les autres, le nouveau souverain qu’il nous faudra aimer pendant quatre années ; au bout de ces quatre années : — Vous avez été un bon et sage prince, dira la France reconnaissante, et c’est pourquoi nous vous prions de céder la place à un autre ! […] Tant pis pour toi, Sganarelle, te voilà tombé, à ton tour, de la mode dans la fantaisie. « En ce moment même tu expies ta dernière fantaisie, tu cherches qui te gouverne à cette heure, toi qui avais pris un prince, pour pouvoir te passer d’un maître. […] que sa prétendue est la maîtresse du prince. […] Lauzun raconte au chevalier de Grammont qui arrive d’Angleterre, de la cour de ce brillant et futile Charles II, spirituel et licencieux copiste de Louis XIV, « que l’amour brûlant de Louis pour mademoiselle de La Vallière est tombé de son cœur comme un fruit mûr ; que le roi, désirant calmer sa conscience, permet à lui Lauzun, de demander la main de La Vallière. — La dot est digne du prince » ajoute Lauzun : « Et si j’obtiens la main de cette riche duchesse, je sais, plus d’un honnête juif d’Israël qui seraient bien les gaillards les plus heureux de Paris. » La plaisanterie n’est pas nouvelle et voici tantôt six ans que M. de Lauzun nous parle de ses créanciers. […] Et quoique le couvent nous ait pris notre duchesse, pardonnez-lui ses fautes et elle sera enchantée, ravie. » L’analyse de Don Juan. — Madame la duchesse de Montpensier Vraiment l’on peut dire que Don Juan a fait bruire mes fuseaux, car je m’aperçois qu’il y avait encore à faire, — après tant de discours, — l’analyse du chef-d’œuvre, et justement la veille du jour où la révolution de février allait éclater, dans cette salle admirablement réparée aux frais du roi qui est parti et qui est mort, sans qu’il lui ait été permis d’assister au résultat de ces dépenses royales, en présence des jeunes princes accourus à cette fête, — la dernière fête de la monarchie expirante, — entre mademoiselle Augustine Brohan, l’esprit et la grâce en personne, — le charme, — et mademoiselle Rachel qui, dans huit jours de là, allait chanter La Marseillaise, une très belle représentation du Don Juan copié sur l’édition de 1682, délivré de ses ratures et de ses cartons, fut donnée en l’honneur du deux cent vingt-cinquième anniversaire de la naissance de Molière.

890. (1864) Études sur Shakespeare

La comédie en France put bien, dans l’enfance de l’art, envahir le domaine de la tragédie, mais la tragédie n’avait aucun droit sur celui que la comédie s’était réservé ; et dans les piteuses Moralités, dans les pompeuses tragédies que faisaient représenter les princes dans leurs châteaux ou les régents dans leurs collèges, le comique trivial conserva longtemps une place impitoyablement refusée au tragique dans les bouffonneries dont s’amusait le peuple. […] Dans Cymbeline, l’imbécile Cloten devient presque fier et spirituel quand il s’agit d’opposer l’indépendance d’un prince anglais aux menaces d’un ambassadeur romain ; et dans Mesure pour mesure, le constable Le Coude, dont les balourdises ont fait le divertissement d’une scène, parle presque en homme de sens lorsque, dans une scène postérieure, un autre que lui est chargé d’égayer le dialogue. […] La plupart des princes dont le règne a fourni à Shakespeare ses drames nationaux ont sans doute exercé quelque influence sur leur propre histoire ; mais aucun, si ce n’est Richard III, ne l’a faite lui-même et tout entière. […] Cependant elle demeurait stérile, et Shakespeare régnait, dit sir Walter Scott, « comme un prince grec sur des esclaves persans qui l’adorent, mais sans oser imiter son langage. » Un nouvel élan ne peut être uniquement dû à d’anciens souvenirs ; une ancienne époque, pour porter de nouveaux fruits, a besoin d’être de nouveau fécondée par un mouvement analogue à celui qui lui valut jadis sa fécondité. […] Que Hamlet soit le premier mis en relation avec l’ombre de son père ; que de préparations, que d’explications seront indispensables pour nous placer dans l’état d’esprit où doit être un prince, un homme des classes élevées, pour croire à une apparition !

891. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

D’abord la coutume immémoriale, différente selon la province, selon le titre de la terre, selon la qualité et la condition de l’individu ; ensuite la volonté du roi qui a fait écrire et qui a sanctionné la coutume  Cette volonté elle-même, cette souveraineté du prince, ce premier des pouvoirs publics, qui l’autorise ? […] Si le prince se renferme dans ses attributions, s’il est retenu sur la pente de l’arbitraire, s’il ne verse pas dans l’égoïsme, il fournit au pays l’un des meilleurs gouvernements que l’on ait vus dans le monde, non seulement le plus stable, le plus capable de suite, le plus propre à maintenir ensemble vingt ou trente millions d’hommes, mais encore l’un des plus beaux, puisque le dévouement y ennoblit le commandement et l’obéissance, et que, par un prolongement de la tradition militaire, la fidélité et l’honneur rattachent de grade en grade le chef à son devoir et le soldat à son chef. — Tels sont les titres très valables du préjugé héréditaire ; on voit qu’il est, comme l’instinct, une forme aveugle de la raison.

892. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (3e partie) » pp. 81-152

Fabre, après avoir accompli tout ce qu’il devait à son amie et à la ville de Florence, obtint du prince l’autorisation de se retirer, avec tous ses trésors d’art et de littérature, dans la patrie de son enfance ; il vint mourir à Montpellier, se faisant de sa ville natale une famille, et léguant son nom au musée qu’il y forma, en sanctifiant ainsi sa bonne fortune. […] Il se réfugie chez les princes autrichiens qu’il a insultés.

893. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Rois et princes briguaient sa main, mais son humilité était si grande, qu’elle refusait toujours les prétendants. […] En terminant cet aperçu, qui sans doute a paru très long et qui pourtant est fort sommaire, on peut ajouter qu’il doit y avoir eu un événement historique, vers le septième ou le huitième siècle, en Brabant, accusation injuste portée contre une princesse, litige à propos d’un royal héritage, tranché par la venue soudaine d’un prince on d’un guerrier.

894. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Lettres de m. l’Abbé Sabatier de Castres ; relatives aux trois siecles de la littérature françoise.ABCD » pp. -641

Si j’étois assez heureux que d’être choisi, parmi nos Gens de Lettres, pour peindre à la Postérité tant de qualités précieuses, j’aurois alors un nouveau sujet de m’applaudir de n’avoir consacré ma plume qu’à louer des Princes vraiment estimables, après l’avoir exercée jusqu’à présent à la seule défense de la Religion & de la saine Littérature. […] avec quel ton d’autorité ils donnerent des loix aux Princes qu’ils protégeoient !

895. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le président Jeannin. — II. (Suite.) » pp. 147-161

Le président Jeannin, repoussé sur le point essentiel de la négociation, qui était d’assurer la couronne à un prince français, ne se refusa point à entrer dans ce qui lui fut proposé au nom du roi d’Espagne ; il y opposa seulement les difficultés puisées dans la loi salique, les peines qu’on aurait à en triompher, sembla promettre qu’on s’y emploierait, et, sans trop presser l’avenir en cet endroit, il s’attacha en attendant à obtenir les secours d’argent et de troupes, indispensables à l’entretien de la Ligue et de son chef.

896. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Bossuet aimait mieux prêcher la parole de Dieu toute simple et toute nue que de prononcer des oraisons funèbres : « Il n’aimait pas naturellement, a dit Le Dieu, ce dernier travail qui est peu utile, quoiqu’il y répandît beaucoup d’édification. » Sentant donc que ce déploiement et cet appareil d’éloquence solennelle le fatiguait en pure perte et ne tournait guère qu’en réputation et en gloire, il aurait cru faire tort à son troupeau que de s’y prêter plus longtemps, et, après ce dernier devoir de reconnaissance payé à la mémoire d’un prince dont l’amitié l’y obligeait, il déclara publiquement de ce côté sa carrière close, réservant désormais toute sa source vive pour des usages comme domestiques et familiers.

897. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Cette similitude du Français et de l’enfant, qui ne se bornait pas à un simple aperçu comme en ont les gens d’esprit, mais qui était l’idée favorite de l’abbé, revient continuellement dans ces notes de Rousseau : « Il était mal reçu des ministres et, sans vouloir s’apercevoir de leur mauvais accueil, il allait toujours à ses fins ; c’est alors surtout qu’il avait besoin de se souvenir qu’il parlait à des enfants très fiers de jouer avec de grandes poupées. » — « En s’adressant aux princes, il ne devait pas ignorer qu’il parlait à des enfants beaucoup plus enfants que les autres, et il ne laissait pas de leur parler raison, comme à des sages. » Rousseau, à qui tant de gens feront la leçon pour sa politique trop logique et ses théories toutes rationnelles, sent très bien le défaut de l’abbé de Saint-Pierre et insiste sur la plus frappante de ses inconséquences : « Les hommes, disait l’abbé, sont comme des enfants ; il faut leur répéter cent fois la même chose pour qu’ils la retiennent. » — « Mais, remarquait Rousseau, un enfant à qui on dit la même chose deux fois, bâille la seconde et n’écoute plus si on ne l’y force.

898. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

Il est la fleur de l’école, un prince de la docte, jeunesse.

899. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « La Réforme sociale en France déduite de l’observation comparée des peuples européens, par M. Le Play, Conseiller d’État. »

On sort du collège, et, à peine sorti, on a déjà choisi son point de mire, son modèle dans quelque écrivain célèbre, dans quelque poète préféré : on lui adresse son admiration, on, lui porte ses premiers vers ; on devient son disciple, son ami, pour peu qu’il soit bon prince ; on est lancé déjà ; à sa recommandation peut-être, un libraire consent à imprimer gratis vos premiers vers ; un journal du moins les insère ; on y glisse de la prose en l’honneur du saint qu’on s’est choisi et à la plus grande gloire des doctrines dont on a le culte juvénile : comment revenir après cela ?

900. (1875) Premiers lundis. Tome III « Sur le sénatus-consulte »

à quel confident du prince ?

901. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre VII. Induction et déduction. — Diverses causes des faux raisonnements »

Dans les premiers, de l’examen d’un cas particulier, bien choisi, de l’exposition de la vie d’un prince ou d’un saint, il tire une leçon générale, une loi pour le règlement de la vie chrétienne et le salut des auditeurs.

902. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Un jour, les bas officiers du temple, qui avaient assisté à un des discours de Jésus et en avaient été enchantés, vinrent confier leurs doutes aux prêtres : « Est-ce que quelqu’un des princes ou des pharisiens a cru en lui ?

903. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Généreux comme un prince, courtois comme un gentilhomme de l’ancien régime, il a vécu et il mourra dans l’impénitence finale de l’amour des femmes.

904. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre IV. Critique »

Il est père d’une dynastie de Dives, dont les vieux fabliaux ont conservé la filiation : Elfe, c’est-à-dire le Rapide, fils de Prométhée, puis Elfin, roi de l’Inde, puis Elfinan, fondateur de Cléopolis, ville des fées, puis Elfilin, bâtisseur de la muraille d’or, puis Elfinell, le vainqueur de la bataille des démons, puis Elfant, qui construisit Panthée tout en cristal, puis Elfar qui tua Bicéphale et Tricéphale, puis Elfinor le Mage, une espèce de Salmonée qui fit sur la mer un pont de cuivre sonnant comme la foudre, non imitabile fulmen œre et cornipedum pulsu simularat equorum, puis sept cents princes, puis Elficléos le Sage, puis Elféron le Beau, puis Obéron, puis Mab.

905. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Ce monarque, effrayé de voir les princes ses enfans élevés par un hérésiarque, parle à Bossuet, dont il révéroit le nom & les lumières.

906. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

La pacification du royaume, fatale aux princes, qu’elle avait fait descendre des rôles de chefs de parti et de souverains aux charges d’intendants de provinces et de commandants militaires, avait aidé à la marche ascendante de la bourgeoisie.

907. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Jules Janin » pp. 137-154

qui avait, de plus, en perspective, deux cent mille livres de rente, qui était connu de toute l’Europe, bien venu de ses Princes et de ses artistes, et que tous les courtisans de son feuilleton, qui étaient nombreux, appelaient le Prince de la Critique bien avant que M. 

908. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Devant lui Condé, le grand Condé, tombe du prince jusqu’au mousquetaire.

909. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « De Stendhal »

. — Shakespeare, qui a pensé à tout, nous a donné l’idée de cette tyrannie dans Hamlet, quand, avec une intention profonde que des critiques superficiels taxeraient peut-être de mauvais goût, il mêle aux cris les plus vrais, les plus naturellement déchirants de son Oreste du Nord, des souvenirs mythologiques et pédantesques qui rappellent l’Université de Wittemberg, où le prince danois a été élevé.

910. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Stendhal » pp. 43-59

La tyrannie des habitudes de l’esprit crée une sincérité de seconde main pour remplacer la sincérité vierge qu’elle tue… Shakespeare, qui a pensé à tout, nous a donné l’idée de cette tyrannie dans Hamlet, quand, avec une intention profonde, que des critiques superficiels taxeraient peut-être de mauvais goût, il mêle aux cris les plus vrais, les plus naturellement déchirants de son Oreste du Nord, des souvenirs mythologiques et pédantesques qui rappellent l’université de Wittemberg, où le prince danois a été élevé.

911. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Madame Paul de Molènes »

n’être que sentimentale comme tant de gens peuvent l’être, quand on est intellectuellement de la race des Hamilton, des Grammont, des princes de Ligne, ce que personne ne peut être si Dieu ne s’en est pas mêlé !

912. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

Qu’il fasse lâchement la cour à chaque prince ! […] Tu dis que Francion ne peut rien sans ces princes ; Et qu’Ibère peut-il sans toi, sans tes provinces ? […] Vous vous rappelez que Rodrigue, après avoir tué le comte, a couru à la maison de Chimène, pendant que celle-ci était allée trouver le Roi et que Don Diègue de son côté se jetait aussi aux pieds du prince en demandant la grâce de son fils. […] Dans la préface, sous forme d’Epître « à Monsieur de Zuylichem, conseiller et secrétaire de Monseigneur le prince d’Orange », que fait-il ? […] Quel nom prendre cependant, lorsque l’on croit devoir mêler le ton familier à l’héroïque et mettre en scène des personnages autres que les princes ?

913. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Elle ne vient pas : elle reste à Paris, la maîtresse d’un prince royal en bonne fortune. […] Ce n’est pas qu’ils missent leur joie et leur orgueil à disputer aux princes des bibliophiles les éditions princeps des poètes français ; les reliures pour Mazarin ou pour Canevarius, les ouvrages à figures, contenant double et triple suite. […] C’est pour lui que les princes et les chanteuses faisaient élever, dans leurs parcs des fausses ruines, des tombeaux vides et des autels à l’Amitié. […] Elle sait par avance qu’il est un prince. […] Il a voulu épouser la fille de son prince, la belle Miranda ; il s’y est pris un peu trop vite et on ne la lui a pas donnée.

914. (1910) Propos littéraires. Cinquième série

quand vous arriverez au prince des philosophes du dix-neuvième siècle… — Qui donc ? […] D’une part, aux ducs et aux princes de la nouvelle noblesse, en donnait des noms de lieux, des noms de victoires ou de villes conquises. […] Tout vrai noble non titré, c’est-à-dire ni prince, ni duc, ni comte, ni vicomte, ni vidame, ni baron, ni chevalier, était écuyer ; ou, pour mieux parler, le titre d’écuyer était le titre de tous les nobles qui n’en avaient pas. […] Gréard était le prince des discussions et il en était le tyran, sans qu’on s’aperçût jamais du joug, si ce n’est quand on était sorti de la salle. […] Il est bien certain que les choses mêmes qui faisaient douter de l’identité de l’aventurier de Naples, en dernière analyse, sont pour la confirmer ; que, par exemple, on disait alors : « Il se dit prince anglais, et il ne sait pas un mot d’anglais ! 

915. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Les « princes de la mode », les fortes têtes du Jockey, les « héros de galanterie », les « maîtres en haute vie », les « viveurs professionnels », les « fêtards », n’attirent plus autant qu’autrefois son attention et sa sympathie. […] Le marquis était dernièrement à Florence, où il fréquentait des comtesses russes, des baronnets anglais, des princes napolitains et sans doute aussi le prince d’Aurec. […] Quiconque travaillait dans l’érotisme était sûr d’obtenir une pension, de devenir au moins sous-bibliothécaire, précepteur du prince, et de mourir dans la peau d’un personnage très officiel. […] Les jours des princes et des seigneurs féodaux sont passés ; les monarques occupent leurs trônes pour exécuter la volonté des peuples. […] Blondel devînt un jour conquistador, flibustier, administrateur d’un grand empire, prince d’une tribu sauvage en Océanie, chef d’un groupe à la Chambre.

916. (1774) Correspondance générale

L’affabilité charmante du prince et le désintéressement singulier de l’artiste ont tout fait. […] Les princes font des remontrances, les autres tribunaux des remontrances, toute la noblesse des remontrances ; on n’en finit plus avec les remontrances. […] Le prince et la princesse m’attendaient avec impatience et m’ont reçu avec les démonstrations de l’amitié la plus vraie et la plus touchante. […] Mais j’oubliais de vous parler d’un de mes plaisirs les plus vifs, c’est d’avoir embrassé un matin M. le comte de Crillon et M. le prince de Salm. […] Je suis avec respect, mon prince, etc.

917. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Ces princes, ces vieillards, ces femmes, ces courtisans, cette jeune noblesse, ces militaires, ces hommes de lettres, ces poètes expatriés, ces jeunes filles qui croissaient en âge et en grâce dans l’exil, pénétraient dans toutes les familles, y payaient l’hospitalité en enseignant la langue et les lettres de leur patrie aux enfants de leurs hôtes, racontaient leurs malheurs, intéressaient à leur ruine et naturalisaient en Europe une France errante et fugitive qui devenait plus chère par les asiles qu’on lui prodiguait. […] C’est là que je connus M. de Cazes, qui allait devenir son gendre, favori spirituel, beau et séduisant, de Louis XVIII, qui ne demandait qu’à être un nouveau Mécène d’un nouvel Auguste, si les Horace et les Virgile avaient surgi au gré du prince et du ministre. […] Je n’ai jamais donné un conseil pervers à un gouvernement ou à un prince ; mais je ne m’écroule pas avec eux.

918. (1895) La science et la religion. Réponse à quelques objections

Et, dans un autre endroit : Nous n’ignorons pas ce que demande de longs et pénibles travaux l’ordre de choses dont nous voudrions la restauration, et plus d’un pensera peut-être que nous donnons trop à l’espérance… Mais nous supplions les princes et les gouvernants, au nom de leur clairvoyance politique et de leur sollicitude pour les intérêts de leurs peuples, de vouloir équitablement apprécier nos desseins et les seconder de leur autorité… Le siècle dernier laissa l’Europe fatiguée de ses désastres, tremblante encore des convulsions qui l’avaient agitée. […] On ne manqua pas de dire que c’était avec justice qu’on voyait nager dans son propre sang un prince qui avait si cruellement répandu celui de ses sujets. […] Tant de sainteté dans ce prince n’en avait pu effacer la tache.

919. (1914) Boulevard et coulisses

Seulement, la ville, c’était Paris, et les habitués, c’étaient les princes du journalisme et du théâtre, des promeneurs illustres ou des spécialistes notoires de l’esprit. […] Un jour, Arthur Meyer me dit : « Le prince de Sagan m’a parlé de votre article en déjeunant chez Bignon. » Je n’eus pas l’audace de lui demander ce qu’en avait dit le prince, mais il en avait parlé, cela suffisait.

920. (1910) Études littéraires : dix-huitième siècle

Le prince qu’il a servi monte sur le trône. […] « Laissez Silvia au prince. […] Sauf en Orient, toutes les monarchies ont des lois, puissances idéales, limitatives du prince, protectrices du citoyen. […] — Des rois, des princes lui écrivent amicalement, sans doute. […] Voilà pourquoi il a tant aimé les grands princes et a aimé à les voir plus grands qu’ils n’étaient.

921. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — III. (Fin.) » pp. 246-261

Comme secrétaire perpétuel et historien de l’Académie, il n’a écrit qu’un court chapitre, assez piquant d’ailleurs, dans lequel il insiste beaucoup sur l’égalité académique, égalité qu’il contribua plus que personne à maintenir lors de l’élection du comte de Clermont (prince du sang) dans la compagnie : La liberté que le roi nous laisse, dit-il, et l’égalité académique sont nos vrais privilèges, plus favorables qu’on ne le croit à la gloire des lettres, surtout en France où les récompenses idéales ont tant d’influence sur les esprits.

922. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.

923. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — II » pp. 263-279

Toute sa vie, on peut dire qu’il le suivit de près et le côtoya : également attaché à l’éducation de jeunes princes, plus tard reçu sous ses auspices à l’Académie française, il le retrouvait à Versailles, il le visitait fréquemment à Meaux et à Germigny.

924. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

C’est l’histoire d’un enthousiasme romanesque pour un beau chanteur qu’on croit né prince, une erreur d’imagination dans l’amour.

925. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

C’est le même sentiment d’honneur héroïque et royal, et du noble orgueil invincible qu’on n’en saurait séparer, qui faisait dire au grand Frédéric, au moment le plus désespéré de la guerre de Sept Ans et dans les heures terribles où il songeait à se donner la mort, plutôt que de signer son déshonneur et celui de sa patrie (juillet-octobre 1757) : J’ai cru qu’étant roi, il me convenait de penser en souverain, et j’ai pris pour principe que la réputation d’un prince devait lui être plus chère que la vie… Je suis très résolu de lutter encore contre l’infortune ; mais en même temps suis-je aussi résolu de ne pas signer ma honte et l’opprobre de ma maison… Si vous prenez la résolution que j’ai prise (la sœur généreuse à laquelle il écrit, la margrave de Baireuth, avait résolu de mourir en même temps que lui), nous finissons ensemble nos malheurs et notre infortune, et c’est à ceux qui restent au monde à pourvoir aux soins dont ils seront chargés, et à porter le poids que nous avons soutenu si longtemps.

926. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Je ne sais rien, en revanche, de plus magique et de plus féeriquement éclairé que la haute avenue couverte, la nef ogivale de frênes séculaires, par laquelle le jeune prince s’avance vers le perron de l’escalier, dans la Belle au bois dormant. — Le livre, enfin, est précédé d’une Introduction de M. 

927. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Et ainsi, lorsque la prédication de Jésus commençait, lorsque après l’avoir vu, au retour du désert et de sa tentation triomphante, quitter de nouveau sa mère, Marie triste et résignée, on le suivait le long de la mer de Galilée allant recruter des pêcheurs pour disciples ; lorsque dans des scènes très plates et d’un langage délayé, mais assez naïves, on assistait à ces conversations, puis à ces conversions de pêcheurs, de gens de métier, chacun ayant sa physionomie et gardant assez bien son caractère ; lorsque le cortège des Douze se complétait ainsi à vue d’œil, avec sa variété, — parmi eux un seul noble, Barthélemy « en habit de prince », les autres dans leurs habits mécaniques ou de travail, saint Thomas en habit de charpentier, ayant jeté seulement ses outils, et Matthieu le publicain, à son tour, assis d’abord devant sa table, avec ses sacs d’argent rangés dessus, et cependant offrant dans sa maison un repas à Jésus qui l’accepte, — il y avait certainement, à cette suite de scènes familières, un intérêt que l’on conçoit encore très-bien aujourd’hui, et qui consistait dans l’extrême détail, dans le naturel minutieux du développement, dans l’imitation et la copie de la vie.

928. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. (Suite et fin.) »

À la surface tout était soumis en Allemagne ; tout reconnaissait la domination suprême du vainqueur de Wagram et de l’arbitre de la Confédération du Rhin ; les rois, les princes s’inclinaient et courbaient la tête : le peuples restaient frémissants.

929. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVII. De la littérature allemande » pp. 339-365

Les princes traitent avec distinction les hommes de lettres ; ils leur accordent souvent des marques d’honneur.

930. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

un prince détrôné, renié par sa famille, exilé, traqué, toupie en dérision, qui erre en paria dans sa bonne ville de Paris et que la misère oblige à coucher sous les ponts.

931. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Vienne le règne personnel du jeune prince, occasion et début d’une nouvelle époque littéraire.

932. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Elle était sensible en effet à tout regard et à toute louange, à l’exclamation d’un enfant ou d’une femme du peuple tout comme à la déclaration d’un prince.

933. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Poésies nouvelles de M. Alfred de Musset. (Bibliothèque Charpentier, 1850.) » pp. 294-310

Il y a dix ans environ, M. de Musset adressait à M. de Lamartine une Lettre en vers, dans laquelle il se tournait pour la première fois vers ce prince des poètes du temps, et lui faisait, à son tour, cette sorte de déclaration publique et directe que le chantre d’Elvire était accoutumé dès longtemps à recevoir de quiconque entrait dans la carrière, mais que M. de Musset, narguant l’étiquette, avait tardé plus qu’un autre à lui apporter.

934. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie-Antoinette. (Notice du comte de La Marck.) » pp. 330-346

Ce prince, muni d’une instruction solide et doué de toutes les qualités morales qu’on sait, mais faible, timide, brusque, rude, et particulièrement disgracieux auprès des femmes, n’avait rien de ce qu’il fallait pour diriger sa jeune épouse.

935. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Il relevoit cet endroit, où le panégyriste du prince lui disoit que, s’il continuoit à prendre tant de villes, il n’y auroit plus moyen de le suivre, & qu’il faudroit l’aller attendre aux bords de l’Hellespont.

936. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

On a dit que les historiens anciens étaient les historiens des peuples, et que les historiens modernes étaient les historiens des princes, des grands de la terre.

937. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre III. Contre-épreuve fournie par l’examen de la littérature italienne » pp. 155-182

Au cours de mille ans, les tentatives de constituer un royaume d’Italie n’ont pas manqué ; j’en rappelle quelques-unes : les Lombards étaient à la veille du triomphe définitif, lorsque le Pape appela les Francs ; au xiiie  siècle, Frédéric II eut certainement l’idée d’unifier l’Italie — il fut vaincu par Innocent IV ; Cola di Rienzi conçut une fédération italienne ; à l’époque de la Renaissance, plus d’un petit souverain, italien ou étranger, rêva d’être le « prince » invoqué par Machiavel ; les projets divers du Risorgimento sont bien connus… ; et toutes ces tentatives échouèrent par les intrigues du pape, devant les armées autrichiennes ou françaises.

938. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre VI. Milton. » pp. 411-519

Emporté jusqu’au bout de sa croyance, et comme un cavalier lancé qui perce d’un élan toute la ligne de bataille, il alla jusqu’au prince, conclut à l’abolition de la royauté comme au renversement de l’épiscopat, et un mois après la mort de Charles Ier, justifia l’exécution, répondit à l’Eicon Basilice, puis à la Défense du Roi par Saumaise, avec une grandeur de style et un dédain incomparables, en combattant, en apôtre, en homme qui partout sent la supériorité de sa science et de sa logique, qui veut la faire sentir, qui foule et écrase superbement ses adversaires à titre d’ignorants, d’esprits inférieurs et de cœurs bas445. « Les rois », dit-il au commencement de l’Iconoclaste, « quoique forts en légions, sont faibles en arguments, étant accoutumés dès le berceau à se servir de leur volonté comme de leur main droite, et de leur raison comme de leur main gauche. […] Sors de tes chambres royales, ô prince de tous les rois de la terre ; revêts les robes visibles de ta majesté impériale, prends en main le sceptre universel que ton père t’a transmis, car maintenant la voix de ta fiancée t’appelle, et toutes les créatures soupirent pour être renouvelées485. » Ce cantique de supplications et d’allégresse est une effusion de magnificences, et, en sondant toutes les littératures, vous ne rencontrerez guère de poëtes égaux à ce prosateur. […] Adam est de l’opposition, whig, puritain. « Il va au-devant de l’ange sans autre cortége que ses propres perfections, portant en lui-même toute sa cour, plus solennelle que l’ennuyeuse pompe des princes, avec la longue file de leurs chevaux superbes et de leurs valets chamarrés d’or512. » Le poëme épique se trouve changé en un poëme politique, et nous venons d’écouter une épigramme contre le pouvoir. […] Satan disserte devant ses officiers contre la royauté, lutte dans un tournoi de harangues contre Abdiel, bon royaliste qui réfute « ses arguments blasphématoires », et s’en va rejoindre son prince à Oxford.

939. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Dans le même avant-propos où Nicole nous a parlé des vues de Pascal sur l’éducation d’un prince, il s’étonne que, parmi les papiers de Pascal, on n’ait rien trouvé qui « regardât expressément cette matière ». Si l’on y eût cependant trouvé quelque chose, nous ne serions pas incapables de prendre les notes de Pascal sur l’éducation d’un prince pour autant de fragments de l’Apologie de la Religion. […] Le précepteur du prince, Jacques Adam, de l’Académie française, — il faut le savoir pour le croire, — avait été l’un des collaborateurs de Prévost dans l’entreprise d’une traduction de l’Histoire universelle de de Thou. Grâce au cardinal et grâce au prince, Prévost fut donc admis à rentrer définitivement en France, sous la seule condition d’une retraite préalable dans une abbaye désignée. […] « L’abbé Prévost est à Bruxelles, il y avait une lettre de cachet pour le mettre à la Bastille, écrit l’abbé Le Blanc au président Bouhier, le 6 février 1741 ; M. le prince de Conti, qui en a été averti, lui a donné 25 louis pour déguerpir. » Malgré le prince et malgré M. de Maurepas, qui lui voulait quelque bien, ce nouvel exil ne dura pas moins de huit mois.

940. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIe entretien. Littérature latine. Horace (1re partie) » pp. 337-410

On ne peut croire qu’un vieux général aussi consommé que Cassius ait élevé un lâche à un tel commandement dans son armée ; la lâcheté, dont se vante plus tard Horace dans ses vers railleurs contre lui-même, n’était donc en réalité qu’une plaisanterie ou une flatterie à Auguste ; il voulait persuader par là à ce prince, neveu de César, que tous ceux qui avaient combattu jadis contre lui étaient indignes de porter une épée et un bouclier. […] Auguste était un Médicis anticipé, un père de famille des lettres, plus qu’un prince ; rien en lui ne rappelait le tyran ; il ne voulait être que l’ami couronné de tous les Romains ; sa cour n’était que la première maison de Rome ; l’amitié, l’égalité, la familiarité y formaient la seule étiquette.

941. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juin 1885. »

En 1862, dans la Préface a l’Anneau du Nibelung, il exposa son projet d’une institution de Fêtes théâtrales, et réclama, pour elle, le concours des particuliers, et, surtout, l’appui d’un prince qui s’y dévouât ; il disait, nettement, son intention de construire un théâtre nouveau (VI, 385 et sq.) […] La salle est un vaste amphithéâtre, oblong ; trente rangs de stalles (1345 places) se succèdent, et aboutissent à une galerie de cent places, la galerie des Princes ; au dessus de cette galerie, une autre, très petite, la galerie Haute, a deux cents cinq places : ni l’une ni l’autre ne sont publiques.

942. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Mazarin, aussi spirituel que lui, se délectait jusque sur son lit de mort à entendre la lecture de ses facétieuses ripostes au parti des princes et du parlement. […] » Lisez, dans les vers sur la naissance d’un prince, l’apostrophe à la nation pour la désintéresser de tout ce qui n’est pas jouissance matérielle.

943. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Il y avait plus de dix ans que Jérusalem, possédée et gouvernée depuis Godefroi de Bouillon (1099) par des princes chrétiens, avait été reconquise par Saladin (1187).

944. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres de François Arago. Tome I, 1854. » pp. 1-18

Pascal a distingué trois ordres divers, et, dans chaque ordre, des princes : il y a, selon lui, l’ordre de la politique et des conquêtes, des grandeurs et des puissances terrestres ; il y a celui de l’intelligence pure et de l’esprit ; il y a enfin l’ordre de la beauté morale et de la charité.

945. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — I. » pp. 180-197

Quand Bossuet, plus tard, dans son oraison funèbre du prince, parlera avec tant de répulsion des discordes civiles et « de ces choses dont il voudrait pouvoir se taire éternellement », il rendra un sentiment bien réel et vif qui lui avait arraché dans le temps même ce cri de douleur et d’alarme.

946. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Sire, et j’ose dire votre gloire, ne vous permettent pas de prolonger davantage l’ignominieuse agonie d’un frère sur le trône d’Espagne, exposé, dans un lieu si élevé, aux risées de vos ennemis et à la déconsidération de ses amis… Toute entrave qui nuirait au but que doit se proposer tout prince honnête homme me rend la place que j’occupe insoutenable.

947. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — II » pp. 268-284

Ce prince le favorisa, lui procura toutes les facilités et des documents pour son histoire ; il lui aurait même donné, dit-on, un logement dans ses palais.

948. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mémoires pour servir a l’histoire de mon temps. Par M. Guizot »

Ce fut, à s’en tenir à l’intérieur de la lice et à ne pas regarder aux conséquences du dehors, un tournoi des plus satisfaisants, un assaut brillant et des mieux conduits : d’un côté, tous les princes de la parole, tous les chefs de file des nuances de l’opposition et des couleurs même les plus contraires, avec un major-général plus actif, plus infatigable que ne le fut jamais le prince Berthier, et qui allait donnant le mot d’ordre dans tous les rangs15 : ce mot d’ordre, c’est qu’on n’avait pas le gouvernement parlementaire dans sa force et dans sa vérité ; car remarquez que, tant qu’on a eu en France ce gouvernement, ceux mêmes qui le regrettent le plus hautement aujourd’hui niaient qu’on le possédât tel qu’il devait être et allaient criant partout : « Nous ne l’avons pas ! 

949. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

. — Dès l’enfance, il parut si mal élevé qu’on crut que son gouverneur, le grand maréchal Brummer, Suédois de naissance, dès qu’il vit que le prince n’était point destiné au trône de Suède, mais à celui de Russie, changea de méthode et s’appliqua à lui gâter le cœur et l’esprit de propos délibéré : le maréchal en était bien innocent et n’en pouvait mais ; la nature de l’élève suffisait de reste à tous ses vices.

950. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Le poëte se compare tout d’abord à cet ange de Klopstock, Abbadona, entraîné dans la révolte de Lucifer et qui était resté, jusque dans l’Enfer, triste et malade du regret des cieux : Sire, quand Lucifer, le prince de lumière, Se lassant de marcher dans sa gloire première, Ivre d’orgueil, osa, contre celle de Dieu, Déployer dans le ciel sa bannière de feu, Parmi les révoltés de la sombre phalange Un esprit se trouvait, doux et sensible archange, Qui, découvrant soudain dans le camp des élus Un ami qu’il aimait et qu’il ne verrait plus, Pencha son front, brisé d’un désespoir sublime, Et s’en alla pleurer dans un coin de l’abîme.

951. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Gisors (1732-1758) : Étude historique, par M. Camille Rousset. »

Voilà quel est notre général… » À ce témoignage on peut joindre celui du marquis de Voyer, qui écrivait le lendemain de la défaite : « On ne peut que plaindre ce prince que je crois peu coupable.

952. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Ce petit trait rappelle de loin la belle carpe que Racine, en réponse à une invitation de M. le Duc, montrait à l’écuyer du prince, et qu’il tenait absolument à manger en famille avec ses pauvres enfants, le grand Racine qu’il était.

953. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre quatrième. Les conditions physiques des événements moraux — Chapitre III. La personne humaine et l’individu physiologique » pp. 337-356

Le mot pouvoir ne désigne ici qu’une liaison constante entre un fait qui est l’ordre du prince et tels ou tels autres faits qui suivent le premier. — Pareillement, on dit qu’un homme sain a le pouvoir de marcher et qu’un paralytique ne l’a pas ; cela veut dire simplement que la résolution de marcher chez l’homme sain est certainement suivie du mouvement des jambes, et qu’elle n’est jamais suivie de ce mouvement chez le paralytique ; ici encore, le pouvoir n’est que la liaison perpétuelle d’un fait qui est l’antécédent avec un autre fait qui est le conséquent.

954. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre III. Trois ouvriers du classicisme »

« On peut avoir de la dévotion pour son prince, pour son pays, pour sa ville, et même pour un homme particulier, lorsqu’on l’estime beaucoup plus que soi » ; mais « son principal objet est sans doute la souveraine divinité, à laquelle on ne saurait manquer d’être dévot lorsqu’on la connaît comme il faut294 ».

955. (1914) Enquête : L’Académie française (Les Marges)

Jean Aicard, bientôt, je l’espère, aux princes du Ridicule, M. 

956. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Arlequin, soi-disant empereur de la Lune, prince des Brouillards, roi des Crépuscules, etc., est interrogé par le Docteur Balouard, Isabelle, Colombine, sur ce qui a lieu dans son lointain empire.

957. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Oscar Wilde à Paris » pp. 125-145

Le frêle et délicat Henri Degron y susurrait des airs mièvres avec indolence et semblait un jeune prince annamite, privé de soleil, s’étiolant sous la rigueur de nos climats.

958. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

À table, Mme de Graffigny nous le fait voir charmant, attentif, servi d’ailleurs en prince, avec ses laquais et son valet de chambre derrière son fauteuil : Son valet de chambre ne quitte point sa chaise à table, et ses laquais lui remettent (au valet de chambre) ce qui lui est nécessaire, comme les pages aux gentilshommes du roi ; mais tout cela est fait sans aucun air de faste, tant il est vrai que les bons esprits savent en toute occasion conserver la dignité qui leur convient, sans avoir le ridicule d’y mettre jamais de l’affectation.

959. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Celui qui sacrifie sa fille peut être ambitieux, faible ou féroce ; celui qui a perdu son argent peut être riche ou pauvre ; celui qui craint ; pour sa maîtresse, bourgeois ou héros, tendre ou jaloux, prince ou valet : c’est au poète à se décider pour l’un ou pour l’autre.

960. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

C’était aussi bête que de lui reprocher d’avoir des cheveux noirs… Si Shakespeare, que ces imbéciles admirent par lâcheté de tradition, donnait aujourd’hui son Hamlet, le plus beau de ses drames, ils diraient de la scène du cimetière où Hamlet, de ses mains de prince, joue au bilboquet avec des têtes de mort fraîchement déterrées, ce qu’ils disent des peintures horribles et sépulcrales de l’auteur des Névroses ; car Hamlet et M. 

961. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Courier admirait le duc d’Orléans, un prince qui faisait élever ses fils au collège, il le souhaitait sur le trône, et sans doute la royauté de Juillet l’eût comblé. […] Ce séraphin de l’ombre, ce prince du silence et de la tour d’ivoire, la femme publique l’a jeté avec ses plus chers secrets sur la place publique, l’a divulgué presque nu à ceux et à celles qui l’ont remplacé près d’elle. […] Et alors le refus d’un ministère par Louis-Napoléon, ou plutôt par l’entourage du prince, fut pour lui l’équivalent, le pendant, la suite de ce qu’avait été sept ans plut tôt la chute des Burgraves, qui l’avait exilé du théâtre. […] Il éleva à la deuxième puissance son génie poétique : le monologue qui n’était que comte devint duc, prince, burgrave, empereur, que sais-je ? […] Si nous relisons encore cette ode de 1830 et ce court poème de 1854, nous y reconnaissons une confrontation de ceux qu’on peut appeler deux princes du dialogue avec un prince du monologue.

962. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Émile Faguet a très bien défini Renan : « Une intelligence souveraine, qui eut quelquefois des jeux de prince. » M.  […] Seul le prophète a fini par être admis auprès du prince, mais plus il l’approchait, plus le prince dépérissait : on ne peut pourtant avouer au peuple qu’il est enfin mort, si tant est qu’il ait jamais vraiment existé. On devine que ce prince, c’est la foi, qui mobilise les nations et déplace les montagnes, mais s’accommode mal des curiosités indiscrètes. […] Et ce fut ainsi que prit fin dans la Tcherna-Gora la dynastie des Maramont qui, avec les princes des Baux une autre famille française a donné tant de chefs à ce Montenegro… » Combien un aperçu de la biographie de ces princes français et de cette petite princesse vénitienne nous eût enchantés ! […] Paul Fort est prince et M. 

963. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre II. La Nationalisation de la Littérature (1610-1722) » pp. 107-277

Au sortir de la contrainte un peu mélancolique, chagrine même, du règne précédent, et au lendemain des agitations, puériles, mais pourtant désastreuses, de la Fronde, une ardeur de divertissement, une avidité de jouir, une sorte de fureur de vivre s’était emparée de la cour, et du prince, et de la brillante jeunesse, hommes et femmes, qui lui faisait cortège. […] Et quand le traité d’Aix-la-Chapelle, après quelques mois de campagne, couronnait l’œuvre des Pyrénées et de Westphalie, s’il n’y avait pas de cour plus brillante que celle de Louis XIV, il n’y avait pas non plus de prince mieux obéi de ses peuples, plus admiré, plus redouté ni plus envié de ses rivaux que ce souverain de vingt-neuf ans ! […] Molière est mort et Racine converti ; Boileau, chargé d’écrire l’histoire des campagnes du prince, ne se sent pas de joie « d’être engagé dans le glorieux emploi qui l’a tiré, dit-il, du métier de poésie » ; il se tait ; et voici qu’aussitôt les victimes qu’ils croyaient les uns et les autres avoir tuées ressuscitent ; elles font de nouveau les agréables ; et la préciosité renaît. […] Il n’a voulu que flatter son prince ; et, content d’avoir fait acte de bon courtisan, il en fût resté là, si les partisans des anciens ne l’avaient comme obligé de voir clair dans son paradoxe. […] Il fait la leçon à son prince, et il la lui fait moins sur la morale que sur l’article du gouvernement.

964. (1881) Le roman expérimental

Aujourd’hui, ce sont les romanciers qui sont les princes littéraires du temps ; ils tiennent la langue, ils tiennent la méthode, ils marchent en avant, côte à côte avec la science. […] Il ignorait que le succès d’un bon ouvrage est la seule récompense digne d’un artiste ; que si les princes et les ministres veulent se faire honneur en récompensant cette espèce de mérite, il y a plus d’honneur encore d’attendre ces faveurs sans les demander ; et que, si un bon écrivain ambitionne la fortune, il doit la faire soi-même. » Nous voilà loin de la singulière vanité que Balzac mettait à se dire pensionné ; mais pourtant Voltaire ne refuse pas les pensions, il dit seulement qu’on doit savoir les attendre. […] Le feu roi lui donna une pension de cinq cents livres en faveur de sa conversion ; mais elle doit cette pension à la pitié de ce grand prince, et non à son estime pour elle. » Une autre lettre est adressée par Gilbert à Baculard d’Arnaud. […] Nullement, nous sommes dans le meilleur monde, un monde fréquenté par des princes.

965. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

Ajoutons que, tout en faisant la guerre à Théocrite contre ceux qu’il appelait les savants, et qui, dans ce cas-ci, n’étaient pas autres que les gens de goût, Fontenelle lui-même semble reconnaître son impuissance, et il rend les armes lorsqu’il dit : « Quoi qu’il en soit, je vois que toute leur faveur est pour Théocrite, et qu’ils ont résolu qu’il serait le prince des poëtes bucoliques. » Ils l’ont résolu en effet, et, comme quiconque remonte sincèrement à la source est aussitôt de leur sentiment, l’arrêt toujours rajeuni ne saurait manquer de vivre1. […] Y eut-il là entre le jeune prince et le poëte une de ces confraternités d’études aussi puissantes dans l’antiquité que dans les temps modernes ?

966. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXVIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (1re partie) » pp. 397-476

La peinture, dans chacune de ces villes ou de ces nations, prit non seulement le caractère du chef d’école, mais elle prit le caractère de l’école et du peuple où elle fut cultivée par ces grands hommes du pinceau : Titanesque avec Michel-Ange, plus païen que chrétien dans ses œuvres, et qui semble avoir fait poser des Titans devant lui ; Tantôt mythologique, tantôt biblique, tantôt évangélique, toujours divine avec Raphaël, selon qu’il fait poser devant sa palette des Psychés, des saintes familles, des philosophes de l’école d’Athènes, le Dieu-homme se transfigurant dans les rayons de sa divinité devant ses disciples, des Vierges-mères adorant d’un double amour le Dieu de l’avenir dans l’enfant allaité par leur chaste sein ; Païenne avec les Carrache, décorateurs indifférents de l’Olympe ou du Paradis ; Pastorale et simple avec le Corrége, qui peint, dans les anges, l’enfance divinisée, et dont le pinceau a la mollesse et la grâce des bucoliques virgiliennes ; Souveraine et orientale avec Titien, qui règne à Venise pendant une vie de quatre-vingt-quinze ans sur la peinture comme sur son empire, roi de la couleur qu’il fond et nuance sur sa toile comme le soleil la fond et la nuance sur toute la nature ; Pensive et philosophique à Milan avec Léonard de Vinci, qui fait de la Cène de Jésus-Christ et de ses disciples un festin de Socrate discourant avec Platon des choses éternelles ; quelquefois voluptueux, mais avec le déboire et l’amertume de la coupe d’ivresse, comme dans Joconde, cette figure tant de fois répétée par lui du plaisir cuisant ; Monacale et mystique avec Vélasquez et Murillo en Espagne, faisant leurs tableaux, à l’image de leur pays, avec des chevaliers et des moines sur la terre et des houris célestes dans leur paradis chrétien ; Éblouissante avec Rubens, moins peintre que décorateur sublime, Michel-Ange flamand, romancier historique qui fait de l’histoire avec de la fable, et qui descend de l’Empyrée des dieux à la cour des princes et de la cour des princes au Calvaire de la descente de croix, avec la souplesse et l’indifférence d’un génie exubérant, mais universel ; Profonde et sobre avec Van-Dyck, qui peint la pensée à travers les traits ; Familière avec les mille peintres d’intérieur, ou de paysage, ou de marine, hollandais ; artistes bourgeois qui, pour une bourgeoisie riche et sédentaire, font de l’art un mobilier de la méditation ; Enfin mobile et capricieuse en France, comme le génie divers et fantastique de cette nation du mouvement : Pieuse avec Lesueur ; Grave et réfléchie avec Philippe de Champagne ; Rêveuse avec Poussin ; Lumineuse avec Claude Lorrain ; Fastueuse et vide avec Lebrun, ce décorateur de l’orgueil de Louis XIV ; Légère et licencieuse avec les Vanloo, les Wateau, les Boucher, sous Louis XV ; Correcte, romaine et guindée comme un squelette en attitude avec David, sous la République ; Militaire, triomphale, éclatante et monotone, alignée comme les uniformes d’une armée en revue, sous l’Empire ; Renaissante, luxuriante, variée comme la liberté, sous la Restauration ; tentant tous les genres, inventant des genres nouveaux, se pliant à tous les caprices de l’individualité, et non plus aux ordres d’un monarque ou d’un pontife ; Corrégienne avec Prud’hon ; Michelangelesque avec Géricault dans sa Méduse ; Raphaëlesque avec Ingres ; Flamande avec éclectisme et avec idéal dans Meyssonnier ; Sévère et poussinesque dans le paysage réfléchi avec Paul Huet ; Hollandaise avec le soleil d’Italie sous le pinceau trempé de rayons de Gudin ; Bolonaise avec Giroux, qui semble un fils des Carrache ; Idéale et expressive avec Ary Scheffer ; Italienne, espagnole, hollandaise, vénitienne, française de toutes les dates avec vingt autres maîtres d’écoles indépendantes, mais transcendantes ; Vaste manufacture de chefs-d’œuvre d’où le génie de la peinture moderne, émancipée de l’imitation, inonde la France et déborde sur l’Europe et sur l’Amérique ; magnifique époque où la liberté, conquise au moins par l’art, fait ce que n’a pu faire l’autorité ; république du génie qui se gouverne par son libre arbitre, qui se donne des lois par son propre goût, et qui se rémunère par son immense et glorieux travail.

967. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Le siècle qui compte des poètes comme Vigny, Lamartine, Hugo, Musset, Gautier, Baudelaire, Banville, sans excepter les grands symbolistes, Verlaine et Mallarmé, des romanciers comme Balzac, Stendhal, Flaubert, les Goncourt, Zola, des critiques comme Sainte-Beuve et Taine, des écrivains scientifiques et des philosophes comme Claude Bernard, comme Auguste Comte, de suprêmes intelligences comme Ernest Renan, — et combien d’autres princes de lettres, encore, dans le lyrisme, la prose ou au théâtre ! […] Dans la nomenclature rapide que vous énumérez, vous oubliez, il me semble, Michelet et Villiers de l’Isle-Adam et Becque et surtout Chateaubriand, sans parler de Jules Vallès, un écrivain formidable qui mettrait dans sa poche les nombreux princes dont s’enorgueillit notre époque.

968. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre onzième »

Des princes le consultaient sur le choix d’une gouvernante. […] Dans les discours de collège, « le monument champêtre qu’on lui avait élevé, sous les regards de la nature101 », passait bien avant les superbes mausolées où sont renfermées les dépouille » des princes et des souverains.

969. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

Ces lits d’apparat révèlent une société (il ne s’agit, cela va de soi, que de la haute société) où l’on représente perpétuellement ; ils s’harmonisent, chez les princes, avec le cérémonial du petit et du grand lever ; ils sont les sanctuaires d’où les belles dames, enfouies dans des dentelles, tendent leur main à baiser aux visiteurs. […] Portoient aussi, tout indifféremment, chaisnes d’or moult somptueuses chevaliers et escuyérs, les varlets mesme, pourpoints de soye et de veloux ; et presque tous, especialement es cours des princes, portoient poulaines a leurs souliers, d’un quartier de long, voire plus.

970. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1869 » pp. 253-317

Il y a là du bric-à-brac de toutes sortes, des saxes, tous les saxes possibles, les joujoux de Frédéric et de tous les princes, le Monument de la reine, des masques et des figures de cire de tous les Borussiens, des cercueils, des petits modèles de navire, des objets et des instruments inconnus de l’Orient, un immense et abracadabrant méli-mélo de choses, la resserre de bibelots d’une monarchie baroque, un musée de Curtius mélangé d’une musée Tussaud. — Et ce Mon bijou est gardé par un custode maniaque, d’un bavardage intarissable sur chaque objet ; et là, passe sa vie, en robe de fantôme, une vieille princesse allemande, qui est folle. […] L’autre semaine j’écrivais que les princes n’aiment pas les gens malades.

971. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Pauvre prince, mélancolique personne royale, dont la douce folie fuit son temps et son pays, pour se réfugier dans du passé, dans du moyen âge, dans de l’exotique. Pauvre prince, amoureux aussi des grands siècles français de Louis XIV et de Louis XV, forcé de travailler à la ruine de la France, sous le commandement de M. de Bismarck, qu’il déteste.

972. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Nous causons avec Francis de l’armée, et il me dit qu’il n’y a plus de démissions à cause de la politique : la légitimité ayant été tuée par la mort du comte de Chambord, l’impérialisme par la mort du prince impérial, l’orléanisme par la veulerie des princes d’Orléans.

973. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Ce prince la connut en Picardie vers 1591, dans ces années où il guerroyait aux environs de Rouen et de Paris.

974. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Bossuet. Lettres sur Bossuet à un homme d’État, par M. Poujoulat, 1854. — Portrait de Bossuet, par M. de Lamartine, dans Le Civilisateur, 1854. — II. (Fin.) » pp. 198-216

Qui ne sent pas cette délicatesse n’est pas fait non plus pour sentir le genre d’influence que put avoir ce jeune prince sur l’imagination vaste et l’esprit si sensé de Bossuet.

975. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Maucroix, l’ami de La Fontaine. Ses Œuvres diverses publiées par M. Louis Paris. » pp. 217-234

Nous irons faire la révérence à Sa Majesté et lui dire tout ci tout ça ; qu’il est un grand prince, qu’il a pris une belle ville… Ne sait-il pas tout cela aussi bien que nous ?

976. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sylvain Bailly. — II. (Fin.) » pp. 361-379

Arrivé à ce terme de la discussion, il s’exécute, et convient à peu près qu’il n’a voulu faire qu’un agréable et assez instructif roman : Je me vois, monsieur, dit-il agréablement à Voltaire qui est censé toujours vivant, je me vois réduit à l’embarras des auteurs de romans qui, après avoir conduit leur prince ou leur héros jusqu’au dernier volume, ne savent plus comment s’en défaire, et finissent par le faire assassiner.

977. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — I » pp. 236-253

Ils venaient dans les premières années du règne de Henri IV pour rattacher à la religion de l’État et à celle du prince nombre d’esprits raisonneurs, sérieux, assez philosophiques, et surtout politiques.

978. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Ces conseils ou ces vœux de d’Aubigné et des vrais amis de Henri pour que leur maître devînt un prince tout à fait à la hauteur de son mérite et de sa destinée, ne tardèrent point à se trouver justifiés et remplis.

979. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

On l’emmène, il s’enivre de sa parole, il ne s’appartient plus ; et en même temps il met tout en train autour de lui, il fait le divertissement et les délices de la table qui l’accueille et qui le retient, que ce soit celle d’un bourgeois, d’un magistrat ou d’un prince ; et il s’en revient le soir à son couvent comme il peut.

980. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Mais les quatre chapitres qui suivent vont nous peindre successivement les mœurs des principales classes de la société, des gens de finance et de fortune, des gens de la Ville, des gens de la Cour, des Grands proprement dits et princes du sang, héros ou demi-dieux : le tout se couronnera par un chapitre, du Souverain ou de la République, avec le buste ou la statue de Louis XIV tout au bout en perspective.

981. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Il est alors comme les monarques de l’Orient dont un regard tire l’esclave de sa poussière et l’y laisse retomber. » « À l’égard des princes, je dirais comme les Protestants pour un plus haut Maître : le service sans le culte. » « La plus dangereuse des flatteries est l’infériorité de ce qui nous entoure. » « C’est prodigieux tout ce que ne peuvent pas ceux qui peuvent tout ! 

982. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Dans son beau livre sur Averroès, sur ce philosophe arabe dont le nom signifiait et représentait, bien qu’à tort, le matérialisme au Moyen-Age, il a parlé excellemment de Pétrarque, de ce prince des poëtes et des lettrés de son temps, qu’il proclame le premier des hommes modernes en ce qu’il a ressaisi et inauguré le premier le sentiment de l’antique culture, et « retrouvé le secret de cette façon noble, généreuse, libérale, de comprendre la vie, qui avait disparu du monde depuis le triomphe des barbares. » Il nous explique l’aversion que Pétrarque se sentait pour l’incrédulité matérielle des Averroïstes, comme qui dirait des d’Holbach et des Lamettrie de son temps : « Pour moi, écrivait Pétrarque cité par M. 

983. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Le ci-devant Roi des halles, chef des importants et des frondeurs, le prince du sang, victorieux et altier, sans mesure et sans scrupule, qui avait songé à détrôner le jeune roi, tout cela redevenu domestique et respectueux et humble, c’était à faire louer Dieu de la paix présente, ajoute la sage Mme de Motteville.

984. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Ce changement ne lui profita guère, car il ne fit que passer d’une Cour dans une autre, dans celle de Parme où Condillac se l’adjoignit comme un de ses auxiliaires et collaborateurs pour l’éducation du prince qui lui était confié.

985. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné.

986. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Entretiens sur l’histoire, — Antiquité et Moyen Âge — Par M. J. Zeller. (Suite et fin.) »

Renan a écrit à cette occasion deux beaux articles58, qui ne font que présager ce qu’il payera d’hommages sentis au meilleur des princes, dans la suite de l’ouvrage où il doit montrer les progrès du Christianisme en présence du dernier effort et de l’épanouissement suprême de l’ancienne philosophie.

987. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite.) »

Mais quel intérêt, se demande-t-on, pouvait avoir Talleyrand à ce retranchement d’un prince du sang royal ?

988. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Dans une de ses dernières fables au duc de Bourgogne, il se plaint de fabriquer à force de temps des vers moins sensés que la prose du jeune prince.

989. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Mathurin Regnier et André Chénier »

Il s’y lança avec candeur, s’y arrêta à propos, y fit la part équitable au peuple et au prince, et mourut sur l’échafaud en citoyen, se frappant le front en poëte.

990. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre I. Composition de l’esprit révolutionnaire, premier élément, l’acquis scientifique. »

Selon que l’autorité est aux mains de tous, ou de plusieurs, ou d’un seul, selon que le prince admet ou n’admet pas au-dessus de lui des lois fixes et au-dessous de lui des pouvoirs intermédiaires, tout diffère ou tend à différer dans un sens prévu et d’une quantité constante, l’esprit public, l’éducation, la forme des jugements, la nature et le degré des peines, la condition des femmes, l’institution militaire, la nature et la grandeur de l’impôt.

991. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Prudemment il se fit des patrons, cardinaux, princes, rois même.

992. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « La génération symboliste » pp. 34-56

On expulse les princes, mais tout Paris chante la chanson de Mac-Nab qui raille la mesure.

993. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Il aime à dire : J’étais là, le roi me dit… J’appris du prince… Je conseillai, je prévis le bien, le mal.

994. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Il ne croit pas que cette promptitude soit de nécessité et de convenance dans une monarchie tempérée, où les impôts doivent toujours être, sous une forme ou sous une autre, consentis par les sujets, et où le zèle du citoyen contribuable est comme la récompense du prince qui sait respecter les lois.

995. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — II. » pp. 460-478

S’il y a restauration, ce ne doit pas être pour ressusciter ce qui est vieux et usé, pour rendre à ceux qui rentreront à la suite des princes ce qu’ils ne pourraient conserver avec sûreté.

996. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

Le soir de cette condamnation, le prince de Conti venait s’écrire chez Beaumarchais, et l’invitait à passer chez lui la journée du lendemain : « Je veux, disait-il dans son billet, que vous veniez demain ; nous sommes d’assez bonne maison pour donner l’exemple à la France de la manière dont on doit traiter un grand citoyen tel que vous. » Toute la Cour suivit l’exemple du prince et s’écrivit chez le condamné.

997. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

C’était sans doute sa réputation de voyageur qui valait à Regnard les visites de ces princes curieux du plaisir et de l’esprit, et c’était le sel de sa conversation autant que sa bonne table qui les ramenait2.

998. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Sa mission, nous ne pouvons en douter, a été finie sous le règne de ce grand prince.

999. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Plus loin, dans le livre V, Bodin se prononce contre les confiscations : « Le droit des confiscations est l’un des plus grands moyens qui fut oncques inventé, pour faire d’un bon prince un tyran130. » Enfin Bodin a été un avocat zélé de la liberté religieuse. […] Et est appareu qu’en ycelles on prie Dieu pour le roy, pour les judges de son royaume et pour tous les hommes, et est une chose fort contraire au prince de rendre son peuple sans forme de religion et exercice d’ycelle. […] Beaucoup d’hommes et de femmes de qualité essayèrent de lui plaire ; et par-dessus les agréments de cette cour, Madame de Longueville était alors si unie avec toute sa maison, et si tendrement aimée du duc d’Enghien son frère, qu’on pouvait se répondre de l’estime et de l’amitié de ce prince quand on était approuvé de madame sa sœur171. » Le dépit, l’intérêt, la galanterie s’unirent donc pour jeter La Rochefoucauld dans le parti des mécontents. […] Jusqu’à sa mort, il resta attaché à la maison du prince, qui avait été son élève ; cette situation lui permit d’apprécier les hommes de tout rang, sans sortir du rôle d’observateur. […] « Quel est l’égarement de certains particuliers, qui, riches du négoce de leurs pères, se moulent sur les princes pour leur garde-robe et leur équipage, excitent, par une dépense excessive et par un faste ridicule, les traits et la raillerie de toute une ville qu’ils croient éblouir, et se ruinent ainsi à se faire moquer de soi291 !

1000. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Voir, dans la conclusion du livre des Garanties individuelles, ce qu’il dit de l’aventurier ; l’invective y déborde : « … Il deviendra, au dehors autant qu’au dedans, un potentat formidable dont les princes flatteront l’orgueil, couronneront la tête impure, rechercheront l’ignoble alliance. […] « Dépouillé de tout pouvoir temporel et devenu le sujet de l’un des princes de l’Europe, le pape excommuniera-t-il son propre souverain ? […] Il est vrai que les siècles passés en offrent des exemples ; mais on prendrait à présent une idée plus juste d’un tel anathème : on n’y verrait qu’un libelle séditieux, qu’une provocation publique à la révolte, qu’un outrage à la majesté du prince et des lois, qu’un attentat punissable, quoique impuissant. » (Édition de 1810, page 333).

1001. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Tout est contre elle : il est son maître ; il est justice of the peace, à l’abri de toute intervention, sorte de Dieu pour elle, avec tout l’ascendant et l’autorité d’un prince féodal. […] IV C’est pour elle que Fielding réclame, et certes, à voir ses actions et sa personne, on l’eût cru fabriqué exprès pour cela : un grand vigoureux gaillard, haut presque de six pieds, sanguin, avec un excès de bonne humeur et de verve animale, loyal, généreux, affectueux et brave, mais imprudent, dépensier, buveur, viveur, ruiné de père en fils, ayant roulé par la vie dans les hauts, dans les bas, éclaboussé, mais toujours dispos ; « en somme, disait lady Mary Wortley Montague, plus heureux qu’un prince, et capable d’oublier sa goutte, ses soucis et ses dettes, pour peu qu’il eût sous sa main une bouteille de Champagne et un pâté de gibier. » Le naturel domine en lui, un peu grossier, mais riche. […] Transportons par l’imagination ce prince de l’esprit en France, parmi nos jolis salons de philosophie élégante et de mœurs épicuriennes ; la violence du contraste marquera mieux que tout raisonnement la tournure et les prédilections de l’esprit anglais.

1002. (1904) Zangwill pp. 7-90

On n’entre jamais ici dans un atelier sans inquiétude ; fussiez-vous prince et brodé d’or, ces gamins en manches sales vous auront pesé en une minute, tout gros monsieur que vous êtes, et il est presque sûr que vous leur servirez de marionnette à la sortie du soir. […] Il y a des états sociaux où le peuple jouit des plaisirs de ses nobles, se complaît en ses princes, dit : “nos princes”, fait de leur gloire sa gloire.

1003. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Ce prince blond et charmant, biondo e bello, songeait à rejeter la pourpre qui l’embarrassait et à ceindre l’épée. […] La paix qu’imposa la sagesse de ce prince dura dix-huit années, pendant lesquelles chrétiens et païens avaient également accès aux grands emplois. […] Le conseil de Valentinien devait ressembler à celui de beaucoup de princes de nos jours. […] Cette existence de prince oriental aurait dû le rendre imbécile et cruel. […] Mais la vie du jeune prince était sans cesse menacée : il devait s’attendre à tout moment à recevoir la mort ou la pourpre.

1004. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

Il faut donc que le statuaire, que le peintre, de même que le chanteur, parcoure un vaste diapason, qu’il montre, la vertu tour à tour lumineuse et assombrie, dans toute l’étendue de l’échelle sociale, depuis l’esclave jusqu’au prince, depuis la plèbe jusqu’au sénat. […] On ne veut pas admettre qu’un casseur de pierre vaut un prince : la noblesse se gendarme de ce qu’il est accordé tant de mètres de toile à des gens du peuple ; seuls les souverains ont le droit d’être peints en pied, avec leurs décorations, leurs broderies et leurs physionomies officielles. […] Qu’un casseur de pierres vaille, en fait d’art, un prince ou tout autre individu, c’est ce que personne ne songe à contester. […] A. le prince Louis-Napoléon » par M. 

1005. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je me disais : Cet objet dont je dispose est le chef-d’œuvre de la nature et de l’amour ; l’esprit, le corps, tout est parfait ; elle est aussi bonne et généreuse qu’elle est aimable et belle ; les grands, les princes devraient être ses esclaves ; les sceptres devraient être à ses pieds. […] Mais eux, de leur côté, ces princes, ces ducs et duchesses, ces comtesses et ces marquis, — dans un temps où ces noms signifiaient quelque chose, — qu’ont-ils affaire avec Jean-Jacques ? […] Le peuple fait la loi en tant que souverain. — Le peuple obéit à la loi en tant que sujet. — Le peuple applique la loi en tant que prince ou magistrat, en nommant, pour l’appliquer, non pas des « représentants », mais des « commissaires ». […] C’est, au lieu de souiller vos mains dans le sang de vos compatriotes, de leur abandonner ces murs qui devaient être l’asile de la liberté et qui vont n’être plus qu’un repaire de tyrans ; c’est d’en sortir tous, tous ensemble, en plein jour, vos femmes et vos enfants au milieu de vous, et, puisqu’il faut porter des fers, d’aller porter du moins ceux de quelque grand prince, et non pas l’insupportable et odieux joug de vos égaux. […] — On y lit que « le peuple se trompe bien moins sur ses choix que le prince » ; — « qu’un homme d’un vrai mérite est presque aussi rare dans le ministère (d’un roi) qu’un sot à la tête d’un gouvernement républicain ».

1006. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Ce sont là jeux de prince où les plus délicats ne voient rien de mal et plutôt seraient portés à voir un honneur fait par eux à des hommes de lettres. […] Aussi suis-je resté stupéfait, l’autre jour, d’entendre un homme de goût, qui sait pourtant toutes ces choses aussi bien et même mieux que nous (Edouard Thierry), en venir à qualifier Racine de « prince de l’école réaliste ». […] Bornons-nous à dire, comme tout le monde, que Racine est le prince de l’école qui a cherché à être naturelle tout en restant noble, élégante et harmonieuse. […] Il est prince des réalistes en ce sens qu’il est réaliste comme un prince, et le mot de Thierry est très heureux. Il est de cette école comme un prince et il est le prince de cette école ; mais il en est.

1007. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Cette armée victorieuse, à la suite d’une action si décisive, se démembra aussitôt par la rivalité des chefs, des princes du sang d’abord, du prince de Condé, du comte de Soissons, et lui-même, Henri de Navarre, aida à cette désunion des parties en s’en allant en Béarn présenter de sa main à la comtesse de Guiche, qu’il aimait alors, les enseignes, cornettes, et autres dépouilles des ennemis, dont il avait fait un galant trophée : c’est ainsi « qu’au bout de huit jours tous les fruits espérés d’une si grande et signalée victoire s’en allèrent en vent et en fumée, et, au lieu de conquérir, l’on vit toutes choses dépérir ».

1008. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Appliquant cette idée aux dernières époques historiques, il montre que le xvie  siècle, par exemple, fut un siècle de troubles et de divisions, d’abaissement de l’autorité royale et de rébellions à main armée, tellement que ces guerres et rivalités de princes et de grands seigneurs sous forme de religion étaient devenues le régime presque habituel : Comme il y avait beaucoup de chemins différents pour la fortune, et des moyens de se faire valoir, l’esprit et la hardiesse personnelle furent d’un grand usage, et il fut permis d’avoir le cœur haut et de le sentir.

1009. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) «  Œuvres de Chapelle et de Bachaumont  » pp. 36-55

Rigault, dans un article sur Chapelle (18 mai 1855), me semble lui avoir beaucoup prêté quand il a dit : « Partout, dans le monde et dans l’intimité, parmi les grands seigneurs et les grands esprits, à Chantilly avec M. le prince, à Auteuil avec Roileau, Racine et Molière, Chapelle plaît à tout le monde par l’enjouement de son caractère, par l’agrément de son esprit naturel et cultivé, et par cette finesse de goût qui est peut-être la première de ses qualités, et le trait caractéristique de son mérite.

1010. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « De la poésie de la nature. De la poésie du foyer et de la famille » pp. 121-138

Ce qu’il fit en ces années nous échappe, et on peut au plus en prendre quelque idée par ce qu’il nous dit du prince, depuis maréchal de Beauvau, dont il a écrit la vie, les mémoires, et à la carrière duquel il s’attacha de tout temps, moins encore en protégé qu’en ami.

1011. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

À l’âge que j’avais, cela me flattait de figurer ainsi avec le premier prince du sang, de lui donner à souper, de lui payer le bal de l’Opéra, de le mener dans mon carrosse, de trotter toute la nuit dans son carrosse gris de bonne fortune (ce sien carrosse avait par dehors l’air d’un fiacre et par dedans était magnifique), de nous promener dans le bal bras dessus bras dessous, d’être dans sa confidence : ce que je n’ai pourtant pas bien cultivé dans la suiteh, je ne sais par quel hasard, car je l’ai toujours trouvé honnête homme, et surtout ayant envie de l’être ; mais il est fort borné.

1012. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

Besenval avait pour le comte d’Artois un faible qui se déclare en toute occasion, et qui tenait plus peut-être aux gracieux défauts qu’aux qualités du jeune prince.

1013. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

Toutes les prétentions et les éruditions de Jacques Ier ne sauraient me faire oublier un admirable mot de Henri IV, ce prince qui, pour être peu fort sur les livres, n’en paraît que plus grand de cœur et d’esprit.

1014. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Ce prince, dans sa jeunesse et malgré quelques attaques d’épilepsie qu’il avait essuyées, était plutôt bien que mal constitué, et l’ensemble de sa personne marquait de la vigueur plutôt que de la faiblesse.

1015. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Je m’inspirais de l’intelligence de Zadig qui, pour trouver la trace de je ne sais plus quel prince ou quelle princesse, — à cheval, je crois, — ne demandait rien aux gens et cherchait dans les choses.

1016. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite et fin.) »

L’auteur n’a pas craint, puisqu’il avait affaire à des comédiens, de leur appliquer dans la vie les aventures mêmes des tragi-comédies qu’ils représentent ; il n’a pas manqué d’employer la reconnaissance finale et subite, ordinaire à ces fabuleux dénoûments, en faisant d’Isabelle la fille d’un prince.

1017. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Ce n’eût pas été trop d’un prince de Ligne pour être l’historiographe des princes de l’esprit, — un historiographe comme il en faut aux choses sacrées et dites sous la rose, … un écouteur qui entend à demi-mot, qui court et qui passe, qui ne note que quelques traits rapides et charmants.

1018. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Histoire de la littérature anglaise, par M. Taine, (suite et fin.) »

Mêlé aux hommes de parti, aux tories, aux whigs, très lié avec les premiers, il n’épousa vivement aucune querelle ; il a exprimé sa doctrine dans des vers célèbres : « Laisse les fous se disputer pour les formes de gouvernement : l’État le mieux administré est le meilleur. » C’est ainsi que, plus tard, Hume le sceptique dira en appliquant des vers de Claudien : … Nunquam libertas gratior exstat Quam sub rege pio…………… « La meilleure des républiques, c’est encore un bon prince. » — Pope a parlé de Cromwell comme d’un criminel illustre condamne a l’immortalité.

1019. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

Je trouve, en effet, dans le Voyage en Angleterre de Mme Roland, voyage instructif et très consciencieux qu’elle fit en 1784 avec son mari, un passage sur la différence des moyens de fondation en France et en Angleterre, la puissance de l’association suffisant là-bas à de magnifiques établissements qui ne se font chez nous que par voie d’autorité : « Nous avons, dit-elle, de belles choses en France, mais toutes faites par le prince aux dépens de ses sujets arbitrairement imposés et pleurant au fond des provinces le bien auquel ils ne participent que par leurs sueurs et leurs souffrances. » Voilà précisément la note dont M. 

1020. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat. »

On voulait s’assurer du Piémont et, à cet effet, le brider et le tenir entre deux places fortes, d’un côté Pignerol, et Casal à l’autre bout, dans le Montferrat ; cette dernière place appartenait au duc de Mantoue, prince dépensier, endetté, homme de plaisir, et l’on crut en avoir bon marché moyennant finance.

1021. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Pour cela il l’attaqua par son faible : il lui proposa qu’au moment de la mort du roi, les ducs, — tous ceux qui seraient présents à la Cour, — allassent ensemble, en corps, à la suite du duc d’Orléans et des princes du sang et en se distinguant du reste de la noblesse, saluer le nouveau roi.

1022. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « JASMIN. » pp. 64-86

Si un prince vient au monde, le canon le salue, et ce salut annonce le bonheur ; mais lui, pauvre fils d’un pauvre tailleur, pas même un coup de buquoire45 n’annonça sa venue.

1023. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SOUZA » pp. 42-61

Le Mémorial, déjà cité, de Gouverneur Morris donne ici les plus curieuses particularités sur ce séjour de Mme de Flahaut en Suisse ; on la voit, par plusieurs lettres d’elle, l’amie, la conseillère influente et active d’un jeune prince, depuis roi (Louis-Philippe) ; elle fit avec lui la route de Bremgarten (Suisse) jusqu’à Brunswick et ne tarda pas à le rejoindre à Hambourg (édition française, tome I, pages 449-458). — Après la révolution de 1830, quand on parlait des Tuileries où son fils était en si bon pied, Mme de Souza avait soin de marquer, d’un air d’allusion fine, qu’elle-même n’y allait pas.

1024. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Enfin, auprès de certains princes apparaissent des acteurs de profession : en 1392 et 1393, Louis d’Orléans donne des gages à quatre « joueurs de personnage ».

1025. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre III. Comédie et drame »

Il y avait les théâtres de la Foire, où le public venait s’amuser sans souci des règles, des traditions et des convenances491 : bourgeois, seigneurs, princes s’y récréaient dans l’ordure des parades, la bouffonnerie des farces, l’irrévérence des parodies.

1026. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IV. Ordre d’idées au sein duquel se développa Jésus. »

Antipater ou Antipas, tétrarque de la Galilée et de la Pérée, dont Jésus fut le sujet durant toute sa vie, était un prince paresseux et nul 167, favori et adulateur de Tibère 168, trop souvent égaré par l’influence mauvaise de sa seconde femme Hérodiade 169.

1027. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Le père Lacordaire orateur. » pp. 221-240

Les princes lui écrivaient avec orgueil.

1028. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

» C’est le même moraliste, contemporain de Cromwell, qui a dit cet autre mot si vrai et qu’oublient trop les historiens systématiques : « La fortune et l’humeur gouvernent le monde. » Entendez par humeur le tempérament et le caractère des hommes, l’entêtement des princes, la complaisance et la présomption des ministres, l’irritation et le dépit des chefs de parti, la disposition turbulente des populations, et dites, vous qui avez passé par les affaires, et qui ne parlez plus sur le devant de la scène, si ce n’est pas là en très grande partie la vérité.

1029. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Est-ce un émigré complètement guéri des préjugés de l’émigration à qui nous avons affaire, et qui, en nous parlant de sa campagne de 92 pour les princes, la juge philosophiquement ?

1030. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Un jour qu’on devait jouer le Bon Père (c’est-à-dire Arlequin encore, mais Arlequin respectable, en habit de velours, veste de drap d’or, perruque à trois marteaux) pour la fête du prince, comme celui-ci par dévotion s’y opposait, Florian s’avança sous le masque d’Arlequin et dit avec regret à la compagnie, en parodiant en bonne part le mot de Molière : « Nous espérions vous donner aujourd’hui la comédie du Bon Père, mais M. le duc de Penthièvre ne veut pas qu’on le joue. » M. 

1031. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Étienne Pasquier. (L’Interprétation des Institutes de Justinien, ouvrage inédit, 1847. — Œuvres choisies, 1849.) » pp. 249-269

De tous ces princes et seigneurs qui ne parlent en sens divers que de la religion de Dieu, du service du roi, de l’amour de la patrie, « je n’en vois pas un tout seul, dit-il, qui, sous ces beaux prétextes, ne ruine totalement le royaume de fond en comble… Il seroit impossible de vous dire quelles cruautés barbaresques sont commises d’une part et d’autre : où le Huguenot est le maître, il ruine toutes les images, démolit les sépulchres et tombeaux… En contr’échange de ce, le catholique tue, meurdrit, noie tous ceux qu’il connoît de cette secte ; et en regorgent les rivières… » Quant aux chefs, bien qu’ils fassent contenance de n’approuver tels déportements, Pasquier remarque qu’ils les passent aux leurs par connivence et dissimulation.

1032. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

L’auteur y mêlait, par une diversité agréable et judicieuse, les princes, les cardinaux, les ministres d’État, les hommes de guerre, les savants, les poètes, les ingénieurs, les artistes, ceux qu’on appelait encore à cette date les artisans.

1033. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — II. (Suite et fin.) » pp. 421-440

La layette et le lit du futur prince des Asturies avaient été recommandés d’abord à un habile homme de la Cour, Langlée, l’arbitre des modes ; mais l’économie oblige de rabattre des premières commandes.

1034. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

Le roi à table s’informait souvent de sa santé ; les princes et princesses s’y joignaient : « Vous fîtes, lui écrivait Racine, l’entretien de plus de la moitié du dîner. » Boileau était chargé avec Racine, depuis 1677, d’écrire l’Histoire des campagnes du roi.

1035. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1880 » pp. 100-128

Qu’il le veuille ou qu’il ne le veuille pas l’aristo perce dans chaque parole du démocrate, et parle-t-il de Gambetta, qu’il dénomme le prince de la goujaterie, on sent tout le dédain de l’homme bien né pour le fils de l’épicier de Cahors, et pour tous les côtés roturiers du parvenu.

1036. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

Le tableau est à Prangins, et le prince exilé peut y retrouver chaque jour l’image de celui qui était resté fidèle à son amitié.

1037. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

Jeux de prince… mais la moralité du fait n’en subsiste pas moins : quant à son exactitude, ce n’est pas lui, certes, qui peut y contredire.)

1038. (1900) La province dans le roman pp. 113-140

Quand ils veulent être agréables à un étranger, à un prince en voyage notamment, ils ne manquent guère de lui attribuer les goûts d’un Parisien.

1039. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

« Il n’y avait plus, dit Eusèbe 193, cette multitude de chefs, de princes, de tyrans et de gouverneurs de peuples.

1040. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

L’état du monde, la science de l’apôtre, le lieu de sa mission, la forme de son sacrifice, tout est bien changé, bien divers : ce sont les horizons de feu, les diamants de Golconde, le luxe de Calcutta, les palais des princes déchus, au lieu des huttes éparses sur les bords du Rhin et dans les forêts de la Thuringe ; mais l’âme du charitable apôtre est la même.

1041. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Tant que l’armée des princes demeura réunie, il fut à son rang sous leur drapeau. […] Henri V a souffert tout ce que peut souffrir un homme et un prince. […] Son père était major d’un régiment de cavalerie sous Louis XVI ; sa mère était fille de madame des Rois, sous-gouvernante des princes d’Orléans ; un de ses oncles a été tué le 10 août, en défendant le château ; sa famille, comme tant d’autres familles, a été frappée par la révolution. […] Ce retour de l’ancienne monarchie qui, après de si éclatantes épreuves et de si longs exils, rentrait au moment où nos armées succombaient sous la réaction européenne que l’empire avait amenée par ses guerres incessantes, et soutenait la France chancelante en lui tendant le sceptre fleurdelisé de Philippe-Auguste, de saint Louis, de Henri IV et de Louis XIV ; cette rencontre solennelle entre les malheurs de la patrie et ceux de l’ancienne royauté française, jetées l’une dans les bras de l’autre après une si longue séparation ; cette restauration impossible la veille, devenue nécessaire le lendemain ; ces princes vieillis sur la terre étrangère, inconnus à la plus grande partie de la jeunesse, qui apprenait en même temps leur existence et leur retour ; le long cortège de souvenirs dont ils marchaient suivis ; les vides sanglants qu’avait laissés dans cette famille la main de la révolution, et la mémoire de ceux qui n’étaient plus, évoquée par la présence de ceux qui restaient encore : il y avait dans cet ensemble de faits une source inépuisable d’impressions profondes qui remuaient vivement les imaginations disposées à se laisser toucher par le spectacle des vicissitudes humaines, et un sujet de graves méditations, de pensées élevées ou d’inspirations sublimes pour les écrivains qui se rattachaient à l’école religieuse et monarchique.

1042. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Au premier coup d’oeil jeté sur ces documents, le prince aperçut plusieurs choses suspectes. […] Pendant ce temps, le prince prit des informations sur l’affaire du Leichtenholtz ; on lui envoya les procès-verbaux dressés à Neustadt et à Nuremberg le 14 et le 15 août. […] Une des preuves, aux yeux du prince, de la fausseté de ce récit, c’était le signalement exact et minutieux des brigands consigné au procès-verbal de Nuremberg. […] si c’était un empereur, un prince, une aristocratie qui eût fait le coup, quel débordement de poésie nous aurions eu ! […] Il comprend les Mémoires et l’Apologie de M. le prince de Marcillac, curieux écrit découvert par M. 

1043. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Et puis, très loin, très bas, il y a les étrangers dynastiques et loyalistes, les empereurs, les rois, les princes, qu’il tient tous plus ou moins pour des mercenaires anglais. […] Il eût été à l’aise dans les pompes de la Florence des Médicis, dans les festins de princes, de cardinaux et de courtisanes, à Rome, sous Léon X ou Jules II. […] Dans une carrière antérieure, il a dû être prince et guerrier. […] Elle réintègre l’hôtel de Blankenbourg : le jeune prince aussi. […] Pour avoir repoussé Alphonse d’Este, la belle Barbara, femme du poète Hercule Strozzi, vit assassiner par des spadassins aux gages du prince cet époux trop chéri.

1044. (1912) Pages de critique et de doctrine. Vol I, « I. Notes de rhétorique contemporaine », « II. Notes de critique psychologique »

Rien ne l’indignait comme un prince qui n’était pas soldat. […] C’était, pour le prince, une manière de graduer son amabilité à leur endroit. […] Le prince excellait dans cet art des nuances dont il faisait un instrument redoutable au service de ses prétentions, mais aussi au service du pays qu’il défendait. […] Avec quelle verve malicieuse, où il entre pourtant du respect, celui d’un gentilhomme pour un prince que servirent les siens, Costa nous dessine la figure de ce prince, dissimulé, inquiet, excentrique et profond ! […] Cocasse et sinistre aventure qui coûta la raison au prince !

1045. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

Et quand Jacques II, après avoir éloigné ses amis de toutes les opinions et de toutes les époques, se trouva isolé au milieu de la nation morne et silencieuse ; quand, éperdu, effrayé de sa solitude, ce prince qui était bon soldat, bon officier, prit la fuite, personne ne l’attaqua, ne le poursuivit, ne lui fit une offense : on le laissa fuir en le plaignant. […] L’Angleterre fut si peu révolutionnaire à cette époque, que, respectant autant qu’il se pouvait le droit antique, elle choisit la famille la plus proche parente du prince déchu. » Tout ceci visait de près à la prophétie.

1046. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

Je ne puis répondre que la cité prête de l’argent au gouvernement35, à moins que mylord un tel ne soit président du conseil, etc… Voilà le langage que, pendant les dernières années, les sujets tenaient à leur prince… Cette façon de faire capituler le souverain, était déjà répandue de telle sorte que le moindre serviteur commençait à lever la tête et à prendre de l’importance. […] Il avait été question d’une union des Whigs et des Tories contre Walpole ; le prince y semblait disposé, et c’est ce que Swift avait indiqué en donnant à l’héritier du trône de Lilliput un talon haut et un bas talon.

1047. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

C’est le projet d’une institution de fête théâtrale : un tel projet devra sa réussite au concours des particuliers, et surtout à l’appui d’un prince qui veuille s’y dévouer. […] C’est en vain que la guerre de Trente-Ans accomplira son œuvre de destruction, détruisant la nation elle-même ; c’est en vain que l’élément étranger le plus frivole, s’insinuera dans les cours des princes, allant jusqu’à trouver des complices dans de nobles et vastes génies comme Haydn et Mozart : l’esprit national subsistera ; il fera surgir l’immortel Beethoven, le pauvre et grand solitaire, le légitime et glorieux héritier de Sébastien Bach !

1048. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

. — El les princes des prêtres, se moquant de lui, disaient : Il en sauve d’autres et il ne saurait se sauver. » IV. — Visite d’Océanos à Prométhée. […] Sous cet aspect nouveau, Hermès devient le chef des éphèbes, le prince de la jeunesse, le pur-sang divin de la race attique.

1049. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Des rois et des princes nous passons, aux valets de la garde-robe ! […] Ils sont passés à l’état des fossiles, ces courtisans, la honte de l’espèce humaine. — Ils étaient cependant les maîtres absolus de ce monde en proie à leur caprices ; il en étaient les arbitres, les héros, les demi-dieux, les gardes-du-corps ; ils touchaient, de très près, les Princes Lorrains, les Rohan, les Foix, les Châtillon, les Montmorency — ces dieux !

1050. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

“C’est d’après eux, dit un homme d’esprit, qu’on regarde comme le modèle des bons Princes, un homme à qui les crimes les plus atroces n’ont jamais rien coûté. […] Il se soutint sous des regnes orageux & fut même aimé par des Princes, dont l’amitié étoit déshonorante.

1051. (1848) Études sur la littérature française au XIXe siècle. Tome III. Sainte-Beuve, Edgar Quinet, Michelet, etc.

Ainsi les fables orientales nous représentent un jeune prince plein de vie et de sentiment, mais dont les extrémités inférieures, converties en marbre, lui défendent de faire un seul pas, et le font captif au sein de la liberté. […] Bossuet, à sa manière, et dans un autre genre, est ainsi : il a souci de cette terre, de la réalisation historique des grandes vérités chrétiennes ; il s’en occupe dans l’histoire qu’il écrit, il s’en souvient près des princes et seigneurs qu’il dirige ; il loue ces puissants de la terre en vue de certaines fins, hautes et désirables sans doute ; mais pourtant, en vue de ces fins, il fait un peu fléchir la parole et l’action, — il les loue. […] Cette composition, navrante pour le cœur, éblouissante pour l’imagination, est comme le poignard étincelant de rubis qui brille à la ceinture des princes de l’Orient.

1052. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « De l’état de la France sous Louis XV (1757-1758). » pp. 23-43

Dans cette absence d’ordre et de direction supérieure, le duc de Richelieu avait voulu revenir à Paris comme s’il n’y avait eu rien à faire en Hanovre (janvier 1758) ; tous les généraux demandaient à revenir de même : « Ce sont les Petites-Maisons ouvertes. » Le comte de Clermont, prince du sang, envoyé pour commander en chef, fit faute sur faute ; il commença par une retraite précipitée, d’une longueur exagérée, et semblable à une déroute.

1053. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

., Mme et Mlle Necker ; l’abbé de Bourbon, fils naturel de Louis XV ; le prince héréditaire de Brunswick, le prince Henri de Prusse, et une douzaine de comtes, barons et personnages de marque, parmi lesquels un fils naturel de l’impératrice de Russie. — Êtes-vous satisfait de la liste ?

1054. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — I. » pp. 413-433

un jour, une grande occasion s’est offerte ; la trempe de l’instrument s’est révélée, elle est de première vigueur : elle ne fléchira ni ne se brisera sous aucun effort ni sous aucun poids, jusqu’à la fin, tant qu’il s’agira de l'utilité publique, du service du prince et de la patrie.

1055. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Le président Hénault. Ses Mémoires écrits par lui-même, recueillis et mis en ordre par son arrière-neveu M. le baron de Vigan. » pp. 215-235

Ce qui lui manquait, c’était le travail qui creuse, l’attention qui concentre, c’était la puissance de talent qui réalise : Tout rappelle à notre esprit, disait-il dans la préface de son François II, les objets où il se plaît davantage ; et comme je m’occupe assez volontiers de l’histoire, je n’ai presque vu que cela dans Shakespearei… En voyant la tragédie de Henri VI, j’eus de la curiosité de rapprendre dans cette pièce tout l’historique de la vie de ce prince, mêlée de révolutions si contraires l’une à l’autre et si subites qu’on les confond presque toujours, malgré qu’on en ait… Et tout à coup, oubliant que je lisais une tragédie, et Shakespeare lui-même aidant à mon erreur par l’extrême différence qu’il y a de sa pièce à une tragédie, je me suis cru avec un historien, et je me suis dit : Pourquoi notre histoire n’est-elle pas écrite ainsi ?

1056. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Elle sortit du chaos, pour ainsi dire, avec les sciences et les arts, dont ce prince fut plutôt le père que le restaurateur.

1057. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Feuillet lui répondit qu’il n’en savait rien, mais que depuis peu il avait dit sur ce sujet à Monsieur (et l’on sait de quelle nature étaient les mœurs de ce prince) qu’il n’avait point besoin de confesseur en menant la vie qu’il mène à la Cour, et qu’il lui conseillait d’épargner les 6,000 livres qu’il donne à son confesseur qui ne sert qu’à le tromper, et qu’il valait bien mieux pour lui de les donner aux pauvres, afin de fléchir pour leurs prières la miséricorde de Dieu sur sa personne : après quoi, si Jésus-Christ lui donnait quelque sentiment de pénitence pour se convertir, il choisirait lui-même un homme de bien pour régler ses mœurs et la conduite de sa vie. — Ce discours, que la plupart des gens prendraient pour quelque chose de bien grave et de bien sérieux, parut à M. de Paris si agréable et si divertissant qu’il fut plus d’un bon demi-quart d’heure à en rire de tout son cœur. » 54.

1058. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Don Diègue le relève, le remet dans le ton généreux : il n’est pas temps de gémir ni de mourir ; de nouveaux dangers l’appellent ; et ici se présente l’épisode des Maures à combattre et cette occasion soudaine, développée dans un si beau récit, cette fois tout cornélien et original : « Il n’est pas temps encor de chercher le trépas ; Ton prince et ton pays ont besoin de ton bras.

1059. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres inédites de F. de La Mennais »

Béranger dit notamment le mot au prince Napoléon qu’il rencontrait chez La Mennais (La Mennais donnait en 1847 des leçons de philosophie au prince) : « Voilà de nous deux le poète ; moi, je n’ai qu’un peu de bon sens. »

1060. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

Elle était Circassienne, et fille de prince, lui assura-t-on.

1061. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre III »

Plus elle est monstrueuse, plus elle est vivace, accrochée aux plus frêles vraisemblances et tenace contre les plus fortes démonstrations  Sous Louis XV, pendant l’arrestation des vagabonds, quelques enfants ayant été enlevés par abus ou par erreur, le bruit court que le roi prend des bains de sang pour réparer ses organes usés, et la chose paraît si évidente, que les femmes, révoltées par l’instinct maternel, se joignent à l’émeute : un exempt est saisi, assommé, et, comme il demandait un confesseur, une femme du peuple prend un pavé, crie qu’il ne faut pas lui donner le temps d’aller en paradis, et lui casse la tête, persuadée qu’elle fait justice739  Sous Louis XVI, il est avéré pour le peuple que la disette est factice : en 1789740, un officier, écoutant les discours de ses soldats, les entend répéter « avec une profonde conviction que les princes et les courtisans, pour affamer Paris, font jeter les farines dans la Seine ».

1062. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre II. De l’expression »

Il parle assez peu respectueusement de ces princes « qui vont s’échauder bien loin pour le profit de quelque roi » ; c’est le mot d’un homme qui a vu bouillir la marmite.

1063. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXVIIe entretien. Sur la poésie »

Il fit nommer l’abbé Fleury sous-précepteur, et l’abbé de Langeron lecteur du jeune prince.

1064. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Je ne demande rien de plus à ce jeune sage, prince de la jeunesse — de la jeunesse d’un siècle très vieux 70.

1065. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XI, les Suppliantes. »

Elles rappellent leur hôte au despotisme inséparable pour elles de l’idée royale, elles chantent au prince grec l’hymne de la toute-puissance orientale : — « La Cité, c’est toi !

1066. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Les princes y venaient en simples particuliers ; les ambassadeurs n’en bougeaient dès qu’ils y avaient pied.

1067. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Après le licenciement de l’armée des princes, redevenant homme de famille, il vint se fixer à Heidelberg et se consacra à l’éducation de ses deux fils aînés, qu’il avait emmenés avec lui.

1068. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Sur le meilleur pied à la Cour, voyant son élève chéri, le petit Charles IX, devenu roi dès l’âge de onze ans, et ne cessant jusqu’à la fin de le considérer comme le plus gentil et le plus doux des princes ( natura mitissimus erat ) ; également estimé et honoré de son autre élève Henri III, grand aumônier de France sous tous deux, bientôt évêque d’Auxerre, Amyot avait réalisé le plus beau rêve d’un savant et d’un lettré au xvie  siècle.

1069. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Notice historique sur M. Raynouard, par M. Walckenaer. » pp. 1-22

Napoléon (on n’a pas tous les jours des feuilletonistes de ce calibre-là), entrant dans l’analyse de la pièce, remarque qu’en restant dans les données de l’histoire et de la tradition, l’auteur aurait pu imprimer à sa tragédie une force et une couleur dramatique qui lui manquent entièrement : Le caractère de Philippe le Bel, pense-t-il, prince violent, impétueux, emporté dans toutes ses passions, absolu dans toutes ses volontés, implacable dans ses ressentiments et jaloux jusqu’à l’excès de son autorité, pouvait être théâtral, et ce caractère eût été conforme à l’histoire.

1070. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame de Motteville. » pp. 168-188

Voulant dire, par exemple, que les rois ne voient jamais le mal et le danger qu’à la dernière extrémité, et qu’on le leur déguise au travers de mille nuages : « La Vérité, dit-elle, que les poètes et les peintres représentent toute nue, est-toujours devant eux habillée de mille façons ; et jamais mondaine n’a si souvent changé de mode que celle-là en change quand elle va dans les palais des rois. » À propos du chapeau de cardinal qu’on avait promis depuis des années à l’abbé de La Rivière, favori de Monsieur, et que réclamait tout à coup le prince de Condé pour son frère le prince de Conti, elle dira que « la Discorde vint jeter une pomme vermeille dans le cabinet ».

1071. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Les ancêtres du maréchal avaient servi sous le Grand Condé, et son trisaïeul avait été placé par le prince dans la charge de prévôt des bailliages du nord de la Bourgogne.

1072. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

Un prince se console de la perte d’une place par la prise d’une autre : dans le temps que le Turc nous prenait Bagdad, n’enlevions-nous pas au Mogol la forteresse de Candahar ? 

1073. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — I. » pp. 329-349

Il y a des exceptions cependant, mais fort rares, et c’est alors un grand honneur réservé ou aux princes du sang, ou aux femmes étrangères de la première distinction, ou aux généraux qui viennent de gagner une bataille, ou à un ministre en crédit, à la condition cependant pour celui-ci, qu’il soit assez considéré pour laisser en doute si ce n’est pas à son mérite seul qu’on rend hommage.

1074. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

L’homme non cultivé ne s’intéressait qu’à ce qui le sortait de son milieu et ne lui rappelait rien de ce qu’il avait coutume de voir ; on ne devait lui dire que des histoires de princes, on ne devait lui faire de récits que sur les pays lointains.

1075. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Ivan Tourguénef »

Dans ses huit volumes de romans, où figurent tous les exemplaires de la race humaine, du paysan au prince, de la petite fille aux vieilles moribondes, chaque acteur agit, existe et souffre, avec toute l’intensité d’un être en chair, avec des gestes particuliers, une physionomie minutieusement évoquée, des façons individuelles de se tenir, de s’exprimer, de se comporter, d’aimer ou de mourir, qui suscitent peu à peu chez le lecteur des images nettes et comme familières.

1076. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre I. Shakespeare — Sa vie »

Les historiens de la vieille école donnent de ces certificats à tous les princes, qu’ils sachent lire ou non.

1077. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Le prince qui ne veut pas d’une femme niassée.

1078. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Dandy audacieux pour un cuistre d’homme de lettres, il osa porter l’habit rouge comme le comte d’Artois, alors dans toute sa magnificence (voir leurs portraits à tous les deux), et vraiment, quand on regarde ces portraits et qu’on les compare, on ne sait trop lequel des deux est le plus prince… Il y a des femmes qui diraient que c’est Rivarol !

1079. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

À l’ombre des formules logiques d’Hegel, de ce prince de la formule… et des ténèbres, il ne dit pas l’infâme, comme l’avait dit Voltaire, cette coquette ou plutôt cette coquine d’impiété.

1080. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Alors lui, bon prince, généreux, (il est jeune), en plus il sauvera cette vieille chanson, qu’il aime, il nous la gardera pour la mémoire des hommes, il va l’honorer, il attachera cette petite chaloupe sur son énorme bateau), que ça finit par faire, que ça finit par donner une des comédies les plus réjouissantes que l’on nous ait jamais montées. […] Chaque prince du sang. […] Iphigénie fait ceci ; le prince fait ceci ; la confidente fait ceci ; le peuple fait ceci ; Iphigénie dit ceci ; le peuple fait ceci. […] Nous avons si peu de commerce avec les princes et les autres personnes qui vivent dans le Serrail, que nous les considérons, pour ainsi dire, comme des gens qui vivent dans un autre siècle que le nôtre. […] Aussi le poète Eschyle ne fit point de difficulté d’introduire dans une tragédie la mère de Xerxès, qui étoit peut-être encore vivante, et de faire représenter sur le théâtre d’Athènes la désolation de la cour de Perse après la déroute de ce prince.

1081. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Elle est écoutée d’Alexandre, qu’elle peut renseigner sur les avantages qu’il retirerait de l’appui du prince royal de Suède, et à qui elle a peut-être suggéré l’idée que Moreau fût rappelé d’Amérique. […] Et tandis que jadis elle se servait de son influence pour exciter contre Napoléon les nations étrangères, dans une lettre adressée à Crawfurd et destinée à être mise sous les yeux du prince régent d’Angleterre elle affirme les intentions libérales et pacifiques de Napoléon. […] Les royalistes servent dans ses antichambres, par habitude, et en attendant que les circonstances leur ramènent le prince qu’ils n’ont pas su conserver. […] Les princes les plus fameux par leur cruauté l’ont été aussi par leur frénésie de jouissance. […] Disgracié par le prince dont il avait été le protégé et dont il avait eu le tort de se croire le camarade, et d’ailleurs parfaitement ruiné, il était passé en France où, grâce aux aumônes d’amis restés fidèles, il avait essayé de maintenir son prestige.

1082. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

On l’a flétri dans un certain parti comme le poète à gages de l’aristocratie et des princes, et du sein de ce même parti, il s’est levé un admirateur enthousiaste qui a donné la riposte à ses confrères en le présentant, non sans beaucoup d’esprit et de force, comme le premier apôtre du communisme. […] On remarqua beaucoup alors l’espèce d’affectation que l’Empereur avait mise à courir au-devant d’un vieillard en calotte et en pantoufles, qui n’était venu que sur sommation ; à laisser là, pour l’entretenir, les premiers personnages de l’Europe, des princes, des ambassadeurs, des généraux illustres, et à attendre d’être quitté par lui, au lieu de donner lui-même congé, comme c’eût été de règle. […] On le persécute, lui et son ami Schrœter, jusques-là qu’on les accuse auprès du prince de tramer des complots contre sa personne. […] Si les imperceptibles potentats de la vallée du Rhin s’étaient mis en tête, au xviie  siècle d’imiter le faste de Louis XIV et d’avoir leurs Versailles en miniature, l’exemple de Frédéric II, l’austérité singulière qu’il affectait, sinon dans sa conduite, au moins dans sa tenue et dans celle de sa cour, avaient bientôt arraché les princes allemands à ce goût dangereux de la dépense, et la somptuosité passagère de quelques landgraves n’avait pas eu le temps de s’étendre et de pénétrer dans le reste de la nation. […] N’est-il pas vrai que s’ils eussent été princes comme lui ils auraient voulu aussi transporter en tout lieu à leur suite une nature artificielle, clair de lune, chants de rossignol, bocages, ruisseaux murmurants, emballés dans leurs caisses de voyage, et qu’il leur eût fallu, ainsi qu’à lui, un directeur de la nature, chargé de leur tenir prêts à toute heure du jour et de la nuit, des points de vue romantiques ?

1083. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Sans doute il aimait à reconnaître en lui le prince des mystificateurs. […] On a même ; dit qu’il avait gardé au régiment cette humeur réservée et hautaine, comme d’un prince parmi des manants. […] Et ce rêve est chez lui naturel et légitime, le seul rêve qui soit digne d’un prince. […] Couperus de prendre pour sujet cette aventure d’un prince philosophe, n’ayant au cœur d’autre sentiment que son amour passionné de l’humanité. […] Elle a aimé autrefois un prince qui l’aimait ; et c’est contre son gré, pour obéir à la raison d’État, qu’elle est devenue la femme d’Ottomar.

1084. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre V. La Renaissance chrétienne. » pp. 282-410

L’alliance est si forte que, sous Cromwell, les ecclésiastiques en masse se firent destituer pour le prince, et que les cavaliers par bandes se firent tuer pour l’Église. […] Les abus qui sont dans l’Église doivent être corrigés par le prince ; les ministres doivent prêcher contre les abus, et beaucoup de traditions humaines sont de purs abus. » Que fait donc le prince, et pourquoi laisse-t-il des abus dans l’Église ? […] That which doth assign unto each thing the kinde, that which doth moderate the force and power, that which doth appoint the form and measure of working, the same we term Law… Now, if Nature should intermit her course, and leave altogether, though it were but for a while, the observation of her own laws ; if those principal and mother elements of the world, whereof all things in this lower world are made, should lose the qualities which now they have ; if the forme of that heavenly arch erected over our heads should losen and dissolve itself ; if celestial spheres should forget their wonted motions ; if the prince of the Light of Heaven, which now as a giant doth run his unwearied course, should, as it were, through a languishing sickness, begin to stand and to rest himself… what would become of man himself, whom these things now do all serve ?

1085. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Les deux époux ne purent s’entendre : elle, charmante et un peu frivole, comme une reine de Décaméron ; lui, le prince étranger, d’humeur sombre, et encore à demi barbare. […] (Voilà qui est bien ; mais ce serait autrement intéressant s’il disait tout cela à la reine elle-même. ) Frère Robert excite le prince contre l’aimable femme, et lui conseille de demander au Pape le titre de roi : il pourra alors la tenir en bride et débarrasser le palais de cette cohue de damoiseaux italiens, de petits pages et de poètes… Puis, vient une scène entre Frère Robert et Philippine la Catanaise, nourrice de la reine et qui déteste le prince consort et tous ses Hongrois. […] A la suite de quoi les partisans de Jeanne, excités par la Catanaise, complotent la mort du prince. […] Ce taquin de Georges (c’est le petit nom du prince) refuse de rien promettre. […] Alors, dans un accès de colère qui ressemble à un accès de folie, il interrompt sa tirade, se tourne vers le prince, l’insulte abondamment devant toute la salle effarée, et tombe pâmé sur les planches, entre les bras de ses camarades.

1086. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

C’est un prince consort, utile et négligé. […] Qu’est-ce qu’un prince russe de Kiev, avant le règne brillant de ce Iaroslav (1016-1084) dont les monnaies sont timbrées de lettres byzantines ? […] Les princes de Moscou ne réglaient pas leurs alliances sur des caprices ou des engouements. […] D’abord recluse dans un monastère des îles des Princes, elle fut ensuite déportée et recluse au fond de la province d’Arménie. […] Théodora étant la belle-sœur de l’empereur Nicéphore, le subtil Jean devenait ainsi l’oncle et le tuteur des petits princes impériaux dont il avait assassiné le père.

1087. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

Enfin M. l’avocat général Talon donna ses conclusions par un plaidoyer de trois quarts d’heure, plein d’éloquence, de beaux passages bien triés et de bonnes raisons, et conclut que le Gazetier ni ses adhérents n’avaient nul droit de faire la médecine à Paris, de quelque université qu’ils fussent docteurs, s’ils n’étaient approuvés de notre faculté, ou des médecins du roi ou de quelque prince du sang, servant actuellement.

1088. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — I. » pp. 235-256

Le maréchal de Richelieu, la marquise de Coislin, le duc de Bouillon, la duchesse de Bourbon, le duc d’Orléans (Égalité), quantité de princes russes, tout ce monde aristocratique aimait à connaître, à rencontrer M. de Saint-Martin, homme de qualité, ancien militaire et, vers la fin, chevalier de Saint-Louis, très protégé des Montbarrey ; et Saint-Martin, doux, poli, curieux, naïf, toujours digne pourtant, s’y prêtait, sans s’exagérer auprès d’eux son genre d’action et d’influence : « J’abhorre l’esprit du monde, disait-il, et cependant j’aime le monde et la société ; voilà où les trois quarts et demi de mes juges se sont trompés. » Il y a un très joli mot de lui sur les gens du monde qu’il faut prendre au vol pour les convertir : Les gens des grandes villes et surtout des villes de plaisir et de frivolité comme Paris, sont des êtres qu’il faudrait en quelque sorte tirer à la volée, si l’on voulait les atteindre.

1089. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il les définit, il les raille, il les persifle même sur cette dextérité et cette adresse d’exposition dont leur doctrine a grand besoin ; il établit avec un haut et paisible dédain la différence profonde qu’on doit faire entre un Condillac et un Bacon, deux noms que l’on affectait toujours d’associer ; il replace celui-ci sur le trône de la science, parmi les princes légitimes de l’esprit humain.

1090. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) «  Essais, lettres et pensées de Mme  de Tracy  » pp. 189-209

Mme de Coigny est folle des princes Pulawski ; je les aime aussi, mais je trouve toujours que les personnages n’ont pas l’air vrais, et ne sont pas touchants comme le Falkland des Rébellions de Clarendon. » Et enfin, après quelques jours encore : « Ce matin, nous avons fini l’Histoire de Pologne.

1091. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Ils se tromperont ; ce que je rapporte est très vrai : les gens honnêtes, les bons citoyens gémirent, en 1793, d’être forcés d’assister aux luttes de ces hommes de sang, qui, en nous déshonorant aux yeux des nations civilisées, finirent par mettre le comble à leurs forfaits en assassinant un prince vertueux, qui ne pouvait être accusé que d’une seule chose, de ne pas savoir défendre sa couronne, et de n’avoir pas assez de tête pour présider à la réforme d’un passé gros d’abus et de haines.

1092. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. (suite et fin) »

Il faisait ses réflexions tout haut sur les princes ; voyant entrer le duc d’Orléans : « En voilà un, disait-il, chez qui je ne mets pas les pieds. » Puis il déployait son grand mouchoir rouge et se mouchait aussi bruyamment qu’il eût fait dans son cabinet.

1093. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Figure-toi que la suite du prince a tout dévasté et qu’il ne reste rien, mais rien dans l’intérieur.

1094. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Aussi n’est-ce pas l’affaire de tous les hommes ; mais c’est un malheur pour les gens à talent et à génie de ne pouvoir persuader la vérité aux ministres, aux généraux, aux princes même ; car partout on suit la routine, et c’est un défaut pour un homme de passer pour un inventeur, qu’il faut qu’un particulier cache avec soin s’il est sage, parce que l’on s’aliène les esprits ; et il n’est permis qu’à un souverain d’être créateur d’un nouveau système. » Et c’est bien là une des raisons pour lesquelles il aurait tant aimé à être un souverain.

1095. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [II] »

En 1797, à l’époque du 18 fructidor, le général Augereau reprochait aux officiers de s’appeler Monsieur : et quelques années plus tard, les généraux républicains devenaient eux-mêmes maréchaux, ducs et princes.

1096. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

Au reste, ce n’est pas en ce point seulement que je me trompai sur le caractère de ce prince.

1097. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Il est vrai qu’en fait de poëtes chacun veut être admis, chacun veut être roi, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages, et qu’admettre tant de noms, c’est presque paraître ingrat envers chacun.

1098. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

Vous chantez si hautement les triomphes de l’Église et les fêtes de l’État, la mort des martyrs et la naissance des princes, qu’il semble que vos vers ajoutent de la gloire à celle du ciel et des ornements à ceux du Louvre ; les saints semblent recevoir de vous une nouvelle félicité, et M. le Dauphin une seconde noblesse. » Une étude particulière sur Balzac démontrerait à fond cette identité de nature qu’il a avec les rhéteurs des siècles inférieurs retracés par M.

1099. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. Joubert »

Tel qui se pose en critique fringant et de grand ton, en juge irréfragable de la fine fleur de poésie, se serait élevé pour toute littérature (car celui-là eût été littérateur, je le crois bien) à raconter dans le Mercure galant ce qui se serait dit en voyage au dessert des princes.

1100. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

Il avait émigré alors et quelque peu marché et guerroyé avec l’armée des princes.

1101. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Et il faut voir, dans tout le récit, de quel intérêt le sage maréchal de Champagne et Romanie suit, avec quel plaisir il relate les « aventures » de quelques-uns de ses compagnons : non les imprudences du champ de bataille, qu’il blâme, mais les pointes hardies en terre étrangère, les sauts dans l’inconnu, si l’on peut dire, comme les étranges chevauchées de son neveu Geoffroy qui lia partie avec quelques barons de conquérir la Morée et s’en alla faire souche de prince.

1102. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Anatole France »

Lisez, relisez et goûtez longuement, je vous prie, cette exquise harangue d’un vieux savant à un vieux chat : Hamilcar, lui dis-je en allongeant les jambes, Hamilcar, prince somnolent de la cité des livres, gardien nocturne !

1103. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

Celui-ci, qui, selon le témoignage de Fontenelle, « fournissait ordinairement aux princes les gens de mérite dans les lettres dont ils avaient besoin », fit entrer La Bruyère chez le prince de Condé pour y achever l’éducation du jeune duc de Bourbon commencée chez les jésuites.

1104. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Les poètes décadents » pp. 63-99

Princes, régnons, doux et divins.

1105. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

On doit l’honorer et le prier, sans croire jamais qu’un Dieu placé si haut s’occupe du sort des individus, sinon de certains individus privilégiés qui sont des princes chargés par lui de présider aux destinées des nations.

1106. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Quand vient à mourir un prince, une princesse, un homme de haut parage, on tapisse une église de tentures superbes ; on dresse au milieu de la nef un catafalque qui cache l’autel ; on expose des tableaux qui racontent les hauts faits du personnage et de sa famille ; on construit des estrades où s’entassent marquises, duchesses et grands seigneurs ; on fait en un mot de la cérémonie funéraire une pompe théâtrale capable d’effacer les plus belles décorations des ballets royaux.

1107. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Il cherchait un homme qui eût la puissance et la volonté de l’aider : « Si je trouvais un prince ayant dans l’âme assez d’idéal pour me comprendre, assez de grandeur pour m’aider de sa puissance, — l’avenir de l’art serait assuré. » Trouverez-vous mauvais, Elisabeth, que j’aie considéré ces belles paroles comme un appel du destin adressé à moi, à moi !

1108. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Il y était appelé par Hiéron, un de ces rois de Syracuse qu’on prendrait pour les précurseurs des princes italiens de la Renaissance.

1109. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

Ce prince des habiles et ce roi des forts ne savait même pas le métier des petits faiseurs : il entassait les bévues sur les maladresses ; toutes ses manœuvres tournaient à sa honte.

1110. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

Il vivait depuis de longues années à Weimar, à la petite cour de Charles-Auguste, dans la faveur, ou, pour mieux dire, dans l’amitié et l’intimité du prince, dans une étude calme, variée, universelle, dans une fécondité de production incessante et facile, en tout au comble de la félicité, du génie et de la gloire.

1111. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Le roi, ayant marié le duc du Maine, fait d’abord à ce prince des représentations sur sa femme qui le ruine ; mais, « voyant enfin que ses représentations ne servent qu’à faire souffrir intérieurement un fils qu’il aime, il prend le parti du silence, et le laisse croupir dans son aveuglement et sa faiblesse ».

1112. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « L’abbé de Choisy. » pp. 428-450

Une autre recommandation de cette vertueuse mère, et qu’elle ramenait souvent, était de ne point s’attacher, en définitive, aux princes ou membres de la famille royale, mais au roi seul : « Attachez-vous, mon fils, non aux branches, mais au tronc de l’arbre. » Hors de là, point de salut.

1113. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — II. (Suite.) Janvier 1830-mars 1831. » pp. 105-127

Durant cette absence d’un des pouvoirs de l’État, ce qui le rassure, c’est, d’une part, « la popularité et les intentions connues du prince », et, de l’autre, la Garde nationale, qui est « toute cette classe moyenne, aujourd’hui prépondérante » ; elle saura tenir les choses où elles sont.

1114. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre X. Des Livres nécessaires pour l’étude de la Langue Françoise. » pp. 270-314

On va jusqu’à imprimer que les Princes sont quelquefois mal éduqués.

1115. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 35, de la mécanique de la poësie qui ne regarde les mots que comme de simples sons. Avantages des poetes qui ont composé en latin sur ceux qui composent en françois » pp. 296-339

Je voudrois pouvoir ici publier l’ouvrage tout entier, et pour preuve de ma bonne volonté, je vais donner encore au lecteur deux fragmens d’une lettre écrite par le même auteur à monsieur le prince d’Auvergne.

1116. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Le libre prince, des fantaisies venait, en effet, d’être immobilisé quelques journées durant par le bon plaisir de ces procureurs qui, généralement chargés de convoitises, de dols et de stupres infiniment plus vastes que ceux de leurs adversaires, se plaisent à venger la Morale Publique.

1117. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Il est le prince du guignon.

1118. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

— Des deux partis extrêmes, l’absolutiste et le démocrate, qu’elle distingue au lendemain de la Révolution, — l’un voulant une société fondée sur l’inégalité héréditaire et un gouvernement fondé sur la souveraineté absolue du prince, l’autre réclamant l’égalité sociale et la souveraineté du peuple, — c’est le démocrate qui l’a emporté7.

1119. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Aussi n’est-il pas étonnant que l’on ait si souvent caché les princes aux peuples.

1120. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIV. »

Sur cet écueil même le colossal fantôme, voilé en silence de son manteau de gloire, voyant passer les révolutions et les lois, demeure pour les peuples et les princes un formidable enseignement. » Un discours de M. de Lamartine, à la même date, avait quelque chose de cette raison profonde cachée sous la poésie.

1121. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Le mouvement du petit prince qui l’embrasse dans son demi-sommeil est une trouvaille charmante ; mais les fureurs qui cèdent à ce baiser d’enfant étaient étrangement pâles et modérées, et le petit prince avait trop beau jeu.

1122. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

que du temps de la place Royale (second séjour), un peu avant l’élection à la Présidence de Louis Bonaparte, celui-ci fréquentait chez le grand homme, où apparaissait, rayonnante de grâce, de pétulance et de beauté enflammée, Mlle Eugénie de Montijo qui chantait au poète, et j’imagine aussi au prince, des airs espagnols à tourner toutes les têtes. Celle du prince tourna pour de bon et l’incident est devenu de l’histoire brillante et cruelle. […] Jamais, pour ne rester que dans un seul ordre d’idées, Saint-Vallier, Ruy Gomez, le vieux Job, ni tel père noble d’avant les Châtiments n’eussent oublié leur dignité, la dignité qu’il faut garder jalousement, après tout, dans la langue des dieux et des lettrés, jusqu’à proférer ces geintes mises de façon si malencontreuse dans la bouche de fer, dans ce que Flaubert eût appelé « le gueuloir » d’un chevalier, d’un prince du xiiie  siècle : « M’avoir assassiné ce petit être là !

1123. (1927) Des romantiques à nous

Je ne vise pas le reste de l’œuvre poétique wagnérienne, Tannhäuser, Lohengrin, très acceptables opéras, Les Maîtres chanteurs, fable germanique un peu lourde, qui a un gros charme adolescent Moussorgsky, musicien doué à miracle, mais sans école, étranger aux traditions qui soutiennent le compositeur, gauche, fruste, parfois pénible, jamais indifférent, imprimant à ses gaucheries mêmes un accent et un mordant extraordinaires, ourdissant un tissu qui, de loin, pourrait sembler pauvre et troué, mais qui offre à un regard plus proche des fils merveilleux, ne demandant rien qu’à lui-même, ne tirant rien que de sa propre substance, Moussorgsky, à la fois prince oriental et pauvre moujik de son art, ne chante que sous les inspirations humaines les plus exquises moralement Ce n’est certes pas un sentimental. […] Le peuple russe, l’inquiétude qui l’agite à la pensée que la vacance du trône va le laisser orphelin, sa joie quand il a recouvré un tsar ; et, en opposition avec ces beaux sentiments mystiques et simples de la foule, les remords qui tourmentent l’âme noble et criminelle de Boris, l’assassin du jeune prince confié à sa tutelle et dont il a voulu mettre la couronne sur sa tête au prix d’un forfait ; le conflit entre la conscience de ce qu’il a fait de bon et de généreux pour son peuple, pour ses enfants et le souvenir de sa scélératesse inexpiable, entre la grandeur de ses pensées impériales et l’épouvante de cet assassinat dont l’image le poursuit plus implacablement à mesure qu’il devient vieux et que sa vie se couronne de fruits ; tels sont les ressorts shakespeariens du drame. […] Il incarne la pensée historique du musicien, embrassant à la fois avec une émotion de patriote et une tranquillité de fataliste oriental le cycle familier des crises de son pays : la mort violente du prince, la conspiration d’un faux tsar usurpateur, la levée hostile de la Pologne, l’intrigue catholique qui la favorise, et, plus ou moins victime, plus ou moins à l’abri de ces événements, un bon peuple qui continue à porter sa besace, à souffrir et à s’amuser aujourd’hui comme hier de la vie, avec son âme fine, vague et élémentaire. […] Seul, Hector Berlioz, noble et haut génie, mal servi par une technique courte et impure, soutient à l’écart, comme un prince exilé, les hautes traditions de la musique expressive.

1124. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre III. La Déformation de l’Idéal classique (1720-1801) » pp. 278-387

« S’il a paru autrefois des impies, — s’écrie Massillon dans son Petit Carême, — le monde lui-même les a regardés avec horreur… Mais aujourd’hui l’impiété est presque devenue un air de distinction et de gloire ; c’est un mérite qui donne accès auprès des grands, qui relève, pour ainsi dire, la bassesse du nom et de la naissance, qui donne à des hommes obscurs, auprès des princes du peuple, un privilège de familiarité. » [Cf.  […] Les princes du peuple, ce sont les Vendôme, à moins que ce ne soit Philippe d’Orléans lui-même, puisque nous sommes en 1718 ; et ces hommes obscurs, dont la profession d’athéisme ou de libertinage « ennoblit la roture », nous les connaissons également : ce sont les beaux esprits qui se réunissent au café Procope ou au café Gradot ; c’est ce « petit Arouet », comme on l’appelle, et qu’on vient d’embastiller, l’an dernier. […] Eugène Asse, ses éditions des Lettres de Mme de Graffigny, Paris, 1879 ; et des Lettres de Mme du Châtelet, Paris, 1882]. — Variété des travaux de Voltaire : — son Alzire, 1736 ; — Le Mondain, 1736 ; — et de la netteté avec laquelle s’y trouve exprimée l’idée de progrès. — La comédie de L’Enfant prodigue, 1736 ; — Voltaire entre en correspondance avec le prince royal de Prusse, depuis Frédéric II ; — l’Essai sur la nature du feu, 1737 [Cf.  […] Adolphe Jullien, La Musique et les Philosophes au xviiie  siècle, Paris, 1873]. — La Correspondance littéraire [1754-1790] ; — et comment elle est inséparable du mouvement encyclopédique ; — dont elle a pour ainsi dire été, pendant quinze ou vingt ans, — le « Moniteur » secret en Europe. — Tel a été le vrai rôle de Grimm, — et des nombreux collaborateurs qui ont travaillé sous sa direction ; — ils ont traduit pour les souverains allemands qui étaient ses abonnés ; — les idées du « corps des philosophes » ; — en atténuant très habilement ce qu’elles pouvaient avoir de suspect à des yeux de princes ; — et en les leur présentant comme une manière de s’émanciper eux-mêmes ; — des pouvoirs qui les gênaient encore. — Au reste, la Correspondance n’ayant paru publiquement pour la première fois qu’en 1812 ; — ce n’est pas ici le lieu de l’apprécier en elle-même ; — et il suffit d’avoir noté dans quelle mesure elle a contribué à la propagande encyclopédique.

1125. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Vénus, qui a pour Diane les sentiments que pourrait avoir le démon Astarté pour la Vierge Marie, se venge des dédains d’Hippolyte en inspirant à Phèdre cette passion furieuse d’oii sortira la perte du jeune prince. […] Le vieux Baumert, en haillons, monte sur une table et gueule en se tapant sur le ventre : « Je n’ai pas l’air d’un prince… Eh bien ! dans mon ventre, il y a de la nourriture de prince !  […] Et, la première fois, le petit prince est de ce côté-ci de la porte ; et, la seconde fois, il est de l’autre côté. […] Tintagiles fait songer à la fois aux petits-fils de la reine Athalie, à l’adolescent Britannicus, aux fils de Clotaire, aux enfants d’Edouard, à tous les petits princes qui gênaient une aïeule, une belle-mère, un oncle ou un frère, et qui furent silencieusement empoisonnés, ou étouffés entre deux matelas, ou poignardés entre deux portes.

1126. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ferdinand lui fit accueil, lui recommandant, en prince soucieux des intérêts du Ciel, de ne pas oublier d’emporter des cloches pour les églises, des ornements sacerdotaux et du vin pour célébrer le sacrifice de la messe et de la fine fleur de farine dont on ferait des hosties. […] Il a entrevu sa vie telle qu’elle aurait dû être : un beau rêve d’amour et de fidélité : Les chères mains qui furent miennes, Toutes petites, toutes belles, Après ces méprises mortelles Et toutes ces choses païennes, Après les rades et les grèves, Et les pays et les provinces, Royales mieux qu’au temps des princes, Les chères mains m’ouvrent les rêves. […] Maurice Donnay, intitulé : Éducation de prince. […] Paul Hervieu, après avoir multiplié les touches violentes pour nous faire connaître son monstre, dessine d’un crayon vif et dur les invalides et les éclopés qui viennent mendier, chez les « princes de la finance », le morceau de pain qui soutiendra leur misérable vie et donnera un dernier sursaut d’apparente vigueur à leurs prétentions politiques, religieuses, sociales. […] Promène des grands-ducs et des princes souverains sur la Jenny, yacht de dix-huit cents tonnes.

1127. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome II pp. 1-419

« Que faites-vous, s’écrie-t-il, que faites-vous, princes d’Italie, de toutes ces épées étrangères ? […] Il conclut avec lui un marché, en bonne forme, et s’engage à lui fournir tout l’argent nécessaire pour mener un train de prince. […] Elle ne vous connaît pas, soyez prince, et sa main est à vous. […] Le prince de la fête sera prince de Côme, et Pauline s’appellera, pendant un jour, princesse de Côme. […] Pauline avoue qu’elle a d’abord aimé le prince, mais qu’à ses yeux et le prince et l’homme sont confondus.

1128. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

La contre-partie du paradoxe l’a conduit, dans sa spirituelle fantaisie de Létorières, à faire de Louis XV à diverses reprises le plus adorable maître et à ne l’appeler que cet excellent prince.

1129. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

n’enflez pas tant votre voix pour mêler tous ces hommes et Carrel ensemble au même moment, pour saluer l’un comme prince, pour parler de l’autre comme d’un père, et proclamer celui-là devant tous comme votre seconde conscience ; pour Dieu !

1130. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Au tome VI des Mélanges publiés par la Société des Bibliophiles, on lit la lettre suivante de Mme Des Houlières au prince : « 22 décembre 1656.

1131. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — I »

Othon et Sénécion, jeunes voluptueux qui perdent le prince, sont à peine nommés dans un endroit.

1132. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il m’est arrivé plus d’une lois, messieurs, en assistant à certaines de vos discussions, de former un regret et un vœu : ce vœu, ce serait de voir plus souvent dans cette enceinte un prince si remarquable par les dons de l’intelligence, si riche de connaissances qu’il accroît de jour en jour, d’un esprit vraiment démocratique, doué d’éloquence, d’une capacité multiple et prompte que tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher admirent, et qui, pour tout dire d’un mot, est digne de sa race.

1133. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

. — « Le droit de les changer est la première garantie de tous les autres. » — « Il n’y a pas, il ne peut y avoir aucune loi fondamentale obligatoire pour le corps du peuple, pas même le contrat social. » — C’est par usurpation et mensonge qu’un prince, une assemblée, des magistrats se disent les représentants du peuple. « La souveraineté ne peut être représentée, par la même raison qu’elle ne peut être aliénée… À l’instant qu’un peuple se donne des représentants, il n’est plus libre, il n’est plus… Le peuple anglais pense être libre, il se trompe fort ; il ne l’est que durant l’élection des membres du Parlement ; sitôt qu’ils sont élus, il est esclave, il n’est rien… Les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants ; ils ne sont que ses commissaires, ils ne peuvent rien conclure définitivement.

1134. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

C’est le sentiment qu’exprime, dans le Livre de mon ami, sans l’éprouver assurément dans sa plénitude et même sans savoir exactement ce qu’il dit, le pauvre petit abbé Jubal, récitant ce lieu commun ecclésiastique, que les ministres du Seigneur sont autant au-dessus des ministres des princes que Dieu est au-dessus des plus grands rois.

1135. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Or, peu après, Théobald étant mort, le comte Thibaut parut un jour par surprise au château de Moha et vingt comtes et barons, chanoines et princes s’étant assemblés en grande fête, l’évêque de Liège Hugues de Pierrepont unit les jeunes amants.

1136. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre troisième »

Les exagérations de la lutte religieuse, l’intervention des princes, les complications de la politique, y mêlèrent beaucoup de choses auxquelles Luther n’avait point pensé tout d’abord.

1137. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

S’il pouvait faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois ; que ceux qui commandent augmentassent leurs connaissances sur ce qu’ils doivent prescrire, et que ceux qui obéissent trouvassent un nouveau plaisir à obéir ; s’il pouvait faire que les hommes pussent se guérir de ce qui fait qu’on s’ignore soi-même, il serait le plus heureux des mortels. » Cette déclaration, par laquelle s’ouvre l’Esprit des lois, parut au grand nombre une précaution contre les gouvernants et la Sorbonne.

1138. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Le roi au centre ; ici Condé et les princes ; là-bas, dans cette allée, Bossuet et les évêques ; ici au théâtre, Racine, Lulli, Molière et déjà quelques libertins ; sur les balustres de l’Orangerie, Mlle de Sévigné et les grandes dames ; là-bas, dans ces tristes murs de Saint-Cyr, Mme de Maintenon et l’ennui.

1139. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

Rodogune, sa pièce favorite, n’est qu’un duel entre deux femmes qui toutes deux commandent un crime atroce ; l’une parle en mère et ordonne à ses deux fils de tuer celle qu’ils aiment ; l’autre parle en amante et ordonne aux deux mêmes princes de tuer leur ; mère.

1140. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*.

1141. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Son indolence tombe, comme un manteau, sous les pieds de son cheval ; la couronne repousse sur son front en casque d’éclat et de gloire ; ce n’est plus le prince moribond de Fontainebleau et du Louvre : c’est un héros de l’Arioste, rayonnant d’audace et de bravoure enflammée.

1142. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Malesherbes. » pp. 512-538

Exilé, en 1771, à la suite de remontrances mémorables, il reparut à la tête de sa compagnie au début du règne de Louis XVI, et devint ministre de ce vertueux prince en 1775, dans ce premier ministère réformateur dont Turgot faisait partie.

1143. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

Dix Princes chrétiens métamorphosés en poissons, dans les bassins d’Armide, & un perroquet chantant des chansons galantes de sa propre composition, sont des choses bien étranges aux yeux d’un lecteur sensé, quoique nous soyons prévenus par l’histoire de Circé dans l’Odyssée, & quoique nous voyions tous les jours les perroquets imiter la voix humaine.

1144. (1913) La Fontaine « III. Éducation de son esprit. Sa philosophie  Sa morale. »

Le défenseur du Nord vous sera mon garant : Je vais citer un prince aimé de la Victoire.

1145. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre VI. De la politique poétique » pp. 186-220

De même, quand la barbarie antique reparut au moyen âge, les princes décidaient eux-mêmes les querelles nationales par des combats singuliers, et les peuples se soumettaient à ces sortes de jugements.

1146. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Pourquoi ces discours d’un gouverneur de prince, au lieu du souvenir de cette invisible et divine maîtresse, dont l’innocent Hippolyte croit entendre la voix dans le silence des forêts ?

1147. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Il l’appelle, à plusieurs reprises, le prince de tous les poètes comiques, et s’efforce, dans un parallèle qui se poursuit deux pages durant, de mettre Shakespeare au-dessous de lui. […] Les princes arrivent ; mais toutes les coquetteries échouent sur ces parfaits amants. […] Les deux princes sont peut-être moins aimables et moins beaux qu’il ne faudrait pour l’illusion ; mais on ne peut pas tout avoir. […] Les princes lui offrent leur amour. « Que ne vous adressez-vous à mes sœurs ?  […] Les comédiens cédèrent enfin, et l’événement fit voir qu’ils avaient eu raison de se montrer bons princes.

1148. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Quand elle est livrée, il va s’asseoir au soleil avec une troupe d’autres fainéants comme lui, et là, d’une autorité souveraine, ils décident des affaires d’État et « règlent les intérêts des princes. » La discussion s’échauffe, ils se querellent et se battent. […] On songe en leur présence à ce fils de prince comblé dès sa naissance de talents, de vertus, de grandeurs, mais qu’une méchante fée a rendu aveugle, et qui languit inerte, impuissant, misérable dans son berceau tout chargé de couronnes et brodé d’or. […] Quelques a richesses qu’aient les grands seigneurs, quelque grande que soit leur fierté ou leur présomption… sur le premier ordre, ils partent, ils reviennent, ils vont en prison ou en exil, sans se plaindre. » Mais la même roideur d’imagination, qui a intronisé le prince comme un Dieu parmi tant de respects et de services, l’emprisonne dans un cérémonial qui a l’autorité d’un dogme. […] Si le prince quitte sa maîtresse, elle se fait religieuse. […] Elle avait été fidèle à ses amis jusqu’à se faire exiler par le premier Napoléon ; plus tard, quand le prince qui devint Napoléon III fut prisonnier d’État, elle lui rendait visite à la Conciergerie.

1149. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Mais ne leur parlez pas des états médiocres ; ils ne veulent voir agir que des seigneurs, des princes, des rois, ou du moins des personnes qui aient fait grande figure. […] En second lieu, j’avance que, malgré l’opinion contraire, les Personnages d’une condition ordinaire sont plus intéressants que ceux pris entre les Princes qui tiennent moins à nous. […] C’est ordinairement avec Dieu, avec le mal, avec la mort, avec l’infini et avec les étoiles qu’il converse ; puis, daignant être bon prince, il cause avec les oiseaux, les arbres, les ruisseaux, les fleurs, même avec les brins d’herbe. […] N’y-a-t-il pas dans Wilhelm Meister un prince de cette force ? […] On voit que je suis bon prince et que je veux bien admettre, pour faire plaisir aux presbytes, qu’ils voient quelque chose et que toute l’infirmité est du côté des myopes.

1150. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Ses trois grandes œuvres, la Chute des princes, le Siège de Troie, l’Histoire de Thèbes, ne sont que des traductions ou des paraphrases verbeuses, érudites, descriptives, sortes de processions chevaleresques, coloriées pour la vingtième fois de la même manière, sur le même vélin. […] On l’imagine comme « une monstrueuse image, la face cruelle et terrible, les regards hautains et menaçants, à chacun de ses côtés cent mains, les unes qui élèvent les hommes en de hauts rangs de dignité mondaine, les autres qui les empoignent durement pour les précipiter. » On contemple les grands malheureux, un roi captif, une reine détrônée, des princes assassinés, de nobles cités détruites231, lamentables spectacles qui viennent de s’étaler en Allemagne et en France, et qui vont s’entasser en Angleterre ; et l’on ne sait que les regarder avec une résignation dure.

1151. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

Il accompagna, à cheval, le roi et les princes jusqu’à Béthune ; fut licencié avec nous, le 31 décembre de la même année, après le retour du roi, qui fit le sacrifice de ces corps privilégiés à sa réconciliation avec l’armée de Bonaparte ; il entra, comme sous-lieutenant d’abord, dans la légion de Seine-et-Oise, et un an après avec le même grade dans la garde royale, au 5e régiment d’infanterie : devenu capitaine après treize ans de service, sa faible constitution le fit mettre au traitement de réforme. […] J’abandonne pour toujours le service du lâche prince qui nous a trahis. » XIII Stello avait paru ; quelque chose qui rappelait Sterne, inconséquent, décousu, fragmentaire, doux, fort, sensible, ému et plaisant tour à tour ; livre multicolore où perçait la philosophie stoïque à travers la raillerie gauloise.

1152. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

Eh bien, j’attends toujours cette semaine prochaine. » La princesse nous parle du prince impérial. […] Sur des bancs, des files de paysans sauvages, de vrais pouilleux, un bec de gaz, au-dessus de leurs têtes dans l’ombre, qui ne montre de blanc que le col de leurs chemises ouvertes, — et leur dépiotant les bas, et leur lavant les pieds dans un baquet, des confrères de la Trinité, des pèlerins en rouge à rabats, et à tabliers blancs, avec des serviettes sous le bras, à l’instar des garçons de café, — des confrères qui sont des cardinaux, des princes, de jeunes gentilshommes, dont on voit les bottes vernies sous la robe du servant, et que leurs voitures attendent sur la place.

1153. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz ait pris au sérieux une lettre qui se clôt par ces paroles : « Daignez agréer, monsieur, avec toute ma reconnaissance pour vos bons procédés, l’expression de ma considération la plus distinguée. » En effet, on a des compliments affectueux pour ses inférieurs, des compliments empressés pour ses égaux, de la considération distinguée pour le commun des martyrs ; mais il n’y a que les princes et les jolies femmes que l’on prie de daigner agréer les sentiments que l’on a ou que l’on n’a pas pour eux ; vous voyez donc bien, mon cher ami, que M.  […] Buloz comme on traite un prince ou une jolie femme.

1154. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1871 » pp. 180-366

» — « Oui, un beau temps pour retourner en France. » Le prince avait reçu dans la nuit une dépêche, lui apprenant la déclaration de guerre à la Prusse, et le rappelant en France. Le prince ajouta : « Encore une folie, mais c’est la dernière qu’ils feront ! » Et là-dessus, Renan s’étend longuement sur la justesse des prévisions du prince, sur sa perspicacité de Cassandre, et il nous parle de toute une nuit, passée à l’ambassade de Londres, pendant laquelle il avait entendu le prince prédire à Lavalette et à Tissot, prédire tout ce qui est arrivé.

1155. (1873) Molière, sa vie et ses œuvres pp. 1-196

« Il est évident que ce prince des poètes, conquérant tout comme un roi, a mis à contribution ses devanciers anciens et modernes. […] « Je ne vis jamais, ajoute Dassoucy, tant de bonté, tant de franchise ni tant d’honnêteté que parmi ces gens-là, bien dignes de représenter réellement dans le monde les personnages des Princes qu’ils représentent tous les jours sur le théâtre. » Dassoucy changera de note, plus tard, mais ici l’aveu est bon à retenir, et nous montre déjà Molière tel que nous le retrouverons à Paris, compatissant, excellent, noble de cœur et de tenue, et partageant sans compter avec l’errant recueilli en chemin. […] « Je suis un auteur passable, avait-il répondu au prince, et je puis être un fort mauvais secrétaire ! […]  » On trouvera dans ce registre du comédien, monument sans prix et sans équivalent, la liste de ces visites ou représentations de la troupe de Molière chez le roi, les princes, les particuliers, chez M. 

1156. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Même absurdité chez les éducateurs de Port-Royal, où l’on étudie, où l’on traduit avec zèle les auteurs dramatiques de la Grèce et de Rome, pendant qu’un des maîtres, Lancelot, aime mieux renoncer au préceptorat des princes de Conti que de les accompagner au théâtre11. […] Le scepticisme, qui en pareille matière est la sagesse, ira même jusqu’à nous persuader peu à peu que les usurpateurs sont princes légitimes, en nous faisant découvrir mille belles choses dans les platitudes consacrées. […] Si l’on classait les orateurs sacrés du siècle de Louis XIV d’après le nombre de stations que ce prince leur fit prêcher à la cour, et qui devait vraisemblablement correspondre à l’estime que l’opinion publique faisait d’eux, voici, selon M.  […] « Les contemporains de Jean-Baptiste Rousseau professaient pour son génie un enthousiasme extraordinaire ; ils voyaient en lui le Pindare, l’Horace de la France, et quelques-uns le proclamaient sans hésiter le prince des poètes lyriques99. » Le Franc de Pompignan, si une épigramme de Voltaire ne l’avait pas tué, passerait probablement aujourd’hui, non pour le prince des poètes lyriques, mais pour le moins mauvais poète lyrique du xviiie  siècle, s’il est vrai, comme quelqu’un l’a dit de nos jours, que la meilleure ode que J. […] Charles d’Orléans a eu identiquement l’idée dont Villon a trouvé l’expression incomparable dans sa Ballade des Dames du temps jadis ; mais si les conceptions furent les mêmes, la différence de la forme met entre les deux poètes une distance « infiniment infinie » ; voici les pauvres vers du prince : Au vieil temps, grand renom courait De Chryséis, d’Iseult, d’Hélène, Et maintes autres qu’on nommait Parfaites en beauté hautaine.

1157. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

« Elle ne sait pas qu’un des petits princes a été sauvé du massacre, et que le grand prêtre Joad l’élève dans l’ombre du sanctuaire. […] Il a attendu que le petit prince eût fait sa première communion et qu’il fût capable de monter à cheval. […] Pour graver profondément ces choses dans l’esprit du petit prince, Joad, très solennel, s’assure une dernière fois de ses bons sentiments. […] Un jour, à la cour d’un prince du pays des rêves, on agite cette question : « Lequel, de l’homme ou de la femme, estle plusnaturollementinfidèle en amour ? […] Ecoutez ce bout de dialogue : « Le Comte : ….Malheureusement, le jeune prince tourna mal.

1158. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

La tragédie produit en nous une impression de grandeur, de pompe et de majesté : c’est que les héros en sont des princes ou des rois — ex urbibus, arcibus, castris sumpti, — des Étéocle et des Polynice, des Agamemnon et des Clytemnestre, des Coriolan et des Caton. […] J’avoue de n’avoir que bien peu de qualités requises en un poète héroïque — lit-on dans la Préface de ce poème fameux ; — je n’ai point cru égaler les princes du Parnasse, et, bien moins, atteindre au but où ils ont inutilement visé. […]   Je ne crois pas que nulle part la confiance dans le pouvoir des « règles » et de la « théorie », se soit plus naïvement étalée, dans un plus beau jour, comme on disait alors ; et si la Pucelle est prodigieusement ennuyeuse à lire — quoi qu’en aient dit ceux qui ont eu l’idée singulière, voilà tantôt dix ans, d’en éditer les douze derniers chants, — du moins on ne se lasse pas d’en lire la Préface : Je dirai maintenant en peu de paroles, qu’afin de réduire l’action à l’universel, suivant les préceptes, et de ne pas la priver du sens allégorique, par lequel la poésie est faite l’un des principaux instruments de l’architectonique, je disposai toute sa matière de telle sorte que la France devait représenter l’ami de l’homme, en guerre avec elle-même et travaillée par les plus violentes émotions ; le roi Charles, la volonté, maîtresse absolue et portée aussi bien par sa nature, mais facile à porter au mal sous l’apparence du bien : l’Anglais et le Bourguignon, sujets et ennemis de Charles, les divers transports de l’appétit irascible… Amaury et Agnès, l’un favori et l’autre amante du prince, les différents mouvements de l’appétit concupiscible… « Quand je considère en moi-même la disposition des choses humaines, confuse, inégale, irrégulière, je la compare à certains tableaux que l’on montre comme un jeu de la perspective… » La Pucelle de Chapelain ressemble à ces tableaux dont parle Bossuet ; elle y voudrait ressembler du moins ; regardée d’un côté, c’est de l’histoire, et regardée de l’autre, c’est de la morale ; un paysage, quand on se met à droite ; un portrait, quand on se met à gauche ; mais, par malheur pour Chapelain, comment que l’on se place, et en dépit des règles, ce que ce n’est jamais ni de nulle part, c’est un poème. […] On enseigne aux princes à entreprendre sur la vie des autres princes, après les avoir déclarés hérétiques en leur cabinet… Outre cela, comme si notre Seigneur était mercenaire et qu’il se laissât corrompre par présents ; comme si c’était le Jupiter des païens, qu’ils appelaient au partage du butin et de la prise ; après un nombre infini de crimes dont ils sont coupables, on ne leur demande ni larmes, ni restitution, ni pénitence ; il suffit qu’ils fassent quelque aumône à l’Église. […] Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous ; Et l’on peut comparer, sans craindre d’être injuste, Le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste… Puis, chemin faisant, et poursuivant sa veine, Perrault donnait sans hésiter, sur Homère ou sur Virgile, la préférence, ou la prééminence Aux Regniers, aux Maynards, aux Gombauds, aux Malherbes, Aux Godcaux, aux Racans… ; sacrifiait, sans plus de scrupules, L’illustre Raphaël, cet immense génie, au peintre des Batailles d’Alexandre ; mettait …… la Vénus, l’Hercule, l’Apollon, Le Bacchus, le Lantin et le Laocoon, Ces chefs-d’œuvre de l’art, choisis entre dix mille, fort au dessous des chefs-d’œuvre des Girardon, des Gaspards, des Baptiste ; établissait sans peine la supériorité de la musique de Lulli sur celle des Grecs — dont je vous rappelle que nous ne savons rien, — et concluait enfin, comme il avait commencé, par l’éloge du roi, De Louis qu’environne une gloire immortelle, De Louis des grands rois le plus parfait modèle… Il faut convenir que Boileau, quand il louait le prince, usait d’un autre style ; et qu’à défaut d’une indépendance d’esprit dont personne alors ne se piquait, un goût plus sûr, inspiré peut-être de celui des anciens, l’avait du moins préservé de cette platitude insigne dans l’adulation.

1159. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

S’adressant au président Perrault, attaché aux princes de la maison de Condé, il vocifère contre le fourbe Sicilien, contre le Mazarin, qu’il croit banni de France à jamais.

1160. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Et qui seroit si fol de se vouloir dorénavant travailler l’esprit pour faire quelque chose de bon et digne de la postérité, ayant perdu la faveur d’un si bon prince et la présence d’une telle princesse, qui, depuis la mort de ce grand roi François, père et instaurateur des bonnes lettres, étoit demourée l’unique support et refuge de la vertu et de ceux qui en font profession ?

1161. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Quant à la seconde partie des Mémoires, nous aurions beaucoup à en dire, même en n’effleurant rien de toute la relation de Prague, de l’intérieur des princes déchus, ni de l’entrevue avec Madame de Berry.

1162. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

XVI Notre contrat social, à nous, le contrat social spiritualiste, au contraire, celui qui cherche son titre en Dieu, qui s’incline devant la souveraineté de la nature, celui qui ne se reconnaît d’autre droit que dans ce titre magnifique, et plus noble que toutes les noblesses, de fils de Dieu, égal par sa filiation et par son héritage à tous ses frères de la création, celui qui ne croit pas que tout son héritage soit sur ce petit globe de boue, celui qui ne pense pas que l’empire de quelques millions d’insectes sur leur fourmilière, renversant ou bâtissant d’autres fourmilières, soit le but d’une âme plus vaste que l’espace, et que Dieu seul peut contenir ou rassasier ; celui qui croit, au contraire, à l’efficacité de la moindre vertu exercée envers la moindre des créatures en vue de plaire à son Créateur, celui qui place tous les droits de l’homme en société dans ses devoirs accomplis envers ses frères ; celui qui sait que la société humaine, civile et politique, ne peut vivre, durer, se perfectionner en justice, en égalité, en durée, que par le dévouement volontaire de chacun à tous, dévouement du père au fils, de la femme à l’époux, du fils au père, des enfants à la famille, de la famille à l’État, du sujet au prince, du citoyen à la république, du magistrat à la patrie, du riche au pauvre, du pauvre au riche, du soldat au pays, de tout ce qui obéit à tout ce qui commande, de tout ce qui commande à tout ce qui obéit, et, plus haut encore que cet ordre visible, celui qui conforme, autant qu’il le doit et qu’il le peut, sa volonté religieuse à cet ordre invisible, à ce principe surhumain que la Divinité (quel que soit son nom dans la langue humaine) a gravé dans le code, dans la conscience, table de la loi suprême ; celui qui sait que, sous cette législation des devoirs volontaires qu’on nomme avec raison force ou vertu, il n’y a ni Platon, ni J.

1163. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Qu’est-ce auprès de lui que les intrigues de cour, que la fortune des princes, que les malheurs du monde ?

1164. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre IV. Racine »

La représentation des ballets occupait une foule incohérente et bizarrement mêlée, artistes, danseurs, chanteurs, musiciens de profession, bourgeois amateurs, courtisans et princes, dames et demoiselles, Mlle de Sévigné, Mme de Montespan, Monsieur frère du roi, la reine, le roi lui-même, qui pendant vingt ans se fit honneur de figurer les Apollon et les Jupiter.

1165. (1911) Enquête sur la question du latin (Les Marges)

Cette démocratie se distingue des systèmes abolis d’abord en ceci qu’elle ne fait point de la culture le privilège d’une caste, mais la rend accessible à tous les enfants et jeunes gens bien doués, sans distinction de naissance, ni de fortune ; et secondement en ceci qu’elle estime infiniment plus haut un homme cultivé et intelligent qu’un fils de prince ou un millionnaire ignorant ou borné.

1166. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Vous y recherchez la vérité, vous y vivez pour le triomphe de l’idéal avec une passion que nos confrères ni leur « prince » n’ont connue ; avec une érudition qui humilie même les ignorants et avec ce vrai Bon Sens qui se défend d’être l’opinion moyenne, car il appartient aussi aux poètes !

1167. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre septième. »

Pendant qu’il hésitait, Henri IV lui fit dire par un de ses amis qu’il désirait de lui un ouvrage qui servit de méthode à toutes les personnes de la cour et du grand monde, sans en excepter les rois et les princes, pour vivre chrétiennement, chacun dans son état.

1168. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

L’amour n’est pas forcé d’y affecter la forme passagère qu’il reçoit des mœurs, du tour d’imagination de l’époque, ou de l’exemple du prince ; il n’y est ni pompeux ni raffiné.

1169. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre IV. L’ironie comme attitude morale » pp. 135-174

Si elle ne va pas jusqu’à nous suggérer qu’un âne Pour Dieu qui nous voit tous est autant qu’un ânier, cependant elle nous laissera entendre que l’âne, l’ânier, et même les princes et les rois, et les savants, et les artistes, et les philosophes, quelles que soient les différences qui les séparent les uns des autres, sont peu de chose dans le monde et qu’il conviendrait mieux à leur nature de ne pas s’accabler entre eux de leur haine et de leurs dédains.

1170. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Je cherche, dans les Pensées de Chamfort, à en extraire quelques-unes qui soient d’une nature plus douce, plus conforme à ce sentiment simple, et qui aient de la tristesse sans trop d’âcreté : Je demandais à M… (ce M… c’est lui) pourquoi, en se condamnant à l’obscurité, il se dérobait au bien qu’on pouvait lui faire : « Les hommes, me dit-il, ne peuvent rien faire pour moi qui vaille leur oubli. » Que peuvent pour moi les grands et les princes ?

1171. (1913) La Fontaine « II. Son caractère. »

Cela ne l’abandonnera jamais, car vous savez déjà, puisque je vous en ai parlé un peu mercredi dernier, qu’à l’égard des princes de Vendôme il a été exactement le même.

1172. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Octave Feuillet »

… Du reste, dans cette lettre où le comte de Camors juge son fils, tout en voulant en faire un homme, un prince de ce monde, il laisse apercevoir qu’il n’a pas grande confiance dans l’énergie de sa progéniture, — ce qui rend plus imprudente encore et plus sotte sa théorie sur l’honneur : « Vous déferez-vous — dit-il à son fils — de cette faiblesse de cœur que j’ai remarquée en vous, et qui vous vient sans doute du lait maternel ? 

1173. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

J’accorde que les romanciers nous ont plus d’une fois fatigué avec leurs marquises et leurs comtesses ; il en est que la qualité entête tout simples bourgeois qu’ils soient nés, et qui, comme tel personnage de Molière « ne parlent jamais que duc, prince ou princesse ».

1174. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome II pp. 5-461

Ce prince, cédant une libre carrière aux muses comiques de son temps, tolérait des satires théâtrales même contre sa personne, et ne les défendit que contre la reine, comme s’il eût voulu montrer que cette sensibilité, qu’il ménageait en sa femme, était une faiblesse de son sexe, mais que le caractère mâle d’un homme d’état le mettait au-dessus des atteintes de la comédie, dont il s’égayait avec ses sujets. […] La naissance de Gargantua, son éducation risible, ses petits jeux, sa gourmandise, sa mutinerie, ses dodelinements, les flatteries de ses gouvernantes, les admirations de ses pédagogues, qu’est-ce autre chose qu’une allusion aux sots respects dont on berce l’enfance des princes ? […] Je m’exempterai donc d’un facile étalage d’érudition en vous citant ce que Quintilien, Macrobe, saint Jérôme, et le docte Scaliger, écrivirent en faveur de Plaute, qu’ils estimèrent en son genre comme un prince de la langue latine. […] Au lieu de femmes savantes et de pédants Trissotins, n’aurait-il pas eu ces dames politiques qui, pour avoir lu quelques pages du cardinal de Retz et les mémoires de madame de Maintenon, s’imaginent qu’elles mèneraient les conspirations dont elles babillent, et qu’elles sauraient monter au trône du prince comme dans son lit ; ces folles de diplomatie qui décident des préséances des corps ou de l’équilibre des états, comme de l’étiquette de leurs salons, et se flattent de parcourir d’un coup d’œil les cercles d’Allemagne comme le cercle étroit de leur boudoir ? […] Jourdain, sont prises au contraire dans le ridicule général ; car l’auteur, en faisant de son homme de cour un agréable dissolu, impertinent et moqueur, ne prend nul soin de placer en contraste quelque honnête personnage du même rang : mais il associe au chevalier une marquise entretenue par lui aux frais du bourgeois qu’il trompe, qu’il joue et qu’il vole, devant qui même il se dégrade, jusqu’à le servir en ami du prince, et dont il emprunte et mange tout l’argent, en affectant de lui faire grand honneur, de le traire, ainsi que le dit bonnement madame Jourdain, comme sa vache à lait.

1175. (1836) Portraits littéraires. Tome II pp. 1-523

Habitué qu’il est à vanner librement les plus grands noms, à les rimer pour l’Opéra et l’Opéra-Comique, à les distribuer en ariettes et en duos, il agit très cavalièrement avec les princes et les ministres ; il saute à pieds joints par-dessus la chronologie et la géographie. […] Coitiere, médecin de sa majesté, donne au jeune prince qu’il chérit et qu’il protège, la clef de sa prison ; et le duc, au lieu de profiter de l’occasion qui lui est offerte pour reprendre sa liberté, abuse indignement de la confiance de son ami, et se cache dans l’alcôve royale. […] Si l’on excepte la campagne de 1823, que les bulletins fanfarons du prince généralissime ont vainement essayé de travestir en une guerre sérieuse, il n’a guère connu de la vie militaire que la monotonie et la sujétion. […] Quand les plus grands noms de la monarchie afferment au libertinage du prince la jeunesse et la beauté de leurs sœurs, de leurs femmes et de leurs filles, est-il probable que Triboulet demeure seul vertueux, pur, fier, impitoyable ? […] Ainsi le chef de cette famille si honteusement célèbre, prince accompli selon Machiavel, mêla sa destinée aux plus illustres de son temps.

1176. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

À un Léonard, à un Mantegna, à un Raphaël, à un Michel-Ange, un pontife ou un prince donnait à couvrir de leurs fresques un pan de mur, un plafond dont ils devaient subir la dimension. […] Les uns et les autres ont travaillé comme faisaient les artistes de la Renaissance, un Mantegna, un Léonard, un Raphaël, à qui un prince, un prieur, un pontife donnaient une salle de palais, un mur de chapelle, un oratoire à décorer, en leur imposant et l’espace et le sujet13. […] Que fait d’autre saint Louis quand il affirme le devoir de paix pour les princes chrétiens ? […] Tantôt par des princes, tantôt par des ministres, tantôt par des grands seigneurs, tantôt par des bourgeois. […] Lui donner comme confrère des grands seigneurs, des princes de l’Église, des officiers généraux, c’était l’incorporer dans l’ordre établi.

1177. (1772) Discours sur le progrès des lettres en France pp. 2-190

  Ce n’est pas néanmoins que quelques Princes n’aient tenté de favoriser les Lettres ; mais les obstacles qu’ils avoient à vaincre, se renouvelant sans cesse, rendirent leurs efforts inutiles. […] Les personnes de la plus haute naissance, les Princes mêmes, ne dédaignoient pas d’embrasser cette profession, qui, ayant commencé vers le milieu du onzième siècle, prolongea sa durée jusques vers le milieu du treizième.

1178. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

— Un jeune prince, disait Sadrégésile, est vite corrompu lorsqu’il rencontre chez les grands du royaume une soumission aveugle. […] Il arrive et se met tout de suite à parler au prince avec désinvolture. […] Ce médecin imagine, entre nos deux auteurs, je ne sais quelles prises de bec, quels picotements, survenus, dit-il, à Meudon, chez les princes de la Maison de Lorraine. […] Parmi ces écrivains qui oscillaient alors de la sorte, on peut citer Jules Janin qui fut conteur, brillant fantaisiste et prince des critiques.

1179. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais ne vous plaignez pas : mon cœur chargé d’ennui Ne vous souhaitait rien qu’il n’éprouvât en lui… Créon (acte III, scène VI) : Des deux princes, d’ailleurs, la haine est trop puissante ; Ne crois pas qu’à la paix jamais elle consente. […] M. le comte de Cézy disait que c’était un prince de bonne mine. […] La maladroite vertu du jeune prince vient déranger les plans du vizir, et le sultan, qui veille de loin, fait tout étrangler. […] Mais il a compté sans la fierté du jeune prince et surtout sans son amour pour Atalide. […] Vénus, qui a pour Diane les sentiments que pourrait avoir le démon Astarté pour la Vierge Marie, se venge des dédains d’Hippolyte en inspirant à Phèdre cette passion furieuse, d’où sortira la perte du jeune prince.

1180. (1878) Nos gens de lettres : leur caractère et leurs œuvres pp. -316

Puis, par un revirement subit, le voilà qui crie à l’aide contre les suggestions du « malin », de « l’ennemi », du « prince des ténèbres », et il appelle à son secours, non pas l’amour, mais la terreur de Dieu, dont il semble ainsi faire un Satan supérieur. […] Ainsi, non seulement Attale, le prince bithynien, a été élevé par le Sénat, et cet ambassadeur est un ambassadeur romain, mais encore Prusias est romain par crainte, comme Arsinoé par tendresse maternelle. […] Alcandre. — Je vous l’avais bien dit… Mais ce n’est pas tout, regardez : Cinquième acte. — Voici maintenant Clindor en habits éclatants, dans un palais tout doré, chez Florilame, prince de ses amis, — et, près de lui, la constante Isabelle. […] Clindor n’aime plus sa maîtresse, il brûle pour l’épouse de Florilame, prince de ses amis. […] , et Clindor est poignardé par ordre de Florilame, prince de ses amis.

1181. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

S’il ne l’a pas pu avec un prince de la perspicacité politique de Louis-Philippe, des ministres comme Guizot, un suffrage encore restreint, les débris encore vivants de la brillante équipe de l’Empire et de la Restauration, simplement parce qu’il lui manquait la légitimité, comment imaginer que le parlementarisme dégradé d’aujourd’hui soit capable de ce miracle ? […] J’essaierai d’indiquer par quel chemin un prince intelligent, actif, de mœurs plutôt sévères, religieux, et qui déclarait dans sa proclamation d’avènement ceindre la couronne « devant le Roi des Rois, pour être un souverain juste et clément » a pu être conduit à déchaîner cette guerre épouvantable, continuée sur des incendies et des massacres après avoir été commencée sur un manquement flagrant à la parole donnée. […] Ce prince assoiffé de gloire est en même temps un hésitant. […] On raconte que cet admirable prince avait toujours sur sa table, dans son cabinet de Bruxelles, un volume de notre Le Play. […] Depuis ces dix semaines qu’il a vu ses villes bombardées, ses banques rançonnées, ses sujets massacrés, ses ministres obligés de demander un asile à la France, pas une fois il n’a proféré une plainte, et, correspondance sublime du cœur des sujets au cœur du prince, pas une parole de regret n’a été entendue qui trahisse une défaillance du peuple envahi.

1182. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Il fut très-bien traité par les princes rentrants, par le comte d’Artois en particulier ; on lui demandait en toute occasion d’animer de sa présence et de sa verve les divertissements et les fêtes.

1183. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

André a pris de la Grèce le côté poétique, idéal, rêveur, le culte chaste de la muse au sein des doctes vallées : mais n’y aurait-il rien, dans celui que nous connaissons, de la vivacité, des hardiesses et des ressources quelque peu versatiles d’un de ces hommes d’État qui parurent vers la fin de la guerre du Péloponèse, et, pour tout dire en bon langage, n’est-ce donc pas quelqu’un des plus spirituels princes de la parole athénienne ?

1184. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Le croira-t-on quand je serai mort et quand on verra, à toutes les pages de ma vie, mes sacrifices, mes fidélités d’honoration à ses princes exilés, mes partialités de cœur, mes égards de plume pour ce parti de ma jeunesse ; le croira-t-on que c’est par ce parti, par ses organes, par ses courtisans, que j’ai été le plus insulté à l’aide de tactiques indignes, qui livrent un ami dont on n’a rien à craindre, pour flatter, qui ?

1185. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

XLVII Après tout un été passé ainsi dans l’intimité de ces princesses et du prince, on conçoit aisément que je ne puisse être impartial sur le sort de ces souverains, qui descendaient du trône pour s’entretenir avec un poète, et pour méditer tout bas le bonheur des peuples qui leur étaient confiés.

1186. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

Lucques n’est pas une terre de malfaiteurs ; le peuple des campagnes est trop adonné à la culture des champs qui n’inspire que de bonnes pensées aux hommes, et le gouvernement est trop doux pour qu’on conspire contre sa propre liberté et contre son prince.

1187. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de grève en grève, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, et se rejetant dans la nature, comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon, toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle ; en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge. » Ainsi ce que madame de Staël, qui n’avait devant les yeux que Goethe, déplorait comme étant une maladie et n’étant qu’une maladie, nous, en contemplant Byron, chez qui cette maladie est au comble, nous ne le déplorions pas moins, mais nous le regardions comme un mal nécessaire, produit d’une époque de crise et de renouvellement.

1188. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre sixième. »

Pendant que Ronsard disputait à Saint-Gelais le titre de prince des poètes au temps même de cette furie d’imitation antique, un traducteur de génie, Amyot devinant d’instinct ce qui avait échappé aux poètes réformateurs, comprenait que les langues ne s’enrichissent que par les idées, et versait pour ainsi dire, dans la nôtre, le recueil le plus complet des idées, des mœurs, des hommes et des choses de l’antiquité, les ouvrages de Plutarque (1559-1574).

1189. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

En présence des arrêts rendus par les « Princes de la Critique », tels que Scudobl, on se prit à douter de la possibilité de jouer Wagner au théâtre et à suspecter la valeur intrinsèque de ses œuvres.

1190. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IX. Le trottoir du Boul’ Mich’ »

Je m’attriste à la pensée que Leconte de Lisle deviendra, comme Malherbe, un nom austère et antipathique, soutenu de peu de souvenirs précis ; je songe, mélancolique, aux destinées de François de Maynard et de José-Maria de Heredia, princes du sonnet français ; et je suis d’un regard attendri Sully-Prudhomme rejoignant Racan derrière la brume de l’oubli.

1191. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Les plus belles, les plus exquises, celles qui font les délices des princes de la jeunesse et de la fortune, ont souvent traversé des mondes d’amours obscurs avant d’apparaître et de parvenir, comme les diamants illustres qui, de la main du mendiant indien ou du nègre qui les déterre, passent par des milliers de trocs et d’achats subalternes, avant d’arriver à la couronne des rois ou à l’aigrette des sultans.

1192. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Corneille lui-même ne s’est pas trop élevé au-dessus de ces usages dans l’exposition de Rodogune, où, par un acteur désintéressé, il fait faire à un autre qui ne l’est pas moins, toute l’histoire nécessaire à l’intelligence de la tragédie ; et l’histoire est si longue qu’il a fallu la couper en deux scènes, ou l’interrompre, pour laisser parler les deux princes qui arrivent : et on la reprend dès qu’ils sont sortis.

1193. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Pindare, en effet, n’est qu’un poète de rhétorique pure, qui a trouvé dans Villemain un critique de rhétorique, d’une rhétorique aussi complète que la sienne ; et le rhéteur en prose, qui s’est cru ému ou qui a voulu faire croire qu’il l’était, a rendu hommage, comme il le devait du reste, à son prince, le rhéteur en vers.

1194. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

La jeune reine a su le secret de la naissance du jeune prince dépossédé ; elle l’aime et veut lui rendre le trône en se faisant aimer par lui. […] » Et Iza, de plus en plus gentille, met le prince à la porte et se jette dans les bras de sa maman. […] Pourtant Clémenceau croit son ami ; puis, tout de suite après, il sort en criant qu’il tuera le prince… (L’auteur a totalement oublié de nous dire s’il le tue en effet ; mais cela importe peu.) […] Édouard se précipite, son parapluie à la main, et sauve le prince, tandis que le domestique Léopold s’évanouit dans les bras d’Henriette. […] Dans cette volière, l’oiseau bleu, c’est-à-dire un petit prince de féerie, le joli prince de Syracuse, les jambes moulées dans un maillot, pourpoint à paillettes, longs cheveux bouclés sous la toque de velours.

1195. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

C’est un fait proverbial qu’en Italie les pêcheurs et les paysans ont tous un air de princes dépossédés, et ce fait est cité comme une preuve de l’antiquité de la civilisation dans ce pays. […] Peu de temps après l’avènement de ce prince, il fut créé chevalier de l’ordre du Bain avec tout le cérémonial en usage. […] Pour comble de mauvaise chance, ce prince pacifique dut régner sur la génération la plus indisciplinée, la plus capricieusement anarchique, la plus batailleuse qu’il y ait eu. […] Vraiment, il y a des moments où, par esprit de réaction, on a envie de trouver que ce prince représente la sagesse et l’humanité. […] Il se rendit à Turin, où régnait un prince selon son goût, ce Charles-Emmanuel, si célèbre pendant nos guerres du temps de Henri III et d’Henri IV, et par le mal qu’il nous fit et par le mal qu’il avait l’intention de nous faire.

1196. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Il paraissait déguisé avec son habit bleu à boutons dorés, son gilet et son pantalon quadrillés de gris et de noir comme ces princes dépossédés de l’Inde anglaise qu’on voit errer sur le pavé de Londres d’un air mélancolique. […] La querelle s’envenimait, et il en naissait un tumulte dont l’amoureux, protégé par le prince des sots, profitait pour enlever sa maîtresse. […] Léo Burckart est un publiciste qui, dans le journal qu’il dirige, a émis des idées politiques et des plans de réforme d’une hardiesse et d’une nouveauté à faire craindre pour lui les rigueurs du pouvoir ; mais le prince, convaincu de sa bonne foi, au lieu de le bannir, lui donne la place du ministre qu’il a critiqué, le sommant de réaliser ses théories et de mettre ses rêves en action. […] Épris d’un idéal abstrait, il veut gouverner sans les moyens de gouvernement ; comme un ministre de l’âge d’or il ferme l’oreille aux chuchotements de la police, et ne sait pas que la vie du prince est menacée et que son propre honneur est compromis. […] Cependant ce n’est point un piège machiavélique qu’on lui a tendu ; le prince s’est prêté loyalement à l’expérience ; il a apporté en toute franchise son concours au penseur.

1197. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

Oui, Epictète, ce prince des dogmatiques, est dans la vérité de la vie lorsqu’il affirme la grandeur de l’homme, car l’homme pense, et penser est si grand que, même écrasé par l’univers, l’homme lui est supérieur parce qu’il comprend la loi qui l’écrase, et l’univers, non. […] Et puis, c’est un des princes du style. […] III Rivarol3‌ Ce gentilhomme à la physionomie mobile et fière, voluptueuse et réfléchie, — ce Méridional à la bouche insolente et gaie, d’où la raillerie va s’élancer tout à l’heure, — ce philosophe au front noblement coupé, aux yeux profonds, mélange singulier de trois ou quatre tempéraments fondus en un seul, — qui pourrait-ce bien être sinon le prince de la conversation française, l’aventurier à la fois frivole et prophétique auquel il n’aura manqué pour être un très grand écrivain qu’une meilleure surveillance de ses dons prestigieux, et, pour être un grand ministre, que la rencontre d’un roi capable de l’apprécier : Son Impertinence le comte de Rivarol ?

1198. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

C’étaient les princes de l’esprit, et l’on n’envoie pas des princes pour ambassadeurs.

1199. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

Que La Fayette, en 87, à l’époque de l’Assemblée des notables, se trouvant chez le duc d’Harcourt, gouverneur du Dauphin, avec une société qui discutait quels livres d’histoire il fallait mettre dans les mains du jeune prince, ait dit : « Je crois qu’il ferait bien de commencer son histoire de France à l’année 1787 », le mot est juste et piquant dans la situation, et d’accord avec le vœu universel d’alors, dont c’était une rédaction vivement abrégée. […] Rayonnant de gloire, plus imposant par son caractère que par sa moralité, doué de qualités éminentes, vanté par les jacobins lorsqu’ils croyaient le moins à son retour, il offrait à d’autres le mérite d’avoir préféré la république à la liberté, Mahomet à Jésus-Christ, l’Institut au généralat ; on lui savait gré ailleurs de ses égards pour le pape, le clergé et les nobles, d’un certain ton de prince et de ces goûts de cour dont on n’avait pas encore mesuré la portée.

1200. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre V. La philosophie. Stuart Mill. »

C’est cette loi abstraite qui, présente dans la nature, amènera la mort du prince, et qui, présente dans mon esprit, me montre la mort du prince.

1201. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Supposez un amas de fumier couvrant dix lieues carrées de terrain ; quel que soit l’homme auquel appartiendrait cet amas de fumier, cet homme serait un des princes de la terre aujourd’hui, et il aurait le droit de faire passer à un autre, fût-ce un scélérat couvert de crimes, sa puissance. […] Qu’un homme autrefois livrât son âme à l’avarice, cela n’en faisait pas légitimement un des princes de la terre.

1202. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

C’était le chambellan de l’art comme il l’aurait été d’un prince. […] Les expositions de peinture venaient de créer ce genre de critique qui a gardé son nom, — les Salons, — et Diderot écrivit les premiers pour le compte de la correspondance de Grimm, envoyée aux princes d’Allemagne.

1203. (1864) Le positivisme anglais. Étude sur Stuart Mill

C’est cette loi abstraite qui, présente dans la nature, amènera la mort du prince, et qui, présente dans mon esprit, me montre la mort du prince.

1204. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

Amédée Achard venait-il à dire de Jules Janin : « Voici que le prince de la critique, plus jeune et plus alerte que jamais, vient encore d’écrire de sa plume érudite et fine un roman qui…, un roman dont… etc., etc. » Aussitôt Villemessant inscrivait sur son grand livre : « Doit Jules Janin à Amédée Achard, pour article avec encens triple, un excellent compte rendu de son prochain ouvrage. » Quand Amédée Achard publiait quelque chose de nouveau, Villemessant ne manquait pas de rappeler à Jules Janin sa petite dette et, dès que celui-ci s’était exécuté en couvrant son créancier de fleurs de rhétorique, Villemessant ajoutait sur le gros registre : « Article d’Amédée Achard, remboursé intégralement aujourd’hui par Jules Janin. » Il paraît que ce petit commerce d’admiration mutuelle se faisait avec une régularité parfaite, et qu’il ne fut jamais nécessaire de recourir au ministère de l’huissier pour arracher un paiement arriéré. […] S’il vous conte le bonheur d’être prince, soyez certain qu’il vous donnera comme pendant le malheur d’être prince3. […] En ce temps-là, de même que la société était séparée en castes, les genres littéraires se divisaient en nobles et en roturiers ; l’épopée et la tragédie marchaient en tête comme des princes du sang ; l’oraison funèbre avait rang de cardinal ; l’ode et l’élégie suivaient fières et parées comme des ducs et pairs ; le sonnet était bon gentilhomme ; la comédie, quoique bourgeoise, avait par faveur ses entrées à la cour. […] Une autre fois, bien qu’il préfère le spectacle dans un fauteuil, il aura poussé jusqu’au Théâtre-Français, afin d’y voir Hamlet ; au retour une phrase murmure dans sa mémoire : « Bonsoir, aimable prince, et que des essaims d’anges bercent par leurs chants ton sommeil. » Il se la répète avec une étrange volupté, et il en fait le thème de variations fantaisistes, le refrain d’une espèce de ballade en prose toute à l’honneur du prince de Danemark.

1205. (1890) Le massacre des amazones pp. 2-265

Or l’obéissance, devoir d’après les préjugés actuels, mais qui, pour un prince d’alors, était avilissante, est aussi l’abandon de leur amour. — Jahel est une mère comme l’autre est une amoureuse. […] un salaud de prince allemand, — marié, s’il vous plaît ! […] Aussi « une larme mouille sa paupière, larme de remords, larme de honte, larme de prince enfin ! » Cette analyse chimique des larmes de prince me paraît définitive.

1206. (1884) Propos d’un entrepreneur de démolitions pp. -294

Le Balafré fut un ambitieux superbe et timide qui vautrait fort bien sa main de prince dans la main des plus sordides bourgeois de Paris et qui finit par se faire assassiner par un hermaphrodite. […] Barbey d’Aurevilly est un superbe sans ambition et sans timidité qui, d’un geste bienveillant de sa cravache armoriée, écarte de lui bourgeois et princes, parce que les uns et les autres manquent désormais de cette distinction dont il ne saurait se passer et que les plus naïfs mendiants du bon Dieu montrent encore quelquefois dans leurs guenilles. […] Je m’éteins comme un flambeau et je vais fumer longtemps sur une sale postérité. » Si Zola ou quelque autre prince de la crapule peut crever dans cette paix auguste, tout est perdu. […] Ce furent un prince et une princesse de Bourbon qui eurent le malheur de faire sa fortune.

1207. (1901) Figures et caractères

Il est l’historien de la Cour, en son Roi, ses Princes, ses deuils et ses fêtes, en son lieu, Versailles, qui en était comme la forme architecturale. […] Fresque terrible qu’il écrit à mesure sur la muraille du temps : rois, princes, prêtres, soldats y figurent, chacun peint en sa réalité violente ou fourbe. […] L’incognito est le délassement des princes. […] C’est ainsi que cette admirable tragédie romantique présente un premier chef-d’œuvre théâtral ; pour cela, il suffît de réduire le personnage d’Hamlet à ses rapports directs avec l’événement, de ne voir en lui qu’un jeune prince hésitant, faible et à qui incombe tout à coup le devoir inattendu d’intervenir dans une sombre histoire de palais ; mais pris ainsi, ne serait-ce pas, pour ainsi dire, un Hamlet sans Hamlet ? […] Nos Rois et nos Princes eurent les leurs, qui servent à les préciser dans nos mémoires.

1208. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ailleurs, le même potentat cherchant à séduire le même coupeur de bourses qu’il veut emmener à sa cour : Je te fais prince. […] Je te fais prince. […] Une quinquagénaire, non moins millionnaire, récemment abandonnée par un prince famélique avec lequel elle vivait publiquement depuis dix ans, se rencontre : À moi le veau d’or ! à lui, en effet, en justes noces, ces millions et cette ruine, épaves d’un prince : l’art de s’accommoder des restes. Il est nauséabond, ce jeune architecte, non moins répugnant, le prince, et vous voyez que toute notre estime va au vieil Astier-Réhu, au ridicule mais honnête et presque chevaleresque Petdeloup.

1209. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Aussi, tandis que M. de Lamartine, avec sa noble négligence, demeure, en public et sous le soleil, le prince aisé des poëtes, l’auteur de Chatterton, dans son cercle à part et du fond de ce sanctuaire à demi voilé, en est devenu le patron réel, le discret consolateur par son élégante et riche parole, attentif qu’on l’a vu, et dévoué et compatissant à toute poésie.

1210. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Auprès des princes, l’intérêt personnel est tellement éveillé, les mauvaises passions humaines sont si fréquemment en jeu, que, s’il nous fallait agir d’après nos sensations réelles et nos vraies émotions, nous donnerions à qui nous observe un triste spectacle.

1211. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Charles Labitte »

Voir ce qui est dit dans la Satyre même, ou du moins dans le Discours de l’imprimeur, contre les gens du lendemain : « J’en vois d’autres qui n’ont bougé de leurs maisons et de leurs aises, à déchirer le nom du roy et des princes du sang de France tant qu’ils ont pu, et qui, ne pouvant plus résister à la nécessité qui les pressoit, pour avoir eu deux ou trois jours devant la réduction de leur ville quelque bon soupir et sentiment de mieux faire, sont aujourd’hui néanmoins ceux qui parlent plus haut, etc., etc. » 236.

1212. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

. —  De même sous une tragédie du dix-septième siècle, il y a un poëte, un poëte comme Racine, par exemple, élégant, mesuré, courtisan, beau diseur, avec une perruque majestueuse et des souliers à rubans, monarchique et chrétien de cœur, « ayant reçu de Dieu la grâce de ne rougir en aucune compagnie, ni du roi, ni de l’Évangile  » ; habile à amuser le prince, à lui traduire en beau français « le gaulois d’Amyot », fort respectueux envers les grands, et sachant toujours, auprès d’eux, « se tenir à sa place », empressé et réservé à Marly comme à Versailles, au milieu des agréments réguliers d’une nature policée et décorative, parmi les révérences, les grâces, les manéges et les finesses des seigneurs brodés qui sont levés matin pour mériter une survivance, et des dames charmantes qui comptent sur leurs doigts les généalogies afin d’obtenir un tabouret.

1213. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Député de 1848 à 1851, il soutint la candidature de Louis Bonaparte contre Cavaignac : puis il se prononça contre le prince pour l’Assemblée et les institutions parlementaires.

1214. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Ajoutez que Mithridate a plusieurs fois la pensée de tuer ses fils, Racine a enregistré fidèlement les actes les plus significatifs que lui attribue l’histoire : a-t-il senti l’abîme creusé par ces faits et gestes entre le roi du Pont et un prince occidental du XVIIe siècle ?

1215. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

D’abord, averti par un flair déjà divin, le lecteur a su qu’il fallait lire, ce qui déjà est don de prince.

1216. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

Zaïre aime ; rien ne lui en fait un crime ; seule, sans appui, esclave d’un prince qui veut élever sa captive jusqu’à lui, son amour pour Orosmane est à la fois une passion et un bon sentiment.

1217. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Masabatès, l’eunuque favori du roi, se vantait d’avoir coupé la tête du jeune prince : elle propose à son fils une partie de dés, perd du premier coup mille dariques, demande sa revanche.

1218. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

Les hellénistes aventureux qui se hasardent à le traduire traitent ses tragédies comme les drogmans interprètent les discours des princes orientaux, qu’ils rapportent aux ambassadeurs, expurgés de leurs métaphores et dégonflés de leurs hyperboles.

1219. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Il faut vivre au jour le jour, renoncer à l’art pour faire du métier, et gâcher de petites poupées de plâtre pour les marchands de joujoux, tandis que l’on rêvait des colosses de marbre pour les princes et les demi-dieux de la terre.

1220. (1772) Éloge de Racine pp. -

Il dut à la libéralité de ce monarque une aisance qu’il est plus beau peut-être de ne devoir qu’à son travail, mais qu’il est doux d’obtenir de la renommée, de ses talens et de la bienveillance d’un grand prince.

1221. (1913) La Fontaine « I. sa vie. »

Songez jour et nuit que vous allez travailler désormais sous les yeux d’un prince qui s’informera du progrès que vous aurez fait dans le chemin de la vertu et qui ne vous considérera qu’en tant que vous y aspirerez de la bonne sorte.

1222. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

Charlatans, faiseurs d’horoscope, Quittez les cours des princes de l’Europe Emmenez avec vous les souffleurs5 tout d’un temps ; Vous ne méritez pas plus de foi que ces gens.

1223. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Mais quel triomphe pour un Stendhal d’avoir tellement séduit, par une exception presque unique et vraiment par « miracle », ce prince des intellectuels ! […] Elle souffre plus injustement qu’Anna, fille d’un prince, comblée par la fortune, presque uniquement victime de sa frivolité et de son manque d’intelligence ou de décision. […] Alors, précisément parce qu’elle est redevenue honnête, la Maslova refuse d’épouser le prince par égard pour lui, que ce mariage déclasserait et mettrait au ban de la société. […] À mes yeux ce prince de la jeunesse s’encanaillait. […] Bon prince, Gide ne saisit pas l’occasion de déclarer que c’est à peu près la même chose.

1224. (1895) Nouveaux essais sur la littérature contemporaine

Carde même qu’il ne suffit pas, pour être assez carthaginois, d’invoquer « Siv, Sivan, Tammouz, Eloul, Tischri, Schebar », il ne saurait non plus suffire, pour qu’un roman soit assez mondain, Qu’on n’y cite en parlant que duc, prince ou princesse ! […] Les raisons que Feuillet a eues de ne mettre que comtes et marquises en scène sont analogues, à celles qu’a eues jadis Racine, par exemple, de n’y mettre que des rois ou des impératrices, des sultanes et des princes, des Agrippine et des Néron, des Mithridate et des Roxane ; et, au seul point de vue de l’art, il en a presque tiré les mêmes avantages. […] Des alliances, des mariages, l’introduction des mœurs de cour, le luxe du harem, tout cela détacha les princes de l’ancien idéalisme, les détourna de la voie d’Israël, les rendit favorables aux pompes des cultes idolâtriques. […] Ce gros homme les entretenait volontiers de lui-même, étant, je crois, l’objet qui l’intéressait le plus au monde ; et comme il en parlait, sinon sans quelque vanité, du moins avec rondeur, — vous vous rappelez, messieurs, qu’il avait trouvé le rare secret de joindre ensemble la rondeur et la préciosité, — on le lisait… Je préfère, pour ma part, à la capricieuse exubérance du « prince des critiques » la discrétion de M. 

1225. (1881) Le naturalisme au théatre

Et ils affectent un sourire de bons princes, ils louent jusqu’aux vaudevilles ineptes, ils n’ont que le souci de pomponner leurs phrases pour se faire à eux mêmes un joli succès. […] Mais le point sur lequel je veux surtout insister est que, désormais, les gens du monde devront avoir pour les simples écrivains quelque respect ; car, si j’ai vu parfois des écrivains ressembler à des princes dans un salon, je n’ai jamais vu un homme du monde qui ne se rendît parfaitement ridicule, en écrivant un roman ou une pièce de théâtre.

1226. (1896) Études et portraits littéraires

Il nous plaît pourtant d’apprendre quelques détails sur ces Demotz dont elle est issue : « Vieille famille de robe, lignée de belle venue, craignant Dieu, aimant le prince et servant la patrie ; l’aîné entrait généralement dans la magistrature ; les cadets allaient à l’année, au clergé ou dans quelque abbaye ». […] Ainsi, en février 1775, pour fêter la venue du Roi et l’annonce du futur mariage du prince royal, Ια bourgeoisie donne un bal. […] Ils en rapportèrent un tout illustré ; des notes prises, au pied levé, sur le « vif des êtres ou le calque des choses » : princes de l’Église, grands-ducs et lazzaroni, solennités religieuses et cohues de carnaval, palais, musées, masures, immondices de ghetto… Et, çà et là, des blancs laissés s’étaient couverts de croquis à la mine de plomb ou d’aquarelles, comme ce spirituel et éclatant Stenterello qui enlumine si bien la couverture. […] Traitants du siècle dernier, traitants de la Rome impériale, ce sont races pareilles, produits de décadence, princes d’argent, corrompus de mœurs, affinés d’esprit, patrons des lettres et des arts licencieux.

1227. (1930) Le roman français pp. 1-197

Ce même curé de Versailles ne dissimule pas grand-chose du « corydonisme » d’une partie de la Cour, à commencer par Monsieur, frère du Roi, ce que, du reste, nous savions déjà : mais ce vénérable ecclésiastique nous révèle que ce prince avait beaucoup d’imitateurs. […] Marcel Proust … Un enfant délicieux, gâté — délicieux quoique gâté — toujours malade et toujours surnaturellement agile d’esprit et même de corps, un petit prince des contes de fées qui n’avait qu’à peine l’air d’être de ce monde, mais qui fut — et trop — « du monde » ; né dans la bourgeoisie, mais une bourgeoisie presque trop riche, d’une mère qui lisait Mme de Sévigné et en savait les lettres presque par cœur, d’un père, médecin illustre, qui avait du sang israélite dans les veines ; impérieusement doux, faisant on ne sait comment fléchir toutes les volontés devant ses volontés, qui étaient changeantes — sauf celle « d’écrire » et d’être « un grand écrivain » ; malicieux sans malignité, désireux, comme une femme, de plaire ; plaisant, en effet, à tout le monde ; mais à la fois avec l’égoïsme d’un enfant qui, étant artiste (un grand nombre de vrais artistes restent toujours enfants), veut se servir de ce don de plaire pour son art, et avec la patiente ingéniosité d’un médecin psychiâtre qui flatte et enjôle pour, à la fin, sortir avec une « fiche » originale sur un cas nouveau. […] Et là, avec sa petite canne, il n’est que fourrures et dentelles, comme jamais prince n’a eues. […] Cet air « prince », cette volonté capricieuse et incantatrice, cette agilité intellectuelle et physique, ce besoin d’être servi, d’où résulte une familiarité singulière avec les domestiques, ses insomnies, le génie unique dont il est doué pour noter les moindres conversations en les déformant : car il est évident que jamais « chambrière » ou « coursière », comme il signale qu’on dit en cet hôtel provincial, n’a parlé ainsi, bien qu’il note que les frères de ses deux femmes ont épousé, l’un la nièce de l’archevêque de Tours, l’autre une parente de l’évêque de Rodez.

1228. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

Il est spécialement et magnifiquement protégé, rémunéré ; il prime tout : il a de droit ses représentants des plus dignes, — les plus élevés en dignité, — les princes français de l’Église, au sein et à la tête de ce Sénat même.

1229. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIe entretien. Socrate et Platon. Philosophie grecque. Deuxième partie. » pp. 225-303

Libre, sauvage et indomptée dans ses forêts de la Gaule, sacerdotale sous ses druides, chevaleresque sous ses Francs, féodale sous ses chefs militaires, municipale sous ses communes, monarchique sous ses rois, représentative sous ses états généraux, conquérante sous ses princes ambitieux, artistique sous ses Valois, fanatique sous ses ligueurs, anarchique dans ses dissensions religieuses, unitaire sous ses Richelieu et sous ses Louis XIV, agricole sous ses Sully, industrielle sous ses Colbert, lettrée sous ses Corneille et ses Racine, théocratique sous ses Bossuet, philosophe et incrédule sous ses Voltaire, réformatrice et révolutionnaire sous ses Fénelon et ses J.

1230. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Son avènement fut tardif ; Bacchus est le dernier venu dans la grande famille de l’Olympe, Il y arrive en retard comme un prince aviné qui se fait attendre au banquet royal où il est convié.

1231. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1876 » pp. 252-303

Le prince, c’est le type du Chinois avec les yeux remontés, la bouche à grosses lèvres, la face enfantinement sourieuse : tout cela sous une raie au milieu de la tête, la raie du gandin parisien.

1232. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Ce poète sera du retour des Princes.

1233. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Là Hamlet… ferait plutôt l’effet d’un camaldule que d’un prince héritier du Danemark.

1234. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « H. Forneron » pp. 149-199

Rien de plus honteux, de plus pusillanime, de plus hypocrite que l’attitude gardée des royautés européennes vis-à-vis de la France révolutionnaire, vis-à-vis de l’Émigration abandonnée, traitée comme une pauvresse importune, vis-à-vis des princes exilés, à qui on aumônait à peine la pierre qu’il leur fallait pour reposer leurs têtes proscrites.

1235. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Edmond et Jules de Goncourt »

Tout au plus l’a-t-il achevé, a-t-il donné la dernière main à l’importance de cette précieuse créature des classes moyennes, dont il a fini, le pauvre Louis-Philippe, très prince de nature mais qui aurait voulu s’embourgeoiser lui-même, par désespérer !

1236. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Voici, deux confidents qui discutent entre eux s’ils exécuteront un meurtre que leur prince vient de leur commander : SYLLAR En dédisant son Roi, quelque juste apparence Que puisse prendre un peuple, il commet une offense. […] Deux hommes, deux princes, deux frères, Antiochus et Séleucus, sont entre deux femmes, dont ils veulent tous deux épouser l’une, Rodogune, princesse des Parthes, et dont l’autre, Cléopâtre, reine de Syrie, est leur mère. […] C’était plaisir de prince que d’y voir s’opposer la bravoure du maître à la couardise du valet… Mais je vais plus loin, et quelque étrange que le mot puisse paraître en songeant à Scarron, je dis que cette littérature était idéaliste, en ce sens que, burlesque ou précieuse, dans la tragédie ou dans la comédie, pour divertir ou pour émouvoir, son principe ou, si vous l’aimez mieux, son moyen était en tout de commencer par déformer une réalité dont elle n’était pas tant l’expression que l’exagération ou la caricature. […] Enfin, au signal donné par Louis XIV, les conditions commençaient à se mêler davantage ; l’homme de lettres s’émancipait de la protection des financiers ou des grands seigneurs pour passer sous celle du prince ; et pour être « du monde », quand on était Boileau, quand on était Racine, il allait suffire bientôt de le vouloir. […] Il voulait rendre le prince complice de ses hardiesses.

1237. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

S’ils sont datés, comme le sont, par exemple, les chartes émanées de la chancellerie d’un prince, on aura pris soin de placer en tête de chaque fiche la date (ramenée au comput moderne) du document qui s’y trouve inscrit. […] L’Angleterre au xvie  siècle a changé trois fois de religion par la mort d’un prince (Henri, Édouard, Marie). […] Il faudra distinguer ces différences, sous peine d’expliquer les actes des artistes et des savants par les croyances et les habitudes de leur prince ou de leurs fournisseurs. […] Pour eux aussi l’histoire a été un art littéraire à tendances apologétiques ou à prétentions didactiques, trop souvent, en Italie, un moyen de gagner la faveur des princes et un thème à déclamations. […] On enseignait jadis l’histoire aux fils des rois et des grands personnages, pour les préparer à l’art du gouvernement, suivant la tradition antique ; mais c’était une science sacrée, réservée aux futurs maîtres des États, une science de princes, non une science de sujets.

1238. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Cela n’est point à démontrer pour Phèdre : mais Roxane, qui n’a jamais parlé à Bajazet, croyez-vous que ce soit l’âme de ce jeune prince qu’elle considère ? […] Seulement ce gros bébé à la voix sonore est quelque peu alcoolique ; il est d’un vieux sang d’autocrates, prince et futur roi ; et de là, dans son caractère, quelques complications apparentes. […] Elle pleure ; il se met à pleurer aussi, se remonte avec un grog, raconte combien c’est ennuyeux d’être de sang royal ; et elle, touchée par la sincérité et la sensibilité de ce gros enfant, qui est tout de même un prince, se laisse prendre les mains. […] Mais la reine a une idée : elle ira elle-même, et avant que Néra n’ait jasé, confesser à Prétextât le nouveau crime qu’elle médite et les apprêts du meurtre de Mérovée ; et l’évêque, lié par le secret de la confession sacramentelle, ne pourra pas avertir le prince.

1239. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [1] Rapport pp. -218

Ici, il faut se borner à nommer, bien qu’il soit grand parmi les grands primitifs, l’auteur de Tristan, de Lancelot, de Perceval, ce Chrestien de Troyes, prince français de la littérature arthurienne si longtemps gâtée par l’imitation allemande, mais qu’a restaurée le génie de Richard Wagner, ce Chrestien de Troyes, à qui, sans le savoir, Racine a dû de trouver dans Scudéry l’un de ses vers les plus fameux ; et, après avoir cité Lambert li Tors et Alexandre de Bernay, en l’honneur de l’alexandrin, que d’ailleurs ils n’inventèrent pas, — il est bien plus ancien qu’eux !  […] Ronsard fut un des princes de l’ode et un des rois de l’odelette. Il ne fut ni roi ni prince de son pays. […] Après tant de siècles où, çà et là, par d’héroïques chefs, par des vierges pieuses ou guerrières et par des épouses qui défendent la ville, par des soulèvements d’instincts populaires, par des ministres visionnaires de l’avenir et des princes obéissants, par des gloires, par des désastres, par des luxes et des misères, elle avait tendu de tous les points espacés d’elle-même, de toutes ses communautés d’origine, de toutes ses différences de races, de toutes ses multiplicités encore éparses, vers un groupement non moins vaste que la dispersion de naguère, mais de plus en plus dense, de plus en plus strict, de plus en plus solide, — ainsi des alluvions formeraient des îles, des îles s’aggloméreraient en continents, des continents s’agrégeraient en un seul monde, — il apparut que, innombrable et une, elle était elle enfin, elle, la France ! […] Il s’apitoie comme un prince donne sa main à baiser.

1240. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

On regarde du côté des grands et des princes, Quaerit opes et amicitias, inservit honori ; on cherche les honneurs et les honoraires, au lieu de ne songer qu’à l’honneur, comme on avait fait jusque-là. […] Soit qu’il élève les trônes, soit qu’il les abaisse, soit qu’il communique sa puissance aux princes, soit qu’il la retire à lui-même et ne leur laisse que leur propre faiblesse, il leur apprend leurs devoirs d’une manière souveraine et digne de lui. […] « Je déclare que je suis, dit-il, et que j’ai toujours été du sentiment, premièrement, que les princes peuvent contraindre par des lois pénales tous les hérétiques à se conformer à la profession et aux pratiques de l’Église catholique ; deuxièmement, que cette doctrine doit passer pour constante dans l’Église, qui non seulement a suivi, mais encore demandé de semblables ordonnances des princes… » Et un peu plus loin : « N’aurait-on pas raison de réduire par de petites amendes ces gens-là, qui ne se conduisent que par leur intérêt ; non pas précisément parce qu’ils n’assistent pas à la messe, mais parce qu’ils ne pratiquent pas les exercices de la religion catholique ? […] M. de Beauvilliers me témoignait mille bontés chez les princes, dont il était gouverneur, et me promit de demander au roi les gouvernements de mon père en ouvrant son rideau. […] quand nous ne saurions pas qui était Bontemps, c’est-à-dire le premier valet de chambre de Louis XIV, ni de quels princes M. de Beauvilliers était gouverneur, ni que cette tribune dont on parle était celle de la chapelle de Versailles, et cette galerie, celle des Glaces ; quand nous ne saurions pas tout cela, est-ce que ce petit passage ne suffirait pas à nous révéler un autre courtisan, très ambitieux, très sec, très peu chargé de sensibilité filiale ?

1241. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

ce sont des hommes de grande vie que ces princes de l’intelligence, et quand ils sont remuants comme l’était celui-ci, il ne fait pas bon être leur voisin ; ils empiètent à chaque instant sur vous. […] — Lorsqu’il arrivait à de Vigny de parler de la grande fortune de sa famille ruinée par la Révolution, sa mère l’interrompait en lui disant : « Mais, Alfred, tu oublies qu’avant la Révolution nous n’avions rien. » — De Vigny a demandé à l’empereur à Compiègne, devant témoins, d’être le professeur qui apprendrait à lire au prince impérial, alors tout enfant.

1242. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre sixième »

Quand Marini, quittant la France, pour aller jouir de sa gloire dans sa patrie, recevait sur son chemin des honneurs qu’on ne rend qu’aux princes, voyait les villes lui ériger des statues, et leurs plus nobles habitants se disputer à qui l’aurait pour hôte, la France lettrée s’associait d’esprit à un enthousiasme dont le retentissement arrivait jusqu’à ses oreilles. […] Il se mêla d’une affaire qui déplaisait à son maître, et il perdit les bonnes grâces du prince, qui le frappa, dit-on, avec des pincettes.

1243. (1933) De mon temps…

Dans l’émouvant et charmant livre qu’elle avait intitulé Le Livre de ma vie, elle nous a conté son enfance, soit à Paris, soit dans la villa d’Amphion où ses parents, le prince et la princesse de Brancovan, venaient goûter les charmes des beaux étés et des doux automnes du Léman. […] Ce don d’un prince de l’esprit, Méry Laurent l’estima-t-elle à son exacte valeur ?

1244. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

De simple gentilhomme de campagne devenu chef de bandes, de général roi par la grâce de 20 000 bandits intrépides et pillards, il est parvenu à soumettre à son joug toute la confédération des princes sykes, jadis ses égaux, et une partie considérable de l’ancien royaume de Caboul. […] Voyez plutôt : « La mère d’une nichée de petits rajahs (princes) montagnards vient de mourir, écrit Jacquemont, en laissant neuf lacs de roupies (2 millions 250 000 fr.) ; les enfants se battent pour l’héritage ; et Runjet-Sing vient d’envoyer M. 

1245. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Nous avons sous les yeux un ouvrage de cette dernière espèce, intitulé : la défaite du Solécisme par Despautère, représentée plusieurs fois dans un collège de Paris : le chevalier Prétérit, le chevalier Supin, le marquis des Conjugaisons, et d’autres personnages de la même trempe, sont les lieutenants-généraux de Despautère, auquel deux grands princes, Solécisme et Barbarisme, déclarent une guerre mortelle. […] Ces fades harangueurs peuvent se convaincre par la lecture réfléchie des sermons de Massillon, surtout de ceux qu’on appelle le Petit-Carême, combien la véritable éloquence de la chaire est opposée à l’affectation du style ; nous ne citerons ici que le sermon qui a pour titre de l’Humanité des Grands, modèle le plus parfait que nous connaissions en ce genre ; discours plein de vérité, de simplicité et de noblesse, que les princes devraient lire sans cesse pour se former le cœur, et les orateurs chrétiens pour se former le goût.

1246. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

On n’entend rien aux admirables histoires de Joinville si l’on ne considère point d’abord que le saint roi est un baron français, Louis de Poissy et nous autres nous pourrons peut-être dire Louis de Paris, baron de l’Île de France et du pays parisis, prince des barons, prince des chevaliers. […] Polyeucte marche avec saint Louis et c’est un prince et un roi et c’est un cortège royal. […] Jésus est le plus grand saint, et le prince et le premier des saints. […]   Les Évangiles sont les princes des Procès, de Polyeucte et de Joinville.

1247. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Le vicaire même du Roi universel la déconseille à nos Français, et les princes, s’abandonnant à l’esprit d’ignorance et de plaisir, en conservent une notion guère moins pure que celle des sujets. […] Elle écrivait tranquillement : « Tant de rares qualités l’avaient fait rechercher par le prince le plus brave et le mieux fait qui fût à Troie. » « Ne croirait-on pas, dit Egger, lire quelque page de la Clélie ? […] « On ne voit dans Télémaque, dit-il, que des princes comparés à des bergers, à des taureaux, à des lions, à des loups avides de carnage. […]   Prenons cette antithèse de Montaigne : Les princes me donnent beaucoup, s’ils ne m’ôtent rien, et me font assez de bien, quand ils ne me font point de mal. […] Voici comment est résumé celui de Galba : « Plus fortuné sujet qu’heureux prince ; plutôt sans vices que vertueux ; au-dessus de la condition privée, tant qu’il y resta ; et, au jugement de tout le monde, capable d’être empereur, s’il ne l’eût été. » On cite aussi le portrait de Catilina, uniquement composé d’antithèses, dans le discours de Cicéron Pro Cœlio.

1248. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Balzac a fait un livre curieux sur la démarche, on admettra bien que Balzac, comme sentiment, comme observation, vaut n’importe quel peintre actuel, je pense ; à chaque instant Balzac y parle de noblesse d’allures, les princes se reconnaissent sous l’habit moderne, les maçons sont vigoureux et solides sous la blouse, le niveau n’a pas passé sur tout le monde ; il y a des quantités de portraits de Van Dyck, où les vêtements sont noirs et de ligne peu harmonieuse, mais est-ce donc d’architecture ou de céramique qu’il s’agit ici ? […] Pour faire le roman historique, voici le procédé ordinaire : on collationne un certain nombre de duels, d’orgies, de batailles, d’enlèvements ; on a un traître, un vertueux, un sacripant, un imbécile, une ingénue, une lorette ; on habille ses personnages en mousquetaires, en mignons, en rois, en princes, en ducs, en hôtelières, en duchesses, et on les fait manœuvrer le plus obscurément, le plus étrangement possible, seulement on ajoute la couleur locale ; on prend quelques gravures du temps, on en décrit scrupuleusement les costumes, on met dans la bouche de ses héros quelques jurons historiques, et le tour est fait. […] Le prince, mécontent de son fils en qui il soupçonne de la passion pour la Manimonbanda (c’est le nom de la sultane reine), est homme à tirer de tous les deux la vengeance la plus cruelle.

1249. (1899) Arabesques pp. 1-223

Il a été proclamé l’auteur des plus beaux vers réguliers du siècle, prince des poètes, porte-drapeau et chef incontesté de l’école symboliste. […] Ce fut un défilé de Beaux-Ténébreux et de Princes Charmants, d’Hertulies, d’Imogènes et de Phénissas : un moyen âge poussiéreux, fardé, rance à faire vomir. […] Les rayons du soleil, qui trouent les volutes de la brume, semblent des flèches d’or dardées contre les princes d’un empire de la paresse.

1250. (1932) Les idées politiques de la France

La production étendue et organisée, la mise en valeur des richesses naturelles, les standards, les hauts salaires, les écluses ouvertes à la puissance d’achat, les destinées promises par là à des rois de l’industrie et des affaires, succédant aux empires détruits, aux princes romantiques des lettres et de l’esprit, voilà qui a aimanté dix ans un vaste champ d’idées. […] Léon Blum porte de l’autre côté des Alpes le regard que nos princes lorrains et leur suite jettent de l’autre côté du Rhin (mais la dictature n’a-t-elle pas autant de chances que le parlementarisme de revenir à sa première direction socialiste). […] Narbonne a remplacé Albi ; un albigisme normalien l’emporterait-il sur le lotharingisme des Princes ?

1251. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Conclusion. Le passé et le présent. » pp. 424-475

L’Allemand théologien et féodal se cantonne docilement, fidèlement sous ses petits princes, par patience naturelle et par loyauté héréditaire, occupé de sa femme et de son ménage, content d’avoir conquis la liberté religieuse, attardé par la lourdeur de son tempérament dans la grosse vie corporelle, et dans le respect inerte de l’ordre établi.

1252. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLVIIIe entretien. Littérature latine. Horace (2e partie) » pp. 411-480

Nous avons eu en France, à la fin de Louis XIV et sous la Régence, une société spirituelle, licencieuse et poétique, tout à fait semblable à la société que fréquentait Horace en ce temps-là : c’était celle où chantait Chaulieu, où versifiait La Fare, où naissait Voltaire, ce qu’on appelait la société du Temple, parce qu’elle se réunissait au Temple chez les princes et chez les prieurs de Vendôme, ces Mécènes corrompus du siècle, et dont l’abbé de Chaulieu était véritablement l’Horace.

1253. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

On éprouve un certain déplaisir à voir un lionceau, devenu plus tard un lion, jeter gratuitement le sarcasme et le rire malséants sur les malheurs et les vieillesses des princes qui protégèrent son enfance.

1254. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

Quel est celui qui s’élève semblable au fils d’un roi, et qui porte sur le front d’un petit enfant la couronne fermée d’un prince souverain ?

1255. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre III. Molière »

Ainsi, dans sa comédie des Esprits, Larivey n’a vu Plaute qu’à travers Lorenzino de Médicis, et la fusion de l’Aululaire et de la Mostellaria s’est offerte à lui toute faite dans l’Aridosio du prince florentin.

1256. (1831) Discours aux artistes. De la poésie de notre époque pp. 60-88

Goethe cependant l’avait précédé de bien des années ; mais Goethe, dans une vie plus calme, se fit une religion de l’art, et l’auteur de Werther et de Faust, devenu un demi-dieu pour l’Allemagne, honoré des faveurs des princes, visité par les philosophes, encensé par les poètes, par les musiciens, par les peintres, par tout le monde, disparut pour laisser voir un grand artiste qui paraissait heureux, et qui, dans toute la plénitude de sa vie, au lieu de reproduire la pensée de son siècle, s’amusait à chercher curieusement l’inspiration des âges écoulés ; tandis que Byron, aux prises avec les ardentes passions de son cœur et les doutes effrayants de son esprit, en butte à la morale pédante de l’aristocratie et du protestantisme de son pays, blessé dans ses affections les plus intimes, exilé de son île, parce que son île antilibérale, antiphilosophique, antipoétique, ne pouvait ni l’estimer comme homme, ni le comprendre comme poète, menant sa vie errante de pays en pays, cherchant le souvenir des ruines, voulant vivre de lumière, de lumière éclatante, et se rejetant dans la nature comme autrefois Rousseau, fut franchement philosophe toute sa vie, ennemi des prêtres, censeur des aristocrates, admirateur de Voltaire et de Napoléon ; toujours actif, toujours en tête de son siècle, mais toujours malheureux, agité comme d’une tempête perpétuelle, en sorte qu’en lui l’homme et le poète se confondent, que sa vie intime répond à ses ouvrages ; ce qui fait de lui le type de la poésie de notre âge.

1257. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Il dit de saint Charles Borromée : « Dieu l’autorisa… par son illustre naissance parmi les honnêtes gens du monde, par sa dignité de cardinal parmi les ecclésiastiques et les princes, par ses grandes richesses parmi les pauvres, par sa haute piété parmi les bons, par ses humiliations parmi les pécheurs… » Et plus loin : « Il lui donna une force d’esprit extraordinaire pour entreprendre de graves choses ; une constance immobile pour les exécuter et les achever ; une charité ardente et généreuse pour marcher sans crainte parmi la peste, parmi les torrents ; une vigueur de corps infatigable pour visiter incessamment son diocèse ; une humilité de pénitent public pour confondre l’impénitence publique ; enfin, toutes les qualités divines et héroïques nécessaires à un évêque pour réformer les désordres de l’Église, et pour abolir cet abus si déplorable des confessions imparfaites, des absolutions précipitées, des satisfactions vaines, et des communions sacrilèges. » 70.

1258. (1896) Les origines du romantisme : étude critique sur la période révolutionnaire pp. 577-607

Un romantique qui fut un « prince de la critique », Jules Janin, sans être hué et tué par le ridicule, devait donner une contrepartie morale et sentimentale au Neveu de Rameau.

1259. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre V. Des orateurs anciens et Modernes. » pp. 223-293

Quoique cet Empereur fût un grand prince, digne de tous les prix de la vertu, quoique Pline ne le flâte pas dans tout le bien qu’il en dit, cependant son Panégyrique intéresse peu.

1260. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Forcée de quitter Paris, elle se dirigea aussitôt vers l’Allemagne, s’exerça à lire, à entendre l’allemand ; visita Weimar et Berlin, connut Goëthe et les princes de Prusse. […] Elle avait vu Louis XVIII en Angleterre : « Nous aurons, annonçait-elle alors à un ami, un roi très-favorable à la littérature. » Elle se sentait du goût pour ce prince, dont les opinions modérées lui rappelaient quelques-unes de celles de son père.

1261. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Les Argonautes, dans les derniers jours de leur navigation, ont par bonheur rencontré de jeunes princes petits-fils d’Éétès et fils d’une de ses filles, lesquels, de leur côté, étaient partis un peu aventureusement pour aller en Grèce, car ils sont Grecs par leur père Phrixus ; avec le secours de ces auxiliaires précieux qu’ils ont sauvés du naufrage et qu’ils ramènent avec eux, les héros et Jason, leur chef, espèrent s’insinuer auprès d’Éétès et trouver jour à leur entreprise.

1262. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Au bout du volume était une prétendue lettre de Marc-Aurèle, inventée par Guevara, chapelain de Charles-Quint, dans un livre d’enseignements moraux qu’il avait intitulé l’Horloge du prince.

1263. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIIIe entretien. Vie et œuvres du comte de Maistre (2e partie) » pp. 5-80

Il tient ce préjugé un peu déplacé et un peu insolent de son séjour à Chambéry, où l’anoblissement d’hier par la fonction ou par la faveur du prince établit une distance infranchissable entre la noblesse et la bourgeoisie.

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