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1266. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Conclusion. »

La plupart des gouvernements sont vindicatifs, parce qu’ils craignent, parce qu’ils n’osent être cléments ; vous, qui n’avez rien à redouter, vous, qui devez avoir pour vous la philosophie et la victoire, soulagez toutes les infortunes véritables, toutes celles qui sont vraiment dignes de pitié ; la douleur qui accuse, est toujours écoutée ; la douleur a raison contre les vainqueurs du monde ; que veut-on, en effet, du génie, des succès, de la liberté, des républiques, qu’en veut-on, quelques peines de moins, quelques espérances de plus ?

1267. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXe Entretien. Souvenirs de jeunesse. La marquise de Raigecourt »

C’était vraiment la chapelle privée d’un futur cardinal.

1268. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre III. Poésie érudite et artistique (depuis 1550) — Chapitre II. Les tempéraments »

Mais si l’on veut être juste envers la Pléiade, on se souviendra qu’avant le romantisme, Ronsard est en somme notre plus certain lyrique ; en second lieu, qu’il est à peu près notre unique lyrique qui ait cherché son inspiration hors de la religion, hors même des faits historiques et de l’héroïsme, le seul qui ait tâché de tirer son œuvre des sources intimes du tempérament ; enfin, que Ronsard, c’est vraiment la première ébauche et la période, si l’on peut dire, préhistorique du classicisme : qu’alors dans la langue, dans la poésie, apparaissent une multitude de formes dont quelques-unes survivront, et deviendront les types parfaits, et stables pour un temps, de la poésie.

1269. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Les deux Tartuffe. » pp. 338-363

Et, en même temps, il nous a montré un scélérat si élégant, d’une pâleur si distinguée dans son costume noir, si spécial par l’ironie sacrilège qu’il mêle à ses discours, que, si Elmire lui résiste, ce ne peut plus être chez elle dégoût et répugnance, et que, vraiment, en supposant cette jeune femme un rien curieuse, et de tempérament moins paisible, on aurait presque lieu de trembler pour elle… Oh !

1270. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IX. Inquiets et mystiques » pp. 111-135

Or, vraiment, ces néosalvationnistes ont l’enthousiasme exubérant.

1271. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. James Mill — Chapitre I : Sensations et idées. »

« Le fait de se rappeler, c’est-à-dire d’avoir une idée combinée avec la croyance que la sensation correspondante a été actuellement sentie par moi, cela semble être le fait vraiment élémentaire du moi, l’origine et la base de cette idée. » Nous passons maintenant aux opérations qui nous donnent les notions abstraites et générales : la classification et l’abstraction.

1272. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

En fait de classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands : demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels et perpétuellement florissants.

1273. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

Ceux-ci ont consigné leurs regrets dans maintes pièces de vers qui nous peignent au vif Marie Stuart à cette heure décisive, la première heure vraiment douloureuse de sa vie.

1274. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Cette page est vraiment juste, elle est simple et belle, et, puisque je suis en train de découpures, je la donnerai : Malheureux prince (est censé lui dire Henri IV), le plus semblable à moi des petits-fils de ma race, tu avais en toi-même tout ce qui fait les grands hommes, et tu t’en es servi pour accomplir les plus grands vices.

1275. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « L’abbé Barthélemy. — II. (Fin.) » pp. 206-223

L’abbé Barthélemy, en introduisant et en faisant parler constamment un personnage du passé, se retranchait la ressource des considérations modernes et vraiment politiques ; mais, eût-il parlé en son propre nom, il se les fût également interdites : elles n’entraient pas dans la nature de son esprit.

1276. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre III. Le Bovarysme des individus »

Car le snob ne se risque pas à discourir ; son grand art, où quelques-uns vraiment excellent, est de composer et parer son silence ; toute la science de son jeu est de ne point s’expliquer, de s’en tenir à une attitude, à une expression, à un geste, tout au plus à quelque adjectif.

1277. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse psychologique »

Entre des résultats de ce genre et ceux que doit nous présenter une étude vraiment approfondie, il existe toute la différence qui sépare les définitions usuelles, de celles que donne la géométrie ou toute autre science.

1278. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre III : La science — Chapitre I : De la méthode en général »

Claude Bernard, dans son livre, propose de fonder une médecine vraiment scientifique sur la physiologie expérimentale.

1279. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

., au moyen desquels on parvient à faire sortir le ridicule d’un vice quelconque, si le sujet est vraiment comique, ou à développer, divers sentiments du cœur, si le sujet n’est pas véritablement comique.

1280. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Paragraphe sur la composition ou j’espère que j’en parlerai » pp. 54-69

Il s’agit vraiment bien de meubler sa toile de figures !

1281. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Du Rameau » pp. 288-298

Sa position est naturelle ; elle regarde son gros joufflu d’enfant avec une complaisance vraiment maternelle.

1282. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Préface de la seconde édition »

Il déplaît à l’homme de renoncer au pouvoir illimité qu’il s’est si longtemps attribué sur l’ordre social, et, d’autre part, il lui semble que, s’il existe vraiment des forces collectives, il est nécessairement condamné à les subir sans pouvoir les modifier.

1283. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Joad, traversant le théâtre pour venir au-devant d’Abner, doit parler, doit avoir parlé pour qu’on lui réponde « oui », et, ne provoquant ce « oui » que par un geste, est un peu étrange et il semble avoir une extinction de voix ; ou semble être étourdi par la surprise et il n’y a vraiment pas lieu.

1284. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Maurice Rollinat »

Rollinat, on a beaucoup écrit sur lui et sur son livre, mais l’a-t-on vraiment jugé ?

1285. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Gustave Droz » pp. 189-211

Exemple encore : toutes les figures secondaires de cette œuvre, où la Comédie, malgré le Drame, est en dominance, et entre autres cette excellente tête du baron Claudius, cette figure si moderne, qui fait de la haute politique en s’occupant d’assiettes cassées et parle de transformations sociales en cherchant de vieux pots… C’est vraiment parfait ; nous l’avons tous rencontré, ce fantoche.

1286. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Hippolyte Babou »

… Pourquoi ces lettres, qui sont vraiment des Lettres satiriques dans tout le vif, et, disons le aussi, le capricieux du mot, ajoutent-elles à leur titre, qui est loyal et hardi, l’épithète rougissante de critiques, qui a l’air d’un repentir (déjà), ou d’une petite réserve ou d’une petite peur ?

1287. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Cela ne peut vraiment choquer les gens de goût, et le souffle poétique, loin d’en être diminué, y peut trouver matière à un élan que la torture des rimes entrave quelquefois.

1288. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXII. »

La réponse est partout, depuis la chanson d’amour vraiment lyrique de Marlowe, cet Eschyle anglais, jusqu’aux chœurs des derniers élèves de Shakspeare.

1289. (1894) Dégénérescence. Fin de siècle, le mysticisme. L’égotisme, le réalisme, le vingtième siècle

car qu’est-ce qui nous accompagne, Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ? […] Dans une pièce vraiment charmante de Sagesse, on trouve ceci : Le ciel est, par-dessus le toit, Si bleu, si calme ! […] La malle-poste a renversé la vieille croix au bord de la route ; Elle était vraiment si pourrie, en outre.

1290. (1906) L’anticléricalisme pp. 2-381

Oui, c’est vraiment un devoir pour l’homme cultivé de faire cet effort et cet essai. […] Non, on ne peut vraiment rien savoir et l’on ne peut honnêtement rien affirmer sur les idées et sentiments religieux de Molière. […] Mais là n’était pas vraiment la question. […] Le suffrage universel n’est vraiment démocratique qu’à la condition d’être brutal. […] Car on n’a une idée, on ne la possède vraiment, on ne la voit avec clarté, que quand on a fait le tour de toutes les idées et quand on en a choisi une.

1291. (1923) Nouvelles études et autres figures

Renan éprouve une vive sympathie pour ce prince « que son insatiable curiosité, son esprit analytique, ses connaissances vraiment surprenantes, devraient rapprocher de cette race ingénieuse qui représentait à ses yeux la liberté de penser, la science rationnelle ». […] Mais l’aima-t-elle vraiment ? […] « Il crut vraiment que sa philosophie recevait de la divinité même une solennelle consécration. » — Supposez un instant que Hugo ait soutenu la politique de Joseph de Maistre : vous entendez d’ici les éclats de rire des pontifes et des enfants de chœur de la démocratie qui ont fait de lui leur idole ! […] Cette idée qui lui avait dicté ses premiers vers vraiment émus, — la fin des Soleils couchants dans les Feuilles d’automne, — jamais encore il ne l’avait rendue avec cette puissance de visionnaire ou d’halluciné. […] Les Maîtres d’autrefois demeurent le seul livre de critique d’art accepté des peintres, le seul où, selon sa propre expression, « les peintres reconnaissent leurs habitudes », et le premier où les gens du monde ont vraiment appris à mieux connaître les peintres et la peinture.

1292. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

Oui vraiment, à moi, ou, si vous aimez mieux à ce qu’il y a en moi de l’homme de tous les temps. […] — Non, vraiment, me dit-il en souriant, et de ce côté-là, le coup d’État ne m’est pas désagréable. […] — Non, vraiment, dit le comte, l’article passera tel qu’il est. […] C’était son neveu Hippolyte Royer-Collard, vraiment de sa famille, quoiqu’il n’y parût guère à son humeur et à sa manière de vivre. […] Vraiment non ; et je m’étonne qu’ils s’y méprennent.

1293. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Le lieu vraiment maître du pays, ce n’était pas la ville, c’était la résidence du grand seigneur. […] D’instinct, il braconne, hait les gardes, aime les filles ; il fait vraiment partie de la forêt, comme les arbres, comme les plantes, comme les biches et ne raisonne guère plus qu’eux. […] N’importe, le livre nous vaut des peintures d’une énergie fauve vraiment saisissante et les pages consacrées au monde des débardeurs comme celles qui évoquent une séance de la Bourse comptent parmi les plus audacieuses que Georges Eekhoud ait écrites. […] Elle ne peut vraiment se comparer à rien86, ni à une peinture de Botticelli, ni à une symphonie ; elle est bien un peu tout cela, mais surtout, dans une atmosphère diaprée et irisée, l’éternelle chanson de l’âme humaine, qui bouleverse profondément et nous élève vers la beauté claire. […] Les hommes vraiment forts n’ignorent point qu’ils ne connaissent pas toutes les forces qui s’opposent à leurs projets, mais ils combattent contre celles qu’ils connaissent aussi courageusement que s’il n’y en avait pas d’autres, et triomphent souvent.

1294. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Je dirai simplement qu’Hærès est une œuvre vraiment intéressante, à étudier, et j’espère qu’un me croira. […] C’est de cette méfiance, de ce combat contre soi-même, qu’est née l’idée de ce roman vraiment exquis dans presque toutes ses parties. […] tes œuvres, vraiment, parlons-en. […] Je signalerai surtout les pages relatives à la réception d’Alexandre Dumas à l’Académie française, pleines de notes vraiment intéressantes. […] Tous les parallèles sont très consciencieusement établis et c’est là le côté vraiment utile de ce livre.

1295. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

Les défauts des contradictions, les bizarreries, un peu de mystérieuses ténèbres, bien loin de leur être préjudiciables, leur rendent un service vraiment vital en excitant sans fin ni terme l’intelligence et l’imagination lancées dans une carrière immense. […] Ravissante simplesse des Béguines, petites âmes liges du bon Dieu, fleurs qui sont à peine des femmes, lis tuyautés en cornettes, lis qui ne filent pas, vous, mes Sœurs, vraiment les sœurs que j’ai élues ; ah ! […] Quoi de plus harmonieux, de plus vraiment pénétrant que cette invocation pleine de jeunesse qui, elle aussi, charme l’oreille et le cœur comme une délicieuse mélodie ? […] Pourtant si le positivisme n’avait découvert que cette vérité vraiment contestable, il est douteux que le nom d’Auguste Comte fût parvenu jusqu’à nous. […] Vraiment, aucun de ces gens-là n’avait jamais aimé.

1296. (1924) Critiques et romanciers

L’œuvre, dès lors, manque aux conditions fondamentales de la bonne création littéraire : elle n’est pas vraiment honnête. Ce qui n’est pas vraiment honnête n’est pas vraiment beau. » Reste le « charme » de Gil Blas : oui ; et, pour avoir goûté le charme de Gil Blas, Veuillot cessa de lire Lélia et fut des années avant de pouvoir revenir à Mme Sand et à son immense faconde. […] Vraiment, c’est qu’il n’a guère été en relations avec les poètes, depuis les temps si reculés où il nous plaît d’imaginer la vie à notre guise. […] Laquelle a-t-il adoptée vraiment ? […] Vous savez si je hais la guerre ; mais vraiment nous ne sommes pas les agresseurs et nous devons nous défendre.

1297. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Vraiment je serais un grand sot d’y manquer. […] Et il faut bien que je boive un petit verre de vin, parce que c’est le grand rite, ou qu’alors, quoi, c’est que je ne serais plus de la maison, et que Paris m’aurait décidément corrompu ; (ou alors c’est que je serais (vraiment) bien malade). […] C’était vraiment, réellement, littéralement une magie, un charme ; et plutôt une magie noire qu’une magie blanche. […] Plus de notes et plus de paragraphes. — Cette rupture, Halévy, aurait lieu dans des circonstances vraiment tragiques. […] Elles en ont encore plus que les autres, quand elles sont vraies, à défaut d’être réelles, quand elles sont (vraiment, véritablement) scientifiques.

1298. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. FAURIEL. —  première partie  » pp. 126-268

Je ne prétends pas le moins du monde, en m’exprimant de la sorte, m’engager de près ni de loin dans l’appréciation d’un système qui a peu de faveur, qui n’en mérite aucune à le juger par certains de ses résultats apparents, et dans lequel on est heureux de surprendre à la fin les doutes raisonnés de Cabanis lui-même : mais ces doutes vraiment supérieurs ne sont-ils pas plus sérieusement enchaînés et peut-être plus considérables qu’on ne l’a dit59 ? […] Vraiment, je ne sais pas comment cela aurait marché sans vous… M. […] Saluez-le cependant bien cordialement de la mienne, et dites-lui, s’il veut me donner quelque chose pour ma Bibliothèque, qu’il sera toujours le bienvenu, et que je m’offre comme son traducteur… (Et revenant à ses caractères, après quelques détails relatifs à leur perfectionnement :) Je suis vraiment confus de vous entretenir de telles minuties ; mais songez que, lorsque Brahma créa le monde, il soigna jusqu’aux antennes des fourmis. […] Je suis assuré que quiconque lira son histoire de la Gaule, puis son Cours, avec l’attention qui convient, sentira que l’effet général est de lui agrandir la vue historique, de lui montrer l’humanité sous d’autres aspects plus larges et à la fois très-positifs, tellement qu’il devient difficile, après cela, de se contenter de la manière extérieure de peindre propre à quelques historiens, ou des petits traits de plume et des pointes perpétuelles de certains autres ; mais, pour goûter ce genre d’exposé et ne pas se rebuter des lenteurs, il faut se sentir attiré vraiment vers le fond des choses et par ce qui en fait l’essence. […] Scène touchante, dont l’idée seule fait sourire, et qui était digne de ces esprits, de ces cœurs vraiment antiques et simples !

1299. (1925) Feux tournants. Nouveaux portraits contemporains

Toutefois, le plus remarquable, dans ce deuxième ouvrage, c’est que Maurice Martin du Gard s’y soit occupé de littérateurs qui, sans vraiment apporter à la création, ont eu le talent de lui donner un relief insoupçonné : nous ne retiendrons que la figure de Benjamin Crémieux qui, s’il fut l’auteur d’un seul roman5, reste attaché à l’histoire de La NRF jusqu’au début de la Deuxième Guerre mondiale et avant sa disparition dans les camps nazis en 1944. […] Je ne sais quel visage il avait lorsque, en 1913, il débuta à la Phalange de Royère, où il publia des vers d’une harmonie toute mallarméenne, et qu’il a réunis en tête d’une plaquette illustrée par Derain : Mont de Piété 82 ; aujourd’hui, il a vraiment le port d’un inquisiteur ; que de tragique et de lenteur dans les regards et dans les gestes ! […] Mais Philippe et Shelley oublient l’offense avec une facilité vraiment extraordinaire, et presque dans les mêmes termes. […] Mais le Premier rêve signé 137 peut-il vraiment passer pour son premier, ou son dernier ouvrage ? […] Au lycée de Châteauroux, il doit décider tout ce que tranche une conscience : « S’il fallait reculer la composition, ouvrir une fenêtre, si Tibulle vraiment l’emporte sur Properce. » Une vie large, une âme sans bornes… Simon les doit, affirme-t-il aussitôt, à ses fragiles professeurs : « Je leur devais, en voyant un bossu, de penser à Thersite, une vieille ridée à Hécube ; je connaissais trop de héros pour qu’il y eût pour moi autre chose que des beautés ou des laideurs héroïques.

1300. (1864) Études sur Shakespeare

Le jeune homme a exprimé en vers ce qu’il ne sent pas encore ; et quand le sentiment naîtra vraiment en lui, sa première pensée sera de le mettre en vers. […] La première œuvre dramatique qu’ait vraiment enfantée l’imagination de Shakespeare a été une comédie ; d’autres comédies suivront celle-ci : il a enfin pris son élan, et ce n’est pas encore la tragédie qui l’appelle. […] Parmi les œuvres vraiment nationales, la seule pièce entièrement comique que présente le théâtre anglais avant Shakespeare, l’Aiguille de ma commère Gurton, fut composée pour un collège et modelée selon les règles classiques. […] Ce sentiment est le lien mystérieux qui nous unit au monde extérieur et nous le fait vraiment connaître ; quand notre pensée a considéré les réalités, notre âme s’émeut d’une impression analogue et spontanée ; sans la colère qu’inspire la vue du crime, d’où nous viendrait la révélation de ce qui le rend odieux ? […] Alors seulement nous connaîtrons vraiment le système ; nous saurons à quel point il peut encore se développer, selon la nature générale de l’art dramatique considéré dans son application à nos sociétés modernes.

1301. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Sous prétexte de ne faire aucun cas de ses nobles aïeux et de les subordonner tous dans leur ordre de noblesse à ce qui est de l’ordre de l’esprit, il les a montrés et déroulés en une longue lignée, mais pour les replonger aussitôt dans la nuit, et il s’est représenté, lui, le dernier, comme le seul glorieux, le seul vraiment ancêtre et dont on se souviendra ; car seul il a gravé son nom sur le pur tableau des livres de l’esprit. […] il s’agit bien vraiment de plaisanter !

1302. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Delille »

Les femmes ne remarquent jamais ce qu’elle est, et toujours ce qu’elle exprime ; elle est vraiment laide, mais bien plus curieuse, je dirais même intéressante. […] Ce qui est vrai à mon sens, c’est que le genre de style poétique de Boileau et même de Racine avait besoin d’être modifié après eux pour être vraiment continué.

1303. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

« Et vous, continue-t-il en prenant à témoin et en apostrophant leur protecteur commun, M. de Vetzlar, vous, monsieur le baron, qui venez de me donner des preuves récentes de votre fidèle et gracieux souvenir ; vous, qui avez tant aimé et tant apprécié cet homme vraiment céleste, et qui avez une si juste part dans sa gloire, dans cette gloire devenue plus grande et plus sacrée par l’envie qui l’a constatée et par notre siècle, qui la ratifie unanimement après sa mort, rendez-moi le témoignage que je revendique aujourd’hui de vous pour la postérité. […] Comme je n’avais jusque-là parlé ni peu ni beaucoup de ma chère compagne de voyage, je pensai que c’était le moment opportun de faire mention de mon bonheur à la famille ; et, pour ramener sur les lèvres la gaieté que les larmes mal contenues du père avaient contristée sur les visages, je parlai ainsi : « Ne pensez pas pourtant, mesdemoiselles mes sœurs, que je sois venu seul de Londres revoir mon pays ; j’ai amené avec moi une belle jeune femme qui a dansé comme vous sur ce théâtre, et que j’aurai probablement le plaisir de vous présenter, demain ou après-demain, comme une huitième sœur. — Est-elle vraiment aussi belle que vous la faites ?

1304. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

On sait avec quelle ivresse Alfieri parle de cette période dans l’histoire de sa vie ; on se rappelle sa douleur quand la comtesse, encore soigneuse de sa renommée, revient passer l’hiver dans les États du pape, s’établit à Bologne, et oblige son compagnon à choisir une autre résidence ; on se rappelle aussi ses transports au moment où le mois d’août, trois ans de suite, le ramène à Colmar ; on se rappelle ces explosions d’enthousiasme, ce réveil d’activité poétique, cette soif de gloire qui le tourmente, sa joie de faire imprimer ses œuvres à Kehl dans l’admirable imprimerie de Beaumarchais ; puis ses deux voyages à Paris, son installation avec la comtesse dans une maison solitaire, tout près de la campagne, à l’extrémité de la rue du Montparnasse, et tous les soucis que lui donne la publication de ses œuvres complètes chez Didot l’aîné, « artiste passionné pour son art. » Tous ces détails sont racontés dans l’autobiographie du poète, nous n’avons pas à y revenir ici ; mais ce qu’Alfieri ne pouvait pas dire, et ce qui est pourtant un épisode essentiel de cette histoire, ce sont les dernières années de Charles-Édouard, ces années d’abandon et de malheur pendant lesquelles le triste vieillard, si longtemps dégradé, se relève enfin, et retrouve à sa dernière heure une certaine dignité vraiment noble et touchante. » III L’infortuné Charles-Édouard éprouva avant de mourir une consolation inattendue. […] Ce sujet m’avait paru tout aussi peu que la Bible ou tout autre fondé sur un amour incestueux de nature à être traduit sur la scène ; mais tombant par hasard, comme je lisais les Métamorphoses d’Ovide, sur ce discours éloquent et vraiment divin que Myrrha adresse à sa nourrice, je fondis en larmes, et aussitôt l’idée d’en faire une tragédie passa devant mes yeux comme un éclair.

1305. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Grand travail, vraiment ! […] Mauvaise emplette, vraiment !

1306. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Ce souci de vouloir faire mieux que Wagner est vraiment du dernier ridicule. […] Nous voulons que les artistes et que les hommes qui aiment l’art aillent à Bayreuth, parce que là, seulement, ils trouveront des représentations vraiment parfaites des drames de Wagner, et qu’en art, la perfection seule compte.

1307. (1894) Textes critiques

Peut-être dans le silence attentif, lui qui fit l’éloge au début de la soirée du chant de la Douleur, les eût-ils récités vraiment magiques, avec sa face de Christ longue comme une main de saint, haut et noir sur la scène vide sauf la floraison des pupitres crucifères. […] Catulle Mendès, « de l’éternelle imbécillité humaine, de l’éternelle luxure, de l’éternelle goinfrerie, de la bassesse de l’instinct érigée en tyrannie ; des pudeurs, des vertus, du patriotisme et de l’idéal des gens qui ont bien dîné. » Vraiment, il n’y a pas de quoi attendre une pièce drôle, et les masques expliquent que le comique doit en être tout au plus le comique macabre d’un clown anglais ou d’une danse des morts.

1308. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

» Pour comprendre pourquoi je n’ai pas été cet homme, il faudrait être au fond de mes pensées les plus intimes à cette époque, et connaître en même temps les mystères de la situation vraiment étrange où la France elle-même était haletante pendant la révolution soudaine, imprévue et cernée de périls du commencement de la république. […] Il n’y avait eu de vraiment grand en lui que sa passion pour la liberté et son amour.

1309. (1926) L’esprit contre la raison

En même temps qu’il refuse une conception ésotérique et élitiste de la poésie, Crevel semble répondre à Roger Martin du Gard, codirecteur des Nouvelles littéraires, qui, peu de jours avant la sortie du Manifeste du surréalisme le 11 octobre 1924 publiait dans la rubrique « Opinions et portraits » un éloge ambigu de Breton : « Aujourd’hui, il a vraiment le port d’un inquisiteur ; que de tragique et de lenteur dans les regards et dans les gestes ! […] L’article repris dès le 14 janvier 1926 par La Revue nouvelle (p. 7-9) était en effet très élogieux. (« Mais lire Aragon est vraiment pour moi un de ces délices intellectuels dont la littérature moderne est assez avare.

1310. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Mézeray est modeste sur les erreurs ; il reconnaît qu’il a dû en commettre beaucoup : « Et vraiment il n’est pas au pouvoir d’un homme mortel de faire une course de douze siècles sans broncher. » De son style il déclare qu’il ne dira rien ; mais on voit qu’il y tient et qu’à ce début il l’a soigné : « C’est à vous, dit-il aux lecteurs désintéressés, à prononcer si j’ai écrit d’une belle manière, si j’ai découvert quelques lumières qui n’eussent pas encore été démontrées ; là où j’ai touché au but, et là où je m’en suis éloigné. » Il nous rappelle ce que nous ne devons jamais oublier quand nous nous reportons à la première époque où parurent ces ouvrages une fois en vogue, et dès longtemps vieillis : c’est que, si la matière était déjà vieille alors et semblait telle, la forme qu’il lui donnait à son heure la rendait toute nouvelle.

1311. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Il faut avoir l’esprit singulièrement fait pour voir dans cette parole de prudente et prévoyante observation de Sully l’indice qu’il pourrait bien avoir trempé dans l’empoisonnement supposé de Gabrielle, et il y aurait lieu, vraiment, de répéter ici avec Dreux du Radier : « C’est un soupçon punissable. » On sait le reste.

1312. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Il aimait jouer à tous les jeux d’enfants, et il nous les décrit avec un intérêt vraiment enfantin.

1313. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Le marquis de Lassay, ou Un figurant du Grand Siècle. — I. » pp. 162-179

C’est par ce noble procédé que Marianne montrait vraiment un cœur de princesse, au moment où on lui refusait de le devenir.

1314. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. Daru. Histoire de la république de Venise. — III. (Suite et fin.) » pp. 454-472

Royer-Collard (1827), à l’époque où par lui l’Académie rentrait dans l’ordre des choix vraiment dignes et sévères, on eût à célébrer avec modération un triomphe.

1315. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Fénelon. Sa correspondance spirituelle et politique. — II. (Fin.) » pp. 36-54

Quelque louables que soient de telles maximes, elles laissent presque entière la question de politique proprement dite ; une politique vraiment nouvelle, si nécessaire après Louis XIV, aurait eu besoin, pour réussir dans l’application, de tous les correctifs et de toutes les précautions qui plus tard manquèrent : car enfin Louis XVI n’a échoué que pour avoir trop fidèlement pratiqué, mais sans art, cette maxime du vertueux Dauphin son père et du duc de Bourgogne son aïeul.

1316. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Œuvres complètes de Buffon, revues et annotées par M. Flourens. » pp. 55-73

Ainsi j’ai déjà parlé de Buffon1 : mais comment n’être point tenté de reparler d’un si noble écrivain à propos d’une édition nouvelle et vraiment nouvelle de ses Œuvres, édition excellente de texte, élégante et commode de format, sobre et classique de notes, et à laquelle M. 

1317. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Dans un singulier chapitre expressément dédié « Aux infortunés », et qui est placé, on ne sait trop comment, entre celui de « Denys à Corinthe » et celui d’« Agis à Sparte », il s’adresse à ses compatriotes émigrés et pauvres, à tous ceux qui souffrent comme lui du désaccord entre leurs besoins, leurs habitudes passées et leur condition présente ; il leur rappelle la consolation des Livres saints, vraiment utiles au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme.

1318. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

L’idée de religion particulière et de secte l’emportait chez lui sur celle de nationalité et de patrie ; et c’est ici qu’on reconnaît combien Henri IV fut un roi vraiment roi, supérieur à son premier parti, et d’un tout autre horizon.

1319. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Léopold Robert. Sa Vie, ses Œuvres et sa Correspondance, par M. F. Feuillet de Conches. — I. » pp. 409-426

Je ne me reconnais vraiment pas.

1320. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Charron n’entre en rien dans cette intelligence et cette explication vraiment philosophique de l’humanité, qui, pour la mieux comprendre, en suivrait d’abord les directions générales et en reconnaîtrait les vastes courants : il prend l’homme au rebours et dans ses écarts ; il l’observe malade, infirme, le voit toujours en faute, dans une sottise continuelle, dans une malveillance presque constante : « La plupart des hommes avec lesquels il nous faut vivre dans le monde, dit-il quelque part, ne prennent plaisir qu’à mal faire, ne mesurent leur puissance que par le dédain et injure d’autrui. » De ce qu’il y a certains cas où les sens se trompent et ont besoin d’être redressés, il en conclut que ce qui nous arrive par leur canal n’est qu’une longue et absolue incertitude.

1321. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Parlant d’une beauté qui, dans l’habitude de la vie, avait « un certain air d’indolence et de nonchalance aristocratique, qu’on aurait pris quelquefois pour de l’ennui, quelquefois pour du dédain », M. de La Rochefoucauld n’aurait jamais ajouté, en se dessinant, et en se caressant le menton : « Je n’ai connu cet air-là qu’à une seule personne en France… » Comme si celui qui écrit cela avait connu vraiment toute la fleur des beautés de la France.

1322. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — II » pp. 39-56

Arnauld eût triomphé des jésuites, ni en général de ceux qui l’avaient fait sortir de France, mais bien de Claude et Jurieu et des protestants ; cela n’avait pas été saisi par le traducteur en vers français, et le scandale venait de cette traduction vraiment séditieuse. « Veri defensor » ne se rapportait également qu’à l’ouvrage d’Arnauld De la perpétuité de la foi ; « arbiter aequi » n’était qu’un pléonasme poétique dont il ne fallait pas trop demander compte.

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

La guerre de Sept Ans, en venant rompre le cours des prospérités de Frédéric et de ses loisirs si bien occupés, mit à l’épreuve l’âme de sa sœur, cette âme supérieure et sensible, et nous permet de l’apprécier par ses plus hauts côtés, dans son attitude vraiment historique.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

si l’on est vraiment critique, si l’on a dans les veines une goutte de ce sang qui animait les Pope, les Boileau, les Johnson, les Jeffrey, les Hazlitt, ou simplement M. de La Harpe, on pétille d’impatience, on s’ennuie de toujours se taire, on grille de lancer son mot, de les saluer au passage, ces nouveaux venus, ou de les canonner vivement.

1325. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Je ne suis pas de ceux qui, par une estime exagérée, mettent les pièces et les matériaux au-dessus de l’œuvre définitive ; mais comme les monuments historiques vraiment dignes de ce nom sont rares, comme ils se font longtemps attendre, et comme d’ailleurs ils ne sont possibles et durables qu’à la condition de combiner et de fondre dans leur ciment toutes les matières premières, de longue main produites et préparées, il n’est pas mauvais que celles-ci se produisent auparavant et soient mises en pleine lumière ; ceux qui aiment à réfléchir peuvent, en les parcourant, s’y tailler çà et là des chapitres d’histoire provisoire à leur usage ; ce ne sont pas les moins instructifs et les moins vrais.

1326. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Il me parut très impressionné de cette mort, et il avait fait, me dit-il, tout ce qui était en son pouvoir pour l’empêcher… Il resta quelque temps avec moi ; il était triste et dit que les révolutions devaient être très bonnes et très utiles pour nos enfants, car elles étaient vraiment terribles pour ceux qui en étaient témoins et qui les subissaient.

1327. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres publiées par M. de Falloux. »

Je veux citer cette page très belle et vraiment touchante : il vient d’être question de la mort : « La vieillesse aussi, dit-elle, est un mal irréparable : rien ne peut faire qu’on remonte le cours des ans ; mais, comme toutes les situations sans éclat, elle renferme des compensations puissantes et un charme secret, connu seulement de ceux qui s’exercent à le goûter.

1328. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

La camarera-mayor, par les mesures qu’elle prit pendant ce premier séjour au Retiro, se conduisait véritablement comme une gouvernante ; la reine était traitée en pupille et vraiment esclave.

1329. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

On sourit à lire ce Journal qui est vraiment de morale autant que de médecine : quelquefois le roi tient bon contre les tentations, contre celle des beaux muscats, par exemple, qu’on lui présente un jour sans qu’il veuille en goûter ; d’autres fois, et le plus souvent, il fait comme nous, il cède.

1330. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Pour moi (et j’ai le droit, ayant souffert, à mon heure et vu ma faible voix étouffée, d’avoir un avis sur ces questions de la parole publique), il me semble que devant des générations vraiment libérales dans le sens le plus large et le plus civilisé, devant une jeunesse en qui le sentiment religieux, sincère ne serait pas redevenu un fanatisme, il ne devrait y avoir nulle difficulté après réflexion, et que le malentendu entre M. 

1331. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Mais enfin, il est honorable à ce chantre de la Religion, purement raisonneur et sans invention, à ce traducteur en vers des Pensées de Pascal, de s’être enquis des autres poèmes religieux construits par de vraiment grands architectes et poètes dans les littératures étrangères, et d’avoir essayé d’y mordre.

1332. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

Par malheur, pour l’art sérieux, il n’en est pas ainsi ; et, si le poëme épique du moyen âge, en France, n’a pas abouti, ne s’est pas réalisé en un chef-d’œuvre, il est bien plus vrai encore de dire que le Mystère, le drame religieux et sacré, ne s’est finalement résumé et épanoui chez nous dans aucune œuvre vraiment belle et digne de mémoire.

1333. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Études de politique et de philosophie religieuse, par M. Adolphe Guéroult. »

La conclusion impartiale et équitable d’une comparaison entre les inconvénients et les avantages du trop d’autorité et du trop de liberté, la conclusion vraiment pratique serait de combiner l’un et l’autre, de les balancer autant que possible, d’établir un tempérament qui ne fût pas la neutralité, une sorte d’alternative sans révolution.

1334. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Histoire de la Restauration par M. Louis de Viel-Castel. Tomes IV et V. »

quels étaient les auteurs de ces propositions ultra-royalistes et vraiment révolutionnaires, qui allaient pleuvoir coup sur coup, qui tendaient à tout remettre en question, les idées et les intérêts modernes, à constituer la société entière en état de suspicion, à aggraver toutes les peines, à proposer la peine de mort de préférence à toute autre, à substituer le gibet à la guillotine, les anciens supplices aux nouveaux40, à maintenir la magistrature dans un état prolongé et précaire d’amovibilité, à excepter de l’amnistie des catégories entières de prétendus coupables, à rendre la tenue des registres civils au Clergé, à revenir sur les dettes publiques reconnues, etc., etc. ?

1335. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire (suite) »

Deleyre était de ceux qui aiment mieux pâtir que jouir et prospérer ; il craignait toujours de faire tort aux autres, et de peur d’être heureux aux dépens du grand nombre, il se rangeait volontiers de lui-même du côté des misérables : il avait retourné le proverbe comme trop dur et trop égoïste : « Je trouve le proverbe bien cruel, disait-il, et j’aime encore mieux faire pitié qu’envie, moi. » Nature vraiment pitoyable et tendre, il a la piété sans la religion !

1336. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier (Suite.) »

Jamais rien ne m’a fait éprouver un sentiment plus vif de la beauté que ce laurier-rose du Généralife. » Et à ce laurier-rose glorieux et triomphant, « gai comme la victoire, heureux comme l’amour », il a même adressé des vers et presque une déclaration, telle vraiment qu’Apollon eût pu la faire au laurier de Daphné.

1337. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français, et de la question des anciens et des modernes, (suite et fin.) »

Ce n’est certes pas avec le précédent contradicteur et adversaire, un esprit trop élémentaire vraiment, que j’irai confondre M. 

1338. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset. »

Ils pouvaient même donner à un traité une interprétation arbitraire : ainsi, lorsqu’ils voulurent abaisser les Rhodiens, ils dirent qu’ils ne leur avaient pas donné autrefois la Lycie comme présent, mais comme amie et alliée. » Il semblerait vraiment, à les voir agir, que Louis XIV et Louvois eussent étudié les Romains de plus près qu’ils ne l’avaient fait sans doute, et qu’ils eussent pris des leçons de cette politique tant vantée.

1339. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

Si Marie-Antoinette avait pu faire prévaloir, dès le début, les vœux et les sollicitations politiques de sa mère, c’est pour le coup qu’elle se fût vraiment compromise en France devant l’opinion, laquelle, par raison ou par mode, était toute en faveur de Frédéric ; mais, la campagne militaire en Bohême n’ayant abouti à aucun résultat décisif, on rentra de part et d’autre dans la voie des négociations, et dès lors, en effet, la France, prise pour médiatrice avec la Russie, put intervenir utilement dans la paix dite de Teschen, et couvrir le plus honorablement possible le pas en arrière de l’Autriche.

1340. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

. — A défaut de M. de Balzac, qui ne semble pas en mesure de modifier la verve croissante de ces entraînements, et en se garant surtout du ruisseau impur des imitateurs, c’est à tels ou tels de ses disciples rivaux et de ses héritiers vraiment distingués qu’on voudrait demander parfois l’œuvre agréable dans laquelle le choix de l’expression, le soin du détail, quelque art littéraire enfin, se joindraient à toutes les veines délicates qu’ils ont141.

1341. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

On se plaindra de la faiblesse de l’esprit humain qui s’attache à telle expression déplacée, au lieu de s’occuper uniquement de ce qui est vraiment essentiel ; mais dans les plus violentes situations de la vie, au moment même de périr, on a vu plusieurs fois qu’un incident ridicule pouvait distraire les hommes de leur propre malheur.

1342. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre II. Distinction des principaux courants (1535-1550) — Chapitre I. François Rabelais »

Il n’y a vraiment pour lui que deux modes d’existence : par la chair, et par l’esprit : d’un côté, la nutrition, et les séries multiples de phénomènes antécédents ou consécutifs ; de l’autre, la pensée, et la poursuite du vrai par la raison, du bien par la volonté.

1343. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Par les grands historiens romantiques, l’histoire a été vraiment réunie à la littérature, qu’elle ne touchait jusque-là qu’accidentellement.

1344. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

je suis si peu un critique que, lorsqu’un écrivain me prend, je suis vraiment à lui tout entier ; et, comme un autre me prendra peut-être tout autant, et au point d’effacer presque en moi les impressions antérieures, comme d’ailleurs ces diverses impressions ne sont jamais de même sorte, je ne saurais les comparer ni assurer que celle-ci est supérieure à celle-là  « Mais nous ne tenons point à connaître les émotions que vous donnent les livres ; c’est sur leur valeur que nous désirons être édifiés. » Peut-être ; mais la plus belle fille du monde… Et d’ailleurs, je suis ici d’autant plus incapable de m’élever au-dessus du sentir, que Pierre Loti est, je pense, la plus délicate machine à sensations que j’aie jamais rencontrée.

1345. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre premier. La contradiction de l’homme » pp. 1-27

Le cas du chien est vraiment significatif.

1346. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Stéphane Mallarmé » pp. 146-168

C’est le caractère que présageait à ses débuts Gustave Kahn, lorsqu’il parlait : Des mardis soirs de Mallarmé suivis avec tant de recueillement qu’on eût dit vraiment, dans le bon sens du mot, une chapelle à son quatrième de la rue de Rome… Oui, on eût cru, à certains soirs, être dans une de ces églises, au cinquième ou au fond d’une cour, où la manne d’une religion nouvelle était communiquée à des adeptes.

1347. (1890) L’avenir de la science « V »

De murmurer contre elle et de perdre patience, il est mal à propos, et les orthodoxes sont vraiment plaisants dans leurs colères contre les libres penseurs, comme s’il avait dépendu d’eux de se développer autrement, comme si l’on était maître de croire ce que l’on veut.

1348. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Ceux des historiens qui s’en sont le plus occupés, Buckle ou Taine, par exemple, ont procédé par de vives intuitions qui, sans être le moins du monde à mépriser, n’ont pas une valeur vraiment scientifique.

1349. (1886) De la littérature comparée

Les différences sont si profondes, le revirement est si complet, que les trécentistes et leurs successeurs ont vraiment pu avoir l’illusion qu’ils tiraient le monde de l’obscurité et lui donnaient la lumière.

1350. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

Philippe de Commynes est, en date, le premier écrivain vraiment moderne.

1351. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Éloges académiques de M. Pariset, publiés par M. Dubois (d’Amiens). (2 vol. — 1850.) » pp. 392-411

Si Duhamel invente un appareil pour le dessèchement des grains, et s’il place cet appareil dans une tour qu’il surmonte d’ailes toutes semblables à celles d’un moulin à vent, Vicq d’Azyr y verra « un monument élevé par le patriotisme, vraiment digne de décorer la maison d’un philosophe, et bien différent de ces tours antiques… » Suit une petite sortie contre les tours gothiques et féodales.

1352. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Il faut voir dans le texte (car les meilleures traductions sont pâles en ces endroits) avec quelle effusion il célèbre ce beau génie, le seul que le peuple romain ait produit de vraiment égal à son empire : « Je te salue, ô toi, s’écrie-t-il, qui le premier fus nommé Père de la patrie, toi qui le premier méritas le triomphe sans quitter la toge… » À quelques livres de là nous apprenons à regret que le fils indigne de l’illustre orateur était un buveur éhonté ; qu’il se vantait d’avaler d’un seul trait des mesures de vin immenses ; qu’un jour qu’il était ivre, il jeta une coupe à la tête d’Agrippa : « Sans doute, dit ironiquement Pline, ce Cicéron voulait enlever à Marc-Antoine, meurtrier de son père, la palme du buveur. » Le livre de Pline sur l’Homme est rempli de particularités, d’anecdotes intéressantes et qu’on ne trouve que là.

1353. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres inédites de la duchesse de Bourgogne, précédées d’une notice sur sa vie. (1850.) » pp. 85-102

Le Roux de Lincy qui est chargé de ce travail, et à qui l’on devra cette édition vraiment première et originale.

1354. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Mme de Genlis. (Collection Didier.) » pp. 19-37

En un mot, dans toute cette partie de sa carrière, elle se montra ingénieuse, inventive, pleine de verve et d’à-propos : elle avait rencontré vraiment la plénitude de son emploi et de son génie.

1355. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire de la Restauration, par M. de Lamartine. (Les deux premiers volumes. — Pagnerre.) » pp. 389-408

Il ne manque à toutes ces parties si fréquentes chez M. de Lamartine, et qui sont la rencontre et la fortune perpétuelle de sa plume, il ne leur manque, pour paraître vraiment belles, que d’être portées sur une trame solide et bien construite, sur une trame étudiée, travaillée et sévère.

1356. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

C’est à dater de là que son rôle vraiment politique commence.

1357. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Admettez un seul acte ou même un seul sentiment vraiment honnête et généreux, et c’en est fait du système des Maximes.

1358. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Je voudrais tâcher de le leur expliquer, leur donner idée d’un des hommes les plus savants, les plus distingués et les plus vraiment aimables que puisse citer l’Église de France, de l’un de nos meilleurs écrivains, et, sans m’embarquer dans aucune question difficile ou controversée, mettre doucement en lumière la personne même et le talent.

1359. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Par sa radiation injuste de l’Institut après les Cent-Jours, on fit de lui l’homme de l’opinion, et il profita avec art de ce revirement inattendu : « Il est des injustices si criantes, disait-il, qu’il y a une certaine douceur à les subir ; le public vous rend alors bien plus que l’autorité ne vous ôte. » Il est vraiment curieux de considérer ce fonds du vieux parti libéral à sa naissance, de voir quels en furent les premiers fondateurs, et d’où ils étaient sortis.

1360. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre III : La littérature du xviiie et du xixe  siècle »

« Il ne nous apprend pas, dites-vous, ce que nous aurions à faire de notre personne pour que ses vœux fussent accomplis » ; mais si vraiment, il nous l’apprend.

1361. (1912) L’art de lire « Chapitre III. Les livres de sentiment »

Au XVIe siècle, un humaniste est un homme que le problème religieux, ou plus exactement ce qu’il y a de problèmes dans le sentiment religieux et dans la croyance, ne torture pas ; au XVIIe siècle, « le partisan des anciens » est un homme que la gloire de Louis le Grand, encore qu’elle le touche, n’éblouit point et n’hypnotise pas ; au XVIIIe siècle, l’homme de goût (très rare) est celui qui n’est pas très persuadé que l’univers vient pour la première fois d’ouvrir les yeux à la raison éternelle et que le monde date d’hier, d’aujourd’hui ou plutôt de demain ; au XIXe siècle, le classique, vraiment digne de ce nom, est celui qui n’est pas comme subjugué par les Hugo et les Lamartine et qui s’aperçoit, de tout ce qu’il y a, Dieu merci, de classique dans Hugo, Lamartine et Musset, et qui garde assez de liberté d’esprit pour lire Homère pour Homère lui-même et non pas en tant qu’homme qui annonce Hugo et qui semble quelquefois être son disciple.

1362. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Fervaques et Bachaumont(1) » pp. 219-245

Et, dans ce cas-là, il y aurait encore la question de la ressemblance et de la vérité à débattre… Mais si cette Rolande, qui est la reine de ce roman et qui doit emporter avec elle l’intérêt humain du livre, au lieu d’être un monstre social n’est plus qu’une exception, un fait particulier de tératologie, enfin un monstre individuel, le chêne n’est pas responsable des champignons vénéneux qui croissent sur ses racines et je n’ai plus rien à dire à des romanciers qui ont — selon ma poétique, à moi — le droit de tout peindre, s’ils sont vraiment des peintres puissants… Seulement, il reste ceci entre nous : ont-ils peint leur monstre individuel avec le sentiment qu’ils auraient dû mettre dans leur peinture pour qu’une telle horreur fût sauvée par la beauté de la peinture et par l’impression, tragiquement morale, qu’elle devrait laisser dans les cœurs ?

1363. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

En ces petits livres vraiment curieux que l’on pourrait appeler « les petites métamorphoses de Michelet », la science, qui veut se montrer à toute force, ne balance pas comme il le faudrait l’imagination qu’on y trouve.

1364. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

Chateaubriand ne pense vraiment que la plume à la main, entraîné par le mouvement de sa phrase docile, comme un Murat n’est lui-même qu’à cheval. […] Mais vraiment c’est le Lycée qui, pendant un demi-siècle et plus, a fait figure de Somme de la littérature française. […] Il y eut vraiment, dans la poésie française, avec les Méditations, une découverte de l’amour, pareille à celle que font le jeune homme et la jeune fille, puisque les seuls beaux vers du lyrisme amoureux, ceux de Ronsard ou de Maynard, dataient de trois siècles, étaient oubliés. […] Ensuite à leurs profondes racines dans un cœur d’homme : les deux apologies pour le silence, la Mort du Loup et le Mont des Oliviers, sont vraiment un testament du poète, qui a su lui-même se taire, maintenir derrière les barrages de granit la vie intérieure attestée par le Journal.

1365. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

ou bien enfin, est-ce une conviction vraiment sérieuse qu’il espère de faire prévaloir ? […] L’analyse, au contraire, n’exigeant d’autre docilité que l’attention, etc. » Suivent des éloges desquels il résulterait vraiment que la clef universelle est trouvée, et dont on rencontrerait l’écho monotone, sinon la rédaction aussi parfaite, dans toutes les préfaces et dans tous les programmes d’alors. […] Sa connaissance propre et vraiment familière (quand il n’avait pas la plume en main), c’était le champ vaste et varié de ce qu’on appelle humanitas ; il aimait à s’y promener sur les routes unies, et il était doux de l’y suivre.

1366. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

En parlant de Mme Favart, qui fut enlevée par Maurice de Saxe et ne fut rendue à son légitime possesseur qu’après la mort du maréchal, il imagine une scène d’une candeur ou d’une charité vraiment évangélique : « La pauvre petite femme, écrit-il, dut bien pleurer sur l’épaule de son mari. » Mais c’est pénétrer assez avant dans les replis du cœur tendre et compatissant de M.  […] Et vraiment il a grand’peine à goûter les cris de M.  […] Dans un article, d’ailleurs plein de suc, il remarque avec raison que la passion est vraiment reine dans les romans de l’abbé Prévost. […] « J’admire, s’écrie-t-il, les hommes violents qui travaillent d’un cœur simple à fonder la justice sur la terre. » Il a vraiment l’air ébahi qu’il existe des gens ayant assez de foi et d’énergie pour entreprendre quelque chose, et c’est le plus sincèrement du monde qu’il s’extasie sur les âmes passionnées qui ont vécu une vie militante. […] Oui, vraiment, la Vertu habite en France, à l’en croire.

1367. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Les sarcasmes du bel esprit n’approchent pas d’une si mordante ironie ; c’est cette qualité vraiment antique qui fait de ce poème un monument du premier ordre. […] La Pharsale et la Henriade contiennent des beautés si grandes qu’on ne saurait retrancher ces deux ouvrages d’entre les poèmes vraiment épiques ; mais on ne doit pas, entraîné par une admiration complaisamment aveugle, se fasciner les yeux sur ce qui leur manque, et statuer en lois leurs défauts. […] Le refus de s’apostasier pour le salut de sa vie, serait donc faussement jugé comme l’effet du crédule fanatisme de son siècle, puisqu’il fut la digne marque de son caractère militant, et de son indépendance vraiment royale. […] C’est à l’aide de ce merveilleux, qu’exerçant un sacerdoce moral sur les esprits, elles se signalent vraiment les dignes prêtresses d’Apollon ou de Minerve. […] Achille, vraiment caractérisé demi-dieu, ne s’arrête pas étonné d’un tel prodige, qui eût confondu tout autre homme ; mais seulement courroucé des menaces de Xanthe, il le gourmande avec fureur, et se précipite dans les hasards au mépris des destinées qui lui sont prédites.

1368. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Quand on a lu cela, on revient tout naturellement, ce me semble, en fait de compositions romanesques, au genre français, ou du moins à un genre qui soit large et plein dans sa veine ; on demande une part de raison, d’émotion saine, et une simplicité véritable telle que l’offrent l’histoire des Fiancés de Manzoni, tout bon roman de Walter Scott, ou une adorable et vraiment simple nouvelle de Xavier de Maistre.

1369. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Instruction générale sur l’exécution du plan d’études des lycées, adressée à MM. les recteurs, par M. Fortoul, ministre de l’Instruction publique » pp. 271-288

On avait cherché à diminuer le nombre croissant des candidats aux carrières dites libérales, en n’admettant que les seuls d’entre eux vraiment capables ; les épreuves imposées étaient devenues plus sérieuses, plus difficiles : on faisait la barrière plus haute, pour que tous indifféremment ne pussent la franchir.

1370. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Une Réception Académique en 1694, d’après Dangeau (tome V) » pp. 333-350

Vraiment, comme on me lave la tête ! 

1371. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le baron de Besenval » pp. 492-510

L’officier répliqua qu’il aimerait mieux la croix. « Vraiment, je le crois bien », dit le roi en passant son chemin.

1372. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Divers écrits de M. H. Taine — I » pp. 249-267

Si épaisse que soit la foule, c’est une manière sûre de faire sa trouée et que bientôt chacun dise en vous montrant du doigt : « En voilà un de vraiment nouveau. » Le premier ouvrage de M. 

1373. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Caton le censeur, s’il vivait, serait magister de village, ou recteur de quelque collège ; du moins serait-ce là sa place : Caton d’Utique, au contraire, serait un homme singulier, courageux, philosophe, simple, aimable parmi ses amis, et jouissant avec eux de la force de son âme et des vues de son esprit, mais César serait un ministre, un ambassadeur, un monarque, un capitaine illustre, un homme de plaisir, un orateur, un courtisan possédant mille vertus et une âme vraiment noble, dans une extrême ambition.

1374. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

[NdA] Ce mot de Henri IV, de ce roi vraiment tutélaire et qui sentait à quel point il l’était, rappelle les belles paroles de Richelieu, en son testament politique, sur la vigilance nécessaire au chef d’un État et sur la gravité de la charge dont il porte le poids à toute heure, la ressentant d’autant plus qu’il est plus habile : « Il faut dormir comme le lion, sans fermer les yeux… Une administration publique occupe tellement les meilleurs esprits, que les perpétuelles méditations qu’ils sont contraints de faire pour prévoir et prévenir les maux qui peuvent arriver les privent de repos et de contentement, hors de celui qu’ils peuvent recevoir voyant beaucoup de gens dormir sans crainte à l’ombre de leurs veilles et vivre heureux par leur misère. »

1375. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Notre conversation alla, pour ainsi dire, tout d’un trait de La Chênaie à Saint-Malo, et, nos six lieues faites, j’aurais voulu voir encore devant nous une longue ligne de chemin ; car vraiment la causerie est une de ces douces choses qu’on voudrait allonger toujours. » Il nous donne une idée de ces entretiens qui embrassaient le monde du cœur et celui de la nature, et qui couraient à travers la poésie, les tendres souvenirs, les espérances et toutes les aimables curiosités de la jeunesse.

1376. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Mais, comme phénomène non moins mémorable, il remarque que « dans les diverses classes et jusque dans les rangs les plus élevés de l’ordre social, des hommes se sont produits qui en ont rassemblé en eux tous les traits caractéristiques, au point d’identifier leur nom avec l’idée même de ces rangs et de ces classes, et d’en paraître comme la personnification vivante. » Et il cite pour exemple Louis XIV, que la Nature créa, dit-il, l’homme souverain par excellence, le type des monarques, le roi le plus vraiment roi qui ait jamais porté la couronne.

1377. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Histoire du roman dans l’Antiquité »

Quelque coiffeur de ce temps-là, ami de la littérature comme il y en a toujours, aurait pu vraiment le faire copier en lettres d’or et l’exposer ensuite encadré dans sa boutique pour l’honneur du métier et l’édification des chalands.

1378. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Étienne-Jean Delécluze, (suite et fin) »

C’est ce moment, — le vraiment beau moment de M. 

1379. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Charles-Quint après son abdication, au monastère de Saint-Just »

Il n’était pas des plus retenus sur l’article des femmes ; ce libertin de Brantôme, qui prétend savoir ces sortes de choses sur le bout du doigt et par le menu, nous en a touché un mot ; mais c’est de trop de manger surtout qui lui était nuisible33, Charles-Quint était d’une voracité vraiment extraordinaire et phénoménale ; et comme l’a spirituellement remarqué M. 

1380. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Deleyre n’a contre lui que son organisation trop nerveuse, trop susceptible ; il ne lui faut d’autres remèdes que « de la dissipation, des soins, de la vigilance pour les choses essentielles, et un entier abandon, une insouciance vraiment sage dans les détails : « C’est mon fort de le prêcher en vers et en prose.

1381. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

S’il faut qu’il y ait une mêlée, choisissons d’autres noms pour les frapper ; car, tous ceux-là, ils ont été vraiment contemporains au sens de Lamartine : ils se doivent quelque chose entre eux.

1382. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. (suite) »

Il avait, à côté du boudoir et du mystère, ce qu’il appelle quelque part « sa cour des miracles et ses truands. » Il nous y faut venir ; mais il est vraiment trop tard pour aujourd’hui.

1383. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’Audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. »

Il était évident désormais, à voir ces deux colonnes debout, isolées, d’un orgueil et d’un aspect triompha], qu’on était entré dans une voie vraiment moderne, et qu’après un temps d’anarchie et de confusion, on visait à la règle et à l’unité dans la grandeur.

1384. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « La reine Marie Leckzinska (suite et fin.) »

Mme de Brancas vient de parler des transports frénétiques qui accueillirent partout dans les provinces la nouvelle de la convalescence du roi : « Pendant ces transports vraiment populaires, la reine et Mesdames, rassurées sur la santé du roi, à mesure qu’elles approchèrent de Metz, y arrivèrent avec bien des espérances nouvelles.

1385. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

L’animosité du public est poussée si loin qu’il craindra d’être compromis, et vraiment peut-être cela ferait tort à son crédit.

1386. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

« Le pape Léon XII, nous dit son biographe le pins autorisé, l’accueillit avec une telle bienveillance qu’encourage par la bonté vraiment paternelle du Saint-Père, il osa demander quelques reliques du patron de l’église de Nointel (dont il était maire).

1387. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Correspondance de Louis XV et du maréchal de Noailles, publiée par M. Camille Rousset, historiographe du ministère de la guerre »

Mais était-il vraiment un grand citoyen ?

1388. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Or c’est le bon sens charmant, multiple, alerte, infatigable, vraiment diabolique en Voltaire, c’est ce bon sens, cet esprit philosophique s’appliquant à tout, qui a tant agi en son temps, mais qui a tant à faire encore du nôtre ; il faudrait désespérer de la France si l’œuvre de Voltaire était considérée comme épuisée.

1389. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Chatel lorsqu’il dit : « Le séjour de La Bruyère en Normandie dut être de bien courte durée, et pourtant il lui parut assez long pour exciter sa mauvaise humeur, au point de le faire manquer à la politesse et au bon goût, lui qui avait, avec un vif sentiment des convenances, le secret de ces deux qualités essentielles à l’homme de lettres : « La ville dégoûte de la province », écrit-il… « Les provinciaux et les sots sont toujours prêts « à se fâcher. » La Bruyère était dans son droit quand il faisait ses observations de moraliste, et c’est vraiment trop de susceptibilité que de venir défendre la province, uniquement parce que soi-même on l’habite.

1390. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « THÉOPHILE GAUTIER (Les Grotesques.) » pp. 119-143

Gautier a trouvé moyen de rassembler dans l’article Saint-Amant, pour les rattacher à ce poëte bon vivant et comme pour lui faire cortége, m’a rappelé encore que c’est vraiment trop pour une mascarade.

1391. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « UN FACTUM contre ANDRÉ CHÉNIER. » pp. 301-324

Mais voilà vraiment des exigences bien singulières !

1392. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIIe entretien. Tacite (1re partie) » pp. 57-103

ces Germains, que Vitellius pousse contre Rome, ne l’auront pas osé eux-mêmes ; et vous, enfants privilégiés de l’Italie, vous, jeunesse vraiment romaine, vous demanderiez le sang et le massacre d’un corps dont la splendeur et la gloire font toute notre supériorité sur la bassesse et l’obscurité des Vitelliens.

1393. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Sa tentation est une tentation, conduite vraiment avec délicatesse, et l’on a eu raison de louer la caresse du couplet dont le démon enveloppe la pauvre et naïve Ève : « Tu es faiblette et tendre chose — Et es plus fraîche que n’est rose », etc.

1394. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Ici quelque chose de vraiment humain a amolli la voix de l’orateur : Un homme, c’est ce qu’il nous faut.

1395. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

dit Geneviève, c’est donc vraiment la fin du monde ?

1396. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Or, dans toute la seconde partie du roman, il fait un tas de choses fort au-dessus de la probité moyenne, et qui semblent même partir d’une âme vraiment haute.

1397. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Et puis, il s’agit bien ici d’un écrivain vraiment !

1398. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires d’outre-tombe, par M. de Chateaubriand. » pp. 432-452

Entre ces deux inspirations, pour nous intéresser vraiment, il faudrait choisir.

1399. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Mme du Châtelet. Suite de Voltaire à Cirey. » pp. 266-285

Ces lettres de Mme du Châtelet, il faut l’avouer, sont charmantes et vraiment tendres ; il semble que, sous l’empire d’un sentiment vrai, il se soit fait en elle une sorte de renouvellement de pensée et de rajeunissement.

1400. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Vauvenargues. (Collection Lefèvre.) » pp. 123-143

Et c’est alors qu’il y a tout lieu de dire vraiment avec lui : « Les maximes des hommes décèlent leur cœur. » Il n’avait rien publié encore lorsqu’il s’annonça à Voltaire par une lettre écrite de Nancy (avril 1743), dans laquelle il lui soumettait un jugement littéraire sur les mérites comparés de Corneille et de Racine.

1401. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

écrit Louise à Charles dans Le Presbytère (ce roman si simple et si vraiment touchant de M. 

1402. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Nouveaux documents sur Montaigne, recueillis et publiés par M. le docteur Payen. (1850.) » pp. 76-96

L’admiration, quand elle s’applique à des sujets si nobles, si parfaitement innocents et si désintéressés, est vraiment une étincelle du feu sacré : elle fait entreprendre des recherches qu’un zèle plus froid aurait vite laissées et qui aboutissent quelquefois à des résultats réels.

1403. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Rulhière. » pp. 567-586

Le trait malin, proverbial, les alliances heureuses de noms et d’idées, la concision élégante, tout ce qui constitue le genre moral tempéré et en fait l’ornement, s’y trouve placé avec art, et il n’y manque vraiment qu’un souffle poétique moins sec et plus coloré, quand l’auteur tente de s’élever et de nous peindre, par exemple, le temple de l’Opinion promené dans les airs sur les nuages : c’est ici que l’on sent le défaut d’ailes et d’imagination véritable, l’absente de mollesse, de fraîcheur et de charme, comme dans toute la poésie de ce temps-là.

1404. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Dès l’abord elle charme la jeune reine, une gracieuse et vraiment spirituelle élève, lui devient nécessaire, et par elle arrive à l’être au jeune roi, prince d’un esprit juste, brave à la guerre, mais d’un caractère timide, d’un tempérament impérieux, et par là dépendant étroitement de sa femme (uxorius), en un mot chaste, dévot et amoureux.

1405. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Lerond, le censeur, lui ordonna de sortir des rangs et lui dit : « Monsieur Carrel, rendez-vous sans retard à la prison ; il est vraiment déplorable qu’un élève aussi distingué que vous ait une tête aussi mauvaise ; avec les idées qui y fermentent, vous révolutionneriez le collège si on vous laissait faire. » — « Monsieur le censeur, répondit Carrel, il y a de ces idées dans ma tête plus qu’il n’en faut pour révolutionner votre collège de Rouen, il y en aurait de quoi révolutionner bien autre chose. » Il y a une anecdote de collège toute pareille qui est racontée par Marmontel, celui de tous les hommes qui ressemblait le moins à Carrel.

1406. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Paul-Louis Courier. — I. » pp. 322-340

Certes, pour qui sait la disette actuelle et la difficulté de rien découvrir de vraiment nouveau dans ce champ presque épuisé de l’Antiquité, c’était là une jolie trouvaille, et de quoi réjouir délicieusement une âme d’érudit.

1407. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre deuxième. La force d’association des idées »

Deux idées ne sont donc vraiment contiguës que quand elles se sont produites simultanément ou en succession immédiate dans notre conscience ; et deux idées sont similaires quand elles produisent dans notre conscience des effets qu’elle reconnaît semblables.

1408. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

D’autre part, si vraiment la valeur des choses se mesurait d’après le degré de leur utilité sociale (ou individuelle), le système des valeurs humaines devrait être révisé et bouleversé de fond en comble ; car la place qui y est faite aux valeurs de luxe serait, de ce point de vue, incompréhensible et injustifiable.

1409. (1860) Ceci n’est pas un livre « Une préface abandonnée » pp. 31-76

La sensibilité de Murger est vraiment exquise ; sa sympathie, toujours en éveil, est universelle.

1410. (1892) L’anarchie littéraire pp. 5-32

vraiment ce n’est pas très nouveau ; il ne valait pas la peine de faire tant de bruit. » En effet, Chérubin n’est qu’une pièce à moralité bourgeoise où la vertu triomphe et qui n’a pas même le mérite d’être conforme à la vérité.

1411. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Ernest Renan »

Je connais des gens d’esprit qui tremblent devant la science de Renan, mais de cette science, moi, je me moque très bien tout le temps que je n’en ai pas les preuves, et vraiment je ne les ai pas !

1412. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

qu’importe la langue que l’on parle, quand on sait vraiment la parler ?

1413. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Jean Richepin »

Et, du reste, pour ce que ces chansons en argot expriment et pour ce que la traduction française nous en apprend, il n’était vraiment pas la peine de se verdir à cette langue-là !

1414. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre IV. L’unification des sociétés »

Pour qu’une société soit vraiment unifiée, il faut qu’à l’État s’adjoigne la nation.

1415. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre III : M. Maine de Biran »

Partout ailleurs nous ne faisons que deviner la force : ici nous apercevons la force ; partout ailleurs, quand deux faits s’accompagnent, nous n’observons que les deux faits et leur concours ; ici, par une exception merveilleuse, nous découvrons encore « ce je ne sais quoi qui s’applique aux corps, pour les mouvoir, les pousser, « les attirer20 », élément ou ingrédient particulier, vraiment « inexplicable ou ineffable, lorsqu’on veut chercher des exemples et des moyens d’explications hors du fait même de la conscience. » Il n’y a point d’autre vue semblable ; et quand vous concevez d’autres forces, c’est d’après la vôtre et sur ce modèle que vous en formez la notion.

1416. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre X : M. Jouffroy psychologue »

Le style, vraiment digne de la science, est celui d’un mémoire de physiologie.

1417. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

Toutefois, dans cette étude même, le poëte romain a trouvé place pour des accents lyriques ; il s’anime du feu d’Homère, et, par une fiction vraiment grande, il transforme la fête qu’il semble décrire.

1418. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXIII. »

Les beautés vraiment lyriques où il s’est élevé, ce sont ses souvenirs des Alpes et de l’Allemagne, des paysages magnifiques et des vertus simples de la Suisse ; c’est enfin sa douleur, quand il voit la liberté de ce peuple menacée par l’invasion républicaine de la France ; c’est son indignation, sa fureur de résistance, quand il craint pour l’Angleterre la même menace et la même profanation.

1419. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Ce sont, en tout cas, les plus naïfs et les plus vraiment sincères. […] La foi qui éclate dans ces vers est vraiment soumise, elle n’a rien à démêler avec le christianisme littéraire de Chateaubriand ni avec la grandiose rhétorique de Victor Hugo. […] Vous est-il arrivé, dans une heure de découragement, de douter de vous-même, de prendre en pitié votre travail ; avez-vous eu le sentiment de votre impuissance à dire quelque chose qui n’ait déjà été ressassé, à trouver quelque chose d’inédit, à créer quelque chose de vraiment original ? […] Qu’y a-t-il, dans ses œuvres, de vraiment original ? […] À côté de ces passages, j’en relève d’autres, qui sont vraiment étonnants d’emphase naïve, et qui ont dû éveiller plus d’un sourire sur les lèvres de M. 

1420. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

IV J’avais vraiment hâte d’arriver à M.  […] Et dans ces cimetières d’église, près des vieux parents couchés à deux pas et qui écoutent sous terre, là-bas c’est comme un sacrement et la mort y fiance vraiment l’amour. […] Mais vraiment, quand on parle du romancier chez M.  […] Mais, et sauf dans Le Père, où il est vraiment supérieur à lui-même, on n’y sent point autre chose que l’acuité d’un œil qui détaille et inventorie, et qui proprement regarde sans être affecté. […] Les Nuits du boulevard, Le Fer rouge, L’Enfant du pavé, Les Drames du demi-monde, La Duchesse d’Alvarès, et quelques nouvelles vraiment exquises (Le Trombone de Salzbach, par exemple).

1421. (1932) Les idées politiques de la France

L’affaire Dreyfus a vraiment ôté une direction à la réaction : elle l’a réduite à une émigration à l’intérieur, à une opposition stérile, à une élégante démission politique. […] Ce document pontifical, par la vigueur avec laquelle il rétablit la discipline autour de l’évêque, semble vraiment lancé par le pasteur, d’une main sûre, pour happer au gigot l’ouaille indépendante. […] Des intérêts très généraux comportent vraiment une mystique, débouchent dans la mystique comme un fleuve dans la mer ; nous nous faisons comprendre quand nous parlons d’une mystique agrarienne et bonaldienne, d’une mystique industrialiste et saint-simonienne, d’une mystique catholique ou jacobine (on ne parlera pas d’une mystique libérale, qui n’existe pas en politique, mais dont, en matière d’idéologie pure, Montaigne ou Gide nous donneraient peut-être l’idée). […] Mais l’état actuel de l’économie mondiale contraint la section française de l’Internationale ouvrière à se comporter comme Internationale politique, bien plutôt que comme Internationale vraiment ouvrière : internationale politique, en ce sens que ses représentants au Parlement ou dans la presse dédaignent ou réfutent en politique les points de vue nationaux. […] On opposerait volontiers à ce dogmatisme réactionnaire, commandé par la grande figure de Taine, l’attitude finale de Sainte-Beuve qui, lorsqu’il se veut indépendant du pouvoir dont il tient son siège sénatorial, écrit vraiment un livre pour lui, met pour point final à son œuvre cette étude inachevée sur Proudhon, où, en sympathie profonde avec le grand critique populaire de la société, le critique littéraire libère tout un Sainte-Beuve que les circonstances avaient refoulé.

1422. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

L’art ne fait que diriger les dispositions heureuses du caractère et du génie ; et les premières qu’on distingue dans tous les auteurs vraiment sublimes sont, la sensibilité, la raison, et la vertu. […] Cet orateur a écrit des pages entières brûlantes d’un feu vraiment divin : son Discours sur l’Histoire universelle est un prodige d’élévation et de rapidité ; son génie vole à travers les siècles et franchit le temps comme un aigle parcourt l’étendue. […] Ce n’est point un pédant qui vous répète ses leçons de collège, ni un homme superficiel qui s’efforce à disserter sur des auteurs évalués sur parole, et à couvrir ainsi son débit vague d’un dehors de gravité : c’est un littérateur vraiment instruit : tout coule de source et abondamment sous sa plume. […] Le même goût exquis dicta tous les vers de l’art poétique de Boileau, qui ne se peut comparer en justesse, en grâce, en excellence, qu’à l’art poétique d’Horace, le seul ouvrage sur cette matière vraiment digne d’entrer en parallèle avec lui. […] C’est la terreur qui frappe, d’une consternation vraiment théâtrale, les auditeurs frissonnants à l’aspect du glaive de la muse antique : c’est elle qui les prépare à goûter plus délicieusement la pitié, si agréable lorsque par des larmes elle les soulage de la stupeur, et du triste étonnement, où la crainte les avait maintenus.

1423. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

L’un et l’autre se trouvaient si éloignés à leur point de départ, qu’ils semblaient vraiment ne devoir jamais se croiser. […] Laissons de côté des voiles inutiles, qui n’en sont plus pour personne : le ministère Polignac avait été constitué exprès pour lancer les ordonnances ; le National fut créé exprès, et le cas prévu échéant, pour renverser la dynastie parjure ; tout y fut dirigé dans ce but, et avec le soin vraiment patriotique de ne frapper qu’à la tête, en respectant autant que possible le corps de l’État.

1424. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VII. Les poëtes. » pp. 172-231

Pope ne fustige pas les sots, il les assomme ; son poëme est vraiment dur et méchant ; il l’est tant qu’il en est maladroit ; pour ajouter au supplice des imbéciles, il remonte au déluge, il écrit des tirades d’histoire, il représente tout au long le règne passé, présent et futur de la sottise, la bibliothèque d’Alexandrie brûlée par Omar, les lettres éteintes par l’invasion des barbares et par la superstition du moyen âge, l’empire de la niaiserie qui s’étend et va envahir l’Angleterre. […] Il faut être vraiment mondain ou artiste, Français ou Italien, pour y répugner.

1425. (1864) Cours familier de littérature. XVII « Ce entretien. Benvenuto Cellini (2e partie) » pp. 233-311

Le roi, étonné, se tourne vers le roi de Navarre et les cardinaux de Lorraine et de Ferrare, et leur dit : Benvenuto est vraiment un homme admirable et digne de se faire aimer et désirer de tous ceux qui le connaissent ! […] « Cet homme, lui dit le roi, est vraiment selon mon cœur !

1426. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

On dirait vraiment que c’est la chose la plus simple du monde et la plus indifférente qu’un philosophe législateur du goût, et que les exemples en sont si vulgaires, qu’il n’est pas besoin de mentionner celui-là. […] Cette vie nouvelle de l’âme est la seule vie réelle, la seule vraiment digne de l’homme.

1427. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 juin 1886. »

Et le moyen, vraiment, qu’il y ait de l’art ailleurs, si l’art est ici ? […] Une littérature wagnérienne, alliant les doctrines d’apparence contraires, les ramenant à l’unité du principe esthétique wagnérien, serait-ce vraiment ridicule ?

1428. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Herbert Spencer — Chapitre II : La psychologie »

« Une analyse conduite d’une manière vraiment systématique, doit commencer par les phénomènes les plus complexes de la série à analyser ; elle doit chercher à les résoudre dans les phénomènes les plus voisins sous le rapport de la complexité ; elle doit procéder de la même manière à l’égard des phénomènes moins complexes ainsi découverts ; et, par des décompositions successives, elle doit descendre pas à pas jusqu’aux phénomènes les plus simples et les plus généraux, pour atteindre finalement le plus simple et le plus général. » Nous allons défaire pièce à pièce l’édifice de l’intelligence humaine, en commençant par le faîte. […] C’est le premier essai vraiment scientifique d’une histoire des phases diverses que parcourt l’évolution de la vie mentale.

1429. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

C’est dans le même chant du poème que le bon Héphestos apparaît grandiose à sa manière, et vraiment divin, transfiguré par le jour de flamme qui fait resplendir sa forge royale. […] Zeus était venu après eux, plus dégagé des scories de l’origine matérielle, vraiment divin par certains côtés, régulateur et conservateur, doué du génie de l’ordre et de l’équilibre.

1430. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — I. » pp. 134-154

Vraiment elle parlera bien à vous, car on lui a dit que vous aviez une autre maîtresse. » Il allait céder et se rendre lorsqu’un ami, représentant le conseil de la raison, lui dit à l’oreille : « Monsieur, tournez votre cœur à droite, car là vous trouverez des biens, une extraction royale et bien autant de beauté lorsqu’elle sera en âge de perfection. » Rosny se déclara donc pour la plus douce, la plus modeste et la plus vertueuse, et qui se trouvait être la plus riche aussi.

1431. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — II. (Fin.) » pp. 452-472

Guizot déclare en être demeuré à apprécier, dans ce vaste et habile ouvrage, « l’immensité des recherches, la variété des connaissances, l’étendue des lumières, et surtout cette justesse vraiment philosophique d’un esprit qui juge le passé comme il jugerait le présent », et qui, à travers la forme extraordinaire et imprévue des mœurs, des coutumes et des événements, a l’art de retrouver dans tous les temps les mêmes hommes.

1432. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — II. (Fin.) » pp. 513-532

» et je crois vraiment que ses prières nous firent bien profit au besoin.

1433. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

[NdA] On peut voir au tome vii des Mémoires de Napoléon (édition de 1830, pages 323-324) le jugement définitif porté sur le prince Henri comme général et sur ses opérations militaires durant la guerre de Sept Ans : La campagne de Saxe du prince Henri a été beaucoup trop vantée, dit Napoléon ; la bataille de Freyberg n’est rien, parce qu’il y a remporté la victoire sur de très mauvaises troupes ; il n’y a pas déployé de vrais talents militaires… Dans cette campagne (celle de 1762) ce prince a constamment violé le principe que les camps d’une même armée doivent être placés de manière à pouvoir se soutenir… La campagne de 1761 est celle où ce prince a vraiment montré des talents supérieurs.

1434. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

Si vous vouliez jeter sur le papier, à vos moments perdus, quelques réflexions sur cette matière, et me les communiquer, vous seriez bien payée de votre peine si elles m'aidaient à faire un ouvrage utile, et c’est à de tels dons que je serais vraiment sensible (il a les poulardes sur le cœur) : bien entendu pourtant que je ne m’approprierais que ce que vous me feriez penser, et non pas ce que vous auriez pensé vous-même.

1435. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

. — Quand la famille de Bossuet, toutes affaires terminées, quitte Meaux définitivement, Le Dieu les salue de cet adieu vraiment cordial et touchant : « Ainsi pour le coup, voilà les Bossuet partis de Meaux : la maison rendue et vidée. — Mardi 2 novembre 1706, est arrivé l’entier délogement de l’abbé Bossuet de Meaux, la dernière charrette partie et la servante dessus, et Cornuau même, son homme d’affaires, parti aussi : Dieu soit loué ! 

1436. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Maine de Biran. Sa vie et ses pensées, publiées par M. Ernest Naville. » pp. 304-323

Un sourd qui aurait par moments la perception des sons, un aveugle qui aurait le sentiment subit et instantané de la lumière, ne pourraient croire qu’ils se donnent à eux-mêmes de telles perceptions : ils attribueraient ces effets singuliers, et hors de leur mode d’existence accoutumé, à quelque cause mystérieuse… Et il en vient à conclure qu’il faut se mettre, s’il se peut, dans un rapport régulier avec cette grande cause, y disposer toute sa personne et son organisation elle-même par certains moyens : Les anciens philosophes, comme les premiers chrétiens et les hommes qui ont mené une vie vraiment sainte, ont plus ou moins connu et pratiqué ces moyens.

1437. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Car Richelieu, rendons-lui à notre tour et après tant d’autres ce public hommage, avait en lui de cette flamme et de cette religion des lettres qu’eurent dans leur temps à un si haut degré les Périclès, les Auguste, les Mécènes ; il croyait que les vraiment belles et grandes choses ne seront cependant tenues pour telles à tout jamais, qu’autant qu’elles auront été consacrées par elles, et que le génie des lettres est l’ornement nécessaire et indirectement auxiliaire, la plus magnifique et la plus honorable décoration du génie de l’État.

1438. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Journal et mémoires du marquis d’Argenson, publiés d’après les manuscrits de la Bibliothèque du Louvre pour la Société de l’histoire de France, par M. Rathery » pp. 238-259

Dans le grand nombre d’idées et de projets d’amélioration qu’il a agités, le temps a fait son triage, et il en est vraiment qui, par un singulier tour de roue de la Fortune, semblent devenus des à-propos.

1439. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

De naïfs et intéressants témoins nous en ont transmis les prodiges ; de respectables érudits en ont rassemblé les monuments ; des historiens vraiment philosophes doivent en accepter les grands faits, en même temps qu’en pénétrer les ressorts et en démêler le sens et l’esprit.

1440. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Je suis en vérité assez vulgaire pour vous souhaiter vivacité, santé et gaieté en tout état de fortune ; la belle consolation pour nous, vraiment, de voir le titre de princesse inscrit sur une tombe, quand nous nous dirons qu’elle renferme ce qu’il y avait de plus aimable au monde ! 

1441. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

Il semble vraiment que, comme Alexandre fit pour la bourgeoisie de Corinthe, il n’ait accepté lui-même la mairie de Bordeaux que quand il connut que des maréchaux de France ne l’avaient pas dédaignée.

1442. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite et fin.) »

Ce serait de la part de M. le maréchal ministre de la guerre un bienfait non moins littéraire qu’historique que de vouloir bien l’y autoriser ; ce serait vraiment donner en la personne de Tessé un épistolaire de plus et un écrivain de qualité à notre littérature.

1443. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par. M. le Chevalier Alfred d’Arneth »

Marie-Antoinette est connue, et tout en gagnant à cette familiarité tendre, respectueuse et soumise, où elle achève de se produire, elle ne se montre à nous par aucun aspect vraiment nouveau.

1444. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

On dit que les malheureux acteurs doivent aller à Lyon : tu me diras ce qu’il en sera. » Les aimables Français sont-ils vraiment corrigés ?

1445. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Le plus beau passage du volume, ces stances du milieu de Namouna, que nul ne se chantera sans larmes, ce Don Juan vraiment nouveau, réalisé d’après Mozart, qu’est-ce encore, je le demande, sinon l’amas de tous les dons et de tous les fléaux, de tous les vices et de toutes les grâces ; l’éternelle profusion de l’impossible ; terres et palais, naissance et beauté ; trois mille71 noms de femmes dans un seul cœur ; le paradis de l’enfer, l’amour dans le mal et pour le mal, un amour pieux, attendri, infini, comme celui du vieux Blondel pour son pauvre roi ?

1446. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « DU ROMAN INTIME ou MADEMOISELLE DE LIRON » pp. 22-41

tu entends certainement ce langage ; toi, tu sais vraiment aimer ! 

1447. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Alors vraiment nous portons en nous le héros de Plutarque, notre Alexandre, si jamais nous le portons.

1448. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIIIe entretien. Chateaubriand, (suite) »

« Un livre vraiment utile au misérable, parce qu’on y trouve la pitié, la tolérance, la douce indulgence, l’espérance, plus douce encore, qui composent le seul baume des blessures de l’âme : ce sont les Évangiles.

1449. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Paul Bourget  »

Paul Bourget se plaise ici à creuser entre ces deux espèces d’esprits, si l’on ne peut dire qu’il soit vraiment un moraliste, il n’est pas non plus un pur psychologue.

1450. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

Il n’avait jamais été ni tout à fait pour les gouvernements qui s’étaient succédé, ni entièrement contre, étant vraiment un sage et d’un parti fort supérieur à tous les partis, celui de la raison.

1451. (1890) La fin d’un art. Conclusions esthétiques sur le théâtre pp. 7-26

Seule, la fumisterie du prince Napoléon, exploitant la France pour un bail de six-douze-dix-huit, fit jouir aux Tuileries, à Compiègne, à Paris, cette société trépidante, dont la fermentation putride mais mousseuse fut symbolisée par des librettistes vraiment artistes, dans ces folies étourdissantes, dans cet Orphée, dans cette Vie Parisienne aux quadrilles enragés, rhythmant la bacchanale d’une société qui se détraque, le grand écart d’un monde qui se disloque.

1452. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XX. La fin du théâtre » pp. 241-268

Seule, la fumisterie du prince Napoléon, exploitant la France pour un bail de six-douze-dix-huit, fit jouir aux Tuileries, à Compiègne, à Paris, cette société trépidante, dont la fermentation putride mais mousseuse fut symbolisée par des librettistes vraiment artistes, dans ces folies étourdissantes, dans cet Orphée, dans cette Vie parisienne aux quadrilles enragés, rhythmant la bacchanale d’une société qui se détraque, le grand écart d’un monde qui se disloque.

1453. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre IV »

Les riches ont vraiment un noble privilège Que leur doit envier tout être intelligent, Et qui donne raison à l’orgueil de l’argent : C’est de pouvoir exclure et tenir à distance Les détails répugnants et bas de l’existence, Et de ne pas laisser leur contact amoindrir Les grandeurs que la vie à l’homme peut offrir.

1454. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

« C’est une mode établie de dîner ou de souper avec moi, écrivait-elle, parce qu’il a plu à quelques duchesses de me faire cet honneur. » Cet honneur avait bien ses charges et entraînait des sujétions, elle nous l’avoue : Si ma pauvre santé, qui est faible, comme vous savez, me fait refuser ou manquer à une partie de dames que je n’aurais jamais vues, qui ne se souviennent de moi que par curiosité, ou, si j’ose le dire, par air (car il en entre dans tout) : « Vraiment, dit l’une, elle fait la merveilleuse ! 

1455. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de La Tour-Franqueville et Jean-Jacques Rousseau. » pp. 63-84

Mais quand on aime vraiment, d’une passion de cœur et non d’une passion de tête, est-ce qu’on songe à tirer ainsi son cœur de la classe commune et à l’en distinguer ?

1456. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de lord Chesterfield à son fils. Édition revue par M. Amédée Renée. (1842.) » pp. 226-246

Il aurait mieux valu presque avoir échoué totalement et n’avoir réussi à faire qu’un original en sens inverse, tandis qu’avec tant de soins et à tant de frais, n’en être venu qu’à produire un homme du monde insignifiant et ordinaire, un de ceux desquels, pour tout jugement, on dit qu’on n’a rien à en dire, il y avait de quoi se désespérer vraiment, et prendre en pitié son ouvrage, si l’on n’était pas un père.

1457. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Fontenelle, par M. Flourens. (1 vol. in-18. — 1847.) » pp. 314-335

Pour quelques traits vraiment jolis et fins qu’on rencontre dans ces lettres, on en trouverait par centaines qui seraient du pur Mascarille ; et par exemple : « L’amour est le revenu de la beauté, et qui voit la beauté sans amour lui retient son revenu d’une manière qui crie vengeance. » Après cet amour qui est proprement le revenu et la rente de la beauté, vient tout un détail de l’acquittement en style de notaire : « Vous savez que, quand on paye, on est bien aise d’en tirer quittance ou de prendre acte comme on a payé.

1458. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Mais ce qu’il y a de vraiment curieux, ce sont les sculptures de ce tombeau.

1459. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Le duc de Lauzun. » pp. 287-308

Elle avait vraiment une figure, une douceur, une timidité de vierge.

1460. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Histoire des travaux et des idées de Buffon, par M. Flourens. (Hachette. — 1850.) » pp. 347-368

Fontenelle, avant Buffon, avait beaucoup fait pour introduire parmi le monde, pour insinuer la science ; mais quelle différence entre cette démarche oblique et mince et la manière grande, ouverte et vraiment souveraine de Buffon !

1461. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Essai sur Amyot, par M. A. de Blignières. (1 vol. — 1851.) » pp. 450-470

Et c’est en cela qu’il est vraiment le premier et le roi des traducteurs : autrement il ne serait qu’un auteur original qui se serait mépris.

1462. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Mémoires du cardinal de Retz. (Collection Michaud et Poujoulat, édition Champollion.) 1837 » pp. 40-61

Il y a des endroits vraiment où, quand on lit les Mémoires de Retz, en ces scènes charmantes et si bien menées sous sa plume, il ne nous paraît pas tant faire la guerre à Mazarin que faire concurrence à Molière.

1463. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) «  Mémoires de Gourville .  » pp. 359-379

Mais il y a loin de ces travaux d’embellissement, qui l’engagèrent plus qu’il n’aurait voulu d’abord, au laborieux tableau tracé par La Bruyère ; et j’aime à penser que, si l’observateur moraliste avait songé à Gourville, ç’aurait été plutôt pour peindre ce personnage naturel et original, par les côtés vraiment singuliers et caractéristiques qui en font un individu-modèle dans son espèce.

1464. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Courez-vous après les honneurs, après la gloire, après la reconnaissance, partout il y a des erreurs, partout il y a des mécomptes… Si vous laissez votre vaisseau dans le port, les succès des autres vous éblouissent ; si vous le mettez en pleine mer, il est battu par les vents et par la tempête : l’activité, l’inaction, l’ardeur et l’indifférence, tout a ses peines ou ses déplaisirs… Rien n’est parfait que pour un moment… Tout ce motif est développé avec bonheur, et vraiment comme l’eût fait un Bourdaloue.

1465. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Doyen » pp. 178-191

Le bas du tableau de Doyen annonce vraiment un grand talent.

1466. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Nombre de personnes, qui ne s’attendaient guère à trouver chez le noir une imagination aussi variée, m’ont demandé si j’étais bien certain que ces contes fussent vraiment populaires ou si l’on ne pouvait les supposer, au contraire, l’œuvre et l’apanage exclusif de relatifs lettrés.

1467. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Dans une couleur plus sombre et plus terrestre, il y a un Pauvre garçon qui commence, net, cru et observé comme un conte de Crabbe, — qui se transforme et s’illumine dès que l’Évangile entre dans le grenier du scrofuleux, — puis finit brusquement dans une beauté vraiment tragique.

1468. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Saint-Simon »

IV On ne sait vraiment que penser de ce changement de front entre ces deux fronts, dont l’un, hautain et sourcilleux, se tenait si roide devant l’autre, relevé maintenant de sa poussière, essuyé de son abjection !

1469. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Rivarol » pp. 245-272

Dandy audacieux pour un cuistre d’homme de lettres, il osa porter l’habit rouge comme le comte d’Artois, alors dans toute sa magnificence (voir leurs portraits à tous les deux), et vraiment, quand on regarde ces portraits et qu’on les compare, on ne sait trop lequel des deux est le plus prince… Il y a des femmes qui diraient que c’est Rivarol !

1470. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Vraiment, c’était par trop compter sur notre amitié pour l’Allemagne.

1471. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Il était vraiment de race immortelle !

1472. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « X. Ernest Renan »

Renan, qui l’a continuée avec acharnement dans ses Études d’histoire religieuse, dans son Histoire comparée des langues sémitiques, dans ses Essais de critique et de morale ; et quoique dans ce premier livre, plus peut-être que dans les suivants, ce jeune serpent de la sagesse ait eu les précautions d’un vieux et les préoccupations de sa spécialité, cependant il est aisé de voir que la chimère philologique, le passage de la pensée au langage ou du langage à la pensée, les épluchettes des premières syllabes que l’homme-enfant ait jetées dans ses premiers cris, ne sont, en définitive, que des prétextes ou des manières particulières d’arriver à la question vraiment importante, la question du fond et du tout, qui est de biffer insolemment Moïse et de se passer désormais parfaitement de Dieu !

1473. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XX. Le Dante, poëte lyrique. »

Mais à d’autres appartient cette étude, dans sa variété vraiment inépuisable.

1474. (1894) Critique de combat

Quant au détail de ces lois protectrices et réparatrices, il est vraiment trop aisé d’en faire la critique ! […] plaignons ces esprits malveillants (si vraiment il y en a de sincères) qui se refusent à regarder la vie telle que je la sens, pourtant si facile à voir…, c’est-à-dire un temps où l’on a le bonheur de faire son salut, au milieu de bonnes choses, avec de bonnes gens !  […] Quelques traits de sa physionomie suffiront à montrer ce qu’il eut d’original et de vraiment grand. […] Quand pourront-ils faire vraiment de la science avec leurs élèves, au lieu d’être obligés de descendre au rôle misérable de préparateurs à un examen ? […] Elle est si visible, si éclatante, cette idée maîtresse, qu’il faut vraiment fermer les yeux pour ne la point apercevoir.

1475. (1896) Les Jeunes, études et portraits

S’il n’a pas gâché son intelligence, c’est que de ce côté il n’y avait vraiment rien à faire. […] Nos poètes ont vraiment le souci de faire quelque chose de nouveau. […] Peut-être aperçoit-on maintenant ce qu’il y a de vraiment neuf et de légitime dans la tentative des jeunes poètes. […] Ils veulent faire de la poésie vraiment une synthèse de tous les arts, et un genre différent de tous les autres. […] Les poésies d’Elskamp « seraient divines vraiment pour enluminer un peu les siècles ».

1476. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Béranger a consolé la France humiliée, il a conserve et ravivé de nobles souvenirs, et en ce sens il mérite vraiment le titre de poëte national. […] Ici se place naturellement l’anecdote des ananas, qu’on a si souvent répétée que nous ne la redirions pas si nous ne pouvions y ajouter un trait vraiment caractéristique. […] Le colossal, l’énorme, le bizarre, tout ce qui est empreint d’une couleur étrange et splendide, attire Bouilhet, et c’est à la peinture de tels sujets qu’est surtout propre son hexamètre long, sonore et puissant, d’une facture vraiment épique, qui rappelle parfois la manière ample et forte de Lucrèce. […] Un jeune homme aux cheveux noirs frisés, aux joues pleines et vermeilles, aux lèvres rouges, au sourire étincelant, arriva de province et changea tout cela avec sa verve enivrée, son audace joyeuse, sa bonne humeur qui montrait à tout propos de belles dents blanches et retentissait en éclats sonores, sa facilité toujours prête, sont intarissable abondance et une manière d’écrire vraiment nouvelle, où son nom se signait à chaque mot. Tel il apparut gai, bien portant, heureux parmi le chœur verdâtre, élégiaque et byronien des romantiques ; figure originale et réjouie, vraiment française.

1477. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Vraiment, les conteurs du xiiie  siècle disent les choses avec une incomparable simplicité. […] » Et je perdis quelques centaines de thalers, que j’aurais vraiment pu réclamer, comme ayant été dépensés au service de Sa Majesté. […] Il est probable que, quand on est vraiment vieux, on ne s’en aperçoit pas. […] Telles qu’il les rapporte, elles sont vraiment trop dures. […] Ensemble harmonieux d’une beauté vraiment classique !

1478. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

C’est donc bien vraiment un critique, et le critique par excellence, le critique naturaliste et moraliste en même temps ; mais, pour appliquer à lui-même ses procédés et sa méthode, est-ce que dans sa critique même vous n’apercevez pas les autres éléments que mentionne la notice du Dictionnaire de Vapereau ? […] C’est vraiment en opérateur artiste qu’il fait couler le sang et la sanie, — avec impassibilité, sinon avec amour. […] Pascal en est un des exemples les plus frappants.., . » Malgré cet exemple exceptionnel, que nous avons cité nous-même, en ayant soin toutefois de distinguer les œuvres si différentes produites par ce génie, suivant qu’il était sain ou qu’il était malade ; oui, en dépit de cet exemple et de quelques autres phénomènes étranges, que nous avons signalés ; nous croyons, nous, qu’un système nerveux maladif et vicié n’est pas, quoi qu’on en dise, la condition la plus favorable au génie ; nous croyons qu’excepté de certains moments très courts, dans lesquels la surexcitation du système nerveux et la chaleur du cerveau produisent une exaltation extrême, qui n’est cependant nommée délire que par métaphore poétique, en général les grands génies, vraiment dignes de ce nom, possèdent la santé et de l’âme et du corps : toutes leurs forces sont en équilibre, ou, pour mieux dire, en harmonie ; leur organisation et leur pensée, tout est en puissance et en fleur ; tout pousse à la fois ; tout est sain, tout est dru, tout est ferme et beau : il n’y a rien de maladif, ni d’excessif, ni d’inégal, comme chez les génies souffreteux ou viciés. […] « Partout où le raisin mûrit, dit Babrius, les arts, la poésie, l’éloquence, le sentiment exquis du beau, éclatent et grandissent, comme au souffle d’une divinité bienfaisante. » Là sont les peuples vraiment doués et vraiment initiateurs. […] Repas idéaliste, vraiment digne du convive, qui est Jésus. — Ceux qui riraient de cette idée sont libres de supposer que le repas est fini, ou n’est pas encore commencé.

1479. (1805) Mélanges littéraires [posth.]

Les règles ne rendront jamais un ouvrage ou un discours éloquent ; elles servent seulement à empêcher que les endroits vraiment éloquents et dictés par la nature ne soient défigurés et déparés par d’autres, fruits de la négligence ou du mauvais goût. […] Aussi les morceaux vraiment sublimes sont toujours ceux qui se traduisent le plus aisément. […] Ainsi (ce qui semblera paradoxe, sans être moins vrai)} les règles de l’élocution n’ont lieu, à proprement parler, et ne sont vraiment nécessaires que pour les morceaux qui ne sont pas proprement éloquents, que l’orateur compose plus à froid, et où la nature a besoin de l’art.

1480. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre II. Les directions divergentes de l’évolution de la vie. Torpeur, intelligence, instinct. »

Ces derniers ne proviennent pas directement de la tendance primitive, mais de l’un des éléments en lesquels elle s’est divisée : ce sont des développements résiduels, effectués et déposés en cours de route par quelque tendance vraiment élémentaire, qui continue, elle, à évoluer. Quant à ces tendances vraiment élémentaires, elles portent, croyons-nous, une marque à laquelle on les reconnaît. […] Supposons, au contraire, que le système sensori-moteur soit vraiment dominateur.

1481. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Il me suffit de dénoncer ce côté chimérique et personnel, qui se mêle à d’autres idées élevées et vraiment dignes de n’y être pas compromises.

1482. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « François Villon, sa vie et ses œuvres, par M. Antoine Campaux » pp. 279-302

Villon, qui savait par expérience et pour en avoir pâti, ce que c’est que la pauvreté, le cri de la faim, qui avait bu souvent de l’eau claire, faute de mieux, et y avait trempé sa croûte sèche, fit à sa manière sa pièce du Mondain, par laquelle il rompait en visière à toute cette école de bûcherons amateurs ; il opposa à leur félicité rustique imaginaire, à ces délices plus que douteuses de la vie agreste, toutes les aises et les petits soins de la vie commode et vraiment civilisée, telle qu’il la rêvait et telle qu’il ne l’avait jamais entrevue, hélas !

1483. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

— Lorsque, dix-huit ans après, Napoléon, à son retour de l’île d’Elbe, fit appeler Benjamin Constant aux Tuileries (14 avril 1815) et le désigna pour dresser et rédiger l’Acte additionnel, il semble vraiment n’avoir fait que renouer cette relation ancienne, en être tout d’un coup revenu en idée à ce Benjamin Constant antérieur, et avoir mis à néant et en complet oubli quatorze années d’hostilité déclarée et de guerre.

1484. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Il mérite vraiment qu’on le distingue, qu’on lui recompose sa physionomie, et qu’avec les petites pièces qu’il a laissées, au nombre de cent environ, on se forme une idée un peu nette de sa destinée, de sa vie et de son talent.

1485. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

L’époque, en tant que nouvelle et que moderne, n’avait rien produit encore de grand et de vraiment beau ; je parle de ce beau et de ce nouveau qui est propre à chaque époque et qui la marque d’un cachet à elle.

1486. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Madame Roland, ses lettres à Buzot. Ses Mémoires. »

Si la littérature est vraiment ou doit être l’expression de la société, la littérature du xviiie  siècle est plus voisine de la société de son temps que la littérature du xviie ne l’était de la société sa contemporaine.

1487. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.) »

La victoire fut des plus complètes et vraiment parfaite selon l’art, exécutée et gagnée (en grande partie au pas de charge et à la baïonnette) dans l’ordre même où elle avait été conçue.

1488. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [V] »

La campagne de Waterloo, qui avait été un peu écourtée et brusquée à la fin de ces quatre volumes, devint pour Jomini l’objet d’une publication à part en 1839 ; il reprit cette fois la forme vraiment historique et rejeta tout appareil étranger67.

1489. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [II] »

C’est bien ainsi que l’épopée vraiment nôtre aurait pu raisonnablement se tenter, et non par un fabuleux Francus, pur roman d’aventure, passé à la glace de l’imitation et de la contrefaçon classique.

1490. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Scribe me paraît consister dans la combinaison et l’agencement des scènes ; là est sa forme originale, le ressort vraiment distingué de son succès ; là il a mis de l’art, de l’étude, une habileté singulière, et son invention porte surtout là-dessus.

1491. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. J. J. AMPÈRE. » pp. 358-386

De tous ces courants parallèles ou rivaux, de toutes ces lames redoublées (cette image physique et presque domestique est ici permise) il est résulté vraiment une manière de pile de Volta, un appareil littéraire considérable. — Je parlerai encore moins de ces autres influences incomparables qui ne se mesurent pas, et pour lesquelles il faudrait demander un nom aux muses.

1492. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « HISTOIRE DE LA ROYAUTÉ considérée DANS SES ORIGINES JUSQU’AU XIe SIÈCLE PAR M. LE COMTE A. DE SAINT-PRIEST. 1842. » pp. 1-30

Ce prince, le dernier vraiment grand de sa race, marcha sur les errements de Brunehaut.

1493. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Ce que ne gardèrent pas moins, en général, les personnages de cette époque et de ce rang qui survécurent et dont la vieillesse honorée s’est prolongée jusqu’à nous, c’est une fidélité remarquable, sinon à tous les principes, du moins à l’esprit des doctrines et des mœurs dont s’était imbue leur jeunesse ; c’est le don de sociabilité, la pratique affable, tolérante, presque affectueuse, vraiment libérale, sans ombre de misanthropie et d’amertume, une sorte de confiance souriante et deux fois aimable après tant de déceptions, et ce trait qui, dans l’homme excellent dont nous parlons, formait plus qu’une qualité vague et était devenu le fond même du caractère et une vertu, la bienveillance.

1494. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

Eynard est de ceux qui croient qu’il y a un remède efficace et souverain par qui l’homme vraiment se régénère et parvient à se transformer du tout au tout.

1495. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) » pp. 129-176

Critique de l’Histoire des Girondins (6e partie) I Le personnage vraiment historique, mais froid et déclamatoire, de madame Roland, m’apparaît sous un aspect plus juste à l’heure de sa mort.

1496. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre III. L’Histoire »

Si les Macchabées devinrent une chanson de geste, les livres des Bois, mis en français au xiie  siècle, sont vraiment un morceau d’histoire religieuse, et la Bible tout entière fut traduite à Paris vers 1235, sans doute par des clercs de l’Université.

1497. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

On conçoit que, de l’œuvre de Marguerite, l’Heptaméron seul ait vraiment échappé à l’oubli : le xviie  siècle s’y retrouvait, mondain, dramatique et moral.

1498. (1913) Les antinomies entre l’individu et la société « Chapitre VIII. L’antinomie économique » pp. 159-192

. — Y a-t-il vraiment là une antinomie de l’individu et de la société ?

1499. (1902) L’œuvre de M. Paul Bourget et la manière de M. Anatole France

Et l’on pourra se demander, en s’en convainquant, si, de ce qui convient à une pensée vraiment forte à ce que M. 

1500. (1890) L’avenir de la science « II »

Sans doute l’homme produit en un sens tout ce qui sort de sa nature ; il y dépense de son activité, il fournit la force brute qui amène le résultat ; mais la direction ne lui appartient pas ; il fournit la matière ; mais la forme vient d’en haut ; le véritable auteur est cette force vive et vraiment divine que recèlent les facultés humaines, qui n’est ni la convention, ni le calcul, qui produit son effet d’elle-même et par sa propre tension.

1501. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

vraiment ce serait de sa part le plus misérable des calculs.

1502. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

De nos jours, une dizaine d’œuvres vraiment vécues80, comme on dit, ont forcé le public à réfléchir sur les abus de l’autorité trop souvent excessive ou arbitraire exercée sous le couvert de la discipline, et, si l’on se décide un jour à réformer la législation draconienne qui pèse sur l’armée, nos romanciers auront contribué pour une large part à ce recul de l’antique sauvagerie.

1503. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XI. La littérature et la vie mondaine » pp. 273-292

Non vraiment.

1504. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

On obtient ainsi une éloquence grave, mortifiée, vraiment pénitente, un tissu solide, mais gris et terne sur lequel rien ne se détache.

1505. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVIII. Formule générale et tableau d’une époque » pp. 463-482

Enfin Malherbe vint… On croirait vraiment que Malherbe a créé de toutes pièces la littérature française.

1506. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

C’est le seul personnage vraiment sympathique de la comédie que celui de ce jouvenceau spirituel et franc, généreux et gai, qui s’échappe, par de joyeuses écoles buissonnières, des voies tortueuses où son précepteur veut le faire entrer.

1507. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

On a beau nous dire que ce petit jeune homme a le diable du désir au corps, il succombe vraiment trop vite à la tentation.

1508. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Gil Blas, par Lesage. (Collection Lefèvre.) » pp. 353-375

Je viens de lire sa Foire des fées, son Monde renversé, de fort jolies farces vraiment.

1509. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Mais l’éditeur a fait précéder ce léger recueil d’extraits, assez agréable d’ailleurs à parcourir, d’une Introduction, c’est-à-dire d’une dizaine de pages, où il a tenu à se montrer le plus qu’il a pu désobligeant et maussade pour tous ceux qui l’ont précédé sur ce même sujet et dont il n’a eu vraiment qu’à profiter.

1510. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

Mme de Maintenonlui adresse sur sa conduite des conseils sensés, mais si stricts et si secs, qu’ils donneraient vraiment envie d’y manquer si on en était l’objet.

1511. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Œuvres de Condorcet, nouvelle édition, avec l’éloge de Condorcet, par M. Arago. (12 vol. — 1847-1849.) » pp. 336-359

Le récit que Condorcet fait de cette journée est odieux et vraiment dérisoire : L’espérance de ces sages magistrats (le maire et les municipaux), dit-il, n’a point été trompée.

1512. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Il l’a oubliée comme s’il ne l’avait pas connue. » Des trois femmes qui ont véritablement occupé Louis XIV, et qui se sont partagé son cœur et son règne, Mlle de La Vallière, Mme de Montespan et Mme de Maintenon, la première reste de beaucoup la plus intéressante, la seule vraiment intéressante en elle-même.

1513. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

monsieur, s’écriait celui-ci, je suis bien tranquille sur l’histoire ; si mon nom, lié à de grands événements, y surnage, il ne rappellera l’idée de grandes faiblesses qu’en y joignant celle d’un amour bien vrai de la liberté, d’un caractère très décidé et d’une loyauté vraiment voisine de la duperie.

1514. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Lettres et opuscules inédits du comte Joseph de Maistre. (1851, 2 vol. in-8º.) » pp. 192-216

Et il agite, il retourne en tout sens son terrible dilemme, insistant de préférence sur la supposition que les Bourbons ne sont pas encore une race usée et peuvent encore faire fonction de race vraiment royale, auquel cas « la commission de Bonaparte, selon lui, est de rétablir la monarchie et d’ouvrir tous les yeux, en irritant également les royalistes et les Jacobins, après quoi il disparaîtra lui ou sa race. ».

1515. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame Necker. » pp. 240-263

Mais ces défauts se rachètent ici plus aisément qu’ailleurs : le sujet l’inspire ; c’est élevé, c’est ingénieux ; et quand elle en vient à la considération du mariage dans la vieillesse, à ce dernier but de consolation et quelquefois encore de bonheur dans cet âge déshérité, elle a de belles et fortes paroles : « Le bonheur ou le malheur de la vieillesse n’est souvent que l’extrait de notre vie passée. » Et montrant, d’après son expérience de cœur et son idéal, le dernier bonheur de deux époux Qui s’aiment jusqu’au bout malgré l’effort des ans, elle nous trace l’image et nous livre le secret de sa propre destinée ; il faut lire toute cette page vraiment charmante : Deux époux attachés l’un à l’autre marquent les époques de leur longue vie par des gages de vertus et d’affections mutuelles ; ils se fortifient du temps passé, et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent.

1516. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Rivarol. » pp. 62-84

Si nous trouvions à redire à ce langage, ce serait plutôt à l’ironie du ton et à cet accent de dédain envers ceux mêmes qu’on défend, accent qui est trop naturel à Rivarol, que nous retrouverons plus tard à Chateaubriand, et qui fait trop beau jeu vraiment à l’amour-propre de celui qui parle.

1517. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — II. (Fin.) » pp. 411-433

cessons d’admirer les anciens qui nous ont peu appris en morale et rien en économie politique, seuls résultats vraiment utiles de l’histoire. » Il définit le gouvernement « une banque d’assurance, à la conservation de laquelle chacun est intéressé, en raison des actions qu’il y possède, et que ceux qui n’y en ont aucune peuvent désirer naturellement de briser ».

1518. (1899) Esthétique de la langue française « Le cliché  »

Les abstractions sont bien vraiment les lumières du style.

1519. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

L’esthopsychologie, la science des œuvres d’art considérées comme signes, accompagnée de la synthèse biographique et historique que nous venons d’esquisser, dépeint des hommes réels, des hommes de fortune médiocre ou élevée, ayant vraiment vécu dans un entourage véritable, ayant coudoyé d’autres hommes en chair et en os, étant enfin des créatures humaines, avec, pour parler comme Shylock, des yeux, des mains, des organes, des dimensions, des sens, des affections., des passions, tout comme les vivants que l’on rencontre aujourd’hui sous nos yeux.

1520. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Shakespeare, en effet, a mérité, ainsi que tous les poëtes vraiment grands, cet éloge d’être semblable à la création.

1521. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

En fait de classiques, les plus imprévus sont encore les meilleurs et les plus grands : demandez-le plutôt à ces mâles génies vraiment nés immortels et perpétuellement florissants.

1522. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Plan, d’une université, pour, le gouvernement de Russie » pp. 433-452

— Oui, la vertu, parce qu’il faut plus de raison, plus de lumières et de force qu’on ne le suppose communément pour être vraiment homme de bien.

1523. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Aussi cette tête est-elle vraiment celle qu’un habile sculpteur se serait félicité d’avoir donnée à un Hésiode, à un Orphée qui descendrait des monts de Thrace la lyre à la main, à un Apollon réfugié chez Admète ; car je persiste toujours à croire qu’il faut à la sculpture quelque chose de plus un, de plus pur, de plus rare, de plus original qu’à la peinture.

1524. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

C’est de ce côté que les langues anciennes avaient un avantage infini sur les langues modernes ; c’était un instrument à mille cordes, sous les doigts du génie, et ces anciens savaient bien ce qu’ils disaient, lorsqu’au grand scandale de nos froids penseurs du jour, ils assuraient que l’homme vraiment éloquent s’occupait moins de la propriété rigoureuse que du lieu de l’expression.

1525. (1920) Action, n° 4, juillet 1920, Extraits

Le Théâtre aérien sera le premier théâtre vraiment démocratique parce qu’il sera offert gratuitement à des millions de spectateurs.

1526. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Maintenant que dans la société tout change continuellement et avec une rapidité vraiment nouvelle, et que les sources de l’imitation sont, pour ainsi dire, taries ; maintenant les esprits contemplatifs n’ont pas le temps de saisir et de s’approprier les inspirations de la société : telle est la cause de la difficulté qu’ils éprouvent à se mettre en harmonie avec ce qui est, car ce qui est aujourd’hui n’était pas encore hier.

1527. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Il n’y a vraiment qu’un corsaire de papier mâché qui ait pu jamais écrire cela !

1528. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Pour Danton, la modification, plus profonde encore, touche vraiment à la métamorphose.

1529. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « X. M. Nettement » pp. 239-265

Nettement, n’est pas uniquement un jugement faux sur la moralité et la beauté des œuvres de ce robuste génie, mais c’est aussi un dénigrement et un rapetissement de sa personne, qu’on ne sait vraiment plus comment caractériser.

1530. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

L’originalité première s’en est allée au contact de tant de livres, sous le frottement de tant d’esprits ; elle s’est dérobée sous le poids de tant de connaissances, inutiles à qui a vraiment génie de poète.

1531. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

On peut dire alors qu’ils se présentent vraiment nus devant notre esprit, comme les âmes devant Minos ; nous n’avons aucune raison a priori de préférer l’un à l’autre, nous aurons donc l’esprit plus libre pour proportionner, comme le veut l’égalitarisme, les sanctions qui leur seront distribuées à la valeur des actions qu’il s’agit de comparer.

1532. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

L’éloquence s’éleva donc surtout dans la chaire, et c’est là qu’elle parvint à sa plus grande hauteur ; car pour être vraiment éloquent, on a besoin d’être l’égal de ceux à qui l’on parle, quelquefois même d’avoir ou de prendre sur eux une espèce d’empire ; et l’orateur sacré parlant au nom de Dieu, peut seul déployer dans les monarchies devant les grands, les peuples et les rois, cette sorte d’autorité et cette franchise altière et libre, que dans les républiques l’égalité des citoyens, et une patrie qui appartenait à tous, donnait aux anciens orateurs.

1533. (1887) Essais sur l’école romantique

Je m’en inquiète vraiment, moi qui l’aime tant, et me laisse si facilement aller à croire à son avenir. […] non vraiment ! […] Non, vraiment. […] Dans un jeune homme vraiment appelé à de hautes destinées littéraires, il doit y avoir, si nous ne nous trompons, une certaine chasteté d’esprit qui répugne à ces luttes, à ces ovations d’Académie. […] Hugo ; c’est par là qu’il est vraiment novateur dans notre pays, où il n’y a point d’exemple d’un grand écrivain qui n’ait eu que de l’imagination ; c’est par là qu’il a fait beaucoup de bruit, qu’il a remué les jeunes gens, qu’il a acquis une gloire tumultueuse.

1534. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

Vraiment, il avait maigri de moitié depuis une heure. […] Nous ne nous quittions presque pas, et j’avais vraiment de la peine, je pleurais silencieusement bien tard quand elle allait au bal, quand elle faisait ses visites. […] Seules, ses nuits étaient vraiment nouvelles et méritaient de longs récits, mais à qui pouvait-il les conter ? […] Je signalerai la naissance de l’enfant et les circonstances qui accompagnent la première heure de la maternité, comme un tableau vraiment achevé. […] C’est le récit détaillé des amours spéciales de Mme d’Arlemont et de Gerbier, où l’auteur s’est vraiment trop complu, qui forme la plus grande partie du livre.

1535. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

J’ai vraiment bien mieux à faire, madame : je chasse, je joue, je me divertis du matin jusqu’au soir avec mes frères et nos enfants, et je vous avouerai tout naïvement que je n’ai jamais été plus heureux, et dans une compagnie qui me plaise davantage. » Il a toutefois des regrets pour celle de Paris ; il envoie de loin en loin des retours de pensée à Mmes de Mirepoix et du Châtel, aux présidents Hénault et de Montesquieu, à Formont, à d’Alembert : « J’enrage, écrit-il (à Mme du Deffand toujours), d’être à cent lieues de vous, car je n’ai ni l’ambition ni la vanité de César : j’aime mieux être le dernier, et seulement souffert dans la plus excellente compagnie, que d’être le premier et le plus considéré dans la mauvaise, et même dans la commune ; mais si je n’ose dire que je suis ici dans le premier cas, je puis au moins vous assurer que je ne suis pas dans le second : j’y trouve avec qui parler, rire et raisonner autant et plus que ne s’étendent les pauvres facultés de mon entendement, et l’exercice que je prétends lui donner. » Ces regrets, on le sent bien, sont sincères, mais tempérés ; il n’a pas honte d’être provincial et de s’enfoncer de plus en plus dans la vie obscure : il envoie à Mme du Deffand des pâtés de Périgord, il en mange lui-même92 ; il va à la chasse malgré son asthme ; il a des procès ; quand ce ne sont pas les siens, ce sont ceux de ses frères et de sa famille. […] Voici la lettre tout entière, et vraiment maternelle, du chevalier à Mme de Nanthia ; elle est inédite et nous a été communiquée par la famille de Bonneval : « Je souhaite, mon enfant, que vous soyez heureusement arrivée chez vous ; je crois que vous ferez prudemment de n’en plus bouger jusqu’à vos couches, et quoique le terme qu’il faudra prendre après pour vous bien rétablir doive vous paraître long, je vous conseille et vous prie, ma petite, de ne pas l’abréger.

1536. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. de Rémusat (passé et présent, mélanges) »

Sans me permettre d’entrer ici dans les différences qui les caractérisent et en laissant de côté ce qu’il y a de particulier dans chacun d’eux, j’avoue pour mon compte avoir ignoré jusque-là, avant de l’avoir considéré dans leur exemple, ce que c’est que la justesse d’esprit en elle-même, cette faculté modérée, prudente, vraiment politique, qui ne devance qu’autant qu’il est nécessaire, mais toujours prête à comprendre, à accepter sagement, à aviser, et qui, après tant d’années, se retrouve sans fatigue au pas de tous les événements, si accélérés qu’ils aient pu être. […] Ces ennuis et ces désirs compliquent la situation présente, tout comme les passions d’alors compliquaient cette disposition rationnelle d’autrefois ; et si l’on voulait prêter l’oreille aujourd’hui à l’instinct public pour savoir au juste ce qu’il demande, on serait vraiment fort embarrassé de le dire et de lui répondre.

1537. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Mais, tandis que son génie guerrier grandissait chaque jour au milieu des épreuves de la guerre, son caractère civil, faible, livré à toutes les influences, avait succombé déjà et devait succomber encore aux épreuves de la politique, que les âmes fortes et les esprits vraiment élevés peuvent seuls surmonter. […] L’intérêt sérieux et vraiment historique de la campagne ne commence qu’avec les opérations dans la plaine de l’Italie.

1538. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Un esprit vraiment libéral est plus tendre pour la liberté humaine ; il touche avec plus de délicatesse à tout ce qui regarde l’âme ; s’il est chargé du gouvernement, au lieu de confisquer les volontés, il les invite et les incline doucement à la modération, et s’autorise contre leurs excès de la tendresse même qu’il a pour elles. […] Langage vraiment chimérique, qui réunirait ainsi les qualités les plus locales des autres langues, les inversions du latin, les composés du grec et notre langage direct !

1539. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

Je ne sais vraiment où elle a ramassé les dernières forces avec lesquelles elle va devant elle. […] Aujourd’hui elle se sent entre hommes, et se livre et s’abandonne, et est vraiment charmante.

1540. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XI : Distribution géographique »

C’est un phénomène vraiment remarquable, que de voir tant de plantes identiques vivre sur les sommets neigeux des Alpes et des Pyrénées, en même temps que dans les contrées septentrionales de l’Europe ; mais combien n’est-ce pas plus extraordinaire encore que les plantes des Montagnes-Blanches, aux États-Unis, soient les mêmes qu’au Labrador, et presque les mêmes, au dire du docteur Asa Gray, que celles des plus hautes montagnes de l’Europe. […] « C’est un fait vraiment merveilleux, dit le professeur Dana, que les Crustacés de la Nouvelle-Zélande aient une plus étroite ressemblance avec ceux de la Grande-Bretagne, ses antipodes, qu’avec ceux de toute autre partie du monde155. » Sir J.

1541. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Non que je croie cependant que tel soit le cas ; c’est plus probablement un organe diminué et atrophié qui s’est modifié par une fonction nouvelle ; mais l’aile de l’Aptérix lui est parfaitement inutile et peut être considérée comme vraiment rudimentaire. […] Comme la présence d’organes rudimentaires provient de la tendance de chaque organe déjà ancien à se transmettre héréditairement, on peut comprendre, toute classification vraiment naturelle étant généalogique, comment il se fait que les systématistes aient reconnu que les organes rudimentaires sont d’une utilité aussi grande et même parfois plus grande que des organes de haute importance physiologique.

1542. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

L’Allemagne du temps de Goetz de Berlichingen est si confuse, la guerre des Paysans est si peu montrée dans le drame de Gœthe et sous un angle si aigu (or c’était la grande chose à peindre, dans son épouvantable horreur, si Gœthe avait eu vraiment le génie tragique), les rapports des nobles de l’Empire et de l’Empereur sont si mal déterminés, qu’un talent d’une force moyenne — et il n’y a pas à accorder davantage si on n’est pas emporté dans la valse allemande qu’on danse en ce moment en l’honneur de Gœthe — se trouvera moins à l’aise là-dedans et moins lucide que dans Egmont. […] Seulement, cette étude ne serait pas complète sur cet homme qui se croyait complet si je ne disais pas un mot du savant qui était sous le littérateur, en Gœthe, et de l’homme, enfin, qui était sous le littérateur et le savant ; car l’homme fait partie du génie ou du talent qu’on a, et, je le prouverai à propos de Gœthe : les hommes qui ne sont pas plus grands que leur génie n’ont pas un génie qui soit vraiment grand.

1543. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

En attendant, rien ne nous empêche de contempler déjà un spectacle frappant, celui de la foule des grands coupables immolés les uns par les autres avec une précision vraiment surnaturelle. […] Cité étrange chez l’un comme chez l’autre, plus belle de titre et de conception que justifiable de détail, dans laquelle le bon sens, la sagesse humaine, trouvent à s’achopper presque à chaque pas, mais où les esprits vraiment religieux se satisferont de quelques hautes clartés ! […] Sa parole semblait aller libre et mordante, sa pensée était sûre, sa vie grave ; vraiment religieux dans la pratique, il n’avait rien de ce qu’on appelle dévot.

1544. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

C’est vraiment là ce qui fait l’importance de sa grandeur. — En effet, supposez que le bagage d’un des vieux illustres se perde, il aura presque toujours son analogue qui pourra l’expliquer et le faire deviner à la pensée de l’historien. […] Sans doute la main d’Hamlet est belle ; mais une main bien exécutée ne fait pas un dessinateur, et c’est vraiment trop abuser du morceau, même pour un ingriste. […] Dans les écoles, qui ne sont autre chose que la force d’invention organisée, les individus vraiment dignes de ce nom absorbent les faibles ; et c’est justice, car une large production n’est qu’une pensée à mille bras.

1545. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Plus il s’élève dans l’échelle des généralisations, plus il incline, bon gré mal gré, à doter les lois de ce caractère impératif : il faut vraiment lutter contre soi-même pour se représenter les principes de la mécanique autrement qu’inscrits de toute éternité sur des tables transcendantes que la science moderne serait allée chercher sur un autre Sinaï. […] Serait-ce possible, la transformation s’opérerait-elle aussi facilement, générale et instantanée, si c’était vraiment une certaine attitude de l’homme vis-à-vis de l’homme que la société nous avait jusque-là recommandée ? […] Par quelque côté qu’on la considère, l’attitude sera droite, fière, vraiment digne d’admiration et réservée d’ailleurs à une élite.

1546. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Vraiment je ne te reconnais plus. […] Vraiment ? Vraiment ? […] Par exemple, si l’on parle de l’incendie qui réduisit en cendres quelques Pharisiens et un plus grand nombre de Pharisiennes au bazar de la Charité, et si l’on s’émeut sur le triste destin de ces Notoriétés, je m’écrie : « C’est vraiment dommage que cet incendie ait eu lieu par hasard, plutôt que d’être allumé par des Prolétaires — ingrats. » Cette proposition répand un léger froid sur l’assistance.

1547. (1925) Proses datées

Tout cela, je l’éprouvai vivement, et la blanche Velléda qui nous portait me parut vraiment, ce jour-là, un navire enchanté. […]   Il ne s’ensuit pas que Faguet n’admire point Balzac, mais il ne le veut admirer qu’à bon escient et dans les parties qui lui en semblent vraiment supérieures. […] Aussi nous représente-t-il des êtres qui nous deviennent aussitôt familiers et qui vivent par eux-mêmes des êtres dont nous reconstruisons par nous-mêmes les parties que l’on ne nous a pas montrées, des êtres vraiment entiers qui agissent non pas par la volonté de l’auteur, mais par leur propre vitalité. […] Elles forment, dites-vous assez plaisamment, « un corps vraiment respectable » sans que leur nombre vous ait paru répondre à ce que l’on s’imagine. […] Ils sont vraiment à nous, ces portraits solitaires.

1548. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

Notons que si son style poétique, comme celui de Vigny, est faible, Baudelaire toujours comme Vigny et à la différence de Lamartine, de Hugo, de Musset, de Gautier, n’a pas de prose, je veux dire de style de prose : sa prose, simplement juste et correcte, n’est pas vraiment signée. […] C’est à Gournay qu’il commence vraiment à peindre d’après nature. […] Cette lumière à la fois sensible et intellectuelle qui n’existe vraiment, pour Fromentin, que prolongée et mise en valeur par les harmoniques de la mémoire et de la réflexion, nous la trouvons jusqu’à un certain point dans sa peinture ingénieuse, mais plus encore dans son style écrit. […] Tous ces noms forment vraiment une école orientaliste française, à base d’intelligence, en face de laquelle un Loti est seul. […] » Et il se défend de conclure, tout en concluant à peu près : « Jusqu’à présent la pensée n’a vraiment soutenu que les grandes œuvres plastiques.

1549. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Rien n’est plus largement conté, plus clair, plus circonstancié que cette bataille, mieux suivi dans ses moindres circonstances en même temps que posé dans son ensemble et couronné par une fin vraiment touchante.

1550. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — II » pp. 57-80

Vraiment oui, et recevoir les grâces les plus importantes.

1551. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Mais soyez tranquilles sur le résultat : toutes celles de ces admirations qui sont bien fondées, et si lui-même, lecteur, en son âme secrète, n’est pas devenu, dans l’intervalle, moins digne d’admirer le Beau, toutes ou presque toutes gagneront et s’accroîtront à cette revue sincère : les vraiment belles choses paraissent de plus en plus telles en avançant dans la vie et à proportion qu’on a plus comparé.

1552. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville »

Les terres qu’ils habitent depuis des siècles leur appartiennent sans doute : personne ne leur refuse ce droit incontestable ; mais ces terres, après tout, ce sont des déserts incultes, des bois, des marais, pauvre propriété vraiment.

1553. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Il serait vraiment digne de la maison Hachette de vulgariser enfin cette réforme qui ne prend quelque importance que parce qu’on y résiste.

1554. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres mêlées de Saint-Évremond »

« Ainsi mourut cette duchesse avec une fermeté digne vraiment de l’ancienne Rome, mais qui n’est pas aussi du goût de la nouvelle162. » Or Saint-Évremond, dans sa lettre au marquis de Canaples sur la mort même de la duchesse, disait : « Vous ne pouviez pas, Monsieur, me donner de meilleures marques de votre amitié qu’en une occasion où j’ai besoin de la tendresse de mes amis et de la force de mon esprit pour me consoler.

1555. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Vie de Rancé »

Dom Gervaise faillit tout perdre ; Saint-Simon nous a raconté les détails longtemps secrets et vraiment étranges qui amenèrent le nouvel abbé à une démission forcée ; il fut lui-même trop employé à la Cour dans cette affaire pour qu’on puisse douter des circonstances qu’il affirme et qu’il n’a aucun intérêt, ce semble, à surcharger.

1556. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger en 1832 »

Ce fut le temps où il se mêla de plus près à toutes les classes et à toutes les conditions de la vie, où il apprit à se sentir vraiment du peuple, à s’y confirmer et à contracter avec lui alliance éternelle ; ce fut le temps où, dépouillant sans retour le factice et le convenu de la société, il imposa à ses besoins des limites étroites qu’ils n’ont plus franchies, trouvant moyen d’y laisser place pour les naïves jouissances.

1557. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — L'abbé de Lamennais en 1832 »

Cette doctrine servile, vraiment idolâtre et charnelle, avait pris corps à partir du protestantisme, anglicane avec Henri VIII et Jacques Ier, gallicane avec Louis XIV, et elle avait engendré collatéralement le dogme de la souveraineté du peuple, qui n’est qu’une réponse utile à coups de force positive et de majorité numérique.

1558. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE BALZAC (La Recherche de l’Absolu.) » pp. 327-357

n’est-il pas vraiment, à beaucoup d’égards, un Pigault-Lebrun de salon, le Pigault-Lebrun des duchesses ? 

1559. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SUE (Jean Cavalier). » pp. 87-117

L’ouverture du roman a vraiment de la beauté : la douceur du paysage qu’admirent les deux enfants, la ferme de Saint-Andéol, le repas de famille et l’autorité patriarcale du père de Cavalier, l’arrivée des dragons et des miquelets sous ce toit béni, les horreurs qui suivent, la mère traînée sur la claie, tout cela s’enchaîne naturellement et conduit le lecteur à l’excès d’émotion par des sentiments bien placés et par un pathétique légitime.

1560. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

Bignon, je crois, dont la phrase d’ailleurs, pleine et nombreuse et vraiment académique, semblait de si bon style à feu Louis XVIII.

1561. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Cousin, d’une plume incisive et comme d’une épée de feu, avait, du premier coup, élargi le débat ; les points choisis par lui tendaient à montrer Pascal bien autrement sceptique qu’on ne s’était habitué à le considérer ; il semblait résulter que les rectifications et les restitutions du texte primitif étaient toutes dans ce sens de scepticisme absolu ou de christianisme outré, et contraire aux idées saines d’un apologiste vraiment respectable.

1562. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « M. MIGNET. » pp. 225-256

Malgré les difficultés, que nous connaissons trop bien, de juger du fond en des matières si complexes et d’oser apprécier la forme en des hommes si honorés de nous, cette fois nous nous sentons presque à l’aise vraiment ; nous avons affaire à une destinée droite et simple qui, en se développant de plus en plus et en élargissant ses voies, n’a cessé d’offrir la fidélité et la constance dans la vocation, la fixité dans le but ; il est peu d’exemples d’une pareille unité en notre temps et d’une rectitude si féconde.

1563. (1875) Premiers lundis. Tome III «  À propos, des. Bibliothèques populaires  »

Il m’est arrivé plus d’une lois, messieurs, en assistant à certaines de vos discussions, de former un regret et un vœu : ce vœu, ce serait de voir plus souvent dans cette enceinte un prince si remarquable par les dons de l’intelligence, si riche de connaissances qu’il accroît de jour en jour, d’un esprit vraiment démocratique, doué d’éloquence, d’une capacité multiple et prompte que tous ceux qui ont eu l’honneur de l’approcher admirent, et qui, pour tout dire d’un mot, est digne de sa race.

1564. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Politien, génie vraiment antique et digne d’Horace ne s’enivra pas de cette faveur ; il était né d’une bonne famille à Montepulciano, petite ville de la Toscane, comme Flaccus, en Calabre ; c’est de là qu’il prit son nom. « Je ne me sens pas plus enorgueilli des flatteries de mes amis, ou humilié des satires de mes ennemis, disait-il, que je ne le suis par l’ombre de mon corps ; car, quoique mon ombre soit plus grande le matin ou le soir qu’elle ne l’est au milieu du jour, je ne me persuaderai point que je sois plus grand moi-même dans l’un ou l’autre de ces moments que je ne le suis à midi. » XI Le pape étant mort en ce temps-là, Laurent de Médicis fit un voyage à Rome, pour recommander Julien, son jeune frère, à Sa Sainteté, dans le but de le faire élire au cardinalat.

1565. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre III. Les tempéraments et les idées — Chapitre II. La jeunesse de Voltaire, (1694-1755) »

Vers le même temps, Voltaire donnait Nanine (1749) : le public y applaudissait, dans la mésalliance généreuse d’un seigneur, une satire des privilèges sociaux, une apologie de l’égalité naturelle et du mérite personnel ; mais il n’y a vraiment rien là de bien méchant, et ce n’est pas la peine d’être Voltaire pour faire Nanine.

1566. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. Le théâtre romantique »

Que Molière en fasse les Précieuses ridicules, rien de mieux : mais d’en faire Ruy Blas, d’espérer sur cette donnée de haute fantaisie élever une action sérieusement attendrissante et tragique, c’est vraiment manquer de sens commun.

1567. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Ferdinand Fabre  »

On entre, en le lisant, dans un monde absolument nouveau : on est vraiment dépaysé.

1568. (1895) La musique et les lettres pp. 1-84

fera défaut, parce que vraiment ils ne sont pas.

1569. (1921) Enquête sur la critique (Les Marges)

Non, vraiment, les nécrophores exagèrent : jusqu’au soleil des pauvres morts !

1570. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

J’aime vraiment les gens qui aiment tout simplement.

1571. (1890) L’avenir de la science « XVIII »

Il est donc essentiel qu’elle les garde quelque temps, pour opérer à loisir cette analyse ; autrement la digestion trop hâtée n’aboutirait qu’à l’affaiblir ; l’assimilation d’une foule d’éléments vraiment nutritifs serait empêchée.

1572. (1890) L’avenir de la science « XXII » pp. 441-461

Étaient-ce Galba, Othon, Vitellius, qui occupaient vraiment le centre de l’humanité, comme on le croyait sans doute de leur temps ?

1573. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre X. La littérature et la vie de famille » pp. 251-271

On dirait vraiment que Marivaux a prévu l’officieux de Quatre-vingt-treize.

1574. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. John Stuart Mill — Chapitre II : La Psychologie. »

Cela fait, ses déductions doivent être reconnues comme loi de conduite et on doit s’y conformer, sans estimation directe. » L’auteur que nous citons éclaircit la doctrine par une comparaison : l’astronomie a parcouru deux périodes ; l’une empirique, chez les anciens, où les phénomènes étaient prédits en gros et approximativement ; l’autre rationnelle, chez les modernes, où la loi de gravitation a permis des déterminations rigoureuses et vraiment scientifiques.

1575. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Non, tous les connoisseurs, tous les hommes sages & vraiment éclairés se sont élevés contre la morgue de leur style, la singularité de leurs idées, la médiocrité de leurs talens, & ont protesté contre leurs usurpations.

1576. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — Y. — article » pp. 529-575

Qu’on suppose une Société vraiment religieuse : quel genre de vices pourroient subsister dans son sein ?

1577. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre Premier »

Ici se place une tirade éloquente, d’un souffle et d’un jet vraiment inspirés.

1578. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Pour le coup, l’armateur se redresse : prêter de l’argent, passe encore ; mais donner son temps à un étranger, compromettre peut-être sa situation pour relever celle d’un homme qui est à peine son ami, l’exigence est vraiment trop forte, la sollicitude trop étrange.

1579. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

Quatre ans auparavant, dans ce singulier livre, vraiment fabuleux et tout bouffi de sentimentalité royaliste, Sur la vie et la mort de M. le duc de Berry, il avait dit, en concluant par une éloquente menace : Tirons au moins de notre malheur une leçon utile, et qu’elle soit comme la morale de cet écrit.

1580. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Bussy, vraiment, aurait été humilié s’il avait pu l’être.

1581. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mirabeau et Sophie. — I. (Dialogues inédits.) » pp. 1-28

» Elle lui répond bien sensément : Vraiment non, mais moins vous m’en demanderez et plus je vous en devrai.

1582. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « André Chénier, homme politique. » pp. 144-169

Dans un écrit daté de 91 et intitulé Réflexions sur l’esprit de parti, il se montre injuste et vraiment injurieux pour Burke, et le désir de venger son frère de ce que Burke avait dit sur la tragédie de Charles IX dans son fameux pamphlet, y entre pour quelque chose.

1583. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Ceux-là, nous les avons rappelés tout à l’heure ; les vraiment grands parmi eux se nomment Cyrus, Sésostris, Alexandre, Annibal, César, Charlemagne, Napoléon, et, dans la mesure que nous avons dite, nous les admirons.

1584. (1856) Les lettres et l’homme de lettres au XIXe siècle pp. -30

Après avoir entendu la lecture (comme on aurait désiré que vous pussiez l’entendre, messieurs), de cette composition vraiment classique et pleine d’urbanité, le jury n’a pas été surpris de rencontrer le nom de l’auteur, M. 

1585. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Comme l’invention purement personnelle et sans but, comme l’invention vraiment impersonnelle qui tend à la vérité, l’invention reproductrice, si l’on peut ainsi l’appeler, a son processus et son progrès, à chaque moment duquel elle s’accompagne spontanément d’une expression toujours adéquate.

1586. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre IX. Eugénie de Guérin »

Là, il était vraiment lui-même, il essuyait son front lassé et pouvait encore se sourire.

1587. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Signorelli était-il vraiment le générateur de Michel-Ange ?

1588. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — La solidarité des élites »

Qu’est-ce donc que nous voudrions vraiment comprendre ?

1589. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

Cette forme vraiment magnifique de l’ode n’a dû, chez les Hébreux eux-mêmes, atteindre à toute sa hauteur que lorsqu’elle se mêlait à une cérémonie sainte dont elle était la voix ; comme, par exemple, sous David, dans la translation de l’arche sainte au sommet de la montagne de Sion, entre les pompes d’un concert triomphal où tout Israël était associé.

1590. (1774) Correspondance générale

Bonjour, mon ami, bientôt je n’aimerai vraiment que vous, et je n’en serai pas fâché. […] Oui, vraiment, j’ai le cœur dur comme un caillou ; cela est au point que, quand je me lève le malin, je crois qu’on m’a volé pendant la nuit celui que j’avais, et qu’on m’en a donné un autre, et je n’en suis pas plus content, car je tenais beaucoup au mien. […] voilà donc encore une demi-page qui aurait été vraiment du ton véhément de l’orateur, si l’on n’y avait pas mis bon ordre par les antithèses, et le nombre déplacé : c’est la peinture de nos misères sur la fin du règne de Louis XIV. […] Il n’y a en ce monde que trois choses qui puissent vraiment rendre un homme méprisable : un amour ardent des richesses, des honneurs et de la vie. […] Or, de ce ruban on lui en a promis plus de trois aulnes et un quart, à condition que la très-grande Emperesse, qui en a elle de bien plus beau, permettroit que celui notre Prince acceptât de l’autre, en attendant du sien qui est vraiment plus beau.

1591. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

— Et comme j’étais assise, écoutant de cette façon les oiseaux, Il me sembla que j’entendais soudainement des voix, Les plus douces et les plus délicieuses Que jamais homme, je le crois vraiment, Eût entendues de sa vie ; car leur harmonie Et leur doux accord faisaient une si excellente musique, Que les voix ressemblaient vraiment à celles des anges193.

1592. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

— Non ; tous vos plaisirs de garçon, tout votre vieux vin que vous buvez entre vous, tout votre égoïsme et vos plaisanteries, tout cela n’est rien… c’est de la misère auprès du bonheur de famille : c’est là que vous êtes vraiment heureux, parce que vous êtes aimé ; c’est là que vous louez le Seigneur de ses bénédictions ; mais vous ne comprenez pas ces choses ; je vous dis ce que je pense de plus vrai, de plus juste, et vous ne m’écoutez pas !  […] » cela lui donnait une ardeur, mais une ardeur vraiment incroyable ; il ne se sentait plus de bonheur.

1593. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1867 » pp. 99-182

c’est vraiment bien malheureux qu’on n’ait pas de lui, jetée sur le papier, sa pensée de 1852 à 1860, en ces années, où nous avons rencontré chez lui la plus originale cervelle philosophique de ce siècle. […] Quand je compare ce peuple aux peuples de progrès et de liberté, marqués au signe de ce sinistre affairement moderne, en lutte avec le budget de chaque jour, massacrés d’impôts, y compris celui du sang, je trouve vraiment que les mots se payent bien cher.

1594. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

J’ai vraiment peine à croire, mon cher Monsieur, que toutes ces manies de chien, de mulâtre écarlate, de chambre noire, de vêtements de velours, de mise à mort, de médailles, etc., ne soient pas de pure affectation. […] Vraiment, j’avoue que c’est une chose bien imprévue, bien honorable et bien rare qu’un éditeur qui vient trouver un homme dans ma position ; il y a là de quoi le rendre très vain assurément. […] Notre pays vaut les autres, je crois, et je ne sais vraiment de quel droit un méchant écrivain viendrait y rire et en remporter de quoi faire rire les autres.

1595. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Vaugelas. Discours de M. Maurel, Premier avocat général, à l’audience solennelle de la Cour impériale de Chambéry. (Suite et fin.) »

Il put vraiment faire la grimace à quelque moment de la lecture.

1596. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

Vraiment le fer meurtrier et le rocher aussi Pendent bien sur le chef de ces seigneurs ici, Puisque d’un vieil filet dépend tout leur bonheur.

1597. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Et c’est là, je le dirai, ce qui m’a le plus profondément attaché au milieu de la beauté et de la grandeur vraiment épiques de l’ensemble. 

1598. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre premier. Mécanisme général de la connaissance — Chapitre II. De la rectification » pp. 33-65

Flaubert m’écrit : « N’assimilez pas la vision intérieure de l’artiste à celle de l’homme vraiment halluciné.

1599. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« Alors elle entendit sa voix, cette voix qu’elle n’avait vraiment jamais entendue, qui s’élevait à peine au-dessus du frémissement des feuilles et qui murmurait : « — Pardonnez-moi, je suis là.

1600. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

Voilà vraiment des hommes de génie : ils n’imitent pas les Grecs, ils ne copient pas les Espagnols ; ils n’ont de maître que la vérité.

1601. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Serions-nous vraiment en décadence ?

1602. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Malherbe marqua le caractère et assura l’avenir de la haute poésie en France, le jour où il substitua au mécanisme qui permettait à Ronsard de faire deux cents vers à jeun, et autant après dîner122, un ensemble de difficultés ou plutôt un corps de lois qui devait interdire l’art aux vaines vocations, et ne le rendre accessible qu’aux poëtes vraiment inspirés.

1603. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

Quand l’ouvrage parut, la Sorbonne en approuva solennellement « le style relevé, les paroles choisies, l’éloquence vraiment chrétienne. » Le public resta froid.

1604. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

Sans parler du nombre des honnêtes gens, même au contrôle de Saint-Simon, honnêtes gens vraiment vérifiés, combien d’intelligences supérieures, d’esprits fermes ou délicats !

1605. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

J’ai tant joui dans cette vie, que je n’ai vraiment pas le droit de réclamer une compensation d’outre-tombe ; c’est pour d’autres raisons que je me fâche parfois contre la mort ; elle est égalitaire à un degré qui m’irrite ; c’est une démocrate qui nous traite à coups de dynamite ; elle devrait au moins attendre, prendre notre heure, se mettre à notre disposition.

1606. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

Certes les voilà aujourd’hui vraiment du même sang. » Antigone et Ismène sont restées jusque-là muettes sous leurs voiles, recueillant les larmes qui pleuvent autour d’elles, comme pour les ajouter au flot qui monte silencieusement dans leur sein.

1607. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

Avec tant d’esprit et des parties de talent si réelles, mais sans invention originale et sans génie, il était de ceux qui auraient eu dès l’abord besoin de l’étude, d’une bonne direction, d’une éducation vraiment classique.

1608. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Chamfort. » pp. 539-566

Ce portrait de Chamfort par Chateaubriand est admirable de touche et de vie, et je ne sais vraiment pourquoi l’illustre auteur l’a rétracté et désavoué depuis : Chamfort, disait-il, était d’une taille au-dessus de la médiocre, un peu courbé, d’une figure pâle, d’un teint maladif.

1609. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Il accorde de prime abord à la société tout ce que Rousseau lui refuse ; il l’accorde, non pas à la société telle qu’on l’avait alors sous les yeux, et qu’on la subissait dans tous les développements de la vie, mais à une société vraiment moderne qu’il concevait, et où l’art du réformateur eût présidé.

1610. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Peu de tems après, M. de Harlai, Archevêque de Paris, obligea ce Docteur de donner une rétractation d’un assez grand nombre de propositions vraiment repréhensibles qui lui étoient échappées.

1611. (1913) La Fontaine « VII. Ses fables. »

vraiment nous y voici, Reprit l’ours à sa manière : Comme me voilà fait ?

1612. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Si on est vraiment désintéressé dans cette question pourquoi cette cruelle mise en lumière de pauvretés qui n’ajoutent rien à la richesse qu’on a ?

1613. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Michelet » pp. 167-205

Mais parmi les sensations moins graves et moins profondes qu’il cause, on en éprouve plusieurs de vraiment ravissantes.

1614. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

Quoi qu’il en soit, la littérature ne fleurit vraiment que dans un groupe constitué normalement, susceptible d’évolution et fortement conscient ; ailleurs, c’est la vie pratique, calculatrice, au jour le jour, sans foi et sans poésie, parce que sans âme.

1615. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Et notre grand Le Nôtre, le plus vraiment français entre les artistes français, par la clarté, la logique, la mesure, par l’art suprême de la composition, qu’aurait-il à répondre, ce Racine des jardins, à vos démocrates affairés qui se plaignent que les magnificences de son architecture végétale sont une gêne à la circulation ? […] Non vraiment. […] Cette inscription est vraiment sinistre. […] C’est là que nous allons entendre ce dialogue sublime entre Dante et le grand gibelin Farinata degl’Uberti, interrompu par Cavalcante Cavaleanti, et, selon mon opinion, un des plus beaux morceaux et des plus vraiment dantesques de toute la Comédie. […] Elle acclamait Shakespeare, introduit par Wieland, comme un génie vraiment germanique.

1616. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

La table des matières du petit volume où il tient à l’aise est vraiment encyclopédique. […] Par eux seuls l’Exposition universelle répond vraiment à son nom et le bazar du Champ-de-Mars est devenu le rendez-vous des curieux et des intéressés de toute la terre. […] Outre que l’ambroisie ne saurait remplacer le vin de ménage, l’idée de mérite et de démérite importe vraiment assez peu au positivisme avoué de notre siècle ; ce qui nous frappe, c’est bien plutôt l’idée de profit et de perte. […] Bouilhet, et c’est, à la peinture de tels sujets qu’est surtout propre son hexamètre large, sonore et puissant, d’une facture vraiment épique, qui rappelle parfois la matière ample et forte de Lucrèce. […] Ces idées sont développées par le poëte avec une rare puissance de style et une grandeur tranquille, vraiment digne de l’antiquité.

1617. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

Un homme vient de lire Iphigénie en Aulide de Racine, et le Guillaume Tell de Schiller ; il me jure qu’il aime mieux les gasconnades d’Achille que le caractère antique et vraiment grand de Tell. […] Je disais un jour à un de ces messieurs : vingt-huit millions d’hommes, savoir : dix-huit millions en Angleterre, et dix millions en Amérique, admirent Macbeth et l’applaudissent cent fois par an. — Les Anglais, me répondit-il, d’un grand sang-froid, ne peuvent avoir de véritable éloquence, ni de poésie vraiment admirable ; la nature de leur langue, non dérivée du latin, s’y oppose d’une manière invincible.

1618. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

Toute impression, chez Massenet, se traduit par des rythmes, et en cela il est vraiment né musicien. Toute impression lui vient par les sens, le goût, le toucher, les yeux, et en cela il est vraiment le musicien de son temps9. » Cette invention par transposition de sens ne paraît pas rare chez les musiciens. […] Au second acte de Lohengrin, par exemple, après des scènes vraiment « vagnériennes », on retrouve des chœurs dans le goût de l’ancien opéra. […] Leur organisation, presque nulle dans le monde inorganique, devient très compliquée et très hiérarchisée dans le monde vivant, et c’est là le fondement réel de l’opposition vraiment exagérée que l’on établit dans l’homme entre le dedans et le dehors.

1619. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

Je pourrais vous en citer des exemples vraiment incroyables. […] Guillaume le Conquérant, son nom dit sa gloire ; c’est un génie vraiment dominateur et politique, un Charles-Quint du onzième siècle. […] Et voilà toute une série de fables, vraiment ingénieuses, qui sort de cette secousse donnée à l’imagination humaine par les grands exploits des Normands. […] Cette chevalerie gardait même sur le champ de bataille les préjugés de son noviciat, avec une force vraiment inconcevable. […] — Sire, c’est si souveraine et bonne chose, que meilleure ne peut être. — Vraiment, c’est moult bien répondu, car cette réponse est écrite en ce livret que je tiens en ma main.

1620. (1910) Rousseau contre Molière

Que Plinville (c’est l’optimiste) soit charitable, il n’importe ; il est odieux à Fabre d’Eglantine parce qu’il dit : On est vraiment heureux d’être né dans l’aisance. […] J’en suis vraiment émue, oui, je sens… Philinte se rencoigne dans son obstination : « Un mot à dire… C’est toujours trop parler, quand ce mot ne nous est pas utile… Un coquin, il est dangereux de contrecarrer un coquin. […] Mais cette vérité sur le genre humain, est-il vraiment utile de la montrer et de l’étaler ? […] Tout compte fait, le métier de Tartuffe est bon. » Mais est-ce que l’auteur comique est vraiment responsable de cela ? […] Il a bien raison encore quand il dit que si Molière avait vraiment voulu, et sérieusement, dans son Tartuffe, faire prêcher la religion avec efficace, c’est au personnage sympathique par ailleurs qu’il en aurait dû confier la défense.

1621. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

À côté et au-dessous de cette lettre vraiment charmante et quelque peu sentimentale, il n’est pourtant pas hors de propos de placer le passage du même chapitre de Mémoires, dans lequel Gagern s’efforce de répondre aux reproches adressés par les Allemands, ses compatriotes, à l’ancien ministre de Napoléon pour sa soif d’argent et sa vénalité.

1622. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Celui-ci est le dernier chansonnier vraiment gai, le pur chansonnier sans calcul, sans arrière-pensée, dans toute sa verve et sa rondeur ; à ce titre, il demeure original et ne saurait mourir.

1623. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE KRÜDNER » pp. 382-410

Non, poursuivis-je, la beauté n’est vraiment irrésistible qu’en nous expliquant quelque chose de moins passager qu’elle, qu’en nous faisant rêver à ce qui fait le charme de la vie, au delà du moment fugitif où nous sommes séduits par elle ; il faut que l’âme la retrouve quand les sens l’ont assez aperçue. » « Tu le sais, mon ami, écrit Gustave, j’ai besoin d’aimer les hommes ; je les crois en général estimables ; et si cela n’était pas, la société depuis longtemps ne serait-elle pas détruite ?

1624. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre II. Principale cause de la misère : l’impôt. »

Nous vous le demandons, sire, avec tous vos autres sujets, qui sont aussi las que nous… Nous vous demanderions encore bien d’autres choses, mais vous ne pouvez pas tout faire à la fois. » — Les impôts et les privilèges, voilà, dans les cahiers vraiment populaires, les deux ennemis contre lesquels les plaintes ne tarissent pas728. « Nous sommes écrasés par les demandes de subsides…, nos impositions sont au-delà de nos forces… Nous ne nous sentons pas la force d’en supporter davantage…, nous périssons terrassés par les sacrifices qu’on exige de nous… Le travail est assujetti à un taux et la vie oisive en est exempte… Le plus désastreux des abus est la féodalité, et les maux qu’elle cause surpassent de beaucoup la foudre et la grêle… Impossible de subsister, si l’on continue à enlever les trois quarts des moissons par champart, terrage, etc.

1625. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (2e partie) » pp. 305-367

II Mais les scandales de ce gouvernement inexpérimenté, qu’on appelait le gouvernement parlementaire, me convainquirent que le pouvoir vraiment national et populaire n’était plus là ; qu’aucune des dynasties rivales tombées, retombées, retombant encore, ne pouvait le reconstituer solidement en elle ; que l’aristocratie y avait renoncé implicitement en donnant un mandat d’éloquence, une procuration d’opinion, au lieu de combattre de sa personne dans ces compétitions d’influence, de popularité et de trône ; que cette classe moyenne exclusive, intéressée, adulée, à qui ses exploitateurs recommandaient de s’adjuger à elle-même le nom et les prétentions d’une aristocratie de second étage, n’était ni assez antique, ni assez enracinée, ni assez large, ni assez populaire, pour affecter le privilège d’un gouvernement national ; qu’elle n’avait rien de permanent, de chevaleresque, de prestigieux, excepté ses industries et ses commerces, aussi mobiles que ses convoitises de monopoles financiers : jalouse en haut, jalousée en bas, menaçante et menacée de toutes parts ; que le dernier mot de la Révolution française ne pouvait être cette petite oligarchie groupée par la peur et par l’orgueil autour d’un roi d’expédient ; que cela allait crouler aux premières lueurs de l’incendie parlementaire allumé par ceux-là même qui l’avaient si mal éteint en 1830 ; qu’il fallait pourvoir d’avance aux catastrophes inévitables de ce gouvernement déjà démoli dans l’opinion des masses, en donnant à ces masses envahissantes une histoire vraie de la Révolution qu’elles auraient bientôt à reprendre en sous-œuvre, afin qu’elles ne s’égarassent pas de nouveau sans plan et sans sagesse dans les démences et dans les crimes qui avaient perdu jusqu’au nom de cette Révolution.

1626. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Mais le caractère de mon style, étant le mouvement, la chaleur et l’improvisation, ne comporte pas ces perfections élégantes et ce poli des surfaces qui, dans les styles vraiment classiques, sont l’œuvre du temps.

1627. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXIXe entretien. De la littérature de l’âme. Journal intime d’une jeune personne. Mlle de Guérin (2e partie) » pp. 321-384

Ce n’est pas vraiment la peine d’employer l’encre et le temps à cela, et je ferais mieux peut-être de m’occuper d’autre chose.

1628. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 5-64

La bonne femme, me croyant vraiment des Abruzzes, ne me demanda même pas le nom de mon village.

1629. (1869) Cours familier de littérature. XXVIII « CLXIVe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Là commence son rôle vraiment politique : il conçut la pensée de rallier l’armée française à la monarchie des Bourbons, en lui fournissant l’occasion de combattre contre la révolution d’Espagne.

1630. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Un ouvrage, vraiment digne d’estime, ne se débite qu’à un petit nombre d’exemplaires ; et il faut de hautes réputations littéraires pour forcer l’entrée des bibliothèques.

1631. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

L’une a dû son titre au roi de France, et a montré au plus haut degré les défauts et les qualités ordinaires de la noblesse française ; l’autre était d’origine celtique et vraiment bretonne.

1632. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Nous nous élevons de la sorte à des conceptions vraiment philosophiques où la science se transfigure d’elle-même en poésie.

1633. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Dans cette naïve invention de la légende, Wagner a compris ce qu’il y avait de vraiment poétique et d’éternellement humain et a retrouvé l’idée du mythe scandinave dans cent poèmes français ou germaniques, et il l’a pénétrée, traduite, élargie surtout par la puissance de son génie.

1634. (1881) La psychologie anglaise contemporaine «  M. Georges Lewes — Chapitre II : La Psychologie »

Elles étaient vraiment frappantes : les conclusions qu’il en tira furent annoncées dans ce style systématique, tranchant, absolu, qui caractérise les écrivains français » ; de là, leur popularité européenne, malgré les réserves de Müller et de Cuvier.

1635. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Cela tient vraiment du miracle.

1636. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre premier. La sélection et la conservation des idées dans leur relation à l’appétit et au mouvement. »

Pour avoir la seconde base et l’intérieur de la mémoire, qui en est vraiment l’essentiel, il faut donc ajouter au mouvement : 1° la sensation ou le germe de la sensation ; 2° la réaction appétitive, intellectuelle et motrice qui en est inséparable.

1637. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

Chez l’hypnotisé, c’est précisément la représentation suggérée par l’hypnotiseur qui, à elle seule, suffit pour nécessiter le mouvement ; ni la représentation, ni le mouvement ne sont pour cela œuvre de volition vraiment personnelle.

1638. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XIII] »

Il faut se souvenir que le caractère de saint Chrysostome était de parler aux grands et aux puissants, même dans le temps de leur plus grande prospérité, avec une force et une liberté vraiment épiscopales.

1639. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

Cependant, quand j’ai vu qu’après de vains efforts vos apôtres n’avaient pu faire chanceler sur leurs bases les statues de nos grands hommes, quand j’ai vu que des étrangers vraiment patriotes venaient nous demander si les écrivains qui avilissaient des noms immortels, qui reniaient les gloires de leur pays étaient Français…8, je me suis rassuré sur les attaques répétées de ces mauvais citoyens, et j’ai commencé à douter de leur succès à venir.

1640. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

A chaque fois qu’il le rencontre, le nom de sa chère patrie, c’est le même frémissement :‌ Je vous remercie, ma chère maman, de toutes vos lettres qui me rattachent à notre Lorraine et à ses angoisses… Vraiment la Lorraine a une effroyable destinée.

1641. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Au fond, Rousseau, amoureux surtout de chimères, ne fut jamais vraiment épris que des créations de son intelligence. […] Cet écrit prétentieux ne contient rien qui justifie vraiment son titre. […] Pour prendre sur le fait la mélancolie vraiment maladive, il faut arriver à des œuvres moins poétiques dans la forme, quoiqu’elles le fussent peut-être plus par le fond. […] Il se peut que plusieurs des impressions que l’auteur prête à ce jeune homme, quand il parle de ses vieux souvenirs et de son goût pour la nature, soient des réminiscences des impressions que Mme de Krudener avait gardées de sa propre enfance, et qu’elle se soit plus d’une fois exprimée par la bouche de Gustave aussi bien que par celle de Valérie ; mais on ne peut douter que son mélancolique Scandinave, comme on l’a appelé, n’ait vraiment existé avec la physionomie que lui donne le roman ; et c’est à cela que le héros de Valérie doit ce cachet de personnalité qui le distingue de ses devanciers et de ses successeurs. […] Joseph a poursuivi « de vaines amours », et aujourd’hui il ne peut plus vraiment aimer.

1642. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

On dira peut-être plus tard que vous n’êtes point malade imaginaire, que vous êtes vraiment malade, d’une maladie qui tient des vapeurs, de l’état des nerfs, il est possible, je n’entre guère dans ces subtilités de la science ; je vois en vous un simple poltron qui a peur de la mort comme Orgon a peur de l’enfer. […] Législateur des bonnes mœurs, vraiment point du tout. […] Le conseil en est bon, mais il est insuffisant » Molière, en ne donnant que celui-ci, ou en ne donnant guère que celui-ci, n’est pas immoral, mais il n’est pas moral le moins du monde, il ne l’est pas autant, vraiment, qu’on peut demander raisonnablement même à un auteur comique de l’être. […] C’est un homme sans aucune instruction, qui a été élevé par une mère très pieuse et du reste assez bornée et qui n’a eu qu’une passion vraiment vive, la peur des peines éternelles. […] et, qu’aussi jeune et ingénue que cet étourdi de Damis, elle dit elle-même, ce qui m’étonne vraiment un peu : Pour moi, je ne crois pas cette instance possible, Et son ingratitude est ici trop visible.

1643. (1929) Amiel ou la part du rêve

Les Genevois y trouvèrent au moins la preuve que leur compatriote était devenu vraiment gründlich. […] Si vraiment elle se leva, ce fut dans un ciel de nuages. […] Nombreuses furent celles qui, le pensant vraiment, et parlant à Amiel, hasardèrent le même vœu, avec plus de chances apparentes.

1644. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — chapitre VI. Les romanciers. » pp. 83-171

Joseph, au sortir de chez lady Booby, est assommé, laissé dans un fossé sans habits et pour mort ; une diligence passe, les dames font des haut-le-corps à l’idée de recueillir un homme vraiment nu, et les gentlemen, qui ont chacun trois paletots, les trouvent trop neufs pour les salir sur le corps du pauvre diable. […] Comme tous les gens qui ont des nerfs, il est sujet aux attendrissements : non qu’il soit vraiment bon et tendre, au contraire sa vie est d’un égoïste ; mais à de certains jours il a besoin de pleurer, et nous fait pleurer avec lui.

1645. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

C’est vraiment la vallée de l’Ombre de la Mort1386. […] Ainsi, cette histoire dont les qualités semblent si peu anglaises porte partout la marque d’un talent vraiment anglais.

1646. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

De Saint-Pétersbourg, M. de Maistre entretient une correspondance vraiment européenne avec des hommes éminents, ou au moins distingués.

1647. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

… » Elle croit au hasard, qu’elle appelle son maître et son ami ; elle a, pour le hasard, une étrange crédulité : c’est presque de la foi, se dit-elle, et elle ajoute : « Vraiment, le jour où mon maître le hasard porterait en mon cœur un autre nom, je ferais une excellente catholique. » Elle n’en est pas là, dans La Vagabonde ou L’Entrave. […] Le sommes-nous vraiment ? […] Auprès de lui, Horace n’est vraiment, comme il l’a dit avec sa gentillesse qui vous désarme, qu’un porc du troupeau d’Épicure, troupeau fort délicat, joliment soigné, amusant. […] Si Mildmay et Pierrepoint avaient été vraiment ce qu’on appelle habillés, vous n’eussiez remarqué ni les bottes de l’un, ni le gilet de l’autre. » Il en va de même pour le style, ajoute M.  […] Je suis si malheureuse vraiment que je perds courage et espoir pour l’avenir.

1648. (1858) Du vrai, du beau et du bien (7e éd.) pp. -492

Toute œuvre d’art, quelle que soit sa forme, petite ou grande, figurée, chantée ou parlée, toute œuvre d’art, vraiment belle ou sublime, jette l’âme dans une rêverie gracieuse ou sévère qui l’élève vers l’infini. […] Il se réfugie dans les détails, dans les frontons, dans les frises, dans toutes les parties qui n’ont pas l’utile pour objet spécial, et là il redevient vraiment artiste. […] Condé est-il vraiment inférieur à Alexandre, à Annibal et à César ; car pour d’autres émules, parmi ses devanciers il ne faut pas lui en chercher ? […] La vertu est cette sagesse qui sait résister à l’entraînement des passions, discerne ce qui est vraiment utile, et marche sûrement au bonheur. […] Tout ce que je veux établir ici, c’est que dans le système de l’intérêt, l’homme, ne possédant aucun attribut vraiment moral, n’a pas le droit de mettre en Dieu ce dont il ne trouve aucune trace ni dans le monde ni en lui-même.

1649. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Il y aurait eu à citer pourtant des scènes vraiment touchantes et profondes, dans lesquelles cette reine si enchaînée par l’étiquette, se laissant prendre au semblant d’affection que tout le monde autour d’elle prête à don Alphonse, trahit devant lui sa faiblesse de femme et ne peut étouffer ses larmes.

1650. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Je ne puis, après tant de collaborateurs autorisés et curieux qui ont tout dit, qui ont dit plus et même autrement que je n’aurais su trouver pour mon compte sur chaque sujet en particulier, je ne puis faire ici qu’une chose : présenter une vue générale et, en me tenant au point de vue du goût, qui doit se combiner avec le point de vue historique et non s’y confondre, indiquer les belles saisons, les bons siècles, les vraiment heureux moments de cette poésie française qui a si souvent brisé avec son passé, qui s’est si peu souvenue d’elle-même, et à qui il était bon d’offrir une fois ses titres au complet, pour lui rendre tout son orgueil et son courage.

1651. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre II. Les bêtes »

Mon chant plaît à chacun. »     Le milan alors lui réplique : « Vraiment nous voici bien ; lorsque je suis à jeun,,     Tu viens me parler de musique.

1652. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Quant à madame Roland, qui enflait un mari vulgaire du souffle de sa colère de femme contre une cour odieuse parce qu’elle ne s’ouvrait pas à sa vanité de parvenue, il n’y a de vraiment beau en elle que sa mort.

1653. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXVIIIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 65-128

Seulement, qui sait s’il est vraiment criminel ou s’il est innocent ?

1654. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre I. Polémistes et orateurs, 1815-1851 »

Enfin, il est du petit, bien petit nombre des orateurs qui n’ont pas vieilli, et qui se lisent vraiment avec plaisir : cela tient à la belle fermeté de son style, aussi grave et moins triste que celui de Guizot.

1655. (1912) Enquête sur le théâtre et le livre (Les Marges)

Jean-Marc Bernard Le théâtre, tel que l’ont compris les Grecs et les grands Maîtres du xviie  siècle, m’apparaît vraiment comme le spectacle intellectuel le plus beau qui soit.

1656. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre V. Le Séminaire Saint-Sulpice (1882) »

Sa piété était vraiment comme les mères-perles de François de Sales, « qui vivent emmy la mer sans prendre aucune goutte d’eau marine ».

1657. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, le 8 décembre 1885. »

Un musicien n’est plus guère qui se veuille contenter de pure musique ; à tous sont des émotions terribles, énormes, totales ; aucun ne consent à écrire, s’il ne doit chanter une damnation de Faust ; le romantisme, vraiment, n’était pas en 1830, aujourd’hui il est ; nous vivons dans un âge effroyablement dramatique.

1658. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre VIII, les Perses d’Eschyle. »

Hymne violent et heurté, vraiment capable de fendre les pierres et de percer la surdité du sépulcre.

1659. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Première partie. De la parole et de la société » pp. 194-242

Condillac a fait un roman sur la formation du langage : il en tire cette conclusion vraiment inconcevable, la nécessité de signes arbitraires.

1660. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Crétineau-Joly »

vraiment, ce n’est pas une médiocre jouissance pour ceux qui aiment la vérité, que le spectacle de l’atroce embarras qu’elle cause parfois à ceux qui la détestent !

1661. (1858) Du roman et du théâtre contemporains et de leur influence sur les mœurs (2e éd.)

Mais ce n’est point-là ce qu’on admire le plus en lui : ce qu’on admire, ce sont ses exagérations et ses excès ; c’est cette théorie de la force, son seul idéal ; c’est la monomanie prise pour type et expression suprême de la passion ; c’est la tendance au réalisme et la description outrée de l’homme physique ; c’est en un mot tout ce qu’il a mêlé de physiologie, d’anatomie, d’études repoussantes sur les monstruosités et les maladies mentales, à ses peintures vraiment belles et durables de la nature morale de l’homme. […] Il appartenait à un autre romancier de notre temps de l’orner de couleurs plus séduisantes, et, par une conception vraiment neuve, de lui imprimer un cachet d’élégance mondaine, tout en lui laissant ce masque de spiritualisme, ce manteau de religion dont toutes les doctrines, même les plus perverses, ont pris soin de s’affubler de nos jours. […] « Vous savez, dit Eugénie qui est la femme d’un étudiant et la femme vertueuse du roman100, vous savez que je suis de la religion saint-simonienne à certains égards, et que je ne vois dans le mariage qu’un engagement volontaire et libre, auquel le maire, les témoins et le sacristain ne donnent pas un caractère plus sacré que ne font l’amour et la conscience… Il y a un mariage vraiment religieux qui se contracte à la face du ciel101. » Toutefois ce ne sont encore là que des indications vagues. […] À la puissance physique a succédé la puissance morale166. » L’homme n’a de force morale et de véritable grandeur, il n’est vraiment redevenu homme que lorsqu’il a enfin secoué les fers de la société 167. […] « Qu’importe la honte à une âme vraiment forte ?

1662. (1886) Le roman russe pp. -351

Krylof eut le talent de lui donner une apparence vraiment russe, une bonhomie rude et populaire, différente de la douce bonhomie du modèle. […] Enfin il eut vraiment la divination des besoins intellectuels de son temps ; cette « école naturelle » d’où sont sortis les grands romanciers de la Russie moderne, il l’a fondée, encouragée de ses conseils ; en lui traçant son programme aussitôt après 1840 — et ceci est capital — il a montré pour la première fois un Russe en avance sur les évolutions littéraires de l’Occident. […] Guizot, disait naguère qu’à son avis Tarass Boulba est le seul poème épique vraiment digne de ce nom chez les modernes. […] Mais je parle bien au long, vraiment, de la politique d’un poète.

1663. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre II. Dryden. »

. —  Les Français, dit-il, n’ont point de caractères vraiment comiques : à peine si Corneille en a mis un dans son Menteur ; tous leurs personnages se ressemblent, ce sont des êtres effacés, sans originalité distinctive. […] Enfin ils entendirent chanter le coucou folâtre, dont la note proclamait la fête du printemps792. » On démêle sous ses vers réguliers une âme d’artiste793 ; quoique rétréci par les habitudes du raisonnement classique, quoique roidi par la controverse et la polémique, quoique impuissant à créer des âmes ou à peindre les sentiments naïfs et fins, il reste vraiment poëte ; il est troublé, soulevé par les beaux sons et les belles formes ; il écrit hardiment sous la pression d’idées véhémentes ; il s’entoure volontiers d’images magnifiques ; il s’émeut au bruissement de leurs essaims, au chatoiement de leurs splendeurs ; il est au besoin musicien et peintre ; il écrit des airs de bravoure qui ébranlent tous les sens, s’ils ne descendent pas jusqu’au cœur.

1664. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Et pourquoi, vraiment, se mettre en si grande dépense de fureurs, de poings crispés, de sourcils foncés (grande supercilium, ne manquerait pas de dire M.  […] Bien n’est plus attachant que de le voir à la piste d’une vertu, d’un défaut, d’une bonne ou mauvaise pensée chez un auteur, traquant, pour ainsi dire, l’indice qu’il recherche, et tout heureux, vraiment fier et animé, lorsqu’il croit l’avoir découvert dans une phrase, que dis-je !

1665. (1896) Études et portraits littéraires

C’est de la psychologie, ces soixante pages, et je ne sais vraiment pourquoi quelques personnes reprochent à Loti de n’en point faire assez. […] Aucune pourtant, j’en suis sûr, n’a été plus vraiment sentie par son auteur. […] Et si je puis dire ainsi, est-ce vraiment assez noble ? […] Mais si, malgré ce « déclin » commençant, — et avoué, — une belle et pure jeune fille, millionnaire par surcroît, le demande et le supplie, je trouve vraiment qu’il lasse sa bonne étoile.

1666. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME GUIZOT (NEE PAULINE DE MEULAN) » pp. 214-248

Mlle de Meulan, comme plusieurs écrivains français distingués, ne tenait à l’antiquité que par une tournure d’esprit latine ; elle confinait un peu à Sénèque, c’est-à-dire qu’elle touchait l’antiquité par les plus vraiment modernes des anciens.

1667. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre II. Le public en France. »

Ils agissent, ils sont vraiment généreux ; il suffit qu’une cause soit belle pour que leur dévouement lui soit acquis.

1668. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXIXe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe (2e partie) » pp. 161-232

« Descendez maintenant, dit-il à ses compagnons de route, et allez vous informer si la jeune exilée est vraiment digne de la main que je lui présente.

1669. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXVIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (2e partie) » pp. 417-487

Spiritualisme, moralité dans les lois, pour que la civilisation ne soit pas seulement matérielle, mais vertueuse, et pour que l’âme de l’homme ne progresse pas moins que sa race périssable dans une civilisation vraiment divine et indéfinie sur cette terre, et au-delà de cette terre.

1670. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Quand on s’est lancé hardiment, avec une sainte pensée dans le cœur, au milieu d’un peuple en révolution, pour l’apaiser et le diriger vers des destinées plus hautes et plus surhumaines ; Quand on lui a dit : « Lève-toi et règne, mais montre-toi digne de régner par ta modération, par ta tolérance, par ton respect des libertés d’autrui ; tu n’auras d’autre maître que la raison, tu respecteras tout le monde, et toi-même » ; Quand ce peuple a été soulevé entre ciel et terre pendant quelques mois, et que toutes les nations étonnées se sont agenouillées pour le contempler dans sa liberté et dans sa sagesse ; ce peuple de France a été vraiment roi de lui-même, et digne de l’être.

1671. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Je vous avoue que cette promenade pas à pas dans l’âme de l’évêque de Provence, quoique un peu longue, m’a fait beaucoup de bien au commencement, et que je ne l’ai pas trouvé aussi niais que l’on dit, parce qu’il est vraiment bon pour nous autres pauvres gens.

1672. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Une seule voix sans parole, non pas sans harmonie, sans force, mais irrésistible, proclame un Dieu au fond de notre cœur : tout ce qui est vraiment beau dans l’homme naît de ce qu’il éprouve intérieurement et spontanément : toute action héroïque est inspirée par la liberté morale ; l’acte de se dévouer à la volonté divine, cet acte que toutes les sensations combattent et que l’enthousiasme seul inspire, est si noble et si pur, que les anges eux-mêmes, vertueux par nature et sans obstacle, pourraient l’envier à l’homme.

1673. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre I. La préparations des chefs-d’œuvre — Chapitre II. Attardés et égarés »

On peut croire qu’elle fut vraiment, après l’excitation de la Renaissance, une forme nécessaire de l’esprit français : car, dès que l’apaisement des troubles civils et religieux donne le loisir et la sécurité, la littérature et la société se précipitent ensemble de ce côté.

1674. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Une grande question semble avoir dès lors fortement préoccupé son intelligence : il cherchait une certitude, et si vraiment, comme le disaient les théologiens, il n’y en avait pas hors de la vérité revélée.

1675. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

Seulement Gassendi ne croyait que le railler ; il voulait qu’on l’entendît d’un esprit dépourvu du sens de la réalité ; mais Descartes, aussi attentif à toutes les réalités que les plus doués de ce sens, avait sur eux l’avantage d’avoir su se dégager de leur servitude par une force de volonté extraordinaire, et par une contention d’esprit vraiment effrayante.

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