N’est-il pas singulier que Voltaire, si plaisant dans la satire et dans le roman philosophique, n’ait jamais pu faire une scène de comédie qui fit rire ?
Le roman suit dans la vie d’un homme la trace de causes multiples, extérieures ou intimes, immédiates ou lointaines, et fait voir dans les passions, les vices et les misères de l’individu les effets que doit donner, dans un certain milieu, un tempérament préparé de longue date par des ancêtres, qui furent eux-mêmes le produit fatal de la combinaison d’autres tempéraments avec d’autres milieux.
Et Quinault, enfin, Quinault montre à bâtir un roman héroïque et galant : car le vide de ces tragédies ne peut être rempli que par les complications romanesques.
Il ne faut pas s’extravaser… Il n’y avait guères sur Gustave III de connu, en France, que de mauvais livres, écrits par de basses plumes du xviiie siècle, comme le livre de l’abbé Roman, par exemple, les Cours du Nord, romanesques et suspectes ; de Brown, et l’assommant Coxe, traduit comme ils traduisaient l’anglais au xviiie siècle !
Toutes ses lettres attestent, au contraire, l’ardeur de cette âme qui, sans l’ennui, aurait peut-être en passion égalé celle de Madame de Staël, et qui se donne par les faits de si beaux soufflets à elle-même quand elle écrit, dans la Correspondance : “Je n’ai ni tempérament, ni roman.” » Assurément je ne parlerai point, et pour cause, de son intimité avec le président Hénault, le Sigisbé d’une partie de sa vie.
Excepté peut-être dans la tête de Méry, qui faisait avec un esprit qu’on ne peut malheureusement pas importer en ballots, ce que font les Chinois avec leur opium ; excepté dans les romans de cet Hoffmann de la lumière… et des Indes, l’Inde est regardée maintenant avec des yeux calmes, et on ne voit plus dans les horizons de cet étincelant pays ce qu’on y voyait.
pas écrit par un poète, ni même par quelqu’un qui ait le génie de l’hagiographie nécessaire pour traiter un pareil sujet, n’en donnera pas moins à l’imagination une de, ces fortes secousses qu’elle aime… Qu’est-ce, en effet, qu’Obermann, René, le Lépreux de la cité d’Aoste, ces trois fameux héros de roman dont on peut dire que l’âme du xixe siècle en est encore pleine, en comparaison de Benoît-Joseph Labre, ce solitaire comme eux, qui, comme eux, s’était arraché des voies du monde, — pour des raisons plus hautes que les leurs : car, eux, c’était, en ce qui regarde Obermann et René, le dégoût égoïste et hautain d’âmes plus grandes, — ou, du moins, qui se croyaient plus grandes que ce que la vie sociale avait à leur donner, — et, en ce qui regarde le lépreux, la honte d’une affreuse misère ?
Alexandre Dumas n’a pas ajouté un seul aperçu qui lui appartienne en propre… Une femme, dans un de ses romans (Delphine), madame de Staël, a discuté le pour et le contre de la question du divorce plus éloquemment que M.
Le sujet de ceci n’est pas, comme on pourrait le croire, un roman qui se cache sous des formes négligées ou familières à dessein, pour qu’elles paraissent plus vivantes.
L’instinct voyageur d’oiseau marin qui est dans tout Anglais, mais qui n’y dort pas, le fît aller un jour en Italie ; mais cet Oswald anticipé, plus sévère que celui du roman, n’y rencontra pas de Corinne.
Janin est tout un drame et tout un roman, pathétique et terrible.
Ainsi, dans les illusions d’une âme sensible, il composait ses romans du bonheur des autres, et jouissait d’avance d’une félicité qui n’était point encore.
Le drame de Soudraka exalte les humbles et rabaisse les puissants comme les romans de Hugo, que dis-je ? […] Voici le roman imaginé, à leur propos, par Crébillon. […] Un roman ou, plus exactement, un mélodrame de l’Ambigu. […] comme le dit Maréchal de la religion, il faut du roman pour le peuple. […] Le roman de M.
Ne confondons point l’histoire, qui est un roman complet, ou du moins suivi, avec le temps présent qui nous apparaît fragmentaire, tel un numéro de journal déchiré en mille bouts de papier. […] Patrons démodés, Praticiens vieillis et sans influence, entrepreneurs de bâtisses entre les mains desquels et sous les yeux (les mauvais œils) desquels les moellons fondent comme les morceaux de sucre dans les romans de M. […] On en voit passer quelques-unes dans les comédies, les romans, les mémoires ; mais leur caractère se distingue mal de celui des jeunes femmes. […] Il n’y avait pas eu pour elles d’interrègne entre la vie des saints et les romans à la mode ; elles avaient passé, d’un saut, de la poupée au mari, de la puérilité à la maternité. […] Avec Gautier, Flaubert, dans le roman, avec Baudelaire dans la poésie, une littérature nouvelle s’est créée — qui ne tient plus compte de la jeune fille, ni de la famille dont elle est devenue l’âme et le centre.
c’est la distance qu’il y a entre la prose du Roman comique et tel chœur d’Aristophane ou certaines échappées sans fin de Rabelais. […] J’ai cherché à soutenir ailleurs que chaque esprit sensible, délicat et attentif, peut faire avec soi-même, et moyennant le souvenir choisi et réfléchi de ses propres situations, un bon roman, mais un seul ; j’en dirai presque autant du drame. […] Le jugement qui suit, sur Walter Scott, revient assez naturellement ici : « C’était, dans le roman, un de ces génies qu’on est convenu d’appeler impartiaux et désintéressés, parce qu’ils savent réfléchir la vie comme elle est en elle-même, peindre l’homme dans toutes les variétés de la passion ou des circonstances, et qu’ils ne mêlent en apparence à ces peintures et à ces représentations fidèles rien de leur propre impression ni de leur propre personnalité. […] S’il s’est peint dans quelque personnage de ses romans, ç’a été dans des caractères comme celui de Morton des Puritains, c’est-à-dire dans un type pâle, indécis, honnête et bon. » 15.
Il écrit ses deux romans à cinquante ans passés, et meurt consul à Civita-Vecchia, sans avoir connu la gloire qu’il avait tant désirée.
Pour les besoins d’un travail étranger, il se trouve que je viens de relire les grands romans de Tolstoï, et Tolstoï, comme Balzac, comme Stendhal vous décourage de tout nouvel essai touchant les mœurs.
Il n’est personne qui, à un point de vue plus ou moins élevé, n’avoue qu’il est nécessaire qu’il y ait des gens pour faire des pièces de théâtre, des romans et des feuilletons.
Ils nous apprennent que « dans le palais de Mademoiselle, ou faisait accueil au mérite, et que tout ce qu’il y avait de beaux esprits, y trouvaient leur place comme chez Mécénas. » Les mémoires de la princesse et son petit roman allégorique de la princesse de Paphlagonie renferment les portraits d’une multitude de personnes célèbres par leur esprit.
Nos bons Romans ne le sont-ils pas ?
L’histoire, que Saurin lui-même en a donnée, est une espèce de roman.
Albalat, en ce qui concerne Fénelon, a cette fois le dernier mot, car, s’il est exact, comme l’a dit M. de Gourmont, que Télémaque fut une réaction salutaire contre la carnavalesque antiquité des romans galants de la Fronde, et si l’on ne peut nier que plus tard l’archevêque de Cambrai fit ses preuves d’écrivain, par contre, les corrections de son manuscrit trahissent une recherche vraiment dépravée des lieux communs les plus stériles et des plus pitoyables fleurs de rhétorique.
Elle a écrit des tragédies, des comédies et des romans.
Dans l’impossibilité de créer des romans comme Delphine et Corinne, qui sont des études superbes de passion et de société, on se rabat sur l’histoire et sur la critique ; et parce que Mme de Staël a jugé Gœthe et Schiller, et toute l’Allemagne intellectuelle de son époque, en l’inventant, il est vrai, plus qu’en la voyant telle qu’elle fut, l’auteur de Robert Emmet, qui n’a pas une pareille envergure de plume, se croit de la plus pieuse modestie filiale, en condescendant à un sujet moins vaste et moins ambitieux et en nous racontant Lord Byron.
En religion, le bas-bleu, qui est en général libre penseur, ne donne pas beaucoup ; mais à la fin du roman, les Lélias se convertissent, même celle de Mme Sand, dans les dernières éditions, et la femme du Retour du Christ, de ce livre au titre insolemment exagéré, car le Christ n’est pas absent de ce monde ; il y est insulté et flagellé, mais il y reste — heureusement pour le monde — comme il restait au poteau, insulté et flagellé par les Juifs et par les Romains !
Les romans de madame Sand, qui ont versé depuis vingt années tant de flots de mépris sur l’institution du mariage, les drames dans lesquels l’illégitimité de la naissance est une poésie de plus sur le front des héros, depuis l’Antony, de Dumas père, jusqu’au Fils naturel, de Dumas fils, ont troublé si bien les têtes qu’ils les ont tournées, et que l’orgueil individuel et solitaire n’a jamais plus été qu’à cette heure « le roi insensé qui s’aveugle avec son diadème sur les yeux ».
Drames, romans, comédies, anecdotes, biographies, et jusqu’aux modes (si souvent le mensonge des mœurs), tout n’a-t-il pas été et n’est-il pas encore rempli des souvenirs et des reflets de cet éternel xviiie siècle ?
Pour ma part, j’aime ces Centaures intellectuels, moitié savants, moitié artistes, et M. d’Héricault en est un… D’une main alerte et compétente, il a touché à une foule de sujets, même au roman.
Il s’agissait d’un roman ressuscité de l’oubli, et que la mort n’avait pas assez changé pour qu’on ne pût le reconnaître.
La fameuse Correspondance entre le baron Walborn et le maître de chapelle Kreisteren en est un exemple frappant… On peut rendre le squelette d’un roman, d’un tableau ; il est impossible de rendre le squelette d’une symphonie… » — « Je ne conseillerais à personne — ajoute un peu plus bas Champfleury — de renouveler ces tentatives, qui ne peuvent être comprises que par une vingtaine de personnes dévouées, intelligentes, s’attachant à tout ce qui sort de la plume d’un auteur et prenant la peine de l’étudier pendant des années entières. » Éloge, en langage négligé, plus singulier encore que les singularités d’Hoffmann lui-même !
Ou trouverait-il un roman trop frivole pour y faire intervenir Swedenborg ?
C’est un peu long, diront peut-être les délicats lecteurs de romans qui durent un an, dans les journaux… Certes !
Cette forme du conte, plus dure à manier dans sa brièveté que celle du roman dans sa longueur, cette forme concentrée, dans laquelle il faut se ramasser sans rien perdre de sa sveltesse, pouvait, par le seul fait de sa concentration, éclater sous sa main et le frapper dans sa prétention de conteur, qu’il n’en serait pas moins pour cela resté lui-même, avec sa valeur d’idées prouvée par les livres que j’ai énumérés : l’Homme, — Physionomies de saints, — la Parole de Dieu, ce dernier livre de Hello, qui échappe à la compétence de la critique profane, mais que des prêtres n’ont pas craint de lire dans leurs chaires, comme si c’était là de la littérature sacrée !
; excepté une phrase superbe du Poète déchu (un roman détruit), — mais Alfred de Musset n’est pas à cela près d’une belle phrase !
Mais, quand elle écrit de gros ouvrages, et des romans en plusieurs volumes, et des tragédies et des comédies en cinq actes, alors elle est auteur dans le sens laborieux et disgracieux du mot, et le bas-bleu, cette affreuse chose, apparaît dans son foncé terrible.
Il lui faut son roman partout, sa songerie.
ni toilettes, ni sauteries, ni romances, ni romans, — pas même anglais, — ni petit cousin ? […] Brunetière ne peut souffrir : Baudelaire, par exemple, ou les romans de Flaubert, ou ceux de Goncourt. […] Tout le vieux personnel des romans de Balzac y prend des airs d’assemblée olympienne. […] C’est sans doute ce même postulat sur lequel sont fondés des centaines de drames et de romans ; mais il n’en est pas moins fâcheux. […] Tous deux dissimulaient leur mystérieuse personnalité sous des pseudonymes comme dans les romans feuilletons ; et, comme dans les romans encore, tous deux ont été victimes de si étranges injustices que je n’hésite pas à vous les dénoncer, et plus sérieusement que je n’en ai l’air.
Un roman de paladin sur un ton plus sérieux, mais avec des inventions aussi capricieuses et aussi invraisemblables que celles de l’Arioste ou des contes arabes des Mille et une Nuits. […] Une véritable mascarade épique, où les guerriers des deux races et des deux cultes se confondent dans une galanterie commune, où les femmes elles-mêmes, les femmes cloîtrées et invisibles de l’Orient, Clorinde, Armide, Herminie, travesties tantôt en bergères de pastorales, tantôt en amazones de théâtres, tantôt en sorcières de sabbat, soupirent des amours de bergerie, livrent des combats d’Hercule, opèrent des enchantements et des sortiléges, transforment des héros en bêtes, en poissons, en monstres bizarres, sortent tout à coup de leur tente ou de leur armure de fer, vêtues en nymphes d’opéra ou en princesses de cour, pour parler le langage affecté et langoureux d’héroïnes de roman ou de muses d’académie. […] Mais un rêve chanté en vers immortels, mais un roman tissu et raconté avec une telle prodigalité d’imagination, de piété, d’héroïsme, de tendresse, que le lecteur, oubliant les temps, les lieux, les mœurs, en suit du cœur les touchantes aventures avec autant d’intérêt que si c’était une histoire ; mais des scènes qui rachètent par le pathétique des situations et des sentiments l’inconséquence et l’étrangeté de la conception ; mais un charme comparable à l’enchantement de son Armide, charme qui découle de chaque strophe, qui vous enivre de mélodie comme le pavot d’Orient de ses visions, et qui vous livre sans résistance aux ravissantes rêveries de cet opium poétique ; mais un style surtout coloré de telles images, et chantant avec de telles harmonies, qu’on s’éblouit de sa splendeur, et qu’on se laisse volontairement bercer de sa musique, comme au roulis d’une gondole vénitienne pendant une nuit d’illumination à travers les façades de palais de la ville des merveilles.
Cette curieuse partie du Roman physique de Lucréce est un chef-d’œuvre ; nous ne connoissons rien de cette force dans aucun ouvrage de l’antiquité.” […] Cet ouvrage, qui parut en 1680., est plûtôt un Roman qu’une histoire, c’est un fruit de la jeunesse de l’auteur ; mais qu’il n’a pas cru indigne-d’être avoué dans un âge plus avancé. […] C’est d’après elle que les gens du monde ont jugé Juvenal ; mais que le Satyrique roman est lâche dans cette version !
Il lui était plus aisé assurément de parler à loisir et à tête reposée, comme il l’aimait, d’ouvrages de littérature érudite, et par exemple du roman chinois traduit par M. […] Magnin au sujet de cet agréable et singulier roman, parce qu’il s’en était fait un point d’honneur et presque une gageure d’amour-propre : il la gagna, et ses trois articles, relus aujourd’hui, nous semblent un chef-d’œuvre d’analyse.
Par cette continuité du naturel même dans l’invraisemblable, Jocelyn me semble parfois un roman de l’abbé Prévost, écrit par un poëte disciple de Fénelon. […] Ses romans, comme Lamartine l’a remarqué dans l’Épître adressée à l’illustre enchanteur, se lisent volontiers autour de la table du soir, sans que la pudeur ait à s’embarrasser.
Voilà ce qu’il fit régulièrement durant toutes ces belles et fécondes années ; mais ce qu’il sentait là-dessous, ce qu’il souffrait, ce qu’il désirait secrètement ; mais l’aspect sous lequel il entrevoyait le monde, la nature, la société ; mais ces tourbillons de sentiments que la puberté excitée et comprimée éveille avec elle ; mais son jeune espoir, ses vastes pensées de voyages, d’ambition, d’amour ; mais son vœu le plus intime, son point sensible et caché, son côté pudique ; mais son roman, mais son cœur, qui nous le dira ? […] En ce faisant, j’ai cru accomplir un grand acte de sagesse, me préparer de grands éloges de la part de la prudence humaine, et, l’événement arrivé, il se trouve que je n’ai fait qu’une grosse sottise… Enfin me voilà à deux mille lieues de mon pays, sans ressources, sans occupation, forcé de recourir à la pitié des autres, en leur présentant pour titre à leur confiance une histoire qui ressemble à un roman très-invraisemblable ; — et, pour terminer peut-être ma peine et cette plate comédie, un duel qui m’arrive pour demain avec un mauvais sujet, reconnu tel de tout le monde, qui m’a insulté grossièrement en public, sans que je lui en eusse donné le moindre motif ; — convaincu que le duel, et surtout avec un tel être, est une absurdité, et ne pouvant m’y soustraire ; — ne sachant, si je suis blessé, où trouver mille reis pour me faire traiter, ayant ainsi en perspective la misère extrême, et peut-être la mort ou l’hôpital ; — et cependant, content et aimé des Dieux. — Je dois avouer pourtant que je ne sais comment ils (les Dieux) prendront cette dernière folie.
Or, voyez, en effet, que le Nord nous a donné le gothique aérien, qui jaillit, qui s’élève, qui abandonne le sol pour monter légèrement vers le ciel, cependant que le Midi, par les puissants piliers du roman, par ses voûtes pesantes, semble encore s’accrocher à la terre heureuse, descendre vers elle, pour ne la point quitter. […] Mais enfin notre grande épopée appartient surtout au Nord, — qu’elle soit guerrière ou qu’elle soit féerique ; au Nord encore les romans bretons ; et c’est en langue d’oïl qu’écrit Marie de France, et c’est en langue d’oïl que nous pouvons lire ce gracieux chef-d’œuvre de prose et de vers mêlés : Aucassin et Nicolette.
Il avait commencé par traduire les romans grecs, les Amours de Théagènes et Chariclée (1547), Daphnis et Chloé (1550). […] De là, dans les écrivains des deux époques, tant de choses données à l’imagination tournée vers l’étude de l’homme intérieur, et je ne sais quels romans psychologiques sur notre nature morale.
Platen disait qu’il y avait trois manières de mesurer les vers : 1° celle où seulement les syllabes accentuées donnent la mesure du vers, et où les syllabes non accentuées ne comptent pas (arsis et thésis) ; 2° la forme originalement romane, qui exige l’alternance régulière d’une syllabe accentuée avec une non accentuée ; 3° l’imitation des vers et strophes grecques. […] Platen s’en aperçut, et, délaissant dès lors de plus en plus ces formes romanes, il imite plutôt les formes des vers et strophes grecques ; il s’y montrait grand maître aussi, même dans les mesures les plus difficiles, celles des odes.
Vaine pâture, roman manqué mais tout pénétré de parfums doux et amers de poème me frappait d’un étonnement qui espère, d’une attente de joie. […] Mais il n’y a pas récit de faits arrivés ou imaginés, histoire ou roman historique.
Ajoutez à ces deux figures des marquises de louage, des vicomtesses d’occasion, des femmes séparées, chassées, déclassées, des maris qui brillent par leur absence, et vous aurez le personnel de cette troupe de Roman comique conjugal. […] Les plus terribles des romans de Balzac ne sont-ils pas ceux où il nous montre un frêle billet de banque s’interposant entre un jeune homme et son rêve, — amour, honneur, ambition, — comme cette toile d’araignée des contes de fées qui sépare un amoureux de sa maîtresse, et que les plus grands coups d’épée ne peuvent rompre.
Il l’inonde pendant trente ans de sentiments vrais, d’idées fausses, de romans systématiques et de systèmes politiques plus romanesques que ses romans ; mais il l’enivre en même temps du plus beau style qu’aucune langue ait jamais parlé depuis les Dialogues de Platon.
Ses deux romans, La Formation de Jean Turoit et le Pavillon aux livres se placent tout naturellement, comme Dominique, comme le Disciple, dans la série des livres romanesques désireux de nous guérir du romanesque. […] Ses amis m’ont donné à lire les brouillons d’un roman où dans les premiers mois de l’année 1914 il avait commencé à peindre les désirs, les passions, les croyances de ses amis et les siennes propres.
A une autre fois les romans, contes, nouvelles, salmigondis, cent-et-un, cent-et-une, et, en général, tous les chefs-d’œuvre littéraires qui ont pu et dû paraître dans la dernière quinzaine !
Nous avons sous les yeux un roman nouveau intitulé la Saint-Simonienne, par madame Joséphine Le Bassu.
Il avait disparu sans laisser de trace. » Le petit roman historique de Tarass Boulba se termine véritablement ici ; le chapitre suivant n’est qu’une conclusion horrible et sanguinaire.
Les drames de Victor Hugo et les romans de Balzac n’entreront pas plus dans les chaumières que les tragédies de Racine ou les portraits de La Bruyère.
« Et vous qui êtes cause de leur folie, dit le bon Gorgibus en manière de moralité après la fâcheuse aventure des Précieuses ridicules, pernicieux amusements des esprits oisifs, romans, vers, chansons, sonnets et sonnettes, puissiez-vous être à tous les diables !
On l’a souvent remarqué : la littérature a été prise, un peu après 1850, d’un grand désir d’exactitude et de vérité, et les poètes parnassiens obéissaient, sans s’en douter, au même sentiment que Dumas fils dans ses premières pièces, Flaubert dans son premier roman, Taine dans ses premières études critiques.
Et ce sont exactement les mêmes qui se délectent aux romans de M.
Car les vers sont une musique un peu vaine et qui combine les sons selon des lois trop inflexibles ; le théâtre impose des conventions trop étroites, nécessaires et pourtant frivoles ; le roman traite de cas trop particuliers, enregistre trop de détails éphémères et négligeables, et où ne sauraient s’attacher que des intelligences enfantines.
Car ce qui distingue le plus nettement Madame Bovary des romans qui lui étaient contemporains, c’est ce qu’il y a de physique dans la vie, dans les passions et jusque dans l’agonie d’Emma, cet empoisonnement d’où émane, à le lire, une contagion de nausée.
Par un cycle de légendes, destinées à fournir des modèles d’inébranlable fermeté (Daniel et ses compagnons, la mère des Macchabées et ses sept fils 92, le roman de l’Hippodrome d’Alexandrie 93), les guides du peuple cherchent surtout à inculquer cette idée que la vertu consiste dans un attachement fanatique à des institutions religieuses déterminées.
Cousin a pris à cœur de recueillir les moindres opuscules de ces femmes plus ou moins célèbres, leurs petits romans ou nouvelles, leurs lettres publiées ou inédites.
Pouthier, après des aventures à défrayer un roman picaresque, et qui, sans attribution bien fixe dans la maison, est à la fois commis, restaurateur de tableaux, et surtout le patito de la jeune femme, remplit le fond du magasin de lazzis et de tours de force.
On les trouverait également épars en des centaines, en des milliers d’ouvrages récents et jusque dans les romans à prétentions scientifiques.
Je me bornerai aussi à indiquer, la relation immédiate qui s’établira entre la poésie humaine, d’une part et, d’autre part, un théâtre ou un roman humains dont on pourrait citer déjà maints exemples.
On se rend compte de la formation de son individualité, on fait sa psychologie, on écrit le roman du romancier. « Lorsque M.
Quelquefois c’était dès le matin ; il allait, il gravissait la montagne et la ruine, brisait les ronces et les épines sous ses talons, écartait de la main les rideaux de lierre, escaladait les vieux pans de mur, et là, seul, pensif, oubliant tout, au milieu du chant des oiseaux, sous les rayons du soleil levant, assis sur quelque basalte verte de mousse, ou enfoncé jusqu’aux genoux dans les hautes herbes, humides de rosée, il déchiffrait une inscription romane ou mesurait l’écartement d’une ogive, tandis que les broussailles de la ruine, joyeusement remuées par le vent au-dessus de sa tête, faisaient tomber sur lui une pluie de fleurs.
Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos œuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poëmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, partout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution !
Au-delà de cette géométrie-pratique, le reste n’est plus qu’une géométrie-spéculative, qui a ses jeux, ses inutilités, et pour ainsi dire ses romans comme les autres sciences.
Moi qui n’ai pas ici un roman à faire, je vais vous dire tout bonnement la vie actuelle et véridique de Rodolphe Bresdin, avant de vous dire mon admiration pour ce grand talent ignoré.
roman de M.
Il y a déjà quelques années, on publia sur la Chine et sur les Chinois un petit livre, avec des dessins lithographies à deux teintes par Cicéri (je crois), et dont l’auteur était un artiste, un monsieur Auguste Borget, qui, au lieu de voyager à Paris dans les grammaires chinoises, avait pris le parti d’aller voir chez eux les Chinois, assis sur leurs propres tapis, et de leur demander, sans trop de cérémonie, une tasse de thé… Balzac, notre grand romancier, qui aimait la Chine comme un roman à écrire, rendit compte de cet ouvrage dans un journal, — une des lucioles du temps à présent éteinte.
On savait que de forts cerveaux se mettaient à deux ou à trois, selon le tirage, pour la confection en commun d’un livre, soit roman, soit drame, — mais vingt-deux personnes à la file, toute une multitude, toute une tribu, cela ne s’était pas encore vu dans ce temps d’association facile, et on ignorait cette littérature à l’Adam Smith, où chacun faisait son vingt-deuxième de traduction.
s’il n’avait pas mis le catholicisme de sa pensée sous le couvert de ses romans, ou s’il y en avait mis davantage.
Dans son ouvrage, Lerminier s’efforce de nous raconter, autant que possible, la Grèce antique, — car l’histoire des peuples artistes tient toujours un peu du roman.
Aujourd’hui il nous donne la comédie de la pièce de cent sous ; il est bien capable de nous en donner demain la tragédie ou le roman, après-demain le poème épique, et de jeter ainsi les fondements de cette morale et de cette littérature de l’argent, qui sera, dit-il, la gloire de l’avenir.
Même les voltairiens, trop spirituels pour lire d’autres romans que Candide et La Princesse de Babylone, ont parlé avec faveur de celui-ci dans le plus célèbre de leurs journaux.
Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule !
Ce n’est pas leur étude qui est le roman ; c’est leur conclusion.
Du Clésieux, dans son poème, est resté jusqu’à la dernière page et jusqu’à son dernier vers dans la beauté du sentiment chrétien le plus pur, et cette beauté s’ajoute à celle de l’émotion humaine qui fait palpiter tout son poème, comme un cœur vivant… IV Rien de plus simple que ce roman en vers qui pourrait bien être une histoire, et cette simplicité est si grande que la donnée du poème peut se raconter en deux mots… Le héros du livre, qui n’est pas nommé dans le poème, l’amant d’Armelle, est un Childe Harold de ce temps où toute âme un peu haute est plus ou moins Childe Harold, et n’a pas besoin d’aller au fond de toutes les coupes que nous tend le monde pour s’en détourner et revenir à la solitude, — et pour s’essuyer, comme un enfant à la robe de sa mère, de ses souillures et de ses dégoûts, à la Nature.
Presque à partir de cette époque, il avait montré ces facultés dangereusement faciles, souples, variées et résonnantes, qui s’attestèrent par des romans, des nouvelles, des pièces de théâtre, des voyages et des conversations pour lesquelles, hélas !
C’était Alexandre Dumas, le plus grand prestidigitateur qu’aient eu le théâtre, le roman et la causerie, dont de Saint-Maur a gardé comme un éblouissement.
Je n’apprendrai donc à personne que Madame de Pontivy est un petit roman où l’auteur qui avait cessé de plaire et peut-être d’aimer lui-même, mais qui se sentait pourtant en goût de renouer des liens singulièrement distendus, prouve ou essaie de prouver par l’aventure de ladite dame de Pontivy et d’un certain M. de Murçay, qu’en pareille occurrence, une seconde édition, revue et corrigée, vaut encore mieux que la première, qui cependant avait son prix. […] Et quand on a le talent de Vinet, il est fâcheux de l’employer à soupeser des Divines épopées ou les romans d’un Drouineau. […] 19 nov. : Reçu du Semeur le roman de Riche et pauvre. […] SAND Agenda : — 16 déc. 1834 : Vinet note qu’il vient d’achever la lecture de « l’infâme roman de Jacques par George Sand ». […] Dans un article du Semeur (1843), Vinet mentionne « les funestes déclamations de l’infortunée qui a rendu célèbre le nom de George Sand », et, plus loin, il écrit : « … des romans trop fameux ont dégoûté les femmes elles-mêmes du rôle de la femme émancipée, et l’odieuse figure de Lélia reste debout aux confins du pays des chimères, pour en défendre l’entrée71. » PAUL SIRVEN.
… Notre retour prit une teinte de Roman Comique. […] Ses grands romans firent voir qu’il excelle aussi dans le sévère et l’étoffé. […] Quelques-uns parmi ses romans, Fragoletta, par exemple, sont curieux. […] Il lut un roman que Sand brûla peu de temps après. […] Notre belle cathédrale romane est pour moi le bout du monde.
Il essaya même d’écrire un roman, mais s’arrêta au bout de quatre-vingt-dix pages, s’apercevant que son roman n’était que de l’analyse psychologique personnelle. […] Aucun écrivain n’a exercé en France dans la seconde moitié de ce siècle une influence égale à la sienne ; partout, dans la philosophie, dans l’histoire, dans la critique, dans le roman, dans la poésie même, on retrouve la trace de cette influence. […] La poésie, le théâtre, le roman, la peinture ne représentaient plus que seigneurs féodaux, vieux donjons, châtelaines amoureuses de leurs pages ; et la sublimité des cathédrales gothiques faisait oublier la perfection des temples de la Grèce. […] C’est un roman que l’amitié de Michelet pour Poinsot. […] Au roman de l’amitié succède le roman des idées, car tout chez lui, l’intelligence même, est sentiment et passion.
Lire un roman, c’est le vivre en une certaine mesure, à tel point que, si nous le lisons tout haut, nous tendons à mimer par le ton de la voix, quelquefois par le geste, le rôle des personnages. […] L’hypothèse est une sorte de roman sublime, c’est le poème du savant. […] L’amour exclusif et même farouche de la patrie, si puissamment exprimé par Corneille dans Horace, fait presque défaut dans les drames et les romans de Victor Hugo, ou bien il se fond alors avec l’amour de la multitude humaine. […] La prose a accaparé la succession de la poésie épique et didactique ; peu s’en faut qu’elle n’ait pris déjà pleine possession du théâtre ; c’est elle qui a fait le roman moderne. […] Quant au roman et au drame, il a besoin d’une autre espèce de mots, ceux qui offrent au palais une saveur excitante et épicée.
Héléna et d’autres poëmes recueillis en 1822, Éloa en 1824, avaient paru ; le roman de Cinq-Mars paraissait en 1826 et faisait éclat. […] Nous avons à nous reprocher nous-même d’avoir, dans le Globe d’alors25, relevé soigneusement les taches de ce roman, plutôt que d’en avoir fait valoir les beautés supérieures.
Si l’une exprime cette idée fixe par Fanny Butler, par le Marquis de Cressy, par tous ses romans, l’autre la déplore par toutes ses poésies. […] Il faut lire, dans le roman de l’Atelier d’un Peintre, le chapitre intitulé le Nid d’Hirondelles.
À cause de tout cela, on l’a jugé sec et excentrique, et il est demeuré isolé, écrivant des romans, des voyages, des notes, pour lesquels il souhaitait et obtenait vingt lecteurs. […] À cet égard un grand poëme, un beau roman, les confessions d’un homme supérieur sont plus instructifs qu’un monceau d’historiens et d’histoires ; je donnerais cinquante volumes de chartes et cent volumes de pièces diplomatiques pour les mémoires de Cellini, pour les lettres de saint Paul, pour les propos de table de Luther ou les comédies d’Aristophane.
On lui doit (c’est une façon de parler) des vers, des romans et des pièces de théâtre. […] Rivière… on pourrait voir s’il n’y aurait pas, dans les œuvres du comte de Marcellus, quelque chose qui expliquerait le choix que fit Marceline de ce « nom de convention. » Ou peut-être est-ce un nom emprunté à quelque roman du temps ?
. — Les personnages des romans « psychologiques » redeviennent pour nous, la lecture finie, des ombres vaines. […] Que va être le roman de M.
C’est une chose très amusante que ce siècle si abandonné et à ceinture si lâche pour ce qui était du fond, dans ses contes en vers, dans ses contes en prose, dans ses romans, dans ses poésies légères ; pour ce qui était de la dignité soutenue de la forme, fût impitoyable. […] Donc, les Anglais ont été tièdes à l’égard de La Fontaine pendant deux siècles ; pendant le dix-neuvième siècle, ils lui sont venus ; ils lui sont venus même très fort, et il est très curieux de voir, surtout dans les romans anglais, des allusions très fréquentes à La Fontaine, et même parfois des citations.
Hugo, au milieu des diversions laborieuses et brillantes qu’il s’est données, dans les intervalles de ses romans qu’il ne multiplie pas assez au gré du public, et de ses drames que, selon nous, il ménage trop peu, n’a jamais perdu l’habitude du rhythme lyrique auquel il dut ses premiers triomphes.
D’ailleurs le docteur Blair n’aurait pu juger en Angleterre Shakespeare avec l’impartialité d’un étranger ; il n’aurait pu comparer la plaisanterie anglaise avec la plaisanterie française : ses études ne le conduisaient pas à ce genre d’observations ; il aurait pu encore moins, par des raisons de convenance relatives à son état, parler des romans avec éloge, et des philosophes anglais avec indépendance.
Quel contraste entre nos fabliaux, nos romans du Renard et de la Rose, nos chansons de Gestes, et les Niebelungen, le Romancero, Dante et les vieux poëmes saxons ?
C’était aussi le temps où ces jouets de l’âme, Tes romans, s’effeuillaient sur des genoux de femme, Et laissaient à leurs sens, ivres du titre seul, L’indélébile odeur de la fleur du Tilleul !
Le roman se charge d’impressions, de descriptions du monde extérieur ; il substitue les silhouettes aux types, il indique les formes, les milieux, les fonds.
Après la guerre, il fonda le xixe siècle , journal républicain.Éditions : Romans et nouvelles : Tolla, Hachette, in-16 ; Mariages de Paris (1856), in-16 ; le Roi des Montagnes (1856), in-16 ; Trente et Quarante (1858), in-16 ; l’Homme à l’oreille cassée (1861), in-16 ; le Nez d’un notaire (1862), in-16 ; les Mariages de province (1868) in-16. — Pamphlets et articles de journaux : la Question romaine, Bruxelles, gr. in-8, éd. française 1861 ; Rome contemporaine (1860). in-8 ; le xixe siècle , publ. p.
La même leçon nous est donnée par le grand esprit qui, du domaine de la philologie romane et de la littérature médiévale, a étendu son influence réconfortante jusque sur l’étude des œuvres classiques et contemporaines.
Mademoiselle de Scudéry a fait la description de l’hôtel de Rambouillet dans son roman de Cyrus, sous le nom de palais Cléonime ; ce détail ne sera pas inutile pour séparer dans l’esprit des lecteurs les cabinets de ce fameux hôtel, des réduits, des ruelles et des alcôves, ou plus tard s’assemblèrent les coteries, bourgeoises pour la plupart, qui singèrent les femmes de distinction8.
Quand la terre devient noble et pure, elle se fait roman, odelette, drame, musique, symphonie et marbre.
La critique serait comme le Versailles des sages de la littérature ; on n’y serait admis que sur la présentation de son acte de naissance, ou, par exception, de quelque œuvre capable de mûrir le jugement et de hâter l’expérience, poème épique ou didactique, tragédie, roman moral.
Son génie consiste à avoir compris l’importance du fait… C’est en ce sens qu’il a été vraiment chef d’école… initiateur d’une analyse qui a renouvelé le roman français… Il a influencé tous les grands écrivains de son époque, Taine, Mérimée, Balzac, Flaubert, Bourget, Chuquet, Erekmann-Chatrian… Il a créé Tolstoï… Taine a appelé Stendhal le plus grand psychologue du siècle.
L’Empire Chinois16 Enfin, voici un livre qui nous tire du roman et du paravent, et des traductions incertaines !
Religion, philosophie, roman, critique, histoire, économie politique, tout dut prendre ce galant uniforme et s’en habiller, comme le Spectre d’Hamlet de sa toile cirée… Et tout cela s’est exécuté ponctuellement, et la Revue des Deux Mondes a toujours paru le même intéressant recueil à ses abonnés impassibles.
Légère comme la robe qu’elle portait, et dont elle aimait l’éclat ou la grâce, vaine comme les romans qu’elle lisait, heureuse de plaire, inclinant, comme la fleur au vent, aux conversations frivoles, elle avait les défauts de son sexe, ces défauts presque impersonnels, mais dont elle s’accuse dans sa Vie comme s’ils n’appartenaient qu’à elle seule !
Ardent comme les Covenantaires des romans de Walter Scott, mais moins puritain, moins dur et moins farouche, ce dernier venu dans le protestantisme, qui a manqué son siècle et qui est tombé dans celui de l’athéisme et de la philosophie sans s’y briser, avait fait longtemps, dit-on, des missions protestantes, dans les montagnes et aux paysans de la Suisse, sous l’inspiration et sous la pression de son Saint-Esprit particulier.
Réduite à la copie des styles traditionnels, à la plate virtuosité, au style neutre, aux recommencements stériles, on a pu croire que son unique destin consistait à détailler les gloires du grec, du gothique, du roman, du renaissant.
Gustave Flaubert offrait-il quelques tableaux d’un réalisme audacieux, dont le sacrifice lui eût sans doute assuré une place parmi les classiques du roman ? […] Il y en a encore moins dans l’Éducation sentimentale, roman réaliste comme le premier, mais, de même que le second, sans lien puissant de composition. […] Il ne faut pas parler du roman, ni de la poésie. […] C’est un vrai roman, une histoire du cœur, et qu’elle est tendre cette histoire ! […] Il lit les Contes de Voltaire, la Gastronomie, le Roman comique, les romans « au ton canaille » de Pigault-Lebrun ; compose des madrigaux, des épigrammes galantes ; fait un vaudeville en collaboration avec un jeune évaporé de ses amis, et cite Panurge.
Les hellénistes et les latinistes n’en ont plus, du reste, le monopole : on en citerait d’aussi « brillants » qui ont été exécutés par des orientalistes, par des romanistes et par des germanistes, depuis que les textes orientaux, romans et germaniques sont soumis à la critique verbale. […] Est-il, du moins, certain que le texte de ce roman, après tant de collations, de comparaisons et de travail, serait sensiblement meilleur que si l’on n’avait eu pour le restituer que deux ou trois manuscrits ? […] — Les faits connus seulement par un mot général et vague, on ne peut les amener à un degré moins général et plus précis ; comme on ignore les détails, si on les ajoute par conjecture, on fera du roman historique. […] Quelques historiens romantiques ont glissé sur cette pente jusqu’au « roman historique ». […] Des romans historiques ?
La plupart des ouvrages ont paru au moins par fragments, mais c’est avec plaisir qu’on retrouve réunis et reliés pour la bibliothèque ces mémoires, ces études, ces romans, ces nouvelles, éparpillés au vent de la publicité. […] Il excellait aussi à encadrer des personnages de poème, de drame et de roman, dans des ornements semblables à des châsses gothiques avec triples colonnettes, ogives, niches à dais et à piédouches, statuettes, figurines, animaux chimériques ou symboliques, saints et saintes sur fond d’or, qu’il inventait au bout de la pointe, car il avait une fantaisie inépuisable. […] Mais cette tendance visionnaire est amplement contrebalancée par des études d’une réalité parfaite, telles que celles sur Spifame, Rétif de la Bretonne, la plus complète, la mieux comprise que l’on ait faite sur ce Balzac du coin de la borne, étude qui a tout l’intérêt du roman le mieux conduit. […] C’est par cette refonte et cette création à nouveau du sujet que l’artiste sut rester si original en traitant des scènes tirées de drames, de poèmes et de romans, au lieu de scènes puisées directement dans la nature. […] L’art se renouvelait sur toutes ses faces ; la poésie, le théâtre, le roman, la peinture, la musique formaient un bouquet de chefs-d’œuvre.
. — La femme incomprise de nos romans de 1840, pour protester contre la tyrannie sociale et conjugale, prenait un amant, et son mari était inévitablement un personnage dépourvu de toute délicatesse. […] Bref, c’est matière de roman, non de théâtre. […] Cela serait piquant ; mais j’avoue que c’est une invention convenable à un conte ou à un roman plutôt qu’à un drame. […] Ce mot « ma gloire » revient continuellement, avec ce sens particulier, dans les romans de l’époque, et les Chimène, les Pauline, les Émilie et, mieux encore, les Pulchérie, les Laodice, les Rodelinde, l’ont toujours à la bouche. […] Lacour et Decourcelles ont négligé du roman, il était vraiment impossible de le transporter sur la scène, et que, d’autre part, ce qu’ils y ont mis de leur cru est excellent.
La turbulente fécondité du xvie , Rabelais, Calvin, d’Aubigné, Montaigne, Ronsard ; la richesse et la variété du xviie , en ses deux aspects : l’un bouillonnant des restes de la Fronde, l’autre apaisé, réglé, rangé sous le niveau du pouvoir absolu de Louis XIV et de Boileau ; le xviiie siècle, explosion de la liberté reconquise, et de la licence ; fournaise d’idées nouvelles et hardies, volcan d’où jaillit la Révolution ; le xixe , grand par la poésie, par l’histoire, par la critique, par le roman, par le théâtre ; quelle éclosion, quelle forêt d’œuvres splendides ! […] D’abord il était le frère de Madeleine, dont il signait les romans, outre les siens. […] Dorante Paris semble à mes yeux un pays de romans J’y croyais ce matin voir une île enchantée : Je la laissai déserte et la trouve habitée ; Quelque Amphion nouveau, sans l’aide des maçons En superbes palais a changé ses buissons. […] Celle-ci est tirée d’une pièce espagnole intitulée : El palacio confuso, et du roman de Pélage. » Corneille, qui ordinairement indique ses sources, n’a point indiqué celles-là.
Elle a pour titre la Rose ; cela est en chansons, et l’idée est prise du Roman de la Rose : il y a des choses très-fines, mais d’autres un peu fortes. » Et Mathieu Marais en donne une légère idée. […] Poëme épique, histoire, ode ou roman ? […] Ses livres favoris étaient le Roman de la Rose, Villon, Rabelais, les Amadis, Perceforest ; enfin tous nos anciens faisaient ses délices.
Le théâtre de Regnard et celui de le Sage, ainsi que son plus fameux roman, n’excitent guère que cette gaieté fausse et triste, qui est aussi éloignée du vrai comique que l’ironie. […] Une comédie d’Aristophane n’est pas une dissertation morale dialoguée, ni une étude de psychologie, ni le roman dramatique d’une intrigue nouée et dénouée avec un art savant. […] Lorsqu’un médecin vous parle d’aider, de secourir, de soulager la nature, de lui ôter ce qui lui nuit, et lui donner ce qui lui manque, de la rétablir et de la remettre dans une pleine facilité de ses fonctions ; lorsqu’il vous parle de rectifier le sang, de tempérer les entrailles et le cerveau, de dégonfler la rate, de raccommoder la poitrine, de réparer le foie, de fortifier le cœur, de rétablir et conserver la chaleur naturelle, et d’avoir des secrets pour étendre la vie à de longues années, il vous dit justement le roman de la médecine.
Là commença de propos délibéré, et se poursuivit sans relâche, son lent et profond suicide ; rien que des défaillances et des frénésies, d’où s’échappaient de temps à autre des cris ou des soupirs ; plus d’études suivies et sérieuses ; parfois, seulement, de ces lectures vives et courtes qui fondent l’âme ou la brûlent ; tous les romans de la famille de Werther et de Delphine ; le Peintre de Saltzbourg, Adolphe, René, Édouard, Adèle, Thérèse, Aubert et Valérie ; Sénancour, Lamartine et Ballanche ; Ossian, Cowper, etc. […] non pas, Mais bien moins ; mais un champ, un peu d’eau qui murmure, Un vent frais agitant une grêle ramure ; L’étang sous la bruyère avec le jonc qui dort ; Voir couler en un pré la rivière à plein bord ; Quelque jeune arbre au loin, dans un air immobile, Découpant sur l’azur son feuillage débile ; À travers l’épaisseur d’une herbe qui reluit, Quelque sentier poudreux qui rampe et qui s’enfuit ; Ou si, levant les yeux, j’ai cru voir disparaître Au détour d’une haie un pied blanc qui fait naître Tout d’un coup en mon âme un long roman d’amour…, C’est assez de bonheur, c’est assez pour un jour. […] La poésie est une nourriture par excellence, et de toutes les formes de poésie, la forme lyrique plus qu’aucune autre, et de tous les genres de poésie lyrique, le genre rêveur, personnel, l’élégie ou le roman d’analyse en particulier.
Ce n’était pourtant pas le vulgaire roman, mais des souvenirs contemporains et j’en attendais quelque plaisir. […] Un roman Les romans que l’on reçoit au mois d’août, quand on a le malheur de ne pas avoir encore quitté Paris ou que l’on est déjà revenu, sont presque sûrs d’être lus.
Bergson cite entre autres cet exemple : « supposons, nous dit-il, un personnage de roman dont on me raconte les aventures. […] Maniée par un alchimiste de génie, elle devait, suivant lui, renfermer, dans son petit volume, à l’état d’of meat, la puissance du roman dont elle supprimait les longueurs analytiques et les superfétations descriptives. Bien souvent, des Esseintes avait médité sur cet inquiétant problème, écrire un roman concentré en quelques phrases qui contiendraient le suc cohobé des centaines de pages toujours employées à établir le milieu, à dessiner les caractères, à entasser à l’appui les observations et les menus faits.
II Cependant l’immense talent et l’immense succès des essais littéraires de Tourgueneff lui inspiraient la pensée de développer ce talent en romans plus humains, plus vastes et plus complets d’une seule pièce. Il composa alors ce qu’il crut un roman, mais ce qui n’était au fond qu’une étude des classes plus élevées de la Russie. […] Les grands romans furent manqués, mais les épisodes furent parfaits, plus parfaits que dans la plupart des aurores modernes de la France ou de l’Angleterre, et l’étrangeté des sujets et des mœurs donna à Tourgueneff un intérêt et un charme de plus. […] Le vieux professeur allemand, admirablement étudié et destiné à jouer un rôle ingrat et touchant dans le roman, est ainsi décrit : Christophe-Théodore-Gottlieb Lemm était né en 1786 d’une famille de pauvres musiciens qui habitait la ville de Chemnitz, dans le royaume de Saxe.
Cette déception, s’ajoutant à la réapparition de la tuberculose rénale dont il se croyait guéri, l’aurait poussé à se suicider au gaz, geste qui reproduit de façon étonnante celui du personnage principal de Détours, son premier roman, écrit onze ans plus tôt. […] Le roman tirait parti de tout. […] Les bobards religieux ne trouvaient-ils plus une oreille qui voulût encore les tolérer, le plus grand nombre, du lecteur de roman sophistiqué au lecteur du journal démagogique, se refusait-il aux affirmations insinuées ou hurlées des mystiques ploutocrates, niait-il que le diable fût vivant là où le clergé a, si longtemps, prétendu qu’il s’incarne, alors, on se contentait de ravaler — et avec quel luxe de sournoiseries — au rang animal ce qui, pour être commun à toutes les espèces vivantes, n’en demeure pas moins propre à l’homme et le propre de l’homme. […] Voici cinq ans, avec un minimum de dons littéraires, sans doute, eût-il pu, tout comme un autre, y aller de son petit roman sur l’inquiétude. […] Thaïs est le titre d’un roman d’Anatole France publié en 1890, inspiré du récit de la vie de sainte Thaïs.
La contexture des pièces espagnoles, dont le goût commençait à s’introduire en Angleterre, fournissait à ces jeux de l’imagination des cadres nombreux et de séduisants modèles ; après les chroniques et les ballades, les recueils de nouvelles françaises ou italiennes étaient, avec les romans de chevalerie, la lecture favorite du public. […] N’est-ce donc rien que de goûter, au milieu des invraisemblances, ou, si l’on veut, des absurdités du roman, le charme divin de la poésie ? […] La fable du Marchand de Venise rentre tout à fait dans le roman, et Shakespeare l’en a tirée comme le Conte d’hiver, Beaucoup de bruit pour rien, Mesure pour mesure, et tant d’autres, pour l’orner seulement du gracieux éclat de sa poésie. […] C’est qu’il est vain de prétendre fonder, sur la distinction du comique et du tragique, la classification des œuvres de Shakespeare ; ce n’est point entre ces deux genres qu’elles se divisent, mais entre le fantastique et le réel, le roman et le monde. […] Ce mouvement s’est fait sentir en Europe, et l’Angleterre aussi commence à en éprouver l’impulsion ; les romans de sir Walter Scott en sont la preuve ; Mais ce qu’elle devra à Shakespeare dans la direction nouvelle qui se manifeste sur son théâtre, comme dans les autres genres de sa littérature, l’Angleterre ne sera pas seule à le recevoir de lui.
Chère amie, Je dois vous dire qu’ayant fini de peindre à quatre heures, je n’ai cessé de lire le Nabab, roman d’Alphonse Daudet. […] Comme moi il suffit d’un mot pour que je m’imagine tout un roman, dix romans, vingt romans, et tout cela en quelques minutes. […] Mais rassurez-vous, Monsieur et grand homme ; je ne vous raconterai pour rien au monde « le roman de ma vie », ni rien qui puisse vous agacer les nerfs. […] Les romans m’ont tourné la tête.
L’Allemagne était pleine d’hommes à sa hauteur en philosophie, en histoire, en science, en politique, en roman, en critique, en poésie ; il suffit de nommer les Herder, les Kant, les Jacobi, les Schlegel, les Winckelmann, les Klopstock, les Wieland, les Schiller, pour assigner au dix-huitième siècle allemand la même fécondité intellectuelle qu’au dix-huitième siècle français. […] L’irrésistible attrait qui attacha pour jamais le prince et le poète ressembla à un de ces coups foudroyants de sympathie dont Goethe fit plus tard une théorie physiologique et morale dans son roman des Affinités électives.
Dans le roman, dans le drame, comme dans l’ode, il est toujours le même. […] Le théâtre, le roman, la poésie, l’histoire, il n’est pas un genre qu’il n’ait abordé ; il les a tous traités d’une façon supérieure… Dans l’ode, dans la méditation, dans l’épopée héroïque, Hugo a montré une force sans égale.
Nous en avons des rédactions diverses, dont plusieurs latines : le roman du Gral et le Peredur (le Perceval breton) sont très spécialement célèbres. La série se continue avec Galead, Lancelot du Lac ; elle aboutira au Roman de Brut.
. — L’École romane Les poètes qui la composèrent sont célèbres aujourd’hui pour la plupart, MM. […] Mme Pierre de Bouchaud (Cardeline) est plus connue pour ses romans.
Supposons donc, pour prendre un exemple précis, qu’un personnage ait fait des romans d’amour ou de chevalerie sa lecture habituelle. […] Je ne citerai que ce mot d’un maire de village dans un roman d’About : « M. le Préfet, qui nous a toujours conservé la même bienveillance, quoiqu’on l’ait changé plusieurs fois depuis … » Tous ces mots sont faits sur le même modèle.
On lui a fait récemment une sorte de reproche d’avoir passé sous silence toute la littérature du xixe siècle, dans ses branches les plus fertiles et les plus brillantes de la poésie et du roman.
Mais, même heureuse, même comblée ici-bas comme épouse et comme mère, son roman est clos, son poëme s’en est allé ; le voilà hors de son atteinte, suspendu au plus obscur de l’alcôve nuptiale, avec la couronne d’oranger près du crucifix.
Ce court moment dont nous parlons, et où la philosophie elle-même souriait au roman, c’était, en un mot, la lune de miel de la critique et de la poésie à la Revue des Deux Mondes, et là, comme ailleurs, les lunes de miel ne luisent qu’une fois.
Je n’ai point vu de roman anglais ou russe, en dépit de l’impartiale observation des auteurs, où l’on donnât d’un Français autre chose qu’une charge ; et l’on peut croire que nous agissons de même à l’égard des étrangers.
C’était l’orientation que déjà Lesage, Marivaux, Prévost avaient donnée au roman : mais jamais cette nouvelle esthétique ne s’était aussi puissamment dégagée que dans le Neveu de Rameau.
. — Le Roman de la Momie (1856). — Jettatura (1857)
Il lui prit la main, la conduisit vers son œuvre et la mêla aux personnages de ses drames et de ses romans.
Alexandre Dumas est le roman, la légende, la féerie du fils naturel ; ce n’en est ni l’histoire réelle, ni la question vraie et vivante.
Mais je m’aperçois que, si je n’y prends garde, je vais m’engager dans un récit de roman, ce qui n’est point de mon fait ici.
On a dit que les voyages étoient les romans des Philosophes.
Vous avez lu le dernier roman ; il vous a laissé telle impression ; vous rencontrez l’ami ; il l’a lu, lui aussi ; le livre lui a laissé une impression très différente ; vous discutez, vous donnez vos raisons, il donne les siennes, vous rapportez tel détail qu’il n’a pas vu.
Ils font leur métier, ces prêtres qui traduisent des Saints, dit-on ou pensa-t-on avec insolence, et on courut à quelque roman de Mme Sand comme à l’abreuvoir.
Est-ce qu’il y a dans ce petit roman autre chose qu’une parodie de feuilleton ?
Aucunement théologien, peu instruit et seulement par la littérature populaire, les légendes et les romans de chevalerie, il respecte beaucoup l’autorité ecclésiastique, mais il la redoute encore davantage. […] Ce roman, qui a exactement, pour notre temps, la valeur que Don Quichotte eut au dix-septième siècle, est presque vulgaire de style, à force de simplicité. […] La préface de Mademoiselle de Maupin suffirait à elle seule à le mettre au rang des maîtres : elle est, pour le roman, ce que fut pour le drame la préface de Cromwell. Et ce roman lui-même reste l’une des cinq ou six œuvres vivantes du romantisme. […] Quel est le plus grand journal qui osera appeler son roman : la Famé nouvèle, et continuer sur ce ton : « Le vint novambre mil huit sent soissante dis set, par un tens pluvieus, un home ajé, etc… » Il est vrai, dit la Commission, que l’on n’attaquera pas le peuple directement.
L’immense succès de ce roman donne, en dernier lieu, la mesure de ce qu’il vaut. […] Dès les brillantes années de sa jeunesse, et concurremment avec ses poèmes et ses romans qui sont aussi des poèmes, doué qu’il était déjà d’une activité intellectuelle que le temps devait accroître encore, Victor Hugo avait révélé dans ses drames une action et une langue théâtrales nouvelles. […] J’ai dit, messieurs, que ses romans étaient aussi des poèmes ; et, en effet, si la magie du vers leur manque, l’ampleur de la composition, la richesse d’une langue originale, énergique et brillante, la création des types plutôt que l’analyse des caractères individuels, leur donnent droit à ce titre.
Sinon, je me contenterai de tirer ma révérence et je m’en irai causer avec ces sceptiques et délicats esprits de race française, vraiment intelligents, qui ont su percer le néant des dogmes et des affirmations, qui n’ont cru ni à leur œuvre, ni à l’œuvre humaine, avec Montaigne et avec Renan. » Il le dit, il le fera, il faussera bravement compagnie à tous les Romney du monde pour retourner lire les Essais de Montaigne, les Romans de Voltaire, ou les Dialogues philosophiques de Renan ; mais soyez sûrs que bien vite il reviendra auprès de cette noble Élisabeth Browning « l’âme extraordinaire, brûlée de foi, d’enthousiasme et d’amour », qui a créé en même temps que la figure de Romney celle d’Aurora Leigh et qui a écrit les « Sonnets from the Portuguese ». […] Comment les Parnassiens en poésie, et les naturalistes dans le roman vinrent réagir contre le laisser-aller un peu fantaisiste et débraillé du romantisme ; comment le symbolisme, se réclamant de l’individualisme idéaliste, vint à son tour protester à la fois contre la roideur et la sécheresse du Parnasse et contre l’optique un peu grosse du naturalisme ; comment enfin le symbolisme fit quelques fort intéressantes théories et pas beaucoup d’œuvres solides : ce sont des ensembles de faits qui ont été étudiés plusieurs fois et qui sont familiers à chacun. […] La Salammbô et la Tentation de Saint Antoine, de Gustave Flaubert, sont autant des poèmes que des romans.
Ce qu’elles furent, ces civilisations primitives, on s’est amusé à en imaginer le roman. […] Du latin aux langues et dialectes romans, nous avons des milliers d’exemples de ces rétrécissements. […] Une autre étude bien curieuse de la jalousie est le roman d’Ernest Feydeau, Fanny, roman jadis célèbre et qui mériterait encore de l’être. […] Il appelle cela le bovarysme, en allusion à l’héroïne du roman de Flaubert, qui se croyait une grande amoureuse et qui n’était qu’une pauvre petite femme malade. […] Voyez l’Intelligence des animaux, par Romanes, préface d’Edm.
De ce point de vue, leur roman : Charles Demailly, est révélateur, par les naïvetés mêmes et les pauvretés de ses perspectives. […] Un autre de mes chers amis, Eugène-Melchior de Vogüé, a consacré des pages de tout premier ordre au roman russe. […] Un des plus aigus parmi eux, Henry James, a construit ses plus beaux romans sur cette rencontre des gens de Boston et de New-York avec la vieille Europe. […] Quand, à vingt et un ans, il publiait son Traité contre les Turcs, et à vingt-cinq son poème : le Véritable Anglais, qui donc eût prophétisé qu’à cinquante-six il donnerait à l’art du roman un de ses chefs-d’œuvre ? […] Ce roman posthume de Maupassant a déjà été analysé dans la première partie du présent ouvrage (p. 65 et suivantes).
Mais mon père, qui terminait Le Roman de la Momie, restait à la maison et je me tenais le plus que je pouvais près de lui. […] Malgré la difficulté du travail et les minutieuses recherches archéologiques, qu’exigeait presque chaque page, Le Roman de la Momie paraissait en feuilleton, à mesure qu’il était écrit. […] Les romans de · George Sand avaient ses préférences, ils l’attendrissaient au dernier point. […] On m’a permis de lire Le Roman de la Momie, pour me récompenser d’y avoir « collaboré », et j’ai lu plus attentivement qu’on ne le croyait. […] — Pense donc, lui disions-nous, elle sera toujours sur notre dos ; ce sera un vrai gendarme, plus moyen de jeter le riz au lait dans l’évier, ni de te lire des romans tout haut.
Les cathédrales romanes et gothiques sont toujours belles, quoiqu’elles ne reflètent plus ni notre vie, ni notre caractère, ni nos passions, ni nos croyances. […] Renan, appelé Vie de Jésus, est un petit roman assez agréable dans l’édition où il n’y a pas de notes au bas des pages. […] Je lis dans un roman (1901) : « Madeleine relut cette lettre : Monsieur Piot était mort, le pauvre homme ! […] Pour être vrai, un roman doit être faux. Le roman historique.
Qu’on puisse oser beaucoup dans un roman, on le comprend. […] L’essai, le roman, le pamphlet, la dissertation remplacent le drame, et l’esprit anglais classique, abandonnant des genres qui répugnent à sa structure, commence les grandes œuvres qui vont l’éterniser et l’exprimer. […] Elle est trop voisine du pamphlet, du roman, de la satire, pour ne pas se relever de temps en temps par le voisinage du roman, de la satire et du pamphlet. […] Au besoin, je me ferai illusion ; je remplacerai par des expédients l’originalité naïve et le vrai génie comique ; si en quelques points on reste au-dessous des premiers maîtres, en quelques points aussi on peut les surpasser ; on peut travailler son style, raffiner, trouver de plus jolis mots, des railleries plus frappantes, un échange plus vif de ripostes brillantes, des images plus neuves, des comparaisons plus pittoresques ; on peut prendre à l’un un caractère, à l’autre une situation, emprunter chez une nation voisine, dans un théâtre vieilli, aux bons romans, aux pamphlets mordants, aux satires limées, aux petits journaux, accumuler les effets, servir au public un ragoût plus concentré et plus appétissant ; on peut surtout perfectionner sa machine, huiler ses rouages, arranger les surprises, les coups de théâtre, le va-et-vient de l’intrigue en constructeur consommé. […] C’est qu’aujourd’hui on ne vit plus en public à la façon des ducs brodés de Louis XIV et de Charles II, mais en famille ou devant une table de travail ; le roman remplace le théâtre en même temps que la vie bourgeoise succède à la vie de cour.
Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter. […] Ils n’avaient plus de lien avec la nature, avec la réalité qui dès lors perdait tout charme et toute signification et n’était plus à ma vie qu’un cadre conventionnel comme l’est à la fiction d’un roman le wagon sur la banquette duquel le voyageur le lit pour tuer le temps 18. […] Pour mieux m’expliquer, je vais vous demander la permission de vous lire quelques passages de ce prodigieux Amour de Swann, qui est un des plus beaux romans de passion de toute la littérature, et dans lequel il faut voir peut-être, sous réserve de ce qui reste encore à paraître, la plus prodigieuse réussite de Proust. […] À travers tout cet Amour de Swann, qui forme la seconde partie de Du côté de chez Swann et qui, comme l’a remarqué Edmond Jaloux, est à lui tout seul un des plus beaux romans de passion de toute la littérature française, les sentiments du héros sont constamment figurés sur plusieurs étages, si j’ose dire. […] Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter.
Et petit à petit, se lève pour moi, de son récit, de la mémoire de la journée, un paysage tout original et tout charmant, pour un roman de guerre. […] Dimanche 14 mai Si jamais je fais ce roman sur la vie de théâtre, dont mon frère et moi avions eu l’idée, si jamais je fais la psychologie d’une actrice, il faut que l’idée dominante, la pensée-mère de ce livre, soit le combat des instincts peuple, des goûts canaille, venant de la procréation, de la nature, de l’éducation, avec les aspirations à l’élégance, à la distinction, à la beauté morale : qualités congéniales d’un grand talent. […] » Quelqu’un fait la remarque que les Allemands contemporains qui ont toutes les sciences, manquent absolument de celle de l’humanité, qu’ils n’ont pas, à l’heure qu’il est, un roman, une pièce de théâtre. […] Attraper un peu, dans mon roman de la prostitution, un peu du caractère macabre qu’ont les crayons de Guys et de Rops. […] Le dur, le pénible, c’est le métier d’agent de police et de mouchard qu’il faut faire, pour ramasser, — et cela la plupart du temps dans des milieux répugnants, — pour ramasser la vérité vraie, avec laquelle se compose le roman contemporain.
J’ai peut-être exagéré tout à l’heure en comparant l’existence de Molière en province à celle des bateleurs héroïques du Roman comique de Scarron. […] Ce silence n’a rien de fort merveilleux : peut-être que la Polyxène, roman qui avait alors quelque réputation et dont l’auteur se nommait Molière, eut quelque part à ce choix. » Bret, dans son édition des Œuvres de Molière (Paris, 1773), fait suivre la Vie de Molière par Voltaire, qu’il réimprime, d’un supplément où il rapporte une tradition qu’il est bien difficile de contrôler, mais qu’on ne saurait passer sous silence. […] Qu’est devenue la comédie du Docteur amoureux, et celle du Maître d’école, et celle des Trois Docteurs rivaux que Molière jeune improvisait en route sur les grands chemins du « roman comique » et de « l’art en voyage » ? […] Grésinde, nom emprunté à un roman, fut son nom de théâtre. […] Édouard Fournier, Le Roman de Molière, le chapitre consacré à Molière, d’après le registre de La Grange.
Henriette est amoureuse sans roman ni romantisme, d’un bon et solide amour qui fera une éternelle amitié conjugale ; elle a l’esprit cultivé, lumineux, net ; elle est pratique, elle sait la vie, ne lui demande en fait de bonheur que ce qu’elle peut donner ; elle s’en contente, mais elle y tient, et le réclame énergiquement. […] Jean Desmarets de Saint-Sorlin (1595-1676), l’auteur de Clovis, l’adversaire de Nicole et de Boileau ; Cyrano de Bergerac (1619-1055), l’un des plus extravagants fantaisistes du temps ; Gillet de la Tessonnerie (1620-vers 1660), conseiller à la cour des Monnaies, débuta dans la comédie par une adaptation du roman de Sorel, Francion.
D’une part, il ouvre à l’homme un monde fictif, analogue à celui de l’art, d’un art assez bas, de l’art des romans optimistes et sentimentaux, mais d’un art qui veut se faire prendre pour la réalité même pour devenir réel. […] Des récits fictifs, des manières de romans édifiants ont servi de preuve à la logique, peu rigoureuse, des sentiments.
Enfin, Parsifal se trouve dans une basilique romane. […] Il fit aussi une série de biographies de réformateurs, de nombreux articles sur diverses questions d’art, sur la réforme du théâtre56, sur « la musique et l’art lyrique » ; on a aussi de lui un roman et un volume de comédies.
Comme Duclos, après avoir donné ses Considérations sur les mœurs où il avait oublié de parler des femmes et où il avait à peine prononcé leur nom62, voulut réparer cette omission singulière en publiant l’année suivante (1751), sous le titre de Mémoires pour servir à l’histoire des mœurs du xviiie siècle, une espèce de répétition de ses Confessions du comte de…, Voltaire qui trouvait ce genre de romans détestable, et qui voyait dans ceux de Duclos une preuve de plus de la décadence du goût, écrivait : « Ils sont d’un homme qui est en place (dans la place d’historiographe), et qui par là est supérieur à sa matière.
Il faut s’arrêter et passer à la dernière branche du concours, à celle qui confine au roman.
Nous y retrouvons de petits romans dans lesquels tout est beau et parfait d’une part, tout est laid et gâté de l’autre, selon qu’on est ou qu’on n’est pas bon catholique.
Il n’était pas jusqu’à l’observateur du dernier degré qui, au lieu de me donner la simple note de ce qu’il avait vu de ses propres yeux, ne fît un roman d’armée russe à sa façon.
On a réussi dans le lyrique, c’est-à-dire dans l’ode, dans la méditation, dans l’élégie, dans la fantaisie, dans le roman même, en tant qu’il est lyrique aussi et individuel, je dirai plus, en tant qu’il rend l’âme d’une époque, d’un pays : mais ceci s’éloigne.
Il retomba cette fois, il fit Bérénice sans Boileau, comme il s’était caché, enfant, de ses maîtres pour lire le roman d’Héliodore.
. — Deux points surtout sont importants : l’un est la prépondérance du roman intérieur, suggéré ou spontané, qui se déroule dans le patient sans répression possible et avec le même ascendant qu’auraient des perceptions vraies ; l’autre est l’abolition isolée ou l’exaltation isolée d’un sens ou d’une faculté (sensation de la douleur, du son, sens tactile et musculaire, appréciation de la durée, talent de discourir, d’écrire en vers, de dessiner, et parfois divinations de diverses sortes dont nous ne pouvons encore fixer la limite).
A travers les romans chevaleresques et pastoraux, les élégies et les tragédies, la conception des troubadours s’étalera, s’épanouira, jusqu’à ce qu’elle rencontre ses formules définitives, philosophique dans Descartes et poétique dans Corneille, qui en feront saillir un élément de vérité.
De même qu’il n’est point de coulissier un peu mondain qui n’ait vécu et tenté d’écrire son roman, soit l’adultère où il se dépensa, de même il n’est guère d’étudiant, fût-ce en pharmacie, qui ne s’efforce de rimer, après et selon Alfred de Musset, les griseries et les rancœurs alternatives dont une maîtresse de brasserie fut l’auteur irresponsable.
Que le comte Tolstoï sait mal le français, — ce qui ne l’empêche point de se dresser entre les puissants constructeurs de romans du siècle, aussi haut que Balzac, que Stendhal, que Dickens.
Cette aventure, tragique à la fois et ridicule, offre les éléments d’un drame shakespearien, d’un roman échappé à l’imagination d’un Balzac.
On peut commenter sérieusement un madrigal ou un roman frivole ; d’austères érudits ont consacré leur vie à des productions dont les auteurs ne pensèrent qu’au plaisir.
Mais en même temps le pessimisme, qui teignait de noir les romans de Zola et de ses adeptes, leur souci du milieu où vivent les personnages qu’ils mettent en scène, leur effort pour élargir la langue littéraire jusqu’aux limites de la langue parlée, leur style même souvent si chatoyant de couleurs et de métaphores, tout cela permet de dire : C’est une queue du romantisme.
Elle ne concevait point de parfait bonheur hors du devoir ; elle mettait l’idéal du roman là où elle l’avait si peu rencontré, c’est-à-dire dans le mariage ; et plus d’une fois en ses plus beaux jours, au milieu d’une fête dont elle était la reine, se dérobant aux hommages, il lui arriva, disait-elle, de sortir un moment pour pleurer.
Parlant, il y a quelque temps, d’Horace Walpole dans la Revue des deux mondes, et jugeant le roman et la tragédie que s’avisait de composer à un certain jour cet esprit distingué, M. de Rémusat y reconnaît bien quelques mérites d’idée et d’intention, mais il n’y trouve pas le vrai cachet original, et il ajoute avec je ne sais quel retour sur lui-même : « Le mot du prédicateur : Faites ce que je vous dis, ne faites pas ce que je fais, est l’éternelle devise des esprits critiques qui se sont mêlés d’inventer. » Si M. de Rémusat a, en effet, pensé à lui-même et à ses essais de drames en écrivant ce jugement, il a été trop sévère ; je suis persuadé que, pour être artiste, c’est-à-dire producteur d’ouvrages d’imagination, pleins d’intérêt, il ne lui a manqué que d’être un peu moins nourri dès son enfance dans le luxe fin de l’esprit, et d’être aiguillonné par la nécessité, cette mère des talents.
Les Puritains d’Écosse sont, dans cette hypothèse, un véritable roman historique.
Stapfer montre que Rabelais, le grand Rabelais, à qui les esprits qui contestent Sterne ne refusent pas le respect, n’est pas moins déraisonnable et inintelligible, à certaines pages de son Épopée, que Sterne à certaines pages décousues de son roman de Tristram Shandy ; mais il prouve à merveille que ni la valeur ni le vrai génie de Sterne et de Rabelais ne sont dans ces pages.
À l’état naissant ou faible, les deux cristallisations peuvent se confondre : ainsi le débutant ou la femme de lettres raconteront avec candeur dans un roman toute leur propre aventure amoureuse, cristallisée directement.
De cette fonction relèvent le roman, le drame, la mythologie avec tout ce qui la précéda. […] Ce serait, plus précisément, un personnage de roman, s’il n’avait une puissance supérieure à celle des hommes et le privilège de rompre, dans certains cas au moins, la régularité des lois de la nature. […] Il en est parmi eux qui sont véritablement obsédés par leur héros ; ils sont menés par lui plutôt qu’ils ne le mènent ; ils ont même de la peine à se débarrasser de lui quand ils ont achevé leur pièce ou leur roman. […] Soit, mais nous pouvons être presque aussi fortement « empoignés » par le roman que nous lisons, et sympathiser au même point avec les personnages dont on nous raconte l’histoire. […] Par le fait, nous passons sans peine du roman d’aujourd’hui à des contes plus ou moins anciens, aux légendes, au folklore, et du folklore à la mythologie, qui n’est pas la même chose, mais qui s’est constituée de la même manière ; la mythologie, à son tour, ne fait que développer en histoire la personnalité des dieux, et cette dernière création n’est que l’extension d’une autre, plus simple, celle des « puissances semi-personnelles » ou « présences efficaces » qui sont, croyons-nous, à l’origine de la religion.
C’est alors que Karamsin écrit, d’une main encore novice, l’histoire nationale de la Russie ; que Pouschkine ou Lamanof chantent leurs poèmes, auxquels il ne manque que l’originalité ; c’est alors, enfin, que des écrivains à formes moins prétentieuses, comme Ivan Tourgueneff, dont nous nous occupons en ce moment, écrivent avec une originalité à la fois savante et naïve ces romans ou ces nouvelles, poèmes épiques des salons, où les mœurs de leur nation sont représentées avec l’étrangeté de leur origine, la poésie des steppes et la grâce de la jeunesse des peuples. […] Il est l’aurore d’une littérature qui s’introduit par le roman dans le monde. Parcourons-le et citons-le à grandes pages, le roman de mœurs ne peut pas se comprendre ou s’admirer autrement. […] Un jour il lui apporta un roman de Sagoskin : Jouri Miroslawski, et lui en lut quelques chapitres.
Du portrait Il y a deux manières de comprendre le portrait, — l’histoire et le roman. […] Ici, l’imagination a une plus grande part, et cependant, comme il arrive souvent que le roman est plus vrai que l’histoire, il arrive aussi qu’un modèle est plus clairement exprimé par le pinceau abondant et facile d’un coloriste que par le crayon d’un dessinateur. […] J’ai entendu dire à un poëte ordinaire de la Comédie-Française que les romans de Balzac lui serraient le cœur et lui inspiraient du dégoût ; que, pour son compte, il ne concevait pas que des amoureux vécussent d’autre chose que du parfum des fleurs et des pleurs de l’aurore. […] L’individualité, — cette petite propriété, — a mangé l’originalité collective ; et, comme il a été démontré dans un chapitre fameux d’un roman romantique, que le livre a tué le monument, on peut dire que pour le présent c’est le peintre qui a tué la peinture.
Il eut par la suite plus d’un imitateur ; mais s’il attaquait un adversaire alors plein de vie et redoutable, Les Héros de roman, dont Boileau ne prépara la publication qu’en 1710, n’étaient plus guère qu’un coup porté à un ennemi à terre. […] Madame, avez-vous vu, dans ces tapisseries, Ces héros de romans ? […] Ces héros de romans ? […] Ces héros de romans ? […] Jourdain un de ses meilleurs traits : « Comment donc, ma fille, dit madame de Sévigné dans une de ses lettres, j’ai fait un roman sans y penser.
» — Opposez à ces personnages ceux de quelque roman licencieux de Duclos ou de Crébillon fils. […] Réciproquement, les romans de chevalerie, par leur pureté idéale, donnent très exactement le contraire de la vérité. […] Voulez-vous un autre signe caractéristique à quoi on reconnaît, dit-on, les romans écrits par les femmes ? […] En effet, les romans de Mme de La Fayette, de Mme de Staël et de George Sand fourniraient de nombreux exemples à l’appui de cette observation. […] Mistress Inchbald a fait quinze pièces de théâtre et deux romans, dont l’un passe pour un chef-d’œuvre ; ne rappelons que celui-là.
Leur caractère n’a rien de féodal ; ce sont des gens « sensibles », doux, très polis, assez lettrés, amateurs de phrases générales, et qui s’émeuvent aisément, vivement, volontiers, comme cet aimable raisonneur le marquis de Ferrières, ancien chevau-léger, député de Saumur à l’Assemblée nationale, auteur d’un écrit sur le Théisme, d’un roman moral, de mémoires bienveillants et sans grande portée ; rien de plus éloigné de l’ancien tempérament âpre et despotique. […] On trouvera dans ces passages des détails sur les types énergiques de l’ancienne noblesse. — Ils sont peints avec force et justesse dans deux romans de Balzac : Béatrix (le baron de Guénic) et le Cabinet des antiques (le marquis d’Esgrignon).
Ses aventures, vraies ou imaginaires, avaient eu en Angleterre le retentissement du roman et l’étrangeté du mystère. […] Lucien Bonaparte, jeune homme de Plutarque, à la fois poète, orateur et amant, flottait alors entre le rôle de héros de la république et celui de héros de roman ; sa passion déclamait un peu comme son éloquence ; quoique vêtu en apparence d’une page de Tacite, il écrivait à Juliette des pages de Clélie et de Roméo.
Rien ne m’étonnait plus que leur changement de costume ; et dans cet ensemble de faits à peine indiqués je trouvais un roman infiniment varié, toujours nouveau, dont mon esprit suivait attentivement les détails. […] Pendant les longues excursions de notre naturaliste, des dangers d’une autre espèce vinrent aussi le menacer ; le récit suivant ne serait pas déplacé dans un des romans de Cooper : Après avoir parcouru le haut Mississipi, dit-il, je fus obligé de traverser une de ces immenses prairies, steppes de verdure qui ressemblent à des océans de fleurs et de gazon.
Le romantisme, vainqueur sur la scène, dans le roman, dans la poésie, est, longtemps après 1830, férocement combattu par l’Académie. […] Pour les adeptes de l’école du vrai à tout prix, dire d’un roman qu’il est romanesque ou romantique est une condamnation en bonne et due forme.
— il ne fut pas plus grand que Delacroix ; même, entre les poètes qui l’ont suivi, précédé, tels apparaissent, qui eurent des visions plus cohérentes, une forme plus précise, plus impeccable… C’est que Victor Hugo fut le combattant, et fut le théoricien ; c’est qu’il eut, éminemment, les procédés extérieurs de l’école ; c’est qu’il soumit à son génie tout, poésie, drame, roman, satire, épopée, histoire. […] Lisez nos romans de chevalerie, qui vivent encore dans l’esprit populaire ; dépouillez-les des ornements médiocres dont ils furent enjolivés, et, une fois restitués dans leur simplicité première, transformez-les de nouveau, selon les inévitables lois du théâtre moderne.
IX L’année suivante, 1665, Racine donna au théâtre la tragédie d’Alexandre le Grand, tirée de Quinte-Curce et imitée de Corneille et du roman chevaleresque de Mlle de Scudéri. […] Nicole, après Pascal, le plus rude écrivain moraliste de cette école, avait écrit dans une de ses polémiques, « qu’un faiseur de romans ou un poète de théâtre était un empoisonneur public, non du corps, mais des âmes ; il avait ajouté qu’un tel poète devait s’accuser de la mort d’une multitude d’âmes qu’il avait perdues ou qu’il avait pu perdre par ses vers ».
Je comptais aujourd’hui parler encore du Roman de Renart et de ces malices du Moyen Âge ; mon second article est terminé, mais on me permettra de l’ajourner à huitaine pour m’occuper d’un petit événement littéraire et philosophique qui est d’hier, et dans lequel il s’est déployé du talent, de l’habileté, de la candeur, et même un peu de ruse.
En France, au contraire, où il y a une Académie française et où surtout la nation est de sa nature assez académique, où le Suard, au moment où on le croit fini, recommence ; où il n’est pas d’homme comme il faut, dans son cercle, qui ne parle aussitôt de goût ; où il n’est pas de grisette qui, rendant son volume de roman au cabinet de lecture, ne dise pour premier mot : C’est bien écrit, on doit trouver qu’un tel style est une très grande nouveauté, et le succès qu’il a obtenu un événement : il a fallu bien des circonstances pour y préparer.
Mais ce qui pour moi n’est pas moins sûr, c’est que l’illustre biographe traite ici l’histoire littéraire absolument comme on traite l’histoire dans un roman historique : on invente légèrement le personnage là où le renseignement fait défaut et où l’intérêt dramatique l’exige.
Vous pouviez intituler votre livre Histoire du ciel, à bien plus juste titre que l’abbé Pluche, qui, à mon avis, n’a fait qu’un mauvais roman… Je vois dans votre livre, monsieur, une profonde connaissance de tous les faits avérés et de tous les faits probables.
Un coin de roman et de haute ambition de cœur s’était secrètement logé en lui, et, recouvert en silence, lui rendait fastidieux tout le reste.
Cependant je sens que je commence à te goûter, et je l’admire comme un rare génie, surtout pour le temps où il a vécu… Mais cette lecture ne profite pas à de Brosses, qui continue de trouver Dante un poète tout à fait sec et sans aménité : Je ne puis m’empêcher d’ajouter encore ici que plus je lis le Dante, plus je reste surpris de cette préférence que je lui ai vu donner sur l’Arioste par de bons connaisseurs : il me semble que c’est comme si on mettait le Roman de la rose au-dessus de La Fontaine.
. — Pascal, au génie sévère et à l’imagination sombre, le connaît peu ; il en parle comme de l’auteur d’un beau roman, il ne voit en lui que le père des mensonges.
Je joue avec les enfants, je cause avec ma femme, je leur fais des lectures, je leur lis des romans… Je veux, ajoutait-il s’adressant toujours à Rœderer, que vous voyiez la lettre qu’il m’a écrite.
Barbey d’Aurevilly, qui a fait dès longtemps ses preuves dans le roman et dans la presse quotidienne, homme d’un talent brillant et fier, d’une intelligence haute et qui va au grand, a une plume de laquelle on peut dire sans flatterie qu’elle ressemble souvent à une épée.
Jamais le roman ne s’est produit dans la réalité comme alors.
Élevé par une mère indulgente et tendre, il apprenait tant bien que mal le latin au logis sous un précepteur ; il aimait surtout à lire d’anciens romans français et les autres livres qui se rencontraient alors dans une bibliothèque de campagne assez bien garnie.
Que de beautés, à les relire aujourd’hui, dans cette suite de romans en rimes et de stances brûlantes !
On sait l’éclat de son expédition d’Écosse en 1745, ses premiers succès, ses aventures, ses malheurs : l’histoire s’en est émue comme le roman. » Le Prétendant, a dit encore de lui Chateaubriand, aborda en Écosse au mois d’août 1745 ; un lambeau de taffetas apporté de France lui servit de drapeau ; il rassembla sous ce drapeau dix mille montagnards, s’empara d’Édimbourg, passa sur le ventre de quatre mille Anglais à Preston et s’avança jusqu’à quatorze lieues de Londres.
De l’Époque, après le naufrage, il fut recueilli au journal la Presse, et, dès lors, on le vit un peu partout ; romans, nouvelles, feuilletons de théâtre, articles de critique, il ne se refusa rien : Le principal étant de vivre, Fidèle au : « Tel père, tel fils », Ma ressource devint le livre ; Mon père en vendait, — moi, j’en fis.
Chabanon a écrit un mot qui est la critique de Grandisson et des romans trop vertueux : « Depuis Aristote tout le monde a senti et répété que l’humanité dépeinte devient plus intéressante par ses faiblesses mêmes. » (Lettre de Chabanon à Mme de La Briche après la lecture des Mémoires manuscrits de cette ; dame). — Si quelqu’un a jamais paru propre à faire mentir ce mot, ç’a été le comte de Gisors.
Dans ce roman, il y a en effet un chapitre intitulé l’Année 1817, qui est tout rempli de contrastes et de singularités historiques ou littéraires, tournant au ridicule et au grotesque ; par exemple : « Il y avait un faux Chateaubriand appelé Marchangv, en attendant qu’il y eût un faux Marchangy appelé d’Arlincourt… La critique faisant autorité préférait Lafon à Talma… L’opinion générale était que M.
Mais de plus Ronsard s’est trompé sur la définition du genre : il a pris l’épopée pour un roman.
Les romans et les épopées ne sont que des caricatures du type vigoureux dont Corneille nous donne le portrait, et Descartes la définition.
C’est le cas aussi de l’universel et médiocre Marmontel531, l’auteur de Bélisaire et des Incas, deux insipides romans qui, en attirant sur lui les rigueurs de la Sorbonne et du Parlement, en firent un moment le représentant de la philosophie.
Eh bien, ce directeur, intelligent et lettré, comme il désirait publier un roman dans son journal, et que, pour m’éclairer sur le degré et le ton des ouvrages qu’il souhaitait, je lui demandais : « Voyons !
Interrogez là-dessus un peintre, un musicien ou un sculpteur, ou même un poète, du moment qu’il n’écrit pas en prose, car le journalisme et le roman forcent l’artiste à l’usage du monde : s’il est franc, il conviendra que le secret de son « air » est dans cette remarque psychologique.
La personne de l’homme, si noble de prestance et si vénérable qu’elle pût être au premier aspect, devait par instants s’animer et se réjouir aux mille saillies de ce génie intérieur, de cette belle humeur irrésistible qui s’était jouée dans son roman, ou plutôt dans son théâtre.
On peut dire tout ce qu’on voudra, maint noble cœur prendra parti pour Marie Stuart, même quand tout ce qu’on a dit d’elle serait vrai. » Cette parole que Walter Scott met dans la bouche de l’un des personnages de son roman (L’Abbé), au moment où il prépare le lecteur à l’introduction auprès de la belle reine, reste le dernier mot de la postérité comme des contemporains, la conclusion de l’histoire comme de la poésie.
Il reste trop aisément entre la réalité et la poésie, à mi-chemin de l’une et de l’autre, c’est-à-dire en partie dans le roman.
I La lecture des romans de Flaubert, faite du point de vue qui vient d’être indiqué, laisse peu de chose à dire sur le Bovarysme des individus, en tant qu’il donne naissance au relief comique des personnages6.Flaubert se complète ici par Molière : Le Bourgeois gentilhomme, Les Précieuses ridicules, Les Femmes savantes nous montrent autant de cas de Bovarysme dont la démonstration est trop aisée pour qu’on y insiste.
On peut citer comme exemples de cette sorte d’ouvrages, des romans comme le Werther ou la Confession d’un Enfant du siècle, les peintures de Rubens ou de Delacroix, presque toute la musique.
Lorsqu’on fait un poème, un tableau, une comédie, une histoire, un roman, une tragédie, un ouvrage pour le peuple, il ne faut pas imiter les auteurs qui ont écrit des traités d’éducation.
Ses antécédents du Figaro n’ont point empêché Henry Schaunard de publier des romans au Moniteur et à la Revue des Deux-Mondes ; — Monselet a donné de la copie à La Presse (on a même trouvé qu’il n’en donnait pas assez) ; et toi-même, malgré toutes les chroniques dont tu es atteint et convaincu, n’es-tu pas arrivé à L’Opinion nationale ?
Je n’entends rien, selon lui, à la littérature, ni à la critique, ni au roman ; mes œuvres sont nulles et mes théories ridicules.
La cantilène de sainte Eulalie (ixe siècle), la Vie de saint Léger (xe siècle), le roman de Brut (xiie siècle), les œuvres de Marie de France (xiie siècle), en font foi.
Les romans de Mlle Scudéri sont d’une longueur infinie et d’une fadeur étonnante ; elle met une page à expliquer ce que nous dirions en un mot.
Parades, combats, blessures, défis, amour, appel au jugement de Dieu, pénitences, on trouve tout cela dans la vie de Surrey comme dans un roman de chevalerie. […] Ce n’est qu’un délassement, une sorte de roman poétique écrit à la campagne pour l’amusement de sa sœur, œuvre de mode, et qui, comme chez nous le Cyrus et la Clélie, n’est point un monument, mais un document. […] Continuez, et vous verrez des princesses enfermées par une méchante fée qui les fouette et les menace de mort si elles refusent d’épouser son fils, une belle reine condamnée à périr par le feu si des chevaliers qu’on désigne ne viennent pas la délivrer, un prince perfide torturé en punition de ses méfaits, puis jeté du haut d’une pyramide, des combats, des surprises, des enlèvements, des voyages, bref, tout l’attirail des romans les plus romanesques. […] De là notre roman bourgeois et notre roman réaliste. […] Toujours pour lui l’objet d’une science est l’établissement d’un art, c’est-à-dire la production d’une chose active et utile ; quand il veut rendre sensible par un roman la nature efficace de sa philosophie, il décrit dans sa Nouvelle Atlantide, avec une hardiesse de poëte et une justesse de devin, presque en propres termes, les applications modernes et l’organisation présente des sciences, académies, observatoires, aérostats, bateaux sous-marins, amendements des terres, transformations des espèces, reviviscences, découverte des remèdes, conservation des aliments.
Auteur de l’Aventurier français, Le Suire avait publié un roman précédé d’une lettre de J. […] Il peut y avoir de la description et de la couleur en histoire, de même qu’on peut mettre de la psychologie abstraite dans un roman descriptif. […] Voici, pour finir, un exemple topique de l’art avec lequel Flaubert savait pousser un procédé et surpasser son modèle en l’imitant : Prenons la description de l’Extrême-Onction dans un roman de Sainte-Beuve. […] De pareilles remarques ont une importance capitale, parce que, soit qu’on écrive de l’histoire, soit qu’on écrive des romans, des nouvelles, des contes, les règles restent les mêmes. Si les traits d’un personnage de roman peuvent s’appliquer à toute espèce de personnes, le personnage est mauvais.
Dans la scène iii de l’acte V, « Andrés tombe des nues, dit un commentateur, et ce qu’il débite est obscur » : d’accord ; mais si vous supprimez son roman, Andrés tombera bien plus des nues pour le spectateur. […] L’héroïne de Chappuzeau n’affecte que le ridicule de s’entretenir avec des savants ; celles de Molière poussent l’affectation jusque dans les conversations les plus familières, même avec leurs gens, et refusent la main de deux hommes aimables qui se sont écartés des règles prescrites dans les romans, en débutant par le mariage. […] L’exposition. — Trop compliquée ; elle n’offre qu’un roman dans lequel on se perd, et qui rend la marche la contexture du drame assez fatigantes. […] Le dénouement. — De toute beauté, si nous le démêlons à travers le récit du roman dont nous venons de parler, et les lazzis de maître Jacques ; si nous voulons enfin ne voir le véritable dénouement que dans le sacrifice de l’Avare renonçant à son amour pour revoir sa chère cassette. […] certes le détour est d’esprit, je l’avoue, Ce subtil faux-fuyant mérite qu’on le loue, Et dans tous les romans où j’ai jeté les yeux, Je n’ai rien rencontré de plus ingénieux.
» Vendredi 20 novembre Par le vent froid qu’il fait, ce matin, en montant vers Saint-Cloud, pour gagner Versailles, — dans l’excitation d’une marche presque courante, mon roman (La Fille Élisa) commence à prendre une apparence de dessin dans ma cervelle. Je me résous à mettre dans le renfoncement, et le vague d’un souvenir, toutes les scènes de b.., et de cour d’assises, que je voulais peindre dans la réalité brutale de la mise en scène, et les trois parties de mon roman se condensent en un seul morceau.
Une des meilleures choses de l’exposition est la tête de Vieille Femme de Guillaumin, Servante de presbytère, rappel inconnu d’une sorcière de Doré, illustration d’un roman de Tieck (Pietro d’Abano). […] Des revues qui ont publié les romans de Loti impriment douze pages de vers de Verhaeren et plusieurs drames d’Ibsen.
Il n’y a pas vingt-cinq ans que Walter Scott, ce trouvère posthume de notre siècle, ce Boccace sérieux et épique de notre âge, composait ses cent nouvelles, puisées dans l’histoire d’Écosse, et devenait ainsi, par le roman, le prosateur épique de la Grande-Bretagne. […] Mais voilà l’Amérique du Nord qui y touche par la science, par l’histoire, par la poésie, par le roman, cette poésie domestique.
ce sont les manières du temps. » — Le duc de Richelieu, ce jeune fat qui tournait alors toutes les têtes et que des gens d’esprit aux abois ont cherché de notre temps à remettre à la mode dans le roman et au théâtre, est pour Madame l’objet d’une aversion singulière : il est peint par elle de main de maître (notamment pages 203, 221), parfaitement méprisable, avec ses charmes équivoques et légers, son vernis de politesse et tous ses vices.
Daru, et qu’il donne seulement à titre de conjecture, elle pourra être réfutée et démontrée fausse, elle n’en est pas moins dans les termes les plus stricts de la discussion historique et n’a rien du roman.
.) — Et qu’on s’étonne, après cela, du rôle qu’on a fait à Charlemagne avec son archevêque Turpin et ses douze pairs, dans les romans de chevalerie !
Sarazin, dans sa jolie pièce de la pompe funèbre, a pu présenter les exploits d’esprit de Voiture en une suite d’épisodes et de chapitres distincts comme ceux d’un roman.
Son père qui, dans sa jeunesse, était très-beau, qu’on surnommait Orondate parce qu’il ressemblait à un héros de roman, qui avait eu des duels brillants au temps de la mode des duels, et avait mérité, par là la faveur du prince de Conti, ce qui fut le point de départ de sa fortune, s’était depuis distingué à la guerre et y serait probablement arrivé jusqu’aux emplois les plus considérables, s’il n’avait rencontré en chemin l’inimitié de Louvois, qui lui barra tout avancement.
. — Je n’oublierai point, parmi les personnes présentes, une habituée et une amie de la maison, Mme de Bawr, l’auteur d’une jolie pièce de théâtre et d’agréables romans.
On a un exemple de ces petits drames farcis dans le mystère des Vierges sages et des Vierges folles ; elles y parlent en latin avec un refrain en roman ou provençal ; ailleurs, l’entrelardement devait être en français.
Mademoiselle de Clermont, dont Mme de Genlis a fait dans un joli roman une héroïne si sentimentale, était une personne qui ne marchandait pas.
Un héros de roman peut et doit partir à cinquante ans et même en deçà : un guerrier historique tient bon tant qu’il peut ; un Turenne reste jusqu’au dernier jour pour achever son œuvre, pour l’avancer, la consolider.
Ma jeunesse rêveuse aimait autrefois à y chercher un avant-goût de ces biographies intimes, de ces romans vrais, dont j’essayais d’accréditer le genre87.
On a donc deux conditions à remplir, et si la première sépare la réalité4 du rêve, la seconde la distingue du roman.
Je comprends qu’on ose beaucoup dans un livre : le roman même, qui tient de l’histoire et de la critique, a des libertés presque égales.
Des poètes, des romanciers en ont tiré des sujets ; mais ni le roman de Walter Scott, ni la chanson de Béranger, ne rendent la réalité dans toute sa justesse, et avec la parfaite mesure qu’elle nous offre sous cette plume de Commynes, curieuse, attentive, fidèle, et si étrangère à un but littéraire, à un effet dramatique.
À tel chapitre vanté d’un roman moderne, on opposerait un récit de Xavier de Maistre.
Au lieu d’une horreur sérieuse et profonde, il n’a produit par ses descriptions, comme dans un roman, qu’un genre d’impression presque nerveuse.
Mme de Longueville a l’esprit subtil ; elle aime la gloire sous toutes les formes, et, quand elle l’a épuisée sous celle du roman et de la guerre civile, elle la retrouve et la recherche encore sous celle de la pénitence illustre et de l’humilité la plus raffinée.
C’est ici qu’il serait curieux de tracer en détail ce qu’il appelait « le roman philosophique de sa vie ».
À la table de la rédaction s’asseyaient journellement : Murger à l’air humble, à l’œil pleurard, aux jolis mots de Chamfort d’estaminet ; Aurélien Scholl, avec son monocle vissé dans l’orbite, ses colères spirituelles, son ambition de gagner la semaine prochaine 50 000 francs par an, au moyen de romans en vingt-cinq volumes ; Banville, avec sa face glabre, sa voix de fausset, ses fins paradoxes, ses humoristiques silhouettes des gens ; Karr, toujours accompagné de l’inséparable Gatayes.
De quelle règle de Boileau peut-on faire sortir la poésie de Lamartine ou les romans de George Sand ?
» Il ressemble au papa Croizeau du roman de Balzac, qui dit : « belle dame !
Chaigneau, dont j’ai tout à l’heure cité l’opinion sur l’œuvre de la Basilique, a, dans un petit roman d’une poignante intensité, rendu d’une façon très pénétrante l’impression que l’on ressent, quand, du sommet de la butte, le regard domine l’immense et chaotique étendue : « Une vapeur de clarté où se fondaient les fumées blanches essaimées de toitures, enveloppait Paris d’un vague et radieux frémissement qui noyait les détails rectilignes, pour n’accuser, en ébauche, que les ressauts capricieux des faîtages.
Tous les romans de Beyle, entre autres Le Rouge et le Noir.
Pitt, dit-il, fit au collége des vers latins sur la mort de George Ier. « Dans cette pièce, les Muses sont priées de venir pleurer sur l’urne de César ; car César, dit le poëte, aimait les Muses, César qui n’était pas capable de lire un vers de Pope, et qui n’aimait rien que le punch et les femmes grasses. » — Ailleurs, dans la biographie de miss Burney, il raconte comment la pauvre jeune fille, devenue célèbre par ses deux premiers romans, reçut en récompense, et par grande faveur, une place de femme de chambre chez la reine Charlotte ; comment, épuisée de veilles, malade, presque mourante, elle demanda en grâce la permission de s’en aller ; comment « la douce reine » s’indigna de cette impertinence, ne pouvant comprendre qu’on refusât de mourir à son service et pour son service, ou qu’une femme de lettres préférât la santé, la vie et la gloire, à l’honneur de plier les robes de Sa Majesté. […] Ces détails précis, ces conversations de soldats, cette peinture des soirées passées au coin du foyer, donnent à l’histoire le mouvement et la vie du roman. […] There the historian of the Roman empire thought of the days when Cicero pleaded the cause of Sicily against Verres, and when, before a senate which still retained some show of freedom, Tacitus thundered against the oppressor of Africa.
Ils sentent trop profondément leurs biens et leurs maux, ils amplifient trop largement par une sorte de roman involontaire chaque état de leur âme. […] J’ai sous les yeux des nouvelles et des romans que je découpe en scènes. […] Nous sommes heureux d’être délivrés des rudes chaînes de la logique, d’errer parmi les aventures étranges, de vivre en plein roman et de savoir que nous y vivons. […] Leur vie aussi est un roman, mais triste.
C’est un quatrain du Roman de la Rose, une complainte écrite sous le règne de Philippe le Bel ! […] Bulwer fasse des comédies, soit qu’il écrive des tragédies, soit qu’il invente des romans…, ne vous adressez ni aux comédies, ni aux tragédies ni aux romans, ni aux poèmes, ni à l’esprit, ni au génie de M. […] Bulwer ; il a écrit grand nombre de romans ; et comme il s’agit ici du plus grand siècle de notre histoire, il m’a semblé qu’il ne serait pas hors de propos, de parler de la pièce de M.
Il avait pour ses contemporains de plume, pour les maîtres alors reconnus du roman, Daudet, Goncourt, même Zola, une admiration courtoise. […] Le moyen âge au contraire produit des œuvres nettement symbolistes, telles que le Roman de la Rose et la Vita Nuova. […] Opposez exactement ici un roman de Flaubert, un sonnet de Hérédia, systèmes arrêtés, convergents, et clos comme des concepts. […] Stello, avec son triple épisode de Chatterton, de Gilbert, d’André Chénier, ce compte âprement demandé à trois états politiques du mépris ou de la haine qu’ils gardent au poète, forme à plus juste titre que le roman italien un Mystère du Poète, de plan et de visée analogues aux Mystères du Peuple, le premier aussi de ces colériques romans corporatifs comme il en pullula depuis, un Jean Coste. […] Tout ce qui est roman ou récit ne diffère pas du fait divers, consiste à « réduire l’horizon et le spectacle à une moyenne bouffée de banalité124 ».
Meyer accorde d’ailleurs, en terminant, cet éloge à l’édition de M. de Wailly : « Tous ceux qui s’intéressent au développement des études romanes accueilleront avec reconnaissance l’œuvre nouvelle de M. de Wailly, car sans parler du progrès notable qu’elle fait faire au texte de Joinville et à son interprétation, c’est la première tentative qui ait été faite afin de mettre un ouvrage du Moyen Âge français à la portée du grand public sans que la science y ait rien perdu. » Mais on entrevoit que ce c’est qu’un « progrès » encore.
Mme de Coulanges était sans doute de celles qui avaient le plus pris sa défense : aussi était-elle outrée plus tard au nom de tout son sexe quand elle vit qu’il n’y avait plus moyen de se faire illusion, et que le héros de roman n’était décidément qu’un joueur, un voluptueux et le plus spirituel des libertins : « La Fare m’a trompée, disait-elle plaisamment, je ne le salue plus. » Cette trahison de cœur et la douleur qu’elle en ressentit conduisirent Mme de La Sablière, âme fière et délicate, à une religion de plus en plus touchée, qui se termina même, par des austérités véritables : elle mourut plusieurs années après aux Incurables, où elle avait fini par habiter.
C’est à l’avance une scène de Molière, c’est surtout une scène qui nous rappelle celle du dîner de la troisième satire de Boileau, « quand un des campagnards, relevant sa moustache », se met à dire des impertinences sur tous les auteurs et à affirmer le contraire de ce qui revient à chacun : La Pucelle est encore une œuvre bien galante… À mon gré, le Corneille est joli quelquefois… Chapelle procède de même, et dix ans avant Boileau il fait une délicate et naturelle satire de tous ces auteurs alors en pleine vogue, de ces romans et poèmes en renom.
Nos cheminées commencent aussi à fumer un peu moins… Nous faisons assez bonne chère, nous passons des nuits fort tranquilles, et toute la matinée à nous parer de perles et de diamants comme des princesses de roman.
J’ai connu de ces âmes-là, et il m’est arrivé à moi-même d’en décrire une autrefois, dans un roman que cette affinité secrète avait fait agréer de Guérin avec indulgence.
L’abbé Legendre, qui a écrit jusqu’à quatre Éloges de M. de Harlay, sans compter ce qu’il en dit dans ses Mémoires ; qui l’a loué une première fois en français, mais un peu brièvement40, une seconde fois en français encore41 et en s’attachant à ne mettre dans ce second morceau ni faits, ni pensées, ni expressions qui fussent déjà dans le premier ; qui l’a reloué une troisième fois en latin42, puis une quatrième et dernière fois en latin encore43, mais pour le coup avec toute l’ampleur d’un juste volume, Legendre a commencé ce quatrième et suprême panégyrique qui englobe et surpasse tous les précédents par un magnifique portrait de son héros ; je le traduis ; mais on ne se douterait pas à ce début qu’il s’agit d’un archevêque, on croirait plutôt qu’il va être question d’un héros de roman : « Harlay était d’une taille élevée, juste, élégante, d’une démarche aisée, le front ouvert, le visage parfaitement beau empreint de douceur et de dignité, le teint fleuri, l’œil d’un bleu clair et vif, le nez assez fort, la bouche petite, les lèvres vermeilles, les dents très bien rangées et bien conservées jusque dans sa vieillesse, la chevelure épaisse et d’un blond hardi avant qu’il eût adopté la perruque ; agréable à tous et d’une politesse accomplie, rarement chagrin dans son particulier, mangeant peu et vite ; maître de son sommeil au point de le prendre ou de l’interrompre à volonté ; d’une santé excellente et ignorant la maladie, jusqu’au jour où un médecin maladroit, voulant faire le chirurgien, lui pratiqua mal la saignée ; depuis lors, s’il voyait couler du sang, ou si un grave souci l’occupait, il était sujet à des défaillances ou pertes de connaissance, d’abord assez courtes, mais qui, peu à peu, devinrent plus longues en avançant : c’est ce mal qui, négligé et caché pendant plus de vingt ans, mais se répétant et s’aggravant avec l’âge, causa enfin sa mort. » L’explication que l’abbé Legendre essaye de donner des défaillances du prélat par suite d’une saignée mal faite est peu rationnelle : M. de Harlay était sujet à des attaques soit nerveuses, soit d’apoplexie plus probablement, dont une l’emporta.
Tandis que Corneille redouble et produit sur la scène cette série de chefs-d’œuvre grandioses et trop inégaux, l’éducation des esprits se poursuit concurremment et se continue de moins haut par les romans des Gomberville, des Scudéry, par les traductions de d’Ablancourt, par les lettres des successeurs et des émules de Balzac et de Voiture, par les écrits théologiques d’Arnauld et de Messieurs de Port-Royal : — autant d’instituteurs du goût public, chacun dans sa ligne et à son moment.
Lui qui est célèbre par plus d’un roman historique, il n’en a jamais imaginé de plus complet.
Un moment, à la veille et à l’entrée de la politique, elle noua une espèce de lien de cœur, elle fila une espèce de petit roman sentimental avec Bancal des Issarts.
Lorsqu’il a eu à parler de Mme Roland, comme s’il s’agissait avant tout de la disculper et de la défendre, il a essayé de diminuer son rôle actif auprès de son mari et sa part virile d’influence : il s’est refusé également à admettre qu’il se fût logé dans ce cœur de femme aucun sentiment autre que le conjugal et le légitime, ni aucune passion romanesque : « Écoutez-les, disait-il hier encore, en s’adressant par la pensée aux différents historiens ses prédécesseurs et en les indiquant du geste tour à tour : ceux-là, soit admiration sincère pour le mérite de Mme Roland, soit désir de rabaisser celui des hommes qui l’entouraient, voient dans la femme du ministre la tête qui dirige et son mari et les législateurs qui le fréquentent, et répétant un mot célèbre : Mme Roland, disent-ils, est l’homme du parti de la Gironde ; — ceux-ci, habitués à se laisser aller à l’imagination du romancier ou du poète, transforment l’être qu’ils ont créé en nouvelle Armide, fascinant du charme de ses paroles ou de la douceur de son sourire ceux qu’elle réunit dans ses salons ou qu’elle convie à sa table ; — d’autres enfin, scrutateurs indiscrets de la vie privée, se placeront entre la jeune femme et son vieux mari, commenteront de cent façons un mot jeté au hasard par cette femme, chercheront à pénétrer jusqu’aux plus secrets sentiments de son âme, compteront les pulsations de son cœur agité, selon que telle ou telle image, tel ou tel souvenir l’impressionne, et montreront sous un voile transparent l’être vers lequel s’élancent sa pensée et ses soupirs ; car à leur roman il faut de l’amour. » Et il ajoute, plein de confiance dans le témoignage qu’il invoque : « Mme Roland a raconté elle-même avec une simplicité charmante ce qu’elle a pensé, ce qu’elle a senti, ce qu’elle a dit, ce qu’elle a fait. » Eh bien !
Je le demande, si nous avions perdu tout témoignage positif concernant Charlemagne, si nous en étions réduits pour le reconstruire, lui et son époque, aux romans de chevalerie, aux chansons de Geste des xie et xiie siècles, où seraient l’étoile et la boussole pour s’orienter ?
Je sais comme vous qu’il ne faut pourtant pas que, sous prétexte de peindre, il se croie en droit d’imaginer, qu’il aille créer tout de bon et au pied de la lettre, et qu’il nous présente un roman au lieu de la réalité.
La chevalerie et le roman sont contrariés ; qu’y faire ?
Le comte de Clermont était le frère cadet de M. le Duc, qui fut quelque temps premier ministre ; du comte de Charolais, si connu par ses férocités et ses frénésies ; il était le frère aîné de ces trois sœurs mondaines, à l’allure libre et au parler franc, Mademoiselle de Charolais, Mademoiselle de Clermont, Mademoiselle de Sens, desquelles il aurait fallu ne rien savoir pour en faire des héroïnes de roman sentimental, comme l’essaya un jour Mme de Genlis pour Mademoiselle de Clermont30.
Ainsi, dans l’article sur Chapelain, on regrette qu’il n’ait pas connu une très-agréable conversation sur les vieux romans racontée et adressée par Chapelain au cardinal de Retz46, et qui vaut mieux que toute la Pucelle.
Mille fois du moins, dans ces vieux romans tant goûtés, on voit le page, messager d’amour, dans sa grâce adolescente, faire oublier à la dame du château celui qui l’envoie.
Quand on remarque comment des sujets de chansons de geste ou de romans ont été tournés en miracles de la Vierge, on se persuade que l’absence de tout élément religieux dans l’« histoire de Griselidis » la sépare absolument du théâtre que nous étudions ici.
Outre les vastes recueils de Mémoires sur l’Histoire de France, qui furent une mine de romans et de drames, il faut signaler tout particulièrement la publication des Mémoires de Saint-Simon, qui renouvelèrent dans les esprits l’image du siècle de Louis XIV et de la cour de Versailles.
Comme elles sont échappées à l’auteur à l’occasion de ce qui arrivait à ses héros et à ses héroïnes, elles ont souvent la vertu de rappeler quelque joie ou quelque douleur de la vie ; et il y en a qui résument si bien une situation dramatique, que malgré soi on se laisse aller à rêver sur la scène de roman qui a dû les inspirer : l’imagination ne s’arrête pas longtemps à ce jeu qui serait bientôt un travail, mais cette excitation n’en a pas moins du charme.
Quel spectacle que celui des hommes de lettres s’injuriant du livre au théâtre, du roman à la comédie, et se jetant, devant le public, leurs encriers à la tête !
Si je venais à passer sous silence ce Discours pour parler d’un livre de poésie, d’un roman ancien ou nouveau, on aurait droit de penser que la critique littéraire se récuse, qu’elle se reconnaît jusqu’à un certain point frivole, qu’il est des sujets qu’elle s’interdit comme trop imposants ou trop épineux pour elle ; et ce n’est jamais ainsi que j’ai compris cette critique, légère sans doute et agréable tant qu’elle le peut, mais ferme et sérieuse quand il le faut, et autant qu’il le faut.
Jamais nos vieux romans de chevalerie n’ont retenti de pareils coups d’épée.
Rousseau qui introduisit le premier parmi nous ces rêveries si désastreuses et si coupables… Le roman de Werther a développé depuis ce germe de poison.
Le seul épisode où l’auteur des Mémoires se soit développé avec le plus d’apparence de vérité et de naïveté, est celui de Charlotte, fraîche peinture de roman naturel et domestique, qui se détache dans les récits de l’exil.
Je ne sais comment j’appris à lire ; je ne me souviens que de mes premières lectures et de leur effet sur moi… Ma mère avait laissé des romans ; nous nous mîmes à les lire après souper, mon père et moi.
Tandis qu’il favorisait les entreprises de collections purement historiques ou érudites, il refusait, par exemple, un privilège à Voltaire pour les Éléments de la philosophie de Newton : « Ce demi-savant et demi-citoyen d’Aguesseau, écrivait Voltaire à d’Alembert en un jour de rancune, était un tyran : il voulait empêcher la nation de penser. » On assure que le scrupuleux chancelier ne donna jamais de privilège pour l’impression d’aucun roman nouveau, et qu’il n’accordait même de permission tacite que sous des conditions expresses ; qu’il ne donna à l’abbé Prévost la permission d’imprimer les premiers volumes de Cleveland que sous la condition que le héros se ferait catholique à la fin.
Chlewaski qui lui avait demandé ce que c’était que le livre des Voyages d’Anténor, Courier répond que c’est une sotte imitation d’Anacharsis, c’est-à-dire d’un ouvrage médiocrement écrit et médiocrement savant, soit dit entre nous : Je crois, ajoute-t-il, que tous les livres de ce genre, moitié histoire et moitié roman, où les mœurs modernes se trouvent mêlées avec les anciennes, font tort aux unes et aux autres, donnent de tout des idées fausses, et choquent également le goût et l’érudition.
Napoléon, qui avait été, ainsi que ses frères, des grands admirateurs du roman de Paul et Virginie à sa naissance, disait quelquefois à Bernardin de Saint-Pierre, quand il l’apercevait : « Monsieur Bernardin, quand nous donnerez-vous des Paul et Virginie ou des Chaumière indienne ?
D’Urfé n’avait pas encore publié le premier tome de ce roman de L’Astrée, qui devait être aussi un événement.
Le rêve fini, l’insomnie m’a pris, et ma pensée incapable de se rendormir, poussée violemment au dernier roman que nous devions faire : La Fille Élisa, a travaillé, le reste de la nuit, dans l’horrible.
L’épopée et le roman, l’ode et la satire, tous les autres genres, n’ont pas un pareil choix à faire ; ils n’ont pas de lois précises, rigoureuses, qu’ils doivent suivre ou qu’ils puissent transgresser : il n’existe pour eux, en quelque sorte, que des usages et des convenances.
L’introduction d’aujourd’hui devait — croyait-on — raviver l’intérêt expirant d’un livre qui peut bien continuer son effet désastreux sur les classes ignorantes, mais qui l’a épuisé sur les classes éclairées, et qui ne compte plus que comme un roman déjà lu… Les procédés critiques de Renan sont à présent connus, et dans cette introduction il n’ajoute rien à ces procédés, qui même ne lui appartiennent pas.
Rappelez-vous les marais salins du Croisic évoqués par Balzac dans un de ses romans, et la terrible histoire de Cambremer ; puis à côté de cette image naïve du Bon Jésus qui va sur l’eau, mettez encore Jésus-Christ en Flandre et demandez-vous si cette toute-puissante main-là, qui n’écrit cependant qu’en prose, ne casse pas toutes les amusettes du petit pâtre, dans Brizeux !
J’ai fait des operas, me réproche-t-elle, et j’ai lû des romans ; et par le titre de pieux qu’elle me donne ensuite ironiquement, elle paroît insinuer que je suis tout le contraire. […] Qu’elle me passe les operas que j’ai faits, pour les traductions qu’elle a faites de l’eunuque et de l’amphitrion, de quelques comedies grecques d’aussi mauvais exemples, et des odes d’Anacréon, qui ne respirent qu’une volupté dont la nature même n’est pas toûjours d’accord : soyons raisonnables ; il me semble que cela vaut bien quelques operas, qui sont des ouvrages très-modestes, et presque moraux, en comparaison de ceux que je cite. à l’égard des romans qu’elle suppose que j’ai lûs, mettons-les pour les deux cens fois qu’elle a lû avec plaisir quelques pieces du cynique Aristophane. […] Je suis sûr qu’elle n’a fait attention dans les endroits licentieux qu’à l’esprit du poëte, et à la force ou à l’harmonie des mots grecs ; et la même justice demande aussi qu’elle croye que je n’ai esté touché dans les romans, que de l’art ingénieux qui y regne, sans en adopter les mauvaises maximes. […] Selon cette idée primitive, la pharsale, le lutrin, et même nos romans, quoiqu’en prose, ne sont-ils pas des poëmes épiques ? […] Ne point rougir d’une passion injuste, c’est un amour grand, héroïque et digne des prémiers âges : soupirer quand on en triomphe, c’est un amour fade, et digne tout au plus de nos opera et de nos romans. à l’égard du dernier sentiment d’Agamemnon : qui doute que je n’aime mieux le salut de mon peuple que sa perte : outre que ce tour qui doute, est une des libéralitez de Me D pour Homere, qui dit simplement, j’aime mieux le salut de mon peuple que sa perte .
Il est décidément injuste pour les romans, qu’il estime une pure frivolité, comme si Rabelais et Cervantes n’étaient pas venus. […] Mais Naudé, nous l’avons dit, ne faisait aucun cas des romans et contes en langue vulgaire, et ne daignait s’enquérir de leur plus ou moins d’agrément ; s’il s’est montré quelque peu savant en us, ç’a été par cet endroit.
Tous les genres d’enthousiasme ayant subi l’atteinte de l’incrédulité moqueuse, les romans ont maintenu le prestige du sentiment dans quelques contrées du monde où la bonne foi s’est retirée ; mais de tous les malheurs de l’amour il n’en est qu’un, ce me semble, contre lequel la force de l’âme puisse se briser : c’est la mort de l’objet qu’on aime et dont on est aimé. […] — — — And then, what’s brave, what’s noble, Let’s do it after the high Roman fashion, And make Death proud to take us.
Par exemple, sir Petre, voulant se rendre les dieux propices, « bâtit un autel à l’Amour avec douze vastes romans français proprement dorés sur tranche, pose dessus trois jarretières, une demi-paire de gants, et tous les trophées de ses anciennes amours ; puis, avec un tendre billet doux il allume le feu et ajoute trois soupirs amoureux pour attiser la flamme1116. » Nous demeurons désappointés, nous ne devinons pas ce que cette description a de comique. […] Elle suscite le roman, elle dépossède la philosophie, elle produit l’essai, elle entre dans les gazettes, elle remplit la littérature courante, comme ces plantes nationales qui pullulent sur tous les terrains.
Mme de Genlis (une assez méchante langue, il est vrai) nous le dit ; elle raconte que Gibbon épris de Mme de Crousaz, depuis Mme de Montolieu (l’auteur des romans), et s’étant un jour oublié jusqu’à tomber à ses pieds, fut assez mal reçu dans sa déclaration ; mais on avait beau lui dire de se relever, il demeurait à genoux. — « Mais relevez-vous donc, monsieur !
Madame, mariée d’une manière si triste et si ingrate, et avec qui il ne fallait que causer, disait-on, quand on voulait se dégoûter à l’avance de cette condition pénible du mariage, n’était pas femme à se rejeter sur le roman pour se consoler de la réalité.
Si son roman de La Chartreuse de Parme a paru le meilleur de ceux qu’il a composés, et s’il saisit tout d’abord le lecteur, c’est que, dès les premières pages, il a rendu avec vivacité et avec âme les souvenirs de cette heure brillante.
Et, en effet, ces faux romans de Cyrus, de Clélie, depuis longtemps tombés et surannés, avaient laissé pourtant dans le goût public je ne sais quelle fadeur galante qui se portait partout autre part que vers les poèmes sévères.
Le vieux monsieur me conduit à Cambridge dans sa voiture : c’est un homme de savoir, de bon sens, et aussi simple que le curé Adams (dans le roman de Joseph Andrews, de Fielding).
Il semble qu’on ait tout dit à l’honneur des lettres et pour célébrer la douceur dont elles sont dans les différentes circonstances et aux différents âges de la vie ; il y a longtemps qu’on ne fait plus que paraphraser le passage si connu de Cicéron plaidant pour le poète Archias : « Haec studia adolescentiam alunt, senectutem oblectant… », Frédéric nous offre une variante piquante à cet éloge universel des lettres et de l’étude ; il va jusqu’à prétendre, sans trop de raffinement et d’invraisemblance, que toutes les passions (une fois qu’elles ont jeté leur premier feu) trouvent leur compte dans l’étude et peuvent, en s’y détournant, se donner le change par les livres : Les lettres, écrit-il au prince Henri (31 octobre 1767), sont sans doute la plus douce consolation des esprits raisonnables, car elles rassemblent toutes les passions et les contentent innocemment : — un avare, au lieu de remplir un sac d’argent, remplit sa mémoire de tous les faits qu’il peut entasser ; — un ambitieux fait des conquêtes sur l’erreur, et s’applaudit de dominer par son raisonnement sur les autres ; — un voluptueux trouve dans divers ouvrages de poésie de quoi charmer ses sens et lui inspirer une douce mélancolie ; — un homme haineux et vindicatif se nourrit des injures que les savants se disent dans leurs ouvrages polémiques ; — le paresseux lit des romans et des comédies qui l’amusent sans le fatiguer ; — le politique parcourt les livres d’histoire, où il trouve des hommes de tous les temps aussi fousaf, aussi vains et aussi trompés dans leurs misérables conjectures que les hommes d’à présent : — ainsi, mon cher frère, le goût de la lecture une fois enraciné, chacun y trouve son compte ; mais les plus sages sont ceux qui lisent pour se corriger de leurs défauts, que les moralistes, les philosophes et les historiens leur présentent comme dans un miroir.
La mode des portraits datait des romans de Mlle de Scudéry.
Il y a dans Rabelais une bien vaillante et généreuse figure de moine, le frère Jean des Entommeures ; il y a dans le joli roman du Petit Jehan de Saintrè un Damp Abbé, moins fort en armes, mais riche aussi de nature, qui fait concurrence au gentilhomme auprès de sa belle, et dont le gentilhomme se venge assez cruellement.
Elle lisait de tout, histoire, morale, romans, philosophie, idéologie, théologie même, et, sans faire la savante, elle jugeait aussi de tout dans une mesure très-raisonnable.
C’est un Démosthène quand il parle au public et à ses juges, et lorsqu’il tonne contre M. de Nicolaï ; c’est un Fénelon dans son roman attendrissant d’Espagne ; c’est un Juvénal et un Horace quand il arrange les Marin, les Baculard et le Grand-Conseil.
Je n’ai jamais adopté leur roman, ni leur métaphysique, ni leurs crimes inutiles. » « Sa voix tonnante, comme à la tribune, ses gestes animés, l’abondance et la justesse de ses idées m’électrisèrent aussi.
Il y a bien quelque quarante ans aussi que la rénovation poétique, qui est en pleine vogue à cette heure, a débuté chez nous dans les vers d’André Chénier, et à fait route latéralement dans la prose des Études, des Harmonies de la Nature, dans celle de Corinne, René, Oberman et des romans de Nodier, tous ces fils des Rêveries, toute cette postérité de Jean-Jacques.
Au collège, Boileau lisait, outre les auteurs classiques, beaucoup de poëmes modernes, de romans, et, bien qu’il composât lui-même, selon l’usage des rhétoriciens, d’assez mauvaises tragédies, son goût et son talent pour les vers étaient déjà reconnus de ses maîtres.
» L’argument leur semblait décisif ; rien ne put les en faire démordre Il se forge ainsi dans les bas-fonds de la société, à propos du pacte de famine, de la Bastille, des dépenses et des plaisirs de la cour, un roman immonde et horrible, où Louis XVI, la reine Marie-Antoinette, le comte d’Artois, Mme de Lamballe, les Polignac, les traitants, les seigneurs, les grandes dames, sont des vampires et des goules.
Enfin, ici s’attache le roman.
Les « considérations sur les romans » Montesquieu donna en 1734 ses Considérations sur la grandeur et la décadence des Romains.
Aussi bien cette émancipation était-elle faite depuis quelque temps en d’autres genres ; on s’était décidé à reconnaître que l’art d’agrément n’est pas synonyme de grand art ; on avait concédé que le roman littéraire n’est pas écrit « pour l’amusement des jeunes demoiselles en chemin de fer ».
Aussi bien cette émancipation était-elle faite depuis quelque temps en d’autres genres ; on s’était décidé à reconnaître que l’art d’agrément n’est pas synonyme de grand art ; on avait concédé que le roman littéraire n’est pas écrit « pour l’amusement des jeunes demoiselles en chemin de fer ».
Cette rencontre en une même compagnie de toutes les opinions et de tous les genres d’esprit vous plaira : ici le rire charmant de la comédie, le roman pur et tendre, la poésie au puissant coup d’aile ou au rythme harmonieux ; là, toute la finesse de l’observation morale, l’analyse la plus exquise des ouvrages de l’esprit, le sens profond de l’histoire.
Ce n’est point un roman, c’est une affaire que maître Joulin est venu conclure.
De l’éclat, du roman, une destinée d’émotion, de dévouement et de tendresse, un touchant malheur, voilà ce qui attache à ces poétiques figures, et ce qui, une fois transmises et consacrées, leur procure dans l’imagination des âges un continuel rajeunissement.
On a fait sur ce chapitre bien des suppositions et des romans ; rien de plus simple et de plus net que la conduite de Barnave.
Je trouve, dès ce temps-là, un roman imprimé de M.
Il est de la façon de Mlle de Scudéry, qui, dans son roman de Clélie, aurait peint Ninon sous la figure de Clarice.
N’en croyez pas les romans : il faut être épouse pour être mère.
Mme de Motteville est bien une contemporaine de Corneille, et un peu des romans de cette époque ; elle en a quelque chose dans son langage.
Il est même, à cet égard, en contradiction avec lui-même : car il a très bien remarqué quelque part qu’une des différences qui distingue le plus les modernes des anciens, c’est que, pour connaître ces derniers, « c’était beaucoup d’avoir acquis la connaissance de leurs lois, de leurs coutumes et de leur religion », tandis que l’on connaîtrait fort imparfaitement les modernes, si on ne les considérait que par ces relations-là : notre manière de penser et de sentir dépend de bien d’autres circonstances : « On en jugerait bien mieux, ajoute-t-il, par l’esprit de notre théâtre, par le goût de nos romans, par le ton de nos sociétés, par nos petits contes et par nos bons mots. » Sur de telles nations, sur la nôtre en particulier, les livres donc, les bons livres et surtout les mauvais, ont grande influence.
Ici, à ce moment, en Allemagne, c’était Wolff qui remplissait cet office de maître à penser, et qui, à travers les systèmes très contestables et le roman métaphysique dont il était l’interprète, faisait sentir du moins les avantages d’une raison plus libre et d’un bon sens plus dégagé : « C’est le bonheur des hommes quand ils pensent juste, disait Frédéric, et la philosophie de Wolff ne leur est certainement pas de peu d’utilité en cela. » La reconnaissance de Frédéric envers M. de Suhm « qui lui a débrouillé le chaos de Leibniz, éclairci par Wolff », est donc très sincère et très vive ; il a pour lui une de ces amitiés idéales, passionnées, enthousiastes, telles qu’en conçoivent les nobles jeunesses.
Ainsi s’explique la vogue de certains personnages et de certains romans qui, après avoir paru de purs chefs-d’œuvre aux contemporains, — dont ils représentaient, en les outrant peutêtre, les tendances, qualités ou défauts, — semblent par la suite froids, faux même et dépourvus de vie.
De là notre passion pour les romans.
C’est dans des paysages, en effet, empruntés tous à la nature alpestre du Jura, probablement longtemps habité, que l’auteur des Horizons prochains a placé la scène de ces romans de courte haleine, dont il commence par nous dessiner la vignette.
Dans son Roman de Louis XI, ce livre « de bonne humeur », où la psychologie la plus fine se mêle à une vision toute personnelle et à un talent narratif délicieux, à peine le poète a-t-il jeté en note quelques mots d’explication sur sa prose rythmée. […] Dans Lucienne, « ce petit roman lyrique à bâtons rompus, dit Charles-Henry Hirsch, dont les personnages sont des sentiments et des sensations », nous retrouvons les mêmes transpositions psychiques : Rythmez de vos longs cils les battements de mon cœur, croisez vos doigts émus sur votre sein qui bat, que votre émotion rythme un chant de triomphe, comprenez-vous, dans moi ! […] Peut-être, comme le remarque aussi Robert de Souza, Fort est-il moins naïf qu’il n’en a l’air, c’est même sûr, car je connais peu de livres où la psychologie soit plus poussée que dans le Roman de Louis XI. […] L’ouvrage s’ouvre sur cette déclaration de Hugo : « L’histoire dit bien quelque chose de tout cela : mais ici j’aime mieux croire au roman qu’à l’histoire, parce que je préfère la vérité morale à la vérité historique. » Ce qu’un chartiste ne saurait nous donner, voilà ce qu’il faut aller chercher chez Fort. […] Quant au mouvement tempétueux qui accompagne ces narrations, aux dialogues piquants, chargés de traits de caractère, aux personnages divers et multiples qui grouillent dans le récit, à la variété extraordinaire d’images dont se pare le style descriptif de ce roman lyrique, — il faut se résigner à n’en rien dire.
Un Poëme, un Drame, un Roman qui peint vivement la vertu, modèle le Lecteur, sans qu’il s’en apperçoive, sur les personnages vertueux qui agissent ; ils intéressent, & l’Auteur a persuadé la morale sans en parler. […] Dans la règle actuelle, en une minute on aura donné une bataille, & le Poète ne sera point en faute ; & à l’aide d’un repos, il ne pourra dire aux spectateurs assemblés, tant de temps s’est écoulé pour l’action théâtrale ; mais lorsque je lis un Roman ou un Poëme Epique, est-ce que ma pensée ne comble pas rapidement & facilement tous les intervalles ? […] Presque toutes nos Tragédies, semblables aux Romans de la Calprenède, sont d’un ridicule achevé, ou plutôt nous n’avons qu’une seule Tragédie, c’est-à-dire, un même moule, un même ton, une même marche ; & jamais l’esprit humain, chez aucun peuple, n’a rien produit de si fastidieux par la répétition monotone & uniforme des mêmes ressources. […] Les pièces de ce genre n’y sont guères que des Romans dialogués en trés-beaux vers ; mais dont l’action, froide & uniforme, glace & ennuie.
Il n’y a pas de plus grande jouissance ni de plus beau triomphe qu’une copie excellente de la nature. » Et cette doctrine, ennemie de l’art, prétendait être appliquée non seulement à la peinture, mais à tous les arts, même au roman, même à la poésie. […] C’est dans ce genre surtout qu’il faut choisir avec sévérité ; car la fantaisie est d’autant plus dangereuse qu’elle est plus facile et plus ouverte ; dangereuse comme la poésie en prose, comme le roman, elle ressemble à l’amour qu’inspire une prostituée et qui tombe bien vite dans la puérilité ou dans la bassesse ; dangereuse comme toute liberté absolue. […] Quel cerveau bien portant peut concevoir sans horreur une peinture en relief, une sculpture agitée par la mécanique, une ode sans rimes, un roman versifié, etc. ?
Duclos a fait quelques ouvrages qui prouvent ou supposent de l’érudition : comme membre de l’Académie des inscriptions et belles-Lettres, il y lut plusieurs mémoires sur des points d’Antiquité ou de Moyen Âge ; mais la première production importante, par laquelle il rompit avec les romans et se déclara un écrivain tout à fait sérieux et solide, fut son Histoire de Louis XI, publiée en 1745 avec la nouvelle année.
Je voudrais tout uniment commencer le roman par la queue, et entrer dans cette carrière en m’en exilant.
Il était en 89 à Strasbourg, dans un petit monde mystique comme cette ville en a eu à diverses époques ; il voyait tous les jours celle qu’il appelle sa meilleure amie, Mme Boechlin ; il formait le projet de se réunir encore plus entièrement à elle en logeant dans la même maison ; il venait même de réaliser ce projet depuis deux mois, en 1791 ; il allait entamer la lecture de Jacob Boehm et suivait tout un roman idéal, tout un rêve de vie intérieure accomplie, lorsqu’une maladie de son père l’appela à Amboise et le rejeta dans la réalité : Au bout de deux mois (de cette réunion dans un même logement), il fallut, dit-il, quitter mon paradis pour aller soigner mon père.
» Le matin, au balcon, Mlle Newton lisait de l’anglais, Le Lay du dernier ménestrel de Walter Scott, alors sous sa première forme de poète et avant le roman ; Le Voyage du pèlerin de Bunyan, « ce livre que ma mère m’a donné, et qu’elle aimait tant, qui présente une ingénieuse allégorie des progrès que peut faire un pèlerin chrétien à travers les misères humaines ; et plus on le relit, mieux on le comprend. » Elle lisait et relisait Shakespeare, c’était son livre de chaise de poste : « Bientôt je le saurai tout entier par cœur.
Seul, en effet, l’historien véritable et sérieux des armées de la République et de l’Empire saura rapporter d’une manière complète et impartiale, et sans tomber dans le roman, cette grande phase de nos victoires et de nos revers.
L’éminent critique crut devoir défendre de tout point l’aperçu de Boileau et l’appuya par des raisons réfléchies : il voyait dans Villon un novateur, mais utile et salutaire, un de ces écrivains qui rompent en visière aux écoles artificielles, et qui parlent avec génie le français du peuple ; contrairement à l’opinion qui lui préférait l’élégant et poli Charles d’Orléans, il rattachait à l’écolier de Paris le progrès le plus sensible qu’eût fait la poésie française depuis le Roman de la rose.
» Tout le roman s’est révélé, et juste à son heure, à ce moment plus que hasardé où l’on fait pour la première fois le pas décisif. — • Ainsi encore, dans les Enfants terribles : on est dans un jardin public ; une jeune femme dans le fond dont on ne voit pas le visage, mais qui a un air des plus convenables, est occupée à lire ; sa petite fille joue près d’elle ; un monsieur qui a lorgné la mère demande à la petite, en la prenant entre ses genoux et en y mettant toutes sortes de façons : « Petit amour, comment s’appelle Madame votre maman ?
Un coin de roman chez nous n’a jamais nui au succès ; un peu de sentimental fait bien et nous dispose favorablement : cela aide à faire passer la poésie.
Est-ce que vous croyez que la connaissance de la vie, des voyages, des romans en Pologne, des chimères et des rêves de Bernardin de Saint-Pierre, est inutile à l’intelligence complète de son pur chef-d’œuvre, et à son explication satisfaisante sur tous les points ?
Blaze de Bury, un Épisode de l’histoire du Hanovre, a tout l’intérêt d’un roman.
Il garde du héros de roman jusque dans le personnage de l’histoire.
Il a la tonne foi d’en convenir et de nous conter lui-même l’espèce de roman qu’il se faisait dans les premiers mois pour un dénouement à souhait.
Sans doute, dans le monde réel, il n’y a pas tant de millions ni tant de beaux colonels que cela ; mais cette comédie est l’idéal pas trop invraisemblable, le roman à hauteur d’appui de toute notre vie de balcon, d’entresol, de comptoir ; toute la classe moyenne et assez distinguée de la société ne rêve rien de mieux.
Les romans sont les livres des malheureux : ils nous nourrissent d’illusions, il est vrai ; mais en sont-ils plus remplis que la vie ?
« Ce livre de Fénelon, dit Bossuet, qui vivait encore à l’époque de son premier bruit, est un roman.
Il n’a ni la liberté ni les moyens d’écrire des romans naturalistes, impressionnistes, pessimistes, analytiques ou autres.
Ils étaient poètes bucoliques par la mode qui faisait lire avec délices les romans de d’Urfé.
Hervieu, dans son roman L’Armature, a bien analysé le rôle de l’argent et montré comment il amène les possédants à subir les pires compromissions, les plus vilaines situations, à vaincre les pires répugnances, à avaler les pires couleuvres, à refouler des sentiments les plus naturels et les plus impérieux. — Voilà pour ceux qui possèdent.
» — « Un des associés de la maison Alexandre Dumas (manufacture de romans) vient de mourir.
Cherchez maintenant combien de fois le roman et le théâtre ont reproduit ce type de l’honnête homme, transformé en galant homme ou en gentleman ; examinez quel parti littéraire ils ont tiré de l’honneur et du point d’honneur ; comptez, si vous pouvez, dans combien de pièces, depuis le Cid jusqu’à nos jours, le duel, cette survivance mondaine des usages chevaleresques, intervient comme moyen dramatique ; et vous aurez une idée à peu près suffisante, quoique incomplète, des innombrables répercussions que la vie du monde a eues et a encore sur les œuvres de nos littérateurs.
Ce roman, tout platonique, eut une fin touchante : la jeune fille, pour prévenir le roi de la rupture d’un pont sur lequel il devait passer, était restée plusieurs heures sous la neige à l’attendre ; elle mourut, quelques jours après, d’une pleurésie.
Philiberte, c’est le féminin et comme qui dirait la particulière d’un nom tapageur, traîné par le vaudeville et le roman de bas étage dans les estaminets des deux mondes.
Pierre Champlion, un voyageur de la trempe des Backer et des Livingstone, un Christophe Colomb de trente ans, qui a découvert des mines d’or dans l’intérieur de l’Afrique et qui en revient sain et sauf, après des traversées et des aventures à remplir tout un roman de long cours.
Ce lied angélique, qui semble traduit d’une page d’Edgar Poe, et que Césarine accompagne, sans le savoir, au piano, sur les mesures d’un andante, plairait peut-être dans un roman ; il impatiente, comme un hors-d’oeuvre, dans un drame dont l’action se fait si longtemps attendre.
Vers l’an 1750, dit Voltaire, la nation rassasiée de vers, de tragédies, de comédies, d’opéras, de romans, d’histoires romanesques, de réflexions morales plus romanesques encore, et de disputes théologiques sur la grâce et sur les convulsions, se mit enfin à raisonner sur les blés.
Je couperai court au roman.
Hennin et Bernardin, dans toute cette correspondance, sont deux hommes représentant des races différentes : l’un représente la race des bons esprits, probes, exacts, laborieux et positifs ; l’autre, celle des chimériques plaintifs, chez qui le roman l’emporte, et qui, à la fin, le talent et la fée s’en mêlant, ont le privilège de se faire pardonner et admirer.
Voltaire, en effet, n’a qu’une prose : que ce soit une histoire, un roman, une lettre qu’il écrive, il y porte le même ton.
Hors de l’art, c’est-à-dire dans les œuvres qui n’ont plus pour but la transposition de la vie en écritures, en formes, en sonorités ; dans les œuvres abstraites ou dans celles où l’auteur doit s’astreindre à l’exactitude historique221, le style se passe de cette nouveauté sans laquelle un poème, par exemple, est inexcusable : un poème, un roman ou toute fiction, car en littérature il n’y a que des poèmes.
Il y a deux ou trois ans, les journaux annoncèrent qu’un écrivain français venait de vendre un roman quatre cent mille francs.
Son poème, plein d’aimables merveilles, a, dans son ensemble, tout le charme du roman, et ne s’élève que rarement à la dignité de l’épopée.
Il raconte qu’un jour Balzac, traitant d’un feuilleton à la Gazette de France, osa demander à M. de Genoude ce qu’il préférait « de sa ménagerie » (il appelait ainsi ses romans dans ses quarts d’heure de misanthropie ou de modestie), mais M.
Je ne pèserai pas beaucoup sur Alexandre Dumas, le génie nègre, comme il l’appelle, qui contait pour conter, dit-il, comme on conte aux enfants, ce qui l’innocente ; Alexandre Dumas, dont l’immoralité n’est pas immédiate, n’est pas dans ce qu’il écrit, mais dans la disposition où la lecture de ces vains romans jette une nation qui boit de ce vent.
Elle entra dans le domaine du roman.
Dans son austère simplicité, ce roman est comme la monographie du prêtre qui, lentement et douloureusement, s’humanise.
Elle put influer sur l’éloquence, comme elle influa sur nos pièces de théâtre et nos romans.
Par l’universalité du lyrisme, — dans son œuvre poétique énorme : ses romans : Notre-Dame de Paris, Les Misérables, l’Homme qui rit ; sa critique : William Shakespeare ; ses drames : Les Burgraves, Hernani — il occupe le premier rang. […] La mère du poète, dans le style des romans à la mode et des élégies du temps disait retrouver en ces pages « la flamme du foyer bien ardent qu’elle avait dans son cœur » ; le charme suranné de cet hommage est le plus pieux souvenir que je sache de l’aube romantique.
Ce roman-là, tout le monde le connaît et le cinéma même l’a rendu populaire : la tyrannie d’un père trop obstiné ; la première sortie de la jeune fille, et son ravissement de revoir les arbres et le ciel ; le mariage furtif ; le départ pour l’Italie. […] Mais c’est de préférence au théâtre, et dans le roman, qu’il s’est plu à peindre tel ou tel personnage, telle ou telle héroïne, qui poussaient l’exaltation sentimentale jusqu’à nier toutes autres valeurs. […] Ils ont subi l’invasion du sombre et du fantastique avec un mélange de surprise, de répulsion et de délices : romans noirs de Walpole, d’Anne Radcliffe, de Lewis le Moine ; contes d’Hoffmann, mis à la mode par Koreff, lui-même étrange et tant soit peu diabolique ; satanisme allemand : que sais-je encore ? […] « Avant de donner une larme à l’infortune de Lenore, nous mettrons sur la balance les degrés de vraisemblance que comporte l’histoire de la jeune fille. » Moins sensibles et moins imaginatifs, nous autres, gens du Midi, avons peine à goûter, avons peine à comprendre les illusions sombres qui enchantent les gens du Nord16… La traductrice française qui avait précédé Berchet de deux ans n’avait pas donné à sa pensée un tour aussi précis ; mais elle sentait bien la différence qui sépare l’une et l’autre imagination : On me reprochera le choix du sujet, disait-elle ; mais si l’on tolère des revenants sur la scène et dans les romans, on peut bien les tolérer dans un petit poème ; il n’est pas plus fou de croire aux apparitions qu’aux devineresses ; c’est moins dangereux, et les morts ne donnent que d’utiles leçons partout où on les fait intervenir.
Aussi s’en est-il vengé dans ses comédies de la Foire, et dans son roman de Gil Blas, cette longue et admirable comédie. […] Ces frêles machines, d’où sortent incessamment la comédie et le roman, le vaudeville et l’histoire, le drame et le journal, un rien les détraque… un rien les remet dans leur voie ; il leur rendait un mouvement régulier quand elles avaient bien battu la campagne ! […] Dans cette comédie de L’Eunuque, les détails de mœurs ne manquent pas, et même (tant la vanité se ressemble à toutes les époques) vous retrouverez dans L’Eunuque des détails qui se rencontrent dans les petits romans, sur la fin du règne de Louis XV. […] Si vous aviez là sous la main, quelque bon et honnête roman d’Auguste Lafontaine, ne le liriez-vous pas avec le plus grand empressement ? […] La Thorillière pleurait ce joyau de son roman comique ; le père de d’Ancourt, bon gentilhomme, ne savait guère s’il devait se fâcher contre son fils ou lui porter envie ; la fille était si jolie !
Avant Pétrarque il n’est jamais question de textes grecs, et Dante ne cite rien que sur les versions latines ; je doute fort qu’Homère ait été pour lui plus qu’un grand nom, un nom presque symbolique, le nom d’un clerc merveilleux, tel à peu près qu’il figure dans notre Roman de Troie. […] Et certainement, en mettant dans l’enfer, avec les plus grands caractères et les plus grands génies de l’antiquité, avec des trouvères illustres et avec les plus touchants personnages des romans de chevalerie, Cavalcanti, Farinata, Brunetto, Il Tegghiaio, « qui furent si dignes », et qui mirent à faire le bien tout leur esprit, che a ben far poser l’ingegni, Dante ne croyait porter la moindre atteinte ni à la haute estime où les tenait Florence, ni à leur part de gloire dans la postérité. […] C’est dans ces vingt-six années refusées à Dante que Gœthe, étouffant de sa propre main les explosions d’un tempérament toujours jeune et les flammes menaçantes des tardives amours, développe dans la calme atmosphère de ses romans philosophiques tout l’ensemble de ses idées sur les rapports de l’homme avec la nature, avec son semblable, avec son Dieu. […] Nos idées, toujours un peu gauloises, cette verve moqueuse qui s’épanche au Roman de la Rose et qui n’est pas encore épuisée, quelques restes aussi des préventions de l’Église en ses premiers temps, quand elle faillit décréter un dieu chétif et laid, nous mettent en défiance de nos meilleurs instincts et nous disposent mal à ce culte désintéressé des grâces physiques qui s’alliait chez Gœthe au sentiment le plus exquis des grâces morales. — Mais, bon Dieu, que me voici encore divaguant ! […] Au sortir d’une phase déréglée de sa vie universitaire, après une grave maladie, sous l’influence d’une noble demoiselle amie de sa mère, Suzanne de Klettenberg, la « belle âme » du roman de Wilhelm Meister, il se laisse égarer à la recherche de l’infini dans les sentiers perdus de l’illuminisme.
On est aussi honoré, considéré pour cela, et bien plus, que si l’on avait tenté un beau roman, un beau poème, les chemins de la vraie invention, les routes élevées de la pensée.
Le plus ancien monument poétique à son sujet et qui date du xiie siècle, la Chronique rimée, nous montre le premier essai et comme la première ébauche grossière de ce roman du Cid.
On sait l’affreuse histoire de Mme de Tencin, cette femme d’esprit et d’intrigue, qui a fait des romans de pur sentiment : un jour, le soir du 6 avril 1726, un de ses anciens amants, un M. de La Fresnaye, à qui elle avait voulu (il paraît bien) extorquer ou soustraire des sommes considérables, va chez elle furieux, hors de lui, se met sur un canapé et se loge quatre balles dans le cœur, dont il meurt sur le coup ; « Le canapé en frémit ; la dame en gémit : on avertit le premier président et le procureur général du Grand-Conseil, qui le font enterrer, la nuit, en secret, et le lendemain chacun conte l’histoire à sa manière, et il y en a cent.
Ce qui précède est fort léger, et son article du Roman de la Rose sera à refaire, quand ceux qui s’occupent, dit-il, des cycles carlovingiens auront passé par là.
Ce n’est plus que dans les romans Qu’on voit de fidèles amants, L’inconstance est plus en usage.
Je trouve un sentiment de pitié et d’amour autrement sincère et profond dans les livres de Michelet, et une bonté autrement large et sereine dans les candides romans socialistes de la bonne George Sand.
Si vous avez attendu un commentaire murmuré et brillant à votre piano ; ou encore me vîtes-vous, peut-être, incompétent sur le cas de volumes, romans, feuilletés par vos loisirs.
Jean Ajalbert nous montre, dans l’un de ses romans, un amant s’éloignant de sa maîtresse, qui implore un rendez-vous, avec ces simples mots : « Je t’écrirai !
Ce Laffemas, dont le roman et le drame écartèlent depuis si longtemps la mémoire dans une boue sanglante, était un de ces sbires nés pour l’espionnage, comme les levriers pour la chasse.
Blanche n’est point une héroïne de roman ; c’est une de ces ingénues positive comme la riche bourgeoisie moderne en fabrique tant aujourd’hui.
Cette fin, d’une importance majeure, et qui dépasse infiniment les intérêts individuels légitime d’ailleurs la place exorbitante que cette passion de l’amour occupe dans la vie réelle, dans le roman, au théâtre et d’une façon générale, dans tous les arts.
Roman, tome I, Paris, Imprimerie nationale, Librairie Ollendorff, 1910, p. 587-608.
Tel poëme, tel drame, tel roman, fait plus de besogne que toutes les cours d’Europe réunies.
Il en parle avec un sens très-juste et très-fin dans cette belle lettre à M. de Corcelles : « Comme vous, mon cher ami, je n’ai jamais eu beaucoup de goût pour la métaphysique, peut-être parce que je ne m’y suis jamais livré sérieusement, et parce qu’il m’a toujours paru que le bon sens amenait aussi bien qu’elle au but qu’elle se propose ; mais néanmoins je ne puis m’empêcher de reconnaître qu’elle a eu un attrait singulier pour plusieurs des plus grands et même des plus religieux génies qui aient paru dans le monde, en dépit de ce que dit Voltaire, que la métaphysique est un roman sur l’âme.
Notre Denis à nous, hommes du xixe siècle, aime les mathématiques ; mais il goûte fort les romans : notre Louis XIV affectionne l’art grec ; mais il est grand partisan du gothique.
Alexandre Dumas, dont les manuscrits immaculés sont célèbres, était de ces derniers ; Balzac, au contraire, se ruinait en corrections d’épreuves ; soutiendra-t-on, d’après Boileau, que Balzac concevait moins nettement qu’Alexandre Dumas les personnages qu’il mettait en scène dans ses romans ?
Je vous ai cité les vers célèbres : Étant petit garçon, je lisais son roman Et je le lis encore ayant la barbe grise.
J’écarte, à cause de sa naissance écossaise, le nom de l’homme illustre qui a plus fait cependant qu’aucun autre par ses romans historiques pour rappeler l’Angleterre à son véritable génie. […] Le corps du roman d’Amadis n’existe plus, mais on en rencontre encore les membres épars çà et là, les épisodes détachés, les feuillets dépareillés. […] Le roman italien dont le poète Collins, déjà fou, mentionna l’existence sans en pouvoir indiquer le nom à l’historien de la poésie anglaise, Warton, reste encore il découvrir. […] Shandy, le caporal Trim, le docteur Slop, l’âne de Lyon et celui de Nampont restent dans le souvenir aussi obstinément que les héros les plus renommés du drame et du roman. […] Les meilleures pages de son roman, ses plus ingénieux épisodes, ses plus sympathiques personnages sont dus à ces souvenirs et à ces émotions de l’enfance.
C’est à elle aussi que font allusion ces expressions fréquentes dans les romans ou les autobiographies : « pensa-t-il… ; — se disait-il… ; — je me disais… ; — il se dit en lui-même… » Si de courts apartés, si de longues méditations sont naturellement désignés dans le langage par le verbe se dire, si cette locution est le synonyme reçu de penser en silence, ce n’est pas seulement par métaphore162 et parce que la pensée pourrait être dite extérieurement163, c’est aussi parce que la pensée est réellement dite en nous. […] [Quant à la forme littéraire, cette réflexion sur la présence éventuelle de « formules de paix » à usage personnel dans la parole intérieure peut se prolonger par exemple, dans le leitmotiv shakespearien qui traverse le roman de V.
Voici le texte du roman historique dans lequel, comme un sculpteur dans un bloc de marbre, Shakespeare a taillé la sienne. […] On remarque aussi dans plusieurs anciens romans de chevalerie des épisodes qui rappellent la calomnie de don Juan, et la mort supposée d’Héro ; mais c’est dans les histoires tragiques que Belleforest a empruntées à Bandello qu’on trouve la nouvelle qui a évidemment fourni à Shakespeare l’idée de Beaucoup de bruit pour rien. […] Cette pièce, une des moins remarquables de Shakspeare, ressemble à beaucoup d’égards à un roman dialogué : cette idée se fortifie quand on lit, dans la Diane de Montemayor, la nouvelle où le poëte a sans doute puisé sa comédie : soit que la Diane lui eût été connue dans une traduction, soit qu’un romancier anglais l’eût imitée ou refondue dans un autre ouvrage. […] Douce suppose que Shakspeare a emprunté le sujet de cette pièce à un roman français, et qu’il l’a placée en 1425 environ. […] Il existe en français un ancien roman sur le même sujet, intitulé le roi Apollyn de Thyr, par Robert Copland.
Sa position est intermédiaire entre une science et un art, entre la géographie et le roman. […] Comme le roman, elle laisse jouer à tous les délégués de la vie, à tous les délégués à la vie, leur libre jeu. Ces termes de géographie et de roman représentent d’ailleurs un idéal. […] Mais en le comparant aux Politiques et Moralistes de Faguet, livre d’ailleurs éminent, au Proudhon de Faguet si l’on veut, on saisit la différence entre cette vertu de sympathiser par le dedans, proche parente de l’histoire naturelle et du roman, chez l’auteur de Port-Royal, et la descente sans sympathie (voyez Lemaître chez Verlaine) de certaine critique d’en haut (du haut comme on disait à Genève) chez les irréguliers.
Un jour qu’un lecteur s’étonnait, devant un célèbre auteur de romans et de drames, que ceux qui répandent des choses si touchantes dans leurs écrits parussent souvent en mettre si peu dans leur vie : « Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ?
C’était le composé de toutes les femmes qu’il avait entrevues ou rêvées, des héroïnes de l’histoire ou du roman, des châtelaines du temps de Galaor, et des Armides ; c’était l’idéal et l’allégorie de ses songes ; c’est quelquefois sans doute, le dirai-je ?
Ils colportent de salon en salon leurs tragédies, comédies, romans, églogues, dissertations et considérations de toute espèce.
Roman grec dans le commencement, diatribe universelle à la fin, il affecte partout un style tellement figuré, tellement recherché, tellement ronsardisé, par l’affectation du style gaulois de Rabelais et de Montaigne, qu’on ne sait en quel siècle on vit en le lisant.
Il revint le matin du quatrième jour. « Voilà votre roman, lui dis-je.
Tel fut le sort de ce roman d’Eudore et de Cymodocée, épitaphe des prétentions du génie humain à ressusciter le poëme épique dans un siècle où il n’y avait plus de foi que dans le raisonnement des âmes pieuses et dans l’avenir des idées fortes.
C’est là un fait si général et si frappant que toute une bonne part de nos comédies et de nos romans, et surtout de nos tragédies, repose sur lui.
Certes, si quelqu’un pouvait nous dire tous les romans silencieux et discrets que couvrit ce vieil hôtel maintenant disparu, nous aurions d’intéressantes confidences.
Nous ne voulons pas refaire ce que d’autres ont fait ; nous ne voulons pas non plus, dans cet article, examiner les vieux romans, sources du poème, car ces intéressantes recherches, appliquées aux œuvres de Wagner, sont la cause d’innombrables malentendus ; nous nous abstiendrons aussi de tout jugement et de toute réfutation.
11 juin Ce matin, il lui a été impossible de se rappeler un titre, un seul titre de ses romans, et cependant il possède encore deux facultés remarquables : la qualification pittoresque avec laquelle il caractérise un passant, l’épithète rare avec laquelle il peint un ciel.
Il ne faut pas s’attendre à retrouver coquelicot, ou l’une des formes diverses de cette onomatopée, en dehors du domaine roman : la plus lointaine est le roumain kukuriek, et en France même elle s’est partagé les dialectes avec papaver.
Comessantes, disaient les Romains en parlant des héros du premier roman comique.
Lorsqu’on invente un roman dans l’histoire, le mal n’est pas bien grand, cela s’en détache bientôt et en tombe.
Madame de Staël, la première, a, dans son roman de Corinne, développé cette idée : qu’entre les arts plastiques la peinture est l’art chrétien et moderne, tandis que la statuaire reste l’art de l’antiquité. […] Deux ou trois romans grecs de la basse époque et quelques compositions latines d’une époque également inférieure ne font pas d’exception à cette loi. […] C’est de nos jours seulement qu’elle a jeté un solide éclat sous cette nouvelle enveloppe, dans Chateaubriand et dans quelques pages de ces nombreux romans qui semblent destinés à devenir les seuls poèmes populaires de notre temps. […] On fait de la sculpture dans les poèmes, de la métaphysique dans les romans ; de mille façons, le monde littéraire atteste ainsi le désordre politique et moral.
On peut dire même qu’il l’est trop ; car l’histoire ne doit pas être écrite comme un roman. […] On a reproché à Quinte-Curce d’avoir donné un air de roman à son histoire d’Alexandre, d’avoir fait plusieurs fautes contre la vérité historique, & contre la géographie.
Les Anglais nous reprochaient cet abandon, et Fielding, qui devait plus tard s’illustrer par son roman de Tomes-Jones, adaptait à la vie de son pays la plupart des chefs-d’œuvre de Molière.
Quand il a fait des romans, il les a remplis et surchargés d’êtres vertueux ou qu’il croyait vertueux. […] Quoique aristocrate en une certaine mesure, Rousseau aime le peuple, sa simplicité, sa franchise, sa bonhomie, sa douceur ordinaire, sa proximité de la bonne nature : les gens du peuple qui apparaissent dans ses romans, dans la Nouvelle Héloïse, dans l’Émile, dans les Confessions, sont de très honnêtes gens. […] Ignorance et honnêteté se confondent et sont proprement même chose : Héroïnes du temps, Mesdames les savantes, Pousseuses de tendresse et de beaux sentiments, Je défie à la fois tous vos vers, vos romans, Vos lettres, billets doux, toute votre science De valoir cette honnête et pudique ignorance. […] Elle a parfaitement, notez-le bien, quoique, ce semble, aussi ignorante que Sophie, cette pénétration psychologique, cette adresse à démêler les sentiments des hommes, dont Rousseau nous parlait plus haut ; mais elle n’a aucune coquetterie ; ce n’est pas dans son roman, c’est dans son traité didactique que Rousseau a fait de la coquetterie un élément essentiel de la femme telle qu’il désire qu’elle soit. […] Il faut recevoir l’impression générale des choses ; il faut noter la place où, tout le roman lu, Julie se met dans notre esprit et, à en juger de la sorte, Julie est beaucoup plus grande, beaucoup plus haute, beaucoup plus riche aussi et consistante que Sophie !
Écrivez vos romans, je reste à mes poèmes.
Ce dernier souper des victimes m’avait paru à moi-même si improbable et si dramatique, que j’avais trouvé là à l’histoire un faux air de poème ou de roman, et que j’avais résolu de le révoquer en doute ou de le réduire aux proportions les plus prosaïques de l’histoire.
Sa biographie, plus romanesque qu’un roman, attache tout de suite le lecteur, par toutes les curiosités de l’esprit et par toutes les émotions de l’âme, au drame dont ce grand acteur va remuer la scène.
» Chapitre III LII Ce n’est pas un poème, ce n’est pas non plus un roman, c’est le récit d’une promenade que je fis, cette année, dans les montagnes de Lucques.
Il y a plus de bonheur senti dans tel hémistiche de Ronsard ou de Chénier, dans telle page de Manon Lescaut ou de Paul et Virginie ou même de quelque roman inconnu et sans art, que dans ces cinq mille vers d’un très grand poète.
Les uns continuent, avec moins de bonheur, le badinage élégant de Marot ; les autres renchérissent sur l’amour chevaleresque des romans espagnols et italiens, et sur l’amour sentimental de Pétrarque.
Alors l’artiste doit employer des signes moins denses, plus différents, par leur aspect sensible, des choses qu’ils signifient : l’artiste plasticien use la peinture, au lieu de la statuaire ; le littérateur remplace le récit oral par le drame, et le drame par le roman.
Il dépense des millions tous les ans en achats de tableaux et de sculptures et en créations et dotations de musées, et toujours on nous ressasse les oreilles de l’influence sur le goût et sur la culture du peuple que ces choses doivent exercer ; il n’en est rien cependant, — « lorsque l’art allemand se releva de sa profonde décadence à la fin du siècle passé, il n’y avait point de musées ; aujourd’hui que chaque ville en possède, la peinture allemande tombe dans la plus absolue inanité… Pourquoi du reste l’état n’achète-t-il pas des romans, et ne commande-t-il pas des valses ?
Tout le monde connaît le titre du petit roman écrit au dernier siècle, Angola, histoire indienne.
Victor Hugo mettait à la première page de son plus célèbre roman : mais, fanatisme de conviction ou enfantillage d’impertinence pour nous autres les providentiels, M.
Lorsque l’Europe fut retombée dans la barbarie, et qu’il se forma deux nouvelles langues, la première, que parlèrent les Espagnols, fut la langue romane (di romanzo), langue de la poésie héroïque, puisque les romanciers furent les poètes héroïques du moyen âge.
Benj, (Benjamin) sera peut-être retenu par son père à Genève la moitié de l’hiver, et vous me reverrez seule et peu de jours après mon roman. […] Le roman de Delphine parut à la fin de 1802.
Jeune, il laissait à la nature le soin de ses cheveux ; plus tard ils tombèrent sous les coups de ciseaux des dames dont les larmes avaient mouillé les pages de ses romans. […] Édouard Fournier, Le Roman de Molière.
L’auteur de la Législation primitive, voulant étudier la philosophie de nos annales, se croit obligé, pour prévenir les soupçons, de se comparer modestement à l’antiquaire qui étudie les monuments en ruines, et d’appeler son système un rêve politique qui demande à prendre sa place parmi tant de fictions et de romans beaucoup moins innocents. […] Ses Iliades se nommaient Marengo, Austerlitz, Friedland, Iéna, Tilsitt, Wagram ; et, obligé, comme les poëtes, de faire croître l’intérêt à mesure qu’il avançait dans la carrière, il conçut enfin le plan de la campagne de Russie, qui, dans sa pensée, devait être une prodigieuse épopée et qui, avortant par sa grandeur même, resta à l’état de roman. […] Walter Scott, par les traductions qui popularisèrent ses ouvrages en France est presque devenu un de nos auteurs nationaux ; mais il ne devait guère marquer son influence sur notre littérature qu’en donnant le goût des romans historiques et en excitant quelques esprits distingués à s’essayer dans ce genre : c’est peut-être à l’influence exercée par les romans de Walter Scott qu’on devra le Cinq-Mars de M. de Vigny, esprit original qui marchera dans la même voie sans l’imiter. […] Byron, à son retour, emporta le roman de sa vie dans son imagination, et le reflet de ses études classiques dans son style.
Des circonstances qu’il serait trop long de détailler ici lui avaient fait reprendre ses auteurs classiques et lire un assez bon nombre de vers et de romans, pendant son séjour à la campagne. […] Roquefort, l’auteur du Dictionnaire de la langue romane et qui a laissé des recherches savantes sur la littérature et la musique au moyen âge, était alors élève de David et fréquentait son école. […] Mlle Sophie Gay36, auteur de quelques romans, et qui se fit surtout connaître par la traduction du Confessionnal des pénitents noirs d’Anne Radcliffe adressa la parole au jeune Étienne lorsqu’elle sut qu’il avait vu les Sabines. […] Parmi les élèves de David qui le fréquentaient avec assiduité et qui en retirèrent le plus de fruit, on distinguait Roquefort, à qui on doit plusieurs écrits sur la littérature du moyen âge et un dictionnaire de la langue romane ; Révoil, peintre, antiquaire, et son ami Fleury Richard, qui se vouèrent dès cette époque à représenter des sujets tirés de l’histoire de France ; le comte de Forbin, que son goût portait vers les scènes chevaleresques, et son ami Granet, dont toute l’Europe a si vivement goûté les intérieurs de cloîtres et de couvents ; puis Verinay, le jeune homme si étourdi, si turbulent d’abord, qui, au milieu des statues des rois et des grands hommes de notre pays, sentit naître en lui le désir de se livrer à un genre où il eût certainement obtenu de grands succès, si la mort ne l’eût pas arrêté au milieu de sa carrière.
Plusieurs des romans de Walter Scott venaient de passer le détroit.
Il arrivait cette fois pourvu de vers et de prose, de canevas de romans et de poëmes, de comédies, d’odes, que sais-je ?