Le juste et vertueux Booz trouvant Ruth endormie à ses pieds ; Anacréon montrant sa barbe argentée à la jeune Ionienne aussi blanche et aussi souple qu’un lis ; don Ruy Gomez de Sylva proposant à dona Sol son amour vrai, profond, paternel, amical : voilà les types uniques des vieillards qui peuvent aimer sans ridicule. […] Diderot, qui avait déjà aimé plus d’une fois et avec passion, mais qui avait fini par trouver à sa femme trop peu d’esprit, et à madame de Puisieux trop peu d’honneur, recueillit toute son âme, toute sa chaleur égarée de cœur et de vertu, toutes ses facultés surabondantes de sensibilité et de génie, pour les consacrer à tout jamais au seul être qu’il en jugeât digne. […] Cela intriguait fort notre philosophe, qui aimait beaucoup madame Legendre, et osait la railler de ce petit faible assez commun même chez les honnêtes femmes. […] Nous parlâmes beaucoup de M***, je lui prédis qu’avant trois mois elle en entendrait une déclaration en forme. « Vous vous trompez. — C’est vous-même. — Il est froid. — Il s’échauffera. — Personne n’est plus réservé. — D’accord ; mais voici son histoire : il croira vous estimer seulement, et il vous aimera. […] Et puis voilà des éclats de rire, la lassitude qui s’oublie, le sommeil qui s’en va et la nuit qui se passe à causer. » Il y a encore une autre conversation où il lui explique toute la valeur de ce mot je vous aime ; c’est un petit chef-d’œuvre d’analyse morale exquise, assaisonnée d’épigrammes et nuancée de volupté.
Il est peu d’hommes qui aient plus séduit, plus aimé à séduire, et moins aimé. […] Il a aimé passionnément à être aimé de son pays, de son roi et de son Dieu. […] n’aimes-tu pas au moins celui qui t’aime ? […] — Qu’importe, si tu m’aimes ? […] Il a aimé ses enfants.
Il aime la « modernité », mais seulement aristocratique. […] Qui n’a connu cette impuissance d’aimer, d’aimer absolument et avec tout son être, d’aimer autrement que par désir et curiosité ? […] c’est le signe d’une puissance d’aimer plus religieuse, plus largement humaine peut-être que celle des grands amoureux. […] Puisqu’il souffre de ne pas aimer, c’est donc qu’il peut aimer encore ! […] Il devrait la croire et, même en la croyant, ne pouvoir pas l’aimer — et n’en pas souffrir autrement Mais je comprenais mal.
Il y a dans ces liens une inégalité naturelle qui ne permet jamais une affection de même genre, ni au même degré ; l’une des deux est plus forte, et par cela même trouve des torts à l’autre, soit que les enfants chérissent leurs parents plus qu’ils n’en sont aimés, soit que les parents éprouvent pour leurs enfants plus de sentiments qu’ils ne leur en inspirent. […] Le sentiment, usurpateur, veut chaque jour de nouvelles conquêtes : alors même qu’il a tout obtenu, il s’afflige souvent de ce qui manque à la nature de l’homme pour aimer ; comment supporterait-il d’être tenu volontairement à une certaine distance ? […] La base principale d’un tel lien, l’ascendant du devoir et de la nature, ne peut être anéanti ; mais dès qu’on aime ses enfants avec passion, on a besoin de toute autre chose que de ce qu’ils vous doivent, et l’on courre, dans son sentiment pour eux, les mêmes chances qu’amènent toutes les affections de l’âme : enfin, ce besoin de réciprocité, cette exigence, germe destructeur du seul don céleste fait à l’homme, la faculté d’aimer, cette exigence est plus funeste dans la relation des parents avec les enfants, parce qu’une idée d’autorité s’y mêle, elle est donc par la même raison plus funeste et plus naturelle ; toute l’égalité qui existe dans le sentiment de l’amour suffit à peine pour éloigner de son exigence l’idée d’un droit quelconque ; il semble que celui qui aime le plus, par ce titre seul, porte atteinte à l’indépendance de l’autre ; et combien plus cet inconvénient n’existe-t-il pas dans les rapports des parents avec les enfants ? Plus ils ont de droits, plus ils doivent éviter de s’en appuyer pour être aimés, et cependant dès qu’une affection devient passionnée, elle ne se repose plus en elle-même, il faut nécessairement qu’elle agisse sur les autres. […] Souvent l’homme, inconséquent dans ses vœux, s’éloigne seulement, parce qu’il est trop aimé, et se voyant l’objet de tous les dévouements et de toutes les qualités, confesse que l’excès même de l’attachement suffit pour effacer la trace de ses bienfaits.
Aimez Petiot. 9e décembre (1585) » Petiot, c’est lui-même. […] L’on s’y peut réjouir avec ce que l’on aime, et plaindre une absence. […] Si je je l’aime, que dois-je faire celle d’où elle vient ? […] Il y avait en lui du bon mari, qui aimait à ses heures le coin du feu. […] Vous avez tort, car je vous jure que jamais je ne vous ai aimée plus que je fais, et aimerais mieux mourir que de manquer à rien que je vous ai promis.
J’aime d’admiration Léon Bloy. (Peut-être va-t-il m’interdire naïvement de l’aimer et de l’admirer, moi qui ne suis pas catholique, et qui fais des réserves, et qui aime et admire autant des puissances et des beautés égales et différentes : mais mes sentiments ne dépendent ni de lui ni de moi). […] J’aimais aussi des pamphlets extérieurement hardis et généreux, les Morticoles et même — Dieu me pardonne ! […] Suzanne n’aime pas Guillaume ; elle veut son père. […] D’ordinaire, un vulgarisateur aime et admire les connaissances qu’il répand.
On l’aime quoi qu’on fasse. […] je l’aimais bien. […] Dumas aime à développer. […] Elle l’aime à sa façon. […] vous ne m’aimez pas !
Là il est aimé d’une bergère et se met à l’aimer. […] Il aime toujours ce qu’il a renié. […] Ferdinand Brunetière, qui aime peu, n’est point aimé passionnément. […] Il aime juger. […] Et même il admire Darwin, aime M.
J’aime beaucoup Dieu, ce qui fait que j’aime encore davantage tous les liens qu’il a lui-même attachés à mon cœur de femme. […] Si tu savais quelle part profonde elle a prise à mon malheur de mère, tu l’aimerais comme on aime un ange ; — et c’est comme telle que je la pleure. […] Hippolyte va bien à son devoir et se fait aimer partout. […] Juge donc si nous avons le bonheur de revoir ceux que nous avons tant aimés ! […] Toi si bonne, si tendre, comment peux-tu ne pas l’aimer ?
De bonne heure il lut Ovide, il aima les vers. […] Jamais homme ne s’est si peu soucié d’argent que lui… Il aimait les femmes, mais sans s’y attacher ; il aimait assez les plaisirs de la table, mais sans débauche ; il était de bonne compagnie ; il savait mille contes ; il se plaisait à les faire, et il les faisait fort bien. […] Il avait de la bonté et de la tendresse pour ses amis, et, comme il était persuadé que je l’aimais fort, il m’honorait d’une affection très particulière. […] Les lettres, que Bussy avait aimées dès son enfance, lui furent fidèles : elles le lui devaient, car elles étaient, on peut l’affirmer, pour une grande part dans son malheur. […] J’aime mieux y reconnaître, pour mon compte, une attention délicate, et qui, même en prenant le change sur son objet apparent, avait sa consolation réelle.
Mme de Pontivy croyait l’aimer, et elle l’aimait d’une première amour peut-être, mais faible et de peu de profondeur : elle ne soupçonnait pas alors qu’on pût sentir autrement. […] Mais, à son geste, à son bond impétueux de cœur, M. de murçay avait senti qu’il aimait. […] Elle le croyait un moment ; mais le lendemain elle revenait à la charge, et disait : « Hier, dans mon amour de vingt ans, je croyais qu’il n’y a rien d’impossible, de la part d’un homme qui aime, pour l’objet aimé. […] Je ne veux pas être aimé ainsi. […] Non, être aimé comme devant, ou être malheureux toujours !
Est-ce que réellement nous l’aimons ? […] Or celui qui aime ainsi Dieu aime les hommes. […] Nous aimons toujours, en quelque sorte, au-delà de ceux que nous aimons. […] Coppée les aime. […] Ce temps, il l’a aimé.
Bien qu’un peu raisonneuse, elle reste autant naïve qu’il est possible de l’être aujourd’hui, et, ce qui rachète tout d’ailleurs, elle aime comme il faut aimer. […] Or, Ernest est amoureux de sa cousine, laquelle aime sans doute son cousin, mais l’aime un peu comme une mère et le traite volontiers comme un enfant. […] l’héroïne a déjà aimé ? […] tu entends certainement ce langage ; toi, tu sais vraiment aimer ! […] Mais elle connut le jeune gentilhomme qui écrit ces lettres et elle l’aima.
C’est toujours soi qu’on aime, même dans ce qu’on admire. […] Elle attache à cet envoi une importance bien naturelle chez une femme, chez une femme qui aime, qui voudrait être aimée sans qu’on l’ait encore vue ; mais cette importance se trahit aussi par trop de soins. […] tout cela repose sur une illusion, sur cette idée qu’en aimant elle peut être aimée aussi. […] je ne puis souffrir les tièdes, et j’aime mieux être haï de mille à outrance, et aimé de même d’un seul. […] Il ne peut plus se contenir ; la détente est lâchée ; il ajoute : « On peut ne pas aimer mes livres, et je ne trouve point cela mauvais ; mais quiconque ne m’aime pas à cause de mes livres, est un fripon : jamais on ne m’ôtera cela de l’esprit. » L’esprit était donc déjà atteint.
Je t’aimais tant ! […] Kean s’aperçoit alors qu’il n’aime plus la comtesse et qu’il aime Anna. […] Elle aimait son frère, et voilà qu’elle semble ne plus l’aimer. […] Pour celui qui aime, l’être aimé est tout ; mais, en revanche, il veut être tout pour l’être aimé, il ne se contente pas à moins. […] Il t’aime, j’en suis sûre.
On ne le rongeait pas et on ne le plantait point sur un pal pour que les rossignols de la musique, qui aiment le cadavre comme des corbeaux, pussent s’en régaler, dans l’intérêt de leur voix. […] Eh bien, c’est contre cette opinion qui a filtré assez obscurément et assez honteusement dans la littérature et qui a fini par y faire mare, — comme parfois fait la mer dans les sables, après y avoir imperceptiblement tortillonné, — c’est contre cette opinion, à qui il faut essayer de clore le bec, que je veux m’inscrire en rappelant à ceux qui aiment le génie et même à ceux qui aiment l’opéra-comique, quel fut le génie de Byron. […] , dans Lara, ce poème fait avec dix mystères, Kaled, le page, aime d’un amour sans sexe le maître de sa vie. C’est de l’éther qui s’embrase à force d’être concentré… Il aime son maître comme on aime Dieu ! […] avait vraiment trois ou quatre âmes (pour l’aimer, disait-il, le farceur !)
Je n’aimerai que toi. […] Je cesserai d’aimer mes maladies, de me complaire en ma fièvre. […] Ne rien aimer, ne rien haïr absolument, devient alors une sagesse. […] » Dès lors, j’étais aimé des fées et je les aimais. […] Ceux-ci ne m’aimaient pas ; mon air délicat les agaçait.
et comment a-t-elle aimé ? […] Non, elle n’a jamais aimé, aimé de passion et de flamme ; mais cet immense besoin d’aimer que porte en elle toute âme tendre se changeait pour elle en un infini besoin de plaire, ou mieux d’être aimée, et en une volonté active, en un fervent désir de payer tout cela en bonté. […] Lucien aime, il n’est pas repoussé, il ne sera jamais accueilli. […] Tous ses amis, à bien peu d’exceptions près, avaient commencé par l’aimer d’amour. […] Bernadotte l’aima donc, et fut un de ses chevaliers.
Fouquier aime l’amour. […] Comment l’aimerait-on sans cela ? […] Les aime-t-il, ces femmes ? […] Il aime que tout soit à sa place. […] Fouquier aime tant, et dont il est.
Mme Sand, qui a fait la préface de ces Mémoires de Mme de Saman et qui, elle aussi, a écrit les siens, s’est bien gardée d’y tout dire, et elle a eu raison… Mme de Staël non plus (il y a plus de vingt-cinq ans), Mme de Staël, qui avait beaucoup aimé d’hommes, a-t-on dit (mais pas elle, du moins !) […] Au milieu de ces hommes aimés à tous les titres, et dont chacun a sa spécialité d’amour, évidemment le plus aimé de la collection, le plus aimé avec le plus de furie, avec le plus de passion vraie, — traversée pourtant (à ses jours) de libertinage, — c’est l’Anglais, cet Anglais que Mme George Sand appelle un délicieux Oswald, avec le petit claquement de langue du connaisseur ; mais le plus enivrant pour l’amour-propre du bas-bleu dépareillé, qui cherche sa moitié de génie, et le plus utile pour sa vieillesse future, c’est à coup sûr Chateaubriand ! […] Sainte-Beuve, qui aimait à conduire ces eaux corrompues dans les détours sinueux des coteaux modérés de sa littérature, en avait filtré quelques gouttes dans son livre sur Chateaubriand, écrit — pour déshonorer l’auteur des Martyrs — après sa mort, bien entendu. […] Le crime de ces Enchantements de Prudence, qui sont plutôt des envoûtements, c’est d’avoir fait avec l’homme qu’elle dit avoir aimé ce que les fils de Noé firent avec leur père ! […] Aussi pourquoi s’aviser d’aimer un bas-bleu, — une de ces Goules de vanité qui s’engraissent de l’honneur des hommes assez imbéciles pour les aimer ?
Admettez un moment que Laure eût aimé Pétrarque, — et qui sait si elle ne l’aima pas ? […] Dans ce livre écrit par une femme qui doit tout savoir de l’homme dont elle parle, puisqu’elle l’aima et en fut aimée, il n’y a pas même une vue, une pensée, une observation sur cet homme qui puisse ajouter à ce que nous en savons. […] Les albinos n’aiment pas le jour. […] Il n’était pas facile, même pour la femme aimée, quand elle aurait eu l’âme que, d’abord, je lui rêvais. […] Vous pouvez chercher dans l’histoire, cette grange d’observations accumulées par les siècles, si les femmes aimées des plus grands hommes ont compris quelque chose aux âmes égarées jusqu’à elles !
il n’aime pas. […] Mais non, dites-vous, nous lui laissons l’amour ; nous lui laissons Dieu à aimer, sa famille à aimer, son mari à aimer. […] Ou bien elle-même pouvait dire : Je renonce à la terre, je renonce à aimer et à être aimée sur la terre ; j’aimerai le ciel sur la terre ; mais je serai aimée dans le ciel. […] Aimer à souffrir, vouloir souffrir pour rien, c’est insensé. […] J’aime la justice, et je ne trouve que le hasard.
Dans sa colère, elle souhaite quelque pareil méchef à tous ceux qui aimeront. […] Voici ce portrait, cette sortie contre les gens non initiés au bel art d’aimer, misanthropes ou loups-garous, d’une vie sordide, égoïste et farouche ; cela sent son Rabelais, et, à l’avance, son Regnier : « Et qui est celui des hommes, s’écrie-t-il, qui ne prenne plaisir ou d’aimer ou d’être aimé ? Je laisse ces misanthropes et taupes cachées sous terre, et ensevelis de leurs bizarries, lesquels auront de par moi tout loisir de n’être point aimés, puisqu’il ne leur chaut d’aimer. […] Que celui aime peu, qui aime à la mesure ! […] Le cadre qu’elle a choisi prête à l’effet ; nous l’eussions aimé peut-être moins emprunté et plus naturel.
En France elle aimait particulièrement le séjour de Saint-Cloud, où elle jouissait avec plus de liberté de la nature. […] Elle ne cessa jusqu’à la fin de s’intéresser à la devinée de son malheureux pays et à sa résurrection après tant de désastres : « J’aime ce prince, disait-elle de l’électeur d’une autre branche qui y régnait en 1718, parce qu’il aime le Palatinat. […] Elle aimait mieux les épées et les fusils que les poupées. […] elle aima ce grand roi parce qu’elle était grande elle-même. Elle l’aimait lorsqu’il était plus grand que sa fortune ; et elle l’aimait encore davantage lorsqu’il était plus grand que ses malheurs.
Les souvenirs de cette émigration, du séjour en Angleterre, de la mort du roi, composaient en elle un fond de tableau ; elle y revenait souvent et aimait à les retracer. […] s’écria-t-elle, il aimait la liberté, il l’aimait comme il fallait ; il n’est pas allé trop loin dans la Révolution, non, il a voulu défendre Louis XVI. » Elle distinguait soigneusement les idées libérales des idées révolutionnaires, ayant l’horreur des unes et le culte des autres. […] Ce peu de bien qui se rencontre quelquefois dans l’homme, c’est en Dieu que nous eussions dû l’aimer ! […] Ce qui met le comble au chagrin, c’est de trouver des torts sans excuse à ceux qu’on aime ; là il y a une excuse : « Ils ne savent ce qu’ils font ! […] Mme Roland juge sévèrement Kersaint dans ses Mémoires ; elle n’aimait pas en lui certaines habitudes de mœurs du gentilhomme ; mais nous, postérité, nous aimons à marier leurs noms généreux, consacrés dans la même cause.
Aime-t-on quand on aime sans désintéressement ? […] Il l’aima, l’épousa et l’aima encore. […] Celle-ci se fit aimer, mais elle aima davantage. […] Je l’aime parce que je l’aime. […] Elle l’aime, elle est aimée de lui.
comment ne l’aimerais-je pas ? […] Ils s’aiment profondément. […] Elle l’aime. […] Elle n’aime absolument qu’elle. […] Aimer profondément quelqu’un, ne pas pouvoir cesser de l’aimer, s’apercevoir qu’il aime la femme que vous avez aimée et que vous aimez encore, et qu’il en est aimé, c’est une situation très forte et qui ravit un psychologue expert.
Mais, au reste, il a toutes les chances : il connaît depuis longtemps sa femme, qui est une petite amie d’enfance ; il l’aime et il est aimé d’elle. […] Aux inquiétudes qu’il a senties le père reconnaît qu’il aime son enfant. […] La vie n’a de sens que pour ceux qui croient et qui aiment : telle est sa conclusion. […] Je crois que tous les hommes sont réellement solidaires ; je crois aussi (ceci est de Pascal) que nous aimons les autres (ou d’autres que nous) aussi « naturellement » que nous nous aimons nous-même ; et que, de cette vérité sentie et de cet instinct développé peut découler toute une morale. Je crois que notre intérêt et notre plaisir, c’est d’aimer autre chose que nous, de travailler pour ceux que nous aimons et, par-delà, en vue de la communauté tout entière.
La chose ne dépend pas plus de lui qu’il dépend d’un homme dont le palais est conformé, de maniere que le vin de Champagne lui fasse plus de plaisir que le vin d’Espagne, de changer de goût, et d’aimer mieux le vin d’Espagne que l’autre. La prédilection qui nous fait donner la préférence à une partie de la peinture sur une autre partie, ne dépend donc point de notre raison, non plus que la prédilection qui nous fait aimer un genre de poësie preferablement aux autres. […] Une passion triste, nous fait aimer durant un temps des livres assortis à notre humeur présente. […] Je dis préferer et aimer mieux, et non pas loüer et blâmer, car en préferant la lecture des tragédies de Racine à celle des fables de La Fontaine, on ne laisse pas de loüer et même d’aimer toûjours ces fables. L’homme dont je parle aimera mieux à soixante ans les comédies de Moliere, qui lui remettront si bien devant les yeux le monde qu’il a vû, et qui lui fourniront des occasions si fréquentes de faire des refléxions sur ce qu’il aura observé dans le cours de sa vie, qu’il n’aimera les tragédies de Racine, pour lesquelles il avoit tant de goût, lorsqu’il étoit occupé des passions que ces pieces nous dépeignent.
Son beau visage aimait à paraître « tout diapré et fardé ». […] Elle aimait les beaux discours sur des sujets relevés de philosophie ou de sentiment. […] Marguerite aime et affecte encore les comparaisons empruntées à une histoire naturelle fabuleuse. […] On a des lettres d’amour qu’elle adressait à l’un de ceux qu’elle a dans un temps le plus aimés, Harlay de Champvallon. […] On a cité d’elle un mot d’observation pratique, qui nous dit mieux le secret de sa vie : « Voulez-vous cesser d’aimer ?
» Mme Wilton : « Aimer, aimer, aimer ! […] N’importe ; toujours semblables au fond, on les aime d’autant plus, quand on les aime. […] Aimons Meilhac comme il est, puisque nous l’aimons. […] Et il les aime. […] Or il découvre qu’il est aimé de Mariette, passionnément aimé.
Elle l’aime bien, son Valmore. […] à tes pieds ou dans tes bras, je t’aime ! […] elle sait aimer et admirer, celle-là ! […] Sainte-Beuve est venu dîner tranquillement ; il t’aime et te regrettait beaucoup. » — « M. […] Elle l’aimait, elle la vénérait, mais se sentait incapable de « vibrer » toujours avec elle.
Autrefois, oui, je n’aimais que la gloire. […] Mais Boileau aimait Racine. […] et qu’ai-je fait que de vous trop aimer ? […] Si tu ne m’aimes, je te tue ! […] Racine était aimé.
Weiss aime en eux. […] Quand il fait effort pour l’aimer, il y aime surtout ce qui n’y est pas, ou ce qui n’y est que peu. […] … L’espoir s’en va… Je t’aime ! […] Il l’aime à sa façon. […] Je n’aime plus mon mari, oh !
Elle l’aimait. — Est-ce que nous ne nous aimions pas, nous ? […] nous nous aimons. […] » Et, un instant après, il l’appelle Sarah tout court. « Je t’aime, tu m’aimes, nous nous aimons ! […] Blanche aime Sévérac et en est aimée. […] Qui n’a aimé ?
Le cœur des personnes romanesques, de celles qui aiment le raffinement et l’amalgame, est capable de plus d’une attention à la fois. […] « Ce qui est inexplicable, ce qui est vrai pourtant, lui écrivit-il, c’est que je l’adore parce qu’elle vous aime. […] en le lisant, j’ai senti la Mme de Krüdner que j’aimais perdre quelque chose de son attrait et de son mystère. […] Vous savez comme je l’aime ! […] « Les âmes fortes aiment, les âmes faibles désirent.
comment, dans le temps, on aimait sa tante. […] Aussi, en désespoir de cause, ils aimèrent mieux, sans aucune expérimentation possible, faire de cette céleste Récamier une espèce de monstre physiologique, que d’admettre le monstrueux prodige moral d’une vertu qui leur avait toujours résisté. […] Pourquoi n’aima-t-elle pas, cette grande Aimée de tout son siècle ? […] Il avait aimé, disait-on, Madame de Staël, et les imbéciles avaient cru la reconnaître dans l’Ellénore du roman d’Adolphe, que, certes ! […] Énigme de corps ou énigme d’âme, quoi qu’elle soit dans l’un ou dans l’autre, laissons ce problème d’une femme qui n’aime point, et qui, par ce côté, ressemble au Démon : « le malheureux qui n’aime pas !
Un grand homme de l’antiquité disait qu’il aimerait mieux la science d’oublier que celle de se souvenir ; un moyen d’oubli, c’est l’alcool. […] C’est tout ce que vous avez pensé, senti, aimé. […] L’âme remonte au ciel quand on perd ce qu’on aime. […] Nous l’aimons pour ses saillies si spirituelles et si gaies ; nous l’aimons pour sa tristesse, échappée de son rire même. […] Ce que l’homme ici-bas appelle le génie, C’est le besoin d’aimer ; hors de là tout est vain.
Ronsard aime les anciens, et il aime aussi, fort bien, les vieux auteurs français ; mais Marot aime les anciens, et il aime les vieux auteurs français davantage. […] Qu’aimait Stendhal ? […] Il l’aimait de cœur. […] Il aimait l’effort ; il aimait même l’audace. […] J’aime bien cela.
En cette Notice, carabinée de gravité comme toutes celles qui s’impriment dans cette agréable Revue, Saint-René Taillandier nous apprend, à nous qui n’aimons, hélas ! […] mais consciencieusement, et j’avoue que je n’y ai trouvé que ce que l’on peut aimer à la Revue des Deux-Mondes, c’est-à-dire, sous la forme la plus terne, la plus chétive médiocrité. […] Aimer beaucoup les huîtres n’est pas une raison pour se connaître en perles. […] », au lieu de nous donner de vraies lettres inspirées, comme Mesdames de Souza et de Staël savaient en écrire à ceux qui avaient le bonheur d’être aimés d’elles ou de leur plaire, — car on n’écrit bien les lettres qu’à ces conditions ! […] Un homme qui aimerait autant que moi Madame de Staël n’aurait jamais, par respect pour elle, publié ces bribes vulgaires ; car tout ce qui n’augmente pas la gloire doit la diminuer.
Nous connaissons mieux encore, par ses lettres, le cœur inquiet et hospitalier de George, sa prodigieuse facilité à croire, quand elle aimait, qu’elle aimait uniquement avec son âme (et cela, au fort des démonstrations les plus concrètes) et à se figurer qu’elle souffrait le martyre quand elle n’aimait plus. […] … Elle écrit : « Je n’aimerai donc plus », et, deux mois plus tard, elle était folle de Musset, chérubin alcoolique et génial. Elle écrit : « L’amour me fait peur » et, dans la même année, elle aime Sandeau, Mérimée, Musset et Pagello, tout en demeurant persuadée de la froideur de son tempérament. […] N’aimeriez vous pas connaître dans le détail la vie passionnelle de Racine et de Molière ? […] Je serai franc : j’aime de tout mon cœur les œuvres des écrivains illustres, mais je n’éprouve pas le besoin de respecter particulièrement leur personne.
Le philosophe aime à rêver et à méditer sur ces problèmes. […] Dites à Malouet que je l’aime. […] Si je me trompe, dites-le-moi ; je l’étudierai mieux, et je l’aime d’avance, si elle est digne d’être aimée de vous. […] Je vous aimais plus que vous ne m’aimiez. […] Peut-on écrire sans froideur à quelqu’un qu’on a vraiment aimé ?
Je vous aimois, vous m’aimiez fort ; Cela n’est plus, sortons d’affaire. […] On aime à retrouver tout un monde dans un fraisier ; mais il ne faut pas que le fraisier soit trop desséché ni mort. […] toujours aimer, recommencer sans cesse ? […] vous aimez. […] C’est la mise en action de ce mot de La Rochefoucauld : On pardonne tant que l’on aime.
De ce moment Maurice l’aima comme on aime les êtres déjà chers avec qui l’on a eu des torts involontaires, les têtes pour qui l’on a tremblé. […] La mort n’est pas la plus cruelle des choses que les êtres aimés puissent nous donner. […] Le monde serait surpassé dans les encharmements de son langage, et nous ne citons que ce qu’il aime ! […] Quoique nous ayons aimé Guérin autant qu’âme d’homme puisse aimer âme d’homme, nous ne sommes pas digne de mêler nos larmes à celles de cette sœur mère, qui doit rester vierge jusque dans ses pleurs ! […] Semblable, par la marque divine, au Maurice qu’elle avait tant aimé, elle lui fut semblable encore par la maladie.
Comme Antoine Boisson, Alfred Cazalis, Latil, comme tous ses petits compagnons de guerre, il aime la vie. […] Nous n’aimons pas à être plaints comme cela ! […] Il me reste cependant assez de temps pour te dire que je vais très bien, que je t’aime, et que je suis très heureux. […] Dites-lui que quand on va de l’avant on ne peut écrire à ceux que l’on aime ; on se contente de songer à eux. […] Je combattrai pour la France, offrant mon cœur à Dieu, et le soir, lorsque la lutte terminée, je jouirai de quelques minutes de repos, ma pensée s’envolera vers vous, qui m’aimez tant et que j’aime plus encore.
Nulle princesse n’avait, plus qu’elle, égard à ceux qui l’entouraient et la servaient ; « elle aimait mieux quelquefois se passer des assiduités nécessaires que d’en exiger qui eussent été trop incommodes aux autres ». […] Louis XIV se contenta de dire à Madame : « Il ne fait pas bon se jouer à vous sur le chapitre de votre maison ; la vie en dépend. » À quoi Madame répliqua : « Je n’aime pas les impostures. » Et elle n’eut pas le moindre regret à ce qu’elle avait fait. […] Elle aimait à rire, et Le Malade imaginaire la divertissait au point qu’on croirait quelquefois, à lire ses lettres, qu’elle en a voulu imiter le genre de plaisanteries dans ce qu’elles ont de plus physique et de moins fait pour la bouche des femmes. […] Elle eut quelque peine à se faire à ce genre de vie nouveau, à cette résidence plus assidue à la ville et au Palais-Royal : « J’aime les Parisiens, disait-elle, mais je n’aime pas à résider dans leur ville. » Elle s’était accoutumée, durant ses longues saisons à Saint-Cloud, à cette mesure de retraite, de compagnie et de liberté qui allait à sa nature et, je dirai, à sa demi-philosophie. […] Massillon, qu’elle avait connu et qu’elle aimait, eut à y prononcer l’oraison funèbre, qui fut trouvée belle.
Tu feras plus pour lui que pour moi, mais tu m’aimeras plus que lui. […] Sache aussi si ton époux ne t’aime pas autrement que tu ne l’aimes. Dis-lui, par exemple, que tu as une amie qui t’aime chèrement, et que tu n’aimes personne autant qu’elle. […] J’aime cela, moi ! […] Il aimait dans son pays, il aime toujours Caliste, et celle-ci, créature adorable, l’aimait également : mais elle avait monté sur le théâtre, elle avait joué dans the Fair Penitent le rôle dont le nom lui est resté ; sa réputation première avait été équivoque.
Est-ce que je l’aime encore ? […] Vous l’aimez déjà, n’est-ce pas ? […] J’aimerais l’insertion pour la raison même pour laquelle vous ne l’aimez pas. […] Je ne sais ; c’est selon qu’on l’aime, ou qu’elle veut se faire aimer. […] Ils ont tous l’air de ne pas s’aimer beaucoup.
Mme de Staël aima l’Allemagne et la fit aimer. […] … je veux aimer ! […] Le plus aimé de tous ces aimés, c’est l’époux, « le pur Éther ». […] Elle aime les curiosités médicales. […] Des gens mourront qu’elle aime.
Je vous aime, je meurs pour vous. […] Elle ne s’offense point que Carmosine aime le roi ; ou plutôt elle l’aime de l’aimer. […] C’est bien eux qui ont tué le petit Eyolf, parce qu’ils ne l’aimaient pas, et parce qu’eux-mêmes s’aimaient trop ou s’aimaient mal. […] Là où j’aimais un peu moins la pièce, je ne cessais pas d’aimer l’auteur. […] Aimons, tout est là.
Mais pourquoi l’aime-t-on ? […] Le jeune roi l’aimait comme il aima plus tard Molière et Boileau. […] J’aime le commerce des belles personnes autant que jamais, mais je les trouve aimables sans le dessein de m’en faire aimer. […] Malheureux celui qui n’aime pas à son niveau ! […] « J’aime tous les vins francs parce qu’ils font aimer !
J’avoue cependant que, pour mon compte, j’aimerais mieux qu’il insistât moins sur cette partie critique, et qui laisse toujours des doutes dans l’esprit du lecteur non expert. […] … J’aime le pouvoir, moi ; mais c’est en artiste que je l’aime… Je l’aime comme un musicien aime son violon. Je l’aime pour en tirer des sons, des accords, de l’harmonie ; je l’aime en artiste. […] On aimerait plus souvent à entendre ces paroles telles qu’elles furent, telles qu’elles jaillirent de ses lèvres et volèrent au but ou au-delà du but, et comme M. […] On aimerait à le sentir plus au vif chez l’historien.
Des êtres viendront après elle qui aimeront sa poésie, l’aimeront elle-même dans l’œuvre qu’elle aura laissée. […] Dans le Cœur innombrable, son premier volume, la poétesse ne développait pas ses motifs, et personnellement j’aime la concision de ces notations, j’aime ces émotions emprisonnées dans un vers comme une fougère sous, la glace de l’hiver. […] Le poète s’aime dans les choses comme un amant s’aime dans sa maîtresse : « Je suis toi-même », dit-il. […] Je t’aime — te voici. […] J’aime la sérénité de l’Inconstante.
Marfa, en effet, aime et elle est aimée. […] Ils s’aiment. […] vous ne m’aimez pas ! […] J’aime pleurer, j’aime me désespérer. […] Il l’aima, mais elle l’aima bien davantage.
La mort de Charles Nodier n’a pas semblé moins prématurée que celle de Casimir Delavigne ; et quoiqu’il eût passé le terme de soixante ans, ce qui est toujours un long âge pour une vie si remplie de pensées et d’émotions, on ne peut, quand on l’a connu, c’est-à-dire aimé, s’ôter de l’idée qu’il est mort jeune. […] Tout homme né littéraire aime avant tout les lettres pour elles-mêmes ; il les aime pour lui, selon la veine de son caprice, selon l’attrait de sa chimère : Quem tu Melpomene semel. […] Le propre de Nodier, son vrai don, était d’être inévitablement aimé. […] Il aimait le sommeil, comme La Fontaine, et il l’a chanté en des vers délicieux, peu connus et que nous demandons à citer, comme exemple du jeu facile et habituel de cette fantaisie sensible : LE SOMMEIL. […] Quel bonheur de mourir pour être encore aimé !
On n’aime pas deux fois autant que je l’aimais. […] Le public aime la force et il aime le courage. […] Ils ne s’aiment pas. […] Le public aime que ceux qui s’aiment se marient ; mais il n’aime pas que les femmes fassent des sottises. […] Comment ne comprendrais-je que vous aimiez votre race, moi qui n’aime que la mienne et qui l’aime furieusement !
Un jour donc, M. de Musset aima. […] Ce n’est d’ailleurs jamais un déshonneur pour une femme d’avoir été aimée et chantée par un vrai poète, même quand elle semble ensuite en être maudite. […] Un confident clairvoyant pourrait dire : « Prenez garde, vous l’aimez encore ! […] Après tant d’essais et d’expériences en tous sens, après avoir tenté d’aimer tant de choses pour savoir quelle est la seule et suprême qui mérite d’être aimée, c’est-à-dire la vérité simple et à la fois revêtue de beauté, il n’est pas étonnant qu’au moment où l’on revient à celle-ci et où on la reconnaît, on se trouve en sa présence moins vif et plus lassé qu’on ne l’était en présence des idoles. […] tel qu’il est, le monde l’aime encore.
Rodrigue, certain d’être aimé, fait éclater des transports de joie. […] Pauline aime Sévère, et reste fidèle à Polyeucte. […] J’aime mieux que les personnes pèchent par le costume que par le fond. […] Elle part malheureuse, mais aimée. […] Les mères aiment de la même façon en tout temps et en tout pays.
J’aime qu’ils ne s’irritent pas de cet oubli, qu’ils ne se détériorent pas et qu’ils tournent à bien. […] Son plein automne aujourd’hui est riche à tous les yeux, séduisant à voir, et chacun l’aime. […] Celui qui est homme sait choisir ou attendre avec prudence, aimer avec continuité, se donner sans faiblesse comme sans réserve. […] Celui qui est incapable d’aimer est nécessairement incapable d’un sentiment magnanime, d’une affection sublime. […] Cœurs vraiment sensibles, qu’une destinée sinistre a comprimés dès le printemps, qui vous blâmera de n’avoir point aimé ?
Elle pleura son amie d’enfance, Albertine, qui mourait ; elle eut Délie qui fut une autre amie pour elle ; mère, elle aima, elle pleura sur un berceau et fit de charmants récits et des prières. […] j’aurais dû crier : C’est moi… je l’aime… arrête ! […] Les petits enfants, qu’elle aime à peindre, ont été plus précoces et ont parlé un langage plus impossible que jamais. […] Il ne nous appartient pas de lui assigner une place parmi les talents de cet âge ; on aime mieux d’ailleurs la goûter en elle-même que la comparer. […] C’est pourtant ce que j’aime le plus au monde, au fond de ce beau temps pleuré. — Je n’ai vu la paix et le bonheur que là. — Puis une grande et profonde misère quand mon père n’eut plus à peindre d’équipages ni d’armoiries.
Mon cher aumônier, au cas où je viendrai à disparaître, j’aimerais bien dormir sous l’égide de David. […] Il y a quelque chose de douloureux et d’attachant dans cette destinée d’un jeune esprit qui regarde le monde et la vie exclusivement à travers la nation juive et qui meurt au service de ceux qu’il aime le plus, mais dont il tient à se distinguer. […] C’est vrai qu’il est différent, mais comment le lire sans l’aimer, ce jeune intellectuel, mort à vingt-cinq ans pour la France ! […] Roger Cahen continue, renouvelle, élargit une conception de l’existence que nous avons tellement aimée, il y a un quart de siècle. […] Les vieilles familles enracinées par des générations dans le sol de France aimeront mieux prendre pour héros exemplaire et pour étendard, le grand-rabbin de Lyon, qui tombe au champ d’honneur en offrant un crucifix au soldat catholique mourant.
Comme saint Augustin, il aimait à aimer. […] Aime. […] Aime. […] Aime. […] Aime !
Il se laissa aimer par elle. […] Mais ceux qu’il aime surtout, ce sont ses enfants. […] Nous aimons beaucoup l’esprit en France — on l’aime partout, — et il faut bien dire que les romantiques avaient manqué d’esprit. […] On vit pour aimer, et voilà. […] Il aime Paris comme on l’aime, quand on l’aime vraiment.
On aimait Boccace, on vénérait Pétrarque. […] Connaissez-vous une plus belle âme, un cœur plus tendre et qui vous aime davantage ? […] Je ne me croirais pas chrétien si je n’aimais pas, que dis-je ? […] Non, j’aime mieux mourir ou vivre seul ! […] entre le poète qu’il aimait par-dessus tous les hommes et le nom de la femme qu’il aimait par-dessus tous les esprits célestes et qu’il allait retrouver dans la maison éternelle de son Dieu !
Si l’artiste ami regarde de là-haut ceux qui souffrent de leur génie, avec la compassion d’un homme qui a tant souffert du sien, qu’il jette un de ses regards sur cette demeure muette de Saint-Point, vide aujourd’hui de ceux qu’il aima tant, et qui ne cesseront de l’aimer eux-mêmes qu’en cessant de se souvenir. […] Et puis le cœur s’amollit avec l’âge, vous aimerez un père, une mère, une amante, une femme, des enfants. […] Elle lui donne ainsi le droit d’aimer tout ce qui respire, tout ce qui se meut dans le firmament ou sur la terre. […] Ils font haïr : c’est le contraire de faire aimer. […] La liberté qu’il aime n’est que la dignité de l’homme social : elle n’est ni son délire ni sa fureur.
Nous sautons le technique et nous courons au récit ; car, si nous aimons nos prétentions, nous leurs préférons notre plaisir. […] Tant qu’il sera un livre d’enseignement, je n’ai pas peur que les Français aiment médiocrement leur pays. […] Ils se convenaient sans s’aimer. […] Le père qui a connu ce que c’est que d’aimer quelqu’un plus, que soi-même, a senti tout son cœur, et telle est la chaleur de l’amour paternel, que le même homme en aime mieux tout ce qui est à aimer. […] J’ai peur que Voltaire n’ait aimé que son esprit.
Louis XV était alors dans le premier éclat de son émancipation tardive, et la nation, ne sachant plus depuis longtemps où se prendre, s’était mise à l’aimer éperdument. […] C’est ce roi-là que, n’étant encore que Mme d’Étiolles, elle épiait dans ses chasses de la forêt de Sénart et qu’elle se mit à aimer. […] Elle aimait le roi pour lui-même, comme le plus bel homme de son royaume, comme celui qui lui était apparu le plus aimable ; elle l’aimait sincèrement, sentimentalement, sinon avec une passion profonde. […] Elle aimait les arts et les choses de l’esprit comme pas une des maîtresses de qualité n’eût su le faire. […] « C’est votre escalier que le roi aime, lui disait la petite maréchale de Mirepoix ; il est habitué à le monter et à le descendre.
Byron aussi avait, un jour, et à l’âge de Brizeux, manqué de la force qui se fait aimer. […] À l’amant délaissé de Marie, il restait ce qui vaut mieux à aimer qu’une femme ; — son pays. Certes, Brizeux a aimé le sien. […] on ne l’en aime que mieux ! […] Je l’aime mieux que toute la poterie de verres de Bohême des Fantaisistes.
Avant d’avoir lu ces lettres, et malgré notre goût bien vif pour tous ses autres ouvrages, il manquait quelque chose à l’idée que nous nous formions du grand homme ; de même qu’on ne comprendrait pas Mirabeau tout entier si l’on ne connaissait aussi ses lettres écrites à la Sophie qu’il aimait. […] « Faisons en sorte, mon amie, que notre vie soit sans mensonge ; plus je vous estimerai, plus vous me serez chère ; plus je vous montrerai de vertus, plus vous m’aimerez… J’ai élevé dans mon cœur une statue que je ne voudrais jamais briser ; quelle douleur si je me rendais coupable d’une action qui m’avilît à ses yeux ! » « Au milieu de cela, j’envoie quelquefois ma pensée aux lieux où vous êtes, et je me distrais… Avec vous, je sens, j’aime, j’écoute, je regarde, je caresse, j’ai une sorte d’existence que je préfère à toute autre. […] Ils me peignaient la vertu, et leurs images m’échauffaient ; mais j’aurais encore mieux aimé voir mon amie, la regarder en silence, et verser une larme que sa main aurait essuyée ou que ses lèvres auraient recueillie. […] Leroy, homme d’esprit et philosophe, capitaine des chasses, amateur du sexe et ami de Diderot : « Si vous saviez combien je l’aime, écrit ce dernier, vous sauriez aussi combien il m’a été doux de le voir.
Il l’aima avec emportement sinon toujours avec grâce. […] (Les puissances démoniaques aiment à rire.) […] « Aimez-moi donc, Marie », lui dit Ronsard, celui qui n’aime point se prive de la meilleure des douceurs. […] Mais il n’aimait pas à rimer à tour de bras. […] Elle avait fait paraître une ballade dont le refrain était : On n’aime plus comme on aimait jadis.
Balzac a aimé Madame de Hanska comme Michel-Ange dut aimer la marquise de Pescaire. Il la préférait même à la gloire, qu’il aimait pourtant avec une passion presque égale en intensité aux facultés que Dieu lui avait données pour devenir l’un des premiers hommes de son siècle. […] Elle aima deux fois… et peut-être trois (lisez le Rêve de d’Alembert, dans Diderot !). […] Il est sagace et non aveugle, comme la plupart de nos amours, qui sont d’épouvantables ou de ridicules égarements ; et c’est de la perfection morale, dans la personne aimée, qu’il est épris. « Vous avez, — (dit Balzac à la femme qu’il aime) — vous avez la sorcellerie à froid.
C’est l’erreur que je fuis, c’est la vertu que j’aime. […] Combien de gens ont aimé Racine et Corneille ! […] Au fond, madame de Sévigné était née pour aimer Corneille et pour aimer Racine ; pour aimer Racine et ; pour aimer Corneille. […] Mes chers romans, dit-elle quelque part ; et comme elle aimait ses enfants ! […] Elle aimait Là Fontaine, La Fontaine l’aimait.
Il aime à dire : J’étais là, le roi me dit… J’appris du prince… Je conseillai, je prévis le bien, le mal. […] Mais Louis XIV surtout, qui, enfant, aimait peu Mazarin et se sentait froissé par lui comme roi et comme fils (les fils instinctivement aiment peu les amis trop tendres de leur mère), qui plus tard l’avait apprécié et comprenait l’étendue de ses services, était toutefois impatient que l’heure sonnât où il put enfin régner. […] Adieu, chers tableaux que j’ai tant aimés, et qui m’ont tant coûté ! […] En citant ce passage, par exemple, il s’arrête à ces mots : Adieu, chers tableaux que j’ai tant aimés ! […] Est-ce en artiste, est-ce parce qu’il aime ces tableaux en eux-mêmes que le maître les regrette ?
D’ailleurs une lettre est si bonne en tous lieux, en province surtout ; et il y a si peu de frais à faire entre gens séparés qui s’aiment ! […] On aimait tant l’esprit, qu’il n’était permis à personne de n’en avoir que pour soi ou dans son petit cercle. […] Nous voudrions que Mme de Sévigné aimât sa fille un peu plus à la façon dont nos mères nous aiment, sans ces flatteries qui paraissent trahir le besoin de louanges dans la fille, sans ces précautions de civilité en donnant des conseils, ni ces mille gentillesses, comme pour éviter d’aimer tout bonnement. […] Enfin Royer-Collard aimait Mme de Sévigné comme j’imagine qu’elle dut être aimée à Port-Royal. […] Il est trop grand seigneur pour aimer les grands hommes.
Il y mêle une théorie à lui sur l’amour-propre : après quoi il ajoute, en en faisant l’application à son frère (août 1738) : Il s’aime en tout bien, il aime son élévation et toute la plus grande élévation ; par-delà lui, il aime sa maison ; il a encore le sentiment du moment pour quelques objets de parenté ou étrangers. […] On n’a plus d’amis, on n’aime plus sa maîtresse ; comment aimerait-on sa patrie ? […] Sans doute à pire que la barbarie ; car chez les ogres on aimait, on ne se nuisait pas tant, ni si assidûment, ni continuellement. […] Quand le siècle lui paraîtra, en avançant, présenter quelques meilleurs symptômes, il sera le premier à les noter et à nous en faire part, avec la joie d’un homme qui ne désespère pas des hommes et qui aime à croire au progrès de la raison publique. […] J’ai bien examiné les princes, ce qu’ils ont de vertu vient d’amour-propre ; si vous ne les aimez pas, ils vous haïssent.
En tout, c’était une beauté touchante et non triomphante, une de ces beautés qui ne s’achèvent point, qui ne se démontrent point aux yeux toutes seules par les perfections du corps, et qui ont besoin que l’âme s’y mêle (et l’âme avec elle s’y mêlait toujours) ; elle était de celles dont on ne peut s’empêcher de dire à la fois et dans un même coup d’œil : « C’est une figure et une âme charmantes. » Le roi l’aima donc, et pendant des années uniquement et très vivement : pour elle, elle n’aima en lui que lui-même, le roi et non la royauté, l’homme encore plus que le roi. […] Il lui dit en fondant en larmes : « Vous ne m’aimez point, et vous n’avez guère de soin de ceux qui vous aiment. » Il lui dit cela ou à peu près, ou dut le lui dire. […] c’est celle que le roi aime », disait un jour en espagnol la reine à Mme de Motteville en lui montrant du doigt Mlle de La Vallière, qui traversait l’appartement. […] C’est que la dignité et l’amour ne vont guère ensemble, et que tant qu’on aime, tant qu’on espère encore, si peu que ce soit, on fait bon marché de tout le reste. […] Tels étaient les propos du monde, qui aime à rabaisser et à dénigrer tout ce qui a brillé, sauf à s’apitoyer plus tard sur l’objet même de sa rigueur : on a ainsi joué de toutes les cordes de l’émotion et de la conversation.
Il est inquiet d’apprendre, inquiet de créer harmonieusement ; il aime le beau, il aime l’amour. […] Moi, je t’aimerai. […] Aime-moi, rêve de moi, invente pour moi des caresses nouvelles. […] Et je la prêcherai plus persuasivement à mes frères qui ont été créés comme moi pour t’admirer, t’aimer et te servir. […] Il m’arrive quelquefois de ne pas manger : j’aime mieux ça que de m’être dégoûtée moi-même.
Aimé Martin l’égalait. […] En se laissant aimer, elle avait aimé d’un attachement sévère et doux ce vieillard. […] Elle l’inspira, elle l’aima, elle se fit sa fille. […] Aimé Martin raconte ses scandales et son égoïsme ; Molière en avait pitié, mais continuait par habitude à l’aimer. […] Je vous aime, Zaïre !
Vous aimiez la révolution de 1830, bien que vous ne l’eussiez pas préparée ; je ne l’aimais pas, elle ne me semblait pas loyale et pas complète. […] Qui n’aime pas ne voit rien. […] Les plus grands poètes sont ceux qui ont le plus aimé de l’amour de l’âme. […] combien je l’aimais ! […] Moi, j’aime à cheminer et je reste plus bas.
Je ne sais rien à quoi ne morde cette rage d’aimer. […] Très aimé et employé de M. […] Chose remarquable, il aime peu Molière et son naturalisme ; il le voit déjà comme le verra M. […] Et que d’autres on sent qu’il n’ose pas aimer ! […] Et notez bien que vous, je vous comprends, je vous aime, je vous pardonne tout.
Ce très peu grave président, qui aimait l’antithèse, et dont le génie pincé et… pinçant tondait sur l’Histoire des épigrammes comme un avare tondrait de la laine sur un œuf, Montesquieu, lui, au xviiie siècle, avait fait le Persan pour être plus impertinent contre la France, sachant bien que la France est une femme de goût qui aime l’impertinence quand l’impertinence a de la grâce, — de la grâce, cette folie de nous tous, qui ferait aimer, je crois, les coups de bâton, si on savait gracieusement les donner ! […] J’aime le porto et le gingembre et suis un mangeur de caviar. […] , Loys Unze, le seul bourgeois que j’aie jamais aimé ! […] Je l’aime, cet auteur, quoique je ne pense pas toujours comme lui, et j’aime son livre pour les choses nouvelles et vraies qu’il y a mises, et quoiqu’il y ait quelques erreurs. […] J’aurais tant aimé à vous en parler !
N’aimer en littérature qu’à s’occuper du présent et du livre du jour, c’est aimer la mode, c’est suivre et courir le succès, ce n’est pas aimer les Lettres elles-mêmes, dont le propre est la perpétuité, la mémoire et la variété dans le souvenir. […] C’est toujours un profit que d’aimer, et, s’il faut aimer une nation, je ne vois pas laquelle on préférerait aux Français. » Se retrouvant à Paris en 1815, il prend fait et cause pour l’essai constitutionnel des Cent-Jours, se fait, en pur volontaire, le second de Benjamin Constant, devient un champion officieux du gouvernement dans le Moniteur, et, sur ce point brûlant du libéralisme impérial, se sépare avec éclat de ses autres amis politiques. […] Il a besoin d’être aimé et d’aimer. […] Il est parlé souvent de Schlegel, cet autre compagnon de Mme de Staël, et que Sismondi aimait peu. […] Ses tragédies n’ont d’autre but que de répandre la religion du très-saint amour… L’autre jour, je l’entendais qui dogmatisait avec un Allemand très-raisonnable, homme d’âge mûr, le baron de Voigt. « Vous savez ce que l’on aime dans sa maîtresse ?
Son mari et elle se croyaient d’abord fort épris l’un de l’autre, mais l’illusion dura peu : elle seule l’aimait, et encore d’un premier amour de pensionnaire. […] Elle était donc en veine d’aimer son mari quand elle s’aperçut à des signes trop certains qu’il était peu aimable et même méprisable. […] Aussi pourquoi, ma fille, Ne vous aimerait-il ? […] me répondit Mlle d’Ette en riant, on ne hait qu’autant qu’on aime. […] Il aima Mme d’Épinay et lui fut tout d’abord utile comme un guide.
Bouhours est en littérature un amateur, sorte d’esprit dont le propre est de n’aimer rien simplement. […] Mais il n’est pas si aisé d’aimer le vrai que les ornements ; et Bouhours, quoi qu’il fasse, n’est qu’à demi converti. Il croit aimer, en 1687, le vrai de Boileau, de Bossuet, de Molière ; c’est leur succès qu’il courtise. Il croit ne plus aimer l’orné de 1671, et ce qu’il aime n’est pas d’autre sorte. […] Tel est l’homme ; il n’aime au fond que l’agréable et le joli ; il ménage le vrai et le beau.
. — Du pouvoir d’admirer ou d’aimer. — Difficulté de découvrir et de comprendre les beautés d’une œuvre d’art ; difficulté de les faire sentir aux autres ; rôle du critique. […] Inversement, toute conviction est une affection ; croire, c’est aimer. […] Il garde pour un temps cette chose indéfinissable, si fragile et si profonde, l’accent de la personne, qui va le mieux au cœur de quiconque sait aimer. […] Au contraire, dans un simple regard de la personne aimée vous verrez jusqu’à son cœur, avec la diversité infinie des sentiments qui s’y agitent. […] Il aime son auteur et, comme il l’aime, il y a grande chance pour qu’il le comprenne, s’assimile ce qu’il y a de meilleur en lui.
Il ne le fut point à la manière du chaste Newton, ce célibataire sublime, qui n’aima que Dieu et ses lois. […] Il l’aima, mais comme il aima tout, avec une raison bien autrement belle que l’ivresse ! Il l’aima comme il aima sa femme, comme il aima son fils, comme il aima sa province qu’il ne quitta jamais ; la province où l’on est né, patrie concentrée, patrie dans la patrie, peut-être plus profonde et plus chère encore que l’autre patrie ! […] Il avait beau être un homme de génie, c’était aussi un grand seigneur de sentiment, toujours prêt à l’hospitalité, vous tendant sa belle main du fond de ses manchettes ; qui se levait de son bureau pour vous faire accueil, « mis plutôt comme un maréchal de France que comme un homme de lettres », disait Hume étonné, car il avait cette faiblesse d’aimer la parure, qui fut la faiblesse de tant de grands hommes. […] Flourens, qui voudrait couvrir de sa tête tout entière, comme on couvre de sa poitrine celui qu’on aime, les erreurs de Buffon, ces erreurs qui sont souvent grandioses, — « et j’aime mieux, à tout prendre, une conjecture qui élève mon esprit qu’un fait exact qui le laisse à terre… J’appellerai toujours grande la pensée qui me fait penser. »« C’est là le génie de Buffon, ajoute-t-il encore, et le secret de son pouvoir, c’est qu’il a une force qui se communique, c’est qu’il ose et qu’il inspire à son lecteur quelque chose de sa hardiesse. » Et pourtant, est-ce que les paroles de M.
Gérard, que j’aime autant que vous l’aimez », ajoute-t-elle à voix basse. […] Son père sait qu’elle l’a aimé et qu’elle l’aime encore ; M. […] Le petit duc n’aime pas sa femme et vit en complet divorce avec elle, mais il n’entend pas être remplacé. […] Nourvady aime Lionnette sombrement et passionnément. […] Son amant fait son devoir de galant homme, mais elle est bien sa maîtresse, elle s’est donnée à lui parce qu’elle l’aime et qu’il est riche.
Il aimait à faire plaisir. […] Je sais qu’on les aime. […] Arène aima mieux en jouir. […] Il aimait les arts. […] Il l’aimait du même amour dont il aimait la vermine et les ulcères.
Je crois qu’il l’aime et nous invite à l’aimer. […] La réalité suffirait, s’ils l’aimaient : ils ne l’aiment point. […] » Certes, Lisée n’aime pas la Guélotte : il aime son chien. […] Il aime à conter ; il aime moins à épiloguer sur son art. […] Gustave Geffroy, qui aime Cécile, aime aussi le peuple.
mais quelqu’un l’aime. […] Aime-t-il ? […] l’essence de Dieu, c’est d’aimer. […] à qui n’aura aimé que des corps, des formes, des apparences ! […] je ne donne pas à la mort ceux que j’aime !
Aime-t-on par respect ? […] Car nous aimons aimer entièrement, ou totalement haïr. […] Il a aimé son fils Drusus. Et il aime Séjan. […] On peut aimer, tout en connaissant bien ce qu’on aime.
. : on ne peut plus s’occuper que d’elle ; on en est possédé, enivré : on la retrouve partout ; tout en retrace les funestes images ; tout en réveille les injustes désirs : le monde, la solitude, la présence, l’éloignement, les objets les plus indifférents, les occupations les plus sérieuses, le temple saint lui-même, les autels sacrés, les mystères terribles en rappellent le souvenir32. » « C’est un désordre, s’écrie le même orateur dans la Pécheresse 33, d’aimer pour lui-même ce qui ne peut être ni notre bonheur, ni notre perfection, ni par conséquent notre repos : car aimer, c’est chercher la félicité dans ce qu’on aime ; c’est vouloir trouver dans l’objet aimé tout ce qui manque à notre cœur ; c’est l’appeler au secours de ce vide affreux que nous sentons en nous-mêmes, et nous flatter qu’il sera capable de le remplir ; c’est le regarder comme la ressource de tous nos besoins, le remède de tous nos maux, l’auteur de nos biens34… Mais cet amour des créatures est suivi des plus cruelles incertitudes : on doute toujours si l’on est aimé comme l’on aime ; on est ingénieux à se rendre malheureux, et à former à soi-même des craintes, des soupçons, des jalousies ; plus on est de bonne foi, plus on souffre ; on est le martyr de ses propres défiances : vous le savez, et ce n’est pas à moi à venir vous parler ici le langage de vos passions insensées35. » Cette maladie de l’âme se déclare avec fureur, aussitôt que paraît l’objet qui doit en développer le germe.
Elle croyait honorer encore ceux qu’elle avait aimés, et dont elle se voyait privée, en cultivant dans un âge avancé les facultés de son cœur. Trop faible pour se soutenir dans sa vieillesse par ses seuls souvenirs, elle ne crut pas qu’il fallût cesser d’aimer avant de cesser de vivre. […] Mme de Rémusat, aux heures de liberté que lui laissaient ses fonctions de service officiel, désormais fort ralenties, aimait à rester chez elle. […] J’aimerais à en conclure que même pour nous, et malgré nos plaintes habituelles, tout à cet égard n’est pas désespéré encore. […] On aime à voiries âmes plus douces, comme les plus orageuses, proclamer le besoin d’un même port.
J’aurais aimé que M. […] Mais, puisqu’il l’aime tant au fond, pourquoi, parlant du poète, prend-il si souvent un air d’apologie ? […] , n’a jamais compris ni aimé la femme, qui est inconscience, faiblesse et charme. […] De ce que le poète aime et sent plus de choses, en conclurons-nous qu’il les sente moins fort ? […] Pour Hermione, Roxane, Ériphile, Phèdre, elles aiment, elles souffrent, elles s’expriment comme des anges, elles sont prêtes à mourir : comment ne les aimerait-on pas ?
Cela, sans doute, ne comble pas mes vœux ; tout ce qui pourrait me plaire est à mille lieues de moi ; mais je ne veux point me contraindre, j’aimerais mieux rendre ma vie ! […] Ce passage où il les caractérise tous les trois est d’une belle touche et d’une peinture morale excellente : L’exemple de M. de Saint-Georges, dit-il, n’est fait ni pour vous, ni pour moi ; c’est un homme trop accompli ; il est gai, modéré, facile, sans orgueil et sans humeur ; il a une santé robuste ; il aime les sciences et la paix ; il est formé pour la vertu ; sa famille et ses affaires lui font un intérêt et une occupation ; son esprit déborde son cœur, le fixe et le rassasie ; il a le goût de la raison et de la simplicité, tout cela se trouve en lui, sans qu’il lui en coûte ; ce sont des dons de la nature ; il est formé pour les biens qu’elle a mis autour de sa vie ; les autres le toucheraient moins ; il a le bonheur, si rare, de jouir de tout ce qu’il aime, parce qu’il n’aime rien que ce dont il jouit. […] Mais, cette gloire que vous aimiez (pourrait-on vous dire), dont le goût était né avec vous, l’a-t-on dépouillée de ses charmes ? […] Arouet. » Il répond aussi, plus délicatement qu’à lui n’appartient, sur la poésie que Vauvenargues n’aime guère et dont il méconnaît les ressources propres et le secret mécanisme, utile par sa contrainte même à la pensée, et provoquant par la rime à l’image. […] [NdA] Me figurant Vauvenargues venu cinquante ans plus tard et dans les années de la Révolution, j’ai toujours aimé à le voir en idée à côté d’André Chénier et à peu près dans la même ligne politique.
Il s’attacha aussitôt à elle ; il l’aima. Il l’aurait aimée d’un sentiment plus vif que l’amitié, s’il y avait eu pour cette âme exquise un plus vif sentiment que celui-là. […] On a dit de Mme de Beaumont qu’elle aimait le mérite comme d’autres aiment la beauté. […] Cet esprit trop vif, qui ne savait pas marcher lentement, aimait à voler et à s’élever près d’elle. […] Enfin, il faut aimer la vie quand on l’a : c’est un devoir.
Ce qu’elle avait aimé tout d’abord dans Walpole, c’était sa liberté de penser et de juger. Elle aimait le vrai avant tout, et qu’on fût bien soi-même. […] On me permettra de citer encore ce passage, parce qu’on a accusé Mme Du Deffand de ne point aimer Plutarque, et que je suis sûr que, si elle ne l’a point aimé, c’est qu’elle a découvert un tant soit peu de rhéteur en lui : J’aime les noms propres aussi, dit-elle ; je ne puis lire que des faits écrits par ceux à qui ils sont arrivés, ou qui en ont été témoins ; je veux encore qu’ils soient racontés sans phrases, sans recherche, sans réflexions ; que l’auteur ne soit point occupé de bien dire ; enfin je veux le ton de la conversation, de la vivacité, de la chaleur, et, par-dessus tout, de la facilité, de la simplicité. […] Elle aime Walpole comme la plus tendre des mères aurait aimé un fils longtemps perdu et tout à coup retrouvé. […] Le fidèle secrétaire Viart, qui venait de l’écrire, ne put la relire tout haut à sa maîtresse sans laisser éclater ses sanglots ; elle lui dit alors ce mot si profondément triste dans son naïf étonnement : « Vous m’aimez donc ?
Il aime son camarade, le marchand de bois. […] Pourquoi Mathilde aime ce plébéien forcené ? […] » Voilà pourquoi Mathilde aime Julien. […] Il est de ceux qui aiment à nier. […] Il veut tout aimer pour tout comprendre.
Cependant il croit aimer ; mais ne s’abuse-t-il point ? […] Ce qui me plaît de ses lettres, c’est qu’elle vous aimait comme vous méritez d’être aimé. […] Mais est-il besoin d’en expliquer le charme à ceux qui ont aimé ? […] Je sens bien toute la misère de ma conduite ; mais je vous aime, et à quoi ne réduit point l’amour ! […] Laissez au monde l’exemple d’une personne qui sait aimer avec fidélité et se faire toujours aimer sans aucun art, mais peut-être plus aimable que qui que ce soit.
C’est qu’en cette poésie vibrent des accents d’un charme triste, auquel il faut être initié de naissance pour les comprendre et pour les aimer ; c’est que, sous ses rythmes en cristal de roche, ce rare poète, si peu soucieux de réclame et de « succès », connaît l’art de serrer le cœur ; c’est qu’il y a, chez lui, quelque chose d’attardé, de mélancolique et de vague, dont le secret n’importe pas aux passants. […] Par son vers, la forêt chante un hymne large ; elle chante un mélancolique conseil, les surates d’un Coran de renoncement, le monotone enseignement de l’inconscient bibliquement proclamé, ainsi qu’en témoignera, tant qu’on aimera les beaux vers, le Soir d’octobre, où le monotone ennui de vivre est en chemin, avec telle magnifique escorte de fatigue des ciels et de douceur fanée des sons. […] Et pourtant — ce pourquoi je l’aime et l’admire — il laisse parfois jaillir son émotion. […] Léon Dierx reste le poète le plus généralement aimé par elle. […] Quelques-unes de ses poésies, grâce à leur personnalité et à leur beauté, le désignent à ma profonde admiration, et son caractère fier et simple me le fait aimer.
Camille l’aimait-elle ? […] Il aime toujours Camille, et voilà que Camille se remet à l’adorer et qu’elle se laisse épouser sans rien dire. […] Il retrouve une jeune femme, Laurence, une artiste demi-galante, qui l’a aimé autrefois, quand il était étudiant. […] Toinette (c’est le nom de la jeune femme) est fort jolie, très ignorante, assez bonne, et elle aime son mari. […] Et Toinette aussi devient peu à peu meilleure… Le jour où son mari est renvoyé du ministère, elle sent combien elle aime le pauvre garçon.
« … Je vous ai dit ma pensée sur Mme Tastu : je l’aime d’une estime profonde. […] Je l’aime ; je la trouve souffrante et jamais moins courageuse. […] qu’il faille arrêter les élans d’un pauvre cœur qui bat toujours si vite pour ceux qu’il a aimés et qu’il aimera toujours ! […] Elle finit par être une fièvre qui tend la mémoire et rend plus douloureuse la fuite des jours loin des lieux qu’on aimait parce qu’on y a beaucoup aimé. — Ne vous ai-je pas dit que souvent je me lève pour aller chercher tel ou tel objet dans telle ou telle chambre où je ne le trouve pas ? […] Vous avez aimé l’innocence de son sourire… Elle l’avait encore en fuyant !
J’avais passé quelques mois avec lui, et, quoique je ne me fusse pas ouvert complètement à lui, je vis qu’il m’aimait comme homme et comme poète. […] L’enfant de la maison aime sa mère plus qu’un fils, mais il ne l’aime pas comme un amant. […] J’ai été homme de cheval, je n’ai jamais aimé ce qu’on appelle un cheval à deux fins. […] Mais ces hommes aimaient l’esprit, aimaient le talent, ils en avaient peut-être eux-mêmes, quoiqu’il soit plus sûr encore pour leur gloire, j’imagine, de ne nous être connus comme auteurs, Pollion, de tragédies, Gallus, d’élégies, que par les louanges et les vers de Virgile. […] « Virgile aimait trop la gloire pour ne pas aimer la louange, mais il l’aimait de loin et non en face ; il la fuyait au théâtre ou dans les rues de Rome ; il n’aimait pas être montré au doigt et à ce qu’on dît : C’est lui !
Le public n’aime pas précisément la raison, il aime les passions saines, ce que j’appellerai les justes passions, et l’on ne peut guère le condamner de les aimer. […] Il est l’homme qui aime le mal pour le mal, qui aime à faire le mal parce que faire du mal est amusant. […] Est-ce aimer que cela ? […] Dans certains romans modernes, à mesure qu’une femme s’aperçoit que celui qu’elle aime devient davantage un coquin, elle l’aime aussi davantage. […] Éliante « n’aime pas, elle apprécie ».
Eliante aime Alceste d’amour ; elle aime Philinte d’amitié, Philinte aime Eliante d’amitié amoureuse. […] On peut ne pas aimer la comédie, on peut ne pas aimer à en faire, et j’aurais plutôt penchant pour ceux qui n’aiment pas beaucoup à l’entendre et qui n’ont aucun goût pour en écrire. […] Reconnaissez-le ; le berneur aime toujours sa berne. […] Il s’emporte contre eux, et il les aime ; il leur dit de dures vérités, et il les aime ; il les fustige, et il les aime. […] Enfin Rousseau aime la vertu, et il l’aime un peu active ; il aime un peu qu’elle s’affirme ; et je ne dissimulerai pas que, poussant un peu plus loin, il l’aime un peu déclamatoire.
Ainsi, tout s’est passé dans les termes de la concorde et de la paix, ou, si l’on aime mieux, avec tous les honneurs de la guerre. […] Mais s’ils en ont eu à quelque moment l’idée ou la velléité, ils n’ont pas osé ; ils n’ont pas assez aimé la pure chose universitaire jour cela. […] À tout moment, en le lisant, on se redit les vers d’Horace ou de Lucrèce, si bien traduits par Molière, sur les illusions particulières aux amants qui donnent un joli nom à chaque défaut de la personne qu’ils aiment : Et dans l’objet aimé tout leur devient aimable ! […] Il n’en parle pas comme un juge ni comme un critique, mais comme un rival : « Elle n’a aimé véritablement qu’une seule personne, La Rochefoucauld », dit-il de Mme de Longueville ; et cela le mène à dire : « Je ne m’en défends pas, je n’aime pas La Rochefoucauld… » Dans cette véritable diatribe contre La Rochefoucauld, M. […] Cousin aime mieux le grandiose que le fin, et s’il n’y prend garde, il va à la solennité aisément ; il exagère.
Il n’est pas de ces esprits qui cherchent en toute étude autre chose qu’elle-même ; il est droit, il aime le vrai, il l’aime avant tout. […] La conclusion diffère en ce que, chez l’abbé Prévost, Manon finit par être touchée du dévouement de son chevalier et par s’élever à sa hauteur, tandis que Carmen, à partir d’un certain moment, sent se briser son féroce amour et n’aime plus. […] Frédéric aime une jeune fille, et elle-même l’agrée et l’accueille du premier jour ; mais ils se prennent, se quittent plus d’une fois, puis se retrouvent encore avant de s’apercevoir qu’ils s’aiment réellement et de passion. […] Dans Emmeline de même : cette vive, espiègle et rieuse personne, et qui pourtant a un cœur, se prend d’un premier amour de jeune fille, qui la rend mélancolique d’abord ; mais, sitôt qu’elle a aimé et qu’elle a épousé l’homme qu’elle aime, la gaieté revient : « Il semblait que la vie d’Emmeline eût été suspendue par son amour ; dès qu’il fut satisfait, elle reprit son cours, comme un ruisseau arrêté un instant. » Ne cherchez point chez M. […] Mérimée : je crois voir des cœurs légers et qui voltigent, et pourtant qui aiment.
Ils ont pipé les niais de leur époque avec du sucre ; ceux de maintenant aiment le poivre : va pour le poivre ! […] Vos discours sont très beaux, mais j’aime mieux des roses… Voyez toute la pièce. […] — D’Albert aime la beauté et n’aime qu’elle ; mais il l’aime à un degré où il devient à peu près impossible de la rencontrer, et lorsqu’il aura l’air d’aimer quelque être qui lui en offre une certaine image, il sentira que ce n’est là qu’un prétexte et un fantôme, et que réellement il n’aime pas. […] Son effréné désir serait de remonter le cours des âges, de faire rebrousser le fleuve de l’humanité, D’Albert aime l’impossible, et il s’y acharne. […] Je pourrais noter, comme dans un opéra, nombre de ces beaux airs ou de ces hymnes : Si tu viens trop tard, ô mon Idéal, je n’aurai plus la force de t’aimer, etc. ; Ô Beauté, nous ne sommes créés que pour t’aimer et t’adorer à genoux, etc.
Il est à remarquer, à ce propos, que Condé aimait et pleurait comme guerrier les amis qu’il eût vus mourir autrement sans les regretter peut-être. […] C’étaient surtout les romans qu’elle aimait. […] C’est au nom du roi, et comme sous son invocation, qu’on s’aime et qu’on ose à la fin se l’avouer. […] Elle en passa par tout ce qu’on voulut pour revoir celui qu’elle aimait. […] Elle aime surtout la grandeur, elle aime la gloire ; elle s’y méprit souvent ; elle a toutefois des mouvements de fierté, d’honneur et de bonté, dignes de sa race.
… — moi qui ne vaux rien que seul et inconnu, moi qui n’aime et n’aimerai peut-être plus jamais rien que la solitude et le sombre plaisir d’un cœur mélancolique. — Mais il faudrait des événements et des sentiments pour appuyer cela ; il faudrait au moins des études sérieuses pour me rendre témoignage à moi-même. […] Je ne connais rien qui doive être plus doux que de se promener à cette heure-là avec une femme aimée. » Pauvre Farcy ! […] C’est qu’en effet il ne lui a manqué d’abord qu’une femme aimée, pour entrer en pleine possession de la vie et pour s’apprivoiser parmi les hommes. […] La tête, chez lui, sollicitait le cœur ; et il se portait en secret un défi, il se faisait une gageure d’aimer. […] « Oui, s’écria-t-il, je vous ai offensée, je le sais bien ; oui, je suis rude, grossier ; mais je vous aime, Hélène ; oh !
Sans rien nous dire, nous nous proposions de les marier quand ils auraient l’âge et l’envie de s’aimer autrement. Comment ne se seraient-ils pas aimés ? […] Si vous en voulez savoir plus long, il faut que l’aveugle vous le raconte à son tour, ou bien Fior d’Aliza elle-même, car, pour ce qui concerne la justice qui vint se mêler de nos affaires et nous ruiner, Antonio comprend cela mieux que moi ; et, pour ce qui concerne l’amour avec son cousin Hyeronimo, rapportez-vous-en à la jeune sposa ; c’est son affaire à elle, et je ne crois pas que, de notre temps, on s’aimât comme ils se sont aimés… — Et comme ils s’aiment, dit, en reprenant sa belle-sœur, l’aveugle… — Et comme ils s’aimeront, murmura tout bas entre ses dents la fiancée. […] Ce fut bien là le malheur ; ces enfants s’aimaient trop pour que la fille devînt une grande dame de Lucques, et pour que le garçon fît une autre fortune que dans le cœur d’une fille des châtaigniers. […] Il n’aimait pas que ces sbires rôdassent sans cesse ainsi autour de nos limites.
Mazarin ne versait point de sang ; il en a peu répandu, c’est qu’il aimait mieux sucer en détail celui de tous. […] À partir de ce jour, il déclara qu’il aimait mieux le repos, l’étude, ou visiter ses malades, que d’aller en justice. […] Dans un tel champ il retrouvait tout naturellement devant lui les adversaires qu’il aimait à draper. […] Je n’aime point qu’on fasse tant de livres De venenis par la même raison. J’ai toujours en vue le bien public ; je n’aime point ceux qui y contreviennent.
Les préceptes qu’il donne pour leur plaire et les intéresser en causant, sont le résultat le plus consommé de l’expérience : Dans leur conversation, songez bien à ne les tenir jamais indifférentes ; leur âme est ennemie de cette langueur ; ou faites-vous aimer, ou flattez-les sur ce qu’elles aiment, ou faites-leur trouver en elles de quoi s’aimer mieux ; car, enfin, il leur faut de l’amour, de quelque nature qu’il puisse être ; leur cœur n’est jamais vide de cette passion. […] J’ai quelquefois entendu demander pourquoi j’aimais tant à m’occuper de ces femmes aimables et spirituelles du passé, et à les remettre dans leur vrai jour. […] Vous avez été aimée des plus honnêtes gens du monde, et avez aimé autant de temps qu’il fallait pour ne rien laisser à goûter dans les plaisirs, et aussi juste qu’il était besoin pour prévenir les dégoûts d’une passion lassante. […] On aime à sentir l’aise et le repos. […] Vous retournez à la jeunesse : vous faites bien de l’aimer.
On se devait à soi-même d’aimer en un lieu de renom. […] Cet abbé Tallemant, qui est resté pour nous le sec traducteur du français d’Amyot, n’aimait pas notre Tallemant et lui portait envie. […] Ô le grand don de Dieu que d’aimer la lecture ! […] Il s’entête, et d’assez méchant goût ; il aime mieux Claudien que Virgile. […] J’aime bien mieux le bon Tallemant que le Bussy.
N’allez pas lui parler des choses qu’il aimait le mieux il n’y a qu’un moment : par la raison qu’il les a aimées, il ne les saurait plus souffrir. […] Il a besoin de tout le monde ; il aime, on l’aime aussi ; il flatte, il s’insinue, il ensorcelle tous ceux qui ne pouvaient plus le souffrir ; il avoue son tort, il rit de ses bizarreries, il se contrefait ; et vous croiriez que c’est lui-même dans ses accès d’emportement, tant il se contrefait bien. […] Pourvu qu’il dorme, qu’il rie, qu’il adoucisse son tempérament, qu’il aime les jeux de la société, qu’il prenne plaisir à aimer les hommes et à se faire aimer d’eux, toutes les grâces de l’esprit et du corps viendront en foule pour l’orner. » Mais après les avertissements et les réprimandes, voici les satisfecit aussi bien imaginés, aussi bien tournés dans leur genre, et de la plus fine louange. […] qu’il aime les doux jeux de l’esprit ! […] Qu’il soit bon, qu’il soit sage, bienfaisant, tendre pour les hommes, et aimé d’eux !
Ne pouvant, d’une façon si courante, embrasser un grand écrivain au complet et dans toute son étendue, j’aimerais ainsi du moins à l’atteindre selon l’occasion, à le présenter par chapitres, par épisodes. […] Haï des uns, et le leur rendant, il avait besoin d’être aimé et caressé des autres. […] La première quinzaine fut véritablement la lune de miel ; elle admire tout, elle aime tout. […] — Il aime à en faire avec passion, ajoute Mme de Graffigny, et la belle dame le persécute toujours pour n’en plus faire. […] Elle a deux qualités du moins : elle aime ses amis avec sincérité et effusion, et elle a cette sensibilité qui comprend le malheur pour l’avoir tant éprouvé.
Sa mère, qui l’aimait beaucoup, mais qui était belle comme le jour, séjournait, tantôt à Londres, tantôt à Saint-Pétersbourg ou à Dresde, jouant la comédie. […] Les femmes que Casanova a le plus aimées, et qui l’ont le plus aimé aussi, ne meurent pas, ne menacent pas ; je ne dis point qu’elles l’oublient ni qu’elles se consolent entièrement ; mais elles lui promettent au départ de vivre et de tâcher d’être heureuses dans leur tristesse, de même qu’elles lui font promettre d’être heureux à son tour, et d’aimer encore, et de les oublier. […] Heureuse celle que tu aimeras après moi ! […] Et comme Lucrezia avait une plus jeune sœur, qui, s’apercevant de son amour, la blâmait et la plaignait ; comme cette sœur, qui n’aimait pas le jeune abbé, allait se marier et se fixer à Rome, la belle amante dit un jour : « Mon ami, mon bonheur ne saurait durer longtemps ; nos affaires se terminent, je touche au moment cruel où il faudra que je me sépare de toi. […] Je désire que tu aimes encore et même que ta bonne fée te fasse trouver une autre Henriette.
Un certain Raphaël aime une danseuse, la Camargo. […] Un jeune cavalier aime Portia, il en est aimé. […] L’âge où vous vous aimiez ! […] J’aime, et je veux pâlir ; j’aime, et je veux souffrir ; J’aime, et pour un baiser je donne mon génie ; J’aime, et je veux sentir sur ma joue amaigrie Ruisseler une source impossible à tarir. […] Il est trop tard pour l’aimer.
Il faut les convaincre que nous les aimons tout simplement parce qu’ils sont des hommes comme nous ; et je ne sais qu’un moyen de les en convaincre, c’est de les aimer en effet. Les aimer… cela ne va pas tout seul. […] Nous ne croyons pas, dis-je, à ce conte de ma mère l’Oie, mais nous l’aimons. […] On m’aimait bien, on me prenait très au sérieux. […] À moins de supposer que les pasteurs sont réellement de bois, comme ils paraissent quelquefois, ne sont-ils pas sujets à aimer leurs femmes de la façon dont Mikils aime la sienne ?
J’eusse aimé à le faire pour M. […] Il dira plus tard quand il verra Rome : « Je n’aime pas Rome, cela sent le mort. » La tradition ne lui est de rien ; le passé ne lui fera ni poids et gêne, ni contre-poids. […] La composition n’est rien dans Émile ; ce sont des feuillets épars, des fragments écrits jour par jour, à celle qu’il aime, à Mathilde, fille d’un général ami de son père et qu’il a l’espérance d’épouser, si une demande bien tardive d’adoption est accueillie et si l’Arrêt qui doit prononcer de son sort lui est favorable. […] Je note dans Émile quantités de pensées délicates et pures sur les femmes : « La femme qui vous aime n’est qu’une femme ; celle que nous aimons est un être céleste dont tous les défauts se cachent sous le prisme à travers lequel il vous apparaît. » Ou encore : « Une femme dont on est aimé est une vanité ; une femme que l’on aime est une religion : vous serez tout pour moi, existence, vanité, religion, bonheur, tout. » « Les femmes, qui sont si habiles en dissimulation, feignent plus adroitement que nous un sentiment qu’elles n’éprouvent pas ; mais elles cachent moins bien que les hommes une affection sincère et passionnée, parce qu’elles s’y adonnent davantage. » Sur le bienfait, qui produit des effets si différents selon la terre qui le reçoit, selon les cœurs sur lesquels il tombe : « Toutes les fois que le bienfait ne pénètre et ne touche pas le cœur, il blesse et irrite la vanité. » Sur le désabusement qui vient si tôt, qui devance les saisons, et qui n’est pas même en rapport avec la durée naturelle de la vie : « Il y a un certain âge dans la vie où l’exaltation n’est plus possible ; la sensibilité peut être assez profonde pour assister au spectacle de tant de maux et de tant de douleurs sans être entièrement usée, mais l’exaltation n’a jamais résisté à l’expérience du cœur humain. […] Ces deux hommes d’ailleurs, également courageux et sans peur, marchant également tête haute et la poitrine en dehors, aimaient la liberté, mais différemment : l’un, qui n’a pas donné son dernier mot et dont on ne peut que deviner l’entière pensée tranchée avant l’heure, aimait la liberté, mais armée, glorieuse, imposante, et, pour tout dire, la liberté digne d’un consul : — il faut convenir aussi que cette forme a bien de l’éclat et de l’attrait ; — il aimait la liberté réglée par les mœurs, par les lois mêmes, la liberté organisée et peut-être restreinte ; l’autre aimait et voulait la liberté complète, cosmopolite, individuelle au suprême degré dans tous les genres, civile, religieuse, intellectuelle, industrielle, commerciale, à la manière d’un Hollandais, d’un Belge ou d’un citoyen de New-York : le plus Américain des deux n’était pas celui qui croyait l’être.
Elle se représente à nous (dans ses Entretiens) comme laborieuse, active, levée dès six heures du matin, prenant chaque occupation à cœur par inclination naturelle, non par intérêt, et, en ce qui était des femmes de ses amies, tenant à les obliger aussi pour se distinguer, pour s’en faire aimer, et par un esprit d’amour-propre et de gloire : Dans mes tendres années, dit-elle, j’étais ce qu’on appelle un bon enfant, tout le monde m’aimait : il n’y avait pas jusqu’aux domestiques de ma tante qui ne fussent charmés de moi. […] Les femmes m’aimaient parce que j’étais douce dans la société, et que je m’occupais beaucoup plus des autres que de moi-même. […] Je ne voulais point être aimée en particulier de qui que ce fût ; je voulais l’être de tout le monde, faire prononcer mon nom avec admiration et avec respect, jouer un beau personnage, et surtout être approuvée par des gens de bien : c’était mon idole. […] Aima-t-elle Louis XIV ? […] Il semble pourtant que, des deux, ce fut lui encore qui l’aima le plus, ou, du moins, à qui elle était le plus nécessaire.
Ceux qu’on aime. […] Henry Murger est un de ces écrivains qui se font aimer. […] Je les aime riant, je les aime pleurant, je les aime naïfs et railleurs, ces artistes. […] J’aime l’intérieur allemand de Mozart et le ménage bourgeois de Corneille. […] Vous leur refusez les moyens d’aimer légalement et pour la vie, vous n’avez pas le droit de les blâmer d’aimer en dehors des lois et au jour le jour.
Ils l’aiment en psychologues et en peintres. […] Mais leur marque, c’est de l’aimer par-dessus tout et d’en chercher la suprême fleur. […] Cependant une ancienne maîtresse de Barnier, qu’il a beaucoup aimée, vient mourir à l’hôpital. […] J’aimerais qu’elle continuât de souffrir silencieusement et de prier toute seule. […] Ceux qui les aiment, les aiment chèrement et peut-être, comme il arrive, pour ce qu’ils ont de contestable et d’inquiétant.
Le succès, dans ses caprices, va quelquefois au pur mérite, au talent modeste et caché ; il va même au talent absent et disparu qui, vivant, s’ignorait en partie ou qui avait aimé à ne pas se faire connaître. […] Mais pour moi, et dans le genre de cadre plus resserré que j’aime, ces contrastes sont déjà trop lointains, et j’en veux prendre un plus à notre portée. […] Eugénie, plus âgée que Louise, l’aime beaucoup, l’aime comme une jeune sœur, la croit par moments un peu inégale en amitié, ne cesse pourtant de la chérir, et doucement, la voyant si légère avec sa couronne de seize ans, la sermonne un peu jusqu’à ce que Louise, à son tour, finisse par devenir elle-même sérieuse, posée, recueillie, et se laisse entrevoir à nous dans un coin du salon lisant par goût du saint Jérôme. […] Si je vous ennuie, dites-le moi, mais je vous aime trop pour ne pas vous dire ce qui vous manque pour être heureuse : c’est la piété. […] J’en aime fort la gracieuse coupe et ces petits nuages blancs çà et là comme des coussins de coton, suspendus pour le repos de l’œil dans cette immensité.
L’érudit cherche la vérité pour elle-même : il l’accepte et l’aime toute seule et toute nue. Il l’aime, non seulement en dehors de toute application pratique, mais il l’aime quelle qu’elle soit, et même négligeable et stérile. […] Il faut aimer les érudits, leur pardonner leurs petits travers, leurs étroitesses de spécialistes et leur vue de myopes. […] Et d’abord il aime sa patrie presque autant que la vérité. […] Gaston Paris : il nous fait aimer aussi le moyen âge.
Et si quelqu’un s’étonne comme d’une merveille, et demande d’où vient cette poëtesse nouvelle, il saura qu’elle a aussi rencontré, pour son malheur, un Phaon aimé, terrible et inflexible ! […] Il n’est pas possible, à un certain endroit, de méconnaître le rapport de la situation décrite avec ce qu’exprimeront tout à côté les sonnets de Louise : « En somme, dit-elle ici par la bouche de Mercure, quand cette affection est imprimée en un cœur généreux d’une Dame, elle y est si forte qu’à peine se peut-elle effacer ; mais le mal est que le plus souvent elles rencontrent si mal, que plus aiment et moins sont aimées. Il y aura quelqu’un qui sera bien aise leur donner martel en teste, et fera semblant d’aimer ailleurs, et n’en tiendra compte. […] Elles appellent folles celles qui aiment, maudissent le jour que premièrement elles aimèrent, protestent de jamais n’aimer ; mais cela ne leur dure guère. Elles remettent incontinent devant les yeux ce qu’elles ont tant aimé.
Elle aima son mari, voilà toute sa gloire ; mais elle l’aima avec l’abandon, la résignation, la grandeur, la simplicité et la fidélité après la mort d’une héroïne de Corneille. […] Bon de cette bonté qui tue ceux qui aiment, Montmorency la tua tous les jours de sa vie. […] Et il n’y a pas que cette touchante histoire d’une femme qui aima, dans la Madame de Montmorency de Renée. […] Il aime aussi un peu trop tout ce qu’elle aimait. […] La Vallière a l’attrait de ses fautes pour faire aimer sa vertu.
Mais il a mieux aimé nous tenir éveillés. Il a mieux aimé être agréable, être piquant, et même çà et là surprenant, sur des sujets usés et aplatis par le rouleau de tant de pédants qui passe dessus depuis des années ! […] Madame de Sévigné, en effet, ce type exquis de la Française, est de toutes les femmes du monde la plus détestable à aimer. […] Quand il boude, elle lui tend l’appeau de ses beaux bras, frais comme l’indifférence, et que le pauvre timbré aimait à baiser ! […] Mais j’aime mieux madame de Maintenon, et je la respecte davantage.
Il n’osait tendre les bras, celui qui te rêva le mieux, celui qui le mieux te devinait, celui qui t’a le mieux aimée… YELDIS. […] Griffin la générosité, par élans, à travers son amour de l’action qui lui fait aimer l’homme ; chez M. de Régnier une certaine pitié de l’homme pour l’homme — et assez puissante chez lui, bien que sous une apparence de réserve un peu dédaigneuse, parce qu’elle se nourrit fortement de son pessimisme. […] Mais son propre rythme le guide ; et, d’avoir un instant placé son terme dans la Vie, il devine enfin l’ampleur de la Vie, il voit la Vie et la voit éternelle en ses principes d’activité et d’amour. « Crée donc en la vie, tu créeras en l’éternité, et aime, aime la vie qui continuera ton œuvre ». […] Aime et agis pour être selon la vie, aime et agis pour être selon toi-même ; aime et agis pour la Joie d’être. » Pour M. de Régnier rien n’est que les Idées, si j’ai bien lu ses livres. […] Au point de vue même de leurs idées philosophiques, ils représentent bien les deux courants principaux où la pensée des poètes récents aime à se laisser dériver.
Elle était d’ailleurs catholique de cœur et d’inclination ; elle aimait les cérémonies, les signes extérieurs et la décoration du culte : « J’aime les curés, les croix, les cloches, les moines, les images, les chapelles et tous les saints. […] Victor de Tracy, fils de l’illustre philosophe, et lui-même si distingué par un ensemble de qualités et de vertus qu’il a portées dans la carrière publique et qu’il aime à pratiquer dans la vie privée. […] La jeune fille aime passionnément la nature ; elle la sent dans toutes ses créations, dans les fleurs, dans les arbres, dans les oiseaux. […] Quant à moi, lors même que j’en aurais le pouvoir, j’aimerais mieux continuer de marcher vers la fin que de revenir en arrière. […] Elle a su rendre agréable et faire aimer une nature qui lui était si dissemblable, mais qu'elle embrasse par des côtés imprévus.
Ainsi, ne pouvant changer mon cœur, il faut se conformer à vos maximes, qui sont peut-être d’aimer, en gardant un parfait silence. […] Elle aime, elle l’avoue avec simplicité, et elle craint aussitôt d’ennuyer et d’en avoir trop dit. […] Il n’est rien sur la terre qui puisse m’être sensible que d’être aimée de vous. […] Expliquez, je vous prie, à votre cœur tout l’embarras du mien, et dites-vous souvent que vous êtes, de tous les hommes, le plus tendrement aimé. […] Elle vécut assez pour voir celui qu’elle avait aimé renoncer à tout ce qui était du chrétien et du chevalier, à tout ce qui avait fait, à un court moment, son orgueil d’épouse.
Mais, dira-t-on, s’aimer n’est pas propre au seul utopiste. […] L’honnête homme aime la vertu comme on aime son devoir ; l’utopiste l’adore. […] On ne l’aime qu’en se gênant, de l’amour qu’on s’ôte à soi-même. […] Rousseau n’aime pas, car il ne respecte pas celle qu’il aime. […] On n’aimait guère la nature au dix-huitième siècle.
Il est amoureux, il est fidèle, dit-il, mais ce n’est point en vertu d’un téméraire espoir : Que la terre à mes pieds s’ouvre pour m’abîmer, Si je cherche en l’aimant que le bien de l’aimer ! C’est là tout mon désir ; car enfin si je l’aime, C’est seulement pour elle, et non pas pour moi-même. […] Par le plus grand bonheur du monde j’ai recouvré un portrait de la personne que j’ai la mieux aimée, combien y a-t-il ? […] Ami de Tallemant des Réaux presque autant que de La Fontaine, il aimait l’historiette, l’anecdote, le bon conte, mais il s’arrêtait en chemin et n’allait pas jusqu’à le mettre en vers. […] Louis Paris paraît croire qu’il faut écrire hombre le jeu de cartes, au lieu d’ombre ; mais j’aime mieux ce dernier sens tout naturel et si d’accord avec les goûts de Maucroix, umbratilis vita.
Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. Il aimait la grange et les écuries ; il aimait le père Rouault qui lui tapait dans la main en l’appelant son sauveur ; il aimait les petits sabots de Mlle Emma sur les dalles lavées de la cuisine : ses talons hauts la grandissaient un peu, et quand elle marchait devant lui, les semelles de bois, se relevant vite, claquaient avec un bruit sec contre le cuir de la bottine. […] Léon, au fond, n’est pas grand-chose ; cependant il est jeune, il a l’air aimable, il croit aimer. Elle croit, par moments, aimer aussi. […] Elle aime follement Rodolphe, elle se jette à sa tête et ne craint pas de se compromettre pour lui.
Il aime des femmes de tous les types et de tous les genres de beauté dans tous les pays du monde : Aziyadé, Rarahu, Pasquala, Fatougaye : et chaque fois il connaît l’orgueil et le délice d’être aimé absolument, jusqu’à la mort. […] Il suppose un don qui ne s’est entièrement développé que très tard dans l’aveugle et routinière humanité : le don de voir et d’aimer l’univers physique dans tous ses détails. […] Certes, j’aime les romans de Loti pour bien d’autres raisons ; mais je les aime aussi pour cette idée dont ils sont tout imprégnés, que l’âme d’un pêcheur ou d’une paysanne bretonne a mille chances d’être plus intéressante, plus digne d’être regardée de près que celle d’un chef de division, d’un négociant ou d’un homme politique. Si je ne puis être de ces privilégiés qu’on appelle des artistes et qui reflètent en eux et décrivent ce qui s’agite à la superficie de la terre, j’aime mieux être de ceux qui vivent tout près d’elle et qui en sont à peine sortis. […] A peine ai-je su dire que je l’aimais.
J’aime bien mieux sa prose que ses vers. […] Elle aimait Molière comme elle aimait M. le prince de Condé, sachant très bien que des amitiés pareilles lui feraient pardonner ses amours. […] le sacrifice est une grande façon d’aimer. […] le malheureux, n’était-ce pas pour approcher encore de celle qu’il aimait toujours, pour lui dire encore : Je vous aime ! […] Donc aimez-la, pour ses beaux jours remplis de bienveillance et de sourires ; aimez-la pour sa vieillesse élégante et sage, pour son parler, pour son esprit, pour son langage ; aimez-la, parce qu’elle a beaucoup aimé !
C’est qu’il l’aimait, il l’aimait de toute la passion d’un homme plus âgé pour une jeune fille séduisante, irrésistible. […] Il y a deux sortes de gens : ceux qui aiment et ceux qui se laissent aimer. Molière était plus aimant qu’aimé. […] Ils aiment généralement parce qu’ils n’aiment pas profondément. […] Voilà bien pourquoi nous l’aimons, et ce serait peu de l’aimer, voilà pourquoi nous le préférons.
Le critique, et même le lecteur français, ne s’inquiète plus de ce qui lui plaît, de ce qu’il aimerait naturellement, sincèrement ; il s’inquiète de paraître aimer ce qui lui fera le plus d’honneur aux yeux du prochain. […] Ils aiment une personne de rencontre, mais ils cherchent toujours plus loin, au-delà ; ils veulent sentir fort, ils veulent saisir l’impossible, embrasser l’infini. […] Il y a de lui une frayeur que j’aime mieux dans les premières éditions, et qui y est beaucoup mieux motivée. […] si jamais on aima sur la terre. […] Il aime en toute chose qu’on ne garde pas sur le cœur ce qu’on pense.
. — Cléon est encore à cet égard un bien plus brillant spectacle ; toutes les prétentions à la fois sont entrées dans son âme ; il est laid, il se croit aimé, son livre tombe, c’est par une cabale qui l’honore, on l’oublie, il pense qu’on le persécute ; il n’attend pas que vous l’ayez loué, il vous dit ce que vous devez penser ; il vous parle de lui sans que vous l’interrogiez, il ne vous écoute pas si vous lui répondez, il aime mieux s’entendre, car vous ne pouvez jamais égaler ce qu’il va dire de lui-même. […] Mais puisque la vanité est une passion, celui qui l’éprouve ne peut être tranquille ; séparé de toutes les jouissances impersonnelles, de toutes les affections sensibles, cet égoïsme détruit la possibilité d’aimer, il n’y a point de but plus stérile que soi-même ; l’homme n’accroît ses facultés qu’en les dévouant au dehors de lui, à une opinion, à un attachement, à une vertu quelconque. […] Les femmes animent ainsi contre elles les passions de ceux qui ne voulaient penser qu’à les aimer. […] Enfin, avant d’entrer dans cette carrière de gloire, soit que le trône des Césars, ou les couronnes du génie littéraire en soient le but, les femmes doivent penser que, pour la gloire même, il faut renoncer au bonheur, et au repos de la destinée de leur sexe ; et qu’il est dans cette carrière bien peu de sorts qui puissent valoir la plus obscure vie d’une femme aimée et d’une mère heureuse. […] Absorbées par cet intérêt, elles abjurent, plus que les guerrières du temps de la chevalerie, le caractère distinctif de leur sexe ; car il vaut mieux partager dans les combats les dangers de ce qu’on aime, que se traîner dans les luttes de l’amour propre, exiger du sentiment, des hommages pour la vanité, et puiser ainsi dans la source éternelle pour satisfaire le mouvement le plus éphémère, et le désir dont le but est le plus restreint : l’agitation que fait éprouver aux femmes une prétention plus naturelle, puisqu’elle tient de plus près à l’espoir d’être aimée ; l’agitation que fait éprouver aux femmes le besoin de plaire par les agréments de leur figure, offre aussi le tableau le plus frappant des tourments de la vanité.
je fais pour les aimer un inutile effort. […] Je les croyais faites, étant femmes, pour plaire et pour être aimées, et, cette destination étant la plus belle de toutes, je voulais qu’elles s’en souvinssent, même en écrivant. […] Vous aimiez la nature parce qu’elle apporte à ses fidèles l’apaisement et la bonté, et vous aimiez les beaux paysans et les beaux ouvriers parce qu’ils vous semblaient plus près de la nature, ô grande faunesse, fille de Jean-Jacques ! […] Les femmes elles-mêmes en conviendront : on général, elles n’aiment pas à lire les livres féminins. […] L’explication du mystère qui nous occupe serait peut-être dans ce passage de Milton où il est dit que l’homme « contemple » et que la femme « aime »… Et puis, au bout du compte, tout cela est trop général et n’explique rien.
Hippolyte vient de dire à Aricie qu’il l’aime, et que si elle l’aimait aussi, ça lui ferait beaucoup de plaisir. […] Je n’ai jamais aimé que vous et c’était une épreuve. […] Il aime ses amis et même l’humanité entière. […] — Et vous l’aimiez ? […] Elle l’aime !
Aimons, Louis le permet, Tout ce qu’Henri Quatre aimait. […] Et pourquoi faut-il aimer le peuple ? Parce que c’est la partie la plus nombreuse de l’humanité, et parce que, notre devoir étant d’aimer nos semblables (puisque c’est là encore nous aimer nous-même), c’est dans le plus grand nombre que nous devons aimer l’homme ou nous aimer véritablement nous-même. […] Il aimait surtout les plus malheureux. […] J’aurais aimé à connaître son histoire ; d’autres la raconteront sans doute.
» — Aimez les lettres, nous disait-il, aimez-les pour elles-mêmes, sans souci de l’avantage et de la gloire ! […] Elle aimait les fleurs, ma chère Annette, elle aimait l’espace, le silence, la solitude ; elle était jeune, de bonne humeur et de bon appétit. […] Il s’aimaient tant ! […] Il aimait le village, il aimait principalement le village de Cély ; il en savait les mœurs, les habitudes, les fêtes, les travaux, les plaisirs. […] Elle aimait l’argent de ses pratiques, encore plus qu’elle n’aimait leurs secrets.
Comme Socrate, il aimait les jeunes et les beaux pour les diriger à la vertu. […] Adieu, je vous aime comme vous le méritez, est-ce assez dire ? […] Il vint un temps où Mirabeau n’eût plus été admis à dire à Vauvenargues : « Aimez vos amis avec leurs défauts ; je vous passe trop de sagesse, passez-moi le contraire. » Ce n’est pas toujours le rôle de Vauvenargues de recevoir des conseils ; il aime et excelle à en donner. […] Ne songez-vous jamais que vous pourriez aimer ailleurs, être heureux, jouir de même, et faire servir vos plaisirs à votre fortune. […] Tout est Louvre avec ce que l’on aime.
» Elle aimait la simplicité, et, au besoin, elle l’aurait affectée un peu. […] Celui qu’elle aime le mieux est aussi le mieux grondé. […] Mais, comme lui, elle aime avant tout le repos, ou la marche sur un terrain uni. […] Je n’avais jamais aimé à être redressé auparavant ; maintenant vous ne pouvez vous imaginer combien j’y ai pris goût. […] Elle aimait à morigéner son monde, et elle faisait le plus souvent goûter la leçon.
Et très sensée et très sûre comme elle était, les plus honnêtes gens d’entre les initiés et les habiles, ceux que Retz appelle les d’Estrées et les Senneterre, aimaient à causer avec elle en passant. […] Il y avait dans son visage quelque chose de si agréable, qu’elle se faisait aimer de tout le monde ; mais elle était maigre et petite : elle avait même la taille gâtée ; et sa bouche, qui naturellement n’était pas belle, par la maigreur de son visage était devenue grande. […] Bien que Mme de Motteville aimât à se rappeler et à citer ces vers galants de son oncle : Et constamment aimer une rare beauté, C’est la plus douce erreur des vanités du monde, elle avait le cœur plus fait pour l’amitié que pour l’amour ; elle était faite en tout pour les sentiments réguliers et justes, et pour une égalité heureuse ; elle en a exprimé le vœu en plus d’un endroit. […] Dans toutes ses remarques sur la Cour, sur ce « délicieux et méchant » pays, « que l’on hait souvent par raison, mais que l’on aime toujours naturellement », je crois, en écoutant Mme de Motteville, entendre parler Nicole, mais un Nicole femme, plus agréable et adouci. […] S’il fallait trouver une parenté historique à Mme de Motteville, je la trouverais plutôt dans les Mémoires du sage chambellan Philippe de Commynes qu’elle aime à citer, et dont elle rappelle parfois les fruits de saine et judicieuse expérience.
Nous aimons, nous, que les femmes aient de la pudeur contre le succès et la gloire, et se voilent rougissantes, et par là plus charmantes, contre ces regards et ce jour. […] Aimez Dieu et gardez ses commandements, dit le précepte, et le reste vous sera donné comme par surcroît. […] Elle aime Dieu, avec quelle tendresse ! elle aime le prochain, avec quelle charité ! […] … Elle qui sait aimer Jésus-Christ, ne sera-t-elle pas tentée par ce qui doit ravir les âmes comme la sienne, qui comprend tous les plus violents miracles de l’amour ?
J’aurais mieux aimé qu’elle fût restée dans cette pénombre qu’avec son goût et son détachement de toute gloire, elle avait choisie. […] Plus il me bat et plus je l’aime ! […] Toujours, enfin, c’est la femme de bonne compagnie à son aise avec tout, avec ce qu’elle aime comme avec ce qu’elle respecte et qui même se permet de l’être avec Dieu ! […] la Sœur de Charité des vieillards, qui leur fait aimer leur vieillesse comme ils aimèrent leur jeunesse autrefois, et qui sait même la leur faire préférer ! […] En en risquant l’impertinence, j’ai voulu une dernière fois mettre à mes pieds tout ce qui rappellerait la littérature, alors que je parle d’une femme qui avait fini par mettre cette littérature aimée, sous les siens.
Elle aime à la folie le naturel et elle a le sien. […] C’est que Madame Du Deffand a aimé le monde et n’aime que le monde, et que le monde ne nous rend rien pour tout ce qu’il prend à nos âmes ! […] Elle aima trop le monde. […] Elle n’aime tant les lettres (« Je lirais la malle des courriers », disait-elle,) et elle n’y a si bien réussi que parce que les lettres sont des conversations fixées. […] Je n’aime point qu’une femme se tortille dans des mots comme celui-ci : « Je monte à cheval pour me faire peur », ou qu’elle joue à la froideur — cette fureur des hypocrites ou ce cynisme des impuissantes !
Avant d’avoir aimé, on ne vivait pas ; quand on n’aime plus ou qu’on n’est plus aimé, à peine a-t-on le droit de vivre encore. Cela seul, aimer, être aimé donne du prix à l’existence. […] Il a aimé Sylvia ; quand il ne l’aime plus, c’est Fernande qu’il aime. […] Ils ne sont pas coupables, ils s’aiment. […] Aimer et plaindre ne se séparent pas.
Il les a peu aimés. […] Et Cora aime aussi Alonzo. […] Il fut passionnément aimé d’elle, et assurément il l’aima. […] Ils s’aiment. […] Tu les auras trop aimées !
Isabelle aime Valère ; elle voudrait qu’il le sût. […] Valère sait donc qu’il est aimé, et il le sait par Sganarelle. […] Voilà Valère informé par écrit qu’il est aimé, et qu’Isabelle ne veut que lui pour mari. […] Là est cette scène si piquante, où, sans indiquer clairement Sganarelle ni Valère, Isabelle supplie celui qu’elle aime de la soustraire à celui qu’elle n’aime pas. […] Incapable d’aimer, elle n’a qu’une préférence de caprice entre des indifférents, et elle ne sait pas même respecter celui qu’elle préfère.
. — À pareil jour vint au monde un frère que je devais bien aimer, bien pleurer, hélas ! […] J’aime le mois de Marie et autres petites dévotions aimables que l’Église permet, qu’elle bénit, qui naissent aux pieds de la foi comme les fleurs aux pieds du chêne. […] Ne vous aimerais-je pas, mon Dieu, unique et véritable et éternel amour ? Il me semble que je vous aime, disait le timide Pierrey ; — mais pas comme Jean, qui s’endormait sur votre cœur. […] Tout cela je l’aime, je m’en savoure l’œil, je m’en pénètre jusqu’au cœur, qui tourne aux larmes.
Après le témoignage de force et d’intrépidité qu’il venait de donner, il reprit son discours avec la même douceur qu’auparavant ; il peignit l’amour des hommes et toutes les vertus avec des traits si touchants et des couleurs si aimables que, hors les officiers du temple, ennemis par état de toute humanité, nul ne l’écoutait sans être attendri et sans aimer mieux ses devoirs et le bonheur d’autrui. […] J’aime, en tout sujet que je traite, à augmenter, quand je le puis, ne fût-ce que d’un grain, le trésor de la tradition. […] » Il résolut alors de tout faire pour connaître celui dont la vue était un gage d’estime auprès de celle qu’il aimait : il s’informe, il court rue Plâtrière, monte au quatrième et frappe. […] C’est bien le même qui écrivait à son ami Coindet, de qui il appréhendait quelque supercherie pareille : « J’aime à profiter des soins de votre amitié, mais je n’aime pas qu’ils soient onéreux ni à vous ni à vos amis… Je vous crois trop mon ami pour prendre le bon marché dans votre poche ni dans celle d’autrui. » J’allais oublier de parler des lettres de Rousseau qu’on a recueillies dans ce volume. […] Voltaire aime l’humanité, et il affecte en toute occasion de mépriser le pauvre : Rousseau s’étonne de cette inconséquence, et la lui reproche doucement.
Au fond, il n’aime d’Augier que ses comédies en vers. De Dumas fils, il n’aime sincèrement que la Dame aux camélias, et un peu Diane de Lys ; le reste lui est désagréable. […] Weiss aime l’action. […] Il aime l’action, il aime la vie, il aime la force. […] Il n’aime pas seulement l’esprit, qui est, de toutes les façons de voir et d’exprimer les choses, celle dont on jouit le plus sûrement : il aime le romanesque, l’héroïque, l’impossible.
C’est un de ces Légers que j’aurais aimés dans tous les siècles, mais dont je raffole dans le mien ; car les Solennels, les Sérieux et les Puritains, m’ont absolument gâté le xixe siècle, et, anglais pour anglais, j’aime encore mieux les Mémoires de Gramont, par Hamilton, que les Mémoires de Guizot, par Guizot ! […] Pour toutes ces raisons, qui sont des lois dans la logique inflexible de nos organisations, Gustave Droz aime son enfant énergiquement, je n’en doute pas ! […] mais comme aiment les sens dans un homme. […] Et non seulement la femme du roman, l’héroïne du roman, n’aime point le prêtre qui est l’être supérieur du roman, comme elle en est l’être charmant ; mais elle aime son propre mari comme une honnête femme… qu’elle n’est pas cependant ; car pour être une honnête femme, dans la santé splendide de cœur et d’esprit que ce simple mot exprime, il ne faut pas mêler à son amour les idées et les dépravations qu’une société vicieuse a fait pénétrer dans les âmes ; or, c’est ainsi que madame de Manteigney aime son mari dans ce roman. […] L’Ange exterminateur qui nous punit de toutes les fautes de notre vie, disait madame de Staël, c’est l’être que nous aimons.
il aimait jusqu’au mal qu’elles lui faisaient. […] Mes deux filles m’aiment bien. […] Rastignac s’en laisse aimer. […] Le privilège de la femme que nous aimons plus qu’elle ne nous aime est de nous faire oublier à tout propos les règles du bon sens. […] Ne me demandez plus pourquoi j’aime la Touraine : je ne l’aime ni comme on aime son berceau, ni comme on aime une oasis dans le désert ; je l’aime comme un artiste aime l’art ; je l’aime moins que je ne vous aime ; mais sans la Touraine, peut-être ne vivrais-je plus.
Mais j’ai toujours refusé : ils m’aimaient, mais je ne les aimais pas. […] C’est vous que j’aime ! […] Vous aimez une femme, elle vous aime ; un beau jour elle cesse de vous aimer ; mais est-ce sa faute ? Est-ce qu’elle n’aime plus parce qu’elle ne veut plus vous aimer ? Est-ce qu’elle a aimé parce qu’elle voulait aimer ?
Il fut plein de résignation à la volonté de Dieu ; il l’aimait ardemment, ainsi que sa très sainte mère. […] Il n’en haïssait aucun, il les aimait tous. […] Ils n’aimaient ni le pape Pie VII, ni son ministre ; il fallait leur complaire et les réprimer. […] On voit après trente ans, dans son testament, qu’il légua (tout ce qu’il pouvait léguer) des sacrifices et des prières pour la famille de cet homme qui lui faisait aimer toujours ce qu’il avait aimé une fois. […] Il ne demandait à la Providence que de survivre assez de temps pour lui élever un tombeau qu’ombragerait le sien ; il en confia le dessin et l’exécution à Canova, qu’il aimait comme il avait aimé Cimarosa.
Prions pour eux, nous qu’ils ont tant aimé ! […] N’aiment-ils plus ? […] Ils ont aimé : c’est le sceau du pardon. […] le pauvre garçon, il aime trop le châtaignier pour cela. […] Les parentés sont dans le cœur, monsieur ; il y a bien des chrétiens qui ne s’aiment pas tant que nous nous aimons, nous, le chien, la chèvre et les moutons, sans compter le Ciuccio, l’âne qui broute là, devant les chardons aux fleurs bleues du ravin.
M. de La Rochefoucauld aimait les belles passions et les croyait du fait d’un honnête homme. […] Jeunes, nous aimons, nous admirons à chaque pas ; nous croyons aimer les autres : c’est notre jeunesse que nous aimons en eux. […] je l’ai trop aimé pour ne le point haïr ! […] Aimez-le, admirez-le, couronnez-le ! […] « Les femmes croient souvent aimer, encore qu’elles n’aiment pas : l’occupation d’une intrigue, l’émotion d’esprit que donne la galanterie, la pente naturelle au plaisir d’être aimées, et la peine de refuser, leur persuadent qu’elles ont de la passion, lorsqu’elles n’ont que de la coquetterie. »(Maximes.
Je l’ai aimée jusqu’au tombeau sans jamais songer qu’elle était femme : je l’avais vue déesse à Terni ! […] De tous ces familiers, ou aimables ou célèbres, que nous y avons aimés, admirés ou entrevus, elle était le lien : le lien brisé, le faisceau s’est dispersé. […] Ceux qui ne la connaissaient que de nom la pleurèrent ; ceux qui l’aimaient ne se consoleront jamais. […] Plaire, aimer, pardonner, ce fut toute sa vie : que ce soit aussi toute sa mémoire ! […] J’en voudrais avoir mille pour l’aimer comme elle mérite d’être aimée par ceux qu’elle aime !
André Gide quand il expose ses opinions critiques et j’aime à lire par-dessus son épaule ses souriantes Lettres à Angèle. […] J’aime chez M. […] Je sais des natures plus fortes chez qui le scepticisme a mué l’amour en dédain et en « froid silence », et celles-là je les aime plus fortement. […] André Gide, esprit fin, délicat et ingénieux, qui aime le talent comme un homme poli aime la politesse, mais que le génie blesse comme une offense personnelle. […] Un homme aime à la fois sa femme et sa maîtresse ; lui-même est aimé des deux côtés.
Vous dédiâtes L’Art d’aimer… Ce sont là de ses moindres défauts. […] Très amoureux dans sa première jeunesse d’une jeune fille qui aimait les vers, il avait été piqué de la tarentule, et, très bien guéri d’un mal (du mal d’aimer les jeunes filles), il ne s’était jamais guéri de l’autre. On ne saurait rien lui opposer ni lui reprocher à cet égard qu’il ne se fût dit cent fois à lui-même : J’ai le malheur, écrivait-il, d’aimer les vers, et d’en faire souvent de très mauvais. […] J’estime en vous le plus beau génie que les siècles aient porté ; j’admire vos vers, j’aime votre prose, surtout ces petites pièces détachées de vos Mélanges de littérature. […] Vous êtes la créature la plus séduisante que je connaisse, capable de vous faire aimer de tout le monde quand vous le voulez.
L’esprit humain, toujours curieux, aime à revenir quelquefois sur ces temps de son enfance ; mais quand on a jeté un coup d’œil sur des masures ou des palais gothiques, on aime ensuite à se reposer sur les grands monuments de l’architecture moderne. […] Qu’on ne s’étonne pas de ce mot : tous les peuples désirent que leur maître, soit grand, et aiment à se le persuader. […] On aime à voir aussi en 1609, un panégyrique adressé au duc de Sully ; il fut composé par un receveur des finances. […] Mornay et Sully purent blâmer l’excès de sa valeur, mais la nation aimait à s’y reconnaître ; la politique même le justifiait. […] Le citoyen obscur aime à décorer son appartement de cette image, comme il aime à voir le portrait d’un ami ou d’un père.
Larroumet aimait mieux induire lentement de faits multiples, emboiter le pas tranquillement à des jugements antérieurs qu’il reconnaissait vrais, que de jeter des aperçus mal vérifiés, ou d’étaler des fantaisies brillantes. […] J’aime mieux la méthode de Larroumet, c’est tout simplement la méthode historique. […] On n’aime pas cette posture pour l’homme qu’on admire. […] Il aime mieux, puisqu’on ne sait rien, ne pas conjecturer le pis : et quand d’autres soupçonnent Molière d’avoir épousé la sœur ou la fille de son ancienne maîtresse, et d’avoir été « sot » comme Arnolphe ne voulait point l’être, il est content de pouvoir acquitter, faute de preuves, le grand écrivain qu’il aime. […] Ce n’est pas cette mesure timide des gens de goût poli qui masquent ou nient volontiers les réalités laides, et qui aiment à voir en beau les écrivains dont ils s’occupent.
Observons-le encore, en lisant surtout les Lettres persanes : ce qu’il n’aime pas non plus, c’est la religion catholique. […] S’il dit : « si l’on croit que c’est par amour pour elle que l’on aime une femme, on est bien trompé », il ne dit point : « si une mère croit que c’est par amour pour lui qu’elle aime son enfant, elle se trompe ». […] Je n’ai jamais su lequel aimait le plus Proudhon, de celui qui y voyait une source inépuisable de vérités, ou de celui qui y voyait un océan de sophismes. L’un l’aimait comme un père spirituel à qui il devait reconnaissance du don de la vie ; l’autre l’aimait comme un homme à qui il devait de savourer continuellement sa supériorité intellectuelle ; l’un l’aimait avec dévotion, l’autre avec égoïsme ; l’un l’aimait de tout l’amour que l’on a pour l’être d’élection, l’autre de tout l’amour que l’on peut avoir pour soi-même ; et l’un était fier de se dire que, s’il rencontrait Proudhon, il le réfuterait et le confondrait assurément ; et l’autre de se dire que, s’il rencontrait Proudhon, il l’expliquerait à lui-même avec une clarté définitive. Et ils s’aimaient réciproquement, du reste : l’un étant heureux des occasions que lui donnait l’autre d’exposer la doctrine de son maître et de s’en pénétrer à nouveau ; l’autre étant heureux des occasions que lui donnait le premier de discuter comme avec Proudhon lui-même et de le terrasser par procuration.
Anatole France J’entends par bien aimer les vers, en aimer peu, n’en aimer que d’exquis et sentir ce qu’ils contiennent d’âme et de destinée ; car les plus belles formes ne valent que par l’esprit qui les anime. Que ceux qui aiment ainsi les vers lisent le livre de M.
Il y avait dans les dernières années de la Restauration un poète errant et des plus bohèmes, Franc-Comtois d’origine ou à peu près, resté de tout temps provincial, voué à l’Épître laudative et à l’Élégie, d’une verve facile et un peu banale dans son harmonie coulante, Aimé De Loy. […] Combien ] j’aime à dénicher ici tous ces petits berceaux de nos grandes renommées ! […] Ils ne vénèrent, il est vrai, que leurs illustres morts, et se montrent plus qu’indifférents pour les morts ordinaires, même pour les morts qu’ils ont aimés ; rien n’est odieux à mes yeux comme leurs cimetières de village ! […] Ici l’on passe ; là-bas où vous êtes, on existe, on s’aime, on s’apprécie, on se comprend, on se respecte jusques après la mort. […] Je l’aurais aimée comme une mère, et à vous en rendre jaloux, si mon âge ne m’avait pas permis de l’aimer comme une sœur.
Il aimait les grands seigneurs, il aimait les rois ; il voulait éclairer la société plutôt que la changer. […] Mais quelques-uns des ouvrages en prose de Voltaire sont déjà comme les Lettres provinciales : on en aime la tournure ; on en délaisse le sujet. […] La valeur, la mélancolie, l’amour, tout ce qui fait aimer et sacrifier la vie, tous les genres de volupté de l’âme sont réunis dans cet admirable sujet. […] Phèdre qui n’est point aimée, que peut-elle perdre dans la vie ? […] l’impression de cette situation est telle, que le spectateur ne pourrait la supporter, si Tancrède mourait sans apprendre d’Aménaïde qu’elle n’a jamais cessé de l’aimer.
… Annoncées depuis longtemps par quelques personnes qui l’avaient connu et aimé, ces œuvres disent mieux que l’amitié — et leur voix portera plus loin — les mérites exquis de ce poète qui, s’il eût vécu, aurait été grand. […] Il aimait beaucoup de choses avant la gloire ; car pour les esprits très hauts et très purs, il y a beaucoup de ces choses-là qui doivent passer avant elle. […] Ils sont comme les saints les plus aimés de Dieu, que l’on trouve, au fond de leurs tombes, avec des grâces de sommeil incomparables, tout vermeils et déjà parfumés du ciel. […] Nous l’espérons bien, la publication de son œuvre sera meilleure pour sa gloire, — cette gloire à laquelle il ne pensait pas, et qui, comme la Fortune, aime à venir s’asseoir à la porte de ceux qui dorment, hélas ! […] Sans doute, aux premiers coups qu’il donna de cette plume qui est un pinceau, il rappela l’homme qu’il avait d’abord aimé.
On n’oublie pas plus les poètes qu’on a lus que les femmes qu’on a aimées… Jules de Gères est un poète. […] Et puis, je n’aime pas les sonnets non plus. Je n’aime pas plus les sonnets que les sociétés de sonnettistes. […] J’ai toujours protesté contre la popularité actuelle de cette forme poétique, aimée des asthmatiques de cet imbécille temps de décadence, où les larges poitrines et les longueurs de souffle deviennent plus rares de plus en plus. […] L’âme, chez lui, tient encore une plus grande place… Il aime le soleil, mais il n’en est pas le Memnon.
Il est tout optimisme, absolument convaincu que tout doit contribuer au bien de ceux qui aiment Dieu et qui veulent le réaliser. […] D’abord, ils aiment l’Alsace6. […] Tu sais combien je les aime : mon père, ma mère et mes frères, mes sœurs. […] Le vieillard presque aveugle ne voyait pas ceux à qui il venait parler de « nos deuils » : « Vous savez tous vraisemblablement qu’au commencement de la semaine qui vient de s’écouler, j’ai perdu un fils mort pour la patrie, comme tant d’autres, dans la force de l’âge, alors qu’il avait toutes sortes de raisons d’aimer la vie et qu’il la faisait aimer aux autres. […] Je n’aime guère cette idée, à moins qu’on ne prenne le mot dans le sens antique consacré à.
C’est ton âme qui continue et qui suit sa pente d’aimer immortellement. » « (Le 27 décembre. 1855)… Je t’aime d’avoir souffert tout ce que je souffre, et d’être restée si tendre. […] Mais des choses que l’on déteste dans quelqu’un empêchent-elles de l’aimer ? […] Mme Duchambge aimait la lecture ; elle aimait à être au courant des choses de l’esprit, et même à s’instruire dans le passé. […] Aimes-tu les rubans ? […] « Tout ce que je vous dis de presque égaré vous prouve du moins une affection profonde, et que je vis d’aimer.
Mon habit est une des chansons qu’on aime le plus à citer. […] » — « Oui, je l’ai, répondait l’homme d’esprit, mais j’aimerais mieux la rêver que la voir. » Ce mot-là, il l’a bien dit. […] Béranger aime ce rôle de conseiller ; il le prend même quand on ne le lui offre pas. […] Je parle à M. de Pontmartin le langage qui lui est familier et qu’il aime. J’aime la sincérité en tout, et je n’aime pas les rôles.
On aime les chats comme on aime des objets — ou des dieux : on aime les chiens presque comme des hommes. […] la singulière façon d’aimer ! […] Votre aïeule Catherine nous admira et nous aima. […] J’aime mieux Thympreste. […] Mais quand on les aime !
Quel sort pourrait être comparé à celui de l’homme que vous aimerez ? […] Le prince commanda à Gérard un portrait de celle dont il ne pouvait aimer que le souvenir et emporter que l’image en Prusse. […] L’homme qu’il adorait alors était M. de Chateaubriand ; la femme qu’il cherchait pour l’aimer, il la trouva du premier coup d’œil dans madame Récamier. […] Le chaste attrait de madame Récamier ne s’adressait, en effet, qu’aux yeux et à l’âme ; Ballanche y vit un symbole de la beauté immaculée, il l’aima comme un philosophe aime une abstraction, il se sentit glorieux de s’attacher, sans aucun intérêt sensuel, à cette personnification de la beauté. […] Ses lettres, pendant qu’il est ministre, ne sont que des billets : les ambitieux ont-ils le temps d’aimer ?
La terre natale lui est clémente, apaisante : elle lui semble l’aimer, et il lui rend un fort amour. […] aimons donc, aimons vite. » Et ainsi de toutes les pièces : ont-elles un sujet ? […] Aimez ce que jamais on ne verra deux fois… J’aime la majesté des souffrances humaines766. […] Ainsi Eloa aime Satan, l’innocence se dévoue au péché, parce que, comme dit M. […] L’homme est plus grand que Dieu, car l’homme, au moins, peut se donner et mourir pour ce qu’il aime.
Il aima, il fut aimé ; mais, au moment de posséder l’objet promis, une mère cruelle et intéressée préféra un survenant plus riche. […] Et demande aux Dieux que ton cœur Ne perde jamais ce qu’il aime. […] Dès qu’il s’en éloignait, elle reprenait à ses veux tout son charme : telle l’Ile-de-France pour Bernardin de Saint-Pierre, qui de près l’aima peu, et qui ne nous l’a peinte si belle que de souvenir. […] En ses meilleurs jours, il est pareil encore à ce pasteur de Sicile, dont il emprunte la chanson à Moschus, et auquel il se compare : si la mer est calme, le voilà qui convoite le départ et le voyage aux îles Fortunées ; mais, dès que le vent s’élève, il se reprend au rivage, à aimer les bruits du pin sonore et l’ombre sûre du vallon. […] Jacinthes que j’ai tant aimées, Enfin je vous respire encor !
Pour moi, j’en aime des remarques de sentiment comme celle-ci, que Mme de La Fayette n’écrivait certainement pas sans un secret retour sur elle même : « Ah ! […] Je suis honteuse des louanges que vous me donnez, et d’un autre côté j’aime que vous ayez bonne opinion de moi, et je ne veux vous rien dire de contraire à ce que vous en pensez. […] Ainsi ces deux amis vieillis remontaient par l’imagination à cette première beauté de l’âge où ils ne s’étaient pas connus, et où ils n’avaient pu s’aimer. […] Valincour n’avait alors que vingt-cinq ans ; il aimait peu le monde de Huet, de Segrais ; il arrivait plus tard, et représente au net les jugements de Racine et de Boileau. […] votre Mme de La Fayette vous aime-t-elle donc si extraordinairement ?
Aimez à vivre inconnu et à n’être compté pour rien. […] et malheur encore plus à ceux qui aiment cette misère et cette vie périssable ! […] ils sentiront douloureusement à la fin combien était vil, combien n’était rien ce qu’ils ont aimé ! […] Celui qui aime court, vole ; il est dans la joie, il est libre et rien ne l’arrête. […] Qui ne s’aime mieux après avoir lu cette onction divine qui découle de toutes ces lignes ?
Quand voulez-vous aimer que dans votre printemps ? […] On ne peut pas aimer les dieux comme on aime les hommes ; parce qu’on ne peut pas aimer la perfection comme on aime un être imparfait ; la perfection nous attire ; mais quand nous la touchons elle nous intimide. On n’appelle « Dieu » l’homme qu’on aime que parce qu’on sait bien qu’il ne l’est pas… Vérifiez. […] C’est que le classique, parce qu’il aime la vérité, a un sentiment juste de la mesure, et il la donne. […] J’aimais les romans à vingt ans.
j’aime mieux les gros mots que les néologismes ; pourtant, je ne les aime pas. […] Il la rencontre et il l’aime. […] Cependant, il aime la marquise ; il assure qu’il l’aime avec passion. […] Donnay d’aimer ou de n’aimer guère un poème d’eux. […] L’aime-t-il mieux triste ?
Je l’ai aimé jusqu’à son dernier jour. […] Elle l’aime. […] si elle m’eût aimé ! […] On ne doit pas aimer ces gens-là ; franchement ils n’aiment rien ; ce sont des égoïstes. […] ce n’est que pour eux que je l’aime.
J’aime qu’il en soit de la langue, du style de tout grand écrivain, comme du cheval de tout grand capitaine : que nul ne le monte après lui. […] Ou encore, comme un poëte devenu critique le disait : Jeune, on se passe très-aisément d’esprit dans la beauté qu’on aime et dé bon sens dans les talents qu’on admire. […] Pourquoi je n’aime plus la nature, la campagne ? Pourquoi je n’aime plus à me promener dans le petit sentier ? […] Je la regarde, je ne fais guère que la regarder, mais j’y prends plaisir, je l’avoue ; j’aime à la voir près de moi, à la promener un jour de soleil, et en la voyant là riante, qu’est-ce autre chose ?
Paul Vous avez vu cette piquante lettre d’Albert Thibaudet, qui reproche à Paul Souday, non pas d’aimer Paul Valéry — il l’aime aussi, il le dit et il l’a prouvé — mais de l’aimer contre quelqu’un. […] Quel mal y a-t-il à aimer Valéry, ou tout autre, contre quelqu’un ? […] Il faut donc aimer ce héros contre les monstres qu’il a vaincus. […] Et vous aimez ces hommes-là ? […] Celui-là je ne l’aime pas du tout.
Elle l’aimait, comme j’étais disposé à l’aimer moi-même. […] Je l’aimais déjà quand nous nous mîmes à table. […] « Dis à ma mère que je l’aime comme lorsque j’étais enfant. […] Quelqu’un de ceux que j’aime serait-il malheureux ? […] J’aime, je suis aimé par la plus charmante femme inconnue qui soit sur la terre.
Il plaignit sa belle-sœur, il l’aima, il en fut aimé. […] Il se souvient d’avoir aimé, il aime encore. […] « “Ce même amour, qui ne permet à aucun être aimé de ne pas aimer à son tour, m’attira vers celui-ci d’un si invincible attrait que, comme tu le vois, cet attrait ne me laisse pas me séparer de lui, même dans ces tourments. […] On voit, à sa tendre curiosité sur les secrets de cet amour, combien il avait aimé lui-même Béatrice, et combien il aimait encore cette image au-delà de la vie. […] — Tu quitteras tout ce que tu aimes le plus tendrement, et ceci est le trait que l’arc de la proscription décoche le premier !
Le Tellier qu’elle aimait beaucoup mieux demeurer Marianne que d’être duchesse de Lorraine aux conditions qu’on lui proposait ; et que, si elle avait quelque pouvoir sur l’esprit de M. de Lorraine, elle ne s’en servirait jamais pour lui faire faire une chose si contraire à son honneur et à ses intérêts ; qu’elle se reprochait déjà assez le mariage que l’amitié qu’il avait pour elle lui faisait faire. […] Lassay n’était âgé que de dix ans au moment où arriva cette aventure, et sa jeune imagination en avait été frappée ; il avait eu l’occasion presque au sortir de l’enfance de rencontrer Marianne et s’était accoutumé à l’admirer, à l’aimer. […] Je suis demeuré seul sur la terre… Quand on a connu le plaisir d’aimer et d’être aimé par une personne qui ne vivait que pour vous, et pour qui seule on vivait, on ne veut plus de la vie à d’autres conditions. […] À quinze ans je l’ai connue, et à quinze ans j’ai commencé à l’aimer ; depuis, cette passion a toujours réglé ma vie, et il n’y a rien que je ne lui aie sacrifié… Il n’y a plus de lieu où j’aie envie d’aller, tout m’est égal ; ma chère Marianne donnait de la vie à tout ; et, en la perdant, tout est mort pour moi ; je découvrais tous les jours en elle de nouveaux sujets de l’aimer, sans pouvoir jamais en découvrir aucun de ne la pas aimer. […] Ce renoncement suprême en vue de Marianne ne lui paraissait pas même mériter le nom de sacrifice : « Je ne sens que de la joie, disait-il, en songeant que je vais, en attendant la mort, mener une vie plus triste qu’elle, et j’aime si fort ma douleur qu’il me semble que c’est encore un moindre malheur de la souffrir que de la perdre ; si ma chère Marianne la peut voir, elle lui fait plaisir. » Il haïssait les biens, les grandeurs, tout ce qu’il ne pouvait plus partager ; il n’aimait que cette douleur, la seule chose qui lui restât de son amie ; il en parlait, d’ailleurs, comme d’une peine poignante, qui le tenait cruellement éveillé durant les nuits et qui prolongeait ses insomnies jusqu’au matin, où il ne s’assoupissait qu’à la fin et par excès de fatigue : « Mais j’ai beau faire, je ne saurais perdre de vue l’objet de mon tourment.
Je croyais ta flamme perdue, Et je disais : La Muse a cessé de m’aimer. Et tu m’aimais encor ! […] Muse, sais-tu combien je t’aime ! […] Quant à Clotilde de Surville, elle était, je l’avoue, ma favorite ; je la savais par cœur, je l’aimais, je croyais en elle. […] Lui-même, il aime et agrée les poètes nouveaux ; il ne fut jamais des derniers à les accepter et à les sentir.
Le roi beau-père est charmant ; il aime ses enfants, et, aux caresses qu’il faisait à Mme la Dauphine défunte, je juge de celles que notre princesse aura à souffrir. […] Le roi l’aime plus par sagesse, je crois, que par d’autre raison… » Qu’en dites-vous ? […] Adieu, mon cher petit Bruhl ; je vous aimerai à la folie si vous finissez cette affaire. […] Après cela, j’aime le roi, et je dois exécuter ses ordres. […] me direz-vous encore que je ne vous aime pas ?)
Et cette femme, après tout, il ne se souvient point de l’avoir aimée. […] Cette femme qu’il n’aimait pas tant qu’il l’a crue aimante et fidèle, il l’adore maintenant qu’il la croit souillée. […] Cet homme qu’elle a aimé et qui la prend pour une prostituée, ne lui inspire plus maintenant qu’indignation et dégoût. […] Le monde, qui l’honore et qui l’aime, l’appelle « la princesse Georges », avec une sorte de familiarité respectueuse et tendre. […] Ses amants l’aiment, comme les Indiens adorent l’idole qui les écrase sous les roues de son char.
Il aime mieux être bourru que complaisant. […] Il aime à provoquer, à blesser. […] Aimer bien les vers, c’est en aimer peu. […] Il sait fort bien ce qu’il aime et pourquoi il l’aime. […] Voyez plutôt ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas dans la vie et dans l’art.
Toute la nuit cette poitrine qui bat et soulève le drap… Dieu ne me ménage pas l’agonie de ce que j’aime, m’épargnera-t-il les convulsions de la fin ? […] » J’ai dit au jardinier : « Allez couper toutes les roses du jardin, qu’il emporte là-bas au moins cela de cette maison, qu’il a un moment tant aimée ! […] Au milieu de ces fleurs est une fleur de magnolia, dont il regardait grossir le bouton avec un certain plaisir curieux, et qui lui faisait rappeler le magnolia aimé de Chateaubriand, à la Vallée-aux-Loups. […] il y aura des gens qui diront que je n’ai pas aimé mon frère, que les vraies affections ne sont pas descriptives. Cette affirmation ne me touche guère, parce que j’ai la conscience de l’avoir plus aimé, qu’aucun de ceux qui diront cela, n’ont jamais aimé une créature humaine.
À ce moment, il est si plein du désir d’aimer qu’il aime les choses, et qu’elles s’animent pour lui, et l’entendent, et lui parlent. […] Car nous demandons à une œuvre de roman qu’elle nous fasse penser, mais bien plus encore qu’elle nous fasse aimer, souffrir, espérer. […] Mais enfin, elle est plutôt fidèle à son mari qu’elle ne l’aime. […] Elle aime. […] Si j’avais été votre contemporain, il me semble, à vous lire, que j’aurais aimé vous connaître, et que, respectueusement, je vous aurais écouté.
je t’aime ! […] je t’aime ! […] Son grand-père est seul à l’aimer. — À l’aimer ? […] Aimerais-tu qui t’aimerait ? […] t’aimer !
Pour mon compte, j’aime à l’être. […] Il l’a aimée, elle l’a aimé. […] Des Arcis n’a jamais aimé et, du reste, n’aimera jamais. […] Je t’aimais. Je t’aime.
Cowper aime tendrement la campagne, il l’aime pour y vivre, pour y habiter, pour ne s’en lasser à aucun âge ni à aucune saison. […] … Ce chant, pour justifier son titre, traite des fleurs, des travaux du jardinage : « Qui aime un jardin aime aussi une serre. » Il y a des préceptes tout particuliers sur l’art d’élever les courges ; le poète y parle d’après sa propre expérience, et comme quelqu’un qui a mis la main à la bêche et à la terre. […] Les poètes orageux et hardis comme Byron, les natures mondaines et vives comme Thomas Moore ou Hazlitt devaient assez peu l’aimer. […] Telle est la faiblesse que tu éprouves dans tes membres, que maintenant, à chaque pas que tu fais, il faut être deux à te soutenir, et pourtant tu aimes toujours, ma Marie ! […] On trouverait encore de profondes différences morales entre Rousseau et Cowper, en ce que l’un aspire à se passer d’autrui, affecte de s’isoler et de se mettre en guerre ou en divorce avec le genre humain, et que l’autre, au contraire, aime à devoir aux autres, à ceux qu’il aime, et à se sentir leur obligé.
Ce n’était qu’un jeu de le porter, pour quelqu’un qui aimait avant tout s’habiller et à babiller en vieille femme. […] On aimerait à y voir quelquefois le rayon. — Ce n’est qu’une espèce de repoussoir et d’assommoir dont elle écrase tout. […] Elle s’exerçait assez souvent plume en main à définir des synonymes et aimait ce genre, qui donne à la pensée de l’exactitude, et à l’expression toute sa propriété. À propos de je ne sais quel ouvrage de l’avocat Target, qu’on disait excellent : « Je le crois, mais je ne le saurais lire, disait-elle : je suis si frivole que j’aime le style, et si bête que j’aime la justesse. […] J’aime vos lettres, votre conversation et vos écrits ; mais je crains si fort de prendre sur vos occupations, et je respecte tellement votre loisir, que je n’ai osé le troubler les autres années.
On dirait d’une héroïne de Jean-Jacques telles qu’il aimait à les placer dans le pays de Vaud, une Claire d’Orbe qui raille avec innocence. […] Mais, avant d’être coulé près d’elle, il avait su s’en faire aimer, et rien ne prouverait mieux au besoin qu’il n’y a dans l’amour que ce qu’on y met, et que l’objet de la flamme n’y est presque en réalité pour rien. […] Adieu, le cœur me bat au moindre bruit ; je tremble comme un voleur. » Il ne tient qu’à l’amie en ces moments de se croire plus nécessaire, plus aimée, plus recherchée pour elle-même que jamais. […] Que j’aimerais à connaître les hommes habiles en tout genre ! […] Allons, il ne me fâche pas trop de ne pas porter une couronne de reine, quoiqu’il me manque bien des moyens… Mais je babille à tort et à travers : je t’aime de même, comme Henri IV faisait Crillon.
En même temps que nous aimons mieux la campagne, nous comprenons mieux les paysans. […] Bientôt l’élève s’ennuie, recommence sa vie folle ; d’Artannes continue de veiller sur elle : elle l’envoie promener… jusqu’au jour où ils reconnaissent qu’ils s’aiment d’amour. Ils se le disent, car ils sont sûrs d’eux : ce sont leurs âmes qui s’aiment, et c’est là sans doute « l’Idéal ». […] Marie-Anne, n’étant qu’une pauvre ouvrière, a épousé un riche batelier qui l’aimait, Louis Mabileau. […] Un petit marinier qui l’aime sans le dire veille sur elle… ; mais elle meurt, peu après, sur son bateau.
Ce qu’on aime mieux remarquer dans ces premiers essais de Montesquieu, c’est l’amour de la science, et de l’étude appliquée à tous les objets. […] Des personnes qui ont étudié la littérature anglaise aiment mieux que Montesquieu se soit souvenu d’une lettre censée écrite de Londres par un Indien de l’île de Java, et qui se lit dans Le Spectateur d’Addison12. […] Dans ce sérail sont des femmes qu’il distingue et qu’il aime particulièrement, et l’auteur ne serait pas fâché de nous intéresser à cette partie romanesque, d’un goût asiatique très recherché et très étudié. […] Il avait trente-cinq ans à cette date, et il a écrit : « À l’âge de trente-cinq ans, j’aimais encore14. » Mais les amours de Montesquieu ne paraissent pas l’avoir jamais beaucoup troublé ni attendri. Il a beau peindre sa Thémire, il reste pour nous plus sensuel en amour que sentimental : « J’ai été dans ma jeunesse assez heureux, disait-il, pour m’attacher à des femmes que j’ai cru qui m’aimaient ; dès que j’ai cessé de le croire, je m’en suis détaché soudain. » Et il ajoute : « J’ai assez aimé à dire aux femmes des fadeurs, et à leur rendre des services qui coûtent si peu. » Le Temple de Gnide est une de ces fadeurs, mais qui a dû lui coûter du travail.
J’ai donc insisté pour que le général Gentili ne mit pas mon dévouement à une plus dangereuse épreuve, et me permît de retourner auprès de vous… Permettez-moi de suivre l’exemple de Lycurgue, homme de sens, qui aimait mieux donner des lois que de les faire exécuter. […] N’êtes-vous pas aimé ? […] Je suis aimé, mais j’aime ; Mais vers Blanche emporté par un attrait vainqueur, Je suis séduit comme elle et non pas séducteur. […] Plus je me suis approché de la source en interrogeant ceux qui l’ont connu et aimé, mieux j’ai pu m’assurer des qualités morales et des vertus de famille dont il a laissé en eux le vivant souvenir. […] j’aime bien à me f… du monde, mais je n’aime pas que les autres se f… comme ça de moi. » Il avait le fin mot, mais il ne se refusait pas le gros mot.
Ne pas aimer Giusti, ne pas l’aimer sans restriction, c’était ne pas aimer l’Italie, et ceux mêmes qui apercevaient très clairement les défauts du poète populaire gardaient le silence pour ne pas se brouiller avec leurs meilleurs amis. […] Elle se sent digne d’amour et s’affirme qu’elle est aimée. […] Je crois qu’il aime, qu’il veut sincèrement le bien. […] Pour le ramener à la vie, il faut lui dire qu’il est aimé. […] je vous aime, voulez-vous encore mourir ?
Il les aime, il les affecte, il les trouve. […] Les erreurs de cet esprit si juste sont des jugements intéressés, où il a pris sa commodité pour règle… Et comparant cette correspondance de Voltaire avec les lettres de Cicéron, cet autre esprit universel et le grand épistolaire de l’Antiquité, il dira : L’amour de la gloire est l’âme de ces deux recueils, et ce que Voltaire fait dire au Cicéron de sa Rome sauvée : Romains, j’aime la gloire et ne veux pas m’en taire, est aussi vrai du poète que de son héros. […] Le père qui a connu ce que c’est que d’aimer quelqu’un plus que soi-même a senti tout son cœur, et telle est la chaleur de l’amour paternel, que le même homme en aime mieux tout ce qui est à aimer. Cicéron, tendre père d’une fille charmante, père désespéré quand il perdit Tullie, en est meilleur citoyen, plus attaché à ses amis, plus épris de la vérité, laquelle devient plus chère à l’homme chez qui la tendresse de cœur se communique à l’esprit, et qui aime la vérité à la fois comme une lumière et comme un sentiment. — J’ai peur que Voltaire n’ait aimé que son esprit… Il ne serait pas besoin d’avoir beaucoup vu M. […] Il a aimé la liberté, il l’a voulue et comprise au sein de l’ordre ; il l’a défendue de sa plume avec habileté, vigueur et courage ; il est mort sur l’échafaud en la confessant, et non sans avoir auparavant transpercé les bourreaux barbouilleurs de loix de son ïambe vengeur.
Le quartier latin aima et salua le Poète. […] Les contemporains aiment récompenser les bons élèves qui abaissent les maîtres à la portée de toutes les sympathies. […] J’aime l’habileté sans effort de sa versification. […] Ce théoricien est un esprit admirablement systématique et les hommes du dix-huitième siècle auraient aimé sa construction ingénieuse et ruineuse. […] Il ne peut se passer des hommes « et, depuis ce jour-là, il les a tous aimés ».
Madame Du Deffand, qui l’aimait trop, disait qu’il avait le fou moquer, comme elle aurait dit le fou rire. […] Comme Swift, qui fut affreux, à plus de cinquante ans, comme un vieux homme à bonnes fortunes, avec les deux femmes qui l’aimèrent et dont il brisa le cœur par une férocité d’égoïsme qui le déshonora, Walpole a été cruellement dur avec l’unique femme qui l’ait aimé et dont l’amour, le seul amour octogénaire qui ait jamais existé dans l’histoire des cœurs, exalta, humilia et inquiéta tout à la fois ses mille vanités de dandy. […] Walpole n’était pas meilleur à aimer que les dandys, tous plus ou moins bourreaux. […] Il n’a peut-être jamais aimé de femme que Madame de Sévigné, mais c’était d’un amour littéraire, avec un platonisme forcé puisqu’elle était morte, heureusement pour lui ! […] Lui qui sortait de l’Angleterre, que, par parenthèse, il n’aima jamais qu’à Paris, pour se débarbouiller de la politique, du spleen et du cant, il fut presque attrapé, ce dandy !
Je les aime assez pour vouloir les en arracher, afin d’avoir un jour leur talent dans toute la plénitude de sa force et la vérité de sa saveur. […] On dirait qu’il ne l’aime plus, la vérité, quand elle n’est pour lui que ce qu’elle apparaît à tout le monde. […] Elle finit par le trouver, et c’est bien : j’espérais encore… Elle s’en fait aimer et l’épouse. […] La délicieuse comtesse Alice finit par aimer, comme Juliette aime Roméo, le fou, ignoble de costume et de terreur de fou poursuivi, qui a cherché un refuge dans sa loge, qu’elle n’en a pas fait sortir comme elle le pouvait si elle avait dit un seul mot, et à qui (pour que tous les détails les plus contraires à l’enthousiasme et à l’amour y soient) elle a fait l’aumône, en lui donnant un petit portefeuille dans lequel se trouvent trois billets de mille francs. […] À peine si une italienne aurait pu aimer jamais un homme qu’elle aurait vu dans l’état de dégradation où l’auteur a mis son René Derville.
« La Fortune aime les gens de cœur. » Si vous avez aimé Baptiste aîné, vous avez adoré Baptiste cadet. […] Il aimait l’emphase, il aimait la déclamation, il aimait l’éloquence à haute voix, comme on aime les couleurs voyantes ; il disait : « Est-ce bien moi qui ai fait cela ? […] Charles aimait ! […] Il écrit donc : — Je n’aime pas Lucinde ! […] Louis XIV l’aimait pour ses façons de grand seigneur.
Et d’abord, pour les esprits sévères qui aiment avec raison qu’en recueillant même les songes et les fantaisies de l’imagination dans le passé, on soit fidèle à la lettre et qu’on transmette scrupuleusement les vestiges, l’ouvrage de M. […] La ballade, à peine altérée en passant de bouche en bouche, le raconte au long : Ors, écoutez naïve histoire, Histoire des jours d’autrefois, Quand chevaliers aimaient la gloire, Dieu, les dames et les tournois. […] Trois nobles jouvenceaux les aimèrent : Jeune Amaury de haut lignage De Loïse est enamouré ; C’était bien le plus mignon page Qu’en Bourgogne on eût admiré. […] Tous trois se croient aimés, et on les trompe tous trois ; car ces cœurs de châtelaines superbes et volages n’avaient d’amour que faux-semblants. […] si parfois une femme, Pensive, en les lisant, à la fuite du jour, Sent son œil qui se mouille et son cœur qui s’enflamme A tes récits d’amour ; Si, parmi les amis qu’a chéris ton enfance, Un seul peut-être, un seul qui t’aurait oublié, Y trouve avec bonheur quelque ressouvenance D’une ancienne amitié ; Ou, si d’enfants chéris une troupe rieuse Qu’amusent tes récits, que charment tes accents, En t’écoutant, devient meilleure et plus joyeuse, Et t’aime pour tes chants : Ce rêve est assez beau pour enivrer ton âme !
Il s’aime fort et il aime les hommes. […] Il l’aime. […] Il est très aimé. […] Il n’aime pas ce qui est de son temps, il aime ce qui a été. […] Il aimait Newton, et n’aimait point Descartes.
L’amant aime la beauté de ce qu’il aime et très souvent lui en attribue et lui en prête. […] Or ne vous semble-t-il pas que ceux qui aiment pour avoir entendu parler d’amour n’aiment point ? […] Ceux qui aiment la vérité, ils l’aiment avant de la connaître et ils la cherchent bien longtemps avant de l’avoir trouvée, comme celui qui doit aimer aime bien longtemps avant d’avoir trouvé l’être qui doit être l’objet de son amour. […] Mais j’aime mes concitoyens, et je ne suis pas aussi certain que je voudrais l’être que tu les aimes. […] Aimer le beau de toute ton âme et n’aimer que cela.
Sainte-Beuve aimait la poésie, et il l’aimait avec désespoir. […] Faut-il l’aimer, faut-il le haïr ? […] J’aime la poésie de M. […] N’aimeriez-vous pas un autre ? […] Car, elle aime mieux rire au cabaret.
Avec sincère et plein renoncement à toute critique, sans autre souci que d’admirer et de jouir, j’aime Verlaine en bloc, comme on doit aimer, me semble-t-il, un grand poète qu’on aime vraiment. […] Celui qui les a écrits est un maître, un père de notre art, et je l’aime comme je l’admire. […] Je crois qu’il faut connaître tout Verlaine pour pouvoir l’aimer autant qu’il mérite d’être aimé, et je ne choisis pas. […] Seulement, comme c’est en même temps un poète inouï de douleur, d’ironie et de passion, je crois que je l’aime encore pour bien d’autres motifs que ses deux ancêtres, Jean de La Fontaine et Villon. […] Et c’est la profonde prière du fils égaré : « ô mon Dieu, vous m’avez blessé d’amour », puis la contrition : « Je ne veux plus aimer que ma mère Marie », enfin le grand baiser de la suprême paix.
Le fait est qu’elle résista à Bussy, son plus dangereux écueil, et que, si elle l’agréa un peu, elle ne l’aima point avec passion. […] Je ne savais pas encore que haïr son mari et pouvoir en aimer un autre, n’est presque que la même chose. […] C’est un portrait de plus à ajouter à ceux de la galerie de Versailles, ou, si vous l’aimez mieux, c’est comme un émail de Petitot : Pour mon portrait, écrivait-elle à un homme qui l’aimait, je voudrais bien le faire sur l’idée que vous en avez conçue et qu’on voulût s’en rapporter à vos descriptions ; mais il faut dire naïvement ce qui en est. […] La voir et l’aimer ne fut pour Louvois qu’une même chose. […] La seconde raison, c’est qu’elle aimait déjà un cousin de son mari, l’aimable et séduisant marquis de Villeroi.
Soulary possède à merveille la langue poétique de la Renaissance, et, grâce à l’emploi d’un vocabulaire très-large, mais toujours choisi, il a trouvé moyen de dire, en cette gêne du sonnet, tout ce qu’il sent, ce qu’il aime ou ce qu’il n’aime pas, tout ce qui lui passe par le cœur, l’esprit ou l’humeur, son impression de chaque jour, de chaque instant. […] J’aime ces doux combats, et je suis patient ; Dans l’étroit vêtement qu’à son beau corps j’ajuste, Là, serrant un atour, ici le déliant, J’ai fait passer enfin tête, épaules et buste. […] Rien de moins dans le cœur, rien de plus sur le corps, Ainsi j’aime la femme, ainsi j’aime la Muse. […] Mais quiconque a pratiqué et goûté les vieux maîtres de notre xvie siècle ne saurait accorder trop d’estime à leur disciple original, à l’aimable et modeste poëte qui a eu de dures années de jeunesse et qui s’en dédommage aujourd’hui dans d’ingénieux loisirs ; qui aime la nature, la campagne, l’amour, l’amitié et toutes les belles et bonnes choses de l’art et de la vie. […] Et pourtant il y a de charmantes pièces dans les recueils de M. de Belloy, notamment celle-ci, un petit chef-d’œuvre, que Brizeux savait par cœur et qu’il aimait à réciter.
Elle ne le paraissait pas davantage, certainement, aux auteurs dramatiques de toute école et de toute nuance, qui n’aiment jamais à entrer en partage, surtout quand le nouveau venu est suspect de griffe de lion, et, sans mettre le cœur humain au pis, on peut supposer que ces auteurs de tous bords qui surveillent une première représentation, n’auraient pas voté à pensée ouverte pour un succès non marchandé. […] Un étranger, un Vénitien passe ; il s’occupe d’elle ; sans lui parler à peine, il l’entoure de ses soins comme de prestiges ; elle n’a guère vu encore que sa plume au vent et son manteau, que déjà elle l’aime, comme toute jeune femme, même la plus pudique, aimera, si elle n’y prend garde, le jeune étranger, est-ce moral ? […] Ordonio se fait aimer pourtant de Cosima, parce qu’il est beau, parce qu’il est jeune, parce qu’il est inconnu, parce qu’il a en réalité d’abord bien plus de distinction de ton et de tendresse menteuse que l’acteur Beauvallet ne lui en prête. […] pour lui dire qu’elle ne l’aime pas, rien de plus scabreux, on le comprend, qu’une telle scène ; Geffroy, qui représente Alvise, l’entame très bien ; le gentilhomme impatient, relancé dans ses ruses, est obligé d’entendre au long la doléance, la sentence de l’honneur outragé. […] Dans le cours de sa plainte austère, Alvise, qui s’exalte, arrive jusqu’à dire à Ordonio : « Je vous observais depuis longtemps ; … je suivais tout… Si vous eussiez aimé vraiment, … si vous eussiez été aimé, … peut-être… alors… qui sait ?
Elle n’aime pas à « remonter ». […] Comte aimait furieusement M. […] Entre nous je ne l’aime guère. […] J’aurais mieux aimé être ta fille, parce que tu l’aimais mieux que moi. […] Il aimait à parler.
Les uns aiment les lieux communs, les autres chérissent les paradoxes, et les autres aiment les idées nouvelles. […] Il l’aima tendrement et la prisa fort. […] Il la donna, mais il aimait Thérèse et l’aima toujours. […] Il avait tant aimé Maurice de Guérin ! […] Suis-je de celles qu’on aime ?
Il est possible que l’on aime ou l’on n’aime pas les romans de Zola. […] Jean Carrère consent le sacrifice d’une littérature qu’il aimerait à aimer ? […] Il l’a aimée. […] Adieu, tout ce que nous aimons ! […] Il ne demande qu’à aimer et admirer ; seulement, il n’aime ou n’admire qu’à bon escient.
Comme dans la comédie de Marivaux, L’Heureux Stratagème, Marianne est tentée par moments d’user de représailles, d’aimer ou de faire semblant de se faire aimer par d’autres : « D’autres que lui m’aimeront, il le verra, et ils lui apprendront à estimer mon cœur… Un volage est un homme qui croit vous laisser comme solitaire ; se voit-il ensuite remplacé par d’autres, ce n’est plus là son compte, il ne l’entendait pas ainsi. » C’est assez montrer comment Marivaux, même quand il échappe au convenu du roman, au type de fidélité chevaleresque et pastorale, et quand il peint l’homme d’après le nu (éloge que lui donne Collé), nous le rend encore par un procédé artificiel et laisse trop voir son réseau de dissection au-dehors. […] Marivaux, au théâtre, aime surtout à démêler et à poursuivre les effets et les conséquences de l’amour-propre dans l’amour. […] Très aimée de Dorante, qu’elle trouve fade avec ses compliments, la marquise a recours à Ergaste pour se remettre en gaieté et en bonne humeur. […] Et le tout finit par un double mariage, qui est l’inverse de celui qu’on avait prévu d’abord : tant il est vrai que dans la vie il faut un peu de flatterie, même pour s’aimer avec amour et se plaire avec quelque passion. […] Marivaux, avant et depuis son Paysan parvenu, a toujours aimé ces transpositions de rôles, soit dans le roman, soit au théâtre.
Il n’a pas ce tour qui est indépendant du fond, le secret de l’élégant badinage : il aime assez la joie, la jovialité, ce qui est tout différent. […] Il est de niveau avec les grands sujets qui s’offrent à sa vue, mais il aime peu à se baisser pour cueillir des fleurs. […] Il dit crûment ce qu’il aime, il appelle volontiers les choses par leur nom. […] Diderot, qui venait de causer avec Buffon et de l’entendre se louer, disait de lui un peu ironiquement : « J’aime les hommes qui ont une grande confiance dans leurs talents. » D’Alembert faisait plus ; il raillait Buffon, il le méconnaissait, n’appréciant ni ses talents ni sa personne. […] Il aimait la gloire, mais pas si naïvement que l’ont bien voulu dire ceux qui ne peuvent marquer un trait saillant d’un grand homme sans pousser aussitôt à la caricature.
L’intérêt réel est tout entier dans le sujet même, pleinement et sincèrement compris et aimé, et traité franchement et grassement, si je puis dire. […] Mais le poète se garde de tomber dans le panthéisme à la mode aujourd’hui ; il grave au seuil de son poème le nom du Seigneur et du Créateur, et dans le cours de ses récits et de ses peintures on le voit aimer à retracer le culte de la Vierge, toutes les croyances populaires et les chrétiennes espérances. […] Si amis des champs que nous soyons, nous sommes lettrés et amis des lettrés ; nous aimons à nous promener dans la campagne, un Virgile à la main : Épris du doux Virgile et plein de ses leçons, J’aime les prés touffus et les grasses moissons ; J’aime toute culture, et tout ce que renferme, Petit monde ignoré, le chalet ou la ferme ; J’aime les bons semeurs, habiles aux labours, Qui portent vaillamment le poids des plus longs jours, Prodiguant sans relâche à la terre altérée Le généreux ferment d’une sueur sacrée ; Et ces pasteurs aussi qui, pour des mois entiers, Des habitations désertant les sentiers, Dirigent d’un pas lent vers la montagne en herbe Et la chèvre au flanc creux et l’aumaille superbe, Pasteurs et laboureurs ! […] J’aime M. […] C. de Lafayette ne s’attribue en rien cette supériorité dont il ne peut s’empêcher cependant d’avoir conscience, et il n’en fait pas honneur à son propre talent ; il aime à la rapporter à des maîtres, à des devanciers qu’il nomme et que parfois même il exagère un peu (nous avons le droit de le remarquer).
Maître Francesco, je ne veux plus vous aimer. » Ces reproches émurent Pétrarque sans le ramener. […] j’aime l’Italie et je hais Avignon ; l’odeur empestée de cette maudite ville corrompue vicie l’air pur de mes champs. […] non, je ne fus jamais las de vous aimer ; et tant que je vivrai, je n’épuiserai pas mon amour ! […] C’est une chose bien singulière, qu’étant si belle elle fût si aimée des personnes même de son sexe. […] Dans ceux qui aiment de l’amour surnaturel, de l’amour du beau et non de l’amour des sens, comme nous l’avons dit en commençant, l’amour est plus parfait après la mort de ce qu’on aime que pendant la vie de l’objet aimé.
Henri Roujon Nous l’aimons parce qu’il verse la joie. […] Nous l’aimons aussi pour avoir reflété en son clair regard les mille et mille merveilles du décor où se joue le drame éphémère de notre destin. […] Nous l’aimons parce qu’il triompha de Belzébuth et du sombre génie de la haine […] « Aimons-nous », voilà son refrain. S’il est vrai, comme le dit une parole magnifique, qu’« aimer c’est comprendre », nul n’aura compris à ce point.
Il dit à Mme du Châtelet qu’il l’adore, mais on ne sent pas qu’il l’aime. — Il avait alors trente-deux ans. […] Saint-Lambert, qui était surtout fait pour la société, avait certainement du goût pour la nature, et il l’a chantée de la manière dont il l’aima. […] Consumé de douleurs vers la fin de leur cours, Il voit dans le tombeau ses amis disparaître, Et les êtres qu’il aime arrachés à son être. […] La femme, ce don qu’il accorda à la terre quand il voulut créer un paradis ici-bas, le bien terrestre le plus riche qui soit sorti de ses mains, la femme mérite d’être aimée, non adorée. […] L’illusion de l’homme politique qui se dégoûte des affaires et qui croit aimer la retraite, les périodes divers de son accès champêtre sont déduits par Cowper avec une fine ironie.
Je le demande à tous ceux qui ont le sentiment et le culte de la famille : Mme Roland avoue qu’elle aima à la fin un autre homme que son mari, qu’elle l’aima en tout bien, tout honneur, mais enfin qu’elle l’aima d’amour et de passion ; elle confesse que son mari, à qui elle crut en devoir faire l’aveu, en souffrit, comme c’était bien naturel et en ressentit de la jalousie. […] Mme Roland, jeune, belle, spirituelle, mariée à vingt-cinq ans à un mari de vingt ans au moins plus âgé qu’elle, dut avoir bien des occasions et des tentations d’aimer ailleurs et à côté. […] C’est ainsi que juge le peuple des lecteurs : une femme déclare qu’un homme est beau, donc elle l’aime. […] Mme Roland n’était guère femme à aimer par les yeux et à se laisser prendre à la beauté physique. […] Avertir ce digne homme qu’elle ne l’aime plus, mais qu’elle lui restera fidèle à son corps défendant, c’est dur, c’est impitoyable ; c’est par trop se faire valoir soi-même et trop peu accorder à la sensibilité des autres.
Claude aime Christine, puis est ressaisi tout entier par son art : c’est aussi simple que cela. […] Et elle aimait surtout un Vitrail qui représentait saint Georges. […] « Et Angélique aimait beaucoup à se promener au bord de la Chevrotte. […] « Elle comprit qu’il l’aimait, et elle se mit à l’aimer, car il ressemblait au saint Georges du vitrail. […] La conclusion, c’est que j’aime mieux tout, même la Terre.
Vous n’aimez pas les brutalités, les haines personnelles, les proscriptions inutiles. […] Malgré tous ses défauts, j’aime votre livre. […] Nous aimons en toi notre Voltaire, clair, rieur et superficiel. […] On peut ainsi s’abandonner aux jolis pédantismes qu’on aime, et personne ne vous appellera pédant. […] Bergeret, j’aime Riquet.
Bien sûr, ça vous aurait fait aimer tout de suite, d’avoir un enfant si beau. — Oui, si la femme aime les enfants ; mais si elle ne les aime pas ? — Est-ce qu’il y a des femmes qui n’aiment pas les enfants ? […] Landry, le plus mâle des jumeaux, est induit à aimer la petite Fadette, et par là il désole sa famille, surtout son frère le pauvre Sylvinet, dont la fantaisie est d’être aimé à lui tout seul et de posséder sans partage tout un cœur. […] La femme, Madeleine Blanchet, ne se doute pas de cet amour, et la seule idée qu’elle puisse être aimée ainsi n’approche pas d’elle, sinon tout à la fin.
Ce n’est pas la guerre pour la guerre qu’aime Frédéric, ce n’est pas même la guerre pour la conquête : « J’aime la guerre pour la gloire, dit-il ; mais si je n’étais pas prince, je ne serais que philosophe. […] Si ma destinée est finie, souviens-toi d’un ami qui t’aime toujours tendrement ; si le ciel prolonge mes jours, je t’écrirai dès demain et tu apprendras notre victoire. — Adieu, cher ami, je t’aimerai jusqu’à la mort. […] Tu me rends mélancolique, car je t’aime de tout mon cœur. […] Tu apprendras par les nouvelles publiques que les affaires de l’État prospèrent. — Adieu ; aime-moi un peu, et guéris-toi, s’il y a moyen, pour ma consolation. […] On a comparé la série de billets que celui-ci adresse à son vieux général à la correspondance de Trajan et de Pline ; j’aime mieux ne comparer cette correspondance gracieuse et unique en son genre qu’à elle-même.
Puis je ne les aime pas toutes également. […] Non, il l’aimait ! […] Mais il aimait d’autres musiques encore ; et même, il les aimait davantage. […] Je ne les aimais pas beaucoup ; mais lui les aimait. […] Poincaré n’aime pas cela.
On n’aime, communément, que de près. […] C’est peu de chose qu’un roi qui aime l’argent pour acheter des femmes, devant un roi qui aime l’argent pour acheter des hommes. […] Est fortuit tout ce que nous aimons avec ardeur. […] Il se fâche, ou il plane, il aime mieux planer. […] Il aime se retirer.
Nous parlerons de Charles Loyson, d’Aimé De Loy, de Jean Polonius. […] La mémoire fidèle de ses amis et la lecture de ses poésies touchantes ont suffi pour nous le faire apprécier et aimer. […] Aimé de Loy, né en 1798, est mort en 1834. […] j’étais jeune alors, plein de séve et d’ardeur ; J’aimais ce pays neuf, sa pompe et sa splendeur ; J’aimais le bruit des flots, le bruit de la tempête, Et les périls étaient mes plaisirs de poëte. […] S’il est des méchants sur la terre, C’est qu’ils n’ont pu se faire aimer.
Étant homme, et poète, il aimait ce qui venait de lui, et préférait ce qu’il voyait mal reçu du public. […] Ce que l’on aime, on l’aime pour la perfection qu’on y voit : d’où, quand cette perfection est réelle, la bonté de l’amour, vertu et non faiblesse. […] Ni l’un ni l’autre aussi ne songe à y renoncer : même poursuivant Rodrigue, Chimène se croit le droit, le devoir de l’aimer. […] Polyeucte aime Pauline dès le début « cent fois plus que lui-même » ; près du martyr, il l’aimera Beaucoup moins que son Dieu, mais bien plus que lui-même. […] Même aventure arrive à Pauline : Sévère longtemps a été tout ce qu’elle connaissait de meilleur ; elle l’aimait donc plus que tout.
Mais, a-t-elle répliqué, ne vous mettez pas eu tête qu’il aime une personne… Elle n’a pas fini, et c’est la première fois que je l’ai vue se modérer dans ses transports. […] Le roi avoue qu’il l’aime encore, et plus qu’il ne voudrait. […] Mais en 1680, à Versailles, le prince galant et libertin était affligé ; le prince aimable et amoureux était aimé, il savait l’être, et il n’était pas désespéré. […] Le lecteur aimerait à trouver ici de nouvelles notions sur la figure et la taille de cette femme de quarante-cinq ans, dont la résistance affligeait le roi le plus galant du monde, et plus jeune qu’elle de trois ans. […] J’écris pour les historiens, et je me crois plus obligé à une exactitude scrupuleuse que si j’étais historien moi-même ; or il est de fait que je n’ai trouvé aucun document historique sur le personnel de madame de Maintenon à l’âge de quarante-cinq ans ; mais comme j’aime autant qu’un autre à me la figurer agréable, j’emprunterai ici la peinture que madame de Genlis en a faite : j’aimerais à la croire vraie, quoique je sois eu droit de la regarder comme un ouvrage d’imagination.
Il aimait, avec la rage d’un homme qui n’atteindra jamais à ce qu’il aime, toutes les manifestations et les expressions de la force. […] mais avec cette main vigoureuse de flibustier que Byron aimait à presser dans les siennes. […] vous êtes bien bonne, ma chère, c’était un pick-pocket. — Puis il aimait l’effet comme une vieille actrice elle-même ! […] Child-Harold lui-même, qui a soupiré pour beaucoup de femmes, n’en a aimé qu’une. […] Seulement les femmes qu’il a aimées ne nous le diront pas !
C’est, pour moi, le plus beau paysage du monde, car je l’aime et il me connaît. […] Décidément, il les aime trop. […] Ce mépris, tous leurs journaux le suent… Comment donc aimer qui nous traite ainsi ? […] Soyons inintelligents, et n’aimons que qui ne nous hait point, du moins pour un temps. Nous aimerons tous les peuples dans un monde meilleur.
Il l’avait toujours aimée, la Nature. […] Jules Levallois, sont des ermites d’un autre genre, des Pères du Désert d’un tout autre acabit, d’une tout autre amabilité… Ils aiment la nature pour elle-même, la nature pour la nature ! Ils ne l’aiment pas contre les humains. […] Il aime beaucoup Maurice de Guérin, le grand poète panthéiste, l’auteur du Centaure, et il en cite des fragments sublimes dans lesquels Guérin, qui ne joue pas, lui, la comédie, comme ce Protée de Goethe, s’anéantit dans la nature au lieu de simplement s’y évanouir. […] Croire que la contemplation des choses naturelles, que la solitude dans les bois ou sur les rivages a cette puissance de retremper la volonté, viciée en son principe, dans l’homme, et de le rendre un être moral plus fort et plus profond qu’avant de se promener sur ce rivage et dans ces bois, s’imaginer qu’on devient vertueux par l’influence du paysage, c’est la rêverie et l’illusion de quelqu’un qui aime mieux la nature qu’il ne comprend l’humanité.
Gozlan n’aime pas les vers. « Plus de poètes ! […] grâce pour ces fêtes qu’aima notre enfance ! […] pour tous ceux qu’aimèrent nos pères ! […] Balzac a dû beaucoup aimer, il a dû être aimé beaucoup. […] Je laisse à chacun la liberté d’aimer ou de ne pas aimer les œuvres de Balzac, tant il est vrai, ainsi que le fait remarquer M.
Guillaume de Lorris fait un art d’aimer, selon la doctrine de l’amour courtois. — 3. […] C’étaient des enfants, et qui n’aimaient qu’à entendre des histoires. […] Celui-là a aimé la lumière, les eaux, les fleurs, les ombrages ; il a noté quelque part, sans ombre de libertinage, les blancheurs de « la chair lisse ». […] Aimer le prochain, l’aimer activement, c’est être bon chrétien, et Dieu ne demande pas autre chose. […] Fr. de l’Art d’aimer (dans la Poésie au moyen âge).
Sarcey aime la netteté et il a naturellement bon cœur. […] Si vous saviez comme il aime Veuillot et comme il s’ébaudit à lire sa correspondance ! […] Il a besoin d’aimer, dans un drame, un ou plusieurs personnages, de prendre parti pour les uns contre les autres. […] Sarcey aime trop la Tour de Nesle. […] Ils aiment les comédies de Musset, même les Caprices de Marianne, même Barberine.
Tu sais, Orchel, ce qu’aime M. […] Kobus les aime ! […] Je n’ai jamais aimé que Sûzel et je ne veux jamais aimer qu’elle. […] … Sûzel, aimes-tu M. […] je vous aime !
Berthelot aimait autant que moi ce que je faisais ; j’aimais son œuvre presque autant qu’il l’aimait lui-même. […] Ce qu’il aime, ce sont presque toujours des imperfections. […] La foule aime le style voyant. […] En somme, j’ai été aimé des quatre femmes dont il m’importait le plus d’être aimé, ma mère, ma sœur, ma femme et ma fille. […] Il m’aimait assez et essaya de me rendre service, quoique je n’eusse rien fait pour lui.
Les poètes nous aident à aimer. […] Elle aimait le chevalier au cygne et le chevalier au cygne l’aimait. […] Ils s’aimaient comme jamais on ne s’aima sur la terre. […] Et savent-ils mieux aimer ? […] Je l’aime épars et dispersé.
Bussy-Rabutin, dans ses Amours des Gaules 61, raconte comment il arriva que madame de Montespan, sous les yeux, dans la société intime de madame de La Vallière, devint sa rivale préférée, longtemps avant que cette amante passionnée s’en doutât, longtemps encore après qu’elle en eût la certitude ; le roi se trouvant alors partagé entre la maîtresse qu’il n’aimait plus, celle qu’il commençait à aimer, et la reine, dont il affligeait la tendresse, toutefois sans déserter sa couche. […] Le grand Alcandre, pour avoir le plaisir de voir madame de Montespan, allait plus souvent chez madame de La Vallière, et madame de La Vallière, se faisant l’application de ces nouvelles assiduités, en aimais davantage encore madame de Montespan… Mais enfin… elle s’aperçut bientôt de la vérité… elle se plaignit au grand Alexandre, qui lui dit qu’il était de trop bonne foi pour l’abuser davantage ; qu’il aimait madame de Montespan ; mais que cela n’empêchait pas qu’il ne l’aimait comme il devait, et qu’elle devait se contenter de ce qu’il faisait pour elle… Nouveaux pleurs, nouvelles plaintes… Mais le grand Alcandre n’en étant pas plus attendri, lui dit une seconde fois que si elle voulait qu’il continuât de l’aimer, elle ne devait rien exiger de lui au-delà de sa volonté ; qu’il désirait qu’elle vécût avec madame de Montespan comme par le passé, et que si elle témoignait la moindre chose de désobligeant à cette dame, elle l’obligerait à prendre des mesures. […] Monsieur de Montausier était à Rambouillet, il n’apprit pas cette affaire. » Le duc de Saint-Simon a aussi parlé des avanies du marquis de Montespan ; mais, né seulement en 1673, il n’en a parlé que plus de vingt années après, et sur des traditions fort suspectes ; l’on verra même qu’il en a adopté de fabuleuses ; il n’aimait pas M. de Montausier, et n’était pas fâché de trouver la duchesse de Montausier digne de reproches auxquels son mari n’aurait pas été étranger.
Comme le sculpteur qui finit par adorer sa statue, il aimait et respectait le Vauvenargues qu’il avait créé, et qui lui appartenait aussi bien que L’Orphelin de la Chine. […] puisqu’il aimait la gloire, Vauvenargues a bien fait de mourir. […] Comme lord Byron, il a jusqu’à ses heures de prière… Encore une fois, un pareil homme devait, un jour ou l’autre, être à couteaux tirés avec Voltaire, qui n’aimait pas les capucins de Saint-François, mais qui n’en était pas moins le capucin de la philosophie, quêtant perpétuellement pour son Ordre, et qui croyait avoir recruté Vauvenargues parmi les Frères de son couvent. […] Il eut la naissance, la beauté, la santé, le succès, la gloire de bonne heure, une femme qui l’aimait et qu’il n’aimait pas (deux profits : il était adoré et il était tranquille), toutes les bonnes fortunes et la grande : la fortune de l’ambition, des millions, des décorations, une vieillesse illustre, la chapelle ardente de madame Récamier, et enfin un tombeau préparé à l’avance, comme un arc de triomphe, en face de cette mer qu’il avait tant aimée, si jamais il aima quelque chose !
Comme le sculpteur qui finit par adorer sa statue, il aimait et respectait le Vauvenargues qu’il avait créé et qui lui appartenait aussi bien que L’Orphelin de la Chine. […] Certes, puisqu’il aimait la gloire, Vauvenargues a bien fait de mourir. […] Comme lord Byron, il a jusqu’à ses heures de prière… Encore une fois, un pareil homme devait, un jour ou l’autre, être à couteaux tirés avec Voltaire, qui n’aimait pas les capucins de Saint-François, mais qui n’en était pas moins le capucin de la philosophie, quêtant perpétuellement pour son Ordre, et qui croyait avoir recruté Vauvenargues parmi les Frères de son couvent. […] Chateaubriand avait tout, lui, pour être heureux, Il eut la naissance, la beauté, la santé, le succès, la gloire de bonne heure, une femme qui l’aimait et qu’il n’aimait pas (deux profits ; il était adoré et il était tranquille), toutes les bonnes fortunes et la grande, la fortune de l’ambition, des millions, des décorations, une vieillesse illustre, la chapelle ardente de Mme Récamier, et enfin un tombeau préparé à l’avance comme un arc de triomphe, en face de cette mer qu’il avait tant aimée, si jamais il aima quelque chose !
IV J’ai toujours aimé Victor Hugo, et je crois qu’il m’a toujours aimé lui-même, malgré quelques sérieuses divergences de doctrines, de caractère, d’opinions fugitives, comme tout ce qui est humain dans l’homme ; mais, par le côté divin de notre nature, nous nous sommes aimés quand même et nous nous aimerons jusqu’à la fin sincèrement, sans jalousie, malgré l’absurde rivalité que les hommes à esprit court de notre temps se sont plu à supposer entre nous. […] Nous sommes divers, je ne dis pas égaux, mais nous nous aimons. […] Moi, fussé-je vaincu, j’aimerai ta victoire. […] Cette page est dans mes œuvres et je l’aime ; elle est là avec beaucoup d’autres qui vous glorifient. Aujourd’hui, vous pensez que l’heure est venue de parler de moi, j’en suis fier ; nous nous aimons depuis quarante ans et nous ne sommes pas morts.
Même, si je ne me trompe, ceux que j’aime sont tous assez nobles et assez forts pour mépriser les écoles. […] Les esthétiques de ceux que j’aime sont très différentes. Qu’ont-ils donc de commun qui me les fasse aimer les uns et les autres ? […] Ceux que j’aime sont des stoïciens d’art. […] Ils aiment l’Océan « comme l’aiment les goélands et le grand cygne sauvage ».
Il aime Suzanne, il va l’épouser ; dans quinze jours, elle sera sa femme. […] Mais il lui reste un espoir : si M. de Jalin l’aimait ? […] Il l’aime. […] Vous ne m’aimez pas, soit ; mais on en veut toujours un peu à une femme dont on se croyait aimé, quand elle vous dit qu’elle ne vous aime plus. […] Qui lui dit qu’elle n’aime point sincèrement M. de Nanjac ?
Ils s’aimaient comme autant de frères. […] Comme il aime, cet adolescent, à déployer se volonté froide ! […] J’aime infiniment ce feu et cette dureté. J’aime cette pierre du torrent, pleine d’étincelles. […] C’était aussi un poète Moréas avait lu ses vers et les aimait.
L’homme prétend être aimé de la jeune fille, et aimé uniquement. […] je vous aime ! […] Je ne demande à être aimé de vous que comme je vous aime moi-même. […] qu’elle est aimée ? […] Il faut les aimer comme on aime un vieil ami, comme on aime une maîtresse qu’on aime.
Ce que c’est que l’amour cependant, une fois qu’on a compris qu’on s’aime et qu’on découvre tout étonnée dans le cœur d’un autre le même secret qu’on se cachait à soi-même, et que ces deux secrets n’en font plus qu’un entre deux ! […] — Je ne savais pas cela, mon cousin, lui dis-je, enfin, en lui desserrant ses doigts mouillés du visage pour voir ses yeux ; je ne croyais pas que, quand on s’aimait dans ce monde, on pouvait jamais cesser de s’aimer dans l’autre, lui dis-je en pleurant à mon tour ; est-ce qu’on a donc deux âmes ? […] Il est bon, il est saint, il nous aime, il risquera sa vie même pour nous sauver. […] Nous aurons bien le temps de nous aimer après ! […] Non, non, non, il aimerait mieux mourir !
Mais j’aime mieux croire à l’unanimité de celui-là, et que toute la Chambre remerciait M. […] Il aime ; il a pitié ; il ne dédaigne point. […] Ce qu’elle aime habite par là : le Bon Dieu, la Sainte Vierge. […] Pouvillon aime sa petite bergère ; il aime ses visions ; il aime Notre-Dame de Lourdes. […] … Du moins, il aime ardemment ce qu’il ne croit pas tout à fait, et qu’il voudrait croire.
Aux yeux de ceux-là, nous sommes fiers de passer pour des gens d’un autre âge, pour des fous et des rêveurs ; nous nous faisons gloire d’entendre moins bien qu’eux la routine de la vie, nous aimons à proclamer nos études inutiles ; leur mépris est pour nous ce qui les relève. […] Ce qui importe, c’est d’avoir beaucoup pensé et beaucoup aimé ; c’est d’avoir levé un œil ferme sur toute chose, c’est en mourant de pouvoir critiquer la mort elle-même. J’aime mieux un yogi, j’aime mieux un mouni de l’Inde, j’aime mieux Siméon Stylite mangé des vers sur son étrange piédestal qu’un prosaïque industriel, capable de suivre pendant vingt ans une même pensée de fortune. Héros de la vie désintéressée, saints, apôtres, mounis, solitaires, cénobites, ascètes de tous les siècles, poètes et philosophes sublimes qui aimâtes à n’avoir pas d’héritage ici-bas ; sages, qui avez traversé la vie ayant l’œil gauche pour la terre et l’œil droit pour le ciel, et toi surtout, divin Spinoza, qui restas pauvre et oublié pour le culte de ta pensée et pour mieux adorer l’infini, que vous avez mieux compris la vie que ceux qui la prennent comme un étroit calcul d’intérêt, comme une lutte insignifiante d’ambition ou de vanité ! […] j’aime ces folies, j’aime ces moines de Ribéra et de Zurbarán, sans lesquels on ne comprendrait pas l’Inquisition.
Il n’aime pas la poésie pure, la poésie à l’état de rêve ou de fantaisie. Jeune, il l’aimait encore moins, s’il est possible. […] Mais la poésie dramatique, celle qui présente les passions du cœur humain aux prises dans les diverses variétés sociales, celle-là il la recherche et il la goûte ; il aime à en disserter, et il trouve à en dire les choses les plus ingénieuses et les moins prévues, qui n’en sont pas moins justes pour cela. […] J’arriverais donc, comme il aime à le faire, aux modernes du jour, aux contemporains, à nous-mêmes, et je dirais : La critique semble, au premier coup d’œil, avoir fait beaucoup de progrès, en avoir fait autant que l’art en a fait peu ; elle semble avoir gagné ce que l’autre a perdu. […] Saint-Marc Girardin aime à tirer de l’Écriture des exemples ou des maximes de morale, et il en assaisonne à ravir son enseignement.
Il n’était ni jaloux ni intrigant, propre à se laisser aimer plus qu’à séduire, sûr comme l’amitié, fidèle et discret comme elle. […] J’aimais tant la lecture ! […] Je sais que vous avez de l’amitié pour moi et que vous aimiez cet ami incomparable : c’est ce qui fait que je me livre avec vous à ma douleur. […] La princesse Rospigliosi, qui vous connaît et qui vous admire, est en femmes la seule avec qui j’aime à causer. […] “Je t’aimerai toujours, s’écrie l’ardent poète, s’appropriant les vers de l’Anthologie grecque, — je t’aimerai toujours ; mais toi, chez les morts, ne bois pas, je t’en prie, à cette coupe qui te ferait oublier tes anciens amis.” »
C’est pour lui que ses soupirants soupirent ; ce qu’on aime en elle, c’est le porte-monnaie de sa dot, c’est un lingot frappé à l’effigie d’une femme. […] Cette jeune fille qu’il a refusée tout à l’heure, il l’aime à l’adoration. […] De son côté, Caliste aime secrètement le jeune gentilhomme. […] Il s’accuse du malheur de sa fille, obligée de renoncer à celui qu’elle aime. […] Un amoureux seul peut se permettre de tuer sa maîtresse, au théâtre, et encore faut-il qu’il l’aime pour qu’on lui pardonne !
Il l’aimait. […] qu’elle aime ! […] On ne peut pas souffrir de ne pas aimer à moins d’avoir trouvé qui l’on aimerait, de se figurer comment on l’aimerait, et, par conséquent à moins d’aimer déjà ; et, si l’on aime déjà, on ne souffre plus de ne pas aimer. […] Nous l’aimons tant ! […] Coppée les aime.
Il aimait la République et détestait les curés. […] C’est lui-même encore que nous aimons dans ses romans. […] Marcel Boulenger, qui aime si fort tout ce qu’il aime, ne dédaigne trop de choses, contrairement à ce que conseille Leibnitz. […] Qu’il l’aime ou croie l’aimer, Félix veut aimer Madeleine. […] Julien Benda perçoit qu’il n’aime plus sa maîtresse.
Je le sais bien, il y a beaucoup de gens à qui je suis comme une épine dans l’œil ; ils aimeraient bien être débarrassés de moi, et comme on ne peut plus maintenant attaquer mon talent, on s’en prend à mon caractère. […] j’aurais aimé cela ! […] Je n’ai fait de poésies d’amour que lorsque j’aimais. […] Il n’aimait pas la littérature qui fait dresser les cheveux sur la tête. […] Les dernières pages dans lesquelles on voit Eckermann visitant pour une dernière fois sur son lit mortuaire la forme expirée, mais encore belle, de celui qu’il a tant aimé et vénéré, font une conclusion digne et grandiose.
» Quelle fête dans son cœur quand il est aimé ! […] Surpris et insulté par le frère, il le tue en duel et perd celle qu’il aimait. […] Il ne m’aimera pas. […] Mais en même temps il aime et pratique tous les exercices du corps. […] Elles l’aiment, car elles sentent qu’il les aime.
faut-il que je vous aime ? […] Je vous aime ! […] On nous aime ; faisons qu’on nous aime à jamais. […] Je les aime tant ! […] Il doit t’aimer encore.
Vous (c’est à Rousseau qu’il parlait), vous achèverez de haïr tous les hommes, et lui (Diderot), finira de les aimer. […] Qu’a-t-il besoin d’anges pour révéler et pour inspirer ce qu’il voit et ce qu’il veut, cet Être inconnu que j’adore de cœur et que j’aime avec vous ? […] Deleyre était de ceux qui aiment mieux pâtir que jouir et prospérer ; il craignait toujours de faire tort aux autres, et de peur d’être heureux aux dépens du grand nombre, il se rangeait volontiers de lui-même du côté des misérables : il avait retourné le proverbe comme trop dur et trop égoïste : « Je trouve le proverbe bien cruel, disait-il, et j’aime encore mieux faire pitié qu’envie, moi. » Nature vraiment pitoyable et tendre, il a la piété sans la religion ! […] Je n’aime point à trouver dans autrui la cause de mes dégoûts pour la vie. […] J’aime à traverser des abîmes, à franchir des précipices, à découvrir des lieux où le pied de l’homme n’ait point imprimé sa trace.
Ce Ménédème, par exemple, tout en restant parfaitement naturel, a déjà quelque chose du principe chrétien ou, si l’on aime mieux, du principe religieux en général qui aboutit à l’ascétisme. […] Phédria a été chassé, tenu dehors par Thaïs qui lui a fait refuser sa porte, tandis qu’un autre a été admis : il peste, il s’indigne, il se méprise lui-même, pour sa lâcheté, de sentir qu’il l’aime encore ; il prend de grandes résolutions : elle paraît, tout ce courage s’évanouit. Elle lui parle avec douceur et en personne qui l’aime toujours ; elle lui explique l’aventure de la veille. […] Je veux que ton retour Te paraisse bien lent ; je veux que nuit et jour Tu m’aimes……………………….. […] Térence est la joie et les délices des esprits délicats et justes, qui n’aiment pas le fou rire, qui aiment un rire modéré qui aille avec les pleurs et qui ne dépare pas le sourire.
Il a mieux aimé s’occuper d’un monde créé que de nous en créer un. À l’âge où l’on flambe encore d’ambition folle, il a mieux aimé aller en second qu’aller en premier. […] Pichot et Guizot, qui devait tenter ceux qui aiment Shakespeare, et, en le traduisant, veulent nous le faire aimer. […] J’aime mieux le mien, le vieux Shakespeare. […] Pour mon goût, j’aimais mieux l’ancien, le barbare, comme disaient les badauds après ce finaud de Voltaire !
Il aimait la Papauté et l’Église comme ou les aimait au Moyen Âge. […] On ne se révolte pas contre la sienne, et comme il nous fait aimer la puissance, il nous fera peut-être aimer un jour la vérité. […] De Maistre, qui aimait Voltaire tout en lu maudissant, parce qu’il avait autant d’esprit que Voltaire, et que l’Esprit est toujours un Narcisse qui aime à se mirer et à se revoir dans l’esprit des autres ; de Maistre, qui était capable de rire, n’a ri que deux ou trois fois dans ses œuvres. […] Aussi, diront-ils probablement avec une mélancolie à faire mourir de rire : « Nous aimions mieux Le Fils du diable ! […] Ce que nous aimons dans son histoire, c’est le surnaturel.
« Jeune, avec du cœur, de l’âme, de l’esprit, de l’instruction, et ce qu’il faut de fortune pour vivre indépendant », il va dans le monde ; il y a des succès et y est aimé. […] Elle aimait tout de lui, disait-elle dans des vers passionnés : J’aime tout dans celui qui règne sur mon cœur… Elle aimait son talent, ce qu’elle appelait son génie, ses défauts même, son air vaurien ou lutin, et jusqu’à ses infidélités et ses inconstances : comment n’aurait-elle pas aimé sa manière correcte et digne ? […] Aimer follement lui avait paru de tout temps la seule manière raisonnable d’aimer. […] Benjamin Constant et Béranger ne s’aimaient pas ; ce dernier surtout n’aimait pas l’autre. […] Cela lui procure des sensations. — Il croyait aimer Mme de Staël, et il n’aimait que les émotions quelle lui donnait.
La nature est roturière ; elle veut qu’on travaille ; elle aime les mains calleuses et ne se révèle qu’aux fronts soucieux. […] Ils pratiquaient le désintéressement absolu ; ils aimaient la glorieuse pauvreté. […] Littré avait pour moi une bonté dont je garde un profond souvenir ; je sentais cependant qu’il m’aurait aimé beaucoup plus si j’avais voulu être comtiste. […] Souvent, nous aimons à être l’asile des vaincus ; la cause qui aurait chez nous son dernier refuge pourrait donc être assez malade. […] La patrie, qu’il a tant aimée, la science, qu’il a préférée à lui-même, la vertu, dont il fit la règle de sa conduite, sont des choses éternelles.
» On ne savait rien sur elle, et cependant chacun l’aimait. […] Laquelle des deux jeunes filles va reconnaître celui qu’elle aime ? […] Jacques n’a ni père ni mère ; il n’a qu’elle au monde à aimer. […] Aujourd’hui, c’est fête à Vergt pour la religion, mais aussi pour la poésie qui la comprend et qui l’aime. […] je veux vous peindre, pendant que je tiens le pinceau, notre pays aimé du ciel.
vos aînés vous aiment et vous saluent. […] Aimer quoi ? […] Le prodige qui n’aime pas est monstre. Aimons ! aimons !
Puissé-je comme lui passer ma vie à prêcher quelques vérités, aimer toujours les jeunes gens et en être aimé ! […] Mais ce serait faire injure à nos jolies Messines endimanchées et montrer trop de dédain pour nos prairies bien aimées. […] que j’aime mieux retourner vivre sous nos peupliers, auprès de vous ! […] « Aimer davantage c’est aimer autrement ; et surtout si c’est encore le même cœur qui s’attache aux mêmes êtres, le temps ayant profondément changé la nature de ses liens. « Aimer de si loin, c’est aimer sans jouir, c’est aimer sans posséder, c’est apprendre à n’aimer plus pour soi.
Je n’aime les acteurs que hors de la scène. […] Il m’aima jusqu’à la fin. […] Il aimait en moi mon isolement des partis. […] Aimer le grand c’était son état. […] Il y en eut un autre que j’aimai, qui m’aima, que j’aime encore et qui ne m’aime plus.
Elles mangent, boivent, aiment. […] Il en aimait le vocabulaire mignon. […] J’aime mieux ma plume, ô gué ! […] Je voudrais faire aimer celui-ci. […] Il l’aimait d’amour.
Qu’ai-je fait pour être aimé de toi ? […] Aimez-vous Volupté ? […] Paul Claudel aimait Chateaubriand. […] (J’aime moins ces deux opuscules.) […] J’avoue que j’aime encore mieux les robins.
Mauriac l’aime mieux ainsi. […] Henri de Régnier l’aime fort, et qui ne l’aime aujourd’hui ? […] On a beaucoup aimé celle-là, et on l’aimera probablement toujours. […] » J’aime cette indignation. […] Flaubert l’a-t-il aimée ?
On n’avait pas montré à ses ouvrages ce dédain et cette hostilité qu’on a pour tous les livres forts dans ce monde quand ils touchent à des idées faites ; car l’homme n’aime pas plus à être dérangé dans son esprit que dans son corps. […] c’est précisément le petit qu’on aime en ce pays, capable pourtant de grandes choses, et où les femmes disent gentil pour petit, dans leur langage, comme les Russes disent rouge pour beau. […] Ce n’est pas tout que de vouloir être le fils de quelqu’un, il faut l’être, ou du moins tellement ressembler à ce quelqu’un-là qu’on puisse le faire croire, et ce n’est pas là le cas Fournier a beau grimer son sourire, il a beau se barder de bouquins, comme disait Nodier, qui se moquait bien de cette bouquinerie et qui ne l’aimait peut-être que pour s’en moquer, — car c’est encore une des manières d’aimer de cette aimable créature qui s’appelle l’homme, — il n’a point, lui, Édouard Fournier, cette fleur de raillerie charmante, qui fait tout pardonner, que Nodier fourrait entre les feuillets de ses vieux livres et qui ne s’y dessécha jamais. […] Il s’agit de l’éducation des hommes par l’histoire, par cette histoire qui nous fait aimer la patrie et qui nous l’enfonce dans le cœur à coups de grands exemples, à coups de grands hommes morts pour elle et dont l’âme vibre en certains mots qui les peignent, — ne les eussent-ils pas dits ! […] Nous trouverons peut-être qu’il l’a répété dans le prochain ouvrage de Fournier, qui va continuer ses publications érudites, et va, je l’espère bien, continuer à râper son sucre toujours aussi fin, dans ces sucriers recherchés des dames et qui s’appellent de ces agréables noms : le Vieux-neuf 21 (j’aimerais mieux du Vieux-Sèvres !)
Georges-Alfred Lawrence a été certainement un des scholars les plus distingués de l’Université d’Oxford, — et j’en suis bien aise pour sa famille, qu’un tel succès a dû ravir, — mais il est resté incommutablement scholar depuis qu’il est sorti d’Oxford, et j’en suis fâché pour son talent que j’aime et dans lequel personne ne met plus d’espérances que moi. […] Et voilà pourquoi, ne fût-il que cela, il faudrait l’aimer et l’applaudir. […] que l’étendue de la lumière complète et que la pureté de toutes les vertus… Guy Livingstone, le dandy orgueilleux, l’âme invulnérable, le buveur qui eût vidé, sans seulement sourciller, la coupe d’Hercule, n’a été dressé sur sa base d’acier par son inventeur que pour mourir de désespoir sous le simple refus de pardon d’une femme aimée et offensée ! […] à tout propos, les vers sublimes du poète : « Un soupir pour ceux qui m’aiment, un sourire pour ceux qui me haïssent, et, quel que soit le ciel au-dessus de ma tête, un cœur prêt pour tous les destins ! […] Guy Livingstone, ce Samson, victime de sa force comme l’autre Samson ; Guy Livingstone, ce dandy héroïque, qui efface d’un trait tous les dandys connus dans l’histoire des mœurs de l’Angleterre, finit par la douceur de l’humilité sous la plus mortelle injure, parce qu’il a promis à la femme qu’il a aimée et perdue d’être doux, et qu’il veut la revoir dans le ciel !
Seulement, il ne rit pas, lui, et, quoiqu’il soit difficile de l’aimer, on sent avec respect qu’il est un maître, tandis que M. […] Renée n’aime point son mari Paul. Elle n’aime que ses portraits de famille. […] Il est fait pour très-bien empoter et dépoter des résédas à sa femme, si sa femme aimait les résédas ! […] Le vis-à-vis de la mère qui n’aime pas sa fille et de la fille qui ne se sent pas aimée par sa mère, voilà tout l’intérêt du livre, et la nuée sombre d’où doit sortir la foudre qui frappera cette mère aux mamelles de bronze, l’altière marquise de Penarvan.
Georges-Alfred Lawrence a été certainement un des scholars les plus distingués de l’Université d’Oxford, — et j’en suis bien aise pour sa famille qu’un tel succès a dû ravir, — mais il est resté incommutablement scholar depuis qu’il est sorti d’Oxford, et j’en suis fâché pour son talent que j’aime et dans lequel personne ne met plus d’espérances que moi. […] Et voilà pourquoi, ne fût-il que cela, il faudrait l’aimer et l’applaudir ! […] Guy Livingstone, le dandy orgueilleux, l’âme invulnérable, le buveur qui eût vidé, sans seulement sourciller, la coupe d’Hercule, n’a été dressé sur sa base d’acier par son inventeur que pour mourir de désespoir sous le simple refus de pardon d’une femme aimée et offensée ! […] à tout propos, les vers sublimes du poëte : « Un soupir pour ceux qui m’aiment, un sourire pour ceux qui me haïssent, et, quel que soit le ciel au-dessus de ma tête, un cœur prêt pour tous les destins ! […] Guy Livingstone, ce Samson, victime de sa force comme l’autre Samson, Guy Livingstone, ce dandy héroïque, qui efface d’un trait tous les dandys connus dans l’histoire des mœurs de l’Angleterre, finit par la douceur de l’humilité sous la plus mortelle injure, parce qu’il a promis à la femme qu’il a aimée et perdue d’être doux, et qu’il veut la revoir dans le ciel !
La princesse avoue qu’elle aime Britannicus. […] Je ne t’ai point aimé, cruel ! […] Il vous aime toujours. […] C’est que Racine a eu le grand art de faire espérer qu’Oreste serait aimé. […] Si l’un des deux n’était pas aimé autant qu’il aime, il en serait en quelque sorte avili, et l’autre paraîtrait injuste.
Et puis je n’aime pas les citations. […] Une pauvre jeune fille, aimée de deux hommes qu’elle n’aime pas, et dédaignée par un homme qu’elle aime, c’est l’histoire de beaucoup de femmes, trésors de dévouement et d’amour, qui du moins plaignent ceux qu’elles ne peuvent pas aimer. […] Je ne comprenais plus les livres que j’avais aimés, et je commençais à aimer les livres que je n’avais pas encore compris. […] On aime peut-être encore plus Béranger qu’on ne l’admire. […] Qui est-ce qui aime M.
j’aime mieux les démons qu’elle nous envoie que ceux qui visitaient l’ancienne humanité ; j’aime mieux Astarté et Asmodée que Moloch et Bélial. […] Elle conseille de croire, d’aimer, d’espérer, et soudain ceux qui ne croyaient, n’aimaient ni n’espéraient sont fortifiés et comme gonflés d’une sève divine. […] Comment peut-on ne pas aimer toujours ce qu’on a aimé une fois ? […] S’il se résigne à ne plus aimer Charlotte, il devra se résigner aussi à ne plus rien aimer dans sa vie. […] Il le savait ; aussi aimait-il sa laideur comme on aime les instruments qui vous ont rendu victorieux.
Elle aimait à parler des années anciennes et à initier ceux qu’elle appelait ses jeunes amis aux confidences d’autrefois : « C’est une manière, disait-elle, de mettre du passé dans l’amitié. » C’est donc elle qui parle autant et plus que moi dans ce que je vais dire : « La première passion de Mme de Staël, à son entrée dans le monde, a été pour M. de Narbonne qui s’est très mal conduit avec elle, comme font trop souvent les hommes après le succès. […] Depuis, dévot et à Coppet, elle l’en plaisantait agréablement devant Mme Récamier : « Voyez, Mathieu, lui disait-elle, maintenant nous ne demanderions pas mieux que de vous entendre. » Benjamin Constant devint épris de Mme de Staël, lorsqu’elle était le plus en douleur de l’infidélité de M. de Narbonne (septembre 1794) : elle l’aime peu d’abord, mais il fait tant de désespoirs et de menaces de se tuer qu’il triomphe d’elle. […] Il s’en pique ; déjà il ne l’aimait plus et avait eu des liaisons avec Mme Talma (Julie) dont il a laissé un portrait si charmant. […] Tout à coup on vient apprendre à Mme de Staël et à lui que sa femme s’est empoisonnée ; Mme de Staël y court et trouve une femme sur son canapé, qui se croit empoisonnée plus qu’elle ne l’est : scène ridicule. — Les scènes que Mme de Staël n’épargnait pas vers ce temps à Benjamin Constant, la honte qu’elle lui faisait de ce mariage, l’idée qu’elle supposait à l’Europe et à l’univers lorsqu’on apprendrait cet éclatant divorce de leurs célèbres personnalités, tout cela était tel et agissait si fort sur la tête nerveuse de Benjamin Constant, qu’il y avait des moments où il s’estimait un monstre aux yeux de la terre : « Quand je rentre dans Paris, disait-il sérieusement, je lève les glaces de ma voiture, de peur d’être montré au doigt. » Mais le scepticisme reprenait vite le dessus. — Cependant Mme de Staël avait bien ses distractions aussi, son cercle d’adorateurs, M. de Schlegel, M. de Sabran, M. de Barante… ; elle aimait beaucoup ce dernier, dont elle avait mis quelques traits et quelques situations dans Oswald ; mais il dérivait un peu vers Mme Récamier… En mourant, elle ne témoigna aucun retour vif à Benjamin Constant qu’elle voyait pourtant tous les jours.
La postérité, dont il ne s’est point assez occupé, conservera sa mémoire ; la faveur qui, de nos jours, accueillit ses ouvrages ne les abandonnera pas : le moyen d’être sévère pour celui qu’on ne peut lire sans l’aimer ! […] Aimer le grand, c’était son état. […] Nous nous aimions pour noire cœur et non pour nos talents. […] Philoxène Boyer Charles Nodier, qui joua les mille et un personnages de la vie du lettré, aima les vers par-dessus tous les autres divertissements de sa pensée.
Il n’a pu aimer, et il a joué la comédie de la passion. […] J’aime, mais je n’aime personne, car l’homme que je pourrais aimer n’est pas né, et il ne naîtra peut-être que plusieurs siècles après ma mort ! […] Vous dites que vous m’aimez, Marie ! […] Vous m’auriez fait croire que je ne vous aimais pas ! […] N’écrivez jamais, Marie, à l’homme qui vous aimera !
Le premier produit l’amour du jeu, et le second l’avarice ; quoiqu’on puisse supposer qu’il faut aimer l’argent pour aimer le jeu, ce n’est point là, la source de ce penchant effréné : la cause élémentaire, la jouissance unique, peut-être, de toutes les passions, c’est le besoin et le plaisir de l’émotion. […] Aimer l’argent, pour arriver à tel ou tel but, c’est le regarder comme un moyen, et non comme l’objet ; mais il est une espèce d’hommes qui, considérant en général la fortune comme une manière d’acquérir des jouissances, ne veulent cependant en goûter aucune ; les plaisirs, quels qu’ils soient, vous associent aux autres, tandis que la possibilité de les obtenir est en soi seul, et l’on dissipe quelque chose de son égoïsme, en le satisfaisant au-dehors. L’avenir inquiète tellement les avares, qu’ils aiment à sacrifier le présent comme pourrait le faire la vertu la plus relevée : la personnalité de tels hommes va si loin, que l’avare finit par immoler lui à lui-même ; il s’aime tant demain, qu’il se prive de tout chaque jour pour embellir le jour suivant.
C’est mon sang qui coula dans la première aurore… De même, l’idée de l’univers sera toujours présente au poète bouddhiste quand il lui arrivera d’aimer une femme. Il aimera magnifiquement : car la nature entière lui fournira des images pour exprimer son amour. Il aimera avec sensualité et langueur : car il ne voudra goûter l’amour qu’aux lieux et aux heures qui le conseillent et l’insinuent, dans les parfums, dans les musiques, dans la douceur et la mélancolie des soirs tièdes. Il aimera avec tendresse et reconnaissance : car il n’ignore point que c’est la rencontre d’une femme qui a embelli pour lui le rêve des choses. Il aimera avec résignation : car il sait bien que ce n’est en effet qu’un rêve, et qui passera.
Il en aima plusieurs en particulier. […] Il a aimé passionnément la beauté. […] Il aime mieux éviter ces pénalités diverses. […] M’aimerez-vous ? […] Il est chrétien et il aime les fêtes païennes.
On apprenait, en les lisant, à aimer la France, à l’aimer dans son histoire ressuscitée par lui, à l’aimer dans son peuple dont il interprétait les sentiments secrets et les nobles aspirations, à l’aimer dans son sol même, dont il savait si bien peindre le charme et la beauté. […] Et ce n’était pas en paroles seulement qu’il les aimait. […] Ce n’est pas la mort seulement, c’est les morts qu’il aime. […] Il aime les animaux comme il aime les faibles, les infirmes. […] Que par elles il continue, comme il l’espérait, à vivre, à aimer et à être aimé !
(J’aime moins ces deux opuscules.) […] Elle aimait le pasteur avant de l’avoir vu. […] Il aime Nietzsche : c’est très bien. […] « Je l’ai tant aimé ! […] Car il n’aime pas Hugo non plus.
Elle l’aimait : l’amour est aussi une puissance ! […] Encore une fois, si on nous avait dit dans les jeunes années : « Vous aimerez un jour cet homme ; vous l’aimerez, non seulement d’attrait, mais d’estime ; vous l’aimerez passionnément d’une de ces passions tardives et réfléchies de l’âge mûr qui ne meurent plus qu’avec nous », nous aurions dit : Non, jamais ! […] nous l’avons aimé, nous l’avons estimé, nous l’avons chéri comme un père et comme le plus tendre des amis. […] Entre nous, c’était l’homme qui aimait l’homme ; le poète était réservé. […] J’ai mieux aimé n’être rien.
Le soir, il revient chez le père Goulden, excellent homme qui l’aime comme un père, et qui lui donne de bons conseils comme à un fils. […] Goulden m’aimait bien. […] fit-il, ça prouve que vous avez un bon estomac, puisque vous aimez le vinaigre. […] — Oui… oui, lui disais-je tout bas ; et toi, tu penseras à moi… tu n’en aimeras pas un autre ! […] » La mère Grédel s’assit ; comme je me baissais vers elle, elle me prit la tête entre ses mains, et m’embrassant, elle criait : « Je t’ai toujours aimé, Joseph, depuis que tu n’étais qu’un enfant… je t’ai toujours aimé !
Guizot n’aurait pas choisi les Guise pour sujet exclusif d’histoire ; il eût mieux aimé Coligny. […] C’est, dans le meilleur sens d’un mot que je n’aime point : « un libre esprit », mais ce libre esprit a ses dominations que j’aime. […] Ils aimaient, dans leur orgueil, quoiqu’ils n’en fussent pas, à se dire du sang de Charlemagne. […] Il paraît qu’on aime avec cela… Et c’est avec cela que Philippe II a aimé Dieu et son Église. […] Il aima ardemment les femmes, cet homme de rosaire, de communion et de cilice ; il les aima, quoiqu’il dût les épouvanter rien qu’en les serrant dans ses bras ; il fut libertin, fornicateur et adultère.
Et les humbles qu’elle aime, je sens trop qu’elle « condescend » à les aimer ; qu’elle est à leur égard dans la disposition d’âme artificiellement chrétienne d’une protestante philosophe et éclairée, en visite chez des inférieurs. […] Est-ce que vous ne sentez pas que Flaubert aime la pauvre Emma ? […] Est-ce que vous ne comprenez pas que Flaubert aime la servante Félicité d’Un coeur simple ? […] Nous aimons aimer ; nous sommes peut-être le seul peuple qui soit porté à préférer les autres à soi. […] En attendant, dépêchez-vous d’aimer ces écrivains des neiges et du brouillard ; aimez-les pendant qu’on les aime, et qu’on y croit, et qu’ils peuvent encore agir sur vous comme il faut se servir des remèdes à la mode pendant qu’ils guérissent.
Il y resta exactement — si vous aimez les précisions — du 27 avril 1641 au mois de janvier 1642. […] Il revint à Château-Thierry, il y rentra pour n’y rien faire, ce qu’il a toujours aimé. […] Fouquet, pour les raisons que vous savez, pour des raisons très sérieuses, les historiens en sont sûrs, Fouquet tomba, cet homme que nous ne pouvons pas nous empêcher, non seulement de plaindre mais d’aimer ; car il était charmant, Fouquet ; il était tout à fait un Italien, un grand seigneur italien du seizième siècle : il aimait les arts, il aimait les lettres, il aimait les choses somptueuses, il aimait les grandes architectures, les appartements magnifiques, il aimait la conversation des femmes élégantes et distinguées, il aimait la conversation des poètes, tout ce qui était beauté était l’objet des amours et des passions de Fouquet. […] Tout cela est absolument honorable et c’est un beau moment devant lequel on aime à s’arrêter dans la vie de La Fontaine. […] Les étrangers doivent te craindre, Tes sujets te veulent aimer.
Werther se tuerait quand même il n’aimerait pas Charlotte ; il se tuerait pour l’infini, pour l’absolu, pour la nature ; Gustave ne meurt en effet que d’aimer Valérie. […] que vous aimeriez cet ouvrage ! […] L’inépuisable besoin de plaire s’était changé en un immense besoin d’aimer, ou même s’y continuait toujours207. […] On aime à rechercher quelles furent, à cette époque de 1815, les relations de Mme de Krüdner avec quelques personnes célèbres, dont l’âme devait, par plus d’un point, rencontrer la sienne. […] En fait de relations qu’on aime, indiquons encore que Mme de Krüdner connut M. de Chateaubriand dès l’heure d’Atala (1801).
Il avait de grandes sœurs, pourtant, pour en être aimé ; il avait une petite sœur, pour l’aimer : je ne vois pas qu’il ait jamais eu d’étroite intimité avec elles. […] Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas l’argent qu’il aime, c’est l’ordre. […] Il ne voulait pas s’aliéner, et il n’aimait pas à se contraindre. […] Il aimait à disputer ; il était têtu, et ne lâchait jamais pied. […] Il aimait la société et recevait de nombreuses visites.
Il l’aimait, dit M. Taine, comme le cavalier aime sa monture. […] Il aimait la tragédie. […] Il a certainement aimé Joséphine. […] Jusqu’à Moscou, le peuple aimait Napoléon.
chacun aime à parler de son métier, ceci soit dit, toutefois, sans vous faire tort. […] « … et c’est ce que j’aime sur toutes choses. […] Cet homme (il n’aimait que les mers d’Italie) a osé trouver affreuse la baie de Saint-Malo. […] S’il a « particularisé », comme il aime à dire et prenez ce mot dans le sens qui veut dire analyser dans le détail s’il a particularisé, c’est les animaux. Il a aimé les considérer, il s’est trompé souvent sur leur véritable complexion, mais il a aimé les observer, voir leur physionomie, leurs gestes, comprendre leur petite âme par leurs gestes et leur physionomie.
En revanche, l’ouvrage de lui que j’aime le moins est son Panthéon révolutionnaire démoli, un titre à fracas ; je n’en aime ni l’affiche, ni le but, par la raison qu’il faut prendre garde, quand on se met à démolir un édifice, de renverser dans son entrain bien des bustes et des statues dignes de rester debout : le Musée de l’histoire est bien voisin de son Panthéon. […] Nous allons essayer, après M. de Lescure, de le bien définir et de donner de lui l’idée qui pourra le rendre jusqu’à un certain point reconnaissable à ceux même qui le liront peu, mais qui aiment assez les Lettres pour vouloir qu’un nom cité à la rencontre leur représente quelque chose. […] Avec cela il aima vivement les Lettres et les alla prendre à leur source ; il aima et cultiva plusieurs des grands hommes de son temps en ce genre, Despréaux, Bayle, le président Bouhier, se fit estimer d’eux, leur fut des plus utiles comme auditeur plein de justesse et de savoir, comme informateur aussi et correspondant excellent ; il est si bien entré dans les intérêts de leur gloire et dans l’intelligence de leur esprit, qu’il est impossible de parler d’eux au complet, sans parler un peu de lui. […] C’est bien là qu’on voit qu’en dépit de tous les raisonnements sur la propriété littéraire, les vrais et légitimes héritiers d’un grand homme sont ceux qui le comprennent le mieux et qui l’aiment. […] Basnage met la politesse dans l’arrangement et dans la recherche des mots ; mais il ne songe pas à l’ennui dont il couvre son Journal et dont il accable ses lecteurs, qui aimeraient mieux dix lignes de M.
Est-ce donc Bathylle que tu aimes ? Est-ce que tu aimes Bacchus ? Est-ce que tu aimes Cythérée, ou bien les danses des vierges ? […] Sûr d’aimer et d’être aimé, on est devenu raisonnable ; on ne gronde plus, on se soumet à l’absence. […] N’importe : c’est l’amour qui meurt avant l’objet aimé.
J’appartiens à la génération qui a le plus aimé Victor Hugo. […] De courtes scènes dialoguées dont le fond se réduit à ceci : que la femme est fragile, qu’elle est contredisante, qu’elle est capricieuse, qu’elle aime les soldats, qu’elle aime les mauvais sujets. […] Pardonnons, aimons. […] Populaires, c’est-à-dire réellement connus et aimés du peuple, Dumas père et M. d’Ennery ou même M. […] que j’aime mieux Lamartine, si brave, si fier, si naturellement héroïque, si désintéressé, si généreux, si fastueux, si imprudent !
Dieu me pardonne de les aimer, même quand ils ne seraient pas purs : car ce que j’aime en eux, comme dans tous les autres hommes à qui je voue mon enthousiasme, c’est un certain type beau et moral que je m’en forme ; c’est mon idéal que l’aime en eux. […] J’en quitte un autre qui m’aimait et me caressait. […] Le Hir, que j’aime à la folie. […] Je n’aime pas la méthode par objections. […] Moi, j’aime mieux caresser ma petite pensée et ne pas mentir.
Lamartine, vers le même temps, aima et lut sans doute beaucoup le Génie du Christianisme, René : si sa simplicité, ses instincts de goût sans labeur ne s’accommodaient qu’imparfaitement de quelques traits de ces ouvrages, son éducation religieuse, non moins que son anxiété intérieure, le disposait à en saisir les beautés sans nombre. […] Le public qui aime assez les belles choses, à condition qu’elles passeront vite, se l’était si fort imaginé ainsi, que, durant plusieurs années, à chaque nouvelle publication de Lamartine, c’était un murmure peu flatteur où l’étourderie entrait de concert avec l’envie et la bêtise : on avait l’air de vouloir dire que l’astre baissait. […] Dans les femmes qu’il a aimées, même dans Elvire, Lamartine a aimé un constant idéal, un être angélique qu’il rêvait, l’immortelle Beauté en un mot, l’Harmonie, la Muse. […] Avant que rien de nous parvienne aux autres hommes, Avant que ces passants, ces voisins, nos entours, Aient eu le temps d’aimer nos chants et nos amours, Nous-mêmes déclinons ! […] Par beaucoup de détails, par le style, par le souffle et l’ampleur des morceaux pris séparément, elles sont souvent supérieures aux premières Méditations ; comme ensemble, comme volume définitif, j’aime mieux les premières.
Les écrivains illustres, les grands poëtes, n’existent guère sans qu’il y ait autour d’eux de ces hommes plutôt encore essentiels que secondaires, grands dans leur incomplet, les égaux au dedans par la pensée de ceux qu’ils aiment, qu’ils servent, et qui sont rois par l’art. […] J’y ai souvent pensé, et j’aime à me poser cette question quand je lis quelque littérateur plus ou moins en renom aujourd’hui : « Qu’eût-il fait sous Louis XIV ? […] « On peut l’aimer, mais on ne doit pas l’exiger. […] Les sages y aiment l’unité. […] J’aime le papier blanc plus que jamais, et je ne veux plus me donner la peine d’exprimer avec soin que des choses dignes d’être écrites sur de la soie ou sur l’airain.
On aimait tant le raisonnement qu’on ne lui préférait pas l’invention. […] Aussi aime-t-on mieux l’entendre en personne que par ses interprètes. […] Le sixième veut que, nous reconnaissions Dieu à nos plaisirs ; j’aime mieux, avec Épictète et Marc-Aurèle, le reconnaître à nos devoirs. […] André Chénier aime ses amis : Où sont donc mes amis, objets chéris et doux ? […] Aimer ses amis, c’est le trait qui achève le caractère de l’homme de bien.
Prisonnier à Pontarlier, il s’était fait aimer d’une jeune femme, et il s’était pris pour elle d’une passion véritable. […] j’aime mieux le laisser ce qu’il était, un homme : Peut-être, écrivait-il à M. […] Mirabeau, sans y songer, aime et affecte naturellement l’expression large et pleine, un peu grosse. […] Il aime mieux croire à un prestige qu’à un vrai talent. […] Les grammaires ne donnent pas le style ; mais si Gabriel-Sophie a ton âme, elle trouvera aisément un Gabriel ; ils s’aimeront comme nous nous aimons, et je te réponds qu’elle écrira bien.
Il aimait cette coquine d’originalité. […] Il aimait l’esprit comme les truffes, et il le trouvait comme on les trouve. […] Il confesse à madame sa nièce ses fautes, — et ses fautes, le croirez-vous, vous qui aimez à rire ? […] Dans un autre temps, il eût mieux aimé ceux de Jean Second et de Dorat. […] il aima mieux « pleurer sur son pays ».
Il continua d’aimer l’Italie qui était selon son cœur, l’Italie des arts et sans la politique. […] Son Octave, jeune homme riche, blasé, ennuyé, d’un esprit supérieur, nous dit-on, mais capricieux, inapplicable et ne sachant que faire souffrir ceux dont il s’est fait aimer, ne réussit qu’à être odieux et impatientant pour le lecteur. […] Il arrive que ce petit Julien, être sensible, passionné, nerveux, ambitieux, ayant tous les vices d’esprit d’un Jean-Jacques enfant, nourrissant l’envie du pauvre contre le riche et du protégé contre le puissant, s’insinue, se fait aimer de la mère, ne s’attache en rien aux enfants, et ne vise bientôt qu’à une seule chose, faire acte de force et de vengeance par vanité et par orgueil en tourmentant cette pauvre femme qu’il séduit et qu’il n’aime pas, et en déshonorant ce mari qu’il a en haine comme son supérieur. […] J’aime beaucoup ce commencement ; je n’en dirai pas autant de ce qui suit. […] Celui-ci a tout simplement parlé de Beyle romancier comme il aurait aimé à ce qu’on parlât de lui-même : mais lui du moins, il avait la faculté de concevoir d’un jet et de faire vivre certains êtres qu’il lançait ensuite dans son monde réel ou fantastique et qu’on n’oubliait plus.
Dans ce siècle qu’ils aiment de prédilection, ils traiteront incomparablement moins bien les gens de lettres que les peintres. […] Je n’exige pas qu’ils aiment Suard et Morellet, mais qu’ils les voient tels qu’ils étaient, ni plus ni moins, dans ce milieu social où tout se passait encore avec convenance, avec mesure. […] Non-seulement ils aiment le xviiie siècle par excellence, le nôtre, mais en général ils aiment tous les xviiies siècles et les préfèrent décidément à ce que j’appellerai les xviies siècles, c’est-à-dire aux âges d’un goût plus large et plus simple, d’une autorité plus légitime et plus établie. […] Si j’osais, si j’en avais le temps, si c’était le lieu, j’aimerais à faire une petite dissertation là-dessus, qui tiendrait quelque peu de l’Addison et du Quintilien, qui ne serait qu’à demi pédante, qui ne sentirait pas trop l’école. […] » Qui n’aimerait des amis qui savent payer par une telle page une quinzaine d’hospitalité dans un château de Normandie en hiver ?
Elle aimait à la folie ses enfants, surtout sa fille ; les autres passions lui restèrent toujours inconnues. […] Quand on a bien analysé et retourné en cent façons cet inépuisable amour de mère, on en revient à l’avis et à l’explication de M. de Pomponne : « Il paroît que Mme de Sévigné aime passionnément Mme de Grignan ? […] C’est qu’elle l’aime passionnément. […] Veuve de bonne heure, aux belles années de sa jeunesse, elle paraît n’avoir jamais aimé d’amant. […] On a souvent discuté sur les mérites de Mme de Grignan, et sa mère lui a fait quelque tort à nos yeux en la louant trop ; c’est un rôle embarrassant à soutenir devant les indifférents, que d’être tant aimée.
Pour moi, je l’aime, mais sans la même prédilection. […] Elle en a vu à merveille et elle en a aimé le monde, le ton, l’usage, l’éducation et la vie convenablement distribuée. […] Je ne l’aurais pas cru. » Eugène a donc quelquefois un tort, Athénaïs a ses imprudences ; mais ils n’en sont que plus aimés. […] bien, y aime-t-on la France ? » — Elle vit l’humeur au front du sphinx redoutable : Si je réponds oui, songea-t-elle, il dira : C’est une sotte ; si je réponds non, il y verra de l’insolence… — « Oui, sire, répondit-elle, on y aime la France…, comme les vieilles femmes aiment les jeunes. » La figure de l’empereur s’éclaira : « Oh !
») Il y a ce rapport entre Fénelon et La Fontaine, qu’on les aime tous deux sans bien savoir pourquoi et avant même de les avoir approfondis. […] Quoi qu’il en soit, Fénelon l’aimait, et ce seul mot rachetait tout. […] Il semble s’être proposé une gageure dans cette correspondance, il semble avoir dit à son ami un peu libertin : Vous aimez Virgile, vous le citez volontiers ; eh bien ! […] J’aurais été vivement peiné de vous voir ici ; songez à votre mauvaise santé ; il me semble que tout ce que j’aime va mourir. » Écrire ainsi au chevalier Destouches dans une telle douleur, c’était le placer bien haut. […] Il se dérobe des moments pour lire ; il aime le mérite, il s’accommode à toutes les nations ; il inspire la confiance : voilà l’homme que vous allez voir.
Sans aller jusque-là avec quantité de vers qui en sont peu dignes, il est bien certain qu’il faut commencer par aimer la poésie avant de se mêler de la juger. Pour mon compte, j’ose m’assurer que je l’aime toujours. […] Dans un genre plus uni et plus simple, j’aime aussi à noter une comédie en vers, Les Familles (1851), de M. […] Chevreau, sur cette poésie qui fut leur premier rêve fraternel, que l’un cultive et embrasse toujours, et que tous deux aiment encore5. […] ne regardez pas trop au fond de la littérature, vous tous qui l’aimez d’un amour virginal, honnête et simple !
Si nous n’aimons pas tout ce qu’il aimait, si nous nous soucions assez peu, par exemple, de ses sentiments féodaux, de son duché, de sa pairie, des ducs à brevet ou sans brevet, de l’affaire du bonnet qui fut la grande affaire de toute sa vie, par ce côté, il faut le dire, sérieusement et idéalement grotesque, si même nous taillons des comédies dans tout cela, des comédies où la dignité de l’homme qui nous amuse à ses propres dépens reste à plat, nous haïssons au moins ce qu’il a haï, et il a pour lui tous les préjugés actuels (et ils sont nombreux) contre la personne ou le gouvernement de Louis XIV. […] Ni ses velléités féodales, ni ses colères de frondeur rétrospectif, ni ce tempérament d’Alceste qui donne si souvent à Saint-Simon l’air du Misanthrope, mais d’un misanthrope bien autrement colossal que celui de Molière, n’étaient capables de si profondément altérer des facultés qui, après tout, aimaient la grandeur et qui étaient faites pour l’histoire. […] Puisqu’il aime la féodalité et ses symboles, il mérite, quand il s’agit de Mme de Maintenon, que la Critique lui casse ses éperons au talon comme on le faisait aux chevaliers qui avaient insulté les femmes. […] Il aimait même les chimériques. […] Il s’agit d’un serviteur de ce duc d’Orléans, qu’il aimait, — on ne sait pourquoi, — comme on aime, — mais qu’il n’estimait point, car on sait toujours pourquoi on estime, — et ce serviteur, devenu serviteur (de valet qu’il avait toujours été) et ayant enfin l’intelligence de son service, Saint-Simon n’a pas vu que c’était le plus capable de tous ceux qui gouvernaient, comme il écrivait, lui, Saint-Simon, à la diable, sous ce diable de duc d’Orléans !
A cette catégorie se rapportent toutes les réflexions sur ce thème, qu’il est meilleur d’aimer que d’être aimé. On dira fort bien : Celui que j’aime ne me doit rien, puisque je l’aime ! […] Tout être aimé qui n’est pas heureux paraît ingrat. […] Quand on aime, on se sent moins d’esprit ; quand on est aimé, on en a davantage. […] Je l’aime pour tout ce que je sens d’inconnu en elle.
Toute sa puissance d’aimer se porta sur ce qu’il considérait comme sa vocation céleste. […] Seulement il est probable que celles-ci aimaient plus lui que l’œuvre ; il fut sans doute plus aimé qu’il n’aima. […] La poésie du précepte, qui le fait aimer, est plus que le précepte lui-même, pris comme une vérité abstraite. […] Si vous n’aimez, ajoutait-il, que ceux qui vous aiment, quel mérite avez-vous ? […] Et quand tu pries, n’imite pas les hypocrites, qui aiment à faire leur oraison debout dans les synagogues et au coin des places, afin d’être vus des hommes.
M. de Sacy, sans en faire son occupation principale, l’a toujours aimée, cultivée, et y a su trouver, à chaque intervalle de loisir, ses plus chères délices : le loisir augmentant, et plus même qu’il n’aurait voulu, elle est devenue sa consolation et presque tout son bonheur dans l’ordre de l’esprit. […] Il aime les livres ; il en a réuni depuis des années une fort belle et riche collection qui, si l’on y jetait seulement les yeux, permettrait d’apprécier l’esprit du collecteur ; — chose rare ! […] Car il aime la lecture pour elle-même, il relit sans cesse ; c’est un mot qu’on redit volontiers depuis quelque temps, depuis que M. […] En conscience, il ne doit pas les aimer, et il nous dit à merveille pourquoi. […] Il ne s’agit que de prendre les gens à leur heure et à leur moment, dans ce qu’ils aiment à la folie.
Je me retirai et me retranchai dans mon ignorance, comme femme, des lois militaires : cependant il ne laissa pas de me bouder sur mon éclat de rire, et au moins pouvait-on dire, pour la justification du rat, qu’il avait été pendu sans qu’on lui eût demandé ou entendu sa justification. » En sa qualité de souverain du Holstein, le grand-duc aimait tout ce qui lui en venait, les gens et les huîtres. […] Une fois mère d’un fils, d’un héritier du trône, et se sentant des droits, se voyant néanmoins toujours tenue en suspicion, en butte aux mauvais procédés et à l’espionnage des Schouvaloff, favoris de l’Impératrice, séparée de Soltikoff qu’elle aime (le premier qu’elle ait aimé), privée de voir son fils28, elle résolut de changer de méthode et de ne plus affecter tant de douceur, et de soumission : « Comme dans ma solitude (après ses couches) j’avais fait mainte et mainte réflexion, je pris la résolulion de faire sentir à ceux qui m’avaient causé tant de divers chagrins, autant qu’il dépendait de moi, qu’on ne m’offensait pas impunément, et que ce n’était pas par de mauvais procédés qu’on gagnait mon affection ou mon approbation. […] Les comtes Razoumowsky, que j’avais toujours aimés, furent plus caressés que jamais ; je redoublai d’attention et de politesse envers tout le monde, excepté les Schouvaloff ; en un mot, je me tins fort droite : je marchais tête levée, plutôt en chef d’une très-grande faction qu’en personne humiliée et opprimée. » Sa fierté n’a pas grand effort à faire pour se redresser : elle n’était pas née pour l’attitude et le rôle de victime. […] » Sans vouloir contredire aux idées d’un vieillard, et les regardant d’ailleurs comme un pur radotage, elle n’avait pas, dit-elle, mordu à cette amorce, par la raison « qu’elle regardait le projet comme nuisible à l’Empire, que chaque querelle entre un époux qui, ne l’aimait pas, et elle, aurait, déchiré » :— C’est qu’aussi elle ne marchandait point en fait de puissance, et qu’elle voulait être Impératrice, comme elle l’a dit, de son chef ; sinon, elle aimait mieux n’être rien : aut Cæsar, aut nihil. […] Si j’avais compris, dès le commencement, qu’aimer un mari qui n’était pas aimable, ni ne se donnait aucune peine pour l’être, était une chose difficile, sinon impossible, au moins lui avais-je, et à ses intérêts, voué l’attachement le plus sincère qu’un ami, et même un serviteur, peut vouer à son ami et son maître ; mes conseils avaient toujours été les meilleurs dont j’avais pu m’aviser pour son bien ; s’il ne les suivait pas, ce n’était pas ma faute, mais celle de son jugement qui n’était ni sain ni juste.
Pour ma part (puisque je me suis mis en cause), j’aime les livres, je vis entre eux, c’est mon métier, parce que c’est mon agrément. […] Je ne puis même endurer, sans souffrance, qu’une jolie bouche dise des sottises sur un écrivain que j’aime. […] Je le lui avais dénié. — « Mais on ne peut pas aimer Platon, Shakespeare, un roman naturaliste et une opérette. » — Pourquoi pas ? […] N’aimer que les poètes lyriques, voire que les conteurs scatologiques, est permis. […] Il y a un intérêt d’histoire littéraire à préciser le genre du talent, et, au besoin, le tour particulier du gâtisme des écrivains aimés du public.
Allez en France, allez en Flandre, en Allemagne ou en Suède, priez la vieille qui tricote ou la jeune fille qui bêche de vous chanter « l’histoire de l’amoureux qui se noya en nageant vers sa belle, l’histoire où il y a une tour et dans la tour un flambeau » : si elle daigne ou si elle ose, la vieille ou la jeune vous chantera, version flamande214 : « Ils étaient deux enfants de roi, ils s’aimaient si tendrement. […] — Eh oui, mon père, oui je l’aurai, Malgré ma mère qui m’a portée, Je l’aime mieux que tous mes parents, Vous, père et mère, qui m’aimez tant ! […] — J’aime mieux aller dans la tour Que de jamais changer d’amour ! […] — Ma fille, il faut changer d’amour Ou bien vous resterez dans la tour — J’aime mieux rester dans la tour Que de jamais changer d’amour ! […] Les jeunes gens qui s’aiment Mariez-les ensemble, Ô beau rossignolet, Les jeunes gens qui s’aiment Mariez-les ensemble.
Et cependant, ce livre du Bluet, que j’aime à rappeler et qui fut le premier livre de Mme Haller, aurait pu, sous une autre plume que cette plume d’oiselet, être une œuvre originale et virile. […] La femme aimée par le petit Triptolème de Mme Haller, préfère la ville à la campagne, quand lui, naturellement, le Triptolème, préfère la campagne à la ville. […] L’agriculteur n’épouse pas la femme, qu’il aime moins que sa charrue et se rejette à corps perdu dans l’amitié. […] Discrète qui aime mieux se faire pendre que de révéler un secret ! […] Il y a de l’adultère, du naufrage, de l’assassinat, de l’enfant enlevé, du procès criminel, de la pendaison, interrompue au moment final ; toutes les péripéties haletantes et pirouettantes des romans d’Alexandre Dumas et de Ponson du Terrail — ces conteurs bas, aimés des esprits bas — tout le vieux jeu du mélodrame, retourné de la scène au récit !
Il dit, comme Montesquieu dirait : « Le lecteur aime les dénouements moraux, surtout dans les autres. » Il dit encore : « Il est permis aux hommes de se montrer inconséquents, pour qu’ils puissent parfois se retrouver raisonnables. » Est-ce assez Montesquieu comme cela ? […] Être un biographe à cette heure, — dans une époque d’analyse et d’individualité, — c’est être un historien à la taille même de cette époque qui doit aimer mieux les portraits que les tableaux, et dont la triste histoire ne permet même plus le tableau ! […] Encore un rapport avec Goethe, cet autre grand sec : il aimait la physique, la médecine, l’histoire naturelle. […] Lorsque Benoist ΧIIΙ lui octroya pour lui et ses enfants la permission de faire gras toute leur vie, il fallut payer les droits de daterie ; mais il planta là ses bulles de dispense, et plutôt que de rien payer, il aima mieux faire maigre à jamais. Il eût mieux aimé, que de payer, manger des sauterelles !
… Je n’ai pas aimé ce titre, qui semblait une démission et une menace de silence. […] Jusque-là, il était peu connu, et les raffinés ne l’en aimaient que davantage. […] … Tels étaient les échos pour qui la Muse de Saint-Maur aimait à chanter. […] Il a trop aimé la poésie de son époque, et en cela il a fait tort à la sienne. […] on aime toujours trop, quand on veut rester fort… L’amour a passé par là, disait Fontenelle, quand il voyait une femme pâlie et défaite.
En France, nous aimons, avant tout, tout ce qui est facile, ce qui fait jouer l’esprit au lieu de le faire s’efforcer ; et, nous l’avons dit, l’auteur de Germaine a une qualité dont il doit mourir, la facilité. […] Les journaux, ces dignes camarades qui aiment à déjeuner, exposaient avec jubilation le menu des déjeuners qu’on y donnait à la fourchette. […] Ce n’était pas fort difficile à deviner, cette péripétie) Germaine ne meurt pas, et son mari se met sincèrement à l’aimer. […] quand elle arrive, Germaine est guérie, heureuse, aimée de son mari, aimée du bâtard qu’elle élève et qui la préfère à sa mère ! […] Maître Pierre, un Landais, une espèce de Robinson Crusoé de la Lande, est un paysan conçu à l’envers des paysans de Walter Scott, qui sont les fils respectueux du passé, qui aiment leurs coutumes et meurent pour elles.
Celle de l’âge n’est pas la moindre : Ellénore a dix ans de plus qu’Adolphe ; elle l’aime trop, elle l’aime de ce dernier amour de femme qui n’est pas le moins tyrannique, elle l’en excède et l’en importune. […] C’est un ouvrage qui laisse une impression pénible, mais très en harmonie avec l’état où l’on est quand on n’aime plus, état peut-être le plus désagréable qu’il y ait au monde, excepté celui d’être amoureux. […] Il fait comprendre tous ses défauts, mais il ne les excuse pas, et il ne semble point avoir la pensée de les faire aimer. […] La femme âgée avec laquelle il a vécu dans sa jeunesse, qu’il a beaucoup aimée, et qu’il a vue mourir, est une Mme de Charrière, auteur de quelques jolis romans.
Il y a des souvenirs d’enfance, la Maison de ma Mère : Et je ne savais rien à dix ans qu’être heureuse ; Rien que jeter au ciel ma voix d’oiseau, mes fleurs ; Rien, durant ma croissance aiguë et douloureuse, Que plonger dans ses bras mon sommeil ou mes pleurs ; Je n’avais rien appris, rien lu que ma prière, Quand mon sein se gonfla de chants mystérieux ; J’écoutais Notre-Dame et j’épelais les cieux, Et la vague harmonie inondait ma paupière : Les mots seuls y manquaient ; mais je croyais qu’un jour On m’entendrait aimer pour me répondre : Amour ! […] le tendre poëte nous remet sur la mort de sa mère, sur ce legs de sensibilité douloureuse qui lui vient d’elle, et qui, d’abord obscur, puis trop tôt révélé, n’a cessé de posséder son cœur : Comme le rossignol, qui meurt de mélodie, Souffle sur son enfant sa tendre maladie, Morte d’aimer, ma mère, à son regard d’adieu Me raconta son âme et me souffla son Dieu Triste de me quitter, cette mère charmante, Me léguant à regret la flamme qui tourmente, Jeune, à son jeune enfant tendit longtemps sa main, Comme pour le sauver par le même chemin. […] Je voudrais qu’un jour on tirât de ce volume, qu’on dégageât cette suite d’élégies-romances dont la forme est si assortie à la manière de Mme Valmore, et dans lesquelles son sentiment soutenu se produit quelquefois jusqu’au bout avec un parfait bonheur, sans les tourments plus ordinaires à l’alexandrin : Croyance, la Femme aimée, Aveu d’une Femme, Ne fuis pas encore, la Double Image, Fleur d’Enfance. […] — « Retourner au monde où l’on aime… O mon Sauveur, éteignez-moi ! […] De son âge éclaire les charmes ; Et s’il me pleure devant toi, Astre aimé, recueille ses larmes Pour les faire tomber sur moi !
Dès que Mme de Grandclos, la nouvelle préfète, apparaît ; dès qu’il a vu se promener, dans le jardin de la préfecture, cette jolie Parisienne dont la grâce savante lui est une révélation, il l’aime à en mourir et il lui appartient absolument. […] Séverin surprend leur entretien ; et, comme rien ne saurait diminuer sa passion (qu’importe ce qu’elle a fait, puisqu’il l’aime ?) […] Telle est cette simple histoire, moins belle, mais plus mélancolique que celle de Fortunio, qui du moins fut aimé de celle pour qui il avait voulu mourir. […] J’aurais mieux aimé que ce fût Péché mortel ou Amour d’automne qui me fournît l’occasion de vous parler un peu de ce sincère et cordial écrivain. […] Theuriet, mais je sais que nul n’aime les champs d’un meilleur cœur ; qu’il y a, dans un très grand nombre de ses pages, une douceur qui s’insinue en moi, et qu’il me fait adorer la terre natale.
C’est qu’il les aime — comme on aime ! […] Cladel, qui n’invente point, aime la réalité de ses paysans, dont il garde le souvenir et le regret dans l’exil des villes et qui sont peut-être toute sa poésie ; car notre idéal est toujours manqué, et c’est ce qui le fait notre idéal !… Or, quand on aime, on aime en bloc.
Je l’aime beaucoup. […] Je l’ai aimée dès le berceau. […] Je l’ai aimée dès le berceau. […] Enfin, je n’aime pas corriger. […] Vous aimez la littérature ?
Il aime à se parer de beaux costumes. […] ce n’est pas aimer. […] Jules Lemaître aime beaucoup son pays. […] Il aime le théâtre. […] Pour lui, il aime son temps.
Entendons cependant qu’il aime certaines bêtes, et que celles qu’il aime, il ne les aime pas toutes de la même manière. […] J’aime les amis des oiseaux. […] Il aime les bêtes qu’il lui est profitable d’aimer, et il les aime sous la forme qui lui donne le plus de plaisir. […] Il n’est pas indifférent d’aimer le rouge ou d’aimer le vert. […] Elle l’aime, et voilà tout.
Décidément, j’aime mieux l’autre. […] À quelle heure aime-t-on ? […] Elle finit par aimer tout bonnement. […] Pierre aime. Il est aimé !
Berryer aimait la royauté de droit divin, comme on aime une belle légende. […] Ils aimèrent mieux se mettre à l’aise. […] C’est pour cela que je n’ai jamais aimé le monde. […] Je l’aimais encore, mais sans ardeur, comme on aime un malade dont on sait que la vie n’est pas en péril. […] ce n’est plus un pays, c’est une personne ; je le vois, je l’aime comme j’ai aimé ma mère.
Il aime la gloire, qui oserait le blâmer ? […] Elle n’aime pas l’homme pour qui elle se dépouille, car, si elle l’aimait, elle ne livrerait pas à d’indignes caresses sa jeunesse et sa beauté. […] Je l’admire et je l’aime quand elle l’accuse de cruauté, de lâcheté. […] Il l’a aimée tant qu’il pouvait s’abandonner librement à sa passion, ou plutôt il s’est laissé aimer tant que son bonheur ne rencontrait aucune résistance. […] Toussaint aime-t-il ses enfants ?
Je ne trouve pas qu’il y en ait trop ; j’aime le sourire. […] Vous ne nous aimez point. […] Celle que tu aimes, elle est chimère. […] sois époux et tu sauras si les femmes savent aimer constamment. […] Non seulement il aime le bien, mais de plus il hait le mal !
Imitez-vous parce que vous vous aimez ; aimez-vous parce que vous vous imitez. […] Les anciens l’ont aimée. […] Sans compter que cela permet d’aimer Dieu et sollicite à l’aimer. […] Il se dit : « Elle ne m’aime pas. […] Stapfer aime les diptyques.
Mais je crois que le mérite de ce roman ne peut être bien senti que par des personnes qui aient aimé avec autant de passion que de tendresse, peut-être même que par des personnes dont le cœur soit actuellement pénétré d’une passion profonde, heureuse ou malheureuse. […] Sans compliments, car vous savez que je n’en sais point faire, j’aimerais bien mieux avoir votre avis que de vous dire le mien ; j’ai trop souvent éprouvé combien, dans tout ce qui tient au sentiment et à l’âme, vous avez le tact supérieur à moi. […] Rousseau, se remarque surtout dans ce qu’il dit des femmes ; on sent qu’il les a aimées et les aime encore à la fureur, et les détails de convoitise sont, à mon gré, ceux où il réussit le mieux. […] Il oublie pourtant quelquefois l’extrême respect qu’il porte au sexe, à qui il dit impitoyablement les plus grossières injures : mais ces injures ne gâteront pas sa cause auprès des femmes ; et comme je l’ai déjà dit ailleurs, beaucoup de péchés lui seront remis parce qu’il a beaucoup aimé. […] Voilà mon avis, que vous aurez peut-être bien de la peine à lire, parce que je l’écris fort à la hâte ; mais vous ne voulez point attendre, et j’ai mieux aimé courir le risque de vous ennuyer, que celui de vous impatienter.
… Aimez-vous, comme nous, ce cœur saignant qui s’est essuyé, ce que M. […] Pour lui, les rayons du soleil couchant, quand il va à Mortefontaine, lui refont son blason perdu, son blason de gueules à trois pals de vair, au chef d’or, et j’aime jusqu’à cette Mortefontaine, harmonie de plus dans cette mort de toute splendeur, qui est maintenant la vie du poète ! […] ma peine est trop profonde, Plus de gaieté désormais ; J’ai perdu ce que j’aimais, Tout ce que j’aimais au monde. […] Nous aimons à louer avec ferveur et sympathie, un talent très-réel, très-ému, très-naturel et aussi très-cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la Muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps. […] Lui, fait pour écrire toujours dans cette nuance que nous avons signalée, lui, le doux des doux, le résigné des résignés, dont la Muse aurait pu toujours ressembler à cette touchante image de Shakespeare, la Patience qui sourit longuement à la Douleur, a mieux aimé entrer à la Grand’Pinte et se verser du vin de cabaret de cette blanche main à laquelle on pardonne, car elle tremble, comme s’il savait que ce vin qu’il se verse n’apaisera rien de ce qui a soif dans son cœur.
Cette délicieuse tautologie « explique » pourquoi l’on aime, mais non pas pourquoi l’on s’est mis à aimer. […] Nous aimons toujours, pour ainsi dire, par-delà ceux et celles que nous aimons ; et la preuve, c’est que nous ne les aimons jamais tels qu’ils sont, ni tels qu’ils apparaissent aux autres hommes, mais tels qu’il nous plaît de nous les représenter. […] … Et puis, au bout de quelques années, ils s’aiment plus paisiblement. […] Fais que j’aime le monde avec le même amour Dont j’aimai l’ange absent que j’entrevis un jour ! […] J’aime à m’y plonger à l’aventure.
Nous aimons comme vous et, en plus, comme nous ; ainsi, l’on est loin de compte… un homme a des amours ou même un seul amour ; quand il n’aime pas une femme, il n’aime pas… Nous, nous avons l’Amour ; nous aimons toujours, même sans aimer un homme. […] Je pense ainsi et je te vois ainsi parce que je t’aime, mais ce n’est pas pour cela que je t’aime. […] C’est pour cela que je t’aime. […] Elle t’aimera à contretemps. […] Tout à coup, dans sa retraite, on lui annonce que celle qui l’a aimé, qu’il aimait aussi, va mourir.
À l’âge de treize ou quatorze ans, il avait terminé sa rhétorique et même sa philosophie, et s’était fort distingué dans les divers exercices que les Oratoriens aimaient à proposer à leurs élèves. […] Il aime à s’appuyer sur les anciens, à les lire plume en main et en les traduisantr. il est un peu en cela de la postérité du xvie siècle. […] Adieu, mon cher ami, continuez de vous faire homme, et aimez-moi comme je vous aime. […] Daru procédera de la sorte : en matière administrative, ce sera sa méthode ; et même en littérature, son jugement aimera à s’appuyer sur des matériaux préparatoires amassés avec soin et digérés avec sens. […] Daru, dans des vers sympathiques, d’une cordialité respectueuse, et où un léger blâme assaisonnait une grande louange, se faisait l’organe du sentiment de tous à l’égard d’un poète aimé et admiré.
Il vous estime, il vous aime et n’aura jamais de commissions à donner pour vous dont il soit embarrassant de s’acquitter. […] Voulez-vous persuader à toute l’Europe, qui a les yeux sur vous, que, dans le nombre des gens qui vous aiment, il n’y en a pas un seul que vous jugiez digne de vous servir ? […] Pour moi, avec des apparences aussi avantageuses, j’aimerais mieux en être trompée que de me défier de sa sincérité. […] Mais quelle apparence qu’il ait vécu cinquante ans passés aimé, respecté, au milieu de ses compatriotes, sans être connu ? […] En voulant être admiré, on perd la douceur d’être aimé, le bonheur d’aimer soi-même.
Il soupire à tue-tête, il darde sur la femme aimée des regards de bête embusquée, convoitant une proie. […] Aussi conçoit-on l’indifférence un peu sèche avec laquelle le jeune Camille lui apprend qu’il en aime une autre. […] Camille, qui n’a que ce secret pour sa mère, l’aime depuis un an, pour l’avoir seulement entrevue. […] Jeannine n’aime ni ne hait cet homme. […] Pour faire reculer celui qui l’aime, la pauvre fille prend le masque d’une courtisane.
Les déclarations qui aiment un homme libre n’ont pas eu le temps de lui venir. […] Il n’y sacrifiait qu’au physique et n’y mettait pas le nuage qu’on aime. […] Elles le lui rendirent, « Le plus aimable de tous les hommes et le plus aimé ! […] Aimable, il l’était à ses heures ; aimé, il le fut de tout temps. […] L’heureux ne sait s’il est aimé, dit un poète latin ; et moi, j’ajoute : L’heureux ne sait pas aimer.
S’il n’avait été Bonaparte je l’aurais aimé avec plus de liberté. […] Mais l’amour se cache sous la laideur comme sous la beauté : ce n’est pas le regard qui aime, c’est le cœur. […] On aime ces deux colosses apprivoisés qui souffrent l’ardeur du jour et qui semblent jouir de souffrir pour l’homme. […] Léopold Robert dut jouir, avec plus de délices encore que d’orgueil, de ce rapprochement par la gloire avec ceux qu’il aimait d’en bas et qu’il pouvait dès lors aimer de plain-pied. […] Blâmons son acte ; plaignons sa défaillance ; mais aimons son âme.
— Il m’aime ! — Il ne m’aime pas ! — Il m’aime ! […] Il t’aime ! Comprends-tu ce que ce mot veut dire : il t’aime !
Il fait de l’histoire passionnée comme en doivent faire les faibles créatures humaines qui aiment la vérité et la justice. […] Il l’a mieux aimé, mais il pouvait choisir. […] Il aime le beau jusqu’à l’enfantillage, et son imagination est trop bonne. […] Il était, au contraire, sympathique et infatigable ; mais il n’aimait pas les fracas de l’esprit, quoiqu’il en eût, dans le sens incisif et brillant qu’on donne en France à ce mot-là. […] Sa modestie aimait la gloire avec décence et même les distinctions qui ne sont pas la gloire, — cette grande dignité sans livrée.
J’avois à peine douze ans que j’étois avide sur toutes choses de voir danses et rondes, d’ouïr ménestrels et paroles de joyeux déduit ; et ma nature m’induisoit à aimer tous ceux qui aiment chiens et oiseaux (tous nobles chasseurs). […] Enfant, il aimait donc toutes sortes de déduits et d’ébats, et il s’attachait par instinct aux gens riches, à ceux qui tenaient grand état de chasse, faucons et meutes, ce qui lui semblait le signe d’une noble inclination. […] Il aimait jouer à tous les jeux d’enfants, et il nous les décrit avec un intérêt vraiment enfantin. On voit que, même déjà vieux, il aimait encore, comme dit saint François de Sales, à faire ses enfances. […] Froissart aimait fort le printemps : son cœur volait partout où il y avait roses et violettes : mais l’hiver, il savait aussi s’accommoder de la saison, et, se tenant coi au logis, il lisait espécialement traités et romans d’amour.
On aime à se pénétrer des résultats d’une imagination si sûre. […] Mais la joie de Léopold Robert, en quittant sa famille pour la patrie du soleil et des arts, fut mêlée de quelque amertume : il aimait profondément sa mère, ses frères, ses sœurs. […] Plus je deviens vieux, plus je pense que c’est la meilleure chose pour un artiste qui aime véritablement son art. » — En octobre 1826, au moment d’une réunion avec sa mère, qu’il avait décidée à venir passer quelque temps à Rome, il écrivit au même ami M. […] Je ne lui en veux nullement, je vous assure, et cela ne m’empêchera pas de l’aimer. […] J’ai anticipé en tout ceci sur les derniers sujets de réflexion familiers et chers à Léopold Robert ; car, passé trente ans, il aimait à moraliser de plus en plus : j’ai à revenir en arrière et à le suivre, en le citant surtout et en me servant de ses paroles.
Les grands et les princes ont toujours ainsi aimé avoir à leur table des fous spirituels, des parasites amusants, de facétieux conteurs. […] A l’hôtel de Condé et à Chantilly, on aimait mieux Santeul en gaieté que Santeul dans son sérieux. […] Arnauld, il l’avait aimé, il fit une belle épitaphe. […] On ne pouvait le pratiquer sans l’aimer. […] Et pourtant Saint-Simon aime trop à croire à ces morts violentes et à ces empoisonnements pour être cru sur simple parole.
.)… Ceux qui occupent des places comme la vôtre sont d’ordinaire traités comme les dieux ; plusieurs les craignent, tous leur sacrifient, mais il y en a peu qui les aiment, et ils trouvent plus aisément des adorateurs que des amis. […] Et, à votre avis, l’aimeront-ils ou l’estimeront-ils moins, à cause que de son temps les rentes sur l’hôtel de ville se seront payées un peu plus tard, ou que l’on aura mis quelques nouveaux officiers dans la chambre des comptes ? […] Il avait pourtant une qualité dangereuse pour un amant, étant certain qu’il n’aimait pas moins à faire croire où il était aimé qu’à l’être. […] Voiture n’avait rien de passionné ; il en contait à toutes les femmes, mais on doute qu’il ait jamais aimé une seule fois avec ardeur et avec flamme. […] Costar aura bien pu supposer et fabriquer ledit billet, précisément pour réfuter le reproche qu’on faisait à Voiture de n’aimer pas à entendre parler de son père.
Si maltraité et tyrannisé par son père, il avait pour sa mère, la reine Sophie, un attachement respectueux et tendre ; il aimait ses sœurs, et particulièrement celle qui devint margrave de Baireuth, et à qui il avait voué une amitié vive et passionnée. Il aimait également ses frères ; mais ici le roi se faisait sentir davantage. […] Soyez, malgré cela, persuadé que je vous ai toujours aimé, et que j’expirerai avec ces sentiments. […] Heureux sont les gens que vous aimez, je veux le croire ! […] Frédéric n’est pas tel envers son frère ; il l’aime, il s’impatiente (après en avoir souffert) de son système compassé de froideur et de bouderie ; il ne demanderait pas mieux que de se l’attacher, et il se donne de la peine pour y parvenir ; il le flattera même par moments et le caressera d’exquises louanges.
Mais je parle là de ce que j’ai le tort peut-être de ne pas assez aimer et surtout de ne pas assez connaître. […] Renan, plus j’entends décrier la foi du Christ, plus j’aime le Christ, plus je me raffermis dans sa doctrine. […] Beaucoup d’esprits délicats aiment mieux être croyants qu’incrédules de mauvais goût. » Qui n’aimerait mieux, en effet, parmi les délicats, être croyant comme M. […] Il aime certainement la vérité, il déteste encore plus ce qui est vulgaire. […] J’aime quelquefois à rêver, et je me suis représenté, — en me reportant, il est vrai, dans mon rêve à quelques années en arrière, — l’ouverture du Cours de M.
La plupart des parents n’aiment pas beaucoup le goût de la lecture chez leurs enfants. […] Qu’un homme lise, c’est une marque qu’il n’est pas bien ambitieux, qu’il n’est pas tourmenté par « le fléau des hommes et des dieux », qu’il n’a pas de passions politiques, auquel cas il ne lirait que des journaux, qu’il n’aime pas dîner en ville, qu’il n’a pas la passion de bâtir, qu’il n’a pas la passion des voyages, qu’il n’a pas l’inquiétude de changer de place ; même, remarquez qu’il n’aime pas à causer. […] Nietzsche ne l’aime pas, sans doute, Nietzsche ne le voit pas comme type du grand poète, lequel est tout instinct et ne doit pas regarder en arrière et ne doit rien regarder du tout ; mais cependant il admet, et il va jusqu’à dire que son extraordinaire puissance de sens critique a, sinon produit, du moins fécondé sa faculté créatrice. […] C’est un homme qui n’aime pas à approuver, et qui n’aime pas à approuver parce qu’il aime la dispute, la contradiction, la provocation, le défi, le regard hostile cherchant le regard hostile. […] On n’aime pas beaucoup avouer cela.
Cependant, je serais surpris qu’elle ne vous aimât pas. […] Oui, j’aime Viéra. […] Il aimait sa calme et constante activité. Il aimait la simplicité et la droiture de son caractère. […] Il aimait Viéra comme sa fille, et comment ne pas l’aimer, cette bonne âme candide ?
Et c’est ce dédain surtout qui nous le fait aimer. […] Il a aimé l’humanité, comme le Christ l’aima, d’un amour infini. […] J’aime mieux croire que M. […] Le pis est que je l’aime toujours. […] Je comprends qu’on ne les aime pas.
Ils les aiment morts ou vivants, ils les lisent, ils les écoutent. […] Mais on a écrit tout le possible sur ce poète très aimé et providentiel. […] Adolphe Retté n’a pas que le sens du rythme et l’amour du mot ; il aime les idées et les aime neuves et même excessives ; il veut se libérer de tous les vieux préjugés et il voudrait pareillement libérer ses frères en esclavage social. […] Aimer, c’est se charger d’un impérieux fardeau au moment même où, cessant d’être libre, on cesse d’être fort. […] Il ne fait aucun choix, mais il comprend tout, parce qu’il aime tout.
On y sentait non seulement l’observateur déjà éprouvé et mûr, mais une nature passionnée, avide d’action, par moments une manière d’ambitieux pour qui l’histoire s’offrait comme une suite de rôles qu’il eût aimé à transporter et à réaliser dans le présent. […] Il aimait, dit-il, à joindre de grands mots, à se perdre dans une période ; il ne lisait jamais de poète ni d’orateur qui ne laissât quelques traces dans son cerveau, et ces traces se reproduisaient dans ce qu’il écrivait ensuite. Assurément on aurait mieux aimé voir dans ces élans et ces prières, dans ces méditations sur la foi, les traces directes et les témoignages d’une lutte intérieure et d’un de ces beaux orages mélancoliques et mystiques tels qu’on en a dans la jeunesse, une seconde forme du drame intérieur de Pascal. […] Cette mauvaise fortune, et cette extrême délicatesse morale qu’il y conserve, le rendent un peu susceptible dans ses rapports avec Saint-Vincens ; et lorsque celui-ci, qui paraît encore plus aimé de Vauvenargues qu’il ne l’aime, et qui est assez irrégulier dans ses lettres, tarde un peu trop à lui répondre, Vauvenargues s’alarme, il suppose que le souvenir de l’argent prêté entre pour quelque chose dans ce ralentissement, que son ami en a besoin peut-être et n’ose le lui dire ; il se plaint, il offre de s’acquitter, et il a ensuite à se justifier envers son ami qui a cru voir de l’aigreur dans la chaleur de ses reproches : Je te supplie, du moins, de croire qu’en t’offrant, comme j’ai fait, de m’acquitter avec toi, je n’ai jamais été fâché un seul moment de te devoir. […] C’est cette amitié qui m’honore, et qui me fait aimer moi-même la vertu, afin de vous plaire toujours, et devons faire estimer, si je puis, les sentiments que je vous ai voués jusqu’au tombeau.
Roger jeune, aimable, élégant et gracieux, un peu faible, a été distingué et aimé par Fanny, qui, en femme du monde habile et aussi expérimentée que tendre, a pris sur elle toutes les difficultés de la situation et ne lui en veut laisser que les douceurs. […] Adolphe ne sait ni aimer, ni renoncer à celle qui n’a d’autre tort envers lui que de trop l’aimer elle-même. […] Aussi je ne répondrais pas qu’il n’y ait par endroits trop de lumière, et que cette lumière ne porte sur des points où l’on aimerait mieux qu’il y eût des teintes nageantes et mi voilées. […] N’est-ce pas une preuve qu’il aime déjà moins, que cette prédominance et cette exaspération croissante de l’orgueil ? […] Un des moralistes qui ont le mieux observé et noté la passion, La Rochefoucauld a dit : « La jalousie naît avec l’amour, mais elle ne meurt pas toujours avec lui. » Pourquoi donc alors cette jalousie, qui peut très bien s’irriter et s’ulcérer dans les derniers temps par amour-propre, n’est-elle pas née en Roger du premier jour qu’il a aimé Fanny ?
Je les aime quand elles sont bonnes, et je ne suis pas bien sûr de les détester quand elles sont mauvaises. […] Dans quelques rangs que vous vous placiez, vous n’en serez pas moins pour moi un parent que j’aime et honore, l’un des esprits les plus élevés et des talents les plus rares que notre époque ait produits. […] Il étudiait beaucoup cependant, il approfondissait chacun des sujets en discussion, et dans les questions non politiques, non ministérielles, ses collègues aimaient à le choisir comme le rapporteur le plus sûr, le plus consciencieux. […] » mais j’aime une philosophie moins fastueuse et moins guindée, et qui me paraît plus d’accord avec la faiblesse et la diversité humaines. […] J’admirais autant que personne, tout en m’étonnant un peu de cette éloquence disproportionnée au sujet ; et, comme j’aime aussi la liberté à ma manière, je fus tenté de demander s’il y avait désormais une orthodoxie académique établie sur M.
Voici un de ces livres comme l’histoire les aime de plus en plus, de ceux dont elle se nourrit et se renouvelle. […] Il appartenait à cette bourgeoisie laborieuse et influente d’où nos rois aimaient à tirer des serviteurs dociles et dévoués. […] Puis, à côté de l’appât, les privations : on retranchait les protestants de toutes les charges, même municipales, des villes : « J’ai reçu (janvier 1679) un arrêt du Conseil qui exclut les habitants de la Religion prétendue réformée des charges politiques de la ville de Montauban, et ai proposé à la Cour d’en rendre un pareil pour toutes les autres villes. » Foucault aura souvent de ces propositions-là ; il aime à devancer la Cour, dans le sens de la Cour. […] Et puis, quand, tout cela sera fait et parfait, quand il se sera maintenu au premier rang des ministres du second ordre force de zèle et de miracles administratifs ; quand il pourra se vanter auprès du roi d’avoir accompli ses désirs les plus chers, d’avoir converti vingt-deux mille âmes sur vingt-deux mille, moins quelques centaines, et cela dans l’espace d’environ seize mois ; quand il aura plus que personne contribué, par cette fausse apparence d’une réussite aisée, au fatal Édit qui s’ensuivit ; lorsqu’il aura inscrit de gaieté de cœur son nom dans l’histoire au-dessous de celui de Baville, ce même, honnête homme s’en ira jouir de sa réputation acquise, dans une intendance heureuse et plus facile, il s’y fera aimer, aimer surtout des savants qu’il assemblera et présidera volontiers, et avec une entière compétence ; il fondera des chaires, il fera des fouilles, il découvrira d’antiques cités enfouies, en même temps qu’il embellira les cités nouvelles ; il recherchera des manuscrits, il aura un riche cabinet de médailles, il sera auprès des curieux l’aménité même et recueillera pour tant de services pacifiques et d’attentions bien placées des éloges universels. […] Le Tellier ni Louvois ne l’aimaient ; il ressentit bientôt les effets de cette défaveur, et fut envoyé de Montauban, une des meilleures intendances du royaume, dans la moindre de toutes, en Béarn, contrée inégale, difficile et mal soumise, qui avait échappé jusque-là au niveau de Louis XIV.
ils aiment le drapeau, ils aiment la chose poétique en elle-même, et ils ont raison de l’aimer, car elle leur a souvent porté bonheur. […] Marie, je le dirai pour le petit nombre de ceux qui l’ignorent, est une jeune paysanne bretonne, que le poëte a aimée autrefois, dans son enfance, de cet amour de douze ans, le plus vrai, le seul vrai peut-être, puis qu’il a perdue de vue et qui s’est mariée dans le pays. […] Évidemment l’auteur était en quête d’un titre ; j’en aurais mieux aimé un plus simple, le premier trouvé. […] Ta jeunesse aima les plus belles choses : L’art, la liberté, fleurs au ciel écloses ! […] Ta jeunesse aima les plus belles choses… Pour nous à qui, des choses premières, la poésie est peut-être la seule qui n’ait pas fait faute, au moins comme affection, il nous eût coûté de laisser passer ce recueil de M.
Le titre modeste les a réunies sous le nom de Glanes (j’aimerais mieux Glanures) : c’est dire que la moisson est faite ; mais beaucoup de ces épis, tant ils sont mûrs, auraient pu être des premiers moissonnés. […] A cette contradiction inévitable ici-bas, et à laquelle se heurte toute sérieuse pensée, le poëte, à ses heures meilleures, répond par croire, adorer sans comprendre, et surtout aimer. […] accordez à ceux qui vous blasphèment La place à votre droite au sublime séjour ; Donnez-leur tout, Seigneur, donnez : ceux qui vous aiment Ont bien assez de leur amour ! […] Je sais aussi les nobles audaces premières, et les témérités qu’on aimait, et la verve ou l’intention persistante de quelques-uns. […] Moi aussi, j’aimerais de grand cœur à croire à un dix-septième siècle futur plutôt qu’à un Du Bartas ; mais il n’est pas en nous que cela finisse de telle ou telle manière.
La crainte exagère tout, disait-il, et la multitude aime à s’alarmer. […] Ses lois le font aimer de ceux qu’ont subjugués ses armes. […] Il veut faire aimer tout ce qui est utile. […] Aussi Fénelon aimait-il beaucoup ce livre de Fleury. […] Inachus était un roi bienfaisant, ami de son peuple dont il était aimé.
Il est doux de s’aimer dans la nuit. […] Aimons-en donc le vol double et les délicates diaprures, d’autant mieux que ces gracieuses strophes, nées de circonstances sympathiques, ont des qualités intrinsèques de simplicité et d’harmonie. […] Elle aimait Parce qu’il faut aimer, comme les fleurs de mai Ont une âme pour la donner à ceux qui passent. […] venez aimer ! […] Elle n’aime, elle n’adore que Gaïa, la Terre.
Car elle aimera encore, comme il aimera, pour traverser les mêmes tortures… — A quoi bon alors ? […] Nous ne pouvons pas aimer comme des anges, sommes-nous condamnés à aimer comme des bêtes ? […] Aimer une femme, c’est surtout aimer le rêve que le cœur a su former à l’occasion de cette femme. […] Mais comment aimer sans confiance ? […] Elle adresse les vers de tendresse que sa bouche prononce à celui qu’elle aime, si elle aime, — qu’elle a aimé, si elle traverse une crise d’indifférence.
Le public aime les meubles Empire comme ou aime les merles quand on n’a plus de grives ; et quand les amoureux s’aperçoivent que les belles femmes sont trop belles, ils en aiment de laides. […] Et on l’aime parce qu’on en trouve à acheter. […] Et toujours au contraire j’ai aimé M. […] Et comme elle l’aimera ! […] Qu’a vais-je donc aimé en eux ?
On a toujours raison d’aimer. Si notre temps aime le théâtre, c’est qu’il vit peu, trop occupé de faire, de fonder l’avenir. […] Mais nos contemporains n’aiment pas le théâtre. […] Et cela se comprend : qui donc aime à s’ennuyer ? […] Car, s’il ne va pas d’instinct aux belles étoffes, il aime bien les étoffes qui durent.
La religion, c’est savoir et aimer la vérité des choses. […] Dites-leur d’aimer Dieu, de ne pas offenser Dieu, ils vous comprendront à merveille. […] J’aime l’un, je déteste l’autre. […] J’aime cette foi simple, comme j’aime la foi du Moyen Âge, comme j’aime l’Indien prosterné devant Kali ou Krichna, ou présentant sa tête aux roues du char de Jagatnata. […] Adieu ; quoique tu m’aies trompé, je t’aime encore !
Vous savez que je vous aime, mais on peut aimer sans pleurer. […] Je vous aime, mes enfants poétiques ! […] … C’est là que j’ai aimé, dans ma patrie ! […] Le pauvre de Latouche avait aimé Balzac et l’aima encore en le haïssant. […] Les aimait-il moins pour cela ?
Voyant cela, Épistémon fit cette proposition : Mes chers amis, que ceux qui aiment le jambon en mangent sans nous faire part des sensations qu’ils éprouvent, et que ceux qui ne l’aiment pas voient les autres en manger sans colère. […] Il aimait la campagne, il aimait la nature. […] — Le frère de l’habile critique que le Chevalier et moi nous aimons tant à citer, M. […] Ils n’aimaient pas l’hôtel de Rambouillet. Les souverains absolus n’aiment pas les gens d’esprit indépendants.
L’abbé était connu d’ailleurs pour n’aimer personne en particulier ; il embrassait trop le genre humain en masse pour se resserrer ainsi dans un choix unique. […] Le cardinal de Polignac, en dénonçant l’abbé (qui avait été un moment son secrétaire d’ambassade) comme un blasphémateur laps et relaps envers la mémoire de Louis XIV, crut s’honorer par cette explosion de fidélité posthume ; et en même temps on n’était pas fâché, quand on n’aimait pas le Régent, de frapper un homme de sa maison, ou du moins de la maison de sa mère, et qui logeait dans le corridor même du Palais-Royal. […] Il aimait et estimait le bon abbé et n’avait pas à un haut degré le culte de Louis XIV ; il aurait autant aimé que l’Académie revînt sur sa première décision ultra-royaliste sans le consulter, et qu’elle lui fit grâce de cette tracasserie mesquine. « Lavez votre linge sale en famille, messieurs » ; il ne dit pas la chose, mais c’était le sens. […] Voltaire aime à prêter à l’abbé de Saint-Pierre ; il en parle diversement, et bien ou mal, selon l’occasion. […] On aimerait, pour inscription ou pour épitaphe, à en rester avec lui sur le mot charmant de Saint-Simon : « Il avait de l’esprit, des lettres et des chimères ».
Confiné alors aux champs, il y voit une personne simple, douce, plus âgée que lui, mais belle encore, un peu dévote, assez mystérieuse, Mme Pierson ; il en vient à l’aimer, à être aimé d’elle ; ici mille détails simples, enchanteurs, des promenades dans les bois, avec chasteté, puis avec ivresse. […] Après bien des scènes pénibles, lorsqu’une réconciliation semble à jamais scellée, lorsque Brigitte Pierson consent à tout oublier, à tout fuir du passé, à voyager bien loin et pour longtemps avec lui, survient un tiers jusque-là inaperçu, l’honnête Smith qui aime involontairement Brigitte et se fait aimer d’elle. […] La résistance de Mme Pierson, la tristesse résignée d’Octave, les sons de la voix aimée qui n’éveillent plus en lui ces transports de joie pareils à des sanglots pleins d’espérance, sa pâleur, qui réveille au contraire en elle cet instinct compatissant de sœur de charité ; puis, au premier baiser, l’évanouissement, suivi d’un si bel effroi, cette chère maîtresse éplorée, les mains irritées et tremblantes, les joues couvertes de rougeur et toutes brillantes de pourpre et de perles ; ce sont là des traits de naturelle peinture qui permettraient sans doute de trouver en cet épisode la matière d’une comparaison, souvent heureuse, avec Manon Lescaut ou Adolphe, si une idée simple et un goût harmonieux avaient ici ménagé l’ensemble, comme dans ces deux chefs-d’œuvre. […] Faut-il avoir été libertin pour se lasser après avoir aimé, après avoir possédé ? […] A cet âge de séve restante et de jeunesse retrouvée, ce serait puissance et génie de la savoir à propos ensevelir, et d’imiter, Poëte, la nature tant aimée, qui recommence ses printemps sur des ruines et qui revêt chaque année les tombeaux.
D’ailleurs les impuissants d’aujourd’hui sont des drôles sans drôlerie, et qui n’aiment guère insulter. […] Émile Faguet sait qu’il déteste Voltaire et qu’il déteste Rousseau ; mais il croit aimer Montesquieu. […] Faguet, pour cause, n’aime pas l’éloquence, qu’il appelle volontiers déclamation. […] Parce qu’il ne réussissait pas à la cour, il aima la campagne ; parée que l’amour le fuyait, il aima la famille ; parce qu’il ne pouvait être un brillant capitaine, il fut un poète. […] Mais nous l’aimons qui soit légère et de bon goût.
Celui qui le sent et qui l’aime, a le goût parfait ; celui qui ne le sent pas et qui aime en deçà et au-delà, a le goût défectueux. » C’est du La Bruyère, aux meilleurs passages. […] Vous écrivez pour un lecteur d’élite, actif, intelligent, dévoué ; votre lecteur aime, avant tout, l’élégance et la correction, tout comme il aime à son lever, le bain frais et le linge blanc. […] Certes nous n’aimons pas, plus qu’il ne les faut aimer les transitions tirées par les cheveux, et le plus simple passage nous suffit pour indiquer, à nos lecteurs, que nous changeons de parabole. […] Il se trouve qu’elle aime le roi, qu’elle aime en lui le beau jeune homme, l’habile danseur, le grand seigneur accompli, et elle ne songe pas qu’il est tout-puissant ; elle parle du roi comme mademoiselle de Coëtlogon parlera de Cavoye. […] » Et plus bas, quand Bragelone s’est attendri : « Je ne t’aimais pas, Louise, comme aiment les galants !
Aimer à boire, à faire du bien. […] Le sixieme accident des verbes, c’est de marquer le tems par des terminaisons particulieres : j’aime, j’aimois, j’ai aimé, j’avois aimé, j’aimerai. […] Il est doux de trouver dans un amant qu’on aime, un époux que l’on doit aimer, Quinault. […] Ainsi en Latin amor, amaris, amatur, & en Grec φιλέομαι, φιλέῃ, φιλέεται, veulent dire je suis aimé ou aimée, tu es aimé ou aimée, il est aimé ou elle est aimée. […] Aimer est un verbe actif : mais dans ce vers de l’opera d’Atys, J’aime, c’est mon destin d’aimer toute ma vie.
Quoi qu’il en soit, il se fit Werther, ou, si vous aimez mieux, il se laissa être Werther pendant quelques saisons, sans l’être au fond véritablement. […] Dans ce qu’il leur écrit durant cet hiver de 1772-1773, qui précède le mariage, il paraît gai, heureux ou du moins libre, et tourmenté du besoin d’aimer et du vague de la passion plutôt que d’aucune particulière blessure. […] Une nouvelle époque commencera alors, et je ne l’aimerai plus, mais j’aimerai ses enfants, — un peu, il est vrai, à cause d’elle, mais cela ne fait rien… Et même cette menace amicale, il ne l’exécute pas ; la silhouette reste là suspendue comme par le passé. […] quand ceux que j’aime ne sont pas près de moi, ils sont pourtant toujours devant moi. […] Et n’est-ce pas Goethe qui lui écrivait un jour sur la première page d’un poème de Goldsmith dont il lui faisait cadeau : « N’oublie pas celui qui de tout son cœur t’a aimé et a aimé avec toi » ?
Vous savez, mon cher ami, combien elle m’aimait. […] Je suis assis sur le tombeau de ma première femme et de mes enfants : vous en avez deux en bas âge, un au berceau, une jeune épouse que vous ne pouvez trop aimer. […] Elle paraît aimer les enfants de M. de Saint-Pierre79. […] Il est facile de juger à l’accueil qu’il lui a fait que la plus parfaite amitié règne entre les deux frères… Je crois qu’il n’y a point d’homme que j’aimerais autant que M. […] Vous savez comme je vous aime.
Assiégeant la princesse qu’il aime, il vient la servir contre ses propres troupes : haï sous son nom, adoré sous son pseudonyme, il dirige l’attaque et la défense. […] Il étale, naturellement, la morale et les maximes de l’opéra, une éternelle invitation à aimer, que les sujets mythologiques amenaient. […] Mithridate, pressant Monime de l’aimer, me fait invinciblement penser à l’autre vieillard amoureux, à l’Arnolphe de Molière. […] Les hommes sont plus faibles : les amoureux aimés sont des galants agréables, et rien de plus. […] Songez quelle hardiesse c’était de mettre un enfant dans une tragédie : le xviie siècle n’a pas connu, n’a pas aimé les enfants.
C’est le génie familier de chaque foyer ; il nous fait aimer cette vie sans nous cacher une seule de ses misères. […] J’aime mieux celui qui pense d’abord au récit ; la morale y est ce qu’elle peut. […] Il n’en dit rien, lui qui aimait tant à parler de ses lectures. […] Il songe plus à jouir de ce qu’il aime qu’à se fâcher contre ce qu’il n’aime pas. […] Je ne puis aimer sans préférer, je ne sais pas préférer sans faire quelque injustice.
On aurait même aimé à voir trembler la main qui aurait tenu le pinceau, et le portrait n’eût pas été moins vrai. […] j’aime mieux qu’on y échoue ! […] qu’elle a aimés, mais il est aussi vrai de dire que ceux qui l’ont aimée l’ont précipitée, à leur suite, dans des entreprises insensées. » Ainsi, ne nous y trompons pas ! […] Cousin, qui aime tant son sujet, ne l’a pas compris. […] Louis XIII aimait les pies-grièches.
Hugo n’aimait pas qu’on le prévînt. […] Sainte-Beuve n’aimait pas les poètes. […] Il les aima pour elles-mêmes et finit par n’aimer qu’elles. […] Malgré tout, Trelawnay aime la mer. […] Il aime ces contrastes.
Il aimait à faire des malices. […] Homais, qui n’aime pas la calotte. […] Il n’a plus que sa mère à aimer et pour l’aimer. […] Elle n’aime pas Léopold. […] Sans que le moindre aveu ait été échangé, il l’aime et s’en croit aimé.
je l’ai tant admiré, tant aimé ! […] Il aime : voilà le trait dominant de sa nature. […] Tandis que se marier parce qu’on s’aime est dans l’opinion du monde une pure extravagance, s’aimer et se marier tout uniment dès que l’on s’aime paraît un acte vulgaire et antipathique à la poésie. […] Il les voit une fois, il les aime et il passe. […] Nous aimons sans doute Antoine pour les actes honorables qu’il accomplit ; mais nous l’aimerions encore sans cela, uniquement parce que l’auteur, en le formant, a voulu qu’on l’aimât.
Il a connu son mal et il l’a aimé. […] Il est obsédé par les auteurs qu’il aime, souvent aussi par ceux qu’il n’aime pas. […] La lumière, qu’elle aimait, lui était indulgente. […] Aimons-les de toutes nos forces. […] Il aimait (c’est son ami M.
Il est ou trop aimé ou trop détesté. […] par le cœur même de celui dont elle est aimée. […] Elle voyait mourir ceux qu’elle aimait. […] Ce n’est pas que je les aime. […] Ceux qui l’aiment se prennent à l’aimer dans ses défauts ; ceux qu’il rebute, à le haïr dans ses qualités.
Ces grands esprits aimaient les proverbes. […] Que ceux qui l’aiment se le disent ! Seulement, si cet esprit, qu’on aime toujours trop, avait laissé beaucoup de mots pareils dans l’histoire, Quitard ne le citerait pas, car ce ne serait plus Rivarol. […] il me fait l’effet plutôt d’un homme posé et reposé dans une érudition tranquille comme un chanoine dans sa stalle à vêpres ; d’un de ces calmes amoureux, à trois mentons, qui aime sa parémiographie sans que la tête lui tourne et qui la cultive à ses heures ; enfin d’un de ces esprits savants jusques aux dents, et ronds de la graisse des vieux livres, lesquels, quand ils trottent, trottent menu ! […] … Ce serait là un livre délicieux, à nous défrayer tous, nous qui aimons la langue et les vieilles coutumes du passé, si parfumées de naïveté, si enfumées de bonhomie.
Forgues a lissé, je le reconnais, et toiletté les plumes qu’il a prises à Southey, mais enfin il les a prises, et j’aurais mieux aimé les siennes. […] Et elle a été écrite en style Alexandre Dumas, ce conteur aimé des esprits qui conçoivent le plaisir littéraire comme une tasse de chocolat prise sur le bout d’une table de café ! […] C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit retiré au prieuré de Burnham Thorpe, entre son père qu’il aima toujours et sa femme qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui, — détail piquant dans son contraste même ! […] Après avoir traversé le bonheur incomparable d’un mariage d’amour, après avoir aimé sa femme comme on aime sa femme en Angleterre, le pays conjugal, le pays de l’amour at home, il devint adultère, et, une fois qu’il le fut, il le fut toujours, car le mal et le bien se partageaient son âme, et l’homme autrefois si fidèle et si tendre, qu’il avait été, transporta dans l’adultère la fidélité et la tendresse.
Forgues a lissé, je le reconnais, et toiletté, les plumes qu’il a prises à Southey, mais enfin il les a prises, et j’aurais mieux aimé les siennes. […] Et elle a été écrite en style Alexandre Dumas, ce conteur aimé des esprits qui conçoivent le plaisir littéraire comme une tasse de chocolat prise sur le bout d’une table de café ! […] C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit, retiré au prieuré de Burnham-Thorpe, entre son père, qu’il aima toujours, et sa femme, qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui — détail piquant dans son contraste même ! […] Après avoir traversé le bonheur incomparable d’un mariage d’amour, après avoir aimé sa femme comme on aime sa femme en Angleterre, le pays conjugal, le pays de l’amour at home, il devint adultère, et, une fois qu’il le fut, il le fut toujours ; car le mal et le bien se partageaient son âme, et l’homme autrefois si fidèle et si tendre qu’il avait été, transporta dans l’adultère la fidélité et la tendresse.
Il y a du juge dans l’historien, et MM. de Goncourt aiment bien trop le xviiie siècle pour le juger. […] Ils s’abandonnent… Ils ont, pour le xviiie siècle, l’amour, comme on le représentait précisément au xviiie siècle, avec le bandeau mythologique qu’on lui nouait alors autour de la tête, — ce bandeau à travers lequel on voit ce qu’on aime et on ne voit pas ce qu’on n’aimerait plus, si on le voyait ! […] J’aurais mieux aimé les voir ramasser à MM. de Goncourt que les pauvres lettres qu’ils ont ramassées. […] Quand on est ce qu’ils sont, l’abjecte, dans Sophie Arnould, on peut ne pas la voir sous les roses de la courtisane et dans les fulgurations d’un esprit qui mit tout son siècle à feu ; mais l’imbécillité, tard venue, — mais enfin venue, — pouvait-elle échapper à qui aime tant les choses de l’esprit et se connaît tant aux choses de l’esprit ? […] Leur Sophie Arnould, telle que la voilà, est certainement l’un des livres les plus brillants qu’ils aient jamais écrits, ces esprits brillants qui aiment tant ce qui brille qu’ils ne peuvent voir ce qui ne brille plus… Seulement, ce livre, tout de passion, n’a pas d’autorité.
À Rome, on a le sentiment qu’on domine le temps et la mort avec laquelle on aime à vivre. […] Il avait un besoin positif d’aimer. […] Il me semble que nous ne sommes que des ombres jusqu’au moment où nous aimons ; là commence la réalité. […] Chère amie, que vous méritez d’être heureuse, puisque vous savez aimer et penser ! […] Aussi je vous aime en affamé.
Le fait est que Bayle aimait peu les champs, qu’il n’avait aucun tour rêveur dans l’esprit, rien qui le consolât dans le commerce avec la nature. Plus mélancolique que gai de tempérament, mais parce qu’il était de petite complexion, avec de l’agrément et du badinage dans l’esprit, il n’aimait que les livres, l’étude, la conversation des lettrés et philosophes. […] Mais, pour mon compte, je serais fâché de cette perte ; je l’aime mieux avec ses images franches, imprévues, pittoresques, malgré leur mélange. […] Nous aimons donc à trouver que le mot de bon Dieu revient souvent dans ses lettres d’un accent de naïveté sincère. […] Certains dévots n’en gardent pas non plus dans l’expression, dès qu’il s’agit de ces choses, et l’on a remarqué qu’ils aiment à salir la volupté, pour en dégoûter sans doute.
Il se moque de nous, au fond : s’en moque-t-il toujours autant qu’on aimerait à le penser ? […] Qu’on lise les dernières pages des Essais : ce n’est pas la profession de loi d’un sceptique : « J’aime la vie, et la cultive, telle qu’il a plu à Dieu nous l’octroyer. […] Soyons libres même à l’égard des affections naturelles : aimons notre patrie, notre femme, nos enfants, non pas jusqu’au point de nous en troubler. […] Ne nous dit-il pas qu’il n’aime pas que ses amis lui demandent d’intercéder ou solliciter auprès de qui que ce soit, parce que les obligations ôtent de l’indépendance ? […] Il posera en principe qu’il faut aimer la forme de gouvernement dans laquelle on est né ; et ainsi, étant Français, il sera pour la royauté, bien que son affection le porte de préférence vers le gouvernement démocratique.
Ses contes de fées sont charmants sans doute, mais j’aime mieux ceux de Perrault. […] Aleko, c’est le nom de son mari, s’aperçoit, au bout de quelques mois d’union, qu’il n’est plus aimé. […] « Console-toi, lui dit le père de Zemfira ; aimer, c’est pour toi souffrance et tristesse ; aimer, pour un cœur de femme, c’est un divertissement. […] L’imposteur se croit aimé, et dans un moment d’abandon il confie son secret à sa maîtresse. […] Sa naïveté poétique divertit Onéguine, qui l’aime tout en se plaisant à le taquiner.
Denis de Syracuse se prit un jour à aimer la géométrie : toute la Sicile fut géomètre. Louis XIV n’aimait pas le gaulois ; ses poètes et ses architectes ne tirent que du grec. […] Nous aimons mieux croire que vérifier : c’est plus satisfaisant pour notre bon sens et plus commode pour notre paresse. […] Il a bien ses flatteurs, comme les autres, et il écoute avec plaisir les louanges ; mais il aime peut-être encore mieux la satire. […] Nous aimons mieux signaler un fait bien simple, mais qui constate clairement l’union spirituelle dont nous avons parlé.
Et c’est par là qu’il valait et que nous l’avons aimé. […] et qu’il aimait, en sont morts, près de lui ! […] Je l’aimais infiniment. […] Je voudrais aimer… aimer toutes les choses et tous les hommes… et voilà que je me reprends à haïr. […] Vielé-Griffin aimaient Yeldis.
J’aime la tragédie63, mais toutes les tragédies du monde seraient là d’un côté, et des états de situation de l’autre, je ne regarderais pas une tragédie, et je ne laisserais pas une ligne de mes états de situation sans l’avoir lue avec attention. […] J’aime le pouvoir, moi ; mais c’est en artiste que je l’aime… Je l’aime comme un musicien aime son violon. […] Comme François Ier avait, à bien des égards, bouleversé l’état de choses établi politiquement par Louis XII, il croyait de même que les femmes aimées par François Ier n’avaient pas moins dérangé l’honorable état de société établi par Anne de Bretagne. […] Il montra que, dans un gouvernement naissant et dans un ordre à peine établi, le roi ne pouvait, sans inconvénient et sans danger, être ce soliveau que les Français n’aiment jamais sentir dans leur chef. […] Littérairement il aime à soutenir thèse ; il tient de La Motte, de Fontenelle, je l’ai dit ; avec bien moins de fini dans l’expression, il a plus d’activité qu’eux, plus d’abondance et de vigueur.
On aime à prêter l’oreille au son du clairon, au Chant du Départ de la noble littérature. […] Corneille a voulu nous donner la plus haute idée du mérite de son héros, et il est glorieux pour le Cid d’être aimé par la fille de son roi en même temps que par Chimène. […] Un jour, ce critique si distingué que j’aime à nommer et qui s’est trouvé trop perdu pour nous dans la Suisse française, M. […] Chimène aime plus Rodrigue, non pas quoique, mais parce qu’il a tué son père ; et lui qui sent qu’il a fait ce qu’il a dû, il a conscience du secret de Chimène et d’autant plus d’envie, avec un reste d’espoir, d’être pardonné. […] Ces deux jeunes et grands cœurs s’aiment, voilà le fin du jeu, et cet amour va montant et croissant toujours.
Je me déplais moi-même au mal que je fais, et tout cela n’est pas agréable à un homme qui est tourné à aimer et à plaire. » Et voilà la douceur d’esprit qu’indiquait le grand peintre à la ligne sobre ; au moment où on s’y attendrait le moins, la voilà qui se dessine à nos yeux et se justifie. […] Lui qu’on a appelé d’Argenson la bête, il continue le portrait en refusant au comte de Saxe l’esprit : « Il a peu d’esprit, dit-il, il n’aime que la guerre, le mécanisme12, et les beautés faciles. […] … Les quarante mille hommes qu’il propose pour marcher au secours de la Saxe, en cas de danger, me paraissent fort suspects… J’aimerais autant y voir quarante mille loups. » Et sur ce remède pire que le mal, et dont la seule idée fait bondir le cœur resté saxon de Maurice : « Grand Dieu ! […] M. de Schulenburg en connaît la force. » Au lendemain de sa plus belle victoire, Maurice aime à faire hommage du résultat à son premier maître et parrain. […] Les sentiments d’un auteur ne vont pas jusque-là : ils se familiarisent trop avec la fiction pour aimer à ce point la réalité. » 14.
Fénelon (suite) XIII Fénelon se renferma dans la délicate fonction de sa charge : il parvint à persuader son jeune disciple, parce qu’il parvint à s’en faire aimer ; il fut aimé parce qu’il aima lui-même. […] C’est l’expiation des hommes supérieurs qui ne surent pas aimer, de n’être pas aimés après eux dans leur gloire. […] « Il est temps de se faire aimer, craindre, estimer ! […] Fénelon aima, ce fut son génie ; il fut aimé, ce sera sa gloire. […] Quand on voudra faire son épitaphe, on pourra l’écrire en ces mots : « Quelques hommes ont fait craindre ou briller la France ; aucun ne la fit plus aimer des nations. » Lamartine.
Depuis que je ne vous ai écrit, j’ai fait un voyage à Lisieux : c’est comme qui dirait que j’aurais fait soixante lieues, car j’aimerais mieux les faire que d’aller à Lisieux par les chemins détestables qu’il faut traverser. […] Ceux qui aiment surtout les lettres ne doivent jamais parler de Huet qu’avec un respect mêlé d’affection. […] Mais c’est à sa solitude d’Aunay que Huet aimait surtout à revenir et à se retrouver ; c’est là qu’il jouit véritablement de la vie, telle qu’il l’entend et qu’il la rêve, une vie partagée entre son cabinet, la culture de son jardin et la promenade. […] Ainsi, en toute chose, Huet aimait mieux l’égalité et la douceur de la lumière que le trop de rayons et d’ardeur. […] Mais l’humanité aime mieux se débarrasser et jeter à l’eau de temps en temps une bonne partie de son bagage ; elle aime mieux oublier, sauf à se donner la peine ou plutôt le plaisir de réinventer, de refaire et de redire, dût-elle redire et refaire moins bien ; mais elle veut, avant tout, avoir à exercer son activité.
les rayons de soleil au matin, au haut de ces rochers, me donnent moins de joie que ta présence… …………………………………………………………………………………………… Tu me demandes pourquoi tu m’aimes. Mais tout ce qui a été élevé ensemble s’aime. Vois nos oiseaux : élevés dans les mêmes nids, ils s’aiment comme nous ; ils sont toujours ensemble comme nous. […] Ces honnêtes gens ont un historien digne de leur vie : un vieillard demeuré seul dans la montagne, et qui survit à ce qu’il aima, raconte à un voyageur les malheurs de ses amis, sur les débris de leurs cabanes.
On n’y voit qu’un souverain tout-puissant qui aime, qui est aimé, qui va placer sa maîtresse sur son trône sans le moindre obstacle. […] Personne ne conspire aujourd’hui, et tout le monde aime. […] J’ai révolté les amants de Voltaire, en leur montrant les défauts de l’objet aimé. […] Le ton du dialogue est excellent ; mais plus on aime M. […] La Célie de Campistron est noble, ferme et raisonnable : elle est fine et enjouée sans en être moins décente ; c’est une coquette sage et réservée qui aime les louanges, mais qui aime encore mieux ses devoirs.
Tout cela est fort bien, mais elle ne l’aime pas. […] À la vérité, elle n’aime pas Panchine. […] « M’aimeriez-vous réellement ? […] — Mais vous m’aimez, Lise ? […] Elle m’aime, elle est à moi !
À l’adolescent, elle parle de l’amour ; au père, de la famille ; au vieillard, du passé ; et, quoi qu’on fasse, quelles que soient les révolutions futures, soit qu’elles prennent les sociétés caduques aux entrailles, soit qu’elles leur écorchent seulement l’épiderme, à travers tous les changements politiques possibles, il y aura toujours des enfants, des mères, des jeunes filles, des vieillards, des hommes enfin, qui aimeront, qui se réjouiront, qui souffriront. […] Quand on sent la poésie d’une certaine façon, on l’aime mieux habitant la montagne et la ruine, planant sur l’avalanche, bâtissant son aire dans la tempête, qu’en fuite vers un perpétuel printemps. On l’aime mieux aigle qu’hirondelle. […] C’est l’écho de ces pensées, souvent inexprimables, qu’éveillent confusément dans notre esprit les mille objets de la création qui souffrent ou qui languissent autour de nous, une fleur qui s’en va, une étoile qui tombe, un soleil qui se couche, une église sans toit, une rue pleine d’herbe ; ou l’arrivée imprévue d’un ami de collège presque oublié, quoique toujours aimé dans un repli obscur du cœur ; ou la contemplation de ces hommes à volonté forte qui brisent le destin ou se font briser par lui ; ou le passage d’un de ces êtres faibles qui ignorent l’avenir, tantôt un enfant, tantôt un roi. […] Il n’attendra jamais qu’on lui rappelle qu’il a été, à dix-sept ans, stuartiste, jacobite et cavalier ; qu’il a presque aimé la Vendée avant la France ; que si son père a été un des premiers volontaires de la grande république, sa mère, pauvre fille de quinze ans, en fuite à travers le Bocage, a été une brigande, comme madame de Bonchamp et madame de Larochejaquelein.
Il aime « l’odeur fine et suave de l’héliotrope ». […] Elle a aimé René, elle n’a aimé que lui, elle l’a aimé toute sa vie. […] On l’aime presque d’avoir tant aimé. […] Oui, lui aussi il a peut-être aimé comme il n’aurait pas dû aimer. […] J’ai été aimé, trop aimé.
Il aimait l’art, il n’aimait que l’art. […] Il était beau et aimé des femmes. […] Il croyait et il aimait. […] Mérimée n’aimait pas ce roman. […] Jules Lemaître comprend tout, devine tout, aime tout ce qui mérite d’être aimé.