Mais plus tard, à Lyon, quand pour vivre il ajoute à ses travaux d’humaniste, à sa médecine, à ses almanachs une bouffonne imitation des vieux romans, il y tire sa principale inspiration des profondeurs de son expérience ; le souvenir de ses plus essentiels instincts comprimés et menacés pendant tant d’années met dans l’œuvre comme deux points lumineux : la lettre de Gargantua à Pantagruel, et l’abbaye de Thélème. […] À grand peine, dans son indignation, Rabelais s’empêche-t-il d’« occire » le « vieux tousseux » de précepteur. […] Les vieux Romans, Geoffroy Tory, le Pogge, Cælius Calcagninus, Merlin Coccaie, le juriste Tiraqueau, le sermonnaire Raulin178, à qui ne doit-il pas ? […] Éditions : les Grandes et Inestimables Chroniques du grand et énorme géant Gargantua, réimpression d’un vieux roman où Rabelais a mis la main, Lyon, 1530.
Il avait pris un vieux sujet, le sujet pour ainsi dire essentiel et primitif de la Comédie Italienne : le tuteur faisant office à la fois de père et de rival, la pupille, l’amoureux, le valet. […] On en sortait par un retour hardi à la vieille farce à l’éternelle comédie. Un franc comique jaillissait de l’action lestement menée à travers les situations comiques ou bouffonnes que le sujet contenait, des quiproquos, des travestis, de tous ces boni vieux moyens de faire rire, qui semblaient tout neufs et tout-puissants. […] En 1770 commencent les procès qui vont lui donner la gloire : à propos de son règlement de comptes avec Paris-Duverney, mort le 17 juillet 1770, le comte de la Blache, petit-neveu et héritier du vieux banquier, accuse Beaumarchais de faux et lui réclame 139 000 livres : il perd en première instance, gagne en appel, et enfin, après cassation de l’arrêt d’appel, perd définitivement ; il est débouté, condamné sur tous les points, et en outre à des dommages-intérêts pour raison de calomnie.
Quand la vieille conception anthropomorphique du monde disparut devant la science positive, on put dire un instant : « Adieu la poésie, adieu le beau ! […] De même, loin que le monde moral ait reçu un coup mortel de la destruction des vieilles chimères, la méthode la plus réaliste est celle qui nous mènera aux plus éblouissantes merveilles et, jusqu’à ce que nous ayons découvert d’ineffables splendeurs, d’enivrantes vérités, de délicieuses et consolantes croyances, nous pouvons être assurés que nous ne sommes pas dans le vrai, que nous traversons une de ces époques fatales de transition, où l’humanité cesse de croire à de chimériques beautés pour arriver à découvrir les merveilles de la réalité. […] La vieille manière d’envisager l’immortalité est à mes yeux un reste des conceptions du monde primitif et me semble aussi étroite et aussi inacceptable que le Dieu anthropomorphique. […] Les vieux dogmes peuvent être comparés à ces hypothèses des sciences physiques qui offrent des manières suffisamment exactes de se représenter les faits, bien que l’expression en soit très fautive et renferme une grande part de fiction.
Elle est pour Victor Hugo, tantôt une grande oublieuse au front serein52 qui efface l’homme éphémère sous la continuité de sa vie exubérante, tantôt une auxiliaire du progrès53, qui révèle à l’humanité ses mystères, lui soumet ses forces, l’émancipé, la rend plus puissante, la mène par la science à la liberté, l’aide à briser les vieux moules du passé, à faire germer le bien et la joie pour les générations futures. […] Des époques se sont éprises de jardins réguliers et géométriques, peuplés de statues et d’arbres qu’on taillait en pyramides, en cônes, en éventails, c’est-à-dire qu’elles ont aimé la nature parée, pomponnée, civilisée, humanisée, artialisée, comme eût dit notre vieux Montaigne. […] Qu’est devenue la peur du loup, qui met un frisson dans tant de nos vieux contes populaires ? […] Tournée vers le couchant, elle semble suivre des yeux et du cœur le soleil qui plonge dans les abîmes de la mer et les vieilles choses qui s’enfoncent dans la nuit du passé.
comme Victor Cousin est vieux ; il n’aura plus le temps de m’enseigner la vérité ! […] Leur verbiage casuistique est-il capable d’intéresser un vieux curé ? […] Peut-être aussi la besogne mécanique de remonter ses vieilles marionnettes et de ranger dans un ordre différent toute sa vieille armée de formules invariables, lui était nécessaire comme un mouvement endormeur, comme un balancement monotone sans lequel il eût craint de s’éveiller enfin à la douleur de penser.
S’il y a restauration, ce ne doit pas être pour ressusciter ce qui est vieux et usé, pour rendre à ceux qui rentreront à la suite des princes ce qu’ils ne pourraient conserver avec sûreté. […] Venant à parler des haines entre les vieux partis qui n’étaient contenues dans leurs manifestations que par la sévérité des lois sur la presse : « Si les journaux pouvaient tout dire, ajouta-t-il non sans malice, ne diraient-ils pas que Portalis a été un Bourbonien dont je dois me méfier ? […] [NdA] Cela n’est tout à fait vrai que des vieilles religions dont M. Joubert a dit a « qu’elles ressemblent aux vins vieux, qui échauffent le cœur, mais qui n’enflamment plus la tête ».
Voici quelques vers (car, sans y prétendre, l’abbé Gerbet est poète) qui rendent déjà le premier effet et qui marquent le ton de l’âme ; la pièce est intitulée Le Chant des Catacombes, et elle est destinée, en effet, à être chantée51 : Hier j’ai visité les grandes Catacombes Des temps anciens ; J’ai touché de mon front les immortelles tombes Des vieux chrétiens : Et ni l’astre du jour, ni les célestes sphères, Lettres de feu, Ne m’avaient mieux fait lire en profonds caractères Le nom de Dieu. Un ermite au froc noir, à la tête blanchie, Marchait d’abord, Vieux concierge du temps, vieux portier de la vie Et de la mort ; Et nous l’interrogions sur les saintes reliques Du grand combat, Comme on aime écouter sur les exploits antiques Un vieux soldat.
En d’autres termes, il resta païen, mais païen comme on l’est dans les temps modernes, hostiles aux religions, où l’on a remplacé les mythologies par des métaphysiques, aussi bêtes et moins amusantes que les vieilles mythologies d’un monde nettement et nommément païen ! […] Ce bénédictin littéraire, à la robe trop courte, comme je l’ai dit, et qui la troussait et la retroussait comme si elle avait été trop longue, non pour passer les ruisseaux, comme Lazzara, mais parfois pour se mettre dedans, menait la vie du monde avec autant d’entrain que celle de la pensée, et ces vieux ennuyeux ne pouvaient souffrir qu’on ne s’ennuyât pas comme eux. […] Celle de Sainte-Beuve n’était que finesse, œil oblique embusqué dans sa patte d’oie, sourire de vieille femme d’esprit, et l’anecdote y dominait, l’anecdote ramassée partout, car Sainte-Beuve était un mendiant d’anecdotes et il ne dînait en ville que pour demander à ces dîners la charité de quelques-unes. […] Sainte-Beuve, avec la demi-lune rousse de sa tête, pelée comme le derrière d’un renard attaqué d’alopécie, son teint hortensia, son oreille rouge comme celle de Tartuffe et prête à chaque instant à monter au violet de la colère, le tout recouvert du vieux foulard qu’il étendait là-dessus quand il rentrait, échauffé, de l’Académie, et le beau Scaramouche de Chasles, à la face pâle, aux yeux italiens, aux moustaches callotiques, longues, peintes, relevées, qui ne devinrent que le plus tard possible la barbe blanche sans transition de gris qui apparut soudainement, comme celle d’un alchimiste, un jour, à son cours, et fut pour les femmes qui y venaient le coup de pistolet de la surprise.
Sentez passer d’un vieux sur un jeune visage le feu tournant de Genève ! […] Les maux contre lesquels je lutte sont de vieille date… C’est une longue histoire qu’il me faudra écrire un jour. […] L’année de sa mort, les places d’ombre de sa vie gardaient encore cette vieille neige. […] Pour les vieux Genevois, et surtout pour les Genevoises, son égoïsme, c’était son célibat. […] Un vieux diable est là, qui s’occupe d’Amiel sans le dire.
Je quitte donc la lice, pour ne pas finir, comme le vieux cheval d’Horace, par une chute qui donne à rire. […] C’était un vieux gentilhomme de très bonnes manières, et point sot, hormis sur cet article. […] En tout cas je suis trop vieux pour m’en corriger. […] Tu l’es d’hier, elles plus vieux n’ont pas l’air plus martial. […] Il y avait chez certains d’entre eux, mêlé à la haine contre l’Empire, un reste de vieux levain romantique.
Les vieux eux-mêmes y pensent toujours, alors que pour eux la partie est jouée. […] Vous me croyez moins vieux que je ne le suis. […] Comme Louis-Philippe, je suis un vieux parapluie sur lequel il a beaucoup plu. […] Le vieux Léon Nicolaïevitch frappe comme un sourd ou un fanatique. […] Un vieux Vénitien — moi aussi, j’ai droit à ce titre — peut rester un peu chez lui de même qu’un vieux Parisien ne visite pas tous les matins le Louvre et Notre-Dame.
Il y eut ainsi entre le vieux financier et Beaumarchais un mouvement de fonds assez considérable qui n’avait jamais été réglé par un compte définitif. […] Le vieux roi, entendant dire que Beaumarchais était un homme fort habile, eut l’idée de l’employer comme agent secret dans une affaire délicate qui l’intéressait personnellement. […] Deux jeunes filles, une brune et une blonde, consultent une tireuse de cartes ; les paroles échangées entre la vieille et la brune ont le sens commun, mais à la blonde la vieille dit : « Tu n’auras même pas l’amour d’un autre cœur » ; à quoi l’enfant, blanche comme la neige, répond : « Moi, du moins, l’aimerai-je ? […] Il l’a dédaigné, pour ramasser tout son talent sur l’objet propre de sa vieille haine, l’ex-empereur des Français. […] Ce qu’il y a de pire, c’est que le vieux poète semble s’être chargé lui-même, et mieux que personne, de la parodie.
Ce n’est, en réalité, qu’un chapitre de l’ars amatoria ou de ce que l’empereur Domitien appelait du nom de clinopalè, une entrée, un préambule, une exhortation patiente aux vieux pachas fatigués. […] Même, la plupart de nos vieilles danses, la pavane, la chacone, n’étaient qu’un ingénieux enchaînement de saluts, de révérences, de gestes galants et courtois, et ne faisaient guère qu’ajouter un rythme et une cadence au cérémonial compliqué de la politesse d’autrefois.
Au reste, si je n’ai pas été élevé dans votre vieux lycée et si je ne suis qu’un Orléanais intermittent, cela n’empêche point, j’imagine, que je ne sois un très bon Orléanais tout de même ; que, en dépit des exils forcés, il n’y ait un coin de ce pays de Loire où est une part de mon cœur, et qu’ainsi je ne me trouve aisément avec vous en communauté de sentiments, de souvenirs et d’affections. […] Quand on embrasse, de quelque courbe de sa rive, la Loire étalée et bleue comme un lac, avec ses prairies, ses peupliers, ses îlots blonds, son ciel léger, la douceur épandue dans l’air, et, non loin, quelque château ciselé comme un bijou, qui nous rappelle la vieille France, ce qu’elle a été et ce qu’elle a fait dans le monde, l’impression est si charmante, si enveloppante, qu’on se sent tout envahi de tendresse pour cette terre maternelle, si belle sous la lumière et si imprégnée de souvenirs.
Auguste Barbier : La Chanson du vieux Marin de Coleridge. […] Charles Frémine : Vieux airs et Jeunes chansons.
Émile Augier travaille donc en vieux et en petit, mais ses nielles dramatiques ne se relèvent pas par la pureté, la précision, le vif étincelant du détail. […] On y trouve ce vieux mot, qui veut dire cette chose qui existe depuis madame Putiphar, et qui existe beaucoup trop, non seulement comme indécence, mais comme redite : « Elle ne vous a pas obligé à lui laisser votre manteau. » On y donne ceci comme une découverte : « La parole est d’argent, mais le silence est d’or. » Enfin, les plus grandes malices et les plus grandes originalités contre Déodat : « C’est le bâtonniste devant l’arche », comme si nous étions chez les Juifs.
Il ne marchande pas ce qu’il veut dire… Le public lui doit beaucoup d’avoir pris soin de ces Mémoires… Notre langue n’a plus cette naïveté et cette simplicité nécessaires pour un tel Journal, et nous n’avons point de Henri IV, à qui il échappe à tous moments des mots vifs et plaisants que l’on puisse recueillir. » Marais a exprimé en maint endroit son regret de la vieille langue et des libertés qu’elle autorisait. […] Mais nous voyons déjà le caractère du Journal de Mathieu Marais ; il s’est plu à consigner par écrit des nouveautés en usant des franchises du vieux langage ; il ne craint pas d’appeler les choses par leur nom, sauf à garder ses historiettes sous clef et, après deux ou trois lectures à huis clos, à les resserrer dans son tiroir. […] Nous nous souvenons d’avoir vu quelque chose de tel, nous autres romantiques, dans la guerre contre les vieux classiques qui se disaient pourtant libéraux et qui en référaient sans cesse à l’autorité. […] Il en a de toutes les façons. » C’est dans ce même temps (car un accident ne vient jamais seul) que Jean-Baptiste Rousseau faisait paraître contre lui sa célèbre épigramme, la meilleure qu’il ait faite ; elle est en effet fort jolie : Depuis trente ans, un vieux berger normand Aux beaux esprits s’est donné pour modèle ; Il leur enseigne à traiter galamment Les grands sujets en style de ruelle. […] Un autre vieux classique de ce temps-là, M. de La Rivière, le gendre de Bussy-Rabutin, a jugé non moins sévèrement que Marais le salon de Mme de Lambert et son monde, quoiqu’il fût l’ami particulier de cette femme distinguée, sur laquelle nous nous permettons de différer d’opinion avec lui ; mais tous ces jugements et contre-jugements sont curieux, en ce qu’ils nous aident à comprendre le mouvement et les divisions de la société d’alors.
Le xiiie siècle aussi est le siècle îles allégories : en ce genre se distingua Raoul de Houdan, avec sa Voie de Paradis et son étrange Songe d’Enfer, où, à la table de Lucifer, il mange de bel appétit les gras usuriers et les vieilles pécheresses à toute sorte de sauces symboliques89. […] Appliquée dans les écoles de philosophie ancienne à sauver les chefs-d’œuvre de la poésie et les mythes de la vieille religion de la condamnation inévitable que la conscience morale de l’humanité, chaque jour plus éclairée, eût portée contre leur primitive grossièreté, l’allégorie fut reprise par les chrétiens, d’abord pour autoriser l’étude de la littérature païenne, puis pour justifier aux yeux des fidèles maints passages des saintes Ecritures, dont leur simple honnêteté se fût scandalisée, enfin pour exposer sous une forme plus attrayante et plus vive les vérités dogmatiques de la religion et de la morale. […] Voulant traduire en faits les préceptes de l’Art d’aimer, et faire un roman didactique, il se souvint d’un poème latin du siècle précédent, le Pamphilus, où le poème d’Ovide est mis en action par quatre personnages, Vénus, le jeune homme, la jeune fille et la vieille : il prit à un Fabliau du dieu d’Amours le cadre du songe qui transporte l’amant dans le jardin du Dieu ; et, forcé par la tradition de donner un nom de convention à sa belle, il trouva, dans l’usage de donner poétiquement des noms de fleurs aux dames, plus précisément encore dans un Carmen de Roua et dans un Dit de la Rose, l’idée de représenter l’amante sous la figure de la Rose, c’est-à-dire l’allégorie fondamentale de l’œuvre, qui entraînait nécessairement toutes les autres allégories et personnifications. […] D’une certaine vieille, que Guillaume de Lorris avait à peine présentée, Jean de Meung, détaillant avec énergie le caractère du personnage, a fait la digne aïeule des Célestine et des Macette, une figure hideusement pittoresque. Et à d’autres moments, par le regret ému de sa belle jeunesse, dépassant la belle heaumière de Villon, la vieille du Roman de la Rose atteint presque à la mélancolie de certains vers de Ronsard.
Les vieux tacticiens du parti (et par exemple Renaudel) croient fermement à l’utilité de l’union, et s’efforcent de la maintenir. […] Les petits garçons de l’Allemagne le comprendront aussi, quand ils verront le mal que leur empereur fait à son peuple… Et, le 14 décembre 1914, une semaine avant qu’une balle lui brisât le front, il déclarait à ses amis de la Bataille Syndicaliste : J’ai reçu l’article du Vieux de la Vieille sur la Banqueroute frauduleuse de la Sozialdemokratie. […] Le vieux Corneille donnerait une place dans son œuvre à ces hommes raidis, cabrés, furieusement concentrés dans l’idée qu’ils ne veulent pas obéir, et qui se soumettent souvent avec une espèce de tendresse virile aux disciplines de l’armée et aux ordres des « galonnards ». […] Les Français d’après l’an xv, dit-il, qui se sont tenus un an par la main depuis la mer du Nord jusqu’au Rhin, quels que fussent d’ailleurs leurs intérêts économiques, leur opinion politique, leur croyance, leur idéal, n’entendent plus se brimer ni se tourmenter les uns les autres : la vieille haine française, qui avait sa noblesse, la lègue à une tendresse française que ni la France ni l’univers n’ont encore connue.
Nous étions là debout, appuyés sur nos fusils ; les deux petites, adossées au mur, sanglotaient a fendre l’âme ; le vieux lui-même était ému. […] Quelques verres de vin vieux, quelques cigarettes, et aussi pour être franc, quelques sourires à de jeunes Alsaciennes… c’est tout. […] Le vieux Nestor, tant prisé de ces bavards d’Hellènes, n’était-il pas un apprenti auprès de ce petit sous-officier de dix-neuf ans ? […] Quand la nuit viendra, nous unirons nos cœurs. » Sur son passage, il note : « Ce qui m’a le plus frappé, ce sont les vieilles femmes. […] Ils naquirent deux fois : de la terre de France, d’une vieille race où chacun est noble, et puis du péril national.
J’ai rappelé ce fait vieux de plus de trente années, parce qu’il a consacré d’une manière éclatante la naissance de ce sentiment nouveau et incomparablement fécond de la solidarité ; solidarité par-delà les territoires, ces frontières artificielles, et par-delà les races, ces frontières naturelles. […] Découverte étrange et poignante que celle qui prétend mettre à jour dans l’antique nature et dans la vieille humanité un visage et un cœur jusqu’alors inconnus… Pour éclairer ce qui semble un mystère, je laisse la parole à ces hommes qui ont embrassé d’une telle étreinte le monde vivant, qu’il est sorti de leurs bras débordant de jeunesse et d’ivresse. […] C’est pour avoir éveillé cette légion d’espérances endormies que Shelley presque vieux d’un siècle, est encore, parmi nous, le plus réel, le plus proche et le meilleur des amis. […] Pourquoi mépriser l’ouvrier dans la rue, la mère de famille dans la chambre d’enfants, le laboureur à la ferme, la touffe d’herbe au bord de la route, le vieux cheval amaigri tirant sa charrette, l’apprenti accomplissant son humble et fruste labeur ? […] Exercer une « autorité » c’est au fond donner la plus haute preuve de sympathie humaine, c’est l’acte supérieur de toute solidarité et la marque du lien le plus fort qui nous unit tous, faibles et forts, jeunes et vieux, sages et fous.
Le vieux comte Steinrück a deux petits-fils, Raoul et Michel. […] Ainsi donc ces vieux mots et ce sens ancien des mots, que nous trouvons dans l’Odyssée de M. […] Les vieilles modes en littérature ne sont pas aussi agréables que les vieilles modes dans le costume. […] « Le hasard fit que je lus la plus grande partie de ce dernier dans une vieille forêt. […] Chacun lui donnait son concours, et il eut la bonne fortune de trouver un vieux paysan, un des plus vieux parmi les runolainen de la province russe de Wuokinlem, qui surpassait de beaucoup tous les autres chanteurs du pays, et il obtint de lui l’une des rimes les plus splendides du poème.
Dans une telle situation cet homme languit et se ronge de soucis domestiques ; il est (on le verra) obligé de calculer combien la douzaine d’œufs ou la fiasque d’huile coûtent, pour nourrir sa journée et pour éclairer sa lampe ; il porte lui-même au marché voisin les fagots coupés dans son petit bois par son bûcheron ; il n’a pas de quoi payer largement son écot dans un dîner de cabaret à San-Casciano avec quelques vieux amis. […] lisez la merveilleuse lettre suivante, retrouvée tout récemment dans ses papiers aux archives du vieux palais de Florence. […] Guéri de cette passion, qui ne fut pas la dernière, et consulté par Léon X sur les moyens de corrompre le vieux républicanisme de Florence, Machiavel, sans désavouer tout à fait la république, conseille au pape de corrompre à force de faveurs et de prospérité les citoyens. […] Le vieux roi Ferdinand, son mari, était revenu seul à Naples ; il y régna avec douceur et modération jusqu’en 1820. […] Naples, foyer du carbonarisme aristocratique et militaire, répondit sans le comprendre au cri de l’armée ; cette armée marcha sur Naples et présenta à la pointe des baïonnettes la constitution espagnole au vieux roi Ferdinand.
La révolution de 1789, en culbutant la vieille société, amena à la surface de nouvelles couches sociales ; elles rejetèrent à l’arrière-plan la littérature des aristocrates, reprirent la tradition et recommencèrent avec une nouvelle forme la littérature du xvie siècle, qui bien que méprisée et reléguée sur les « tréteaux de la foire », et condamnée aux tavernes et aux cuisines, s’était arrangée pour vivoter et pour créer des œuvres remarquables. […] « Il fallut à la mort de son père quitter le toit paternel, devenu l’héritage de son frère ; il se retira avec Amélie chez de vieux parents. » Dans sa gentilhommière on l’avait nourri de mépris pour toute espèce de travail : nullement pressé d’endosser la soutane, il continua sa vie oisive, « s’égarant sur de grandes bruyères », rêvassant sur « une feuille séchée que le vent chassait… sur un étang désert où le jonc flétri murmurait ». […] De tous les romanciers, le seul Paul de Kock, souverainement méprisé par les aigles du roman, a su retrouver un peu de la gaieté animale et débordante de Rabelais et de nos vieux conteurs. […] » La fortune lentement amassée par le travail, c’était le vieux jeu, la vieille morale, la vieille routine. […] Raison, folie, chacun son mot : petit conte moral à la portée des vieux enfants, par P.
On répète encore cette vieille plaisanterie : Vive le laid ! […] Toujours le système de la vieille tragédie renaîtra de ses cendres. […] Champfleury, cette vieille plaisanterie : Vive le laid ! […] Toujours le système de la vieille tragédie renaîtra de ses cendres. » Cette vieille plaisanterie, on la répète, M. […] Toute vieille qu’elle est, elle vous semble encore lourde, je le comprends, mais M.
Le vieux mot : ….. […] Lisez-le… Ce que ces trente pages abondantes en redites finiront — peut-être — par évoquer dans votre esprit, c’est tout bonnement la vision de la vieille forêt vierge classique, celle que Chateaubriand décrit en cent lignes et Lamartine en deux cents vers (dans la Chute d’un Ange) ; mais combien moins nette chez le journaliste yankee que chez nos deux compatriotes !
Je retrouve ici, parmi vos professeurs, de vieux et chers camarades, et je devrais être dans leurs rangs, et je m’étonne de n’y pas être. […] Les cadres anciens sont brisés ; les vieilles institutions préservatrices et coercitives branlent ou sont à bas… Il apparaît avec une clarté croissante que le monde — et chacun de nous par conséquent — ne sera sauvé que par la multiplicité, sinon par l’unanimité, des bonnes volontés individuelles.
Œil pour œil, dent pour dent, plaie pour plaie, l’usure du tourment centuplant la dette du coupable, l’horreur de la peine enchérissant sur la grièveté du délit ; les vieilles Vengeresses en étaient restées à cette routine sanguinaire. […] Leurs expéditions étaient des parties de chasse joyeusement féroces, semblables à cette Venatio postularia (Chasse réclamant des victimes) des vieilles légendes germaniques, où le Spectre qui la menait distribuait à ses compagnons des cuisses d’hommes en guise de curée.
Vieux mot qui veut dire la moisson, et dont on se sert encore en quelques provinces. […] Cette petite fable, ainsi que plusieurs de ce cinquième livre, est du ton le plus simple : les deux meilleures sans contredit sont celles de l’ours et celle de la vieille et les deux servantes.
Ma vieille ville n’est point de celles-là. […] Maître Guillaume Cotin et maître Thibault de Vitry avaient de vieilles voix cassées. […] Voyez-vous ce vieux fou, ce vieux pénard avec sa mine d’apôtre ! […] Leur amitié pour les vieux livres ne les induisait pas en découragement ou paresse. […] Un garçon jeune ; et peu importe son âge : on est jeune ou vieux de naissance.
Janikan s’approchant là-dessus avec sa troupe, et l’entourant, lui dit: « Chien maudit, nous ne sommes pas venus ici pour nous asseoir, mais pour te couper cette vieille méchante tête qui a rempli la Perse de malheurs, et a fait périr tant de grands seigneurs infiniment plus gens de bien que toi ! […] Le coup ne l’avait pas tué ; il leur dit d’une voix basse: « Que vous ai-je fait, mes princes, et que me faites-vous sur mes vieux jours ? […] Ce vieux ministre, qui vous sert de père, serait-il bien assez malheureux pour avoir mérité votre indignation. […] Ces eunuques, qui servent dans le sérail, ont leurs logements sur les dehors, et loin des femmes, et il n’y a que les eunuques vieux et noirs qui les fréquentent et qui les servent à faire leurs messages. […] Le troisième, qui est le plus vaste, est pour le séjour des vieilles femmes, des femmes disgraciées et des femmes des rois défunts.
À peine il rentre en son tombeau, Et le vieux laurier qui l’ombrage, Trois fois inclinant son feuillage, Refleurit plus fier et plus beau. […] Tantôt ce sont des modulations languissantes, quoique variées ; tantôt c’est un air un peu monotone, comme celui de ces vieilles romances françaises, chefs-d’œuvre de simplicité et de mélancolie. […] Une lettre qu’il reçut d’Europe, par le bureau des Missions étrangères, redoubla tellement sa tristesse, qu’il fuyait jusqu’à ses vieux amis. […] « Il fallut quitter le toit paternel, devenu l’héritage de mon frère : je me retirai avec Amélie chez de vieux parents. […] Qu’ils sont doux, mais qu’ils sont rapides, les moments que les frères et les sœurs passent dans leurs jeunes années, réunis sous l’aile de leurs vieux parents !
demanda Candide Ou bien vieux ? […] Deschanel, de quoi instruire et charmer les jeunes Chinoises (ce qui n’est point un mérite si méprisable ni si accessible), et de quoi faire réfléchir les vieux mandarins. […] C’est le vieux poète qui avait commencé, à ce qu’il semble. […] Racine n’a qu’un mot très froid sur la mort de la Champmeslé ; mais il était alors marié, père de famille, déjà vieux. […] » disait le vieux Corneille en voyant jouer Bajazet, et peut-être qu’en effet, si Roxane agit et sent à peu près comme une femme de harem, Acomat comme un vizir, et parfois Bajazet comme un homme d’Orient, leur allure et leur langage n’ont pas grand’chose de turc pour des esprits non prévenus.
Rousseau, et à la fin du dix-huitième siècle quelques grands lambeaux lyriques de Lebrun, remarquables par l’éclat et l’élégance, mais glacés de mythologie, de faux sublime et de vieilles périphrases ; d’un autre côté, les Élégies exclusivement érotiques de Bertin et de Parny, où l’on trouve sans doute de la mollesse, de la grâce, de la volupté, de la passion même, mais tout cela dans les proportions du boudoir… telles étaient les richesses lyriques et élégiaques de nos devanciers, et malgré tout l’esprit et le talent qu’on doit reconnaître aux auteurs dont nous venons de parler, on sentait que l’Ode inspirée et la grande Élégie n’avaient pas eu leurs poètes, comme l’Épître, la Satyre, la Fable. […] Alfred de Vigny, un des premiers, a senti que la vieille épopée était devenue presqu’impossible en vers, et principalement en vers français, avec tout l’attirail du merveilleux ; il a senti que les Martyrs sont la seule épopée qui puisse être lue de nos jours, parce qu’elle est en prose, et surtout en prose de M. de Chateaubriand ; et à l’exemple de lord Byron, il a su renfermer la poésie épique dans des compositions d’une moyenne étendue et toutes inventées ; il a su être grand sans être long. […] Assez longtemps, on nous a donné les mêmes tragédies sous des noms différents, assez longtemps, les continuateurs, exagérant ce qu’il y avait de défectueux dans nos chefs-d’œuvre sans en reproduire les beautés, nous ont montré des personnages antiques habillés à la moderne, ou des modernes parlant un vieux langage ; la tragédie française, d’imitation en imitation, est arrivée, à fort peu d’exceptions près, à ne plus être qu’un moule banal où l’on jette des entrées et des sorties extrêmement bien motivées, sans s’occuper de faire agir et parler les personnages d’une manière neuve et attachante. […] Quant aux vieilles indignations nationales, à ces gothiques haines de l’étranger, à qui prétendrait-on imposer aujourd’hui avec toute cette patrioterie littéraire ? […] De là les virago de Corneille, les galants jeunes premiers de Racine, et ces vieilles amours de Jocaste, que Voltaire se reprochait tant.
Il craignait de multiplier les difficultés pour les lecteurs peu familiers avec notre vieille langue : « Il nous a paru, disait-il, que nous avions assez fait pour les amateurs enthousiastes du vieux langage en leur donnant le texte pur des mémoires de Villehardouin. » Comme si, en pareille matière, il s’agissait d’enthousiasme et non d’exactitude, et comme si, parce qu’on a été exact une fois, on était dispensé de l’être une seconde ! […] Natalis de Wailly eut l’heureuse idée, en 1865, de donner l’Histoire de saint Louis de Joinville dans un texte rapproché du français moderne et mis à la portée de tous : et il fit cette sorte de traduction avec une précision scrupuleuse, en homme qui ne se contente pas d’à-peu-près et qui sait à fond la vieille langue. […] [NdA] Il appelle Babylone Baboul près du vieux Caire, sans le confondre pourtant avec l’autre Babylone.
Il fut alors le premier à proposer et à mettre à exécution l’idée de distribuer simplement le grain aux troupes, pour être ensuite donné par les soldats mêmes à la mouture et converti en pain : On cria contre mon idée, comme on fait toujours en toute nouveauté ; les vieux commissaires des guerres disaient que c’était parce que je sortais du collège et que j’y avais lu que les Romains donnaient ainsi le blé à leurs légions. […] L’emmenant à Grosbois, l’initiant à ses manuscrits les plus secrets et à ses papiers d’État, il l’engageait toujours, après ces choses essentielles, à n’en pas négliger d’autres moins petites et moins inutiles qu’on ne le croiraiti, à se faire du monde plus qu’il n’était, à jouer quelquefois (le jeu crée des relations, rapproche les distances, adoucit des inimitiés) ; il en venait jusqu’à lui donner des leçons sur les façons de faire sa cour et de réussir auprès du vieux cardinal. […] Il a de vieux mots qu’il écrit sans y prendre garde ni se détourner : postposant, gubernateur, les belles et idoines qualités, etc., etc. […] Quand on dit C’est une jeunesse qui se divertit, c’est comme si on disait : Cela se divertit parce que cela est jeune. » — On a depuis fait droit jusqu’à un certain point à cette réclamation ; Paul-Louis Courier a remis en honneur ces vieilles locutions populaires, et Mme Sand, dans ses jolis romans rustiques, dit couramment une jeunesse, il est vrai que dans le beau style, on s’en prive toujours.
C’est le duel éternel de tout ce qui finit et de ce qui succède, de ce qui se survit et de ce qui doit vivre ; cela s’est vu de tout temps, en grand, en petit, dans tous les genres et dans tous les ordres : César et, Pompée, Malherbe et le vieux Desportes, Descartes et Voët, Franklin et l’abbé Nollet… Le chevalier de Glerville sent désormais son maître dans celui qui fut longtemps son diacre, comme le disait plaisamment Vauban : « Il est fort chagrin contre moi, ajoutait celui-ci, quelque mine qu’il fasse ; c’est pourquoi il ne me pardonnera rien de ce qui lui aura semblé faute ; mais je loue Dieu de ce que lui et moi avons affaire à un ministre éclairé qui, en matière de fortification, ne prend point le change, et qui veut des raisons solides pour se laisser persuader et non pas des historiettes. » Une dernière rencontre a lieu entre les deux rivaux, au sujet des fortifications de Dunkerque ; elle est décisive. […] Cette lettre du 15 décembre 1671 est à encadrer dans un cadre d’or ; elle est à mettre à côté de telle page de L’Hôpital, de telle allocution de Gerson, de telle réponse de ces vieux et grands parlementaires Achille de Harlay ou de La Vacquerie ; c’est l’éloquence du cœur, toute pure et toute crue, et qui n’y va pas par quatre chemins : « Il est de la dernière conséquence d’approfondir cette affaire, tant à l’égard du préjudice que le service du roi en peut recevoir, si ces Messieurs ont dit vrai, que de la justice que vous devez à ceux qui, pour faire leur devoir trop exactement, sont injustement calomniés. […] Homme antique, qui au génie d’un Français nouveau unit toutes les qualités des vieux Gaulois, ou mieux peut-être des Romains de vieille roche.
Que leur fait d’appeler, de baptiser du nom de Lisette une espèce de sainte, une bonne vieille qui, au coin d’un feu paisible, relit et rumine du matin au soir la Bible et qui, en fait de chansons, ne sait par cœur que les Psaumes de Marot ? […] Sur la montagne, la verdoyante ramée des hêtres triomphait si bien du feuillage noir des sapins, elle s’étendait si lustrée, si criante, elle montait si vaillamment jusqu’à la région des pâturages, et ceux-ci commençaient à verdoyer si ferme, qu’à part la coupole de neige qui couvrait le fin sommet, on ne voyait que ce vert terrible qui semblait refouler la pensée en soi-même. » En allant chez la vieille, il y a un endroit plus élevé, un col à passer, et, si l’on s’y arrête pour jouir du spectacle, on voit en bas cette vallée se déroulant au plus loin dans sa moire verte et « d’un vert criard », mais de l’autre côté, du côté du village, au-dessus et par-delà, on voit la montagne et ses dernières pentes, mouchetées de sapins, semées de hêtres et offrant aussi des places plus riantes, car la saison y est retardée, et quand le vallon est en mai, on n’est là-haut qu’en avril : « Les vergers croissaient parmi, et comme j’avais monté pour arriver au col, je retrouvais fleuris les arbres qui, dans le vallon, avaient passé fleur. » Voilà des expressions charmantes et neuves, nées de l’observation même. […] Nos souvenirs parisiens nous gênent malgré nous, et j’ai peine à me faire de la Lisette de Mme de Gasparin cette bonne et vénérable vieille « qui s’est trop étudiée sur la Bible », et qui n’en a pris que les terreurs sans assez s’attacher aux espérances. En faisant le portrait de sa vieille puritaine vaudoise, Mme de Gasparin ose (avec toutes sortes de précautions, il est vrai), rappeler la bouche et le sourire de la Joconde.
La passion ingénue, coquette parfois, sans cesse attrayante, d’Athénaïs et d’Eugène, se détache sur un fond inquiétant de mystère : même quand elle s’épanouit le long de ces terrasses du jardin ou dans la galerie vitrée, par une matinée de soleil, on craint M. de Rieux quelque part absent, on entrevoit cette figure mélancolique et sévère du père d’Eugène ; et si l’on rentre au salon, cette tendresse des deux amants s’en vient retomber comme une guirlande incertaine autour du fauteuil aimable à la fois et redoutable de la vieille maréchale qui raille et sourit, et pose des questions sur le bonheur, un La Bruyère ouvert à ses côtés. […] Mme de Souza a voulu peindre, par la liaison du vieux M. d’Entrague et de Mme de Nançay, ces amitiés d’autrefois, qui subsistaient cinquante ans, jusqu’à la mort. […] … Cependant si, après sa première campagne, il revient du tumulte des camps, avide de gloire, et pourtant satisfait, dans votre paisible demeure ; s’il est encore doux et facile pour vos anciens domestiques, soigneux et gai avec vos vieux amis ; si son regard serein, son rire encore enfant, sa tendresse attentive et soumise vous font sentir qu’il se plaît près de vous… oh ! […] » — Elle vit l’humeur au front du sphinx redoutable : Si je réponds oui, songea-t-elle, il dira : C’est une sotte ; si je réponds non, il y verra de l’insolence… — « Oui, sire, répondit-elle, on y aime la France…, comme les vieilles femmes aiment les jeunes. » La figure de l’empereur s’éclaira : « Oh !
Le vieux Galba, proclamé empereur par les légions, s’avance et tend la main vers le sceptre. […] Moi-même, qui te parle, je ne suis pas parvenu encore à la sécurité ; mais, une fois que je t’aurai adopté, je cesserai de paraître trop vieux, seul reproche qu’on objecte à ma puissance. […] « Souviens-toi que tu vas commander ici à des hommes aussi incapables de supporter une entière liberté qu’une entière servitude. » L’invention d’une telle éloquence dans l’historien ne suppose-t-elle pas dans Tacite toutes les qualités d’homme d’État, de philosophe, de politique consommé, de vieillard expérimenté des choses et des caractères, et enfin d’orateur d’État, qualités que l’historien prête au vieux Galba ? XVI On se perd quand on analyse ce sublime discours d’empire dans les profondeurs de raison, de pénétration, de prévoyance, de connaissance du cœur humain et de l’opinion des différentes classes du peuple qu’il révèle chez le vieux Galba.
Il n’est point, selon la vieille image jolie, l’abeille qui tire des fleurs un miel personnel, un miel dont le parfum et la saveur dureront. […] En même temps que des romans qui ne choquent personne, des romans dont les vieilles revues proclament l’élégance, il fait de la critique, de cette bonne critique « courtoise » qui conquiert successivement les éloges des gens influents, la légion d’honneur, les prix à l’Académie et, un beau jour, l’Académie elle-même. […] Balzac nous fait entendre dans une grange la légende de Napoléon contée par un vieux soldat. […] Mais ce n’est pas de ces vieux livres, c’est de lui-même qu’il a voulu sortir « un Christ nouveau tout entier » : « J’ai laissé de côté les Évangiles antiques, je me suis écarté du Christ qui y est peint. » Pourquoi alors conserver le nom de Christ à son personnage ?