La langue ancienne, bannie de l’usage, reste sacrée, savante, classique.
Quand il dînait chez eux, il les scandalisait fort en ne s’astreignant pas aux ablutions d’usage. « Donnez l’aumône, disait-il, et tout pour vous deviendra pur 932. » Ce qui blessait au plus haut degré son tact délicat, c’était l’air d’assurance que les pharisiens portaient dans les choses religieuses, leur dévotion mesquine, qui aboutissait à une vaine recherche de préséances et de titres, nullement à l’amélioration des cœurs.
C’est de leur temps que l’écriture a été mise en usage.
Avant d’user de cette méthode et de la mettre à profit en l’appliquant à divers ordres de phénomènes, on peut rechercher à quelles conditions mentales est liée la faculté bovaryque ; à mieux connaître le mécanisme de cette lorgnette, il sera possible d’en faire par la suite un meilleur usage.
Elle étoit aussi en usage chez les Hébreux, & dans des pièces qui, vraisemblablement, n’étoient pas de la poësie proprement dite.
On ne l’eût point accusé de flatterie ; et il aurait eu la gloire de contribuer peut-être à faire cette réforme dans les cours de quelques souverains, qui conservaient ce ridicule usage.
comme c’est l’usage, du reste, l’auteur de Coppet et Weymar n’a tenu nul compte de la critique, et elle continue son petit commerce de correspondances et de souvenirs.
Mais c’est ici surtout qu’apparaît dans toute sa misère la superficialité d’un ouvrage qui a la consistance de ces éventails de papier que les femmes prennent, pour l’usage d’un soir, et qu’elles jettent.
Sur une lettre, très peu merveilleuse, que nous pouvons lire dans l’édition de Gilbert, et dans laquelle Vauvenargues s’amuse à l’éternel parallèle, cher aux rhétoriques, du génie de Corneille et du génie de Racine, Voltaire prend feu comme un jeune homme pour cet officier du régiment du roi qui s’ennuie de son métier, et qui lui envoie, avec tous les salamalecs d’usage, de la littérature de garnison.
Les faits et les raisons y brillent, comme des fers de lance, à l’usage de ceux qui cherchent des armes pour défendre le gouvernement temporel de la Papauté, qui, tel qu’il fut, et sous les coups qu’on lui porta et qui l’auraient rendu furieux et terrible s’il n’avait été qu’un gouvernement comme un autre, fut imperturbablement le plus juste et le plus serein des gouvernements que l’on ait vus parmi les hommes !
Cela pourrait s’appeler très pertinemment : Cours de flatterie à l’usage des jeunes gens qui veulent s’avancer dans le monde, et entrer dans les Fermes, par exemple, parce qu’ils ne sont pas des Chesterfield !
Gilbert, et dans laquelle Vauvenargues s’amuse à l’éternel parallèle, cher aux rhétoriques, du génie de Corneille et du génie de Racine, Voltaire prend feu comme un jeune homme pour cet officier du régiment du roi qui s’ennuie de son métier, et qui lui envoie, avec tous les salamalecs d’usage, de la littérature de garnison.
Ces pauvres idées, déjà si éreintées par l’usage qu’on en a fait, ce n’est pas Rémusat, cet édulcoré aigri, qui leur communiquera de la vie, et on regrette d’avoir à les traverser encore une fois avant d’arriver au meilleur de son livre, c’est-à-dire à cette partie résistante de l’Histoire qui n’a rien à faire avec le pamphlet aux navets !
Le roman du Maudit s’ouvre par une scène grossière du confessionnal et par le détroussement d’un pauvre neveu et d’une charmante nièce de toute la fortune de leur tante, que les jésuites se font donner selon l’immémorial usage de ces captateurs éternels.
Cette grâce, cette expression douce et légère qui embellit en paraissant se cacher, qui donne tant de mérite aux ouvrages et qu’on définit si peu ; ce charme qui est nécessaire à l’écrivain comme au statuaire et au peintre ; qu’Homère et Anacréon eurent parmi les poètes grecs, Apelle et Praxitèle parmi les artistes ; que Virgile eut chez les Romains, et Horace dans ses odes voluptueuses, et qu’on ne trouva presque point ailleurs ; que l’Arioste posséda peut-être plus que le Tasse ; que Michel-Ange ne connut jamais, et qui versa toutes ses faveurs sur Raphaël et le Corrège ; que, sous Louis XIV, La Fontaine presque seul eut dans ses vers (car Racine connut moins la grâce que la beauté) ; dont aucun de nos écrivains en prose ne se douta, excepté Fénelon, et à laquelle nos usages, nos mœurs, notre langue, notre climat même se refusent peut-être, parce qu’ils ne peuvent nous donner, ni cette sensibilité tendre et pure qui la fait naître, ni cet instrument facile et souple qui la peut rendre ; enfin cette grâce, ce don si rare et qu’on ne sent même qu’avec des organes si déliés et si fins, était le mérite dominant des écrits de Xénophon.
Tout cela, cette « blancheur de lys », qu’Arnolphe prédisait à Agnès, si elle était femme fidèle, ce « charbon noir » que deviendra son âme si elle est coquette, sans compter l’usage singulier que fait Molière des « chaudières bouillantes » où l’on plonge à jamais les femmes mal-vivantes, tout cela, c’étaient les métaphores ordinaires en usage parmi les directeurs de conscience de ce temps-là ; et Molière a si bien pris les plus générales et les plus durables, que je crois bien qu’on les retrouverait encore de ce temps-ci. […] Eh bien, le mari systématique qu’il a voulu peindre, le mari égoïste et fantasque, pour qu’il soit complet, il faut en effet qu’il fasse des sermons, il faut qu’il fasse de la religion l’usage bas et vil qu’en fait Arnolphe. […] Mais, par malheur, il a si bien trouvé le titre de son livre, et, suivant les procédés ordinaires de son génie, il a si bien adapté dans Arnolphe les paroles à l’homme et l’homme aux principes, que pour peu qu’on eût de prévention contre lui, il n’était pas facile de discerner s’il avait voulu ridiculiser les idées dont se sert Arnolphe, ou bien l’usage qu’il en fait ; et, cette fois, les dévots éclatèrent. […] Il n’existe plus guère ; on n’en fait plus du moins, maintenant, un usage général, il a disparu, ou à peu près, de nos mœurs. […] L’usage d’avoir un directeur de conscience était si répandu, qu’il inquiétait l’Église elle-même.
Pour écrire selon l’usage du vocabulaire et de la syntaxe française, il n’est pas indispensable qu’on se retire dans un cachot. […] Quel avertissement, si le bandit fait usage de la même formule que ses légères et jolies contemporaines ! […] L’ancien usage s’était égayé d’une liberté, d’une audace nouvelles ; mais l’ancien usage réglait encore l’audace inopinée et la récente liberté. […] L’auteur l’a-t-il simplifiée, à l’usage de son lecteur ? […] La plupart des mots qui entrèrent alors dans les livres et dans l’usage ont leur histoire, leur biographie.
L’église est un rendez-vous, comme en Italie ; les jeunes gentilshommes vont à Saint-Paul se promener, rire, causer, étaler leurs manteaux neufs ; même la chose est passée en usage ; ils payent pour le bruit qu’ils font avec leurs éperons, et cette taxe est un profit des chanoines4 ; les filous, les filles sont là, en troupes ; elles concluent leurs marchés pendant le service. […] C’était alors l’usage des grandes dames de battre leurs enfants et leurs serviteurs. […] Il y en a pour les sens, dans ces appartements que l’on commence à chauffer, dans ces lits qu’on garnit d’oreillers, dans ces carrosses dont pour la première fois on fait usage. […] Philaster dit en parlant d’Euphrasie qu’il prend pour un page, et qui s’est déguisée ainsi pour obtenir d’être à son service102 : « Je l’ai rencontré pour la première fois assis au bord d’une fontaine, — il y puisait un peu d’eau pour étancher sa soif, — et la lui rendait en larmes. — Une guirlande était auprès de lui faite par ses mains, — de maintes fleurs diverses, nourries sur la rive, — arrangées en ordre mystique, tellement que la rareté m’en charma. — Mais quand il tournait ses yeux tendres vers elles, il pleurait — comme s’il eût voulu les faire revivre. — Voyant sur son visage cette charmante innocence, — je demandai au cher pauvret toute son histoire. — Il me dit que ses parents, de bons parents étaient morts, — le laissant à la merci des champs, — qui lui donnaient des racines, des fontaines cristallines qui ne lui refusaient pas leurs eaux, — et du doux soleil qui lui accordait encore sa lumière. — Puis il prit la guirlande et me montra ce que chaque fleur, dans l’usage des gens de campagne, signifie, — et comment toutes, rangées de la sorte, exprimaient sa peine. — Je le pris, et j’ai gagné ainsi le plus fidèle, — le plus aimant, le plus gentil enfant qu’un maître ait jamais eu. » L’idylle naît d’elle-même parmi ces fleurs humaines ; le drame suspend son cours pour s’attarder devant la suavité angélique de leurs tendresses et de leurs pudeurs. […] Là, pendant une nuit d’été, selon l’usage du temps105, les jeunes hommes et les jeunes filles vont cueillir des fleurs et échanger des promesses ; Amoret avec Périgot, « Amoret, plus belle que la chaste aube rougissante, ou que cette belle étoile qui guide le marin errant à travers l’abîme », pudique comme une vierge et tendre comme une épouse. « Je te crois, dit-elle à Périgot ; cher ami, il me serait dur de te tenir pour infidèle, plus dur qu’à toi de me tenir pour impure. » Si fortes que soient les épreuves, ce cœur donné ne se retirera jamais.
En voici un vestige dans un morceau presque digne de Swift, et qui est l’abrégé de ses émotions habituelles en même temps que sa conclusion sur l’âge où nous voici1410 : « Supposons, dit-il, que des cochons (j’entends des cochons à quatre pieds), doués de sensibilité et d’une aptitude logique supérieure, ayant atteint quelque culture, puissent, après examen et réflexion, coucher sur le papier, pour notre usage, leur idée de l’univers, de leurs intérêts et de leurs devoirs ; ces idées pourraient intéresser un public plein de discernement comme le nôtre, et leurs propositions en gros seraient celles qui suivent : « 1º L’univers, autant qu’une saine conjecture peut le définir, est une immense auge à porcs, consistant en solides et en liquides, et autres variétés ou contrastes, mais spécialement en relavures qu’on peut atteindre et en relavures qu’on ne peut pas atteindre, ces dernières étant en quantité infiniment plus grande pour la majorité des cochons. […] Ils ont rendu sensibles des thèses morales, des périodes historiques ; ils ont fabriqué et appliqué des esthétiques ; ils n’ont point eu de naïveté, ou ils ont fait de leur naïveté un usage réfléchi ; ils n’ont point aimé leurs personnages pour eux-mêmes ; ils ont fini par les transformer en symboles ; leurs idées philosophiques ont débordé à chaque instant hors du moule poétique où ils voulaient les enfermer ; ils ont été tous des critiques1421, occupés à construire ou à reconstruire, possesseurs d’érudition et de méthodes, conduits vers l’imagination par l’art et l’étude, incapables de créer des êtres vivants, sinon par science et par artifice, véritables systématiques qui, pour exprimer leurs conceptions abstraites, ont employé, au lieu de formules, les actions des personnages et la musique des vers. […] Aujourd’hui les coulées inertes jonchent la terre ; leur poids rebute les mains qui les touchent ; si on veut les ployer à quelque usage, elles résistent ou cassent : telles que les voilà, elles ne peuvent servir ; et cependant telles que les voilà, elles sont la matière de tout outil et l’instrument de toute œuvre ; c’est à nous de les refondre. […] Et ce sentiment est le sentiment moral. « La seule fin1444, la seule essence, le seul usage de toute religion passée présente ou à venir, est de garder vivante et ardente notre conscience morale, qui est notre lumière intérieure. […] Seulement il en fait usage avec dextérité et à propos.
Avant de commencer une campagne de critique, l’usage exige ordinairement que nous exposions devant le lecteur les motifs qui nous dirigent dans cette entreprise, la méthode dont nous userons au cours de nos commentaires, ou, pour mieux dire, notre façon personnelle d’envisager. […] Mais ce sont là, paraît-il, des préjugés d’un autre âge et la gloire de nos jeunes arrivistes se mesure maintenant au nombre de scalps ravis aux têtes de leurs aînés ; au moins faudrait-il respecter les morts, selon les usages des Peaux-rouges à qui nous devons ce sport d’un nouveau genre, et M. […] Tel est le précieux enseignement que nous apporte Léon Dierx, enseignement plus précieux encore à une époque où certains jeunes auteurs interprètent d’une façon absolument fausse les principes naturistes, et font un usage si détestable des théories que, les premiers, nous avons formulées. […] Joos et Neele, tous deux fiancés l’un à l’autre, n’ont pas manqué à cet usage antique, et ce soir-là, délicieusement unis sous la lune qui blanchit les feuillages, ils entrelacent avec douceur la candide mélodie de leurs deux âmes. […] Pour cette œuvre de rénovation des âmes, que toute une élite se dispose à tenter, la poésie métaphorique, le langage chargé de joyaux, la prose artiste et byzantine, tous les genres auxquels s’attardent nos écrivains seraient vains et d’un usage dangereux.
Fontenelle, intéressé à étendre les principes de son oncle, fit, de cet usage, un précepte dans sa Poétique. […] Mais après la mort de ce poète, on lui a rendu justice, comme à Racine, sur l’usage qu’il avait fait de l’amour. […] Il n’a pas été tout à fait inconnu aux anciens ; on peut s’en convaincre par quelques traits du Philoctecte de Sophocle ; mais les anciens tragiques paraissent en avoir fait peu d’usage, et lui ont préféré, avec raison, les deux grands ressorts de la tragédie, la terreur et la pitié. […] La difformité qui constitue le ridicule, sera donc une contradiction des pensées de quelque homme, de ses sentiments, de ses mœurs, de son air, de sa façon de faire, avec la nature, avec les lois reçues, avec les usages, avec ce que semble exiger la situation présente de celui en qui est la difformité. […] Rien ne serait plus opposé au langage musical, que ces longues tirades de nos pièces modernes, et cette abondance de paroles que l’usage et la nécessité de la rime ont introduite sur nos théâtres.
Sainte-Beuve l’a disciplinée pour lui, il l’a façonnée pour son usage particulier. […] « J’ai fait révolution chez eux, dit-il, y introduisant l’usage des visites à toute aventure, le soir, après dîner, à l’effet de causer, etc. » C’est donc la causerie française importée aux Indes, la causerie selon le cœur et selon l’esprit, sceptique, enthousiaste, enjouée, sévère, mobile, universelle ; cette inimitable causerie des salons parisiens, avec tout son charme, tout son abandon, toute sa liberté. […] Le meurtre des enfants du sexe féminin était un usage très répandu chez les Mhairs ; aujourd’hui cette pratique sanguinaire est abandonnée, et c’est à peine s’il a fallu punir un seul homme pour amener ce résultat. […] Accessibles à la civilisation anglaise dans toutes les habitudes de la vie civile, comme soldats, comme agriculteurs, comme négociants, leur vie domestique est murée ; elle n’admet ni nos usages, ni nos mœurs, ni le respect de la femme, ni les saintes et paisibles vertus de la famille ; nulle affection, nulle sympathie ; les enfants méprisent leur mère, le père maltraite ses enfants ; d’implacables jalousies, des haines atroces fermentent dans le cœur des frères. […] Les colonies anglo-américaines qui parlaient la même langue que la mère-patrie, qui avaient ses mœurs, sa religion, ses lois, ses usages, se sont affranchies du jour où leur civilisation s’est trouvée l’égale de la civilisation anglaise ; mais si l’Inde échappe jamais à l’Angleterre, ce sera par une guerre de religion.
C’était assez l’usage des bons moines d’Égypte et de Syrie, qui devançaient ainsi de plusieurs siècles les prédications du bienheureux Robert d’Arbrissel. […] Non, il livre la pensée à la merci de la morale pratique, autrement dit à l’usage des peuples, aux préjugés, aux habitudes, enfin, à ce qu’on appelle les principes. […] La Revue rose s’alarma, non sans quelque raison, à mon sens, d’une doctrine qui subordonne la pensée à l’usage et tend à consacrer d’antiques préjugés. […] Le département de l’Ain a oublié ses traditions et ses usages. […] Et les vieillards moroses disent que, depuis qu’on ne suit plus cet usage, les arbres fruitiers sont mangés par les chenilles.
Ses descriptions sont-elles trop enthousiastes, ou l’emphase apparaît-elle, une ironie interviendra et ramènera l’allure de la phrase à ce ton aimable de conversation, qui est d’usage entre beaux esprits. […] Au préalable, son tempérament d’indépendance, que nous avons déjà signalé, se révoltait à l’idée d’un code écrit, sans sanction naturelle, uniquement établi par l’usage et le préjugé imbécile. […] Adolphe Retté s’insurgea contre cet usage. […] Mais cela n’est pas d’usage, et d’ailleurs serait futile, car les personnes qui éliront ce poète pour confident retrouveront, dans son œuvre, le mémorial de sa vie transcendantale.
Comment, n’allant presque jamais au théâtre, depuis qu’après un an d’expérience quotidienne, poursuivie par devoir ou plutôt par métier, en 1888, je reconnus dès 1889 que, plus ça changeait plus c’était la même chose, que, si aux reprises du Courrier de Lyon, le régisseur, je suppose, a l’attention gracieuse de rafraîchir les scènes les plus défraîchies, pour les vaudevilles d’usage courant on néglige même ce soin ingénu, qu’on change, il est vrai sur l’affiche Boucheron en Burani, et dans la pièce Molinchart en Dupotard, mais que ces corrections nominales ne font différer en rien les produits nouveaux de l’invariable étalon déposé dans les prisons où le Palais-Royal fait travailler, — comment, avec ce parti pris évident d’indifférence aux manifestations, dramatiques, viens-je, en personnage de prologue, improviser sur cette scène mon petit solo de rhétorique ?
Bien des choses ont été mises afin qu’on sourie ; si l’usage l’eût permis, j’aurais dû écrire plus d’une fois à la marge : cum grano salis.
Jamais on n’a fait un plus bel usage des richesses de l’antiquité & des trésors de l’imagination.
Selon lui, les beautés du goût de toutes les nations doivent être conservées : mais il ne juge pas qu’il en soit de même de certaines beautés locales, que des allusions, à des usages particuliers, empêchent d’être senties partout, & rendent le plus souvent des énigmes insipides.
Vous ressemblez à ces princes qui, en faisant avec la France leurs traités de paix en langue française, ont bien soin de stipuler que, par l’usage de cette langue, ils ne prétendent reconnaître aucune supériorité dans la nation qui la parle.
Assurément, c’est de la littérature honnête et même élevée, mais trop lacrymatoire, à l’usage des gens que l’ennui des choses honnêtes, ennuyeusement exprimées, ne dégoûte pas de l’honnêteté.
Caro, qui ne fait point préface, qui se hâte moins dans l’expression de ses sympathies, et qui même se permet une pointe de critique contre l’idéalisme crépusculaire du docteur allemand, l’usage des anecdotes qu’il lui emprunte est moins frappant et visible que celui de M.
On pourrait faire une anthologie, à l’usage des âmes qui ont souffert et qui se souviennent, avec beaucoup de vers de Jules de Gères, trempés, imbibés et parfumés de mélancolie, ayant la séduction amère et douce de la mélancolie : Cette séduction intime, sœur des larmes, Et qui va droit au cœur de quiconque a pleuré.
Peut-être est-ce d’une main gourde de vieillesse ou endolorie de blessures que le vieux soldat chroniqueur, Don Quichotte anticipé, avait écrit, pour l’honneur de la vérité, cette pauvre relation ignorée, et bonne pourtant à remettre en lumière à l’usage des grands cœurs, s’il en reste encore, et José-Maria de Heredia l’y a remise.
Sans son suicide et sans ses vices, Sapho ne serait qu’un exemple de prosodie, à l’usage de ceux qui, comme Trissotin, ne se sentent pas d’aise de savoir le grec.
L’air militaire manque ici complètement à cet homme qui a fait pourtant un magnifique livre à l’usage des soldats : Grandeur et servitude militaires, et j’y trouverais bien plutôt la placidité de l’Église.
Ne pouvant encore s’autoriser contre l’usage, il fit connaître à ses amis qu’il allait à l’armée faire sa cour qu’il lui coûtait moins d’exposer sa vie que de dissimuler ses sentiments, et qu’il n’achèterait jamais ni de faveurs, ni de fortune aux dépens de sa probité. » Je pourrais encore citer d’autres endroits qui ont une beauté réelle ; mais le discours en général est au-dessous de son sujet ; on y trouve plus d’esprit que de force et de mouvement ; on s’attendait du moins à trouver quelques idées vraiment éloquentes sur l’éducation d’un dauphin, sur la nécessité de former une âme d’où peut naître un jour le bonheur et la gloire d’une nation ; sur l’art d’y faire germer les passions utiles, d’y étouffer les passions dangereuses, de lui inspirer de la sensibilité sans faiblesse, de la justice sans dureté, de l’élévation sans orgueil, de tirer parti de l’orgueil même quand il est né, et d’en faire un instrument de grandeur ; sur l’art de créer une morale à un jeune prince et de lui apprendre à rougir ; sur l’art de graver dans son cœur ces trois mots, Dieu, l’univers et la postérité, pour que ces mots lui servent de frein quand il aura le malheur de pouvoir tout ; sur l’art de faire disparaître l’intervalle qui est entre les hommes ; de lui montrer à côté de l’inégalité de pouvoir, l’humiliante égalité d’imperfection et de faiblesse ; de l’instruire par ses erreurs, par ses besoins, par ses douleurs même ; de lui faire sentir la main de la nature qui le rabaisse et le tire vers les autres hommes, tandis que l’orgueil fait effort pour le relever et l’agrandir ; sur l’art de le rendre compatissant au milieu de tout ce qui étouffe la pitié, de transporter dans son âme des maux que ses sens n’éprouveront point, de suppléer au malheur qu’il aura de ne jamais sentir l’infortune ; de l’accoutumer à lier toujours ensemble l’idée du faste qui se montre, avec l’idée de la misère et de la honte qui sont au-delà et qui se cachent ; enfin, sur l’art plus difficile encore de fortifier toutes ces leçons contre le spectacle habituel de la grandeur, contre les hommages et des serviteurs et des courtisans, c’est-à-dire contre la bassesse muette et la bassesse plus dangereuse encore qui flatte.
Mais il est évident que, là, les difficultés vont recommencer : il en est du mot bien comme du mot vérité : il a un sens, sinon très précis, tant s’en faut, du moins consacré par l’usage. […] Et les usages sont plus cruels encore : ils font peser sur le bâtard une réprobation qui le suit toute sa vie ; ils condamnent sans examen la femme séparée ; ils s’opposent à la réhabilitation de celle qui a une fois péché, quelques soient ses excuses et son repentir. En sorte que les lois et les usages se trouvent d’accord pour favoriser le règne de la bête et jettent dans sa gueule ouverte les corps et les âmes qu’elle broie. […] Mais un jour, mais bientôt peut-être, lorsqu’une hérédité nouvelle se sera substituée en nous à l’ancienne, qu’adviendra-t-il de l’usage lui-même, et, s’il est autre, quelles seront les lois ? […] Ce qui est malheureusement vrai, c’est que la casuistique n’est à l’usage, comme nous l’avons fait observer, que des âmes délicates, et depuis quelques années on paraît mieux aimer à peindre les natures grossières. » Je ne suis pas loin de penser ici comme M.
Flaubert est solide, l’usage qu’il en fait ne laisse pas de prêter souvent à la critique. […] Et puis, il ne se gêne vraiment pas assez quand il parle des autres pour que nous soyons tenus, quand nous parlons de lui, d’envelopper notre façon de penser dans les circonlocutions d’usage. […] Entrées dans l’usage commun et devenues banales, elles n’ont plus aujourd’hui besoin d’un mot qui les désigne particulièrement et leur serve comme d’étiquette. […] Zola sait aussi, lui, tous les mots de la langue ; il en sait même plusieurs qui ne sont pas de la langue, ni d’aucune langue du monde ; mais ni des uns ni des autres il n’en sait le sens, la place, l’usage. […] Je le sais ; et j’ajouterai même, à l’usage des malintentionnés, qu’il en a trouvé pour sa part quelques-unes de singulièrement déplaisantes, quelques autres de singulièrement prétentieuses, et beaucoup de tout à fait malheureuses.
Attendons-les à l’usage qu’ils feront de leur privilège. Si cet usage est bon, s’il révèle, non pas le hasard du don, mais l’œuvre méritoire de l’emploi, c’est le moment de les admirer. […] dit Dupin, on ne se sert pas de l’eau du baptême pour les usages domestiques. […] Dans mes Notes biographiques, j’ai écrit quelques pages sur le bon usage qu’on peut faire de cette obligation. […] Dieu me garde de rien inférer, ni contre le tabac, quoique l’usage en soit plus loin d’une qualité que d’un défaut, ni contre les journaux dont chacun sait combien la lecture est profitable, ni contre ce qui est l’honneur de l’esprit d’invention de notre siècle, les chemins de fer, par lesquels commencent de vastes amitiés entre les nations.
Ils disaient que l’art était perdu, que c’en était fait du goût public ; les marionnettes outrageaient (c’est l’usage) la morale et le bon sens. […] De usu licito pecuniæ : c’est un petit traité de saint Ambroise, à l’usage des comédiennes qui portent leur argent à la Caisse d’Épargnes, et des comédiens qui placent leurs économies, dans le trois et le cinq pour cent ! […] Il faut avant tout que la nature ait donné au comédien, les qualités de la personne, à savoir : la figure, la voix, le jugement, la finesse ; il obtiendra plus tard, de l’étude et d’un travail assidu, l’usage du monde, l’expérience du théâtre et la connaissance du cœur humain. […] c’était l’usage) il a adressé à Paula ses hommages et ses vœux. […] À quoi les critiques terre-à-terre, les arriérés de sang-froid qui ont la faiblesse de défendre les mœurs de leur époque et les usages de leur nation, vont répondre qu’il faut laisser à chaque peuple le costume et les préjugés de sa comédie, comme on lui laisse ses lois et sa façon de se vêtir.
Une loi, rédigée par Eubule, interdisait, sous une peine très grave, de proposer qu’on employât pour aucun autre usage l’argent destiné aux fêtes publiques. […] Il ne m’en est jamais tombé sous la main, et je ne connais à l’usage de la jeunesse que de courts « morceaux choisis ». […] Mais ce sont là des pis-aller, à l’usage des esclaves, qui n’obéissent qu’à la crainte. […] L’idée d’une « philosophie française », fabriquée en vase clos et réservée à notre usage exclusif, paraît souverainement ridicule à M. […] Dans son Abrégé d’histoire de France à l’usage du Dauphin, Bossuet ne consacre à la Pucelle que trois lignes dédaigneuses.