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1303. (1894) Textes critiques

. — Ces pages suffisent sans doute pour justifier leurs deux volumes présents des Mémoires de Bourrienne ; on les peut consulter avec fruit pour l’époque, et sous les réserves déjà faites nous devons convenir qu’un éditeur a bien fait de les reprendre. — Les additions et pièces justificatives, par contre, se montrent aujourd’hui d’un attrait médiocre.‌ […] Et l’expérience prouve que les six positions principales (et autant pour le profil, qui sont moins nettes) suffisent à toutes les expressions. […] Quelques mots sur les décors naturels, qui existent sans duplicata, si l’on tente de monter un drame en pleine nature, au penchant d’une colline, près d’une rivière, ce qui est excellent pour la portée de la voix, sans vélum surtout, dut le son se perdre ; les collines suffisent, avec quelques arbres pour l’ombre.

1304. (1926) L’esprit contre la raison

À elle seule cette demande suffit à prouver que si l’être se méfie des prévisions de son esprit, l’esprit à la fin du compte brise ses entraves, prend son galop et saute par-dessus les minuscules barrières de ruses opposées à sa marche. […] En vérité, tout cet attirail de messe noire ne pouvait produire des miracles et le secours qu’il demandait à tant de gestes, de lieux, d’êtres artificiels suffisait à prouver combien il était traître à soi-même celui qui osait parler d’un culte du moi, alors que son esprit, insuffisant à ses grands desseins, pour vivre, avait besoin d’un âne, d’une petite fille, d’un jardin. […] Il n’a pas suffi à notre génération d’apprendre par sa propre expérience comment les plus belles choses et les plus antiques, et les plus formidables et les mieux ordonnées sont périssables par accident ; elle a vu, dans l’ordre de la pensée, du sens commun, et du sentiment, se produire des phénomènes extraordinaires, des réalisations brusques de paradoxes, des déceptions brutales de l’évidence.

1305. (1921) Esquisses critiques. Première série

* *    * Cet ouvrage — qui présente comme préalable singularité celle d’avoir été publié le second par son auteur alors qu’il en est le premier — expose les aspects caractéristiques du talent de M. de Montesquiou de telle façon qu’il suffirait à le faire apprécier et juger. […] Les Odes et Ballades, par exemple, qui n’auraient pas suffi pour soutenir durablement la réputation de leur auteur, supportent encore d’être lues. […] Bataille avant d’aborder la scène y fut pour quelque chose, nous l’avons déjà dit, mais elle n’aurait point suffi s’il n’avait pris le soin de répandre sur ses ouvrages certains ornements particuliers qui semblent, plutôt que d’un poète, le fait de ce que l’on appelait dans les années 90 un esthète. […] Ces trois mots suffisaient à tout critiquer, à tout railler, à tout narguer. […] Un petit nombre de personnages suffit pour occuper la scène de ses romans.

1306. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Pour faire un bon roman la raison suffit ; l’imagination est inutile et souvent induit en faute ; ne l’appelle-t-on pas la folle du logis ? […] L’imagination suffit à tout, l’éditeur se charge volontiers des raccords. […] Ne suffît-il pas d’admirer ce qui mérite de l’être, sans copier sans cesse les mêmes idées et les mêmes formes ? […] Dire simplement des choses simples mais particulières ne suffit peut-être pas : on est lu, mais on n’est pas écouté. […] Il ne suffit pas de dire tel homme était colère, ou lascif, ou avare, ou faible ; il faut que les actes, les résolutions, les faiblesses soient la conséquence forcée du caractère, sans quoi le personnage ne serait pas humain ; l’homme ne fait rien sans causes.

1307. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

En somme, la question n’est que d’intérêt inférieur, et il nous suffît ici, avant de passer à la critique personnelle de chaque artiste, d’avoir simplement constaté, sans commentaires, un des plus graves symptômes de nos mœurs artistiques. […] Elles suffisent à établir pour combien de ses contemporains, et des plus savants, des plus délicats, l’auteur des Émaux et Camées est resté lettre close. […] Un procès et une condamnation pour outrage à la morale ne suffisent pas à réveiller les indifférents, et la seule attention qu’on lui accorde a pour origine cette réputation, qui commence à se fonder, d’insensé d’ailleurs plus ou moins réel et plus ou moins sincère. […] Peut-être encore, même dans ce temps-ci, vous en trouverez quelques-uns assez fortement taillés pour se suffire, se soutenir, s’accoucher seuls, et vivre dans la solitude de quelque grande chose. […] Il y a évidemment dans son assez lourd bagage un court volume à extraire, une sorte d’anthologie de ce qu’il a publié de plus parfait, et elle suffirait à lui marquer sa place entre les maîtres de notre époque.

1308. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il ne tient pas à l’opulence des rimes ; les rejets et les coupes de l’abbé Delille lui suffisent. […] Raison et bon sens ne suffisent pas. […] Il me suffit que mon semblant de théorie soit vrai d’une façon générale, c’est-à-dire se trouve être plus souvent vrai que faux. […] Je veux bien, du reste, accorder aux âmes faibles qu’il ne suffît pas toujours de vouloir pour être heureux. […] Il ne lui suffit pas d’avoir raison : il a raison avec humeur et il n’est pas fâché d’être désagréable en pensant bien.

1309. (1888) Impressions de théâtre. Première série

Mais bientôt cela même ne lui suffit plus. […] C’est son affaire, et il nous suffit qu’il ait été un fort brave homme et qu’il ait écrit des chefs-d’œuvre. […] Mais il suffit que deux ou trois vers les aient frappés et leur soient restés dans la mémoire pour que le conseil municipale n’ait pas perdu son argent. […] Cela suffit pour que la comédie de Murger manque aujourd’hui de fraîcheur : cela ne suffit pas pour accabler le présent sous le passé. […] C’est lugubre ; ils s’ennuient ; ils sont obligés de faire des efforts désespérés pour se persuader qu’ils se suffisent l’un à l’autre. « Êtes-vous heureuse ?

1310. (1863) Causeries parisiennes. Première série pp. -419

Ceux qui me lisent l’auront sans doute lu, et pour ceux qui ne le connaissent pas, peu de mots suffiront. […] Ce beau dessin suffirait seul pour faire la réputation d’un artiste. […] ont suffi pour paralyser depuis cinq ans l’ardeur de la spéculation. […] Si l’esprit suffit, pourquoi l’accabler aujourd’hui ? Si l’esprit ne suffit pas, comment avez-vous pu le placer si haut jadis ?

1311. (1923) Nouvelles études et autres figures

Un ou deux suffisent pour que notre âme se révèle. […] Il suffit de fondre ces deux visions pour obtenir le monstre angélique de la Divine Comédie. […] Il suffit de le feuilleter pour que ces marques d’une précipitation fâcheuse vous sautent aux yeux. […] Merlant, soutenue en Sorbonne, Le Roman personnel de Rousseau à Fromentin, suffit à nous en marquer l’importance. […] Mais la Révolution et une de ses conséquences, le byronisme, y auraient suffi.

1312. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Chateaubriand — Chateaubriand, Mémoires »

Le mois passé (et de spirituelles indiscrétions l’ont déjà ébruité par mille endroits), quelques auditeurs heureux ont goûté une de ces vives jouissances d’imagination et de cœur qui suffisent à embellir et à marquer, comme d’une fête singulière, toute une année de la vie. […] Si tout, dans ce brillant assaut, n’était pas également solide, si les preuves qui s’adressaient surtout à des cœurs encore saignants et à des imaginations ébranlées par l’orage ne suffisent plus désormais, l’esprit de cette inspiration se continue encore ; c’est à l’œuvre et au nom de M. de Chateaubriand que se rattache le premier anneau de cette renaissance.

1313. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre II. Lois de la renaissance et de l’effacement des images » pp. 129-161

. — Il n’est pas même nécessaire que ces sensations destinées à l’effacement soient faibles ; elles peuvent être fortes ; il suffit qu’elles soient moins fortes que la privilégiée ; un coup de fusil, l’éclair d’un canon, une douloureuse blessure échappent maintes fois à l’attention dans l’emportement de la bataille, et, n’ayant point été remarqués, ne peuvent renaître ; tel soldat s’aperçoit tout d’un coup qu’il saigne, sans pouvoir rappeler le coup qu’il a reçu. — Neuf fois sur dix, et peut-être quatre-vingt-dix-neuf fois sur cent, la sensation perd ainsi son aptitude à renaître, parce qu’il n’y a pas d’attention sans distraction, et que la prédominance portée sur une impression est la prédominance retirée à toutes les autres. […] Si un monsieur ou une dame lui sont présentés dans un des deux états, cela ne suffit pas ; elle doit, pour les connaître d’une manière suffisante, prendre connaissance d’eux dans les deux états.

1314. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (4e partie) » pp. 81-143

« Le pavé de Paris avait beau être là tout autour, les hôtels classiques et splendides de la rue de Varenne à deux pas, le dôme des Invalides tout près, la Chambre des députés pas loin ; les carrosses de la rue de Bourgogne et de la rue Saint-Dominique avaient beau rouler fastueusement dans le voisinage ; les omnibus jaunes, bruns, blancs, rouges, avaient beau se croiser dans le carrefour prochain : le désert était rue Plumet ; et la mort des anciens propriétaires, une révolution qui avait passé, l’écroulement des antiques fortunes, l’absence, l’oubli, quarante ans d’abandon et de viduité, avaient suffi pour ramener dans ce lieu privilégié les fougères, les bouillons-blancs, les ciguës, les achillées, les hautes herbes, les grandes plantes gaufrées aux larges feuilles de drap vert pâle, les lézards, les scarabées, les insectes inquiets et rapides ; pour faire sortir des profondeurs de la terre et reparaître entre ces quatre murs je ne sais quelle grandeur sauvage et farouche ; et pour que la nature, qui déconcerte les arrangements mesquins de l’homme et qui se répand toujours tout entière là où elle se répand, aussi bien dans la fourmi que dans l’aigle, en vînt à s’épanouir dans un méchant petit jardin parisien avec autant de rudesse et de majesté que dans une forêt vierge du nouveau monde. […] Une aspiration suffit au cœur ; mais à l’économie politique, cette astronomie des forces humaines, il faut le chiffre.

1315. (1889) Les premières armes du symbolisme pp. 5-50

Mais puisque, suivant Baudelaire, les parfums, les couleurs et les sons se répondent, c’est-à-dire puisqu’un parfum peut donner les mêmes rêves qu’un son et un son les mêmes rêves qu’une couleur, si une couleur est insuffisante pour suggérer une sensation, on use du parfum correspondant, et, si le parfum ne suffit pas non plus, on peut recourir au son. […] Deux exemples suffiront : Ronsard triomphe de l’impuissance des derniers imitateurs de Marot, le romantisme éploie ses oriflammes sur les décombres classiques mal gardés par Baour-Lormian et Étienne de Jouy.

1316. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre dixième. »

Si un certain degré de culture est nécessaire pour en goûter toutes les beautés, il suffit d’avoir l’esprit sain pour s’y plaire. […] A des formes si variées l’uniformité d’un mètre unique n’eût pas suffi.

1317. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quinzième. »

C’est une de leurs gloires, et, pour en bien juger, il suffit d’être mère, il suffit d’être femme.

1318. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 janvier 1886. »

L’étude approfondie de telles matières suffirait à remplir un volume tout entier ; néanmoins quelques remarques peuvent être présentées à titre d’indications. […] Il suffit de lire la partie de violoncelle dans les trios de Haydn pour se rendre compte de sa nullité au point de vue mélodique.

1319. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Ce bizarre et laborieux problème ne suffisait pas encore à ses desseins ; pour mieux prouver sa force, il choisit le sujet le plus ardu, et, se rappelant sans doute que l’auteur des Martyrs avait devancé dans son œuvre quelques-unes des conquêtes où s’est signalée la rénovation de l’histoire au xixe  siècle, il se dit qu’il devancerait aussi les conquêtes de l’archéologie la plus récente, les recherches encore inachevées de la haute érudition sémitique, … opera interrupta, minaeque murorum ingentes . […] Il ne suffit pas de signaler ici une impropriété de termes qui blesse la grammaire universelle, il faut voir l’usage qu’en fait l’auteur, et dans quelle vue il provoque ainsi notre attention.

1320. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

L’idée de différence suffit à expliquer la menace de dissociation que comporte, à l’égard de tout groupe, social organisé et anciennement constitué, l’acceptation d’une idée générale façonnée par un autre groupe. […] Le fait de l’immigration étrangère peut donc être pour la France un bénéfice : il est aussi un danger ; que ce danger soit plus ou moins menaçant, plus ou moins réel, c’est là une question d’appréciation sur laquelle il n’importe d’insister ici : il suffit de constater qu’il a été ressenti et qu’il a engendré en même temps, parmi une fraction importante de la nation, une attitude de défiance et de suspicion à l’égard des nouveau-venus et de la part de ceux-ci une attitude de défense.

1321. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Ce ne sont que les peuples usés, les peuples auxquels ne suffisent plus les sièges de fer et les bains de marbre, les peuples au corps douillet et lassé, les peuples mélancolieux et anémiés, les peuples attaqués de ces maladies de vieillesse qui viennent aux arbres fruitiers qui ont trop porté. […] * * * — Trop suffit quelquefois à la femme.

1322. (1895) Les règles de la méthode sociologique « Chapitre III : Règles relatives à la distinction du normal et du pathologique »

Un fait social ne peut donc être dit normal pour une espèce sociale déterminée, que par rapport à une phase, également déterminée, de son développement ; par conséquent, pour savoir s’il a droit à cette dénomination, il ne suffit pas d’observer sous quelle forme il se présente dans la généralité des sociétés qui appartiennent à cette espèce, il faut encore avoir soin de les considérer à la phase correspondante de leur évolution. […] Or, pour agir en connaissance de cause, il ne suffit pas de savoir ce que nous devons vouloir, mais pourquoi nous le devons.

1323. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Μ. Ε. Renan » pp. 109-147

Un ou deux siècles partout, en Allemagne quelques années, suffisent pour effacer de l’estime des hommes leurs systèmes, qui n’existent plus alors qu’au mince et puéril état de curiosités intellectuelles, et ne conservent, quand ils furent puissants, que le nom de leurs inventeurs. […] Boissier, qui croyait que le monde pouvait très bien se passer de la morale chrétienne et que le stoïcisme suffisait.

1324. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Du docteur Pusey et de son influence en Angleterre »

Il ne leur a pas suffi de comparer les masses et les époques entre elles et de signaler le pas de géant fait par les idées catholiques, dans ce pays où un pas à faire, en toutes choses, est si difficile, tant les mœurs, les croyances et les préjugés possèdent fortement ces esprits anglais, énergiques et persévérants. […] Le révérend Georges Ward, fellow du collège de Balliol, mêlé à la grande controverse puséyste qui passionnait l’Angleterre, avait fait paraître, en 1844, l’Idéal d’une Église chrétienne (Ideal of a Christian church), et ce livre, philippique inspirée contre l’Église établie, excita des flammes de ressentiment chez les universitaires, à qui la suspension du Dr Pusey ne suffisait plus.

1325. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

Je ne dis pas qu’il suffise d’être du monde pour en parler, mais il est difficile d’en parler si on n’en est pas. […] Nous sommes, nous serons toujours des primitifs, et trois ou quatre notes simples, dans tous les arts, résumeront cette perception, et suffiront à rendre toute la grandeur, toute la valeur poétique de cette apparition de la beauté.

1326. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Mais cette gloire n’était pas pour lui suffire. […] Si les romans naturalistes étaient l’exacte peinture de la société française, en vérité il serait bien inutile d’essayer de sauver cette société ; on n’y trouverait pas les cinq justes qui eussent suffi au salut de Sodome.

1327. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

Surtout il maudit ce que les grands papes du moyen âge avaient tant combattu, et ce que Milan avait imprudemment réclamé, l’invasion ou le secours des armes étrangères ; nobles et vains accents, qu’il suffit de redire : « Italie, ma chère Italie ! […] Il suffit du présent.

1328. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « George Sand — George Sand, Valentine (1832) »

Dans ces doux lieux, le long de ces jours si simplement remplis, on partage l’ivresse et le gonflement de cœur du jeune homme entouré et aimé de trois femmes (car la pauvre Louise l’aime aussi), de trois femmes dont une seule suffirait à un moindre orgueil.

1329. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Édouard Rod »

Et je me figure que l’origine de ce mouvement, c’est, quoi qu’on en dise, cette curiosité même qui est la marque éminente de notre temps : car on arrive assez vite à reconnaître que la curiosité intellectuelle et sentimentale ne suffit pas pour vivre pleinement, et c’est là une constatation qui a des conséquences.

1330. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Coppée, François (1842-1908) »

S’il suffit d’une médiocre culture pour le comprendre, il faut avoir l’esprit raffiné pour le goûter entièrement.

1331. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XVIII. Gentils conteurs » pp. 218-231

Pour soi seul on ne compose point de si longs récits ; un poème en prose, une note sur un album, ou rien du tout, le canapé et le cigare suffisent ; à une exaltation plus forte le poème s’impose et se clame.

1332. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Ce point de vue ne suffit pas.

1333. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Une douce parole suffit souvent dans ce cas pour chasser le démon.

1334. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

L’auteur annonce, au début, qui y reprend ce qui a déjà été dit entre eux, pour en faire un tout avec ce qu’il va ajouter, « La gloire et les triomphes de Rome, lui dit, l’auteur, ne suffisent pas à votre curiosité ; elle me demande quelque chose de plus particulier et de moins connu ; après voir vu les Romains en cérémonie, vous les voudriez voir en conversation et dans la vie commune… Je croyais, en être quitte pour vous avoir choisi des livres et marqué les endroits qui pouvaient satisfaire votre curiosité ; mais vous prétendez que j’ajoute aux livres… La volupté qui monte plus haut que les sens, cette volupté toute chaste et tout innocente, qui agit sur l’âme sans l’altérer, et la remue ou avec tant de douceur qu’elle ne la fait point sortir de sa place, ou avec tant d’adresse qu’elle la met en une meilleure, cette volupté, madame, n’a pas été une passion indigne de vos Romains.

1335. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 22, que le public juge bien des poëmes et des tableaux en general. Du sentiment que nous avons pour connoître le mérite de ces ouvrages » pp. 323-340

Les peintres mêmes diront qu’il est en eux un sentiment subit qui dévance tout examen, et que l’excellent tableau qu’ils n’ont jamais vû, fait sur eux une impression soudaine qui les met en état de pouvoir, avant aucune discussion, juger de son mérite en general : cette premiere apprehension leur suffit même pour nommer l’auteur du tableau.

1336. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « VII »

Homère résume tout et suffit à tout, Il n’est ni un auteur classique ni un auteur ancien, il est le poète de tous les temps ; c’est un moderne.‌

1337. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

Autrefois il suffisait de gouverner avec l’opinion ; à présent il faut gouverner par elle, sous peine de la laisser gouverner elle-même, ce qui constituerait une vraie anarchie.

1338. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XIII. Mme Swetchine »

L’expression, qu’elle a parfois très belle, et qu’elle ajoute au piquant ou à la force de l’observation quand l’observation la darde ou la secoue, suffit-elle pour faire croire à un talent littéraire, n’existant plus par petites places, mais organisé, articulé, vivant ?

1339. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXIII. Henry Gréville »

On n’est pas un peintre de mœurs pour avoir reproduit avec agrément et avec exactitude certaines choses russes, comme par exemple, un patinage sur la Néva, ou tout autre détail physique qu’il suffit d’aller voir en Russie pour le rapporter dans son album de voyage.

1340. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Les Kœnigsmark »

Mais de telles appellations ne suffisent pas à l’imagination exigeante lorsqu’il s’agit d’une femme qui eût débouté Shakespeare de son génie et dépassé ses inventions !

1341. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Quitard »

Dans un temps où la division du travail, qui pulvérise tout, hommes et choses, et en raffine encore la poussière, multiplie le nombre des spécialités en tout genre la parémiographie, puisqu’il faut l’appeler par son nom… comme la peste, — mais ce n’est pas la peste, — est une spécialité philologique, taillée dans un pan de la philologie générale comme une province dans un empire, et qui suffit à l’ambition d’un honnête savant.

1342. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Prévost-Paradol » pp. 155-167

, vous comprenez ce que devait être pour Prévost-Paradol, gros d’un grand orateur et d’un grand ministre, la petite chose qui nous suffit, à nous, et qui s’appelle la littérature.

1343. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Antoine Campaux » pp. 301-314

Il suffisait de dire que c’était Villon, et c’était assez.

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