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819. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Sismondi, Bonstetten, Mme de Staël et Mme de Souza »

C’était un érudit, et personne n’ignore combien la vie d’un érudit est simple. […] … Un homme qui a trouvé que Sismondi était une âme, — une violette des bois pour le parfum poétique, — peut bien trouver que les simples paroles de Monsieur Jourdain : « Nicole, apportez-moi mes pantoufles ! 

820. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « VI. Jules Simon »

Simon n’est, lui, qu’un simple déiste, mais tout simple déiste qu’il soit, il a, précisément dans le livre dont M. 

821. (1884) Cours de philosophie fait au Lycée de Sens en 1883-1884

Par cela même, il donne une idée grossière, mais simple de ce qu’il signifie. […] Cette division est de toutes la plus simple ; c’est aussi la meilleure, et nous l’adopterons. […] L’esprit est simple, et ne comprend bien que ce qui est simple. […] C’est un simple concept de l’esprit, un idéal qu’il se forme. […] Une action, même simple, tend à se répéter.

822. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Gère, Charles de »

C’est le Fauca mese d’un cœur simple et droit, qui ignore les artifices et les surprises savantes de l’art raffiné, mais qui pleure franchement et simplement et qui fait pleurer avec lui.

823. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Maddus, Jean »

Il m’a été doux de rendre hommage à cette Muse simple, croyante et toujours inspirée, éprise de tout ce qui mérite, seul, un regret de la vie : l’Amour et les fleurs.

824. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lapointe, Savinien (1812-1893) »

Savinien Lapointe était un enfant chéri de notre grand poète ; aussi retrouve-t-on parfois dans l’élève, et très certainement à sa gloire, la manière naturelle, simple ou élevée quand il le faut, mais toujours populairement philosophique, qui distingue les œuvres du grand maître de la chanson de nos jours.

825. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » p. 423

Son style est simple, naïf, souvent élégant, mais plus souvent foible & prosaïque.

826. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Marc, Gabriel (1840-1901) »

Dans les Poèmes d’Auvergne, le poète oublie momentanément Paris et chante, dans une langue simple et robuste, les paysages, les mœurs, les traditions de son cher pays natal, apportant ainsi, comme il le dit lui-même, « une pierre nouvelle à l’édifice inachevé, mais en pleine construction, de nos poèmes de province ».

827. (1875) Premiers lundis. Tome III « Du point de départ et des origines de la langue et de la littérature française »

Les premiers monuments littéraires proprement dits, que nous aurons à analyser pour certaines beautés simples ; — beautés, est-ce trop dire ? […] Marc-Aurèle, un sage selon l’ancien modèle (et selon l’ancien modèle approchant aussi près que possible du nouveau), est sur le trône ; il permet, il laisse s’accomplir en son nom cette persécution atroce contre de simples fidèles dont la plus magnanime est une jeune esclave, sainte Blandine. […] Sidoine nous avertit que, dans ce discours, il visa à être simple, familier, populaire : il fut pourtant académique malgré lui et précieux. […] Nodier, par exemple, cet homme de tant de grâce et d’esprit, mais étranger aux vraies méthodes, et qui, « dans tout ce qui tient à l’étude des langues, s’est fait remarquer par de bonnes intentions plutôt que par de bons ouvrages » (la définition est de Génin), s’était écrié dans un accès d’enthousiasme pour le simple, comme en ont les littérateurs des époques blasées : « Les patois ont donc une grammaire aussi régulière, une terminologie aussi homogène, une syntaxe aussi arrêtée que le pur grec d’Isocrate et le pur latin de Cicéron. […] Charlemagne publia, dans cette même année 813, un capitulaire dont l’article XV portait : « les prêtres doivent prêcher de manière que le simple peuple puisse comprendre : ut juxta quod tene vulgaris popules intelligere possit, assidue fiat. » 16.

828. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

» — « Puis, comme un pauvre petit oiseau innocent — qui n’a qu’un simple chant de quelques notes, —  répète son simple chant et le répète toujours, pendant toute une matinée d’avril, jusqu’à ce que l’oreille — se lasse de l’entendre, ainsi l’innocente enfant — allait la moitié de la nuit répétant : « Faut-il que je meure1536 ?  […] La barque remonte poussée par la marée, « et la morte avec elle, dans sa main droite un lis, dans sa main gauche — une lettre qu’elle avait dictée, toute sa chevelure blonde ruisselant autour d’elle. —  Et tout le linceul était de drap d’or — ramené jusqu’à la ceinture ; elle-même tout en blanc, —  excepté son visage, et ce visage aux traits si purs — était aimable, car elle ne semblait point morte, —  mais profondement endormie, et reposait en souriant1538. » Elle arrive ainsi dans un grand silence, et le roi Arthur lit la lettre devant tous les chevaliers et toutes les dames qui pleurent : « Très-noble seigneur, sir Lancelot du Lac, —  moi qu’on appelait quelquefois la vierge d’Astolat, —  je viens ici, car vous m’avez quittée sans prendre congé de moi ; —  je viens ici afin de prendre pour la dernière fois congé de vous. —  Je vous aimais, et mon amour n’a point eu de retour. —  C’est pourquoi mon fidèle amour a été ma mort. —  C’est pourquoi, devant notre dame Ginèvre — et devant toutes les autres dames, je fais ma plainte. —  Priez pour mon âme et accordez-moi la sépulture. —  Prie pour mon âme, toi aussi, sir Lancelot, —  car tu es un chevalier sans égal1539. » Rien de plus ; elle finit sur ce dernier mot, plein d’un regret si triste et d’une admiration si tendre : on aurait peine à trouver quelque chose de plus simple et de plus délicat. […] Il n’a pas été un simple dilettante ; il ne s’est pas contenté de goûter et de jouir ; il a imprimé sa marque dans la pensée humaine ; il a dit au monde ce que c’est que l’homme, l’amour, la vérité, le bonheur. […] » Then as a little helpless innocent bird, That has but one plain passage of fine notes, Will sing the simple passage o’er and o’er For all an april morning, till the ear Wearies to hear it, so the simple maid Went half the night repeating, « must I die ? 

829. (1903) La renaissance classique pp. -

L’unique consolation comme l’unique idéal qu’on lui offre dans sa misère, c’est le travail mécanique, abrutissant, le travail sans cause et sans but, agitation vaine qui se résout en un simple jeu d’excitations et de mouvements réflexes. […] La littérature devenait une simple affaire de style. […] Mais les choses sont beaucoup moins simples. […] Tous nos dramaturges ne comptent pas devant un Ibsen, et ni nos Balzac ni nos Flaubert n’ont jamais connu le scandaleux succès que nous avons fait aux rhapsodies d’un Sienkiewicz ou aux grossières histoires d’un simple animalier comme Rudyard Kipling. […] La maison est décente, simple et grandiose tout à la fois.

830. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

. — Mme la Dauphine, mécontente de quelques sots procédés des comédiens, pria le roi de casser Baron et Raisin, les deux meilleurs comédiens de la troupe, l’un pour le sérieux et l’autre pour le comique. » Et, 3 novembre 1684 : « On choisit trois nouvelles comédiennes pour être mises dans la troupe du roi, et Mme la Dauphine leur fit une exhortation sur leur bonne conduite à l’avenir. » Une des affaires qu’il est le plus intéressant de suivre chez Dangeau, qui ne fait de rien des affaires, mais de simples nouvelles, c’est la révocation de l’Édit de Nantes et ses suites. […] Cela paraissait tout simple et au roi et aux courtisans, et à Dangeau qui enregistre ces succès avec une parfaite bonne foi, de telle sorte que lorsqu’il écrit dans son journal, à la date du 19 octobre de cette année 1685 : « Outre la cassation de l’Édit de Nantes de 1598, on casse l’édit de Nîmes de 1629, et tous les édits et déclarations donnés en faveur de ceux de la religion prétendue réformée ; ordre à tous les ministres de sortir du royaume dans quinze jours ; les enfants qui naîtront seront baptisés et élevés dans la religion catholique, etc., etc. » ; et que lorsqu’à la date du 22, il ajoute : « Ce jour-là on enregistra dans tout le royaume la cassation de l’Édit de Nantes, et l’on commença à raser tous les temples qui restaient » ; en prenant note de ces actes considérables, il semble ne faire que constater un fait accompli et que rendre compte d’une formalité dernière. […] Il suffirait de rapprocher et de marquer à l’encre rouge sur un exemplaire les faits éloignés ; cette série seule, établie par de simples nouvelles de Dangeau, et sans y mêler aucune réflexion étrangère, deviendrait presque, par les considérations qui en ressortiraient en la lisant, un chapitre de Montesquieu.

831. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

Mais je me fie que les simples et débonnaires, et les Éthériens et sublimes en jugeront équitablement… Il a l’air ici de vouloir s’appuyer sur le double assentiment des sages et des simples, et de ne faire bon marché que de l’entre-deux ; mais cela est dit pour la forme, et il se soucie très peu des simples et du peuple.

832. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Des prochaines élections de l’Académie. »

Quand il y a des sections, comme à l’Académie des Sciences ou à celle des Beaux-Arts, il est tout simple que si l’on a à remplacer ou un chimiste ou un statuaire, par exemple, on s’adresse d’abord à la section de chimie ou à la section de sculpture pour obtenir une première liste dressée par des confrères experts et compétents. […] On fait ordinairement de l’Académie française la continuation pure et simple de l’ancienne ; on va même jusqu’à donner la généalogie des fauteuils. […] Puisqu’il s’agit non-seulement d’un prêtre, mais d’un religieux à remplacer au sein de l’Académie, il était tout simple que quelques personnes pensassent au Père Gratry, oratorien.

833. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Journal de la santé du roi Louis XIV »

Fagon de ce qu’il parle de médecine d’une manière si simple et si intelligible qu’on croit voir les choses qu’il explique : un médecin de village veut parler grec. » Fontenelle a fait de Fagon un Éloge charmant et fin, comme tous ses Éloges. […] Le bon Vallot paraît tout épouvanté, au mois de mai 1655, de découvrir une incommodité du jeune roi qui lui paraît singulière, presque surnaturelle, et que la description qu’il en fait nous montre fort commune au contraire et des plus simples dans son genre. […] Un simple bourgeois aujourd’hui vit mieux, se soigne mieux, s’entend mieux au bien-être que Louis XIV dans toute sa pompe.

834. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Connaissait-on mieux la nature humaine au XVIIe siècle après la Fronde qu’au XVIIIe avant et après 89 ? »

Jean-Jacques Rousseau, qu’on cite toujours comme exemple de faiseur d’utopies politiques, ne s’est pas trompé lorsqu’il a tant de fois décrit, appelé de ses vœux et deviné à l’avance cette classe moyenne de plus en plus élargie, vivant dans le travail et dans l’aisance, dans des rapports de famille heureux et simples, dans des idées saines, non superstitieuses, non subversives, ce monde qui fait penser à celui de Julie de Wolmar et de ses aimables amies, et dont les riantes demeures partout répandues, dont les maisons « aux contrevents verts » peuplent les alentours de notre grande ville et nos provinces. […] Non ; si inférieurs aux Retz et aux La Rochefoucauld pour l’ampleur et la qualité de la langue et pour le talent de graver ou de peindre, ils connaissaient la nature humaine et sociale aussi bien qu’eux, et infiniment mieux que la plupart des contemporains de Bossuet, ces moralistes ordinaires du xviiie  siècle, ce Duclos au coup d’œil droit, au parler brusque, qui disait en 1750 : « Je ne sais si j’ai trop bonne opinion de mon siècle, mais il me semble qu’il y a une certaine fermentation de raison universelle qui tend à se développer, qu’on laissera peut-être se dissiper, et dont on pourrait assurer, diriger et hâter les progrès par une éducation bien entendue » ; le même qui portait sur les Français, en particulier ce jugement, vérifié tant de fois : « C’est le seul peuple dont les mœurs peuvent se dépraver sans que le fond du cœur se corrompe, ni que le courage s’altère… » Ils savaient mieux encore que la société des salons, ils connaissaient la matière humaine en gens avisés et déniaisés, et ce Grimm, le moins germain des Allemands, si net, si pratique, si bon esprit, si peu dupe, soit dans le jugement des écrits, soit dans le commerce des hommes ; — et ce Galiani, Napolitain de Paris, si vif, si pénétrant, si pétulant d’audace, et qui parfois saisissait au vol les grandes et lointaines vérités ; — et cette Du Deffand, l’aveugle clairvoyante, cette femme du meilleur esprit et du plus triste cœur, si desséchée, si ennuyée et qui était allée au fond de tout ; — et ce Chamfort qui poussait à la roue après 89 et qui ne s’arrêta que devant 93, esprit amer, organisation aigrie, ulcérée, mais qui a des pensées prises dans le vif et des maximes à l’eau-forte ; — et ce Sénac de Meilhan, aujourd’hui remis en pleine lumière40, simple observateur d’abord des mœurs de son temps, trempant dans les vices et les corruptions mêmes qu’il décrit, mais bientôt averti par les résultats, raffermi par le malheur et par l’exil, s’élevant ou plutôt creusant sous toutes ; les surfaces, et fixant son expérience concentrée, à fines doses, dans des pages ou des formules d’une vérité poignante ou piquante. […] Elle a produit de brillants et vigoureux réactionnaires, des restaurateurs ou des prédicateurs du passé, Bonald, de Maistre, Chateaubriand ; des marcheurs en avant et même des utopistes en partie clairvoyants, et, par opposition aux injurieux prophètes du passé, des prophètes plus ou moins aventureux de l’avenir, tels que Saint-Simon, Comte ; de savants législateurs surtout, dans l’ordre du possible, les Tronchet, les Cambacérès, les collaborateurs du Code Napoléon… La simple observation morale eût paru un jeu un peu trop égoïste et désintéressé après de tels naufrages.

835. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français »

On revit là ce qui s’était déjà produit dans l’Antiquité aux origines de la tragédie : on le sait, la tragédie antique ne fut dans les premiers temps qu’une ode sacrée, toute simple, puis chantée par un double chœur qui tournait et retournait autour de l’autel ; le dialogue s’y introduisit subsidiairement et n’y fut d’abord que secondaire. […] Et ce ne sont pas là de simples manières de dire ; dans les proses, liturgiques latines les plus-anciennes qui se chantaient et se chantent encore à Pâques, le chœur où les disciples s’adressent brusquement à Marie-Madeleine qui revient du sépulcre et qui ; la première, a vu Jésus ressuscité : « Dic nobis, Maria… Dis-nous, Marie, qu’as tu-vu sur le chemin ?  […] Il y a eu incontestablement en ces siècles reculés une première époque assez simple et sévère, fervente, se suffisant à elle-même, et dont on peut retrouver à certain degré le sentiment, l’esprit d’édification et d’adoration, en se replaçant par la pensée en présence de cette liturgie vivante, à distance respectueuse de l’autel, au vrai point de vue des fidèles d’alors et des célébrants.

836. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. Suite et fin. » pp. 73-95

Ce qui est possible avec elle, c’est une sorte de roman-poème, qui la représente un peu idéalement, une œuvre plus ou moins dans le genre des Martyrs; car je ne compte pas pour des œuvres d’art les ouvrages du genre du Jeune Anacharsis, qui ne sont que des enfilades d’éruditions juxtaposées, moyennant un fil conducteur des plus simples et trop apparent. […] Par exemple, si l’on marche la nuit dans l’obscurité ou à la simple clarté des étoiles, on ne devrait pas décrire minutieusement des pierres bleues sur lesquelles on marche, ou des taches jaunes au poitrail d’un cheval, puisque personne ne les voit. […] Tout ce que nous lui demandons, nous, du simple troupeau des mortels parisiens, c’est qu’il nous revienne le même qu’auparavant, bronzé au front, un peu plus mûr cependant et légèrement radouci au cœur ; ayant jeté là bas, sur la plage africaine, tous ses surcroîts de fureurs et de rages vengeresses ; toujours armé, mais non impitoyable.

837. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Voilà, va-t-on dire, bien de l’appareil et des préparations pour de simples articles ; mais quand une idée nous a une fois saisis, nous autres gens de pensée et de caprice, elle nous mène plus loin souvent que nous ne voudrions ; elle nous tient et nous obsède jusqu’à ce que nous l’ayons conduite à bonne fin et mise au jour. […] Un jour, le père le prit par la main, et le conduisit au chef de son atelier auquel il dit : « Je t’amène mon fils ; tu lui feras carder la laine comme un simple ouvrier, et, s’il ne travaille pas comme il faut, voici un fouet avec lequel tu le châtieras. » On dit que depuis ce moment l’enfant ne se plaignit plus du travail du collège. […] La prudence est encore plus nécessaire aux princes qu’aux simples particuliers… » Et il parlait avec sensibilité de la prochaine réunion des États Généraux, exhortant chacun de ceux qui y étalent appelés à faire effort pour le bien dans sa ligne et dans sa mesure, à concourir au règlement de la chose publique, au rétablissement de l’ordre dans les diverses parties de l’administration, « afin de redonner à notre bon roi, disait-il, la tranquillité et le bonheur qu’il a perdus et dont il est si digne. » Celui qui lui aurait prédit alors, et ce jour-là, que trois ans et demi après, nommé membre d’une Convention avec mandat de juger ce même roi, il aurait hâte d’en finir au plus tôt avec lui et de faire le plus sommairement tomber sa tête, — celui qui lui aurait prédit que son premier discours à cette Convention nationale serait non plus pour louer ce bon roi, mais pour célébrer « le bon peuple » qui l’y avait porté et qui venait de lui conférer à ses collègues et à lui une mission terrible, souveraine, une mission de nivellement estimée par lui légitime, irrésistible et régénératrice, l’aurait certainement bien étonné.

838. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Recueillements poétiques (1839) »

Chez l’un il y a eu revirement brusque et violent : chez l’autre le simple développement a suffi. […] Chasles nous a souvent et à fond entretenus, ils ont vite passé aux doctrines pures et simples de conservation et de résistance. […] Mais, du moment qu’on n’avait plus affaire au simple amant d’Elvire, et qu’on était décidément en face d’un poëte, force était d’aller au delà, de recommencer avec lui la vie et les chants : on eut peine à s’y résigner d’abord, et même, pour bien des cœurs épris de l’amant et qui bientôt se crurent dupés par le poëte, l’idéal, dès ce moment, fut rompu.

839. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Mais ce dont nous ne lui savons pas moins de gré, c’est d’avoir, avec quelques traits simples, authentiques, et sans rien prêter à l’histoire, retrouvé et comme restauré les caractères de ces chefs vaillants, un Vettius Scaton, un Pompædius Silon, un Papius Mutilus, un Pontius Télésinus. […] C’est un beau moment que celui de l’aveu, quand elle soigne Orso blessé dans le mâquis, et lorsqu’au retour, à la simple question de son père, « Vous êtes donc engagée avec Della Rebbia ? » elle répond par un oui simple en rougissant. « Puis elle leva les yeux, et, n’apercevant sur la physionomie de son père aucun signe de courroux, elle se jeta dans ses bras et l’embrassa comme les demoiselles bien élevées font en pareille occasion. » Toujours un peu d’ironie, on le voit, mais qui ne fait que mieux valoir les sentiments choisis et naturels.

840. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Le nôtre est plus simple : nous avons quelques principes d’art et de critique littéraire, que nous essayons d’appliquer, sans violence toutefois et à l’amiable, aux auteurs illustres des deux siècles précédents. […] A l’âge d’or de fantaisie et d’opéra rêvé par La Curne de Sainte-Palaye et Tressan20, ont succédé des études plus sévères, qui ont jeté quelque trouble dans le premier arrangement romanesque ; puis ces études, de plus en plus fortes et intelligentes, ont rencontré au fond un âge non plus d’or, mais de fer, et pourtant merveilleux encore : de simples prêtres et des moines plus hauts et plus puissants que les rois, des barons gigantesques dont les grands ossements et les armures énormes nous effraient ; un art de granit et de pierre, savant, délicat, aérien, majestueux et mystique. […] Une fois d’ailleurs qu’il eut rencontré le genre qui lui convenait le mieux, celui du conte et de la fable, il était tout simple qu’il s’y adonnât avec une sorte d’effusion, et qu’il y revînt de lui-même à plusieurs reprises, par penchant comme par habitude.

841. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

Jacob est plus simple, aussi s’analyse-t-il moins : mais Marianne, dans sa petite personne, est infiniment compliquée. […] Prévost a fait cette simple histoire avec quelques souvenirs de sa vie orageuse : il l’a contée rapidement, sans dissertations et sans gros effets, avec un naturel qui donne la sensation de la vie même. […] La recette du roman philosophique est assez simple : deux ingrédients, l’esquisse satirique des mœurs, la description polissonne de la volupté sensuelle, servent à masquer la thèse philosophique.

842. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Alfred et Maurice Croiset, modèle de forme sobre et simple autant que de science exacte. […] Cela est parfaitement simple et beau. […] Mais, de plus, la précision extrême de son étude exprime toute la réalité : il sait obtenir les plus grands effets par les plus simples moyens, et quelques types compréhensifs, quelques faits caractéristiques — très peu nombreux, mais très soigneusement choisis — nous rendent la Grèce présente, en sa vivante originalité, ou Rome, ou la France des Mérovingiens.

843. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

A Sully Prudhomme55, elle apparaît, dévoilée et comme déflorée par la science, sous des traits durs et rigides : La nature n’est plus la nourrice au grand cœur ; Elle n’est plus la mère auguste et bénévole, Aimant à propager la grâce et la vigueur,   Celle qui lui semblait compatir à la peine, Fêter la joie, en qui l’homme avait cru sentir Une âme l’écouter, divinement humaine, Et des voix lui parler, trop simples pour mentir. […] Mais ce n’est pas assez de constater les rapports du milieu physique et de la littérature qui peuvent être considérés comme de simples indices des goûts d’une époque ; il faut pousser plus avant et tâcher de mettre en lumière les phénomènes physiques qui peuvent être regardés comme des causes véritables de phénomènes littéraires. […] La simple apparition d’une comète a suscité des prophéties, des fantaisies funèbres ou railleuses.

844. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Mémoires et correspondance de Mallet du Pan, recueillis et mis en ordre par M. A. Sayous. (2 vol. in-8º, Amyot et Cherbuliez, 1851.) — II. » pp. 494-514

Se considérant comme un simple membre de la grande société européenne tout entière en péril, il était plus libre que Jomini lui-même ne le put être en portant ailleurs l’habileté de sa science militaire et de sa tactique, car, lui Mallet, il n’avait jamais été à proprement parler au service de la France. […] Il est difficile d’avoir l’esprit plus juste, plus formé, plus éclairé, de mieux parler, de montrer plus de sens, de connaissances, une politesse plus attirante et plus simple. […] Et en effet, le seul remède qu’indiquât Mallet du Pan, ce lointain remède de la monarchie constitutionnelle, est présenté par lui dans des termes qui marquent bien à quel point il en sentait l’incertitude dans son application à la France : Si jamais, disait-il, un législateur tire la France de l’oppression de ses légistes et la ramène à un gouvernement, ce ne peut être par une législation simple adaptée aux convenances primitives.

845. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Simple teneur de livres d’abord chez un marchand de bois de la Rapée, il demanda des ressources à son talent ; il écrivit dans les journaux ; il fit des pièces pour les divers théâtres, quelquefois seul, le plus souvent en collaboration de quelques jeunes auteurs qui débutaient comme lui. […] On s’assura que cette vieille pièce, attribuée à un jésuite, sur le nom duquel on n’était pas d’accord, avait un fond commun avec la pièce nouvelle, et qu’il se trouvait même quelques vers exactement semblables dans les deux ouvrages, de telle sorte que le simple hasard n’avait pu produire cette rencontre. […] On juge que, le champ une fois ouvert aux conjectures, la malignité, l’envie, ou ce simple plaisir si naturel à tout homme de prendre son prochain en faute, se mirent de la partie et s’y jouèrent en tous sens.

846. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre II : Variations des espèces à l’état de nature »

Les espèces qui les composent présentent des différences extraordinaires ; et à peine deux naturalistes sont d’accord sur les formes qu’on doit considérer comme des espèces et sur celles qu’on doit ranger parmi les simples variétés. […] Cependant un auteur allemand fait plus d’une douzaine d’espèces d’autant de formes presque universellement considérées comme des variétés, et l’on pourrait s’appuyer tour à tour sur les plus hautes autorités botaniques ou sur les praticiens les plus expérimentés de l’Angleterre pour établir que le Chêne à fleurs pédonculées et le Chêne sessiliflore sont deux espèces bien distinctes selon les uns, deux simples variétés selon les autres. […] Cette tâche semble très simple au premier abord ; mais M. 

847. (1923) Paul Valéry

Mais quel érudit jetterait sur le Léonard authentique un rayon de lumière plus lointain que cette simple phrase : « Il abandonne les débris d’on ne sait quels grands jeux ?  […] Le nom même qui le désigne est aussi le nom, parmi nous, de la raison et du calcul ; un seul mot dit ces trois choses. » Les paroles les plus simples sont les nombres. […] Il faut donc que la coupure entre le rêve et la réalité, celle de l’être et du non-être, soit moins simple que le sens commun ne croit. […] Être et non-être sont dès lors des termes trop simples, et artificiels. […] Souvenez-vous de ce simple Toast de Mallarmé, à un banquet de poètes, toast qui, presque sans mots, plante son drapeau sur tant d’espace.

848. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Chantavoine, Henri (1850-1918) »

Tout est simple, aisé, pris dans la bonne et franche nature ».

849. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Tessyl, Paul-Henri »

Paul-Henri Tessyl nous affirme en la préface de ses Frissons de vie que nous allons « vers un horizon de bonté, de douceur, de vie simple et lumineuse ».

850. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 265

Son style est simple, naturel, & dégagé d’ornemens.

851. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article »

Une Latinité simple & pure lui a fait un nom parmi les Poëtes Latins modernes, & sur-tout parmi ceux de l’Université.

852. (1761) Salon de 1761 « Sculpture — Falconet »

Deux groupes de femmes en plâtre, pour des chandeliers ; belles figures, d’un caractère simple, noble et antique.

853. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Cette vérité paraît bien simple. […] Cette devise n’est pas aussi simple qu’il semblerait et vaut la peine d’être traduite. […] La bonhomie simple est ici la ruse savante de l’artiste, qui, peu à peu, va gagner à la main. […] Traduisez ces trois mots dans leur réalité simple. […] Cette formule paraît toute simple.

854. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Le « romanesque » de leurs pièces devait leur paraître simple comme bonjour. […] » C’est très simple. […] Y a-t-il rien de plus simple au fond ? […] Mais la question n’est pas simple, oh ! […] C’est aussi simple que cela.

855. (1905) Études et portraits. Portraits d’écrivains‌ et notes d’esthétique‌. Tome I.

L’imagination des états de l’âme ne saurait, elle, se ramener à un principe plus simple. […] tout mon talent pour un travail qui occupe les bras, brise le corps, et permette de vivre parmi les simples ! […] La théorie semble très simple, l’application est plus compliquée. […] Aussi cette énumération n’est-elle pas un simple étalage de science, elle est vivante. […] La réponse est bien simple au premier abord.

856. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — O — Ordinaire, Dionys (1826-1896) »

Ordinaire n’est pas un simple imitateur qui s’adonne à l’artificiel et fait de l’anachronisme.

857. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » p. 227

Son Essai sur l’Infanterie Françoise est intéressant pour toute sorte de Lecteurs, par la maniere dont il a traité son sujet, & joint au mérite d’un style simple & correct, celui de la méthode & de la précision.

858. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » p. 388

L’air de sincérité qui regne dans toute sa narration, les sages réflexions dont elle entremêle ses récits, font trouver grace à son style quelquefois prolixe & languissant, mais simple, naturel.

859. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Avec les gens simples et sans vanité, comme Mustel, comme le Genevois Duval, Taubenheim et Ducis, il était tel que ses ouvrages le montrent, tel que nous le voyons dans ses promenades au mont Valérien avec Rousseau, quand il reçut de lui, comme on l’a dit heureusement, le manteau d’Élie, tel enfin que l’aimait sa vieille bonne Marie Talbot ; mais il ne fallait qu’un certain vent venu du monde pour réveiller ses âcretés et ses humeurs. […] Tous ces tons d’origine diverse se fondaient sous son pinceau facile en une simple et belle harmonie. […] Le roman de Paul et Virginie parut pour la première fois en 1788 comme un simple volume de plus à la suite ; mais on en fit, aussitôt après, des éditions à part, sans nombre. […] Ce qui me frappe et me confond au point de vue de l’art dans Paul et Virginie, c’est comme tout est court, simple, sans un mot de trop, tournant vite au tableau enchanteur ; c’est cette succession d’aimables et douces pensées, vêtues chacune d’une seule image comme d’un morceau de lin sans suture, hasard heureux qui sied à la beauté. […] A partir de ce moment, depuis ce cri perçant de Virginie pour un simple jeu, le calme est troublé ; la langueur amoureuse dont elle est atteinte la première, et à laquelle Paul d’abord ne comprend rien (autre délicatesse pudique), va s’augmenter de jour en jour et nous incliner au deuil ; on entre, pour n’en plus sortir, dans le pathétique et dans les larmes.

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