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913. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « L’abbé Prevost et les bénédictins. »

Trouvez bon seulement que j’évite par ma retraite une persécution que je mérite si peu. […] Je vous respecte beaucoup, mais je ne vous crains nullement, et peut-être pourrois-je me faire craindre si vous en usiez mal ; car autant je suis disposé à rendre justice à la Congrégation sur ce qu’elle a de bon, autant devez-vous compter que je relèverois vivement ses endroits faibles si vous me poussiez à bout, ou si j’apprenois seulement que vous en eussiez le dessein. […] Il suffirait, pour combattre le mauvais effet des paroles de Collé, et pour prouver que Prevost resta digne jusqu’à la fin de la société des honnêtes gens, d’opposer le témoignage de Jean-Jacques, qui, dans ses Confessions (partie II, livre VIII), parle de l’abbé qu’il avait beaucoup vu, comme d’un homme très-aimable, très-simple ; Jean-Jacques seulement ajoute qu’on ne retrouvait pas dans sa conversation le coloris de ses ouvrages.

914. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Il est une molécule vivante, incessamment excitée et modifiée par l’organisme social dont elle fait partie intégrante ; arrêter la molécule, la monade, au point où on la trouve, la détacher du tout, la soumettre au microscope ou au creuset expérimental, la retourner, la décomposer, la dissoudre, et conclure de là à la nature et à la destinée du tout, c’est absurde ; conclure seulement à la nature et à la destinée de la molécule, c’est encore se méprendre étrangement ; c’est supprimer d’abord, dût-on y revenir plus tard et trop tard, c’est supprimer le mode l’influence que l’individu reçoit du tout, à peu près comme Condillac faisait pour les détails organiques de sa statue, qu’il recomposait ensuite pièce à pièce sans jamais parvenir à l’animer ; c’est, comme lui, par cette suppression arbitraire, rompre l’équilibre dans les facultés du moi et se donner à observer une nature humaine qui n’est plus la véritable et complète nature ; c’est décerner d’emblée à la partie rationnelle de nous-mêmes une supériorité sur les facultés sentimentale et active, une souveraineté de contrôle qu’une vue plus générale de l’humanité dans ses phases successives ne justifierait pas ; c’est immobiliser la monade humaine, lui couper la source intarissable de vie et de perfectibilité ; c’est raisonner comme si elle n’avait jamais été modifiée, transformée et perfectionnée par l’action du tout, ou du moins comme si elle ne pouvait plus l’être ; c’est supposer gratuitement, et le lendemain du jour où l’humanité a acquis la conscience réfléchie de sa perfectibilité, que l’individu de 1830, le chrétien indifférent et sans foi, ne croyant qu’à sa raison personnelle, porte en lui, indépendamment de ce qui pourrait lui venir du dehors, indépendamment de toute conception sociale et de toute interprétation nouvelle de la nature, un avenir facile et paisible qui va découler, pour chacun, des opinions et des habitudes mi-partie chrétiennes, mi-partie philosophiques, mélangées à toutes doses. […] Seulement l’importance de la conception diffère, et la puissance de l’inspiration aussi. […] Jouffroy va s’efforcer d’y arriver à l’aide de l’observation psychologique et de l’induction ; car, dit-il, ce sont les idées qui gouvernent les individus, ce sont les idées qui gouvernent également les nations ; c’est par conséquent dans les idées du moi et dans la raison individuelle qu’on peut seulement trouver la solution du problème social.

915. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « « L’amour » selon Michelet » pp. 47-66

Par des calculs artificieux, étendant les signes avant-coureurs et prolongeant les cicatrices du mystérieux déchirement, il établit qu’« en réalité, quinze ou vingt jours sur vingt-huit (on peut dire presque toujours) la femme n’est pas seulement une malade, mais une blessée. […] Et c’est pourquoi il veut qu’on la ménage, qu’elle travaille peu, et seulement dans sa maison, qui est son petit royaume. — Au reste il ne la flatte point. […] Michelet décrit très bien ces souples accommodations de l’âme féminine aux diverses saisons de l’homme, et comment la femme n’est pas seulement, pour son mari, l’épouse, mais aussi, selon les temps, une fille, une sœur, une mère.

916. (1842) Essai sur Adolphe

Adolphe et Ellénore ne sont pas seulement réels, ils sont vrais dans la plus large acception du mot. […] « Permettez seulement que je lui sois présente à chaque heure du jour ; permettez qu’il ne souhaite rien au-delà de mon amour, et qu’il ne regarde pas en arrière ; faites qu’il vive tout en moi, comme je vis toute en lui. » Mais un jour la mesure du sacrifice était comblée : elle a douté de la reconnaissance qu’elle avait méritée ; l’inquiétude a rongé le fruit de son amour. […] S’il n’a pas vraiment méconnu son amour, s’il n’a pas oublié ses sacrifices, s’il a seulement négligé de la bénir et de la remercier chaque jour comme il devait le faire, peu importe à celle qui souffre : il y a des larmes que nulle prière ne peut sécher.

917. (1911) La valeur de la science « Première partie : Les sciences mathématiques — Chapitre I. L’intuition et la logique en Mathématiques. »

Ils ont été élèves de la même école et en même temps ; ils ont subi la même éducation, les mêmes influences ; et pourtant quelle divergence ; ce n’est pas seulement dans leurs écrits qu’on la voit éclater ; c’est dans leur enseignement, dans leur façon de parler, dans leur aspect même. […] C’est alors seulement que vous pourrez affirmer qu’il jouit de la propriété en question. […] Cela vous permettrait seulement de reconnaître que chaque coup a été joué conformément à ces règles et cet avantage aurait vraiment bien peu de prix.

918. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Les Confidences, par M. de Lamartine. (1 vol. in-8º.) » pp. 20-34

Et plus loin, quand il quitte la maison maternelle pour le collège, il dira : « Je ressemblais à une statue de l’Adolescence enlevée un moment de l’abri des autels pour être offerte en modèle aux jeunes hommes. » Tout cela doit avoir été très juste, très fidèle ; il est dommage seulement que ce soit l’original lui-même qui se fasse de la sorte son propre statuaire et son propre peintre. […] Il n’a pas seulement l’amour de la nature, il en a la frénésie. […] M. de Lamartine commet là un anachronisme qui n’est pas seulement un anachronisme de langage, mais qui en est un au moral.

919. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires touchant la vie et les écrits de Mme de Sévigné, par M. le baron Walckenaer. (4 vol.) » pp. 49-62

Ce n’est pas seulement un classique, c’est une connaissance, et, mieux que cela, c’est une voisine et une amie. […] J’avais en vue seulement de prouver que ces femmes du xviie  siècle n’ont qu’à le vouloir pour écrire avec un charme infini, qu’elles ont toutes le don de l’expression, et que Mme de Sévigné n’est que la première dans une élite nombreuse. […] Elle mourut en 1685, âgée seulement de trente-quatre ans.

920. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Chefs-d’œuvre de la littérature française (Collection Didot). Hamilton. » pp. 92-107

Après tout, on n’a jamais tant d’efforts à faire en France pour revenir à cette netteté, car elle n’est pas seulement de forme chez nous, elle constitue le fond de la langue et de l’esprit de notre nation ; elle en a été la disposition et la qualité évidente durant des siècles, et, au milieu de tout ce qui s’est fait pour l’altérer, on en retrouverait encore de nombreux et d’excellents témoignages aujourd’hui. […] Ce n’est que vers le milieu de ce siècle seulement que la prose française, qui avait fait sa classe de grammaire avec Vaugelas et sa rhétorique sous Balzac, s’émancipa tout d’un coup et devint la langue du parfait honnête homme avec Pascal. […] Seulement, il semble que l’aimable lutin Ariel se soit déguisé pour le surprendre, et que, sans se nommer, il se soit glissé dans sa prose.

921. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Troisième Partie. De la Poësie. — I. La Poësie en elle-même. » pp. 234-256

Un plus grand nombre les a seulement aimés*. […] Elle n’a pas seulement des Pétrarque, des Quinaut, des La Fontaine, elle a souvent inspiré des génies qui l’ont rendue estimable. […] Il est vrai seulement qu’elle a dressé, par la suite, l’hommage que mérite l’être suprême.

922. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Disons seulement que ces premiers détails ne donnent que l’idée la plus grossière de l’extrême complexité de l’organisation cérébrale : l’encéphale est un des organes les plus compliqués du corps humain, et la dissection en est très longue et très difficile6. […] À la vérité, on donne de cette théorie du poids relatif une raison qui n’est pas méprisable : c’est que l’encéphale en général, même les hémisphères cérébraux en particulier, ne sont pas seulement des organes d’intelligence, et qu’ils sont aussi en rapport avec les sensations, avec les mouvements. […] En laissant de côté ici la question des localisations, disons seulement que ces circonvolutions paraissent liées au développement de l’intelligence.

923. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXVI. La sœur Emmerich »

Seulement, parce qu’il a fait son métier de prêtre, désintéressé de gloire humaine, et profond d’intention religieuse, est-ce une raison pour que nous, les critiques mondains, nous soyons dispensés de faire le nôtre, en ne portant pas la lumière sur ce qui est beau de la beauté humaine… et littéraire, la plus nette, la plus pathétique, la plus impérieusement incontestable, et cela indépendamment du sujet sur lequel s’est produite cette beauté inouïe et de l’explication surnaturelle qu’il faut en donner ? […] II S’il n’y avait eu que le monde, en effet, autour de l’obscure religieuse de Westphalie, le monde du monde, ou le monde du couvent, — car le couvent parfois dans un certain sens est le monde, — qui saurait seulement son nom aujourd’hui ? […] cette faculté est suprêmement celle de la sœur Emmerich, laquelle n’est pas seulement une Voyante qui vous fait voir ce qu’elle voit, mais une Ravissante qui vous prend et qui vous transporte au centre positif d’un monde que vous n’aviez jamais entrevu jusque-là que dans les lointains de la pensée indistincte ou la brume des souvenirs confus !

924. (1915) La philosophie française « I »

On commence seulement à rendre à Lamarck 5 la justice qui lui est due. […] On pourrait maintenant, pour conclure, dire un mot de l’entreprise tentée par l’auteur de l’Évolution créatrice pour porter la métaphysique sur le terrain de l’expérience et pour constituer, en faisant appel à la science et à la conscience, en développant la faculté d’intuition, une philosophie capable de fournir, non plus seulement des théories générales, mais aussi des explications concrètes de faits particuliers. […] Rappelons seulement, pour nous en tenir aux plus récents, les noms d’Ollé-Laprune, de Blondel, de Laberthonnière, de Fonsegrive, de Wilbois, de H. 

925. (1936) Réflexions sur la littérature « 1. Une thèse sur le symbolisme » pp. 7-17

Que le sens du rythme soit infiniment plus puissant chez Victor Hugo que chez Vigny, cela peut-il seulement être discuté ? […] Je relève seulement les erreurs qui portent soit sur la méthode, soit sur les points vifs du sujet. […] Barre, a seulement tenté comme beaucoup d’étrangers de transplanter dans notre langue les règles prosodiques et grammaticales de la langue péruvienne. » La prosodie et la grammaire du péruvien, cette langue soeur de l’autrichien, du suisse et du brésilien, ont-elles été étudiées de si près que cela par M. 

926. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

En l’état où vous êtes, sortir de France seulement pour vingt-quatre heures, c’est s’en bannir pour jamais. […] ) ne signifie pas seulement une chose aisément faite, mais encore qui paroît l’être. […] La maxime qu’il n’y a point de synonymes, veut dire seulement qu’on ne peut se servir dans toutes les occasions des mêmes mots. […] La bonne grace appartient à la personne seulement. […] Mais on ne sait pas seulement quel roi régnoit alors à Babilone ; les uns disent Baltazar, les autres Anabot.

927. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Au contraire, nous n’avons pas la moindre sensation de la pression exercée à la surface intérieure de la racine de la dent dans l’alvéole où elle est cachée ; c’est pourtant là que la pression propagée s’exerce effectivement sur la peau riche en nerfs qui entoure la racine dentaire, et c’est là seulement qu’elle agit sur les nerfs. » — Il y a plus : « ce n’est pas seulement à la surface des substances insensibles dont notre peau est recouverte que nous situons à tort l’endroit de la pression sentie, c’est aussi au bout d’un petit bâton que nous fixons entre le bout de nos doigts et un corps résistant, par exemple la surface d’une table ». […] Ce fut seulement après trois mois, et un mois après l’abaissement de la seconde cataracte, que les objets lui semblèrent situés plus loin, quoique pourtant à une courte distance. […] Volontiers elle se taisait, ne sachant comment se reconnaître dans ce chaos d’impressions encore dépourvues de sens pour son œil inexpérimenté. — Deux semaines plus tard, elle disait toujours : « Je vois beaucoup de choses ; si seulement je pouvais dire ce que je vois ! […] D’après son propre témoignage, ce fut seulement au bout de quelque temps, et après des promenades au dehors, qu’il se convainquit que ce qui lui avait d’abord paru un volet de diverses couleurs était en réalité un ensemble de choses toutes différentes ; et de même pour beaucoup d’autres objets. […] Seulement il ne faut pas que la conversation contienne beaucoup de noms propres qui lui soient inconnus ; car le mouvement visible des lèvres lui fait deviner les consonnes et non les voyelles.

928. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIe entretien. Balzac et ses œuvres (1re partie) » pp. 273-352

Je savais seulement qu’il existait un jeune écrivain du nom de Balzac ; qu’il annonçait une originalité saine ; qu’il lutterait bientôt avec l’abbé Prévost, l’auteur des Mémoires d’un homme de qualité, du Doyen de Killerine et de Manon Lescaut, ce roman de mauvais aloi dont les critiques du moment réchauffaient la verve suspecte. […] J’étais de deux ans seulement plus jeune qu’Honoré, et dans la même situation que lui vis-à-vis de nos parents ; élevés ensemble, nous nous aimâmes tendrement ; les souvenirs de sa tendresse datent de loin. […] Vivent plutôt les gens de lettres ; oui, mais ils sont tous gueux d’argent et seulement riches de morgue. […] Ce fut alors qu’il fit seulement sa grande faute, pour vivre et donner à leur insu quelque aisance à ses parents. […] Le gouvernement, ce n’est pas seulement la forme, c’est la vie des nations.

929. (1890) L’avenir de la science « XV » pp. 296-320

Et ce n’est pas seulement aux origines de l’esprit humain que l’âme se laisse jouer par cette aimable duperie : la fécondité du merveilleux dure jusqu’à l’avènement définitif de l’âge scientifique, seulement avec moins de spontanéité, et en s’assimilant plus d’éléments historiques. […] Aux yeux d’une critique plus avancée, les religions sont les philosophies de la spontanéité, philosophies amalgamées d’éléments hétérogènes, comme l’aliment, qui ne se compose pas seulement de parties nutritives. […] Alors seulement sera inauguré le règne de la critique. […] Car, si les circonstances sont seulement différentes et non absolument inconciliables, ils diront que l’un des textes a conservé certains détails omis par l’autre, et ils mettront bout à bout les circonstances diverses au risque d’en faire le récit le plus grotesque. […] Après sa mort, on mit sérieusement en délibération si on n’abandonnerait pas son œuvre religieuse pour continuer seulement son œuvre politique.

930. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « VII »

Wagner ne possédait pas seulement la science de la langue, grâce aux études philologiques qui durant toute sa vie furent sa joie ; il avait l’instinct sûr d’un vrai poète, et chaque mot est choisi avec un art presque infaillible41. […] Je rappellerai seulement trois ou quatre points principaux, sur lesquels devra constamment se porter toute l’attention du traducteur. […] Nous voulons que les artistes et que les hommes qui aiment l’art aillent à Bayreuth, parce que là, seulement, ils trouveront des représentations vraiment parfaites des drames de Wagner, et qu’en art, la perfection seule compte. […] ar » sont plus significatives que dix pages de littérature : dans le prélude rien ne nous fait seulement pressentir qu’il s’agisse du Gral ou de la blessure. […] Il a été successivement augmenté et enrichi de plusieurs acquisitions fort intéressantes et précieuses, entre autres : le Ring des Niblungen, imprimé en 1853 à petit nombre d’exemplaires et seulement pour les amis de Wagner.

931. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Et c’est pour cela qu’il n’y a pas seulement affaiblissement de l’esprit, mais perversion. […] Seulement, pour qui veut explorer la nuit, autre chose est de poser à terre sa lanterne, tout près de ses pieds, où elle ne fera sortir de l’ombre qu’un certain nombre de grains de sable ; autre chose de la diriger à droite et à gauche, de projeter sa clarté au loin et en avant, à chaque pas. […] En plaçant ainsi la fin de l’art en dehors du fond même de l’art (nous ne disons pas seulement de sa forme), on le rabaisse, on l’altère, on le fait dégénérer. […] Enfin l’œuvre d’art la plus haute n’est pas faite pour exciter seulement en nous des sensations plus aiguës et plus intenses, mais des sentiments plus généreux et plus sociaux. « L’esthétique n’est qu’une justice supérieure », a dit Flaubert. […] Seulement un objet de faux luxe vaut moins pour sa valeur artistique que pour sa rareté : la rareté en matière de luxe est, pour la plupart, le critérium suprême de la valeur des objets ; or c’est un critérium antiartistique, puisqu’il permet d’estimer au même prix tel bibelot et telle œuvre d’art accomplie.

932. (1898) Impressions de théâtre. Dixième série

Je voudrais seulement que M.  […] Bref, elle n’a pas seulement joué, comme elle sait jouer, son rôle : elle l’a « composé ». […] Seulement, que M.  […] Seulement, ce pourrait être encore mieux. […] Seulement il fallait y penser.

933. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Seulement il me paraît se méprendre un peu sur sa part d’invention. […] ou seulement fait comme tout le monde ? […] Pour moins encore, pour avoir non pas douté, mais seulement craint de douter, Pascal est devenu fou. […] Jamais il n’a loué, jamais il n’a seulement nommé tel romancier « idéaliste » estimé pourtant des bourgeois. […] Seulement toute psychologie un peu fine disparaît.

934. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Seulement, le cœur n’y est pas. […] Nous ne pouvons en ces matières tenir le vrai, mais seulement imaginer le probable ; et il y a plusieurs probables. […] Il est seulement un peu nigaud, — et assez agréablement cynique, comme il sied aujourd’hui, dans sa nigauderie. […] Parodi ou du comité de lecture, et je suis seulement tenté de croire que ce fut M.  […] Seulement, comme elle est de Montmartre ou des environs, ces intonations sont parfois un tant soit peu montmartroises.

935. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — I. » pp. 88-109

La guerre n’était pas seulement alors entre les médecins et les chirurgiens, elle était aussi entre les médecins et les apothicaires. […] Théophraste Renaudot est le fondateur de la Gazette en France ; or la Gazette, fondée en 1631 sous le patronage du cardinal de Richelieu, est le premier journal proprement dit, journal politique, officiel, tel seulement qu’il en pouvait exister alors, la première ébauche de tous les journaux nés depuis, et du Moniteur en particulier. […] Il nous apprend qu’il avait pour collaborateur le roi lui-même : « Chacun sait que le roi défunt ne lisait pas seulement mes Gazettes, et n’y souffrait pas le moindre défaut, mais qu’il m’envoyait presque ordinairement des mémoires pour y employer. » Quand le roi était éloigné de Paris, il envoyait des courriers d’un bout du royaume à l’autre, à lui Renaudot, pour lui faire savoir ce qu’il devait insérer ; et plus d’une fois, lorsque le courrier de Paris qui était porteur de la Gazette éprouvait quelque retard, il arriva que le roi témoigna son impatience. […] On a pu seulement comprendre que, tout en étant instruit et d’un sens commun vigoureux, il n’était pas un homme éclairé à proprement parler.

936. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

Saint-Martin répondit par une Lettre qui est une pièce importante, et qui aurait pu porter pour épigraphe cette pensée de lui : J’ai vu la marche des docteurs philosophiques sur la terre, j’ai vu que, par leurs incommensurables divagations lorsqu’ils discutaient, ils éloignaient tellement la vérité, qu’ils ne se doutaient seulement plus de sa présence ; et, après l’avoir ainsi chassée, ils la condamnaient par défaut. […] Il se pose nettement au nom des spiritualistes contre les idéologues : « Les spiritualistes, dit-il, sont spécialement et invariablement opposés aux idéologues qui voudraient que nous fissions nos idées avec nos sensations, tandis qu’elles nous sont seulement transmises par nos sensations. » Il attaque l’idée matérialiste qui est le fond de la doctrine adverse, et la force à reculerg. […] Il lui envie cette puissance et cette fermeté de talent qu’il n’avait pas, mais il se sent d’une région plus noble et plus élevée : « Rousseau, dit-il, frappait plus bas que moi. » Il diffère de lui surtout en ce qu’il croit essentiellement à un Dieu qu’on ne salue pas seulement, qu’on ne se borne pas à proclamer, mais qu’on aime et qu’on prie : « À force de dire, Notre Père, espérons que nous entendrons un jour dire, Mon fils. » Voilà ce que l’orgueil de Rousseau eût repoussé. […] Fut-elle lue seulement alors, en tout ou en partie, à l’issue de quelque conférence et devant le public des Écoles normales, pour produire son effet de réfutation ?

937. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — II » pp. 454-475

Molé, dont le jugement excellent en toute matière était parfait dans ces choses littéraires qui touchent à la société, me disait un jour en parlant de M. de Meilhan : « Il a bien connu les mœurs de son temps, mais il en avait les vices. » J’ajouterai qu’il n’avait pas seulement les idées de son temps, il les dépassait souvent et les bravait par sa hardiesse d’esprit ; il devançait sur bien des points celles du nôtre. […] Mais sans doute il le savait, et il avait seulement égard à ses compagnons d’infortune. […] Il se trompe quelquefois dans ses prévisions et ses pronostics, mais seulement sur des points de détail. […] Dans les derniers conseils qu’il donne à son fils, à ce fils dont il s’est si peu occupé, et envers qui il ne revendique aucun des droits de l’autorité paternelle, mais seulement le privilège de l’« affection » et de la « prédilection » (ce sont les termes mesurés qu’il choisit), il insiste sur certaines recommandations précises et pratiques ; il lui dit en lui faisant passer un reste de fortune : Il faut avant tout se garantir de la misère ; tout autre malheur doit peu affecter un homme jeune et bien portant ; mais le besoin, la dépendance et le mépris des autres empoisonnent la vie, flétrissent l’âme, abâtardissent le génie.

938. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Ici, où vous n’apprenez pas seulement la langue avec facilité et rapidité, mais où vous pouvez aussi voir sur quels éléments elle repose ; notre sol, notre climat, notre manière de vivre, nos mœurs, nos relations sociales, notre constitution, votre esprit emportera tout cela en Angleterre. » C’était à un Anglais qu’il parlait. […] Il était dans sa trente-troisième année seulement à son arrivée à Weimar ; il avait gardé toute la fraîcheur des impressions premières et la faculté de l’admiration. […] Eckermann donne la réplique au maître, ne le contredit jamais, et l’excite seulement à causer dans le sens où il a envie de donner ce jour-là : avec lui, Gœthe cause de lui-même, de la littérature contemporaine en Allemagne, en Angleterre, en Italie, en France, en Chine, partout ; et après des années d’un commerce intime, il lui rendra ce témoignage qui fait aujourd’hui sa gloire : « Le fidèle Eckart est pour moi d’un grand secours. […] Quelle dépense, quelle tension des forces intellectuelles ne faut-il pas seulement pour ordonner en soi-même et pour organiser un grand ensemble, et quelles forces, quelle vie tranquille et sans troubles ne faut-il pas pour procéder à l’exécution, pour fondre tout, d’un seul jet d’expressions justes et vraies !

939. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Œuvres de Louise Labé, la Belle Cordière. »

Dans tout ce qu’on a dit sur lui, on n’a pas seulement exagéré, comme cela est arrivé pour le poète Coquillart de Reims, lequel, du moins, était célèbre en son temps ; mais on a procédé par voie d’invention, ce que je distingue fort du procédé de réhabilitation. […] Et si elle ne leur est du tout telle qu’elles la pourraient désirer, par honnête soin la se procurent ; et l’ayant moyennement agréable, sans plus grande curiosité, seulement avec vertueuse industrie la continuent, selon la mode de chacune nation, contrée et coutume. […] Seulement on distingue encore, à la nature de ses legs et donations, bien de la bonté ; mais plus rien de l’ancien poète ne transpire : le voile funèbre s’abaisse et nous le dérobe. […] La trompette finale a sonné : tous les morts se réveillent, mais il y en a parmi eux (et ce ne sont pas les coupables) qui s’obstinent à rester sourds au clairon de l’Ange et à ne pas vouloir se lever ; on entend seulement leur voix et leur refus monter en paroles déchirantes jusqu’au trône de Dieu : Quoi !

940. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

D’autres recueils analogues, et sur le patron du sien, s’étaient refaits depuis, d’âge en âge, durant cette longue et lente décadence de la Grèce ; chaque fois seulement, on y faisait entrer une plus grande partie de poésies légères contemporaines, et comme le panier ne s’élargissait pas à proportion, il en tombait quelques-unes des anciennes : ce qui était à regretter, car la plupart de ces poésies nouvelles n’étaient que des imitations, et l’originalité avait disparu. […] Egger, son gendre, — a eu l’idée d’ouvrir tous ce parc réservé et, moyennant quelques précautions indispensables, de faire jouir tout le monde du parterre où jusqu’ici (selon une expression heureuse) « quelques-uns seulement allaient discrètement cueillir quelques charmants boutons. » Ah ! […] C’est ce que je te recommande, moi, Priape, le gardien des ports, pour que tu ailles partout où le commerce t’appelle. » Léonidas n’eut pas seulement affaire aux pauvres gens et à ceux du commun ; nul n’a exprimé mieux que lui la délicatesse de cœur et d’esprit du parfait galant homme ; lisez plutôt cette Épitaphe d’Aristocratès, de l’homme aimable par excellence : « Ô Tombeau, de quel mortel tu couvres ici les ossements dans ta nuit ! […] Il en a un grand nombre ; il n’était pas seulement un interprète poétique pour les ouvriers des villes : les chevriers, les laboureurs, les chasseurs, les pêcheurs, lui demandaient de traduire en vers élégants leurs offrandes.

941. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

À la nuit seulement, cette foule effrayante s’écoula vers Grenade. […] Le général Franceschi ne meurt pas seulement comme un soldat, avec le courage, la résignation et en silence ; il meurt comme un homme, payant tribut à chaque affection, épuisant en quelque sorte la nuance de chaque sentiment : « Vainement, nous dit l’aide de camp fidèle, je retournai auprès de son lit et m’efforçai de lui persuader que le médecin n’avait pas dit ce qu’il croyait avoir entendu : il me tendit la main, me la serra en me regardant tendrement, et quelques larmes sillonnèrent son visage. […] Seulement je remarquai que sa voix s’éteignait sensiblement. […] Le fait est qu’il ne paraît pas avoir produit alors son véritable acte de baptême, et un extrait de cet acte n’est pas inséré dans l’acte de mariage ; il est dit seulement « qu’il a été donné lecture des actes de naissance des futurs ».

942. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Notez que cette surenchère ne porte pas seulement sur les poètes de la Pléiade, elle s’est étendue sur les satellites d’alentour. […] Quant à ce qui est des poètes de la seconde moitié du siècle et qui forment ce qu’on a appelé la Pléiade, c’est d’aujourd’hui seulement que, grâce à M.  […] Pour les imiter dignement et conformément à l’esprit, c’était donc en français qu’il les fallait non pas seulement traduire, mais reproduire avec art, avec sentiment et choix, qu’il les fallait sinon transplanter tout entiers, du moins renouveler par quelques-uns de leurs rameaux, les faisant refleurir et fructifier à souhait par une greffe heureuse, afin qu’on pût dire de la langue française, à son tour, en toute vérité : Nec longum tempus, et ingens Exiit ad cœlum ramis felicibus arbos, Miraturque novas frondes et non sua poma. […] Billault, termine en disant que l’histoire lui assignera sa place « au premier rang de cette Pléiade de grands hommes qui, depuis 1789, ont illustré nos Assemblées parlementaires. » Or la Pléiade n’est composée que de sept étoiles, de sept noms ; et depuis 1789, si l’on choisit sept grands orateurs seulement, M. 

943. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ULRIC GUTTINGUER. — Arthur, roman ; 1836. — » pp. 397-422

Vous toutes, seulement, qu’êtes-vous devenues ? […] L’auteur, qui ne se montre pas seulement ici un homme sentimental, comme il l’était dans ses élégies, mais qui sait le monde, qui a le ton de la raillerie, l’aperçu exquis des ridicules, des travers, des médisances, et tout ce bon goût rapide et chatouilleux que donne, hélas ! […] Ses dernières années se sont passées dans les mêmes sentiments, dans les mêmes regrets et les mêmes fluctuations morales qu’il avait éprouvés de tout temps : seulement les craintes et les regrets, ou même les remords chrétiens surnageaient de plus en plus. […] Ce n’est pas seulement Alfred de Musset qui se mêle de répondre ; Alfred Tattet, que je ne savais pas si poëte, est censé lui-même riposter par les rimes les plus satiriques, les plus irrévérentes.

944. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Fabio se félicite de l’indulgence de son père qui ne l’a point grondé, et lui a ordonné seulement de ne point s’exposer, vu l’incertitude où sont encore les choses. Il a peur seulement que Virginia, ou par honte ou par colère, ne nie la vérité. […] Ce n’était pas seulement le sujet qui était le plus souvent emprunté à l’Italie, c’était aussi la méthode, le jeu scénique. […] Molière est placé, à nos yeux, tellement au-dessus de toute cette foule de masques oubliés, que c’est presque une profanation que de l’y mêler lors même qu’on veut seulement marquer son point de départ.

945. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

. — Mais le droit et la littérature ne se teignent pas seulement des mêmes couleurs sous l’influence des mêmes causes : ils agissent et réagissent l’un sur l’autre. […] Alexandre Dumas, dans la préface citée plus haut, rappelle que le divorce ne sépare pas seulement deux époux qui ne peuvent plus s’entendre, mais qu’il ôte aux enfants le nid dont leur faiblesse a encore besoin. […] C’est seulement à partir de la Restauration que la publication des livres fut réglée par des textes précis. […] Ce monde de la basoche, comme on l’appelait jadis, a sa vie littéraire propre : plaidoyers des avocats, réquisitoires des procureurs, mercuriales des présidents autrefois et des officiers du ministère public aujourd’hui, n’ont pas seulement leur mérite professionnel et leur utilité du moment ; ces discours visent parfois à la beauté ; ils peuvent y atteindre et beaucoup d’entre eux sont dignes de figurer dans le livre d’or de l’éloquence.

946. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre IV, Eschyle. »

Ce n’était point seulement un jeune concurrent, c’était un art nouveau qu’il voyait s’avancer sur lui ; un art moins grand et moins fort, mais plus attrayant et plus souple, Il pressentit sans doute une décadence sous cette perfection tempérée, une décroissance dans cette réduction harmonieuse. […] Dans l’interlocuteur qui lui vient, le héros trouve un appui ou une résistance, il ne raconte pas seulement, il agit. […] L’enchanteur aux paroles magiques n’évoquait, pas seulement la personne des dieux, mais aussi leur cortège et leur attirail, leurs chars aériens et leurs hippogriffes, leurs descentes sur la terre et leurs ascensions vers le ciel. […] Son génie n’est pas seulement extraordinaire, mais unique dans sa race et dans son milieu.

947. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Madame de La Vallière. » pp. 451-473

Deux ou trois passages dénotent seulement une expression assez figurée et assez vive : Il est vrai, Seigneur, que si l’oraison d’une carmélite qui est retirée dans la solitude, et qui n’a plus qu’à se remplir de vous, est comme une douce cassolette qu’il ne faut qu’approcher du feu pour rendre une odeur très suave, celle d’une pauvre créature qui est encore attachée à la terre, et qui ne fait proprement que ramper dans le chemin de la vertu, est comme ces eaux bourbeuses qu’il faut distiller peu à peu pour en tirer une utile liqueur. […] Elle rappelle, comme amante, Héloïse ou encore la Religieuse portugaise, mais avec moins de violence et de flamme : car celles-ci n’eurent pas seulement le génie de la passion, elles en eurent l’emportement et la fureur ; La Vallière n’en a que la tendresse. […] Disons seulement, de notre ton le moins profane, que, quand on vient de relire l’admirable chapitre v du livre III de l’Imitation, où sont exprimés les effets de l’amour divin, qui n’est dans ce chapitre que l’idéal de l’autre amour, Mme de La Vallière est une de ces figures vivantes qui nous l’expliquent en leur personne et qui nous le commentent le mieux. […] Qu’on se rappelle seulement tout ce qu’il a osé introduire et citer de hardiment familier dans l’Oraison funèbre de la princesse Palatine.

948. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Il est fâcheux seulement que cette juste sévérité contre la petite littérature du temps s’affiche en tête d’une tragédie sifflée, et assez digne de l’être, et non en tête d’une excellente satire à la Despréaux. […] Mais, au lieu d’en conclure qu’après s’être si violemment trompé, il n’avait rien de mieux à faire qu’à se repentir et à se taire, La Harpe ne songea pas seulement à s’imposer cette mortification du silence, la plus pénible de toutes pour l’amour-propre, et on le vit, au sortir de sa prison, se lancer avec plus de ferveur que jamais dans toutes les mêlées ; son ardeur n’avait fait que changer de signal et de drapeau. […] … Mais, je vous en conjure, seulement un doigt de liqueur (vous en avez des Îles)… Je prie Dieu de leur donner tous les jours la même patience qu’à moi : elle est devenue bien rare pour supporter tant de tribulations… De la crème des Barbades, si vous voulez bien… J’en connais de bien respectables… — Au reste, la vie du chrétien n’est que tribulation, et je ne dois pas murmurer contre la volonté du ciel : je vous suis. » La scène est bonne ; elle est chargée : mais qu’importe ? […] Cela passe le jeu ; toute plaisanterie a cessé : « Vous verrez (essaye encore de dire avec ironie la duchesse de Grammont) qu’il lie me laissera seulement pas un confesseur ? 

949. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

L’homme d’État, l’homme de guerre, le poète, le peintre, le grand homme de science ou de métier étaient montrés seulement en leur rôle, et comme en leur jour public, dans cette œuvre et cet effort dont hérite la postérité. […] Nous voulons seulement ajouter aux recherches connues, aux documents publiés, l’inconnu et l’inédit, nous réservant de raconter d’un bout à l’autre, de peindre en pied, les personnages oubliés ou dédaignés par l’histoire. […] Ce ne seront plus seulement les actes officiels des peuples, les symptômes publics et extérieurs d’un état ou d’un système social, les guerres, les combats, les traités de paix, qui occuperont et rempliront cette histoire. […] Seulement, alors je croyais à une suite autographe des Mémoires, peut-être perdue, peut-être enfouie dans quelque collection inconnue ; à l’heure présente je n’y crois plus guère ; je suis presque convaincu que la paresseuse artiste, que l’écriture n’amusait pas, s’est arrêtée à la quatorzième page, et que les mémoires manuscrits que j’ai entre les mains, — sauf le commencement, — par un certain Talbot, sur la commande de Loiseau, n’ont pas été rédigés, dis-je, sur un brouillon de la chanteuse, mais bien d’après ses confidences et ses conversations.

950. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Il faut chercher seulement à penser et à parler juste, sans vouloir amener les autres à notre goût et à nos sentiments ; c’est une trop grande entreprise. […] Un bel ouvrage tombe entre leurs mains, c’est un premier ouvrage, l’auteur ne s’est pas encore fait un grand nom, il n’a rien qui prévienne en sa faveur, il ne s’agit point de faire sa cour ou de flatter les grands en applaudissant à ses écrits ; on ne vous demande pas, Zélotes , de vous récrier, C’est un chef-d’œuvre de l’esprit ; l’humanité ne va pas plus loin : c’est jusqu’où la parole humaine peut s’élever : on ne jugera à l’avenir du goût de quelqu’un qu’à proportion qu’il en aura pour cette pièce ; phrases outrées, dégoûtantes, qui sentent la pension ou l’abbaye, nuisibles à cela même qui est louable et qu’on veut louer : que ne disiez-vous seulement, Voilà un bon livre ; vous le dites, il est vrai, avec toute la France, avec les étrangers comme avec vos compatriotes, quand il est imprimé par toute l’Europe et qu’il est traduit en plusieurs langues ; il n’est plus temps. […] Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens. […] Tout écrivain, pour écrire nettement, doit se mettre à la place de ses lecteurs, examiner son propre ouvrage comme quelque chose qui lui est nouveau, qu’il lit pour la première fois, où il n’a nulle part, et que l’auteur aurait soumis à sa critique ; et se persuader ensuite qu’on n’est pas entendu seulement à cause que l’on s’entend soi-même, mais parce qu’on est en effet intelligible.

951. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Notes et éclaircissements. [Œuvres complètes, tome XII] »

Sans ce frein, je les regarderai comme des animaux féroces qui, à la vérité, ne me mangeront pas quand ils sortiront d’un long repas, et qu’ils digéreront doucement sur un canapé avec leurs maîtresses, mais qui certainement me mangeront, s’ils me rencontrent sous leurs griffes quand ils auront faim, et qui, après m’avoir mangé, ne croiront pas seulement avoir fait une mauvaise action. » (Tom.  […] Nous observerons seulement que la plupart de ces tableaux antiques sont des portraits ou des tableaux d’histoire ; et que, pour être impartial, il ne faut mettre en parallèle avec des sujets chrétiens que les sujets mythologiques. […] On voit seulement, dans le Télèphe, une femme assise, couronnée de guirlandes, appuyée sur un panier rempli d’épis, de fruits et de fleurs. […] Cette composition est gracieuse ; mais ce n’est pas là encore le véritable paysage, le paysage nu, et représentant seulement un accident de la nature.

952. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Loutherbourg » pp. 258-274

C’est un choix particulier d’expressions, une certaine distribution de syllabes longues ou brèves, dures ou douces, sourdes ou aiguës, légères ou pesantes, lentes ou rapides, plaintives ou gaies, un enchaînement de petites onomatopées analogues aux idées qu’on a et dont on est fortement occupé, aux sensations qu’on ressent et qu’on veut exciter, aux phénomènes dont on cherche à rendre les accidens, aux passions qu’on éprouve, et au cri animal qu’elles arracheraient, à la nature, au caractère, au mouvement des actions qu’on se propose de rendre, et cet art-là n’est pas plus de convention que les effets de l’arc-en-ciel ; il ne se prend point ; il ne se communique point ; il peut seulement se perfectionner. […] On retient une pensée, on ne retient point l’enchaînement des inflexions fugitives et délicates de l’harmonie ; ce n’est pas à l’oreille seulement, c’est à l’âme d’où elle est émanée que la véritable harmonie s’adresse. […] Tout l’espace compris entre la fabrique de la droite et l’autre côté de la toile est mer, seulement sur le devant vers la gauche il y a une langue de terre où des matelots boivent, fument et se reposent. […] Je vous dis seulement ce que je pense et je vous le dis avec toute ma franchise.

953. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « V. M. Amédée Thierry » pp. 111-139

Ce n’est pas, en effet, seulement dans l’éclat du nom qu’il a l’honneur de porter, ce n’est pas seulement dans la magnifique récompense qui vient de l’atteindre, à travers la mémoire de son frère5, qu’on aperçoit le bénéfice pour M.  […] … Pourquoi voir dans le Mystique et dans le Saint « seulement un pauvre moine grand par le cœur et par son dévouement à la patrie », et parler, avec l’embarras du rationalisme, cette lâcheté de la raison, du génie héroïque presque divin du grand homme dont oh extrait doucement Dieu pour le faire humainement plus grand. […] Ferrari, passent pour le moment sur le ventre aux idées de l’abbé du Bos et de Montesquieu, qui se relèveront et le rendront à qui les foule ; seulement, ses idées une fois jetées parterre, qu’on me fasse le plaisir de me dire ce que deviendra le très honorable M. 

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