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1047. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

la sincérité m’est trop chère pour que je me trompe sur sa nature et sur cet accent qu’elle seule a. […] Sainte-Beuve, bravant le dégoût, et réel, comme depuis ne l’ont pas plus été les réalistes, nous la représentait ainsi : … Quand seule, au bois, votre douleur chemine, Avez-vous vu, là-bas, dans un fond, la chaumine Sous l’arbre mort ? […] … Eh bien, elle est dans toutes les pièces qu’il fallait laisser seules pour que ce volume eût toute sa concentration et la profondeur navrante de son charme ; elle est dans une trentaine de véritables chefs-d’œuvre d’étrangeté, mais d’étrangeté sincère, cette poésie malade de l’isolement, du découragement, de réchignement, de la méfiance, de l’empoisonnement par la méfiance de tous les sentiments de la vie ! […] C’est toujours la terrible question de sincérité qui revient et s’élève, du livre comme de la préface ; terrible, car pour nous, nous l’avons assez dit, on ne peut pas dédoubler la sincérité poétique et la sincérité morale, qui, à elles deux, ne font qu’une seule sincérité. […] J’ai compté, page 224 (et c’est sa manière habituelle), vingt-quatre vers pour une seule phrase, ce qui, en prose même, serait long.

1048. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Connu déjà pour d’autres poésies, couronné plusieurs fois par l’Institut, malgré le talent le moins académique, ayant abordé vaillamment la satire politique, le seul genre de poésie qui rende vite un nom populaire, — après la poésie dramatique toutefois, — M.  […] Or, nous l’avons dite d’un seul mot, elle est surtout dans un sérieux dont on connaît l’accent, l’inoubliable accent, retrouvé sous cette masse (peut-on dire masse de choses si légères ?) […] Jamais il n’en fut de plus frivoles que ceux-ci, de plus aériens, de plus osés, de plus fantaisie, de plus rien du tout parmi ces riens que des têtes couronnées ou des filles de millionnaire peuvent seules porter ! […] Elle a exhalé le dernier soupir qu’elle gardât dans le trésor de ses harmonies les plus secrètes, sous la pression magistrale, despotique et inspirée d’un très grand artiste qui joue des mots comme Paganini du violon et qui, comme Paganini, joue sur une seule corde, car il fait des vers d’une seule syllabe dans des poëmes qui durent plus longtemps que l’exécution d’une sonate ; homme étonnant qui n’a besoin que d’une syllabe pour vous enchanter, si vous avez en vous écho de poète, — qui serait Liszt encore sur une épinette et Tulou dans un mirliton. […] qu’il me permette de le lui dire, c’est la seule de ses audaces contre laquelle je m’inscrirais.

1049. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — La rentrée dans l’ordre »

La science du médecin est dans ce cas complètement inutile, car la guérison dépend de la seule volonté du malade, de son retour à la conscience. C’est en lui seul qu’est enfermé le remède souverain. […] Seule, son amère chasteté demeure sans atteinte. […] La seule façon de dissiper les malentendus qui planent sur cette question, c’est de faire apparaître la vérité toute nue. […] » Nous pourrions encore mieux servir les intérêts du jeune homme promis à la prêtrise, en répétant ces paroles d’un noble esprit : « Il faut qu’il prenne conscience avec nous du seul dieu réel et méconnu qui a créé à sont image tous les dieux évanouis, du dieu futur, l’Homme.

1050. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Deuxième partie — Chapitre I. La quantité des unités sociales : nombre, densité, mobilité »

Ce serait oublier que la seule quantité sociale qui nous importe est celle qui a pour effet d’augmenter, de compliquer et de varier les rapports entre individus. […] « De tout temps les villes ont été l’exception en Inde70. » Or c’est dans les villes seules qu’un grand nombre d’individus vivent d’une vie sociale intense ; dans les villes seules l’échange des sensations, des sentiments et des idées est incessant et inévitable ; dans les villes seules la quantité des unités rassemblées entraîne presque nécessairement la multiplicité et la variété de leurs relations. […] Constant sur la liberté des anciens comparée à celle des modernes sont justes, le seul accroissement des sociétés, par cela même qu’il rendait difficile à leurs membres l’exercice du gouvernement direct, est bien loin de s’opposer au progrès des idées égalitaires ; il y contribue au contraire, s’il est vrai qu’il aide, indirectement, à la constitution de l’individualisme que ces idées supposent. […] Les causes les plus diverses peuvent contribuer à rehausser, comme les plus diverses à rabaisser la puissance sociale du prestige. — Or, parmi celles qui le déprécient et le démonétisent, ne faut-il pas compter la seule quantité des rapports sociaux ? […] L’habitude, que seule notre civilisation nous permet, de vivre au milieu d’un nombre considérable d’individus qui changent, et défilent en quelque sorte devant nous pour se substituer les uns aux autres dans les mêmes places, n’est sans doute pas étrangère à l’assouplissement de nos conceptions juridiques : elle nous prépare à reconnaître des droits au premier « passant » venu, c’est-à-dire à tous les êtres, quels qu’ils soient, qui sont hommes.

1051. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Il lisait Tacite seul, il relut tout Juvénal avec Dusaulx, aux moments où celui-ci (grand joueur, et qui avait écrit contre la passion du jeu) ne jouait pas au bouchon avec le marquis de ***. […] L’art d’écrire est peut-être celui dont Robespierre eût le plus approché s’il l’eût cultivé davantage ; c’est le seul où il ait paru faire quelque progrès. […] L’auteur, cette fois, cette seule fois, fait un pamphlet. […] Depuis la mort de Chénier, il n’eut plus d’autre ami intime ; ce cœur, une seule fois ouvert, se referma. […] Vers la fin, un peu plus seul ou plus indulgent, il paraissait moins insensible aux avances, et la connaissance personnelle de l’homme le faisait quelquefois revenir sur l’ouvrage.

1052. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Il était membre du parlement, et parlait si bien, dit-on, qu’on l’écoutait pour le seul plaisir de l’entendre. […] La seule ressource de l’écrivain est d’employer des mots qui mettent les choses devant les yeux. […] Il se mesure au nombre des souvenirs et des idées qu’il ramasse en un seul point. […] Pas une seule des lois cruelles portées contre les non-conformistes par les Tudors et les Stuarts n’est rapportée. […] Mille après mille, le seul son qui indique la vie est le cri indistinct d’un oiseau de proie, perché sur quelque créneau de roche battu par la tempête.

1053. (1891) Enquête sur l’évolution littéraire

Eux seuls, poètes, comptent et restent. […] Cette Douleur, je l’ai gardée pour moi seul. […] Mais ses proches amis sont seuls à les connaître. […] Voilà le mal, mon cher Huret, et le seul. […] Alexis reste seul naturaliste impénitent.

1054. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la bienfaisance. »

La bonté est la vertu primitive, elle existe par un mouvement spontané ; et comme elle seule est véritablement nécessaire au bonheur général, elle seule est gravée dans le cœur ; tandis que les devoirs qu’elle n’inspire pas, sont consignés dans des codes, que la diversité des pays et des circonstances peut modifier ou présenter trop tard à la connaissance des peuples. […] Elle ne se livre pas à un seul mouvement personnel, pas même au besoin d’inspirer un sentiment réciproque, et ne jouit que de ce qu’elle donne. […] La bienfaisance remplit le cœur comme l’étude occupe l’esprit ; le plaisir de sa propre perfectibilité s’y trouve également, l’indépendance des autres, le constant usage de ses facultés ; mais ce qu’il y a de sensible dans tout ce qui tient à l’âme, fait de l’exercice de la bonté une jouissance qui peut seule suppléer au vide que les passions laissent après elles ; elles ne peuvent se rabattre sur des objets d’un ordre inférieur, et l’abime que ces volcans ont creusé, ne saurait être comblé que par des sentiments actifs et doux qui transportent hors de vous-même l’objet de vos pensées, et vous apprennent à considérer votre vie sous le rapport de ce qu’elle vaut aux autres et non à soi ; c’est la ressource, la consolation la plus analogue aux caractères passionnés, qui conservent toujours quelques traces des mouvements qu’ils ont domptés.

1055. (1897) La crise littéraire et le naturisme (article de La Plume) pp. 206-208

Seules, des nuances de mode et de sentiment les distinguèrent, les uns préfèrent les Grâces aux Walküres, ceux-ci la légende rhénane à la mythologie hellène, d’autres les bords du Gange aux rives de l’Eurotas. […] Le bibelot d’écriture, la joliesse plastique, de même que les jeux de phrases et les notations de nuances sentimentales semblaient seuls préoccuper les auteurs. […] Aussi le seul remède à cet état de choses sera donc de refuser aux arts ce caractère aristocratique où l’on voudrait le limiter. […] Seule la violence impétueuse de l’idée a le pouvoir de régénérer, à la fois le langage et les coutumes.

1056. (1887) Discours et conférences « Discours lors de la distribution des prix du lycée Louis-le-Grand »

La raison cultivée fondera seule désormais. […] La seule illusion que vous vous fassiez, c’est que vous la supposez longue. […] , il n’y en a qu’une seule qui soit à peu près sans beauté : c’est une fleur jaune, sèche, raide, étiolée, d’un luisant désagréable, qu’on appelle bien à tort immortelle. […] Croyez au bien ; le bien est aussi réel que le mal, et seul il fonde quelque chose ; le mal est stérile.

1057. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bayle, et Jurieu. » pp. 349-361

Toute la ville de Rotterdam s’en entretenoit : Jurieu lui seul n’en sçavoit rien. […] Jurieu n’est pas le seul qui l’ait chargé d’une accusation aussi grave. […] Tout l’esprit de ce grand homme peut être mis dans un seul volume. […] Le malheureux Bayle perdit sa place de professeur de philosophie & d’histoire à Rotterdam, seule ressource qu’il eût pour vivre.

1058. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 1, idée generale de la musique des anciens et des arts musicaux subordonnez à cette science » pp. 6-19

Si Porphyre fait à son tour deux arts distincts de l’art rithmique, dont Aristides ne fait qu’un seul et même art, si Porphyre divise en art metrique et en art rithmique proprement dit, l’art dont Aristides ne fait qu’un seul art qu’il appelle (…), cela vient vraisemblablement de la cause que je vais dire. […] Nous venons de voir qu’Aristides Quintilianus comptoit six arts musicaux, sçavoir, l’art rithmique, l’art de composer la melopée, l’art poetique, l’art de jouer des instrumens, l’art du chant et l’art du geste ; mais nous reduirons ici ces six arts à quatre, en ne comptant l’art poetique, l’art de composer la melopée et l’art du chant que pour un seul et même art. On a déja vû que l’art poetique, l’art de composer la melopée et l’art du chant avoient tant d’affinité, que Porphyre ne les comptoit que pour un seul art, qu’il nomme l’art poetique pris dans toute son étendue.

1059. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXV. De Paul Jove, et de ses éloges. »

En France, Godefroi de Bouillon, chef de la seule croisade qui ait réussi ; Charles VIII, qui conquit et perdit le royaume de Naples avec la même rapidité ; Louis XII, qui fut tour à tour dupe de ses amis et de ses ennemis, mais à qui on pardonna tout, parce qu’il était bon ; François Ier, qui, à beaucoup de défauts, mêla des qualités brillantes ; le maréchal de Trivulce, sur la tombe duquel on grava : Ici repose celui qui ne reposa jamais ; le maréchal de Lautrec, également opiniâtre et malheureux ; Gaston de Foix, si connu par son courage brillant et par la bataille de Ravenne qu’il gagna et où il perdit la vie ; enfin, ce connétable de Bourbon, si terrible à son maître, et dont l’âme altière eut à la fois le plaisir et le malheur d’être si bien vengé. […] Si vous portez vos regards plus loin, vous trouverez en Hongrie ce fameux Jean Hunniade qui combattit les Turcs, et simple général d’un peuple libre, fut plus absolu que vingt rois ; et ce Mathias Corvin son fils, le seul exemple peut-être d’un grand homme fils d’un grand homme ; en Épire, Scanderberg, grand prince dans un petit État ; et parmi les Orientaux, ce Saladin, aussi poli que fier, ennemi généreux et conquérant humain ; Tamerlan, un de ces Tartares qui ont bouleversé le monde ; Bajazet qui commença comme Alexandre, et finit comme Darius : d’abord le plus terrible des hommes, et ensuite le plus malheureux ; Amurat II, le seul prince turc qui ait été philosophe, qui abdiqua deux fois le trône, et y remonta deux fois pour vaincre ; Mahomet II, qui conquit avec tant de rapidité, et récompensa les arts avec tant de magnificence ; Sélim, qui subjugua l’Égypte et détruisit cette aristocratie guerrière établie depuis trois cents ans aux bords du Nil, par des soldats tartares ; Soliman, vainqueur de l’Euphrate au Danube, qui prit Babylone et assiégea Vienne ; le fameux Barberousse Chérédin, son amiral, qui de pirate devint roi ; et cet Ismaël Sophi, qui au commencement du seizième siècle, prêcha les armes à la main, et en dogmatisant conquit la Perse, comme Mahomet avait conquis l’Arabie. […] Il est d’abord fort singulier que ce panégyriste, ayant loué près d’une centaine de princes grecs, idolâtres, musulmans et chrétiens, n’ait pas fait l’éloge d’un seul pape : il était cependant italien et évêque.

1060. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Vénus toute seule, assise devant sa porte, est occupée à se peigner et à partager ses beaux cheveux sur ses épaules avec un peigne d’or. […] Mais pour Médée seule il n’y avait ni repos ni douceur du sommeil. […] Quiconque l’a pu voir et observer une seule fois ne la méconnaîtra jamais. […] Jason, pendant ce temps-là, s’est mis en marche vers le temple, accompagné du seul Argus et du devin Mopsus, bon conseiller. […] disait Jason à Médée, pourquoi tant de crainte quand je me trouve seul devant toi ?

1061. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

Il ouvrit sa maison aux deux époux, et la mort seule le sépara de sa fille. […] C’est que de mes vieux amis vous êtes presque le seul qui me reste. […] Je ne vous en dirai qu’un seul trait qui doit suffire. […] Non, j’aime mieux mourir ou vivre seul !  […] David seul a des versets de cette nature dans ses Psaumes.

1062. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Molière seul nous a rendus difficiles pour Molière. […] Pourquoi gâte-t-il sa probité, en se prétendant le seul probe ? […] Quelques-uns sont directs ; la langue seule en appartient à Molière : ce sont les plus rares. […] Les esprits cultivés en aperçoivent seuls les nuances ; les autres ou la contestent, ou ne la comprennent pas. […] Une seule chose pourrait nous y dépayser : ce sont les mœurs d’un temps qui n’est plus.

1063. (1857) Cours familier de littérature. III « XIIIe entretien. Racine. — Athalie » pp. 5-80

Il ne voulait qu’un seul grand, le roi, et c’était lui qui était le roi sous sa pourpre. […] Son seul tort, dans l’histoire, c’est de s’être effacée et tenue dans le demi-jour derrière la pourpre de Mazarin. […] Son ami chercha promptement un autre sujet de conversation, et lui dit, quand il fut seul avec lui : “Pourquoi parlez-vous devant elle de Scarron ? […] Ce furent là les inspirations de Racine ; le monde seul ne lui en aurait pas donné de pareilles. […] Une Israélite , seule.

1064. (1857) Cours familier de littérature. III « XVIIIe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset » pp. 409-488

Dans ces écrivains sans marque dont l’inspiration est le caprice et dont la nonchalance est la seule muse, l’homme et le livre se confondent tellement, que si vous n’aviez pas le caractère, vous n’auriez pas le livre. […] Alfred de Musset, soit qu’il éprouvât lui-même cette fastidiosité du sublime et du sérieux, soit qu’il comprît que la France demandait une autre musique de l’âme ou des sens à ses jeunes poètes, ne songea pas un seul instant à nous imiter. […] En conscience nous ne croyons pas que la nature humaine ait jamais réuni dans un seul homme, tant de talent, tant de légèreté, tant de poésie, tant de grâce à tant d’innocente perversité. […] Le savoir-faire dans une petite faction gouvernante et le savoir-vivre dans les fils de cette oligarchie dorée, étaient les seuls mérites appréciés dans les gymnases de cette époque en possession du sceptre et du comptoir. […] car, il faut te rendre justice, la bravoure est la seule incorruptibilité de ta race !

1065. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Robert » pp. 222-249

Est-ce qu’un homme qui est seul et qui marche le jour doit te faire peur ? […] J’avais jetté hors du sallon des ouvrages que j’ai retrouvés seuls, isolés, et pour lesquels il m’a semblé que j’avais eu trop de dédain. […] Qu’on me dise à qui ces ruines appartiennent, afin que je les vole, le seul moyen d’acquérir quand on est indigent. […] Si je m’y promets le secret et la sécurité, je suis plus libre, plus seul, plus à moi, plus près de moi. […] Il n’y avait pas une seule pierre disjointe qui variât le cours et la chute de ces eaux ?

1066. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Michelet en deux seuls mots ! […] Une seule manquait, une seule qui n’aurait pas manqué au xixe  siècle, mais qui effrayait les hypocrisies philosophiques de celui-ci. […] elle en avait le droit, si elle était la seule vérité, la seule religion, comme M.  […] Sur ce point-là, du reste, il ne se dément pas une seule fois. […] Des conférences de Notre-Dame, qui sont le seul titre du P. 

1067. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 296-302

Ce seul trait prouve l’élévation de son ame & celle de son Siecle. […] Si on excepte son Histoire de Théodose le Grand, de toutes les parties des Belles-Lettres qu’il a cultivées, l’Eloquence de la Chaire est la seule où il ait réussi d’une maniere distinguée. […] Mongin dans un de ses Discours académiques, « c’est là qu’on est étonné de voir dans un seul homme l’ame universelle de plusieurs Grands Hommes, l’ame du Guerrier, l’ame du Sage, du grand Magistrat & de l’habile Politique ; là il s’éleve, il change, il se multiplie, & prend toutes les formes différentes du mérite & de la vertu.

1068. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — J. — article » pp. 519-526

Dans tous, on reconnoît une adresse singuliere à profiter de certains traits de l’Histoire, pour parvenir au but qu’elle s’étoit proposé ; & ce but est toujours une morale agréablement embellie, seul mérite qui puisse faire valoir un Roman. […] O que de projets héroïques Seul il est digne d’achever ! […] Sa main redoutable & chérie, Loin de sa paisible Patrie, Ecartoit les troubles affreux, Et son autorité tranquille Sur un peuple à lui seul docile Faisoit luire des jours heureux ».

1069. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 381-387

Inès de Castro est la seule de ses Tragédies ; le Magnifique, la seule de ses Comédies qui soient restées au Théatre : Inès même ne doit son succès qu’à quelques situations intéressantes. […] Le seul défaut qu’on pourroit lui reprocher, est d’y avoir mis quelquefois trop d’esprit.

1070. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — Chapitre V »

Le bref alphabet latin, par ses combinaisons infinies, est apte à rendre toutes les nuances de la voix et toutes les demi-nuances d’une prononciation infiniment variable : on ne fait pas entendre les deux tt dans littéral, littérature, mais on en fait peut-être entendre un peu plus d’un seul, un et une fraction impondérable. […] Au xviie  siècle, le français tendait à s’assimiler même certains mots maniés par les seuls lettrés. […] Poussée à l’extrême, cette analyse minutieuse révèle en français 43 nuances différentes de son pour la seule voyelle o.

1071. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre troisième. Suite de la Poésie dans ses rapports avec les hommes. Passions. — Chapitre IV. Suite des précédents. — Julie d’Étange. Clémentine. »

Le pays des chimères est en ce monde le seul digne d’être habité : et tel est le néant des choses humaines, que, hors l’être existant par lui-même, il n’y a rien de beau que ce qui n’est pas… ……………………………………………………………………………………………… Une langueur secrète s’insinue au fond de mon cœur ; je le sens vide et gonflé, comme vous disiez autrefois du vôtre ; l’attachement que j’ai pour ce qui m’est cher ne suffit pas pour l’occuper : il lui reste une force inutile dont il ne sait que faire. […] Le Dieu que je sers est un Dieu clément, un père : ce qui me touche, c’est sa bonté : elle efface à mes yeux tous ses autres attributs ; elle est le seul que je conçois. […] Non, monsieur, votre seule conscience en aura l’honneur.

1072. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

Le premier système est seul donné à l’expérience présente ; mais nous croyons au second par cela seul que nous affirmons la continuité du passé, du présent et de l’avenir. […] Dans la seconde, au contraire, les « données de nos différents sens » sont des qualités des choses, perçues d’abord en elles plutôt qu’en nous : est-il étonnant qu’elles se rejoignent, alors que l’abstraction seule les a séparées ? […] Et c’est pourquoi sa surface, limite commune de l’extérieur et de l’intérieur, est la seule portion de l’étendue qui soit à la fois perçue et sentie. […] Or, l’essence de tout matérialisme est de soutenir le contraire, puisqu’il prétend faire naître la conscience avec toutes ses fonctions du seul jeu des éléments matériels. […] La vérité est qu’il y aurait un moyen, et un seul, de réfuter le matérialisme : ce serait d’établir que la matière est absolument comme elle paraît être.

1073. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Il n’y a qu’un seul écrivain dans M.  […] Un seul mot, et funeste : Je doute. […] Que de dons de l’âme et du corps réunis en un seul homme ! […] Son adhésion seule pouvait mettre une différence entre César et Sp.  […] Y est-il seul ?

1074. (1932) Le clavecin de Diderot

On ne saurait les comparer qu’aux seuls insectes dont la prudence mimétique leur vaut de s’identifier au milieu. […] Tout ce qu’il y a de chancelant, de louche, d’infâme, de souillant, de grotesque passe, pour moi, dans ce seul mot de Dieu. […] L’hermaphrodite, c’est-à-dire le plus homme des hommes et la plus femme des femmes, Hermès et Aphrodite, ces deux personnes en une seule confondue, unité même de l’amour selon la statuaire grecque, aujourd’hui est donné, non comme une synthèse de deux créatures, mais le dédoublement analytique et morbide d’une seule. […] Or, voici deux ans, des amis qui me savaient seul et malade dans un sanatorium, m’envoyèrent un fox à poils durs. […] La bourgeoisie ne pouvait vouloir d’autre psychologie que celle qui, de la pensée, considère le seul arrêt.

1075. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

C’est le t ième moment seul qui compte, — quelque chose qui sera un pur instantané. […] Une seule cellule, obtenue par la combinaison des deux cellules mâle et femelle, accomplit ce travail en se divisant. […] S’il y a de la finalité dans le monde de la vie, elle embrasse la vie entière dans une seule indivisible étreinte. […] Dans les deux cas l’évolution n’aurait eu, si l’on peut s’exprimer ainsi, qu’une seule dimension. […] Arrivons donc à la seule des formes actuelles de l’évolutionnisme dont il nous reste encore à parler, le néo-lamarcksime.

1076. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Galilée seul fit exception comme savant, et offrit l’instrument exact à l’âge qui succéda. […] Ce n’était pas le vulgaire seul qui parlait de magie. […] Guillaume Colletet, ce rimeur né suranné, est son seul poète moderne contemporain. […] Après tant de nouveautés que l’âge des derniers parents avait vues sortir, on arrivait aisément à se persuader qu’il n’y avait plus qu’une seule découverte et qu’une seule merveille qui en méritât le nom. […] Un malheur ne vient jamais seul ; Naudé en eut un autre en ces années.

1077. (1899) Les industriels du roman populaire, suivi de : L’état actuel du roman populaire (enquête) [articles de la Revue des Revues] pp. 1-403

Elle, aveuglée par les larmes, ne sait rien sinon qu’il la réhabilitera en lui donnant son nom, mais qu’aussi il la laissera seule ici-bas pour y traîner le deuil d’un incurable désespoir. […] Il vous en reste bien un, un seul, pour souffler jusqu’au 16. […] Et maintenant, mon cher Confrère, j’estime que, en cette matière, les théories sont sans valeur et que, seul, l’effort individuel peut être efficace. […] C’est le seul roman dont je subisse l’anxieux mystère de « la suite à demain ». […] Les seuls romans qui puissent corrompre sont ceux dont la lecture perfide est un attrait ; mais c’est là un danger, m’affirme-t-on, assez rare.

1078. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

L’esprit d’opposition à toute arme peut seul expliquer ce malentendu du poète et de ses principes. […] Il venait des malheurs récents de la patrie, et par cela seul il était excusable. […] Un petit volume enlacé de deux ou trois feuilles de laurier de famille est le seul trophée de leur pauvre cercueil. […] Je hais comme vous la contre-révolution, les Bourbons surtout ; cette haine commune sera le seul pacte entre nous. […] La seule littérature populaire de la France, de 1805 à 1815, était à table dans ce Caveau.

1079. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Qu’on blâme Amour : c’est lui seul qui l’a fait. […] Pétrarque, en son langage, a fait sa seule affection approcher à la gloire de celui qui a représenté toutes les passions, coutumes, façons et natures de tous les hommes, qui est Homère. » Quel éloge de Pétrarque ! […] Tu es tout seul tout mon mal et mon bien ; Avec toi tout, et sans toi je n’ai rien. […] Or, de peur qu’elle ne se puisse vanter d’être seule à l’abri des mésalliances, Jupiter, un jour, l’enflamme elle-même pour le beau pasteur Anchise, qui fait paître ses bœufs sur l’Ida. […] Elle a soin de le surprendre à l’heure où les autres pasteurs conduisent leurs troupeaux par les montagnes, un jour qu’il est resté seul, par hasard, à l’entrée de ses étables, jouant de la lyre.

1080. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Est-il besoin de rappeler avant tout que Béranger est un esprit d’un tout autre ordre, un talent hors de pair, qui a créé son domaine et qui a ouvert, ne fût-ce que pour lui seul, des voies nouvelles ? […] Mais sur un seul point, en ce qui est de la chanson proprement dite (et j’ai bien le droit de glisser ici la réserve, puisque je proclame assez franchement la gloire), sur un seul point Désaugiers garde l’avantage, c’est sur le chapitre de la gaieté franche. […] On dit que, bien peu après, les opinions politiques avaient séparé ces deux hommes, rivaux un seul moment ; qu’il en était même résulté d’un côté… Mais chut ! […] Ce jour-là, ce seul jour, le nom de Désaugiers fit couler des pleurs de tristesse, et ils coulèrent en abondance. […] Enfin, ses chansons si promptes à naître et souvent si parfaites d’exécution, ne s’achevaient pas toutes seules, qu’on le sache bien.

1081. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Aussi, le seul sentiment nouveau qu’il ait apporté dans la littérature, c’est, avec la curiosité, le doute de l’esprit se tournant en souffrance pour le cœur. […] Le songeur qui condamne l’Être universel lui oppose son être particulier et prend davantage conscience de lui-même. « Moi seul, se dit-il, moi seul, passif, mais conscient et irréductible, contre le monde entier. » C’est par là qu’on se console, du moins dans notre Occident. […] Ce sont bien, en effet, les deux seules choses qui ne trompent point. […] Dirai-je qu’il manque à ces églogues, pour être entièrement grecques, le « je ne sais quoi » que Chénier seul a connu par un extraordinaire privilège ? […] Seuls, les prêtres et les bardes, soit orgueil sacerdotal, soit qu’ils subissent la fascination de leurs propres théogonies ou que leurs dieux désertés leur deviennent plus chers, résistent au dieu nouveau.

1082. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Villemain » pp. 1-41

Il a, ce rhétoricien d’autrefois, toujours défendu son droit de faire des phrases… et c’est même la seule nouveauté et la seule portée du vieux livre composé avec des centons de dix ans, qu’il ne craignit pas de republier. […] L’inspiration du poète thébain n’est plus qu’une lettre morte, d’un fini vraiment grec ; mais elle est finie dans un autre sens : elle est finie comme tout ce qui ne fut que grec, comme tout ce qui ne s’appuie point à la grande nature humaine, la seule chose qui ne périsse pas ! […] ils n’ont pas bouché le trou énorme fait dans cette histoire par l’absence seule de Mirabeau. […] De tous ces illustrateurs de la tribune française, Royer-Collard est le seul qui eut une supériorité. […] Et ce n’est pas, dans son livre d’aujourd’hui, la seule chose qu’on puisse lui reprocher que ces distractions ou ces défauts de mémoire, impardonnables et déshonorants pour un historien ; il y a de plus ici le défaut d’appréciation, le manque de vue absolu, qui va jusqu’à la cécité.

1083. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

C’est d’abord une première lettre où il expose la haute idée qu’il se fait de sa vocation d’écrivain :‌ La seule pensée qui m’encourage dans mon labeur solitaire et souvent découragé, c’est l’espérance de servir. […] C’est la seule façon de s’en tirer  ».‌ […] Il affirmait que le devoir de ceux qui, par leur force d’âme et leur sentiment de l’honneur et de la patrie savaient forcer la peur, était non pas de « remplir » leur devoir avec la seule fermeté, mais de se jeter à la mort parce que c’était à ce prix qu’on ébranlait la majorité moyenne jusqu’à un effort qui suffit au succès. […] Je pense souvent à vous tous et mon seul chagrin est de vous sentir angoissés pour moi. […] Ma seule douleur, mon seul regret sera de penser à la peine que vous fera ma mort.

1084. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Une heure vient où la médaille décapée est nette et brillante de son seul métal. […] le contraire du seul mot qui le puisse définir ! […] Mais l’inverse n’est pas vrai ; le style seul n’est rien. […] Comme-gutte fera très bien en un seul mot. […] C’est la seule qui ait intéressé les journalistes.

1085. (1903) Propos de théâtre. Première série

Néoptolème seul va d’un point à un autre. — Chez M.  […] Leur drame est une seule aventure, plus ou moins précipitée, plus ou moins languissante, mais une seule. […] En cela seul ils sont poètes, c’est-à-dire émus, ce qui revient à dire qu’en cela seul ils vivent. […] Monime et Mithridate comptent seuls. […] c’est à Dieu seul qu’il faut nous attacher ! 

1086. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie militaire du général comte Friant, par le comte Friant, son fils » pp. 56-68

La guerre seule pouvait donner plein essor à cette jeunesse : elle éclata. […] Après la capitulation, et en mettant le pied en France, Friant écrivit au général Bonaparte, premier consul, une lettre où il n’accusait personne, mais où sa réserve seule parlait assez : Vous avez sans doute appris les malheurs de l’armée d’Orient et la perte de la colonie, et vous aurez appris également combien les divisions qui ont régné entre plusieurs de nous y ont contribué. […] Davout et les divisions Morand, Friant, Gudin, qui formaient le noyau de ce 3e corps invincible, sont comme un seul nom indissolublement enchaîné dans la mémoire quand on a lu une fois dans un récit rapide les opérations de ces guerres ; c’est comme un seul homme inséparable qui frappe et agit sans cesse, et dont le triple coup retentit. — Friant est une des principales articulations dans ce grand corps appelé la Grande Armée. […] Le ban fermé, les officiers sont appelés à venir former le cercle, et l’empereur leur dit : « Officiers des grenadiers de ma Garde, voilà le chef que je vous donne. » Puis se tournant vers le nouvel élu : « Général Friant, c’est la récompense de vos beaux et glorieux services. » Et plus familièrement, il ajouta : Mon cher Friant, vous ne prendrez ce commandement qu’à la fin de la campagne ; ces soldats-ci vont tout seuls, et il faut que vous restiez avec votre division, où vous aurez encore de grands services à me rendre.

1087. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « JULES LEFÈVRE. Confidences, poésies, 1833. » pp. 249-261

La seule excuse que je puisse alléguer, c’est que le soin de les choisir est le seul plaisir qui m’ait dédommagé de l’ennui de les imprimer. […] Quelque part ce vers douloureux lui a échappé : Il est dur d’être seul à sentir son génie. […] Jules Lefèvre ne sera pas seul désormais à sentir les autres grandes parties qu’il a. […] Un détail curieux, c’est que, ses poésies se vendant très-peu, il était encore, pour ainsi dire, avare de ses exemplaires, qu’il aimait mieux enfouir chez lui que de les distribuer et de les donner, et cela dans la crainte seule d’avoir l’air de demander quelque chose à qui que ce fût, dans l’intérêt de ses productions.

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