/ 1661
1543. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1872 » pp. 3-70

Dimanche de Pâques 1er avril Au lit, où je passe ma journée, je pense combien cette semaine sainte m’est mauvaise, depuis des années, combien elle emporte de ma vitalité, à chaque renouveau des printemps.

1544. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Tout le mur en retour jusqu’au plafond et jusqu’à la porte d’entrée de l’atelier, est garni d’étagères algériennes, d’œufs d’autruches aux pendeloques de perles, de lanternes vénitiennes, de gargoulettes orientales, d’instruments de musique sauvages, encastrés dans les immenses rinceaux que dessinent les palmes de la Semaine Sainte, envoyées par le pape à l’Altesse Impériale, et d’où s’élance de son bâton d’empaillement, un lophophore, cet oiseau de velours noir au collier d’émaux translucides.

1545. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Il a un : Nom de Dieu, qui au lieu d’être jeté, d’être sacré debout, est lâché par lui, allongé, à demi couché sur la table, et ce « Nom de Dieu », accentuant la défense de ces saintes femmes, fait un grand effet.

1546. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Le chariot aux lourdes roues Chargé de pierres et de boues, Le wagon enragé peut bien Ecraser ma tête coupable Ou me couper par le milieu, Je m’en moque comme de Dieu, Du Diable ou de la Sainte Table !

1547. (1885) La légende de Victor Hugo pp. 1-58

Sainte Pélagie, 23 juin 1885.

1548. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Vous allez me reprocher de prêcher pour mon saint ; mais, vraiment, de quoi parlerait-on, si ce n’est de ce que l’on connaît, et que défendrait-on, sinon ce que l’on aime ?

1549. (1891) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Quatrième série

Les Œuvres de sainte Thérèse ou celles d’Ignace de Loyola n’en seraient-elles pas au besoin la preuve ? […] Que si maintenant le mélange du romanesque et de chevaleresque est le caractère le plus général de la littérature espagnole, celui qu’on retrouve également dans les Amadis et dans le répertoire de Calderon, dans les romans picaresques eux-mêmes, et enfin jusque dans les Œuvres de sainte Thérèse ou dans la vie d’Ignace de Loyola, la ressemblance, plus profonde, et cachée plus profondément, ne sera-t-elle pas, pour cette raison même, ce qu’on appelle plus intime, et conséquemment plus réelle ? […] Ironie légère, mondaine et enjouée ; raillerie grave et amère ; narration élégante et facile ; dialectique tour à tour ou ensemble subtile et passionnée ; vivacité du trait ; rapidité de la riposte ; ampleur et liberté du mouvement ; saintes indignations, si « Molière, comme on l’a dit, n’a rien de plus plaisant que les premières Provinciales, ni Bossuet de plus beau que les dernières », et, dans un tout petit volume, si « toutes les sortes d’éloquence et d’esprit se trouvent ainsi renfermées », c’est une conséquence de ce premier mérite. […] Mais le cas est rare, et lorsqu’il arrive, il n’y faut toucher que d’une main tremblante : on y doit observer tant de solennités, et apporter tant de précautions, que le peuple en conclut naturellement que les lois sont bien saintes, puisqu’il faut tant de formalités pour les abroger. » Bossuet lui-même n’a pas mieux parlé de « ce quelque chose d’inviolable sans lequel la loi n’est pas tout à fait loi ». Il y a toutefois une différence entre l’auteur de la Politique tirée de l’Écriture sainte et celui de l’Esprit des lois : il y en a même plusieurs, mais je n’en retiens ici qu’une seule.

1550. (1936) Histoire de la littérature française de 1789 à nos jours pp. -564

L’Itinéraire tel qu’il a été publié est un livre agréable, où il y a une cinquantaine de pages admirables, qui pourraient servir à définir le paysage historique moderne, et, surtout en ce qui concerne la Terre Sainte, du remplissage et du factice. […] La note religieuse vivante et précise des Méditations n’est nulle part mieux donnée que dans le beau poème de la Semaine sainte, où l’on ne trouve rien de l’émotion rituelle et chrétienne d’une semaine sainte, mais un tableau délicat et très vrai de ces retraites où M. de Rohan, le futur cardinal, conviait les jeunes conservateurs de sa génération, dans son château de La Roche-Guyon, et où l’exquise chapelle dans la grotte paraît l’oratoire fait sur mesure pour le Génie du christianisme et les dévotes de M. de Chateaubriand. […] Et pourquoi, chez Lamartine, le jeune Phédon nous rappelle-t-il la Sainte Thérèse de Bernin ? […] méditation lyrique dont la force est faite non de sa matière, qui est pauvre avec une langue et une poésie indigentes, mais de son mouvement oratoire, l’esprit banal ayant rencontré un des grands courants de l’âme humaine, et le suivant à pleines voiles. —  Novissima Verba, écrits à Montculot, le sermon de Bossuet transposé sur le mode lyrique, une réflexion de l’homme sur lui-même, grave, régulière, et qui coule comme un fleuve précipité et grossi pendant une nuit d’hiver, pas de sentiments rares ou neufs, mais la route royale du cœur humain, — l’interpellation à l’Esprit Saint, dont la fin hors d’haleine est faible, mais où il semble qu’en achevant les Harmonies, en les publiant l’été de 1830, le poète demande pour le prophète politique de demain l’investiture et le sacrement.

1551. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

Sainte hostie ! […] There’s but a shirt and a half in all my company ; and the half-shirt is two napkins tacked together… and the shirt stolen from my host at St.

1552. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

On connaît cette image de François de Sales, charmante, tout embaumée de senteurs empruntées à la nature, par laquelle le gracieux saint conseille à ses ouailles de « faire comme les petits enfants qui, de l’une des mains se tiennent à leur père, et de l’autre cueillent des fraises ou des mûres le long des haies ». — Excellente méthode de discipline chrétienne, qui donc y contredirait ? […] Il veut la jeter dans le giron de l’Église, l’associer à la communion des Saints.

1553. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

En revanche, nous avons remis à leur date les études sur Madame d’Aulnoy, l’Ecole des Beaux-Arts, l’Opinion en Allemagne et les Conditions de la Paix, Sainte Odile, Prosper Mérimée, qui faisaient partie des Essais de Critique et d’Histoire depuis la 5e édition (1874) et l’article sur Gleyre qui y fut incorporé lors de la 4e édition (1882). […] Sainte Thérèse, au milieu de ses oraisons d’amour, a des cris de haine : « En priant pour les prédicateurs, pour les défenseurs de l’Église, pour les hommes savants qui a soutiennent sa querelle, nous faisons tout ce qui est en notre puissance pour secourir notre maître que les traîtres, qui lui sont redevables de tant de bienfaits, traitent avec une telle indignité qu’il semble « qu’ils voudraient le crucifier encore et ne lui laisser « aucun lieu où il puisse reposer sa tête 4. » Encore à la fin du xviie  siècle, les Espagnols « ne quittent point leurs épées ni pour se confesser ni pour communier. […] Sainte-Odile et Iphigénie en Tauride Chaque année les pèlerins bouddhistes ou chrétiens allaient par dévotion visiter quelque stupa, quelque chapelle particulièrement sainte, et renouveler leur âme au contact de leurs dieux. […] — Jamais il n’apporte la bénédiction et la paix, — et le fantôme de l’homme tué par mégarde — revient épier et « épouvanter les mauvaises heures du meurtrier involontaire ; — car, sur la terre largement peuplée, — les immortels aiment les bonnes races des hommes… » — Volontiers ils prolongent la vie éphémère du mortel. — Volontiers ils le laissent contempler leur ciel éternel — et jouir avec eux, pour un temps, du « glorieux azur. » Plus haute encore et plus sainte est l’émotion religieuse avec laquelle, au moment de la délivrance, elle contemple le cours divin des choses, et sent flotter dans son âme les grandes formes des immortels. […] Elle est une sainte, comme les plus chastes vierges du moyen âge. — Mais elle n’a point subi les angoisses maladives, les langueurs mystiques, les extases énervantes du cloître.

1554. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

tu t’adresses mal, j’ai la sainte horreur des bras débiles, des lèvres tremblantes et des volontés flasques. […] L’attendrissement redoubla et les sanglots recommencèrent à éclater autour de nous lorsque après lui descendit, couverte de ses vêtements de deuil qu’elle n’avait jamais quittés, la duchesse d’Angoulême, cette sainte femme à qui la Providence n’avait épargné aucune douleur ; puis vint un jeune enfant, et à son apparition un frémissement se fit entendre au milieu de cette foule d’exilés. […] Mais il eut long et grand courage, nous dirons volontiers un saint courage.

1555. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

Le bel insecte qui reluit au soleil, tout fier de sa cuirasse resplendissante, le papillon, fleur volante qui s’en va de feuille en feuille au gré du vent qui souffle ; l’herbe qui se cache dans un tas d’herbes, et qu’il faut reconnaître à son fruit à peine formé, ce sont là des joies qui tiennent à des joies saintes. […] quand vient la semaine sainte, à l’heure où le printemps va s’ouvrir, où le théâtre est fermé pour un jour, je préfère, et de grand cœur, cette halle et ce marché qu’on appelle le Café des Comédiens. […] Je dis honnête ; car placez-moi dans un de nos drames une affranchie, amoureuse d’un beau jeune homme, à qui l’on vient de donner un bel esclave, et qui est obligée de passer toute la sainte journée avec un malotru de capitaine, en compagnie d’un affreux glouton sur le retour, vous verrez que la belle poussera de beaux cris ! […] Socrate est mort, non pas pour avoir supporté cette insulte d’une heure, non pas pour avoir enseigné aux païens la Providence divine, l’immortalité de l’âme, les espérances de la vie à venir ; il est mort pour avoir parlé à cette république, qui se mourait sous l’ironie et le blasphème, des saintes lois de la morale éternelle.

1556. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

C’était comme un jeu d’escarpolette, — bip, houp, houp, hip, — les excès sensuels qui blessaient profondément son âme lui apportaient ensuite la douce pénitence, — bip, houp, — et la sainte extase, l’entraînant dans ses ravissements jusqu’au sanctuaire du ciel, le conduisait après tout — il savait bien où — houp, hip ! […] Barrès est à mille lieues des gens dont je parlais ; et pourtant il se dégage de lui un certain parfum, je ne dirai pas de snob, mais de Saint du snobism. […] « Je ne voudrais pas confondre l’art avec la religion : — cette religion-là aurait des saints vraiment trop étranges, — mais il me semble bien que l’impression que laisse en notre âme la contemplation de l’art doit toucher de près au sentiment religieux : à un acte de foi, pour employer l’expression la plus forte, qui nous aide à passer les mauvais moments, les instants de faiblesse de notre vie, en ranimant notre cœur. […] Et il n’a recueilli Marie Bashkirtseff au nombre de ses saintes que lorsqu’il fut convaincu qu’elle était morte, ce qui est le degré suprême de l’innocuité. » — « Mais pourquoi cherchons-nous donc toujours à arracher à son milieu la personne que nous voulons juger ? 

1557. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Ceux qui n’ont pas entendu Moréas dire des vers en fronçant les sourcils, dans une sorte de sainte colère, ne pourront jamais se figurer le retentissement que donnait aux belles phrases rythmées sa voix grondante comme un orage. […] En 1892, il habitait, sur la montagne Ste Geneviève, en face de la Sorbonne et du Collège de France, une cellule de moine dont Adolphe Brisson nous a fait une description pittoresque ; « Mettons-nous en route. […] Elle nous racontait encore ce soir-là une visite qu’elle fit dans un hôpital pendant l’épidémie cholérique de 1884, et ses efforts pour braver le fléau au milieu des bonnes sœurs sublimes. « Pourquoi, me disais-je, ma pitié et ma volonté ne me donneraient-elles pas contre la peur de la mort le courage que ces saintes filles puisent dans leur foi ?  […] Sa mort fut celle d’un saint.

1558. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Dorénavant pour les premiers personnages du royaume, hommes et femmes, ecclésiastiques et laïques, la grande affaire, le principal emploi de la vie, le vrai travail, sera d’être à toute heure, en tout lieu, sous les yeux du roi, à portée de sa parole ou de son regard. « Qui considérera, dit La Bruyère, que le visage du prince fait toute la félicité du courtisan, qu’il s’occupe et se remplit toute sa vie de le voir et d’en être vu, comprendra un peu comment voir Dieu fait toute la gloire et toute la félicité des saints. » Il y eut alors des prodiges d’assiduité et d’assujettissement volontaire.

1559. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Déesses au seul cœur, Nature et Mort jumelles, Car nul n’a plus que moi désiré le saint jour Où vous nous donnerez enfin l’ordre fidèle, Mort et Nature originelles, du Retour.

1560. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

Les Océanides, restées fidèles à son agonie, lui apparaissaient comme les figures lointaines des Saintes Femmes, pleurant au pied de la Croix.

1561. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Il se déchaîne avec une égale violence contre les grands écrivains de la Renaissance et de la Grèce païenne, affirmant — ô sainte ignorance !  […] Avant d’avoir joué le moindre bout de rôle dans les pièces de Mme Sand, elle était déjà connue comme patronne du Berri, où on l’invoque sous le nom de sainte Solange.

1562. (1856) À travers la critique. Figaro pp. 4-2

Toute religion a ses saints, comme elle a ses damnés ; et je veux, pour rasséréner vos yeux et parfumer votre esprit, faire passer devant eux une calme, une sereine figure, celle du véritable journaliste. […] Barroilhet, le baryton ridicule, et dont le profil maigre et tiré et la peau ont pris des tons de cire qui la font ressembler à une sainte de Ribeira, vous retrouverez trait pour trait la prima donna assise au balcon des Italiens, le soir de débuts de Cruvelli.

1563. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

L’originalité de Tolstoï consiste en ceci qu’il est absolument indifférent à ce qui fait le fondement même de la religion chrétienne, à savoir le caractère révélé des livres saints et la divinité du Christ. […] Demandez aux martyrs chrétiens, aux grands saints, aux grands artistes, aux héros de l’humanité. […] On les repousse plutôt dans les établissements d’instruction musicale, parce qu’ils paraissent aux fidèles servants de la sainte routine compliquer la question ; mais la véritable raison, c’est que les trois quarts des professeurs sont parfaitement incapables de comprendre ce qu’est, en réalité, le rythme et d’en faire saisir les principes à leurs élèves.

1564. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome II

En 1809, dans son livre Deutsches Volkstum, Jahn montrait en eux les meilleurs héritiers de l’hellénisme : « Dans l’histoire de l’humanité, les races saintes ont été jadis les Grecs. […] De quel accent religieux il parle de « cette magnifique et sainte chirurgie » ! […] Chacune doit avoir son saint et sa chapelle.

1565. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Et à un autre du même, en lisant ceux-ci dans Malherbe : À la fin c’est trop de silence En si beau sujet de parler… Quel poète ne souscrirait l’hymne à cet « Honneur des hommes, saint langage », et partant, nécessairement, à l’intelligence, notre mère, sans qui le langage n’aurait pas de raison d’être et n’existerait pas ? […] Pour ce motif, Parsifal ne propage pas non plus la sainte ignorance et le mysticisme obscurantiste, malgré les craintes de Nietzsche. […] Dans l’ordre esthétique et intellectuel, c’est non seulement un maître, mais une espèce de saint.

1566. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Il explique comment cette Torah a d’abord été écrite sous deux formes à peu près en même temps, et comment nous saisissons dans la rédaction actuelle les deux rédactions primitives, jéhoviste et élohiste ; qu’il y a donc eu deux types de l’histoire sainte comme il y a eu plus tard deux Talmuds, celui de Babylone et celui de Jérusalem ; que la fusion des deux histoires eut lieu probablement sous Ézéchias, c’est-à-dire au temps d’Esaïe, après la destruction du royaume du Nord ; que c’est alors que fut constitué le Pentateuque, moins le Deutéronome et le Lévitique ; que le Deutéronome vint s’y ajouter au temps de Josias, et le Lévitique un peu après. […] Il a une phrase surprenante où « faire son salut » devient exactement synonyme de « prendre son plaisir où on le trouve », et où il admet des saints de la luxure, de la morphine et de l’alcool.

1567. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Mieux nés d’ailleurs que Chapelain, plus « honnêtes gens », comme on va bientôt dire, plus hommes, du monde, moins érudits, et en un certain sens moins pédants, ils sont d’esprit déjà plus libre, et plus émancipé de l’imitation ou de la superstition des anciens. « Il y a de la fausse monnaie en grec et en latin, écrit Balzac à Chapelain lui-même ; la sainte, la vénérable antiquité nous en a débité plus d’une fois ; et quantité de mauvaises choses du temps passé trompent encore aujourd’hui sous l’apparence du bien. » De son côté Malherbe faisait volontiers profession de ne voir goutte, comme il disait, « au galimatias de Pindare ». […] Dévot adorateur de ces maîtres antiques, Je veux m’envelopper de leurs saintes reliques.

1568. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

Mais il y a au monde une chose sainte et sublime, c’est l’union de deux de ces êtres si imparfaits et si affreux. […] Ce je ne sais quoi dont la nostalgie la tourmente et dont elle se procure le simulacre à travers les énervements de son organisme et la destruction de sa chair, c’est tout uniment l’émotion pieuse ; — mais est-il un procédé pour faire comprendre cela au pâle troupeau de ces infortunées qui, voulant fuir le monde des sens, s’y précipitent plus avant, créatures de désordre et cependant de délicatesse et de poésie, dans la race desquelles se sont jadis recrutées les saintes, et parmi lesquelles se recrutent aujourd’hui les détraquées ? […] Il comprendra la science de composition du maître qui, pour augmenter la puissance de mysticité de son tableau, a réuni là des personnages de mondes si divers qu’ils ne peuvent agir les uns sur les autres, si bien que cette vision inefficace d’archanges immobiles et de saints en prière, d’enfants souriants et de vieillards songeurs, se résume en une extase peinte, d’une languissante et morne douceur. […] Jamais on n’a montré avec plus d’intensité le pouvoir d’enthousiasme qui fait les saintes et les martyres, et la sorte d’égarement désespéré dont il s’accompagne.

1569. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

Il lui reproche, sur l’article des mœurs et des principes, d’avoir, « d’un trait de plume, dépouillé Mlle de Bar de la plus sainte auréole dont une femme puisse s’entourer. » Elle est jolie, l’auréole !

1570. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Venu à Paris, dans le carême de 1853, pour consulter les bibliothèques : « J’ai ce bonheur, disait-il, d’échapper au monde et de trouver quelquefois la société. » Revenu à son Remilly, il avait peine à s’en arracher, même en cette saison de fin d’hiver, même en songeant qu’il repartait pour la Grèce ; il écrivait à son ami Émile Michel, en ce moment à Rome (25 mars 1853) : « Notre Remilly n’a pas encore une seule feuille ; il y tombe chaque jour quelques flocons de neige ; le soleil a des rayons bien pâles ; le ciel est gris ; le vent sommeille ; aujourd’hui (Vendredi saint) les cloches, qui sont allées vous retrouver à Rome, ne troublent même plus ce silence de la nature.

1571. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Voyez, par exemple, de quel style il nous met en garde contre l’hypocrisie involontaire, annonçant, expliquant, distinguant les moyens en ordinaires et en extraordinaires, se traînant en exordes, en préparations, en exposés de méthodes, en commémorations de la sainte Écriture914.

1572. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre I. Le Roman. Dickens. »

Marié ou non marié, peu importe ; elle le trouve beau, saint, sublime par lui-même, et elle le dit.

1573. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

XIII Ces scènes, les unes publiques, les autres domestiques, de ce sixième chant ; ces amours voluptueuses dans la chambre d’Hélène ; ces amours chastes dans le palais d’Andromaque ; ces adieux sur la tour de la porte Scées ; ce cœur d’épouse qui fléchit sous ses alarmes ; ce cœur d’époux qui s’affermit tout en s’attendrissant sous le sentiment de son devoir ; cette habileté instinctive de la mère, qui se fait suivre par la nourrice et par l’enfant pour doubler sa puissance d’amante par le prestige de sa maternité ; ce dialogue, dont chaque mot est pris dans les instincts les plus vrais, les plus délicats et les plus saints de la nature ; cette passion légitimée par la chaste union des deux époux ; cette éloquence qui coule sans vaines figures et sans fausse déclamation des deux cœurs ; cet épisode puéril et attendrissant à la fois de l’enfant effrayé du panache et se replongeant dans le sein de la nourrice en se détournant des bras de son père ; ce père qui berce l’enfant de ces mêmes bras forts qui vont tout à l’heure lancer le javelot d’airain contre Achille ; le pressentiment sinistre de cette épouse, qui se rappelle tout à coup et comme involontairement que c’est ce même Achille qui a tué jadis son père et ses sept frères ; enfin jusqu’à ces ormeaux plantés autour de la tombe de ce père d’Andromaque qui s’élancent tout à coup de son souvenir comme des flèches de cyprès dans un ciel serein ; puis les larmes mal contenues qui voilent les yeux ; puis le départ en sanglotant, et ce visage qui se retourne tout en pleurs pour apercevoir une dernière fois celui qui emporte son âme ; puis ce retour dans sa maison vide de son mari, mais pleine de femmes indifférentes, et cette présence d’Andromaque, seule avec l’enfant et la nourrice, excitant, par la compassion qu’elle inspire, sans parler, plus de sanglots que la chute et l’incendie d’Ilion n’en feront bientôt éclater sur la colline des Figuiers, ce sont là autant de coups de pinceau qui égalent le peintre à la nature et qui font du poète plus qu’un homme, un interprète véritablement divin entre la nature humaine et le cœur humain !

1574. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins » pp. 185-304

Il fallait des passions et non des principes à la démocratie ; elle avait trouvé un jeune homme de talent, elle lui dit : « Fais mon portrait, mais flatte-moi, et défigure mes ennemis, je te nommerai peintre du peuple. » Du côté opposé, les historiens de la Révolution dans le parti royaliste, religieux, aristocratique, n’avaient écrit sous le nom d’histoire que le martyrologe des victimes de 1791 à 1794 ; ils avaient barbouillé de sang tous les principes les plus saints et les plus innocents de la philosophie révolutionnaire du dix-huitième siècle.

1575. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Elles croient au prix inestimable et à la sainte égalité des âmes rachetées par le même Dieu.

1576. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Nous avons surtout remarqué à la fenêtre de droite une sainte Barbe et une Rébecca à la fontaine : deux œuvres du XVIIe siècle.

1577. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1862 » pp. 3-73

— de la pièce à côté, un homme s’est élancé, joyeux, exultant, pour voir sur l’almanach, accroché au mur, le nom du saint du jour, et le donner à son enfant.

1578. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Plus remarquable que son contenu est pour moi sa forme, ce langage qui est pour ainsi dire un produit de la nature, comme un arbre, comme une fleur, comme la mer, comme les étoiles, comme l’homme lui-même… Le mot s’y présente dans une sainte nudité qui donne le frisson. » La Bible a eu une influence littéraire considérable, principalement sur tous les écrivains dits romantiques ou réalistes.

1579. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

» Renan s’est levé, et se promène autour de la table, la marche mal équilibrée, ses petits bras battant l’air, citant à haute voix des fragments d’Écriture sainte, en disant que tout est là. […] Mardi 3 octobre À travers le grillage du fond de mon jardin, je vois, ce matin, les mobiles bretons, campés dans une allée de la villa, lire leurs prières, dans les petites Semaines saintes, qu’ils tirent de leurs sacs.

1580. (1864) Études sur Shakespeare

Des imaginations grossières devinaient facilement les trivialités qui avaient pu se mêler aux incidents de cette histoire ; l’Évangile, les actes des martyrs, les vies des saints les eussent beaucoup moins frappées si on ne leur en eût fait voir que le côté tragique ou les vérités rationnelles. […] Et l’on entend dire à la fin de la pièce qui, depuis l’exil de Bolingbroke, n’a pu durer plus de quinze jours, que Mowbray, exilé au même moment que lui, a fait pendant ce temps plusieurs voyages à la terre sainte, et est venu mourir en Italie.

1581. (1883) Le roman naturaliste

Faites plutôt vous-même la comparaison. « Jusqu’en 1835, il n’y avait point de route praticable pour arriver à Yonville ; mais on a établi vers cette époque un chemin de grande vicinalité qui relie la route d’Abbeville à celle d’Amiens… Cependant Yonville est demeuré stationnaire, malgré ses débouchés nouveaux… L’église est à l’entrée de la place… Le confessionnal y fait pendant à une statuette de la Vierge… Une copie de la Sainte Famille, envoi du ministre de l’intérieur, domine le maître-autel entre quatre chandeliers… La mairie, construite sur les dessins d’un architecte de Paris, est une manière de temple grec ». […] Lorsqu’elle essaya de peindre, dans Middlemarch, une sainte Thérèse protestante18, comme quand elle voulut, dans Daniel Deronda, faire passer au travers de la vie moderne un être « exceptionnel », sur le patron des héros du roman romantique, en perdant terre elle perdit toute une part de son talent, et, manquant de ces modèles dont elle s’était comme entourée pour écrire ses premières oeuvres, elle aussi s’égara pour avoir forcé sa nature.

1582. (1898) Introduction aux études historiques pp. 17-281

Clément, dans la plupart des éditions des « Œuvres » de saint Bonaventure et dans un grand nombre de manuscrits du moyen âge, un poème intitulé Philomen a  : le poème intitulé Philomena est de saint Bonaventure, et « on y recueille de précieuses notes sur l’âme même » de ce saint homme80. […] Chasles des autographes de Vercingétorix, de Cléopâtre et de sainte Marie-Madeleine, dûment signés et paraphés81 : voilà, pensait M. Chasles, des autographes de Vercingétorix, de Cléopâtre et de sainte Marie-Madeleine. — Nous sommes ici en présence d’une des formes les plus générales, et en même temps les plus tenaces, de la crédulité publique. […] Le progrès des sciences directes modifie parfois l’interprétation historique ; un fait établi par l’observation directe sert à comprendre et à critiquer des documents : les cas de stigmates et d’anesthésie nerveuse observés scientifiquement ont fait admettre les récits historiques de faits analogues (stigmates de quelques saints, possédées de Loudun).

1583. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

« Sa vie fut sainte et exemplaire, nous dit lord Herbert, de telle sorte qu’aux environs de Salisbury, où il vécut dans son bénéfice pendant de longues années, il fut presque regardé comme un saint. […] II Ceux qui ont fait une étude particulière de la Somme de saint Thomas d’Aquin prétendent que le grand docteur a réfuté par avance non seulement toutes les objections que l’incrédulité a formulées contre les mystères de la religion jusqu’à nos jours, mais celles même qui n’ont pas été exprimées encore, de telle sorte que les hérésiarques, qui attendent dans les limbes le moment de leur naissance, ont déjà reçu la réponse aux impertinentes questions qu’ils doivent poser. […] Contrairement aux autres livres de dévotion, qui aiment à encourager la piété et la vertu par les exemples des saints et les légendes des morts heureuses, des fidèles serviteurs de Dieu, celui-là se plaît à décourager et à terrifier le vice par les légendes des pécheurs et les morts maudites des pervers.

/ 1661