La passion de la gloire lui fit regarder cette occasion comme un très-grand avantage.
Agir devant ses enfants, et agir noblement, sans se proposer pour modèle ; les apercevoir sans cesse, sans les regarder ; parler bien, et rarement interroger ; penser juste et penser tout haut ; s’affliger des fautes graves, moyen sûr de corriger un enfant sensible : les ridicules ne valent que les petits frais de la plaisanterie, n’en pas faire d’autres ; prendre ces marmousets-là pour des personnages, puisqu’ils en ont la manie ; être leur ami, et par conséquent obtenir leur confiance sans l’exiger ; s’ils déraisonnent, comme il est de leur âge, les mener imperceptiblement jusqu’à quelque conséquence bien absurde, et leur demander en riant : Est-ce là ce que vous vouliez dire ?
Loin de regarder leur amour comme une foiblesse des plus humiliantes, ils le contemplent comme une vertu glorieuse dont ils se sçavent gré.
Il ne les regarde point comme des sujets propres à réussir.
Le Poussin qui a traité plusieurs actions, dont la scene est en égypte, met presque toujours dans ses tableaux des bâtimens, des arbres ou des animaux, qui, par differentes raisons, sont regardez comme étans particuliers à ce païs.
Les esprits ne deviennent donc semblables, à force de se regarder les uns les autres, que comme les voix et les visages peuvent devenir semblables.
Cependant, une science ne peut se regarder comme définitivement constituée que quand elle est parvenue à se faire une personnalité indépendante.
Assurément il n’y aurait qu’à louer dans ce patient et consciencieux travail, si l’on ne regardait qu’à l’étendue des connaissances et au fond des choses.
La Critique, qui regarde, scrute et analyse, est vaincue par ces sensitives de talent qui se rétracteraient ou tomberaient en poussière sous sa pointe.
Il suffit de regarder autour de soi pour reconnaître qu’élaborée depuis des siècles et virtuellement victorieuse, elle ne commence qu’à peine en ce siècle, à s’incarner dans la réalité, à passer de la spéculation de l’élite dans la pratique de la foule.
En ce qui regarde sa gloire, sa chance est inouïe, presque égale à celle de l’Empereur. […] « Le sage doit regarder cet écrit de Jean-Jacques comme un trésor. […] Quelques jours après Céluta met au monde une fille qu’elle allaite sans la regarder. […] Il l’a beaucoup plus regardée, je crois, et a beaucoup plus vécu dans son intimité que Chateaubriand. […] Il sera toujours irrité d’être regardé surtout comme un écrivain.
Il console l’humanité rien qu’à la regarder, tant il la regarde, non seulement avec indulgence, mais avec respect et attendrissement. […] Regarder plus avant consolerait toujours. […] Une femme qui a le visage découvert, ou voilé à peine, on la regarde à la figure. […] Regardez donc ! […] Regardez autour de vous et comptez les Chrysales et les Arnolphes de trente ans.
Allons regarder ensemble un de ces bienheureux dormeurs. […] À bien regarder, il y a presque toujours un autre homme sous le critique, et il se retrouverait académicien à un titre différent. […] Il serait sans doute meilleur de ne pas toujours regarder par une même ouverture si restreinte ; mais, à tout prendre, n’en déplaise à M. […] Cela ne peut pas tarder ; regardez bien là-bas, sur ce drap blanc, — je veux dire chez Pagnerre, — cela va paraître, ce sera superbe ! […] Il la regarde, il la regarde frénétiquement.
C’est une idole pour qui la consulte sans la regarder. Regardez-la. […] Là où finit l’État, regardez donc, mes frères, ne voyez-vous pas l’arc-en-ciel et le pont du Surhumain ? […] Regardez donc de près nos savants : ils ne pensent plus que par réactifs ; c’est-à-dire qu’il faut qu’ils lisent d’abord, avant de penser ». […] Il n’a pas à regarder en arrière, il n’a pas à regarder du tout.
Si vous y regardez attentivement, vous apercevrez qu’elle lui dicte ses lois impérieuses. […] Il ne saurait lever les yeux pour regarder au-dessus de soi, ni rien dire qui passe le commun. […] On les regarde de bonne heure comme anciens. […] Je me borne ici à ce qui regarde nos propres règles. […] Il les regarde comme des monstres fabuleux, tant les homicides lui paraissent loin de la sensible nature des hommes !
J’ai regardé, je l’avoue, plus d’une fois du côté du scepticisme absolu. […] Je regardais et aucune pensée ne troublait la limpidité de mon regard. […] Il n’a pas seulement regardé son enfant. […] Denon regardait, attendait. […] Il regarde aussi Clair Tisseur comme le meilleur poète de la famille.
Et pourtant, si on y regarde de près, la grande loi, chez eux, demeure pareille. […] Ils rompent l’équilibre que les analystes français, de Montaigne à Vauvenargues, avaient maintenu entre l’homme individuel qui regardait en lui et les hommes qu’il regardait à travers lui ou à travers l’expérience desquels il se regardait. […] Au lieu de regarder le soleil en face on le regardera dans l’eau. […] Je crains qu’il y ait dans ce mot une convention artificielle et scolaire qu’on se transmet sans trop y regarder. […] Dans le charmant pays de joie et de sourire qu’est la Touraine, de jeunes époux réalisent une figure de bonheur aussi agréable à regarder qu’un beau tableau ou un joli paysage.
À l’entrée, sur les escaliers, sous le péristyle, trois ou quatre rangées d’hommes ou de femmes, passant tout le temps de l’exposition, à regarder les gens qui entrent. […] À ce nom, tous les gens du café et le patron lèvent la tête, me regardent, en souriant gouailleusement : un sourire qui me fait comprendre, que c’est un hôtel qui jouit d’une mauvaise réputation, une sorte de maison de passe, et derrière moi une voix s’élève qui crie : « Oh ce monsieur qui est descendu à l’Hôtel du Conservatoire…, il ne sait donc pas, que le maître de l’hôtel a été sifflé au Cirque, il y a huit jours. […] Partout des figures hostiles, des yeux me regardant de travers, des bouches chuchotant des choses méchantes… Oh, mais voici un de mes amis les plus intimes, qui se trouve là, par un hasard inexplicable, et auquel je demande à me reconduire… Et ne voilà-t-il pas que, sans me regarder, sans m’écouter, sans me répondre, il prend la taille d’une femme, se met à valser, et la salle s’agrandissant à chacun de ses tours de valse, il disparaît à la fin dans l’éloignement de la salle, devenue une salle à perte de vue, et où tout le monde a disparu à sa suite, et où dans l’effrayant vide, les lampes s’éteignent l’une après l’autre. […] — En voilà encore un parmi les heureux, regardez-le, s’écrie Régamey, c’est Barthélemy Saint-Hilaire… il est, tout le temps, à parler du bonheur de vivre, des jouissances, que chaque jour apporte. […] Samedi 4 août Les jeunes gens, élevés à la campagne, et passant des heures à contempler le paysage, ou à regarder le bouchon flottant d’une ligne, gagnent à ce trop long contact avec la nature, un lazzaronisme, une torpeur, une paresse de l’esprit, qui les empêchent de faire quelque chose dans la vie.
Oui, les Phèdre et les Hermione peuvent être regardées, un peu, comme des chrétiennes à qui manque la « grâce », du moins la « grâce efficace », sinon le « pouvoir prochain ». […] Le reste du monde, continue-t-il, nous regarde comme des gens perdus et nous méprise. […] Les généraux anglais qui ont combattu dans les Indes regardent le passage de l’Hydaspe et la bataille qui suivit comme des chefs-d’œuvre de tactique. […] (Précepte qui regarde le genre de pièces qu’on aimait avant Racine, mais très peu le théâtre de Racine lui-même.) […] Et alors, à y regarder de près, son cas paraît digne d’une sympathie et d’une pitié immenses.
Cela ne regarde pas la morale générale. […] Il est bien un peu et il se croit beaucoup l’honnête homme intelligent qui n’est pas dupe ou qui ne l’est plus et qui, de sa retraite, regarde l’humanité avec pitié et avec mépris. […] C’est le propre de ces hommes-là de regarder l’humanité et de se dire quelquefois : « Comment peuvent-ils être si scélérats ! […] Donnez-leur un sens droit et une âme honnête ; puis, ne leur cachez rien de ce qu’une âme chaste peut regarder. […] Dans la société, les manières qu’on prend avec tous les hommes ne laissent pas de plaire à chacun : pourvu qu’on soit bien traité, l’on n’y regarde pas de si près sur les préférences ; mais en amour une faveur qui n’est pas exclusive est une injure.
Il y a une complication de destinée qu’il est impossible de débrouiller, et avec laquelle on roule en souffrant, sans jamais prendre terre pour regarder autour de soi. […] Villers regarde comme l’opposé de la superstition, est-elle autre chose que la superstition raffinée des imaginations vives auquelles manque le contre-poids du jugement ? […] Dans ce portrait idéal du sage, tel qu’il le présente, les stoïciens modernes différeraient pourtant des anciens, dit-il, sur quelques points : « Par exemple, ils ne regarderaient pas toutes les fautes comme également graves, tous les vices comme également odieux. […] Ames sublimes et adorables, vos vertus elles-mêmes démentent ces opinions exagérées, contraires à la nature, à cet ordre éternel que vous avez toujours regardé comme la source de toutes les idées saines, comme l’oracle de l’homme sage et vertueux, comme le seul guide sûr de toutes nos actions ! […] Plus vous me changerez, pour ce qui regarde la façon, plus je serai charmé, car vous ne me donnerez par là que plus de grâces.
Il y a, dans chaque poète de cette époque, un acteur : en même temps qu’il chante son amour ou sa peine, il regarde du coin de l’œil les spectateurs. […] Toujours attentifs au concret, ils n’ont pas seulement regardé l’arbre, mais la branche ; non pas seulement la branche, mais la feuille qui palpite au vent. Ils n’ont pas seulement regardé la prairie, mais le brin d’herbe, mais la marguerite qui vient jeter sa note blanche et jaune au milieu de la verdure. […] La beauté n’a pas été leur seul souci : ils se sont regardés comme responsables de leur tribu, comme chargés de la conduire vers les terres promises qu’ils rêvaient. […] On doit donc le regarder comme quelque chose de mieux qu’une hypothèse (Chap.
Ne regardez pas tant ce qu’il est que ce qu’il représente. […] n’en a-t-elle pas de contraires à celles que nous regardons comme les seules qu’il faille suivre ? […] Un esclave l’explique nettement aux spectateurs ; ceci regarde Cléon : on connaît ses goûts crapuleux, son avidité, et ses débauches. […] Encore n’a-t-on lieu de croire que la moitié de ce qu’il dit ; et chacun pour sa sécurité n’a pas besoin d’avoir les yeux si fins, ni de regarder à tout de si près qu’un auteur comique, qui ne cherche qu’à nous divertir sur des articles dont on ne plaisante pas. […] Regardez chaque mouvement, en marchant dans les rues, et demandez-vous le pourquoi de tout : vous trouverez partout le nœud d’un sujet, et votre esprit lui donnera son étendue en le développant.
L’école religieuse et politique, qui regardait la victoire du Génie du christianisme comme la sienne propre, salua son succès avec une joie enthousiaste. […] On ne pensait pas, on regardait l’empereur agir, quand on n’agissait pas sous ses ordres. […] Sans doute, il n’y a rien encore de bien nettement dessiné dans cette situation ; mais regardez-la de près, au regard ajoutez le contact, et, à la lumière et à la chaleur, vous reconnaîtrez un foyer qui rayonnera plus tard. […] Elle n’a pas d’éloignement pour la royauté traditionnelle ; tout au contraire, l’homme qui peut être regardé comme son chef, M. […] Mais si le désespoir de lord Byron regardait la terre, le désenchantement de M. de Lamartine, qui interpelle le sombre poëte de l’Angleterre et cherche à le ramener à Dieu73, regardait le ciel.
» Il nous ouvrit alors une porte qui, de cette cour, nous jeta sur une terrasse. « Tenez, ajouta-t-il, vous venez au bon moment ; regardez et taisez-vous. » Je regardai en effet et de longtemps je n’ouvris la bouche. […] Les orages de la révolution paraissaient calmés ; les murmures des partis retentissaient comme les derniers bruits de la tempête : on regardait ces restes d’agitation comme la vie même d’un État libre. […] Tandis que vous pensez à tant de choses, le canon gronde, votre tête est menacée : mais ce qui est pire, des milliers d’hommes vous regardent, cherchent dans vos traits l’espérance de leur salut.
Car pouvait-il ne pas se regarder comme un assassin, bien qu’il eût obtenu le consentement de l’infortunée qu’il immolait ? […] L’énergie qui ne sait où s’employer inspire les résolutions les plus extravagantes ; mais quand on peut consacrer ses forces à l’indépendance de sa patrie, quand on peut renaître comme nation et faire revivre ainsi le cœur de l’Europe paralysé par la servitude, alors il ne doit plus être question de sentimentalité maladive, de Suicides littéraires, de commentaires abstraits sur ce qui révolte l’âme, il faut imiter ces peuples forts et sains de l’antiquité dont le caractère constant, direct, inébranlable ne commençait rien sans l’achever ; ils regardaient comme aussi lâche dans un citoyen de reculer devant une résolution patriotique, qu’il le serait pour un soldat de fuir un jour de bataille. […] Si je me dérobais au malheur éclatant qui m’est destiné, je ne fortifierais point par mon exemple l’espérance de ceux que mon sort doit émouvoir ; les anciens élevaient leur âme par la contemplation de leurs propres forces, les chrétiens ont un témoin et c’est devant Lui qu’il faut vivre et mourir ; les anciens voulaient glorifier la nature humaine, les chrétiens ne se regardent que comme la manifestation de Dieu sur la terre ; les anciens mettaient au premier rang des vertus la mort qui soustrait au pouvoir des oppresseurs, les chrétiens estiment davantage le dévouement qui nous soumet aux volontés de la Providence. L’activité et la patience ont leur temps tour à tour ; il faut faire usage de sa volonté tant que l’on peut ainsi servir les autres, et se perfectionner soi-même ; mais lorsque la destinée est, pour ainsi dire, face à face avec nous, notre courage consiste à l’attendre, et regarder le sort est plus fier que s’en détourner.
Jamais il n’a été aux gages d’un libraire ; il regarde au-dessous de lui les auteurs mendiants rouler dans la bohème, et, tranquillement assis dans sa jolie maison de Twickenham, sous sa grotte ou dans le beau jardin qu’il a planté lui-même, il peut polir et limer ses écrits aussi longtemps qu’il lui convient. […] C’est pis qu’une cantatrice, c’est un auteur ; on regarde au dos pour savoir si elle n’a pas écrit : « Bon à tirer, porter vite à l’imprimerie. » Pope a donné quelque part la recette avec laquelle on peut faire un poëme épique : prendre une tempête, un songe, cinq ou six batailles, trois sacrifices, des jeux funèbres, une douzaine de dieux en deux compartiments, remuer le tout jusqu’à ce qu’on voie mousser l’écume du grand style. […] Leurs fadeurs cachent une restriction mentale ; en observant bien, vous verriez qu’ils regardent une jolie femme parée et coquette comme une poupée rose, bonne pour amuser les gens une demi-heure par son clinquant. […] Vingt fois, dans un poëme de Pope, on s’arrête pour regarder avec étonnement quelqu’une de ces parures littéraires.
Le roman de Volupté fut aussi une diversion puissante, et ceux qui voudront bien y regarder verront que j’y ai mis beaucoup de cette matière subtile à laquelle il ne manque qu’un rayon pour éclore en poésie. […] non, il n’est point ici-bas de mortelle « Qui se puisse avouer plus heureuse que moi ; « Mais à certains moments, et sans savoir pourquoi, « Il me prend des accès de soupirs et de larmes ; « Et plus autour de moi la vie épand ses charmes, « Et plus le monde est beau, plus le feuillage vert, « Plus le ciel bleu, l’air pur, le pré de fleurs couvert, « Plus mon époux aimant comme au premier bel âge, « Plus mes enfants joyeux et courant sous l’ombrage, « Plus la brise légère et n’osant soupirer, « Plus aussi je me sens ce besoin de pleurer. » C’est que, même au-delà des bonheurs qu’on envie, Il reste à désirer dans la plus belle vie ; C’est qu’ailleurs et plus loin notre but est marqué ; Qu’à le chercher plus bas on l’a toujours manqué ; C’est qu’ombrage, verdure et fleurs, tout cela tombe, Renaît, meurt pour renaître enfin sur une tombe ; C’est qu’après bien des jours, bien des ans révolus, Ce ciel restera bleu quand nous ne serons plus ; Que ces enfants, objets de si chères tendresses, En vivant oublieront vos pleurs et vos caresses ; Que toute joie est sombre à qui veut la sonder, Et qu’aux plus clairs endroits, et pour trop regarder Le lac d’argent, paisible, au cours insaisissable, On découvre sous l’eau de la boue et du sable. […] Je me levai et regardai vers elle avec transe. […] Le temps ne nous regarde plus.
« Je regarde, dit-il, comme juste la haine qu’Alexandre avait pour Callisthène, à cause de sa liberté inconsidérée et de son orgueil insensé. […] Amener les esprits à ce point de bienveillance regarde spécialement le législateur. […] Regardera-t-on si, toute faible qu’elle est, elle peut suffire cependant à gouverner l’État, ou même à former par elle seule une cité complète ? […] C’est ainsi que les peuples mêmes qui tour à tour ont eu la haute direction des affaires de la Grèce, n’ont regardé qu’à leur propre constitution pour faire prédominer dans les États soumis à leur puissance, tantôt l’oligarchie, tantôt la démocratie, inquiets seulement de leurs intérêts particuliers, et pas le moins du monde des intérêts de leurs tributaires.
Le convoi s’avance à travers une haie de troupes et une muraille de peuple ; pas un pavé qui ne porte un homme attendri, pas une fenêtre qui ne regarde passer en pleurant le char, pas un toit qui ne vocifère son cri d’adieu ou son acclamation d’amour, pas un pan du ciel d’où ne tombe sur le suaire une pluie de couronnes d’immortelles, fleurs funèbres qui n’ont pour rosée que des larmes, et qui n’ont de parfum que dans le souvenir et dans l’éternité ! […] Mais si par hasard vous le reconnaissiez, et que, selon sa cordiale et gracieuse habitude, il vous mît sa grosse main sur l’épaule, et qu’il vous retînt par le collet de votre habit, à la manière de Socrate, pour vous sourire ou pour causer un moment avec vous, alors ce geste, ce sourire, ce regard, cette physionomie, ce son de voix, vous révélaient un tout autre homme, et, si vous étiez le moins du monde physionomiste, c’est-à-dire sachant lire les caractères de Dieu sur le livre du visage humain, vous ne pouviez vous empêcher de regarder et de regarder encore cette délicieuse laideur transfigurée par l’intelligence, qui, de traits vulgaires et presque informes, faisait tout à coup, à force de cœur et d’âme, un visage qu’on aurait voulu embrasser ! […] De son œil malicieux et fin, il les regarde avec un sourire d’intelligence qui leur dit : Je suis un d’entre vous, je suis votre compère, je suis votre ménétrier.
On sait du reste que Frédéric n’était pas le philosophe tout idéal et tout à la Marc Aurèle que les gens de lettres ses amis se hâtèrent de promettre un peu témérairement au monde quand il monta sur le trône ; mais il était réellement philosophe par goût, par bon sens, parce qu’il réduisait chaque chose à la juste réalité, et que, tout en faisant vaillamment son rôle et son métier de souverain, il se séparait à tout instant de cette destinée d’exception pour se juger, pour se regarder soi-même et les autres. […] Cependant avec deux gros yeux dont l’un regardait à droite et l’autre à gauche, son regard n’en avait pas moins je ne sais quelle douceur, qu’on remarquait aussi dans le son de sa voix et lorsqu’on l’écoutait, ses paroles étant toujours d’une obligeance extrême : on s’accoutumait à le voir… Il avait pour les arts, et surtout pour la musique, une véritable passion, au point qu’il voyageait avec son premier violon afin de pouvoir cultiver son talent en route.
Il regarda comme de dessus un pont intérieur le fleuve qui passait en lui et qui n’était autre chose que lui. […] D’après mon expérience, que je ne prétends point donner pour preuve de la vérité, je serais donc disposé à conclure que l’état de nos corps, ou un certain mécanisme de notre être que nous ne dirigeons pas, détermine la somme de nos moments heureux ou malheureux ; que nos opinions sont toujours dominées par cet état, et que généralement toutes les affections que l’on regarde vulgairement comme des causes du bonheur ne sont, ainsi que le bonheur même, que des effets de l’organisation.
Mais, si l’on regarde au fond, ce Fénelon-Mirabeau tranche en plein abus et fait de grands abattis de broussailles ; il assainit le pays et ouvre de larges et salubres perspectives. […] Mirabeau n’y regarde pas de si près) : Que faites-vous à Bordeaux ?
A la tête de mes doutes, je mets tous les dogmes de la religion chrétienne ; non que je regarde Jésus-Christ comme un imposteur, c’était, etc., etc, (J’abrège ici des développements incongrus qui, en cet endroit, sont tous du fait de La Beaumelle, non de Frédéric). […] » Milord sourit, vous regarda beaucoup et ne répliqua rien.
» Mais la vue de la récréation aux jours de fête, avec la division tranchée des trois groupes, est d’une belle observation morale et d’un effet lugubre, qui termine bien cette suite de tableaux : « Ces jours-là, après les grâces dites à l’église, les chartreux se promenaient dans le grand jardin, en formant trois groupes séparés : les vieillards excluaient leurs confrères au-dessous de quarante ans, et ceux-ci les confrères au-dessous de trente ; les jeunes erraient pour la plupart seuls, craignant de se communiquer leurs tristes et douloureuses pensées ; la tète baissée, ils regardaient la terre et me semblaient lui demander de se hâter de s’ouvrir pour eux. Pour moi, j’allais des uns aux autres ; sachant que j’avais la permission de leur parler, les uns me questionnaient sur ce qui se passait hors du cloître, les autres sur la théologie ; les vieux m’exhortaient à partager leur sort, tandis que les jeunes, croyant que je devais entrer au noviciat, me regardaient ou avec pitié ou avec des yeux surpris et hébétés. » Il est inutile de dire la fin de l’aventure ; on la devine de reste, et tout se rejoint aisément.
La reine l’a regardé avec beaucoup d’attention. […] Elle regardait les événements qui bouleversaient l’Europe, de son fauteuil et par la fenêtre.
Les spectacles de cette espèce doivent être regardés d’en haut. » Sancho parlerait comme ce berger. […] Sous prétexte de chasser, à la maison de campagne où je me suis retirée, il va, vient, regarde, écoute, indiscret autant qu’osé, et, pour me faire dépit, il tire à mon colombier ; les flèches qu’il lance en l’air, à mon cœur sont adressées : le sang de mes colombelles a rougi mon tablier… » Ce sont des restes de chants populaires qui ont passé dans le drame, et dont un auteur espagnol n’aurait osé se priver.
Il la regardait presque comme une calamité nationale. […] je ne sais pas plus me cacher que m’apprendre ; la personne qui me regarde sans me voir et m’écoule sans me connaître ne me comprendra jamais.
Individus et œuvres Regardons d’abord les individus et les œuvres dans leur propre et personnel caractère. […] Coeffeteau, regardée comme un modèle de la prose française, et qui n’est qu’une traduction paraphrasée de Florus, sans érudition ni critique.
Comme nous regardons de plus près, nous voyons mieux l’inépuisable et divertissante variété des choses. […] Souvent il a dû, pour rétablir la scène de quelque crime, examiner des plans d’appartement, regarder de près des mobiliers, passer en revue, et méthodiquement, de menus objets.
La théorie des deux morales, c’est-à-dire, pour parler net, le privilège accordé aux souverains et aux hommes d’État de manquer à la morale dans un intérêt public ou qu’ils estiment tel, peut être également l’erreur volontaire et calculée d’un prince selon Machiavel — ou l’illusion d’un mystique, comme paraît avoir été ce mélancolique empereur au souvenir de qui trop de douleur s’attache pour que nous puissions, nous, le juger en toute liberté d’esprit, mais qui, au surplus, se trouverait sans doute suffisamment jugé, si l’on regarde sa fin, par le mot de Jocaste à Œdipe : « Malheureux ! […] De telles figures sont bonnes à regarder.