À leur démarche fatiguée et chancelante, à leur teint hâlé, on pouvait reconnaître qu’ils venaient de loin. […] Ou bien peut-être que le bonheur, le vrai bonheur de ma vie, a passé tout près de moi, m’a souri de son sourire radieux, et que je n’ai pas su le reconnaître. […] Lise, chancelante, avança la tête avec terreur ; elle le reconnut. […] Ce banc avait noirci et s’était recourbé ; mais il le reconnut, et son âme éprouva ce sentiment que rien n’égale, ni dans sa douceur, ni dans sa tristesse, ce sentiment de vif regret qu’inspire la jeunesse passée, le bonheur dont on a joui autrefois. […] Lavretzky ne se serait pas reconnu lui-même, s’il avait pu se voir de la même façon dont il se représentait Lise.
Là, on le retrouve ; on reconnaît l’auteur du Père Goriot, à la description nette et vive des costumes et des allures. […] Il n’est pas seul de sa famille, et toute une création moderne en remontant à Obermann et au chaste héros de Volupté, le reconnaît pour son parent. […] De suite on le ressent, de suite on se plaît dans cet air plus vif et plus franc, et bien qu’on se trouve porté à considérer cette jolie nouvelle comme une inspiration un peu directe de Manon Lescaut, on doit reconnaître que l’auteur y a apporté beaucoup du sien. […] Pour ce qui est de l’ouvrage dont nous nous occupons en ce moment, nous ne pouvons lui reconnaître une valeur égale, et, bien à contrecœur, nous devons avouer que ce recueil de nouvelles, charmant par occasion, ne se conforme pas autant qu’il le faudrait aux exigences sévères du genre. […] C’est peut-être pour n’avoir pas assez étudié ce genre nouveau et reconnu toute l’ampleur de ses droits, qu’on s’est si fort fâché contre M.
Mais il suffit de lire trois pages de Rédemption pour reconnaître de quelle façon M. […] En même temps, soit réalité, soit effet d’une conscience troublée, soit commencement de délire aux approches de la mort, l’hetman croit reconnaître sa victime dans la personne du jeune Cosaque. […] Si le successeur de Boris était vraiment Démétrius, son premier mouvement ne devait-il pas être de courir chez sa mère, et, si sa mère le reconnaissait, qui désormais pourrait douter ? […] je te reconnais, c’est toi, Horrible créature ! […] Les chefs ecclésiastiques, seul pouvoir moral que reconnût au douzième siècle la société, durent voir avec effroi des doctrines d’indépendance ébranler les seules autorités auxquelles eux-mêmes reconnussent la force comme le droit de maintenir la morale sociale, et même par l’injustice et la persécution ils défendirent de bonne foi leur temps d’un danger réel, et la vérité d’un triomphe prématuré. » Ajoutons, hélas !
Établissez clairement leur division, on les jugera sur les lois qui les constituent, on les classera dans leurs rangs, et on reconnaîtra leur bonté relative. […] Eh, tant mieux s’il ne s’y fait plus reconnaître ! […] L’homme d’épée ne parlera pas du ton de l’homme de robe, ni le libertin n’aura l’onction du dévot ; on ne les saurait plus reconnaître. […] Elle emporte avec elle toute la gaîté qu’il excita en contrefaisant ses manies : bientôt on cesse de reconnaître leurs caricatures effacées, quelque ressemblantes qu’elles fussent à leur époque. […] C’est aller trop loin sans doute, et je reconnais d’avance mon tort, ayant peur, comme on le sait, de m’attirer les critiques.
Dans la dérivation philosophique le génitif est la racine génératrice d’une infinité de mots, soit dans la langue latine même, soit dans celles qui y ont puisé ; on en reconnoît sensiblement la figurative dans ses dérivés. […] J’avoue que l’interception du son caractérise en quelque sorte toutes les articulations unanimement reconnues, parce qu’elles sont toutes produites par des mouvemens qui embarrassent en effet l’émission de la voix. […] On peut reconnoître par-là la fausseté d’une remarque que l’on trouve dans la Grammaire françoise de M. l’abbé Regnier (Paris, 1706, in-12, p. 31.), & qui est répétée dans la Prosodie françoise de M. l’abbé d’Olivet, page 36. […] ) qui prête ici son organe à ceux qui ne veulent pas même reconnoître h pour une lettre ; mais leurs raisons demeurent toujours sans force sous la main même qui étoit la plus propre à leur en donner. […] Mais si enfin l’on est forcé de reconnoître dans quelques phrases l’existence de l’hypallage, il faut la prendre pour ce qu’elle est, & avouer que l’auteur s’est mal expliqué.]
On reconnaissait dans la civilisation la vraie barbarie. […] Les baudelairiens reconnaîtront qu’Obermann les devance et contient le germe de toutes les psychoses romantiques. […] N’y reconnaissons-nous pas la fameuse « maladie du doute » ? […] peut-il reconnaître au christianisme la grandeur morale, mais non la beauté. […] Je reconnais qu’il n’a manqué à Epictète que d’exister du temps de Mme de Staël (ou de George Sand) pour être le conseiller spirituel de ces illustres personnes.
m’a-t-elle reconnu ? […] Le type est pris sur le vif ; on reconnaîtrait facilement tels individus que M. […] et je reconnais le droit d’être examiné à ce prince des gâteux. […] Si vous la connaissez, l’avez-vous reconnue ? […] Elle me reconnut sans trop de peine.
de la Harpe, son ami, lui a prodigués, on devroit le regarder comme un grand Littérateur & un bon Poëte ; mais s’il faut le juger d’après ses propres Ouvrages, on peut assurer qu’il n’annonce pas même le germe des qualités que son Panégyriste lui reconnoît.
En parcourant les pages heureuses de ce petit volume, on reconnaît que l’auteur appartient à la famille littéraire de Brizeux, de Charles Dovalle et d’Hégésippe Moreau, dont les vers discrètement émus chantent longtemps dans la mémoire.
On peut plus ou moins aimer cette œuvre, selon qu’on y reconnaît plus ou moins les pensées et la situation de son âme, selon qu’on est plus ou moins facile à la vibration poétique ; on peut la réprouver plus ou moins vivement, selon qu’on est plus ou moins sûr d’avoir trouvé le remède moral et la vérité ; mais on ne peut qu’être émerveillé de ces ressources infinies dans une femme qui a commencé, il y a environ dix-huit mois, à écrire. […] Les jours où je me sentais agitée au point de ne pouvoir plus reconnaître la ligne de démarcation imaginaire tracée autour de ma prison, je l’établissais par des signes visibles ; j’arrachais aux murailles décrépites les longs rameaux de lierre et de clématite dont elles étaient rongées, et je les couchais sur le sol aux endroits que je m’étais interdit de franchir : alors, rassurée sur la crainte de manquer à mon serment, je me sentais enfermée dans mon enceinte avec autant de rigueur que je l’aurais été dans une bastille. » J’indiquerai encore dans le début toute cette promenade poétique du jeune Sténio sur la montagne, la description si animée de l’eau et de ses aspects changeants, et, au sein de la nature vivement peinte, les secrets surpris au cœur : « Couché sur l’herbe fraîche et luisante qui croît aux marges des courants, le poëte oubliait, à contempler la lune et à écouter l’eau, les heures qu’il aurait pu passer avec Lélia : car à cet âge tout est bonheur dans l’amour, même l’absence. » On pourrait, chemin faisant, noter dans Léliaune foule de ces douces et fines révélations, dont l’effet disparaît trop dans l’orage de l’ensemble.
Decazes, et non de l’homme en qui j’ai toujours reconnu, malgré nos querelles, les qualités qui pouvaient faire un homme d’État. […] Ils commandaient, non parce qu’ils en avaient la capacité, on ne le savait pas encore, mais parce qu’on pouvait toujours les reconnaître au milieu de la foule et partout où ils se portaient.
Moins ils étaient avancés dans la carrière des sciences, moins ils reconnaissaient les bornes de l’esprit humain. […] Les anciens prenaient souvent leur point d’appui dans les erreurs, souvent dans des idées factices ; mais enfin ils se sacrifiaient eux-mêmes à ce qu’ils reconnaissaient pour la vertu ; et ce qui nous manque aujourd’hui, c’est un levier pour soulever l’égoïsme : toutes les forces morales de chaque homme se trouvent concentrées dans l’intérêt personnel.
La lecture devant le Comité est une nécessité injurieuse que l’on subit ; mais il faudrait être bien humble pour reconnaître la juridiction littéraire de cette assemblée. […] Si vous vouliez bien le reconnaître vous-même (et pourquoi non ?
L’Italie le reconnut et le proclama elle-même avec un enthousiasme qui fut porté jusqu’à l’excès et lui fit répudier l’antique génie de la nation. […] Santeul se refusa absolument à le reconnaître et prétendit que ce visiteur solennel n’avait rien de commun avec Arlequin.
C’est pourquoi l’union libre n’a pas d’existence reconnue et ses conséquences sont presque traitées par le code comme des délits. […] Le droit actuel méprise ou ignore l’individu en tant que tel ; il ne le protège qu’en tant que membre d’un groupe reconnu et autorisé.
C’est sans doute une preuve de sagacité d’avoir reconnu le fond des intentions du poète ; mais n’avoir point remarque que la direction franche et naturelle est détournée dans l’exécution, que le trait primitif du dessin tracé dans la pensée de l’auteur s’est à peu près effacé et pour ainsi dire oblitéré dans l’ouvrage, et n’avoir point pénétré le motif de cette altération, c’est n’avoir pas porté la sagacité assez loin. Si on l’avait exercée à découvrir pourquoi ce poète, si heureux pour l’ordinaire dans le choix de ses sujets, qui marque toujours si clairement son but, qui y marche si franchement, a manqué ici de ces mérites, on aurait reconnu ce qu’il y avait d’embarrassant dans sa position en face de la société qu’il voulait attaquer pour plaire au roi, et qui, puissante dans l’opinion, gagnait tous les jouis dans l’esprit du roi lui-même.
Otsouka, reconnut que c’était une écritoire du xviie siècle — personne au monde n’ayant un soupçon de la main illustre qui avait fabriqué cette curiosité. […] Une froide nuit d’hiver (décembre 1701) à l’heure du bœuf (2 heures du matin), dans une tourmente de neige, les conjurés, vêtus d’un surtout noir et blanc pour se reconnaître, et en dessous de toile d’acier, marchent silencieusement vers le yashki de l’homme dont ils se sont promis d’aller déposer la tête sur le tombeau de leur seigneur.
La seconde présente beaucoup moins d’obstacles à lever : car, si l’on ne met rien ou presque rien sur le compte des démons, si l’on reconnoît que les oracles ne sont que l’ouvrage de la fourberie, on ne s’intéressera plus à les faire finir précisément à la venue de Jésus-Christ. […] Baltus, ausquels il fit part de son ouvrage, & qui reconnurent mal cette marque d’estime : on prévint contre lui le gouvernement : on rendit sa religion suspecte.
… L’auteur, — il ne s’est pas nommé, mais tout le monde l’a fait pour lui, parce que le style est une signature que l’on reconnaît toujours, et qui n’est pas comme l’autre à la portée des faussaires, — l’auteur est un de ces esprits qu’on peut repousser ou accepter, adorer ou maudire, mais qui ont du moins le mérite de l’outrance, et pour nous ce mérite doit être compté, même quand il est seul. […] Hugo, dont on reconnaît la coupe, la solennité du mouvement et l’image, mais renversée du sérieux au burlesque : Un jour Ali passait, les têtes les plus hautes, etc.
Nous aimons à louer avec ferveur et sympathie, un talent très-réel, très-ému, très-naturel et aussi très-cultivé, mais il faut bien reconnaître que M. de Châtillon, triple artiste, peintre, sculpteur et poète, qui n’est pas un jeune homme sans expérience, et dont le début pour le public n’est pas un début pour la Muse, n’a pas su préserver un talent d’une inexprimable délicatesse des épaisseurs et des grossièretés de l’art de son temps. Il faut reconnaître qu’on est presque en droit de lui appliquer la jolie pièce des Pigeons qui ont fané, en volant bas, l’iris de leur plumage.
Il faut reconnaître que c’est en Amérique surtout que l’on constate les plus sérieux progrès, sur un terrain assurément plus favorable. […] La convention postale de Berne de 1874, complétée et améliorée dans des conférences postérieures, crée une Union postale universelle constituant un véritable code ; en cas de litige entre deux pays, un arbitrage international décide… Si l’on ajoute à ces grands traités l’immense quantité de conventions relatives à l’hygiène publique, à l’extradition des criminels, aux relations commerciales, à la faillite, aux successions, aux abordages, à la situation juridique des étrangers, aux monnaies, aux poids et mesures, et qu’on considère les mille difficultés que provoque leur exécution, on est obligé de reconnaître que le monde entier enserré dans les liens innombrables qu’ont tressés sur lui les relations chaque jour plus étendues des peuples, forme lui-même un vaste État, où le droit existe, où la loi s’impose, et qui réclame impérieusement une juridiction commune pour ses intérêts communs. » Ajoutons à cette brève nomenclature, un exemple tout récent et fort typique.
Mais avec le temps les choses changèrent au point que Constantin abolit entièrement les formules, et qu’il fut reconnu que tout motif particulier d’équité prévaut sur la loi. Tant les esprits sont disposés à reconnaître docilement l’équité naturelle sous les gouvernements humains !
Donc, quelque étrange que cela nous paraisse, il faut reconnaître que le but du peintre, quoiqu’il ne soit pas de nature pittoresque, est accessible. […] Je sortis de mon refuge et je vis Leggiero accompagné d’un individu que je reconnus tout de suite et dont la vue me réconforta. […] c’est là ce que je ne saurais dire, mais ce que reconnaîtront, je l’espère, les lecteurs français du roman. […] Que le moule qu’il choisit soit ou non reconnu par ce qu’on appelait jadis la théorie des genres, il ne s’en inquiète guère. […] Comment, comment le reconnaîtrai-je ?
Flaubert reconnaît qu’il fume, qu’il peut lui arriver de jurer, mais viveur ! […] Flaubert se reconnaît là avec enthousiasme, — et avec raison. […] Les femmes ne s’y trompent pas, elles reconnaissent en elle leur misère et leur beauté intérieures, comme un homme d’imagination noble se reconnaît dans Don Quichotte. […] Bovary » et reconnaissait en cet homme son image agrandie. […] On y reconnaît quelque influence de Montesquieu.
Les églogues qu’il a publiées ont ce parfum de terroir, qui ne trompe pas, et par quoi on reconnaît réellement, depuis Horace jusqu’à M.
On reconnoît dans ses Ecrits cet emportement de démence & d’atrocité, que la Religion réprouve dans ses aveugles défenseurs, & qui ne doit être le partage que des Adversaires plus aveugles encore qui la combattent.
Cet Ouvrage, d’une utilité reconnue, suppose autant de travail & de mémoire, que de goût & de jugement.
Le succès soutenu de cette Production prouve que le Public, prévenu par des artifices, reconnoît ses méprises, & revient chaque jour du fol enthousiasme qui les a occasionnées.
Pris un à un, chacun de ces sonnets fait plaisir à lire, et l’on peut sans difficulté reconnaître la tactique excellente de M.
Cela pouvoit être ; mais cette critique ne doit pas nuire au mérite de ses Ouvrages, qui sont d’une utilité reconnue.
On chercheroit vainement dans ses Mémoires, tels qu'il les a écrits lui-même [en dépit de ce que M. de Voltaire a pu dire pour prouver qu'il n'en étoit pas l'Auteur], de l'ordre, de la suite, de la précision ; mais on y reconnoît un génie supérieur, qui, lors même qu'il néglige les devoirs de l'Ecrivain, annonce le Grand Homme.
Lui qui a si ingénieusement et si justement comparé la suite des âges et des siècles à la vie d’un seul homme, lequel, existant depuis le commencement du monde jusqu’à présent, aurait eu son enfance, sa jeunesse, sa maturité, comment n’a-t-il pas reconnu que cet âge de jeunesse qu’il rejetait dans le passé était en effet le plus propre à un certain épanouissement naturel et riant, dont l’à-propos ne se retrouve plus ? […] On reconnaît dans ce charmant couplet de Théocrite la note première du Quem tu Melpomene semel d’Horace. […] Mais comme beaucoup de ceux qui seraient tentés de railler avec nous La Motte sur ce que son opinion a d’excessif pourraient bien être en partie du même avis plus qu’ils ne se l’imaginent, il est mieux de parler sérieusement et de reconnaître ce qui est. […] car je ne vis jamais jusqu’à cette nuit la beauté véritable. » Et à travers les Capulets qui l’ont reconnu, il va droit à Juliette ; il lui demande sa main à baiser, en bon pèlerin, puis ses lèvres tout d’emblée : ce gentil pèlerin ne marchande pas. — Et Juliette, dès qu’il s’est éloigné, que dit-elle ? […] On a reconnu là le sentiment du beau passage d’Horace… carent quia vate sacro .
Qui de nous ne se reconnaît pas dans cette peinture de l’enfant captif au dernier échelon de quelque cage paternelle ? […] » Il rentre ensuite auprès de Faust et l’emmène, en brillant équipage, à travers le monde, qui ne le reconnaît plus. […] Il ne se reconnaît plus ; l’air saint qu’il respire le sanctifie à son insu. […] Ainsi tu m’as reconnu, petit ange, dès que j’ai mis le pied dans le jardin ? […] Marguerite descend cependant pour recevoir le dernier soupir de son frère adoré ; il la reconnaît avec horreur, l’appelle des noms les plus infâmes en présence de toute la ville, et meurt intrépide en la maudissant.
La duchesse reconnut madame Récamier dans une allée de cyprès de la villa. […] Vous reconnaissez enfin tout ce que vous êtes pour moi. […] Je n’osai pas la saluer ; elle n’avait pas de raison de reconnaître dans un étranger errant sous les pins de la campagne de Rome un de ses danseurs de Paris. […] Voyez comme il les reconnaît et s’en accuse. […] Reconnu dans la rue par la jeunesse des Écoles, qui saluait en lui le génie dans l’opposition, il fut conduit jusqu’à sa porte par des acclamations qui n’étaient qu’une bouffée de vent tiède dans une tempête de feu.
Alfieri, au milieu de ses récriminations irritées, est bien obligé de reconnaître que ces plaintes étaient justes. […] Fou d’enthousiasme ou de fureur, nous reconnaissons l’auteur d’Antigone et de Virginie ; mais bientôt, quand il arrive à Londres, il ne songe plus qu’aux belles têtes de chevaux, aux fières encolures, aux larges croupes, et son grand souci est de faire traverser le détroit à ces quinze nobles bêtes dont il va enrichir ses écuries. […] Il la reconnut, la légitima, et lui rendit le nom, désormais libre, de duchesse d’Albany. […] Si je me montrai alors bas et dissimulé, ce fut donc par excès d’amour, et il faudra bien que celui qui rira de moi reconnaisse en moi son image. […] Après quoi, je pliai bagage pour toujours ; et si depuis j’ai composé quelque pauvre petit sonnet, quelque chétive épigramme, ç’a été sans l’écrire ; ou si je les ai écrits, je ne les ai point gardés, je ne saurais où les retrouver, et ne les reconnais plus pour être de moi.
« Les amis de Balzac reconnaîtront la vérité de ces lignes, que ceux qui ne l’auront pas connu pourront taxer d’exagération. » IX Étudions l’homme dans sa vie : Il était né à Tours en 1799. […] « Je commence, toutefois, à tâter et reconnaître mes forces ; sentir ce que je vaux et sacrifier la fleur de ses idées à de pareilles inepties ! […] Je réfléchis, mes idées mûrissent, je reconnais que la nature m’a traité favorablement en me donnant mon cœur et ma tête. […] Si l’homme était capable de profiter de l’expérience, il reconnaîtrait que le gouvernement parlementaire n’est bon qu’à renverser successivement tous les régimes qui l’admettent. […] Voilà pourquoi les gouvernements parlementaires les plus libres n’ont jamais reconnu à l’armée sous les armes le droit électoral.
Cette considération, en effet, mènerait, ou à l’ancien finalisme, qui faisait de l’homme le centre de l’univers, ou à l’hégélianisme pur, qui ne reconnaît d’autre manifestation de la conscience divine que l’humanité. […] Il est temps que la raison cesse de critiquer les religions comme des œuvres étrangères, élevées contre elle par une puissance rivale, et qu’elle se reconnaisse enfin dans tous les produits de l’humanité, sans distinction ni antithèse. […] Car l’humanité est bien plus facile à reconnaître dans ses produits que dans son essence abstraite, et dans ses produits spontanés que dans ses produits réflexes. […] Lui-même se prête complaisamment ou même donne occasion à ces croyances : il reconnaît dans un temple de la Grèce les armes qu’il a portées au siège de Troie. […] Sa divinité fut reconnue dans toute la Sicile, il la proclama lui-même. « Amis, qui habitez les hauteurs de la grande ville baignée par le blond Acragas, écrit-il au début d’un de ses poèmes, zélés observateurs de la justice, salut !
Empressons-nous de reconnaître que les plus artistes d’entre eux furent exempts de ces arrière-pensées d’apostolat. […] À cette probité du fond, se reconnaît le naturel positif et raisonnable de notre race. […] Nous en croirons le témoignage de nos yeux et nous jugerons à la façon du peuple, dont l’instinct reconnaît sans hésiter « les êtres de race », — exemplaires uniques d’une perfection relative, devant lesquels tous les autres tombent au niveau d’ébauches grossières ou manquées. […] Tous les vrais aristocrates d’une nation se reconnaissent à première vue, d’où qu’ils viennent. […] Ils diront adieu à la vieille utopie sentimentale de fraternité universelle, pour laquelle nous avons gâché tout un siècle de notre histoire ; et si chacun d’eux garde au fond de son cœur les cultes de ses pères, ils ne reconnaîtront d’autres divinités pour la Patrie que la Force qui fonde les empires et la Raison qui la conduit !
Il lui reconnaît, d’ailleurs, des qualités : « Il avait de l’esprit, dit-il, de la lecture, de la valeur. » Disons tout de suite que Lassay, dans les aveux et les confidences qu’il nous fait sur lui-même, ne dément pas trop le jugement de Saint-Simon. […] Il remplit son ordre en homme qui avait fort envie de réussir ; il lui fit envisager tout ce qu’elle avait à craindre et à espérer, et il lui dit enfin qu’il ne tenait qu’à elle d’être reconnue le lendemain duchesse de Lorraine par le roi ; qu’elle n’avait qu’à faire signer à M. de Lorraine un papier qu’il avait apporté avec lui et qu’il lui montra, et qu’elle serait reçue au Louvre avec tous les honneurs dus à un si haut rang ; mais que, si elle refusait de faire ce que Sa Majesté souhaitait, il y avait à la porte un de ses carrosses, trente gardes du corps et un enseigne, qui avaient ordre de la mener au couvent de La Ville-l’Évêque ; ce que Madame demandait avec beaucoup d’empressement. […] Il signale les vices d’organisation dans l’armée des Impériaux ; il en reconnaît les éléments solides, la supériorité de la cavalerie sur l’infanterie, et par où pèche celle-ci : « Ils ont peu d’officiers ; et on ne voit point dans ceux qu’ils ont un certain désir de gloire qui est dans les officiers français. » Lorsqu’il en vient aux Turcs et à leur gouvernement, il donne aussi ses idées, ses pronostics ; il se livre à des considérations proprement dites, et tourne le tout à la plus grande gloire de Louis XIV qu’il se plaît à supposer voisin de l’Empire ottoman, pour lui faire faire de ce côté des conquêtes plus faciles à exécuter, prétend-il, que ne l’a été celle des Pays-Bas.
Il y en a pourtant qui, pour n’être pas si polies, ne laissent pas d’imprimer du respect et de la révérence. » Ce jugement de l’abbé de Rancé est celui d’un homme de sens et de goût ; il fait les deux parts et reconnaît, même aux vieilles hymnes dont le langage rebute parfois, ce caractère qui imprime de la révérence. […] Arnauld est mort chef d’un parti déclaré contre l’Église, étant lui-même ecclésiastique et d’un ordre dont la doctrine a toujours été sans reproche, eût voulu louer et préconiser un hérésiarque, reconnu par l’Église et la France pour tel, et que si le roi savait cela, etc… Santeul effrayé, et qui avait une pension du roi de huit cents livres, s’excusa en paroles, désavoua les vers comme il put ; mais Jouvency voulait une rétractation non pas seulement verbale, mais écrite. […] Cette prévention où étaient les médecins les obligea à lui donner par deux fois de l’émétique, qu’il garda toujours très fidèlement ; remède entièrement contraire à son mal, qui était, comme on l’a depuis reconnu, une inflammation au bas-ventre.
Il n’y a pas à combattre, car on est disposé, même en se tenant à distance, à lui rendre toute justice et à reconnaître ses mérites d’esprit. […] Arrêté sur la hauteur d’où le pays se montre plus étendu et plus riche, il suit le cours des eaux qu’il a su maîtriser, il reconnaît ses ombrages, ses abris de prédilection, les champs fécondés par ses sueurs, des glands semés par lui devenus chênes ; le même soleil éclaire encore de ses rayons obliques et toujours amis la longue route qu’il a suivie, et les sentiers mystérieux par lesquels la bonne Providence l’a doucement conduit à elle… » Ce qui suit, et qu’il faut lire, sur les infirmités et l’usage moral qu’on en peut faire est fort beau, Dans ces termes adoucis, je cesse de contredire, et je m’efforcerais plutôt de m’associer aux affectueuses espérances de l’auteur. […] On aura reconnu ici Mme de Krüdner, et précédemment la comtesse S… of, la duchesse de Sagan et Mine de Lieven.