Les gens d’une bonne trempe, en fouillant dans leur propre fonds, y trouveront toujours du neuf et quelque chose de particulier qui leur fera plus d’honneur que de se parer des plumes d’autrui.
Ils furent grands, mais ils coûtèrent cher aux alliés, tant pour les dépenses exorbitantes que leur occasionnèrent les sièges, que par la perte, suivant leur propre aveu, de plus de quarante mille hommes, tués ou enlevés par les maladies qui désolèrent leur armée. » L’audacieux Villars savait donc se comporter, quand il le fallait, comme un général très-prudent.
Il aurait pu le critiquer, il ne le fait pas ; mais, en décrivant comme amoureusement ses tableaux, il énerve à dessein son expression, il la subtilise et l’effrange pour ainsi dire, il la rend plus diaphane ou plus miroitante que de raison ; il donne à son propre style quelques-uns de ces agréables défauts du peintre, s’inquiétant peu, pourvu qu’il les exprime, qu’on l’accuse ensuite de les partager : « M.
Cet Édouard, contre lequel Émile se montre si irrité et qu’il veut châtier, est son propre frère utérin, le fils légitime de sa mère, et l’abbé lui nomme alors cette mère pour la première fois. — « J’ai donc des parents, repris-je vivement avec un mouvement qui ressemblait à de la joie, mais qui dura moins de temps qu’il n’en fallut pour l’exprimer. » — Ceci est beau, beau de nature ; car, au moment même où cette joie le traverse, une angoisse cruelle a saisi l’âme d’Émile : il avait déjà provoqué Édouard, déjà le duel est réglé, c’est le lendemain malin qu’il doit se battre, et il apprend que c’est contre un frère !
La pièce commence au moment où le nouveau comte Herman est bien près de redevenir le duc Pompée : il est en coquetterie suivie, sans trop s’en rendre compte, avec une cousine de sa femme, Emma de Lansfeld, fiancée du baron Fritz, lui-même le propre frère de sa femme, et de la sorte, c’est avec sa prochaine belle-sœur qu’il est tout près de nouer intrigue.
L’intelligence du style et de la couleur propre à chaque temps et à chaque œuvre est une conquête de notre âge ; ce qui n’empêche pas, dans la multiplicité, quelque confusion.
Nous y avons tous cédé plus ou moins dans nos propres confessions aussi, en vers ou en prose ; mais elle, elle était femme et devait s’en souvenir ; elle pouvait, si elle le voulait absolument, indiquer le fait en glissant un peu ; il y a manière de tout faire comprendre et de tout dire ; mais cette confidence de sang-froid, sous la plume d’une belle personne restée honnête et qui s’appesantit sur une sale image, est tout à fait déplaisante.
« La reine ignore l’art de s’attacher des créatures dans sa propre Cour.
J’avais cherché un moyen qui m’a longtemps échappé ; il me fallait une personne sûre et bien posée68, qu’il ne pût pas déjouer… Enfin, la personne la plus propre à une pareille négociation, le comte de La Marck, s’est rencontré sous ma main et je l’ai employé sur-le-champ.
Le célèbre abbé Pucelle, conseiller clerc au Parlement de Paris, une des hautes vertus, une vertu proverbiale de son temps, et le modèle des magistrats parlementaires, que les Jansénites ont appelé cet homme incomparable, était par sa mère un propre neveu de Catinat.
Chaque forme de dune a son appellation propre : celle qui est en pente douce, en dos d’âne, s’appelle autrement que la dune, véritable montagne, et qui atteint parfois les dimensions des montagnes ordinaires ; celle qu’on a comparée à la lame d’un sabre, et dont l’une des parois est verticale, à pic, ne se désigne pas comme celle qui a deux pentes normales.
À voir, cependant, chez elle l’emploi de ce patois si libre, si naïf, si coloré, je me suis rappelé une remarque du comte Jaubert, qui se trouve des mieux justifiées : « On peut soutenir sans paradoxe, dit-il dans la savante Introduction au Glossaire du centre de la France, que les patois déploient généralement un luxe de tropes à étonner Dumarsais lui-même, une originalité, une sorte de génie propre, capable non seulement d’intéresser, mais même d’offrir certaines ressources au grand art d’écrire. » Il y faut seulement, pour ce dernier point, du choix et de la sobriété.
Je ne le pense pas, et d’Alembert, en exprimant la pensée que relèvent avec un tel dédain nos jeunes amis, n’a fait qu’exprimer quelque chose de sensé et d’humain, qui n’est sans doute pas l’essentiel et le propre de l’art, mais qui ne saurait non plus être incompatible avec lui.
Fournier, qui connaît les rues de Paris au temps de Louis XIV mieux que nous ne connaissons celles d’aujourd’hui ; qui sait le nom de chaque hôtel un peu considérable ; qui distingue les boutiques mêmes et leurs enseignes, cherche partout des noms propres, des adresses précises aux Portraits de La Bruyère.
Cousin a très-bien remarqué, dans sa préface du Sic et non, que le propre de la renaissance du xiie siècle avait été, pour la philosophie, d’être excitée déjà suffisamment, et non opprimée encore, comme le xvie , par l’antiquité.
Mieux il connut Mme M… et ses origines, et moins il prévit d’obstacles insurmontables à ses désirs dans sa propre famille à lui.
Naturellement, selon les lois de l’éloquence et du lyrisme, leurs développements des situations particulières et des sentiments individuels tendent à l’universel, au lieu commun : d’autant mieux que, ne comprenant rien à la nature propre du drame, ils sont amenés fort logiquement à le prendre comme une allégorie morale, destinée à l’instruction : pourquoi raconterait-on ces choses extraordinaires, si ce n’est pour l’exemple ?
Ce qu’il aperçoit, au lieu de races immuables, « c’est le puissant travail de soi sur soi, où la France par son progrès propre va transformant tous ses éléments bruts ».
Le vertueux romancier naturaliste qu’on entrevoyait dans Pot-Bouille, le monsieur du second, le seul locataire propre de la maison de la rue Choiseul, traverse l’Œuvre à la façon d’un bon Dieu, faisant le bien et prononçant des discours.
En dehors de la Révolution française, aucun milieu historique ne fut aussi propre que celui où se forma Jésus à développer ces forces cachées que l’humanité tient comme en réserve, et qu’elle ne laisse voir qu’à ses jours de fièvre et de péril.
Le moment où, des deux jumeaux, celui qui passe pour le cadet, Landry, se détache, prend le dessus, et se met décidément à devenir l’aîné, à voler de ses propres ailes et à se faire homme, est admirablement saisi.
Il semble qu’entre les poètes français La Fontaine seul ait, en partie, répondu à ce que désirait Fénelon lorsque, dans une lettre à La Motte, cet homme d’esprit si peu semblable à La Fontaine, il disait : « Je suis d’autant plus touché de ce que nous avons d’exquis dans notre langue, qu’elle n’est ni harmonieuse, ni variée, ni libre, ni hardie, ni propre à donner de l’essor, et que notre scrupuleuse versification rend les beaux vers presque impossibles dans un long ouvrage. » La Fontaine, avec une langue telle que la définissait Fénelon, a su pourtant paraître se jouer en poésie, et donner aux plus délicats ce sentiment de l’exquis qu’éveillent si rarement les modernes.
Frédéric avait ce caractère propre aux grands hommes, qu’avec lui la première vue surpassait encore l’attente.
Et élevant de plus en plus sa pensée et son cœur, réduisant sa propre souffrance à ce qu’elle est dans l’immense sein de la nature, s’y voyant non plus seulement soi, mais des royaumes entiers, comme un simple point dans l’infini, il ajoute en des termes qui rappellent d’avance Pascal, et dont celui-ci n’a pas dédaigné d’emprunter le calque et le trait : Mais qui se représente comme dans un tableau cette grande image de notre mère nature en son entière majesté : qui lit en son visage une si générale et constante variété ; qui se remarque là-dedans, et non soi, mais tout un royaume, comme un trait d’une pointe très délicate, celui-là seul estime les choses selon leur juste grandeur.
À l’égard de celles qui se distribuaient à Paris, elles se portèrent la première année chez tous les gratifiés, par le commis du trésorier des Bâtiments, dans des bourses de soie d’or les plus propres du monde ; la seconde année, dans des bourses de cuir.
Elle ne pense qu’à élever ses enfants selon les vrais principes, à concilier l’amour et la vertu, la nature et le devoir ; à faire dans ses terres des actes de bienfaisance dont elle ne manque pas d’écrire aussitôt le récit, afin de jouir de ses propres larmes, — des larmes du sentiment.
Cette aune, reprochée ainsi publiquement, lui resta longtemps sur le cœur ; pourtant la phrase de début du général d’Albignac : « C’est dommage que vous ne soyez pas né vingt-cinq ans plus tôt », réparait un peu l’impression en lui ; l’à-propos de sa propre réponse était fait aussi pour le réconcilier avec ce souvenir, et il aimait plus tard à raconter l’anecdote à ses heures de bonne humeur et de gaieté, en imitant le ton de voix et les gestes du général11.
Tout l’œuvre du poète qui vient de mourir est inspiré par cette double pensée : relever, à ses propres yeux, le bourgeois défaillant et décadent par l’exemple des hautes vertus bourgeoises ; flétrir, comme on flétrissait la forfaiture d’un gentilhomme, les défaillances des bourgeois indignes d’être inscrits au livre d’or de la bourgeoisie.
Colbert et pour le cardinal Massimi, et les estampes gravées par Pietro Santi Bartoli, qui font avec les explications du Bellori un volume in folio imprimé à Rome. à peine demeuroit-il il y a déja trente ans quelques vestiges des peintures originales, quoiqu’on eut eu l’attention de passer dessus une teinture d’ail, qui est si propre à conserver les fresques.
Il avait, sous les formes simples et condensées qu’il tenait de la sécheresse primitive de son esprit, l’indifférence scélérate la plus tranquille sur sa propre immoralité, et ce fut longtemps son genre de puissance.
avec un grand homme le sentiment de sa propre originalité ».
Sa Muse est allée les chercher dans son propre cœur entr’ouvert, et elle les a tirés à la lumière d’une main aussi impitoyablement acharnée que celle du Romain qui tirait hors de lui ses entrailles.
Mais Byron, comme les poètes absolument grands, avait les toutes-puissantes qualités de la Nature immortelle qui se purifie de ses propres orages, et fait venir ses plus belles moissons dans du sang.
Ils reconnaîtraient que ce qui fait le génie de la France s’agite, plus ou moins obscurément, dans toute la France ; que les paysans, les ouvriers, les bourgeois des moindres bourgs n’ont pas seulement un esprit qui leur est propre, mais un fond de qualités solides sans lesquelles un peuple ne survivrait pas à tant de causes de désagrégation, bon sens, courage, initiative, générosité, et le reste ; ils diraient ce monde merveilleux de travail qu’est notre patrie, et comment nulle race n’est peut-être mieux douée pour la diversité des métiers et des arts ; et quelles preuves d’endurance et de probité peuvent offrir les plus humbles existences.
Mais ma mémoire ne peut me donner que ma propre durée, elle ne peut pas me donner la vôtre ; je ne me souviens que de ce qui se passe en moi, je ne peux pas me souvenir de ce qui se passe en vous.
« Telle une vigne qui naît isolée dans une campagne nue, ne s’élève jamais, ne porte jamais de grappes mûres, mais, inclinant sous son propre poids sa tige délicate, touche de sa racine le faîte de ses branches, et n’attire près d’elle nuls laboureurs et nuls troupeaux.
« Les esprits sensuels et ténébreux se soulèvent en vain, asservis qu’ils sont par leur propre poids.
Vous y verrez aussi Méry en propre personne, à table et dans son office de brillant causeur. […] Remarquez que cela est surtout le propre même du musicien, et que la façon de concevoir qui était celle de Wagner, est précisément celle qui s’accommode le mieux avec l’art musical. […] J’ai souvent dit que le théâtre était naturellement plutôt psychologique que philosophique, et que le lieu le moins propre à exposer une idée était le théâtre. […] À cet instant d’apitoiement, elle songeait même, pour s’absoudre à ses propres yeux, que, si une existence régulière leur avait été possible, elle eût accepté la vie avec Jean plutôt que de lui infliger l’atroce séparation. […] Il fut modéré dans la lutte avec l’Autriche, très humain sur les champs de bataille, très pitoyable, très modéré dans la victoire, partisan de s’arrêter vite, de ne pas pousser les choses à bout, de ne pas diminuer le territoire propre de l’empire d’Autriche.
Quand il récitait de ses propres vers, une haute émotion faisait vibrer tout son être, superbe, et allait frapper ses auditeurs d’une sympathie irrésistible. […] Le volume ne saurait mieux finir, que par Passionnelle, une série amoureuse, d’un amour d’homme surtout bonhomme, dupe et au besoin sa propre dupe, mais toujours avisé, n’appuyant pas, jaloux tout juste et suffisamment attendri. […] Les enfants dans tout ce qui concerne la reproduction graphique des objets, ont une manière devoir qui leur est propre, exactement comme les races sauvages. […] Cela rappelle un peu les petites rues propres et discrètes de Boston, dont j’ai parlé dans un autre journal. […] Son héros, Berneville, devait mourir fou, selon une parole de Vermersch à quelqu’un des siens un jour qu’ils passaient proche un asile d’aliénés de Genève — cette Genève où il s’était réfugié après avoir été successivement expulsé de Belgique et de Hollande pour se tout à fait fixer à Londres, où il contracta le germe de sa maladie, résultat d’un excès de travail qui devait anéantir sa propre raison.
Pélagie rougit à la dérobée de me servir, et n’a pu s’empêcher toutefois de me dire aujourd’hui : « Vraiment, tout le monde à Auteuil trouve votre pièce pas une chose propre ! » et cette phrase dans sa bouche est comme un reproche de sa propre humiliation. […] c’est de vieux bouquins qu’il les tire ses personnages, et malgré toute la sauce de génie qu’il y met, je le répète, ça m’embête, et je trouve qu’on est plus grand homme, quand on tire ses créations de sa propre cervelle.
Mais l’élève avait en propre sa personnalité d’écrivain : pas de périodes, ou très peu dans Maupassant. […] Aux deux sens, le propre et le figuré. […] L’idéal que le christianisme et surtout l’Église catholique, offrent aux hommes était l’inverse du sien propre. […] Ils peuvent épier leurs propres réflexions, avoir des aperçus théoriques sur eux-mêmes… » « … Il s’ensuit que les mouvements de la pensée de Proust et de Gide vont en sens inverse. […] Ayant à l’excès aiguisé ses dons d’observation sur son propre moi, vivant dans son moi, l’écrivain est disposé à ne distinguer dans l’extérieur qu’un rêve absurde.