Louis XIV, on peut le croire, ayant pris avis des mariniers et les ayant entendus, aurait adopté la conclusion ; il aurait changé de bord. […] Dès qu’on sut que le roi de France avait pris la croix, ce fut à qui, parmi les princes ses frères et parmi les seigneurs, la prendrait à l’envi et à son exemple90. […] Villemain a très bien défini cette imagination de Joinville crédule, ignorante et fertile : Tout est nouveau, tout est extraordinaire pour lui, dit-il ; Le Caire, c’est Babylone92, le Nil, c’est un fleuve qui prend sa source dans le paradis. […] C’était à qui prendrait terre au plus vite. […] Quand la galère fut lancée dans le sable aussi avant que possible, le comte et ses chevaliers sautèrent lestement dehors, tout armés et prêts à combattre, et ils vinrent prendre rang sur le rivage à côté de ceux qui y étaient déjà.
Quand l’esprit d’un temps n’est pas très-sévère en matière de critique et qu’il n’en a pas pris l’habitude, il n’est pas non plus très-rigoureux moralement sur ce chapitre des fabrications plus ou moins ingénieuses : il ne les appelle pas des falsifications67. […] « Psyché, nous dit la fable ingénieuse et naïve, et qui prend un certain air oriental à cet endroit, Psyché ne songe pas même à porter les mains à ce monceau confus et inextricable ; mais consternée de la barbarie d’un tel ordre, elle garde un silence de stupeur. Alors la fourmi, ce petit insecte qui habite la campagne, appréciant une difficulté si grande, prit en pitié les malheurs de l’épouse d’un dieu puissant. […] Bétolaud, qui ne laisse pas de mordre à ces friandises comme il sied à un érudit du bon temps, nous indique encore le sujet d’un autre joli conte, les Pantoufles de Philésiétère, que le Bonhomme aurait pu prendre et qu’il a oublié de dérober. […] Mais, au lieu de rire et de secouer gaiement sa grossière enveloppe, il est pris dans un autre réseau plus subtil ; il se laisse conduire à des initiations redoutables, à la suite desquelles il est admis dans le collège des Pastophores, se faisant gloire désormais de montrer à tous sa tête rasée à large tonsure : circonstance curieuse à titre de témoignage : mais ce n’est plus là l’Apulée qu’il nous faut.
Il aurait voulu être avocat ou jésuite : contrarié sur ces deux points par sa famille, il entra simplement dans l’Église et prit cette carrière non par aucun mouvement de piété, mais uniquement comme une profession. […] Le genre du Sermon, pris en dehors de son action présente, immédiate, et à l’état de branche littéraire, est, quoi qu’on fasse, un genre triste et presque nécessairement ennuyeux. […] Ils vinrent donc, Le Tellier en tête, lui dire avec toutes sortes de compliments et de cajoleries que l’occasion n’avait jamais été si belle pour lui, docte et éloquent comme il était, d’ajouter encore à sa réputation, et qu’il lui fallait absolument prendre la place et l’office du prédicateur en défaut. […] Cependant les malins s’arrangèrent de telle sorte qu’ils lui prirent tout le temps, si court, qui restait pour là préparation ; ils se relayèrent pour lui adresser questions, consultations coup sur coup, pendant toute cette journée de la veille et jusque bien avant dans la nuit. Ils espéraient lui faire faire un faux pas et le prendre au piège.
En s’y promenant, il prit goût tout d’abord aux types de figures qui l’environnaient, et il y élut en quelque sorte domicile en y louant une chambre qui lui servait d’observatoire et d’atelier. […] Lui, si habitué à lire dans la physionomie humaine, il se prit à pénétrer avec avidité dans ces physionomies d’une autre race, si énergiques et si fines, comme dans une langue nouvelle qu’il aurait apprise. […] Je prends sa création la plus éloignée des premières grâces et de tout ce qui était couleur de rose, son Vireloque. […] Pour voir et pour rendre tant de scènes et de figures, comment s’y prend Gavarni ? […] un de ces tracés géométriques inflexibles, une de ces courbes d’ingénieur qui n’obéissent qu’au compas, est venue prendre de biais le beau jardin et bouleverser tout le nid.
Arrivé auprès de nous, il s’écria : « Si j’en juge au train dont elles trottent, vos Seigneuries s’en vont, ni plus ni moins, prendre possession de quelque place ou de quelque prébende à la Cour, où sont maintenant Son Éminence de Tolède et Sa Majesté. […] seigneur Cervantes, que Votre Seigneurie se règle sur le boire, sans oublier le manger, et elle se guérira sans autre remède. » — « Oui, répondis-je, on m’a déjà dit cela bien des fois ; mais je ne puis renoncer à boire quand l’envie m’en prend, et il me semble que je ne sois né pour faire autre chose de ma vie. […] C’est l’Académie espagnole qui a pris l’initiative de cette fondation. […] Le même écrivain français a pris soin de nous traduire une pièce de vers, en grande partie inédite et récemment retrouvée, de Cervantes. […] Il prit ce conseil pour une indication utile et en tira une sérieuse espérance.
C’est le lot des familles historiques, c’est leur charge comme leur honneur que chacun de leurs membres indistinctement puisse être examiné, épluché, pris à partie et jugé à la rigueur par n’importe qui dans la postérité. […] Les Noailles, si on les prend à cette date de la fin de Louis XIV, étaient courtisans. […] Quand on en venait au fait et au prendre, le succès pour lui ne répondait pas aux vues, et il ne retrouva jamais à la guerre de quoi couronner ou confirmer les exploits plus ou moins faciles de sa jeunesse. […] L’histoire peut faire aisément la digne et la fière en se tenant aux documents et pièces d’État dont elle dispose ; mais la littérature anecdotique, quand elle s’appuie sur des faits circonstanciés et des particularités prises sur le vif, a aussi ses droits devant l’histoire. […] Saint-Simon qui l’avait pris un jour la main dans le sac et en flagrant délit de machination, pour perdre au début d’un règne quelqu’un dont il pouvait redouter la rivalité ou la contradiction, savait à quoi s’en tenir sur sa qualité morale, sur sa fibre de cœur : il suffit d’une seule occasion pareille pour avoir son jugement fixé sur la valeur morale foncière d’un homme qui peut, d’ailleurs, éblouir son monde et jeter de la poudre aux yeux des autres70.
Elle se fit précieuse ; elle alla dans le monde, aimée, recherchée, courtisée4, semant autour d’elle des passions malheureuses auxquelles elle ne prenait pas trop garde, et conservant généreusement pour amis ceux même dont elle ne voulait pas pour amants. […] Mlle de Sévigné figurait, dès 1663, dans les brillants ballets de Versailles, et le poëte officiel, qui tenait alors à la cour la place que Racine et Boileau prirent à partir de 1672, Benserade, fit plus d’un madrigal en l’honneur de cette bergère et de cette nymphe qu’une mère idolâtre appelait la plus jolie fille de France. […] Vous savez que c’est un des plus honnêtes garçons qu’on puisse voir, et propre aux galères comme à prendre la lune avec les dents. » Le style de Mme de Sévigné a été si souvent et si spirituellement jugé, analysé, admiré, qu’il serait difficile aujourd’hui de trouver un éloge à la fois nouveau et convenable à lui appliquer ; et, d’autre part, nous ne nous sentons disposé nullement à rajeunir le lieu-commun par des chicanes et des critiques. […] Après cette épreuve fort peu terrible, qu’on s’en prenne à notre admiration, si on en a le courage et si toutefois l’on s’en souvient encore. […] Ces éclairs-là et cette gaieté de couleurs font parfois comme un voile au-devant de sa sensibilité, qui, même aux moments de deuil, ne peut s’empêcher encore de prendre les livrées gracieuses : il faut s’habituer à la voir là-dessous.
Quelques-uns firent cette police fort honnêtement, d’autres moins ; la plupart y apportèrent une certaine passion, mais presque tous, à les prendre au point de départ, agirent utilement. […] Il avait pris le goût du théâtre dans une maison où il avait été quelque temps précepteur. […] Bertin, en homme d’esprit qu’il était, s’avisa de l’aller prendre lorsqu’ayant fondé le Journal des débats, il sentit que le feuilleton des théâtres faisait défaut. […] Il prend plaisir, en regard des romans exaltés et des inventions systématiques du jour, à rappeler ce livre tout naturel, qui résume la morale de l’expérience. […] Il savait l’Antiquité, ai-je dit ; il la savait sans finesse, sans mollesse ; et, en fait d’atticisme, il aurait eu à prendre leçon de son jeune collaborateur d’alors, M.
Elle y consentit et en donnait assez naïvement la raison : « J’ai mieux aimé l’épouser qu’un couvent. » Elle n’a jamais parlé de ce « pauvre estropié » qu’avec convenance, estime, comme d’un homme qui avait de la probité et une bonté d’esprit peu connue de ceux qui ne le prenaient que par son enjouement. […] Quand les dames de Saint-Cyr la pressaient dans sa retraite dernière d’écrire sa vie, elle s’en défendait, en disant que ce serait une histoire uniquement remplie de traits merveilleux tout intérieurs : « Il n’y a que les saints qui pourraient y prendre plaisir. » Et elle croyait parler humblement en s’exprimant ainsi. Mais il n’est pas besoin d’être saint pour prendre plaisir à ces ressorts secrets du cœur, qu’elle-même nous a assez franchement dévoilés. […] Cette conduite, qui lui a été reprochée, prouve une seule chose : elle était de ces femmes qui, dans ces instants de séparation et d’adieu suprême, s’en remettent à leur confesseur encore, plutôt que de prendre conseil de leur cœur. […] En écoutant de la bouche de Mme de Maintenon le récit de ces doléances royales et en se rappelant son point de départ du passé, on se prend parfois à dire en souriant, comme dans Le Tartuffe : « La pauvre femme !
Il fut fidèle jusqu’à la fin à cette manière de voir, et, quelque parti qu’on prenne soi-même en le jugeant, il mérite l’estime du moins par cette suite dans la conduite et par cette tenue. […] Dès que j’ai vu l’espérance me fuir, J’ai suspendu ma course volontaire, J’ai dans un sort nouveau pris un nouveau plaisir, Et mon repos forcé devient un doux loisir. […] Ce dernier, traducteur de Juvénal, homme enthousiaste, expansif, nourri de toute la sentimentalité du siècle, s’était fort jeté à la tête de Jean-Jacques, qui l’avait d’abord pris en gré et l’avait, par exception, admis dans son intimité. […] Rulhière, vers le même temps, put retrouver quelques-uns de ces traits de méfiance dont il prenait note, dans un Rousseau plus jeune, mais également atteint du soupçon, dans Bernardin de Saint-Pierre qu’il avait beaucoup connu en Russie. […] Comme historien et comme écrivain honorablement sérieux, il prit rang en 1788 par ses Éclaircissements historiques sur les causes de la révocation de l’édit de Nantes et sur l’état des protestants en France.
Voilà comment, tout en se complimentant, deux femmes politiques parlaient des hommes dans le tête-à-tête, et prenaient leur revanche sur don Louis de Haro et sur Mazarin. […] Dites-lui, je vous supplie, que c’est moi qui ai l’honneur de prendre la robe de chambre du roi d’Espagne lorsqu’il se met au lit, et de la lui donner avec ses pantoufles, quand il se lève, jusque-là je prendrais patience ; mais que tous les soirs, quand le roi entre chez la reine pour se coucher, le comte de Benavente (le grand chambellan) me charge de l’épée de Sa Majesté, d’un pot de chambre, et d’une lampe que je renverse ordinairement sur mes habits, cela est trop grotesque. […] Le grand roi, d’ailleurs, crut devoir prendre des précautions extrêmes pour frapper le coup à propos. […] La flatteuse sait prendre le langage qu’il faut ; mais il y aura des jours où, mécontente de sentir l’Espagne abandonnée et délaissée à Versailles, elle sera franche jusqu’à la rudesse. […] Ceux mêmes qui préfèrent ces avantages avec la France se décideront à les prendre de l’archiduc, si la France aux abois ne peut les procurer.
Mais il prit ce prétexte pour envoyer sa démission, et, peu de jours après (mars 1823), il partait sur un bateau-pêcheur pour Barcelone, où il offrait ses services et son épée à la cause constitutionnelle espagnole. […] Nous ne le prendrons aujourd’hui que dans ce que j’appelle sa période d’essai et de tâtonnement. […] L’homme de plume, chez Carrel, est toujours doublé d’un homme d’épée très présent, et d’un homme d’action en perspective : seul, l’homme de lettres, si on ne le prenait que par ses phrases écrites, serait un peu inférieur à sa réputation méritée. […] Sautelet, qui avait pris le même parti et qui y persévérait, ayant recueilli en 1829 les Œuvres complètes de Paul-Louis Courier, demanda à Carrel une notice qui est un des bons morceaux de la littérature critique de cette époque. […] Thiers qui prenait les devants et qui ouvrait l’attaque.
En général, il ne faut prendre ces maximes, ces aphorismes littéraires de Courier que comme les saillies extrêmes d’un goût excellent ; c’est au jugement de chacun ensuite à les entendre sobrement et à les réduire. […] Envoyé en 1805 dans le royaume de Naples sous le général Gouvion Saint-Cyr, Courier s’accoutume de plus en plus à prendre la guerre par le côté peu idéal et peu grandiose. […] Son mérite est tout dans le style ; il se moque des faits, et n’en prend que ce qui lui plaît, n’ayant souci que de paraître habile écrivain. […] Dès ce temps-là, il fallait regarder de bien près à la manière dont on s’y prenait avec Courier, de peur de le fâcher, même en le louant. […] Je les prends comme je les trouve, car, si on était difficile, on ne lirait jamais, et on ne verrait personne.
Bernardin de Saint-Pierre, dont le plan embrassait « la recherche de nos plaisirs dans la nature et celle de nos maux dans la société », prenait ce beau monde par son faible, et le flattait, même en le critiquant. […] Si l’on veut prendre idée tout d’abord de son genre de talent, qu’on relise, dans son Étude première, la composition qu’il fait d’un paysage à l’embouchure d’un fleuve : comme il le dessine ! […] Il renchérissait sur Le Vicaire savoyard, et semblait avoir pris à tâche de le développer dans mille voies nouvelles, et où se mêlait l’attrait du mystère. […] Car vous sentez bien que plus on peut montrer que l’aigle était haute autrefois, plus il en résulte qu’elle doit paraître petite aujourd’hui : des deux aigles on prend la plus grande et on la laisse tomber comme du ciel pour griffer l’autre. […] François de Neufchâteau de la prendre pour lui ; la première partie de son discours a été écoutée, et elle méritait de l’être.
Célèbre et populaire en Bourgogne, ce nom n’a pas pris dans la mémoire de tous en France le rang qui lui est dû. […] Né à Dijon le 7 février 1709, d’une ancienne et noble famille originaire de Savoie, et qui n’avait pris la robe qu’après avoir porté l’épée, le jeune de Brosses fit des études brillantes en sa ville natale, qui avait alors toutes ses ressources au complet, et qui sentait de tout point sa capitale. […] Le premier grand projet littéraire du jeune homme, cet idéal suprême qui ne prend bien qu’une fois dans notre imagination, comme le parfait amour ne prend peut-être qu’une seule fois dans notre cœur, se forma pour de Brosses sous le regard et sous l’influence du président Bouhier. […] Non plus que Buffon, il ne prit le mot d’ordre de personne. […] Cette diverse et joyeuse bande prit tout d’une voix de Brosses pour secrétaire, le chargeant d’écrire les détails du voyage aux amis de Dijon, à toute une aimable et franche coterie bourguignonne, le gros Blancey, le bon Quintin et d’autres encore, même d’aimables dames, qui savaient, comme autrefois, être de très honnêtes femmes et entendre le mot pour rire.
À l’arrivée au London News de ces croquis, ou plutôt de ces croquetons, Gavarni les feuilletant, saisi par le caractère, le pittoresque de tel ou tel crayonnage de premier coup, disait : « Je prends celui-là ! […] Il me prend une envie insurmontable de fuir cette maison en gaieté et en joie, autour de ce mourant. […] en train de désarmer secrètement les haines, en train de museler les antipathies, avec un peu d’argent pris à l’État. […] dans les sociétés, où, ce rôle est pris par l’argent, il n’y a plus de recrutement pour les carrières de gloire. […] Elle était sortie pour prendre sa leçon de magie, oui, sa leçon de magie !
même quand il lui prend Amphitryon, il ne le lui ôte pas. […] Il prenait pour devise : À MOI. […] Les savants sont pris de scrupules devant l’étude. […] Vous prenez des oscillations pour des diminutions. […] Prenez-vous Charlemagne pour un copiste d’Agamemnon ?
On a trouvé bon le vénéneux nectar, et l’on en a pris à si hautes doses que la nature humaine en craque et qu’un jour elle s’en dissout tout à fait. […] On peut la prendre pour une justice, — la justice de Dieu ! […] Après Les Fleurs du mal, il n’y a plus que deux partis à prendre pour le poète qui les fit éclore : ou se brûler la cervelle… ou se faire chrétien ! […] Et les autres, braves gens, — les meilleurs fils du monde, — ont pris Baudelaire pour un moraliste chrétien. […] Prenez les diverses spécialités de sujets que Baudelaire admet à ses expériences, le récit « du littérateur », où vous trouvez, par exemple, des caricatures et des contorsions d’imagination comme celles-ci : « Vous vous sentirez vous évaporant, et vous attribuerez à votre pipe (dans laquelle vous vous sentez accroupi et ramassé comme le tabac), l’étrange faculté de vous fumer » ; prenez le récit de La Dame un peu mûre, et dites si tout cela n’est pas d’un comique dont le haschisch n’est que l’occasion, et d’un comique d’autant plus piquant qu’il est… hypocrite.
Enfin elle prit une chaise, et ils commencèrent à manger en parlant des temps passés. […] Elles prenaient plaisir à les mettre ensemble dans le même bain et à les coucher dans le même berceau. […] » et elle se prit à verser des larmes. […] Mange ce rayon de miel ; je l’ai pris pour toi au haut d’un rocher. […] Ensuite il se leva, et prit sa route vers le nord de l’île, sans faire beaucoup d’attention à nous.
Le Bridoye de Rabelais s’y prend mieux. […] » se contenta de dire : « Je ne le prendrai ni ne le lirai, car je ne suis plus un jeune homme », et, en s’abstenant, il ne perdit que la fatigue de l’avoir pris et que l’ennui de l’avoir lu… On n’a pas besoin d’être roi de Prusse. […] Elle ne l’est pas, d’ailleurs, si elle empêche de prendre le plaisir qu’on ne devait pas prendre, ou si elle fait rougir de celui qui était honteux… Mais cela, qui serait encore une assez belle chose pour être fier d’en être capable, n’est que la moitié de la fonction de la Critique. […] voilà comme il fallait s’y prendre, voilà ce qu’il pouvait y avoir de statue dans ce bloc de marbre et ce qu’il fallait en faire sortir ! […] Tous avaient pris Diderot avec ces deux taches ; ils l’avaient pris ruisselant de la boue dans laquelle il s’était vautré, et ils l’avaient admiré, nonobstant, comme un magnifique animal auquel la fange dont il est couvert n’enlève ni les belles proportions ni la vigueur des attitudes.
Il prend toutes les attitudes et tous les tons. […] Faguet a pris rang. […] A la mort du prince il prit le deuil. […] Il n’a pris d’engagements avec aucun parti. […] Feuillette de prendre la parole aux fêtes de Jeanne d’Arc.
Tandis que Perrault prenait à partie l’Iliade, Fontenelle faisait le procès aux Idylles ; il n’y a pas mieux réussi. […] Est-ce donc que tu m’as pris en haine ? […] Prenez Roméo, prenez-le au début de l’admirable drame : il s’était cru jusque-là amoureux sans l’être, il était mélancolique à en mourir ; il s’en allait vague et rêveur, en se disant épris de quelque Rosalinde. […] « Sitôt que je le vis, aussitôt je devins folle, aussitôt mon âme prit feu, misérable ! […] Déjà Sapho, s’adressant à une riche ignorante, l’avait pris sur ce ton, et Pindare a merveilleusement comparé un homme qui a beaucoup travaillé et qui meurt sans gloire, c’est-à-dire sans le chant du poëte, à un riche qui meurt sans la tendresse suprême d’un fils, et qui est obligé dans son amertume de prendre un étranger pour héritier.
Je prends ma plume et j’écris. […] Mais quand on est insulté là, il faut prendre un couteau et tuer l’insulteur, la police ne s’en mêlera pas ! […] Je lui pris la main, elle commençait à être froide. […] * * * — Le fils de notre crémière nous fait demander de lui prendre des billets d’assaut de boxe. […] Prévost-Paradol, est plus générale qu’il ne le croit, et il n’a, pour s’en convaincre, qu’à prendre connaissance du terrible article, publié sur l’écrivain des Débats, par M.
Ton ange en t’emportant me prendra dans ses bras. […] Nous étions seuls. — J’ai pris ses deux mains dans les miennes. […] Poëte, prends ton luth, et me donne un baiser. […] Prends ton luth ! prends ton luth !
prenez-le. […] Ils prirent des costumes en rapport avec leur caractère et leur physique. […] La Comédie-Italienne avait pris le dessus sur la Comédie-Française. […] Mademoiselle Duclos prit le rôle longtemps après la Champmeslé et ce fut son triomphe. […] Sous sa plume, la passion prend des couleurs fortes et tragiques.
Je prends tous les passages que M. […] Joachim dut se prendre lui-même pour Catulle. […] À le prendre ainsi M. […] Faut-il prendre sur soi ? […] Et, à tout prendre, cela est bon.
Celui-ci prend le train et arrive à Bollène étudier le mal. […] Ces textes, Pascal ne les prend pas dans un livre. […] Il est occupé à la prendre à la chute du toit pour gagner une chasse. […] C’est précisément pour nous sauver de la nature qu’il prend la plume. […] Traduisez ce mot, pris ici dans le sens où le prenaient les Grecs.
Notre poëte rompit dès lors avec sa famille et les Poquelin ; il prit nom Molière. […] Mais, en arrivant devant les Bons-Hommes, le religieux demanda à être mis à terre et prit sa besace au fond du bateau ; ce n’était qu’un moine mendiant. […] Il aura pris l’idée de ce dialogue dans un entretien réel, rapporté par Grimarest, et où le poète dissuada un jeune homme qui le venait consulter sur sa vocation pour le théâtre. […] Ils le conjurèrent, les larmes aux yeux, de ne point jouer ce jour-là et de prendre du repos pour se remettre. — Comment voulez-vous que je fasse ? […] Un instant après il lui prit une toux extrêmement forte, et après avoir craché il demanda de la lumière.
Les battements d’éventails de Mme Daudet, prennent quelque chose du froissement colère d’ailes d’oiseaux, qui se battent. […] Il a terminé en disant qu’il avait pris des notes sur la douleur, qu’il en ferait quelque chose plus tard. […] À se promener là dedans, vous êtes pris, empoigné, emporté de votre temps par le passé moyenâgeux, comme vous êtes pris par le passé romain, en errant dans les via de Pompéi, et en marchant dans l’ornière de ses chars. […] Et, ma foi, je me suis mis à son régime, et maintenant si nous prenons, par hasard, une absinthe, nous la prenons au laudanum. […] Nous avons pris deux salons-lits.
on a chance de telle sorte d’avoir peut-être à la fin un grand jour dans sa vie, et de n’y être pas pris au dépourvu. […] Il faut savoir les prendre et s’en faire aimer, et j’y mettrai mes soins. […] Il mène à bien l’expédition dans l’ouest, où l’on prend Mascara. […] Il s’en prend à tout le monde. […] Le feu avait pris par la maladresse d’un débitant d’eau de vie qui a laissé s’enflammer de l’esprit.
D’abord il faut prendre des verres d’absinthe au café du Cirque ; puis dire de toute pièce : Ce n’est pas mal, mais… des coupures, des coupures ! […] Alors, revenant à son roman carthaginois, il nous conte ses recherches, ses lectures, les volumes de notes qu’il a prises, disant : « Savez-vous toute mon ambition ? […] Lorsque la Sœur se relevait, Bouilhet lui mettait dans la main une mèche de cheveux, coupée pour la mère du mort, et qu’elle prenait, sans un merci, sans une parole. […] Tout est incompréhensible chez cette créature qui peut-être ne se comprend guère elle-même ; l’observation ne peut y prendre pied et y glisse comme sur le terrain du caprice. […] On s’assied à table, et de suite, la causerie prend feu à propos de Ponsard, en train de lutiner Titania, dans une pièce à l’imitation de Shakespeare.
C’est rue Condorcet, tout au bout, en un endroit où la rue prend presque un aspect de banlieue parisienne. […] La rue, qui mène chez un mort, ne semble plus la rue, que vous preniez pour aller chez lui, quand il était vivant, elle n’a plus le même aspect. […] Il en était venu à vivre dans un état continuel d’ivresse, quand une femme se prit d’amour ou de pitié pour cet être de talent, noyé, sombré dans la boisson. […] Le banquier qui était le dépositaire des fonds a pris la fuite, et Rodin ne sait pas s’il pourra être payé, et cependant l’ouvrage est si avancé qu’il faut l’achever, et pour le finir, ça va lui coûter 4 500 francs de modèles, d’atelier. […] Une salle dont la froideur, aussitôt l’entrée en scène de Cerny et de Dumény, se dissipe, et qui s’amuse franchement et prend plaisir à l’esprit de la pièce.
« Il est pour chacun, disait-il, un âge pour mourir. » Il prit mal son moment et son endroit. […] Il est d’usage pendant dix ans de saigner dans une maladie ; ensuite on prend une autre méthode. […] Les gens de goût du xviiie siècle ne s’y laissèrent point prendre : l’ouvrage leur parut trop bien écrit pour être de la princesse Palatine. […] Ainsi M. de Meilhan loue Turgot ; il prend le parti de Sully contre Colbert ; il célèbre un Sully sentimental outre mesure et de convention ; il parle par moments du luxe dans les termes de l’auteur du Télémaque. […] La remarque est de Grimm, qui ajoute : « Mais sa femme n’en crut rien : elle prit M. le comte de la Marche, aujourd’hui prince de Conti ».
Ils parlaient bien, ils raillaient avec grâce, avec tour, ils jouaient d’un trait bien appuyé, bien acéré, et tout d’un coup, sans qu’on sache pourquoi, un petit délire soi-disant poétique les prend, ils s’arment d’un violon de village et font, pendant une minute ou deux, un crin-crin qui écorche les oreilles. […] Un jour il est près d’entrer, pour une de ses cousines, dans de grands sentiments et dans le langoureux : « Un sot camarade que j’avais eu au collège, dit-il, et qui était un peu roman, acheva de me gâter ; nous prenions tous deux la générosité de travers. » Ce travers ne dura pas. […] Il acheva de les écrire vers 1657, dans les années mêmes où la plume de Bussy prenait ses licences. Il prit également les siennes, sans y tant regarder. […] Cependant ce qu’il raconte est toujours fort à prendre en considération, parce qu’il est naturel et judicieux, véridique et fin, sans aucune fatuité, sans aucune prétention.
Rossi n’avait jamais oublié la façon leste dont il lui avait vu faire ce saut désespéré, et cela pour éviter ce que tant de gens se résignent si aisément à subir et à prendre ou même à communiquer, — l’ennui. […] Il faut prendre la destinée humaine dans son superbe ensemble et dans toute sa grandeur. […] Prenons donc Bonstetten dès le début, en profitant de l’excellente et complète étude que M. […] Bonnet me prit en amitié, m’invita à l’aller voir, s’informa de mes études, et s’empara de toute mon âme (1765). […] Brûlez ma lettre… Vous allez croire que j’ai pris de lui la folie (car il est certainement fou), et peut-être vous aurez raison.
Prevost-Paradol avait dès lors acquis ce qu’il ambitionnait comme premier degré et comme point de départ : il s’était fait un nom et avait pris son rang en estime auprès d’un petit nombre de juges difficiles qui l’appréciaient pour ce qu’il était et ce qu’il pouvait. […] Son ironie, en d’autres moments, prenait d’autres formes, et celles-ci toutes littéraires. […] Si le terme de pédant choquait, je l’explique aussitôt et je le réduis dans ce cas à sa stricte valeur : je veux dire que Rigault est non seulement armé d’esprit, mais pointu d’esprit ; il s’ajuste, il se concerte, il prend ses avantages, et il vous fait ensuite la leçon impitoyablement, agréablement. […] Prevost-Paradol ne le prendra pas pour une injure, je crains bien, au lieu d’un politique véritable, de me trouver en face d’un croyant. […] Mais cette époque si féconde, ce régime tant regretté, quand y aurait-il pris le rang qu’il mérite sans doute et qu’il aurait pu ambitionner ?
Que si l’on prenait, en effet, le genre de littérature auquel se rapporte cette première partie en la détachant et en l’isolant, en ne la considérant qu’à titre d’abrégé chronologique ou de résumé et en la comparant à quelques-uns des ouvrages qu’on range communément sous ce titre, on la trouverait inférieure à quelques égards. […] Cette architecture du Discours sur L’Histoire universelle, à la bien prendre, est admirable en son genre : il y a deux sommets dans ce Discours ; l’un de ces sommets est Moïse, l’autre plus élevé est Jésus-Christ. […] Que je prenne Pascal, que je prenne Fénelon, je les trouve chrétiens, et des plus sincères assurément ; mais ils se sont fait ou ils ont dû se faire, un jour ou l’autre, les objections ; ils en ont triomphé, l’un avec éclat et violence et comme un lutteur, l’autre avec plus de douceur et d’insinuation, et par la tendresse. […] Si l’on prend en effet l’édition de Florus qu’a donnée en 1852 Otto Iahn d’après les manuscrits, l’auteur latin y paraît fort rabaissé, un simple abréviateur de Tite-Live, un rhéteur sans aucune originalité, imitateur de Lucain pour l’expression et de l’un des deux Sénèque pour les idées. […] Les curieux pourraient chercher dans le Recueil de plusieurs pièces d’éloquence et de poésie présentées à l’Académie française… une page du discours de M. de La Chapelle, directeur de l’Académie, répondant à M. de Valincour, qui venait y prendre séance à la place de Racine, le 27 juin 1699.
Alquier, homme d’esprit et d’une finesse piquante, put se flatter à un moment de prendre quelque ascendant sur elle et de l’arracher à la politique qui la perdit. […] Gœthe elle prit sur-le-champ un vol plus élevé. […] Bignon qui, dans les IXe et Xe volumes de son Histoire de France sous Napoléon, devait traiter du même sujet ; il avait voulu prendre date. Mais, si l’on prenait date avec M. Bignon, on ne le prenait pas avec M.
En géométrie, on met au bout du théorème : « C’est là ce qu’il fallait démontrer » ; dans nos apologues, nous mettrons en tête du précepte : « Voilà ce que la fable devait prouver. » Notre oeuvre prendra ainsi une forme mathématique, et montrera, jusque dans ses dehors, l’austérité solennelle de notre dessein. […] Si enfin l’usage impérieux nous contraint de la mettre à part, nous en ferons une exclamation, un regret, un souhait de poëte ; elle prendra un tour éloquent, comique ou touchant ; elle perdra son apparence didactique, en devenant un mouvement de l’âme ; on entendra, en l’écoutant, la voix passionnée d’un homme ; elle sera couverte sous un sentiment, et la poésie la revendiquera en jetant sur elle une poignée de ses fleurs. — Il sera facile alors d’animer le récit qui la confirme. […] Il mêle ses sentiments à son récit ; il juge ses personnages, il a oublié qu’ils sont des fictions ; il les raille ou en prend pitié, les gourmande ou les admire ; il monte avec eux sur le théâtre, et devient lui-même le principal spectacle ; nous connaissons dorénavant ses goûts, ses habitudes, son histoire même ; nous suivons à chaque ligne les mouvements de son imagination ou de son âme. […] Ainsi, quand le fabuliste voudra composer des caractères, il ne prendra, au milieu des traits naturels, que les traits expressifs. […] Ainsi réunis par un nouveau lien, les objets et les événements prennent un nouveau relief.
Il a l’avantage de l’enthousiasme religieux ; mêlant sa foi dans tous les actes de sa pensée, il prend un sujet biblique, au lieu de je ne sais quelle indifférente histoire naturelle. […] L’éloquence, d’abord, en prit soudain un vigoureux essor. […] Il suffit qu’ils soient aux prises avec de rudes réalités, secoués de vraie passion, et dès lors ils ne s’amusent plus à faire montre de leur savoir d’humanistes. […] La nécessité de justifier leurs prises d’armes contre l’autorité royale dont leurs adversaires se couvraient, leur donna occasion de discuter l’étendue et le fondement du pouvoir monarchique. […] Faisant la guerre en Flandre contre les Espagnols, il fut pris en 1580, et ne fut échangé qu’en 1585.
Si le rapin s’est gaussé du bourgeois, que le bourgeois prend sa revanche ! […] Mais nous ne pourrions faire prendre le change à la foule satisfaite. […] L’œuvre de Murger a pris en elle force de loi. […] Le bohème a sa fin dans son état transitoire lui-même ; il raconte toute sa vie qu’il va créer, jusqu’au jour où il prend l’attitude du vieux lutteur que la dureté de la vie a empêché de se révéler. […] Car cette région de liberté, et même de licence, est une prison comme toutes les catégories sociales : et il est très difficile d’en sortir, parce qu’on y prend de funestes manies morales.