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893. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Guizot » pp. 201-215

Elle pourra continuer de se faire les questions que Guizot s’est lui-même posées, sans pouvoir y répondre, sur ce qui met en branle le génie puissant de Shakespeare et fut ce que Newton appelait, avec une familiarité presque sublime, « le coup de pied de Dieu ».

894. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Louis Vian » pp. 373-387

Vian voudrait bien être un portrait dans la manière d’Holbein, c’est-à-dire une peinture intime, attentive, familière, profonde, éclairant l’homme surpris et posé dans les plus menus détails de sa vie, le peignant jusqu’à la gaule de vigneron qu’il portait sur l’épaule, quand il se promenait à la Brède, jusqu’au déshonorant bonnet de coton dont il coiffait sa maigre tête de buste antique !

895. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Grèce antique »

Polémiste d’hier, le voici posé, comme le lion du Dante, sur ses griffes croisées, mesurant et perçant l’espace dans les choses de l’Histoire d’un œil dominateur et clair.

896. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le roi René »

Vaincu dans la « piteuse et douloureuse journée de « Bulgnéville », où s’agitait, sous la lutte des intérêts féodaux, la grande question de domination posée entre la France et l’Angleterre, ayant à cette bataille combattu le dernier avec cette furie qui était le caractère de sa bravoure, blessé à trois places et au visage, il fut obligé de se rendre au duc de Bourgogne et emmené prisonnier à Dijon.

897. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes d’Amérique » pp. 95-110

… Souffriront-ils patiemment qu’on les pose dans le monde et dans les sentiments de leurs femmes comme de simples éléments de rentes, eux si vite cabrés autrefois pour une observation de mistress Trollope ou une plaisanterie de Charles Dickens ?

898. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Femmes et la société au temps d’Auguste » pp. 293-307

Pour lui, on ne pénètre l’Histoire que par « le sentiment », et comme il va s’agir de l’Antiquité dans son livre, il pose au préalable qu’il est impossible d’interpréter le monde antique autrement que par l’impression personnelle, et il ajoute même, avec la crânerie d’une idée générale qui est le chapeau sur l’oreille de ce fantaisiste : « Écrire l’histoire, c’est donner notre manière de voir sur l’histoire. » Je ne sais pas si, de principe, de Bury est cartésien, mais jamais le moi de Descartes n’a été mieux appliqué à quelque chose qu’il ne l’est, sous sa plume, à l’Histoire.

899. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « La Papesse Jeanne » pp. 325-340

Pour attirer à celui-ci, on a placé, à son frontispice, le portrait de la Papesse Jeanne, tiare en tête, avec son bâtard dans les bras ; et comme on l’a posée, elle a l’air de rappeler, avec affectation, une image sacrée… Intention lâchement sacrilège !

900. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XI. MM. Mignet et Pichot. Charles Quint, son abdication, son séjour et sa mort au monastère de Yuste. — Charles V, chronique de sa vie intérieure dans le cloître de Yuste » pp. 267-281

La Curiosité, éveillée par les détails nouveaux qu’on apporte, se trouble, s’inquiète et recommence de poser son éternel problème : quelle cause détermina l’abdication de Charles-Quint et sa retraite à Yuste, et donne à ces faits, grandioses ou petits, leur véritable caractère ?

901. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XIII. M. Nicolardot. Ménage et Finances de Voltaire » pp. 297-310

Son génie, qui fut tout action, pose ici admirablement dans son action même, et les soixante volumes qu’on a de lui, et qui ne sont pas ses plus grands chefs-d’œuvre, ne valent pas, pour bien s’attester sa valeur réelle et suprême, cette chronique pied à pied, — cette espèce de livre de loch de sa vie où l’historien et le flibustier apportent l’un son masque, l’autre sa plume et sa plaisanterie taillée en stylet.

902. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Michelet » pp. 259-274

» Et, cependant : « Michelet sentait avec énergie ce besoin, qui est l’homme même, de poser dans le ciel sa conversation et sa vie… Les cathédrales gothiques lui parlaient leur langage.

903. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Émile de Girardin » pp. 45-61

De Girardin s’est posé en poète, en faiseur de fiction, en peintre dramatique.

904. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

Ailleurs encore, il pose l’unité du genre humain, mais il nie la seule tradition qui l’explique.

905. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Le problème de cœur et de nature humaine posé par la correspondance de Madame Geoffrin, et qu’aurait agité certainement Stendhal, par exemple, l’auteur du traité De l’amour, s’il avait lu cette correspondance, ne préoccupe pas beaucoup l’esprit calme de cet éditeur sans enthousiasme, de ce peintre scrupuleux (est-ce de couleur ou de moralité ?

906. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVI. Buffon »

Ses manières de poser étaient plus aimables.

907. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXIV. Alexandre de Humboldt »

Ailleurs encore il pose l’unité du genre humain, mais il nie la seule tradition qui l’explique.

908. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXXI. Sainte Térèse »

Qui voit qu’une lampe est allumée quand on la pose en plein soleil, quand on noie sa goutte de clarté dans l’océan des rayons solaires ?

909. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Th. Ribot. La Philosophie de Schopenhauer » pp. 281-296

À eux tous, ils n’auraient jamais posé la thèse que Schopenhauer a exposée et discutée.

910. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « M. Funck Brentano. Les Sophistes grecs et les Sophistes contemporains » pp. 401-416

En présence de l’être plein et immuable, — qui est le matérialisme absolu, — Mélissus pose la terre comme un principe distinct, qui est l’incompréhensibilité absolue.

911. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « L’abbé Gratry »

Il n’y a plus d’être absolu. » Aussi, cela posé une fois pour toutes, l’abbé Gratry, avec la magnifique souplesse et la magnifique étendue de l’instrument logique dont il dispose, force-t-il la pensée philosophique à s’établir dans le terre-plein de l’humanité et de l’histoire, et, sous peine de se détruire elle-même, à n’en plus sortir.

912. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Achille du Clésieux »

Le critique de la Gazette de France pose, il est vrai, à l’amant d’Armelle, l’alternative de l’épouser, — elle, — ou de se taire, — lui, — ce qui serait, du coup, la suppression du poème ; mais l’âme ne se prend pas si vite et si facilement que cela dans le petit étau d’un dilemme.

913. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

L’autre part n’est plus si belle et si douce ; J’expie en ce jour les bonheurs passés ; Mes ramiers n’ont plus de pentes de mousse Où poser leurs pieds meurtris et glacés !

914. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

La plupart, sinon tous (et je ne vois guère que Shakespeare qu’on puisse excepter), n’ont presque jamais eu dans l’esprit qu’un seul sujet qu’ils reprennent, retournent, renouvellent et transforment ; préoccupation qui n’est qu’un esclavage sublime, thème incommutable, posé par Dieu dans leur pensée, et sur lequel ils sont condamnés, pour toute gloire et pour tout génie, à faire d’éternelles variations !

915. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « André Chénier »

Ce qu’on n’en sait pas vaut toujours mieux que ce qu’on en sait : Le poète est semblable aux oiseaux de passage, Qui ne bâtissent point leurs nids sur le rivage, Qui ne se posent point sur les rameaux des bois… ……………………………………………………… Ils passent en chantant loin des bords, et le monde Ne connaît rien d’eux que leur voix !

916. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Madame Ackermann »

… Là se pose pour la Critique une question plus profonde que la personnalité de madame Ackermann.

917. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Hector de Saint-Maur »

qui se posa sur une foule de têtes, excepté la sienne, d’où elle était sortie.

918. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Paul Féval » pp. 145-158

Dans Aimée, où il essaya de faire autre chose que de l’aventure, dans Le Drame de la Jeunesse, plus réussi, et où il révéla ce qu’il pourrait être, s’il voulait énergiquement remonter vers les hautes et profondes régions du roman ; dans Le Drame de la Jeunesse, où il reprit l’idée d’Aimée — l’influence des livres et du théâtre sur la pensée et la moralité modernes, l’altération du naturel par les réminiscences littéraires, la pose, la comédie éternelle jouée entre nous et Dieu, et qui nous empêche d’avoir l’originalité même de nos vices et de nos douleurs, — il poussa au comble du suraigu cette ironie15 qui est le caractère de son esprit et le symptôme de sa force, et qui pourrait faire de M. 

919. (1908) Les œuvres et les hommes XXIV. Voyageurs et romanciers « Arthur de Gravillon »

J’allais dire le poème, et j’aurais bien dit : un poème où la Fantaisie a posé un crêpe sur ses ailes roses, qui n’en sont que plus roses par-dessous !

920. (1868) Curiosités esthétiques « VIII. Quelques caricaturistes étrangers » pp. 421-436

Dans Seymour, comme dans les autres Anglais, violence et amour de l’excessif ; manière simple, archibrutale et directe, de poser le sujet.

921. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

Talma lui posa la main sur les cheveux : — Allons, soit ! […] — Mon capitaine, lui répondis-je, je voudrais bien pouvoir répondre d’une manière précise à la question que vous me posez avec tant de bienveillance. […] Ses yeux se sont posés, par-delà les remparts de la vieille ville, sur l’étendue illimitée des prairies et des labours. […] Au milieu de tout cela sont posées les plus mignonnes petites tables… De jolis sièges cannés, avec de gros coussins de soie, invitent au repos… Partout des journaux féminins. […] L’empereur Jean posa lui-même la couronne à pendeloques sur le front de la souveraine agenouillée.

922. (1887) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Troisième série pp. 1-326

Et la question ainsi posée, dans l’état d’inachèvement où nous sont parvenues les Pensées, demeure en effet insoluble. Mais elle se décide, ou plutôt elle s’évanouit et ne se pose pas seulement, si nous sommes une fois convaincus du pessimisme de Pascal. […] Notons aussi l’art de poser et d’animer les ensembles. […] c’est une question que l’on peut se poser. […] C’est mal répondre à la question, parce que c’est l’avoir mal posée.

923. (1902) Symbolistes et décadents pp. 7-402

C’est possible ; il est possible que l’histoire, même des débuts d’une période ne soit réalisable qu’avec un recul plus grand, et peut-être n’appartient-il pas à ceux qui posèrent les prémisses de tirer la conclusion. […] Ma façon particulière de comprendre le symbolisme avait ses partisans ; bref, nous entrions dans l’histoire littéraire : les prémisses posées allaient donner leurs effets, des surgeons vivaces allaient se projeter, des originalités curieuses s’affirmer à côté de nous, Maurice Maeterlinck, Charles Van Lerberghe, Remy de Gourmont, etc. […] « Si gracieuse surtout demeurait la pose, tout gentiment, tranquillement changeante. […] La question de césure, chez les maîtres de la poésie classique, ne se pose même pas. […] Peut-être à ce que la question est mal posée, que les termes du problème ne sont pas nets.

924. (1903) Propos de théâtre. Première série

Il vient se poser en adversaire de Polyeucte. […] Mais la question posée, c’était Pauline au commencement de Polyeucte. […] Il admet cela, il consent que sa thèse antireligieuse soit posée de cette façon et avec ce correctif. […] Les héros de Corneille sont gens qui posent devant la postérité et que la gloire console de tout et l’idée qu’on parlera d’eux. […] On peut même dire que c’est avec Racine que la question de la tragédie lyrique en France se pose en doctrine et entre en discussion.

925. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Guerrier pose à Mme Guyon en interrogeant Mme Guyon sur Mme Guyon. […] Il ne nous reste plus, pour avoir un point de sermon, qu’à mettre en avant de ces trois divisions une phrase qui les pose, une autre phrase à la fin qui les résume, et le premier point achevé, rien de plus simple : on passe au second. […] Posez le dogme, vous entreprenez sur leur sens individuel, et ils se révoltent. […] Je pose en fait qu’entre eux tous ils n’ont pas augmenté d’une seule connaissance la somme des vérités psychologiques et morales que leur avait léguées le siècle précédent. […] Mais les économistes avaient osé former secte et se poser en rivaux de popularité des encyclopédistes.

926. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Cette question, selon Daunou, se pose déjà dans ce premier vote solennel. […] Une question inévitable se pose ici : à voir ce grand rôle extérieur de Daunou depuis Thermidor, cette mise en dehors perpétuelle de ses talents et de sa personne, on se demande : Était-ce donc bien là, en vérité, le même que ce savant renfermé et ce politique circonspect que nous avons connu ? […] Bonaparte, tourné vers la fenêtre, parlait sans le voir : Daunou avise dans un coin son chapeau, qu’il avait posé ; tandis que le Consul achève une phrase, il y court, enfile les appartements et sort du palais. […] « Ces limites (du pouvoir spirituel), dit l’auteur en terminant, ont besoin d’être posées par une main victorieuse, capable d’en prescrire à toute ambition subalterne, et accoutumée à n’en point laisser an progrès de la civilisation, an développement des lumières, à la gloire d’un grand empire.

927. (1904) Zangwill pp. 7-90

« Ainsi, tantôt crayonnant une feuille blanche, devant lui, sur le buvard, et tantôt se frottant les mains l’une dans l’autre avec vivacité, ou roulant dans les doigts, et tordant, et meurtrissant je ne sais quel méchant bristol, le regard riant à travers le double verre du lorgnon bien posé sur le nez fort, le front large, la barbe cascadante grisonnante au menton, et les pieds chaudement fourrés dans les pantoufles, M.  […] Le magnifique fleuve déploie le cortège de ses eaux bleues entre deux rangées de montagnes aussi nobles que lui ; leurs cimes s’allongent par étages jusqu’au bout de l’horizon dont la ceinture lumineuse les accueille et les relie ; le soleil pose une splendeur sereine sur leurs vieux flancs tailladés, sur leur dôme de forêts toujours vivantes ; le soir, ces grandes images flottent dans des ondulations d’or et de pourpre, et le fleuve couché dans la brume ressemble à un roi heureux et pacifique qui, avant de s’endormir, rassemble autour de lui les plis dorés de son manteau. […] L’Égyptien du temps de Chéphrem dont nous parlions tout à l’heure existe encore par la pierre qu’il a posée ; ainsi sera-t-il de l’homme qui aura collaboré à l’œuvre d’éternité. […] Nous sommes aujourd’hui moins accommodants que cet Eudoxe ; mais nous sommes moins tranquilles, plus inquiets, plus passionnés que ce Philalèthe ; et c’est justement parce que nous aimons le vrai que nous sommes plus passionnés ; je n’ai point voulu arrêter par des réflexions ou par des commentaires un texte aussi exubérant, aussi plein, aussi fervent ; je me rends bien compte qu’un texte aussi plein dépasse de partout ce que nous voulons lui demander aujourd’hui ; que de lui-même il répond à toutes sortes d’immenses questions que nous ne voulons point lui poser aujourd’hui ; et je suis un peu confus de retenir si peu d’un texte aussi vaste ; c’est justement ce que je disais quand je disais que tout le monde moderne est dans Renan ; on ne peut ouvrir du Renan sans qu’il en sorte une immensité de monde moderne ; et si le Pourana de jeunesse était vraiment le Pourana de la jeunesse du monde moderne, le testament de vieillesse est aussi le testament de toute la vieillesse de tout le monde moderne ; je me rends bien compte qu’ayant à traiter toutes les autres immenses questions qu’a soulevées le monde moderne c’est au même texte qu’il nous faudrait remonter encore ; et c’est le même texte qu’il nous faudrait citer encore, tout au long ; nous le citerions, inlassablement : nous l’avons cité aujourd’hui, tout au long, sans l’interrompre, et sans le troubler de commentaires, parce que s’il porte en même temps sur une infinité d’autres immenses questions, il porte aussi, tout entier et à plein, sur la grosse question qui s’est soulevée devant nous ; et sur cette question nous ne l’avons pas interrompu, parce qu’il est décisif, pourvu qu’on l’entende, et sans même qu’on l’interprète ; il est formellement un texte de métaphysique, et j’irai jusqu’à dire qu’il est un texte de théologie.

928. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

J’ai posé dans un premier chapitre qu’il ne fut point ce qu’on l’a cru… Le mot, si souvent cité, de madame Necker sur l’exagération de l’esprit de Diderot peut s’appliquer à sa renommée. […] Il s’était posé en révolutionnaire dramatique. […] Les matérialistes, qui ont, en art, engendré le réalisme, oublieront ingratement l’athéisme qu’ils doivent à Diderot et riront avec mépris du bonhomme qui définit la peinture : « l’art d’aller à l’âme par l’entremise des sens », et qui, dans son Essai sur la peinture, pose en principe que « le but de l’art est de rendre la vertu aimable, le vice odieux et le ridicule saisissant ». […] Plus de bourgeois rappelant par l’attitude de la phrase et de la pensée les bourgeois drapés, posés et idéalisés par David dans son serment du Jeu de Paume, dont, à coup sûr, Diderot eût fait partie s’il eût vécu jusqu’à la Révolution.

929. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Vous la bafouez, vous la maltraitez, Vous jouez avec elle comme les enfants avec les hannetons, vous la faites poser éternellement dans un costume d’arlequin et vous voulez que cette nature fasse des frais pour vous remercier de toutes les bontés que vous avez pour elle. […] Si voyant un poêle, elles ont dit : c’est un poêle, posé à tel endroit, de telle forme, de telles dimensions, etc., en un mot, en donnant tous les renseignements palpables, elles ont été sincères et le public a l’idée très claire d’un poêle. […] Mais la plume à la main, on se croit toujours obligé de changer de peau, et le même homme qui aura parlé avec son sentiment personnel, consultera les professeurs de rhétorique pour écrire et se préparera à poser devant le public selon la tradition. […] Dumas fils, et cependant il y a une solidarité de médiocre entre ces auteurs. — Sans le public, il n’y a plus qu’un trouble immense dans les arts, chacun se proclame roi, personne ne peut juger ; le bon plaisir de chacun, quelle que soit sa bêtise ou son intelligence, pose le type de l’excellent. […] Vous la bafouez, vous la maltraitez, vous jouez avec elle comme les enfants avec les hannetons, vous la faites poser éternellement dans un costume d’arlequin et vous voulez que cette nature fasse des frais pour vous remercier de toutes les bontés que vous avez pour elle.

930. (1925) Proses datées

Au salon, Leconte de Lisle ouvrit un livre posé sur un guéridon. […] Sur la table où il écrivait était posé, compagnon de sa solitude et divertissement de ses yeux, un aquarium hanté d’un poisson rouge. […] N’était-ce pas Théophile Gautier qui avait dessiné les arabesques turques des vitraux posés aux fenêtres ? […] Posés çà et là, ils amusent mes yeux par leurs formes et leurs couleurs. […] A son côté est posé Son casque dont on distingue la garniture de peau de tigre et le court plumet blanc.

931. (1905) Promenades philosophiques. Première série

Poser, comme Spencer, des limites au connaissable, c’est réserver aux superstitions un excellent terrain de construction. […] L’une peut se poser à propos d’un cas particulier. […] Grasset pose ensuite les limites supérieures de la biologie. […] Voilà la question que l’on se pose avec angoisse, quand on a lu l’Art d’écrire et ses naïfs succédanés. […] Ce qu’il y a de terrible dans cette Commission, c’est qu’elle pose des principes de logique générale.

932. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE RÉMUSAT » pp. 458-491

Le berceau de Mme de Rémusat est donc bien posé ; ces circonstances premières et décisives, qui environnent l’enfance, vont y introduire et y développer les germes prudents qui grandiront. […] On devine, pour une foule de scènes et pour un certain fond permanent, combien M. de Talleyrand a posé ; et la peinture, extrêmement reconnaissable, peut sembler en général adoucie plutôt que déguisée par l’amitié.

933. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

« Sur les croupes des destriers gris de fer reposent les têtes de ceux qui suivent. » — Il faudrait voir dans l’Iliade (chant xvi, vers 212 et suivants) la manière, également admirable, dont Homère exprime la jointure serrée des rangs des guerriers ; et, dans la course des chars ([Iliade, xxiii, 380), comment l’un des coureurs presse si fort son devancier, que les chevaux de l’un ont l’air à tout moment de monter dans le char de l’autre : « Et le dos et les larges épaules d’Eumèle sont toutes moites de l’haleine de ces coursiers, qui posent sur lui leur tête envolant. » La même réalité, rendue avec une vérité expresse, a donné les mêmes images. […] J’ai souvent regretté qu’une Poétique large et moderne, tenant compte de tout dans le passé, ne définissant que ce qui est possible et laissant le reste au génie, ne fût pas venue à temps consacrer quelques préceptes, poser quelques interdictions, rappeler les vrais et immortels exemples.

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