Théophile Gautier Dans son premier volume, qui date de 1865 et qui porte le titre de : Stances et poèmes, les moindres pièces ont ce mérite d’être composées, d’avoir un commencement, un milieu et une fin, de tendre à un but, d’exprimer une idée précise… Dès les premières pages du livre, on rencontre une pièce charmante, d’une fraîcheur d’idée et d’une délicatesse d’exécution qu’on ne saurait trop louer et qui est comme la note caractéristique du poète : Le Vase brisé… C’est bien là, en effet, la poésie de M.
Je me porte fort bien : je suis très contente, car je suis disgraciée96. » Cette dernière phrase peut se traduire ainsi : le suis très contente, car je suis disgraciée par madame de Montespan, parce que je suis eu faveur auprès du roi.
C’est ce que porte une inscription** qu’on lit encore à Rome dans l’église de saint Paul.
La relation porte que les deux malintentionnés, après avoir fouetté, jusqu’au sang, le malheureux Pope, l’avoient à peine laissé, qu’il fut apperçu dans cet état par mademoiselle Blount, personne charitable & proche voisine du poëte.
Doutez vous que l’Euxin ne me porte en deux jours aux lieux où le Danube y vient finir son cours ?
Elle est si peu un plaisir : elle nous fait sentir si peu l’harmonie du vers, que l’instinct nous porte à prononcer tout haut les vers que nous ne lisons que pour nous-mêmes, lorsqu’il nous semble que ces vers doivent être nombreux et harmonieux.
Aristides Quintilianus, en parlant de plusieurs divisions que les anciens faisoient de la musique considerée sous differens égards, dit que le chant, que la musique par rapport à l’esprit dans lequel elle a été composée, et à l’effet qu’on a voulu lui faire produire, se peut partager en musique qui nous porte à l’affliction, en musique qui nous rend gais, et nous anime, et en musique qui nous calme en appaisant nos agitations.
Didot, obligé par le nom qu’il porte, — comme l’était la noblesse autrefois, — a condensé en ce volume, d’un caractère fin, mais étincelant de netteté et de précision, une science profonde et un détail immense.
C’est de la nature humaine saine et forte, de la nature humaine qui se porte bien, sans chlorose et sans nervosité.
Assurément, la pâle et délicate Mme de La Fayette, cette fille d’une société factice et qui n’a appris ce qu’elle sait de la nature humaine qu’en écoutant à travers les draperies des convenances à la porte de quelques cœurs, semble une bien grêle observatrice, quand on la compare à des esprits comme Defoë et Richardson, ces génies énergiques qui plongent, eux, dans l’humanité à une si grande profondeur, et qui la brassent comme on brasse un bain.
Le soir, disait-on, le prêtre, au moment où il fermait les portes du temple de Delphes, l’appelait à haute voix par ces mots : « Pindare le poëte est invité au souper du Dieu. » Cette vocation religieuse semblait attachée de naissance il la personne du poëte, venu au monde durant une des fêtes du Dieu, comme l’attestent quelques mots d’un de ses hymnes perdus29 : « C’était la fête qui revient tous les cinq ans, où, pour la première fois, je fus nommé, enfant chéri dans les langes. » Et, selon le commentaire ancien qui cite ces paroles, elles rappellent le cri Évoé, qui commençait les mystères d’un autre Dieu.
— Cachons-nous sous une porte. » Trop tard ! […] C’est une ville dont les murs, les portes et les fondements sont de pierres précieuses. « Le pavé est d’or pur, et clair comme verre. » Donc, ô femme de bien, saint Pierre t’ouvrira la porte. […] Pour l’empêcher de courir, elle a fermé la porte à clef et mis la clef dans sa poche. Le piston menace d’enfoncer la porte. […] » On frappe à la porte.
Dans le roman, il porte les mêmes goûts et manifeste les mêmes préférences. […] » Il se peut que l’excès de la misère tienne quelquefois lieu d’excuse à celui qui, égaré par la douleur, porte sur lui des mains violentes. […] Vautrin aussi, le voleur, le faussaire, l’assassin, porte au front, grâce à cette affection étrange, le sceau de la grandeur morale. […] L’auteur lui-même la porte sur un autre terrain, non point historique, mais philosophique. […] Sondez, si vous pouvez, les plaies secrètes, çà demi cachées aujourd’hui, mais non guéries et toujours saignantes, que porte au flanc notre société.
La rive gauche, où je vivais porte à porte avec mon ami le mathématicien Charles Henry, tout hanté déjà d’esthétique scientifique, et visité souvent par un homme qui savait toutes les langues et est devenu vice-consul en Orient, traducteur intermittent et excellent de difficiles textes de poètes persans. […] dans un jour saumâtre, fumeux, un matin jaunâtre et moite ; enterrement simple, sans aucune tenture à la porte, hâtivement parti à huit heures, sans attendre un instant quelque ami retardataire, et nous étions si peu derrière ce cercueil : Émile Laforgue, son frère, Th. […] ou l’enfant qu’elle porte en elle l’a-t-il absorbée ? […] Le glas du Voile, les mains lunaires d’Ophélie et ses cheveux inextricables, il les rencontre partout parce qu’il les porte en lui. […] Et voici, des académiciens au doigt levé vers la porte close de l’avenir, qu’ils n’entrebâillent d’ailleurs point, dont ils ne sauraient éclairer nulle fente, et des pasteurs au parler un peu glacé et trop correct.
M. de Balzac a déjà produit énormément et tout nous porte à espérer que le moment du repos n’est pas encore venu pour lui. […] Notre réponse sera catégorique ; peu nous importe que le fait matériel ait eu lieu, il nous suffit qu’Esther porte les marques évidentes de l’intention. […] Critique discret, jusqu’ici nous avons marché sur la pointe du pied en évitant d’éveiller des échos trop sonores ; maintenant il faut tout de bon nous retirer et fermer la porte. […] je parierais volontiers qu’il ne se soucie pas plus que vous des arrêts qu’il porte, mais encore une fois il attache une juste, une grande importance à être monté sur un sujet (autant celui-ci que celui-là) pour avoir le droit d’ouvrir la bouche et de vous dire ce qu’il vous dit. […] Il avait trop vécu avec le xvie siècle et s’il entrait dans les somptueux et augustes palais élevés par les mains savantes d’Athènes ou de Rome, c’était par une petite porte dérobée que selon toute vraisemblance, il avait découverte en furetant dans les œuvres d’André Chénier.
… » La querelle s’échauffe, de plus en plus odieuse et brutale ; et Admète finit par mettre son père à la porte. […] Pour elle, la porte de ce grenier s’ouvre sur le mystère, sur l’infini. […] — Ne dis jamais ton secret. » Une porte s’ouvre ; la Catanaise paraît. […] A ce moment, le mari est entré par une autre porte et a constaté, avec satisfaction, que sa femme était seule. […] Je force la porte d’une maison déserte.
Le lendemain matin il sortit, prit place à la porte et dit au peuple : « Vous êtes justes. […] C’est lui qui a fermé les portes des temples déserts. […] À force de sonner à toutes les portes, on finit par trouver de bons coins et des haltes propices. […] — Vous le voyez, darling, Florence est vraiment la ville de la fleur, et ce n’est pas à tort qu’elle porte le lys rouge pour emblème. […] La recommandation d’un vénérable prêtre lui a ouvert les portes d’une Trappe.
D’ailleurs, cette cérémonie funèbre et guerrière porte d’avance au fond de tous les cœurs, et mieux que toutes les paroles, des émotions fortes et profondes. […] Elle a nommé les ruisseaux voisins le Simoïs et le Xanthe, elle a figuré plus loin les portes de Scée, où son époux la quitta pour la dernière fois. […] Enfin le moment suprême est arrivé : un sacrement ouvrit à ce juste les portes du monde, un sacrement va les fermer. […] Le Grec ne porte qu’une idée politique et locale, où l’Hébreu attache un sentiment moral et universel. […] Toujours ferme, toujours inébranlable, elle s’avance à pas lents, elle vomit des feux continuels ; elle porte partout la destruction.
La moralité de ses œuvres si toutefois il est permis de parler de la morale en peinture, porte aussi un caractère molochiste visible. Tout, dans son œuvre, n’est que désolation, massacres, incendies ; tout porte témoignage contre l’éternelle et incorrigible barbarie de l’homme. […] Elle porte le regard à l’horizon, comme la bête de proie ; même égarement, même distraction indolente, et aussi, parfois, même fixité d’attention. […] Joyeuse ou lamentable, elle porte toujours en soi le divin caractère utopique. […] Et si le lecteur ne porte pas en lui un guide philosophique et religieux qui l’accompagne dans la lecture du livre, tant pis pour lui.
Tandis que Dante et Pétrarque espèrent en leur bien-aimée pour leur ouvrir les portes de la vie éternelle, il fuit sans cesse la sienne, lui, pour courir à la recherche de ta vérité qui dessèche son cœur. […] Ce qui est certain, c’est qu’il s’est fait une âme capable de ce sentiment excessif, absolu, qui demeure le même quand il se porte sur un objet terrestre ou céleste, qui absorbe tout l’être comme dans une sorte d’hypnotisme, qui supprime la différence entre le réel et l’imaginaire. […] Cette indifférence à tout ce qui n’est pas action est le trait saillant du livre de Garibaldi : elle frappe jusque dans les divisions des chapitres, dont chacun presque porte pour titre un nom de bataille. […] C’est, par exemple, l’histoire d’un pauvre jeune homme, employé chez un avocat, qu’on accuse d’avoir volé un billet de cent francs et qu’on met à la porte. […] Œuvres principales : la Vie militaire, Souvenirs de 1870-71, l’Espagne, la Hollande, Souvenirs de Londres, Pages éparses, le Maroc, Nouvelles, Constantinople, Souvenirs de Paris, Poésies, Portraits littéraires, les Amis, Cœur, Aux portes d’Italie.
Sans cesse elle fait naître le souvenir des Vierges maternelles de Raphaël et des plus beaux tableaux de la Charité ; — sans efforts elle est posée comme elles ; comme elles aussi, elle porte, elle emmène, elle assied ses enfants, qui ne semblent jamais pouvoir être séparés de leur gracieuse mère ; offrant ainsi aux peintres des groupes dignes de leur étude, et qui ne semblent pas étudiés. […] « Cette porte est ouverte à présent, et le peuple le plus impatient a écouté les plus longs développements philosophiques et lyriques. […] Un avantage est toujours balancé par un danger, ce danger est aussi évident que cet avantage ; choisissons le moindre : vaut-il mieux que le sol soit perdu avec la grande race qu’il porte ? […] … Tantôt il porte l’homme à ne pas survivre à un affront, tantôt à le soutenir avec un éclat et une grandeur qui le réparent et en effacent la souillure.
« Mais une première réponse à cette objection, c’est que cette critique ne porte pas sur la poésie, et qu’elle ne touche que l’art du comédien ; on peut exagérer les gestes, même en ne récitant que de simples rapsodies, comme faisait Sosistrate, et même en chantant, comme faisait Mnasithée d’Opunte. […] Il veut se passer du mot mystère, qui seul donne la clef des deux mondes, et il reste à la porte de l’un et de l’autre. […] Suivant Platon, au contraire, le témoignage des sens n’est pour l’âme qu’une occasion de s’élever à la notion universelle qu’elle porte en elle, et qu’elle y doit retrouver, quand elle sait rentrer en soi sous la conduite de la philosophie. […] Le philosophe n’a plus, comme le vulgaire, qu’à interroger sa conscience ; il y trouve la voix intérieure qui parlait si haut à Socrate, et que tout homme porte en lui, si d’ailleurs tout homme ne sait pas l’entendre aussi bien, et la suivre aussi docilement.
Dans le tems de ces querelles littéraires, on écrivit ces quatre vers sur la porte du cabinet de l’Académie Françoise. […] Sapho, la tendre Sapho, montra dans ses Odes beaucoup de douceur & de finesse ; on lui doit l’invention de ce vers si coulant qui porte son nom. […] Son travail porte par-tout l’empreinte du génie sublime, de l’esprit juste, & du goût délicat ; & si quelques parties de ce poëme ne frappent pas autant que les autres, c’est qu’il est impossible, & qu’il ne convient pas même dans un long ouvrage que tout soit également beau. […] Ce poëme porte le titre de Pharsale.
Il porte le mouvement lyrique jusque dans les moindres choses. […] Horace, même quand il célèbre la campagne, est plus brillant, plus travaillé ; il y porte cette curiosité heureuse, cette ciselure de diction qui ne l’abandonne jamais dans ses odes et qui rappelle l’art ; son expression est vive et concise, son image serrée et polie jusqu’à l’éclat : elle luit comme un marbre de Paros, comme un portique d’Albano au soleil.
Je trouve l’auteur assez aimable, mais il a, si je ne me trompe, une grande ambition de célébrité ; il brigue à force ouverte la faveur de tous nos beaux esprits, et il me paraît qu’il se trompe souvent aux jugements qu’il en porte. […] Puis il lui montre en perspective une maison charmante à la porte de Lausanne et donnant sur la descente d’Ouchy, onze pièces tant grandes que petites tournées au levant et au midi, une terrasse, une treille, le fameux berceau ou l’allée couverte d’acacias, tous les accidents d’un terrain agréablement diversifié à l’œil, les richesses d’un jardin anglais et d’un verger, surtout la vue du lac et des monts de Savoie en face.
Car de songer que trois cents jeunes filles qui y demeurent jusqu’à vingt ans, et qui ont à leur porte une cour remplie de gens éveillés, surtout quand l’autorité du roi n’y sera plus mêlée ; de croire, dis-je, que de jeunes filles et de jeunes hommes soient si près les uns des autres sans sauter les murailles, cela n’est presque pas raisonnable. […] » Une haute idée, c’est que les Dames de Saint-Louis étant destinées à élever des demoiselles qui deviendront mères de famille et auront part à la bonne éducation des enfants, elles ont entre leurs mains une portion de l’avenir de la religion et de la France : « Il y a donc dans l’œuvre de Saint-Louis, si elle est bien faite et avec l’esprit d’une vraie foi et d’un véritable amour de Dieu, de quoi renouveler dans tout le royaume la perfection du christianisme. » La fondatrice leur rappelle expressément qu’étant à la porte de Versailles comme elles sont, il n’y a pas de milieu pour elles à être un établissement très régulier ou très scandaleux : « Rendez vos parloirs inaccessibles à toutes visites superflues… Ne craignez point d’être un peu sauvages, mais ne soyez pas fières. » Elle leur conseille une humilité plus absolue qu’elle ne l’obtiendra : « Rejetez le nom de Dames, prenez plaisir à vous appeler les Filles de Saint-Louis. » Elle insiste particulièrement sur cette vertu d’humilité qui sera toujours le côté faible de l’institut : « Vous ne vous conserverez que par l’humilité ; il faut expier tout ce qu’il y a eu de grandeur humaine dans votre fondation. » Quoi qu’il en soit des légères imperfections dont l’institut ne sut point se garantir, il persista jusqu’à la fin dans les lignes essentielles, et on reconnaîtra que c’était quelque chose de respectable en l’auteur de Saint-Cyr que de bâtir avec constance sur ces fondements, en vue du xviiie siècle déjà pressé de naître, et dans un temps où Bayle écrivait de Rotterdam à propos de je ne sais quel livre : On fait, tant dans ce livre que dans plusieurs autres qui nous viennent de France, une étrange peinture des femmes de Paris.
Et cette porte entrouverte, on rentre insensiblement dans l’autre aspect de la question, et peu à peu on y regagne presque tout. […] S’agissait-il d’Anacréon, il savait bien discerner dans le recueil d’Odes, qui porte le nom de ce vieux poète, ce qui était de l’antique Ionien et tout ce qu’on y avait mêlé de plus moderne et d’anacréontique plus ou moins délicat ou médiocre.
Balzac avait précédé Voiture dans la réputation et aussi dans l’art d’écrire ; l’invention en tout est chose si rare, si peu à la volonté de chacun, que même lorsqu’elle ne porte que sur la forme, il faut en savoir un gré infini à ceux qu’elle a une fois visités. […] Au retour d’un voyage que Costar avait fait du Mans aux bords de la Charente et d’une visite chez Balzac, Voiture, en l’en félicitant, lui disait : … Je vous porte envie d’avoir été huit jours avec M. de Balzac.
Insistant sur l’utilité dont peut être une bonne dialectique pour prémunir contre les faux jugements : « Il est certain, dit-il, que la lecture fréquente des ouvrages de Bayle donne à l’esprit une certaine volubilité sur cette matière, qu’il ne tiendra jamais uniquement des avantages de la nature. » Tout en recommandant particulièrement à son frère quelques écrits de son auteur de prédilection, il ajoute que lui-même est occupé de faire imprimer en ce moment un extrait du Dictionnaire ; il compte que cet abrégé, qui porte principalement sur la partie philosophique de l’ouvrage, se répandra dans le public et pourra être utile : Je suis persuadé que la mauvaise conduite de la plupart des hommes vient moins d’un principe de méchanceté que d’une suite de mauvais raisonnements ; et je crois par conséquent que si on pouvait leur apprendre à raisonner d’une façon plus juste et plus conséquente, leurs actions s’en ressentiraient d’une manière avantageuse. […] [NdA] On lit, au tome ier des Souvenirs de Mme Vigée-Lebrun, un portrait du prince Henri, qui, venant d’une main si habile à faire des portraits au pinceau, d’un artiste si habitué à bien voir, a du prix et porte avec soi sa garantie de ressemblance : Lorsque la comtesse de Sabran me présenta chez elle au frère du grand Frédéric, je voyais ce prince pour la première fois, et je ne saurais dire combien je le trouvai laid.
Dès que le grand homme qui sait s’étonner le premier porte ses regards hors de lui, le voile de l’habitude tombe, il se trouve en présence de la nature, l’interroge librement et recueille ses réponses. » Le grand homme est celui, qui, après s’être étonné, trouve l’explication. […] Les révolutions spontanées, continuelles, que je n’ai cessé d’éprouver, que j’éprouve encore tous les jours, ont prolongé la surprise et me permettent à peine de m’occuper sérieusement des choses étrangères, ou qui n’ont pas de rapport à ce phénomène toujours présent, à cette énigme que je porte toujours en moi, et dont la clef m’échappe sans cesse en se montrant sous une face nouvelle, quand je crois la tenir sous une autre.
Dans le moment même « où l’on ne se figurait plus Hume et Jean-Jacques que dans les bras l’un de l’autre, que baignés de larmes de joie et de reconnaissance et jouissant d’un bonheur mutuel, ouvrage de leurs vertus, tout à coup on porte à un souper nombreux chez M. […] Quand on y porte un cœur droit et des intentions pures, quand on veut en faire partie et non pas la dominer, l’assujettir, on ne la trouve point un assemblage de monstres odieux.
En quelque lieu qu’il s’arrête, sur quelque métairie qu’il porte ses regards, il voit tout ensemble devant lui, la vigne qui, élégamment suspendue en contre-espalier autour de chaque champ, l’environne de ses festons ; les peupliers, rapprochés les uns des autres, qui lui prêtent l’appui de leur tronc, et dont les cimes s’élèvent au-dessus d’elles ; l’herbe, qui croît au pied de ces élégants contre-espaliers et qui gazonne les bords des nombreux fossés, destinés à l’écoulement des eaux ; les mûriers qui, plantés sur deux lignes au milieu des champs, et à une distance assez grande pour ne pas les offusquer de leur ombre, dominent les moissons ; les arbres fruitiers qui, çà et là, sont entremêlés aux peupliers et à la vigne ; les blés de Turquie qui, s’élevant à six ou huit pieds au-dessus de terre, entourent leurs magnifiques épis de la plus riche verdure ; les trèfles annuels dont les fleurs incarnates se penchent sur leur épais feuillage ; les lupins dont le coup d’œil noirâtre et l’abondante végétation contraste avec la souplesse, l’élégance et la légèreté des seigles non moins vigoureux qu’eux et qui s’élèvent au-dessus de la tête des moissonneurs ; enfin, les blés dont les longs épis dorés sont agités par les vents et rappellent par leurs ondulations le doux mouvement des vagues d’un beau lac. » Le second morceau consacré aux Collines est comme un pendant au tableau des plaines ; celles-ci, dans aucun pays, ne peuvent plaire aux yeux que par l’abondance et la fertilité qui les caractérise. […] Elle lui dit : « Qu’elle avait écrit, il est vrai, qu’il fallait se roidir contre l’opinion publique, mais non pas contre celle de ses parents ; que, d’après ce qu’on lui avait raconté, la demoiselle qu’il recherchait n’ajouterait par sa famille aucun lustre à la sienne, mais au contraire qu’elle ne lui apporterait aucune fortune et le mettrait dans la dépendance ; qu’elle regardait bien toutes ces distinctions de famille à Genève comme très-ridicules et de fort peu de poids ; mais que cependant elles en acquéraient davantage lorsque l’alliance que l’on contractait pouvait ouvrir ou fermer la porte de la meilleure compagnie et faire tourner la balance ; qu’il devait considérer la nature de son attachement et la personne qu’il aimait ; que si elle était telle qu’il crût réellement impossible de la remplacer, pour l’esprit et le caractère, par une autre qui lui fût égale, alors cette considération pouvait devenir la plus puissante de toutes ; mais, que s’il n’avait pas ce sentiment, il fallait peser toutes les autres convenances. » « J’ai répondu, poursuit Sismondi, que je jugeais en amant et que je ne pouvais éviter de voir cet accord parfait. — Elle a répliqué qu’un homme d’esprit, de quelque passion qu’il fût animé, conservait encore un sens interne qui jugeait sa conduite ; que toutes les fois qu’elle avait aimé, elle avait senti en elle deux êtres dont l’un se moquait de l’autre. — J’ai ri, mais j’ai senti que cela était vrai… » C’est là de la bonne foi, et c’est cette entière bonne foi, cette disposition naïve, italienne ou allemande comme on voudra l’appeler, mais à coup sûr peu française, qui, jointe à un grand sens et aux meilleurs sentiments, est faite pour charmer dans le Journal et dans la correspondance de Sismondi. — Et comment finit le roman d’amour ?
je les mérite par le respect profond et l’amour sans bornes que je vous porte. […] C’est pendant l’hiver qui précède la mort de Louis XV (février 1774) ; mais on s’arrête bientôt de peur de surprise : « Il nous était venu aussi une idée folle bien amusante, qu’il avait été convenu de tenir très secrète de peur que le roi n’y mît opposition, tout innocent que c’était : c’était de jouer, rien qu’entre nous, des comédies toutes portes closes.
Ils sont mal couchés, mal nourris, et les uns sur les autres ; et celui qui se porte bien ne peut respirer qu’un air empesté : par-dessus tous ces maux, la tristesse et la mélancolie causée avec justice par la perte de leurs biens, par une captivité dont ils ne voient point la fin ; la perte ou au moins la séparation de leurs femmes et de leurs enfants, qu’ils ne voient plus et qu’ils ne savent ce qu’ils sont devenus. […] Il s’agissait, pour ce peuple errant et dispersé, de se donner un rendez-vous à l’extrémité du lac de Genève, à Bex, aux portes du Valais, d’entrer en Savoie, « de l’effleurer par le territoire de Saint-Maurice, de passer à Martigny, de suivre la vallée du grand Saint-Bernard jusqu’à Orsières, de remonter le val Ferret, puis traverser le col Letrevre, descendre à Courmayeur, passer de là au petit Saint-Bernard, tourner ainsi le Mont Blanc, et venir retomber en Savoie entre le col Bonhomme et le mont Iseran du côté de Scez, sur la route qu’avaient reconnue leurs premiers éclaireurs. » Cet itinéraire habile et hardi ne fut pas suivi comme il avait été tracé d’abord ; le premier projet échoua ; la pratique et la nécessité en suggérèrent un autre : ce fut à Prangins, près de Nyon, que le rendez-vous patriotique eut lieu ; on traversa le lac à cet endroit (16 août 1689) ; on passa par Cluse, Sallanches, on attaqua le Mont-Blanc et le col du Bonhomme par un autre côté.
À propos d’une visite qu’elle fait à leur ami commun, M. de Jouy, condamné à un mois de prison pour un article biographique sur les frères Faucher, je note cet agréable passage (3 mai 1823) : « Encore tout heureuse de votre lettre, j’ai été la montrer à notre ami prisonnier ; il se porte à merveille et reçoit plus de visites qu’un ministre en crédit. […] Un jour à Bagneux, maison de campagne de Mme Davillier, après une longue discussion sur l’opéra de Fernand Cortez, sur lequel on avait pris plaisir à le chicaner : « Vous avez beau dire, s’écria Jouy en ne plaisantant qu’à demi, il y a dans cette pièce un acte excellent que vous n’êtes pas assez forts pour découvrir. » Béranger, qui avait retenu le mot, se lève au milieu de la nuit, appelle deux des interlocuteurs qui étaient ses voisins, et ils s’en vont frapper à la porte de la chambre de Jouy qui s’éveille en sursaut.
Il y eut dès lors comme un premier aperçu jeté en causant, une première idée vaguement esquissée du duc d’Orléans possible comme roi de France ; ce n’était qu’un en-cas : M. de Talleyrand se contenta de répondre « que la porte n’était pas ouverte encore, mais que si elle venait jamais à s’ouvrir, il ne voyait pas la nécessité de la fermer avec violence ». […] — On s’y plaint un peu de la publication des articles secrets du traité signé par les trois puissances qui interviennent un peu dans les affaires de la Grèce. — C’est pour nous autres, vieux diplomates, qu’il est singulier de voir dans les journaux les articles secrets d’un traité qui porte la clause de deux mois pour les ratifications ; — du reste, ce traité-là ne sera pas d’un grand secours pour les Grecs ; ce qui les aidera véritablement, c’est l’insurrection de la Dalmatie, si, comme je le crois, elle est générale dans cet inattaquable pays.
Le succès du Méchant ouvrit à Gresset les portes de l’Académie ; il était donc à trente-neuf ans, en 1748, au comble, ce semble, de ses vœux et dans la plénitude de sa carrière, lorsque, sans qu’on vît bien pourquoi, il ressentit soudainement une grande lassitude et ne songea plus qu’à se retirer. […] Duméril, et qui s’est égaré on ne sait comment, se rouvrirait aujourd’hui tout entier ; quand on en verrait sortir cette suite du Vert-Vert dont M. de Cayrol porte encore le deuil et dont il a tenté de nous donner en vers la complète restitution, on n’aurait guère à changer d’avis ; on y serait de plus en plus confirmé, je le crains.
Il suivrait do la page des Mémoires, qu’elle mit La Blancherie à la porte, ou peu s’en faut, d’un air de reine ; et il suit de la lettre à Sophie (21 décembre 1776), qu’entendant venir une visite, elle lui fit signe lestement de passer par une porte, tandis qu’elle allait recevoir par l’autre, prenant, dit-elle, son air le plus folichon pour couvrir son adroit manège.
Quand, jeune et déjà mère, autour de mon foyer, J’assemblais tous les biens que le ciel nous prodigue, Qu’à ma porte un figuier laissait tomber sa figue Aux mains de mes garçons qui le faisaient ployer, Une voix s’élevait de mon sein, tendre et vague. […] Il y composa des vers, où le sentiment de la solitude, qui porte à Dieu, se mêle aux sentiments de Dieu qui remplit la solitude.
L’erreur porte parfois, non plus sur un individu, mais sur toute une civilisation. […] Que d’efforts n’a-t-il pas fallu, depuis le jour où Voltaire risquait dans Zaïre une pâle réminiscence de la jalousie d’Othello, pour que le grand dramaturge anglais forçât les portes de nos théâtres !
Sa correspondance avec Mme de La Tour, pendant son séjour en Suisse, porte des traces de cette irritation, de cette surexcitation de vanité, c’est-à-dire de ce qui, en ce genre de folie, est à la fois la cause et le symptôme : « Vous dites que je ne suis indifférent à personne, écrivait-il un jour à Mme de La Tour ; tant mieux ! […] Elle s’enhardit malgré tout ; elle se présente à sa porte, au Temple, où le prince de Conti lui donnait asile.