Ampère qu’il est permis de nommer tout à côté d’eux, tant pour la portée de toutes les idées que pour la grandeur particulière d’un résultat. […] En les transcrivant, je ne me permets point d’en altérer un seul mot, non plus que pour toutes les citations qui suivront. […] Ô Seigneur, Dieu de miséricorde, daignez me réunir dans le ciel à ce que vous m’aviez permis d’aimer sur la terre ! […] Ballanche, au reste, sera la dernière pièce confidentielle que nous nous permettrons : elle termine pour nous la jeunesse de M. […] En avançant dans le récit d’une vie, ces sortes de confidences, moins essentielles, moins gracieuses, nous semblent aussi moins permises.
Quoique située dans l’enceinte de la ville, elle est cependant assez éloignée du centre pour qu’il soit permis de l’appeler campagne, et même solitude ; car il s’en faut de beaucoup que toute cette enceinte soit occupée par les bâtiments, et, quoique les vides qui se trouvent dans la partie habitée se remplissent à vue d’œil, il n’est pas possible de prévoir encore si les habitations doivent un jour s’avancer jusqu’aux limites tracées par le doigt hardi de Pierre Ier. […] Un philosophe sérieux devait-il, en sujet si grave, permettre à sa plume de telles facéties ? […] Oui : Dieu le reçoit dans ses temples et lui permet de prier. […] Ton âme est un papier blanc sur lequel nous n’avons point permis au diable de barbouiller, de façon que les anges ont pleine liberté d’y écrire tout ce qu’ils voudront, pourvu que tu les laisses faire. […] Je lui répondis : Monsieur le Comte, permettez-moi de marcher à reculons pour lui jeter le manteau ; je ne veux pas commettre le crime de Cham.
« Ni devant les juges, ni dans les combats, il n’est permis, ni à moi ni à d’autres, d’employer tous les moyens pour éviter la mort ; et ce n’est pas là ce qui est difficile que d’éviter la mort, il l’est beaucoup plus d’éviter le crime, qui court plus vite que la mort ! […] L’heure, la mort, la gravité du passage de cette vie à l’autre, que pressent Socrate et qui émeuvent Platon, ne permettent ni au philosophe ni à son disciple de perdre leur temps et le nôtre dans les puériles arguties de leur dialectique oiseuse. […] Et moi, je pense que je sers Apollon aussi bien qu’eux, que je suis consacré au même dieu ; que je n’ai pas moins reçu qu’eux de notre commun maître l’art de la divination, et que je ne suis pas plus fâché de sortir de cette vie ; c’est pourquoi, à cet égard, vous n’avez qu’à parler tant qu’il vous plaira, et m’interroger aussi longtemps que les onze voudront le permettre. » Il badine ensuite avec une grâce véritablement divine, comme s’il était déjà un homme divinisé, avec ses amis, en jouant avec les beaux cheveux de Phédon, qui était assis à ses pieds, sur un siège plus bas que le lit. […] Socrate la prit avec la plus parfaite impassibilité, sans aucune émotion, sans changer ni de couleur ni de visage ; mais, regardant cet homme d’un regard ferme et assuré comme à son ordinaire : « Dis-moi, est-il permis de répandre un peu de ce breuvage pour en faire une libation ? […] « — J’entends, dit Socrate ; mais au moins il est permis et il est juste de faire ses prières aux dieux, afin qu’ils bénissent notre voyage et le rendent heureux ; c’est ce que je leur demande ; puissent-ils exaucer mes vœux !
Dans la croisée la plus rapprochée de la porte, se trouvait une chaise de paille dont les pieds étaient montés sur des patins, afin d’élever Mme Grandet à une hauteur qui lui permît de voir les passants. […] Ce jour-là seulement Grandet permettait qu’on allumât le feu dans la salle, et il le faisait éteindre le trente et un mars, sans avoir égard ni aux premiers froids du printemps ni à ceux de l’automne. […] Ces soixante livres, accumulées depuis trente-cinq ans, lui avaient permis de placer récemment quatre mille livres en viager chez maître Cruchot. […] Sa robuste santé lui permettait d’habiter impunément cette espèce de trou, d’où elle pouvait entendre le moindre bruit par le silence profond qui régnait nuit et jour dans la maison. […] Vous y demeurerez jusqu’à ce que je vous permette d’en sortir.
Dieu n’a pas permis qu’on sût par quel organe ce flot de sa sagesse avait passé ; il a voulu que l’ouvrage fût immortel et l’auteur ignoré. […] Évidemment ce n’est pas dans un jeune homme : l’absence de toute passion ne s’y ferait pas remarquer ; le ressentiment, la rancune contre tant d’injustice, y éclaterait en dépit de l’écrivain ; l’Évangile lui-même se permet l’injure contre les Pharisiens, les sépulcres blanchis ; l’injure sacrée elle-même s’élève jusqu’à la colère et s’arme du fouet de la satire contre les marchands profanateurs du Temple, chassés violemment du sanctuaire. […] La nature se plaît à l’estime et aux louanges des hommes, qu’elle croit mériter : la grâce fait qu’on s’en croit toujours indigne, et qu’on rapporte à Dieu l’honneur de toutes choses ; et elle est si délicate sur ce point, qu’elle ne permet pas à une âme humble et fidèle le moindre retour volontaire de vanité sur elle-même, de peur qu’elle n’ait quelque complaisance du bien qu’elle fait. […] Vous envoie-t-il des peines et des châtiments, recevez-les encore avec joie : car c’est toujours pour notre salut qu’il fait ou qu’il permet tout ce qui nous arrive. […] Rien ne lui pèse, rien ne lui coûte ; il tente plus qu’il ne peut ; jamais il ne prétexte l’impossibilité, parce qu’il se croit tout possible et tout permis.
Vous croyez me faire une grâce en me permettant de m’exercer sur quelques points non définis, en me jetant le monde comme une matière à dispute, en m’avertissant bien par avance que du premier mot jusqu’au dernier je n’y entendrai rien. […] Mais, s’il m’était permis de m’entendre de bien près avec eux, nous verrions jusqu’à quel point leur ardeur scientifique n’est pas une noble inconséquence. Qu’on me permette un exemple. […] Il faut avouer qu’il y avait, dans le supernaturalisme primitif, dans celui qui a créé les systèmes mythologiques de l’Inde et de la Grèce, quelque chose d’admirablement puissant et élevé 33 ; à celui-là, je pardonne bien volontiers, et quelquefois je le regrette ; mais il n’est plus possible ; la réflexion est trop avancée, l’imagination trop refroidie pour permettre ces superbes contre-bons sens. […] Le ton suffisant qu’il se permet vis-à-vis des résultats de la science et de la réflexion est une des plus sensibles agaceries que rencontre le penseur.
C’est celui qui marque la limite du champ qui est le voleur, et Dieu permet qu’on lui reprenne ce qu’il a volé. — Non, Dieu ne l’a pas permis. […] L’espace consacré à cette revue ne nous permet de nous occuper que de la première de ces nouvelles. […] — Mon colonel, lui dis-je, voulez-vous me permettre de vous embrasser ?! […] La scène de la lecture de la pièce, chez l’actrice, mériterait d’être citée tout entière si l’espace réservé à cette revue le permettait.
On avait permis à nos femmes et à nos enfants de nous dire adieu. […] L’ancienneté de ma noblesse ne me permet pas de frayer avec elle. […] Qui donc se permet… C’est toi Grymalkin ? […] Oui, nous avons permis cette plaisanterie. […] Permettez-moi de vous les présenter.
Et n’est-il pas permis de croire que ni M. […] Zola, les Rougon-Macquart, cinq volumes où l’auteur a dépassé tout ce que le réalisme s’était encore permis d’excès. […] Voilà peut-être une bien longue analyse : elle nous permettra de saisir à nu le procédé réaliste. […] Cette simple remarque permettra peut-être à M. […] Daudet demande l’intérêt à de tout autres moyens, et il est permis de s’abstenir, car c’est à de tout autres sources qu’il va puiser l’émotion.
On a beaucoup parlé du relâchement de l’Oratoire en ces années finissantes ; je ne me permettrai pas de jugement général, et je crois tout à fait que la physionomie extérieure de l’Ordre était restée très-convenable, très-satisfaisante aux abords de la révolution. […] Quelques faits toutefois permettront le doute un moment. […] C’est ce que l’auteur s’est permis religieusement de plus hardi ; on se demande, en le lisant, où est cette grande hardiesse, tant il l’a encore voilée. […] Daunou aurait seule retenue, quand tout le monde de nos jours l’eût abandonnée : elle consiste à se borner et presque à s’asservir à l’ouvrage qu’on examine, à l’extraire, à le suivre pas à pas, en y relevant incidemment les fautes ou lés beautés, sans se permettre les excursions et les coups-d’œil plus ou moins étrangers. […] On a beaucoup parlé de ses vastes et nombreux instruments de connaissances : il est permis avec lui de préciser.
Je crois que l’artiste peut avoir l’ambition de corriger la nature et de s’élever au-dessus d’elle ; je crois en un mot, qu’il lui est permis de parler une langue idéale. […] Il est permis à des collégiens, à des femmes, de garder sur leurs yeux le bandeau du patriotisme littéraire ; les collégiens sont ignorants, et les femmes sont naturellement passionnées. Il est permis au public d’un théâtre de s’abstenir, lorsque l’affiche annonce pour le soir la représentation d’une pièce totalement étrangère à ses mœurs, à ses sentiments, à ses idées, bien qu’il ne lui fût pas permis de siffler cette pièce, si elle était signée d’un nom illustre, et s’appelait Guillaume Tell, Hamlet, Faust, Iphigénie en Aulide ou Le Misanthrope. […] Permettez-moi, mon cher, de vous rappeler votre maladie, comme Toinette au bonhomme Argan : vous êtes philosophe, vous avez un système, et dans votre système cet artiste ne peut pas se corriger. […] Il ose se permettre des propos sensés, mais il a soin de les faire excuser par la grâce parfaite de ses manières, de son ton ; il produit la raison, mais il la voile avec autant de scrupule que la pudeur en a pour exprimer une idée libre.
On ne veut pas leur permettre ni de faire trop de bruit, ni surtout de causer du scandale. […] Ce n’est donc pas la suppression des droits d’auteur qui permet de réduire le prix de vente d’un livre, mais uniquement le chiffre de son tirage et l’étendue de sa diffusion. […] D’ailleurs, ils ne s’en privent pas, et se permettent également des injures, dont je m’abstiens pour mon compte. […] Elle me ravit par sa précision et en même temps ce je ne sais quoi d’immense qu’elle a, cette phosphorescence, si je puis dire, qui permet de lui supposer toutes les dimensions. […] Elles permettraient d’accroître le pourcentage des droits d’auteur.
Sainte-Beuve a bien voulu nous permettre d’inscrire son nom sur la première page de ce livre, et a daigné nous adresser à son sujet quelques considérations qu’il nous permet de reproduire. […] Mais la Révolution, en détruisant tout, avait permis de tout reconstruire. […] Le chiffre seul était permis, honoré, protégé, payé. […] Néanmoins il était permis aux poètes d’idéaliser cette figure historique peu connue et d’une importance secondaire. […] Mais de son temps, il n’était pas plus permis de réformer la langue et le vers classique, que de violer la règle des unités.
Taine ne vous permet pas de jouir à votre gré des beautés qu’il vous présente, il veut que vous en jouissiez d’une manière conforme de tous points à la sienne. […] Quelle tranquillité, et comme toutes ces clameurs sourdes et violentes s’éteignent vite dans ce silence si profond qu’il nous permet d’entendre le plus léger battement des ailes d’Ariel ! […] Nous ne remonterons pas plus haut, si vous le permettez, que le docteur Richard Sterne, célèbre, pendant les guerres de la révolution, par son attachement au parti du roi, et qui mourut en 1683 archevêque d’York. […] Ce mariage était pourtant du genre de ceux qui sont dits d’inclination, et Laurence l’avait désiré avec autant de constance et d’ardeur que lui en permettait sa capricieuse nature. […] Ce mérite reconnu, nous nous permettrons de dire, en dépit de M.
Examinons-en quelques-uns ; cela nous permettra de préciser beaucoup mieux la théorie de l’invention, et de voir les différents détails et les formes variables de la création intellectuelle. […] En prolongeant la durée du phénomène, en en séparant les phases, en en isolant les éléments, ils nous permettent de l’étudier plus en détail. […] Le sentiment est une des conditions ordinaires de l’idée créatrice, et les lois de la psychologie générale permettaient de le prévoir. […] Le raisonnement paraît intervenir d’une manière efficace pour permettre à l’idée de se produire et pour l’éprouver une fois produite. […] Quoique cette différence n’ait rien d’absolu et permette les transitions, elle n’est pas moins réelle.
Sainte-Beuve : qu’on me permette d’en rappeler l’un des principaux épisodes, se rapportant aussi au xvie siècle.
Vous me permettrez donc de donner en quelques mots les éclaircissements que voici : L’École romane française revendique le principe gréco-latin, principe fondamental des Lettres françaises qui florit aux onzième, douzième et treizième siècles avec nos trouvères, au seizième avec Ronsard et son école, au dix-septième avec Racine et La Fontaine.
Nous ne l’envisagerons point comme Théologien : nous souscrivons au jugement qu’on en a porté à cet égard ; mais en qualité d’homme de Lettres, il nous est permis de le regarder comme le génie le plus heureux, & comme un des meilleurs Ecrivains que nous ayons eus.
Il étoit très permis à un Poëte, toujours attentif à respecter les mœurs & la Religion, de se repentir publiquement d’avoir exercé ses talens dans un genre que l’austere vertu est très-éloignée d’approuver.
Pouvoit-il oublier que ces Pensées ne sont que des éruptions intermittentes d’un esprit accoutumé à réfléchir profondément, & auxquelles les infirmités continuelles de l’Auteur n’ont pas permis de donner de la liaison & de la suite, comme il en avoit l’intention ?
Peut-être a-t-on eu raison de lui reprocher trop de penchant à la critique, trop d'affectation à combattre certaines traditions accréditées par la multitude & le poids des témoignages, trop de facilité à tourner les textes à l'appui de ses idées, trop de complaisance dans les tableaux qu'il trace des abus qui lui déplaisent, trop d'amertume dans les censures ; mais en convenant de quelques-uns de ces défauts, il n'en est pas moins vrai, que si une plus longue carriere lui eût permis d'exécuter l'Ouvrage en entier, il auroit eu la gloire de nous avoir laissé une Histoire aussi estimable par la recherche des faits, leur ordonnance & leur variété, que par le mérite du style, qui est simple, aisé, naturel, & piquant, sans jamais s'éloigner de l'élégance & de la pureté, qui sont le partage d'un excellent Ecrivain.
Gaston Paris me permettra de citer ici quelques lignes de son écriture, car elles sont une critique et elles disent ma pensée même, depuis que je les ai lues : « Sur quelques points (comme ce qui regarde l’orthographe) je ne serais pas tout à fait d’accord avec vous, et en thèse générale je ne sais si dans l’évolution linguistique on peut faire autre chose qu’observer les faits ; mais après tout dans cette évolution même toute volonté est une force et la vôtre est dirigée dans le bon sens. » Ma pensée c’est cela même, c’est que je ne suis qu’une force, aussi petite que l’on voudra, qui voudrait se dresser contre la coalition des mauvaises forces destructives d’une beauté séculaire.
Il est permis peut-être aujourd’hui à l’auteur d’ajouter à ce peu de lignes quelques autres observations sur le but qu’il s’est proposé en composant ces Odes.
Tu me permettras d’être en sortant des ténèbres Ton enfant ; Et tandis que rira ce tas d’hommes funèbres Triomphant, Tu ne trouveras pas mauvais que je t’adore, En priant, Ébloui par ton front invincible, que dore L’Orient.
On ne sçauroit trop en recommander la lecture, sur-tout aux partisans fanatiques de certains auteurs modernes, qui se sont permis dans le genre historique autant de liberté que s’ils avoient fait un poëme épique.
L’homme en est abondamment pourvu, ce qui lui permet de prendre constamment des vessies pour des lanternes, ce qui est le vrai miracle, le miracle perpétuel. […] Après cela, on peut tout se permettre et tout promettre. […] Le plus court serait de s’en prendre aux habitants et de ne leur permettre de ne sortir de chez soi qu’à tour de rôle ; mais ‘puisque ce n’est pas possible, le mal n’a guère de remède. […] Comparons-les plus étroitement à des mendiants ou à des pillards, à des maraudeurs qui savent très bien qu’ils ont faim mais qui ne savent pas avec quoi le hasard leur permettra de calmer leur faim. […] Enfin voici l’homme à qui il incombe de dénouer les ficelles et il nous permet de voir à moitié le génie assyrien qui, dans une pose un peu tourmentée, veille sur les cendres du poète.
Poncher, était conseiller d’État, et que Saint-Martin, en se pressant, aurait pu hériter de sa place : mais il dit un jour à son père, plus gaiement qu’il ne se le permettait d’habitude : Voici la marche que cela suivra ; j’entrerai d’abord dans la magistrature inférieure, puis je serai conseiller au Parlement, puis maître des requêtes, puis intendant, puis conseiller d’État, puis ministre, puis exilé. […] Ces grands objets en vue desquels il se permettait de légers mensonges étaient la culture des sciences occultes et ses liaisons avec les initiés de Bordeaux ; mais nous éviterons absolument de parler de ce que nous ignorons. […] [NdA] Ce serait à croire, si les dates permettaient de le supposer, qu’en répondant ainsi à son père, Saint-Martin faisait allusion à un événement très présent en Touraine, à la situation de M. de Choiseul exilé à son château de Chanteloup à la porte d’Amboise : mais il fit cette réponse plusieurs années auparavant, et pour se rendre si bien compte des temps divers d’une carrière ministérielle, il lui suffisait des disgrâces récentes et des exils de M. de Machault, de M. d’Argenson et du cardinal de Bernis.
Les bontés de Sa Majesté, l’honneur de sa confiance me donnent du courage ; mais permettez-moi de vous parler avec liberté : ce qui est arrivé après Kehl, lorsqu’on m’a blâmé d’avoir ramené l’armée en France, a fait une impression sur mon esprit, laquelle se détruira ; mais on est homme, et une certaine activité qui m’a fait agir jusqu’à présent sans trop consulter, une fois désapprouvée, ne se rétablit pas tout d’un coup. […] Permettez-moi d’achever ma campagne ici. […] Villars reçut en même temps un ordre réitéré de partir, et une lettre de Chamillart datée de quelques heures après, qui révoquait cet ordre et lui permettait de rester à la tête de l’armée du Rhin.
Poirson, du sein de sa retraite où il ne peut s’empêcher d’être laborieux comme toujours, vient de publier un ouvrage qu’il préparait depuis longtemps, une Histoire du règne de Henri IV, dans laquelle il a rassemblé tout ce qu’une application persévérante et vigoureuse lui a permis d’apporter de documents, de réflexions et de faits de toute sorte. […] Ils étaient au coucher, au lever du prince, à son dîner, à sa chambre, à son cabinet et à toutes ses heures privées : je ne dis pas seulement des principaux à qui le respect que les capitaines rendent aux capitaines eût pu permettre cette bonne chère ; cela eût été bienséant si le duc de Mayenne ou celui de Parme eussent été prisonniers. […] Non, la conscience publique ne s’est point trompée, la reconnaissance nationale et populaire n’a point salué à faux le roi longtemps guerrier qui devint celui des laboureurs et des gens du plat pays, qui les releva de la ruine, réprima les brigandages, permit à tout gentilhomme ou paysan « de demeurer en sûreté publique sous son figuier, cultivant sa terre ».
Il paraît qu’en fait de germanisme, le goût anglo-saxon lui-même ne peut pas tout porter ; mais il est plus robuste, il est moins petite bouche que le nôtre, et il permet de mordre davantage. […] Ainsi, en France, avons-nous vu, à des degrés différents, Nicole pour Arnauld, l’abbé de Langeron ou le chevalier de Ramsai pour Fénelon ; ainsi eût été Deleyre pour Rousseau, si celui-ci avait permis qu’on l’approchât. […] Il craignait toujours, plus tard, en se ressouvenant, de ne pas ressaisir au degré voulu la vivacité et l’éclat de ses impressions premières ; il attendait pour écrire que le parfait réveil se fît en lui, que les heures passées se peignissent dans sa mémoire toutes brillantes et lumineuses, que son âme eût retrouvé le calme, la sérénité et l’énergie où elle devait atteindre pour être digne de voir reparaître en soi les idées et les sentiments de Gœthe ; « car j’avais affaire, disait-il, à un héros que je ne devais pas abaisser. » Ainsi pénétré du noble sentiment de sa mission, il la remplit avec une piété que nous ne trouverons jamais trop minutieuse ; et les grands traits, d’ailleurs, il ne les a pas omis, et il nous permet, ce qui vaut mieux, de les déduire nous-mêmes peu à peu de la réalité simple : « Gœthe vivait encore devant moi, s’écrie-t-il en une de ses heures de parfait contentement et de clarté ; j’entendais de nouveau le timbre aimé de sa voix, à laquelle nulle autre ne peut être comparée.
Les Grecs, en tant qu’ils servent d’ouvriers aux Romains pendant la domination absolue de ces derniers, à l’extrême déclin de la République et depuis Auguste jusqu’à Constantin, subissent la volonté du maître, exécutent ses programmes et se bornent à les orner et à les varier dans le détail, à moins qu’on ne leur permette de rester plus fidèles à l’art grec dans quelques petits temples et monuments : ils sont subordonnés dans tout le reste. […] Il s’est formé à la longue une compagnie privilégiée qui a fini par ne plus permettre qu’une seule coupe d’habit, quel que fût le corps à vêtir : cela évitait la difficulté de chercher des combinaisons nouvelles, et celle, non moins grande, d’étudier les diverses formes adoptées chez nous dans les siècles antérieurs et d’y recourir au besoin. » Voilà le grief. […] Viollet-Le-Duc se permet d’en sortir ; voilà ce qui déplaît à ceux qui font monopole de l’antique.
Le traité qui liait celui-ci au Gymnase lui permettait toutefois de travailler pour les théâtres dont la rivalité n’était pas directe, et par conséquent pour le Théâtre-Français. […] Il ne faut peut-être pas lui en faire trop d’honneur : il y a un certain degré de fécondité heureuse qui ne permet pas de s’inquiéter des critiques et des aiguillons du dehors. […] Au coin d’une autre rue moins bourgeoise, que notre parler délicat ne permet plus de nommer.
Dans la discussion d’un point même d’histoire et de littérature, un digne savant ne se permettra pas plus une idée collatérale qu’un bon chimiste une métaphore dans un narré d’analyse. […] C’est ce qu’aucun texte n’a permis à M. […] C’est bien moins encore, on le conçoit, à la rénovation historique du temps de Vespasien qu’à la nôtre même, en sa légère exagération, que je me permets d’opposer ce sous-amendement respectueux.
Ce n’est que quinze ans après, que ce triste et doux souvenir, gardien de sa jeunesse, s’affaiblit assez chez lui pour lui permettre d’épouser une autre femme ; et alors il commence une vie bourgeoise et de ménage, dont nul écart ne le distraira au milieu des licences du monde comique auquel il se trouve forcément mêlé. […] Voltaire met en note : « Des têtes au-dessus des bras, il n’était plus permis d’écrire ainsi en 1657. » Il serait certes piquant de lire quelques pages de Saint-Simon qu’aurait commentées Voltaire. […] Malherbe seul et Corneille peuvent s’en permettre un pareil.
Je m’étais imposé une entière réserve sur des faits qui pouvaient humilier un vieillard… » Que l’excellent biographe me permette de l’arrêter ici pour un simple mot : humilier un vieillard ! […] Et puisque j’en suis sur cet ordre de critiques, je me permettrai de trouver encore que M. […] Michaud, alors très-monté pour elle) quelques pensées détachées dans le Mercure ; le rédacteur disait en les annonçant : « Les pensées suivantes sont extraites des manuscrits d’une dame étrangère, qui a bien voulu nous permettre de les publier dans notre journal.
qu’il se permettra, quand il voudra célébrer les hauts faits de « Louis » assistant à la prise de Namur. […] Bref un effort pour conserver tel quel ce qui existe, une halte de la société et de la pensée dans une immobilité sereine qui permet aux écrivains de songer presque uniquement à plaire et de soigner leur style avec amour, voilà le bilan de ces trente-cinq années185. […] La comédie, qui est simple bourgeoise et même un peu peuple, se permet un certain laisser-aller ; mais elle est blâmée, quand elle s’abaisse à la farce, et invitée à se hausser à des sujets plus relevés.
Ici, toutefois, je me permettrai de trouver que l’ouvrage se ressent un peu trop de sa destination directe, ayant été surtout composé en vue de la Sorbonne. […] Pourtant, il est certainement l’un de ces hommes à propos de qui il serait permis, à certains jours, de s’adresser cette question : « Qui peut dire et savoir ce qu’arrive à penser, sur toute matière religieuse et sociale, un homme de plus de quarante ans, prudent, et qui vit dans un siècle et dans une société où tout fait une loi de cette prudence ? […] Dans celui qu’il fit de cette noble dame, je lis, au milieu de toutes sortes de choses galantes qu’il lui adresse, cette phrase qui semblerait bien étrange aujourd’hui : « N’ayant jamais vu votre gorge, je n’en puis parler ; mais, si votre sévérité et votre modestie me voulaient permettre de dire le jugement que j’en fais sur les apparences, je jurerais qu’il n’y a rien de plus accompli. » Notez que l’honnête et pieuse abbesse à laquelle ce jeune homme parlait en ces termes était jeune elle-même et seulement d’un an plus âgée que lui.
Il a de bonne heure conçu son rôle, et il s’y est dévoué, au point de ne rien se permettre jamais qui ne s’y rapporte. […] M. de Pontmartin s’est quelquefois souvenu de ces anciennes relations ; j’ai été étonné pourtant que l’écrivain homme du monde et de bonne compagnie se fût permis, à d’autres fois, de juger si lestement et si souverainement de mes pensées et de mes sentiments intérieurs, comme lorsqu’il a écrit que « je n’avais jamais rien aimé et jamais cru à rien ». […] C’est parce qu’il y a eu un peu de rôle dans la conduite de Béranger que je me suis permis de relever quelques contradictions piquantes ; rien de plus.
Mais il en est arrivé comme l’avait prédit son ami Caraccioli, lequel disait que l’abbé resterait deux mois dans ce pays, qu’il n’y aurait à parler que pour lui, qu’il ne permettrait pas à un Anglais de placer une syllabe, et qu’à son retour il donnerait le caractère de la nation et pour tout le reste de sa vie, comme s’il n’avait connu et étudié que cela. […] Il paraît même que ce fut à quelque plaisanterie qu’il se permit à ce sujet et qui atteignait M. de Choiseul, pour les concessions que ce ministre faisait aux idées nouvelles, qu’il dut son rappel de France, sollicité près de sa cour par M. de Choiseul même. […] Dans un temps où la librairie aurait tous ses loisirs et pourrait se permettre toutes ses largesses, ce qui serait à faire, ce serait un volume unique de Galiani, dans lequel on n’admettrait que ce qu’il a fait de mieux, ses meilleures lettres, dont on respecterait en tout le texte, dût-il paraître un peu salé et mordant ; on se contenterait de ne pas multiplier les échantillons en ce genre.
Ce sera l’éternelle et l’unique recette de Camille pour le bonheur universel : tout permettre, tout laisser faire, ou du moins tout laisser dire. […] Le degré de licence et d’invective que se permet dans ce journal un écrivain qui, de loin et relativement, peut passer encore pour modéré, excède toutes les bornes que nous supposerions. […] Cette place est réservée aux œuvres saines, à celles qui sont pures de ces amalgames étranges et de ces indignités de pensée comme de langage, à celles où le patriotisme et l’humanité ne souffrent aucune composition avec les hommes de sang, et ne se permettent point, comme passeport et comme jeu, de ces goguettes de Régence et de Directoire ; aux œuvres dans lesquelles la conscience morale plus encore que le goût littéraire n’a pas à s’offenser et à rougir de voir Loustalot et Marat, par exemple, grotesquement, impudemment cités entre Tacite et Machiavel d’une part, et Thrasybule et Brutus de l’autre.
Je dis première manière, car Mme de Girardin a déjà eu trois manières, s’il vous plaît, trois formes poétiques distinctes : la première forme, régulière, classique, brillante et sonore, qu’on peut rapporter à Soumet ; la seconde forme, qui date de Napoline, plus libre, plus fringante, avec la coupe moderne, et où Musset intervient ; la troisième forme enfin, qu’elle a déployée dans Cléopâtre, et où elle ose au besoin tout ce que se permet en versification le drame moderne. […] Cette jeune fille que Mme de Girardin décrit avec une complaisance de sœur, Ayant un peu d’orgueil peut-être pour défaut, Mais femme de génie, et femme comme il faut, a tous les enthousiasmes d’abord, tous les cultes et les amours d’un cœur de jeune fille, et il est permis de supposer que le poète lui en a prêté quelques-uns des siens. […] Et pourtant, au fond, malgré ces déguisements, malgré ces greffes étrangères, je crois reconnaître encore beaucoup du même style d’autrefois, le vers sonore, spécieux, tout extérieur, se permettant parfois l’enflure et parfois la manière.