/ 3528
1779. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Gaston Paris et la poésie française au moyen âge »

Ainsi comprises, les études communes, poursuivies avec le même esprit dans tous les pays civilisés, forment au-dessus des nationalités restreintes, diverses et trop souvent hostiles, une grande patrie qu’aucune guerre ne souille, qu’aucun conquérant ne menace, et où les âmes trouvent le refuge et l’unité que la cité de Dieu leur a donnés en d’autres temps. » Et voici une autre page où cet amour de la vérité s’exprime comme ferait la foi jalouse d’un croyant, en laisse voir les scrupules, les délicatesses, les pieuses intransigeances : … Il y a au cœur de tout homme qui aime véritablement l’étude une secrète répugnance à donner à ses travaux une application immédiate : l’utilité de la science lui paraît surtout résider dans l’élévation et dans le détachement qu’elle impose à l’esprit qui s’y livre ; il a toujours comme une terreur secrète, en indiquant, au public les résultats pratiques qu’on peut tirer de ses recherches, de leur enlever quelque chose de ce que j’appellerai leur pureté. […] Toute cette leçon, faite au bruit des obus allemands, tourmentée, embarrassée de déclarations peu s’en faut contradictoires, me paraît par là même d’une éloquence singulière. […] Les raides et expressives statues des bons imagiers, les broderies végétales et les infinies ornementations qu’ils ciselaient patiemment dans la pierre nous intéressent pour le moins autant et nous paraissent peut-être aussi belles, quoique d’une autre façon, que les figures des Panathénées ou les acanthes des colonnes corinthiennes.

1780. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

Il paraît qu’il avait accoutumé ces animaux à faire avec lui une sorte de concert. […] Une Vie de Scaramouche, écrite ou du moins signée par Angelo Costantini (Mezzetin), parut en 1695 chez Barbin et fut ensuite popularisée par les éditions de la Bibliothèque bleue. […] En même temps, quatre Indiens font un petit bal à la moresque ; enfin les perroquets s’envolent des mains de leurs maîtres et les laissent désespérés de cette perte ; après quoi s’achève la pièce, et s’en vont tous s’embarquer pour la guerre de Troie. » La Finta Pazza obtint un brillant succès, auquel les cantatrices, « la gentille et jolie Gabrielle Locatelli, qui était une vraie lumière de l’harmonie, Giulia Gabrielli et Marguerite Bertolazzi, dont la voix était si ravissante qu’on ne pouvait les louer dignement », paraissent avoir eu la plus grande part33.

1781. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

Cette loi me paraît être résumée par deux vieux proverbes, qui semblent se contredire et qui en réalité se complètent : A père avare, fils prodigue, et Tel père, tel fils. […] Or ce qui paraît, ce qui est momentanément le plus neuf, c’est ce qui était relégué le plus loin des regards, le plus dédaigné, le plus condamné ; c’est le contraire de ce qu’on faisait ou de ce qu’on voyait autour de soi. […] Mais ces contrastes de siècle à siècle peuvent paraître vagues, sujets à caution, d’une vérité qui n’est pas assez rigoureuse.

1782. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Madame Récamier. » pp. 121-137

Ce petit salon de Mme de Sablé, si clos, si visité, et qui, à l’ombre du cloître, sans trop s’en ressentir, combinait quelque chose des avantages des deux mondes, me paraît être le type premier de ce que nous avons vu être de nos jours le salon de l’Abbaye-aux-Bois8. […] Dans ces deux époques si tranchées de couleur, elle fut la même au fond, mais elle dut paraître bien différente. […] Elle comprit qu’après de tels succès de beauté, le dernier moyen de paraître encore belle était de ne plus y prétendre.

1783. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Les romans de M. Edm. de Goncourt » pp. 158-183

Il s’accoutume à forger des substantifs avec des adjectifs déformés, parce que l’accident, la qualité qu’exprime l’adjectif lui paraît plus importante que l’état, rendu par le substantif. […] C’étaient en effet des gazettes bizarres celles où les Goncourt faisaient paraître, vers 1852, les chroniques et les nouvelles qui formèrent depuis la Lorette, une Voiture de masques et le présent volume. […] Ils annonçaient alors un roman qui n’a jamais paru, le Camp des Tartares ; ils faisaient des comptes rendus de théâtre (le Joseph Prudhomme de Monnier à l’Odéon), des notes bibliographiques ; parfois même ils chroniquaient tout simplement comme dans leur Voyage de la rue Lafitte à la Maison d’Or, et une citation gaillarde les menait en police correctionnelle.

1784. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Despréaux, avec le plus grand nombre des écrivains de son temps. » pp. 307-333

Il y a quelques années qu’il parut, à Paris, un prospectus d’une nouvelle édition de la Pucelle, avec les douze derniers chants. […] Dans le temps que parut l’Astrate, ils étoient jeunes tous deux & rivaux, quoiqu’ils allassent à la gloire par des voies différentes. […] La Satyre sur l’équivoque parut alors.

1785. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Essai, sur, les études en Russie » pp. 419-428

Mais ici les avantages me paraissent l’emporter infiniment. […] Le terme de douze années m’a toujours paru un peu long, et je crois qu’il pourrait être abrégé considérablement. […] Par Grimm, par le prince Henri de Prusse, par les Nassau-Saarbrttck, par les visites assez fréquentes de jeunes Allemands qu’il signale dans sa correspondance, et même par sa traversée de l’Allemagne pour se rendre en Russie, Diderot pouvait connaître assez bien un pays qu’il n’avait pas habité, il est vrai, mais que ceux qui y avaient séjourné assez longtemps, comme Voltaire, ne paraissent pas avoir apprécié comme lui.

1786. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVIII et dernier. Du genre actuel des éloges parmi nous ; si l’éloquence leur convient, et quel genre d’éloquence. »

Il ne placera donc point son héros sur un froid piédestal ; on le verra sur un rocher escarpé, qui lui sert de base, poussant à toute bride un cheval fier et vigoureux qui gravit au sommet du rocher, et de là il paraîtra étendre sa main sur son empire. […] L’esprit aime surtout les idées qu’il paraît se créer à lui-même ; plus vous ferez penser, et plus l’espace qu’on parcourra avec vous s’agrandira. […] Voyez dans le monde tous ceux qui, par système, veulent paraître sensibles (aujourd’hui surtout) ; il y a des hypocrites de sensibilité comme des hypocrites de vertu : tout les trahit ; ils parlent avec glace de leur tendre amitié ; ils vantent avec un visage immobile leur douleur profonde ; eh !

1787. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Elles me paraissent infinies. […] Et ils n’en sont pas près, et non seulement ils n’en sont pas près mais ces malheureux et ces lourds et ces ingrats et ces disgraciés ne paraissent pas en prendre le chemin et ils ne paraissent pas désignés et ils ne paraissent pas dans le secret du monde marqués pour une si grande grâce. […] L’antérieur a paru le latéral le plus sûr. […] Et que le moins paraît avoir du plus, et que le négatif paraît avoir du positif ; et que le nul paraît avoir de la valeur. […] Elle paraît être de l’ordre de la loi.

1788. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

» — « Oui, chansonnier populaire », et la mine pileuse de l’esclave parut demander grâce. […] » et le regard de Bruant se tourna vers la porte où parut un grand gamin assez peu timide. […] Daudet surtout me paraît avoir ce génie-là. […] le maître, le consolateur paraît ! […] Puis, et pour finir, elle me paraît être un motif supérieur de comédie pour le théâtre de l’avenir ! 

1789. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Ce conte fantastique est, paraît-il, une histoire vraie. […] Il paraît qu’ils ne sont même plus capables de cet effort. […] ces enfantillages, après tout, paraissent assez anodins. […] Elle est commune, paraît-il, à presque toutes les races du Nord. […] Trente-deux ans, mais paraît plus vieux que son âge.

1790. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

 » Cela est vrai. « On ne peut l’aimer, ajoute-t-il, sans l’avoir. » Cela ne me le paraît pas. […] Le vice des ignorants est d’enchérir sur les invectives des méchants, dans la crainte de n’en paraître que les échos. […] La différence que Sénèque met entre la colère et la cruauté me paraît juste. […] …  » Je répondrais à Sénèque : C’est la première qui me paraît la plus urgente et la plus utile… « On ne manquera pas, dites-vous (chap. […] Je consens que vous commenciez par moi à vous méfier des adulateurs… » Cela est très-délié ; mais ce qui suit me le paraît encore davantage.

1791. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre III. L’Âge moderne (1801-1875) » pp. 388-524

On ne saurait douter qu’ils soient pour quelque chose dans l’inspiration des Méditations, qui paraissent en 1820, et des Odes, — les premières, — qui sont datées de 1822. […] La vérité n’est pas ce qui paraît, mais ce qui est ; et, dans des conditions rigoureusement définies, un seul peut avoir raison contre tous. […] Le Congrès de Vérone ; — et la Vie de M. de Rancé ; — qui manquent dans l’édition Pourrat, ont paru en 1838 et en 1844. […] Il n’a encore paru que trois volumes de sa Correspondance et presque rien de ses fameux Carnets. […] 2º À la même époque, paraît en Angleterre le livre célèbre de Ch. 

1792. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Ronsard et son école paraissent : Renaissance ou réaction, c’est tout un ; nouveau recommencement à de nouveaux frais, entière rupture ; mépris absolu de l’école et de toutes les écoles qui ont précédé. […] Il eût peut-être appris à traiter l’Ode de cette manière, s’il eût mieux lu, étudié, compris la langue et le ton de Pindare, qu’il méprisait beaucoup, au lieu de chercher à le connaître un peu. » Tout cela est vrai et le paraîtra surtout, si on relit l’Ode en question. […] Le Chœur était tout, à l’origine, dans la tragédie ; l’action ne vint que peu à peu, introduisant et mettant en jeu un petit nombre de personnages devant un autel : le Chœur et ses chants, même quand ils ne parurent plus qu’un entracte dans l’action, restaient donc une partie intégrante de la tragédie antique. […] Mais pourquoi, s’il paraît faux de loin, de près ce genre intéresse-t-il toujours ? […] Tel il est, tel il me paraît, sans déchet et sans surcroît, véritablement digne de sa renommée.

1793. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre IV. Addison. »

Il était doux et bon, d’une sensibilité fine, timide même jusqu’à rester muet et paraître lourd en nombreuse compagnie ou devant des étrangers, ne retrouvant sa verve que devant des amis intimes, et disant même qu’on ne peut bien causer, sinon à deux. […] Tel numéro du Spectator qui paraissait joli aux dames de Londres eût choqué à Paris. […] Son maintien respirait la dignité et la sérénité riante, et, quoique avancée en âge, son visage montrait tant d’animation et de vivacité, qu’elle paraissait à la fois âgée et immortelle. […] Le peu qu’on pouvait voir de sa figure était fardé, et, ce qui me parut fort singulier, on y démêlait des sortes de rides artificielles… Sa coiffure s’élevait fort haut par trois étages ou degrés distincts ; ses vêtements étaient bigarrés de mille couleurs et brodés de croix en or, en argent, en soie. Elle n’avait rien sur elle, pas même un gant ou une pantoufle qui ne fût marqué de ce signe ; bien plus, elle en paraissait si superstitieusement éprise, qu’elle était assise les jambes croisées… Un peu plus loin était la figure d’un homme qui regardait avec des yeux pleins d’horreur un bassin d’argent rempli d’eau.

1794. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Quand on compare ce portrait au portrait de Guizot par Delaroche, Delaroche paraît un bien pauvre peintre. […] Au dîner, il nous entretient de Maupassant déclare que chez lui, la littérature était toute d’instinct, et non réfléchie, affirme que c’est l’homme qu’il a connu, le plus indifférent à tout, et qu’au moment, où il paraissait le plus passionné pour une chose, il en était déjà détaché. […] Puis, Sarah vient s’asseoir à côté de moi, me dit que la pièce est pleine de passion, que le dernier tableau lui paraît superbe, et me demande de lui laisser, pour lire le quatrième et le cinquième tableau, qui n’ont pas été lus. […] Raffaëlli cause avec Geffroy de ses essais d’eaux-fortes en couleur, qui vont paraître cette semaine. […] Descaves, dont le roman sur les aveugles, va paraître dans le Journal, après le roman de Vandérem, s’extasiait devant moi sur la perfection de l’ouïe, chez les aveugles.

1795. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Paulin Paris dans l’un des derniers volumes parus de l’Histoire littéraire de la France. […] Un seul de ses maîtres, Gassendi, paraîtrait avoir eu sur l’élève une influence dont on retrouve quelques traces dans les comédies du poète. […] Ce chapitre de l’Histoire du théâtre français sous Louis XIV nous paraît inattaquable. […] La gêne de l’âme m’a toujours paru un supplice. […] Mais j’aime mieux dire tout simplement qu’il ne me paraît pas que le patriotisme ait rien à voir dans la question.

1796. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « La poésie »

Ce livre est le premier qui paraisse, résumant cet ordre de conférences institué depuis un an environ. […] Paul Albert m’a paru un peu restrictif et un peu sévère.

1797. (1874) Premiers lundis. Tome I « Ferdinand Denis »

Mais ici, autour de l’idée principale, venaient naturellement se grouper une foule de questions accessoires que l’auteur a négligées et que provoquait l’esprit de l’époque : jusqu’à quel point est légitime et approuvé par le goût cet emprunt d’images étrangères ; en quoi il peut réellement consister ; si c’est en bravant l’harmonie par une foule de mots barbares tirés d’idiomes encore grossiers, ou en reproduisant simplement une pensée naïve, une coutume touchante d’un jeune peuple, si c’est en s’emparant sans discernement des êtres créés dans des mythologies étrangères, ou en ne s’enrichissant que des allégories ingénieuses et faites pour plaire en tous lieux, que le poète imitateur méritera dignement de la littérature nationale ; ou encore, s’il n’y a pas l’abus à craindre dans ce recours trop fréquent à des descriptions de phénomènes ; si Delille, Castel, que l’auteur cite souvent, et les écrivains de cette école qu’il paraît affectionner, s’en sont toujours gardés ; si enfin il n’y a pas souvent cet autre danger non moins grave à éviter, de parler à la nation d’une nature qu’elle ne comprend pas, d’en appeler à des souvenirs qui n’existent que pour l’écrivain, et réduire l’homme médiocrement éclairé à consulter Buffon ou Cuvier pour entendre un vers. […] Il s’étonne de l’indifférence de ses compagnons, qui chantent la beauté des femmes, chassent le jaguar et s’enivrent tour à tour ; sa passion l’a tout d’un coup civilisé ; elle lui a révélé l’isolement de son existence, et, pour la première fois, les forêts lui ont paru solitaires.

1798. (1874) Premiers lundis. Tome I « Diderot : Mémoires, correspondance et ouvrages inédits — II »

Il le surpasse de beaucoup par le ton et la couleur, lorsque, parlant d’une femme de sa connaissance que mademoiselle Voland jugeait coquette, il dit : « Vous vous trompez ; elle n’est point coquette ; mais elle s’est aperçue que cet intérêt vrai ou simulé que les hommes portent aux femmes, les rend plus vifs, plus ingénieux, plus affectionnés, plus gais ; que les heures se passent ainsi plus rapides et plus amusées ; elle se prête seulement : c’est un essaim de papillons qu’elle assemble autour de sa tête, le soir elle secoue la poussière qui s’est détachée de leurs ailes, et il n’y paraît plus. » C’est avec madame Legendre surtout que notre philosophe aime à marivauder, comme il dit, à l’égal de la fée Taupe de Crébillon. […] Il paraît qu’à Langres on ne peut venir à bout d’en élever une à Diderot.

1799. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section III. Des ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre III. De l’étude. »

Les merveilles de l’infini paraissent plus vraisemblables. […] Combien l’instruction lui paraîtrait froide et lente auprès de ces rêveries du cœur, qui, plongeant dans l’absorbation d’une pensée dominante, font de longues heures un même instant !

1800. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Grosclaude. »

Mais ces bouffonneries me paraissent d’une si excellente qualité et d’une invention si spéciale, que je ne croirais pas avoir entièrement perdu ma peine si je parvenais à les définir et à les caractériser avec quelque précision. […] Le reporter lui demande son âge et fait cette réflexion aimable que « les locomotives n’ont jamais que l’âge qu’elles paraissent » ; il l’interroge sur son hygiène : « Vous transpirez, sans doute ?

1801. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre II. Recherche des vérités générales » pp. 113-119

Il voit que les œuvres de Rousseau, qui sont les premières à prêcher en langue française l’amour des champs, paraissent de 1750 à 1760 ; il constate que les Anglais, Thomson, par exemple, ont exprimé les mêmes sentiments plus de vingt ans auparavant. […] J’ai réduit au minimum les preuves dont on peut étayer ces conclusions39 ; la démonstration, pour écourtée qu’elle soit, me paraît cependant suffire à établir qu’il est possible de déterminer les causes qui expliquent un ensemble de faits.

1802. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXIX » pp. 319-329

On cause, on rit fort bien avec elle. » Madame Scarron, pour donner le change aux curieux que sa retraite aurait pu mettre en campagne, prit avec elle la petite d’Heudicourt, et parut se charger de son éducation. […] Il paraît que l’abbé Testu s’excusa dans une lettre à madame Scarron.

1803. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 8-23

Le grand Corneille sembloit avoir fixé sur lui tous les suffrages, & épuisé l’admiration par la force, la hauteur & la fécondité de son génie, qui, comme un souffle impétueux, avoit tout fait plier devant lui ; Racine ne craignit pas de paroître sur la Scène, &, prenant une autre route, il se montra bientôt digne de le remplacer : la tendresse, l’harmonie, une connoissance profonde du cœur humain, furent les nouveaux ressorts de sa Muse tragique, & le conduisirent rapidement aux mêmes succès. […] Le parallele qui nous a paru le mieux saisi & le plus abrégé, est celui de M. l’Abbé d’Olivet.

1804. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Racine, et Pradon. » pp. 334-348

C’est à la faveur de quelques clefs de meute, que Pradon eut la gloire de balancer Racine, & même de paroître quelque temps avec plus d’éclat. […] Mais il ne parut point sous son nom : on ne fit que le répandre dans le public, & mettre certaines personnes dans la confidence : celles qui n’y étoient point, & qui d’ailleurs voyoient souvent madame Deshoulières, se firent une fête de lui apporter les vers nouveaux.

1805. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre III. Suite des Époux. — Adam et Ève. »

À l’instant où je m’inclinais sur l’onde, une ombre parut dans la glace humide, se penchant vers moi, comme moi vers elle. […] que tu me parus grand et beau !

1806. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 29, qu’il est des païs où les ouvrages sont plûtôt apprétiez à leur valeur que dans d’autres » pp. 395-408

Chacun des personnages qui le regardent y paroît ému d’une compassion qui porte le caractere de l’âge et de la condition de celui qui la témoigne. […] Mais cette distance paroît infinie aujourd’hui, parce que chaque jour l’erreur a perdu un partisan, et que la verité en a gagné un.

1807. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 37, des défauts que nous croïons voir dans les poëmes des anciens » pp. 537-553

Homere auroit donc été blâmé s’il eut changé certains caracteres, où s’il avoit alteré certains évenemens connus, et sur tout s’il avoit obmis dans les dénombremens de ses armées, ceux qui véritablement y parurent. […] Ce qui étoit ordinaire de leur temps, ce qui est commun dans leur patrie, peut paroître blesser la vraisemblance et la raison, à des censeurs qui ne connoissent que leur temps et leur païs.

1808. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Troisième partie — Section 15, observations concernant la maniere dont les pieces dramatiques étoient représentées sur le théatre des anciens. De la passion que les grecs et les romains avoient pour le théatre, et de l’étude que les acteurs faisoient de leur art et des récompenses qui leur étoient données » pp. 248-264

Enfin il me paroît raisonnable de juger du progrès qu’une certaine nation pouvoit avoir fait dans les arts qui ne laissent point de monument durable sur lequel on puisse asseoir une décision solide, par le progrès que cette même nation avoit fait dans ces arts qui laissent de tels monumens. […] il paroît néanmoins que peu de temps après la mort de Ciceron lequel Seneque le pere avoit pû voir, à ce qu’il dit lui-même, les orateurs romains mettoient en usage pour conserver leur voix les pratiques les plus superstitieuses des acteurs.

1809. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XI. Mme Marie-Alexandre Dumas. Les Dauphines littéraires »

III Car c’est une sainte, à ce qu’il paraît, que Mme Marie-Alexandre Dumas ; une sainte de prétention, sinon d’humilité… J’ai entendu raconter que la Grâce un jour l’avait touchée ; à Jérusalem, je crois, — une bonne place pour l’effet dramatique, chose indispensable pour des Dumas !  […] [Article original paru dans Le Nain jaune, 3 février 1867.]

1810. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Les honnêtes gens du Journal des Débats » pp. 91-101

Bohèmes d’état-major, si l’on veut ou plutôt s’il pouvait y avoir des états-majors dans la bohème, ils sont, eux, trop contents de leur sort pour trouver bon qu’on les réveille des somnolences de leur digestion éternelle, et voilà pourquoi le lever de table que nous leur sonnons, à ces endormis, leur paraît un affreux tocsin ! […] « C’est l’art de contredire sans paraître blâmer, d’objecter au lieu de combattre, de parler à demi-mots (oh !

1811. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pierre Dupont. Poésies et Chansons, — Études littéraires. »

Pierre Dupont me paraît légèrement chétif en comparaison de ce robuste jeune homme qui aurait mordu, avec ses dents si belles, dans toutes les jouissances de la civilisation et de la vie, comme dans un morceau de pain blanc ! […] Et, je l’ai dit déjà, s’il l’était resté, il se serait peut-être élevé jusqu’à Burns, Burns, cette branche de houx qui est le laurier de l’Écosse, Burns, le plus vrai des hommes dans son tartan vert, le poète à la grande bonhomie paysanesque, aux teintes brunes, sobres et profondes, à la mélancolie tout à la fois si sceptique et si superstitieuse, dont le charme est pour moi sans égal, enfin à l’humilité du détail, qui n’en est pas la crudité, comme paraît le croire M. 

1812. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVII. De l’éloquence au temps de Dioclétien. Des orateurs des Gaules. Panégyriques en l’honneur de Maximien et de Constance Chlore. »

La poésie, l’éloquence et les arts parurent un peu se ranimer ; mais le gouvernement avait corrompu le génie ; et il y a encore plus loin, pour les lettres, du siècle de Constantin à celui de Trajan, que de celui de Trajan à celui d’Auguste. […] Dès qu’il s’agissait du prince, le peintre, le sculpteur, l’architecte, faisaient un dieu : l’orateur ou le poète qui n’eût fait qu’un homme, eût paru faible ou coupable.

1813. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

En général on trouve dans Constantin un mélange de qualités qui paraissent se combattre. […] Je me donnerai bien de garde de parler de tous, mais il y en a un qui m’a paru assez singulier pour mériter d’être connu.

1814. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre III. La critique et l’histoire. Macaulay. »

Depuis les deux révolutions, le protestantisme, allié à la liberté, a paru la religion de la liberté, et le catholicisme, allié au despotisme, a paru la religion du despotisme ; les deux doctrines ont pris, toutes les deux, le nom de la cause qu’elles avaient soutenue. […] Quand parut le second volume, trente mille exemplaires étaient demandés d’avance. […] Une telle défense paraîtra faible peut-être à des théoriciens étroits. […] À la seconde, il paraît trop vrai ; on a tout vu du premier coup, et l’on s’ennuie. […] Glenlyon paraissait chaudement attaché à la nièce du vieux chef et à son mari Alexandre.

1815. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Nous avons mis des siècles à apprendre « que les choses extérieures ne sont pas telles qu’elles nous paraissent. […] Il paraît évident que la constitution de la morale est une première décadence de l’humanité. […] Il paraît que nous autres Européens nous ne pouvons absolument pas nous passer de cette mascarade qui s’appelle l’habillement. […] C’est quand le monde gréco-romain était déjà sur cette pente que le Christianisme a paru. […] Or c’est cela qui, encore que très olympien, fort dionysiaque, assez homérique et peut-être grec, me paraît très contestable.

1816. (1887) George Sand

C’était ressemblant, paraît-il, mais cela manquait d’originalité. […] La question sociale ne paraît que dans un vague lointain et incidemment. […] C’est de la poésie, assurément, et si sincère qu’elle paraît naturelle. […] Ça paraît si peu… Quant au style, j’en fais meilleur marché que vous. […] Ce que vous faites paraît si facile, si abondant !

1817. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

D’excellents ouvrages ont paru sur ce sujet. […] cela ne paraît guère niable !  […] Un mouvement réel, saisi par un œil exercé, paraît faux au commun public. […] On remarque toujours en elle un variable qui paraît transmissible, et un invariable qui ne le paraît pas. […] L’ontogénie ne paraît plus tant que cela être la reproduction de la philogénie.

1818. (1924) Critiques et romanciers

Qu’est-ce qu’un tableau de la vie humaine où ne paraît pas un véritable homme de bien ? […] Et « le prince des librettistes » lui parut, mieux que beau, superbe ; ah ! […] Il a paru en 1897. […] La tristesse a des nuances très fines que la gaîté ne paraît point avoir. […] Il s’efface ; il désire que son intervention ne paraisse pas.

1819. (1864) Le roman contemporain

Ces allégories, qui nous paraissent froides et surannées, leur paraissaient charmantes dans leur nouveauté. […] Le roman a tout à coup paru armé de pied en cap dans l’histoire. […] Cuvillier écrivait et où il écrit encore, que parurent les Mystères de Paris d’Eugène Sue ? […] Michelet fait paraître la Sorcière ; que M.  […] Quelque belle qu’elle soit, elle leur paraît froide et médiocre.

/ 3528