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1148. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XI » pp. 39-46

Le gallicanisme, le plus noble fils du catholicisme, est mort avant son père, lequel dans sa caducité est resté opiniâtrément fidèle à ses principes.

1149. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « Mme DESBORDES-VALMORE. (Pauvres Fleurs, poésies.) » pp. 115-123

Dans sa pièce à Mme Tastu, noble sœur qu’elle envie, notre élégiaque éplorée a pu dire : Vous dont la lampe est haute et calme sous l’autan, …………….

1150. (1874) Premiers lundis. Tome II « Mort de sir Walter Scott »

Sans doute cette faculté puissante et féconde, à laquelle nous devons tant de nobles jouissances, tant d’heures d’une émotion pure, tant de créations merveilleuses qui sont devenues une portion de nous-mêmes et de nos souvenirs, sans doute cette belle faculté commençait à faiblir sensiblement ; on n’osait plus en attendre des chefs-d’œuvre comparables aux anciens ; on craignait même de la voir se complaire dans une postérité de plus en plus débile, comme il arrive aux plus grands hommes en déclinant comme le bon Corneille ne sut pas assez l’éviter dans sa vieillesse.

1151. (1874) Premiers lundis. Tome II « H. de Balzac. Études de mœurs au xixe  siècle. — La Femme supérieure, La Maison Nucingen, La Torpille. »

Ce noble exemple, tant ridiculisé par un monde aveugle, me paraît, à lui seul, capable de racheter les erreurs de sa vie… Il y a loin de la dignité d’action du pauvre Rousseau à la pompeuse fortune littéraire des spéculateurs en philanthropie, Voltaire et son écho lointain Beaumarchais… » M. de Balzac, après avoir, non sans raison, remarqué que cette sévérité contre les auteurs qui vendent leurs livres siérait mieux peut-être sous une plume moins privilégiée à tous égards que celle de M. de Custine, se donne carrière à son tour, se jette sur les contrefaçons, agite tout ce qu’il peut trouver de souvenirs à la fois millionnaires et littéraires : la conclusion est qu’à moins de devenir riche comme un fermier général, on se maintient mal aisément un grand écrivain.

1152. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XIX. De la littérature pendant le siècle de Louis XIV » pp. 379-388

L’esprit de chevalerie avait introduit dans les principes de l’honneur un genre de délicatesse qui créait nécessairement une nature de convention ; c’est-à-dire qu’il existait un certain degré d’héroïsme, pour ainsi dire indispensable à la noblesse, et dont il n’était pas permis de supposer qu’un noble pût être privé.

1153. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « André Theuriet »

George Sand nous a montré des gentilshommes ruraux et des filles nobles vivant d’une vie campagnarde ; et M. 

1154. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Une âme en péril »

… Merci à la noble Académie française  !

1155. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le termite »

Ils commencent par croire, — d’une foi étroite et furieuse de fanatiques, — premièrement, que la littérature est la plus noble des occupations humaines et la seule convenable à leur génie ; que les autres métiers, la culture de la terre, l’industrie, les sciences et l’histoire, la politique et le gouvernement des hommes sont de bas emplois et qui ne sauraient tenter que des esprits médiocres ; et, secondement, que c’est eux, au fond, qui ont inventé la littérature.

1156. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Les derniers rois »

C’était un vieillard à l’air noble et affable, et qui portait une large barbe étalée sur sa poitrine.

1157. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Bilan des dernières divulgations littéraires. » pp. 191-199

Ses lettres au critique nous montrent que l’énorme poète eut, jusqu’à trente ans, une âme tendre, noble, confiante, parfaitement candide, naturellement héroïque, — sublime.

1158. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Merrill, Stuart (1863-1915) »

Albert Mockel Stuart Merrill a la science de la ligne décisive, comme il sait onduler toutes les souplesses d’une attitude ; mais, il faut le remarquer, ses formes sont presque toujours en équilibre statique, telles que les fortes et nobles créations de Constantin Meunier, par exemple ; le geste, chez lui, peut s’immobiliser indéfiniment, par cela même qu’il indique plus souvent un état qu’une action, et donne mieux l’impression de la chose qui dure.

1159. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Sully Prudhomme (1839-1907) »

On chercherait en vain un confident plus noble et plus doux des fautes du cœur et de l’esprit, un consolateur plus austère et plus tendre, un meilleur ami.

1160. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre VIII. Les Fedeli » pp. 129-144

L’auteur expose le plus gravement du monde, dans la dédicace, l’analogie qu’il aperçoit, d’abord entre la partie supérieure et noble de ses personnages et la dédicace qu’il présente à Sa Majesté, puis entre la partie basse et monstrueuse de ses héros et l’œuvre qu’il dépose aux pieds de la reine. » Après avoir passé en Italie l’été de 1623, les Comici Fedeli revinrent en France et y représentèrent pendant l’année 1624 et le commencement de l’année 1625.

1161. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 124-134

Son Essai sur les Gens de Lettres est un assemblage de sagacité, d’élévation, d’une noble indépendance, qu’il seroit à souhaiter, pour l’honneur du Monde littéraire, que chaque homme de Lettres pût réduire en pratique.

1162. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Démosthéne, et Eschine. » pp. 42-52

On y reconnoît le ton, la noble audace d’un orateur qui disposoit de tout dans Athènes, des emplois militaires & politiques ; qui armoit ou désarmoit à son gré ses concitoyens ; qui se faisoit plus redouter lui seul de Philippe, que des armées entières.

1163. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Addisson, et Pope. » pp. 17-27

Pope naquit à Londres en 1688 : il étoit d’une ancienne famille noble de la comté d’Oxford.

1164. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 7, que les genies sont limitez » pp. 67-77

Il est donc également important aux nobles artisans, dont je parle, de connoître à quel genre de poësie et de peinture leurs talens les destinent, et de se borner au genre pour lequel ils sont nez propres.

1165. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « ??? » pp. 175-182

Il peut agir, remplir de nobles et grands devoirs, arriver à d’éclatantes récompenses.

1166. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXII. Des éloges des hommes illustres du dix-septième siècle, par Charles Perrault. »

Enfin ceux qui sentent tout le prix des talents, et qui ont le goût des arts, voient avec intérêt, à la suite des princes, des généraux et des ministres, les noms des artistes célèbres ; de Lully, de Mansart, de Le Brun ; de ce Claude Perrault, qu’on essaya de tourner en ridicule, et qui était un grand homme ; de la Quintinie, qui commença par plaider avec éloquence, et qui finit par instruire l’Europe sur le jardinage ; de Mignard, dont ses parents voulurent faire un médecin, et dont la nature fit un peintre ; du Poussin, qui, las des intrigues et des petites cabales de Paris, retourna à Rome vivre tranquille et pauvre ; de Le Sueur qui mérita que l’envie allât défigurer ses tableaux ; de Sarrazin, qui, comme Michel-Ange, fut à la fois sculpteur et peintre, et eut la gloire de créer les deux Marsis et Girardon ; de Varin, qui perfectionna en homme de génie l’art des médailles ; enfin du célèbre et immortel Callot, qui eut l’audace, quoique noble, de préférer l’art de graver, à l’oisiveté d’un gentilhomme, et qui imprima à tous ses ouvrages le caractère de l’imagination et du talent.

1167. (1881) Études sur la littérature française moderne et contemporaine

Puis il acheta, moyennant 85, 000 francs, la charge plus noble de secrétaire du roi, acquisition qui lui donna le droit de changer son nom patronymique de Caron et de se faire appeler M. de Beaumarchais. […] Doué au degré le plus rare de délicatesse, de pureté et du sens de l’exquis, il possède aussi le sens de la beauté, j’entends la beauté noble, grande, dont M.  […] Il a toutes les nobles ardeurs. […] Puis une vierge de quarante ans bien sonnés, d’une physionomie noble, en rougissant, du nez appréciait une amie. » — Vous disiez que c’étaient des vers ? […] La populace latine ne disait point caput, mot trop noble pour elle, mais testa.

1168. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

à ces choses que nous appelons amour, tendresse, affection, et que nous voudrions tâcher de croire grandes et nobles. […] Les représentations dramatiques étaient fréquentes dans les couvents de filles nobles et lettrées. […] Si ces nobles joies vous ont été données, vous en retrouverez quelque ombre en lisant le nouveau livre de M.  […] Cette ardeur de connaître enflammait alors les plus nobles esprits. […] Léon Hennique cache de nobles émotions sous l’enveloppe hérissée et contournée de sa forme littéraire.

1169. (1868) Rapport sur le progrès des lettres pp. 1-184

À la matière, les lois immuables et uniformes ; aux sciences, qui ont pour objet la nature physique, la certitude ; l’art est libre comme l’âme même dont il est la plus noble et la plus pure expression. […] Je crois sincèrement que ces lecteurs enfants ont les instincts nobles et généreux de l’enfance ; mais le discernement n’est pas la qualité dominante à cet âge. […] Entre les femmes, la première après Georges Sand, Mme Émile de Girardin, reste dans nos cœurs, noble et chère mémoire. […] C’est l’histoire touchante d’une jeune fille qui s’est éprise d’un faux poëte, comme il y en a tant de nos jours, l’épouse, l’enrichit et se tue pour mettre une grande et noble douleur dans cette vie bourgeoise et prosaïque. […] La barque de Don Juan vaut bien le radeau de la Méduse ; mais Byron n’est pas, non plus que Delacroix, qui a tiré des octaves du noble lord un si admirable tableau, un peintre spécial de marines.

1170. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Par exemple, il s’était fait une noble doctrine de la pureté spirituelle et physique. […] Le monument a l’unité des édifices parfaits qu’ont dressés les nobles époques. […] Les batailles que se livrèrent en lui cette inquiétude et cet amour rendirent noble et pathétique sa vie intellectuelle. […] C’était sa confiance ; et enfin, si ce fut son illusion, il n’en est pas de plus noble. […] C’est moins noble, ce n’est pas moins pénible ni dangereux.

1171. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Jamais l’hymne du corps humain n’a été chanté en plus nobles strophes, la force superbe de la forme a resplendi d’un éclat incomparable pendant cette période de la civilisation grecque qui est comme la jeunesse et le printemps du génie humain. […] Sans doute le poète, dont l’enfance s’est passée au collège noble de Madrid, a traversé ce bourg, et ce nom sonore et bien fait lui étant resté dans quelque recoin de sa mémoire, il en a baptisé plus tard le héros de son drame. […] Le noble auteur que sa position personnelle mettait à l’abri de semblables infortunes se préoccupa toujours du sort que la société fait aux poètes. […] Bocage est un bel homme, distingué, dont les manières et les mouvements sont nobles. […] On peut dire que cet art si noble et si pur vit encore aujourd’hui sur la tradition antique, et qu’il a dégénéré toutes les fois qu’il s’en est éloigné.

1172. (1905) Propos de théâtre. Deuxième série

Il se console en songeant à la gloire, dont, déjà, le noble désir le possède, et il dit à Marie (elle s’appelle Marie) qu’elle sera sa Muse. […] Il y a des passions nobles. « Si vous avez quelque passion noble, qu’elle vous soit chère. » Voilà qui va bien, ou à peu près ; mais j’aimerais mieux qu’on dît tout simplement : « Si vous avez quelque passion noble, suivez-la — en la surveillant. » Le « qu’elle vous soit chère !  […] La noblesse de Voltaire est quelque chose comme le « familier noble » de Marmontel. Je reconnais qu’il m’est très difficile de vous définir le familier noble de Marmontel.

1173. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVe entretien. Ossian fils de Fingal »

« Pleurez, bardes consacrés au chant, pleurez la mort du noble Sithallin. […] Telle fut jadis la conduite des nobles ancêtres de Fingal ; telle fut aussi la tienne, ô Fingal ! […] Les bardes chantèrent les nobles actions de Fingal et de son auguste race ; et quelquefois on entendit prononcer dans leurs chants le nom d’Ossian, d’Ossian aujourd’hui plongé dans le deuil ! […] Ossian prit avec lui huit de ses guerriers, l’impétueux Ullin, le généreux Mullo, le noble et gracieux Scelacha, Oglan et le fougueux Cerdal et le farouche Dumariccan : et pourquoi te nommerai-je le dernier, Ogar, si fameux sur les collines d’Arven !

1174. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Je répondrai : Pourquoi vous réduire à ne voir que la poussière vile soulevée par un noble mouvement ? […] Les savants nous apparaissent volontiers tels que de nobles et taciturnes chercheurs enregistrant dans un livre commun les résultats définitifs de leurs communes recherches. […] Là, le prêtre deviendra l’ordonnateur de pures fêtes. — Nous sentons bien quelle énorme besogne ce sera, celle de préparer le théâtre à tant d’honneur : en vérité, les écuries d’Augias… Et pourtant il suffit d’adresser nos regards vers cette noble église de Bayreuth pour comprendre que notre rêve n’est point irréalisable et que d’autres y ont pensé. […] En France, un noble savant, M. 

1175. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

La Mythologie a été dure pour cet honnête dieu, bon sous sa rudesse, incarnation du Feu dans son plus noble et plus pur emploi. […] Cet oncle fabuleux du Titan rejoint, par son caractère raisonneur, les grands-parents de nos comédies ; il a l’air d’être l’ancêtre de ces pères nobles. […] Qu’il ne dégénère point de la noble race sur laquelle il règne, qu’il se montre digne du chant de Pindare et du ciseau de Phidias ; qu’Eschyle puisse s’incliner devant lui, sans sentir son âme plier avec son genou. […] Mais lorsque Hermès les invite à fuir, pour n’être pas enveloppées dans sa catastrophe, un noble élan les relève, l’enthousiasme du dévouement les transporte.

1176. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

C’en était fait des plus vifs plaisirs du théâtre pour les hommes qui aimaient, d’une foi sincère, le beau langage, les nobles traditions, les vivants souvenirs. […] Elle appela madame Mélingue sa fille, lui disant que c’étaient là de nobles larmes ; Mélingue, à son tour, essuya ses larmes, et quant au critique : « Voilà, dis-je à mademoiselle Mars, voilà pourtant comment nous étions tous hier soir !  […] Cette noble femme restera, pour les comédiennes à venir, un encouragement, un conseil, un exemple en beaucoup de choses. […] noble vie, animée des plus correctes passions, rentre dans l’air immense où se perd le souffle supérieur… Ad ventos vita recessit.

1177. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIe Entretien. Le 16 juillet 1857, ou œuvres et caractère de Béranger » pp. 161-252

Les victoires de la France humilièrent ses ennemis, nos revers les enhardirent ; en France même l’engouement pour les généraux popularisés dans les camps se substitua trop aisément, dans le peuple, à l’enthousiasme de la liberté ; la révolution philosophique et tous ses principes furent jetés comme en dérision aux soldats ; toutes les forces du patriotisme furent retournées contre la révolution de 89, qui avait excité ce noble patriotisme. […] Il cherche d’un regard malin le défaut de cuirasse de ses ennemis, les rois, les Bourbons, les nobles, les prêtres, pour lancer sa flèche au point vulnérable et pour rire de la goutte de sang que le dard rapporte à l’arc avec lui. […] Ma famille, quoique déchue par des revers de son ancienne aristocratie, est bien réellement noble ; elle est une branche séparée et séchée de la très ancienne maison de ce nom, enracinée dans plusieurs provinces de France, et surtout en Provence, en Anjou et en Dauphiné. […] Cette jeune fille, d’une taille élevée, d’une souplesse énergique d’avant-bras, d’une physionomie noble et douce, d’un regard de reine tempéré par une délicate réserve, montrait encore à quatre-vingts ans les traces d’une beauté qui avait dû éblouir les élèves du maître d’armes.

1178. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Elle traduisit d’abord quatre Comédies ; mais quelques mois après, quand elle relut son ouvrage, & qu’elle le compara à son original, elle trouva que sa version sentoit la lampe, à la lueur de laquelle elle avoit été faite, & qu’elle étoit fort éloignée de la naïveté, des graces & de la noble simplicité de son auteur. […] Tibulle est tendre & naturel, passionné, délicat, noble sans faste, simple sans bassesse, élégant sans affectation. […] Le Noble en fit une imitation en vers françois, accommodée au goút présent en 1704. […] Sa versification est communément soutenue, harmonieuse, noble ; mais il y a aussi des négligences, des vers foibles, quelques tours forcés & des expressions dures.

1179. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

Le digne fondateur a sur ce sujet de belles et nobles paroles qui décèlent, sous cette monarchie de Louis XV, un cœur de citoyen ; j’en veux citer quelques-unes, ne fût-ce que pour moraliser ce sujet de Bernis, dont les débuts sont un peu amollissants : Ce que vous me dites, monsieur, écrit Duverney à Bernis, de l’opinion de l’étranger sur cet établissement n’est guère propre à modérer mon impatience ; j’en ai toujours beaucoup dans les choses qui contribuent à la gloire de notre maître et au bien de la nation… Les objections ne m’ont jamais rebuté. […] En même temps qu’on y sent chez Duverney la grandeur d’âme accompagnée de bonté et même de bonhomie, le caractère modéré, noble, humain et assez élevé de Bernis s’y dessine naturellement ; son esprit y laisse échapper des nuances et des aperçus qui ont de la finesse.

1180. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Né à Caen en 1555 d’un père magistrat, d’une famille plus noble que riche, l’aîné de neuf enfants, ayant fait d’ailleurs des études assez variées et de gentilhomme sous la conduite d’un précepteur, tantôt à Caen, tantôt à Paris, et pendant deux ans aux universités d’Allemagne, il quitta tout à fait la maison paternelle à vingt et un ans pour s’attacher au service du duc d’Angoulême, fils naturel de Henri II, et grand prieur de France. […] Ce plan lui eût fourni un poème grand, noble, varié, plein d’âme et d’intérêt, et plus flatteur pour une jeune princesse, surtout s’il eût su lui parler de sa beauté moins longuement et d’une manière plus simple, plus vraie, plus naïve qu’il ne l’a fait.

1181. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Quoi qu’il en soit, il était bien le créateur de sa forme et, à sa date, le père du style noble et nombreux. […] Il supposa d’abord inexactement que M. de Girac avait blâmé Voiture de ce qu’il n’écrivait point du tout dans le goût de Balzac, nihil Balzacianum, ce que M. de Girac n’avait pas exprimé de la sorte ni dans ces termes absolus : Il dit (c’est Costar qui parle) que M. de Voiture n’écrit pas de votre manière ; qu’il ne parle pas Balzac ; qu’il ne tient rien de ce noble caractère qui relève si fort vos pensées et vos paroles.

1182. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Gardons-nous d’oublier que ceux qui n’ont pas réussi ont contre eux bien des apparences et des commencements équivoques qui auraient un tout autre air moyennant une autre issue : un rayon de soleil tombant à propos change bien les aspects. « Mais pour ce que les histoires, dit quelque part Rohan, ne se font que par les victorieux, nous ne voyons ordinairement d’estimes que les enfants de la fortune. » Tout cela est vrai ; et toutefois c’est bien Richelieu qui dans cette lutte a raison, et qui a la conscience de la grande cause qu’il sert, de la noble monarchie qu’il continue, et de la France incomparable qu’il achève. […] Telles sont les nobles et ouvertes pensées qu’il agite et qu’il poursuit sous sa pourpre, tandis que Rohan, dans son Albigeois et ses Cévennes, et qui n’ose même s’aventurer à corps perdu comme feront un jour les grands Vendéens, s’épuise, en courant de ville en ville, à vouloir établir et organiser en France une contre-France.

1183. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — II » pp. 375-394

Je me complaisais dans les espérances qu’il me donnait ; il avait la sagesse d’un homme formé, avec le feu de son âge ; il avait le cœur noble et plein d’émulation, se poussant à tout de lui-même, apprenant ce qu’il ne savait pas avec passion. […] Il entre à ce propos dans des détails de santé qui sont en effet très peu militaires, et qui paraissent à celui même qui les écrit trop peu nobles pour ne pas devoir être exacts.

1184. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La marquise de Créqui — I » pp. 432-453

La vraie Mme de Créqui est pleine de raison, de sens, et n’est surtout pas une marquise à préventions, à passions politiques, telles que le fabricateur des mémoires les aime et comme il s’en vit plus d’une dans un noble faubourg après 1815 ou après 1830. […] Mais comment se jouer aux Coigny, aux Coislin, à aucune de ces nobles familles qui avaient laissé des héritiers et des descendants ?

1185. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « I » pp. 1-20

Le théâtre, la tragédie, qu’adorait Voltaire et où il excellait selon le goût de son temps, le livrait au public par un plus noble côté. […] Nous en resterons donc, pour sa disposition d’esprit en cette heure pour lui si sérieuse, sur cet unique témoignage, cette lettre adressée à Thieriot qui se trouve dans la correspondance générale, et où se lisent ces nobles paroles : Je suis encore très incertain si je me retirerai à Londres : je sais que c’est un pays où les arts sont tous honorés et récompensés, où il y a de la différence entre les conditions, mais point d’autre entre les hommes que celle du mérite.

1186. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

Le premier dessein de la noble vierge était de frapper, d’immoler Marat publiquement, en pleine Convention, au sommet de sa Montagne : elle comptait bien elle-même être déchirée sur place et disparaître en lambeaux avant même qu’on eût su son visage et son nom. […] Enfin le prieur, dom Le Noble, homme jeune encore, qui l’avait pris en amitié, eût achevé de le désabuser, s’il lui était resté des illusions sur ce genre de vie ; car il la lui dépeignait d’après ce qu’il avait sous les yeux, avec toutes les misères, les rivalités et les envies intestines qu’elle recelait, avec les imbécillités et les démences qui en étaient trop souvent le terme et le résultat.

1187. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Un autre témoin fort digne d’être écouté à son sujet, Dutens, un esprit sérieux et solide, le premier éditeur complet de Leibnitz, Anglais d’adoption et de jugement, qui avait visité les principales Cours d’Europe et qui avait en soi bien des termes de comparaison, a parlé de ce prince dans le même sens que le président Hénault : « M. le prince de Conti était l’un des plus aimables et des plus grands hommes de son siècle : il avait la taille parfaitement belle (il dérogeait par là notablement à la race des Conti, qui avait la bosse héréditaire), l’air noble et majestueux, les traits beaux et réguliers, la physionomie agréable et spirituelle, le regard fier ou doux, suivant l’occasion ; il parlait bien, avec une éloquence mâle et vive, s’exprimait sur tous les sujets avec beaucoup de chaleur et de force ; l’élévation de son âme, la fermeté de son caractère, son courage et sa capacité sont assez connus en Europe pour que je me dispense d’en parler ici. […] J’ai entendu parler d’un homme de grand jugement, nullement lié avec vous, qui soutenait en public dans une compagnie que, si le bruit était fondé, rien ne pourrait donner une plus haute idée des louables et nobles principes de votre ami] (le prince).

1188. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Mémoires de l’abbé Legendre, chanoine de Notre-Dame secrétaire de M. de Harlay, archevêque de Paris. (suite et fin). »

Il rassemblait non seulement tout ce qui peut contribuer au charme des oreilles, une élocution noble et coulante, une prononciation animée, je ne sais quoi d’insinuant et d’aimable dans la voix, mais encore tout ce qui peut fixer agréablement les yeux, une physionomie solaire, un grand air de majesté, un geste libre et régulier. » Cette physionomie solaire, qui était à l’ordre du jour sous Louis XIV et à l’instar du maître, répond bien aux beaux portraits peints ou gravés qu’on a de M. de Harlay : je veux parler surtout de ceux de Nanteuil, de Van Schuppen et de Champagne. […] M. de Harlay, en toutes ces démarches qui ont gravé à jamais son nom dans l’histoire de la Compagnie, était animé du noble désir de la servir, et aussi peut-être de la crainte que si l’Académie venait à se choisir, après le chancelier Séguier, un second protecteur au-dessous du trône, ce protecteur ne fût pas lui, encore si nouveau et l’un des derniers élus.

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