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1179. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Dédicace, préface et poème liminaire de « La Légende des siècles » (1859) — Préface (1859) »

Exprimer l’humanité dans une espèce d’œuvre cyclique ; la peindre successivement et simultanément sous tous ses aspects, histoire, fable, philosophie, religion, science, lesquels se résument en un seul et immense mouvement d’ascension vers la lumière ; faire apparaître, dans une sorte de miroir sombre et clair ― que l’interruption naturelle des travaux terrestres brisera probablement avant qu’il ait la dimension rêvée par l’auteur ― cette grande figure une et multiple, lugubre et rayonnante, fatale et sacrée, l’Homme ; voilà de quelle pensée, de quelle ambition, si l’on veut, est sortie la Légende des Siècles.

1180. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

En révolution, tout mouvement fait avancer.

1181. (1761) Salon de 1761 « Peinture — M. Pierre » pp. 122-126

Ne voyez-vous pas que ce mouvement d’horreur l’excuse ?

1182. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — XVIII. La bague aux souhaits »

Il charge son fusil… Mais la guinné n’ignore pas un seul de ses mouvements.

1183. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Première partie. Les idées anciennes devenues inintelligibles » pp. 106-113

La Chambre de 1815, qui a été l’objet de tant d’éloges et de tant de critiques, eut cela de remarquable qu’elle représentait très bien le mouvement des opinions françaises, qu’elle représentait très bien aussi cet état d’anxiété, de trouble, d’incertitude, résultat nécessaire de la lutte des mœurs et des opinions.

1184. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Seul et dans le silence du cabinet, il avait devancé et préparé le mouvement qui ne se dessina guère d’une manière sensible qu’après la seconde Restauration, à partir de 1819. […] Ils appartenaient chacun à un ordre et à un mouvement d’idées antérieur. […] Pourquoi substituer des combinaisons d’école ou de cabinet à l’ensemble et au mouvement naturel des choses ? […] Esclave d’une pensée unique ou dominante, à la tête de quinze ou vingt volumes toujours présents et en cours d’exécution, ayant l’œil aux travaux d’autrui pour en profiter ou pour se défendre, condamné à un vrai régime de patience, il n’aurait plus été aussi libre de ses mouvements ; sa chaire l’eût assujetti jusqu’au bout : il aurait dû se retrancher bien des excursions et plus d’un voyage. […] Les Lettres d’Ampère, écrites sans beaucoup de soin, le plus souvent griffonnées précipitamment, sont vives, naturelles, affectueuses, et rendent bien le mouvement et le train habituel de son esprit.

1185. (1927) André Gide pp. 8-126

André Gide nous enseigne ici que l’iconoclastie est un mouvement religieux et un acte de foi retourné, psychologiquement très voisin de la foi proprement dite. […] Il la recueille à son tour par un beau mouvement de charité évangélique, qui n’a pas l’approbation de son épouse Amélie, personne d’éminente vertu, mais un peu sèche et prosaïque. […] André Gide conclut à supprimer toute délibération préalable, comme asservissante encore, et à obéir passivement aux mouvements réflexes, ce qui n’est évidemment pas se libérer, mais se livrer au hasard. […] Pour les jeunes champions du mouvement dada, dont l’initiateur, M.  […] Il y a aujourd’hui un mouvement antiflaubertiste, qui s’explique par les mêmes motifs, politiques et religieux, que le mouvement hugophobe.

1186. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Une grande salle, à l’agitation un peu sourde, au mouvement légèrement morne. […] Il cause de l’absence du mouvement intellectuel de la province française, comparativement à toutes les associations lettrées des comtés anglais et des villes allemandes ; il cause de la pléthore de ce Paris, qui absorbe tout, attire tout, fabrique tout, de l’avenir enfin de la France, qui dans ces conditions doit finir par une congestion cérébrale : « Paris, dans ces derniers temps, s’écrie-t-il, me fait l’effet de la vallée d’Alexandrie… Au bas d’Alexandrie pendillait bien la vallée du Nil, mais c’était une vallée morte !  […] Et un monde de machinistes, d’ouvriers, de figurants, un peuple hâve et rachitique, aux faces fardées, tout cela allant, avec un mouvement d’immense manufacture, de prodigieuse usine, — d’une fantastique fabrique d’illusions, en pleine activité. […] Ça leur va, ce caquetage exotique, à ces jolies et mutines Orientales de Paris, qui ont, dans leurs mouvements, je ne sais quelle mollesse tendre, et dans leurs personnes, un brin de ces êtres de gentillesse, timides, familiers et curieux, repoussés doucement par la main du rajah de Lahore, dans la visite que lui fait le prince Soltikoff. […] Dans le mouvement de son refus, un peu de l’eau de la tasse, choquée par lui, tomba sur sa tunique.

1187. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Mme C… L… Des mouvements lents de physionomie, des yeux paresseux, des ombres prud’honniennes mêlées à des grâces de créole, un grain de beauté que le sourire remue sans cesse. […] On sent en lui l’acteur qui voit, qui observe, qui est à la recherche de types, de caractéristiques silhouettes humaines : il nous dit, sans savoir dessiner, jeter très bien le mouvement d’un bonhomme sur le papier. Comme nous lui parlions de la mystérieuse cristallisation du rôle d’un auteur dans la personne d’un acteur, il nous confesse le composer d’abord avec la pensée de l’auteur, en y entrant entièrement, — c’est pour cela qu’il ne crée jamais sûrement un rôle dans une pièce d’auteur mort, car pour lui, avec l’auteur, le rôle meurt. — Il faut qu’il entende l’auteur lire et expliquer le rôle dans son mouvement à lui. […] Ce Carpeaux : une nature de nervosité, d’emportement, d’exaltation, ce Carpeaux : une figure fruste, toujours en mouvement, avec des muscles changeant continuellement de place, et avec des yeux d’ouvrier en colère : — la fièvre du génie dans une enveloppe de marbrier. […] » — et le mouvement trouvé, une petite émotion de joie passe en vous comme une chaleur.

1188. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Le tout, nous disent les éditeurs, doit être précédé d’une Notice sur Diderot et sur le mouvement philosophique au xviiie  siècle, qui n’y est pas et qui sera de M.  […] Le tour est toute la supériorité de Diderot, de cet esprit qui n’a que du mouvement et de la verve. […] On lui en a donné ; mais c’est un cadeau… C’était un pataud brillant, mais c’était un pataud, qui, dans sa lourdeur déclamatoire, brillait plus par le mouvement que par l’éclat de sa pensée. […] Telles étaient les idées, vagues quand elles ne sont pas fausses, que Diderot, avec son charlatanisme déclamatoire, fouetta, pour les faire mieux mousser, dans des Études critiques où je cherche en vain les ressources, le mouvement et la vie du fort discuteur qui a écrit le Paradoxe du comédien. […] Mais cette critique, qu’il porta une fois dans la littérature, ne s’atteste jamais que dans quelques Salons, et on désirerait pour sa gloire qu’elle se fût attestée davantage… Malheureusement (on l’a vu), Diderot n’était capable d’aucune concentration ; c’était le mouvement perpétuel.

1189. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « M. de Fontanes »

Mais il aurait fallu pour cela un plus vif mouvement d’innovation et de découverte que ne s’en permettait Fontanes. […] Il partagea pourtant avec presque toute la France le premier mouvement et les espérances de l’aurore de 89 ; l’on a même un chant de lui sur la fête de la Fédération en 90. […] La nature est forcée de contraindre ses plus justes et ses plus généreux mouvements, sous peine de mort. […] Cela fait, il se crut perdu ; de même qu’il avait de ces premiers mouvements qui sont de l’honnête homme avant tout, il avait de ces crises d’imagination qui sont du poëte. En ne le jugeant que sur sa parole habile, on se méprendrait tout à fait sur le mouvement de son esprit et sur la vivacité de son âme.

1190. (1856) Le réalisme : discussions esthétiques pp. 3-105

C’est ainsi que l’on doit participer au mouvement de la société, le provoquer et le suivre. […] Aussi ce mouvement d’un art factice, à contre-poil de la tradition et sans intelligence possible de l’avenir, ne pouvait se soutenir : affaire de luxe et de curiosité, … aussi ce carnaval passé, l’art se retrouva-t-il en plein vide, sans principe, sans objet et sans but. […] » La paresse est au travail ce que la paralysie est au mouvement. […] Si nous avions pourtant à rattacher cette manifestation de l’esprit littéraire et artistique au mouvement général des idées contemporaines, il nous serait aisé de signaler les points de concordance qui la relient à la philosophie positive. […] Incapable de s’élever comme Balzac à la cime des généralités sociales et de surprendre, de ces hauteurs, les accidents et les péripéties du mouvement humain, il erre à tâtons dans le labyrinthe de la vie contemporaine.

1191. (1889) Les artistes littéraires : études sur le XIXe siècle

Leur religiosité vague et leur ferveur royaliste suscitèrent un mouvement foudroyant, à cette heure où la Restauration n’était pas tombée encore dans le discrédit, et où l’on travaillait de toutes parts à une rénovation du christianisme. […] Ils crurent, — avec bien d’autres, — que, chez un écrivain, le génie est fait pour la meilleure part des mouvements de son âme. […] Les gens qui se dépensent dans la passion, dans le mouvement nerveux, ne feront jamais un livre de passion. […] Les causes externes n’ont guère rien changé aux forces latentes chez l’homme, mais elles les ont mises en mouvement et les ont aidées à se produire. […] Après eux, qui resta-t-il pour continuer le mouvement ?

1192. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

J’observe que le public semble vouloir lui-même expier l’injustice de ce premier mouvement d’humeur, par les applaudissements qu’il prodigue ensuite à don Sanche, lorsqu’il rend compte au roi des causes de l’erreur de Chimène. […] À ces deux mouvements si touchants et si nobles, succèdent quelques idées de vengeance, et c’est là qu’on reconnaît la nature : Auguste n’intéresserait pas s’il ne tenait rien de l’homme ; mais sa colère est bientôt étouffée par des desseins plus généreux. […] Il faut rendre cette justice à Racine : il n’a donné ces passions insensées qu’à des femmes, dont le cœur est plus sensible, la raison plus faible, et que l’oisiveté rend plus susceptibles de mouvements déréglés. […] Ainsi, tous les amis de Voltaire vont criant que la pièce est ennuyeuse, triviale, sans mouvement et sans intérêt. […] On n’entend pas bien comment la bassesse représente les premiers mouvements du cœur d’un héros : ces premiers mouvements sont-ils bas ?

1193. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « [Note de l’auteur] » pp. 422-425

Le voici : « C’est un traité des mouvements du cœur de l’homme qu’on peut dire avoir été comme inconnus, avant cette heure, au cœur même qui les produit.

1194. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXXVII » pp. 306-312

Quelques nobles mouvements naturels et simples viennent par endroits donner jour aux émotions que fait naître un tel spectacle : l’historien, sans intervenir trop fréquemment, est loin d’être impassible.

1195. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre VII. De la propriété des termes. — Répétition des mots. — Synonymes. — Du langage noble »

La langue française a le mérite de distinguer les synonymes avec une lumineuse précision : elle le doit en grande partie à ces précieux et à ces premiers académiciens, dont se moquait un peu légèrement Saint-Ëvremond, et aussi à ce goût d’analyse morale qui a poussé tant d’écrivains, tant de gens du monde même, à étudier le cœur humain dans ses plus délicats mouvements et ses plus imperceptibles ressorts.

1196. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Un grand voyageur de commerce »

D’autres ont visité des terres ignorées pour en agrandir leur patrie, ou par un amour ingénu de la science et de la vérité, quelquefois aussi par goût du mouvement et de l’aventure.

1197. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Des avantages attachés à la profession de révolutionnaire. » pp. 200-207

Il admet, par définition, la légitimité de la violence et de ces aveugles mouvements populaires qui font toujours, nécessairement, des victimes innocentes.

1198. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Il y a là, il faut le dire, une abondance singulière et une vitalité puissante, toute la plantureuse confusion d’un esprit qui se cherche et s’exerce dans tous les sens, à travers les zigzags de toutes ses fantaisies, obéissant à des poussées disparates, à des intuitions subites, aux soubresauts d’une verve capricieuse, à tout ce que l’instant fait passer d’émotions, d’images et de rythmes en une âme extraordinairement vibrante et attentive, prompte à les saisir au passage et à en fixer la nuance, la forme ou le mouvement.

1199. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Éphémérides poétiques, 1891-1900 » pp. 179-187

. — Le Mouvement littéraire (Fernand Roussel). — Le Saint Graal (Emmanuel Signoret). — Psyché (V.

1200. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre III » pp. 30-37

Les gens de lettres doivent bien se persuader que la littérature de tous les temps reçoit des directions inévitables des mœurs régnantes dans la nation, et que c’est une des lois du mouvement en politique et en morale, d’amener à la suite d’une longue période de dissolution, une période de réserve affectée et de pruderie.

1201. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Malherbe, avec différens auteurs. » pp. 148-156

Dans un mouvement, d’indignation, il se lève, fait des gestes convulsifs, & demande à l’auteur s’il avoit eu l’alternative de faire ces vers, ou d’être pendu.

1202. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre V. Harmonies de la religion chrétienne avec les scènes de la nature et les passions du cœur humain. — Chapitre VI. Harmonies morales. — Dévotions populaires. »

Il suit de là que, plus un culte a de ces dévotions populaires, plus il est poétique, puisque la poésie se fonde sur les mouvements de l’âme et les accidents de la nature, rendus tout mystérieux par l’intervention des idées religieuses.

1203. (1769) Les deux âges du goût et du génie français sous Louis XIV et sous Louis XV pp. -532

Mais j’ai tâché d’égayer la matiere & d’y jetter une sorte de mouvement & d’intérêt. […] Il découvrait & démontrait un nouveau principe sur l’équilibre & le mouvement des fluides. […] Peut-être, aussi, quelques unes de ses pieces manquent-elles de mouvement. […] Piron un mouvement très-théatral, des situations intéressantes & de l’énergie dans l’expression. […] Le mouvement, le pittoresque s’y trouvent réunis à l’instruction.

1204. (1904) Propos littéraires. Deuxième série

Ducros, bon Encyclopédiste au demeurant, rattache fortement, comme nous le verrons, à Descartes le mouvement encyclopédique. […] Il lui donne la couleur, l’éclat, le mouvement, avec ses contrastes vigoureux, son goût, un peu juvénile encore, mais d’une brillante fantaisie, pour les déguisements, ses coups de théâtre puissants et surprenants. […] Je suis ému par une scène tragique : ce n’est pas un mauvais signe, sans doute, et je ne dois pas me mépriser à ce point de tirer de là une présomption défavorable pour cette scène ; mais je ne dois pas me contenter de ce mouvement instinctif de mon cœur. […] Mais dès qu’un art s’adresse à la pensée, est fait pour être non pas seulement senti, mais compris, met en jeu et en mouvement, l’intelligence humaine, dès ce moment, il ne peut plus n’avoir pour but que lui-même. […] Il ne verra rien sans le rattacher à une cause ; il supposera une force à l’origine de tout mouvement ; il lui sera impossible de comprendre un mouvement sans but ; et impossible d’imaginer, au-delà de tout ce qu’il voit, ou suppose, un je ne sais quoi qui soit rien.

1205. (1826) Mélanges littéraires pp. 1-457

Mais si Shakspeare, dit-on, a péché contre toutes les règles, mêlé tous les genres, blessé toutes les vraisemblances, il a du moins mis plus de mouvement sur la scène, et porté plus loin la terreur que les tragiques français. […] Selon les premiers, les écrivains du siècle de Louis-le-Grand n’ont eu ni assez de mouvement dans le style, ni surtout assez de pensées ; selon les seconds, tout ce prétendu mouvement, tous les efforts du jour vers des pensées nouvelles, ne sont que décadence et corruption : ceux-là rejettent toutes règles ; ceux-ci les rappellent toutes. […] Cette saison, qui met tout en mouvement dans les forêts américaines, donne le signal du départ à notre voyageur. […] La plus belle page de Buffon n’égale peut-être pas la tendre éloquence de ce mouvement chrétien : Est-ce pour les oiseaux, Seigneur ! […] La chute d’une onde, le murmure du vent solitaire, tous les bruits qui s’élèvent de la nature, tous les mouvements qui animent les déserts, lui parurent tenir à cette cause cachée.

1206. (1897) La vie et les livres. Quatrième série pp. 3-401

quel mouvement ! […] Leur mouvement pourrait s’appeler la sécession des intellectuels. […] Plusieurs patriciennes étaient à cheval ; chacun de leurs mouvements faisait chatoyer des reflets de soie et bruire un cliquetis de bijoux. […] Ses gestes sont précis, un peu secs, réglés par cette eurythmie sage qui, depuis la Victoire de Mikkiadès jusqu’à l’Athéna de Phidias, cadence le mouvement des statues. […] Les plis de sa fine tunique de lin flottent sur les formes robustes et délicates, sans brider le mouvement de la déesse, qui marche en avant, toute rayonnante de jeunesse et d’espoir.

1207. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Cependant les idées, au fond, seront à peu près les mêmes ; mais la forme et le mouvement et la couleur différeront. […] Grande activité des vaisseaux sanguins, amour du mouvement et de l’exercice, physionomie pleine de vivacité et d’animation. […] Et l’âme veut cette circulation parce qu’elle sait que le mouvement est nécessaire pour empêcher la corruption des humeurs et pour réparer les pertes ; de l’organisme. […] Dans Bossuet, au contraire, quelle joie triomphante, quel mouvement et quelle couleur ! […] Ces deux figures, enlacées et assises, sont d’un mouvement, d’une grandeur et d’un charme de lignes incomparables.

1208. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

Cet angle se forme d’un mouvement mixte des doigts & du poignet. Pour l’accent aigu & l’accent grave, ils se forment d’un seul mouvement des doigts. […] Le, la, les, indiquent que l’on parle 1°. ou d’un tel individu réel que l’on tire de son espece, comme quand on dit le roi, la reine, le soleil, la lune ; 2°. ou d’un individu métaphysique & par imitation ou analogie ; la vérité, le mensonge ; l’esprit, c’est-à-dire le génie ; le coeur, c’est-à-dire la sensibilité ; l’entendement, la volonté, la vie, la mort, la nature, le mouvement, le repos, l’être en général, la substance, le néant, &c. […] Cet exemple doit bien faire sentir que le, la, les ; ce, cet, cette, ces, ne sont que des adjectifs qui marquent le mouvement de l’esprit, qui se tourne vers l’objet particulier de son idée.

1209. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Un mouvement littéraire nouveau se constate jusqu’à l’évidence par une poétique nouvelle. […] De même que le détail trivial, il note les mouvements voluptueux, sans qu’ils servent de rien à son récit. […] Madame Bovary a-t-elle un mouvement de tendresse désintéressée ? […] Les fils se mêlent, se nouent, se rompent, se rajustent, sans que l’œil, étourdi, ose suivre cette multiplicité de petits mouvements répétés avec une rapidité merveilleuse en mille directions diverses ou contraires. […] Contre le reste du sacerdoce, c’est un bélier qui donne des cornes avec un mouvement uniforme de fureur.

1210. (1894) Critique de combat

Mais dans le mouvement auquel il s’est laissé emporter, M.  […] Croyez-vous qu’il ait pu d’après cela se représenter le mouvement d’idées si intense qui agite les profondeurs du monde socialiste ? […] Le mouvement en avant triomphera, parce que la vie, c’est le mouvement. […] Le culte de Montesquieu pour les anciens n’est qu’un cas particulier d’un mouvement général des esprits. […] Faguet serait-il trop simpliste pour saisir ce double mouvement si facile à constater ?

1211. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Ils ont le mouvement d’une machine et non celui d’un être humain. […] d’un mouvement si imperceptible que nous n’en aurions pas eu conscience si nous n’avions été avertis par M.  […] comme il se sent monter au cœur des mouvements de haine ! […] » Mouvement admirable, scène transportante qui égale ce qu’il y a de plus beau au théâtre. […] Plein de vie, de mouvement et de passion, il court avec un sifflement sinistre, puis brusquement éclate comme un obus.

1212. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Le libre mouvement de ses membres lui est aussitôt rendu. […] On me dit que je réussirai dans trois semaines ; je n’en crois rien et ne fais plus un mouvement pour cela. […] Sa passion néanmoins a tous les mouvements de la sincérité. […] Puis, comme le veut Aristote, ne condamnons pas toute sorte de mouvement, mais seulement celui qui est mal exécuté. […] Malgré l’état de sa santé, il quitte sa chambre et court mettre en mouvement avoués et huissiers.

1213. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

. — D’autres vraiment affligés ou de cabale frappée pleuraient amèrement ou se contenaient avec un effort aussi aisé à remarquer que les sanglots… Parmi ces diverses sortes d’affligés, peu ou point de propos ; de conversation, nulle ; quelque exclamation parfois répondue par une douleur voisine, un mot en un quart d’heure, des yeux sombres ou hagards, les mouvements des mains moins rares qu’involontaires, immobilité du reste presque entière. […] Nous naissons tous et nous croissons d’un mouvement spontané, libres, élancés, comme des plantes saines et vigoureuses. […] Un peu plus loin vient l’avocat qui a pris ses grades, et tient boutique de démonstrations, injures, amplifications, exclamations et mouvements d’indignation. […] Nous savons leurs conditions, leurs caractères, leur langage ; nous voyons leurs habits, leurs demeures ; nous entendons les inflexions de leurs voix ; nous suivons les mouvements de leurs âmes ; nous les connaissons, nous nous intéressons à eux ; j’étais tout à l’heure involontairement plein d’irritation, de mépris, de pitié, de gaieté ; j’aimais ou je haïssais ; La Fontaine nous menait à Versailles ; nous apercevions par une échappée Louis XIV en manteau royal, les seigneurs pliés en deux dans les antichambres, les courtisans accrochant une pension ou une survivance, les bourgeois à leur comptoir et dans leur hôtel-de-ville, le curé expédiant sa messe, le paysan au travail, las et roidi dans sa souquenille trouée. […] Notre tête était pleine de formes, de couleurs, d’accents, de mouvements ; le spectacle des passions vivantes éveillait en nous des passions vivantes.

1214. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Il n’osait seulement y penser, mais quand, dans les leçons attentives qu’il lui donnait, il venait à fixer ses regards sur cette taille angélique, sur cette grâce chaste des mouvements, sur ces joues rougissantes, sur ces yeux voilés par de longs cils, sur cette bouche entr’ouverte par le soupir et refermée par la crainte, et quand il entendait l’éclat de cette voix timbrée et sonore, et pourtant tremblante, qui était la principale de ses séductions involontaires, son âme lui échappait et il était prêt à tomber, pour l’adorer, aux genoux de son élève. […] L’air, sans cesse renouvelé par le mouvement des eaux, entretient sur les bords de cette rivière, malgré les ardeurs de l’été, une verdure et une fraîcheur qu’on trouve rarement dans cette île, sur le haut même des montagnes. […] En effet, il regarda quelque temps dans la plaine l’église des Pamplemousses avec ses longues avenues de bambous, et il fil quelques mouvements comme pour y retourner ; mais il s’enfonça brusquement dans la forêt, en dirigeant toujours sa route vers le nord. […] L’agriculture et le commerce répandaient dans cette partie de l’île beaucoup de mouvement et de variété. […] Je lui répondis donc: « Oui, voilà les montagnes où demeurait votre chère Virginie, et voilà le portrait que vous lui aviez donné, et qu’en mourant elle portait sur son cœur, dont les derniers mouvements ont encore été pour vous. » Je présentai alors à Paul le petit portrait qu’il avait donné à Virginie au bord de la fontaine des cocotiers.

1215. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il n’y avait point d’idée, mais il y avait un mouvement, un intérêt immenses dans son drame. […] La vie est une foule, on la traverse en courant ; mais on y connaît seulement ceux que le mouvement de cette foule a jetés près de vous et qui bordent votre sentier. […] Nous restâmes en vain assis sur ces branches étendues et cachés dans ces feuillages depuis midi jusqu’au soir ; nous ne vîmes d’autre mouvement dans le parc que celui d’un filet d’eau qui scintillait en sortant d’un bassin de stuc, et celui de l’ombre qui tournait et s’allongeait sur les gazons aux pieds des saules pleureurs. […] Il avait le mouvement et la chaleur du génie, s’il n’en avait pas la flamme. […] J’ai vu les manèges des cours ; vous verrez les mouvements bien autrement imposants du peuple.

1216. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

» C’était un mouvement passager de haine, et j’ai passé à travers avec un grand serrement de cœur. […] Ruiné dans toutes ses espérances, c’est encore une de ces existences dissoutes dans le mouvement formidable de ce qu’on appelle la civilisation, qui pour beaucoup ressemble au chaos. » « (6 septembre 1854)… Le malheur finit par semer l’épouvante même au sein des familles que le bonheur aurait unies. […] Ils y restent inédits, à l’état de ces graines cachées dans les armoires qui sèchent sans avoir été semées. — Par exemsople, v craintes de vivre entre des habitudes perdues et d’autres à refaire par ce mouvement incessant vers des demeures nouvelles, c’est ma vie.

1217. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Car, dans toute question générale, il y a quelque notion capitale et simple de laquelle le reste dépend, celles d’unité, de mesure, de masse, de mouvement en mathématiques, celles d’organe, de fonction, de vie en physiologie, celles de sensation, de peine, de plaisir, de désir en psychologie, celles d’utilité, de contrat, de loi en politique et en morale, celles d’avances, de produit, de valeur, d’échange en économie politique, et de même dans les autres sciences, toutes notions tirées de l’expérience courante, d’où il suit qu’en faisant appel à l’expérience ordinaire, au moyen de quelques exemples familiers, avec des historiettes, des anecdotes, de petits récits qui peuvent être agréables, on peut reformer ces notions et les préciser. […] — À chaque page, tantôt avec un mouvement rude de naturaliste hardi, tantôt avec un geste preste de singe polisson, Voltaire écarte la draperie sérieuse ou solennelle, et nous montre l’homme, pauvre bimane, dans quelles attitudes474. […] Si alertes et si brillants que soient les personnages de Voltaire, ce sont toujours des mannequins ; leur mouvement est emprunté ; on entrevoit toujours derrière eux l’auteur qui tire la ficelle.

1218. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIIe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (1re partie). Littérature scientifique » pp. 221-288

En 1789, Campe accompagna à Paris l’aîné de ses élèves, Guillaume de Humboldt, et lui fit entrevoir le grand mouvement de la révolution européenne qui allait modifier le monde. […] Les travaux scientifiques de Humboldt et de son compagnon, malgré la richesse des matériaux où chaque jour apportait à leur ardeur quelque chose de neuf et de rare, ne pouvaient apaiser les mouvements de leur cœur ; aussi Humboldt se réjouissait-il de voir briller une voile à l’horizon lointain. […] Jadis, lorsque j’étudiais les étoiles, je fus saisi d’un mouvement de crainte, inconnu de ceux qui mènent une vie sédentaire ; il m’était douloureux de penser qu’il faudrait renoncer à l’espoir de contempler les belles constellations qui se trouvent au voisinage du pôle sud.

1219. (1890) L’avenir de la science « XXIII »

Quand on songe que tout le mouvement intellectuel accompli jusqu’ici a été réalisé par des hommes malheureux, souffrants, harcelés de peines intérieures et extérieures, et que nous-mêmes nous en recueillons la tradition, d’un cœur agité, au milieu des craintes et des angoisses, on prend en meilleure estime cette nature humaine, capable de poursuivre si énergiquement un objet idéal. […] Il entendit aussi la voix de ceux qui, par des preuves indubitables, avaient acquis la connaissance de l’être suprême, de ceux qui possédaient la grammaire, la poésie et la logique, et étaient versés dans la chronologie ; qui avaient pénétré l’essence de la matière, du mouvement et de la qualité ; qui connaissaient les causes et les effets ; qui avaient étudié le langage des oiseaux et celui des abeilles (les bons et les mauvais présages) ; qui faisaient reposer leur croyance sur les ouvrages de Vyasa, qui offraient des modèles de l’étude des livres d’origine sacrée et des principaux personnages qui recherchent les peines et les troubles du monde 204 ». » L’Inde me représente, du reste, la forme la plus vraie et la plus objective de la vie humaine, celle ou l’homme, épris de la beauté des choses, les poursuit sans retour personnel, et par la seule fascination qu’elles exercent sur sa nature. […] Pas une pensée, pas un sentiment qui ne s’y rattache : la vie matérielle elle-même est presque absorbée dans ce grand mouvement d’idéalisme.

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