/ 2800
726. (1874) Premiers lundis. Tome I « J. Fiévée : Causes et conséquences des événements du mois de Juillet 1830 »

« Sortis des malheurs attachés à la caducité des rois par des événements que nous n’avons pas provoqués, on nous a offert les malheurs d’une minorité que l’instinct du peuple ne comprendrait pas ; et c’est sérieusement que des hommes d’honneur, de bon sens, qui se sont montrés capables de combinaisons politiques, trouvent des paroles qu’ils appellent des principes, et des phrases qui ressemblent à du sentiment, pour nous dire que ce terme moyen entre le passé et l’avenir pouvait suffire à toutes les exigences ! […] Fiévée, le principe monarchique a été conduit à nous montrer que sa dernière conséquence se tirait à coups de canon, et il a disparu au milieu de la fumée.

727. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre XVI. De l’éloquence et de la philosophie des Anglais » pp. 324-337

On pouvait si rarement se flatter en France d’influer par ses écrits sur les institutions de son pays, qu’on ne songeait qu’à montrer de l’esprit dans les discussions même les plus sérieuses. […] L’orateur de l’opposition n’étant point chargé de la direction des affaires, doit montrer presque toujours plus d’éloquence que le ministre.

728. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre IV. De la religion. »

Cet homme cependant, qui manqua de la force nécessaire pour préserver son pouvoir, et fit douter de son courage, tant qu’il en eut besoin pour repousser ses ennemis ; cet homme, dont l’esprit naturellement incertain et timide, ne sut ni croire à ses propres idées, ni même adopter en entier celle d’un autre ; cet homme s’est montré tout à coup capable de la plus étonnante des résolutions, celle de souffrir et de mourir. […] À travers tant de dangers, il persista à ne prendre pour guide que les maximes d’une piété superstitieuse ; mais c’est à l’époque où la religion seule triomphe encore, c’est à l’instant où le malheur est sans espoir, que la puissance de la foi se développa toute entière dans la conduite de Louis ; la force inébranlable de cette conviction ne permit plus d’apercevoir dans son âme l’ombre d’une faiblesse ; l’héroïsme de la philosophie fut contraint à se prosterner devant sa simple résignation ; il reçut passivement tous les arrêts du malheur, et se montra cependant sensible pour ce qu’il aimait, comme si les facultés de sa vie avaient doublé à l’instant de sa mort, il compta, sans frémir, tous les pas qui le menèrent du trône à l’échafaud, et dans l’instant terrible où lui fut encore prononcé cette sublime expression : Fils de Saint Louis, montez au Ciel.

729. (1890) L’avenir de la science « I »

La fin de l’homme n’est pas de savoir, de sentir, d’imaginer, mais d’être parfait, c’est-à-dire d’être homme dans toute l’acception du mot ; c’est d’offrir dans un type individuel le tableau abrégé de l’humanité complète et de montrer réunies dans une puissante unité toutes les faces de la vie que l’humanité a esquissées dans des temps et des lieux divers. […] Pascal a supérieurement montré le cercle vicieux nécessaire de la vie positive.

730. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Quatrième faculté d’une Université. Faculté de théologie » pp. 511-518

Je crois toutefois qu’il ne faudrait admettre aux leçons de ces deux professeurs que le petit nombre des étudiants qui montreraient des dispositions singulières. […] Enfin le professeur d’histoire ecclésiastique se proposerait de montrer l’origine et les progrès successifs de la hiérarchie ecclésiastique, je ne dirai pas l’origine et les progrès successifs, mais au moins le développement de ses dogmes, tâche difficile, mais consommée dans le profond ouvrage de Bingham108, ministre anglican.

731. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XII. Mme la Princesse de Belgiojoso »

Tant que dura le siège de Rome, elle soigna les blessés de ses mains d’Yseult ; et, sœur de charité volontaire, montra cette coquetterie du dévouement et du danger dans laquelle se retrouve la femme de race, mais que les anges de saint Vincent de Paul ne connaissent pas. […] Rien d’inattendu, de pensé, de montré à nouveau, rien qui sente l’homme ou cet être monstrueux, la philosophe, ou cet autre être déjà moins laid, mais qui n’est pas encore très beau, la femme littéraire !

732. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « Le Christianisme en Chine, en Tartarie et au Thibet »

Pour montrer à quelles proportions étranges et rapides cette haine est, d’un seul trait, montée, ne parlait-on pas, récemment, de l’empoisonnement en masse de tout le thé que, chaque année, les Chinois vendent aux Européens ? […] Leur affaire, à ces hommes sublimes, à ces promoteurs du Saint-Esprit dans les âmes, c’est d’agir toujours en dehors de toute prévision naturelle et humaine, c’est de montrer Dieu même aux aveugles, c’est de le parler même à des sourds !

733. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Charles Monselet »

Une âme qui se montrait faisait se montrer toutes les âmes !

734. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Pélisson et d’Olivet »

… Pélisson et d’Olivet étaient, à coup sûr, des hommes de talent, d’un talent relatif et divers, que leur tâche d’historiens de l’Académie n’aurait pas dû décontenancer à ce qu’il semble ; et pourtant, il faut bien l’avouer, ils ne se sont ni l’un ni l’autre montrés de niveau avec elle, Pélisson surtout, Pélisson, que le nouvel éditeur, dans sa préface, met bien au-dessus de d’Olivet, et que nous nous permettrons, nous, de mettre bien au-dessous. […] Les lettres de Chapelain communiquées à Livet par Sainte-Beuve renversent les prétentions de ceux qui les montrent.

735. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Marie-Antoinette » pp. 171-184

Montrez tout ce que vous voudrez des ruines de cette femme, et la poignée de cheveux s’il vous en reste, de ces cheveux blanchis en une nuit, et les souliers percés qu’elle traînait à la prison de ses pieds de reine, et la pauvre robe d’indienne brune et blanche, et toute rapiécée, qu’elle portait au Temple, et le mouchoir trempé par Mingault dans le sang de l’échafaud, et même la robe de linon immortelle de cette reine qui commença par le bonheur pour mieux finir par le martyre ! […] Mais il importait encore plus peut-être de montrer la femme dans Marie-Antoinette, et la femme avant que le malheur, la prison et toutes les tortures l’eussent rejetée plus fortement sur le cœur de son époux ; car ce qu’est souverainement Marie-Antoinette, ce qu’elle est par-dessus tout, c’est l’Épouse !

736. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XII. Marie-Antoinette, par MM. Jules et Edmond de Goncourt » pp. 283-295

Montrez tout ce que vous voudrez des ruines de cette femme, et la poignée de cheveux s’il vous en reste, de ces cheveux blanchis en une nuit, et les souliers percés qu’elle traînait à la prison, de ses pieds de reine, et la pauvre robe d’indienne brune et blanche, et toute rapiécée, qu’elle portait au Temple, et le mouchoir trempé par Mingault dans le sang de l’échafaud, et même la robe de linon immortelle de cette reine qui commença par le bonheur pour mieux finir par le martyre. […] Mais il importait encore plus peut-être de montrer la femme dans Marie-Antoinette, et la femme avant que le malheur, la prison et toutes les tortures l’eussent rejetée plus fortement sur le cœur de son époux ; car ce qu’est souverainement Marie-Antoinette, ce qu’elle est par-dessus tout, c’est l’Épouse !

737. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « W.-H. Prescott » pp. 135-148

Prescott n’a pas craint de montrer une pitié que beaucoup auraient tue pour que leur tigre fût plus complet. […] Prescott nous l’a montré sous toutes ces faces, mais en les espaçant.

738. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Crétineau-Joly » pp. 367-380

L’Histoire, qui répercute en détail la nature humaine et ses mystères, a montré souvent de ces races, fatalement prédestinées, chez lesquelles la transmission du mal s’accomplit, de génération en génération, avec une épouvantable exactitude. […] IV Seulement, je l’ai dit, mais sur ce point je me permettrai d’insister, j’aurais voulu que cette culpabilité sans hardiesse et cette ambition sans grandeur qui n’a su jamais ni se renoncer ni se satisfaire, l’historien l’eût plus vivement montrée et dégagée davantage des faits d’une vie et d’un règne qui furent, en définitive, aussi agités qu’impuissants.

739. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Silvio Pellico »

Elles montrent l’homme dans une vérité plus sincère, et l’Histoire y gagne, si l’homme y perd, — ce qui vaut mieux ! […] Mais, après ces lettres naïves et touchantes, plus touchantes que les Prisons, et qui montrent le captif des Piombi sous ce jour nouveau de l’expiation, dissipant les clartés trompeuses d’une innocence qu’on ne pouvait pas opprimer, ils ajouteront, soyez-en sûrs !

740. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « L’abbé Galiani »

Galiani, cet extrait d’homme, cet homonculus à mettre dans le flacon des alchimistes du Moyen Âge, une fois assis dans un des fauteuils du salon de Madame Geoffrin, qu’il appelait ses trépieds de Sybille et qui avaient plus d’esprit que lui, disait-il, avait autant de conversation que le robuste et tonitruant Diderot, et dans ses lettres il montrait autant d’esprit épistolaire que Voltaire et Madame Du Deffand dans les leurs. […] … N’était-ce pas lutter avec l’auteur du Traité du Prince, qui ne l’avait racontée que dans son Traité du Prince, comme preuve à l’appui du traité, et avec lequel, en reprenant et en détaillant cette vie terrible, il se montrerait plus Machiavel que Machiavel lui-même ?

741. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XIV. M. Auguste Martin »

Martin a donc agi avec une vigueur de procédé qui l’honore en retraçant d’abord, et avant toutes les autres nations, la Chine et l’influence qu’y exerce la morale, pour montrer que la morale est quelque chose en soi, car elle y est tout, et après l’avoir montré, M. 

742. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXV. Le Père Ventura »

Ventura avait pour la Critique l’intérêt d’un esprit de l’ordre le plus élevé qui, jusque-là, s’était illustré dans de très puissantes polémiques, mais que l’événement et le choix de l’Empereur mettaient en demeure de se montrer fécond et net dans sa fécondité et de dire enfin le mot suprême que, sur toutes les questions, le christianisme, s’il rencontre un homme de génie, n’a jamais manqué de prononcer ! […] avoir pris le ton qu’il fallait prendre du reste ; avoir été prêtre jusque-là, touchant, poignant, d’une gravité, d’une pénétration…, — mais dans cette généralité que nous avons notée, cette généralité de l’enseignement catholique que le premier venu peut avoir comme le dernier ; — et puis tout à coup, lorsqu’il s’agit du conseil exprès, de la vue précise, se montrer… — comment dirons-nous ?

743. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XXVII. Silvio Pellico »

Elles montrent l’homme dans une vérité plus sincère, et l’histoire y gagne, si l’homme y perd — ce qui vaut mieux ! […] Mais aujourd’hui, après ces lettres naïves et touchantes, plus touchantes que Les Prisons et qui montrent le captif des Piombi sous ce jour nouveau de l’expiation, dissipant les clartés trompeuses d’une innocence qu’on ne pouvait pas opprimer, ils ajouteront, soyez-en sûrs, à leurs reproches d’hypocrisie, ceux de lâcheté et de trahison !

744. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Charles Didier » pp. 215-226

Je sais bien que les grands faiseurs de nouvelles, que ce Boccace, qu’il a osé rappeler, que le Bandello, que Cervantès, se sont toujours montrés assez indifférents à la manière dont ils amenaient leurs récits, ne se préoccupant que de l’intérêt du récit même ; mais au dix-neuvième siècle, avec les accroissements que le temps apporte aux littératures, il n’est plus permis de faire si bon marché des nécessités de la composition, devenues de plus en plus impérieuses. […] Charles Didier, pour lu première fois de sa vie, a montré une portée, une netteté et un talent qu’on ne lui connaissait pas.

745. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre V. »

On montrait sa tombe en Thrace ; et les habitants assuraient que les rossignols qui avaient eu leurs nids sur cette tombe chantaient avec plus de douceur. […] Ailleurs il avait montré la sage hardiesse du philosophe réduisant les plus menaçantes fictions du polythéisme à des symboles moraux, et, par exemple, faisant du rocher suspendu sur Ixion la terreur imminente du remords.

746. (1902) Propos littéraires. Première série

Adam y a montré de sérieuses qualités de composition et de cohérence qui lui manquent presque toujours. […] J’en suis à considérer l’Individualisme comme un fait et à montrer qu’il a des chances de durer et de s’accroître. […] Plus tard, comme je l’ai montré, il y a eu une déviation. […] Rod nous avait montrée dans le courant du volume ? […] Du reste, la meilleure façon encore de montrer qu’on est Breton, c’est d’avoir de l’esprit.

747. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

C’est ce qu’avait montré Rœderer, et c’est ce que Victor Cousin a feint de ne pas voir ou de ne pas entendre. […] On nous pardonnera si nous avons voulu montrer que le sujet était vraiment digne de Bossuet et de Fénelon. […] Je n’ai pas besoin de montrer ce qu’il laisse encore de liberté dans le choix et l’invention du détail, mais sans doute encore moins de montrer ce qu’il introduit avec lui de factice dans la composition des ensembles. […] Je souhaiterais pouvoir vous montrer en tout la même déférence et la même docilité. […] Je crois qu’il allait un peu loin ; et, si j’ai montré que peut-être il n’avait pas complètement tort, j’essaierai de montrer plus tard qu’il n’avait pas non plus complètement raison.

748. (1930) Le roman français pp. 1-197

Parti d’en bas, un homme — ou une femme — pourra montrer toutes les vertus sociales. […] C’est un seigneur, et il veut montrer qu’il est un seigneur !  […] Outre que ses entours hébreux sont fiers de montrer un type aussi séduisant de leur race, tous ses amis chrétiens sont épris de lui. […] Eugène Thibault l’a fort bien montré dans un essai ingénieux et persuasif publié par le Mercure de France — le Satan de Baudelaire ressemble étrangement à celui de la Somme. […] Il nous aurait montré des fossiles plus ou moins sympathiques, de hardis aventuriers, de braves gens faisant d’assez vilaines choses, de médiocres, même de corrompus, j’imagine, en accomplissant de grandes.

749. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Ne dissimulez point votre bosse ; montrez-la hardiment, comme faisait le maître, et laissez rire le parterre. […] Mais l’important, c’est de montrer sa propre nature à travers le personnage, c’est de rester soi. […] Mais avec Regnard c’est trahir l’auteur que de vouloir montrer dans Le Joueur un vrai joueur. […] Ne me montrez donc, vous son interprète, que cette superficie. […] Les comédiens cédèrent enfin, et l’événement fit voir qu’ils avaient eu raison de se montrer bons princes.

750. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vierset, Auguste (1864-19..) »

Des dizains descriptifs nous montrent le désert, les nomades au seuil ronge et noir de leurs tentes, des femmes en prière sous les dattiers en fleurs ; des sonnets racontent des écrans japonais ; on a l’impression d’un album où des notes rapides ont été, après coup, rehaussées d’un minutieux travail d’aquarelliste.

751. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 486

On les tient quittes de montrer leur propre esprit ; on ne leur demande que celui de l’homme dont ils prétendent écrire l’Histoire.

752. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 184

Il se montra digne rival des Normand & des Cochin, & auroit fourni sans doute une carriere aussi brillante que celle de ses deux Confreres, si la mort ne l’eût enlevé à la fleur de son âge.

753. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vermersch, Eugène (1845-1878) »

Le talent du versificateur se montrait à un degré rare chez ce jeune homme doué d’une vive intelligence et d’une étonnante facilité.

754. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 261

Il mérite en cela plus d’indulgence qu’un grand nombre de nos Auteurs, qui montrent plus de prétentions sur cet article, sans avoir fait des études aussi constantes & aussi digérées que les siennes.

755. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 465

L’esprit ne plaît qu’autant qu’il assaisonne la raison, sans chercher à se montrer.

756. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Dans une jolie pièce, le Bal, il se montrait d’une grâce aimable, et en même temps plus moderne, plus direct d’inspiration, plus souple de ton qu’il ne se permettra de l’être dans la suite. […] S’il y a réminiscence de Milton et de Klopstock, ou encore, parmi les modernes, de Thomas Moore et de Byron, la combinaison que l’imitateur en avait su tirer montrait qu’on avait affaire ici à une maîtresse abeille et qu’un coin de génie existait. […] Une Revue s’étant montrée alors assez sévère, l’irritation dans le camp des néophytes fut extrême, et peu s’en fallut qu’un jeune auteur de sonnets ne provoquât en duel le directeur. […] Hugo à la Place-Royale, et, loin de se montrer contraire à M. de Vigny, il fit M.  […] Je ne répondrais pas que dans ces visites M. de Vigny ne se soit pas montré plus homme de lettres qu’il ne convenait peut-être à un homme du monde, qu’il n’ait point essayé de parler de lui comme il aurait désiré qu’on en parlât, qu’il n’ait point offert peut-être de donner une clef de sa pensée et de ses écrits à l’homme d’esprit qui se croyait fort en état de s’en passer ou de la trouver de lui-même.

757. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Madame de Verdelin  »

Au xviiie  siècle, Voltaire excita, dès les premiers jours, de ces transports d’esprit dans le plus grand monde, — mais d’esprit seulement : les femmes qui l’aimèrent à ses débuts et qui ne craignirent pas de le montrer, la maréchale de Villars, toute la première, allaient droit à la célébrité, à la mode, au lion du moment. […] Nous en montrerons un exemple particulier dans ses relations avec l’une des correspondantes que le recueil publié par MM.  […] Quoi de plus doux et de plus innocent, en effet, que de s’occuper dans un détail exact et avec une attention comme affectueuse d’une existence disparue, de ressaisir une figure nette et distincte dans le passé, de donner tous ses soins, pour la recomposer et la montrer aux autres, à celle qui ne nous est de rien, de qui l’on n’attend rien, mais dont je ne sais quelle grâce, quelle bienveillance souriante nous attire et nous a charmés ? L’esprit, le cœur, voilà ce qui survit à tout, ou ce qui devrait survivre ; le retrouver, le montrer est une vraie joie : y ajouter même au besoin un peu du sien n’est pas défendu ; on supplée ainsi à ce qui nous échappe. […] J’ai autant de plaisir à vous le dire, que si cela vous importait beaucoup à savoir… » (7 décembre 1762.) — « Cent fois le jour je pense avec attendrissement que, depuis le premier moment de notre connaissance, vos soins, vos bontés, votre amitié, n’ont pas souffert un moment de relâche ou d’attiédissement, que vous avez toujours été la même envers moi dans ma bonne et ma mauvaise humeur, dans ma bonne et ma mauvaise fortune ; que vous m’avez toujours montré une égalité d’âme qui devrait faire l’étude du sage, et cette bienveillance inaltérable que tous les amis promettent et qu’on ne trouve dans aucun.

758. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre deuxième. Les images — Chapitre premier. Nature et réducteurs de l’image » pp. 75-128

. — Ces exemples montrent de plus que, pour fortifier l’image, l’importance de la sensation est un second stimulant aussi efficace que la proximité de la sensation. […] D’autres cas montrent le rétablissement partiel de la sensation correctrice. […] D’autres cas montrent avec plus de détail la manière dont la sensation correctrice quitte les coulisses et rentre en scène39. […] Maury a montré le premier, par une série d’expériences bien suivies, la proche parenté de la sensation, du souvenir, de l’image et de l’hallucination. […] « Quelquefois les figures se montraient tout d’un coup ; mais le plus souvent elles ne se distinguaient que dans un second temps, comme si elles eussent traversé un nuage avant de se faire voir dans tout leur éclat.

759. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

Ces paroles sont une faible traduction de la vérité, bien qu’elles nous permettent de l’entrevoir ; la comtesse d’Albany, en nous ouvrant son cœur, nous y eût montré certainement autre chose. […] Si je me montrai alors bas et dissimulé, ce fut donc par excès d’amour, et il faudra bien que celui qui rira de moi reconnaisse en moi son image. […] Échappés de cet enfer, nous arrivâmes à Calais en deux jours et demi, pendant lesquels nous montrâmes nos passeports plus de quarante fois. […] Je n’y savais qu’un moyen : si on ne me provoquait pas, je ferais le mort ; si l’on me touchait le moins du monde, je saurais donner signe de vie et me montrer en homme libre. […] De la gloire, il n’eut que la passion ; Du civisme, il n’eut que l’affectation ; Du génie, il n’eut que la prétention ; De l’amour, il n’eut que l’ostentation ; Ostentation peut-être sincère, mais suspecte au moins, comme nous allons le montrer dans la suite de ce commentaire.

760. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (2e partie) » pp. 81-159

D’un autre côté, un cardinal ne pouvait guère se montrer dans un pays où depuis tant d’années on n’avait pas vu même les insignes d’un simple homme d’Église. […] Cette mission en imposerait aux conseillers pervers ; elle forcerait le gouvernement consulaire à se montrer raisonnable, afin de ne pas amener le public à rejeter sur lui la faute d’une rupture. […] « On sut ensuite qu’il ne s’était montré aussi gracieux que dans le but de séduire les cardinaux récalcitrants à sa volonté. […] « Ce commencement donnait à notre lettre la forme d’une réponse à des inculpations et rien autre, et nous montrions ainsi que notre but était uniquement de nous laver de la tache de révolte et de trahison. […] « Ce haut fonctionnaire, ayant lu la lettre, s’en montra satisfait.

761. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre septième »

Et quel plus grand objet de l’éloquence, que de montrer Dieu lui-même nous y aidant et s’employant à la réparation de sa créature intelligente ? […] On sait gré à un homme de tant d’esprit d’en montrer si peu, à l’auteur consommé de rester toujours l’homme du saint ministère, chargé, non de nous être agréable, mais de nous corriger. […] Ils pensent sincèrement n’en avoir que pour le service des autres, et même le travers d’en montrer plus qu’ils n’en ont leur est dérobé par l’honnêteté de leur dessein. […] Le bel esprit trouve à s’y mêler, et ses vaines fleurs, semées parmi tant de pieuses invectives, montrent que le désir de corriger l’auditoire ne fait pas négliger à l’orateur le soin de lui plaire73. Que dans des sermons où le dogme a presque honte de se montrer, où la morale est excessive et la composition artificielle, où le prédicateur n’oublie pas qu’il parle devant des admirateurs de Fontenelle et de Lamotte, la langue ait fléchi, qui s’en étonnerait ?

762. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XV. La littérature et les arts » pp. 364-405

L’une ou l’autre s’est, tour à tour, montrée despotique. […] Il n’a guère montré son originalité, vrai siècle de commerce et d’industrie, que dans des ponts, des gares, des viaducs, des palais d’Exposition, constructions souvent énormes où le fer et le verre remplacent en partie les antiques matériaux et inaugurent peut-être un art nouveau, capable d’une hardiesse et d’une puissance plus grandes. […] Il est aisé d’en montrer maint exemple. […] … Il s’agit bien de montrer ici un homme qui passe ; là un pâtre qui conduit ses bestiaux ; ailleurs un voyageur qui se repose ; en un autre endroit, un pêcheur, la ligne à la main et les yeux attachés sur les eaux ? […] Ce sont, par exemple, des noms de vêtements qui rappellent que telle influence étrangère s’exerçait au moment où ils ont reçu droit de cité : le haubert, le heaume nous reportent à l’époque guerrière où les Francs imposaient leur domination et quelques-uns de leurs mots à la Gaule vaincue, tout comme, de nos jours, redingote, raglan, mac-farlane, etc., montrent l’action de l’Angleterre sur nos mœurs nationales.

763. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

N’eût-il pas été mieux de laisser le Mars fièrement debout, et de montrer la déesse violente s’élançant vers lui et lui présentant les rênes. […] Et puis, qui s’est jamais avisé de montrer la religion, la vérité, la justice, les êtres les plus vénérables, les êtres du monde les plus anciens, sous des simboles aussi puérils ? […] Greuze exposera demain sur la toile, la mort de Henri IV, il montrera le jacobin qui enfonce le couteau dans le ventre à Henry Trois, et cela sans qu’on s’en formalise, et qu’on ne permettra pas au poëte de rien mettre de semblable en scène. […] Est-ce que cet époux la soutenant ne devoit pas me montrer la tendresse, l’intérêt, la joye dans toute leur énergie ? […] La Grenée me dit, donnez-moi un sujet pour la paix, et je lui répons : montrez-moi Mars couvert de sa cuirasse, les reins ceints de son épée, sa tête belle, noble, fière, échevelée.

764. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

La fin de la dédicace est employée à montrer la France aussi florissante par les arts de la paix que s’il n’y avait point de guerre, les bâtiments et les Louvres qui s’élèvent, l’émulation dans les lettres, et l’Académie française qui en est l’interprète, prenant note de tant de beaux titres pour les transmettre aux siècles à venir : Et je m’estimerais heureux si je pouvais joindre mes travaux à tant de beaux ouvrages qu’elle prépare pour votre gloire, et vous témoigner par quelque effort comme je suis, de Votre Éminence, le très humble, très obéissant et très fidèle serviteur, Du Mézeray. […] Tout cela est vrai ; mais, si Mézeray n’avait été que ce satirique et ce cynique que nous montrent certains biographes, il est douteux qu’il eût entrepris une œuvre aussi pénible et d’aussi longue haleine que sa grande Histoire : pour que cette noble ambition le saisît, il fallait que sa jeunesse s’inspirât des grandes choses auxquelles elle assistait, qu’il se sentît fier, comme il le dit, d’être d’une nation si généreusement conduite, si hautement relevée et honorée aux yeux de l’Europe par l’habileté vaillante de ses chefs. […] Parlant de je ne sais quelles superstitions publiques et à grand fracas, venues d’Italie ou d’Avignon, il dira tout courant : « Ces spectacles inconnus aux âmes françaises… » Parlant des amours de la dame de Sauve, un des premiers aides de camp du brillant escadron de Catherine de Médicis, il la montrera « n’employant pas moins ses attraits pour les intentions de la reine que pour sa propre satisfaction ; se jouant de tous ses mourants avec un empire si absolu qu’elle n’en perdait pas un, quoiqu’elle en acquît toujours de nouveaux ».

765. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

La Motte est sceptique ; c’est un esprit froid, fin, sagace, qui pratique la maxime de Fontenelle et se défendrait de l’enthousiasme s’il pouvait en être susceptible ; il n’a rien à faire de son loisir et de son esprit qu’à l’appliquer indifféremment à toutes sortes de sujets auxquels il s’amuse : « Hors quelques vérités, pense-t-il, dont l’évidence frappe également tous les hommes, tout le reste a diverses faces qu’un homme d’esprit sait exposer comme il lui plaît ; et il peut toujours montrer les choses d’un côté favorable au jugement qu’il veut qu’on en porte. » Il se flatte que la dispute présente est du nombre de celles qui se prêtent à plus d’une solution ; il affecte de la considérer comme plus frivole qu’elle n’est, qu’elle ne peut le paraître à ceux en qui la raison se rejoint au sentiment et qui mettent de leur âme dans ces choses de goût. […] Cependant il montrait dans l’examen de la question autant de sérieux que La Motte y avait mis de légèreté et d’air mondain. […] Dans cette question d’Homère il trouvait le moyen de se montrer un disciple de Descartes, un précurseur de Turgot, de Condorcet, d’Auguste Comte et d’Emerson.

766. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Henri IV, dans les Mémoires particuliers de l’auteur, nous est montré par d’assez vilains côtés et qui tendraient à le rapetisser ; on l’y voit atteint et accusé d’envie, d’avarice : il n’est rien de tel dans la grande Histoire, et ces petits griefs personnels et de domesticité s’évanouissent : d’Aubigné y replace le héros et le politique à sa juste hauteur, et l’ayant perdu, le regrettant avec larmes, il lui redevient publiquement favorable et fidèle. […] Montrerons-nous à notre jeune noblesse l’ignominie chez nous, et l’honneur chez les autres ? […] Il continuait sur ce ton élevé : Oui, il faut montrer notre humilité ; faisons donc que ce soit sans lâcheté ; demeurons capables de servir le roi à son besoin et de nous servir au nôtre, et puis ployer devant lui, quand il sera temps, nos genoux tout armés, lui prêter le serment en tirant la main du gantelet, porter à ses pieds nos victoires et non pas nos étonnements.

/ 2800