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1444. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Bruyère »

C’était donc un admirable moment que cette fin d’été radieuse, pour une production nouvelle de mûrs et brillants esprits. […] Les imitateurs qui lui survinrent de tous côtés, les abbés de Villiers, les abbés de Bellegarde, en attendant les Brillon, Alléaume et autres, qu’il ne connut pas et que les Hollandais ne surent jamais bien distinguer de lui144, ces auteurs nés copistes qui s’attachent à tout succès comme les mouches aux mets délicats, ces Trublets d’alors, durent par moments lui causer de l’impatience : on a cru que son conseil à un auteur né copiste (chap. […] Puis l’imprévu s’en mêle à tout moment, et, dans ce jeu continuel d’entrées en matière et de sorties, on est plus d’une fois enlevé à de soudaines hauteurs que le discours continu ne permettrait pas : Ni les troubles, Zénobie, qui agitent votre empire, etc. […] Mais enfin il paraît bien qu’il était très-gai par moments.

1445. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « François Ier, poëte. Poésies et correspondance recueillies et publiées par M. Aimé Champollion-Figeac, 1 vol. in-4°, Paris, 1847. »

Mais, du moment que les vers, ramenés à l’état de simple composition littéraire, devinrent un art plus précis, du moment que les rimes durent se coucher par écriture, et qu’il fallut, bon gré mal gré, et nonobstant toutes métaphores, noircir du papier, comme on dit, pour arriver à l’indispensable correction et à l’élégance, dès lors il fut à peu près impossible d’être à la fois roi et poëte avec bienséance. […] Le moment serait pourtant venu, je le crois, de dresser une Anthologie française véritable, et d’y apporter à la fois la sévérité de l’érudition et celle du goût. […] Nos Analecta auraient besoin par moments de la sagacité d’un Brunck ou d’un Jacobs ; mais des esprits de cette trempe ne croiraient-ils pas s’y rabaisser ?

1446. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Sieyès. Étude sur Sieyès, par M. Edmond de Beauverger. 1851. » pp. 189-216

Chez Sieyès, à cette date, il y avait tout autre chose qu’un homme délicat et dégoûté, aimant les aises de la vie et la bonne chère ; il y avait le philosophe artiste, ardemment préoccupé de son œuvre, de son plan chéri, et qui ne pouvait résister bientôt à le produire, eût-il dû être un peu gêné et retardé un moment par une grâce du ministre. […] Un moment il s’est cru, comme Mme de Staël le disait de lui, le grand promulgateur de la loi de l’avenir. […] Mis en contact avec l’expérience, il fut prompt à se désabuser ; il avait, je l’ai dit, le sens juste, « des aperçus utiles et lumineux dans les crises les plus sérieuses » ; il en fit preuve aux moments les plus décisifs de la Révolution, là où il y avait place au conseil33. […] Ce doit être un sujet de peine pour tous les amis de la science et de la pensée que cet ajournement indéfini et, peut-être, cet ensevelissement définitif de l’œuvre promise et un moment entrevue de Sieyès.

1447. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

Bonsoir le plaisir de cette nuit, et, les nerfs montés, il nous vient des idées d’exil volontaire, et la tentation d’aller fonder en Belgique un journal, où nous montrerons aux gouvernants du moment, que nous avons certaines qualités de pamphlétaires. […] X… ce dernier des fils de famille sans famille, ce type d’enfant prodigue, a positivement dans le moment de l’argent à lui. […] Ce pauvre homme, la faiblesse même, avait besoin, pour la tenue de sa classe, de l’énergie et au besoin de la poigne de Mme Cerceau, qu’il appelait à la rescousse dans les moments de crise. […] » C’était le grand moment de la restauration des idées catholiques, et le pauvre père Cerceau disait sur un ton lamentable, à ses élèves : « Messieurs, vous serez cause de ma ruine.

1448. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Un homme qui est doué pour l’observation possédera vite, en lui-même, une collection d’images prises au hasard des chemins, incomplètes, fragmentaires, simples apparitions de la vie dans un moment de la durée, et qui ne sont que des éléments de personnages, des traits dispersés, des croquis pareils à ceux des peintres. […] À chaque saison, j’ai de ces moments de souffrance. […] Ils ne cessent point d’agir parce que l’attention du moment s’est détournée d’eux. […] À un moment, ils sont parfaits, de la perfection relative que chaque esprit peut leur donner.

1449. (1897) Un peintre écrivain : Fromentin pp. 1-37

À ce moment, il est si plein du désir d’aimer qu’il aime les choses, et qu’elles s’animent pour lui, et l’entendent, et lui parlent. […] N’aurait-on pas aperçu, au second plan, une figure sympathique, vaillante, inaccessible même un seul moment au découragement, ce type du précepteur, Augustin, que l’auteur a placé dans son roman pour montrer qu’il croyait à la vie, au contraire, et à la volonté, et à la conquête du bonheur par le travail opiniâtre et la droiture de l’esprit ? […] En ce moment, j’ai plutôt envie de me retourner vers les critiques du temps, dont quelques-uns vivent encore, et de leur demander : — Que cherchez-vous donc dans un roman que vous ne trouviez dans Dominique ? […] « Ni gesticulations, ni cris, ni horreurs, ni trop de larmes… Le Christ est une des plus élégantes figures que Rubens ait imaginées pour peindre un Dieu… Vous n’avez pas oublié l’effet de ce grand corps un peu déhanché, dont la petite tête, maigre et fine, est tombée de côté, si livide et si parfaitement limpide en sa pâleur, ni crispé, ni grimaçant, d’où toute douleur a disparu, et qui descend avec tant de béatitude, pour s’y reposer un moment, dans les étranges beautés de la mort des justes.

1450. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des recueils poétiques — Préface des « Chansons des rues et des bois » (1865) »

À un certain moment de la vie, si occupé qu’on soit de l’avenir, la pente à regarder en arrière est irrésistible.

1451. (1874) Premiers lundis. Tome I « Espoir et vœu du mouvement littéraire et poétique après la Révolution de 1830. »

Toute cette période rétrograde et militante de l’école de poésie dite romantique se prolonge jusqu’en 1824, et se termine après la guerre d’Espagne et lors de la brusque retraite de M. de Chateaubriand, A cette époque la fougue politique et les illusions honorables des jeunes poètes se dissipèrent ; ils comprirent que la monarchie restaurée, avec ses misérables ruses d’agiotage et ses intrigues obscures de congrégation, n’était pas tout à fait semblable à l’idéal qu’ils avaient rêvé et pour lequel ils auraient combattu ; ils se retirèrent dès ce moment du tourbillon où ils s’étaient égarés ; et, spectateurs impartiaux, ne s’irritant plus de l’esprit libéral qui soufflait alentour, ils s’enfermèrent de préférence dans l’art désintéressé : pour eux une nouvelle période commença, qui vient de finir en 1830. […] Juillet 1830 étant venu interrompre d’un coup le développement de poésie et de critique auquel tant de jeunes esprits se confiaient de plus en plus, nous qui acceptions cette révolution tout entière et qui la jugions alors d’une bien autre portée qu’on n’a vu depuis, nous tâchions, dès les premiers moments, de remettre l’art en accord avec les destinées nouvelles que nous supposions à la société, et de le rallier à elle dans une direction agrandie et encourageante.

1452. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre I. Les origines du dix-huitième siècle — Chapitre I. Vue générale »

Deux moments principaux dans le xviiie siècle. […] La royauté, capricieuse et faible avec Louis XV, bonasse et inintelligente avec Louis XVI, adorée à de courts moments, et trompant toujours les espérances d’où jaillissait l’adoration, rejetant les esprits tour à tour dans la haine et dans le mépris, apparaissant comme égoïste ou confisquée par les égoïsmes de cour, cesse d’être une force dans la nation.

1453. (1890) L’avenir de la science « Sommaire »

Bévues et mécomptes nécessaires des premiers moments de réflexion. […] Deuxième moment où, à côté du religieux, on admet du profane.

1454. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre III. Éducation de Jésus. »

Interrogé sur le moment où il convenait d’enseigner aux enfants « la sagesse grecque », un savant rabbin avait répondu : « A l’heure qui n’est ni le jour ni la nuit, puisqu’il est écrit de la Loi : Tu l’étudieras jour et nuit 133. » Ni directement ni indirectement, aucun élément de culture hellénique ne parvint donc jusqu’à Jésus. […] Sa famille ne semble pas l’avoir aimé 143, et, par moments, on le trouve dur pour elle 144.

1455. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVI. Miracles. »

Du moment qu’on regardait la maladie comme la punition d’un péché 742, ou comme le fait d’un démon 743, nullement comme le résultat de causes physiques, le meilleur médecin était le saint homme, qui avait du pouvoir dans l’ordre surnaturel. […] On dirait, par moments, que le rôle de thaumaturge lui est désagréable, et qu’il cherche à donner aussi peu de publicité que possible aux merveilles qui naissent en quelque sorte sous ses pas.

1456. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XX. Opposition contre Jésus. »

Un moment, le bruit se répandit que Jésus n’était autre que Jean-Baptiste ressuscité d’entre les morts. […] Se dire qu’on a un moment touché l’idéal et qu’on a été arrêté par la méchanceté de quelques-uns, est une pensée insupportable pour une âme ardente.

1457. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXII. Machinations des ennemis de Jésus. »

Le cycle des miracles galiléens sembla un moment se rouvrir dans ce pays, que beaucoup d’analogies rattachaient aux provinces du Nord. […] À côté et au-dessus de lui, en effet, nous voyons toujours un autre personnage, qui paraît avoir exercé, au moment décisif qui nous occupe, un pouvoir prépondérant.

1458. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VIII. Suite du chapitre précédent. De la parole traditionnelle. De la parole écrite. De la lettre. Magistrature de la pensée dans ces trois âges de l’esprit humain » pp. 179-193

II Cependant, comme il est facile de le sentir, la parole traditionnelle ne s’est pas retirée des institutions sociales au moment même où la langue écrite a paru, car toutes les révolutions sont successives et graduelles. […] Au reste, on est trop disposé, dans ce siècle, à se tromper sur l’essence de la magistrature de la pensée, comme sur beaucoup d’autres choses ; car l’absence et le discrédit des traditions sont, en ce moment, la cause d’un grand nombre de faux jugements.

1459. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. Jules Girard » pp. 327-340

Faire, de système et de réflexion, acte négatif de raison en histoire au lieu de faire acte positif de compréhension historique, chicaner le fait mystérieux qui est à l’origine de tout, en histoire aussi bien qu’en nature humaine et quand la chicane qu’on en fait est impuissante, le supprimer d’autorité et passer outre, — comme Thucydide a passé outre sur les temps barbares de la Grèce, — est-ce là réellement le dernier mot du génie humain dans une race, et du génie d’un homme qui, dans cette race, à un moment donné, écrit l’histoire ? […] Mais comme l’art littéraire tel que les Grecs le concevaient n’était pas tout, même à Athènes du temps de Périclès et de Phidias, et que la Critique y avait droit, comme en ce moment à Paris, d’y exiger plus d’un historien que de l’art, fût-il raffiné, que répondrait M. 

1460. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XI. Gorini »

Seulement c’est ce moment-là, ce moment expiateur, d’une joie suprême, que j’aurais voulu avancer !

1461. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Gustave D’Alaux »

Ce n’est pas un Toussaint Louverture, qui, du moins, avait les grands instincts de ruse et de force d’un animal puissamment développé, ni un Christophe, doué de tant de persistance et de tenue dans ses facultés imitatrices, ni un Richer, qui réalisa un moment, dit d’Alaux, l’idéal du gouvernement Haïtien, en maîtrisant l’élément barbare sans écraser sous la même pression l’élément éclairé. […] De cet illuminisme qui domine la tête de Soulouque, et de la vanité du nègre (la vanité du nègre est quelque chose de sans nom) blessée par les classes éclairées, qui se moquèrent de son fétichisme dès les premiers moments de son avènement, l’historien fait sortir le Soulouque méchant enté sur le bon nègre, l’espèce de Tibère cafre qui, tout omnipotent qu’il soit, et féroce, sacrifie au préjugé des procédés judiciaires, et, trait de caractère, se sert un jour, pour condamner à la mort qu’il a résolue, de commissions militaires qu’il pourrait ne pas invoquer dans l’état absolu de sa puissance, mais qu’il invoque, nous dit d’Alaux avec une profondeur spirituelle, « pour ne pas être volé d’une seule de ses prérogatives ».

1462. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Charles De Rémusat »

Le talent a très peu orné son histoire ; l’opinion qui y interprète les événements et veut y marquer le sens des choses et des hommes est ce qu’on peut nommer, en ce moment, l’opinion parlementaire éplorée, et la passion qui se sert de cette histoire… n’est pas l’amour des institutions actuelles de la France. […] » Et ici le regret prend un arrière goût d’ironie : « Il faut — continue-t-il quelques lignes plus loin — un certain courage pour entretenir le public, en ce moment, de l’histoire du gouvernement anglais.

1463. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Henri Cantel »

Henri Cantel26 Il y a en ce moment, sur le premier plan de la publicité occupé par les revues à grosse armature, un recueil modeste qui s’appelle la Revue française, et qui est bien nommé ; car il parle un très bon français et il est l’expression de l’amour des lettres, qui a été jusqu’à ce jour une passion française. […] Mais il fallait précisément un degré de christianisme que n’a point Henri Cantel, même dans les moments où il s’oublie dans le christianisme de son enfance, ignorant et involontaire.

1464. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Ronsard »

Car j’ai dit que j’y reviendrais, et voici précisément la place et le moment d’y revenir. […] La langue, grandie et devenue forte comme les petits de la lice, se retourna férocement contre sa poésie et lui prit sa place au soleil, jusqu’au moment impatienté, que j’ai signalé au commencement de ce chapitre, où le poète, malgré la langue qu’il avait parlée, à force de Poésie, ressuscita !

1465. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Théophile Gautier. » pp. 295-308

Comparez seulement les vivants, si violemment vivants et vrais, des Contes drôlatiques, aux pâles et exsangues momies habillées du Capitaine Fracasse, lesquelles font l’amour du même air, du même ton, avec la même phrase qu’elles se plaisantent ou qu’elles se battent, le long de ce fatigant roman, sans que l’auteur lui-même se départe un moment de l’emphase suspecte de son récit, dans laquelle le plaisant et le sérieux se confondent au point qu’on ne sait plus si l’auteur est réellement un romancier sincère, qui croit à ses héros et qui les aime, ou un humouriste en pointe d’ironie, qui se moque également de ses personnages et de son lecteur ! […] Ici, j’ai cru, je l’avoue, un moment, que les aventures de ce soi-disant roman d’aventure allaient naître, mais je n’ai vu rien suivre de plus que ces événements assez vulgaires : quelques représentations de la troupe comique à Poitiers, l’amour furieux d’un certain duc de Vallombreuse, beau comme le jour, pour la jeune fille aimée de Sigognac avec une chasteté et un dévouement chevaleresques, le duel de Sigognac avec le duc qu’il blesse, — plus tard, l’enlèvement d’Isabelle par ce duc enragé et son contre-enlèvement par Sigognac, enfin la reconnaissance d’Isabelle par le père de ce duc de Vallombreuse à la simple vue d’une bague d’améthyste qu’il avait donnée à sa mère, et le mariage d’Isabelle et de Sigognac !

1466. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVII. Des panégyriques ou éloges adressés à Louis XIII, au cardinal de Richelieu, et au cardinal Mazarin. »

Flatter un jeune prince sur des qualités qu’il n’a point encore, c’est presque lui défendre de les acquérir, c’est immoler à la vanité d’un moment la félicité d’un demi-siècle. […] Ils avouent que l’abaissement des grands était nécessaire ; mais ceux qui ont réfléchi sur l’économie politique des États, demandent si appeler tous les grands propriétaires à la cour, ce n’était pas, en se rendant très utile pour le moment, nuire par la suite à la nation et aux vrais intérêts du prince ; si ce n’était pas préparer de loin le relâchement des mœurs, les besoins du luxe, la détérioration des terres, la diminution des richesses du sol, le mépris des provinces, l’accroissement des capitales ; si ce n’était pas forcer la noblesse à dépendre de la faveur, au lieu de dépendre du devoir ; s’il n’y aurait pas eu plus de grandeur comme de vraie politique à laisser les nobles dans leurs terres, et à les contenir, à déployer sur eux une autorité qui les accoutumât à être sujets, sans les forcer à être courtisans.

1467. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

. — On déjeûne copieusement ; M… laisse un moment, au dessert, son ami seul avec les chiens qui léchaient les plats. — L’ami, qui avait des raisons pour désirer une seconde de solitude, en profite… et même en abuse… . […] — Mais oui, répondit T…, je sors en ce moment de chez le prince… — De chez le prince Eugène. […] Elle qui n’avait jamais souri ni accordé l’ombre d’une espérance, — dans un moment où elle se sentait mourir de chaleur, — elle a donné sourire et promesse en échange d’un verre d’eau sucrée à la glace. […] À compter de ce moment, le Jérémie n’a plus qu’une jouissance et qu’un bonheur dans le monde. […] Toujours est-il que le moment semble favorable pour l’écrivain dramatique arrivant au théâtre doublé d’un poëte. — C’est ce que nous avons cru deviner dans l’ovation faite à M.

1468. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » pp. 168-169

Elle a paru depuis peu sur le Théatre, où elle a fait rire un moment les désœuvrés, & bâiller les gens raisonnables.

1469. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — N. — article » pp. 421-422

Ce Médecin, que ses malades n’occupoient pas beaucoup, s’avisa de composer, dans un moment d’ennui, des Vers plus Provençaux que François, où il inséra toutes les rêveries qui lui passerent par la tête.

1470. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

est-ce au temple de Minerve, où les autres femmes fléchissent en ce moment par leurs prières la divinité terrible ? […] « Ajax, fils d’Oïlée, est toujours auprès d’Ajax, fils de Télamon ; il ne le quitte pas d’un moment. […] La nature l’emporte même un moment sur la gloire, et Hector s’enfuit à l’approche du héros des Grecs. […] Des jeux, très déplacés selon nous en ce moment dans l’économie du poème, remplissent de courses de chars, de luttes et de pugilats, le reste de ce chant. […] Priam, prosterné aux pieds d’Achille, pleure amèrement sur Hector ; Achille pleure sur son père, mais par moments aussi sur Patrocle ; la tente retentit de leurs sanglots.

1471. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

Il faut reconnaître qu’à ce moment la France n’en voulait pas d’autre. […] Leur opposition, s’il y en avait, s’évaporerait en paroles ; mais ces paroles étaient sans danger en France dans ce moment, car elles étaient sans échos. […] Desaix, dont le nom était universellement chéri et respecté dans l’armée, dont les talents administratifs égalaient les talents militaires, aurait parfaitement gouverné la colonie et se serait garanti de toutes les faiblesses auxquelles se livra Kléber, du moins pour un moment. […] Sa volonté se bornait à plaire, ses vues consistaient en opinions du moment, son travail était nul. […] Le premier Consul, cherchant à tâtons la main qui a voulu le frapper, soupçonne au premier moment les républicains terroristes, découvre les royalistes, mais, feignant de s’y tromper encore, frappe les jacobins d’une immense proscription.

1472. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre quatorzième. »

Je ne saurais guère rien dire qui ne me paraisse faux un moment après. » Cet aveu, si glorieux pour sa vertu, mais qui devait ruiner toute sa direction, à qui le fait-il ? […] On s’y attache davantage dans le moment même qu’on en voit l’excès. […] Ce que Fénelon confesse de la contradiction de son fonds, « qui lui fait trouver faux, dit-il, un moment après, ce qu’il vient de dire », je l’éprouve même de ce qu’il exprime de plus vrai : j’ai peur, un moment après, de le trouver faux. […] Au moment même où l’imagination de l’auteur nous emporte dans le monde d’Homère, une allusion, un détail emprunté à un autre monde, un anachronisme de politique ou de morale nous ramènent au temps de la guerre de la Succession et du quiétisme. […] Si nous ne sommes point touchés, comme Bossuet, du manque de convenance canonique du Télémaque, il n’est guère possible de n’y pas sentir par moments une sorte de manque de convenance littéraire.

1473. (1879) À propos de « l’Assommoir »

Depuis ce moment, M.  […] Depuis le moment où parut L’Assommoir, sa vie publique est connue de tous. […] Et, depuis ce moment, il étudia son rôle avec une ardeur que rien ne ralentit, avec une conscience que rien ne rebuta. […] Et Gervaise n’a pas perdu courage, elle en a au jusqu’au dernier moment. […] Le moment est venu où il répondait aux exigences de l’esprit : alors, il a régné sur la scène littéraire.

1474. (1902) Les poètes et leur poète. L’Ermitage pp. 81-146

Chaque poète, tour à tour, devient pour moi le poète par excellence, dans les moments où il me met en communion avec son génie. […] Toute ma force d’être, toute ma Vie, tout le mystère que j’appelle « mon moi » se révèle alors à moi-même sous la forme de cette sensation : tout ce que je suis semble, à ce moment-là, être cela. Aussi, à ce moment, cette beauté particulière — et si vous voulez relative — me paraît et m’apparaît absolue… Et je suis obligé de dire que chaque poète devient tour à tour le poète. […] Pour moi, dans l’immense concert poétique, je ne sache pas une grande voix qui ne me soit chère, et, si j’ai des préférences, je les ai, pour ainsi parler, selon l’heure, c’est-à-dire mes dispositions du moment. […] Peut-être donnerais-je la palme à Alfred de Vigny, tout pénible et court d’haleine qu’il puisse être, pour quelques vers, singulièrement sincères, profonds et humains qu’il a écrits dans ses moments heureux et pour l’admirable attitude qu’il a gardée dans toute sa vie.

1475. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Bornons-nous pour le moment à remarquer qu’il se situe, d’après ce qui précède, en un point jusqu’où le courant spirituel lancé à travers la matière aurait probablement voulu, jusqu’où il n’a pu aller. […] C’est ainsi que les phénomènes lents et réguliers de sédimentation, seuls apparents, sont conditionnés par d’invisibles forces éruptives qui, en soulevant a certains moments l’écorce terrestre, impriment sa direction à l’activité sédimentaire. […] Laissons de côté, pour le moment, leur christianisme, et considérons chez eux la forme sans la matière. […] Bornons-nous à dire qu’une machine d’un acier formidablement résistant, construite en vue d’un effort extraordinaire, se trouverait sans doute dans un état analogue si elle prenait conscience d’elle-même au moment du montage. […] Ils n’avaient pas à regarder plus loin pour le moment.

1476. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Appendice. — Note relative à l’article Villehardouin. » p. 527

La question paraît aujourd’hui résolue pour ceux qui ont étudié de plus près les textes, et qui en sont arrivés à observer ou à induire un tel type de langue française romane offrant son genre de perfection à son moment et très reconnaissable sous la plume des bons clercs.

1477. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Loyson, Charles (1791-1819) »

En effet, l’enclos poétique de Millevoye est singulièrement plus étroit que celui de Loyson ; l’horizon en est plus bas et plus borné… Millevoye était pareil à l’une de ces feuilles d’automne qui, détachées de la branche, se balancent un moment dans l’air humide, puis retombent en tournoyant sur le sol.

1478. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — P — Penquer, Mme = Salaün-Penquer, Léocadie (1817-1889) »

Traversez un moment leur sphère, mais pour rentrer bientôt dans la vôtre ; restez la muse du foyer toujours, avec ce je ne sais quoi de raisonnable et de modéré jusque dans l’essor, avec la mesure du cadre qui donne un fonds solide aux couleurs.

1479. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Voiriot »

Caillot assez ressemblant, moins mauvais, mais mauvais encore, et quand il serait bon, comme je l’entends dire, ce serait un moment de hazard, l’ode de Chapelain, l’épigramme d’un sot, un couplet heureux comme tout le monde en fait un.

1480. (1900) Quarante ans de théâtre. [II]. Molière et la comédie classique pp. 3-392

Mais à qui a vu cette foule applaudir et rire, il est évident que le fameux moment psychologique n’est pas encore arrivé. […] Les jésuites n’étaient pas sur le tapis de l’empire à ce moment. […] Enfin, pour le moment il n’y en a point ; c’est ce qui a permis à M.  […] On n’entend plus qu’un brave père de famille qui exhibe, dans un moment de mauvaise humeur, les lieux communs d’une morale assez vulgaire. […] Il y a tel moment où il prend sa fille à bras-le-corps et exécute avec elle un pas de danse, en courant après Toinette.

1481. (1938) Réflexions sur le roman pp. 9-257

Ce n’est pas le moment d’insister. […] Cette hypothèse née à Alexandrie avec Philon, est que, derrière chaque histoire racontée dans un livre hébreu de la Bible, il existe un moment, ou une idée, d’un livre grec, et que cette histoire juive présente, allégoriquement et sous des voiles, ce moment, cette idée. […] Il en est un qui me demeure, en ce moment, assez présent à la mémoire, Les Morts qui parlent. […] C’est le moment de s’expliquer sur le futurisme de M.  […] C’est le moment où l’on aperçoit le procédé construit contre un autre procédé, le moment où une sagesse suprême parle comme Athéna à Ulysse : « Ô fourbe !

1482. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Vacaresco, Hélène (1864-1947) »

Charles de Pomairols Venue d’un pays, lointain du moins par la distance, Mlle Vacaresco n’est pas du tout étrangère aux formes que revêt notre poésie dans le moment actuel ; elle connaît et accepte toutes les exigences d’une prosodie qui ne fut jamais plus rigoureuse.

1483. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » p. 366

Ces Contes, faits pour amuser des enfans, ne laissent pas d’être lus avec avidité, parce que tous les hommes s’enflamment aisément pour le merveilleux, & que la fécondité qui caractérise l’imagination arabesque, y a répandu certains traits capables de flatter un moment les esprits.

1484. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Joinville. — I. » pp. 495-512

Saint Louis, né le 25 avril 1214 ou 121588, roi en 1226 à l’âge de douze ans sous la tutelle de sa sage et prudente mère, arrivé à sa majorité vers 1236, avait grandement commencé à ordonner son royaume d’après de bonnes lois, à y réprimer les entreprises des seigneurs, à y faire prévaloir la justice, la piété, à se faire respecter de ses voisins pour son amour de la paix et sa fidélité à ses engagements, lorsque, ayant été pris d’une grande maladie (décembre 1244), et étant tombé dans un tel état qu’on le crut mort, et qu’une dame qui le gardait voulait déjà lui tirer le drap sur le visage, il conçut au fond de son âme la pensée de se croiser ; au premier moment où il se sentit mieux et où il recouvra l’usage de ses sens, il appela à son lit l’évêque de Paris. […] Depuis ce moment, le navire vogue et perd de vue la fatale montagne ; on arrive sans encombre en Chypre, où était le rendez-vous. […] Qui ne se rappelle en ce moment cette autre entreprise conduite par un jeune général partout victorieux, cette flotte française, si française toujours, mais si différente dans l’inspiration et le but, portant avec elle la science, l’Institut d’Égypte, les instructions d’un Volney, la tête méditative de Monge, le génie de Bonaparte ?

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