Il répondit à quelqu’un qui lui demandoit pourquoi, écrivant si bien, il aimoit mieux être Traducteur, qu’Auteur lui-même : « Que la plupart des Ouvrages modernes n’étoient que des redites des Anciens, & que, pour bien servir sa patrie, il valoit mieux traduire de bons Livres, que d’en faire de nouveaux, qui le plus souvent ne disent rien de nouveau ».
Indépendamment de beaucoup d'Ouvrages utiles sur la Marine, & de plusieurs Dictionnaires, tels que ceux de Mathématique, d'Architecture, &c. on a de lui une Histoire des Philosophes modernes, qui suppose des recherches, des connoissances, un esprit méthodique, & le talent de l'analyse.
Ses deux Traités de la Poésie & de l’Eloquence, sont une répétition inutile des préceptes des grands Maîtres anciens & modernes.
Si ses Sermons n’abondent pas en raisonnemens & en solidité, ils sont du moins bien supérieurs aux Discours légers de la plupart de nos Orateurs modernes, & n’ont point du tout l’air d’être plutôt l’Ouvrage d’un Moine Portugais que d’un Evêque François, comme l’a dit encore, avec son élégance ordinaire, le Gazetier Ecclésiastique.
Il est de certains Esprits qui exigent des objets présens pour les animer & les féconder ; & tels de nos Poëtes modernes, qui ont cru se faire un nom en ne voulant rien devoir aux autres, n'ont fait que mieux sentir leur foiblesse, par la médiocrité de leurs créations.
Après tout, ils n’en sont pas moins comparables à ces armes antiques, qui, pour être lourdes & grossieres, sont cependant célebres par les victoires qu’elles ont facilitées, & qui, refondues à la moderne, seroient encore utiles aux combattans qui sauroient s’en servir.
On peut dire en effet que dans les fables, l’instinct de l’humanité avait marqué d’avance les principes de la science moderne, que les méditations des savants ont depuis éclairée par des raisonnements, et résumée dans des maximes.
Au nom de la religion, de l’idéal, il traduira son mépris pour les scepticismes modernes. […] Il ignore notre vision moderne des choses. […] La civilisation moderne n’a point de prise sur lui. […] Taine, notre régime moderne. […] — notre science moderne.
Là encore, il a l’honneur, du moins, de devancer la plus noble des imitations modernes, André Chénier dans cette belle élégie : Ô Muses, accourez, solitaires divines… Mais n’allons point nous amuser, après tant d’années, à épeler de nouveau Du Bellay pour les quelques bons vers ou les quelques passables strophes de sa première manière ; c’est dans sa seconde qu’il devint tout à fait lui-même ; que, croyant la gageure perdue et détendant son effort, il se mit à chanter pour lui et pour quelques-uns dans une note plus voisine de son cœur ; et dès lors, l’expérience aidant, le sentiment intime l’emportant sur la volonté et sur le parti pris, il trouva sa veine. […] Cet essai, resté inachevé, inaugure parmi nous la série moderne des Méditations historiques et poétiques sur les ruines de l’antique Rome. […] Les Regrets, dans l’œuvre de Du Bellay, si on les compare surtout à ses précédentes poésies à demi allégoriques et fictives de l’Olive, justifient tout à fait ces paroles de Goethe à Eckermann, qui sont un article essentiel de la poétique moderne : « Tous les petits sujets qui se présentent, rendez-les chaque jour dans leur fraîcheur ; ainsi vous ferez de toute manière quelque chose de bon, et chaque jour vous apportera une joie… Toutes mes poésies sont des poésies de circonstance : elles sont sorties de la réalité, et elles y trouvent leur fonds et leur appui. […] Il a des peintures, des esquisses prises sur le fait et au naïf, de la Rome moderne, de la Rome papale et cardinalesque.
La Bruyère, qui aimait la lecture des anciens, eut un jour l’idée de traduire Théophraste, et il pensa à glisser à la suite et à la faveur de sa traduction quelques-unes de ses propres réflexions sur les mœurs modernes. […] Il se déclare de l’avis que nous avons vu de nos jours partagé par Courier, lire et relire sans cesse les anciens, les traduire si l’on peut, et les imiter quelquefois : « On ne sauroit en écrivant rencontrer le parfait, et, s’il se peut, surpasser les anciens, que par leur imitation. » Aux anciens, La Bruyère ajoute les habiles d’entre les modernes comme ayant enlevé à leurs successeurs tardifs le meilleur et le plus beau. […] Quoi qu’il en soit, et sans faire injure à nos mérites laborieux, son premier petit in-12 devrait être à demeure sur notre table, à nous tous écrivains modernes, si abondants et si assujettis, pour nous rappeler un peu à l’amour de la sobriété, à la proportion de la pensée au langage. […] On lit dans les Mémoires de Trévoux (mars et avril 1701), à propos des Sentiments critiques sur les Caractères de M. de La Bruyère (1701) : « Depuis que les Caractères de M. de La Bruyère ont été donnés « au public, outre les traductions en diverses langues et les dix « éditions qu’on en a faites en douze ans, il a paru plus de trente « volumes à peu près dans ce style : Ouvrage dans le goût des Caractères ; « Théophraste moderne, ou nouveaux Caractères des Mœurs ; « Suite des Caractères de Théophraste ut des Mœurs de ce siècle ; les « différents Caractères des Femmes du siècle ; Caractères tirés de l’Écriture « sainte, et appliqués aux Mœurs du siècle ; Caractères naturels « des hommes, en forme de dialogue ; Portraits sérieux et critiques ; « Caractères des Vertus et des Vices.
Ce qu’on appelle la Renaissance dans notre Occident constitue véritablement un des âges par lesquels avait à passer le monde moderne ; cet âge ou cette saison régnait depuis longtemps déjà en Italie, quand la France retardait encore. […] Enfin, avec les écrivains français de cette époque, on est sans cesse exposé à les croire originaux, si on n’est pas tout plein des anciens ou des modernes d’au-delà des monts. […] Il les donne pour les avoir faites à l’imitation des anciens grecs, latins et modernes italiens voilà qui est franc ; mais, en ces termes généraux, l’indication reste bien vague. […] Les Marguerites poétiques, tirées des plus fameux poëtes françois, tant anciens que modernes, par Esprit Aubert, 1613.
Ce furent là les derniers chantres de poëmes épiques que le monde moderne pût lire, car leurs lecteurs ou leurs auditeurs y croyaient sincèrement avec eux ; mais l’âge épique passait avec eux. […] Le public ravi y fut un moment trompé ; il crut que la religion chrétienne avait produit son fruit littéraire, et que l’homme du christianisme allait faire oublier l’Homère de l’Olympe, mais cette séduction du talent ne fut pas longue ; on reconnut bientôt que l’enfer sans terreur et le paradis sans espérance n’étaient que des parodies sans réalité des enfers et du paradis païens, mille fois moins intéressants que ceux de Virgile et d’Homère, car ils étaient sans foi ; cela ressemblait à tous ces enfers et à tous ces cieux dont les peintres modernes barbouillaient les dômes des églises en imitant ridiculement Michel Ange, et où la perfection des contours ne produisait pas même l’illusion de la réalité. […] Ni Démosthène, ni Cicéron, ni Machiavel, ni Bossuet, ni Fénelon, ni Mirabeau, ni les premiers des écrivains ou des orateurs dans toutes les langues antiques ou modernes, qui ont essayé d’atteindre à cette perfection du langage humain, n’ont jamais pu y parvenir ; ils n’ont laissé après eux dans leurs œuvres que des débris de leurs tentatives, témoignage aussi de leur impuissance ; cela est plus remarquable encore dans les orateurs qui semblent se rapprocher davantage encore des poëtes par la force et par la soudaineté de la sensation ; aucun d’eux n’a pu dérober une strophe à Pindare ou dix vers à Homère, à Virgile, à Pétrarque, à Racine, à Hugo ; il semble qu’ils vont y atteindre ; mais, au dernier effort, la force leur manque, ils échouent, ils restent en arrière, ils ne peuvent pas, le pied leur glisse, ils se rejettent dans la prose, ils se sentent vaincus. […] Alors tout se tait dans la vieille langue ; nul ne cherche à imiter l’inimitable ; les uns ricanent par envie, les autres pleurent par sympathie, tous s’émerveillent en écoutant ; la note grave est retrouvée dans les langues modernes, et ce jeune inconnu a sonné sans le savoir le sursaut du monde.
Le Moderne dédaigne d’imaginer ; mais expert à se servir des arts, il attend que chacun l’entraîne jusqu’où éclata sa puissance spéciale d’illusion, puis consent. […] Donc, ce sera le théâtre avec ses musiciens, ses acteurs, ses décors, et toutes les scéneries. — Mais, aussi, ce sera le spécial théâtre, très différent aux vulgaires et brutales salles de spectacle modernes, le théâtre que le Maître, bienfaisamment, nous a cherché et nous a trouvé, aussi libre des conventions, aussi idéalisé, aussi suggestif, et aussi parfait que possible, Bayreuth, le théâtre de bois et de briques, précédant que nous ayons gagné le théâtre spirituel du Livre, — la Jérusalem Terrestre, précurseur de l’autre. […] De même encore, Hegel et Wagner sont tous deux extrêmement préoccupés de l’action de l’art dramatique sur le public : le premier, dans le parallèle qu’il établit entre la poésie dramatique chez les anciens et chez les modernes, a marqué, dans le drame ancien « le caractère général éleve du but que poursuivent les personnages » en opposition avec la passion personnelle qui « fait l’objet principal » du drame moderne ; ailleurs, il assigne à l’art, une mission nationale.
D’une façon générale, il apparaît que l’idée qui, dans sa pureté, allait à renier le monde, concluait au renoncement des biens terrestres, proclamait la fraternité humaine, l’égalité de tous et la vanité des différences, tenait en mépris l’effort intellectuel et la recherche scientifique, condamnait l’attachement à la beauté des formes, des mots et des sons, a donné naissance, avec le monde moderne qu’elle a créé, à l’organisation de la propriété, au développement de la richesse, à la constitution des hiérarchies, à un labeur inouï de l’humanité occidentale pour s’emparer des forces de la nature, à un accroissement des besoins, à une culture scientifique, dont le monde antique n’a pas approché, ainsi qu’à des formes d’art nouvelles et d’une égale beauté. […] C’est là un premier cas d’un Bovarysme nominal : l’idée se montre ici déformée, conçue autre qu’elle n’est par toute la part de l’humanité qui a constitué le monde occidental moderne. On a l’explication de ce phénomène ironique, si l’on remarque que le pessimisme chrétien, négateur de la vie, a collaboré pour fonder cette société moderne avec un faisceau de forces beaucoup plus puissantes et qui le contredisaient, avec toutes les forces de la vie : l’égoïsme individuel, l’amour des biens immédiats, la passion de dominer, de posséder les meilleures choses, toute la frénésie qui fixe des buts à l’activité et développe l’énergie par la concurrence. […] Par la vertu de son orgueil, le génie anglo-saxon s’est donc immunisé contre les exagérations dangereuses de l’idée chrétienne, et contre sa moderne incarnation humanitaire, dont il s’est pourtant arrogé le monopole.
Son ambition était d’être un chef d’école et sa prétention d’apporter au monde la formule complète, — et jusqu’à lui vainement cherchée, — de la vérité littéraire moderne. […] Hugo aux romans de George Sand, où l’humanité moderne ne croie retrouver à un degré plus ou moins éminent les mêmes mérites, et c’est de cela justement qu’elle les admire. […] Balthasar Claës cherchait, après les alchimistes, la pierre philosophale, le secret suprême de la matière ; son émule plus moderne se contente de poursuivre la direction des ballons. […] Nos romans modernes forment ainsi comme une rallonge au livre de M.
Ces défauts du langage ultralyrique de Lycophron, assez habilement conservés dans une traduction moderne en vers anglais, offriraient une étude piquante sur le grand art d’écrire, et sur ce point extrême, où, dans le génie de l’orateur et du poëte, comme dans la fortune du conquérant, on peut exactement dire : « Du sublime au ridicule il n’y a qu’un pas. » Ce pas, Lycophron l’a souvent franchi ; et toutefois, à part les emprunts raffinés de langage, les enchères d’audace métaphorique, il y a quelques beautés à recueillir dans cette suite de prophéties nuageuses de Cassandre, du haut de la tour où le poëte la suppose prisonnière, avant le départ de Paris, dont elle contemple dans l’avenir l’adultère, la fuite et la punition. […] Ce que les trois Ptolémées, Ptolémée Lagus, le lieutenant et l’historien d’Alexandre, Ptolémée Philadelphe, et Ptolémée le Bienfaisant, firent pour l’encouragement des lettres étonnerait même notre politesse moderne. […] Ainsi, dans l’hymne de Callimaque à Apollon, ce dieu privilégié de la cour savante de Ptolémée, l’érudition moderne a relevé, comme une imitation du Psalmiste, ces vers pieusement adulateurs : « Qui lutte avec les dieux soit en guerre avec mon roi ! […] Elles sont bien détournées, en effet, et, comme dit Bossuet : « Le chant de Salomon est tout délice ; partout des fleurs, des fruits, la douceur du printemps, les jardins verdoyants et arrosés, les eaux courantes, les puits, les fontaines, les parfums composés avec art, ou nés du sein de la terre ; et encore, les colombes, la mélodie des tourterelles, le miel, le lait, le vin : puis, dans les deux sexes, la dignité et la grâce ; des amours aussi pures que charmantes : et, si quelque horreur s’y mêle, les rochers, l’aspect sauvage des montagnes, l’antre des lions, c’est encore afin de plaire, et comme un contraste pour varier et rehausser l’éclat du tableau. » Le pieux évêque, en résumant ainsi le Cantique des cantiques, y supprime des libertés de langage bien plus vives, et qui cependant n’excluent pas cet idéal religieux que, dans une poésie plus moderne, l’Orient a souvent allié aux attraits du plaisir et de la passion.
Il sait rendre avec des mots et des tours latins exquis sa mélancolie toute moderne et sa pensée toute personnelle.
Tout ce qu’on peut en estimer, ce sont les notes vraiment instructives, genre de mérite toujours à la portée des Ecrivains laborieux ; mais qui facilite le travail des Traducteurs modernes, qui savent si bien s’approprier tout ce qui peut leur donner un air d’érudition, & leur épargner les recherches qu’exige la véritable.
Cet Ouvrage offre un recueil des principaux systêmes des Philosophes tant anciens que modernes, sur la lumiere, sur les couleurs & sur la structure de l’Univers.
M. de Lignac a encore composé, contre les Fatalistes modernes, un Ouvrage très-bien raisonné, intitulé, Témoignage du sens intime & de l’expérience, &c.
Nos Complimenteurs modernes sont souvent dans le même usage, & ce qui a été dit dans le quinzieme Siecle, se répete encore au dix-huitieme, peut-être avec plus de fadeur.
Il n’accorde guère aux anciens que le mérite un peu négatif d’avoir diminué le nombre des erreurs possibles, d’avoir en quelque sorte usé les plus fausses absurdités, qui auraient eu chance, s’ils ne les avaient essayées, de retenir quelque temps la raison moderne. […] Fontenelle prit parti pour les modernes dans la querelle soulevée par Perrault (cf. plus haut p. 586). comme il se retrouva aux côtés de La Motte, lorsque le débat se renouvela.
— Les Poèmes modernes (1869). — Le Passant, drame en un acte et en vers (1869). — Les Deux Douleurs, drame en un acte et en vers (1870). — L’Abandonnée, drame en deux actes, en vers (1871). — Fais ce que dois, un acte, en vers (1871). — Les Bijoux de la délivrance (1872). — Le Rendez-vous, un acte, en vers (1872). — Les Humbles, poésies (1872). — Le Cahier rouge (1874). — Olivier, poème (1875). — Une idylle pendant le siège (1875). — Le Luthier de Crémone, un acte, en vers (1876). — Le Trésor (1877). — L’Exilée (1877). — Les Récits et les Élégies (1878). — La Korigane, ballet (1881). — Madame de Maintenon, cinq actes, en vers (1881) […] François Coppée n’a-t-il pas écrit de vrais chefs-d’œuvre dans cette note moderne et émue qui est la sienne ?
Il a des pages de sensualité vive, en bon français, pas tout à fait moderne, ni très à lui, ni même à Maupassant qui l’avait pris un peu partout, en bon français de l’Exposition de 1878. […] Lavedan paraît avoir une idée un peu confuse de l’élégance moderne… Ses bonshommes, il les a faits exprès des crétins prétentieux, et le livre où ils s’agitent, amusant sans doute, est d’un satirique assez snob et guindé.
Il lut aussi sans doute plusieurs des ouvrages apocryphes, c’est-à-dire de ces écrits assez modernes, dont les auteurs, pour se donner une autorité qu’on n’accordait plus qu’aux écrits très anciens, se couvraient du nom de prophètes et de patriarches. […] Encore moins connut-il l’idée nouvelle, créée par la science grecque, base de toute philosophie et que la science moderne a hautement confirmée, l’exclusion des dieux capricieux auxquels la naïve croyance des vieux âges attribuait le gouvernement de l’univers.
Femme très moderne, inclinant au bas-bleu, puisqu’elle a fait plus d’un livre (car le bas-bleuisme n’est pas de faire un livre, mais d’en faire plus d’un), elle vit, du moins dans ses livres, en dehors des idées religieuses. […] Seulement, si l’œuvre n’est pas ce qu’elle aurait dû être, on voit — avec regret — ce qu’était primitivement la tête de la femme qui l’a conçue et la santé d’un esprit dans lequel la grande idée de la Chute et du Péché originel, si impopulaire et si insultée en ce temps de bâtardise et de révolte orgueilleuse, est restée debout, comme une colonne, dans le vide des autres idées écroulées, qui auraient pu la corroborer et la soutenir… II Mais cette tête que je crois née très bien faite, a été pétrie par le monde moderne qui l’a déformée et appauvrie.
Inévitable conséquence de l’esprit moderne et de notre état de société, admis par l’opinion en principe et en fait, les concours ont cependant besoin, pour mériter ce nom d’institution, qui implique l’ordre et la durée traditionnelle, d’un peu plus que d’un principe, même généralement consenti, et d’un fait irrégulier ou mal assis. […] Ardemment synthétique de tendance, quand le siècle et ses misérables philosophies ne jurent que par cette Fée aux miettes de l’analyse, en avant sur toutes les idées de son temps, et, pour preuve, dès 1845 repoussant, avec un mépris mérité, cette théorie obstinée de l’art pour l’art, triomphante alors, et qui prétend encore, à l’heure qu’il est, n’être pas battue, la revue de César Daly avait, parmi les autres buts qu’elle voulait atteindre, le but plus difficile et plus spécial de dégager l’inconnue de l’art qui va naître, et de prédire, en étudiant profondément la société moderne et ses nouvelles conditions, le caractère du style architectonique de l’avenir ; car l’architecture du xixe siècle n’est pas née.
Un homme de génie peut traiter le même sujet qu’a immortalisé Molière. » Idée hardie très moderne, sur laquelle Fréron est revenu cent fois. […] Cherchez de ces traits dans les critiques modernes, dans Sainte-Beuve qui se tortille et dans Planche qui gèle, et qui semblent pourtant tous deux avoir découvert la Critique.
Après l’avoir opposée, cette action morale inconnue avant lui dans l’histoire, aux Païens, ses persécuteurs, il l’opposa aux Barbares, puis à la Féodalité, puis, plus tard encore, à l’ambition des États modernes. […] Les donations de biens-fonds, entre autres, furent fréquentes, et déjà l’affreux cri moderne, poussé une fois de plus par Victor Hugo, contre les richesses de l’Église et son gouvernement temporel, fut poussé par Ammien Marcellin, le Victor Hugo de ce temps, comme Victor Hugo n’est que l’Ammien Marcellin du nôtre.
Je ne le regarde pas comme de si moderne roture. […] Le sténographe, — ce produit moderne d’un temps mécanique, où l’homme n’est plus que la machinette d’un métier, — le sténographe, qui ne prend la responsabilité de rien de ce qu’il écrit, est tellement développé chez M.
Et puisque c’est ce principe de la Révolution, — le principe du nombre, — le principe de la démocratie, — la même chose sous trois noms différents, — qui sont la trinité du vrai pour le monde moderne, — ces principes, qui ont retourné l’histoire bout pour bout et jeté toutes les traditions par les fenêtres, se devaient à eux-mêmes de supprimer le mariage indissoluble d’une législation où il traînait comme la queue d’un temps disparu. […] … Seulement, pris pour vrais, à cet instant du monde moderne qui pourrait bien être le monde mourant, ils sont les vainqueurs et les partisans de l’indissolubilité, qui veulent la défendre contre eux détachée du fond d’histoire sur lequel elle était puissante, n’ont rien à dire contre l’irréprochable et l’implacable logique révolutionnaire.
On trouve, à côté, des illustrations plus modernes, qui, après les gloires incomparables de la sainteté, ont leur autorité et leur éclat : ainsi Bossuet, Massillon, Bourdaloue, — Bourdaloue surtout, que l’abbé Brispot semble affectionner pour l’héroïque et toute-puissante virilité du raisonnement. […] Depuis que le xviiie siècle a achevé dans les âmes modernes le travail putréfiant qu’y avait commencé la Renaissance, nous sommes tellement pourris de paganisme que ce qui fut, il y a dix-huit cents ans, la bonne nouvelle pour le monde, serait encore aujourd’hui la bonne nouvelle, comme au lendemain de la Rédemption.
Voici une histoire qui n’est ni de Tacite ni de Suétone, mais d’un de nous, d’un moderne, à l’esprit sobre, aux besoins de vérité positive, sagace, de bon sens, et surtout de bonne humeur, ce que n’étaient ni Suétone ni Tacite, et qui de sa plume sans prétention, mais non pas, certes ! […] En proie aux titubations modernes, la plus triste maladie de ce temps, il n’aurait pas osé prendre sur la responsabilité de sa pensée d’affirmer qu’il y a des hiérarchies politiques et des hiérarchies de nations !
il nous parle seulement des avantages relatifs du cimetière de Méry, à cette heure en projet, et ne touche nullement à la question générale des grands cimetières, qui n’est, en somme, que la question retournée des grandes villes, de ces grands centres de population, les hypertrophies dont les peuples modernes, si on n’y prend garde, pourraient bien mourir ! […] Histoire des Inhumations chez les peuples anciens et modernes (Nain Jaune, 29 août 1867).
Cependant le remords, le dégoût ou l’ennui d’une forme fausse qui n’a point été tirée d’où les poètes puissants tirent la leur, c’est-à-dire des entrailles, s’emparent, vers le milieu de son volume, de ce moderne, dont les langes furent sans doute parfumés de ce christianisme de nos mères qui tomba sur tous nos berceaux ; et voilà que, lassé et des éternels marbres de Paros et de toutes les rondeurs païennes qui sont les globes de ses horizons, il s’écrie… à la fin : ……… pauvre muse égarée ; Nous souffrirons encore et ne nous plaindrons pas. […] Si nous ne l’avons pas démontré, c’est qu’on ne démontre pas plus la vie que le mouvement, et que le christianisme est toute la vie moderne, — que nous le sentions tous plus ou moins dans nos têtes et dans nos poitrines, — et qu’il est impossible, même à ceux-là qui le maudissent, de vivre deux secondes avec profondeur et puissance hors de l’étreinte de ce christianisme, notre vainqueur et notre maître à tous !
Avec les laboureurs, vous avez le plus beau poème didactique de l’Antiquité et vous pouvez avoir les plus charmants poèmes romanesques, comme les conçoit la tête moderne. […] Autran sont deux poèmes distincts, des poëmes d’une invention si simple qu’on retirerait et réduirait à rien par l’analyse et où tout est de mœurs modernes et dans le détail.
… Qui pense à Milton, à cette heure, dans ce monde moderne, attelé aux plus âpres besognes, qui n’est ni religieux, ni poétique, — tout ce que fut Milton, — et qui, tas de fourmis en travail, passe au pied de la statue des plus grands hommes sans avoir même le temps de la regarder ? […] II Tels sont les mérites qui sautent aux yeux d’abord et qui ne tardent pas à les captiver, de cette biographie critique de Milton : une simplicité mâle et une droiture saine et forte, sans aucun des contournements de la pensée moderne et des affreuses loucheries des faiseurs de philosophies de l’Histoire.
Comme tous les Infatués de ce temps-ci, qui s’aiment dans le siècle, il peut se tromper et il se trompe sur la beauté de la vie moderne, qui n’est, à mes yeux, que plate et laide ; mais il s’efforce toujours d’en faire bomber les platitudes et d’en pousser jusqu’à l’horrible les laideurs. […] Catulle Mendès pousse toujours, à chaque horreur qu’il étale, le cri de la conscience indignée que les romanciers modernes n’ont plus, et que l’art, disent-ils, est d’étouffer.
Si, parmi nos écrivains modernes, il y en a quelqu’un à qui Xénophon paisse être comparé, c’est Fénelon. […] Quoiqu’alors la Grèce fût esclave des Romains, on se souvenait encore des sentiments que l’ancienne liberté inspirait ; et quand l’éloquence trouvait une âme noble, cette éloquence faisait revivre les idées des Miltiade et des Périclès ; c’est ainsi que dans la populace de Rome moderne, il y a eu des temps où l’on entrevoyait les descendants des Scipions.
Que de fois les modernes plagient les anciens sans même s’en douter ! […] Weiss moins aventureux et plus solide, à un Renan plus frivole et plus moderne. […] Et les modernes l’ont adoucie sur tous les points ? […] Si nous passons aux modernes, M. […] Cet ancien est encore un moderne très moderne par la nuance particulière de sa philosophie.
Le désordre, & souvent l’oubli total du sujet, sont les défauts ordinaires d’un grand nombre de nos Prédicateurs modernes.