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1158. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Variétés littéraires, morales et historiques, par M. S. de Sacy, de l’Académie française. » pp. 179-194

Il estime que depuis le christianisme, l’homme reconnu infirme et malade, éclairé sur ses misères, a plus besoin de consolations, de secours divin ; qu’insulter à l’humanité depuis le christianisme, la railler ou la mépriser, si l’on ne va aussitôt jusqu’au remède, est chose plus grave qu’auparavant, et qui tire plus à conséquence.

1159. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

L’humanité pendant des siècles fit naufrage, et elle eut besoin d’efforts inouïs avant de se remettre à flot.

1160. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Il rend à l’aimable et douloureux génie tous les hommages que lui doivent les générations filles ou sœurs, mais il ne lui passe point son mépris de toute humanité, de toute réforme supérieure, ses airs de débauche, son indifférence affichée pour tout ce qui n’était pas Ninette ou Ninon.

1161. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Le Brun »

Ce sont des espèces de victimes publiques, des Prométhées dont le foie est rongé par une fatalité intestine ; tout l’enfantement de la société retentit en eux, et les déchire ; ils souffrent et meurent du mal dont l’humanité, qui ne meurt pas, guérit, et dont elle sort régénérée.

1162. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VIII. De l’éloquence » pp. 563-585

Si vous parlez au nom de la puissance, ils vous écouteront avec respect, quel que soit votre langage ; mais si vous réclamez pour le faible, si votre nature généreuse vous fait préférer la cause délaissée par la faveur et recueillie par l’humanité, vous n’exciterez que le ressentiment de la faction dominante.

1163. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

La vanité est l’ennemie de l’ambition ; elle aime à renverser ce qu’elle ne peut obtenir ; la vanité fait naître une sorte de prétentions disséminées dans toutes les classes, dans tous les individus, qui arrête la puissance de la gloire, comme les brins de paille repoussent la mer des côtes de la Hollande : enfin, la vanité de tous sème de tels obstacles, de telles peines dans la carrière publique de chacun, qu’au bout d’un certain temps le grand inconvénient des républiques, le besoin qu’elles donnent de jouer un rôle n’existera, peut-être, plus en France : la haine, l’envie, les soupçons, tout ce qu’enfante la vanité, dégoûtera pour jamais l’ambition des places et des affaires ; on ne s’en approchera plus que par amour pour la patrie, par dévouement à l’humanité, et ces sentiments généreux et philosophiques rendent les hommes impassibles, comme les lois qu’ils sont chargé d’exécuter.

1164. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Ils y saisiront surtout avec plus de facilité le rapport du livre et de la vie, l’étroite liaison de l’idée et de la réalité : ils sentiront que ce ne sont point des fantaisies en l’air dont on les entretient ; ils apercevront dans ces mots, ces éternels mots, dont tant de siècles ont fatigué leurs oreilles, toute la vie de l’humanité et leur propre vie.

1165. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Et on lui tire ses ailerons, et bientôt « ils mesurent trois cœurs à l’aise » ; puis ils en tiennent douze, puis cent, et enfin toute l’humanité pourrait s’y blottir.

1166. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Pour qui embrasse la vie totale de l’humanité, « ces deux moitiés » ne se conçoivent absolument pas l’une sans l’autre ; elles sont diverses, non inégales ; et, s’il nous était prouvé qu’il en est autrement, M. 

1167. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Barbey d’Aurevilly. »

L’humanité est comme une mêlée de masques.

1168. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Deux tragédies chrétiennes : Blandine, drame en cinq actes, en vers, de M. Jules Barbier ; l’Incendie de Rome, drame en cinq actes et huit tableaux, de M. Armand Éphraïm et Jean La Rode. » pp. 317-337

Oui, je sais que la vieille humanité est abominable et que, dans le fond, elle aime le sang et la souffrance d’autrui.

1169. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lamartine, Alphonse de (1790-1869) »

Et enfin, et surtout, ce que l’on reconnaît, c’est que d’autres poètes ont eu peut-être d’autres qualités, plus d’art et de métier, par exemple, ou plus de passion ; ils ont encore été, ceux-ci, des inventeurs plus originaux ou plus puissants, et ceux-là, des âmes plus singulières ; mais nul, assurément, n’a été plus poète, si, dans la mesure on ce mot de poésie exprime ce qu’il y a de pins élevé dans l’idéal de l’humanité, nul ne l’a réalisé plus pleinement, ou n’en a plus approché, sans effort et sans application, naturellement, naïvement, par le seul effet de son instinct ou de la loi de son être, comme un grand fleuve coule scion sa pente.

1170. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Verlaine, Paul (1844-1896) »

D’abord il semble ne confesser, n’extérioriser, n’exalter que lui-même, mais il se trouve que cet être choisi est tellement d’accord avec les idées de son siècle, avec l’incessante évolution de l’humanité, qu’il s’affirme : la conscience de tous.

1171. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

Mais moi, je suis le bon berger ; je connais mes brebis ; mes brebis me connaissent ; et je donne ma vie pour elles 977. » L’idée d’une prochaine solution à la crise de l’humanité lui revenait fréquemment : « Quand le figuier, disait-il, se couvre de jeunes pousses et de feuilles tendres, vous savez que l’été approche.

1172. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

Chaque minute, à ce moment, devient solennelle et a compté plus que des siècles entiers dans l’histoire de l’humanité.

1173. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome I « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — Bossuet, et Fénélon. » pp. 265-289

Frappé de l’amour du bien & de l’humanité, plein de la lecture des anciens, il développa toutes ses idées dans le Télémaque.

1174. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Par ce moyen, la poésie procure deux avantages considérables à l’humanité : l’un, d’adoucir les mœurs des hommes comme l’ont fait Orphée, Linus et Homère ; l’autre, de rendre leur sensibilité raisonnable et de la renfermer dans de justes bornes, comme l’ont pratiqué les poètes tragiques de la Grèce.

1175. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « II — Se connaître »

Il provient, je crois, de ce fait que la France ne voit qu’elle-même dans le monde, et qu’il lui est, dès lors, impossible de se juger, suivant la réalité ; manquant de points de comparaison, elle s’illusionne jusqu’à se croire d’une manière permanente et, pour ainsi dire, cosmique, à la tête de la civilisation et de l’humanité.‌

1176. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

et c’est par ces fables capables de corrompre et d’abrutir le peuple le plus civilisé, le plus vertueux, qu’Orphée élève les hommes encore bruts à l’humanité et à la civilisation.

1177. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Un peu enveloppée de nuages, comme l’était la philosophie ancienne, elle semble se proposer une espérance encore plus haute qu’elle ne l’exprime et avoir pour dernier terme ce qui élève bien plus que ce qui abaisse l’humanité.

1178. (1902) La poésie nouvelle

Et le poète redevient donc le créateur de symboles qu’il fut jadis, au temps où l’humanité toute jeune était sensible encore au mystère des choses ! […] Le premier exprimait spontanément sa vision des choses imprégnées de mystère, tandis que le second doit réagir contre la doctrine générale d’une humanité qui s’est trop accoutumée au spectacle quotidien des apparences pour en saisir l’étrangeté. […] Tout(e) cette humanité de folie et d’éclair…‌ Ils arriv(ent) doux et pleins de soir, le long des rampes…‌ Effrayant(es) et qui s(e)raient les idoles guerrières.‌ […] Le beau poème des Visages de la vie82 nous le montre attentif aux idées morales, penché sur le cœur douloureux de l’humanité, épiant ses tressaillements, guettant ses aspirations divines et ses bonnes velléités. […] On croit entendre la suprême lamentation de l’humanité qu’enchaîne une fatalité brutale et qu’un mystère terrifie…‌ Puis, ayant pris une conscience plus nette de la réalité complexe et merveilleuse, de la vie universelle et des forces infinies qu’elle met en jeu, il communia avec cette énergie créatrice, qui est le tout de ce qui est, et il participa frénétiquement à cette joie féconde.

1179. (1890) Dramaturges et romanciers

Une idée s’est emparée puissamment du cerveau des générations nouvelles : c’est que tous les systèmes sont faux, parce qu’ils sont arbitraires, et qu’ils ont enseigné désormais à l’humanité tout ce qu’ils pouvaient lui enseigner. […] Le vaste monde, la large humanité, les grandes croyances, voilà la carrière inépuisable d’où le véritable artiste doit désirer tirer la matière de ses œuvres. […] L’auteur voudrait croire au progrès plus qu’il ne peut parvenir à y croire en réalité ; il fait tous ses efforts pour se convaincre de la perfectibilité des sociétés humaines, et malgré toute sa bonne volonté il ne parvient à constater, dans ce remue-ménage perpétuel de l’humanité qui nous fait croire à une marche en avant, qu’un perpétuel déplacement de forces. […] Mais si la perfectibilité est un problème pour l’humanité, elle est une réalité pour les individus ; le progrès, qui peut si difficilement se mesurer chez les nations, se laisse parfaitement saisir dans la vie de chacun de nous, et de cette vérité banale M.  […] À ces qualités de modération judicieuse et d’équilibre sensé s’ajoute cette élégance qui, dans la nature comme dans l’humanité, dans les choses comme chez les personnes, et dans l’art d’écrire comme dans le costume, résulte de l’harmonie des rapports et de l’exactitude des proportions.

1180. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Ce fils de famille fit ses études à Tarascon, chez les pères de la Doctrine chrétienne, entra dans leur congrégation, professa les humanités à Tarascon, Draguignan, Narbonne, et partout, élève ou maître, se signala par une remarquable aptitude aux exercices scolaires. […] Thomas encore, dans son Essai sur les éloges, ne peut trop le louer « d’avoir su peindre les vertus avec tant de charmes et tracer d’une manière si touchante le code de la bienfaisance et de l’humanité pour les grands ». […] Daignez, monsieur, faire pour moi dans cette affaire ce que la justice et l’humanité vous inspireront. […] Et Mme de Luxembourg est si touchée de la patience que déploie Malesherbes qu’elle lui écrit : Vous êtes plein de bonté et d’humanité, monsieur. […] Grimm en était d’autant plus irrité qu’il faut bien dire que, comme toujours en pareil cas et pour l’honneur de l’humanité, il y avait autre chose entre les deux sectes ennemies qu’une mesquine rivalité d’amour-propre.

1181. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

. —  « L’autre secte, celle des dandies, affecte une grande pureté et le séparatisme, se distinguant par un costume particulier, et autant que possible par une langue particulière, ayant pour but principal de garder une vraie tenue nazaréenne, et de se préserver des souillures du monde. » Du reste, ils professent plusieurs articles de foi dont les principaux sont : « que les pantalons doivent être très-collants aux hanches ; qu’il est permis à l’humanité, sous certaines restrictions, de porter des gilets blancs ; —  que nulle licence de la mode ne peut autoriser un homme de goût délicat à adopter le luxe additionnel postérieur des Hottentots. » — « Une certaine nuance de manichéisme peut être discernée en cette secte, et aussi une ressemblance assez grande avec la superstition des moines du mont Athos, qui, à force de regarder de toute leur attention leur nombril, finissaient par y discerner la vraie Apocalypse de la nature et le ciel révélé. […] » Ôte les écailles de tes yeux, et regarde. « Tu verras que ce sublime univers, dans la moindre de ses provinces, est, à la lettre, la cité étoilée de Dieu ; qu’à travers chaque étoile, à travers vers chaque brin de gazon, surtout à travers chaque âme vivante rayonne la gloire d’un Dieu présent. —  Génération après génération, l’humanité prend la forme d’un corps, et, s’élançant de la nuit cimmérienne, apparaît avec une mission du ciel. […] Ainsi, comme une artillerie céleste pleine de foudroiements et de flammes, cette mystérieuse humanité tonne et flamboie, en files grandioses, en successions rapides, à travers l’abîme inconnu. […] Ces épicuriens embrassaient dans leurs sympathies l’humanité tout entière.

1182. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

Désormais, comme on le faisait cent ans auparavant, on va pouvoir traiter les grands intérêts de l’humanité avec des mots dignes de leur importance, et avec une chaleur digne de la noblesse de la cause. […] Le gain très certain que l’humanité, depuis qu’elle se connaît, a réalisé dans les sciences et dans les arts industriels, dans tout ce qui touche à la pratique de la vie commune, l’a-t-elle également réalisé dans l’art et dans la littérature ? […] Seulement, dans la science, l’œuvre du génie se détache de lui pour se confondre dans le patrimoine commun d^ l’humanité, tandis que, dans l’histoire de l’art, elle demeure avant tout et par-dessus tout l’expression de son individualité. […] Toute cette érudition que nous rassemblons laborieusement n’est toujours qu’un moyen, jamais une fin : il s’agit de savoir dans quelle mesure et dans quel sens ils ont modifié ce que l’on pensait avant eux sur les intérêts les plus généraux de l’humanité. […] Et quand même on a tenté de saisir les résultats généraux, quand même on a voulu se former une idée complète du développement de l’humanité, c’est sur une base toute spéciale qu’on a élevé l’édifice.

1183. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

au-dessus de tant de boue remuée, au-dessus de tant de victimes écrasées, de toute cette abominable souffrance que coûte à l’humanité chaque pas en avant, n’y a-t-il pas un but obscur et lointain, quelque chose de supérieur, de bon, de juste, de définitif, auquel nous allons sans le savoir et qui nous gonfle le cœur de l’obstiné besoin de vivre et d’espérer ?  […] Je ne parlerai pas de l’action que je ne pourrais résumer en si peu de lignes et qui est d’un intérêt très dramatique ; je n’ai voulu insister que sur le côté le plus séduisant du livre à mon avis, sur l’idylle qui, quoi que l’on dise ou qu’on pense, est de tous les âges de l’humanité. […] Ces Voix résument toutes les croyances de l’humanité ; chemin faisant, entre bien d’éloquentes pages, je trouve ces beaux vers : Oh ! […] On devinait la cruauté sur celle-là. » Suit le portrait moral de cet homme pour qui la guerre était une science indispensable à la marche de l’humanité, comme il le disait lui-même. […] Abordant la question du désarmement, qui serait la seule solution réclamée par l’humanité, l’auteur déclare que ce n’est pas à un pays vaincu de le demander et que les hommes politiques français qui le proposeraient ne feraient qu’ajouter une honte à beaucoup d’autres ; il conclut en disant : « Et qui nous assure que le désarmement ne serait pas un piège tendu à notre naïveté et à notre bonne foi ? 

1184. (1884) L’art de la mise en scène. Essai d’esthétique théâtrale

Or, ce qui se passe dans la vie d’un homme se passe dans la vie d’une nation et dans celle de l’humanité. […] Nous ne sommes à l’aurore ni de l’humanité, ni de l’histoire, ni de la littérature. […] Mais la mise en scène est bien obligée de suivre en cela l’esthétique, qui ne se contente plus des types généraux de l’humanité. […] Jamais, en effet, l’humanité n’aurait pu les réaliser en entier. […] Les limites superficielles de l’art se trouveront ainsi reculées ; et l’exploration mettra le pied sur quelques-unes des terres encore peu foulées de l’humanité et de la vie.

1185. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

Ce que nous affirmons de l’individu enfant, devons-nous l’affirmer également de l’enfance de l’humanité ? […] La chose me paraît probable, non que je considère l’humanité comme un seul être, auquel l’hérédité ferait une sorte d’individualité relative en jouant dans l’espèce entière le rôle qui appartient chez les individus à l’habitude ; mais les premières générations humaines qui parlèrent durent parler très peu, et l’habitude, pour avoir les effets que nous avons décrits, suppose un exercice régulier et fréquent de la parole ; la purification de la parole intérieure implique sa fréquence, sinon sa continuité absolue, c’est-à-dire une période du langage qui n’est pas la période tout à fait primitive. […] III]. — l’intention de parler plus ou moins prochainement la revivifie également ; — chez moi, je ne sais trop pourquoi, elle me paraît être plus fréquente quand je lis que dans la simple méditation ; — enfin, dans notre première enfance et dans l’humanité primitive, elle a jadis accompagné l’image sonore.

1186. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (3e partie) » pp. 5-79

Ici et ailleurs, lorsque Victor Hugo dépeint l’homme, il invente une langue surhumaine pour hurler les lamentations de l’humanité. […] Un officier anglais, parlementaire, s’avance et crie au bataillon : — Braves Français, vous avez assez fait pour la gloire, la fortune a décidé ; rendez-vous pour sauver à l’humanité un meurtre inutile !

1187. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIe entretien. Le Lépreux de la cité d’Aoste, par M. Xavier de Maistre » pp. 5-79

En vain quelques livres m’ont instruit de la perversité des hommes et des malheurs inséparables de l’humanité ; mon cœur se refuse à les croire. […] Heureusement pour l’humanité, je n’ai plus de semblable sur la terre.

1188. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIe entretien. Molière et Shakespeare »

La séve et le sang, toutes les formes du fait multiple, les actions et les idées, l’homme et l’humanité, les vivants et la vie, les solitudes, les villes, les religions, les diamants, les perles, les fumiers, les charniers, le flux et le reflux des êtres, le pas des allants et venants, tout cela est sur Shakespeare et dans Shakespeare, et, ce génie étant la terre, les morts en sortent. […] Les génies recommençants, c’est le nom qui leur convient, surgissent à toutes les crises décisives de l’humanité ; ils résument les phases et complètent les révolutions.

1189. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIIe Entretien. Montesquieu »

On cite de lui un trait qui fait le plus grand honneur à ses sentiments d’humanité non moins qu’à sa modestie. […] La famille de Robert a raconté le reste. » VI Nous avons eu la curiosité de lire le drame composé sur ce sujet, par Joseph Pilhes, de Tarascon, en 1784 ; ce drame est médiocre, et le nom de Montesquieu, changé en celui de Saint-Estieu, produit un effet assez ridicule ; cependant il a dû faire couler des larmes, surtout pendant la révolution où il se jouait encore, et où les pièces dans lesquelles triomphaient l’humanité et la nature, réussissaient d’autant plus que l’époque était plus terrible et plus agitée.

1190. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Edmond et Jules de Goncourt »

Malgré tout, nous ne haïssons point ces livres qui nous offrent tant de sensations emmagasinées et tant d’humanité toute vive et toute proche de nous. […] Il se trouvait que ce farceur, ce paradoxeur, ce moqueur enragé des bourgeois avait, pour les choses de l’art, les idées les plus bourgeoises, les religions d’un fils de Prudhomme… Il avait le tempérament non point classique, mais académique comme la France…12 … Ce tableau était, en un mot, la lanterne magique des opinions d’Anatole, la traduction figurative et colorée de ses tendances, de ses aspirations, de ses illusions… Cette sorte de veulerie tendre qui faisait sa bienveillance universelle, le vague embrassement dont il serrait toute l’humanité dans ses bras, sa mollesse de cervelle à ce qu’il lisait, le socialisme brouillé qu’il avait puisé çà et là dans un Fourier décomplété et dans des lambeaux de papiers déclamatoires, de confuses idées de fraternité mêlées à des effusions d’après boire, des apitoiements de seconde main sur les peuples, les opprimés, les déshérités, un certain catholicisme libéral et révolutionnaire, le Rêve de bonheur de Papety entrevu à travers le phalanstère, voilà ce qui avait fait le tableau d’Anatole … 13 Anatole présentait le curieux phénomène psychologique d’un homme qui n’a pas la possession de son individualité, d’un homme qui n’éprouve pas le besoin d’une vie à part, d’une vie à lui, d’un homme qui a pour goût et pour instinct d’attacher son existence à l’existence des autres par une sorte de parasitisme naturel, etc.

1191. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

si ce n’est pour faire aimer le divin qui fut en eux, et pour montrer que ce divin vit encore et vivra éternellement au cœur de l’humanité ? […] Il aimait l’humanité comme représentant la raison, et haïssait la superstition comme la négation de la raison.

1192. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « Introduction »

Cousin fait à peu près tous les frais, conduit l’auteur à conclure : « que la prédominance de ces faits imaginaires dans les écrits métaphysiques (psychologiques), montre que l’humanité en est dans la philosophie mentale à cette période où, en physique, on parlait de transmutation des métaux, d’élixir de vie, d’influence des étoiles, d’existence d’une légèreté substantielle, d’une horreur de la nature pour le vide et autres choses semblables6. » VII La psychologie, entendue dans son sens ordinaire, est donc une étude plus occupée d’abstractions que de faits, fondée sur une méthode subjective et remplie de discussions métaphysiques. […] Les progrès des sciences physiques et naturelles, de la linguistique et de l’histoire ont révélé des faits inattendus, suggéré des aperçus tout nouveaux, à ceux du moins qui n’ont point de goût pour une psychologie immobile et scolastique : études sur le mécanisme des sensations, sur les conditions de la mémoire, sur les effets de l’imagination et de l’association des idées, sur les rêves, le somnambulisme, l’extase, l’hallucination, la folie et l’idiotie, recherches jusqu’ici inconnues sur les rapports du physique et du moral, conception nouvelle de la nature morale (psychologique), de l’humanité résultant de l’étude approfondie de l’histoire et des races, les langues nous offrant comme une psychologie pétrifiée.

1193. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Dans mes déceptions, rien ne m’était personnel ; je travaillais pour l’humanité, j’ai été déçu dans l’humanité.

1194. (1856) Cours familier de littérature. II « XIe entretien. Job lu dans le désert » pp. 329-408

Il suffirait seul à servir d’épitaphe à l’humanité morte et à immortaliser à jamais le génie humain devant sa postérité inconnue. […] XXIV Le communisme, ce suicide en masse et d’un seul coup de l’humanité, est né dans des ateliers ; il est né de la pensée étroite de quelques prolétaires souffrants, injustement répartis des dons de Dieu, mais complétement ignorants des cinq cent mille formes de salaires sur la terre, ne se doutant même pas qu’en supprimant le capital ils supprimaient d’avance tout salaire, qu’en supprimant la propriété pour l’individu ils la supprimaient pour la masse, qu’en la supprimant pour la masse ils supprimaient le travail, qu’en supprimant le champ ils supprimaient la moisson, et qu’en supprimant la moisson ils supprimaient la vie.

1195. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Appendice » pp. 453-463

Le poète cette fois n’anathématise point l’or et ne blâme point les malheureux émigrants qui le vont chercher ; il jette sur l’ensemble du monde un regard de tristesse et trouve encore l’humanité bien misérable au gré des désirs et des vœux qu’il conçoit pour elle.

1196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — I — Vauvenargues et Fauris de Saint-Vincens » pp. 1-16

On était arrivé cependant, en examinant bien les divers écrits de Vauvenargues, à n’y pas voir seulement un jeune homme plein de nobles et généreux sentiments, de pensées honorables à l’humanité, doué d’un talent d’expression singulièrement pur, et d’une sorte d’ingénuité élevée de langage, — le meilleur des bons sujets et le modèle des fils de famille ; ce premier Vauvenargues qui se dessine, en effet, dans quelques réflexions et maximes souvent citées de lui, ce premier Vauvenargues que chaque âme honnête porte en soi à l’origine avant le contact de l’expérience et la flétrissure des choses, était dépassé de beaucoup et se compliquait évidemment d’un autre en bien des points de ses ouvrages.

1197. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers (tome xviie ) » pp. 338-354

la partie est déjà perdue quand on en est là. » Et il y avait de belles, de spécieuses raisons de civilisation, d’humanité, à l’appui de leur thèse.

1198. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Questions d’art et de morale, par M. Victor de Laprade » pp. 3-21

Vivant à Lyon, où il habite encore, il débuta vers 1841 par le poème de Psyché, dans lequel il essayait de rajeunir l’anciennefable, l’ancien mythe, et de l’approprier aux destinéesnouvelles de l’humanité : il n’a peut-être jamais rienfait de mieux pour la pureté du souffle et de l’accent.

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