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1196. (1879) L’esthétique naturaliste. Article de la Revue des deux mondes pp. 415-432

Tout le monde ne pourra pas prétendre à une place d’honneur : on distinguera jusqu’en cet olympe nouveau les grands dieux et les demi-dieux ; mais en tout cas, au noble banquet, ceux-là seuls seront admis à s’abreuver du nectar qui auront communié d’abord ici-bas dans la formule sacro-sainte de l’art nouveau. […] Le ridicule des déclamations retentissantes, des tirades à effet, des grands sentiments étalés à faux, nous le connaissons depuis longtemps, il n’est personne qui ne s’en moque aujourd’hui ; et si l’on veut chercher qui a tué le mauvais romantisme, ce n’est pas à nos novateurs littéraires qu’en revient l’honneur : c’est l’opérette qui a fait cette besogne salutaire. […] Il y a deux cents ans passés que Boileau, l’homme qui certes prétendit le moins à l’honneur d’avoir inventé quoi que ce soit, disait en son Art poétique aux auteurs comiques ses contemporains : Que la nature donc soit votre étude unique.

1197. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Deuxième partie. — Chapitre XXI. »

À qui l’honneur de cette résistance et des représailles victorieuses qu’exerçait enfin la chrétienté ? […] « Ici naquit ce foudre de guerre, père de la patrie, honneur de l’Espagne, le pieux, l’heureux, le triomphateur Trajan, devant qui se prosternèrent dans le silence et la terre qui voit le lever du soleil et celle que baignent les flots, vaincus aussi, de la mer de Cadix. […] quelques strophes semblent surchargées ou faibles, malgré de grandes beautés ; la rouille du siècle se mêle encore au rayon naissant de la poésie ; et comme si, par une rencontre bien rare, le mouvement commun de la langue et des esprits, l’élan donné, à partir de Henri IV, au génie français, apportait plus à l’âme du poëte que le froid des années ne pouvait lui ôter, c’est vingt ans plus tard, et déjà tout vieux et tout chenu, que Malherbe enfantera, pour l’honneur de Louis XIII et de Richelieu, la belle ode.

1198. (1889) La bataille littéraire. Première série (1875-1878) pp. -312

Ne devrait-on pas, avant de charger un député de veiller à l’honneur et à la fortune de son pays, lui demander d’abord comment il a géré l’honneur et la fortune de sa propre maison, comment il a conduit sa femme, ses fils et ses filles ? […] Elle songeait à son neveu, et, n’ayant pu lui rendre ces honneurs, avait un surcroît de tristesse, comme si on l’eût enterré avec l’autre. […] À sa vie était liée celle du nabab, qui, privé de son appui, voit tout s’écrouler jusqu’à son honneur. […] En écrivant ce nom, je ne puis m’empêcher de penser à l’inconvénient que comporte souvent l’honneur d’être de la famille d’un homme illustre. […] Elle a des dames d’honneur avec des yeux flamboyants, mais des teints de pain d’épice et un faux air d’orang-outang.

1199. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

C’est une partie de votre honneur. […] Peut-être trouvera-t-on que ce capitaine a obéi bien légèrement à un sentiment d’amour-propre alors que l’honneur du drapeau n’était pas en jeu ; M.  […] Lui-même a tenu à traduire l’œuvre et à présenter l’homme qui, tous deux, il faut le dire, méritent véritablement cet honneur. […] Mais on rapporte que la jeune femme dit au prétendant, qui peut-être hésitait : “Vingt bons soldats peuvent me rendre plus d’honneur qu’ils ne m’en ont ôté.” […] Didot lui-même qui corrige les épreuves ; il attache du prix à cet ouvrage qui peut faire honneur à ses presses.

1200. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Il en fait partie, de cet honneur, comme tous les bons ouvriers de la plume. […] Plusieurs motifs purent y déterminer le professeur Poncet, tous également à son honneur. […] Le prix d’honneur allait à M.  […] Son honneur est, comme celui du vrai Savant et du vrai Prêtre, de ne pas gagner d’argent. […] C’est ici le poste d’honneur où ils veulent attaquer.

1201. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

Elle donnait pour motif la corruption universelle des gens de qualité : « Les jeunes gens, disait-elle, sont tous des viveurs, et les jeunes femmes font la cour aux hommes au lieu d’attendre qu’on la leur fasse804. » En effet, le vice est à la mode, et non pas délicat comme en France. « L’argent, écrivait Montesquieu, est ici souverainement estimé, l’honneur et la vertu peu. […] De justice, d’honneur, il ne parle qu’en courant et pour la forme : « Avant tout, dit-il à son fils, ayez des manières. » Il y revient dans chaque lettre avec une insistance, une abondance, une force de preuves, qui font un contraste grotesque. « Mon cher ami, comment vont les manières, les agréments, les grâces, et tous ces petits riens si nécessaires pour rendre un homme aimable ? […] Il est comme lui chef d’une bande de voleurs, il a comme lui un registre pour inscrire les vols, il reçoit comme lui de l’argent des deux mains, il fait comme lui prendre et pendre ses amis quand ses amis lui sont à charge, il se sert comme lui du langage parlementaire et des comparaisons classiques, il a comme lui de la gravité, de la tenue, et s’indigne éloquemment quand on soupçonne son honneur. […] Ici, « un couvreur se fait apporter sur les toits la gazette pour la lire. » Un étranger qui lirait les journaux « croirait le pays à la veille d’une révolution. » Quand le gouvernement fait une démarche, le public se sent engagé ; c’est son honneur et c’est son bien dont le ministre dispose ; que le ministre prenne garde à lui, s’il en dispose mal. […] Je dis que nous devons nécessairement abroger ces violents actes oppressifs ; ils doivent être rappelés, vous les rappellerez, je m’y engage d’honneur ; vous finirez par les rappeler, j’y joue ma réputation ; je consentirai à être pris pour un idiot, si à la fin ils ne sont pas rappelés !

1202. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Talma lui dispute cet honneur. […] Le règne de Louis XIV, cent cinquante années de vie de salon, d‘honneur mondain et de galanterie l’ont étouffée. […] Perdons l’honneur et perdons le bonheur, mais sauvons notre peau ! […] Aussi bien ces honneurs qu’il n’avait pas recherchés, il s’en montrait touché, il les recevait avec émotion, avec reconnaissance. […] Comment comparer, demandent-ils, celui qui assassine pour s’approprier le bien d’autrui et celui qui frappe pour venger son honneur ?

1203. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Stéphane Mallarmé »

Stéphane Mallarmé a mis en tête de sa traduction des poèmes d’Edgar Poe8 ce sonnet préliminaire : LE TOMBEAU D’EDGAR POE Tel qu’en Lui-même enfin l’éternité le change Le Poète suscite avec un glaive nu Son siècle épouvanté de n’avoir pas connu Que la Mort triomphait dans cette voix étrange Eux comme un vil sursaut d’hydre oyant jadis l’ange Donner un sens plus pur aux mots de la tribu Proclamèrent très haut le sortilège bu Dans le flot sans honneur de quelque noir mélange Du sol et de la nue hostiles ô grief Si notre idée avec ne sculpte un bas-relief Dont la tombe de Poe éblouissante s’orne Calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur Que ce granit du moins montre à jamais sa borne Aux noirs vols du Blasphème épars dans le futur Qu’est-ce que cela veut dire ?

1204. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Laforgue, Jules (1860-1887) »

Il est probable que, dans une anthologie des poètes depuis 1885, des morceaux comme la Complainte des nostalgies préhistoriques, la Complainte de la Lune en province, celle du Pauvre Corps humain, celle de l’Oubli des morts, tels lieds de l’Imitation de Notre-Dame la Lune, ou la pièce ix des Derniers vers, apparaîtraient comme de passionnés et poignants chefs-d’œuvre pour porter avec un parfait honneur le nom de Jules Laforgue.

1205. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

Rodenbach, que nous n’avons pas l’honneur de connaître, serait-il collectionneur ?

1206. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XIII. Beau trio » pp. 164-169

Ernest Daudet est officier de la Légion d’honneur.

1207. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — D. — article » pp. 92-99

DAGUESSEAU, [Henri - François] Chancelier de France, Commandeur des Ordres du Roi, né à Limoges en 1668, mort en 1751 ; un de ces hommes qui font l’honneur de leur siecle, de leur Nation, de l’humanité, & dont le culte, s’il nous est permis de nous servir de cette expression, ne peut qu’augmenter par la succession des temps.

1208. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » pp. 489-496

Si ce généreux ami vivoit encore, il rendroit plus de justice à mes sentimens, & seroit le premier à s’élever contre l’Ecrivain qui lui fait les honneurs de m’avoir tiré d’une misere que je n’ai point éprouvée.

1209. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Taraval » pp. 282-283

Mais vous devriez bien conseiller à ces souverains avec lesquels vous avez l’honneur de correspondre, et qui ont à cœur la naissance et le progrès des beaux-arts dans leur empire, de fonder une école à Paris d’où les élèves passeraient ensuite à une seconde école fondée à Rome.

1210. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Chapitre I. De la sagesse philosophique que l’on a attribuée à Homère » pp. 252-257

Ensuite le roi des rois, se regardant comme outragé, croit rétablir son honneur en déployant une justice digne de la sagesse qu’il a montrée.

1211. (1883) La Réforme intellectuelle et morale de la France

L’honneur militaire, de ce point de vue borné, paraît une folie ; le goût des grandes choses, la gloire de l’esprit sont des chimères ; l’argent dépensé pour l’art et la science est de l’argent perdu, dépense follement, pris dans la poche de gens qui se soucient aussi peu que possible d’art et de science. […] Le Français est bon, étourdi ; il oublie vite le mal qu’il a fait et celui qu’on lui a fait ; l’Allemand est rancunier, peu généreux ; il comprend médiocrement la gloire, le point d’honneur ; il ne connaît pas le pardon. […] Là, l’état militaire, chez nous déprécié ou considéré comme synonyme d’oisiveté et de vie désœuvrée, était le principal titre d’honneur, une sorte de carrière savante. […] Tandis que parmi nous un même type d’honneur est l’idéal de tous, en Allemagne, le noble, le bourgeois, le professeur, le paysan, l’ouvrier, ont leur formule particulière du devoir ; les devoirs de l’homme, les droits de l’homme sont peu compris ; et c’est là une grande force, car l’égalité est la plus grande cause d’affaiblissement politique et militaire qu’il y ait. […] Patrie, honneur, devoir, sont choses créées et maintenues par un tout petit nombre au sein d’une foule qui, abandonnée à elle-même, les laisse tomber.

1212. (1900) La culture des idées

En approchant de notre époque on se demanderait à quel moment se rejoignirent, dans le commun des esprits, l’idée d’honneur et l’idée de militaire ? […] Le militaire est demeuré en France, malgré de récentes objections, le type même de l’homme d’honneur. […] Et si les nefs de Bourges sont au nombre de cinq et celles d’Anvers au nombre de sept, est-ce vraiment en l’honneur des Cinq Plaies ou en l’honneur des Sept Dons du Paraclet ? […] Les inscriptions en son honneur sont fort nombreuses. […] Esmeijer que revient l’honneur d’avoir introduit aux Pays-Bas, pour l’étude des langues vivantes, la méthode directe ou intuitive, qui consiste à parler à l’enfant et à le faire parler dès le début.

1213. (1874) Histoire du romantisme pp. -399

Nous avons eu l’honneur d’être enrôlé dans ces jeunes bandes qui combattaient pour l’idéal, la poésie et la liberté de l’art, avec un enthousiasme, une bravoure et un dévouement qu’on ne connaît plus aujourd’hui. […] Nanteuil peut réclamer une large part de l’honneur. — Sous un air ingénu, presque enfantin, il avait de l’esprit, et du plus fin et du meilleur, et les poètes aimaient à l’avoir pour confident. […] Il obtint une seconde médaille en 1824, une première en 1828, la croix de chevalier de la Légion d’honneur en 1831, celle d’officier en 1852 ; récompense bien méritée ! […] Ce sera un éternel honneur pour l’homme d’État d’avoir deviné le génie du peintre3. […] On était alors en 1830, et Berlioz composa en l’honneur des victimes de Juillet une marche funèbre et triomphale du plus grand caractère.

1214. (1866) Nouveaux essais de critique et d’histoire (2e éd.)

Le notaire Chesnel sacrifie sa fortune, presque son honneur, et sauve la famille d’Esgrignon par des prodiges de dévouement entassés. […] Le vice monte en lui comme une marée, noyant l’humanité, le sens commun et l’honneur. […] Et la poésie physiologique s’arrêtera-t-elle à cette agonie de l’honneur ? […] Eppes, qu’il remet l’honneur de la produire dans le monde. […] Celle-ci se soutient devant l’honneur exalté qu’a peint Calderon et les effusions naïves qu’a représentées Shakespeare.

1215. (1825) Racine et Shaskpeare, n° II pp. -103

En faisant aux Romantiques l’honneur insigne de les nommer en cette enceinte, vous ferez connaître l’existence de cette secte insolente à certains salons vénérables, où jusqu’ici le nom du monstre n’avait point pénétré. […] Quant à ceux de messieurs ses membres que je nomme, je n’ai jamais eu l’honneur de les voir. […] J’ai l’honneur, etc. […] J’ai l’honneur, etc. […] En un mot, ce fut un beau triomphe pour l’honneur national !

1216. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Ainsi feront à l’envi les autres héros qui te célébreront à leur retour en Grèce, et les épouses des héros aussi, et les mères ; en ce moment peut-être, tristement assises sur les rivages, elles nous pleurent ; mais tu les auras délivrées de leurs angoisses. » Et il lui cite l’exemple de Thésée, qui dut son salut à la fille de Minos et de Pasiphaé, à cette Ariane qui en reçut tant d’honneurs des hommes et des Dieux, et qui a désormais sa couronne étincelante parmi les constellations célestes. […] Puis on verrait avec l’aurore le navire Argo, vainement poursuivi par les Colchidiens, sortir triomphant du Phase sous les coups de rame des héros, et Médée près de Jason, à la place d’honneur, glorieusement assise à la poupe sur la merveilleuse toison. […] Tandis que la Didon de Virgile est perpétuellement à la bouche et dans le cœur de tout ce qui a du sentiment et du goût, la Médée, qui lui a servi en partie de modèle, a-t-elle si peu de droits à un même honneur ? […] Nous avons tâché de remettre en lumière quelques traits du vieil Alexandrin, essentiels, originaux, passionnés avec grâce, et qui auraient dû, ce semble, maintenir son nom avec plus d’honneur dans le voisinage de ces deux beaux noms.

1217. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Désormais on pense aux pauvres, et l’on se fait honneur d’y penser. […] Depuis des siècles, la haute noblesse s’obère par son luxe, par sa prodigalité, par son insouciance, et par ce faux point d’honneur qui consiste à regarder le soin de compter comme une occupation de comptable. Elle est fière de sa négligence, elle appelle cela vivre noblement92. « Monsieur l’archevêque, disait Louis XVI à M. de Dillon, on prétend que vous avez des dettes, et même beaucoup. — Sire, répondit le prélat avec une ironie de grand seigneur, je m’en informerai à mon intendant, et j’aurai l’honneur d’en rendre compte à Votre Majesté. » — Le maréchal de Soubise a cinq cent mille livres de rente qui ne lui suffisent pas. […] Œuvres de Louis XIV ; ce sont là ses propres paroles. — Mme Vigée-Lebrun, Souvenirs, I, 71 : « J’ai vu la reine (Marie-Antoinette), faisant dîner Madame, alors âgée de six ans, avec une petite paysanne dont elle prenait soin, vouloir que cette petite fût servie la première, en disant à sa fille : " Vous devez lui faire les honneurs ”. » 76.

1218. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

On s’y disputait l’honneur de lui offrir un asile. […] Les applaudissements enroués des foulons du carrefour, des cabaretiers, des bouchers et autres gens de cette espèce, dont les louanges font plus de tort que d’honneur ?  […] tu ne méritais pas un tel honneur. […] Je crus entrevoir que c’était en réalité pour dérober quelques pleurs que ses paupières ne pouvaient plus retenir… Nous poursuivîmes notre court pèlerinage jusqu’à ce que nous vissions blanchir de loin la petite maison qui abrita jadis ce grand homme, pour la renommée duquel le monde est étroit, et par qui le nom de Laure obtint des honneurs presque divins !

1219. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre neuvième »

Corneille est donc le père de la comédie, et c’est pour lui une gloire unique que Molière lui en ait rapporté l’honneur. […] Il est sorti sur les pas d’Isabelle ; il la voit entrer chez Valère ; et comme il n’est pas homme à se contenter du bien qui lui arrive, s’il n’est mêlé du mal d’autrui, il court informer Ariste du tort que l’on fait à son honneur. […] Il n’a pas eu à craindre leurs originaux dans le monde, et il ne leur fait pas l’honneur de se fâcher quand il les peint. […] Plus tard, marié et malheureux, mais n’ayant pas perdu l’espoir de ramener sa femme, il se servait du rôle d’Elmire, dans le Tartufe, pour la toucher par le spectacle d’une femme d’honneur qui défend sa vertu.

1220. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VIII. La littérature et la vie politique » pp. 191-229

Ce « roi des Halles, cet « amiral du Port au foin », ce prince-truand, qui est en même temps un prince-marguillier que deux paroisses se disputent l’honneur d’avoir comme fidèle, offre ces contrastes heurtés d’où jaillit un éclat de rire irrésistible. […] D’autres ont le souci de défendre leur honneur, de repousser les accusations ou même les calomnies dont les partis sont prodigues envers leurs adversaires. […] On se demande pour quels motifs ignorés du vulgaire l’Académie a décrété que honneur et honnête prendraient deux n, tandis que les mots latins correspondants, ainsi d’ailleurs qu’honorable en français, se contentent d’en avoir une. […] Mais quand tout le monde est soldat, quand l’enjeu du combat est, non plus seulement un agrandissement de territoire ou le simple honneur d’être victorieux, mais l’intégrité et l’indépendance même du sol national, alors elle accapare toutes les énergies de la société ; elle devient la chose essentielle ; elle attire tout ce qui est jeune et ardent ; elle force même à sortir de leurs loisirs studieux les hommes qui ont le moins de goût pour la vie aventureuse des camps.

1221. (1915) Les idées et les hommes. Deuxième série pp. -341

En l’honneur de ce très digne homme, il invoque « Père Noë, qui plantastes la vigne, vous aussi, Loth… » S’ensuit un badinage. […] Puis, en l’honneur des vieux livres, leur ami n’a-t-il pas cédé à la gracieuse envie de leur immoler l’avenir ? […] Elle a un mari : le colonel Gianelli, homme d’honneur et de tact, réside à Turin, commande ses bersagliers, vaut par sa modestie. […] C’est en l’honneur de la Raison que la Terreur a commis ses crimes ; c’est en l’honneur de la Science qu’a sévi la politique de persécution religieuse et d’ânerie emphatique ; c’est en l’honneur de la Vie que se démène l’anarchie contemporaine. […] Aussi, mon cher grand homme, je te prie de t’en rapporter à moi pour te faire honneur en même temps qu’à moi.

1222. (1896) Les époques du théâtre français (1636-1850) (2e éd.)

Ce que l’on imputait au hasard de la rencontre, il en a reporté l’honneur aux résolutions volontaires de son Rodrigue et de sa Chimène. […] …… J’ai vengé mon honneur et mon père, Je le ferais encore si j’avais à le faire. […] Et, lorsque cet effort exige de nous le sacrifice de quelque chose qui nous est plus cher que la vie — devoir, honneur, amour — c’est alors que la tragédie, en atteignant l’excès du pathétique, touche en même temps le fond de sa définition. […] Les fleurs que sous tes pas tous les chemins produisent Dans l’honneur qu’elles ont de te plaire, me nuisent. […] L’honneur en revenait sans doute à Talma.

1223. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

Qu’aurait dit Voltaire, s’il avait vu les plus circonspects, il est vrai, mais non les moins malins de ses disciples, comme Daunou, désignés pour continuer l’œuvre du premier bénédictin, s’attachant tout entiers à le faire dignement sans en altérer l’intention, et y mettant leur honneur ? […] Il fallait donc que le succès de ce premier Renart, qui mit le nom si en honneur, eût été bien grand.

1224. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

Ils ne disaient rien que de juste et que de convenable, rien qui ne fût d’un commerce doux, facile et gai… Je sentis même une chose qui m’était fort commode, c’est que leur bon esprit suppléait aux tournures obscures et maladroites du mien ; ce que je ne disais qu’imparfaitement, ils achevaient de le penser et de l’exprimer pour moi sans qu’ils y prissent garde, et puis ils m’en donnaient tout l’honneur. […] Les cœurs au fond étant à peu près d’accord dès le début, et les dangers ou les empêchements du dehors faisant défaut, Marivaux met la difficulté et le nœud dans le scrupule même, dans la curiosité, la timidité ou l’ignorance, ou dans l’amour-propre et le point d’honneur piqué des amants.

1225. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Sénac de Meilhan. — I. » pp. 91-108

Ma mauvaise santé, qui me prive de l’honneur de vous écrire de ma main, m’ôte aussi la consolation de vous répondre dans votre langue. […] Il montre que la première idée d’un compte rendu appartient à Desmarets, ministre des finances sur la fin de Louis XIV, et que c’est à ce ministre qu’on devrait en rapporter l’honneur.

1226. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Eugénie de Guérin, Reliquiae, publié par Jules Barbey d’Aurevilly et G.-S. Trébutien, Caen, imprimerie de Hardel, 1855, 1 vol. in-18, imprimé à petit nombre ; ne se vend pas. » pp. 331-247

Cette famille revendique l’honneur d’avoir donné des grands maîtres à l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, des cardinaux à l’Église, et un troubadour au beau ciel languedocien. « Garins d’Apchier, disent les manuscrits cités par Raynouard, fut un gentil châtelain du Gévaudan, vaillant et bon guerrier, et généreux, et bon trouvère et beau cavalier ; et il sut tout ce qu’on peut savoir du bel art de galanterie et d’amour. » Il passe même pour avoir inventé une forme nouvelle de poésie. […] Son centaure, vieilli et contristé, déclare au visiteur humain qui le consulte que, pour être allé avec tant d’ivresse et de fougue et avoir tant pressé et tourmenté l’immense nature, il n’a pas surpris le grand secret et n’a rien arraché à la nuit des origines ; qu’il a senti seulement le souffle errer, sans saisir le sens ni les paroles, et que l’incompréhensible est pour lui le dernier mot comme le premier. — Mais je n’ai pas à analyser ici les productions de Guérin ; il me suffit d’en rappeler l’idée et d’en provoquer le réveil : ses œuvres complètes, on nous l’annonce enfin, vont paraître, prose et vers, lettres et fragments d’art, grâce aux soins des mêmes amis qui se sont voués à l’honneur de son nom et à la conservation de sa mémoire.

1227. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Et puis, tout d’un coup, car nul esprit n’est plus sincère quand il est dans son premier bond, il a des hommages imprévus et des admirations pour cette nation française dont il est lui-même, bon gré, mal gré, avec son élément gaulois, et à laquelle il fait honneur. […] Il faut entendre de Maistre, témoin de cette scène qu’il raconte, et jouir de son étonnement. « Pendant ce temps, ajoute-t-il, Alexandre Ier proclame au milieu de la Germanie qu’il combat pour l’honneur et la liberté de l’homme.

1228. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Il ne songe pas à se soustraire, pour son compte, aux grandes croyances ni aux formes de croyances qu’il a remises en honneur et commandées. […] Thiers me fit l’honneur de m’écrire pour me remercier de l’avoir défendu contre les écrivains à effet ; mais il trouva, sans peine à ajouter à ce que j’avais dit, et il le fit si bien, d’une telle abondance de cœur et d’une telle verve, qu’il me semble que je ne saurais choisir aujourd’hui d’autre avocat pour lui que lui-même : « Il y a entre ces messieurs et moi, disait-il, un malentendu irréparable.

1229. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre. »

Gœthe me faisait en Allemagne les honneurs de la France. […] Créé membre de l’Institut par suite du décret qui introduisait au sein de l’Académie des Sciences morales une nouvelle section (politique, administration et finances), il parut plus surpris encore que flatté de cet honneur.

1230. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

On perd en soi-même toute émulation, et les plaisirs de la volupté deviennent le seul intérêt d’une existence sans gloire, sans honneur et sans morale ; tel on nous peint l’état des hommes du Midi sous les chefs du Bas-Empire. […] Le caractère romain, ce miracle de l’orgueil national et des institutions politiques, n’existait plus : les habitants de l’Italie étaient dégoûtés de toute idée de gloire ; ils ne croyaient plus qu’à la volupté, ils admettaient tous les dieux en l’honneur desquels on célébrait des fêtes ; ils recevaient tous les maîtres que quelques soldats élevaient ou renversaient à leur gré ; sans cesse menacés d’une proscription arbitraire, ils bravaient la mort, non par le secours du courage, mais par l’étourdissement du vice.

1231. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

Les Maures donnaient aux Espagnols leur esprit de magnificence ; les Espagnols inspiraient aux Maures leur amour et leur honneur chevaleresque. […] Quoique les Arabes fussent un peuple extrêmement belliqueux, ils combattaient pour leur religion bien plus que pour l’amour et pour l’honneur, tandis que les peuples du Nord, quel que fût leur respect pour la croyance qu’ils professaient, ont toujours eu leur gloire personnelle pour premier but.

1232. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre III. Inconvénients de la vie de salon. »

Chaque chevalier a son « frère d’armes », chaque dame a son amie, chaque membre a sa devise, et chaque devise, encadrée dans un petit tableau, va figurer dans « le Temple de l’Honneur », sorte de tente très galamment décorée et que M. de Lauzun a fait dresser au milieu d’un jardin310. — La parade sentimentale est complète, et, jusque dans cette chevalerie restaurée, on retrouve une mascarade de salon. […] On ne cache plus ses larmes, on tient à honneur d’être homme ; on est humain, on se familiarise avec ses inférieurs.

1233. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « La Religieuse de Toulouse, par M. Jules Janin. (2 vol. in-8º.) » pp. 103-120

L’archevêque de Toulouse (M. de Montpezat), en rendant son ordonnance conformément à l’arrêt du Conseil, aurait voulu adoucir l’exécution dans la forme, surtout en ce qui concernait les demoiselles de qualité, Mlles de Chaulnes, d’Aguesseau et autres ; il leur écrivait ou leur faisait faire des compliments de condoléance sur la nécessité rigoureuse où il était de les frapper ; mais elles eurent la générosité de se refuser à tout adoucissement, et tinrent à honneur d’être traitées comme la dernière de leurs compagnes. […] Janin n’est pas et n’a pas voulu être un tableau sévère ; c’est une fraîche et moderne peinture, décorée de noms d’autrefois, animée des couleurs d’aujourd’hui, une trame mobile où se croisent des fils brillants, où se détachent de jeunes figures, où s’est jouée en tout honneur une amoureuse fantaisie.

1234. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Marie Stuart, par M. Mignet. (2 vol. in-8º. — Paulin, 1851.) » pp. 409-426

 » Après un acte si rigoureux qu’elle laissait accomplir par crainte du scandale, et pour mettre son honneur au-dessus de toute atteinte et de tout soupçon, Marie Stuart n’avait, ce semble, qu’un parti à prendre, c’était de rester la plus sévère et la plus vertueuse des princesses. […] Dès ce jour, outragée, ulcérée dans son honneur et dans son affection, elle conçut contre Darnley un redoublement de mépris mêlé d’horreur, et jura de se venger des exécuteurs violents du meurtre.

1235. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Madame la duchesse d’Angoulême. » pp. 85-102

Son honneur est de n’avoir à aucun degré laissé la littérature, le roman, le drame, s’introduire dans le sanctuaire, à jamais voilé, de sa douleur. […] Elle parcourut les casernes, elle essaya d’électriser les soldats, elle les piqua d’honneur, rien n’y fit ; elle trouvait les cœurs fermés et repris par leur vieil amour.

1236. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre IV : La philosophie — I. La métaphysique spiritualiste au xixe  siècle — Chapitre I : Principe de la métaphysique spiritualiste »

Ernest Naville, l’honneur de l’exécuter. […] Le spiritualisme lui-même, souvent trop timide et qui craint trop d’ennuyer, plus occupé d’ailleurs de se défendre que de développer ses doctrines, n’a pas rendu jusqu’ici à son vrai maître, Maine de Biran, tout l’honneur qui lui était dû28.

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