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1562. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

— Je ne la crois pas assurée contre ce genre d’incendie, répondit le voisin. […] Mardi dernier, un critique, qui a chez cette dame ses entières franchises de tout impôt de ce genre, voulait y emmener un de ses amis. […] Mais, aux États-Unis, un accident de ce genre n’est jamais un événement. […] Le nombre des caudataires varie en proportion de la réputation ou de l’influence que peuvent exercer sur le public les célébrités des divers genres de littérature. […] Je passe la main à un maître du genre descriptif intelligent.

1563. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Il ne connut qu’alors son talent, & le genre dans lequel il devoit écrire. […] Les capucins revenoient continuellement au genre de vie scandaleux que menoient les cordeliers. […] On connoît le genre de travail de ces sçavans religieux. […] Leur nom seul paroissoit aux Port-royalistes devoir être l’objet de l’exécration du genre humain. […] Le genre de mort dont périt d’Aubrai, parut aux victimes une vengeance divine.

1564. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Si l’inoculation vient en mode, ils voudront encore exercer leur talent en ce genre. […] Il s’exerça dans presque tous les genres ; l’héroique, le dramatique, le pastoral. […] Son ouvrage admirable est fini dans son genre. […] En récompense, le bénédictin, sans s’être dévoué à un genre de vie aussi cruel, avoit plus de modestie. […] On fut contraint de délibérer du genre de punition convenable à leur faute.

1565. (1904) En lisant Nietzsche pp. 1-362

Tout autre genre d’existence [art, vie d’action, vie industrielle] doit lutter péniblement, se développer accessoirement, non pas comme aboutissement projeté, mais comme occupation tolérée. […] Leur seul tort est de vouloir y soumettre ceux pour qui elle n’est pas faite et qu’elle annihile, au grand dam de la société et du genre humain. […] L’impuissance de l’artiste et son impuissance consciente, ou, au moins, à demi consciente : « Les genres mêlés dans les arts témoignent de la méfiance que leurs auteurs ont eue à l’égard de leurs propres forces. […] Il y en a au moins deux genres très différents, opposés, nullement contraires, mais opposés. […] N’eût-il que du talent, je le tiendrais déjà pour homme qui a rendu des services au genre humain.

1566. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Il suivait un chapitre intitulé : Du vague des passions, et semblait ne renfermer qu’un exemple de ce genre d’affection. […] Le genre des Tristes (1806) ne diffère pas de celui des Essais. […] Du reste, son genre de beauté favorisait cette transfiguration. […] Je me contenterai d’avancer que l’un des aspects de ce genre littéraire se confond avec l’objet de cette étude. […] De tous les genres de mélancolie, le plus douloureux, en effet, n’est-il pas celui qui résulte de nos propres torts ?

1567. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Le genre de beauté des pièces sans action, c’est la beauté morale. […] C’est quelquefois merveilleux dans son genre. […] C’est un petit tableau de genre ! […] Il s’agit de la chute d’un genre et de l’avènement d’un genre nouveau, ou plutôt, avant son avènement, de ses démarches et menées (inconscientes) pour arriver au pouvoir. […] Ce genre nouveau procédait, bien entendu, de quelque chose.

1568. (1846) Études de littérature ancienne et étrangère

Il refusa les présents forcés que l’on avait coutume d’offrir aux gouverneurs romains, réprima tous les genres de concussions, et diminua les impôts. […] En lui seul étaient la voix du peuple, la liberté du sénat et la conscience du genre humain. […] Deux écrivains célèbres reprochent aux nations de l’antiquité de n’avoir pas connu le genre rêveur et mélancolique. […] Un certain Aristide de Milet avait écrit dans ce genre un recueil célèbre. […] C’est un genre faux, agréablement touché par un homme de génie.

1569. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Il est en effet bien peu de ses sermons où l’on ne rencontre quelques traits de ce genre. […] Seulement ce ne sont pas les contemporains qui s’aperçoivent qu’un genre s’épuise. […] Pareillement, le sermon, comme genre littéraire, avait vécu lorsque Massillon parut dans les chaires de Paris. […] — c’est que Marivaux a presque épuisé ce genre des surprises de l’amour où il s’était renfermé. […] L’auteur des Salons, ici comme partout, est venu troubler et confondre les genres.

1570. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Il fait ici et là de belles choses ; il n’est pas à croire qu’il enflamme jamais tout le genre humain de manière à le faire vivre tout entier chacun pour tous. […] Enfin, ce qu’on appelle libéralisme est une illusion assez singulière et un leurre d’un genre tout spécial. […] Ce qu’il faut connaître, c’est ce que pense le genre humain, lequel est composé des hommes qui ne sont plus, des hommes qui sont et des hommes qui seront, immense foule relativement à laquelle le genre humain d’aujourd’hui peut être considéré comme un individu. […] Cela ramène l’attention vers les efforts ou les inquiétudes du même genre qui se sont montrés il y a quatre-vingts ans sous diverses formes. […] Nous avons eu des historiens dans le genre de Dante.

1571. (1874) Premiers lundis. Tome II « L. Aimé Martin. De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes. »

De l’éducation des mères de famille, ou de la civilisation du genre humain par les femmes.

1572. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Note qu’il faut lire avant le chapitre de l’amour. »

Il se peut aussi que les hommes soient très intéressés, très amusés surtout, par l’attrait que leur inspire la beauté, par l’espoir ou la certitude de la captiver ; mais qu’a de commun ce genre d’impression et le sentiment de l’amour ?

1573. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 260-264

En effet, l’Evêque de Clermont est, dans son genre, aussi tendre, aussi moëlleux, aussi élégant, aussi soutenu, que l’Auteur d’Athalie.

1574. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 467-471

Ce n’est pas en qualité de Géometre que Pascal est regardé comme un Génie dont le nom se soutient avec gloire dans la Postérité : tant d’autres, plus habiles que lui* en ce genre, n’ont pas le même avantage !

1575. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 516-521

Nous connoissons encore de Vulson un autre Ouvrage à peu près dans le même genre, intitulé, de l'Office des Rois d'Armes, des Hérauts & des Poursuivans, de leurs antiquités & priviléges, des cérémonies où ils sont employés par les Princes, &c.

1576. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Préface »

Ils ont confisqué à leur profit une appellation qui convient à tout homme doué, quel que soit son genre de talent et de langage, de la puissance d’exalter la vie et d’élargir les battements du cœur.

1577. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

Ce genre d’influence fut sérieux sur elle, et sa pensée, même repentante, s’en ressentira toujours. […] Pourtant Mme de Longueville manquait de direction encore, et avec son genre de caractère, avec cette habitude de ne suivre jamais que des sentiments adoptifs, et de ne les régler que sur une volonté préférée, elle avait plus que personne besoin d’un guide très-ferme. […] Nicole tout simplement. » Au tome XII des Ouvrages de morale et de politique de l’abbé de Saint-Pierre, on trouve sur le genre d’esprit et la qualité intellectuelle de Mme de Longueville ce témoignage assez particulier qu’on n’aurait guère l’idée d’aller chercher là, et dont l’espèce de bizarrerie n’est pas sans piquant176 : « Je demandai un jour à M. […] Mais il est vrai qu’on verra peu de gens de cette qualité embrasser un genre de vie comme le sien, et demeurer fermes jusqu’au bout dans les grandes vérités de la religion, dans un grand mépris de soi-même, ce qui paroissoit jusque dans ses habits, et dans une uniformité pour ses devoirs essentiels comme elle l’a toujours témoigné.

1578. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Bernardin de Saint-Pierre »

Comme les peintures qu’on a données de ce genre de beautés naturelles n’ont commencé que tard dans notre littérature ; comme avant Jean-Jacques, Buffon et Bernardin de Saint-Pierre, on n’en trouve que des éclairs et des traits épars, sans ensemble, il faut bien que la tournure générale des idées et des croyances y ait influé. […] Corneille et Molière n’offrent nulle part rien de pittoresque en ce genre. […] Et ce genre de succès fut peut-être le plus cher à l’auteur, dont il caressait la chimère : Jean-Jacques se glorifiait avant tout d’avoir fait le Devin du Village  ; Girodet consumait ses veilles à devenir poète ; Alfieri se piquait d’être fort en grec, et Byron d’être le premier à la nage dans le Bosphore. […] Ils sont inférieurs de beaucoup aux vers de Fénelon, et très à l’unisson d’ailleurs de ce qu’ont tenté en ce genre tant de prosateurs illustres, depuis le Consul romain66.

1579. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

« Non, certes, la vie n’est pas si aride que l’égoïsme nous l’a faite : tout n’y est pas prudence, tout n’y est pas calcul, et quand une action sublime ébranle toutes les puissances de notre être, nous ne pensons pas que l’homme généreux qui se sacrifie a bien connu, bien combiné son intérêt personnel ; nous pensons qu’il immole tous les plaisirs, tous les avantages de ce monde, mais qu’un rayon divin descend dans son cœur pour lui causer un genre de félicité qui ne ressemble pas plus à tout ce que nous revêtons de ce nom, que l’immortalité à la vie. « Ce n’est pas sans motif cependant qu’on met tant d’importance à fonder la morale sur l’intérêt personnel : on a l’air de ne soutenir qu’une théorie, et c’est en résultat une combinaison très-ingénieuse pour établir le joug de tous les genres d’autorité. […] Mépris de soi-même, ou mépris du genre humain, Benjamin Constant laissa cette énigme à deviner à la postérité. […] Elle a fait home aux hommes de leur servitude ; elle a protesté contre la tyrannie ; elle a entretenu ou rallumé dans les âmes le feu presque éteint de la liberté monarchique, représentative ou républicaine ; elle a détesté à haute voix, quand tout se taisait ou applaudissait, le joug soldatesque, le pire de tous, parce qu’il est de fer, et qu’il ne se brise pas même, comme le joug populaire, par ses propres excès ; elle a donné du moins de la dignité au gémissement de l’Europe ; elle a été vaincue, mais elle n’a pas consenti à sa défaite, elle n’a pas loué l’oppression, elle n’a pas chanté l’esclavage, elle n’a pas vendu ou donné un seul mot de ses lèvres, une seule ligne de sa main à celui qui possédait l’univers pour doter ses adulateurs ou pour exiler ses incrédules ; elle a édifié et consolé l’esprit humain ; elle a relevé le diapason trop bas des âmes ; elle a trouvé dans la sienne, elle a communiqué à ceux qui étaient dignes de la lire, un certain accent antique peu entendu jusqu’à elle, dans notre littérature monarchique et efféminée, accent qui ne se définit pas avec précision, mais qui se compose de la sourde indignation de Tacite, de l’angoisse des lettres de Cicéron, du murmure anonyme du Cirque quand Antoine présente la pourpre à César, du reproche de Brutus aux dieux quand il doute de leur providence après la défaite de la cause juste, du gémissement de Caton quand il se perce de son épée pour ne pas voir l’avilissement du genre humain !

1580. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre VII. La littérature et les conditions économiques » pp. 157-190

Le commerce active la circulation du genre humain, comme la course et la lutte font circuler plus vite le sang dans les veines. […] Au théâtre, il s’est formé parfois de vrais syndicats de vaudevillistes se réservant le privilège d’approvisionner une salle de spectacle et excluant tout concurrent de ce débouché monopolisé ; ce fut le triomphe de la pièce à femmes et à décors ou du vaudeville mécanique, si bien que quelques personnes ont pu se demander avec un mépris excessif, mais ayant quelque raison d’être, si le théâtre était encore un genre littéraire. […] Les genres peu lucratifs, l’histoire, la philosophie ont été durant de longs intervalles délaissés, négligés. […] À toute époque, il est utile de connaître ce que rapporte un livre, une pièce ; comment et de quoi vivent les auteurs ; à quelle classe sociale ils appartiennent par la naissance, quelles ressources leur sont offertes en dehors de ce qu’ils gagnent par la vente de leurs ouvrages ; quels genres sont encouragés ou découragés par ceux qui paient ; quels changements graves, comme une extension de territoire, un accroissement de population, une diffusion plus grande du savoir, élargissent les débouchés ouverts à la production littéraire.

1581. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

Il y a encore des poètes, mais la poésie se meurt ; elle languit dans l’ingénieuse et stérile industrie du vers orné, ciselé et vide, ou dans l’exubérante fécondité de la description sans autre but et sans autre objet qu’elle-même, dans la mignardise de petits tableaux de genre où elle se tourmente à faire de la grâce, ou dans l’exaltation factice de passions imitées plutôt que ressenties. […] Sainte-Beuve ne semblait pas le croire, et il a porté un jugement bien sévère et décourageant sur les tentatives de ce genre ; c’est à propos d’une idée émise par Chênedollé, qui aimait à expliquer le médiocre succès du Génie de l’Homme (un autre Hermès, achevé celui-là) en se disant à lui-même que le temps n’était pas venu d’appliquer la poésie aux sciences, que la science était encore trop verte, trop jeune, que dans l’état des choses actuelles, elle n’était pas encore nubile et qu’il ne fallait pas songer au mariage. […] Sainte-Beuve aurait mille fois raison de dire que le style des Laplace est le seul qui convienne à ce genre de sujets. […] Mais l’homme ne peut pas se séparer de ce sentiment qui est en lui et sans lequel il ne serait pas homme : Si, hors du genre humain, tu n’es plus qu’un vain nom, En lui du moins tu vis, qu’il t’obéisse ou non.

1582. (1856) La critique et les critiques en France au XIXe siècle pp. 1-54

C’est néanmoins au xixe  siècle, c’est depuis trente années surtout, que par son alliance avec l’histoire, la philosophie, l’éloquence, par la grandeur et l’universalité de ses travaux, par le sentiment d’artiste dont elle a su animer ses appréciations et son style, la critique a mérité de prendre place parmi les genres littéraires les plus importants, les plus goûtés, et d’être à son tour l’objet d’une étude sérieuse, la matière d’une nouvelle critique. […] Aujourd’hui, dans la vieillesse de notre civilisation et dans la décadence évidente de plusieurs genres, la critique, par une compensation dont il faut bien se contenter, a pris un nouvel essor. […] Tantôt hardie comme le génie, impérieuse comme la loi, elle s’élevait d’un bond au type normal de chaque genre, et en traçait d’une main ferme les règles inviolables. […] Obstacles matériels Cette critique militante, qui est la difficulté et le triomphe du genre, qui, par les qualités qu’elle exige, netteté, décision, hardiesse, instinct heureux et pressentiment du goût public, convient si bien à l’écrivain français, a eu quelques beaux jours dans le premier quart du siècle.

1583. (1920) Action, n° 3, avril 1920, Extraits

Lorsque, trois ans plus tard, il prétend initier son notoire, homme placide et sans méchanceté, à l’intelligence des Chants de Maldoror, il écrit : « C’est quelque chose, dans le genre du Maufiecdh, de Byron et du Konrad de Misckiewickz, mais bien plus terrible ». […] Billyaz n’aime pas non plus le « genre Vanderem », et M. des Gachouba, qui glose à Femina, où M.  […] Vanderem s’était aperçu du genre critique de Baudelairebb. […] Cet écrivain français a abordé tous les genres : littérature gastronomique, éducative, histoire, roman d’aventures, pastiche… Il a été rendu célèbre avant la première guerre mondiale par ses À la manière de… composés avec Charles Muller, alors que Reboux est le directeur littéraire du Journal.

1584. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Victor Hugo. Les Contemplations. — La Légende des siècles. »

Malheureusement ou heureusement, comme on voudra, ce n’est pas même ce genre de talent qui domine dans le premier volume. […] D’autres qui sonnent la diane Dans le sommeil du genre humain ; L’un fatal, l’autre qui pardonne ; Eschyle en qui frémit Dodone, Milton ! […] Ce que dit la Bouche d’Ombre, les Mages, Ce que c’est que la mort, et vingt autres pièces du même genre, doivent être lues dans leur entier, pour qu’on puisse se faire une idée exacte de cette écrasante incompréhensibilité à laquelle M.  […] Hugo encore ; — pour le coup, caractérisant très bien son genre de travail, — nous avons trouvé un poète que nous n’attendions guère, un poète vivant quand nous pensions trouver un poète mort !

1585. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gui Patin. — II. (Fin.) » pp. 110-133

La littérature française ne se dégage complètement dans le genre épistolaire qu’à dater de Malherbe et de Balzac. […] Elles sont à la gauloise, sans cérémonie aucune, à des amis avec qui il pense tout haut et à qui il raconte ses affaires, celles de la Faculté, les nouvelles de la ville, les curiosités du monde savant, les livres qui s’impriment, les meurtres et assassinats qui se commettent, les exécutions, les faits de tout genre tels qu’ils le frappent et qu’ils lui arrivent : « Vous voyez que je n’y mets aucun soin de style et d’ornement, dit-il, et que je n’y emploie ni Phœbus ni Balzac. » Le premier mot qui lui vient, français ou latin, est celui qu’il écrit ; c’est souvent un gros mot, et quelquefois un bon mot ; mais cela vibre toujours et a de l’accent. On lit, en tête du recueil des Plus Belles Lettres françaises par Richelet, un jugement fort exact et fort net sur Gui Patin et sur sa personne ; ses lettres y sont louées pour leurs bonnes parties, pour leur liberté et leur enjouement, pour les bons contes et les faits curieux qu’elles renferment : « Ces choses, dit-on, doivent obliger à n’en point regarder de si près le langage : car il n’est pas toujours selon Vaugelas ni Patru. » Ainsi, du temps de la jeunesse de Gui Patin, il y avait une séparation bien marquée dans le genre épistolaire : d’un côté, l’art, et rien que l’art et la rhétorique, comme chez Balzac et ceux de cette école ; de l’autre côté, le naturel, et rien que le naturel, avec tous ses hasards et ses crudités comme chez Gui Patin.

1586. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

C’est un genre universel, très épanoui au xive  siècle, et dans lequel Boccace excelle comme Chaucer. […] On a vu l’ordre des combattants ; mais Froissart, qui veut être exact et qui est au niveau de la stratégie de son époque, Froissart, qui, en son genre, est aussi clair dans son récit de la bataille de Poitiers que tel moderne peut l’être dans celui de la bataille d’Austerlitz, nous expose que l’ordonnance du prince de Galles a de plus cela de particulier, qu’il a formé, d’une part, un corps d’élite de chevaliers pour faire tête à la bataille des maréchaux de France, et que, d’autre part, à main droite, sur une montagne qui n’est pas trop roide à monter, il a disposé trois cents hommes à cheval et autant d’archers à cheval également, pour longer à la couverte cette montagne et tomber à l’improviste, à un moment donné, sur le corps du duc de Normandie, qui est rangé au pied. […] Après le grand tableau, il faudrait le prendre dans l’épisode, dans l’anecdote militaire et chevaleresque, dans les mille incidents et tableaux de genre qui sont ses vignettes à lui.

1587. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Nouvelle correspondance inédite de M. de Tocqueville (suite et fin.) »

Mais en y réfléchissant, il me vient de grandes hésitations à traiter le sujet de cette manière : ainsi envisagé, l’ouvrage serait une entreprise de très-longue haleine ; de plus, le mérite principal de l’historien est de savoir bien faire le tissu des faits, et j’ignore si cet art est à ma portée : ce à quoi j’ai le mieux réussi jusqu’à présent, c’est à juger les faits plutôt qu’à les raconter ; et, dans une histoire proprement dite, cette faculté que je me connais n’aurait à s’exercer que de loin en loin et d’une façon secondaire, à moins de sortir du genre et d’alourdir le récit. […] Le modèle inimitable de ce genre est dans le livre de Montesquieu sur la Grandeur et la Décadence des Romains : on y passe, pour ainsi dire, à travers l’histoire romaine sans s’arrêter ; et cependant on aperçoit assez de cette histoire pour désirer les explications de l’auteur et pour les comprendre. […] Les monarchiens de tout genre et de tout bord qui remplissaient les Assemblées, surtout la dernière, ne faisaient autre chose que d’éliminer un à un tous les éléments démocratiques, tous les hommes de valeur et d’ardeur qui les représentaient.

1588. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

Et parmi ceux qui ne donnent pas le mouvement, mais qui se montrent attentifs à le suivre, ce genre d’influence est très-sensible : le Journal des Savants contient des articles de M. […] Trop de littéralité judaïque pour l’impression des œuvres posthumes est, qu’on y songe, un autre genre d’infidélité envers les morts : car eux-mêmes, vivants, auraient, en plus d’un cas, avisé et modifié Selon l’observation excellente que j’entendais faire à M allanche, beaucoup de ces mots étonnants et outrés qu’on surprend sur les brouillons de Pascal (comme cela vous abêtira 61, pouvaient bien n’être, dans sa sténographie rapide, qu’une sorte de mnémonique pour accrocher plus à fond la pensée et la retrouver plus sûrement. […] pour le coup, nos bons premiers éditeurs n’avaient en rien l’idée de ce genre de beauté tronquée qui tient de celle de la Vénus de Milo, et, toutes les fois qu’ils avaient rencontré un audacieux fragment ainsi debout, ils l’avaient incliné doucement et couché par terre.

1589. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Discours préliminaire » pp. 25-70

Il me semble que l’on n’a pas encore considéré comment les facultés humaines se sont graduellement développées par les ouvrages illustres en tout genre, qui ont été composés depuis Homère jusqu’à nos jours. […] Excitez l’homme enfin à tous les genres de supériorité, ils serviront tous au perfectionnement de sa morale. […] C’est dans ce genre seul que la gloire littéraire a été acquise, et qu’on peut reconnaître sa véritable influence.

1590. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Otons ces vêtements surajoutés ; prenons l’homme en soi, le même dans toutes les conditions, dans toutes les situations, dans tous les pays, dans tous les siècles, et cherchons le genre d’association qui lui convient. […] Quiconque y fait obstacle est l’ennemi du genre humain ; gouvernement, aristocratie, clergé, quel qu’il soit, il faut l’abattre. […] Voir dans Rousseau (Lettre à M. de Beaumont) une scène de ce genre, l’établissement du déisme et de la tolérance, à la suite d’un discours comme celui-ci.

1591. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre II. Littérature bourgeoise — Chapitre III. Littérature didactique et morale »

D’autres lapidaires, d’autres bestiaires suivront, attestant et le succès du genre et l’ineptie scientifique des lecteurs, d’autant plus extravagants que la description des choses naturelles s’y mêlera davantage de moralisations allégoriques. […] Un des lieux communs de cette morale chrétienne, c’est le Débat du corps et de l’âme, qu’on trouve en latin et en français dès le premier tiers du xiie siècle : on peut y rattacher une belle Apostrophe au Corps 88, qui est comme un réquisitoire vigoureux et souvent éloquent contre le corps, instrument de l’avilissement et de la damnation de l’âme ; cette pièce peut donner une idée du genre. […] Le xiiie  siècle aussi est le siècle îles allégories : en ce genre se distingua Raoul de Houdan, avec sa Voie de Paradis et son étrange Songe d’Enfer, où, à la table de Lucifer, il mange de bel appétit les gras usuriers et les vieilles pécheresses à toute sorte de sauces symboliques89.

1592. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre IV. La fin de l’âge classique — Chapitre II. La Bruyère et Fénelon »

Maximes et portraits sont une sensible manifestation du goût du siècle pour l’exacte vérité : ce sont deux genres faits pour la notation précise de la réalité, d’où l’invention romanesque, dramatique, poétique est exclue, où l’art littéraire s’approche autant qu’il est possible de l’expression scientifique. […] Il propose à l’Académie de faire une grammaire, une rhétorique, une poétique, des traités sur la tragédie, la comédie, l’histoire ; et à ce propos il dit ses idées, ses impressions, son goût sur les genres et sur les œuvres. […] Du chapitre sur la comédie ressort une préférence de Fénelon pour la comédie sentimentale : son admiration pour Térence oriente la comédie vers le genre larmoyant.

1593. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Il est insupportable de voir la Harpe le compter, avec Pascal et Buffon, « parmi les trois hommes qui ont eu le génie de la science et le talent d’écrire », et le louer « de ce style élégant et ingénieux qui se proportionne à tous les sujets et se plie à tous les tons. » D’Alembert y a tâché ; il a bien connu les convenances du genre ; mais lorsqu’il réussit, c’est par savoir-faire plutôt que de veine. […] Dans le Discours préliminaire de l’Encyclopédie, je lis cette remarque piquante sur la vanité des érudits, « plus grande, dit d’Alembert, que celle des poètes, parce que l’érudit croit voir tous les jours augmenter sa substance par les acquisitions qu’il fait sans peine, tandis que l’esprit qui invente est toujours mécontent de ses progrès, parce qu’il voit au-delà. » On ne sait trop qui a pu amener cette phrase, ni ce qu’elle fait dans un discours de ce genre, tant le titre et la matière emportent l’esprit loin de réflexions agréables sur les mœurs littéraires. […] Ceux qui sont allés jusqu’au bout de ses romans licencieux y ont appris, entre autres choses, qu’il y a de la mode jusque dans la licence, et que l’écrivain qui va le plus loin en ce genre ne peut pas même se promettre la gloire de n’être pas surpassé.

1594. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Ajoutons qu’une telle entreprise, de la part d’un homme d’autant d’esprit, et la vogue qui s’ensuivit pour le genre même, nous donnent une idée peu haute de la moralité moyenne du temps et du monde où il écrivait. […] Bref, pour conclure littérairement sur Bussy, il a sa date dans l’histoire de la langue ; il est grammairien, puriste, cherchant et trouvant la propriété des termes : « Il écrivait avec peine, a dit quelqu’un qui l’a bien connu39, mais les lecteurs n’y perdaient rien ; ce qu’il écrivait ne coûtait qu’à lui. » Il y a du Vaugelas en Bussy ; et de plus, dans le genre épistolaire, il fait le lien de Voiture à Mme de Sévigné. […] Et là-dessus Bussy ayant écrit à son ancien général une lettre de compliment et de reconnaissance, Turenne lui avait répondu par une lettre qui, « dans sa manière courte et sèche (c’était son genre), était peut-être une des plus honnêtes qu’il ait jamais écrites ». — Je crois maintenant en avoir assez dit, mais il m’était resté comme un remords de n’avoir caractérisé qu’imparfaitement ce portrait de Turenne par Bussy, lequel portrait, d’ailleurs, est en soi l’une des pièces les plus nettes et les plus achevées de notre littérature : c’est un simple dessin sans couleur aucune, mais des plus expressifs et des plus parlants.

1595. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1861 » pp. 361-395

Ce genre de théâtre n’est absolument que la surexcitation de tous les bas appétits du public. Et ce qu’on vient de trouver de mieux en ce genre, c’est d’habiller les femmes en militaires : de greffer le chauvinisme sur l’érotisme. […] Ou vous faites des vers qui ne sont pas des vers de comédie, ou vous faites de la prose… Oui, tout ira au roman, c’est si vaste… et un genre qui se prête à tout… Il y a bien du talent dans le roman maintenant ! 

1596. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Résumé et conclusion »

Idéalisme et matérialisme sont donc les deux pôles entre lesquels ce genre de dualisme oscillera toujours ; et lorsque, pour maintenir la dualité des substances, il se décidera à les mettre l’une et l’autre sur le même rang, il sera amené à voir en elles deux traductions d’un même original, deux développements parallèles, réglés à l’avance, d’un seul et même principe, à nier ainsi leur influence réciproque, et, par une conséquence inévitable, à faire le sacrifice de la liberté. […] Alors, comme le souvenir pur ne peut évidemment être que quelque chose de ce genre (puisqu’il ne correspond pas à une réalité présente et pressante), souvenir et perception deviennent des états de même nature, entre lesquels on ne peut plus trouver qu’une différence d’intensité. […] La fonction de l’entendement est de détacher de ces deux genres, extension et tension, leur contenant vide, c’est-à-dire l’espace homogène et la quantité pure, de substituer par là à des réalités souples, qui comportent des degrés, des abstractions rigides, nées des besoins de l’action, qu’on ne peut que prendre ou laisser, et de poser ainsi à la pensée réfléchie des dilemmes dont aucune alternative n’est acceptée par les choses.

1597. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre III. »

» Tel devait être, ce semble, à l’origine du genre humain, à l’envoi de ce spectateur et de ce maître sur la terre, le premier élan de la poésie : elle remontait à Dieu et lui présentait l’offrande du monde. […] Ce caractère, ce genre de diction, je ne veux pas dire tempéré, comme l’ont nommé quelques hébraïsants trop classiques, mais unique, mais original, et semblable, pour ainsi dire, à une inspiration si divine qu’elle ne coûte aucun effort, qu’elle n’agite pas le prophète, qu’elle ne trouble pas le son de sa voix et qu’elle tombe doucement de ses lèvres, nous en avons de nombreux exemples dans Pindare ; mais une gracieuse image s’en retrouve aussi dans l’ode charmante d’Horace : Quem tu, Melpomene, semel Nascentem placido lumine videris, Illum non labor Isthmius Clarabit pugilem, etc. […] Il est une autre forme encore du cantique hébreu, celle même que le docteur Lowth, dans son admiration un peu scolastique, rapporte au genre sublime, où le parallèle est plus acceptable, quoique la supériorité ne soit point douteuse.

1598. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Roederer s’est beaucoup essayé dans le genre des scènes historiques ; il a tâché d’en reproduire du xvie  siècle et du temps de la Ligue ; il a voulu, à l’exemple du président Hénault (lequel lui-même se ressouvenait de Shakespeare), représenter et nous rendre l’histoire en action, nous montrer les personnages avec leurs mœurs, leur ton de tous les jours et dans la familiarité. […] C’est un petit épisode qui a un caractère parfait d’originalité, et qui montre, comme si l’on y était, le genre d’esprit et de vie d’un héros.

1599. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Mémoires et journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guettée. — I » pp. 248-262

Bossuet avait tous les genres d’éloquence ; et cette facilité merveilleuse d’une parole née de source et si nourrie d’étude et de doctrine, les occasions de toutes sortes qu’il eut de bonne heure dans les emplois du sacerdoce pour appliquer ces dons de nature et en distribuer les fruits, expliquent jusqu’à un certain point cette satisfaction tranquille, cette stabilité précoce d’un esprit qui sent qu’il n’a qu’à continuer et suivre sa marche droite, et qu’il est dans le chemin qui mène à Jérusalem. […] Ces pages, où il entre évidemment plus de Bossuet que de l’abbé Le Dieu, sont égales, sinon supérieures, à tout ce que l’abbé Maury a dit de mieux sur la rhétorique du genre ; et elles vont se joindre, dans une bibliothèque raisonnée et bien composée, à ce qu’on lit de plus vivant dans les grandes parties du De oratore de Cicéron, et aux Dialogues de Fénelon sur l’éloquence.

1600. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — I » pp. 246-260

Il fut pris, à dix-sept ans, de ce que son compatriote Segrais appelait la petite vérole de l’esprit, c’est-à-dire qu’il voulut se faire religieux ; par bonheur pour ses lecteurs futurs et pour le bien du genre humain (c’est lui-même qui nous le dit aussi naïvement qu’il le pense), on le jugea trop faible de santé pour soutenir les exercices du chœur, et sa fièvre de vocation eut le temps de se dissiper. […] Au fur et à mesure qu’il s’appliquait à un sujet, selon sa méthode d’examen étrangère à toute considération historique, il était frappé de ce que les idées, les plus raisonnables selon lui, étaient le moins en usage, et que, sur chaque point, le genre humain semblait encore dans l’enfance.

1601. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Quatre moments religieux au XIXe siècle. »

Mais ce n’est point sans sophisme et sans des subtilités de plus d’un genre que ces toiles si souvent rompues et déchirées réussissent, en apparence et pour quelque temps, à se réparer et à se reformer. […] De même qu’un honnête homme évite l’entretien des femmes perdues de mœurs et des hommes déshonorés, de même un chrétien doit-il éviter la lecture des ouvrages qui n’ont fait que du mal au genre humain.

1602. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Elle voudrait, contre les excès de tout genre, établir et pratiquer une critique de répression et de justesse, de bonne police et de convenance, une critique pourtant capable d’exemples, et qui, sachant se dérober par intervalles au spectacle d’alentour, à ces combats de Centaures et de Lapithes comme ceux que nous voyons aujourd’hui, irait s’oublier encore et se complaire à de studieuses, à d’agréables reproductions du passé. […] Or ce sens de vérité est précisément ce qui, dans tous les genres, dans l’art, dans la littérature d’imagination et, ce qui nous paraît plus grave, dans les jugements publics qu’on en porte, s’est le plus dépravé aujourd’hui.

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