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1483. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

De presque là une antinomie entre la beauté très restreinte de l’utile tous les autres genres plus larges de libre beauté. […] N’oublions pas d’ailleurs que, pour être absolument inexpressive, une sensation devrait être isolée, détachée dans l’esprit ; il n’en est pas une de ce genre, et la cuisine même peut acquérir par association quelque valeur représentative : une salade appétissante est un petit coin de jardin sur la table et comme un résumé de la vie des champs ; l’huître dégustée nous apporte une goutte d’eau de l’Océan, une parcelle de la vie de la mer. […] Ce genre de plaisir en face des œuvres d’art peut être éprouvé même par des singes, qui font des grimaces de satisfaction et d’affection devant l’image d’animaux de leur espèce, qui se fâchent ou prennent peur devant celle d’autres animaux.

1484. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre I. La critique » pp. 45-80

Le critique qui, par définition doit être un esprit clair, méthodique, ami des dissociations d’idées, partisan de la différenciation, oublie, tout comme les autres, les limites propres au genre qu’il a choisi : 2º Accablé par la quantité d’œuvres qu’il doit examiner, il n’a plus la lucidité nécessaire, le temps et la place de développer ses idées, d’examiner l’ensemble d’un roman ou d’une comédie. […] Dans les revues, elle est devenue un refuge, c’est le seul genre d’articles qu’on accepte d’un débutant — qui peut ainsi y apprendre des faits, y gagner des idées, en un mot, y faire un apprentissage utile et s’y dresser aux méthodes. […] En résumé, la confusion des genres qui a atteint la critique elle-même, la hâte résultante des ambitions plus vives, la multiplicité des livres nouveaux, la place plus restreinte qu’on lui accorde dans les journaux et l’abus des éloges payés, ont provoqué une crise de la critique plus apparente que réelle.

1485. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Il y a tel genre de littérature et tel genre de peinture où la couleur fait le principal mérite. […] Pour moi qui ne retiens d’une composition musicale qu’un beau passage, qu’un trait de chant ou d’harmonie qui m’a fait frissoner ; d’un ouvrage de littérature qu’une belle idée, grande, noble, profonde, tendre, fine, délicate ou forte et sublime, selon le genre et le sujet ; d’un orateur qu’un beau mouvement ; d’un historien qu’un fait que je ne réciterai pas sans que mes yeux s’humectent et que ma voix s’entrecoupe ; et qui oublie tout le reste, parce que je cherche moins des exemples à éviter que des modèles à suivre, parce que je jouis plus d’une belle ligne que je ne suis dégoûté par deux mauvaises pages ; que je ne lis que pour m’amuser ou m’instruire ; que je rapporte tout à la perfection de mon cœur et de mon esprit, et que soit que je parle, réfléchisse, lise, écrive ou agisse, mon but unique est de devenir meilleur ; je pardonne à Le Prince tout son barbouillage jaune dont je n’ai plus d’idée, en faveur de la belle tête de ce musicien champêtre.

1486. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Son vrai genre, à lui, c’est l’éloge, comme le prouvent admirablement ses discours à l’Académie, qui sont presque tous des chefs-d’œuvre ! […] … Par quel genre d’envie ? […] Nisard, « appelle la pitié sur ses mains saignantes des coups qu’il a portés au genre humain ».

1487. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Ce que j’y ai trouvé, c’est un fantaisiste américanisé comme un cheval est hongre, un utilitaire besoigneux, qui ne s’occupe plus de la question du beau en littérature, mais de l’éducation des peuples, de l’amélioration des races, de la réconciliation générale de ces ennemis qui, jusqu’à cette heure, ont composé le genre humain. […] Lui qui avait de la réalité à côté de l’imagination dans la tête, qui avait de l’observation, de la netteté dans le regard, et de la raillerie au service de tout ce qui était hypocrite, pédant et niais, croit à la perfectibilité du genre humain comme le plus simple épicier de cette grande époque, dont c’est l’opinion. […] ce n’est pas un pleurard du genre de Jules Favre, mais la larme monte et perle dans ces yeux pétillants du feu acéré de l’esprit pendant si longtemps… et que je croyais immortel !

1488. (1868) Curiosités esthétiques « VII. Quelques caricaturistes français » pp. 389-419

Il est bon de faire remarquer que l’œuvre dont je parle est d’un genre simple et sérieux, et qu’elle ne demande aucune des qualités qu’on a attribuées plus tard gratuitement à un artiste aussi incomplet dans le comique. […] Je vais décrire quelques-unes des planches les plus frappantes, empruntées à des genres différents. […] Il a, remarquez bien ce trait, souvent refusé de traiter certains motifs satiriques très-beaux, et très-violents, parce que cela, disait-il, dépassait les limites du comique et pouvait blesser la conscience du genre humain.

1489. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « APPENDICE. — LEOPARDI, page 363. » pp. 472-473

Les poëtes anglais, tels que William Cowper, ou ceux qu’on a compris sous le nom de Lakistes, offrent à chaque page des pièces dans ce genre moral, familier, domestique, que j’aurais voulu voir se naturaliser en France, et que j’ai tout fait à mon heure pour y introduire.

1490. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — S — Séverin, Fernand (1867-1931) »

L’auteur du Don d’enfance a le sens délicat de l’idylle et de l’églogue ; sa forme, d’une pureté limpide, s’harmonise étroitement avec ces genres virgiliens, et il sait en tirer de mélodieuses gammes claires.

1491. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre IV. Petits Symbolards » pp. 49-52

Il développera parmi la prime jeunesse les vocations latentes de dramaturge et de poète genre chevalerie.

1492. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 241-244

Alors la Muse, délivrée de lourdes entraves qui la retiennent captive, verra s’évanouir en un instant tous ces fantômes pleureurs qui l’obsedent ; alors hurlemens de cesser, pantomime lugubre de disparoître, larmes comiques de tarir ; alors on aura honte d’avoir applaudi à des Comédies larmoyantes, & toutes les Pieces de ce genre seront universellement déclarées bâtardes & réprouvées, comme le Fils naturel de M.

1493. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 440-443

Ses plus grands succès ont été précisément dans le genre qu’il auroit dû s’interdire.

1494. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — L — article » pp. 150-153

Il s’est attaché à un genre qui exige plus de talens, & plus propre à lui donner une place distinguée parmi les Ecrivains utiles.

1495. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 308-311

Il s’est exercé dans plus d’un genre, dans l’Histoire, l’Eloquence & la Traduction.

1496. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 90-93

Le galimatias de Richesource est passé en proverbe, & jamais Auteur n'a mieux mérité ce genre de célébrité.

1497. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 162-165

La Morale, la Méthaphysique, l'Histoire, la Tragédie, n'ont point effrayé sa plume, ou, pour mieux dire, il a traité tous ces genres avec les derniers excès du mauvais goût.

1498. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre quatrième. Du Merveilleux, ou de la Poésie dans ses rapports avec les êtres surnaturels. — Chapitre XV. Du Purgatoire. »

On avouera du moins que le purgatoire offre aux poètes chrétiens un genre de merveilleux inconnu à l’antiquité87.

1499. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Restout le fils » pp. 284-285

Que ne suivez-vous ce genre ?

1500. (1857) Réalisme, numéros 3-6 pp. 33-88

Je m’aperçois aujourd’hui d’une grave erreur, qu’on commet vis-à-vis de ce genre d’écrivains. […] Taine, Edmond About, Henry de Kock, Amédée Achard, feu Nicolardot, fruits confits à l’École normale, excellente maison pour la préparation de ce genre de produits. […] On l’accusa d’avoir créé le genre bas. […] Dans ces trois petits livres il y a une hésitation remarquable, les genres les plus contraires se coudoient ; la fantaisie le préoccupe, mais il sent autre chose, et de temps en temps fait comme il sent. […] Dans la situation actuelle des arts, les hommes du genre ne sont pas plus spirituels ou plus naïfs que les hommes du style ou de la couleur.

1501. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Introduction. » pp. -

Ces paroles qui arrivent à votre oreille, ces gestes, ces airs de tête, ces vêtements, ces actions et ces œuvres sensibles de tout genre, ne sont pour vous que des expressions ; quelque chose s’y exprime, une âme. […] Cette divination précise et prouvée des sentiments évanouis a, de nos jours, renouvelé l’histoire ; on l’ignorait presque entièrement au siècle dernier ; on se représentait les hommes de toute race et de tout siècle comme à peu près semblables, le Grec, le barbare, l’Indou, l’homme de la Renaissance et l’homme du dix-huitième siècle comme coulés dans le même moule, et cela d’après une certaine conception abstraite, qui servait pour tout le genre humain. […] Elle-même provient d’une autre cause plus générale, l’idée de la conduite humaine tout entière, intérieure et extérieure, prières, actions, dispositions de tout genre auxquelles l’homme est tenu vis-à-vis de Dieu ; c’est celle-ci qui a intronisé la doctrine et la grâce, amoindri le clergé, transformé les sacrements, supprimé les pratiques, et changé la religion disciplinaire en religion morale. […] Si, au contraire, la conception générale à laquelle la représentation aboutit est une création poétique et figurative, un symbole vivant, comme chez les races aryennes, la langue devient une sorte d’épopée nuancée et colorée où chaque mot est un personnage, la poésie et la religion prennent une ampleur magnifique et inépuisable, la métaphysique se développe largement et subtilement, sans souci des applications positives ; l’esprit tout entier, à travers les déviations et les défaillances inévitables de son effort, s’éprend du beau et du sublime et conçoit un modèle idéal capable, par sa noblesse et son harmonie, de rallier autour de soi les tendresses et les enthousiasmes du genre humain.

1502. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

… À la vérité, la Critique n’ignorait pas qu’un tel ouvrage, diamant perdu et rapporté à un écrin immense, n’y ajouterait guères qu’une étincelle ; mais ce qu’elle tenait à indiquer, c’est que ce livre inaugurerait peut-être dans la littérature française du xixe  siècle un genre particulier de littérature, qui a son nom depuis longtemps en Angleterre (littérature fashionable ou de high life), et qui, n’existant pas en France, y débute, grâce à Balzac, par un chef-d’œuvre. […] Balzac n’aurait retrouvé ce genre de rire qu’il n’eut qu’une fois, — dont une fois il a fleuri sa fantaisie, — ce rouge bourgeon de vigne qu’il a ôté, pour le mettre à sa couronne, d’autour du hanap de Rabelais. IV Ce genre de rire, Balzac l’a défini lui-même quand il osa offrir des Contes drolatiques à la gravité du xixe  siècle. […] Ainsi, dans le tableau que je viens de raconter, il y a un effet de profil extérieur et intérieur produit par la tête ouverte, et qu’il faut voir pour le comprendre et même pour comprendre le genre de hardiesse du talent de Doré.

1503. (1887) Études littéraires : dix-neuvième siècle

Tous les amours de Chateaubriand ont été de ce genre. […] Nisard brait » ; mille traits de ce genre. […] Or de l’esprit, Hugo en a, mais d’un certain genre ; et il a le genre d’esprit qu’on a d’ordinaire quand on n’en a pas assez. […] Il y a un genre plus élevé, c’est le lieu commun moral. […] Mais encore à quel genre spécialement ?

1504. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Lettres de la mère Agnès Arnauld, abbesse de Port-Royal, publiées sur les textes authentiques avec une introduction par M. P. Faugère » pp. 148-162

On avait essayé dans le temps de recueillir toutes les lettres de la mère Agnès comme on avait fait pour celles de sa sœur publiées en 1742-1744 ; mais l’entreprise était restée en chemin, soit qu’on n’eût pas réussi à réunir tout ce qu’on espérait, soit que le public qui s’intéressait à ce genre d’ouvrages eût fort diminué à mesure qu’on avançait dans le xviiie  siècle. « Il y a lieu surtout d’être étonné, remarquait dom Clémencet au sujet de ces mêmes lettres, que nous en ayons si peu de celles qu’elle a écrites à la reine de Pologne, avec laquelle les mémoires de Port-Royal nous apprennent que la mère Agnès continua la relation qu’avait eue la mère Angélique durant les sept années que cette reine survécut. » C’est qu’on avait eu, dès le principe, moins de précautions dans un cas que dans l’autre pour s’assurer de ne rien perdre. […] Je ne sais pas de lettre plus propre à faire comprendre le genre de raillerie et parfois d’ironie douce et riante de la mère Agnès que celle qu’elle adressa à son neveu, le célèbre avocat Le Maître, en réponse à ce qu’il lui avait écrit sur ses intentions prochaines de mariage36.

1505. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Étude sur la vie et les écrits de l’abbé de Saint-Pierre, par M. Édouard Goumy. L’abbé de Saint-Pierre, sa vie et ses œuvres, par M. de Molinari. — II » pp. 261-274

L’abbé était connu d’ailleurs pour n’aimer personne en particulier ; il embrassait trop le genre humain en masse pour se resserrer ainsi dans un choix unique. […] Il regardait comme un devoir du citoyen d’en donner d’autres à la patrie, et du tribut qu’il lui payait en ce genre il peuplait la classe des artisans.

1506. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Chants du crépuscule (1835) »

Beaucoup de poètes lyriques, dans le genre de l’ode, n’ont pas fait autrement, je le sais. […] Mais c’est qu’il y a un genre de beautés que M.

1507. (1861) La Fontaine et ses fables « Première partie — Chapitre III. L’écrivain »

Il essayait d’arranger l’Eunuque de Térence, et flottait assez maladroitement entre deux genres, sans atteindre la fidélité d’une traduction ni l’intérêt d’une imitation. […] Nous n’avons réussi en ce genre qu’à fabriquer de jolies machines en carton vernissé, bonnes à garder sous verre à titre de curiosités historiques.

1508. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre IV. Guerres civiles conflits d’idées et de passions (1562-1594) — Chapitre I. Les mémoires »

Souvent les œuvres littéraires furent des actes politiques, quelquefois des actes décisifs : mais surtout l’état politique créa des conditions qui permirent à certains genres de grandir, ou de se transformer, ou d’éclore. […] Mais, en ce genre, ce qu’il faut placer en face de Monluc, c’est Brantôme213.

1509. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre V. Indices et germes d’un art nouveau — Chapitre II. Signes de la prochaine transformation »

Le genre en apparence le plus conservateur, le plus lié par les traditions et les règles, c’est le genre dramatique.

1510. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IV. La littérature et le milieu psycho-physiologique » pp. 126-137

Théophile Gautier l’a décrit avec amour48 : « Ce nez invraisemblable se prélasse dans une figure de trois quarts, dont il couvre entièrement le petit côté ; il forme sur le milieu une montagne qui me paraît devoir être, après l’Himalaya, la plus haute montagne du monde ; puis il se précipite vers la bouche qu’il obombre largement, comme une trompe de tapir, ou un rostre d’oiseau de proie ; tout à fait à l’extrémité, il est séparé en deux portions… Cela fait comme deux nez distincts, dans une même face, ce qui est trop pour la coutume… » Les gens de lettres sont alors riches en particularités comiques du même genre. […] Le Français de nos jours a introduit dans son alimentation le thé, qui était pour nos grand’mères une tisane, le grog, le punch, avec les biftecks et les poudings ; le Français, devenu de la sorte mangeur de viandes saignantes et de pâtisseries lourdes, amateur de condiments violents et de boissons tour à tour fortes ou fades, est le même qui goûte les brusques secousses de l’humour, les drames de Shakespeare, les romans de Dickens, la gaieté macabre des clowns et les sports de tout genre.

1511. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Cours de littérature dramatique, par M. Saint-Marc Girardin. (2 vol.) Essais de littérature et de morale, par le même. (2 vol.) » pp. 7-19

Malheur à tout ouvrage de ce genre qui sera toujours sérieux, toujours grand ! […] Le nom d’Aristarque, le maître en ce genre de sagacité grammaticale, est passé en circulation à l’état de type, et signifie l’oracle même du goût.

1512. (1864) De la critique littéraire pp. 1-13

De ce que j’ai écrit des articles de critique, il ne s’ensuit pas que j’aie les qualités nécessaires à ce travail, et encore moins que j’aime beaucoup ce genre de littérature. […] Elle s’est donnée d’abord comme un nouveau genre de littérature ; elle tend aujourd’hui à les absorber tous ou du moins à les dominer.

1513. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

L’âge de l’établissement du christianisme fut pour le genre humain l’âge de l’émancipation morale, qui avait succédé à celui de l’empire absolu de l’imagination. […] Comme le genre humain ne doit rien perdre de ce qu’il a successivement acquis, il faut tâcher de retenir ce que nous pourrons des deux âges qui ont précédé ; et surtout il faut admettre que l’âge actuel ne pourrait pas exister, tel qu’il est, ou tel qu’il sera par la suite, s’il n’eût pas été préparé par tous les développements des deux autres âges.

1514. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Mme de Staël qui commence le siècle, Mme de Staël qui avait pour Napoléon une haine de femme dédaignée, et qui, naïvement, se croyait, en femme, ce que l’Empereur était, en homme, Mme de Staël avait devancé et deviné Saint-Simon avec son pape et sa papesse égalitaires… Quoique mort sans papesse, en effet, le saint-simonisme en marqua la place dans sa hiérarchie ; et par cela seul qu’il la marqua, il fut tout de suite et il est resté une des causes les plus actives du remue-ménage qui s’est produit dans l’esprit et la vanité des femmes de ce temps, enragé de tous les genres d’émancipation. […] En effet le genre d’influence que la femme exerçait en France et en Europe, aux temps chevaleresques de leur double histoire, n’est plus, et toute trace en est effacée ; mais elle a été remplacée par une autre, moins généreuse et plus grossière, — et cette autre espèce d’influence tend à devenir un empire, — le Bas-Empire d’un temps où les Monarchies ne tombent plus en quenouille, mais les Mœurs, — si on peut dire de quelque chose « tomber en quenouille » alors que les femmes n’en veulent plus !

1515. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXII. La comtesse Guiccioli »

Mme de Staël, qui, même sans amour, aurait mieux parlé de Byron que Mme Guiccioli, n’arracha jamais entièrement son génie au bas-bleuisme quelle tenait de la race pédante (les Necker, père et mère) à laquelle elle appartenait… Mais le cœur de Mme Guiccioli était moins vaillant que le génie de Mme de Staël… C’était un genre de cœur qui ressemblait à son genre d’esprit.

1516. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Que les poètes et les amateurs du genre chinois se consolent donc en le lisant, mais qu’ils le lisent, et, le dégât fait par notre voyageur dans beaucoup de préjugés traditionnels, ils verront que si le peuple qu’il a peint n’est pas un grand peuple, c’est encore une curiosité. […] Quant à nous, qui avons cherché dans le livre de Huc une occasion d’être juste envers un pays pour lequel nous n’avons jamais éprouvé de respect ni de sympathie, ce que nous avons trouvé de plus remarquable dans ce peuple, qui a le mouvement sans la vie, c’est l’esprit, — c’est ce genre de pensées qui ne viennent pas du cœur, par opposition avec les grandes qui en viennent et qui constituent le Génie, — c’est l’esprit comme les vieilles civilisations le comprennent, volatil, brillant, chatoyant, agaçant comme un diamant aux lumières, affilé comme un dard, passant comme une flamme, ou qui reste comme un parfum.

1517. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « M. de Lacretelle » pp. 341-357

Henri de Lacretelle, en nous parlant beaucoup trop des amis de Lamartine, cette pâle constellation de médiocrités comme les hommes supérieurs en voient toujours rouler autour d’eux dans la vie, et l’esprit moderne n’oublie pas sa réclame, qui est le genre d’esprit de ce gros utilitaire ! […] La France monarchique et catholique à la vie dure vivait toujours, malgré tout ce qu’on avait fait pour la tuer… Les causes du succès du Génie du Christianisme, qui fut un triomphe et qu’on pouvait appeler : le 18 brumaire de la pensée, car ce jour-là Chateaubriand avait jeté les idées de la Révolution par la fenêtre, comme Bonaparte y avait jeté les représentants, — les causes de ce beau succès n’étaient pas toutes dans le talent, nouveau comme le Nouveau Monde, d’où il venait, et qui se révélait tout à coup avec tant d’éclat… Mais le succès de Lamartine, beaucoup plus personnel, venait, lui, uniquement de son genre de génie.

1518. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

Au bonheur d’une félicité non interrompue il fallait ajouter l’honneur d’avoir souffert quelques jours, et on a inventé cette gloire du malheur pour que le bonheur de Goethe fût plus grand, son illustration plus complète, et que tous les genres d’intérêt, cet enfant gâté de la destinée les inspirât… Après cela, dira-t-on que la Fortune n’est pas une chienne fidèle, — et qu’elle n’a pas payé dans les mains de Goethe tout ce qu’elle doit depuis des siècles aux hommes de génie malheureux ? […] Par un procédé qui tient au genre d’imagination de l’auteur des Hommes et Dieux, il a trouvé dans Goethe des motifs de femme, dont il a fait ses femmes.

1519. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « IX. L’abbé Mitraud »

C’est un utopiste du même genre, resté utopiste, malgré des expériences qui auraient corrigé l’abbé de Saint-Pierre s’il avait vécu dans notre temps, et si les prêtres tombés de plus haut que les autres hommes dans l’Ordre spirituel, pouvaient se relever et n’étaient pas presque toujours incorrigibles ! […] Révolutionnaire, quoiqu’il dise pour s’en défendre, l’auteur de la Nature des Sociétés humaines a écrit « que les révolutions sont les suprêmes efforts du genre humain pour découvrir les vraies conditions de sa vie, pour les définir exactement et s’y soumettre » ; ce qui revient positivement à dire que toutes les ivrogneries de la colère doivent servir à clarifier la vue ; singulier collyre, il faut en convenir !

1520. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Pauvres et austères, leur genre de vie leur interdisait cette foule de sensations variées et délicates, qui, en frappant légèrement les sens, passent dans l’âme, et de là dans les langues qu’elles enrichissent. […] Le premier éloge de ce genre qui se prononça dans Rome, fut celui de Brutus qui chassa les tyrans.

1521. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Tels, dans leur siècle et leur pays, ont été, parmi les historiens, Tacite ; parmi les moralistes, Montaigne ; parmi les philosophes, Bacon ; parmi les poètes, Corneille ; et, à la fin du règne de Louis XIV, ce Fontenelle, dont le genre d’esprit, qui n’était qu’à lui, a été si critiqué et si loué pendant quatre-vingts ans. […] Il a donné à ce genre d’ouvrages un ton plein de dignité et de force, et qu’il n’avait point du tout avant lui.

1522. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXXIV » pp. 141-143

Il y a de jolis vers ; elle a du genre de talent de son père : Ève perdit l’Éden, afin de le rêver !

1523. (1875) Premiers lundis. Tome III « Senac de Meilhan »

M. de Meilhan paraît craindre que l’imprimerie et tout ce qu’elle amène avec elle sous un régime d’entière publicité et de liberté ne serve bien moins à favoriser le génie et les grandes œuvres qu’à exciter le goût de la malignité, de la raillerie, de la chronique satirique, à propager les productions du genre de celles dont il était déjà témoin en 1790, à cette seconde année de la Révolution.

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