Heureusement la Religion a suppléé abondamment aux vains efforts de la charité poétique.
L'amour-propre sur lequel il établit tout, est la vanité ou l'orgueil, poison, selon lui, si universellement répandu sur toute l'humanité, que l'homme ne peut le détruire, malgré tous les efforts de sa raison.
Nous avons la conscience de n’être demeurés étrangers à aucun effort littéraire.
Mais à quels efforts de génie ne s’engage-t-il pas alors ?
Voilà ce qui a rendu impuissants les nobles efforts du cardinal Pierre d’Alliac.
Il ne propose pas rondement et nettement la partie de plaisir ; vis-à-vis d’un gentilhomme l’air réservé est toujours d’obligation, il faut que l’invité puisse se dégager sans effort ; on ne doit lui vanter un amusement qu’avec mesure et doute, ne pas l’entraîner, ne pas marquer un trop fort désir, ne pas le contraindre à la complaisance. […] Le chêne plaint le frêle roseau, « dont le moindre vent courbe la tête », et qui porte avec peine le fardeau d’un roitelet ; mais c’est pour avoir le droit de se louer lui-même aux dépens de son pauvre voisin, de se comparer au Caucase, de dire « qu’il brave l’effort de la tempête », d’opposer sa force à la faiblesse d’autrui. […] Enfin n’en pouvant plus d’effort et de douleur. […] Ils ne pensent pas d’ordinaire, ils souffrent simplement, et font effort d’un air morne. […] Cependant que mon front, au Caucase pareil, Brave l’effort de la tempête, Tout vous est aquilon, tout me semble zéphir.
Tourgueneff a su l’éviter, et cela sans beaucoup d’efforts ; il en a été préservé par la nature de son sujet, le paysan russe étant encore essentiellement poétique, et probablement aussi par l’heureuse disposition de son esprit, qui aime avant tout la distinction sans pousser jusqu’à la recherche. […] — me dit-il d’une voix éteinte, et retenant sa toux avec effort, il commença à réciter la strophe suivante : Les ailes du faucon Sont-elles donc liées ? […] Excité par ses encouragements, l’entrepreneur se mit à chanter avec une telle agilité et à tirer de son gosier des sons si brillants, que lorsque, complétement exténué par ses efforts, le visage pâle et inondé de sueur, il rejeta le corps en arrière et poussa avec effort un dernier cri, — tout l’auditoire y répondit par une exclamation frénétique. […] L’entrepreneur fut le premier qui se leva ; il s’approcha de Iakof. — Tu… c’est toi, — lui dit-il avec effort, — qui as gagné, — et il sortit brusquement du cabaret. […] Malgré tous ses efforts, il ne pouvait parvenir à soulever ses paupières alourdies ; elles retombaient à tout instant sur ses petits yeux avinés.
La poésie ne consacrera même plus la mémoire des événements qu’elle n’aura ni prévus ni amenés, parce que le caractère à la fois spéculatif et pratique de ce temps est de n’accorder qu’une attention rapide et une estime accessoire à ce qui ne vient pas immédiatement en aide à son double effort, et qu’il ne se donne ni trêve ni repos. […] L’art et la science, longtemps séparés par suite des efforts divergents de l’intelligence, doivent donc tendre à s’unir étroitement, si ce n’est à se confondre. […] S’il arrive donc que nous ne devions plus rien produire qui soit dû à nos propres efforts, sachons garder le souvenir des œuvres vénérables qui nous ont initiés à la poésie, et puisons dans la certitude même de leur inaccessible beauté la consolation de les comprendre et de les admirer. […] Il tente, après trois cents ans d’efforts, de réaliser l’idéal platonicien, et l’esclavage va disparaître enfin de la terre. […] Les piqûres envenimées, les insultes, les négations, ses propres efforts au besoin, ne le transformeront pas.
Dès que la somnolence se fait sentir, l’hypnotiseur dit : — « Vous ne pouvez plus ouvrir les yeux » ; dans le cerveau déjà affaibli et en train de se vider, cette affirmation entraîne l’idée d’une complète impuissance : le sujet a beau faire effort pour ouvrir les yeux, il n’y parvient plus. […] On dit à un sujet hypnotisé qu’il ne peut pas se lever de la chaise où il est assis, et il lutte en vain pour le faire ; on fléchit le bras d’un jeune garçon et on lui offre une pièce d’or pour l’étendre : il fait effort jusqu’à en devenir rouge à la face, mais l’idée de la toute-puissance de l’hypnotiseur et de l’impossibilité d’une résistance subsiste, avec ses effets de contraction tétanique, sous l’effort accompli pour résister, et elle empêche le succès de cet effort. […] Stout, à son tour, dit qu’il lui arrive de s’apercevoir qu’il rêve tout en continuant d’avoir les hallucinations du rêve ; or, plusieurs fois il essaya de soumettre à l’analyse les images alors présentes à son esprit, mais il s’aperçut que cet examen était impossible : par aucun effort il ne pouvait distinguer de nouveaux détails dans la représentation totale183. […] Miss Goodrich avait détruit une lettre : quand elle veut répondre, elle ne se rappelle plus l’adresse ; après de vains efforts, elle consulte son cristal, et bientôt elle a la vision des mots Hibb House, en lettres grises sur fond blanc.
Ils devaient nous montrer dans la Bible un livre comme un autre, — le Mahabahrata du sémitisme, l’Iliade ou l’Odyssée d’Israël ; — et il est vrai que, jusqu’à ce jour, tous les efforts de la philologie n’ont pu réussir à dater avec certitude ni l’Odyssée, ni le Mahabahrata ! […] Une manière de le prouver serait de montrer que, depuis tantôt deux mille ans, et jusque dans le siècle où nous sommes, tout ce que l’on a fait d’efforts pour « laïciser » la morale, ou la séculariser, n’a jamais été qu’une déformation, ou une altération, ou un déguisement de quelque idée « chrétienne ». […] Tout au contraire, ils exagèrent la puissance et l’excellence de la nature, et mettant uniquement en elle le principe et la règle de la justice, ils ne peuvent pas même concevoir la nécessité de faire de constants efforts et de déployer un grand courage pour contenir et gouverner ses instincts désordonnés. » C’est ici la vérité même. […] Et enfin les « œuvres » ne servant de rien, je veux dire ici les « pratiques », elle ne trouve de secours, uniquement, que dans le succès de son effort individuel contre elle-même. […] Et j’ajoute que tout effort que les protestants feront pour le nier ne pourra que les rengager eux-mêmes de plus belle dans l’affirmation de l’individualisme.
Il se produit plus ou moins tard, suivant que les écrivains d’une génération ont le plus ou moins participé à l’effort durable de leur siècle. […] Renan le reporte sur cet effort de l’Être universel pour se réaliser à travers l’innombrable variété de ses avatars. […] Quel sens peuvent bien avoir, dans un univers pareil, les efforts de l’homme, et d’abord sa civilisation ? […] Un effort pour réduire l’art littéraire à la Science, et les manifestes d’Émile Zola le déclarent nettement. […] — à 1830 son effort de destruction de l’ancienne France, en vue de lui substituer une France, construite d’après une idéologie toujours la même, sous des formules différentes.
Une fois nous avons mesuré nos forces sur la colline de Malmor, et le sol de la forêt fut labouré sous l’effort de nos pas. […] Chef des guerriers de Cormac, vois la noire étendue de la flotte de Swaran : ses mâts s’élèvent aussi nombreux sur nos côtes que le sont les roseaux sur le lac de Lego : la foule de ses vaisseaux présente l’aspect d’une forêt couverte de vapeurs, lorsque les arbres balancés plient tour à tour sous l’effort des vents impétueux. […] Le chasseur sur la colline entend le bruit de leurs efforts, et voit les vagues s’enfler et s’avancer vers les rivages d’Arven. » Ainsi parlait Connal, lorsque les deux héros se joignirent au milieu de leurs guerriers tombant de toutes parts. […] Mais quand leur fureur, au comble, vint à développer toutes leurs forces, alors la colline ébranlée par leurs efforts trembla au haut de sa cime. […] « Ainsi j’ai vu sur le Cona, Cona que ne voient plus mes yeux, ainsi j’ai vu deux collines arrachées de leurs bases par l’effort d’un torrent impétueux ; leurs masses inclinées l’une vers l’autre se rapprochent ; la cime de leurs arbres se touche dans les airs ; bientôt toutes deux ensemble tombent et roulent avec leurs arbres et leurs rochers ; le cours des fleuves est changé, et les ruines rougeâtres de leurs terres éboulées frappent au loin l’œil du voyageur.
Les arts et les lettres retombent encore quand les causes morales font des efforts redoublez pour les soûtenir dans le point d’élevation où ils étoient montez comme d’eux-mêmes. […] Au contraire, les arts et les sciences retombent quand les causes morales font des efforts redoublez pour les soûtenir sur le point d’élevation, où il semble qu’une influence secrete les eût portez. […] Ce qui pourroit achever de convaincre que les causes morales ne font que concourir avec une autre cause seconde, encore plus efficace qu’elles, au progrès surprenant que les arts et les lettres font en certains siecles, c’est que les arts et les lettres retombent quand les causes morales font les derniers efforts pour les soûtenir sur le point d’élevation où ils avoient atteint d’eux-mêmes. […] Dans le même païs où la nature avoit produit liberalement et sans secours extraordinaire, les peintres fameux du siecle de Leon X les recompenses, les soins de l’academie de saint Luc, établie par Gregoire XIII et par Sixte-Quint, l’attention des souverains, enfin tous les efforts des causes morales n’ont pû donner une posterité à ces grands artisans nez sans ancêtres. […] Après tout ce que je viens d’exposer, il est clair que les arts et les lettres arrivent au plus haut point de leur splendeur par un progrès subit, qu’on ne sçauroit attribuer aux causes morales, et il paroît encore que les arts et les lettres retombent quand ces causes font les derniers efforts pour les soutenir.
En 1585, les Réformés étaient assez nombreux et avaient acquis assez d’importance dans l’État, pour que le Parlement, protestant contre les efforts insensés de la Ligue, prît hardiment leur défense. « Qui sera-ce qui, s’écriait-il, sans forme de justice aucune, osera dépeupler tant de villes, détruire tant de provinces, et convertir tout ce royaume en tombeau ? […] En raison même de la tranquillité relative dont les Réformés avaient joui durant son règne, des progrès qu’ils avaient par conséquent accomplis et de leur multiplication, leur force s’était lentement accrue en même temps que la sourde haine de leur mortel ennemi, ce clergé qui, malgré ses efforts pour ranimer l’Inquisition, était solidement maintenu en repos. […] Pour parer à l’éventualité des reproches que pourraient peut-être adresser à la mémoire de leur héros, quelques « mauvais esprits » fâcheusement soucieux de cette vérité, ils ont fait des efforts touchants et créé de délicieux euphémismes pour nous donner toute confiance en sa douceur, sa modération et sa charité. […] Je vous démontre qu’elle est le but de ses efforts les plus violents et les plus soutenus, qu’il l’a, pour ainsi dire, dictée, et qu’il en porte la responsabilité devant l’histoire. […] Après avoir décrit cet énorme crime de lèse-nation et de lèse-humanité, il faut jeter un voile de deuil sur cette partie de notre histoire dont les Bossuet et les Maintenon, les Louis XIV et les Louvois, les évêques et les intendants semblent avoir uni leurs efforts pour laisser après eux, à leur patrie, un nom déshonoré.
Pour se dégager de cette éducation abominable, il leur faut de longs efforts. […] Une consternation peu à peu m’envahissait, car je ne comprenais toujours pas, malgré mes efforts. […] Paul Delair a certainement porté son effort. […] C’est lui éviter de nouveaux efforts inutiles. […] Dans Justice, l’effort littéraire me trouve plein de sympathie.
Des illusions détruites, des efforts trompés, des enthousiasmes éteints faute d’aliments assez purs pour allumer dans les âmes une jeunesse perdue, des envies ignobles te suivant à la trace trop droite et trop haute de tes pensées ! […] Gropius ne rendait point offense pour offense à la mémoire du grand poète ; il s’affligeait seulement que son nom eût été traîné par lui d’éditions en éditions, et livré à la rancune des fanatiques ignorants de l’antiquité ; mais il n’a pas voulu se justifier, et, quand on est sur les lieux, témoin des efforts constants que fait cet homme distingué pour restituer un mot à une inscription, un fragment égaré à une statue, ou une forme et une date à un monument, on est sûr d’avance que M. […] J’abhorre le mensonge et l’effort en tout, mais surtout en admiration. […] LIV Je m’assis là, seul et pensif, et j’y restai jusqu’à la nuit presque close, ranimant sans efforts toute cette histoire, la plus belle, la plus pressée, la plus bouillonnante de toutes les histoires d’hommes qui aient remué le glaive ou la parole.
Ce qui leur est propre (et je songe surtout aux descriptions de Manette et de Madame Gervaisais), c’est le tourment de tout sentir et de tout rendre sensible, c’est l’effort un peu maladif. […] Les tons, les nuances, les lignes que le pinceau peut seul reproduire, ils font cette gageure de les rendre sensibles avec des phrases écrites ; et c’est alors un labeur, un effort désespéré des mots pour prendre forme et couleur, une lutte du dictionnaire contre la palette, des phrases qui ont des airs de glacis, des substantifs qui sont des frottis, des épithètes qui sont des touches piquées, des adverbes qui sont des empâtements, une transposition d’art enragée… Les classiques, quand ils veulent peindre, emploient des mots abstraits qui évoquent d’abord un sentiment, puis une image, mais indéterminée «… Un horizon fait à souhait pour le plaisir des yeux », ou des mots concrets qui évoquent une image précise, mais sommaire et rapide : L’onde était transparente ainsi qu’aux plus beaux jours. […] L’épithète étant toujours, dans cette manière d’écrire, le mot le plus important, voici des tournures qui mettent l’épithète au premier plan en la transformant en substantif neutre (à la façon des Grecs) : «… Mais c’était le ciel surtout qui donnait à tout une apparence éteinte avec une lumière grise et terne d’éclipsé, empoussiérant le mousseux des toits, le fruste des murs…37 » — «… Des voix fragiles et poignantes attaquant les nerfs avec l’imprévu et l’antinaturel du son38. » — « Et il mit une note presque dure dans le bénin de sa parole inlassable et coulante39. » Les mots abstraits surabondent dans cette prose si vivante : ce qui semble contradictoire, mais s’explique avec un très petit effort de réflexion. […] J’ai peine, parfois, à aller au-delà de ce sentiment, et j’ai peur que l’œuvre de MM. de Goncourt, dans ses parties excessives, ne soit une brillante erreur littéraire, une méprise fort distinguée sur les limites nécessaires où doit s’arrêter l’effort des mots, sur la nature et la portée de leur puissance expressive.
Tout ce que j’avais connu jusque-là me sembla l’effort maladroit d’un art jésuitique, un rococo composé de pompe niaise, de charlatanisme et de caricature. […] L’initiation que tu conférais à l’Athénien naissant par un sourire, je l’ai conquise à force de réflexions, au prix de longs efforts. […] Bon gré, mal gré, et nonobstant tous mes efforts consciencieux en sens contraire, j’étais prédestiné à être ce que je suis, un romantique protestant contre le romantisme, un utopiste prêchant en politiqué le terre à terre, un idéaliste se donnant inutilement beaucoup de mal pour paraître bourgeois, un tissu de contradictions, rappelant l’hircocerf de la scolastique, qui avait deux natures. […] Ils faisaient chauffer les écus dans un poêlon, puis les jetaient dans la rue, riant aux éclats des efforts de la canaille pour s’en saisir.
Je raconterais encore plus sommairement les persécutions du commencement du IVe siècle, dernier effort de l’empire pour revenir à ses vieux principes, lesquels déniaient à l’association religieuse toute place dans l’État. […] En somme, on peut dire que la rédaction synoptique a traversé trois degrés : 1° l’état documentaire original [Greek : logia] de Matthieu, [Greek : lechthenta ê prachthenta] de Marc), premières rédactions qui n’existent plus ; 2° l’état de simple mélange, où les documents originaux sont amalgamés sans aucun effort de composition, sans qu’on voie percer aucune vue personnelle de la part des auteurs (évangiles actuels de Matthieu et de Marc) ; 3° l’état de combinaison ou de rédaction voulue et réfléchie, où l’on sent l’effort pour concilier les différentes versions (évangile de Luc). […] Dans un tel effort pour faire revivre les hautes âmes du passé, une part de divination et de conjecture doit être permise.
Je lui ai fait observer que votre talent, votre situation littéraire et la juste renommée acquise par vos longs efforts ne vous permettent pas de vouloir être refusés à un théâtre. […] Les excellents acteurs qui devaient la jouer mettaient au service des auteurs tous leurs efforts, toute leur expérience, donnaient, nous pouvons le dire, tout leur cœur à la pièce. […] Maintenant, si cela intéresse quelques personnes, de savoir les raisons, pour lesquelles je renonce à épuiser toutes les chances d’une représentation théâtrale sur un théâtre quelconque, pour une œuvre dans laquelle mon frère avait mis et les derniers efforts et les dernières espérances de sa vie, ces raisons, les voici : Sous l’Empire, on nous avait dit : « Allez, c’est bien inutile de chercher à vous faire jouer, jamais la censure ne laissera passer votre pièce. » L’Empire est tombé, la République lui a succédé ; mais sous le nouveau régime de liberté, je retrouve la censure replâtrée dans sa perpétuité et rafistolée dans sa toute-puissance. […] Mais, pour cet effort, pour ce travail, il fallait avoir la santé, et mon frère ne l’avait déjà plus.
Macbride excita parmi les dames les plus respectables de Dublin… Dans ce petit couplet en l’honneur des femmes et dont le docteur de Dublin n’était que le prétexte, Vicq d’Azyr songeait aux médecins en vogue à Paris et dont le nom circulait dans l’auditoire ; il songeait certainement à Lorry, l’un des plus savants et des plus gracieux docteurs d’alors, l’un des principaux appuis de la Société royale naissante, et duquel, ayant à prononcer l’éloge quelques années après (31 août 1784), il dira : … Il plaisait sans efforts. […] qui sait s’il ne faut pas que plusieurs efforts concourent en même temps à l’agrandir ; si cet état violent n’est pas indispensable pour que les grandes combinaisons s’opèrent ?
Une fois Saint-Cyr établi, Mme de Maintenon s’y adonne tout entière ; se considérant comme chargée d’une mission par le roi et par l’État, elle y consacre les moindres parcelles de son temps et y dirige toute la lumière et tout l’effort de son esprit. […] Nos filles ont été trop considérées, trop caressées, trop ménagées : il faut les oublier dans leurs classes, leur faire garder le règlement de la journée… Il faut encore défaire nos filles de ce tour d’esprit railleur que je leur ai donné, et que je connais présentement très opposé à la simplicité ; c’est un raffinement de l’orgueil qui dit par ce tour de raillerie ce qu’il n’oserait dire sérieusement… Et elle ajoute par un aveu vrai et qui n’a rien d’une fausse humilité : « Que vos filles ne se croient pas mal avec moi, cela ne ferait que les affliger et les décourager ; en vérité, ce n’est point elles qui ont tort. » À partir de ce moment, on entre dans un second effort plus obscur, moins attrayant, et qui même, dans le détail un peu abstrait où nous le voyons de loin, peut sembler décidément austère ; mais Mme de Maintenon, à la bien juger, y paraît de plus en plus méritante et digne de respect et d’estime.
Il lui fallut un art, un effort savant et continuel, toute une tactique composée d’adresse et de bonté, tempérée de froideur et de compassion ; et c’est où nulle autre, je crois, ne l’a surpassée. […] L’esprit de ses amis courait donc et jouait devant elle, mais sans affectation, sans effort.
Sur cette vaste portion de circonférence entamée de toutes parts à la fois, nos maréchaux Victor, Marmont, Ney, Mortier, avec des corps réduits et refoulés qu’ils ralliaient à grand effort, faisaient face en reculant. […] Dans les dernières combinaisons stratégiques imaginées jusqu’à la fin de la lutte par Napoléon et qui consistent à enfermer plus ou moins les coalisés, à opérer sur leurs flancs et sur leurs communications, à les étreindre dans un cercle fatal d’où ils ne sortiront pas, il y a toujours une supposition et un sous-entendu qui frappe même les profanes comme nous et les ignorants dans l’art de la guerre : c’est que Paris, pendant ce temps, tiendra ferme, c’est que le point d’appui de tout l’effort, la clef de voûte ne cédera pas.
Il renouvelle à son tour ce grand effort, dans des conditions particulières, bien moins avantageuses à ne considérer que les sources, la matière et l’intérêt, et cependant avec une intention et une prétention plus marquée, plus formelle, de tout restaurer du passé. […] Je continuerai cette analyse de Salammbô, et j’y ajouterai un jugement et quelques doutes sur le système embrassé par l’auteur, et que tout son talent et tout son effort, également visibles, n’ont pu me faire accepter.
M. de Senfft désirait in petto un rétablissement complet de la Pologne, mais sans le concours de la France, par un soulèvement spontané des anciennes provinces polonaises, à la faveur de la guerre que la Russie soutenait alors contre les Turcs, avec je ne sais quels efforts combinés de l’Autriche, de la Suède, d’une partie de l’Allemagne du centre, et avec l’assentiment de l’Angleterre, — tout un rêve : il dut contenir de telles pensées dans son for le plus intérieur, et les quelques Polonais auxquels il crut pouvoir s’en ouvrir en confidence, n’étaient pas en position d’y aider. […] « L’immensité des moyens, des efforts et des pertes que révéla cette expédition porta au comble, pensait-il, l’effet tragique de la guerre : il fallait que la pitié et l’épouvante coulassent à pleins bords. » Nous avons là l’expression fidèle, l’écho direct de la pensée allemande en 1813.
En effet, la nature ne nous montre que des masses lumineuses ; le trait n’existe pas en soi et suppose l’effort de l’homme qui l’abstrait du milieu ambiant, — je ne prétends pas donner cela comme une découverte ; — le trait implique un geste caché. […] Vielé-Griffin — mais n’y a-t-il pas lieu de s’étonner que la pensée de ce poète, tendue vers l’énergie, se complaise en un pays de vie facile où l’action ne suppose pas l’effort ?
Or je le réimprime : « Il y a ceux dont la clameur jeta l’idée sur le déploiement des villes grises et bleuâtres, par-dessus les dômes des académies, les colonnes de victoire, les jardins d’amour, les halles en fer du commerce, les astres électriques éclairant les essors des express ou les remous nerveux des foules, jusque les océans de sillons fructueux, jusque les gestes du semeur et l’effort solitaire du labour, jusqu’aux lentes pensées du rustre fumant contre l’âtre, jusqu’à l’espoir du marin penché aux bastingages pour suivre la palpitation lumineuse de la mer. » Voyez-vous là un mot inintelligible ? […] Nous ne goûtons que l’effort de notre esprit.
Prédominance de la prose sur la poésie ; substitution de l’observation précise et directe aux envolées de l’imagination ; effort des romanciers pour écrire, comme des greffiers impassibles, sous la dictée des choses ; propension à peindre, au lieu d’hommes et de faits grandis et embellis, les mesquineries de la vie journalière ou la brutalité des instincts grossiers ; certes, la réaction est nettement caractérisée. Mais en même temps le pessimisme, qui teignait de noir les romans de Zola et de ses adeptes, leur souci du milieu où vivent les personnages qu’ils mettent en scène, leur effort pour élargir la langue littéraire jusqu’aux limites de la langue parlée, leur style même souvent si chatoyant de couleurs et de métaphores, tout cela permet de dire : C’est une queue du romantisme.
Siegfried, astre évadé des ombres transitoires, Soleil épanoui dans l’azur de la mort, Avec toi, la splendeur humaine de l’effort S’abîmait dans le deuil ces suprêmes victoires. […] Nous donnerons aussi une place importante au mouvement artistique contemporain, aux efforts des jeunes artistes qui cherchent leur formule dans la voie ouverte par le Maître.
Chacun d’eux est produit séparément, avec effort. […] Mais cette tentative se détruit elle-même, car cette contemplation est un effort de l’esprit174. » Que l’on remarque d’ailleurs ce que nous mettons de nous-mêmes dans l’acte de la perception.
Il ne faut pas oublier d’ailleurs que toutes les sciences, quelque effort que l’on fasse pour les séparer en théorie, s’unissent toujours plus ou moins dans la pratique. […] Les Tennemann, les Schleiermacher, les Brandis, les Ritter, les Zeller, les Trendelenbourg, ont mis l’histoire de la philosophie, surtout de la philosophie ancienne, au niveau des parties les plus avancées des sciences historiques et philologiques ; mais la France a eu aussi sa gloire dans ce grand mouvement : elle a fait aussi des efforts pour rivaliser avec l’Allemagne, ou pour lui disputer le premier rang.
Malgré leurs efforts et leur souplesse, on les reconnaîtrait toujours. […] L’effort de son traducteur n’y pourra rien.
Le principe nouveau, de la raison universelle et de la souveraineté absolue, ne se réalisera pas davantage ; tous les Médicis, les d’Este, les Gonzaga ne représentent que des efforts dispersés, en de petites unités, et ne valent pas, tous ensemble, le seul Louis XIV. — Les débuts permettaient pourtant les plus grandes espérances ; ils sont lyriques : Laurent de Médicis, Politien, Leonardo Giustiniani, Sannazzaro (dont l’Arcadia est nettement lyrique), Boiardo dans son admirable Canzoniere ; le lyrisme est sensible encore dans l’Orlando furioso et jusque dans la Gerusalemme liberata. […] Ces œuvres, si grandes qu’elles soient, ne sont pourtant que des efforts isolés, féconds sans doute pour un avenir lointain, mais pour l’heure isolés ; la nation italienne est encore à faire.
Il ne prévit point assez que dans la constitution économique des états, de longues victoires ressemblent presque à des défaites ; que tout ce qui est violent, s’use par sa violence même ; que de grandes puissances, unies pour résister, doivent à proportion s’affaiblir beaucoup moins qu’une grande puissance armée pour attaquer ; que les grands hommes qui, à la tête de ses armées, étaient fiers de le servir, devaient, par leur exemple, faire naître d’autres grands hommes pour le combattre ; que toutes les fois qu’on fait de grands efforts, il ne peut y avoir de succès que ceux qui sont rapides, parce que les moyens extrêmes tendent toujours à s’affaiblir. […] Si on cherche à travers tant d’éclat quel fut le bonheur des citoyens, on conviendra que les peuples, comme les hommes, ne peuvent être heureux que dans un état de calme, et loin des grands efforts que supposent de grands besoins.
« Déjà deux fois Monésès, deux fois la troupe de Pacorus brisa nos efforts mal propices ; et elle triompha d’ajouter à ses petits colliers une nouvelle proie. […] Le début est noble et grave, comme une strophe du poëte thébain ; mais bientôt le spectacle vrai du temps va démentir l’illusion ou l’effort du poëte.
L’auteur a peint le premier sans effort et avec vérité ; il en a fait un homme simple, mais grand, passionné sous des dehors froids, et généreux sous une enveloppe épaisse ; on rencontre de telles gens devers Rotterdam.
La foule exige de plus en plus le chatouillement direct, devient incapable de tout plaisir qui n’est pas celui-là, et celui-là tout cru… Les divertissements qui veulent un effort de réflexion sont trop relevés et trop laborieux pour elle.
Il faut louer très haut ce patient et vaillant effort.
Naturellement, un tel effort de rébellion, un tel coït entre l’orgueil et la sauvagerie intime de notre être, s’achève en tristesse.
Aujourd’hui que nous possédons les œuvres de ces quatre poètes, nous pouvons nous figurer quelle était la force de leur alliance par leur position dans le monde, par la puissance de leurs talents divers, par le besoin de produire dont ils étaient pressés, par l’émulation qui naissait de leur concours, par la combinaison de leurs efforts pour mériter la bienveillance d’un roi galant et la protection des femmes les plus séduisantes et les plus voluptueuses de sa cour.