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826. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — T. — article » pp. 392-394

Les deux Ouvrages dont nous venons de parler, ont une marche libre, noble, qui prouve que l’Auteur a su se rendre maître des événemens, & les disposer de la façon la plus propre à faire effet.

827. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre premier. Vue générale des épopées chrétiennes. — Chapitre premier. Que la poétique du Christianisme se divise en trois branches : Poésie, Beaux-arts, Littérature ; que les six livres de cette seconde partie traitent spécialement de la Poésie. »

Le bonheur des élus, chanté par l’Homère chrétien, nous mène naturellement à parler des effets du christianisme dans la poésie.

828. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Bachelier  » pp. 147-148

C’est que la tapisserie ne demande pas la même vérité que la peinture ; c’est qu’il faut songer à la durée, à la gaieté d’un appartement, à un autre effet.

829. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 juillet 1885. »

Il ne nous le fait point apercevoir, dans son imposante et réelle structure, mais comme ménageant nos faibles sens, il nous le montre d’abord reflété dans quelque onde azurée, ou reproduit par quelque nuage irisé, C’est au commencement une large nappe dormante de mélodie, un éther vaporeux qui s’étend, pour que le tableau sacré s’y dessine à nos yeux profanes ; effet exclusivement confié aux violons, qui, après plusieurs mesures de sons harmoniques, continuent dans les plus hautes notes de leurs registres. […] Et, ainsi, malgré notre ignorance, nous avons subi tous, puissamment, l’effet de cet art nouveau ; nous avons, tous, éprouvé à souffrir une joie plus aiguë, parce qu’il a plu à Wagner de suivre la voie pessimiste de Schopenhauer, de dresser le gigantesque autel de ses œuvres à l’Idole du Cesser-Vivre. […] Et notre douleur, aussi, est le volontaire effet de notre Âme. […] Dans un autre ordre d’idées, les jets de vapeur sont considérés comme un effet pitoyable, alors qu’ils fonctionnent admirablement et sans bruit, comme on l’a pu voir depuis 1869 à Munich. Si, au contraire, cet effet de scène produit un bruissement désagréable, ce qui a lieu dans Sigurd, l’impression est « saisissante. » Qu’importe, après tout !

830. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1884 » pp. 286-347

Il nous avoue qu’alors, indépendamment du goût qu’il avait pour les costumes voyants, il était possédé de l’envie de produire un effet sur les passants : envie qui se trouvait mélangée d’une extrême timidité, le rendant tout honteux, et le faisant se sauver, quand l’effet se produisait. […] Elles empoisonnent l’individu attaqué, au bout d’un certain nombre d’heures, d’un certain nombre de jours, et je commence à en sentir l’effet. […] Nous nous asseyons sur un canapé du salon, et il me raconte ses troubles de la vue. « Oui, dit-il, avec la voix gémissante des personnes très faibles, oui, dans ce que je lisais, c’était comme s’il y avait des manques… tenez… ainsi que les trous que fait dans une feuille de papier, un coup de fusil chargé à plomb… J’ai averti le médecin… ça pouvait être, n’est-ce pas, l’effet de la digitale… il a changé le régime… ça a été mieux… mais un jour que j’avais été peindre une étude ici, tout près… il faisait un temps comme aujourd’hui… tout à coup il m’a semblé voir des nuages de mouches… mais vous avez été en Angleterre, vous avez vu un certain brouillard noir, qu’il fait là… Eh bien, c’était ça dans mes yeux… Ah ! […] À la gare de Saint-Germain, je tombe sur Dina, qui part pour acheter à Paris des effets de deuil, tout faits pour sa maîtresse.

831. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre neuvième. Les idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Les successeurs d’Hugo »

La tension continue du style, la versification savante, variée, et cependant monotone par la recherche constante de l’effet, le ton souvent oratoire et souvent déclamatoire, font de la lecture de ces beaux vers une fatigue ; mais il faut savoir gré à l’auteur d’avoir eu des aspirations à un symbolisme grandiose. […] Elle trouvera sans doute ce qu’elle cherche quand elle se sera délivrée de tout ce que le romantisme eut de faux : l’affectation et la déclamation, l’amplification, la recherche de l’effet et du succès, la subordination des idées aux mots et aux rimes, du fond à la forme, bref, le manque fréquent de sincérité. […] Nous voyons là, comme dans un brusque rayon, ce qu’il y a de folie et de hideur à être privé de la sagesse ; et nous y voyons aussi que, comme le Christ nous le donne à entendre, le royaume de Dieu n’est autre que la sagesse, qu’il n’est ni un lieu ni une chose visible, mais l’attribut du sage : — Le royaume de Dieu est au dedans de vous » (page 576). — Il y a des livres, selon Joubert, dont l’effet naturel est « de paraître pire qu’ils ne sont, comme l’effet inévitable de quelques autres est de paraître meilleurs qu’eux-mêmes ;  » le livre des Blasphèmes réunit les deux effets : il ne mérite d’être placé ni si haut, ni si bas.

832. (1857) Cours familier de littérature. III « XIVe entretien. Racine. — Athalie (suite) » pp. 81-159

Il ne cherchait à produire aucun effet : il était las d’en produire sur la scène ; il se reposait et il reposait les yeux dans sa maison. […] Vos vers sont vraiment des vers, votre pièce est bien conçue et bien conduite ; il y a des scènes susceptibles de produire de grands effets, et, avec quelques corrections que je vous indiquerai à loisir, je me charge de la réception, du rôle et du succès. […] Cependant, comme la musique emportait les paroles sur l’aile des mélodies, l’effet de ce chœur répandait un parfum de recueillement, d’espérance et de prière dans la salle. […] Moi-même, quelque temps honteuse de ma peur, Je l’ai pris pour l’effet d’une sombre vapeur ; Mais de ce souvenir mon âme possédée À deux fois, en dormant, revu la même idée. […] Essayez, dès ce jour, l’effet de mes promesses.

833. (1895) Le mal d’écrire et le roman contemporain

On reconnaît son parti-pris d’harmonie ; on se rend compte des effets, on remarque les répétitions évitées. […] Le mérite de cette œuvre, c’est l’émotion par la sobriété, l’effet par l’abstention, le choix des détails incisifs, une compréhension profonde de la poésie et une sûreté d’exécution qui arrive aux grands effets sans efforts. […] Stendhal obtient le même effet de réalité par la description psychologique minutieuse. […] Songez à la valeur des verbes et à l’effet des substantifs bien employés. […] Le saisissement qu’ils dégagent rend indifférent à l’absence des rythmes phrasés dont Flaubert tirait de si beaux effets.

834. (1902) Le critique mort jeune

Bourget a souvent cité, sur les salutaires effets du christianisme. […] On ne saurait mieux rendre par des paroles écrites les effets du pinceau flamand. […] Enfin, ses fautes mêmes et les effets de ses principes ruinent son influence et entraînent sa chute. […] Et certes ce romanesque atténué, discret, plaît un instant : c’est l’effet que produisent les romances du temps jadis. […] Lucien Muhlfeld ne décide pas si l’union libre entraînera de bons ou de mauvais effets.

835. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Il manie les procédés et sait produire les effets ; même il a de ces vers classiques où deux substantifs, flanqués chacun d’un adjectif, se font équilibre autour d’un verbe278. […] C’est par mon commandement qu’il a introduit dans les concerts la trompette marine, instrument harmonieux dont personne ne s’était encore avisé et qui est d’un si bel effet. […] —  Hydriotaphia, Religio medici. —  Ses idées, ses curiosités et ses doutes sont d’un homme de la Renaissance. —  Pseudodoxia. —  Effets de cette activité et de cette direction de l’esprit public. […] En présence de la force insaisissable qui fait geler les liquides, il se demande si les apoplexies et les cataractes ne sont pas l’effet d’une puissance semblable et n’indiquent pas aussi la présence d’un esprit congélateur. […] Et pour cela il faut, « par des rejets et des exclusions convenables », extraire la condition cherchée de l’amas de faits où elle gît enfouie, construire la table des cas où l’effet est absent, la table des cas où l’effet est présent, la table des cas où l’effet se montre avec des degrés divers, afin d’isoler et de mettre au jour la condition qui le produit360.

836. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Bertrand, Aloysius (1807-1841) »

Bertrand me fait l’effet d’un orfèvre ou d’un bijoutier de la Renaissance ; un peu d’alchimie, par surcroît, s’y serait mêlé, et, à de certains signes et procédés,

837. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » pp. 474-476

Le but de cet Ouvrage est moins de repaître la curiosité du Public sur l’origine, les progrès & les effets de cette cruelle maladie, que de présenter les moyens d’en délivrer la Nation & l’Europe entiere.

838. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Bellengé » p. 204

Il m’a semblé qu’il y avait du goût, même de la poésie, dans cette composition ; du luxe, de la couleur, qu’une urne dont je n’ai pas parlé et qui est parmi les fruits, et que le vase étaient bien peints ; le vase de belle forme et de belle proportion, le ramage de verdure jetté avec élégance, et les fleurs et les fruits bien disposés pour l’effet.

839. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 9, comment on rend les sujets dogmatiques, interessans » pp. 64-66

Virgile met dans un autre livre, la fable miraculeuse d’Aristée, et la peinture des effets de l’amour.

840. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome II

Pourquoi ne produit-il plus le même effet ? […] Toutes les règles de l’art sont rigoureusement observées, et l’on n’aperçoit aucune trace de gêne ; rien n’est donné à l’effet, au prestige du théâtre. […] On pourrait demander pourquoi Calchas était si bien instruit de l’équipée d’Hélène : était-ce l’effet d’une révélation divine ? […] Ce ne sont point des conjectures, mais des effets : répondre à de sages réflexions par un persiflage d’étourdi, ce n’est pas un trait de grandeur ni d’héroïsme. […] Racine le fils prétend que la pièce ainsi déclamée, sans apprêt et sans ornement, parut froide et ne produisit aucun effet.

841. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il aimait les conversations longues, suivies, sérieuses, bien qu’animées de bons et gaillards propos ; il les aimait non pour briller ni pour l’effet, mais pour se communiquer les idées et être en vrai commerce d’esprit : c’est ainsi qu’on étend ses horizons, « Quiconque n’écoute pas ou écoute mal, pensait-il, s’accourcit l’esprit plus encore que celui qui ne lit pas. […] Il est vrai que le jugement pur, sans mélange d’imagination et d’esprit, comme chez les bons Hollandais et chez les Allemands et les Suisses, produit des effets plus corrects et plus sages. […] Il a dit du maréchal de Saxe, sous le titre de Génie, esprit : On n’a jamais si bien reconnu les effets de l’esprit et du génie qu’à l’occasion du maréchal de Saxe ; il n’avait point l’esprit de la guerre, mais il en avait le génie.

842. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

J’ai la confiance qu’avec votre courage et votre discipline vous sortirez glorieusement de cette position ; de l’autre côté de l’Apennin, vous trouverez un pays fertile qui pourvoira à tous vos besoins ; avant d’y pénétrer, vous aurez des marches forcées à faire, de nombreux combats à livrer : nos efforts réunis surmonteront toutes les difficultés. » Ce discours, que j’ai trouvé dans les archives de la 18e demi-brigade, ne produisit qu’un médiocre effet sur la troupe ; elle ne pouvait avoir confiance dans les promesses d’un jeune homme dont elle connaissait à peine le nom. […] Rien ne prouve mieux la force de son ascendant que l’effet que produisent ses paroles sur Pelleport, esprit froid, peu enthousiaste. […] La conversation roulait sur les événements politiques ; s’interrompant au milieu d’une de ces périodes à effet comme il savait les faire, le général lui dit : « Rappelez-vous, Pelleport, et vous êtes trop jeune pour que vous ne puissiez un jour ou l’autre mettre à profit mon avertissement, rappelez-vous qu’en révolution il ne faut jamais se mettre du côté des honnêtes gens : ils sont toujours balayés. » — « Après ce court dialogue, ajoute Pelleport, la conversation reprit son cours ordinaire, et je me promis bien de désobéir à mon général. » De retour en France, Pelleport continue sa marche d’un pas égal.

843. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Il était bien le premier à le sentir, et lorsqu’on 1815 il se trouva lancé dans une voie toute nouvelle et qui se rapportait si peu à ses engagements précédents, au lieu d’agir en tout comme un véritable esprit politique qui, après avoir bien réfléchi et calculé, se détermine et ne bronche plus, il éprouva le besoin de s’appuyer au dehors sur l’opinion de quelqu’un : à cet effet, il choisit le général La Fayette comme une sorte de confident responsable. […] Voici une de ses phrases fameuses et du petit nombre de celles qu’on retient ; il parle, dans la préface de son livre sur la Religion, contre le principe moral de l’intérêt bien entendu : « Son effet naturel, dit-il, est de faire que chaque individu soit son propre centre. […] Quand l’orage arrive, la poussière est de la fange. » Il a dans le style de ces soubresauts d’imagination et qui ne se soutiennent pas ; cela me fait l’effet des poissons volants et qui, n’étant point faits pour voler, retombent bientôt.

844. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Horace Vernet (suite.) »

Il me fait l’effet, à ce naturel parfait et sans mélange, d’un Gil Blas en voyage, — un Gil Blas en képi. […] Après avoir fait un bon souper du reste de notre mouton d’El-Arich, après nous être bien couchés sur nos tartelettes de lit, après nous être laissé aller au plus délicieux sommeil, tout à coup nous nous réveillons flottants et soulevés par l’eau ; un orage affreux venait d’éclater, et, dans quelques minutes, le lieu charmant que nous avions choisi, maigre quelques charognes qui en faisaient l’ornement, se transforma en une espèce de naumachie, de laquelle nous sommes sortis de nos personnes, mais laissant tous nos effets prenant une leçon de natation. […] Ce pays-ci est partagé en deux, sans intermédiaire qui puisse amortir l’effet du marteau sur l’enclume.

845. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Ce contraste du roi le plus sombre et le plus despotique, maître de tant de royaumes, et du cœur républicain le plus brûlant, le plus épanoui, le plus vaste, battant pour toute l’humanité et enveloppant dans son amour le monde entier, avec toutes les races futures, visant à réaliser au plus tôt le bonheur de l’espèce ou par le fils, le royal héritier de tant de sceptres, ou directement par le père même dès qu’il se flatte d’avoir action et prise sur lui, ce contraste une fois admis amenait des scènes d’un grand effet et d’une beauté morale saisissante, toujours à la condition de se laisser enfermer dans le cercle magique du poète. […] Le traitement de Vésale paraît avoir eu de bons effets : le toucher des reliques d’un religieux, Fray Diego, mort en état de sainteté il y avait quelque cent ans, et dont on fit apporter processionnellement le corps dans la chambre du malade, fut réputé aussi une des causes du rétablissement. […] Il fallut que ceux qu’il avait envoyés à cet effet prétextassent qu’ils avaient rencontré le saint Viatique qu’on portait dans la maison au moment où ils se présentaient.

846. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Gavarni. »

C’est dans les premières années qui suivirent 1830 qu’on put reconnaître l’effet des travestissements de Gavarni dans les réunions masquées ; c’est au bal des Variétés que s’est produit d’abord, dans toute sa nouveauté et sa fureur, le débardeur svelte, alerte, découplé, déluré, en chemisette bouffante de satin blanc : tous les beaux d’alors, la jeunesse à la mode, en arboraient la livrée. […] Il tenta en 1834 une entreprise qui ne réussit pas et ne. pouvait réussir, étant plus d’un artiste que d’un homme d’affaires, et qui, de si courte durée qu’elle ait été, eut pour effet de grever longtemps sa vie ; il voulut fonder un journal, une publication où il fût maître et chez lui, « et il commença le Journal des Gens du monde, recueil hebdomadaire, dans le genre de l’Artiste, et dont il ne parut qu’une vingtaine de numéros. […] Ainsi, pour les Enfants terribles, le mot générateur de la série, c’est cet égoïsme profond de ces petits êtres qui, sans malice d’ailleurs ni arrière-pensée, leur fait tout voir par rapport à eux et les empêche de se rendre compte en rien de l’effet et de*la catastrophe morale que leur imprudence va produire au dehors chez autrui.

847. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Toutes les deux ont fait leur effet en ma faveur ; mais je ferais scrupule d’en étaler de pareilles à l’avenir sur notre théâtre. » — Cela veut dire qu’à cinquante et soixante ans on se ferait scrupule, pour de bonnes raisons, de recommencer ce qu’on osait à trente. […] Rien ne relève ce jeune homme comme ces deux femmes qui se disputent son cœur. » La remarque est vraie, mais il n’est pas étonnant toutefois que l’infante, chez Corneille, à la représentation, paraisse inutile, puisque dans la pièce, telle même qu’il l’a conçue, tout tend à la rapidité et au plus grand effet par le resserrement. […] très-belle scène, sauf les détails de mauvais goût dont on a fait son deuil dès longtemps, et qui, de loin, ne semblent plus guère que de piquants effets de couleur locale.

848. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Un des bons effets, une des conséquences satisfaisantes de l’ouvrage du comte Vitzthum est de convaincre, indépendamment de toutes les considérations stratégiques, que le maréchal de Saxe avait sincèrement travaillé à la paix pendant tout l’hiver de 1746-1747, et qu’il ne poussait pas à la continuation de la guerre. […] Les esprits s’échauffent, on blâme le général de sa lenteur ; il ne saurait partir trop tôt pour se précipiter dans un labyrinthe qu’il prévoit ; l’on parle, l’on écrit des mémoires, l’on se communique ses idées, comme si celui qui est chargé de la conduite de cette campagne n’en était pas occupé ; enfin, on veut le faire marcher ; on brigue, on cabale à cet effet. » Je ne dis pas que Valfons y ait mis tant de malice. […] Je leur donnerai des chasses dans les toiles, la comédie et le bal tout le jour, et pour cet effet j’ai arrêté la troupe des comédiens qui est des voyages de la Cour à Compiègne, à qui je ferai manger force biches et sangliers.

849. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Le chapitre des grands effets provenant de petites causes reparaît chez Voltaire à chaque page et brodé de toutes les variations. […] Scribe, en mettant à la scène les grands effets en politique produits par les petites causes, avait à lutter tout à côté contre une concurrence presque pareille, contre les grandes causes produisant avec éclat de bien petits effets.

850. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

Il n’en restera pas moins vrai en principe que, puisqu’après tout l’historien fait toujours quelque peu l’histoire, soit qu’il articule à l’occasion ses pensées, soit qu’il se borne à extraire, à disposer les faits de manière à produire indirectement l’effet qu’il désire, il n’y a pas lieu, dans le champ ordinaire de ce noble genre, à tant de scrupule artificiel, à tant d’effacement de soi, à tant de confiance surtout en la réflexion du lecteur. […] M. de Gingins, à peine cité en France, est un de ces érudits qui, sans se soucier de l’effet vulgaire, poursuivent un résultat en lui-même, à peu près comme M. […] Rien alors ne se fait sans eux, et les plus grands coups, ce sont souvent eux qui les donnent19. » Quoi qu’il en soit des vues nouvelles que ce coin de la question, tardivement démasqué, ne peut manquer d’introduire dans l’histoire finissante de la maison de Bourgogne, l’effet des beaux récits de Jean de Muller et de M. de Barante subsiste ; l’impression populaire d’alors y revit en traits magnifiques et solennels que le plus ou le moins de connaissance diplomatique ne saurait détruire.

851. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Le comte de Ségur »

Effacé à son arrivée par les ministres d’Angleterre et d’Allemagne, il n’avait dû qu’à lui-même, à cet heureux accord de décision et de bonne grâce qui ne se rencontre qu’aux meilleurs moments, de se conquérir de plain-pied une considération dont l’effet s’étendit par degrés jusque sur ses démarches politiques. […] Ce voyage romanesque et même mensonger, tout rempli d’illusions et de prestiges, eut des résultats positifs et des effets historiques. […] Le ton, les manières, une certaine élégance qui cache le défaut de solidité, l’art des à-propos, tout cela se trouve sans effet au milieu d’hommes étrangers au grand monde et habitués à réfléchir.

852. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Madame de Krüdner et ce qu’en aurait dit Saint-Évremond. Vie de madame de Krüdner, par M. Charles Eynard »

« La vie ressemble à la mer, qui doit ses plus beaux effets aux orages. […] Aucune ne manqua son effet. […] Par exemple, j’ai raconté une visite de Mme de Krüdner à Saint-Lazare, l’effet que la prêcheuse éloquente produisit sur ces pauvres pécheresses, la promesse qu’elle leur fit de les revoir, et aussi son oubli d’y revenir.

853. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) « Chapitre douzième. »

La Bruyère distribuait ses additions avec beaucoup d’art, aux endroits où l’effet en devait être certain, soit que la nouvelle pensée dût éclaircir ou compléter l’ancienne, soit que le portrait nouvellement fait dût rendre plus sensible, en la personnifiant, une vérité morale que la forme abstraite eût dérobée au lecteur, soit simplement pour rompre une suite de réflexions par une peinture. […] Beaucoup de ses traits sont à la fois si frappants et si rapides, que la réflexion qui suit l’impression n’ajouterait pas beaucoup à l’effet produit. […] La variété dans les Caractères est, en plus d’un endroit, l’effet du calcul plutôt que de la richesse de l’invention.

854. (1890) L’avenir de la science « II »

On n’envisage d’ordinaire la science que par ses résultats pratiques et ses effets civilisateurs. […] Il est incontestable qu’il faut faire dans l’histoire une large part à la force, au caprice, et même à ce qu’on peut appeler le hasard, c’est-à-dire à ce qui n’a pas de cause morale proportionnée à l’effet 18. […] Sans doute l’homme produit en un sens tout ce qui sort de sa nature ; il y dépense de son activité, il fournit la force brute qui amène le résultat ; mais la direction ne lui appartient pas ; il fournit la matière ; mais la forme vient d’en haut ; le véritable auteur est cette force vive et vraiment divine que recèlent les facultés humaines, qui n’est ni la convention, ni le calcul, qui produit son effet d’elle-même et par sa propre tension.

855. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre IX. La littérature et le droit » pp. 231-249

Je n’ai pas à discuter et à juger ici cette invasion de la conception réaliste dans le domaine du droit ; sans quoi je devrais faire le départ des effets bons et utiles et des résultats mauvais et funestes qui en furent la conséquence. […] Il y aura au théâtre toute une esthétique nouvelle, et ce ne sera pas un des moins heureux effets de la modification de la loi. […] Pouvant s’adresser directement à un grand nombre de personnes, plus vivante, plus immédiate dans ses effets que l’article de journal, elle a été la dernière à triompher de la peur qu’elle inspire.

856. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « V »

Vous souvenez-vous du tableau à double effet, du pianiste qui s’assied sur son instrument, du monsieur qui éternue « Tiens, le prélude de Parsifal !  […] Vous pensez en tremblant à l’influence de Wagner sur moi et plus encore à l’effet que me produisait la fin de notre amitié. Sur ce dernier point, vous avez raison ; rien ne serait comparable à cet effet : quelque chose d’irremplaçable se briserait en moi et le soleil de mon existence serait obscurci, Dieu, dans sa bonté, m’épargnera un tel malheur et me laissera la joie que je trouve à susciter et à exécuter les plans de cet ami si cher, et à être pour lui, dans une petite proportion, ce qu’il est pour moi si infiniment.

857. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Il fait des réductions, des suspensions, et cause la banqueroute du savoir, du plaisir et de l’esprit humain. » En philosophie, le vrai système de l’abbé Galiani est celui-ci : il croit que l’homme, quand il n’a point l’esprit alambiqué par la métaphysique et par le trop de réflexion, vit dans l’illusion et est fait pour y vivre : « L’homme, nous dit-il, est fait pour jouir des effets sans pouvoir deviner les causes ; l’homme a cinq organes bâtis exprès pour lui indiquer le plaisir et la douleur ; il n’en a pas un seul pour lui marquer le vrai et le faux d’aucune chose. » Galiani ne croit donc pas à la vérité absolue pour l’homme, à la vérité digne de ce nom : la vérité relative, qui n’est qu’une illusion d’optique, est la seule, selon lui, que l’homme doive chercher. […] Il serait assez de l’avis de celui qui dirait : « Je me fais l’effet d’être dans la vie comme dans un appartement entre cave et grenier. […] Lui-même, l’abbé Galiani, qui, en écrivant, songeait certainement au cercle de ses amis de Paris, et qui recommande sans cesse à Mme d’Épinay de garder ses lettres, de les recueillir, ne s’est pas assez rendu compte de l’effet qu’elles pourraient faire sur un public plus étendu et moins initié.

858. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Un autre effet plus grave, qu’il produisait quelquefois par ces excès de parti pris, était de rejeter plus fort vers la gauche des esprits que plus de modération eût pu rallier et concilier à sa cause. […] L’effet que le cardinal Maury fit sur le comte de Maistre répondit peu sans doute à l’attente de ce dernier, et il fut frappé de rencontrer, chez un personnage aussi célèbre et aussi hautement considéré en politique, un si grand nombre de propositions hasardées, irréfléchies, de ces paroles en l’air et de ces légèretés robustes qui retombent de tout leur poids sur celui qui les dit. […] Les chefs-d’œuvre de la chaire sont présentés, analysés en grand, et il n’oublie pas les particularités qui peuvent en éclaircir et en faire valoir quelques effets déjà inaperçus.

859. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Volney, reprenant à sa façon, et quarante ans plus tard, la tâche de Fréret, rencontre également l’autorité des Écritures qu’on lui oppose, et s’en irrite ; il s’en irrite comme un disciple de l’Encyclopédie : de là vient qu’en lisant ces amples et vastes récits d’Hérodote, qui font parfois l’effet d’un beau fleuve de Lydie, et en les comparant à d’autres récits d’un caractère plus primitif encore, il trouve moyen d’y apporter de l’aigreur, d’y mettre de la passion, et d’y insinuer de ce zèle hostile que nourrissait l’école de d’Holbach contre tout ce qui tenait à la tradition religieuse. […] Ayant vu en Orient les effets désastreux du despotisme, il crut qu’il suffisait de la pure et simple liberté pour que tout fût bien. […] Il acheta à cet effet le domaine de la Confina près d’Ajaccio, qu’il jugea favorable à ses expériences et qu’il appelait ses Petites-Indes.

860. (1694) Des ouvrages de l’esprit

Elles trouvent sous leur plume des tours et des expressions qui souvent en nous ne sont l’effet que d’un long travail et d’une pénible recherche ; elles sont heureuses dans le choix des termes, qu’elles placent si juste, que tout connus qu’ils sont, ils ont le charme de la nouveauté, semblent être faits seulement pour l’usage où elles les mettent ; il n’appartient qu’à elles de faire lire dans un seul mot tout un sentiment, et de rendre délicatement une pensée qui est délicate ; elles ont un enchaînement de discours inimitable, qui se suit naturellement, et qui n’est lié que par le sens. […] Comme donc ce n’est point une chose bizarre d’entendre s’élever de tout un amphithéâtre un ris universel sur quelque endroit d’une comédie, et que cela suppose au contraire qu’il est plaisant et très naïvement exécuté, aussi l’extrême violence que chacun se fait à contraindre ses larmes, et le mauvais ris dont on veut les couvrir prouvent clairement que l’effet naturel du grand tragique serait de pleurer tous franchement et de concert à la vue l’un de l’autre, et sans autre embarras que d’essuyer ses larmes, outre qu’après être convenu de s’y abandonner, on éprouverait encore qu’il y a souvent moins lieu de craindre de pleurer au théâtre que de s’y morfondre. […] Le sublime ne peint que la vérité, mais en un sujet noble, il la peint tout entière, dans sa cause et dans son effet ; il est l’expression, ou l’image la plus digne de cette vérité.

861. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Première partie. Écoles et manifestes » pp. 13-41

La méthode classique subordonnait les détails à l’ensemble ; les romantiques, les parnassiens, les symbolistes, les naturalistes, — comme tous les artistes, — s’hypnotisèrent dans la contemplation du détail original. « L’harmonie des couleurs est d’un effet plus puissant que leur opposition brusque, mais c’est un effet plus difficile à obtenir. […] Sa grâce est l’effet de son eurythmie.

862. (1907) Le romantisme français. Essai sur la révolution dans les sentiments et dans les idées au XIXe siècle

Insoumis de pensée, mais à jamais timide par l’effet d’une éducation trop étroite sur une organisation nerveuse facile à briser, il se grisait d’aspirations et d’utopies silencieuses et se composait à outrance un monde irréel. […] Il est sans règle, mais deux passions dominatrices orientent sur deux points fixes la licence de sa pensée : celle de l’honneur, celle du beau, faut-il y ajouter : celle de l’effet ? […] La décadence masculine, le fébrile désarroi dont un Saint-Preux, un Obermann, un René, un Adolphe, premiers types de l’homme nouveau, nous ont offert le spectacle, a un tel effet. […] L’effet le plus redoutable de cette inspiration féminine, ce n’est peut-être pas d’obscurcir la raison. […] Mais cet intérêt n’est pas du tout celui qui nous captive, parce que la tentation ne se présente à la reine d’Espagne que par l’effet d’un traquenard tendu par don Salluste, qui a une vengeance à tirer d’elle.

863. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Aussi bien il y a cercle vicieux précisément parce que, en pareille matière (et il a raison), cause et effet se confondent et qu’il faudrait se défier d’un effet qui ne serait pas cause lui-même immédiatement, et d’une cause qui ne serait point effet ; car l’harmonie ou ne se fait point, ou se fait d’ensemble par actions réciproques qui sont causes et effets à la fois l’une de l’autre. […] Dans ce cas, l’association subsiste comme la patrie subsiste, nullement par l’effet de l’amour, mais par l’effet d’un certain nombre de sentiments qui ne sont, comme le patriotisme, qu’un égoïsme élargi. […] Ils sont les effets de la concurrence elle-même et de la facilité des communications. […] Il en résulte des effets divers, tous désastreux. […] Le progrès est donc extrêmement lié à la chute, comme l’effet à sa cause.

864. (1922) Gustave Flaubert

En contemplant tous ces symboles insignifiants pour nous, je me faisais l’effet d’assister à quelque cérémonie d’une religion lointaine exhumée de la poussière. […] Il dit de la scène du Comice : « Si jamais les effets d’une symphonie ont été reportés dans un livre, ce sera là. […] Et, à la fenêtre de la mairie, Rodolphe développe à l’oreille d’Emma, sans y changer un mot, les vieilles paroles dites et redites des millions de fois, qui font toujours leur effet. […] « Les mêmes effets reviennent trop souvent. […] Modifié çà et là pour obtenir un effet, le récit historique sert de fond, avec ses longueurs nécessaires, et c’est sur lui que doivent se modeler, s’ajuster l’histoire de Salammbô et l’élément romanesque.

865. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XX » pp. 84-86

» Moi, je partis de la cause, je m’en emparai, et la fécondant, j’en suivis l’effet.

866. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XXII » pp. 91-93

Notre été, qui est détestable, lui fait l’effet d’un brouillard, et comme on disait devant elle qu’on ferait telle chose l’hiver prochain, elle a demandé avec effroi : « Quoi !

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