Erckmann-Chatrian, nous donne un mélange bien sage d’Edgar Poe et d’Hoffmann, précipité dans une espèce d’eau blanche, qui est son genre de talent, à lui ; et l’autre, M. […] Ainsi encore, quand Berthaud et son ami Martel sont menacés de périr dans la tempête, en face de tout le village de Plaurach, assemblé sur le rivage, et qu’Autren, l’homme de cœur du livre, qui prouve son cœur en se tuant, comme Werther et Stenio, se jette à l’eau pour sauver son rival, pourquoi le vaisseau de Bernardin de Saint-Pierre, dans Paul et Virginie, vient-il projeter sa grande ombre sur la barquette de M.
« Il est dans l’eau monstrueuse. […] Les flots déchirés et déchiquetés par le vent l’environnent hideusement, les roulis de l’abîme l’emportent, tous les haillons de l’eau s’agitent autour de sa tête, une populace de vagues crache sur lui, de confuses ouvertures le dévorent à demi ; chaque fois qu’il enfonce, il entrevoit des précipices pleins de nuit ; d’affreuses végétations inconnues le saisissent, lui nouent les pieds, le tirent à elles ; il sent qu’il devient abîme, il fait partie de l’écume, les flots se le jettent de l’un à l’autre, il boit l’amertume, l’océan lâche s’acharne à le noyer, l’énormité joue avec son agonie. Il semble que toute cette eau soit de la haine. […] « Autour de lui l’obscurité, la brume, la solitude, le tumulte orageux et inconscient, le plissement indéfini des eaux farouches. […] C’est l’agonie du désespoir sur qui pèse un monde, et à qui un poète sublime a donné une langue semblable à celle de Job lui-même : la langue du grain de sable pensant perdu dans le monceau des hommes, des déserts et des eaux.
Les nuages y paraissent sans couleur, et la joie même y est un peu triste ; mais des fontaines d’eau froide y sortent du rocher, et les yeux des jeunes filles y sont comme ces vertes fontaines où, sur des fonds d’herbes ondulées, se mire le ciel. […] À peine jetée sur l’eau, la petite chemise s’est soulevée. » Plus tard, chaque fois que je la rencontrais, ses yeux étincelaient : « Oh ! […] Le matin, on le trouvait dans les églises en bras de chemise, suant sang et eau. […] Il ne lui proposa même pas un verre d’eau. […] La forme ancienne est Ronan, qui se retrouve dans les noms de lieu, Loc-Ronan, les eaux de Saint-Ronan (pays de Galles), etc.
Ce qui frappe tout d’abord, c’est que la plupart des espèces ont toujours apparu très lentement et les unes après les autres, soit sur la terre, soit dans les eaux. […] Ainsi, une seule espèce de Trigonia, l’un des genres de mollusques les plus répandus des formations secondaires, a survécu jusqu’aujourd’hui dans les mers d’Australie ; et un petit nombre de la grande famille des poissons Ganoïdes, maintenant presque entièrement éteinte, habitent encore nos eaux douces. […] Mais il faut dire que ces observations concernent seulement les faunes marines des diverses parties du monde ; nous manquons de documents suffisamment anciens pour juger si les productions des terres et des eaux douces se transforment suivant la même loi de parallélisme en des contrées aussi distantes. […] Et lorsque le professeur Phillips demande pourquoi les mollusques d’eau douce sont restés presque invariables, depuis une époque très reculée jusqu’à nos jours, nous pouvons répondre qu’ils ont dû être soumis à une concurrence moins vive que les mollusques qui vivent dans les stations plus vastes des mers. […] On pourrait encore citer beaucoup d’autres cas particuliers, tels que le rapport observé entre les coquilles terrestres éteintes et vivantes de Madère et entre les coquilles éteintes et vivantes des eaux saumâtres de la mer Aralo-Caspienne.
Nous pouvons cesser enfin de nous étonner de voir chez l’embryon d’un mammifère ou d’un oiseau à respiration aérienne des fentes branchiales et des arcs aortiques, comme chez un poisson destiné à respirer l’air dissous dans l’eau à l’aide de branchies parfaites. […] Toutes les analogies font plutôt supposer qu’elle fut féconde sur toute sa vaste circonférence, que son enveloppe aqueuse fut le premier laboratoire de toute organisation et que le nombre des germes produits fut immense, mais que sans aucun doute ils furent tous semblables : des cellules germinatives nageant éparses en grappes ou en filaments dans les eaux, une cristallisation organique, rien de plus. […] Il ne s’agissait guère alors pour les différents êtres que de s’accoutumer à vivre au fond des eaux, dans les eaux ou à la surface des eaux.
En lisant ces ouvrages limpides, où rien ne fait mesurer l’espace parcouru, il semble qu’on descende insensiblement dans une eau profonde ; elle n’a rien de particulier, elle est pareille à toutes les eaux ; soudain, je ne sais quel frisson vous avertit que c’est l’eau de l’Océan et que vous y êtes abîmé. […] Voilà les eaux profondes, les eaux mères des perles. […] Quel torrent d’eau vive ! […] La génération de 1840 reçut ce baptême d’eau trouble, elle en revint transformée. […] Les gens qui lui apportent de l’eau sont si bons, elle leur est si reconnaissante !
Toute la grande poésie romantique se réfléchit dans ses vers, non effacée, mais adoucie, comme dans une eau limpide.
En Angleterre, il y a cinq ans, j’ai eu la même sorte d’hypocondrie, mais accompagnée d’une soif si violente, que j’ai bu jusqu’à quinze bouteilles d’eau de seltz en une nuit après m’être mis au lit, sans cesser d’avoir soif, faisant sauter le cou des bouteilles par pure impatience de soif… » Esprit et corps, on se ruinerait à moins tout entier. […] Celui qui, en restant poëte, s’est fait naturaliste et géologue, qui a suivi dans les fissures des roches les eaux tortueuses lentement distillées et poussées enfin par leur propre poids vers la lumière, peut se demander, comme autrefois les Grecs, en les regardant tournoyer et chatoyer sous leurs teintes d’émeraude, ce qu’elles peuvent penser, si elles pensent. […] L’eau coulante, qui chez Goëthe va se modelant sur toutes les formes du terrain, et qu’on aperçoit dans le lointain sinueux et lumineux sous le brouillard doré qu’elle exhale, s’est prise tout d’un coup chez Byron en une masse de glace, et ne fait plus qu’un bloc rigide de cristal. […] J’ai demandé — la folie comme un bienfait ; elle m’est refusée. — J’ai affronté la mort ; mais dans la guerre des éléments — les eaux se sont écartées de moi, — et les choses mortelles ont passé près de moi sans me faire mal. […] » — « Cultive ton jardin, resserre-toi dans un petit cercle, rentre dans le troupeau, deviens bête de somme. » — « Redeviens croyant, prends de l’eau bénite, abandonne ton esprit aux dogmes et ta conduite aux manuels. » — « Fais ton chemin, aspire au pouvoir, aux honneurs, à la richesse. » Ce sont là les diverses réponses des artistes et des bourgeois, des chrétiens et des mondains.
Si vous ne m’en croyez pas sur les dessins d’Amand, celui où au bas d’une fabrique à droite il y a un groupe de gens qui concertent ; à gauche une statue de Flore sur son piédestal ; à droite un escalier ; au-dessus de l’escalier une fabrique ; plus vers la gauche, sur une partie du massif commun de la fabrique, une cuvette soutenue par des figures, et au-dessous de la cuvette, un bassin qui reçoit les eaux ; revoyez cela, et jugez si j’ai tort de dire que rien n’est plus bizarre, plus dur et plus mauvais.
Il réussit à traverser l’eau, regagna Paris en courant, et la défunte put être enterrée. […] Muracciole, en même temps, me donne une carafe pleine d’une belle eau claire et limpide, en place de la sale cruche qui était près de moi, et, bienfait inappréciable ! […] oui, grâce au Roman d’une nuit, — à l’âge ingénu où il est si doux d’aller voir se baigner sous les branches les hamadryades de Meudon, — j’ai passé un mois dans la morne prison de Sainte-Pélagie, sous la surveillance hargneuse d’un guichetier appelé Vert-de-gris, en compagnie de cochers maraudeurs, de marchands de vin qui avaient mis de l’eau dans leur lait, de marchands de lait qui avaient mis de l’eau dans leur vin, et de jeunes voleurs de souliers. […] Catulle Mendès et nous en avons ri ensemble, maintenant que les années ont passé là-dessus et que le poète a mis dans son vin cette eau du Gange dont parle Théophile Gautier. […] Dans notre petit salon joyeux de la rue de Douai, — car nous avions repassé l’eau, en voiture !
Dans la Revue des Deux Mondes du 1er mars, il y a une chronique où Rossi, nageant entre deux ou trois eaux, et ne voulant guère parler de choses d’ici, a très-bien parlé, ce me semble, de Genève et de la Suisse.
C’est là, sans doute, au sein des spacieuses et lumineuses vallées de la Loire et du Cher, près de ces belles eaux où se reflètent les châteaux d’Amboise, de Langeais et de Chenonceaux, qu’il a subi inconsciemment l’influence des poètes et des artistes du xvie siècle.
On dit que cet effet ressemble à celui du plafond d’une galerie éclairée par la surface d’une eau vacillante.
Quand le grand foyer descend dans les eaux, de rouges fanfares s’élancent de tous côtés ; une sanglante harmonie éclate à l’horizon, et le vert s’empourpre richement. […] Les eaux étaient d’une profondeur inouïe ; les grandes ombres qui coupent les pans des maisons et dorment étirées sur le sol ou sur l’eau avaient une indolence et un farniente d’ombres indéfinissables. […] C’est l’imagination du dessin importée dans le paysage : jardins fabuleux, horizons immenses, cours d’eau plus limpides qu’il n’est naturel, et coulant en dépit des lois de la topographie, rochers gigantesques construits dans des proportions idéales, brumes flottantes comme un rêve. […] Sa peinture respire une grande mélancolie : Il aime les natures bleuâtres, les crépuscules, les couchers de soleil singuliers et trempés d’eau, les gros ombrages où circulent les brises, les grands jeux d’ombres et de lumière. […] Versailles abrite son peuple de statues sous des ombrages qui leur servent de fond, ou sous des bosquets d’eaux vives qui déversent sur elles les mille diamants de la lumière.
Qui n’a pas surtout épié de l’oreille ces musiques de la nuit sereine dans les beaux climats de l’Orient, dans les belles saisons de l’Occident, sur les margelles des eaux courantes, sur les rives des grands fleuves, au bord retentissant de la mer ? […] Il est accordé à l’homme doué du sens musical d’y assister quelquefois et de saisir, à travers la distance et la solitude, comme un passant sous les balcons d’un palais, quelques faibles échos de ces concerts que la terre, l’air, les eaux et les feux donnent à leur Auteur. […] Les cascades sèment comme une sueur des eaux, les flocons d’écume sur l’herbe de ses rives : elles plient à peine les roseaux de son lit en approchant de son embouchure. […] C’est ainsi qu’on voit, pendu à un clou au bord de la fenêtre d’une couturière, un bouvreuil mâle chanter dans sa cage pour gagner le grain de millet et la goutte d’eau dont sa maîtresse récompense ses symphonies, puis porter en voltigeant au-dessus du nid de sa femelle ce grain de millet à ses petits encore sans plumes, ouvrant leurs becs pour recevoir leur nourriture. […] Le lendemain, nous sommes parvenus à Ips, où deux minorites et un bénédictin, qui avaient été aux eaux avec nous, dirent la messe.
En effet, ils ne boivent que de l’eau, ils s’éclairent et font la soupe avec de l’huile de navette, ils ne goûtent jamais de beurre, ils s’habillent de la laine de leurs ouailles et du chanvre qu’ils cultivent ; ils n’achètent rien, sauf la main-d’œuvre des toiles et serges dont ils fournissent la matière Dans une autre métairie sur les confins de la Marche et du Berry, les 46 colons coûtent moins encore, car chacun d’eux ne consomme que pour 25 francs par an. […] À force d’amis et de protection, il ne leur en a coûté que 48 livres. » — Défense de puiser de l’eau de la mer et des sources salées, à peine de 20 et 40 livres d’amende Défense de mener les bestiaux dans les marais et autres lieux où il y a du sel, ou de les faire boire aux eaux de la mer, à peine de confiscation et de 300 livres d’amende. — Défense de mettre aucun sel dans le ventre des maquereaux au retour de la pêche, ni entre leurs lits superposés. […] Celui-ci, pour envoyer les quatre pièces au consommateur, verse encore à la ferme 75 francs. — Le vin part, et la ferme lui prescrit certaines routes ; s’il s’en écarte, il est confisqué, et, à chaque pas du chemin, il faut qu’il paye. « Un bateau de vin du Languedoc692, Dauphiné ou Roussillon, qui remonte le Rhône et descend la Loire pour aller à Paris par le canal de Briare, paye en route, sans compter les droits du Rhône, de trente-cinq à quarante sortes de droits, non compris les entrées de Paris. » Il les paye « en quinze ou seize endroits, et ces payements multipliés obligent les voituriers à employer douze ou quinze jours de plus par voyage qu’ils n’en mettraient si tous ces droits étaient réunis en un seul bureau ». — Les chemins par eau sont particulièrement chargés. « De Pontarlier à Lyon, il y a vingt-cinq ou trente péages ; de Lyon à Aigues-Mortes, il y en a davantage, de sorte que ce qui coûte 10 sous en Bourgogne, revient à Lyon à 15 et 18 sous, et à Aigues-Mortes à plus de 25 sous. » — Enfin, le vin arrive aux barrières de la ville où il sera bu.
Ils respirent des fleurs, boivent de l’eau et mangent des fruits. […] et quelle eau ! […] Quand le poète nous a dit que cette eau est suave et fortifiante, que tel parfum est discret comme la pudeur, ou léger comme l’espoir, ou chaud comme un baiser, et que les « arbres somptueux » portent des « fruits nouveaux », il est au bout de ses imaginations ; et nous sentons bien que ce ne sont là que des mots et que, moins timoré ou plus franc, il eût simplement transporté dans son Paradis les coulis du café Anglais et les meilleurs produits de la parfumerie moderne, ou qu’il se fût contenté de mettre en vers cet admirable conte de l’Ile des plaisirs, où le candide Fénelon exhorte les enfants à la sobriété en les faisant baver de gourmandise. […] Ici le grand Apelle, heureux dès avant nous, De sa vision même est devenu l’époux ; L’Aube est d’Angelico la sœur chaste et divine ; Raphaël est baisé par la Grâce à genoux, Léonard la contemple et, pensif, la devine ; Le Corrège ici nage en un matin nacré, Rubens en un midi qui flamboie à son gré ; Ravi, le Titien parle au soleil qui sombre Dans un lit somptueux d’or brûlant et pourpré Que Rembrandt ébloui voit lutter avec l’ombre ; Le Poussin et Ruysdaël se repaissent les yeux De nobles frondaisons, de ciels délicieux, De cascades d’eau vive aux diamants pareilles ; Et tous goûtent le Beau, seulement soucieux, Le possédant fixé, d’en sentir les merveilles.
La religion, la morale, la vertu, ne sont plus les sources où le poète va puiser ses inspirations ; il s’abreuve trop souvent aux eaux corrompues du vice et de l’impiété, où le goût se perd, où la raison périt. […] Nous demanderons à leur vie le secret de leurs œuvres : nous remonterons le cours du fleuve depuis son embouchure jusqu’à sa source, afin de découvrir la cause des variations et dans la rapidité de sa marche et dans la limpidité de ses eaux. […] L’eau d’un fleuve réfléchit les nuages de son ciel et les paysages de ses rives. […] Mais lorsque, pour calmer sa poitrine altérée, Il humait lentement le verre d’eau sucrée, Un avocat s’avance, offrant de partager Le poids d’un dévouement dont il sent le danger ; Mais tout cède en son cœur au désir d’être utile C’est de nos avocats le langage et le style.
Car il était dans la nature de son talent de nous en donner beaucoup, de nous en donner indéfiniment ; la qualité de Victor Hugo étant, et je ne veux pas la diminuer, d’être un puits artésien de poésie, — un puits artésien intarissable, mais intarissable de la même eau. […] Il nage dans son vers comme le poisson dans l’eau. […] Son Pape n’est que la même goutte d’eau connue et tombée tant de fois, essuyée et tombant toujours à la même place, avec une monotonie qui fait peu d’honneur à la fécondité de son cerveau. […] Les idées que les ignorants qui lisent reçoivent de la plume des ignorants qui écrivent, les idées qui présentement filtrent partout et grimpent comme l’eau du déluge jusque dans les esprits qui semblent pourtant assez élevés pour leur échapper, sont ici affirmées une fois de plus, et Victor Hugo leur donne, pour les faire monter plus haut, le coup de piston d’un talent qui passe pour un génie.
Celui des Ruines de la foire Saint-Germain où le peintre a choisi le moment qui succède au danger ; où les braises ardentes éclairent les débris de l’édifice et les lieux circonvoisins ; où les hommes épuisés se reposent de leurs fatigues, et se remettent de leur effroi ; où les uns sont spectateurs oisifs, et les autres éteignent dans une mare d’eau des poutres, des solives à demi consumées ; où chacun travaille à reconnaître ses effets entassés pêle-mêle ; cette ruine, dis-je, a de l’effet.
Il était de ceux qui s’étaient mis en route par eau vers Damiette. […] Bientôt le danger devient inévitable : on n’a qu’à choisir entre l’alternative d’être pris sur l’eau en se rendant aux galères du Soudan, ou d’être massacré par les Sarrasins en débarquant à terre. […] Joinville, même dans sa maladie, jeûnait tous les vendredis de Carême au pain et à l’eau ag.
Frédéric lui conseille les eaux du Léthé, ce bienfait du temps. « Fi donc ! dit La Beaumelle, ces eaux du Léthé sont un peu fades » ; et il ajoute en copiant (p. 312) : « Les eaux du Léthé, c’est-à-dire de bonnes rasades de vin de Hongrie, doivent endormir des chagrins, etc. » Ce vin de Hongrie, à cet endroit, est de son cru.
Les carrés de légumes se trouvaient dans la partie la moins élevée, et aboutissaient tous à un grand étang placé au milieu, et sur lequel était construite une machine hydraulique qui envoyait de l’eau dans les cuisines et dans toutes les cellules, et alimentait plusieurs jets d’eau dans le grand jardin du cloître et dans celui du prieur. Derrière l’église était le cloître, contenant quarante cellules, composées chacune de quatre belles pièces, et ouvrant d’une part sur un joli jardin, et de l’autre sur le cloître, en communication lui-même avec le grand jardin, orné d’ifs taillés en pyramide, de gazons et d’un bassin avec un superbe jet d’eau.
Un voyage que fait Madeleine, l’été de cette année, avec ses parents à une ville d’eaux, cette courte absence d’où elle reviendra tout à fait grande personne et jeune fille accomplie, contribue fort à mûrir l’amour au cœur de Dominique et à lui apprendre ce qu’il ne se disait qu’assez vaguement. […] On devine : c’est le prochain mari de Madeleine, celui dont la rencontre avec elle était d’avance arrangée dans cette ville d’eaux. […] Une fois, pendant le premier voyage de Madeleine, quand elle est aux eaux, il pénètre jusque dans la chambre de la jeune fille ; mais avec quelle discrétion, remarquez-le !
C’est Progné « qui caracole, frisant l’air et les eaux », c’est Perrette qui « d’un oeil marri quitte sa fortune à terre répandue », c’est le souper du croyant « qui s’envole » avec la colombe. […] Son sujet le mène, comme un courant d’eau conduit et meut une feuille qui tournoie ; les mots viennent d’eux-mêmes, et les phrases aussi avec leur ordre, leur ton, leur longueur, capables de s’enfler, de s’abaisser, d’être tonnantes ou humbles, d’imiter par la majesté ou la nonchalance de leur mouvement toutes les faces et tous les accidents du spectacle qui se déroule en ce moment sous ses yeux. […] Notre corps se redresse à la vue d’un noble chêne ; notre main décrit une ligne sinueuse à l’aspect d’une eau ployante et penchée ; notre pas se mesure sur le rythme d’un air que nous entendons.
Te souvient-il du lac tranquille Qu’effleurait l’hirondelle agile, Du vent qui courbait le roseau Mobile, Et du soleil couchant sur l’eau Si beau ? […] Nous nous réunissions, au retour de la promenade, auprès d’un bassin d’eau vive, placé au milieu d’un gazon dans le potager : madame Joubert, madame de Beaumont et moi, nous nous asseyions sur un banc ; le fils de madame Joubert se roulait à nos pieds sur la pelouse ; cet enfant a déjà disparu. […] « Il sentait le besoin d’un effet, me dit Artau, ne pouvant pas le sentir, il l’affecta. » Il s’assit sur le rebord en pierre du jet d’eau en face du portail, entre les obélisques égyptiens, et, plaçant sa main sur sa poitrine, il dit à Artau : « J’ai soif !
La peur de l’eau. […] Ils expliquent encore les habitudes qu’ont certains animaux : les tourterelles, d’aller toujours par deux (Les deux jumelles) ; l’hyène, de farfouiller dans la paille bottelée (L’hyène commissionnaire) ; les poules, d’éparpiller leur manger (Pourquoi les poules etc…) ; les motifs qu’a la race caprine de redouter l’eau (La peur de l’eau) ceux qu’elle eut de se résigner à la domestication (Les chèvres domestiquées).
» Quand l’Allemagne elle-même, si longtemps nommée la douce et religieuse Allemagne, mais qui a dernièrement recommencé le dix-huitième siècle en mettant de grands mots et des obscurités d’école où le dix-huitième avait émis de petites phrases claires comme de l’eau (car il ne faut pas profaner ce mot de lumière), quand l’Allemagne elle-même attaque Dieu, elle n’y va pas de main morte. […] « La religion, dit-il, en même temps qu’elle atteint par son sommet le ciel pur de l’idéal (par exemple, Benjamin Constant, qui filtrait son eau du Rhin avant de la boire, était trop spirituel et trop Français, lui ! […] Mercure qui saute et s’éparpille, couleuvre qui glisse, ombre qui s’efface dans le brouillard, il se dédouble, se renverse, se dérobe comme ce polype qui fuit sous l’eau, quand il l’a troublée.
Ainsi commençait la lumière dans le chaos du moyen âge ; ainsi l’esprit de Dieu, la science et la poésie étaient portées sur les grandes eaux de la barbarie. […] Il avait, peut-être à un plus haut degré, les mêmes études de langue latine, de poésie provençale et de philosophie ; il composait une thèse sur la terre et l’eau considérées comme premiers éléments ; il était venu écouter dans Paris, rue du Fouarre, un grand maître de scolastique, et il avait lui-même discuté contre tout venant. […] « Que Notre-Seigneur soit loué par l’eau, l’élément le plus salutaire aux mortels, humble, pur, limpide !
« Pouvez-vous aller d’un lieu à un autre si on ne vous le permet, user des fruits de la terre et des productions de votre travail, tremper votre doigt dans l’eau de la mer et en laisser tomber une goutte dans le pauvre vase de terre où cuisent vos aliments, sans vous exposer à payer l’amende et à être traînés en prison ? […] « Quand on veut passer une rivière rapide, on se forme en une longue file sur deux rangs, et, rapprochés de la sorte, ceux qui n’auraient pu, isolés des autres, résister à la force des eaux, la surmontent sans peine.
L’auteur des Eaux de Saint-Bonan et du Château de Woodstock est toujours celui des Puritains et d’Ivanhoé ; et il ne faut pas qu’en lui présentant à nu, et, pour ainsi dire, en disséquant devant lui ses chétifs derniers-nés, on le contraigne trop malignement à rougir des marques de l’infirmité humaine. […] Toutes celles qu’il a recueillies dans son commerce avec les classiques grecs et latins, avec les voyageurs et les poëtes du jour, avec les oiseleurs, les chasseurs au renard, les pâtres et les braconniers de ses romans, il les entasse pêle-mêle dans cette production de détresse, à peu près comme au moment du naufrage on jette à l’eau bagages et trésors : Médée, Minerve, Prospero, Robin-Hood, des magiciens, des meutes, des lévriers, des corbeaux, des tigres, l’énorme serpent Anaconda, l'Oύτις 9 d’Homère, le Lope d’Aguirre, le Thalaba de Southey, et cela en présence de pareils événements et de pareils hommes !
. — Le coche l’emporte à Versailles ; il aperçoit un seigneur qui, au bord d’une pièce d’eau, fait une révérence et offre la main à une dame. […] Cependant les jets d’eau montent alentour effilés comme des bouquets de plumes ; les charmilles égalisées ressemblent à une haie de Suisses ; les colonnades arrondissent leurs décorations comme un salon champêtre.
il en énumère simplement les principaux effets : domestication des animaux, invention de l’agriculture, de la médecine, applications du feu, de l’eau, découvertes astronomiques et mesure du temps. […] L’inventaire à la façon de Delille, qui épuise le ciel, puis la terre, puis l’eau, est un procédé facile, mais de nul effet.
Don Juan arrive à la nage ; Rosalba tend la main au naufragé pour l’aider à sortir de l’eau. […] “Du vin, du vin, du vin, assez d’eau comme cela !”
Puis Cloto, la première des Parques, fileuse fatidique de la vie humaine, retira le petit Pélops vivant de l’eau bouillonnante. […] Chaque fois en effet que le vieillard se penche, l’eau fuit et tarit, et la terre noire, desséchée par un Démon, s’élargit autour de ses pieds.
Une grenouille saine, emprisonnée dans l’eau par une glace placée au-dessus de sa tête, saura fort bien découvrir une sortie par les coins pour aller respirer l’air. […] Nous sentons vaguement un milieu où nous sommes plongés et où, pour ainsi dire, nous nageons, mais comment discerner à part l’action des myriades de gouttes d’eau qui nous pressent et dont toutes les pressions se ressemblent ?
Sturm signifiait pour le garçon : une bouteille d’eau de Seltz, un carafon d’absinthe, une canette de bière. […] — Sire répond le maire, cette pauvre rivière, obstruée de joncs, aux eaux dormantes comme celles d’un marais, n’est bonne à rien et voudrait bien être bonne à quelque chose.
Chamfort employa ce don de l’amitié à faire les frais d’un voyage à Contrexeville, pour y prendre les eaux et achever sa guérison. […] Il espéra que les eaux de Barrège seraient plus efficaces que celles de Contrexeville ; mais, à défaut de santé, il y trouva plusieurs dames de la cour, qui prirent un goût particulier à sa conversation ingénieuse et piquante.
Là elle toucha à Chateaubriand et à Sainte-Beuve et s’en mit une goutte dans son verre d’eau claire, où depuis tombèrent des larmes qui firent reprendre au verre d’eau sa limpidité et sa clarté premières… Mme Swetchine, sans sa piété vraie et avec son éducation pédantesque, aurait été un bas-bleu de forte espèce, parfaitement caractérisé, et Mme de Blocqueville tient beaucoup plus d’elle que d’Eugénie de Guérin, sous le charme de laquelle elle se débat un peu, comme elle se débat, mais plus convulsivement, sous la puissance magique de cet enchanteur à poison qui s’appelle Henri Heine, et qui est le péché mignon de la haute Dévote de son livre, — la duchesse Eltha, qui pourrait bien, au fond, n’être qu’une marquise… Mme de Blocqueville a beau assurer dans sa préface, avec des airs oraculaires et mystérieux, qu’Eltha et Lucio, qui se font l’amour tout le temps du livre, ne sont pas des amants et qu’elle ne peut pas en dire davantage.
Le héros du roman de Mme Gustave Haller, lequel se passe en Angleterre et fait mille politesses à ce pays, est une espèce de Grandisson, membre de la Société de tempérance et qui fait boire de l’eau à son domestique, né Français (il nous en fait boire aussi !) […] L’héroïne, lymphatique autant que dans le blême dessin de Carpeaux, est une institutrice française à Londres, rencontrée par le héros dans un naufrage (ils ont fait connaissance dans l’eau) et retrouvée dans une maison anglaise.
Il lui parlait machine à dessaler l’eau pour les besoins de la colonie, et cela ne la dessala pas, cela ne la dégrisa pas de son amour ! […] que ce verre d’eau fraîche nous fait du bien en lisant ces lettres.