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559. (1874) Premiers lundis. Tome I « Œuvres de Rabaut-Saint-Étienne. précédées d’une notice sur sa vie, par M. Collin de Plancy. »

Ces trois dernières années mémorables sont à ses yeux un grand drame complet qui a eu son commencement, son milieu et sa fin.

560. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Le théâtre annamite »

Du drame qu’ils jouaient, je n’ai pas compris un mot.

561. (1913) Le bovarysme « Quatrième partie : Le Réel — II »

Avec l’abolition totale de cette activité, voici abolie, avec l’objet qui se reflétait dans la conscience, l’activité elle-même de la conscience où plus rien n’apparaît, Nietzsche s’est élevé avec force dans son Zarathoustracontre ces purs contemplatifs, contre ces dévots « de l’immaculée connaissance » qui se posent devant la réalité objective ainsi que des miroirs aux cent faces et ne veulent être que des reflets, renonçant, pour mieux connaître, à se mêler aux acteurs du drame phénoménal et retranchant de leur âme toute passion et tout désir.

562. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 25, des personnages et des actions allegoriques, par rapport à la poësie » pp. 213-220

Les françois se sont mépris comme les autres sur la nature du drame, lorsqu’ils ont commencé à faire des pieces dramatiques qui meritassent d’avoir un nom.

563. (1858) Cours familier de littérature. V « XXVIe entretien. Épopée. Homère. — L’Iliade » pp. 65-160

IV Le poète profite de cette suspension du drame pour peindre, en vers techniques qui ont toute la poésie de la mer et du navire, les manœuvres d’une barque qui jette l’ancre dans une rade. […] L’idée de faire décrire au vieux Priam par la coupable et malheureuse Hélène, cause de cette guerre, les guerriers qui vont tout à l’heure immoler ses fils et l’immoler lui-même et brûler son palais, est un trait du pathétique qui fait de cette revue tout un drame. […] Voyez et écoutez cette scène conjugale entre Hector, son épouse et son enfant, scène qui a servi et qui servira éternellement de texte à toutes les poésies de l’épopée, du drame, de la peinture et de la sculpture. […] Le poète transporte soudain le drame dans la tente d’Achille. […] On voit, par cette incomparable scène et par cette incomparable élégie, qu’Homère aurait été aussi dramatique qu’il était épique, lui, la source inépuisable de tous les drames que son poème a inspirés à toutes les scènes de l’univers !

564. (1859) Cours familier de littérature. VIII « XLIVe entretien. Examen critique de l’Histoire de l’Empire, par M. Thiers » pp. 81-176

C’est que ce livre est un des monuments écrits les plus vastes qui aient jamais été conçus et exécutés par une main d’homme ; c’est que ce livre est une histoire, c’est-à-dire une des œuvres de l’esprit dans laquelle l’ouvrier disparaît le plus dans l’œuvre devant l’immense action de l’humanité qu’il raconte ; c’est qu’un tel livre n’est plus l’auteur, mais le monde, pendant une de ses périodes d’activité de vingt-cinq ans ; c’est que ce livre est le récit de la vie d’un de ces grands acteurs armés du drame des siècles, acteurs nécessaires selon les uns, funestes selon les autres (et je suis au nombre des derniers), mais d’un de ces acteurs, dans tous les cas, qui n’a de parallèle dans l’univers qu’avec Alexandre ou César ; c’est que ce livre remue en passant toutes les questions vitales et morales, de religion, de philosophie, de superstition, de raison, de despotisme, de liberté, de monarchie, de république, de législation, de politique, de diplomatie, de guerre, de nationalité ou de conquête, qui agitent l’esprit du temps et qui agiteront l’esprit de l’avenir jusque dans les profondeurs de la conscience des peuples ; c’est que ce livre est écrit par une des intelligences non complètes (il n’y en a point de complète devant l’énigme divine posée par la Providence, qui a seule le mot des événements), mais par une de ces intelligences les plus lumineuses, les plus précises, les plus studieuses, les plus universelles, et, disons-nous le mot, en le prenant dans le sens honnête, les plus correspondantes à la moyenne des intelligences, dont un écrivain ait jamais été doué par la nature ; c’est que ce livre, enfin, est aussi remarquable par ce qu’il contient que par ce qui lui manque. […] Il a eu ensuite toutes les conditions extérieures qui sont nécessaires au rôle d’historien : ministre, orateur, chef de parti assistant à toutes les péripéties du drame de son temps et à celles de son propre drame. […] C’est évidemment, selon nous, un jeu de scène pour intéresser le drame. […] La conjuration de la machine infernale et ses conséquences sont un drame d’abord ténébreux, puis éclairé de son véritable jour.

565. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Néanmoins, en 1819, époque à laquelle ce drame commence, il s’y trouvait une pauvre jeune fille. En quelque discrédit que soit tombé le mot drame par la manière abusive et tortionnaire dont il a été prodigué dans ces temps de douloureuse littérature, il est nécessaire de l’employer ici ; non que cette histoire soit dramatique dans le sens vrai du mot, mais, l’œuvre accomplie, peut-être aura-t-on versé quelques larmes intra muros et extra. […] sachez-le : ce drame n’est ni une fiction, ni un roman. […] Mme de l’Ambermesnil approuva beaucoup les vues de son hôtesse sur le Goriot, vues excellentes, qu’elle avait d’ailleurs devinées dès le premier jour ; elle le trouvait un homme parfait. » IV Le drame du père Goriot commence avec une hideuse vérité, et finit avec une odieuse invraisemblance. […] Voici le début du drame : V Les pensionnaires accusaient le père Goriot d’un honteux libertinage.

566. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre cinquième. Le réalisme. — Le trivialisme et les moyens d’y échapper. »

Mais comme, en somme, le lecteur d’un roman ou d’un drame, le contemplateur d’une œuvre d’art ne peut jamais être que pendant un instant très fugitif dans la situation d’un halluciné, que dans tout esprit bien pondéré le raisonnement reprend aussitôt ses droits, il s’ensuit que l’art moderne, pour produire la conviction durable, qui est la mesure même de la force des images, n’a pas de moyen meilleur que de prendre ses images dans la réalité même, de les organiser comme il les voit organisées dans la vie. […] Les premiers poèmes et les premiers romans ont conté les aventures des dieux ou des rois ; dans ce temps-là, le héros marquant de tout drame devait nécessairement avoir la tête de plus que les autres hommes. […] En effet, si la vie des choses, — des montagnes, de la mer, du soleil et des étoiles, — pouvait arriver jusqu’à la conscience, jusqu’à la volonté, cette conscience ne saurait être alors identique à la nôtre ni à celle qu’imagine le poète : son drame, quoi qu’il fasse, sera toujours trop mesquin, trop étroit pour contenir la nature, sa force et sa vie. […] Or, en une certaine mesure, chacun de nous est tout le monde, aussi longtemps du moins qu’il demeure en l’état de calme ; et le personnage d’un drame aussi est tout le monde à moins de personnalité par trop marquée. […] Le roman trop descriptif, attaché au menu détail de la vie, brouille les deux représentations différentes du monde : celle que s’en fait l’observateur curieux regardant toutes choses d’un œil égal, et celle que s’en fait l’acteur ému d’un drame, qui voit seulement dans le monde le petit nombre de choses se rapportant à son émotion, ne remarque rien du reste et l’oublie.

567. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XII. Mort d’Edmond de Goncourt » pp. 157-163

Tels qu’il sentait un drame, des types, tels il les formulait, avec toute la rigueur possible.

568. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXIXe entretien. Tacite (2e partie) » pp. 105-184

Aujourd’hui des légions et des flottes, et, ce qu’on avait vu plus rarement encore, les prétoriens et les soldats, gardiens de la ville, marchaient au combat. » II Selon l’admirable économie de ses récits, ordonnés comme des poèmes, Tacite profite de la lenteur d’Othon dans sa marche vers les Gaules pour reporter les regards de son lecteur vers une autre région de l’empire où se noue un autre drame militaire pour un troisième dénouement déjà prévu. […] « Anicétus, informé, en sortant, de l’arrivée d’Agérinus envoyé par Agrippine au palais, conçoit à l’instant le plan d’un nouveau drame. […] LVII Est-ce le drame ?

569. (1839) Considérations sur Werther et en général sur la poésie de notre époque pp. 430-451

» …… Byron dans tous ses ouvrages et dans toute sa vie, Goethe dans Werther et Faust, Schiller dans les drames de sa jeunesse et dans ses poésies, Chateaubriand dans René, Benjamin Constant dans Adolphe, Senancourc dans Oberman d, Sainte-Beuve dans Joseph Delorme, une innombrable foule d’écrivains anglais et allemands, et toute cette littérature de verve délirante, d’audacieuse impiété et d’affreux désespoir, qui remplit aujourd’hui nos romans, nos drames et tous nos livres, voilà l’école ou plutôt la famille de poètes que nous appelons Byronienne : poésie inspirée par le sentiment vif et profond de la réalité actuelle, c’est-à-dire de l’état d’anarchie, de doute et de désordre où l’esprit humain est aujourd’hui plongé par suite de la destruction de l’ancien ordre social et religieux (l’ordre théologique-féodal), et de la proclamation de principes nouveaux qui doivent engendrer une société nouvelle. […] Goethe, qui apprit le français en même temps que sa langue maternelle ; qui, à dix ou douze ans, pendant l’occupation que les Français firent de Francfort, assistait tous les soirs aux représentations des drames français, et faisait lui-même à cet âge, génie précoce qu’il était, des pièces écrites en français ; qui, durant toute son éducation, achevée en France, lut et dévora avidement tous les écrits de la France ; Goethe, dis-je, appartient par mille liens à l’esprit général de la France et du Dix-Huitième Siècle.

570. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Ce mot est formé d’un mot grec, qui veut dire tenir le premier lieu : c’était, en effet, par là que s’ouvrait le drame. […] On appelait ainsi cette portion du drame qui était entre les chants du chœur ; elle équivalait à nos trois actes du milieu. […] Il est vrai que plusieurs auteurs ont confondu, dans le drame grec, l’épilogue avec ce qu’on nommait exode, trompés par la définition d’Aristote.

571. (1905) Études et portraits. Sociologie et littérature. Tome 3.

 » Cette foi dans la présence réelle qui répète à chaque minute le drame du Calvaire pour chaque Conscience de croyant, cette « vitalité chrétienne », disait M.  […] Mais il est grand encore, par cette conviction, si profonde en lui, que les drames les plus émouvants de la vie sont des drames de conscience.‌ […] Je veux parler du drame d’amour qui mit aux prises, voici soixante ans passé, deux des beaux génies de notre âge : Alfred de Musset et George Sand. […] George Sand, au contraire, n’a jamais su ramasser un drame en cinquante pages. […] Autre drame, autre problème.

572. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Conduite de l’action dramatique. » pp. 110-232

L’opéra est un drame dont l’action se chante, et réunit le pathétique de la tragédie et le merveilleux de l’épopée. […] Le drame en musique doit donc faire une impression bien autrement profonde que la tragédie et la comédie ordinaire : il serait inutile d’employer l’instrument le plus puissant, pour ne produire que des effets médiocres. […] Il est beau pour l’homme de goût, lorsque le musicien a bien saisi, non seulement le principal caractère de la déclamation, mais encore toutes les finesses qu’elle reçoit des intérêts de ceux qui parlent et agissent dans le drame. […] Il serait également faux de faire alternativement parler et chanter les personnages du drame lyrique. […] Le choix et la disposition du sujet, l’ordonnance et la marche de tout le drame, sont l’ouvrage du poète.

573. (1883) Le roman naturaliste

La Conquête de Plassans rentre dans le plan que s’est imposé l’auteur « de faire raconter le second empire par ses personnages, à l’aide de leurs drames individuels ». […] L’émotion en est absente, comme d’ailleurs le drame est absent de ses romans. […] Quelques épisodes parasites, — il y en a plusieurs, — n’empêchent pas qu il y ait dans les Rois en exil ce qu’on regrettait de ne trouver ni dans le Nabab, ni surtout dans Jack, à savoir un vrai drame. […] Zola valût le drame du grand rival de Shakespeare ! […] C’est le point culminant du drame.

574. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIe entretien. La littérature des sens. La peinture. Léopold Robert (2e partie) » pp. 5-80

Il pouvait prendre cette image de l’extase humaine sous mille aspects, sous mille formes, dans mille attitudes et dans mille scènes plus élevées du drame de la vie : les palais, les temples, les bosquets, les bords des fontaines lui offraient ces images de la félicité ou de la volupté, dans les champs de victoire, dans les triomphes des guerriers ou des orateurs sauveurs de la patrie et idoles des peuples, dans les actes de foi et de culte qui unissent les hommes à Dieu par la piété, cette plénitude de l’âme ; par les langueurs de l’amour heureux, dans les jardins d’Armide et d’Alcine, où le Tasse et l’Arioste enlacent leurs héros dans les bras de beautés ivres de regards. […] Il ne manquait à ce drame rural que l’amour : le voilà ! […] C’est là que se déroule tout le drame muet du tableau. […] Il finit par leur donner à toutes cette impression de terreur tragique ou de douleur anticipée qui en fait un drame pathétique, intelligible au premier regard, et indélébile dans le souvenir une fois qu’on l’a regardé.

575. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

J’avais dit, le jour où j’eus l’honneur de succéder à Delavigne pour le fauteuil académique, que je regrettais, dans ses drames, qu’au lieu d’aller de concessions en concessions du côté du romantisme sans y atteindre jamais, le poète ne fût pas resté plus franchement ce qu’il était par nature et par goût, — classique : et quand j’exprimais publiquement ce regret ce n’était pas du tout que moi-même je fusse devenu classique, ni que je me fusse converti (comme Rigault le prétendait en me raillant agréablement) ; mais j’aime ce qui a un caractère, j’aime l’originalité et l’individualité dans la poésie et dans l’art, cette individualité ne fût-elle pas précisément la mienne ni celle de mes amis. […] Chargé en 1848 de conférences de rhétorique à Louis-le-Grand et ayant à expliquer un auteur français, il avait pris pour texte Victor Hugo, rien que lui, et, dans ses œuvres, rien que ses drames ; il s’était mis à y relever les fautes, les exagérations : il se faisait la partie belle et s’en amusait ; il triompha ainsi pendant près d’une année à huis clos.

576. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « La Fontaine »

Des auteurs d’esprit s’y sont trompés ; ils ont mis en action, selon le précepte, des animaux, des arbres, des hommes, ont caché un sens fin, une morale saine sous ces petits drames, et se sont étonnés ensuite d’être jugés si inférieurs à leur illustre devancier : c’est que La Fontaine entendait autrement la fable. […] Il avait fini évidemment par y voir surtout un cadre commode à pensées, à sentiments, à causerie ; le petit drame qui en fait le fond n’y est plus toujours l’essentiel comme auparavant ; la moralité de quatrain y vient au bout par un reste d’habitude ; mais la fable, plus libre en son cours, tourne et dérive, tantôt à l’élégie et à l’idylle, tantôt à l’épître et au conte : c’est une anecdote, une conversation, une lecture, élevées à la poésie, un mélange d’aveux charmants, de douce philosophie et de plainte rêveuse.

577. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre IV »

Le drame clinique essentiel du roman c’est la folie d’Emmanuel, le mari de Charlotte. […] Nous avons ainsi nos deux termes extrêmes : l’observation vivante, directe du vieux Shakespeare, inconscient de la beauté clinique de son drame — et la pénible érudition avec son cortège d’erreurs et de tares essentielles, aboutissant, en une situation analogue, à une parfaite incohérence des symptômes décrits.

578. (1892) Boileau « Chapitre VII. L’influence de Boileau » pp. 182-206

Les questions de goût et de bienséance prennent le pas sur la vérité des choses, et la communication est si bien fermée entre la réalité vivante et l’esprit français, que les formes nouvelles de l’art conçues théoriquement en vue d’une vérité plus grande n’arrivent pas à se réaliser dans des œuvres moins conventionnelles que celles qu’il s’agit de remplacer : je parle de la comédie larmoyante et du drame, qui prétendent se substituer à la tragédie. […] Ce n’est pas de lui à coup sûr que relèvent ni la poésie coquette et fardée de Bernis et de Gentil-Bernard, issus de Benserade et de Mme Deshoulières, qui étaient eux-mêmes les héritiers de Voiture — ni tous ces descriptifs acharnés à inventorier toute la nature, vrais continuateurs des faux épiques que Boileau poursuit, et qui pourraient s’appliquer une bonne part des leçons qu’il adresse à ceux-ci — ni ces faiseurs d’odes philosophiques et de dissertations découpées en strophes, qui n’ont même pas le « beau désordre » dont parlait l’Art poétique — ni même les satiriques auteurs de comédies pincées, ou les philosophes prêchant leurs vagues tragédies — ni évidemment les inventeurs de tragédies en prose, de drames bourgeois et de comédies larmoyantes, qui dénaturent ou confondent les genres — ni enfin les anglomanes, qui, se détournant des anciens, vont chercher des modèles en Angleterre comme leurs grands-pères en Espagne ou en Italie.

579. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jean Richepin »

La pièce ne réussit qu’à demi ; il n’en restera qu’une admirable chanson : Y avait un’ fois un pauv’ gas… Le poète, furieux et de plus en plus fier de sa virilité, traite les critiques de chapons dans un apologue oriental  Puis le roi de Bohême épanche sa fantaisie naïve et fougueuse dans un drame qui est un conte des Mille et une Nuits : Nana-Sahib. […] De psychologie, tout juste ce qu’il en faut à un poète lyrique : même dans Monsieur Destrémaux, encore qu’il intitule bravement cette Nouvelle « roman psychologique » ; même dans Madame André, le meilleur de ses romans pourtant, où il a le mérite de nous faire accepter une situation hardie et où la femme (sauf le sacrifice monstrueux et inutile de son enfant) a de la grâce, de la dignité, presque de la grandeur, et aime bien comme une aînée, comme une maîtresse qui est un peu une mère ; mais Lucien Ferdolle se détache trop vite, avec une soudaineté trop odieuse, et le drame douloureux du déliement progressif est esquivé.

580. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Mais le drame d’aventures psychologiques est supportable lorsque le romancier a de l’imagination et de la verve. […] Chacun des drames rencontrés dans la vie contribue à former le futur dramaturge ; chacun des personnages vus et entendus se transforme en l’esprit du jeune Shakspeare, s’harmonise et grandit jusqu’à l’intensité tragique.

581. (1875) Premiers lundis. Tome III « Eugène-Scribe. La Tutrice »

Quant au public, le drame moderne ne l’a pas changé : le peuple d’Athènes aimera toujours la comédie.

582. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Ils veulent absolument voir dans la pièce grecque une autorité et un précédent direct pour les drames d’aujourd’hui, et non-seulement quant à la franchise et la crudité des actions, mais quant au style, mélange, assurent-ils, de naïveté et de recherche ; tellement qu’ils ont pu entrer tout droit chez le poëte d’Antigone en sortant de chez le poëte de Falstaff (ces messieurs ont en effet traduit et arrangé pour la scène quelque chose de Shakspeare).

583. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Delavigne, Casimir (1793-1843) »

— Louis XI, drame (1832). — Les Enfants d’Édouard (1833). — Don Juan d’Autriche, comédie en prose (1835). — Une famille au temps de Luther, tragédie en un acte, en vers (1836). — La Popularité, comédie en vers (1838). — La Fille du Cid, tragédie en cinq actes et en vers (1839). — Messéniennes et Chants populaires (1840). — Le Conseiller rapporteur, comédie en prose (1841). — Charles VI, opéra en collaboration avec Germain Delavigne (1843). — Derniers chants, poésies posthumes (1844). — Œuvres complètes, avec notice de G. 

584. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — F — Fort, Paul (1872-1960) »

Maeterlinck y exposait, sous la vivante forme de poèmes, sa méthode d’analogies, qui, développée et mûrie, a donné ses drames et ses essais, ainsi M. 

585. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre viii »

Chapitre viii Catholiques, protestants, socialistes, tous en défendant la France, défendent leur foi particulière Un trait commun à ces diverses familles d’esprit durant cette guerre, c’est qu’elles sentent toutes que le meilleur, le plus haut d’elles-mêmes, leur part divine est engagée dans le drame, et périrait avec la France.‌

586. (1893) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Première série

Les drames de Lessing, les vers et le roman de Sainte-Beuve, n’ont rien ajouté à leur gloire, constituée tout entière par leurs ouvrages de critique, et l’on peut même se demander si, loin de la servir, ils n’ont pas risqué de la compromettre. […] Tels sont, pour ne pas reparler de l’épopée, genre disparu ou transformé, le roman et le drame. […] Non seulement Titus Andronicus et Périclès ne diminuent point Shakespeare à leurs yeux, mais s’il était possible d’effacer de Macbeth ou d’Hamlet tes scènes qui déparent ces beaux drames, le gain leur semblerait médiocre. […] L’universelle évolution entraîne et transforme toute chose : l’épopée meurt pour renaître dans l’histoire et dans le roman ; la tragédie expire et ressuscite dans le drame ; mais, à leur tour, le drame, l’histoire, le roman traversent différentes phases et subissent une série de métamorphoses. […] Certains héros du drame et de l’épopée se prêtent particulièrement bien au travail de transformation qui consiste à refondre, pour l’usage de chaque siècle, un personnage donné, en le présentant aux générations successives sous un aspect toujours intéressant pour elles et nouveau.

587. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Voici donc un récit succinct, mais vrai jusque dans le moindre détail, du « drame » en question : ce soir-là, aux Vilains Bonshommes, on avait lu beaucoup de vers après le dessert et le café. […] Quelle belle chose aussi que ce drame, en dehors de toute préoccupation d’école et de tradition ! […] Et ce cinquième acte, ne hausse-t-il pas à la taille de Roméo et Juliette les deux amants du drame français ! […] Le premier livre que je lus d’Auguste Vacquerie fut son dernier d’alors, Profils et grimaces, si amusant, et la première pièce de lui que je vis fut ces immenses Funérailles de l’Honneur, ce drame admirable supérieurement joué par Mme Marie Laurent, la sœur de cette Mme Vigne, au tragique profil léonin, et cet irrégulier Rouvière, presque parfait là-dedans. […] En vain il avait emporté trois beaux succès avec Jean Baudry et le Fils, deux tragédies bourgeoises à la Sedaine et à la Diderot, et Formosa, qui fut son drame le plus heureux, en vain sa ravissante comédie, Souvent homme varie, était restée au répertoire du Théâtre Français, rien ne le consola au fond de l’échec perpétuel d’une œuvre que tout le monde, vraiment lettré, tenait pour exquise.

588. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Béranger [1864] Aux époques vivaces où les rêves, les terreurs, les espérances, les passions vigoureuses des races jeunes et naïves jaillissent de toute part en légendes pleines d’amour ou de haine, d’exaltation mystique ou d’héroïsme, récits charmants ou terribles, joyeux comme l’éclat de rire de l’enfance, sombres comme une colère de barbare, et, flottant, sans formes précises, de génération en génération, d’âme en âme et de bouche en bouche ; dans ces temps de floraison merveilleuse de poésie primitive, il arrive que certains hommes, doués de facultés créatrices, vastes esprits venus pour s’assimiler les germes épars du génie commun, en font sortir des théogonies, des épopées, des drames, des chants lyriques impérissables. […] Torquemada, cependant, moins un drame scénique qu’un poème dialogué, offre une conception particulière qui, pour n’être pas d’une exacte théologie, n’en est que plus originale. […] Dès les brillantes années de sa jeunesse, et concurremment avec ses poèmes et ses romans qui sont aussi des poèmes, doué qu’il était déjà d’une activité intellectuelle que le temps devait accroître encore, Victor Hugo avait révélé dans ses drames une action et une langue théâtrales nouvelles. Quand ces vers d’or sonnèrent pour la première fois sur la scène, quand ces explosions d’héroïsme, de tendresse, de passion, éclatèrent soudainement, enthousiasmant les uns, irritant la critique peu accoutumée à de telles audaces, et soulevant même des haines personnelles, les esprits les plus avertis parmi les contradicteurs du jeune Maître saluèrent cependant, malgré beaucoup de réserves, cet avènement indiscutable de la haute poésie lyrique dans le drame, bien que de longues années dussent s’écouler encore avant le triomphe définitif. […] La foule enthousiaste qui se presse aujourd’hui aux représentations de ces beaux drames n’est-elle ni émue ni charmée ?

589. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Il n’y avait point d’idée, mais il y avait un mouvement, un intérêt immenses dans son drame. […] C’est avoir fait quelque chose pour la langue et pour la littérature d’un peuple que d’avoir fait ce peuple non pas le poète, mais le sujet du plus grand drame de l’univers. […] Mais quand l’absolue nécessité de parler l’avait fait surmonter cette horreur sacrée du trépied qui écarte si souvent de la tribune le véritable orateur lyrique, c’était alors un spectacle qu’aucun drame de scène ou de cirque ne peut égaler. […] Maintenant que je suis mort au monde et que je n’assiste plus qu’en spectateur relégué sur les derniers gradins du cirque au drame du monde, drame sans commencement et sans dénouement, quand je veux me donner un de ces purs plaisirs d’esprit que les ombres se donnent dans les champs Élysées du Dante en causant des choses de la terre avec ceux qui habitent encore le monde des vivants, je sors seul vers le milieu du jour de ma retraite laborieuse, je m’achemine vers l’extrémité presque suburbaine de la ville, et je monte l’escalier de bois qui mène à la petite chambre du philosophe.

590. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — Résurrection, drame en cinq actes, adapté de Léon Tolstoï (Odéon, 14 nov. 1902, Porte Saint-Martin, 25 janvier 1905), Fasquelle, 1905, in-18. — Le Beau Voyage, poésies, avec un portrait de l’auteur par lui-même, Fasquelle, 1904, in-18. — Maman Colibri comédie, en 4 actes (Vaudeville, 1904), Fasquelle, 1905, in-18. […] Œuvres. — Berthe de Provence, drame en vers (1898), in-16, Clerget. — Fleurs rouges, vers (1899), in-16, Clerget […] Œuvres. — Éveils, poésies (en collaboration avec André Magre), Toulouse, Vialelle et Perry, 1895, in-18. — Le Retour, pièce lyrique en un acte et en vers, Toulouse, Vialelle et Perry, 1896, in-18. — La Chanson des Hommes, Paris, Fasquelle, 1898, in-18. — Le Tocsin, drame en trois actes (Théâtre du Capitole, Toulouse, 22 juillet 1900), éd. du Midi-Artistique, 1902. — Le Poème de la Jeunesse, Paris, Fasquelle, 1901, in-18. — L’Or, drame en 3 actes (Nouveau-Théâtre, rep. des Poètes), 1901, non publié. — Le Dernier Rêve, pièce en 1 acte (Odéon, 1902), Fasquelle, 1902. — L’Histoire merveilleuse de Claire d’Amour, suivie d’autres contes, E. […] Éd. de la Chronique, in-16, carré, 1905. — L’Hydre, drame, Lib.

591. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XVII, l’Orestie. — les Euménides. »

On peut restituer, d’après plusieurs vers du drame et quelques monuments archaïques, les figures grandiosement hideuses sous lesquelles il les fit paraître, comme on recompose, sur des fragments de dents et de griffes, les animaux antédiluviens. […] Le drame commencé dans l’épouvantement se dénoue dans l’apothéose ; l’arc-en-ciel d’une réconciliation merveilleuse est son couronnement. […] La République fit transcrire à ses frais l’immense recueil de ses drames, exemplaire unique et sacré qui fut déposé sous la garde du greffier d’Athènes.

592. (1772) Éloge de Racine pp. -

Il eut dans Cinna le mérite, unique jusqu’alors, de remplir l’étendue du drame avec une action majestueuse et simple. […] Et cette autre partie du drame non moins importante ; cet art des moeurs et des convenances, qui enseigne à faire parler chaque personnage selon son caractère et sa situation, et à mettre dans ses discours cette vérité soutenue qui fonde l’illusion du spectateur, qui l’avait appris à Racine ? […] Osons cependant l’avouer (car la vérité, qui est toujours sacrée, doit l’être surtout dans l’éloge d’un grand homme ; elle tient de si près à sa gloire, qu’on ne peut altérer l’une sans blesser l’autre), avouons-le ; soit que le succès des ouvrages de théâtre dépende essentiellement du choix des sujets ; soit que le premier élan du génie soit quelquefois si rapide et si élevé, que lui-même ait ensuite beaucoup de peine, de la hauteur où il est parvenu d’abord, à prendre encore un vol plus haut et plus hardi ; quoi qu’il en soit, depuis Andromaque , Racine, offrant dans chacun de ses drames une création nouvelle et de nouvelles beautés, n’avait encore rien produit qui fût dans son ensemble supérieur à cet heureux coup d’essai.

593. (1828) Préface des Études françaises et étrangères pp. -

Voltaire, après eux, jeta son drame pathétique et brûlant dans toutes les nations et dans tous les temps où n’était point parvenu le génie ses devanciers ; il fit comparaître sur la scène une grande partie des peuples modernes, et c’est en cela surtout qu’ils mérité le trône tragique où il est assis. […] Au Théâtre-Français, parce que n’ayant plus de grands acteurs tragiques, il ne peut espérer de vogue que par l’attrait d’un genre et d’un système de pièces entièrement neufs sur notre scène ; au public, parce que lassé de tant de pâles contre-épreuves de nos chefs-d’œuvre, lassé de la mesquine représentation de nos chefs-d’œuvre eux-mêmes ; il aime mieux les relire vingt fois avec délices et attendre pour revenir au théâtre que quelque chose y réponde à ce vague besoin de nouveauté qui le tourmente ; à l’art enfin, parce que faute de point de comparaison il serait à craindre que ce besoin se satisfît aveuglément avec des ouvrages prétendus romantiques, faits sans inspiration et sans étude, qui n’auraient que les formes extérieures des drames de Shakespeare, et dont toute la nouveauté consisterait à briser les unités de temps et de lieu, auxquelles personne ne songe, et à mêler des lazzis du boulevard au langage cérémonieux de notre vieille tragédie. […] Lorsque la grande épreuve de Shakespeare aura été faite, lorsque notre public connaîtra la plus belle poésie dramatique des temps modernes, comme il a appris celle des temps antiques dans les chefs-d’œuvre de notre scène, alors, toutes les questions étant éclairées, tous les trésors mis à découvert, tous les systèmes comparés et appréciés, un homme de génie viendra peut-être, qui combinera tous ces éléments, leur donnera une forme nouvelle, et plus heureux que nos grands maîtres des grands siècles, en fera jaillir la véritable tragédie française, un drame national, fondé sur notre histoire et sur nos mœurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakespeare que Racine, pas plus Schiller que Corneille, comme le dit M. 

594. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

Assurément, il y avait là l’étoffe d’un fier personnage de comédie : le Falstaff de l’argent ; mais Daudet a mieux aimé en faire le héros pathétique d’un drame. Seulement, le drame qu’il a noué et dénoué autour de son type est un drame que l’on joue depuis trop longtemps pour beaucoup passionner les esprits difficiles qui veulent que le talent leur apporte de nouvelles sensations.

595. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Mais si on admire un grand poète dramatique parce qu’il a la force de s’effacer et de parler à travers le personnage d’un autre, que doit-on penser de Balzac, qui, pendant trente Contes plus longs qu’aucun drame, parle à travers la passion, les manières de voir et la langue vraie du xvie  siècle ? […] … Le Moyen Âge, c’est-à-dire des casques à visières, des hennins, des cuirasses, des capuchons, des faucons sur le poing, qui ont leur physionomie de tapisserie ou de haute-lisse, qu’était cela quand il s’agissait des personnages, des passions et des drames de ces admirables récits ? […] … Doré, qui est un artiste vrai, a pensé, lui, à bien autre chose qu’à daguerréotyper tout le mobilier d’une époque, armes et bagages, et il s’est mis à peindre, en pied et en esprit, les divers personnages des Contes, puis, s’inspirant des différentes scènes de ce drame multiple, à composer des tableaux.

596. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « HISTOIRE de SAINTE ÉLISABETH DE HONGRIE par m. de montalembert  » pp. 423-443

Mais c’était le drame de la Passion, dans toutes ses circonstances, qui devenait particulièrement l’objet de ces préoccupations mentales, de ces représentations intérieures. […] Combien de fois, en rêve, une personne se présente, cause avec nous, trouve ses expressions à merveille comme une âme distincte de nous, nous étonne par ce qu’elle dit, nous apprend souvent un secret graduellement, et nous qui écoutons, nous passons par toutes les alternatives d’attente et de surprise, comme si cela ne s’agitait pas en notre esprit et par notre esprit, auteur du drame !

597. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Mais, même en ces ballades, remarquons-le bien, il transforme la réalité et l’enveloppe successivement en une suite de petits drames ; il y a chez lui de la composition, de l’arrangement toujours ; il idéalise, il construit, il revêt sa pensée première avec lenteur, grâce, circonlocution et harmonie. […] Il y a une autre façon qui se conçoit, surtout dans le drame, mais je ne crains pas d’ajouter en toute poésie : serrer davantage à chaque instant la pensée et le sentiment, l’exprimer plus à nu, sans violer sans doute l’harmonie ni encore moins la langue, mais en y trouvant des ressources mâles, franches, brusques parfois, grandioses et sublimes si l’on peut, ou même simplement naïves et pénétrantes.

598. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre III. La poésie : V. Hugo et le Parnasse »

Le recueil, complété par deux publications postérieures, forme comme une revue de l’histoire de l’humanité, saisie en ses principales (ou soi-disant telles) époques ; c’est une suite de larges tableaux ou de drames pathétiques, où s’expriment les croyances morales du poète. […] Richepin a donné la Chanson des Gueux (1876) ; les Blasphèmes (1884) ; la Mer (1886) ; Mes Paradis (1894) ; des romans et des drames. — Édition : M. 

599. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre IV. Précieuses et pédantes »

… [Maurice Montégut] Ouvrier qui prend des échafaudages pour un monument, Maurice Montégut dressa en vers hâtifs et rauques des drames qu’il croyait shakspeariens et qui, en effet, étaient peints noir et rouge. […] Selon sa coutume, le métier, cet horrible traître de tous les drames modernes, étrangle l’art lâchement avec des milliers de ficelles.

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