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1004. (1922) Gustave Flaubert

On a beau ranger Flaubert parmi les écrivains impersonnels, il a beau s’être voulu lui-même un écrivain impersonnel, il a manqué de cette sorte d’impersonnalité au second degré, de cette impersonnalité lyrique, qui reproduit l’impersonnalité de la nature, de cette spontanéité rebelle au découpage, aux contours, de cet appétit de la vie pour les contraires logiques, qui éclatent dans un Aristophane ou un Rabelais. […] Il ne faut pas, quand on est arrivé à ton degré, que le linge sente le lait. […] Ce droit de modeler la durée de son roman sur la durée historique qu’il tient de Polybe, on le reconnaîtra d’autant mieux à Flaubert qu’il paraît posséder à un plus haut degré, dans Salammbô, le sens de l’histoire et le style de l’histoire. […] Le roman de Flaubert demandait un degré de culture plus élevé que celui qui suffisait pour Madame Bovary, une familiarité avec les maîtres comme La Bruyère et Le Sage, dont il s’était inspiré. […] Cette connaissance croîtra encore d’un degré quand le libre usage des manuscrits de Flaubert dans les bibliothèques publiques en 1936 permettra des éditions critiques de ses grands livres.

1005. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Il y a un degré dans l’absurde où il n’est plus senti comme absurde. […] » Il est vrai que peu d’hommes ont eu, au même degré que Drumont, la faculté de ne pas écouter un argument, qui contrariait leur opinion. […] C’est un refrain touchant et unanime que jamais l’humanité n’est parvenue à un si haut degré de civilisation, de perfection, et de culture. […] Pour Verlaine, histoire analogue, à un degré inférieur s’entend. […] La création en plus de quelque chose, à chaque passage, est plus difficile à supposer que la perte de quelque chose à chaque degré correspondant.

1006. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

Il faut encore que la sincérité de l’artiste lui serve à dévoiler une personnalité supérieure, et, supérieur, Henri Beyle l’était au plus haut degré. […] Si les Pêcheurs d’Islande, de Loti, sont si beaux, c’est qu’ils ont ce charme de représenter à un degré suraigu le mal de l’absence. […] Un égotiste peut être infiniment sensible, et Rousseau l’a été au plus haut degré. […] Intellectuel, certes, il l’est, — et à quel degré !  […] Car, un troisième trait marque cet hésitant, et c’est si logique, il est au suprême degré un influençable.

1007. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Vivant dans la campagne, nous prenons plaisir aux images qu’elle nous offre d’une vie plus simple que la nôtre et qui glisse par degrés jusque dans la vie inconsciente : vie des animaux, vie des arbres et des fleurs, vie des eaux et des nuages. […] Or le style pittoresque (à son plus haut degré et dans la plupart des cas) me paraît consister essentiellement à saisir et à fixer la perception au moment où elle éclôt, avant qu’elle ne se décompose et qu’elle ne devienne sentiment. […] Car le beau, où qu’il se trouve et si mal accompagné qu’il soit, est toujours le beau, et on peut dire qu’il est partout égal à lui-même ou que, s’il a des degrés, ces degrés sont essentiellement variables selon les tempéraments, les caractères, les dispositions d’esprit, et selon le jour, l’heure et le moment. […] Zola ne possède pas à un très haut degré le don d’entrer dans les âmes, de les décomposer, d’y noter les origines et les progrès des idées et des sentiments ou le retentissement des mille influences du dehors : aussi n’a-t-il pas voulu faire ici l’histoire d’une âme, mais celle d’une foule. […] Mais je me demande si personne l’a jamais eue à ce degré.

1008. (1914) L’évolution des genres dans l’histoire de la littérature. Leçons professées à l’École normale supérieure

— Parce qu’il n’est pas naturel, qu’en trois ou quatre heures de temps, on enferme une action dont la durée réelle aurait rempli des mois, des années, ou des siècles ; et parce que, d’autre part, il n’est pas raisonnable qu’on disperse à travers l’espace ou le temps un sujet dont l’effet même dépend, par hypothèse ou par définition, du degré de sa concentration. — Pourquoi la condamnation du Burlesque ? […] La méthode se précise encore dans un article sur Diderot, daté de 1831, dont voici le début : J’ai toujours aimé les correspondances, les conversations, les pensées, tous les détails du caractère, des mœurs, de la biographie, en un mot, des grands écrivains… On s’enferme pendant une quinzaine de jours avec les écrits d’un mort célèbre, poète ou philosophe ; on l’étudie, on le retourne, on l’interroge à loisir, on le fait poser devant soi… Chaque trait s’ajoute à son tour, et prend place de lui-même dans cette physionomie qu’on essaye de reproduire… Au type vague, abstrait, général qu’une première vue avait embrassé, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, de plus en plus accentuée… On sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l’on a saisi le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clairsemés, à ce moment l’analyse disparaît dans la création, le portrait parle et vit, on a trouvé l’homme.

1009. (1902) La politique comparée de Montesquieu, Rousseau et Voltaire

Le ressort du gouvernement monarchique est l’honneur ; et déjà nous montons d’un degré. […] Car, remarquez, Montesquieu construit comme un degré. […] Donc c’est le degré de patriotisme dans un peuple qui fait ce peuple plus ou moins grand. […] Seulement il y a entre eux des degrés. […]   » Il en a été de même des jansénistes, quoique sans doute à un moindre degré.

1010. (1888) Études sur le XIXe siècle

Rossetti, avec son esprit à la fois subtil et ardent, était essentiellement un “prosélytiste”, parfois à un degré presque absurde, mais possédé, autant dans sa poésie que dans sa peinture, d’un idéal de beauté de la qualité la plus intense. […] À côté de ces trois toiles et de l’Ombre de la Mort, j’en pourrais citer plusieurs autres du même artiste qui dénotent la même tendance, qui rentrent au plus haut degré dans cette peinture d’intentions qu’aime et défend l’esthéticien auquel les préraphaélites durent leurs premiers succès, John Ruskin. […] Victor Hugo ne pense pas aux objets qu’il décrit, ou aux choses dont il, parle : il les voit avec leurs contours et leurs couleurs, et quand il traite de pures abstractions, il faut qu’il arrive à les faire tomber sous ce sens de la vue qu’il possède à un si haut degré. […] Or Victor Hugo a possédé à un degré unique cette faculté suprême de l’expression : le génie des mots. […] Aussi doit-il être regardé comme le degré le plus élevé de la poésie et de l’art en général, etc.

1011. (1928) Quelques témoignages : hommes et idées. Tome I

Il lui manque ce don de la présence, que le Rouge et le Noir possède au suprême degré. […] La goûter à ce degré, cette beauté, c’est éprouver, pour les artistes capables de la produire, une invincible et secrète reconnaissance. […] Il faut lire pour se rendre bien compte du degré où c’est là un phénomène d’ordre religieux les deux chapitres que M.  […] La différence réside en ceci, qu’âpre et violent prosateur, possédant à un rare degré le don du pittoresque et celui de l’invective, Vallès n’était pas un artiste. […] C’est bien ce que sent obscurément l’opinion, et voilà pourquoi elle s’est émue à ce degré rien qu’au titre du livre que M. 

1012. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Artiste à un haut degré par Corinne, Mme de Staël demeure éminente en ses autres développements, à titre de politique, de moraliste, de critique et d’écrivain de mémoires. […] Elle est, non pour l’antagonisme et l’équilibre des pouvoirs, mais pour leur concours en une même direction, bien qu’avec des degrés de vitesse différents. […] A dater de 1811 surtout, en regardant au fond de la pensée de Mme de Staël, nous y découvrirons par degrés le recueillement que la religion procure, la douleur qui mûrit, la force qui se contient, et cette âme, jusque-là violente comme un Océan, soumise aussi comme lui, et rentrant avec effort et mérite dans ses bornes. […] Je trouvai, chez Mme de Staël, Benjamin Constant, Auguste Schlegel, le vieux baron Voght d’Altona, Bonstetten de Genève, le célèbre Simonde de Sismondi, et le comte de Sabran, le seul de toute cette société qui ne sût pas l’allemand… Schlegel était poli à mon égard, mais froid… Mme de Staël n’était pas jolie, mais il y avait dans l’éclair de ses yeux noirs un charme irrésistible ; et elle possédait au plus haut degré le don de subjuguer les caractères opiniâtres, et de rapprocher par son amabilité des hommes tout à fait antipathiques. […] De même qu’on a remarqué que les tempéraments, à mesure qu’on vieillit, reviennent au type primitif qu’ils marquaient dans l’enfance, se dépouillant ainsi par degrés des formes et des variations contractées dans l’intervalle ; de même que les révolutions, après leur élan, reviennent à un moindre but que celui qu’elles croyaient d’abord atteindre ou qu’elles avaient dépassé, de même nous voyons Mme de Staël, vers la fin de sa vie, se réfugier dans un système plus mixte, plus tempéré, mais pour elle presque domestique : c’était, pour la fille de M.

1013. (1910) Muses d’aujourd’hui. Essai de physiologie poétique

Si, physiologiquement, l’homme est immuable, et seulement capable des mêmes sensations, il a besoin, pour maintenir en lui le même degré d’émotion, que ses impressions soient renouvelées. […] N’ayons pas l’orgueil de croire que notre sensibilité poétique puisse augmenter d’intensité : il y a seulement, dans l’évolution apparente de notre sensibilité, adaptation de notre organisme pour percevoir toujours le même degré d’émotion. […] C’est la plus terrible des armes sexuelles, et quoi d’étonnant à ce que ceux qui la possèdent à un degré extrême soient, d’autre part, des excités génitaux ?  […] Un vers est, avant tout, la traduction spontanée d’une sensation ; c’est comme un cri où l’inflexion de la voix exprime la nuance et le degré de l’émotion. […] L’art est l’expression de l’évolution de la race ; évolution (c’est-à-dire adaptation de l’organisme aux sensations extérieures, pour percevoir toujours le même degré d’émotion).

1014. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Sa pression, comparée à celle des autres habitudes, est telle que la différence de degré équivaut à une différence de nature. […] Mais entre la société où nous vivons et l’humanité en général il y a, nous le répétons, le même contraste qu’entre le clos et l’ouvert ; la différence entre les deux objets est de nature, et non plus simplement de degré. […] Et ceci même nous fait pressentir une différence de nature, et non pas seulement de degré, entre la morale dont il a été question jusqu’à présent et celle dont nous abordons l’étude, entre le minimum et le maximum, entre les deux limites. […] Nous avons vu, en effet, que ce n’est pas en élargissant la cité qu’on arrive à l’humanité : entre une morale sociale et une morale humaine la différence n’est pas de degré, mais de nature. […] Qu’on réfléchisse ainsi à la « liberté », à l’« égalité », au « respect du droit », on verra qu’il n’y a pas une simple différence de degré, mais une différence radicale de nature, entre les deux idées de justice que nous avons distinguées, l’une close, l’autre ouverte.

1015. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. THIERS. » pp. 62-124

A ce degré, est-ce un bien ? […] Thiers, qui loue chez le maréchal Saint-Cyr la beauté du récit militaire, définit ainsi cette expression qui s’applique si souvent à lui-même : « Nous considérons, dit-il, comme beauté dans un récit militaire, la clarté, la précision, et le degré de couleur qui s’accorde avec une exposition savante. » M. […] On a vu par degrés cette bonne harmonie s’altérer, à mesure que le poëte s’est senti devenir un politique, et depuis qu’il a son drapeau sur la même rive.

1016. (1813) Réflexions sur le suicide

Si la destinée ou les menaces d’un maître ont fait craindre à un homme tel degré de douleur, et qu’il apprenne que la moitié de ce qu’il redoutait lui est épargnée, son impression sera toute différente de celle qu’il aurait ressentie, s’il n’avait pas éprouvé une aussi grande terreur. […] L’homme s’y accoutume par degrés, dira-t-on, — sans doute le temps est un allié de la raison, il affaiblit les résistances qu’elle rencontre en nous-mêmes, mais quelle est l’âme impétueuse que n’irrite pas l’attente de la vieillesse ? […] Le caractère anglais est en général très actif et même très impétueux ; leur admirable Constitution qui développe au plus haut degré les facultés morales peut seule suffire à leur besoin d’agir et de penser : la monotonie de l’existence ne leur convient point, quoiqu’ils s’y astreignent souvent.

1017. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

J’avais défense d’ouvrir cette lettre avant le premier degré de latitude nord, du vingt-sept au vingt-huitième de longitude, c’est-à-dire près de passer la ligne. […] Si nous avions passé le premier degré de latitude nord, il ne me resterait plus qu’à me jeter à l’eau. — Faut-il que j’aie du bonheur, pour que cette enfant-là m’ait rappelé la grande coquine de lettre ! […] « Nous ne pensâmes plus du tout à la regarder pendant quelques jours, et nous étions gais ; mais, quand nous approchâmes du premier degré de latitude, nous commençâmes à ne plus parler.

1018. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 octobre 1885. »

. — Et, ayant élevé l’Art au degré suprême, Richard Wagner, ensuite, renonça l’Art. […] Il avait ébauché un autre roman réaliste41 l’avait, à demi, publié. — Et, ayant, au degré suprême, élevé l’Art, le comte Léon Tolstoï, ensuite, renonça l’Art. […] Le seul Poëte, ayant élevé au degré suprême la forme poétique, — après l’avoir créée, — renonce l’Art, et s’occupe à la Religion, méditant, comme déjà Wagner, une œuvre d’universelle Révélation métaphysique.

1019. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre IV. De la pluralité des temps »

Étant près de Jean, le mesurant si je veux et me proposant de le peindre en grandeur naturelle, je lui donne sa dimension réelle ; et, en représentant Jacques comme un nain, j’exprime simplement l’impossibilité où je suis de le toucher, — même, s’il est permis de parler ainsi, le degré de cette impossibilité : le degré d’impossibilité est justement ce qu’on appelle distance, et c’est de la distance que tient compte la perspective. […] Donc, faisant tourner son appareil de 90 degrés, à aucune époque de l’année il n’observe aucun déplacement des franges d’interférence.

1020. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Discours sur le système et la vie de Vico » pp. -

Alors on connaîtrait les moyens par lesquels une société peut s’élever ou se ramener au plus haut degré de civilisation dont elle soit susceptible, alors seraient accordées la théorie et la pratique, les savants et les sages, les philosophes et les législateurs, la sagesse de réflexion avec la sagesse instinctive ; et l’on ne s’écarterait des principes de cette science de l’humanisation, qu’en abdiquant le caractère d’homme, et se séparant de l’humanité. […] Plein de mémoire, imitateur au plus haut degré, son imagination est puissante en proportion de son incapacité d’abstraire. […] Or les degrés de la civilisation peuvent être ainsi indiqués : Forêts, cabanes, villages, cités ou sociétés de citoyens, académies ou sociétés de savants ; les hommes habitent d’abord les montagnes, ensuite les plaines, enfin les rivages.

1021. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamartine — Lamartine, Jocelyn (1836) »

Dieu seul sait la distance entre nous, Seul il sait quel degré de l’échelle de l’être  Sépare ton instinct de l’âme de ton maître, etc. […] Dans la région où Jocelyn habite, à la hauteur de Valneige, le mal cesse par degrés ; les miasmes des villes expirent et se dissipent dans cet air vif des sapins et des mélèzes.

1022. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Et à quelle mesure, dirons-nous aux partisans nombreux de ce sophisme, à quel degré du thermomètre moral reconnaîtrez-vous que l’immoralité change de nature, et que ce qui était crime dans le petit nombre devient moralité dans le grand nombre ? […] L’Angleterre ne vous répondra pas, parce qu’il n’y a rien à répondre, et ses publicistes continueront à déclamer, selon le degré de latitude, dans leurs colonnes, incendiaires en Europe, terroristes en Asie, des encouragements au principe insurrectionnel des nationalités !

1023. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

L’aristocratie et le clergé détruits, ce parti ne répugnait pas au trône ; il avait à un haut degré l’instinct de l’unité du pouvoir. […] « Demander à un roi de détruire l’empire d’une religion qui le sacre, de dépouiller de ses richesses un clergé qui les possède au même titre divin auquel lui-même possède le royaume, d’abaisser une aristocratie qui est le degré élevé de son trône, de bouleverser des hiérarchies sociales dont il est le couronnement, de saper des lois dont il est la plus haute, ce serait demander aux voûtes d’un édifice d’en saper le fondement.

1024. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (1re partie) » pp. 305-364

Relisons-le pour y sympathiser avec une sensibilité pathétique qui n’existait pas au même degré dans les années tendres de l’écrivain, et qui semble en vieillissant participer davantage à cette mélancolie de l’espèce humaine, à cette tristesse des choses mortelles, à ce mentem mortalia tangunt , à ce sublime lacrimæ rerum de Virgile, qui, lui aussi, avait vu des révolutions, des proscriptions, des déceptions humaines. […] Eh bien, c’est ce que l’intelligence de la nation vous donnera quand toutes les classes, tous les capitaux, tous les salaires, tous les droits, tous les devoirs, représentés dans la législation par le suffrage proportionné de tous, auront choisi le suffrage universel à plusieurs degrés pour l’harmonie sociale ; mais c’est ce qu’aucun homme sensé et consciencieux ne consentira jamais à vous donner dans ce que vous appelez l’organisation du travail ou socialisme radical, qu’on vous a amenés à vociférer ici sans en comprendre l’exécrable non-sens ! 

1025. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série «  Leconte de Lisle  »

Il n’y a peut-être que la prose descriptive de Flaubert qui atteigne ce degré de précision dans le rendu  La versification, par sa régularité classique, ajoute encore à la netteté sereine de la forme. […] Savez-vous bien que cela suppose deux sentiments éternels et très humains, portés l’un et l’autre au plus haut degré : le désenchantement de la vie, et, seul remède durable, l’amour du beau, et du beau sans plus : j’entends le beau plastique, celui qui est dans la forme et qui peut se passer de la notion du bien, celui qu’on sent et qu’on reconnaît indépendamment de tout jugement moral, sans avoir de haine ou d’amour pour ce qui en fait la matière, que ce soit la Nature ou les actions des hommes ?

1026. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre quatrième »

Son siècle lui fit, comme à tous les grands hommes, des fastes héroïques ; il lui donna des rois pour ancêtres ou pour alliés ; il le fit parent, au dix-septième degré d’Elisabeth d’Angleterre : par malheur, à ce degré on n’hérité plus.

1027. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

L’une a dû son titre au roi de France, et a montré au plus haut degré les défauts et les qualités ordinaires de la noblesse française ; l’autre était d’origine celtique et vraiment bretonne. […] Ces fous inoffensifs, échelonnés à tous les degrés de l’aliénation mentale, étaient une sorte d’institution, une chose municipale.

1028. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

On aurait vu la courtisane prenant sa rivale au piège de ses provocations téméraires, l’attirant à son niveau par des degrés calculés, alléchant sa curiosité, aguérissant ses oreilles, lui imposant à la longue son intimité infamante… A la fin de cette causerie, perfide comme une séance magnétique, madame la marquise se réveillait camarade de mademoiselle la drôlesse. […] Cette méprise du bon Ducis dédoublant ses personnages, et taisant, du masque tragique, la tête, à double profil, de Jean qui pleure et de Jean qui rit, n’est-elle pas, à des degrés différents, celle de tous les auteurs qui changent à volonté leurs ouvrages ?

1029. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre sixième. La volonté — Chapitre deuxième. Le développement de la volonté »

156 L’échelle des instincts de plus en plus complexes représente les divers degrés par lesquels un instinct a passé avant d’arriver à sa forme supérieure. Ces degrés sont, selon nous, les intermédiaires entre l’appétit primordial et la combinaison finale de nombreux réflexes inscrits dans l’organisme.

1030. (1856) Cours familier de littérature. II « IXe entretien. Suite de l’aperçu préliminaire sur la prétendue décadence de la littérature française » pp. 161-216

L’homme de lettres est devenu homme public ; la force de tous a résidé par l’Académie dans chacun ; la littérature s’est constituée par eux en fonction nationale ; la France a emprunté par ses académies, et bientôt par ses hautes écoles peuplées d’académiciens, quelque chose de cette institution démocratique et si libérale de la Chine, où les mêmes degrés littéraires élèvent à la capacité et à l’autorité publique. […] Diderot, Helvétius et leurs amis infectèrent d’athéisme, déraison suprême, le livre par lequel la raison humaine devait élever par tous les degrés son temple à la souveraine intelligence.

1031. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Division dramatique. » pp. 64-109

Cette exposition du sujet ne doit point être si claire, qu’elle instruise parfaitement le spectateur de tout ce qui doit arriver dans la suite, mais le lui laisser entrevoir comme une perspective, pour le rapprocher par degrés et le développer successivement, afin de ménager toujours un nouveau plaisir partant du même principe, quoique varié par de nouveaux incidents qui piquent et réveillent la curiosité. […] Il est impossible, moralement parlant, que, dans les grands mouvements, le feu de l’orateur ou du poète se soutienne toujours au même degré.

1032. (1913) La Fontaine « V. Le conteur — le touriste. »

Ce n’est pas un « Voyage de Chapelle et de Bachaumont » ; c’est un voyage de La Fontaine ayant le caractère domestique et familial au plus haut degré. […] Je continue simplement en vous lisant quelques vers que l’enthousiasme pour le jardin de Mme C… a inspirés à La Fontaine : Je ne vois rien qui l’égale, Ni qui me charme à mon gré Comme un gazon qui s’étale Le long de chaque degré.

1033. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre VI. L’espace-temps à quatre dimensions »

En tout cas, espèce et genre auront sans doute le même degré de réalité, et l’Espace-Temps de la théorie de la Relativité ne sera probablement pas plus incompatible avec notre ancienne conception de la durée que ne l’était un Espace-et-Temps à quatre dimensions symbolisant à la fois l’espace usuel et le temps spatialisé. […] La notation mathématique de ces articulations, effectuée sur le virtuel et portée à son plus haut degré de généralité, nous donnera sur le réel une prise inattendue.

1034. (1870) La science et la conscience « Chapitre II : La psychologie expérimentale »

Il est difficile de refuser à l’animal un certain degré de sentiment quand on voit le chien attaché à son maître au point de souffrir de son abandon et de son indifférence, au point même de mourir parfois d’inanition volontaire devant son cadavre. […] Il invoque la possibilité de prévoir ces actions avec un degré d’exactitude proportionné à notre connaissance préalable de l’esprit et du caractère des agents, et souvent avec une certitude presque égale à celle qui s’attache à la prévision des mouvements des agents purement physiques.

1035. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Alfred de Musset » pp. 364-375

Tel, au plus haut degré, était Musset, prodigue entre tous57.

1036. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Si la raison l’écrase et l’avilit, le sentiment intérieur le relève et l’honore… Quoiqu’il en soit, nous sentons au moins en nous-même une voix qui nous défend de nous mépriser ; la raison rampe, mais l’âme est élevée. » Sans discuter ici cette distinction si absolue entre la raison et l’âme, distinction qu’il ne maintiendra pas toujours à ce degré, il est clair que Rousseau, au lendemain de ses peines et de ses sacrifices dans la tendre passion qu’il ressentait, ne veut chercher de bonheur ou de consolation que dans la paix du cœur et dans la voix de sa conscience.

1037. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Lamennais — Lamennais, Paroles d'un croyant »

Mais d’assez récentes tracasseries ecclésiastiques l’ayant ramené à Paris, il y vit de près cette tiédeur et ce relâchement publics qui enhardissent un pouvoir sans morale à tous les envahissements rusés ou grossiers ; il y vit, sous cette couche corrompue d’une société en décadence, une masse jeune et populaire, impétueuse, frémissante, au sang chaud et vierge, mais mal éclairée, mal dirigée, obéissant à des intérêts aussi et à des passions qui, certes, courraient risque de bientôt corrompre la victoire, si un souffle religieux et un esprit fraternel n’y pénétraient d’avance à quelque degré.

1038. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo, Les Feuilles d'automne, (1831) »

Celle-ci nous offre le développement prévu et l’application au monde moral de cette magnifique langue de poésie, qui, à partir de la première manière, quelquefois roide et abstraite, des Odes politiques, a été se nourrissant, se colorant sans cesse, et se teignant par degrés à travers les Ballades jusqu’à l’éclat éblouissant des Orientales.

1039. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres publiées par M. J. Sabbatier. Tome Ier, 1845. » pp. 154-168

Mais pourtant il y a un degré d’exagération qui, en se joignant à une sincérité incontestable, devient piquant à étudier et qui offre un cas bizarre de plus dans l’histoire des sectes littéraires.

1040. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Des soirées littéraires ou les poètes entre eux »

En Grèce, en cette patrie longtemps sacrée des Homérides, lorsque l’âge des vrais grands hommes et de la beauté sévère dans l’art se fut par degrés évanoui, et qu’on en vint aux mille caprices de la grâce et d’une originalité combinée d’imitation, les poëtes se rassemblèrent à l’envi.

1041. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. Vitet à l’Académie française. »

Malgré les différences extrêmes dans le degré de croissance et d’épanouissement, une même remarque s’appliquerait toutefois aux deux manières.

1042. (1874) Premiers lundis. Tome II « Chronique littéraire »

Carrel est arrivé, en rédigeant un journal, à un degré de popularité sérieuse et raisonnée qu’on n’avait atteint jusqu’ici que dans des carrières plus officielles en quelque sorte, dans les luttes militaires ou de tribune !

1043. (1875) Premiers lundis. Tome III « M. Troplong : De la chute de la République romaine »

C’est par ces transformations successives que le droit romain était arrivé, sous les Empereurs, à un degré de supériorité que Tacite n’aurait pas dû ignorer.

1044. (1823) Racine et Shakspeare « Chapitre premier. Pour faire des Tragédies qui puissent intéresser le public en 1823, faut-il suivre les errements de Racine ou ceux de Shakspeare ? » pp. 9-27

Il n’y a jamais ce degré d’illusion nécessaire à une émotion profonde.

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