Excepté la Russie, l’artificielle Russie, que nous avons vue si récemment faite, à coups de hache, par un charpentier hollandais, instruite par une philosophe française et habillée par des modistes de Paris, nous sommes tous à peu près du même âge en Europe.
C’est à partir de cette époque que la libre vie de l’intelligence a repris son cours détourné par l’effort chrétien d’annihilation cérébrale, que la nature et l’esprit de l’homme ont repris contact et renouvelé leur alliance. « Pour la première fois, l’homme entre dans l’intimité de l’univers1. » La Réforme représente le premier coup porté au dogme catholique erroné.
On rapporte qu’il mourut tout à coup, au milieu même des jeux publics d’Argos.
J’éprouvai tout à coup une espèce de langueur sans nom, un maladif désir de mourir. […] Nous jetons bas du coup les Compagnies de tramways de Marionville, de Cleveland et de Chicago. […] C’est le coup de la dignité outragée. […] C’est le coup du féminisme. […] On me dira : du même coup vous écartez l’art.
Mais ce que l’on peut et ce que l’on doit dire, c’est que ni les coups de Molière ni les coups fie Boileau ne furent mortels à ceux qu’ils touchèrent, ni surtout n’opérèrent dans l’opinion publique la soudaine révolution que l’on prétend. […] Il ne s’établit pas d’abord, comme Bossuet et Bourdaloue, d’un coup de maître, au cœur de son sujet. […] Aussi, dans un seul discours, épuise-t-il d’un coup tout ce qu’il peut tirer d’un texte. […] Massillon, encore un coup, inclinait vers l’erreur où les encyclopédistes allaient donner tête baissée. […] Le grand effort est fait, et visiblement il suffira de quelques coups pour jeter bas ce qui subsiste encore de l’ancienne société française.
Un critique étranger peut être plus équitable, et louer librement la main puissante dont il n’a pas senti les coups. […] Byron, trop petit et ne pouvant combattre le bourreau, s’approcha de lui rouge de fureur, les larmes aux yeux, et d’une voix tremblante demanda combien il voulait donner de coups. « Qu’est-ce que cela te fait, petit drôle ? […] Du premier coup, chacun fut troublé. […] L’eau coulante, qui chez Goëthe va se modelant sur toutes les formes du terrain, et qu’on aperçoit dans le lointain sinueux et lumineux sous le brouillard doré qu’elle exhale, s’est prise tout d’un coup chez Byron en une masse de glace, et ne fait plus qu’un bloc rigide de cristal. […] Vous ne saviez pas, ni elle non plus, quelle comédienne tout d’un coup, à l’improviste, peut sortir d’une honnête femme.
Alors il se répand sur le bonheur de sa vie dans le pavillon, où il vient de s’établir à Versailles, sur cette séparation qui se fait entre le monsieur en vareuse bleue de là-bas et le monsieur habillé de Paris, sur la satisfaction de ne plus être sous le coup d’une visite imprévue…. […] Aussi, ai-je entendu la bombe, qui a fait le bruit d’un coup de canon, tiré à la cantonade. […] Et la marche de Thaulow amène Raffaëlli à peindre ces gens du pôle, si peu assimilables à notre race, et qui, habitant même notre pays, on ne les voit qu’intermittamment, comme ces grands oiseaux de mer, qu’un trop fort coup d’aile rapproche par hasard de vous. […] , mon premier volume, a paru, le jour du coup d’État de Napoléon III, le septième volume du Journal des Goncourt, peut-être le dernier volume, que je publierai de mon vivant, voit ses annonces et ses échos, arrêtés par l’assassinat du président de la République. […] » s’écriait tout à coup le petit domestique qui l’accompagnait, et Clemenceau voyait en effet un homme, couché sur le ventre, et qui, lorsqu’il l’appelait ne répondait pas, se mettait à ramper à quatre pattes, en s’éloignant de lui, et dont il ne savait la place, que par le remuement du haut des brindilles.
On souligne ce que l’on dit par un coup de pouce qui semble assujettir aux lois de la beauté la matière rebelle. […] Il fallait retrouver, à travers bois, un mulâtre qui avait tué, d’un coup de couteau entre les épaules, un gardien de prison. […] Soudain, un coup d’éventail le tire de sa rêverie. […] L’un d’eux, pour s’amuser, fait sauter, d’un coup de revolver, le cigare que fumait un paisible voisin. […] Le vingt-quatrième coup fut tiré dans la bouche, et défonça le crâne de l’homme.
Donnez vers cette Grèce menteresse, et y semez encore un coup la fameuse nation des gallo-grecs. […] Beaucoup des personnages du drame se transforment ainsi, à la minute où leur transformation amènera quelque coup de théâtre souvent contradictoire d’ailleurs au plan général de l’œuvre. […] Mais ce n’est pas tout d’un coup que l’enthousiasme se détourna d’Alfred de Musset. […] Tant le regret d’une veine poétique, d’ailleurs médiocre, tout à coup interrompue, et le remords de la défection peuvent engendrer de rancune en un esprit qui tint d’un furtif moment de gloire la souveraineté de juger le naissant mérite des autres. […] Un temps, on nous opposa l’auteur des Chants du soldat, tout à coup célèbre.
Je sais bien qu’ils étaient violents ; mais j’admire les hommes violents qui travaillent d’un cœur simple à fonder la justice sur la terre et servent à grands coups les grandes causes. […] Il aurait craint naturellement de prendre du coup l’apparence d’un homme écrasé. […] À Naples, tout à coup, elle se demande ce que c’est qu’une âme immortelle qui se replie devant une indigestion de homard. […] À chaque coup frappé à sa porte, son imagination troublée lui figurait des patriotes armés de piques venus pour l’arrêter. […] Il est vrai aussi qu’après les avoir racontées telles qu’elles ont été livrées, il les raconte telles qu’elles devaient l’être et que, de la sorte, il les gagne toutes, après coup.
Il ne pourchassait point les prêtres de Baal qui se faisaient des incisions dans la chair avec des épées et des piques, et se donnaient des coups de canif et de rasoir. […] Mais l’Histoire de la littérature anglaise est, sans contredit, le plus vigoureux coup de sonde que Taine ait donné dans les profondeurs du passé. […] Comment peut-il vivre, lui qui était l’homme des émotions délicates, des sentiments raffinés et des conceptions lyriques, au milieu de ces natures abruptes, de ces esprits ébauchés à coups de hache, toujours fermés à toute clarté d’un monde supérieur ? […] Ses poèmes, coupés d’arêtes vives, comme les rocs du Piton de la Fournaise, sont parfois rudes au toucher, éclairés par de brusques coups de lumière. […] Je vois qu’à Notre-Dame « la voix des enfants de chœur casse à tous coups, tandis que graillonne l’âge avancé des basses ».
Et quand on s’étonnera que tout à coup il annonce : « Je reprends mon jour ! […] Puis tout à coup : « Radiguet vous apporte des vers » et le faux enfant qui m’intriguait, ouvrît la bouche, serra les dents, me tendit quelques papiers. […] De son enfance, il passera tout à coup à un âge où une maturité soudaine lui permet de juger d’un trait lucide tous ceux qui l’entourent. […] (Vous vous souvenez en effet que tous les hôtes du château sont sous le coup de la même accusation.) […] Et François Mauriac cria tout à coup : Pompe et Faisanderie !
C’est en vain que ces hommes, désignés d’avance, se tiennent à l’écart ou se confondent dans la foule : la main de la fortune les soulève tout à coup, et les porte rapidement d’obstacle en obstacle, et de triomphe en triomphe, jusqu’au sommet de la puissance. […] Si Coriolan paraît tout à coup dans la tente du Volsque étonné ; s’il touche, avant de rompre le silence, l’image des pénates hospitaliers, produira-t-il un effet moins irrésistible en criant : « Je fus ton ennemi, je deviens ton hôte ! […] Tout à coup, au fond d’un bocage, paraît la figure austère de ce même Mentor, qui crie d’une voix forte à son élève : Fuyez cette terre dangereuse. […] Ô nuit effrayante, où retentit tout à coup, comme un éclat de tonnerre, cette effrayante nouvelle ! […] Qui de nous ne se sentit frappé, à ce coup, comme si quelque tragique accident avait désolé sa famille ?
Ses coups étaient plus droits, ses moyens étaient plus sûrs. […] Ce sont là de ses moindres coups, et, s’il s’en fût tenu à de pareilles injures, nous aurions lieu de louer sa modération. […] C’est que les Provinciales ont porté coup, et que l’effet en dure toujours. […] Les ennemis de Molière ne lui ont pas nui ; et, après tout, de lutter ainsi qu’il a fait, en rendant coup pour coup — en répondant au Portrait du peintre par l’Impromptu de Versailles, ou à l’interdiction de Tartufe en écrivant Don Juan, — c’est une manière de se sentir vivre. […] Dans l’ardeur de la lutte, enveloppé qu’on est et comme aveuglé par la fumée du champ de bataille, à peine mesure-t-on ses coups, bien loin d’en pouvoir préjuger les effets.
Dieu ne descend pas du ciel pour frapper le téméraire : nul coup de théâtre. […] Car elle n’est pas une explication imposée après coup à la nature. […] Mais si je veux éprouver cette image, il y faut un effort ; le sentiment en moi ne naît plus du premier coup ; je ne peux que le retrouver. […] Puis elle s’arrête tout à coup, occupée par l’importance d’une question qu’elle brûle de poser. […] Mais il l’appelle liberté ; et du même coup s’aperçoit que cette liberté nous fait cruellement défaut.
La conjecture de Malone perdit tout à coup tout crédit, quand on eut retrouvé, en 1825, un exemplaire du Hamlet de Shakespeare, différent, par la date comme par le texte, du Hamlet jusqu’alors connu. […] Le coup est porté et se révélera dans l’admirable et terrible scène du somnambulisme : c’est là que nous apprendrons ce que devient, lorsqu’il n’est plus soutenu par l’aveugle emportement de la passion, ce caractère en apparence si inébranlable. […] Célie, sa rivale, se prend tout à coup d’une tendre passion pour le page prétendu, et don Félix ne reçoit plus de réponses favorables de sa belle que quand Félismena est son messager. […] Hector, qui paraît d’abord digne de concentrer sur lui tout l’intérêt, parce qu’il est représenté comme le plus aimable, nous surprend tout à coup en refusant de se battre avec Ajax, parce qu’il est son cousin. […] Macbeth, entraîné de la vertu dans le crime, offre à notre imagination l’image effrayante de la puissance de l’ennemi de l’homme, puissance soumise cependant au maître éternel et suprême qui, du même coup dont il décide la chute, prépare la punition.
J’entends, par ce vocable, et les mémoires proprement dits que leurs auteurs rédigent après coup, et les journaux comme celui des Goncourt, auquel je viens de faire allusion. […] René Benjamin nous l’évoque dans le vertige de son acharné labeur, noircissant des pages après des pages, à coups de tasses de café. […] Il a la prétention de se comprendre lui-même, mais c’est une vanité d’auteur. » Sainte-Beuve, de son côté, du vivant de son ennemi, n’a jamais perdu l’occasion de lui rendre coup pour coup. […] On sert sa famille, sa patrie, la science, un idéal, Dieu… » apparente du coup M. […] Vous avez, tous les deux, donné un involontaire coup de pouce à la réalité.
Il ne se borne pas à éclaircir en critique les circonstances peu connues de la vie de Moschus, il aspire à en vulgariser les charmantes idylles en sciolti plus ou moins fidèles, premier coup d’essai, que bientôt son goût plus mûr répudiera. […] « Mais non, ce n’est pas pour toi que tu te réjouis, c’est pour cette pauvre patrie, à l’idée que peut-être l’exemple des pères et des aïeux réveillera assez les fils assoupis et malades pour qu’ils relèvent tout d’un coup leur regard. […] Je vois très-souvent le bon ministre de Prusse, le chevalier Bunsen, qui était ami du pauvre Niebuhr ; il réunit toutes les semaines chez lui une société de savants, dont je n’ai pu encore profiter à cause de ma santé et de la distance où il demeure… » Mais voici un passage curieux dans lequel, à l’occasion d’un article sur lui qu’avait inséré un journal de Stuttgard, l’Hesperus 159, Léopardi, au beau milieu d’une lettre écrite en italien, s’exprime tout d’un coup en français, comme pour rendre plus nettement sa pensée et pour adresser sa profession de foi à plus de monde. […] Même l’homme du peuple, et le moindre garçon A qui certes jamais Zénon ne fit leçon, Même la jeune fille, humble enfant qui s’ignore, Qui se sentait dresser les cheveux hier encore Au seul mot de mourir, tout d’un coup enhardis, Ils vont oser régler ces apprêts si maudits, Méditer longuement, d’un œil plein de constance, Le poison ou le fer, leur unique assistance ; Et dans un cœur inculte, et du reste ignorant, La grâce de la mort à la fin se comprend : Tant cette grâce est vraie, et tant la discipline De l’amour vers la mort doucement nous incline !
La guerre à tout le monde, et, avant tout le monde, à l’Angleterre, était le texte délirant des sociétés les plus populaires, à l’exception des supériorités de ce parti, assez hommes d’État pour comprendre que la guerre dévorerait, au premier coup de tambour, la liberté et la révolution. […] Avant même que le jeune général d’Italie et d’Égypte eût déclaré son ambition de dictateur civil et militaire à ses confidents, M. de Talleyrand s’était insinué résolument dans sa pensée, et lui avait montré en perspective un coup d’État facile, un abandon certain de la France à toute usurpation de puissance qui lui promettrait la paix, la réconciliation avec l’Europe, la reconstruction d’un ordre civil personnifié dans un héros. […] Votre force s’augmentera dans le présent de toute la foi que le pouvoir héréditaire inspirera au monde dans votre avenir. » M. de Talleyrand, pilote plus exercé aussi aux pronostics de l’opinion publique en France, croyait plus que Bonaparte lui-même à la prostration facile des hommes et des choses ; il savait combien la France politique est complaisante aux événements, et combien le lendemain d’un coup d’État ressemble peu à la veille. […] Ce coup tranchait sa pensée entière, et on voudrait qu’il l’eût conseillé !
Le promeneur qui ne cherche que son loisir ne voit dans une prairie qu’une surface agréable par sa verdure ou par ses fleurs ; l’œil du botaniste y aperçoit du premier coup un nombre infini de petites plantes et de graminées différentes qu’il distingue et qu’il voit séparément. […] Par exemple : « J’entendis le rire des aimables jeunes filles, et, lorsqu’elles frappèrent mes yeux, je les vis assises sur des chaises de fin roseau. » — Vous avez ainsi tout d’un coup la plus charmante situation, car on ne peut se représenter des chaises de roseau sans avoir l’idée d’une légèreté et d’une élégance extrêmes. — Et puis un nombre infini de légendes, qui se mêlent toujours au récit et sont employées pour ainsi dire proverbialement. […] La nature agit avec tant de sagesse et de mesure, que jamais un oiseau ne perd tout d’un coup assez de plumes pour ne plus pouvoir voler et chercher sa nourriture. […] Nous autres patriciens de Francfort, nous nous sommes toujours tenus pour les égaux des nobles, et, quand je reçus le diplôme, j’eus dans les mains ce que depuis longtemps je possédais déjà en esprit. » Après avoir encore bu un bon coup dans la coupe dorée, nous nous rendîmes au pavillon de chasse d’Ettersberg, en faisant le tour de la montagne.
Ses pieds meurtris portent les marques des coups que peut frapper le plus fort. […] Inoffensifs désormais, mal guéris de leurs coups de foudre, ces invalides du Chaos vieillissaient honorablement dans leur retraite ténébreuse. […] La montagne souffre des coups du tonnerre, et elle en porte les marques ; mais son sommet, à peine entamé, survit aux mille éclairs qui l’ont foudroyée. […] Le bec de l’aigle meurtrissant son flanc lui rappelait le coup de lance qui avait percé le cœur du Sauveur.
J’ai vu représenter La Nave à Venise même ; malgré les graves défauts de cette « tragédie », et bien que les prophéties après coup soient un truc un peu facile, j’avoue que cette évocation, toute lyrique, fit vibrer tout mon être du frisson de la beauté. […] Le Saint Sébastien, annoncé à coups de tam-tam, et joué récemment à Paris, est peut-être la plus agaçante et la plus grotesque de ces duperies. […] Quand Basiliola tue à coups de flèches les prisonniers qui râlent d’amour pour elle, elle humecte de sa salive la pointe des flèches, et tue pour tuer. […] Or, comme on a supprimé le truc trop facile des confidents, il faut recourir, pour l’exposition, aux amies et amis indiscrets, aux serviteurs bavards ; tout cela potine et caquette dans une salle de bal, autour d’une table à thé ou d’un jeu de puzzle (qui tend à remplacer le whist), ou entre deux coups de balais ; et puisque tout se passe « comme dans la vie », c’est par de longs méandres qu’on arrive au but ; c’est du temps perdu pour l’action, et c’est un éparpillement de comparses qui nuit à la psychologie des personnages essentiels.
Il l’a attaqué obliquement, et, du premier coup, en stratégiste consommé. […] J’indique le nouveau sens du mot, et, du même coup, le nouveau tour des idées. […] D’un coup nous voilà bien loin de Fontenelle. […] Voltaire a une peur naturelle des coups, et n’a rien d’un chevalier d’Assas, ni même d’aucun chevalier. […] Il parcourt les petites maisons de l’humanité ; puis tout à coup salue un grand aliéniste, qui quelquefois n’est qu’un chirurgien.
Le retour du roi de Pologne Henri III et son arrivée en France, le démenti donné du premier coup aux espérances qu’on avait de lui, ne sont pas moins bien notés ; ce dernier des Valois arrive avec le dessein, qui lui a été suggéré par de sages princes et conseillers qu’il a vus au passage (en Autriche, à Venise et en Savoie), d’octroyer la paix à tous ses sujets et de rétablir l’ordre et la concorde avec traitement égal pour tous ; mais, à peine arrivé, il fait défaut, se laisse retourner par la reine sa mère, s’engage dans je ne sais quelle petite guerre et quel petit siège qu’il est obligé de lever avec mille sortes de reproches et d’injures que lui lancent du haut des murailles les femmes et les enfants : Ce honteux décampement, dit Sully, l’aversion que le roi témoigna dès lors de toutes choses généreuses et de la vraie gloire, qui ne s’acquiert que par les armes, et une inclination et disposition portée toute au repos, aux délices et plaisirs, le firent tomber en mépris qui engendra la haine, et la haine l’audace d’entreprendre contre lui, de laquelle procéda sa perdition avec infamie. […] Quatre ans après, à Nérac, pendant que la Cour huguenote est là comme dans son petit Paris et dans son lieu de délices, la guerre continuant aux alentours, Rosny qui veut s’y mêler, et qui voit que le roi de Navarre a défendu de sortir de la ville à cheval, se remettra à ce premier métier de fantassin et ira, parmi les vignes et les haies, faire le coup d’arquebuse avec les plus simples soldats.
Il commença le 1er mai 1625 ses entreprises à main armée, manqua son coup sur Lavaur44, mais fit déclarer chemin faisant toutes les villes du Lauraguais. […] Rohan, déjà gêné au dedans par les siens, dut également souffrir de cette gêne en face de l’ennemi, et peut-être des accusations sourdes qui en venaient parfois à son oreille ; et il semble, nous le verrons, avoir voulu répondre à tout et se satisfaire lui-même lorsqu’il se mit, à son dernier jour, à faire le coup de pique en simple volontaire dans l’armée du duc de Weimar, comme s’il s’était dit : « Cette fois enfin je ne suis plus un général ni un chef de parti, je ne suis qu’un soldat. » Ouvrons maintenant les mémoires de Richelieu, lorsqu’il a à parler des mêmes conjonctures.
Le prélat mangea très peu, et seulement des nourritures douces et de peu de suc, le soir, par exemple, quelques cuillerées d’œufs au lait ; il ne but aussi que deux ou trois coups d’un petit vin blanc faible en couleur, et par conséquent sans force : on ne peut voir une plus grande sobriété et retenue. […] Ces haines étroites et tout ce qu’elles engendrent, ces trigauderies, comme il les appelle élégamment, font souvent penser aux Célibataires de Balzac, à ce duel fourré de l’abbé Birotteau et de l’abbé Troubert. — Quand la famille de Bossuet, toutes affaires terminées, quitte Meaux définitivement, Le Dieu les salue de cet adieu vraiment cordial et touchant : « Ainsi pour le coup, voilà les Bossuet partis de Meaux : la maison rendue et vidée. — Mardi 2 novembre 1706, est arrivé l’entier délogement de l’abbé Bossuet de Meaux, la dernière charrette partie et la servante dessus, et Cornuau même, son homme d’affaires, parti aussi : Dieu soit loué !
Le coup a porté : Vauvenargues a beau dire, il est homme de lettres plus qu’il ne croit ; il est sensible plus qu’il ne le voudrait à cette idée de génie, à cette image d’une gloire sous sa main, et qu’il ne tient qu’à lui de cueillir : « Vous ne sentez pas vos louanges, écrit-il à Mirabeau, vous ne savez pas la force qu’elles ont, vous me perdez ! […] pour le coup, Vauvenargues n’y tient pas !
Il s’était borné jusque-là à traduire en prose les poètes, lorsque tout à coup la tarentule le piqua, et il se remit, en tout ou partie, à traduire en vers (et quels vers !) […] Un jour de Pâques, à l’église, comme il allait se mettre à genoux pour communier, M. de Tende se présenta tout à coup devant lui en lui disant : « Monsieur, vous êtes en colère contre moi, et je crois que vous avez raison ; mais voici un temps de miséricorde, et je vous demande pardon. » — « De la manière dont vous le prenez, repartit Marolles, il n’y a pas moyen de vous refuser.
Mais, à d’autres jours, le Chauvelin a tout d’un coup baissé ; il est dans son tort, et il a mérité sa disgrâce ; l’exilé de Bourges, avec son grand feu et son activité, avait la politique trop magnifique et trop fougueuse ; il tenait trop de Louvois, dont il était parent ; les peuples n’auraient guère respiré de son temps ; il est bon qu’il ait été écarté : (Février 1737. […] Ne croyez pas qu’il s’en tienne à ce jugement ; il aura bientôt des accès de colère et des coups de boutoir contre Fleury qui ne l’emploie pas, qui ne s’en va pas, contre ce doux vieillard qui s’obstine à vivre, à durer, dont la longévité est la plus grande des ruses et déroute tant d’ambitions qui attendent.
Puis on avait eu affaire aux systématiques de tout genre et de tout bord, inventant des, formules ultra-catholiques, ultra-révolutionnaires, après coup. […] Son rôle principal à la Convention fut d’être envoyé aux armées ; son bonheur fut, en échappant aux cruelles mesures du dedans et aux luttes fratricides qui se réglaient à coups d’échafaud, d’être, pendant ce temps-là, à combattre l’ennemi du dehors, sur le Rhin, à Mayence, ou le royalisme en Vendée, et de montrer partout, avec un courage intrépide, le tact, le coup d’œil et les talents d’un homme de guerre improvisé.
Le comte d’Artois, lui, le futur Charles X, n’est qu’étourdi, pétulant, imprudent, tête vive et légère : « Il est vrai que le comte d’Artois est turbulent et n’a pas toujours la contenance qu’il faudrait ; mais ma chère maman peut être assurée que je sais l’arrêter dès qu’il commence ses polissonneries, et, loin de me prêter à des familiarités, je lui ai fait plus d’une fois des leçons mortifiantes en présence de ses frères et de ses sœurs. (16 novembre 1774.) » Quant au comte de Provence, il y a d’autres précautions à prendre avec lui ; ce n’est pas de ses familiarités en public et de ses gestes légers qu’on a à se méfier, c’est plutôt de ses coups fourrés ainsi que de ceux de sa digne épouse, qui est bien appareillée avec lui : « Ils sont l’un et l’autre fort réservés et fort tranquilles, au moins en apparence. […] Mais il n’y avait pas moyen d’en agir ainsi ; la France aime les coups de théâtre, les changements à vue, et il y a des moments irrésistibles.
Le coup de tonnerre du 5 mars, la nouvelle de la rentrée en scène de Napoléon, qui brusqua la séparation du congrès, donna fort à réfléchir à M. de Talleyrand, et il mit dans toutes ses démarches des mois suivants une singulière lenteur. […] On a raconté la scène de Mons, et comment lui qui s’était cru nécessaire, il se vit tout d’un coup évincé.
Je suis, grâce à mon bavardage sur moi-même, tellement décrié que je n’ai pas besoin de l’être plus ; et si mes lettres, qui nagent dans vos appartements, échouaient en quelques mains étrangères, cela donnerait le coup de grâce à ma mourante réputation… » Je n’avais pas jugé utile dans le premier travail de faire entrer ce fragment, qui en dit plus que nous ne voulons, qui en dit trop, car certainement Benjamin Constant valait infiniment mieux que la réputation qu’il s’était faite alors ; mais enfin il se l’était faite, comme lui-même il en convient : étais-je donc si en erreur et si loin du compte quand j’insistais sur certains traits avec précaution, avec discrétion ? […] On accuse la fatalité, on voit à chaque coup le destin marqué dans les phases successives d’une vie qui revient opiniâtrement se briser aux mêmes écueils.
Aussi que sort-il tout à coup, et pour premier essai, de cette verve de vingt-quatre ans, de cette existence de poëte si longtemps misérable et comprimée ? […] Encore un coup, chez Boileau la métaphore évidemment ne surgit presque jamais une, entière, indivisible et tout armée : il la compose, il l’achève à plusieurs reprises ; il la fabrique avec labeur, et l’on aperçoit la trace des soudures8.
Ce qu’il voit encore, ce sont des soudards qui, dans le parc empanaché de gigantesques ramées, sur de larges pelouses d’émeraude, criblent de coups d’arquebuse un oiseau de bois fiché à la pointe d’un mai. […] Le réveil ne fut que plus rude ; ce coup de collier en politique l’avait mis tout hors d’haleine ; l’artiste en lui sentait le besoin de respirer.
IX Mais vous approchez des Alpes, les neiges violettes de leurs cimes dentelées se découpent le soir sur le firmament profond comme une mer, l’étoile s’y laisse entrevoir au crépuscule comme une voile émergeant sur l’Océan de l’espace infini ; les ombres glissent de pente en pente sur les flancs des rochers noircis de sapins, des chaumières isolées et suspendues à des promontoires, comme des nids d’aigles, fument du feu du soir, et leur fumée bleue se fond en spirales légères dans l’éther ; le lac limpide, dont l’ombre ternit déjà la moitié, réfléchit dans l’autre moitié les neiges renversées et le soleil couchant dans son miroir ; quelques voiles glissent sur sa surface, chargées de branchages coupés de châtaigniers, dont les feuilles trempent pour la dernière fois dans l’onde ; on n’entend que les coups cadencés des rames qui rapprochent le batelier du petit cap où sa femme et ses enfants l’attendent au seuil de sa maison, ses filets y sèchent sur la grève, un air de flûte, un mugissement de génisse dans les prés interrompent par moment le silence de la vallée ; le crépuscule s’éteint, la barque touche au rivage, les foyers brûlent çà et là à travers les vitraux des chaumières, on n’entend plus que le clapotement alternatif des flots endormis du lac, et de temps en temps le retentissement sourd d’une avalanche de neige dont la fumée blanche rejaillit au-dessus des sapins ; des milliers d’étoiles, maintenant visibles, flottent comme des fleurs aquatiques de nénuphars bleus sur les lames, le firmament semble ouvrir tous ses yeux pour admirer ce coin de terre, l’âme la quitte, elle se sent à la hauteur et à la proportion de s’approcher de son Créateur presque visible dans cette transparence du firmament nocturne, elle pense à ceux qu’elle a connus, aimés, perdus ici-bas et qu’elle espère, avec la certitude de l’amour, rejoindre bientôt dans la vallée éternelle, elle s’émeut, elle s’attriste, elle se console, elle se réjouit, elle croit parce qu’elle voit, elle prie, elle adore, elle se fond comme la fumée bleue des chalets, comme la poussière de la cascade, comme le bruissement du sable sous le flot, comme la lueur de ces étoiles dans l’éther, avec la divinité du spectacle. […] Quand elle s’accumule en montagnes humides sous le vent lourd d’automne et qu’elle s’écroule avec des coups retentissants sur le sol creux des caps avancés, elle rappelle les mugissements de la foudre dans les nuages et les tremblements de la terre qui déracinent les cités. — Émotion !
Les excellents Oratoriens qui l’ont instruit à Juilly lui ont découvert la riche source d’énergie morale qui jaillit pendant toute la durée des antiquités grecque et romaine ; les grands ouvrages de l’esprit, les coups d’héroïsme dans l’action politique ont ravi l’imagination du jeune Gascon, dont le bon sens aiguisé goûte ce qu’il y a toujours de pratique et de mesuré dans les traits les plus étonnants de l’antiquité. […] Au point de vue religieux, Montesquieu tirait poliment son coup de chapeau au christianisme.
Et, de même, il peut apparaître en bien des endroits comme un pur dilettante, et comme un dilettante de décadence, plein d’affectation et d’artifice, d’une sensualité maladive et d’un mysticisme équivoque ; mais tout à coup on découvre chez lui un esprit très grave, d’une gravité de prêtre, très préoccupé de vie morale, sérieux au point de tout prendre au tragique. […] Et ainsi, tout en ne faisant au fond que l’histoire de son âme à lui, il fait du même coup l’histoire des sentiments les plus originaux de sa génération et compose par là même un fragment considérable — et définitif — de l’histoire morale de notre époque.
Né du peuple et dans le plus large courant de l’esprit de la Révolution française — en sorte qu’il n’eut ni à changer ni à se contraindre pour être « avec son temps », — la vie de Victor Duruy, exemplaire, tout unie dans son fond, mais avec un air de merveilleux, et, au milieu de son cours, un coup de baguette des fées, ressemble à quelque beau récit de la « morale en action », à mettre entre les mains des écoliers, de ces écoliers de France pour qui il a tant travaillé. […] La haine du désordre républicain ne l’avait point jeté dans la réaction ; il avait voté le 10 décembre 1848 pour le général Cavaignac ; et aux plébiscites qui suivirent le coup d’État de décembre 1831, il avait voté non.
Tout d’un coup, et pour un siècle, brille une vie nouvelle : la vie de cour, la vie de représentation. […] — Je vois bien qu’on se coudoie fort, mais pour s’envoyer subrepticement des coups de coude.
Tout d’un coup, et pour un siècle, brille une vie nouvelle : la vie de cour, la vie de représentation. […] — Je vois bien qu’on se coudoie fort, mais pour s’envoyer subrepticement des coups de coude.