Dans ce livre de vers qu’il a appelés Les Hirondelles, pour exprimer la fidélité au retour de la même pensée, il a été positivement le Voyant d’une patrie qui n’est plus, et, en pleine Allemagne du xixe siècle, il a repris le chant, interrompu par plusieurs milliers d’années, des Hébreux exilés sur les bords des fleuves de Babylone ; seulement les exilés, à Babylone, avaient connu ce qu’ils chantaient et pressé sur leur cœur ce qu’on n’emporte point à la semelle de ses souliers ; tandis que lui, Wihl, l’exilé séculaire, à distance, dans le temps et dans l’espace, de cette patrie tuée et dont il n’a pas même vu le cadavre, a ajouté à la nostalgie fiévreuse de l’exil ce qui l’aurait diminuée s’il avait été moins poète : — l’envenimement de dix-huit siècles. […] L’Allemagne rebondissait de la philosophie à la politique, et c’est alors que Louis Wihl, qui n’était connu encore que par des travaux de science et de philologie, comme poète, se révéla.
Je ne connaissais pas M. […] Ceux qui s’obstinent à voir un bel élégiaque dans Hégésippe n’y connaissent rien.
il y en a, et plus qu’on ne voudrait et qu’on aurait pu croire, venant de l’auteur de ce livre, connu déjà par des ouvrages d’un ton bien inférieur à celui-ci… Jusqu’alors M. […] Rappelez-vous l’alchimie de ses parfums, cherchés follement dans des combinaisons d’odeurs connues !
Pline est assez connu ; on sait qu’il fut un des premiers orateurs de son siècle. […] Pour achever de faire connaître le caractère et le genre d’éloquence de Pline, je vais citer quelques pensées détachées de ce panégyrique qui, avec ses défauts, est encore un des ouvrages les plus estimables de l’antiquité.
Corollaires relatifs aux contrats qui se font par le simple consentement des parties Les nations héroïques, ne s’occupant que des choses nécessaires à la vie, ne recueillant d’autres fruits que les productions spontanées de la nature, ignorant l’usage de la monnaie, et étant pour ainsi dire tout corps, toute matière, ne pouvaient certainement connaître les contrats qui, selon l’expression moderne, se font par le seul consentement. L’ignorance et la grossièreté sont naturellement soupçonneuses ; aussi les hommes ne pouvaient connaître les engagements de bonne foi.
Le poids de la mort est lourd à celui qui, trop connu de tous, meurt sans se connaître lui-même. » Rien de moins fécond et de plus monotone que cette passion du repos et de l’oubli sur la terre, quand elle ne se tourne pas en aspiration vers le ciel.
Les anciens ont connu la liberté pour quelques-uns ; ils n’ont pas connu l’égalité. Ils n’ont pas connu la fraternité humaine, puisque le Christianisme a été nécessaire. […] De Dieu, on n’en connaît plus. […] Vous ne connaissez que le présent, je ne connaîtrai plus l’avenir. […] Pour la première fois notre langue a enfin connu la poésie lyrique.
Je n’ai pu, je l’avoue, m’empêcher d’en sourire, et si j’avais eu la présomption de croire m’être bien fait connaître, j’eusse été soudain guéri de ma vanité. […] Un esclave l’explique nettement aux spectateurs ; ceci regarde Cléon : on connaît ses goûts crapuleux, son avidité, et ses débauches. […] Un ecclésiastique tolérant, lecteur du roi, le fit connaître à François Ier ; la gaîté gagna son procès devant le monarque, et le rire le fit absoudre. […] Lors connaîtrez que la drogue dedans contenue est bien d’autre valeur que ne promettait la boîte. […] Trop de passions alors s’y mêlaient, et la pitié qu’il pouvait exciter, en immolant une victime connue et désignée, troublait en quelque sorte l’enjouement de la satire.
On en connaît la donnée extravagante. […] Le sujet du Lys dans la vallée est bien simple, bien connu, et, sauf les détails, n’a pas coûté à l’auteur de grands frais d’imagination. […] Où donc M. de Balzac l’avait-il connue ? […] Hugo — avait tort, grand tort, et, si nous l’avions connu, nous l’aurions supplié de se taire. […] On ne connaissait pas encore le chimérique par ses impossibilités et ses périls ; on ne le connaissait que par son mystérieux prestige, et plus il différait de cette organisation caduque dont on ne ressentait que les vices, dont on voyait le déclin, dont on présageait la fin prochaine, plus on s’y livrait avec délices et sécurité.
Connaît-on pour cela leurs fonctions ? […] Depuis lors, on connut deux fluides salivaires : la salive mixte ou la salive parotidienne. […] C’est là une cause d’erreur que n’ont pas connu Tiedemann et Gmelin. […] Il existe en outre des matières organiques mal déterminées et connues sous le nom de ptyaline. […] Je connais en physiologie peu d’exemples d’expérience aussi simple et aussi facile que celle-là.
« 4º Le cochon connaît le temps. […] Alors seulement nous pourrons dire que nous connaissons. […] Il en connaît parfaitement la littérature et la langue. […] Avance pourtant : dans une crypte basse, qui a pour arche des fragments qui croulent, tu trouveras encore l’autel et la lampe sacrée qui brûle éternellement1441. » Mais ses gardiens ne la connaissent plus. […] Tout entier aux écrivains, il néglige les artistes ; en effet, la source des arts est le sentiment de la forme, et les plus grands artistes, les Italiens, les Grecs, n’ont connu, comme leurs prêtres et leurs poëtes, que la beauté de la volupté et de la force.
Il est de même très difficile d’éviter toujours de personnifier le mot de nature ; mais par nature j’entends seulement l’action combinée et le résultat complexe d’un grand nombre de lois naturelles, et par lois, la série nécessaire des faits telle qu’elle nous est connue aujourd’hui. […] Quoique des ouvrages d’histoire naturelle fassent quelquefois mention de pareils faits, je n’en connais pas un seul qui puisse à l’examen supporter une pareille interprétation. […] À l’égard des animaux ou des plantes à sexes séparés, il est de toute évidence, sauf le cas si curieux et encore si peu connu de la parthénogénèse, que la coopération de deux individus est toujours nécessaire à l’acte de la fécondation. […] On ne connaît donc pas encore un seul animal terrestre qui se féconde lui-même. […] C’est également dans l’eau douce que nous trouvons quelques-unes des formes les plus anormales qu’on connaisse dans le monde : telles sont l’Ornithorynque et le Lépidosirène, sortes de fossiles vivants qui servent, jusqu’à un certain point, de liens de transition entre des ordres zoologiques aujourd’hui profondément séparés dans l’échelle naturelle.
Ajoutons qu’il ne s’est pas assez servi du mahométisme, dont les rites sont d’autant plus curieux qu’ils sont peu connus. […] « Il fut un temps où, séduit par les illusions de la jeunesse, je connus d’autres désirs ; je dédaignai la houlette des bergers et je fuis loin des lieux qui m’avaient vu naître : je vécus à Memphis ; je fus admis dans le palais des rois ; quoique intendant des jardins, je vis, je connus la cour et ses injustices. […] leurs forces sont éteintes, ils ne connaissent point l’adresse, il ne leur reste que la rage : ils se déchirent. […] Vous connaissez la gravité et la tenue du Tasse, combien il est digne dans sa parole, sa tournure, son maintien, dans chacun de ses gestes. […] Il est juste alors, continua-t-il, qu’il connaisse sa propre valeur, qu’il ne se ravale pas lui-même.
Alors je reconnus Gianotto, et je voulus l’embrasser, parce que nous avions longtemps vécu et travaillé ensemble à Florence ; mais il fut si piqué des paroles de son maître, qu’il dit qu’il ne me connaissait pas. […] Ce jeune homme n’était connu de personne, était ordinairement mal vêtu, et sortait peu de sa maison, s’appliquant continuellement à l’étude du latin. […] Alors je l’appelai par son nom, parce que je le connaissais. […] Dans le même instant, le châtelain, ayant donné l’ordre de me faire mourir, changea soudain de sentiment, en disant : N’est-ce pas le même Benvenuto que j’ai tant défendu, et dont je connais toute l’innocence ? […] Il triompha et se réjouit d’avoir mieux connu la versatilité des Toscans.
Je connais la grande-duchesse depuis 1805, et j’ai eu une foule d’occasions d’admirer son esprit et son caractère. […] Béranger, que j’ai beaucoup connu et aimé dans nos derniers jours, était, selon moi, mille fois supérieur comme homme à ce qu’il était comme poète. […] Il ne l’avait pas assez connu. On écrit d’après un système, il faut connaître son sujet. […] Il loua la traduction de la Fiancée de Corinthe ; il rendit hommage à cette douce et candide nature d’Émile Deschamps, en homme qui n’a jamais connu l’envie.
Esprit et cœur, sa République est en tout le paradoxe de Dieu, le contrepied de la nature, le roman de l’homme, depuis l’égalité des biens, aussi impossible à réaliser que le niveau constant des vagues sur la surface incessamment mobile de l’Océan ; depuis la communauté des produits, produits aussi impossibles à répartir qu’à créer, puisque la répartition suppose l’infaillibilité divine dans le gouvernement, et que le produit lui-même suppose l’uniformité du travail dans l’oisif, qui consomme sans rien faire, et dans l’homme laborieux, qui travaille sans salaire ; depuis la destruction de la famille, ce nid générateur et conservateur de l’espèce humaine, pour remplacer le père et la mère par une maternité métaphysique de l’État, qui n’a pas de lait, et par une paternité métaphysique de l’État, qui n’a pas d’entrailles ; depuis la communauté des femmes, qui change l’amour en bestialité, jusqu’à la communauté des enfants, qui détruit la piété filiale en défendant aux enfants de connaître leur père ; depuis le meurtre des nouveau-nés mal conformés, pour épurer la race, jusqu’au meurtre des vieillards, pour écarter des yeux le spectacle de la décadence et la céleste vertu de la compassion. […] « Pour connaître l’eau », disent les Persans, « il faut remonter à la source. » Pour se rendre compte du génie littéraire et des sophismes sociaux de J. […] Le musicien, tombé dans la rue d’une atteinte de convulsions, est laissé là par le disciple, son compagnon de voyage, qui feint de ne pas le connaître. […] Pour parler il faut connaître : sans avoir appris, que connaît-on ? […] Voilà un théiste qui, après avoir feint la profession de déisme contemplatif et de religion pratique, en dehors de toute révélation surnaturelle, s’en va abjurer, dans une église de la Suisse, son catholicisme, son théisme, sa philosophie, et communier sous les deux espèces, de la main d’un pasteur de village ; Enfin voilà un nouveau converti qui se brouille avec son convertisseur, et qui revient faire des constitutions de commande à Paris, pour la Pologne et pour la Corse, dont il ne connaît ni le ciel, ni le sol, ni la langue, ni les mœurs, ni les caractères, constitutions de rêves pour ces fantômes de peuples !
Ce jour est arrivé ; un homme que je ne connais pas personnellement, et dont les opinions ne sont, dit-on, pas les miennes sur beaucoup de choses, M. […] C’était un homme d’un rare mérite : il connaissait la philosophie, les mathématiques, la théologie et les belles-lettres, et j’ai rarement vu quelqu’un digne de lui être comparé. […] De peur que, pressé par les affaires qu’il pouvait avoir, il n’exauçât pas mon vœu, je demandai à l’auditeur du Pape de vouloir bien faire connaître au Saint-Père que moi aussi j’étais sur les rangs, et rien de plus. […] Le conclave, par égard, suspend ses opérations ; elles recommencent, deux cardinaux, Zeladi et Gerdil, selon Consalvi, consentent, par une ambition légitime, à détacher des voix de Bellisomi et de Mattei pour eux-mêmes et à varier selon la convenance le nombre flottant de leurs adhérents. — Albani déclare à Herzan qu’on ne se réunira pas à Bellisomi, il l’interroge sur Gerdil, cardinal piémontais, pour connaître si l’empereur d’Autriche lui donnera au dernier moment l’exclusion. […] La bonne volonté et l’attachement à son maître ne manquaient pas à ce familier (l’abbé Poloni) pour exécuter une telle entreprise de concert avec le cardinal dont il connaissait si bien à fond le caractère, qu’il savait toutes les manières de le prendre pour s’en servir utilement. » Le plan ainsi arrêté sur ce point et dans cette entrevue fournie par le hasard, les deux interlocuteurs, chacun de son côté, s’occupèrent de le réaliser sans aucun retard.
Nous ne connaissons dans aucune langue une si charmante débauche d’esprit, de déraison et de style. […] Menacé de la Bastille après l’emprisonnement de Fouquet, son ami, Saint-Évremond se réfugia d’abord en Hollande ; il y connut Spinosa dont la fréquentation ajouta une teinte de philosophie sceptique, mais non athée, à la voluptueuse licence de sa vie. […] Nous l’avons beaucoup connu et beaucoup aimé nous-même. […] Nous l’avons connue et admirée aussi, cette apparition transparente du génie dans la beauté. […] On connaît les prodigieux engouements qu’elle excitait d’un bout de l’Europe à l’autre par son chant.
Antoine et Jacques Desbordes devinrent libraires à Amsterdam, libraires très-riches, très-considérés ; ce sont eux qui ont donné ces éditions bien connues de Voltaire (1733-1738). […] maintenant reviens et descends encore. » Volontiers aussi notre tendre élégiaque, les mains levées au ciel, se fût écriée en sa naïve démence, avec une autre âme aimante, une autre muse voilée, sœur de la sienne49, et dont l’écho seul m’a, par hasard, apporté la voix : Secrets du cœur, vaste et profond abîme, Qui n’a pitié ne connaît rien de vous ! […] C’est une douceur profonde que de trouver de pareils amis dans le passé et de pouvoir vivre encore avec eux malgré la mort. » Elle avait fait une pièce de vers sur le Jour des morts, qui était le jour anniversaire de sa propre naissance ; elle y disait, en s’adressant à ces chers défunts qu’on a connus : Vous qui ne pleurez plus, nous aimez-vous toujours ? […] » Et qui a connu Mme Valmore en ces longues années d’épreuves, qui l’a visitée dans ces humbles et étroits logements où elle avait tant de peine à rassembler ses débris, qui l’y a vue polie, aisée, accueillante, hospitalière même, donnant à tout un air de propreté et d’art, cachant ses pleurs sous une grâce naturelle et y mêlant des éclairs de gaîté, brave et vaillante nature entre les plus délicates et les plus sensitives, qui l’a vue ainsi et qui lira ce qui précède se prendra encore plus à l’admirer. […] Alfred de Vigny disait d’elle qu’elle était « le plus grand esprit féminin de notre temps. » Je me contenterais de l’appeler « l’âme féminine la plus pleine de courage, de tendresse et de miséricorde. » — Béranger lui écrivait : « Une sensibilité exquise distingue vos productions et se révèle dans toutes vos paroles. » — Brizeux l’a appelée : « Belle âme au timbre d’or. » — Victor Hugo, enfin, lui a écrit, et cette fois sans que la parole sous sa plume dépasse en rien l’idée : « Vous êtes la femme même, vous êtes la poésie même. — Vous êtes un talent charmant, le talent de femme le plus pénétrant que le connaisse. » 41.
La Bible de Luther et ses puissants effets en Allemagne sont connus, mais débordent notre sujet ; il suffit de se rappeler le Plutarque d’Amyot en France. […] On se figurera les pertes qu’on a faites ainsi en chemin, lorsqu’on saura que de ces quatre Anthologies successives il ne nous est arrivé que la quatrième, la dernière, et encore on ne la connaît bien au complet que depuis un demi-siècle. […] Mais non : ces phases analogues et ces récidives du goût tiennent à des lois générales de l’esprit humain ; on réinvente, à de certains âges et en de certains lieux éloignés, les mêmes défauts, comme quelquefois aussi on rencontre, sans s’être connus et à l’aide de la seule nature, les mêmes beautés. […] En France, les personnes même instruites (hors du cercle de l’érudition) sont trop accoutumées à ne juger l’antiquité que sur quelques grands noms qui reviennent sans cesse, qu’on cite à tout propos et qu’on croit connaître. On ne connaît bien un pays pourtant que lorsqu’on l’a traversé non-seulement dans ses larges routes rapidement parcourues, mais aussi dans ses sentiers et au hasard de ses buissons.
Aucun animal, pas même le chat, le chien, ne fait cette étude continuelle de tous les corps qui sont à sa portée : toute la journée l’enfant dont je parle (douze mois) tâte, palpe, retourne, fait tomber, goûte, expérimente ce qui tombe sous sa main ; quel que soit l’objet, balle, poupée, hochet, jouet, une fois qu’il est suffisamment connu, elle le laisse, il n’est plus nouveau, elle n’a plus rien à en apprendre, il ne l’intéresse plus. […] Les principaux sont Pa (Paul), Babert (Gilbert), bébé (enfant), bééé (la chèvre), cola (chocolat), oua-oua (chose bonne à manger), ham (manger, je veux manger). — Il y en a d’autres assez nombreux qu’elle comprend, mais ne prononce pas, par exemple : « Grand-père, grand’mère » ; ses organes vocaux, trop peu exercés, ne reproduisent pas encore tous les sons qu’elle connaît et auxquels elle attache un sens. […] On se cache la figure dans les mains en lui disant ce mot, et il rit ; souvent alors, il le répète, en se cachant aussi le visage dans la poitrine de la personne qui le tient ou en détournant la tête et en fermant les yeux. — 2º Avoua (au revoir) ; on lui dit ce mot, et il le répète quand on le ramène dans la chambre des enfants et qu’on ferme la porte ; il cesse alors de nous voir, et probablement ce mot signifie pour lui disparition de quelqu’un, disparition de certaines figures qu’il connaît. — Nul autre mot ; il ne comprend pas les mots papa, maman, quoiqu’il les dise parfois en façon de ramage. […] Car d’une part l’analyse de toutes les langues connues nous ramène aux racines, et d’autre part l’expérience nous donne les interjections et les imitations comme le seul commencement imaginable de la parole humaine. […] En effet, un esprit naturellement borné ne peut suivre les abstractions d’un certain ordre ; nous connaissons des gens qui, quoi qu’ils fassent et quoi qu’on fasse, n’entendront jamais la Mécanique céleste de Laplace ou la Logique de Hegel.
Black, guidé par la vie du Tasse, écrite en 1600 par le marquis Manso, qui avait connu et aimé le poète, et par l’histoire plus récente de l’abbé Serassi, a suivi trace à trace, dans toutes les archives et dans toutes les bibliothèques d’Italie, pendant dix ans, les moindres lueurs de vérité qui pouvaient recomposer le vrai jour sur la vie de son héros ; moi-même, une sorte de piété semblable à une parenté des âmes m’attira de bonne heure vers ce nom comme un pèlerin vers un sépulcre. […] Cependant je ne sais quelle curiosité amoureuse du site et de sa paix me poussait à connaître aussi les cloîtres intérieurs et le jardin que ces murs dérobaient à mes regards ; je m’y figurais des mystères de recueillement et de charmes secrets. […] Les Tassi, race noble et militaire, déjà connus au douzième siècle, avaient leur château dans les environs de Bergame, non loin de Mantoue, terre féconde, qui ne paraît pas, au premier aspect, favorable à l’imagination, mais qui voit d’en bas les Alpes d’un côté, les Apennins de l’autre, et à qui ces deux hauts horizons noyés dans un ciel limpide inspirent on ne sait quelle grandeur et quelle élévation sereines, qu’on retrouve dans Virgile, dans le Tasse, dans Pétrarque, tous poètes de la basse Italie. […] Ce jeune prince, que Torquato Tasso avait connu dans son adolescence à Rome, avait toutes les qualités de son frère, mais il y joignait de plus la constance dans ses amitiés, la modestie, la solidité et la grâce du caractère qui le faisaient adorer ; il reçut Torquato en ami plutôt qu’en maître, ne lui demandant pour tout service que d’illustrer sa cour et sa famille par l’éclat de renommée littéraire qui commençait à rayonner de son nom. […] Ces princesses accueillirent le jeune favori de leur frère, dont elles connaissaient déjà les vers par le Rinaldo, comme un homme qui mériterait bientôt la faveur du monde, et qui promettait un rayon de plus à la gloire de leur maison.
La femme doit porter neuf mois son fruit dans son sein, l’enfanter dans la douleur, remplir pour lui ses mamelles du lait, premier aliment de l’homme ; approcher à toute heure du jour ou de la nuit cette source de vie des lèvres de son enfant, le porter dans ses bras pendant cette longue période de mois et d’années où le sein de la mère n’est pour ainsi dire qu’une seconde gestation de l’homme, lui apprendre à connaître, à balbutier, à aimer, à répondre à son sourire. […] Cette étrange institution du commérage, connue seulement des grandes courtisanes et des marchandes d’herbes d’Athènes, était incompatible avec la civilisation antique de l’Orient et même de l’Occident. […] Le moyen âge ne connaissait pas davantage cette société mixte d’hommes et de femmes se rencontrant à jour et à heure fixes dans un salon pour causer ensemble. […] Mais, décidé à n’en appeler qu’aux baïonnettes d’une armée dont les chefs ne connaissaient pas même de nom la fille de M. […] Tout le monde connaît la brusquerie célèbre dont il repoussa ses avances à une des réceptions des Tuileries, où madame de Staël s’efforçait de s’attirer un mot ou un sourire d’encouragement du dictateur : Quelle est à vos yeux la femme supérieure à toutes les femmes ?
Mais dans sa grossièreté, notre France féodale et chrétienne a un principe de grandeur morale que la Grèce artiste et mythologue n’a pas connu. […] Le traître même n’est pas le traître légendaire et consacré que l’on connaît, monotone et raide réplique de Ganelon : ce félon Bernard de Naisil, dévoué à sa façon à sa race ou plutôt à la haine de sa race, toujours occupé à réveiller ou attiser la discorde, à rompre les accords ou à les prévenir, à machiner des ruses, des perfidies, des parjures, pour lancer ou retenir ses parents dans les affaires où ils perdront leurs fiefs, leur sang et leur vie, souple du reste lui-même et se tirant alertement de tous les mauvais pas où il se voit engagé, c’est lui qui donne le plus de fil à retordre à Bègue et à Garin. […] Le couronnement de Louis le Débonnaire, et la noble tristesse de Charles devant la puérilité biche de son héritier, le début du poème d’Aliscans, et la fière obstination de Guiboure qui, refusant de connaître son mari dans un fuyard, tient la porte d’Orange fermée et laisse Guillaume au pied des murs, exposé à tous les coups des Sarrasins, d’autres morceaux encore méritent d’être loués et lus. […] Nous tendons à lier nos perceptions, nos idées : nous ne pensons connaître et nous ne croyons réel ou vrai que ce dont nous apercevons les relations. Une figure légendaire aura plus de consistance, plus d’être, si en elle nous apparaît le fils ou le père d’un héros, qui nous est connu.
Crébillon connaît mieux la Calprenède qu’Eschyle ou Sophocle. […] Lui qui estimait assez peu les anciens, faute de les connaître à fond, il les trouvait fort bons à imiter dans la pompe de leur théâtre. […] Ces caractères vivent ; nous les connaissons, nous les aimons. […] « Une des premières règles, dit Voltaire, est de peindre les héros connus tels qu’ils sont ou plutôt tels que le public les imagine47. » C’est en vertu de cette règle que nous refusons de reconnaître Mahomet, Cicéron, César, aux portraits défigurés que Voltaire en a tracés. […] Il avait l’imagination qui peint non celle qui crée ; il avait la sensibilité des âmes affectueuses, non celle qui révèle aux maîtres du théâtre la profondeur ou la violence des passions qu’ils n’ont pas connues.
Haydn, Grétry, les musiciens du dernier siècle, connaissaient un art tout de ténue et plaisante émotion. […] C’est ce qu’elle eut à expier : donc elle renaquit, fille de Tchandala, à fin de connaître les tourments de l’amour vain d’espoir, mais aussi à fin de renoncer et d’être conduite à la pleine rédemption par l’entrée en la communion du Buddha. — Prakriti répond maintenant à la dernière question du Buddha par un joyeux Oui. […] miséricorde, car j’ai dans ce baiser connu tout ce dont a soif irrévocablement ma chair ! […] Outre les motifs de Tristan qui se trouvent naturellement rappelés par les rapports que Sachs établit entre Mark et lui, il serait curieux de comparer page 138 les mesures 3-4-5-6 et 13-14-15-16 à des motifs bien connus de Parsifal […] Ne joue pas Wagner qui veut ; il faut le connaître à fond et être un musicien consommé, pour parvenir à la perfection d’exécution et d’interprétation que nous avons constatée dimanche dernier, et que l’on a obtenue d’un orchestre composé, à deux ou trois exceptions près, exclusivement d’amateurs.
C’était au seizième siècle, c’était parmi les guerres religieuses, sous les règnes si orageux et si poétiques des derniers Valois, que devait surgir l’Épopée française ; à cette époque on trouve Ronsard et quelques autres poètes de la Pléiade, trop vantés alors, et surtout trop décriés de nos jours par des auteurs qui ne les connaissent guères et qui sont loin de les égaler, mais on cherche vainement, dans cette Pléiade brillante, l’homme d’une puissante imagination, le poète de génie enfin, capable d’enfanter une œuvre épique. […] C’est que les fables tragiques sont extrêmement rares, et que les hommes de génie sont très rares aussi ; les poètes dramatiques peuvent se diviser en trois classes : d’abord, ceux qui inventent ou plutôt qui trouvent des fables et les traitent d’une manière également inventée ; il y en a trois ou quatre comme cela depuis le commencement des siècles ; ensuite ceux qui traitent franchement de grands et beaux sujets traités trop faiblement avant eux, et qui, les embellissant et les rajeunissant par la vigueur de leur pensée et les formes nouvelles de leur talent, sont au moins créateurs par l’exécution ; de ces auteurs-là, il s’en rencontre tout au plus deux ou trois par époque ; enfin, ceux qui traitent et écrivent d’une manière commune et connue de prétendus sujets créés, dont il n’y a d’inventé que le titre et dont toute l’originalité disparaît avec l’affiche : cette classe d’auteurs a toujours été très nombreuse. […] Aucun amour-propre, aucun intérêt hors de l’art ne nous a dirigés ; nous n’avons d’autre ambition que de faire connaître le grand poète anglais au public français ; si nos ouvrages sont applaudis, c’est Shakespeare qu’on applaudira ; si Shakespeare n’est pas compris, ce sera la faute de ses interprètes ; d’autres plus habiles ou plus heureux viendront, et nous serons les premiers à servir et à proclamer leur triomphe. […] Lorsque la grande épreuve de Shakespeare aura été faite, lorsque notre public connaîtra la plus belle poésie dramatique des temps modernes, comme il a appris celle des temps antiques dans les chefs-d’œuvre de notre scène, alors, toutes les questions étant éclairées, tous les trésors mis à découvert, tous les systèmes comparés et appréciés, un homme de génie viendra peut-être, qui combinera tous ces éléments, leur donnera une forme nouvelle, et plus heureux que nos grands maîtres des grands siècles, en fera jaillir la véritable tragédie française, un drame national, fondé sur notre histoire et sur nos mœurs, sans copier qui que ce soit, pas plus Shakespeare que Racine, pas plus Schiller que Corneille, comme le dit M. […] Il nous est impossible encore de ne pas dire que la plupart de nos prétendus classiques ne connaissent ni l’antique, ni le moderne ; qu’ils n’aiment ni la Bible, ni Homère, ni Eschyle, ni Horace, ni Shakespeare, ni le Dante, etc., etc., qu’ils ne se délectent pas beaucoup avec Corneille, et pas du tout avec André Chénier ; toutes choses fort désagréables pour les deux ou trois hommes de génie qu’ils ont adoptés, probablement à cause de ce qu’ils ont de moins bon.
Vous avez enfin, dans le même ordre d’idées et dans la même catégorie de fables philosophiques, comme je les intitulerais si toutes les fables de La Fontaine n’étaient pas des fables philosophiques, vous avez enfin le fameux Discours à Mme de La Sablière, dont je vous donnerai seulement un petit aperçu pour la très bonne raison que vous le connaissez et qu’il s’agit seulement de vous montrer, par un exemple, comment La Fontaine raisonne et fait œuvre de dialecticien dans ses fables, ou plutôt dans ses discours philosophiques. […] Bouillon, en rendant un hommage éclatant à La Fontaine, qui était encore relativement très peu connu ; et l’éloge qu’il en fit est tout à fait remarquable. […] Victor Hugo, peignant la cour de Versailles, et la peignant sous un jour odieux, bien entendu vous connaissez ses habitudes littéraires et historiques surtout Victor Hugo songe à La Fontaine et dit : La Fontaine offrait ses fables, Et soudain, autour de lui, Les courtisans presque affables, Les ducs au sinistre ennui, Les Louvois nés pour proscrire, Les vils Chamillard rampants, Gais, tournaient leur noir sourire Vers ce charmeur de serpents. […] Car, remarquez-le, l’amour des animaux est quasi le seul amour désintéressé que l’humanité connaisse j’ai dit quasi, parce que je ferai une petite réserve tout à l’heure est en vérité l’amour pur ; car il est le seul amour désintéressé. […] Mais ces trois dénominations, qui ont été inventées au dix-neuvième siècle, ont ceci d’utile qu’elles étiquettent d’une façon relativement précise, mais enfin assez précise, trois genres littéraires, ou plutôt trois mentalités littéraires qui ont toujours existé depuis le commencement de la littérature telle que nous la connaissons.
Les animaux restent et doivent rester emprisonnés dans leurs instincts divers : l’homme, perfectible sous le rapport de ses facultés comme sous le rapport du sentiment moral ; l’homme, à qui il est donné de savoir et de connaître ; l’homme, qui peut choisir le bien ou préférer le mal, l’homme est un être libre, et ce n’est que dans l’état social qu’il trouve à la fois et les attributs et les limites de sa liberté : alors il peut en abuser, au point de renoncer à la société elle-même, au point de faire le sacrifice de sa vie ou de s’en dépouiller de sa propre main. […] Les hommes eurent souvent aussi deux noms : on retrouve, à un certain âge de la société, ces doubles noms affectés de prérogatives ou des significations différentes, dont l’un est le nom d’un être connu dans le ciel, et dont l’autre est le nom du même être connu sur la terre. Nos noms actuels, n’emportant point avec eux de signification, sont sans poésie : nous y suppléons par des épithètes, ou en ressuscitant d’anciens noms dont la signification ne nous est pas connue, mais auxquels nous en supposons une, avec quelque raison. […] Elle nous mène directement à un dernier système que nous ferons connaître tout à l’heure.
Lui, l’enfant docile et respectueux de l’Église, il a dû connaître les deux terribles minutes qui précèdent les grandes décisions. […] Il fut une époque où de telles précautions pouvaient être utiles, mais avec le mouvement actuel des esprits, le déchaînement, pour mieux dire, y a-t-il moyen de tromper ces curiosités insatiables et ces besoins de connaître, chaque jour davantage excités ? […] On ne connaissait pas dans la Compagnie les interrègnes du génie et de la sainteté. […] Mais chacun en connaît-il bien le moment, la manière, la cause ? […] Ils connaissaient l’Europe.
D’abord, parce que l’effet de ce style, qui nous saute aux yeux, est connu, et que Flaubert ne peut plus bénéficier de la nouveauté de sa manière. […] C’est avec le noir animal de sa Bovary que Flaubert a fait ses femelles de L’Éducation sentimentale, et c’est ce connu, c’est ce manque de nouveauté, dans les personnages comme dans la manière, c’est cette répétition affaiblie, comme toute répétition, des mêmes formes et du même fond d’idées, — si idées il y a, — qui sera l’empêchement dirimant du grand succès annoncé, mais qui ne viendra pas, et qui déjà, comme vous voyez, se fait attendre ! […] Il n’y a pas un étudiant, pas un rapin, pas un garçon apothicaire qui ne la connaisse et qui ne l’ait vécue ! […] ce titre, connu déjà et même profané par la plaisanterie qui profane tout, me donnait beaucoup à rêver, retrouvé sous la plume d’un homme qui, par malheur, aurait dit Voltaire, n’était pas né plaisant, ce qui, du reste, dans la circonstance de ce livre, n’était pas un malheur pour moi. […] C’est la dernière application possible du procédé connu.
J’en donnerai ici quelques extraits par lesquels je m’attacherai surtout à faire connaître le genre et le tour d’esprit, la forme de talent, de l’un des hommes les plus distingués de ce temps-ci. […] Pour l’immense majorité des points qu’il nous importe de connaître, nous n’avons que des vraisemblances, des à peu près. […] A ces esprits, si distingués d’ailleurs, il manque, pour connaître tout l’homme et toute la société, d’être allé jusqu’aux dernières limites, d’avoir fait le tour entier des vérités ou des réalités. […] L’état de notre société vous est connu comme si vous étiez vieux.
Il connut de bonne heure Bossuet et s’était lié avec lui sur les bancs des écoles : « Il eut le bonheur, dit M. de Chateaubriand, de rencontrer aux études un de ces hommes auprès desquels il suffit de s’asseoir pour devenir illustre. » Le biographe s’est laissé aller à être modeste pour l’humble héros : Bossuet, on le verra tout à l’heure, s’exprimera plus librement ; c’est lui qui revendiquerait pour lui-même le bonheur et l’honneur de s’être assis à côté de Rancé, de cet homme dont il ne parlait jamais sans être saisi d’une admiration sainte. […] Un jour qu’il se promenait avec son ami l’évêque de Comminges (Gilbert de Choiseul), dans le diocèse de ce dernier et à un endroit fort solitaire, d’où l’on découvrait d’assez près les hautes montagnes des Pyrénées, l’évêque, remarquant l’attention avec laquelle Rancé considérait ces lieux sauvages, y soupçonna du mystère : « Apparemment, monsieur, lui dit-il, vous cherchez quelque lieu propre à vous faire un ermitage. » Rancé se prit à rougir et n’en disconvint pas. — « Si cela est, repartit l’évêque, vous ne pouvez mieux faire que de vous adresser à moi ; je connois ces montagnes, j’y ai passé souvent en faisant mes visites : j’y sais des endroits si affreux et si éloignés de tout commerce, que, quelque difficile que vous puissiez être, vous aurez lieu d’en être content. » Rancé, avec sa vivacité naturelle, prenant cette parole à la lettre, pressait déjà M. de Comminges de les lui montrer : « Je m’en garderai bien, lui répondit le prélat en souriant, ces endroits sont si tentants, que, si vous y étiez une fois, il n’y auroit plus moyen de vous en arracher. » C’était en vain que cet évêque aimable et d’autres amis conseillaient à Rancé, jusque dans son repentir, « cette juste médiocrité qui fut toujours le caractère de la véritable vertu. » Cette médiocrité était précisément ce qu’il y avait de plus contraire à son humeur et de plus insupportable à ses pensées. […] On fit courir dans le temps divers bruits contradictoires, et quelques personnes prétendaient qu’il avait redoublé de frayeur aux approches suprêmes : « S’il a eu, comme on vous l’a dit (écrivait Bossuet à la sœur Cornuau), de grandes frayeurs des redoutables jugements de Dieu, et qu’elles l’aient suivi jusqu’à la mort, tenez, ma fille, pour certain que la constance a surnagé, ou plutôt qu’elle a fait le fond de cet état. » Peu de temps après cette mort, le même Bossuet, qu’on ne se lasse pas de citer et dont on n’a cesse de se couvrir en telle matière, posait ainsi les règles à suivre et traçait sa marche à l’historien d’alors, tel qu’il le concevait : « Je dirai mon sentiment sur la Trappe avec beaucoup de franchise, comme un homme qui n’ai d’autre vue que celle que Dieu soit glorifié dans la plus sainte maison qui soit dans l’Église, et dans la vie du plus parfait directeur des âmes dans la vie monastique qu’on ait connu depuis saint Bernard. […] » En vain, au début du livre, par manière de prélude, il se disait en une de ces paroles, telles que seul il les sut trouver : « La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. » À deux pas de là, il oubliait cette vieillesse que les dieux de la Grèce ne connaissaient pas, ou il ne s’en souvenait que pour s’écrier : « Ô Rome !
Après avoir démontré, fort joliment, que la gloire après la mort n’est rien, il continue : Cessez donc, ô Sapho, de vous en faire accroire ; Dans un monde nouveau ne cherchez plus la gloire, Et faites succéder, au soin de l’acquérir, Le soin de la connoître et de vous en guérir. […] Il en est, ô Sapho, qui n’ont rien que de doux : Si vous les connoissez, que ne les cherchez-vous ? […] Le dernier rondeau en date que je connaisse est celui-ci, adressé de nos jours à une beauté qui faisait la Diane chasseresse dans les bois de Fontainebleau : Doux Vents d’automne, attiédissez l’amie ! […] Si vous voulez que cela soit, il faut être secret et vous garder de faire connoître à M.
Chez le grand prieur, Voltaire connut les Sully, les Villars ; on faisait fête à son esprit, il hantait les hôtels des grands seigneurs et leurs petites maisons. […] Frédéric est un jeune homme, connu seulement par une escapade équivoque et la haine de son père : il est tout petit devant le grand homme, humblement enthousiaste et flatteusement enjôleur. […] Il abstrait, il analyse, il condense ; dans cette manipulation, le réel, le sensible, la couleur s’évanouissent ; ce n’est pas seulement le dramatique qui fait défaut à cette histoire, malgré la prétention de Voltaire ; c’est cette sorte de résurrection du passé qui seule peut le faire connaître. […] On lit la guerre de Hollande au chapitre 10, et il faut attendre le chapitre 29 pour connaître la politique commerciale de Colbert, qui fut une des causes principales de la guerre.
J’en connais qui semble faite de rien, et qui me remplit tout entier. […] Il ne les a ni pressenties ni connues. […] Populaires, c’est-à-dire réellement connus et aimés du peuple, Dumas père et M. d’Ennery ou même M. […] Et qui, mieux que l’auteur de Jocelyn et de la Marseillaise de la paix a connu toutes les belles illusions de la foi démocratique et l’ivresse évangélique de l’amour des hommes ?
Notre continu est maintenant entièrement défini, puisque nous connaissons ses éléments et que nous avons précisé dans quelles conditions ils peuvent être regardés comme indiscernables. […] Mais avant d’aller plus loin, faisons une réflexion ; d’après ce qui précède, nous ne connaissons les points de l’espace ou plus généralement la situation finale de notre corps, que par les séries de sensations musculaires nous révélant les mouvements qui nous ont fait passer d’une certaine situation initiale à cette situation finale. […] Or ces mouvements nous sont révélés par nos sensations musculaires ; mais rien ne nous fait connaître la situation initiale ; rien ne peut nous la faire distinguer de toutes les autres situations possibles. […] Ce que peuvent nous faire connaître les nerfs des canaux, c’est la différence de pression sur les deux extrémités d’un même canal, et par là : 1° La direction de la verticale par rapport à trois axes invariablement liés à la tête ; 2° Les trois composantes de l’accélération de translation du centre de gravité de la tête ; 3° Les forces centrifuges développées par la rotation de la tête ; 4° L’accélération du mouvement de rotation de la tête.
Une fortune immense, dont on connaît quelques affluents, mais dont on ignore la source, cachée dans des affaires exotiques. […] Madame de Septmonts, indignée, répond à ce cartel de sa plus belle encre. « Elle recevra mistress Clarkson qu’elle n’a pas l’honneur de connaître, si elle lui est présentée par un homme de sa société. » Il se fait un de ces silences que les Allemands expliquent par la présence d’un ange qui traverse le salon. […] Elle sait que Gérard l’a connue en Italie, qu’il est en relation d’affaires avec son mari, et mistress Clarkson vient de lui signifier effrontément qu’elle l’aimait. […] Mauriceau connaissait pourtant les torts domestiques du duc de Septmonts, et il en parlait, au premier acte, du ton dégagé d’un vieux libertin indulgent aux fredaines de la jeunesse qu’il voudrait bien partager.
Rien n’est plus propre à le faire connaître au moral, à cette date, que huit lettres de Mme de Tencin au duc de Richelieu et un fragment de mémoires de la duchesse de Brancas. […] « Il la connaissait peu avant qu’elle eût été arrangée avec le roi. » C’est le cardinal de Brienne qui l’assure : j’aime à me couvrir de ces graves autorités en si délicate matière. […] Non, assurément, mon cher nigaud, je ne laisserai pas périr au port un établissement qui doit immortaliser le roi, rendre heureuse sa noblesse, et faire connaître à la postérité mon attachement pour l’État et pour la personne de Sa Majesté. […] Elle avait tout à craindre à chaque minute, car, avec un tel homme, tout était possible ; un sourire même de lui et une mine plus ou moins gracieuse ne prouvaient rien : Vous ne le connaissez pas, ma bonne, disait-elle un jour à Mme Du Hausset, avec qui elle causait de je ne sais quelle rivale qu’on avait essayé de lui susciter ; s’il devait la mettre ce soir dans mon appartement, il la traiterait froidement devant le monde, et me traiterait avec la plus grande amitié.
Mais en même temps sa sensibilité se déplace : des déplaisirs et des peines qu’il ne connaissait pas l’assiègent. […] Tel est le cas du vaccin, dont on peut penser qu’il prévient la petite vérole, mais dont on ne sait s’il ne détruit pas, dans ce milieu mal connu qu’est le corps humain, des auxiliaires indispensables. On en peut dire autant de toutes les merveilleuses substances qui mettent fin à nos souffrances et à nos maladies passagères, dont on ne connaît que l’action immédiate et que l’on ingère pourtant sans hésitation sur l’avis des thérapeutes. Ainsi la médecine, en tant qu’elle guérit, c’est-à-dire qu’elle ralentit l’action destructive des forces naturelles, a pour effet de changer des maladies actuelles et connues en d’autres maladies lointaines et inconnues.
Guillaume, c’est le nom sous lequel on le connaît à la gondole. […] 14 mai Charles Edmond, qui a vécu partout et connu tout le monde, et qui, de temps en temps, dans la causerie, entrouvre ses mémoires, et en tire une curieuse figure, un souvenir caractéristique, nous conte ceci, à propos de la susceptibilité nationale des Italiens. […] » C’est tout un renversement de la géométrie qu’il nous indique… Les géomètres ne sont que des arpenteurs qui mesurent à un cheveu près la distance de la terre au soleil ; mais ce cheveu, qui n’est rien pour nous, est énorme comparé par nous à l’acarus du bourdon… La géométrie mal baptisée : mesure de la terre : ce n’est pas de mesure qu’il s’agit, « c’est de faire connaître, c’est de donner la forme de la durée et de l’intensité des choses. » Et redescendant brusquement à terre, il termine la conversation par un charmant portrait en quatre mots de son vieil ami Chandellier, ce comique mélancolique aux cheveux blancs et tout plein au fond de vignettes de romances. […] Je connais un médecin qui en fait partie.