C’est en effet le caractère particulier de l’esprit de cet homme plus étonnant que son œuvre, quoique son œuvre soit un monument, de toujours s’élever, de toujours s’accroître, et par cela même d’avoir plus besoin du temps que personne. […] , c’est par la peinture de genre qu’il vivra, s’il vit, ce peintre effrayant de nature humaine, de société, de caractère, d’histoire, qui allait être encore un peintre de batailles, s’il n’était pas mort !
Germaine est effectivement, non de trame ou d’événements, mais d’inspiration générale, de caractères, et quelquefois de mise en scène, un mélange et une imitation grossière, turbulente et manquée, des Parents pauvres et des Intimes. […] Encore si dans ce mélodrame il y avait des caractères qui annonceraient l’observateur et le romancier !
… Les Dévotes ont bien évidemment la prétention d’être des caractères, et les Dévotes, si j’en crois les éditions que j’ai sous les yeux, furent son premier livre. […] Il est évident qu’au lieu de cette chose tranquille — et profonde et brillante dans sa tranquillité — des Caractères, nous n’avons plus là que cette chose violente, forcenée et un peu trouble, des caricatures.
Mais laissons cet ordre d’idées pour ne considérer la mutation que selon son caractère biologique. […] Elle connaît la parure aussi et lui donne sans doute tantôt un caractère de coquetterie, tantôt un caractère de hiérarchie. […] Ce caractère est visible dans les plus anciens poèmes, comme dans les plus récents. […] A un certain stade de son développement, l’embryon humain a les principaux caractères des poissons. […] L’homme était classé à part et au-dessus du règne animal, non point d’après ses caractères corporels, mais d’après ses caractères intellectuels.
Le caractère qu’on retrouve dans tous les débuts de ce temps-là est le débordement du lyrisme et la recherche de la passion. […] Personne plus que Philothée O’Neddy ne présente ce caractère d’outrance et de tension. […] Cette date reste écrite dans le fond de notre passé en caractères flamboyants : la date de la première représentation d’Hernani ! […] On retrouve les traits principaux de ce caractère dans la plupart des pièces du temps. […] Il savait adoucir le caractère féroce de son masque par un sourire plein d’urbanité.
Ce qui reste fondamental et essentiel chez Béranger à travers toutes ses petites combinaisons que nous, nous n’avons fait qu’entrevoir autrefois, c’est la haute probité, la hauteur de l’âme, le caractère plébéien indélébile ; voilà ce qui rachèterait au besoin bien des petitesses et des raffinements.
III Sous ce nouveau jour et dans ces conditions nouvelles, le pouvoir départi à l’homme de se concevoir autre qu’il n’est va reconquérir sans conteste la place que lui assigne son caractère d’universalité.
La figure symbolique de la ville est simple, bien drapée, bien noble, d’un beau caractère, bien disposée ; mais elle est du siècle de Jules Caesar ou de Julien.
Le caractère sui generis de la négation vient de la superposition du premier au second. […] Et ce qui donne à la négation son caractère subjectif, c’est précisément que, dans la constatation d’un remplacement, elle ne tient compte que du remplacé et ne s’occupe pas du remplaçant. […] En ce sens, la négation a un caractère pédagogique et social. […] Sur le caractère tout pratique de cette opération il n’y a pas de doute possible. […] En ce sens on pourrait dire, si ce n’était abuser d’un certain genre de comparaison, que le caractère cinématographique de notre connaissance des choses tient au caractère kaléïdoscopique de notre adaptation à elles.
L’homme de caractère pacifique et d’habitudes morales subit l’ascendant du réfractaire. […] C’est ce qui donne à la figure de l’officier moderne son caractère de sévérité et de noblesse. […] Cela se reconnaît au caractère des personnages et à l’espèce des sentiments qu’il met à la scène. […] L’obscurité n’est pas un caractère essentiel de la poésie symboliste non plus que d’aucune autre. […] D’Annunzio y étudie un de ces caractères faibles destinés à subir toujours la domination d’autrui.
. — Conception du caractère et de l’individu. — Van Eyck et Chaucer sont contemporains. — Prologue des Contes de Cantorbéry. — Portraits du franklin, du moine, du meunier, de la bourgeoise, du chevalier, de l’écuyer, de l’abbesse, du bon curé. — Liaison des événements et des caractères. — Conception de l’ensemble. — Importance de cette conception. — Chaucer précurseur de la Renaissance. — Il s’arrête en chemin. — Ses longueurs et ses enfances. — Causes de cette impuissance. — Sa prose et ses idées scolastiques. — Comment dans son siècle il est isolé. […] La pente du caractère français fait de l’amour, non une passion, mais un joli festin, arrangé avec goût, où le service est élégant, la chère fine, l’argenterie brillante, les deux convives parés, dispos, ingénieux à se prévenir, à se plaire, à s’égayer et s’en aller. […] Chose inouïe en ce temps, il observe les caractères, note leurs différences, étudie la liaison de leurs parties, essaye de mettre sur pied des hommes vivants et distincts, comme feront plus tard les rénovateurs du seizième siècle, et, au premier rang, Shakspeare. […] Tous ces récits sont liés, et beaucoup mieux que chez Boccace, par de petits incidents vrais, qui naissent du caractère des personnages, et tels, qu’on en rencontre en voyage. […] Duns Scott, à trente et un ans, meurt, laissant, outre ses sermons et ses commentaires, douze volumes in-folio en petit caractère serré, en style de Hégel, sur le même sujet que Proclus.
Voici la suite : « Enfant par la foi, vieillard par l’expérience, homme par le cerveau, femme par le cœur, géant par l’espérance, mère par la douleur et poëte par les rêves ; à toi qui es encore la Beauté, cet ouvrage où ton amour et ta fantaisie, ta foi, ton expérience, ta douleur, ton espoir et tes rêves sont comme les chaînes qui soutiennent une trame moins brillante que la poésie de la pensée, que le poëme gardé dans ton âme, semblable à l’hymne d’un langage perdu dont les caractères irritent la curiosité des savants. »
Brizeux aucun des caractères qu’on est accoutumé à attribuer aux Muses du nord.
Il a notamment fixé son regard sur les animaux sauvages et domestiques et, souvent, il a peint leurs mœurs et leurs caractères avec une franchise et une vérité qui eussent réjoui le bon La Fontaine.
Caractère chevaleresque, âme à la fois rêveuse et active, rien de ce qui est beau ne lui est indifférent.
En accomplissant cette évolution, elle a changé de caractère.
Je ne nomme point les phénomènes littéraires, en vue desquels nous devons étudier tous les autres ; cependant il y aura lieu de réserver une place à certaines institutions ou à certains groupements ayant un caractère spécialement littéraire.
L’enfant qui recueille sur des tablettes les dernières paroles de Socrate me paraît très beau et de caractère, et de couleur, et de simplicité, et de lumière.
On a quelquefois besoin d’un exemple de platitude, de platitude de composition, d’ordonnance, de couleur, de caractère, d’expression.
Ce qu’il y avait d’inouï et de particulièrement merveilleux dans ces retours de royales destinées et dans ces péripéties qui, pour peu qu’on n’y opposât pas de prévention très-contraire, semblaient aisément une indication de la Providence, ce qu’il en sortait de dramatiques et irrésistibles effets ajoutait encore à l’explosion des sentiments et leur donnait un caractère d’enthousiasme. […] La force de caractère du malade était si grande que, tandis que l’instrument opérait sur sa tête, des dames qui causaient près de la cheminée à l’autre bout de la chambre ne s’en aperçurent pas. […] En face de cette école des constitutionnistes dont Sieyès était le grand prêtre et qui pensait qu’une bonne constitution écrite pouvait s’appliquer immédiatement à un peuple quelconque, l’auteur du Sentiment réclamait pour le caractère profond, historique et presque divin, de toute institution sociale ayant racine dans une nation. […] Mais si l’on regrette fréquemment que cette application à des conjonctures trop spéciales préoccupe l’auteur, s’il se détourne à tout moment pour s’inquiéter des opinions trop particulières d’alors, s’il se retranche une foule de précieux développements, de peur que l’ouvrage ne soit hors de proportion avec le but, le caractère général l’emporte suffisamment, et la doctrine philosophique y obtient une belle part. […] Si vous voulez examiner ce beau jugement et le confronter au mien, vous y verrez la preuve évidente de ce caractère hybride que je vous reprochais tout à l’heure.
Pareillement, il est rare qu’un artiste excelle sans avoir vu l’Italie, et une observation qui n’est guère moins générale que la première, c’est que les plus belles compositions des peintres, les plus rares morceaux des statuaires, les plus simples, les mieux dessinés, du plus beau caractère, de la couleur la plus vigoureuse et la plus sévère ont été faits à Rome ou au retour de Rome. […] Je serai bien surpris si les ruines de Robert conservent le même caractère. […] Que ce buste poudreux que vous me montrez à demi-enfoncé dans la terre, parmi des ronces ait un grand caractère, soit l’image d’un personnage fameux. […] Montrez-moi tous les genres d’architecture et toutes les sortes d’édifices ; mais avec quelques caractères qui spécifient les lieux, les mœurs, les temps, les usages et les personnes ; qu’en ce sens vos ruines soient encore savantes. […] Toutes les ruines de Machy sont modernes ; celles de Robert, à travers leurs débris rongés par le temps, conservent un caractère de grandeur et de magnificence qui m’en impose.
Et le caractère d’individualisme n’en est pas moins évident. […] Les développements du Vicaire savoyard, bien que gonflés d’éloquence, ont un caractère plus philosophique. […] Des caractères que tout le monde comprend sous le nom de romantisme, plusieurs essentiels distinguent le Celte. […] De là, un certain caractère abstrait de sa personnalité intellectuelle et de son inspiration musicale. […] Et je reconnais que cette vitalité et cette espèce d’abstraction sont deux caractères que la logique ne concilie pas facilement.
Malheureusement ce talent, dont il est impossible de faire la preuve par des citations5, est marqué du caractère forcé de tout matérialisme, quand il n’est pas inconséquent. Ce caractère, c’est le cynisme. […] Le xviiie siècle, en effet, fut essentiellement polémiste, et tous les travaux de ses écrivains furent marqués de ce caractère horriblement pratique : le bouleversement de l’État social tel qu’il avait été constitué jusqu’alors. […] Ils n’ont pas d’invention réelle, pas de forte composition, pas de relief, pas de couleur, pas de caractères, pas d’art enfin. […] Personne, pour être pénétré de part en part par la Critique, comme il faut que tout écrivain le soit, dans la triple personnalité de son talent, de son tempérament et de son caractère, n’eut besoin moins que Diderot du mystère dévoilé et des cachets rompus d’une correspondance.
De plus, son caractère ondoyant se déguisait sous un masque de brutalité. […] Le lyrisme mystique y abonde ; confondre l’amour et l’adoration est en effet un trait du caractère méridional. […] Dès lors, le poète a dû négliger les caractères. […] Il demeure sous le coup d’un reproche plus grave, vu le caractère dont il est revêtu. […] Quel de ces caractères n’est pas vrai dans le kaléidoscope de l’Évangéliste ?
La nation entière a un peu le même caractère, et voici pourquoi. […] L’Église n’a un caractère véritablement national que précisément à cette condition. […] Je reconnais encore que ce credo aura un caractère particulier : il aura un caractère négatif. […] Cela suffit, et amplement, à leur donner un caractère exceptionnel. […] Conservons-lui, sous des apparences très légales et très légitimes, son caractère de brutalité.
Voilà son caractère. […] Caractère accentué. […] La Mothe-Cadillac a, dans l’histoire, un caractère assez marqué. […] Giraudoux indique le caractère de ses personnages divers. […] L’on y retrouve les mêmes caractères, qualités ou défauts.
Il a ses idées à lui, ses sentiments à lui, un caractère tout à fait, à lui. […] Asin, il y a là un mélange de mysticisme et de sensualité qui répond à ce que nous savons du caractère de Dante. […] Une vocation si impérieuse, si exclusive, marque le génie d’un caractère de prédestination. […] Mais je crains qu’on ait une tendance à exagérer le caractère éthéré ou somnambulique de Shelley. […] Quel est son caractère ?
Ce qui y équivaut, c’est une définition énonçant les caractères communs à tous les arbres.
De même que « Richard Wagner n’est pas entré dans la légende en savant ou en curieux, mais en créateur », de même que Richard Wagner, « rejetant les aventures sans fin et tous les accessoires du roman, se place du premier bond au centre même du mythe et de ce point générateur recrée de fond en comble les caractères et l’organisme de son drame », de même enfin « qu’en restituant au mythe sa grandeur primitive, son coloris original, il sait y approprier les passions et les sentiments qui sont les nôtres, parce qu’ils sont éternels, et subordonner le tout à une idée philosophique », — de même Édouard Schuré dégage d’une époque historique ses éléments essentiels, lui recrée une émouvante jeunesse, et la fixe en cet état dans l’imagination humaine.
Alexandre Soumet eut le tort de ne pas se faire ces objections si simples, de prendre pour mesure de sa capacité je ne dirai pas la présomption, le mot est trop dur, mais le trop de confiance de son caractère.
Cette femme, qui se consolerait d’une éternité de souffrance, si elle avait joui d’un instant de bonheur, cette femme n’est pas dans le caractère antique : c’est la chrétienne réprouvée, c’est la pécheresse tombée vivante dans les mains de Dieu ; son mot est le mot du damné.
Morale, Livres de caractères, 353 Chap.
C’est quelque mauvais plaisant qui a conseillé à cette tête de chou de se faire mettre en marbre, cette matière, cet art qui est si grave, si sévère, qui demande tant de caractère et de noblesse.
Principe des caractères poétiques.
. — Caractère divin et mystérieux de l’être. — Sa métaphysique. […] Caractère moral de ce mysticisme. — Conception du devoir. — Conception de Dieu. […] Il devine les caractères, il comprend l’esprit des âges éteints, il sent mieux qu’aucun Anglais, mieux que Macaulay lui-même, les grandes révolutions de l’âme. […] C’est d’abord en séparer toutes les parties, puis les ranger en files selon leurs ressemblances, ensuite former ces files en familles, enfin réunir le tout sous quelque caractère général et dominateur ; bref, imiter les classifications hiérarchiques des sciences. […] Ces hommes sont les véritables héros de l’Angleterre ; ils manifestent en haut relief les caractères originels et les plus nobles traits de l’Angleterre, la piété pratique, le gouvernement de la conscience, la volonté virile, l’énergie indomptable.
Il a sur notre nation et sur notre caractère des observations très originales, et s’il dit des vérités aux autres peuples, il nous en adresse assez à nous-mêmes les jours d’éloges, pour qu’on puisse tout citer sans faire de jaloux : On ne le croirait pas, dit-il, la nation française est, des nations de l’Europe, celle dont les peuples ont communément plus de jugement mêlé avec le plus d’esprit. […] Je me bornerai à en citer deux ou trois des plus marquants, en avertissant bien à l’avance que d’Argenson ne se fait aucune illusion sur l’homme éminent qu’il admire ; il qualifie nettement ses défauts de caractère et de conduite, et il a même à ce sujet des paroles parfois si crues qu’on n’aime pas à s’en faire l’écho à cette distance. […] Il est très avancé dans la science politique ; il a tout manié, morale surtout et politique ; mais les défauts de son caractère percent à la vérité quelquefois dans ce qu’il prise, dans ce qu’il admire et dans ce qu’il rejette.
On aura pourtant deviné les mérites et le caractère de celle qui les a écrites. […] C’est à la comtesse Aimée de Coigny seule, à sa gracieuse figure, à son caractère facile et insouciant, que peuvent s’appliquer les traits particuliers sous lesquels André Chénier nous a peint si délicatement sa riante compagne d’infortune. […] Française de cœur, elle avait dans l’esprit et dans le caractère de ces traits passionnément ou agréablement bizarres qui distinguent les filles d’Albion.
Et de plus, en ce qui est de la poésie du xvie siècle en particulier, on voit assez par tout cela qu’on est sorti des lignes de l’histoire littéraire proprement dite, qui, à moins d’être une nécropole, doit se borner à donner la succession et le jeu des écoles et des groupes, les noms et la-physionomie des vrais chefs, à marquer les caractères et les degrés des principaux talents, le mérite des œuvres vraiment saillantes et dignes de mémoire : on est tombé dans le menu, dans la recherche à l’infini, dans la curiosité locale et arbitraire. […] Il y a, si je puis dire, deux sortes d’âmes et qui se reconnaîtraient à un caractère distinct, infaillible. […] Léon Fougère, qui a pour titre : Caractères et Portraits du xvie siècle ; ces volumes, joints à relui des Femmes poètes du même siècle (Didier, quai des Augustins), offrent, défaut d’originalité, de bons résultats d’étude, assez complets sur chaque point, et en général fort, judicieusement exposés.
En tout, l’une des marques de son caractère et de son tempérament, c’est la continuité des mêmes mœurs, l’égalité, la constance. […] Valeur et bon ordre jusqu’en pleine action, c’est le trait qui distingue cette journée : Catinat avait obtenu ce résultat et imprimé son caractère et ses propres qualités à sa victoire. […] Cela ne sied pas mal à des hommes d’un caractère antique.
La fortune se retourne, et avec le malheur, l’originalité de la destinée et du caractère de Franceschi va d’autant mieux se dessiner. […] Le général, déjà affaibli, se sentit atteint, du premier jour : il jugea du caractère de son mal et de l’issue. […] Le Dépôt de la Guerre possède sur lui le dossier le plus complet, d’où l’on tirerait une notice d’un caractère tout à fait neuf et original.
Au reste, ce n’est pas en ce point seulement que je me trompai sur le caractère de ce prince. […] » Jomini a glissé ce trait essentiel de caractère dans une note au bas d’une page. […] Un auteur de ce mérite, dont les écrits sont classiques, dont les livres sont entre les mains de tout officier qui étudie et pense ; un maître qui a donné les meilleures leçons pour régler autant que possible et soumettre à la raison, pour préciser, diriger, pour accélérer et par conséquent pour diminuer la guerre, pour la faire ressembler le moins qu’il se peut (et c’est de plus en plus difficile) à une œuvre d’extermination et de carnage, un tel maître, — le Malherbe du genre 72, — ne saurait garder de l’odieux sur son nom, ni même laisser de lui comme caractère une idée obscure et louche.