La sienne l’était, — comme sa beauté, qui ne manquait ni d’éclat tapageur ni d’opulence charnue, mais qui n’avait ni distinction idéale, ni chasteté… C’était une beauté républicaine, taillée pour faire une déesse de la Liberté, aux puissantes mamelles, sur les autels de Notre-Dame, dans ces jours d’orgie révolutionnaire qui, pour elle, auraient été des jours heureux. […] C’était un gros tempérament comme elle était une grosse beauté… Avec l’exorbitance de son orgueil, et de sa chevelure aux longs tire-bouchons effarés autour de son visage, elle devait se faire à elle-même l’effet de quelque Mirabeau, femme et poëte ; — mais pour tout le monde elle resta toujours une plébéienne de son port, une espèce de poissonnière ou d’écaillère superbe, qu’on se représente les poings aux hanches, l’œil allumé, la bouche ouverte à l’invective ; vomitoire jaillissant dont le malheureux d’Arpentigny avait senti l’éclaboussure ! […] La seule invention qu’il y eût, dans un pareil livre, c’était probablement beaucoup de mensonges… Mais quant à de l’invention, comme les grands écrivains et les grands artistes en mettent dans leurs œuvres, — de l’invention dans le sens de l’idéal et de la beauté — il n’y en avait pas.
« L’immensité ou l’unité de l’espace, l’éternité ou l’unité du temps, l’unité des nombres, l’unité de la perfection, l’idéal de toute beauté, l’infini, la substance, l’être en soi, l’absolu, c’est une cause aussi ; non pas une cause relative, contingente, finie, mais une cause absolue. […] Puisque nous n’avons d’autre but que de produire la perfection morale, nous dirons qu’il n’y a d’autre beauté que la beauté morale, et que l’objet de l’art est de l’exprimer. […] Tout s’y tient, tout s’accorde pour définir le génie de l’auteur ; tout indique la domination définitive de la faculté maîtresse que nous avons reconnue dans les beautés et dans les défauts de son style, dans ses goûts et dans son impuissance d’historien et de peintre, et que nous reconnaissons dans le but, comme dans toutes les parties de sa philosophie, dans sa théorie de la certitude, de la raison, de la Divinité, de la justice et de l’art.
Mais une idée qu’ils ont, idée digne d’eux, la plus absurde et la plus antiesthétique des idées, c’est que la beauté d’une Exposition se mesure premièrement au nombre d’hectares qu’elle couvre. […] Pour qu’en montant les Champs-Élysées nous puissions, d’un certain endroit, voir les Invalides à l’horizon… Mais on ne les verra guère, puisqu’en traversant l’avenue nouvelle on sera surtout préoccupé de ne pas se faire écraser par les voitures… Puis, c’est une bêtise de croire que deux avenues se coupant à angle droit ajoutent à la beauté l’une de l’autre.
Le cœur humain veut plus qu’il ne peut ; il veut surtout admirer : il a en soi-même un élan vers une beauté inconnue, pour laquelle il fut créé dans son origine. […] Il augmente donc nécessairement la puissance, puisqu’il augmente le moyen, et multiplie les beautés dramatiques, en multipliant les sources dont elles émanent.
Ne grossirions-nous pas trop ces pages, en les chargeant de ces illustres preuves de la beauté du christianisme ? […] qui pouvait douter de ta beauté, lorsque Fénélon et Bossuet occupaient tes chaires, lorsque Bourdaloue instruisait d’une voix grave un monarque alors heureux, à qui, dans ses revers, le ciel miséricordieux réservait le doux Massillon !
Mais mon esquisse n’est qu’un faible crayon des beautés du modèle. […] Elles ont souvent la beauté du diable, ces filles de vingt ans. […] ni dot ni beauté. […] Elle en avait l’air et la beauté. […] Elle aurait plu par sa beauté imposante et par sa symétrie, au secrétaire d’État Colbert.
Il faut lui pardonner d’avoir méconnu un genre de beautés qui ne pouvait être bien senti que par les plus fins connaisseurs. […] Quel contraste que celui d’un vieux guerrier sombre et cruel, à côté d’une jeune beauté douce et modeste ! […] Heureuse la faute qui produit tant de beautés ! […] Ce n’est pas un grand effort de faire éclore quelques beautés d’un amas de sottises : la palme est à celui qui sait créer une foule de beautés, sans sortir du cercle étroit que l’art et la raison tracent autour de lui. […] Il chercha dans l’Écriture un autre sujet qui fut encore plus susceptible des grandes beautés tragiques, et il eut le bonheur de le trouver.
Amour et culte de la vie présente, sentiment de la force humaine, besoin de sérénité et d’allégresse, voilà ce qui le porte à éviter la peinture de l’infirmité physique et de la maladie morale, à représenter la santé de l’âme et la perfection du corps, à compléter la beauté acquise de l’expression par la beauté foncière du sujet. […] Même immobile et nu, il témoignait de ses exercices par la beauté de ses formes. […] Toutes les fêtes des dieux, toutes les grandes cérémonies, amenaient un concours de beauté. […] Pausanias trouva en Arcadie des concours de beauté ou rivalisaient les femmes, et qui dataient de neuf siècles. […] Tel est le sentiment qu’avait nourri l’éducation, et qui, à son tour, agissant sur elle, lui donnait pour but la formation de la beauté.
Elvire meurt : De son pieux espoir son front gardait la trace, Et sur ses traits frappés d’une auguste beauté La douleur fugitive avait empreint sa grâce, La mort sa majesté. […] si tu m’avais donné une femme selon mes désirs ; si, comme à notre premier père, tu m’eusses amené par la main une Ève tirée de moi-même… Beauté céleste ! […] Dans cette belle pièce du Passé à M. de Virieu (je ne veux pas tout citer, je ne veux donner que la note) : Combien de fois près du rivage Où Nisida dort sur les mers, La beauté crédule ou volage Accourut à nos doux concerts ! […] « N’est-ce pas juste le même motif que dans ce couplet de Chateaubriand-Eudore : « Attendre ou chercher une beauté coupable… ? […] La beauté du vers, comme toutes les autres beautés, est un mystère.
À cela Pascal dirait : Trois degrés d’élévation du pôle renversent toute la morale ; un méridien décide de la vérité ; beauté au-delà du Rhin, horreur en-deçà. […] Il faut voir comme un auditoire choisi sait applaudir à toutes ces beautés naturelles. […] Or, c’est surtout à cette multitude anglaise que l’art dramatique doit le maintien des bonnes et naturelles traditions théâtrales : car n’ayez peur qu’elle tolère des productions qui dépasseraient la portée de son intelligence, des beautés dont elle ne se sentirait pas immédiatement frappée. […] Peut-être est-il fâcheux pour la Grande-Bretagne, que le génie de Shakespeare ait brillé sitôt sur elle ; car ce poète semble avoir fixé pour toujours les bornes de la tragédie anglaise, lui avoir légué les beautés et plus libéralement les défauts dont elle est orgueilleuse. […] Je demanderai seulement si, en passant de l’un de ces genres à l’autre, on ne transporte pas dans le plus hardi quelques-unes des beautés du plus sage, et si ce n’est pas toujours à quelque empreinte classique, qu’une tragédie semi-romantique doit ses hasardeux succès.
… Cette longue scène, mouvementée, émouvante, pleine de surprises et de péripéties qui se passent dans la pensée et n’en sont que plus réelles (car rien de matériel n’est vrai), est une élégie tragique de la plus grande beauté, écrite d’un style précis dans l’idéal et dans le raffinement, et qui, à elle seule, accueillie comme elle l’a été par mille bravos enthousiastes, eût suffi à établir la réputation d’un écrivain. […] Léon Daudet Le principal élément de beauté dans la littérature c’est la puissance vitale. […] Ce n’est point que des beautés ne se trouvent éparses dans les premiers romans de Mendès. […] Il aima à la fois la rudesse des temps barbares, la civilisation affinée de l’antique Grèce et la gracieuse décadence de Paris ; son intelligence et ses sens vibrèrent à toutes les beautés, et s’il nous est cher, c’est parce qu’il ne se confina pas en une manière, parce qu’il fut toujours un artiste sincère et bien vivant. […] Médée est d’une beauté poétique continue et harmonieuse.
On dirait qu’ils n’ont pas compris leurs propres beautés. […] Quand je m’interroge sur les articles les plus importants et le plus définitivement acquis de mon symbole scientifique, je mets au premier rang mes idées sur la constitution et le mode de gouvernement de l’univers, sur l’essence de la vie, son développement et sa nature phénoménale, sur le fond substantiel de toute chose et son éternelle délimitation dans des formes passagères, sur l’apparition de l’humanité, les faits primitifs de son histoire, les lois de sa marche, son but et sa fin ; sur le sens et la valeur des choses esthétiques et morales, sur le droit de tous les êtres à la lumière et au parfait, sur l’éternelle beauté de la nature humaine s’épanouissant à tous les points de l’espace et de la durée en poèmes immortels (religions, art, temples, mythes, vertus, science, philosophie, etc.), enfin sur la part de divin qui est en toute chose, qui fait le droit à être, et qui convenablement mise en jour constitue la beauté. […] Ceux qui déclament contre le style et la beauté de la forme dans les sciences philosophiques et morales méconnaissent la vraie nature des résultats de ces sciences et la délicatesse de leurs principes. […] Jamais les anciens ne sont bien nettement sortis du point de vue étroit où l’esthétique est censée donner des règles à la production littéraire ; comme si toute œuvre devait être appréciée par sa conformité avec un type donné, et non par la quantité de beauté positive qu’elle présente. […] La beauté d’une œuvre, c’est la philosophie qu’elle renferme.
En nous la montrant partout, la science ne fait que remplacer la beauté toute relative des anciennes conceptions par une beauté nouvelle, plus rapprochée de la vérité finale, de ce que les astronomes appellent le ciel absolu. […] Selon lui, il faut acquiescer à la souffrance comme à une distinction ; Vigny insiste sur un sentiment raffiné que les grands cœurs seuls connaissent, « sentiment fier, inflexible, instinct d’une incomparable beauté, qui n’a trouvé que dans les temps modernes un nom digne de lui ; cette foi, qui me semble rester à tous encore et régner en souveraine dans les armées, est celle de l’Honneur. » Une autre idée chère à Vigny, et d’inspiration pessimiste, c’est que le génie, qui semble un don de Dieu, est une condamnation au malheur et à la solitude ; lisez Moïse et les épisodes de Stello. […] ALBERT Non, quand leur âme immense entra dans la nature, Les dieux n’ont pas tout dit à la matière impure Qui reçut dans ses flancs leur forme et leur beauté. […] Ainsi que l’amour et la bonté, la beauté était aux yeux de Musset plus vraie que la vérité même ; et on peut dire que de là dérive toute son esthétique : Rien n’est beau que le vrai, dit un vers respecté : Et moi je lui réponds, sans crainte d’un blasphème : Rien n’est vrai que le beau, rien n’est vrai sans beauté.
Son front, où brillait cependant la majesté d’un dieu, portait une couronne de rubis cachés dans les fleurs, et si jeune, il avait déjà la teinte rubiconde des buveurs. » À sa suite heureuse, il entraînait les grâces, les élégances, les beautés, les jeux et les fêtes, mêlés aux plus douces odeurs. — Voilà un des tyrans de la jeunesse, et prenez garde, il enchante l’esprit pour le corrompre. […] » de vous voir chercher des beautés nouvelles dans ces chefs-d’œuvre, aussi connus que le Pont-Neuf. […] J’en aurais donc parlé comme il convient, et j’aurais fait remarquer, tant de beautés éparses, moins populaires que vous ne dites. […] Ces comédiens étaient recherchés par les plus grands seigneurs ; ces comédiennes étaient belles et galantes, on les aimait pour leur beauté, pour leur esprit, pour leurs amours ; il y avait de ces femmes qui tenaient pour leur amant, Racine ou M. de Sévigné ; il y en avait une qui portait le nom de Molière ! […] Grâce à cette excommunication permanente, on leur pardonnait de bon cœur leur esprit, leur grâce, leur beauté, leur succès.
que de beautés ! […] — Sublimes et parfaitement soutenus, surtout les majuscules. » Bodoni, enthousiaste de son art, ne voyait, dans la tragédie de son ami, que la beauté des caractères d’imprimerie. […] Seulement, le comique est comme la musique : c’est une chose dont la beauté ne dure pas.
Pour trouver un livre digne d’occuper la Critique et les conversations, il faut remonter jusqu’à cette Histoire de la littérature anglaise par Taine, dont la beauté d’exécution n’a cependant pu me faire oublier le vice du système sur lequel elle est appuyée… Eh bien ! […] Taine, qui est, en somme, la mort de toute critique, de toute esthétique et de toute hiérarchie dans les diverses conceptions réalisées de la beauté. […] Taine, dans sa notice, a traduit des morceaux de Carlyle d’une grande beauté et d’une grande bizarrerie, et comme il a le génie de la traduction en toutes choses, il n’a pas traduit que la lettre de certains passages, il a traduit, pour ainsi parler, l’homme tout entier dans l’originalité de son esprit et des opérations de son esprit.
Mais Southey, l’épique de beauté menteuse, l’épique de vignette à la tête de ses Œuvres complètes, n’avait ni l’imagination assez grande, ni l’œil assez perçant pour être l’historien de Nelson. […] Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale, aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté, et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes, borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie, cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.
Mais Southey, l’épique de beauté menteuse, l’épique de vignette à la tête de ses Œuvres complètes, n’avait ni l’imagination assez grande, ni l’œil assez perçant pour être l’historien de Nelson. […] Il s’agit, enfin, d’expliquer ou du moins d’éclairer ce mystère de contradiction humaine, de force et de faiblesse, de stoïcisme et d’infirmité, de beauté morale aussi pure que puisse l’être la plus pure beauté et de passion aussi fatale et aussi profonde qu’il put en exister jamais, dans un être à peine vivant par les organes : borgne, manchot, rapporté du feu en débris, indifférent, d’ailleurs, au destin de son corps dès sa jeunesse, mais si étrangement, si énergiquement vivant par l’âme, que dès cette vie cette âme prodigieuse eût pu démontrer aux athées l’immortalité.
Il y a des choses, il est vrai, dans cette Correspondance, qu’il est impossible même à MM. de Goncourt de ne pas voir… En leur qualité de peintres, d’ailleurs, et de peintres recherchant des effets de peinture, ils ont peut-être trouvé frappant et pathétique de montrer les vices et la misère, fille de ces vices, chez la plus brillante et la plus spirituelle courtisane du xviiie siècle, morte de misère après l’éclat et les bonheurs du talent et de la fortune, le triomphe, l’enivrement, toutes les gloires sataniques de la vie, et de faire de tout cela un foudroyant contraste, une magnifique antithèse… Mais s’ils ont montré — hardiment pour eux — la fameuse Sophie Arnould, qui naturellement devait tenter la sensualité de leur pinceau, dégradée de cœur, de mœurs, de fierté, de talent et de beauté, au déclin cruel de la vie, ils n’ont pas osé aller jusqu’à la vérité tout entière. […] Ce fut encore l’esprit qui fit le succès et la beauté de cette voix, dont Galiani disait : « Jamais asthme n’a si bien chanté ». […] Mais si réellement elle en fut un, il faut s’étonner d’autant plus de l’empire d’une fille qui fut la Ninon de son temps, bien plus dépravé que le temps de Ninon, et qui n’avait que la moitié de ce qu’avait Ninon pour vaincre dans les luttes olympiques de son métier de courtisane, — car Ninon avait sa beauté.
Parisot, comme Burnouf, comme-presque tous les indianistes par état, voit dans la littérature orientale des beautés qui ne sont perceptibles qu’à lui seul et qu’on pourrait appeler les bénéfices de la profession. […] Vous pouvez tourner les pages du Ramayâna les unes après les autres, et vous n’en trouverez pas une seule qui rappelle en énergie et en vérité l’épisode du Koran, par exemple, où les amies de la femme de Putiphar, qui ont commencé à blâmer l’amour honteux de la belle égyptienne pour son esclave, ne s’aperçoivent pas qu’elles se coupent les doigts avec leurs couteaux, dans leurs rêveries, en le regardant servir à table, affolées qu’elles sont déjà de l’éclatante beauté de Joseph. […] Esprits d’une civilisation si complètement différente avec des habitudes et des mœurs qui pénètrent jusque dans ce que l’intelligence a de plus impersonnel et de plus intime, nous ne pouvons chercher dans les livres comme celui-ci que ce qui est universel par le sentiment humain et par la beauté.
— Mais, brisé, je n’en aurai pas moins de l’admiration pour son naufrage, et je n’en rendrai pas moins justice à la beauté de ses débris. III Ces beautés — là où il y en a — sont très grandes ; mais sont-elles en proportion, pour le nombre, avec le nombre des sujets que l’illustrateur avait à traiter ? […] Je ne sais rien des croyances de Gustave Doré ni des conseils qu’il peut recevoir ou demander, mais je ne crois pas que le génie, sans une foi complète, puisse se tirer de l’interprétation de l’Évangile, tandis que pour l’Ancien Testament il ne s’agit pas d’être Juif pour en comprendre, au moins, la beauté tonitruante et l’effroyable sublime : il ne s’agit que d’avoir l’électrique organisation de l’artiste, et cette colonne vertébrale le long de laquelle court le frisson de l’imagination épouvantée, qui met debout tout ce que nous avons de génie et nous cabre sans nous renverser !
Assurément, il y a une grande différence entre les Heures de loisir de lord Byron et ses autres œuvres ; mais, sous l’adolescente indécision des Heures de loisir, sous cette fausse emphase de jeunesse que nous eûmes tous, et qui n’est rien de plus que l’ignorance de la vie, on reconnaît pourtant déjà les lignes de ce galbe immortel qui sera tout à l’heure d’une beauté divine. […] La poésie, comme la beauté, est de création supérieure à l’homme. […] Non, certes, que la poésie ne pût ajouter à la beauté du fait qu’elle raconte et élever une réalité si sublime à quelque chose de plus beau encore que la mâle simplicité du récit : ce serait nier la poésie et l’art du poète que de le prétendre ; mais il fallait un poète qui eût la corde militaire ; et, il faut bien le dire, les cordes de la lyre de M.
Seulement, n’est-ce pas là une raison de plus pour la Critique de glorifier ceux qui ont cette crânerie de prendre pour sujet de livre un prêtre, — qui préfèrent la beauté intrinsèque de leur œuvre à l’argent ou à la renommée qu’elle peut rapporter, et sont assez artistes pour avoir ce désintéressement et cette fierté ? […] Grand dommage, pour la beauté d’une œuvre, qu’un homme d’invention ait peur du surnaturel et n’y touche que comme à du feu quand on a peur de se brûler !!! […] Les béquilles rejetées sont peut-être une légende, vraie seulement de beauté, mais c’est tout le règne de Sixte-Quint qui crie : Ego sum Papa !
Nous avons à choisir entre quatre siècles, dont chacun, y compris le nôtre, a sa beauté et sa grandeur. […] Oui, l’on sait bien que l’art est une chose et que la morale en est une autre ; on sait aussi que l’art a pour objet la beauté, non l’utilité; mais, messieurs, est-ce que par hasard la beauté morale serait seule exclue ? […] Ces beautés étaient de mise en ce temps-là, et ne le seraient plus en celui-ci. […] Tout ce qui brille n’est pas toujours précieux : on voit des beautés d’illusion comme des beautés effectives, et souvent l’apparence du bien se fait prendre pour le bien lui-même. […] Les beautés appartiennent au poète ; les défauts, au système dramatique.
La voix éloquente a cessé son hymne d’amour à la vie, à la beauté, à la douleur. […] Je revois la jeune fille dont les premiers vers éveillaient une attention charmée ; je revois la jeune femme dans tout l’éclat de sa fière beauté et dans toute sa grâce que paraît le laurier verdissant. […] Sa principale beauté consistait en un beau teint et en une opulente chevelure dorée. […] C’était une œuvre d’une singulière beauté et d’un caractère très différent de celui du Crépuscule des dieux. […] Paul Adam me parla plus d’une fois de ces écrits qui contenaient de grandes beautés, mais qui attestaient chez Poictevin un état d’exaltation et de tension spirituelles excessif.
Depuis quelques années, les paysagistes ont plus fréquemment appliqué leur esprit aux beautés pittoresques de la saison triste. […] Si vous avez eu quelquefois le loisir de faire connaissance avec ces beautés météorologiques, vous pouvez vérifier par mémoire l’exactitude des observations de M. […] La beauté de style et de caractère qu’on a tant louée dans ses bustes de dames romaines n’est pas décidée ni parfaite. […] Or, dans la malheureuse figure dont je parle, tout ce qui constitue la force et la beauté est absent. […] Le sculpteur comprit bien vite tout ce qu’il y a de beauté mystérieuse et abstraite dans cette maigre carcasse, à qui la chair sert d’habit, et qui est comme le plan du poème humain.
Son sentiment de la beauté de la nature était vif. […] Elle doit, tout au moins, être complétée par celle-ci : l’idée de beauté est d’origine sexuelle. […] Il y a une beauté romantique, qui est celle de l’inachevé, du vague, du « devenir ». […] Partout où il y a de la vie, il y a de la beauté. […] Le sens de la beauté verbale leur manque absolument.
A midi sur ce banc s’assoit encor mon père ; Mes filles ont foulé ces gazons dans leurs jeux Sous ces acacias, les pieds dans la rosée, J’ai quelquefois, dès l’aube, égaré la beauté : L’oiseau chantait à peine, et la fleur reposée Assemblait un parfum chargé de volupté. […] La beauté des derniers jours de l’automne favorise ce travail difficile, et diminue de quelque chose la fatigue des terrassiers, que, du reste, je n’entends jamais murmurer, ni se plaindre. […] La terre destinée à la semence a un aspect d’ordre qui est une véritable beauté. […] Aliments de l’homme, vous êtes d’abord la parure et la beauté de sa demeure ! […] Je verrai tout : déjà je sais et je devine, Je suis sous les berceaux sa démarche divine Et son pas agité ; Je l’imagine émue, en flottante ceinture, En blonds cheveux, plus belle au sein de la nature, O Reine, ô ma Beauté !
Joubert ; il l’embrassait dans toute sa profondeur, et, je dirai, dans sa plus séduisante beauté : sans avoir besoin de le poursuivre sur les nuages de l’Allemagne, son imagination antique le concevait naturellement revêtu de tout ce premier brillant que lui donna la Grèce : « Je n’aime la philosophie et surtout la métaphysique, ni quadrupède, ni bipède : je la veux ailée et chantante. » En littérature, les enthousiasmes, les passions, les jugements de M. […] « Voltaire l’avait, les anciens ne l’avaient pas. » Le style de son temps, du xviiie siècle, ne lui paraît pas l’unique dans la vraie beauté française : « Aujourd’hui le style a plus de fermeté, mais il a moins de grâce ; on s’exprime plus nettement et moins agréablement ; on articule trop distinctement, pour ainsi dire. » Il se souvient du xvie , du xviie siècle et de la Grèce ; il ajoute avec un sentiment attique des idiotismes : « Il y a, dans la langue française, de petits mots dont presque personne ne sait rien faire. » Ce Gil Blas, que Fontanes lui citait, n’était son fait qu’à demi : « On peut dire des romans de Le Sage, qu’ils ont l’air d’avoir été écrits dans un café, par un joueur de dominos, en sortant de la comédie. » Il disait de La Harpe : « La facilité et l’abondance avec lesquelles La Harpe parle le langage de la critique lui donnent l’air habile, mais il l’est peu. » Il disait d’Anacharsis : « Anacharsis donne l’idée d’un beau livre et ne l’est pas. » Maintenant on voit, ce me semble, apparaître, se dresser dans sa hauteur et son peu d’alignement cette rare et originale nature. […] « Les plus beaux sont ceux qui ont de l’âme ; ils appartiennent aux trois règnes, mais à la Muse encore plus. » C’est le sentiment de cette Muse qui lui inspirait ces jugements d’une concision ornée, laquelle fait, selon lui, la beauté unique du style : « Racine : — son élégance est parfaite ; mais elle n’est pas suprême comme celle de Virgile. » « Notre véritable Homère, l’Homère des Français, qui le croirait ? […] Et la poésie, la beauté sous toutes les formes, il la sentait : « Naturellement, l’âme se chante à elle-même tout ce qui est beau ou tout ce qui semble tel. […] Combien de vues fines et profondes sur les anciens, sur leur genre de beauté, leur modération décente !
L’ombre voisine de l’échafaud semblait relever sa beauté. […] La beauté de la princesse transfigurée par la paix intérieure, son innocence de tout ce qui avait dépopularisé la cour, sa jeunesse sacrifiée à l’amitié qu’elle portait à son frère, son dévouement volontaire au cachot et à l’échafaud de sa famille, en faisaient la plus pure victime de la royauté. […] Chaste au milieu des séductions de la beauté et de la jeunesse, pieuse et pure dans une cour légère, humble dans les grandeurs, patiente dans les cachots, fière devant le supplice, Madame Élisabeth laissa par sa vie et par sa mort un modèle d’innocence sur les marches du trône, un exemple à l’amitié, une admiration au monde, un opprobre éternel à la république. » Amnistier de tels crimes sous prétexte des nécessités révolutionnaires, ce serait déshonorer à jamais toutes les révolutions, car aucune révolution ne vaut le sang d’un juste ; et quand le juste est une femme, sans autre crime que son nom, sa beauté, son innocence, sa jeunesse, dont on a immolé toute la famille, l’histoire qui atténuerait l’horreur contre ce forfait serait pire que les bourreaux qui le commirent. […] L’Histoire des Girondins fut le miroir du peuple, en lui montrant sa propre image dans sa laideur et dans sa beauté ; c’était le forcer à choisir entre l’horreur qu’il inspire sous les démagogues, et l’estime de lui-même qui le dignifie sous les hommes d’État de l’honnêteté et de la magnanimité.
Les portraits qu’on a d’elle dans sa jeunesse répondent bien à l’idée qu’ont donnée de sa beauté Saint-Simon, l’abbé de Choisy et Mme de Coulanges. […] Faut-il peindre Mlle de Fontanges avec sa beauté et son genre de sottise romanesque, et faire sentir comment le roi, même quand elle aurait vécu, ne pouvait l’aimer longtemps, tout cela est dit en deux mots : On s’accoutume à la beauté, mais on ne s’accoutume point à la sottise tournée du côté du faux, surtout lorsqu’on vit en même temps avec des gens de l’esprit et du caractère de Mme de Montespan, à qui les moindres ridicules n’échappaient pas, et qui savait si bien les faire sentir aux autres par ce tour unique à la maison de Mortemart. Et pourtant cette même Mlle de Fontanges, cette beauté si vaine et si sotte, donna un jour une leçon à Mme de Maintenon, qui l’exhortait avec sa rectitude sèche à se guérir d’une passion qui ne pouvait faire son bonheur : « Vous me parlez, lui répondit-elle, de quitter une passion comme on parle de quitter un habit. » Cette fille sans esprit était dans ce moment éclairée par son cœur. […] Il est vrai que Mme de Caylus est si parfaite, si respectueuse à la fois et si familière ; elle sait si bien la mesure qu’il faut garder en lui écrivant, le degré d’information qu’il faut tenir, les tristes nouvelles du monde, les vérités fâcheuses qu’il ne faut pas lui cacher, et celles sur lesquelles il est inutile de s’étendre ; elle sait si bien être sérieuse en courant : « Je ne vous dis rien de la beauté de vos lettres, lui écrivait Mme de Maintenon(1716) ; je vous paraîtrais flatteuse, et, à mon âge, il ne faut pas changer de caractère. » On prendrait pourtant de Mme de Caylus, si l’on s’en tenait à ses lettres, une idée un peu trop sérieuse.
Cette histoire est très belle, très tragique, et les personnages en sont très criminels, puisque c’est la séduction d’une religieuse de haut lignage, princesse de naissance, supérieure de son couvent, par un jeune seigneur italien de beauté singulière, de mœurs très corrompues, assassin trois ou quatre fois. […] Ce n’est plus le critique qui ne voyait que la beauté dans les choses humaines, esthétique par-dessus tout ; que le piquant, le neuf, l’inattendu réjouissait et enthousiasmait dans les œuvres de la pensée, et qui se moquait bien du reste ! […] Ils ont des jours où ils rencontrent juste, par le fait d’un organisme heureux : Chasles, sensible comme il l’était à la beauté littéraire, a eu de ces jours où il l’a bien vue et bien analysée, et où il nous l’a montrée resplendissante… Mais, devenu utilitaire sur son déclin, philanthrope, prédicateur, charitable, larmoyant et quaker, — car il est tout cela, et, chose plaisante ! quaker sans être chrétien, sans être le chrétien armé de la croix qui est le seul être ayant le droit de prêcher l’amour aux hommes et la puissance de s’en faire écouter, — Philarète Chasles, qui n’est point saint Paul, qui n’est pas saint Jean, pour nous répéter de nous aimer les uns les autres, mais un professeur de morale indépendante et d’instruction obligatoire attendri, ne voit plus la beauté, — cette entité par elle-même ! — mais la bonté dans les œuvres et les petits services que la bonté peut rendre à l’humanité, comme si la beauté montrée aux hommes, en élevant leurs âmes, ne leur en rendait pas un très grand !
Clément a peut-être excédé les bornes de la critique, non pas en s’écartant, comme on a voulu le faire croire, de la modération & de l’honnêteté, mais en mettant trop de sévérité dans ses décisions, en s’attachant à des détails quelquefois minutieux, & sur-tout en négligeant d’analyser les beautés, après avoir discuté les défauts. […] Ces défauts doivent-ils empêcher de rendre justice aux vraies beautés qui y brillent souvent, & auxquelles le Critique semble n’avoir pas assez fait d’attention ?
Peut-être ; à moins que la présence du latin n’ait été au contraire particulièrement bienfaisante ; à moins que, comme un vigilant chien de garde, le latin, posté au seuil du palais verbal, n’ait eu pour mission d’étrangler au passage les mots étrangers et d’arrêter ainsi l’invasion qui, à l’heure actuelle, menace très sérieusement de déformer sans remède et d’humilier au rang de patois notre parler orgueilleux de sa noblesse et de sa beauté. […] et de l’argent »67 ; je ne saurais calculer ce que vaut — valeur marchande — la parfaite connaissance de l’anglais, de l’allemand ou de l’espagnol ; ma vocation est de défendre, par des œuvres ou par des traités, la beauté et l’intégrité de la langue française, et de signaler les écueils vers lesquels des mains maladroites dirigent la nef glorieuse.
Elles lui ressembloient par la beauté du génie, par leur talent de faire des vers enjoués, délicats & faciles, & par le dérèglement de leur conduite. […] Elle avoit jusques-là mis sa gloire à contribuer à celle de Louise Labbé, à vanter ses ouvrages : mais, dès ce moment, elle ferma les yeux à toutes leurs beautés ; elle n’y vit que d’horribles défauts.
Bernardin de Saint-Pierre, qui, dans ses Études de la Nature, cherche à justifier les voies de Dieu et à prouver la beauté de la religion, a dû nourrir son génie de la lecture des livres saints. […] La messe, les prières, les sacrements, les cérémonies de l’Église, que l’auteur rappelle à tous moments, augmentent aussi les beautés religieuses de l’ouvrage.
Le peintre n’a pas connu ces beautés. […] Avec tous ces défauts, je ne serais point étonné qu’un peintre me dît : Le bel éloge que je ferais de toutes les beautés qui sont dans ce tableau et que vous n’y voyez pas !
Mais la beauté sublime est la beauté ineffable. […] Elle vous élèvera doucement à la contemplation de la beauté pure. […] Triptolème croît en force et en beauté, comme l’enfant d’un Immortel. […] Le conte, si c’en est un, a la beauté d’un mythe. […] Lorsqu’elle est belle, sa beauté est un enchantement.
Chez lui seulement, beautés, défauts, tout porte un cachet singulier. […] Il n’y a rien dont se doivent plus méfier nos jeunes poètes que des beautés purement littéraires de la Bible. […] Or le fini, c’est ce qui a suffisamment de beautés, et n’a que les défauts inévitables. […] Il chante Napoléon, il chante la place Vendôme, dans des vers pleins de beautés. […] Certes, si toutes les beautés de M.
Dans celles mêmes que j’ai appelées ainsi, on m’a opposé certains traits superbes dont je n’ai jamais dénié la beauté. […] quel prodigieux nombre de beautés ! […] A quelqu’un de ses pairs sans doute, pour la richesse de l’imagination et le sens de la beauté ? […] Les joies de la contemplation intellectuelle, la beauté de l’ordre comme ordre, voilà ce dont on ne veut plus entendre parler. […] L’art ne vit que de beauté.
On a pour témoignages directs de cette éducation les transports de Ménage, qui d’ordinaire, comme on sait, tombait amoureux de ses belles élèves : il célébra, sous toutes les formes de vers latins, la beauté, les grâces, l’élégance du bien dire et du bien écrire de Mme de La Fayette ou de Mlle de La Vergne, Laverna, comme il disait102. […] Ainsi ces deux amis vieillis remontaient par l’imagination à cette première beauté de l’âge où ils ne s’étaient pas connus, et où ils n’avaient pu s’aimer. […] Il est question à tout moment de cette joie que donne la première jeunesse jointe à la beauté, de cette sorte de trouble et d’embarras dans toutes les actions que cause l’amour dans l’innocence de la première jeunesse, enfin de tout ce qui est le plus loin d’elle et de son ami, en leur liaison tardive. […] Je n’y distingue que deux locutions qui ont vieilli : « Le roi ne survécut guère le prince son fils ; » et : « Milord Courtenay étoit aussi aimé de la reine Marie, qui l’auroit épousé du consentement de toute l’Angleterre, sans qu’elle connût que la jeunesse et la beauté de sa sœur Élisabeth le touchoient davantage que l’espérance de régner ; » pour, si ce n’est qu’elle connût, etc. ; cette dernière locution revient plusieurs fois. […] Il adresse aussi des vers à Mme de Sévigné, à Mlle de Scudéry, à Mme Scarron ; mais c’est bien Mme de La Fayette qui reste décidément sa beauté en titre.