Surtout ne condamnons pas les contes bleus au nom de l’art classique. […] Elle a le sens de tous les arts. […] Les formes d’art changent comme les formes de la vie. […] Il aimait les arts. […] Et aussitôt commença la renaissance des lettres et des arts.
Dans son dernier recueil (Prières), je ne trouve pas assez d’habileté d’art pour séduire mes mauvais instincts de rhéteur, ni les sensations d’humanité et de vie que réclame ma sensibilité naturelle. […] Bois est un ascète — cérébral tout au moins — et que les Vierges-Cygnes, les Âmes-Sœurs, qui constituent, dans sa Tour d’ivoire, toute sa compagnie, sont des amantes peu fécondes… en art surtout.
Le futur dira comme l’Église saura glorifier sa propre vitalité ou témoignera de sa mort, en laissant le poète très pur, qui ne peut être effacé déjà dans le très pieux lévite, authentiquer sa foi par l’art inoublié, ou en éteignant l’art et l’artiste.
Son Traité de la vérité de la Religion Chrétienne lui donne un rang distingué parmi les défenseurs de la Religion, & son Livre de l’Art de se connoître soi-même, le place parmi les vrais Philosophes & les bons Littérateurs. […] Le mérite de l’Art de se connoître soi-même a été senti non seulement par les Lecteurs ordinaires, mais encore par plusieurs Auteurs qui ont su en tirer le plus grand parti.
FELIBIEN, [André] également connu sous le nom de des Avaux, Historiographe du Roi, de ses Bâtimens, des Arts & des Manufactures de France, Membre des l’Académie des Inscriptions, né à Chartres en 1619, mort à Paris en 1695. […] Felibien étoit ami du fameux Poussin, qui ne contribua pas peu à perfectionner son goût pour les Arts.
Daudet, Julia (1844-1940) [Bibliographie] Impressions de nature et d’art (1879). — L’Enfance d’une Parisienne (1883). — Fragments d’un livre inédit (1885). — Enfants et lères (1889). — Poésies (1895). — Notes sur Londres (1897). — Journées de femme ; Alinéas (1898). […] Parmi ses Impressions de nature et d’art, elle a jeté, comme des fleurs entre les pages, des vers d’une grâce triste, d’une couleur fine, d’une facture minutieuse et savante, délicatement ouvragés.
Guyau, a écrit, dans l’Art au point de vue sociologique, quelques pages lumineuses sur le rôle du poète. […] Je sais bien qu’il ne faut pas se faire illusion, et qu’une voix qui s’élève aujourd’hui pour parler d’art, parmi la rumeur affairée des hommes, est une bien faible voix. […] Mais comment alors poser le problème de la littérature et de l’art des vers, dans la réalité, sans tomber dans un empirisme grossier, qui ne mènerait à rien ? […] La versification est un procédé d’art ; la poésie existe en soi : elle est du divin. […] La musique autant que la poésie, et que les autres arts, sinon davantage, est une expression rythmique.
Ajoutez comme fond du tableau la cour de Louis XIV, telle qu’elle se dessinait à cette heure aux yeux d’un chrétien, Mme de La Vallière pâlissante, mais non encore éclipsée, à côté de Mme de Montespan déjà radieuse ; Molière, au comble de sa faveur et de son art, et se permettant toutes les hardiesses, pourvu qu’il amusât. […] Mais cet art de Bourdaloue ne sera tout à fait sensible aux lecteurs d’aujourd’hui que quand j’aurai démontré, par un exemple déterminé et bien choisi, de quelle manière il s’y prenait pour mêler à la gravité morale de son enseignement une de ces intentions précises, et quelque allusion non équivoque à un incident ou à un personnage contemporain. […] Il va sans dire que je ne prétends point en ce moment revenir sur le fond des Provinciales, rechercher de qui sont venus les premiers torts, et me constituer arbitre entre Pascal et Bourdaloue : je ne m’applique qu’à démontrer la méthode et l’art de ce dernier. […] Je n’ai pas à entrer dans l’exposé du dogme et de la morale de Bourdaloue : qu’il me suffise de dire que son mérite et sa vertu comme son grand art est de professer un juste milieu en théologie. […] Les Anglais n’ont pas cessé d’estimer Bourdaloue ; dans ce pays où l’art oratoire est sérieusement étudié et où tout est dirigé dans le sens pratique, on fait à son genre d’éloquence une place très haute, et on lui décerne, à lui en particulier, et par rapport à d’autres noms de grands orateurs, une supériorité dont nos idées françaises seraient elles-mêmes étonnées71.
Je m’étais toujours figuré, je l’avoue, un rôle tout autre pour un homme de l’école moderne, de cette jeune école un peu vieillie, qui se serait mis sur le retour à étudier de près les Anciens et à déguster dans les textes originaux les poëtes : c’eût été bien plutôt de noter les emprunts, de retrouver la trace de tous ces gracieux larcins, et de nous initier à l’art charmant de celui qui se plaisait souvent à signer : André, le Français-Byzantin. […] » Aussi les images empruntées et les libres réminiscences se succèdent enchâssées avec art ; le palmier de Latone, auquel le vieillard compare les gracieux enfants, ne nous ramène-t-il pas vers Ulysse naufragé s’adressant en paroles de miel à Nausicaa ? […] Qu’on relise la pièce originale, qu’on relise ensuite l’élégie xxxii de Chénier, et l’on verra, dans un excellent exemple, comment l’aimable moderne prend naturellement racine chez les Anciens, et par quel art libre il s’en détache. Cet art libre, ce procédé vivant, André Chénier l’a lui-même trop poétiquement exprimé en sa seconde Épître pour que nous ne posions pas ici cette réponse directe et triomphante à l’attaque qui n’en tient nul compte. […] Le xviiie siècle comptait sans doute, ou plutôt ne se donnait plus la peine de compter une foule de pièces galantes, satiriques, badines, étincelantes d’esprit ; Voltaire y excelle ; les Saint-Lambert, les Rulhière, les Boufflers l’y suivaient à l’envi ; mais dans l’art sérieux, dans cet idéal qui s’applique aussi à ces formes légères, dans ce tour sévère et accompli qui achève la couronne de la grâce elle-même, qu’avait-on, depuis longtemps, à citer ?
Ce sont quatre ou cinq brefs couplets, deux ou trois figures à peine ébauchées — les chrétiens en chœur — un chrétien — un jeune chrétien nouveau chevalier — un ange idéalement impersonnel ; et cette gaucherie de primitif, toute sèche et raide, nous donne l’impression du grand art par la hardiesse de la simplification. Nous collaborons avec l’auteur de tout le raffinement de nos imaginations, nous jouissons subtilement de cette simplicité non voulue : mais enfin pourquoi tant d’autres pages aussi sèches, d’un art aussi insuffisant, ne se laissent-elles point compléter de même ? […] Ces pièces ne sont pas d’un art nouveau : moins graves que les anciens drames liturgiques, plus sérieuses que le jeu de saint Nicolas et que les mystères, très familières et rarement comiques, elles ont un caractère à la fois populaire et dévot que leur destination explique. […] Dans la ruine de la culture gréco-romaine, la partie la moins littéraire, la plus populaire du théâtre ancien, dut surnager : et toutes sortes d’histrions, farceurs et bateleurs maintinrent sans doute la tradition de certains spectacles grossiers, mimes, scènes bouffonnes, jeux de clowns et de saltimbanques, où sont enclos certains germes d’art dramatique. […] Des boniments de forains et de charlatans tiennent aussi quelque chose de l’art théâtral : à plus forte raison, les imitations artistiques de tels boniments, comme ce fameux dit de l’Herberie, où Rutebeuf a rendu tantôt en vers et tantôt en prose le bagou facétieux et l’impudence drolatique des vendeurs de drogues.
à voir les résultats croissants de la civilisation dans les arts et dans l’industrie, on peut dire que Perrault triomphe. […] L’art, le style, dans leurs aspects majestueux et sévères, ou dans leurs qualités exquises, lui échappent, et il est tenté de les confondre en tout avec le brillant de l’industrie. […] Mais ce n’était là qu’une théorie qui restait stérile entre leurs mains, et qui ne pouvait devenir florissante et vivante qu’à l’aide du génie d’un Milton ou de l’art d’un Chateaubriand. […] Sur toutes les branches d’art, de métier et de science, il a encore gain de cause assez aisément, du moins pour l’ensemble. […] Perrault leur fait tenir cinq dialogues sur les arts, les sciences, l’éloquence, la poésie.
Mais il a d’étranges façons de comprendre l’art de M. d’Houdetot : plus d’une fois, lorsqu’un lapin lui est parti entre les jambes, Murger a retenu son doigt sur la détente du fusil, et la bête de s’enfuir sous le regard souriant de ce Nemrod original. […] J’ai le droit de reconnaître ; dans l’Odyssée personnelle d’Henry Murger, le journal fidèle de tous les jeunes gens qui gravissent les âpres et dures montées de l’art — et d’imprimer mon avis. […] l’art y gagne peut-être. […] Je suis loin de vouloir soutenir qu’on ne peut être à la fois hommes de lettre et homme d’ordre, — que les hasards de l’amour libre sont plus favorables que le mariage aux créations de l’esprit, que l’art enfin se trouve mal assis au foyer domestique et mal couché sur le lit conjugal. […] Tout se tient nécessairement dans l’Art.
Il a cultivé les Arts, l’Erudition, les Lettres, & l’on peut ajouter que ce n’est pas sans succès : dans chacune des parties où il s’est exercé, il s’est montré plein de sagacité, de discernement, & de goût. […] Dans ses Notes sur Lucrece & sur Phédre, il a eu l’art de tirer habilement parti de ses recherches ou de celles des autres, & de les dégager du ton de pédantisme qui accompagne ordinairement les Commentaires.
Dans l'Oraison funebre de Marie-Amélie de Saxe, Reine d'Espagne, elle est noble, animée, pleine d'élégance & de variété ; elle a sur-tout l'art de bien dessiner un plan, de développer habilement les circonstances, de placer à propos les mouvemens, & d'intéresser par une morale aussi sage que fine & naturelle. […] Ici c'est l'homme instruit & nourri de la lecture des bons Modeles, le Littérateur éclairé sur toutes les parties de son Art, l'Ecrivain élégant, judicieux, & modeste.
En effet c’est donner comme les bulletins des batailles que, depuis près de quarante ans, les deux frères ont livrées sur le terrain du roman, de l’histoire, du théâtre, de l’art français et japonais. C’est faire apprécier au lecteur l’ensemble de toutes les tentatives, dans lesquelles les auteurs se sont essayé à voir avec des yeux autres que ceux de tout le monde ; à mettre en relief les grâces et l’originalité des arts mis au ban par les Académies et les Instituts ; à découvrir le caractère (la beauté) d’un paysage de la banlieue de Paris ; — à apporter à une figure d’imagination la vie vraie, donnée par dix ans d’observations sur un être vivant (Renée Mauperin, Germinie Lacerteux) ; à ne plus faire éternellement tourner le roman autour d’une amourette ; à hausser le roman moderne à une sérieuse étude de l’amitié fraternelle, (Les Frères Zemganno) ou à une psychologie de la religiosité chez la femme (Madame Gervaisais) ; — à introduire au théâtre une langue littéraire parlée ; — à utiliser en histoire des matériaux historiques, restés sans emploi avant eux, (les lettres autographes, les tableaux, les gravures, l’objet mobilier) ; — tentatives enfin, où les deux frères ont cherché à faire du neuf, ont fait leurs efforts pour doter les diverses branches de la littérature de quelque chose, que n’avaient point songé à trouver leurs prédécesseurs.
Il rendit illustres la religion, les arts et l’armée : il est beau que les ruines de son palais servent d’abri aux ruines de l’armée, des arts et de la religion.
Littérairement, et après le bouillonnement écumeux de sa première moitié, la Restauration peut être comparée à une espèce de lac artificiel, qui cessa du moment où les écluses s’ouvrirent, mais qui se prêta assez longtemps aux illusions et aux jeux de l’art, de la philosophie, de la poésie ; on y voguait à la rame, l’été ; on y patinait agréablement l’hiver. […] André Chénier, disons-nous, aida beaucoup à l’école de l’art sous la Restauration. […] Et puis, comme l’art a mille faces possibles, et qu’aucune n’est à supprimer quand elle correspond à la nature, il y aura toujours lieu à des talents et à des œuvres qui exprimeront des sentiments plus isolés, plus à part des questions flagrantes, et s’inquiéteront, en les exprimant, de la beauté calme et juste, de la perfection de la pensée et de l’excellence étudiée du langage : ce seront ceux de la même famille qu’André.
Seul, le magnifique Chant de Satan semble indiquer la volonté décisive du poète de se hausser à un art plus violent et plus puissant. […] Georges Pioch Parce qu’il participe de la vie par cet amour qui souffre et jouit d’homme à femme, parce qu’il la surpasse en bonté et la domine par le pardon, ce livre (Les Quatre Saisons), qui nous vient avec le printemps, peut-il être admiré et chéri comme le commentaire généreux d’une année ; mieux même : de l’Année… Le goût littéraire y cueille des joies rares : celles qu’un art hautain et délicat procure et que fortifie le rayonnement d’une libre pensée ; celles, aussi, d’une surprise. […] Stuart Merrill s’est éloigné de la lutte ; plus impérieusement enfermé dans son art, — sans renier toutefois ses convictions, — il a tenu à s’affirmer, par ses visions et son rythme, celui que d’aucuns avaient pressenti.
Section 2, du génie qui fait les peintres et les poëtes Je conçois que le génie de leurs arts consiste dans un arrangement heureux des organes du cerveau, dans la bonne conformation de chacun de ces organes, comme dans la qualité du sang, laquelle le dispose à fermenter durant le travail, de maniere qu’il fournisse en abondance des esprits aux ressorts qui servent aux fonctions de l’imagination. […] Il lui suffit que ces maîtres lui puissent enseigner une pratique, qu’on ne sçauroit ignorer quand on a professé cet art durant quelques années. […] Quant aux poëtes, les principes de la pratique de leur art sont si faciles à comprendre et à mettre en oeuvre, qu’ils n’ont pas même besoin d’un maître qui leur montre à les étudier.
Il a eu ses raisons sans doute, mais, quel qu’ait été son dessein, il a glissé sur la pente où la pensée contemporaine glisse encore et continue de s’égarer… La question de la Renaissance, — cette question qui est partout à cette heure, dans l’enseignement, dans l’art, dans la philosophie et dans les mœurs, — la question de la Renaissance est au fond de son livre ; elle y sommeille, mais elle y est. […] Extrait du tome XVI de l’Encyclopédie moderne, dont Didot est l’âme et la main et dont nous parlerons un jour quand il s’agira de la juger dans son ensemble, cet Essai sur la Typographie, qui forme un volume de près de quatre cents pages sur deux colonnes, est un livre spécial qui embrasse sous toutes ses faces l’art dont il traite. […] Choses du métier, bibliographie, critique aiguisée d’érudition, vies des hommes illustres ou considérables dans l’art dont il raconte les développements et les découvertes, tout se trouve donc dans cette forte brochure, qui n’est pas seulement l’histoire des faits, mais, de plus, l’exposé fidèle des diverses législations qui ont, principalement en France, régi l’imprimerie, ce grand domaine matériel et intellectuel de l’État.
Je lui parle des biographies, avec lesquelles je voudrais faire mon art japonais du xviiie siècle, lui citant les noms de Ritzouo et de Gakutei. […] Et il travaillait un temps pour le prince, ornant alors ses travaux de bois, de belles et riches matières, et en faisant de somptueux objets d’art que collectionnait le prince, et dont il faisait cadeau aux daïmio, ses amis. […] Mardi 19 mai Chez un individu qui a le goût de l’art, ce goût n’est pas limité seulement aux tableaux ; il a le goût d’une porcelaine, d’une reliure, d’une ciselure, de n’importe quoi, qui est de l’art ; j’irai même jusqu’à dire qu’il a le goût de la nuance d’un pantalon, et le monsieur qui se proclame uniquement amateur de tableaux et jouisseur d’art seulement en peinture, est un blagueur qui n’a pas le goût d’art en lui, mais s’est donné par chic un goût factice. […] Ce qui fait Daudet s’écrier, que pour les gens qui aiment vraiment la musique, la musique est un art qui n’a pas besoin de l’accommodage d’un autre art, bien au contraire. […] Il existe, à ce qu’il paraît, des documents anciens qui établissent le mystère, dont entouraient les marchandises d’art, les marchands des premiers temps.
En lisant l’art poëtique d’Horace, on voit bien que le vice reproché par Quintilien à la déclamation théatrale de son temps, venoit de ce qu’on l’avoit voulu rendre plus vive, plus affectueuse et plus expressive, tant du côté de la récitation que du côté du geste, qu’elle ne l’avoit été dans les temps anterieurs. […] Il y a même de bonnes raisons pour croire que la premiere cause du changement qui survint dans la déclamation théatrale du temps de Ciceron, venoit de ce que les romains, qui depuis cent ans avoient beaucoup de commerce avec la Gréce où ils alloient même étudier les arts et les sciences, changerent alors leur maniere de prononcer. […] Mais c’est une destinée inévitable à tous les arts qui font un progrès considerable. […] Mais le public qui sçait discerner entre les défauts de l’art et les fautes de l’artisan, ne trouve pas que les inventions nouvelles soient de mauvaises choses, parce qu’on en abuse.
De personne il a passé système ; d’idée concrète il a passé idée générale ; on l’a invoqué comme la philosophie même de l’art ! […] Tout ce qui a de bonnes raisons pour vouloir que l’art soit sans âme est gœthiste de fondation. […] Réalistes d’hier et Naturalistes d’aujourd’hui relèvent tous, plus ou moins, de Gœthe, sa théorie de l’art pour l’art ayant abouti pour les esprits grossiers, mais conséquents, à la théorie de la nature pour la nature, qui, au fond, est absolument la même chose.
Lord Byron, — pour qui ne croit pas ce qu’il dit, car il ne faut pas toujours le croire, — Lord Byron n’est qu’un artiste, qui n’aime que son art, et qui, quand il fait l’amour, pense à son art encore, le fait dans une vue d’art supérieur qui ne le quitte jamais, même sur le cœur de sa maîtresse. […] Excepté dans Beppo, et dans quelques situations risquées de Juan, mais sauvées encore à force d’art (il venait delire les conteurs italiens et le caméléon qui est dans tout poète réfléchit une minute cette couleur), Byron, l’immoral Byron, comme on dit, avait l’imagination la plus chaste, et c’est là aussi un caractère charmant auquel on pense trop peu, de ce génie sans égal.
Avec art maintenant dessinons sous ces plis La forme bondissante et les contours polis ; Voyez ! […] Singulier poète, ou, pour mieux parler, singulière spécialité poétique, qui s’est liée volontairement dans de pareils esclavages, qui a renfermé sa pensée dans la forme étroite au lieu de dilater cette forme autour de sa pensée, je ne le confondrai pas pourtant avec les Vides de ce temps, les poètes de la forme pure, avec les écorces sculptées, qui ne renferment rien, comme les sarcophages des Anciens, qui ne contenaient pas même de cendres, car lui, lui, il a la pensée, il a cette perle malade, mais cette perle de la pensée, dont les feux du diamant de l’art, de la langue et du rythme, ne valent pas le plus pâle rayon ! […] Le poète qui a écrit L’Influenza, La Note éternelle, Un soir d’été, La Colombe, L’Ancolie, A Éva, Sur la Montagne, Dans les Bois, Dans la Grotte, Dans les Ruines, Stella, La Canne du Vieux, Abîme sur Abîme, Hermès, ou, pour mieux parler, car il faudrait tout citer, les Cent soixante-douze Sonnets du recueil, qui sont, à bien peu d’exceptions près, presque tous, à leur façon, des chefs-d’œuvre, est certainement plus qu’un artiste de langue et de rythme, introduisant, à force d’art et de concentration, je ne sais quelle téméraire plastique dans le langage. […] Joséphin Soulary au premier rang dans cette École, aux préoccupations mauvaises, qui, confondant l’Art avec la Poésie, fait tenir, de préférence et de système, l’œuvre poétique dans la circonférence d’une médaille ou le tour d’une bague, encore plus étroit, et s’imagine que le fini du détail répond à toutes les exigences.
S’il ne grandit point dans l’Art, puisque j’ai dit que dès le premier coup il y fut complet, comme dans la gloire, il s’y féconda et il publia successivement ces merveilles : Le Lion, L’Émeute, La Popularité, Melpomène, Le Rire, Desperatio, Les Victimes, Terpsychore, L’Amour de la mort, La Reine du monde, La Machine, Le Progrès et L’Idole, L’Idole, qui, dans la préférence que l’on donne à des beautés égales, me semble ce qu’il y a de plus beau. […] À toi l’art d’embellir la vie Et de ne montrer que l’objet Qui vous reluit et qui vous plaît ! […] Le métier, en effet, est le fond de tout Art. […] Dans les arts et dans la littérature, c’est le métier.
Sous Louis XIV, tous les arts ont fleuri ; d’où vient la musique seroit-elle restée informe ? […] Quel musicien, avant lui, considéra son art en philosophe ? […] Il en est de la peinture & de la sculpture comme de tous les arts d’imitation. […] Cet art ne cède en rien aux deux autres pour la perfection & l’agrément. […] Il ne connut ni l’art, ni l’antique, ni la nouvelle Rome, ni Venise, ni d’autre pays que le Modenois sa patrie.
Première ébauche de l’art historique. […] Au reste, il ne faut pas plus chercher dans Villehardouin la profondeur des pensées que l’art du récit. […] D’abord, ils se méprirent sur l’antiquité, en s’attachant bien plus aux préceptes qu’aux modèles, et en n’imitant de l’art que l’extérieur. […] Première ébauche de l’art historique. — Les Mémoires de Philippe de Comines. […] L’art des historiens ultérieurs n’a pas surpassé l’esquisse si frappante qu’il en a tracée.
Il en est de même de sa conception de l’esthétique : l’art est un jeu. […] Ce n’est pas dans les manifestations de l’art proprement dit qu’il faut le chercher, le but même de l’art étant la perfection. […] J’aime mieux une fleur qu’une fleur de rhétorique et j’estime que l’art de plaire aux imbéciles est le même que l’art de déplaire aux délicats. […] Comme ce médecin qui enseignait l’art d’avoir de beaux enfants, il enseigne l’art d’avoir un beau style. […] De toutes les imaginations de la Commission, celle-ci est une des plus nocives, en même temps que la plus inutile ; c’est l’art pour l’art, le mal pour le mal.
Toutefois l’art de la conversation est un art très particulier, d’un agrément immédiat et dont on ne peut juger après coup. […] L’art n’est pas d’éparpiller son âme. […] Son art est tout en spasmes et en sursauts. […] Cet art est le contraire d’un art nouveau ; et voilà ce qu’on ne saurait trop redire à la jeunesse. […] Son bon plaisir est sa règle unique en art comme ailleurs.
Jamais l’art ne fut l’instrument d’une œuvre plus morale et plus anglaise. […] Nous aimons l’art, et vous n’en avez guère ; nous souhaitons qu’on nous plaise, et vous n’y songez pas. […] L’art diffère de la nature en ce qu’elle délaye et qu’il concentre. […] L’art ne peut être plus consommé ni la nature plus violentée. […] Nous entrons dans cette grande bibliothèque des arts.
Ces troupes étaient à cette époque moitié improvisatrices et moitié chantantes ; elles mêlaient les jeux de la comédie de l’art aux pièces lyriques, aux opéras dont la mode prévalait en Italie. […] En un mot, c’est ici où cet incomparable Scaramouche, qui a été l’ornement du théâtre et le modèle des plus illustres comédiens de son temps qui avaient appris de lui cet art si difficile et si nécessaire aux personnes de leur caractère, de remuer les passions, et de les savoir bien peindre sur le visage (c’est une allusion à Molière) ; c’est ici, dis-je, où il faisait pâmer de rire pendant un gros quart d’heure dans une scène d’épouvante où il ne proférait pas un seul mot. […] Si nous en croyons Le Boulanger de Chalussay, l’auteur d’Élomire hypocondre, Molière aurait positivement reçu de Scaramouche des leçons de pantomime, et lui aurait dû ses progrès dans l’art du comédien : ………… Par exemple, Élomire Veut se rendre parfait dans l’art de faire rire ; Que fait-il, le matois, dans ce hardi dessein ? […] « Troisième conclusion : Tout l’art de raisonner n’est qu’une invention, Pour nous surprendre avec adresse ; Mais la véritable sagesse Consiste en l’obstination.
Ou, au contraire, est-ce qu’il représente plutôt les ensembles confus, accidentés, tourmentés, chaotiques, comme ceux qu’offre parfois l’art gothique ou la nature à l’état sauvage ? […] Ainsi tel écrivain emploiera toutes ses ressources à rendre sensible la mer ou la montagne dans ce qu’elles ont de plus grandiose ; tel autre mettra tout son art à reproduire les fins détails d’une fleur ou d’un visage féminin, la grâce d’un arbrisseau, d’une petite rivière, d’une clairière ensoleillée, d’une maisonnette tapissée de plantes grimpantes. […] Ils font, en écrivant, des « transpositions d’art » d’un genre différent. […] L’amour de l’art devenant une maladie, une frénésie, fait le fond de tel roman des Goncourt ou de Zola (Manette Salomon, L’œuvre). […] On cherchera la conception que l’auteur se faisait du monde extérieur, de la société humaine, de la vie, de l’art, de l’ensemble des choses.
Il est intitulé Callipœdia, c’est-à-dire, l’Art de faire de beaux Garçons. […] Le plan en est très-bien distribué, la fable y est employée d’une façon heureuse, les épisodes y sont variés & amenés avec art ; la versification en est brillante & facile.
Mais avec la marche des siècles, après les révolutions et les cycles laborieusement accomplis, les astres se rejoignent et redeviennent cléments ; l’harmonie, la suprême beauté se retrouve ; elle éclate, elle resplendit dans le monde des arts, dans cette Rome aimable et raphaélesque de Léon X : dans un ordre moins brillant, mais plus estimable peut-être, dans l’ordre moral et de la parole éloquente, de la poésie sincère et convaincue, elle reparaît en France sous le règne de Louis XIV. […] Maintenons, messieurs, les degrés de l’art, les étages de l’esprit ; encourageons toute recherche laborieuse, mais laissons en tout la maîtrise au talent, à la méditation, au jugement, à la raison, au goût. […] Je n’irai, point, chez un auteur, louer l’art, là où il y a surtout force et grandeur. Si je loue l’art dans les Provinciales, je ne louerai, chez ce même Pascal, que la force et l’énergie morale dans les Pensées. […] Je m’oublie, messieurs ; nous aurons assez d’occasions d’appliquer ensemble et de vérifier dans une pratique assidue ces diverses observations que je vous présente ici sans trop d’ordre et de méthode, l’Art poétique de notre maître Horace nous ayant dès longtemps autorisés à cette manière de discourir librement des choses du goût.
Optimisme épicurien et art de vivre : la morale de Montaigne. […] Il y a un « art de vivre », selon l’expression de M. Brunetière, parce que l’homme a compliqué et faussé la nature : et cet art de vivre se résume à savoir retrouver la nature. […] Les opinions politiques et religieuses de Montaigne sont assorties à son art de vivre, et y font une pièce nécessaire, puisque, enfin, l’homme doit vivre en société. […] Il n’a pas d’art, et surtout il ignore l’art oratoire : il faudra que ces capricieuses divagations soient réduites en système ordonné d’abord, puis en thèmes oratoires.
Maximes et portraits sont une sensible manifestation du goût du siècle pour l’exacte vérité : ce sont deux genres faits pour la notation précise de la réalité, d’où l’invention romanesque, dramatique, poétique est exclue, où l’art littéraire s’approche autant qu’il est possible de l’expression scientifique. Or, des maximes et des portraits, c’est tout le livre de La Bruyère : il a repris la forme de La Rochefoucauld ; et il a dégagé, isolé le portrait, en lui donnant sa forme d’art et sa valeur philosophique. […] Cette Lettre à l’Académie est, après l’Art poétique, le plus important ouvrage que la critique nous présente ; avec elle, nous sommes à la fois tout près et très loin de Boileau : les résultats sont identiques, mais la méthode et l’esprit différent. […] C’est ici le triomphe de l’art de Fénelon : il plie ; tout en lui est modeste, résigné ; son attitude, ses lettres font voir au public la plus douce des victimes ; on commence à le plaindre, sans le justifier. […] Il est un des deux ou trois esprits qui, au xviie siècle, ont été au-delà de Rome, et ont vraiment senti la riche simplicité de l’art grec.
C’est la première histoire (qui ne soit qu’histoire) qui compte dans notre littérature : pour la première fois, l’érudition et l’art, la méthode et le style concourent, et nous sortons enfin des compilations sans valeur, des romans sans autorité, et des dissertations doctement illisibles. […] La base première du livre doit être cherchée dans la sincère passion de Voltaire pour les lettres, les sciences, les arts, pour l’œuvre intellectuelle de l’humanité. […] Mais l’art n’est pas tout pour Voltaire, il ne croit pas que tout aille bien, parce que quelques beaux vers ont été écrits. […] Malgré ses aristocratiques relations, il ne s’était jamais associé à cette réaction : la splendeur des lettres et des arts compensait tout à ses yeux. […] Enfin, cinq ou six chapitres, étalant la grandeur de l’esprit humain dans les lettres et les arts, couronnaient magnifiquement l’ouvrage.
Cette tendance est la conséquence nécessaire de leurs prédilections pour certaines formes musiques et plastiques ; leurs méthodes d’art la reflètent aussi. […] M. de Régnier est surtout un droit et pur artiste ; son vers a des lignes bien tracées, des couleurs transparentes et rares disposées avec justesse ; il démontre une grande probité d’écriture, un idéal d’art austère, la volonté d’un homme qui garde haute sa conscience. […] Et elle dirait des mots purs, doux et vastes, la cantilène enfin trouvée ; elle serait d’allure ingénue, pourtant imagée, savoureuse, même subtile mais toujours naturelle et franche d’aspect, et naïve à force d’art ; je voudrais qu’elle parût jaillie d’elle-même sur des lèvres ignorantes, mais que le penseur et l’esthète vinssent avec elle s’unir, comme l’on songe, comme on se mire au clair tranquille d’une eau qui rafraîchira maintes bouches et coule sans les voir sous les visages penchés. […] L’Iliade et l’Odyssée (œuvre commune d’aèdes anonymes et quasi inconscients, je le sais, mais retranscrite et unifiée ensuite par l’art) sont un répertoire du folklore grec que vient encore compléter Hésiode. […] On le supposerait volontiers contemporain d’une autre époque (disons un frère cadet du vieux Chrestien de Troyes), s’il ne se liait à celle-ci par la modernité de son art dont la noblesse quasi féodale rappelle pourtant l’or et l’argent, l’hermine et le vair et les quatre émaux héraldiques ; — mais tout notre art ne regarde-t-il pas sur la route, derrière soi, autant qu’il discerne les choses attendues et qui viendront ?
Tant il est vrai qu’il y a dans les productions multiples de l’art quelque chose de toujours nouveau qui échapper éternellement à la règle et aux analyses de l’école ! L’étonnement, qui est une des grandes jouissances causées par l’art et la littérature, tient à cette variété même des types et des sensations. — Le professeur-juré, espèce de tyran-mandarin, me fait toujours l’effet d’un impie qui se substitue à Dieu. […] Il en est de même des nations qui cultivent les arts de l’imagination avec joie et succès. […] Quand David, cet astre froid, et Guérin et Girodet, ses satellites historiques, espèces d’abstracteurs de quintessence dans leur genre, se levèrent sur l’horizon de l’art, il se fit une grande révolution. […] Je croirais volontiers que son idéal est une espèce d’idéal fait moitié de santé, moitié de calme, presque d’indifférence, quelque chose d’analogue à l’idéal antique, auquel il a ajouté les curiosités et les minuties de l’art moderne.
L’art est plein de ces fantaisies qui n’ont rien de dangereux pour les vraies natures. […] Mme Augusta Holmès, par son talent, par son caractère, par sa dévotion fanatique et désintéressée au grand art, justifie ce fétichisme.