Seulement, il n’admet pas l’idée toute pure et, pour ainsi parler, l’idée sans lui. […] Ni dans ses phrases les plus souples et adroites, il n’admettait aucun désordre ; ni dans ses opinions et ni dans son incertitude. […] Jules Lemaître admet, parfois, des étrangers, c’est Boccace ou bien Cervantes, des Latins et quasi naturalisés chez nous. […] Courbaud les admet. […] Nulle hypocrisie ; et, autant dire, quelque cynisme, une façon de croire et de faire admettre qu’étant Hugo l’on règne à sa guise.
S’il admet l’indécision de la pensée, il réclame la précision du style. […] J’ai peine à le voir admettre implicitement que l’art est à jamais pétrifié dans certaines formes et promulguer des dogmes qui reposent sur les bases les plus fragiles. […] Je me dis alors que le critique, en ne voulant admettre qu’une de ces deux forces ou qu’un de ces deux pôles, se condamne à ne voir que la moitié de la vérité : je le regrette pour nous comme pour lui, et ceux qui aiment la vérité tout entière le regretteront avec moi. […] J’admets que la période, avec ses différents membres habilement rattachés au tronc, ait un air d’organisme vivant qui peut séduire19. […] Vous admettez avec tout le monde que les Français du xviiie siècle ont eu beaucoup d’esprit ; M.
La recherche de la jouissance, admise comme mobile suprême d’activité, conduit le petit nombre de ceux qui peuvent satisfaire leur fantaisie à la lassitude et au dégoût, tandis qu’elle devient pour le grand nombre la cause de revendications sociales toujours plus impérieuses. […] Amener Hélène Chazel à se donner à lui en protestant d’un amour qu’il ne ressent point, l’abandonner ensuite par lassitude, voilà certes une conduite fort simple pour qui n’admet d’autre principe que l’égoïsme et d’autre existence que celle des corps. […] La satisfaction de besoins moraux si poignants entraînait l’oubli des autres, et la gratitude joyeuse du pardon reçu faisait admettre en bloc tout ce qui, même de loin, semblait s’y rattacher. […] Les uns étaient aveuglés par la scolastique régnante et n’admettaient pas même qu’on pût songer à la mettre en question : d’autres, pressentant un écroulement général, reculaient devant les périls d’une reconstruction. […] Vous admettez ce qui est en question.
Mais alors, elle admettra le ménage Antoine : Antoine épousera Miche et légitimera son enfant. […] Elle l’est moins ou elle ne l’est plus guère, si l’on admet que s’y mêle l’influence des sociétés secrètes italiennes. […] Les artifices d’une concision paradoxale, cet écrivain ne les admet pas ; il évite aussi une extrême abondance, chargée de coquetteries : et il garde la mesure. […] Et admettons que, désignant à ses camarades la fleur, il ait, pour signifier la ressemblance qui l’amusait, comiquement poussé le cri du coq, le vif « cocorico ». […] Il n’admet seulement pas la possibilité d’un lent progrès.
Admettons, et il faut l’admettre puisque c’est vrai, que je ne sois pas digne, en bonne morale, du nom et de la position que j’ambitionne : est-ce bien à vous, qui avez contribué à m’en rendre indigne, à me fermer la route honorable où je veux entrer ? […] Vous admettriez ma conduite si Nanjac était un vieil ami à moi, un camarade d’enfance ? […] J’admets que le père Moriceau tourne subitement comme une vieille girouette. […] Ils ne l’admettent pas, ils n’y consentent point. […] J’ai beaucoup de peine à admettre que les choses s’y passeraient ainsi.
Après avoir donné le plan, élargi depuis, des livres qu’il devait produire pour harmoniser une Œuvre-une, il répudiait les « recueils de vers », pour n’admettre que l’œuvre capitale de l’artiste. […] Pour nous, nous n’admettrons jamais qu’un critique puisse ainsi juger sans appel une tentative neuve. […] Mais encore, il admet en son poème le spectacle quotidien de l’existence. […] L’Œuvre, admettons-le pour la totalité si l’on veut, devait donc, parties par parties, s’exprimer par le Théâtre en même temps que par le Livre. […] L’autre variante et capitale, où veut se particulariser Mallarmé — c’est qu’il n’admet point de Légende existante : il créerait, lui, des thèmes propres, littéraires et idéologiques à grandes généralisations symboliques.
Mais la littérature latine fut trop directement importée, trop artificielle dès l’abord et apprise des Grecs, pour admettre beaucoup de ces libres génies. […] Despréaux, dit Cizeron-Rival d’après Brossette, trouva du jargon dans ces deux vers et les rétablit de cette façon : Quand sur une personne on prétend se régler, C’est par ses beaux endroits qu’il lui faut ressembler. » Mais, jargon ou non, il était le premier à proclamer Molière maître dans l’art de frapper les bons vers, et il n’aurait pas admis le jugement par trop dégoûté de Fénelon. […] Non que j’admette que ce poëme du Val-de-Grâce soit bon et satisfaisant d’un bout à l’autre, ou que Molière ait modifié, ralenti sa manière en le composant. […] Tant qu’il se tient dans le genre lyrique au contraire, et qu’il ne parle qu’en son nom, ces singularités fortes peuvent n’être que des traits de caractère qu’on admet, ou que même on admire. — Il s’agit, dans ce qui précède, des drames de Victor Hugo, desquels, au lendemain des Bargraves, quelqu’un disait : « Ce sont les marionnettes de l’île des Cyclopes. » 17.
Ils étoient annoncés par des Héraults : les Chevaliers s’y préparoient long-temps d’avance, & il falloit être sans reproche pour y être admis. […] La Farce ou Sottie étoit livrée au contraire à la licence la plus dissolue ; les actions & les paroles les plus obscènes y étoient admises, exemple frappant du rapport qu’ont entr’eux les mauvaises mœurs & le mauvais goût ! […] Mais quelque attention qu’il eût, de n’admettre dans son établissement que des hommes d’un mérite rare, ils ne pouvoient avoir que celui de leur siècle. […] Ce genre hermaphrodite, absolument inconnu aux Anciens, auquel on a donné le nom de Comique larmoyant, n’a pas triomphé sans peine des contradictions qu’il a essuyées dans sa naissance ; & les Auteurs médiocres ont bien abusé depuis de l’indulgence qui l’a fait admettre.
Les vérités philosophiques ont sur l’esprit éclairé qui les admet le même empire que la vertu sur une âme honnête.
Il n’y a plus de masses croyantes ; une très grande partie du peuple n’admet plus le surnaturel, et on entrevoit le jour où les croyances de ce genre disparaîtront dans les foules, de la même manière que la croyance aux farfadets et aux revenants a disparu.
Sans doute cet observateur admet l’exception de l’abbé Desfontaines.
Mais puisque vous admettez dans les vers tant de genre de beautés et d’ornements, dont aucun ne les caractérise, puisque aucun n’y est essentiel, quelle est donc selon vous la marque distinctive des bons vers ?
Il admet avec lui « un principe d’individuation, qui crée à mesure les types humains, et, entre autres, les types des artistes et des héros, — et un principe de répétition qui agrège et soulève l’humanité à ces protagonistes, principe qui se ramène, il y insiste, à une constatation ressentie de ressemblance entre les exemplaires et les adhérents ».
Des soldats du régiment de Flandre et de divers corps avaient été admis à ce spectacle, afin qu’ils pussent en porter à leurs camarades le récit et les impressions.
L’une des plus belles discussions de ce livre de Segretain est celle-là, dans laquelle il démontre la fausseté de la thèse de l’émancipation de la pensée et de l’homme esclave brisant ses fers, que des écrivains de parti ont toujours soutenue avec succès à propos de la Réforme, et fait admettre à l’ignorance, non pas gobe-mouche, mais gobe-montagne de ceux qui les lisent.
Et puisque ces écrits répondent, avec le calme qui est en eux, à cette lubie d’être un passionné qui le reprenait après l’avoir lâché un instant, pourquoi donc avoir voulu produire ces deux Tocqueville inconnus, — le Tocqueville de feu et le Tocqueville couleur de rose, — quand avec celui que nous connaissons il est impossible de les admettre et même de les supposer !
Aussi, en désespoir de cause, ils aimèrent mieux, sans aucune expérimentation possible, faire de cette céleste Récamier une espèce de monstre physiologique, que d’admettre le monstrueux prodige moral d’une vertu qui leur avait toujours résisté.
Dans la réalité intime, élevée et profonde, la seule qui soit littéraire, Hoffmann n’est pas plus fort, ce mot qui implique la fermeté et la droiture, que dans le fantastique, où Heine admet qu’il est inférieur.
Il admire l’axiome assez vulgaire de cette méthode « qu’il ne faut admettre pour vrai que ce qu’on connaît évidemment pour tel. » Comme si ce moyen de connaître évidemment le vrai, la méthode de Descartes l’avait donné jamais à personne !
n’est pas cependant beaucoup plus clair que le bégayant Brid’oison quand il faut prononcer ce terrible mot d’imposteur sur la tête d’un homme qui sembla toujours un homme de bien, ou donner les raisons d’admettre cette hallucination, qui dura, sans s’interrompre une minute, de cinquante-huit à quatre-vingt-cinq ans, dans une tête aussi calme quand elle écrivait la Doctrine de la vie pour la Nouvelle Jérusalem, que quand elle écrivait, dans son livre du Règne animal, les chapitres sur les entrailles et sur les organes pectoraux.
Le mot de « révélation des lois de l’entendement » que le Dr Renard emploie, ne peut s’entendre que d’une révélation individuelle, qu’on est libre d’admettre ou de rejeter.
L’histoire et nous n’admettons qu’une Église.
Elles ont été obligées d’admettre, en une foule de points, des observations qui appuient la grande conception catholique.
Il admet, comme une loi du monde, cette démence de l’orgueil qu’on ne trouvait autrefois que dans les maisons de fous, et qui trône maintenant dans les Philosophies et dans les Poèmes.
Il faut dire, il est vrai, que si le Français est né vaudevilliste, il est né aussi galantin, et que là où une prétention d’homme serait châtiée par le coup de fouet de l’éclat de rire, une prétention de femme, surtout lorsque cette femme est belle, est admise toujours.
L’amour même, comme les auteurs semblent l’admettre un instant, l’amour virginal de Rosette pour le jeune Paul ne la purifie point, ne l’arrache point à l’abominable concubinage dans lequel elle vit avec son beau-frère.
Sentiment ou principe, notion confuse et enveloppée ou claire et expliquée, ce sera toujours un « préjugé » qui nous dictera la solution : c’est-à-dire que pour mesurer la valeur d’une formule égalitaire, nous la rapportons à un certain idéal général que nous avons une fois admis, et qui nous sert de pierre de touche pour discerner les qualités estimables ou blâmables, les actions prescrites ou interdites.
Il faut admirer l’éloquente magnificence avec laquelle Vigny commente le précepte, mais il ne l’admet pas en son obligation, sans un arrière-regret. […] De là un droit latent de participer à l’ensemble de la cité d’une façon effective au lieu de ne s’y voir admis qu’en superflu. […] Il ne promut jamais à l’apothéose le scandale de ses passions, et le décor orgueilleux de sa vie n’admit pas d’autre femme que la Muse éternelle. […] Les Anciens ont admis Lycophron, et les Anglais honorent M. […] Elle ne veut point qu’on s’isole d’elle un seul instant et elle n’admet point qu’on se dérobe aux autres pour se rendre à soi-même.
Il lui manquait d’abord de s’être fait de la vie une autre conception, et d’admettre qu’elle puisse avoir un autre but que la poursuite de la jouissance immédiate. […] Est-elle supprimée, ou, si on n’admet jamais et dans aucun cas l’entière disparition de la responsabilité de l’individu, dans quelle mesure peut-on accorder qu’elle soit atténuée ? […] Toute foule a son meneur : c’est une règle qui n’admet pas d’exception. […] Nous n’admettons pas qu’il y ait en nous quelque chose qui puisse déplaire, ou, si par malheur nous le découvrons, c’est alors que notre fureur ne connaît plus de bornes. […] Telle est l’opinion des jurés qui, propriétaires petits ou grands, n’admettent pas que la propriété puisse être menacée.
Ils n’admettent que ce qui leur ressemble et„ naturellement, se préfèrent eux-mêmes. […] Il admet sa sincérité ; il ne rabaisse pas non plus Émilie, qu’il peint comme une héroïne admirable. […] Anatole France considère qu’il s’est lourdement trompé et admet, avec Michelet, qu’elle a été une église. […] Peut-être aussi faut-il admettre, avec M. […] Sans doute elle admet aussi le péché en pensée ; mais il suppose une complaisance et un acquiescement.
Admettrez-vous que la musique soit un remède pour les maux dont ils souffrent ? […] Il veut bien admettre que don Quichotte est fou, mais non pas que les chevaliers errants n’ont jamais existé. […] Il a été longtemps admis que Cervantes avait voulu faire tout simplement la satire des romans de chevalerie. […] Il est dès lors admis que leurs opinions sont irréprochables, et qu’il n’y a plus qu’à s’incliner. […] Elle n’avoue pas explicitement, mais elle admet tacitement que l’expérience pervertit l’homme au lieu de le corriger.
Chez lui, rien de l’alliage contemporain ; chaque mot, chaque tour a été sévèrement contrôlé avant qu’on l’ait admis. […] On me dit pourtant que je me trompe, que les divers ouvrages de M. d’Aurevilly ont fait, à mesure de leur apparition, leur bruit dans les journaux, qu’ils ont été admis aux bénéfices de la discussion. […] Déjà connu, il brûla le secrétaire et, d’emblée, fut admis à contempler l’auguste directeur qui, vous le savez, est borgne (n’oubliez pas ce détail). […] Quelle différence admettez-vous entre l’une et l’autre ? […] Il m’est impossible d’admettre que vos paysans — qui, après tout, parlent la langue d’Oc et sont fils du soleil — soient mauvais et abêtis comme ceux que vous peignez !
A force de publier qu’il est l’égal de Sophocle, il le fait admettre par son auditoire subjugué. […] Il n’admettait pas de classement en littérature. […] » Il n’admettait l’éloge des autres qu’avec des réserves rassurantes pour sa propre gloire. […] Il n’admettait pas les dissidents et se fût plutôt employé à convertir ses ennemis. […] Il n’admettait aucune recommandation ; il était à ce sujet d’une indépendance chatouilleuse.
Qu’il demeure, après un tel essai, un résidu, je l’admets. […] Il serait très inexact d’admettre une influence quelconque des peintres dits impressionnistes sur la poésie de Mallarmé, comme d’ailleurs, en général, d’une peinture sur une poésie. […] Il passa pour un fumiste ou un mauvais plaisant, et à cette opinion il dut sourire avec gratitude, car elle émanait de personnes indulgentes et bien disposées ; les autres, les buveurs d’eau, qui admettaient la bonne foi, demandaient pour lui le cabanon. […] Il faut étudier leur jeu spontané dans sa prose d’abord : le vers ne lui paraît admettre, en général, la métaphore qu’à l’état d’essence. […] Au contraire de cette comparaison, la métaphore des poètes demeure volontiers inachevée, illogique, admet à collaborer par ses hiatus l’imagination du lecteur.
Mais, maintenant, si l’on admet ce caractère singulier, exceptionnel, de la tragi-comédie du Cid, comment l’expliquer ? […] Je n’admettrai jamais qu’on dise les vers, même ceux de Voltaire ou de Casimir Delavigne, comme de la prose. […] D’abord, le goût du temps avait peine à admettre un héros de tragédie qui n’était point amoureux. […] Admettons pourtant qu’il s’explique par le singulier caractère du personnage. […] j’admettrais parfaitement qu’elle prît, sans trop se l’avouer, un obscur plaisir à se sentir aimée du fils d’Achille.
Sous la période directoriale, ses écrits, sa conversation, sans exclure les qualités précédentes, admettent un ton plus sévère ; elle soutient la cause de la philosophie, de la perfectibilité, de la république modérée et libre, tout comme l’aurait pu faire la veuve de Condorcet. […] Leroux (Revue Encyclopédique, mars 1833) a démontrée explicite au sein du dix-septième siècle, par plus d’un passage de Fontenelle et de Perrault, et que le dix-huitième a propagée dans tous les sens, jusqu’à Turgot qui en fit des discours latins en Sorbonne, jusqu’à Condorcet qui s’enflammait pour elle à la veille du poison, cette idée anime énergiquement et dirige Mme de Staël : « Je ne pense pas, dit-elle, que ce grand œuvre de la nature morale ait jamais été abandonné ; dans les périodes lumineuses comme dans les siècles de ténèbres, la marche graduelle de l’esprit humain n’a point été interrompue. » Et plus loin : « En étudiant l’histoire, il me semble qu’on acquiert la conviction que tous les événements principaux tendent au même but : la civilisation universelle… » — J’adopte de toutes mes facultés cette croyance philosophique : un de ses principaux avantages, c’est d’inspirer un grand sentiment d’élévation. » Mme de Staël n’assujettit pas à la loi de perfectibilité les beaux-arts, ceux qui tiennent plus particulièrement à l’imagination ; mais elle croit au progrès, surtout dans les sciences, la philosophie, l’histoire même, et aussi, à certains égards, dans la poésie, qui, de tous les arts, étant celui qui se rattache le plus directement à la pensée, admet chez les modernes un accent plus profond de rêverie, de tristesse, et une analyse des passions inconnue aux anciens : de ce côté se déclare sa prédilection pour Ossian, pour Werther, pour l’Héloïse de Pope, la Julie de Rousseau, et Aménaïde dans Tancrède. […] On y lit, à propos des poëmes d’Homère, cette phrase qui annonce un littérateur au courant des divers systèmes : « Mme de Staël admet, sans aucun doute et sans discussion, que ces poëmes sont l’ouvrage du même homme et sont antérieurs à tout autre poëme grec. […] Mais ce défaut de forme une fois admis pour Delphine, que de finesse et de passion tout ensemble ! […] Admis dans les nouvelles grandeurs, il ne se commit en rien pour soutenir celle qu’on allait bientôt exiler.
Si donc, sous le premier aspect, on reconnaît que nos spéculations doivent toujours dépendre des diverses conditions essentielles de notre existence individuelle, il faut également admettre, sous le second, qu’elles ne sont pas moins subordonnées à l’ensemble de la progression sociale, de manière à ne pouvoir jamais comporter cette fixité absolue que les métaphysiciens ont supposée. […] D’une part, en effet, la vie industrielle est, au fond, directement contraire à tout optimisme providentiel, puisqu’elle suppose nécessairement que l’ordre naturel est assez imparfait pour exiger sans cesse l’intervention humaine, tandis que la théologie n’admet logiquement d’autre moyen de la modifier que de solliciter un appui surnaturel. […] Historiquement considérée, leur opposition radicale, applicable à toutes les phases essentielles de la philosophie initiale, est généralement admise depuis longtemps envers celles que les populations les plus avancées ont complètement franchies. […] Semblablement, quel que soit l’instinct anti-rétrograde de l’école métaphysique, elle n’a plus aujourd’hui toute la force logique qu’exigerait son simple office révolutionnaire, parce que son inconséquence caractéristique l’oblige à admettre les principes essentiels de ce même système dont elle attaque sans cesse les vraies conditions d’existence. […] S’il faut aussi admettre la nécessité d’une vraie systématisation morale chez ces esprits émancipés, elle ne pourra dès lors reposer que sur des bases positives, qui finalement seront ainsi jugées indispensables, Quant à borner leur destination à la classe éclairée, outre qu’une telle restriction ne saurait changer la nature de cette grande construction philosophique, elle serait évidemment illusoire en un temps où la culture mentale que suppose ce facile affranchissement est déjà devenue très commune, ou plutôt presque universelle, du moins en France.
Il n’a jamais admis ni compris le vers libre, qui n’est pas nécessairement un vers facile, mais qui donne l’illusion de la facilité. […] La raison qui a fait admettre au poète tel mot, tel vers, elle contient encore toute vive la part de hasard d’où furent arrachés ce mot ou ce vers, comme la plante qu’on emporte avec de la terre à ses racines. […] Admettons une sorte de Léda léonardesque ou d’Eve michelangesque, — simplement et nûment une statue de la Vie, statue animée comme celle de Condillac, — personnage unique d’un drame qui se passe moins à son intérieur qu’à l’intérieur même de l’élan vital, et d’une conscience qu’on peut, au hasard de la page, dilater en cosmique ou resserrer en pathétique. […] Ce ne sont pas des tombeaux, ce sont des kiosques, auxquels leurs colonnettes ne font qu’un minimum de support, et qui n’admettent d’autres bornes que des lignes vivantes d’horizon et de mers, — kiosque d’où le poète, Que la vitre soit l’art, soit la mysticité, lance non la coupe orfévrée, mais un peu du vin d’Omar Kheyyâm. […] S’il eût été pourvu de cette technique, on admet fort bien un Valéry écrivant un « essai sur la relation du corps et de l’esprit » analogue à Matière et Mémoire dont son intuition retrouvait certains rythmes.
Notre langue peu accentuée ne saurait admettre le vers blanc, et ni Voltaire, vice-roi de Prusse en son temps, ni Louis Bonaparte, roi de Hollande au sien, ne me sont des autorités suffisantes pour hésiter, fût-ce un instant, à ne me point départir de ce principe absolu. […] Une mienne ballade « en l’honneur de Louise Michel », fut l’an dernier présentée à mon très illustre et très indulgent maître Théodore de Banville qui n’y put admettre la rime de faucille et de Cécile. […] En principe il admettait le Parnasse Contemporain et les poèmes qui le composaient pour la plus plupart, mais il objectait fortement contre ce qu’il appelait, peut-être avec raison, les « véritables barbarismes » que constituait dans nombre des poèmes de Leconte de Lisle et de poèmes imités de ce maître l’orthographe du nom des dieux de la Grèce antique. […] De méchantes langues prétendent que sa brouille avec Napoléon III eut pour motif le refus par celui-ci de l’admettre dans ses Conseils en qualité de ministre de l’Instruction publique ; imputation dont il se défend comme un beau diable dans l’Histoire d’un Crime. […] D’aucuns, parmi ces jeunes gens, voulaient plus de profondeur, d’intellectualité, dans la poésie, et ceux-là relevaient surtout de Stéphane Mallarmé, l’esprit pur dans la forme impeccable, d’autres s’avisèrent d’admettre la naïveté, l’expansion de l’humble artiste qui vous parle ; tous, pour la plupart, s’efforçant en outre, vers de plus libres espaces, rime et rhythmes libres, comme ils le pensaient avec cette bonne foi exquise qui persuaderait, presque, émanant de jeunes âmes et de cœurs neufs !
Nous ne pouvons admettre la croyance en Dieu, sans supposer qu’il dirige le Sort dans son action sur l’homme ; nous ne pouvons donc considérer ce Sort comme une puissance aveugle : reste à considérer si Celui qui la gouverne a donné la liberté à l’homme pour s’y soumettre ou s’y soustraire. […] Sans doute cet argument aussi peut être admis, mais comme il est impossible de considérer l’homme qui se tue du même œil qu’un assassin, le véritable point de vue de cette question, c’est que le bonheur n’étant pas le but de la vie humaine, l’homme doit tendre au perfectionnement et considérer ses devoirs comme n’ayant rien à démêler avec ses souffrances. […] Deux êtres qu’on dit estimables, admettent la religion en tiers de l’acte le plus sanguinaire !
. — Ils protestent : l’Institut n’admet point de wagnérisme ! […] Il admit la doctrine suivant laquelle la Volonté, substance intime de l’Univers, devenait, en l’homme, la volonté, funeste, de vivre, et supposait le monde sensible, le monde de la Représentation, formé d’individus isolés, avec la lutte pour loi. […] Et vous dites que vous n’admettez aucune convention !