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873. (1887) Essais sur l’école romantique

Dans ce temps-là, du moins, un homme pouvait marcher du berceau à la tombe, d’un pas ferme et sûr, sans trébucher, sans hésiter entre mille chemins ; une main visible, au nom d’un pouvoir invisible, le menait à travers toutes les vicissitudes de la vie sociale, soldat, artiste, ouvrier, confesseur, l’œil fixé sur l’Église, hors de laquelle on disait : « Point de salut », c’est-à-dire point d’avenir. Il n’y avait pas que les vieilles femmes qui sussent où elles allaient ; les hommes de génie, les docteurs qui ricanent aujourd’hui de leurs habitudes superstitieuses, leur disputaient alors les dalles des églises. […] Il demandait des prisons, des cachots, des églises souterraines tendues de deuil, tout un Paris du moyen âge, des places publiques de Londres, la Tamise, la Seine, des illuminations à l’italienne, des bourreaux rouges dans le lointain, des cloches sonnant matines ou minuit, selon le cas : on lui a tout donné. […] On refait avec de l’érudition, avec de belles quêteuses, avec des églises chauffées au calorifère et tapissées, avec des prédicateurs beaux esprits, qui prêchent la morale et glissent sur le dogme, que sais-je ? avec des échanges réciproques de décors entre l’église et l’Opéra, une sorte de néo-christianisme, sans pouvoir temporel, sans sacerdoce et sans pape : M. 

874. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Ce chef-d’œuvre enseigne comment le génie poétique sait voir et revêtir la nudité des choses que dépouilla de leurs ornements la triste orthodoxie des saints et des pères de l’église. […] Le projet conçu par les deux monstres caractérise emblématiquement l’audace de l’imposture offerte aux peuples sous l’apparence de la vraie piété ; et l’artifice qu’ils mettent en jeu sépare entièrement celle-ci de la complicité des crimes que l’église sanctifie en son honneur. […] « Alors au nom de tous un des vieillards s’écrie : « L’église fait les rois, les absout, les châtie ; « En nous est cette église, en nous seuls est la loi. […] « Soudain elle s’envole, et d’église en église « Annonce aux factieux cette grande entreprise. […] Le chimérique ne saurait briller d’un plus vif éclat qu’en cette fiction mystique, et je défie les Isaïes, et tous les pères de l’église dans leurs plus véritables extases, d’avoir rien vu de si resplendissant.

875. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Le principe de non-intervention dans les affaires d’État ou d’Église allait un peu loin, et certain scepticisme supérieur vengeait la raison in petto, mais ne sauvait pas les victimes. […] De même dans le Jardin de Bérénice Barrès explique que traiter de voleur un concurrent aux élections, cela veut dire qu’on réprouve ses vues sur la réforme fiscale ou les rapports de l’Église et de l’État. […] D’ailleurs l’Église revendiquait la liberté pour elle seule, non certes pour les dissidents, et les féodaux tenaient à leur honneur, mais ne respectaient guère celui de leurs vassaux ni de leurs vassales. […] Sur les bienfaits de l’Église au Moyen Âge, Taine s’exprime avec une faveur partiale qui a inspiré une critique remarquable de F.  […] Cela lui paraît rationnel, et il se croit rationaliste : il l’est même effectivement dans une certaine mesure et sur certains points, par exemple dans sa polémique contre la religion et l’église orthodoxe, ou plus généralement contre tous les dogmes et toutes les églises.

876. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Bersot21 appelle magnifiquement « l’Église invisible », « le petit nombre d’élus qui met le prix aux ouvrages et forme le jugement éternel !  […] Tandis que vous, petite église fermée et superbe, vous perpétuez l’ignorance, vous répétez l’erreur, vous confirmez et consacrez l’injustice. […] De Littré, savant modeste et scrupuleux, simple vulgarisateur, en philosophie, d’une partie de la pensée d’Auguste Comte, on fit une espèce de « libertin » malgré lui et d’épouvantail de l’Église. […] Le culte d’Amiel, qui a aussi sa petite église, date d’un chaleureux article de Seherer dans le Temps ; malgré l’opposition hargneuse d’un critique, le penseur suisse a été reçu d’emblée dans la littérature française ; Renan lui a donné un sourire, et M.  […] Mais sur cette sainte on ne possède aucun document, et pour cause : durant les premiers siècles du christianisme, on figurait souvent, dans les églises, une tête de Christ peinte sur une draperie que tenait déployée une femme, symbole de la Foi.

877. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Donc, après Pertharite, Corneille était très dévot, et même d’une pratique minutieuse ; d’ailleurs marguillier de sa paroisse, l’église de Saint-Sauveur à Rouen. […] Le Cid a un neveu, le très jeune Rodrigue, que sa mère mourante a voué à l’Eglise et qui a été élevé dans un couvent. […] Il se rend à l’église, sonne la cloche, et se met en prières. […] La montagne qui dominait l’église s’est éboulée ; mais, sur le point d’écraser l’humble temple, l’énorme avalanche se détourne brusquement… Miracle ? […] Il avoue sa lâcheté, et que, la veille, poursuivi à coups de pierres et s’étant réfugié dans une église, il s’est laissé baptiser, craignant la mort.

878. (1908) Jean Racine pp. 1-325

Mais il ne la voyait qu’à l’église. […] (L’Église, qui alors pénétrait tout, rend les destinées et les âmes plus pittoresques.) […] En attendant il part en guerre contre la « fausse Église des jansénistes ». […] Dans cette page, d’ailleurs, Nicole n’exprimait rien de nouveau : il rappelait simplement l’éternelle doctrine de l’Église. […] Pour la donner à l’Église, il a fallu renverser tout un grand royaume.

879. (1896) La vie et les livres. Troisième série pp. 1-336

Il a fréquenté, tout jeune, les archives, les vieilles armures et les églises vénérables. […] Il aimait à sa façon les liturgies de l’Église catholique romaine. […] Il va dans les musées comme d’autres vont aux églises. […] Je voudrais, le jour de la cérémonie, en descendant de l’église, le voir foudroyé à mes pieds. […] Voilà un peuple où les universités ‘vivent en paix avec les Églises, où la pédagogie rationnelle n’est pas nécessairement irréligieuse, où M. 

880. (1922) Nouvelles pages de critique et de doctrine. Tome I

La rébellion contre des sentences individuelles les a précipités à la rébellion contre l’Église même, puis à l’hérésie. […] Pour la première fois Maxence se rend compte qu’encore aujourd’hui, la France, en présence de l’Afrique, c’est l’Église en présence de l’Islam, la Croix dressée en face du Croissant. […] Il s’appliquait mal au thème traité par le philosophe qui annonçait, voici près d’un siècle, l’agonie de l’Église. […] Cette église c’était la sienne, depuis trois quarts de siècle, puisqu’il était né à quelques pas, dans la maison de la rue Garancière où s’écoula toute sa vie. […] Quelques jours avant la bataille de la Somme, Augustin Cochin lui servait de témoin pour mettre en accord par un mariage à l’église son foyer de hasard et ses nouvelles idées.

881. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Elle s’exagère, elle poursuit les ornements, elle oublie l’ensemble pour les détails, elle lance ses clochers à des hauteurs démesurées, elle festonne ses églises de dais, de pinacles, de trèfles en pignons, de galeries à jour : « Son unique souci est de monter toujours, de revêtir l’édifice sacré d’une éblouissante parure qui le fait ressembler à une fiancée178. » Devant cette merveilleuse dentelle, quelle émotion peut-on avoir sinon l’étonnement agréable ? […] Chaucer est transporté en songe dans un temple de verre185 où sur les murs sont figurées en or toutes les légendes d’Ovide et de Virgile, défilé infini de personnages et d’habits, semblable à celui qui sur les vitraux des églises occupe alors les yeux des fidèles. […] Il se lève courtoisement et va la saluer de grande affection. « Il la presse dans ses bras bien étroitement et doucement la baise, et gazouille comme un moineau avec ses lèvres. » Puis de son ton le plus bénin, avec des inflexions de voix caressantes, il la complimente. « Grâces soient rendues à Dieu qui vous a donné l’âme et la vie, je n’ai point vu aujourd’hui à l’église de si belle femme que vous, Dieu me sauve ! 

882. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIe entretien. L’homme de lettres »

Voyez comme l’esprit de parti aveugle les hommes, et leur fait méconnaître jusqu’aux faits qui sont sous leurs yeux: non-seulement cet hommage rendu à la Divinité existe au frontispice des anciennes églises qui servent aujourd’hui à rassembler les citoyens ; mais il est à la tête même de notre Constitution ; il en est le début, le témoignage, la sanction sacrée, c’est sous ses auspices qu’elle est faite. « Le peuple français, y est-il dit, proclame, en présence de l’Être suprême, la déclaration des droits et des devoirs de l’homme et du citoyen. » La classe des sciences morales et politiques rougirait-elle de terminer un rapport sur ces mêmes droits et ces mêmes devoirs, par un hommage dont l’Assemblée nationale s’est honorée à la tête de la Constitution ? […] En effet, il regarda quelque temps dans la plaine l’église des Pamplemousses avec ses longues avenues de bambous, et il fil quelques mouvements comme pour y retourner ; mais il s’enfonça brusquement dans la forêt, en dirigeant toujours sa route vers le nord. […] De ces hauteurs situées vers le milieu de l’île, et entourées de grands bois, on n’apercevait ni la mer, ni le Port-Louis, ni l’église des Pamplemousses, ni rien qui pût rappeler à Paul le souvenir de Virginie.

883. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Ces molla nous écrivaient le nom des quartiers, des rues, des églises, des bâtiments publics, des palais et principaux édifices, avec le nom et les emplois de ceux qui les avaient construits, et qui y demeuraient, les antiquités et les fondations, la police des tribunaux, l’ordre qu’on tient dans les registres et dans les comptes de l’État. […] Cette rente appartient à l’Église. […] Elle a été faite par Abas le Grand ; et, comme le fonds est un bien d’Église, le prince en prit un bail perpétuel à deux cents tomans de rente annuelle, qui font neuf mille francs.

884. (1899) Musiciens et philosophes pp. 3-371

Opposée à tous les dogmes des Églises chrétiennes, elle ne se fonde sur aucune croyance au surnaturel ; elle n’interdit pas ces croyances, elle s’en désintéresse, n’ayant en vue que le bonheur terrestre des hommes par leur vie en commun rationnellement ordonnée, dans l’union et la paix de tous. […] Cette musique a déjà surmonté le monde, parce qu’elle a surmonté l’Église, les nationalités et le contrepoint. […] Le moyen âge a connu un art musical profondément expressif, de tout point adéquat par son caractère tantôt sombre, tantôt étrangement émouvant, au mysticisme tour à tour exalté et attendri des âges médiévaux ; cette musique, c’est le plain-chant et toute l’hymnodie de l’Église catholique. […] La gamme des Hébreux et des anciens Hellènes était tout autrement constituée que nos deux échelles, majeure et mineure ; et nos propres ancêtres, au moyen âge, usaient de successions tonales, — les fameux tons d’église, — qui paraissent étranges à nos oreilles habituées au majeur et au mineur. […] Richard Wagner, conseiller supérieur d’église.”

885. (1925) Promenades philosophiques. Troisième série

Anglicans, capucins ou jésuites, ils ont dû se résigner à des temples ou des églises à compartiments. […] Nos églises ont leurs parias ; je ne vois guère, à nos saintes tables mondaines, la pauvresse en haillons venir s’agenouiller près de l’élégante grande dame. […] Huysmans prétendait avoir lu sur un écriteau, à une porte de l’église Saint-Leu : les pauvres n’entrent pas ici. […] Le plus souvent on s’arrêtait à ce dernier chiffre, âge de raison, dit l’Eglise, qui ne met jamais trop tôt ; à son gré, la main sur les consciences et sur les volontés. […] J’ai connu un athée qui voulait aller dans une église, le soir, échanger des serments avec sa maîtresse ; elle refusa par scrupule.

886. (1892) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Cinquième série « Quelques « billets du matin. » »

En continuant ma promenade, j’ai passé devant l’église de Suresnes, et les chants qui en sortaient m’ont averti que c’était la Fête-Dieu. […] Bien qu’il ne soit qu’un mécréant, chaque fois que vous entrez à l’église, il est là, derrière votre chaise, et pendant que vous priez, vous sentez son regard sur votre nuque penchée… Cela dure depuis huit ou dix mois. […] L’an dernier, j’avais passé toute mon après-midi à parcourir Montmartre, depuis l’église du Sacré-Cœur, qui ressemble, inachevée, à une massive forteresse byzantine, jusqu’aux jolies ruelles bordées de jardinets, qu’on découvre sur l’autre versant de la colline. […] Si j’en juge d’après ce portrait (car je n’ai jamais eu l’honneur de vous rencontrer), vous avez bien plutôt cet air spécial de réserve, de circonspection, de modestie et de gravité qu’on remarque, dans les églises, chez les personnes recommandables préposées à l’entretien des autels et des ornements sacerdotaux. […] Il songe avec épouvante que, « si l’Empire avait duré, si Mgr Darboy avait vécu, l’Église de France se serait trouvée, une fois encore et malgré le concile, sous la domination d’un semi-gallicanisme pratique, parlementaire et régulier ».

887. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

croyez-vous que s’il faisoit maintenant la discussion des oeuvres du grand nombre qui est dans cette église, il trouvât seulement dix justes parmi nous ? […] Godeau a fait sur ce modele les fastes de l’église, mais avec moins de succès, la religion des romains payens étant plus propre à la poésie que celle des chrétiens ; à quoi on peut ajoûter qu’Ovide étoit un meilleur poëte que Godeau. […] Les églises & les couvens en Italie ont la même franchise, & ne l’ont point dans les autres états. […] Ils briserent toutes les statues qu’ils trouverent à Constantinople dans sainte Sophie, dans l’église des saints Apôtres, & dans d’autres qu’ils convertirent en mosquées. […] Les Iconoclastes, & les Protestans ont fait le même reproche d’idolâtrie à l’Eglise ; & on leur a fait la même réponse.

888. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIe entretien. Phidias, par Louis de Ronchaud (2e partie) » pp. 241-331

J’avais vu à Rome, dans l’église de Saint-Pierre, le tombeau du pape ; les deux lions au repos, symbole de la force, et le Génie de la Mort, le plus bel adolescent qui soit sorti du marbre ; j’avais vu ce groupe, d’une tristesse sereine et lumineuse comme la mélancolie de l’espérance, éclairé par la coupole de Saint-Pierre de rayons de soleil du matin qui semblaient faire palpiter les chairs et frissonner la peau du marbre de la douce tiédeur de l’aurore. […] Aux temples massifs, disproportionnés, aux sanctuaires mystérieux de l’Égypte et de l’Asie ancienne où se cachent des idoles bizarres et qu’environnent des colosses monstrueux ; aux églises où le Dieu pur esprit plane invisible sous les voûtes élevées, la Grèce oppose les demeures élégantes et joyeuses, tout éclatantes de beauté et de lumière, de ses dieux à figure humaine, comme elle oppose son génie philosophique et moral au génie symbolique et religieux de l’antique Orient et aux mystiques élans de la pensée chrétienne.

889. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre III. La poésie romantique »

Lisons l’Isolement : une montagne, un vieux chêne, un fleuve, un lac, des bois, une église gothique, un crépuscule, un angélus, où situer tout cela dans l’univers ? […] Mais les musées, les églises l’attirent autant que la nature ; il rapportera d’Espagne des paysages admirablement nets et objectifs, mais aussi de curieuses impressions d’art, des copies, à sa manière, de Ribera, de Valdès Leal, de Zurbaran785.

890. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre deuxième »

Enyoyé d’abord à Venise avec cinq chevaliers, pour demander des vaisseaux à la république, ce fut lui qui porta la parole devant le doge dans l’église Saint-Marc, et qui décida le traité entre Venise et les croisés. […] Quelques jours après il se confessa, ceignit l’écharpe et le bourdon de pèlerin, fit un pèlerinage pieds nus aux églises voisines et quand il fallut repasser devant le château de Joinville où il laissait sa femme et ses enfants, « Je ne vox (voulus), dit-il, onques retourner mes yex vers Joinville, pourceque le cuer ne me attendrist dubiau chastel que je lessoie, et de mes deux enfants. » Cette tendresse paternelle, ce regret pour le biau chastel, sont plus d’un homme pacifique que d’un guerrier ; voilà des sentiments délicats qu’il ne faut pas chercher dans les mémoires ni sous l’armure de fer, qui recouvrait le cœur de Villehardouin.

891. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre cinquième. De l’influence de certaines institutions sur le perfectionnement de l’esprit français et sur la langue. »

Son ardeur pour la persécution et la disgrâce, cette vie de cachettes et de fuites, l’exil où il emportait la liberté d’écrire, préféré au silence dans la patrie ; ce mépris du repos, cette vieillesse toujours prête à combattre, cette soif de tout ce qui pouvait, dans ce temps-là, lui tenir lieu du martyre de la primitive Église, voilà des traits qui auraient dû laisser quelques marques dans ses ouvrages. […] Il dit de saint Charles Borromée : « Dieu l’autorisa… par son illustre naissance parmi les honnêtes gens du monde, par sa dignité de cardinal parmi les ecclésiastiques et les princes, par ses grandes richesses parmi les pauvres, par sa haute piété parmi les bons, par ses humiliations parmi les pécheurs… » Et plus loin : « Il lui donna une force d’esprit extraordinaire pour entreprendre de graves choses ; une constance immobile pour les exécuter et les achever ; une charité ardente et généreuse pour marcher sans crainte parmi la peste, parmi les torrents ; une vigueur de corps infatigable pour visiter incessamment son diocèse ; une humilité de pénitent public pour confondre l’impénitence publique ; enfin, toutes les qualités divines et héroïques nécessaires à un évêque pour réformer les désordres de l’Église, et pour abolir cet abus si déplorable des confessions imparfaites, des absolutions précipitées, des satisfactions vaines, et des communions sacrilèges. » 70.

892. (1890) L’avenir de la science « X » pp. 225-238

Il est simple assurément, simple comme une pyramide, ce plan de Bossuet : commandement d’un côté, obéissance de l’autre ; Dieu et l’homme, le roi et le sujet, l’Église et le croyant. […] J’admire profondément les vieux monuments religieux du Moyen Âge ; mais je n’éprouve qu’un sentiment très pénible devant ces modernes églises gothiques, bâties par un architecte en redingote, rajustant des fragments de dessins empruntés aux vieux temples.

893. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Introduction, où l’on traite principalement des sources de cette histoire. »

C’est alors que les idées religieuses des races groupées autour de la Méditerranée se modifient profondément ; que les cultes orientaux prennent partout le dessus ; que le christianisme, devenu une église très nombreuse, oublie totalement ses rêves millénaires, brise ses dernières attaches avec le judaïsme et passe tout entier dans le monde grec et latin. […] Je serai satisfait si, après avoir écrit la vie de Jésus, il m’est donné de raconter comme je l’entends l’histoire des apôtres, l’état de la conscience chrétienne durant les semaines qui suivirent la mort de Jésus, la formation du cycle légendaire de la résurrection, les premiers actes de l’église de Jérusalem, la vie de saint Paul, la crise du temps de Néron, l’apparition de l’Apocalypse, la ruine de Jérusalem, la fondation des chrétientés hébraïques de la Batanée, la rédaction des évangiles, l’origine des grandes écoles de l’Asie-Mineure, issues de Jean.

894. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Année 1882 Dimanche 1er janvier Passé la journée d’hier, moitié à l’église, moitié au cimetière, parmi les noires tentures et les tristesses des musiques de la mort. […] Puis l’homme qui a été spirituel, impartial, éclectique, se met à plaider l’équité de la dépossession des actionnaires de l’Église de Montmartre, avec des subtilités de scolastique moyennageuse.

895. (1856) Cours familier de littérature. I « Ier entretien » pp. 5-78

Ces trois chaires, rapprochées les unes des autres comme des stalles dans un chœur d’église, forment une façade semi-circulaire qui regarde l’orient ; en sorte que les bergers ou les chasseurs fatigués qui s’y placent et qui s’y assoient, pour se reposer à l’abri du vent, peuvent se voir obliquement les uns presque vis-à-vis des autres, et s’entretenir même à voix basse, sans que le mouvement de l’air dans ces hauts lieux emporte leurs paroles préservées du vent. […] Je n’ai jamais revu depuis, pendant un grand nombre d’années, cette plus jeune des deux sœurs, jusqu’au jour où on porta son cercueil blanc de l’église au cimetière du village, sans autre cortège qu’une chèvre blanche qui bêlait autour des porteurs, et qui gambadait avec son chevreau sur le monticule de terre fraîche tiré de la fosse.

896. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Par son cri d’alarme, il fait bien sentir le danger où fut à une certaine heure la France de se réveiller toute calviniste, au moins par la tête, c’est-à-dire à la Cour, dans les classes élevées et même dans la haute bourgeoisie ; car il y eut un moment de mode presque universelle pour la nouvelle religion ; la jeunesse parlementaire en était plus ou moins atteinte : « Il n’était fils de bonne mère, dit Montluc, qui n’en voulût goûter. » Montluc ne fait point la part de la conviction et de la conscience chez bon nombre de ses adversaires ; mais chez les chefs et les grands il fait très bien la part des motifs ambitieux et intéressés : « Si la reine (Catherine de Médicis) et M. l’amiral (de Coligny) étaient en un cabinet, et que feu M. le prince de Condé et M. de Guise y fussent aussi, je leur ferais confesser qu’autre chose que la religion les a mus à faire entretuer trois cent mille hommes, et je ne sais si nous sommes au bout… » Homme d’autorité et royaliste de vieille roche, il met bien à nu et dénonce l’esprit républicain primitif des Églises réformées et leur dessein exprès de former un État dans l’État.

897. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Mémoires du duc de Luynes sur la Cour de Louis XV, publiés par MM. L. Dussieux et E. Soulié. » pp. 369-384

Sur le cérémonial de Louis XV, sur les questions de révérences, de tabourets, de pliants, de carreaux, qui reviennent à tous moments, — sur le droit que prétendent avoir les ducs d’avoir à l’église des carreaux, non pas devant le roi, mais derrière ; — sur tout cela, je passe.

898. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Le lendemain, c’était la princesse Zénaïde Wolkonski, toute catholique et propagandiste, toute chrétienne comme l’autre était tout païen, ayant à raconter des œuvres merveilleuses, couronnées de bénédictions surnaturelles : était-ce l’âge d’or des trois premiers siècles de l’Église qui recommençait ?

899. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 64-81

« Il a pris la parole : des restes de cette voix usée à déclamer des réquisitoires, qui passe sur les idées avec l’aisance et la mélodie d’une scie édentée, il a proposé dans l’intérêt de l’Église une chose bien simple, un court article additionnel, etc… » Et cet autre plus agréable, ce garde des sceaux en fonction, mais qui évite tant qu’il peut les batailles rangées, il n’attrape qu’un mot, mais le mot est bon : « Son premier soin a été naturellement de rapetisser le débat pour le mieux remplir. » (M. 

900. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Campagnes de la Révolution Française. Dans les Pyrénées-Orientales (1793-1795) »

Puycerda, évacué par les troupes ennemies, reçoit avec joie les Français : « Pour reconnaître ce bon accueil, pour discréditer, autant que possible, les calomnies que les moines espagnols ne cessaient d’exhaler contre nous, et donner en même temps aux Catalans un gage de notre respect pour le culte catholique, le premier soin du représentant fut d’aller, accompagné du général d’Arbonneau, à l’église principale, rendre grâces à Dieu du succès de nos armes. » Honneur à ce représentant Cassanyes pour cet acte de civilisation et de bon sens !

901. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite et fin.) »

Dès le commencement, avec les Bardes anglais et les Critiques écossais ; il blessa les meilleurs écrivains… Loin de reculer, dans son ouvrage suivant il continue son opposition et ses blâmes, il touche l’État et l’Église.

902. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite et fin.) »

Figurons-nous bien, car c’est le devoir de la critique de se déplacer ainsi à tout moment et de mettre chaque fois sa lorgnette au point, — figurons-nous donc, non pas seulement dans la salle de l’hôpital de la Trinité à Paris (cette salle me semble trop étroite), mais dans une des places publiques d’une de ces villes considérables, Angers ou Valenciennes, devant la cathédrale ou quelque autre église, un échafaud dressé, recouvert et orné de tapisseries et de tentures magnifiques, et tout alentour une foule avide et béante ; des centaines d’acteurs de la connaissance des spectateurs, jouant la plupart au vrai dans des rôles de leur métier ou de leur profession : des prêtres faisant ou Dieu le Père ou les Saints ; des charpentiers faisant saint Joseph ou saint Thomas ; des fils de famille dans les rôles plus distingués, et quelques-uns de ces acteurs sans nul doute décelant des qualités naturelles pour le théâtre ; figurons-nous dans ce sujet émouvant et populaire, cru et vénéré de tous, une suite de scènes comme celles que je ne puis qu’indiquer : — le dîner de saint Matthieu le financier, qui fait les honneurs de son hôtel à Jésus et à ses apôtres, dîner copieux et fin, où l’on ne s’assoit qu’après avoir dit tout haut le bénédicité, où les gais propos n’en circulent pas moins à la ronde, où l’un des apôtres loue la chère, et l’autre le vin ; — pendant ce temps-là, les murmures des Juifs et des Pharisiens dans la rue et à la porte ; — puis les noces de Cana chez Architriclin, espèce de traiteur en vogue, faisant noces et festins, une vraie noce du xve  siècle ; — oh !

903. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Souvenirs d’un diplomate. La Pologne (1811-1813), par le baron Bignon. »

M. de Pradt eût pu atteindre son but avec un peu plus de modération et de prudence dans ses discours, et sous un règne moins contraire aux gens d’Église et moins porté à choisir pour les places les plus élevées des instruments aveuglément soumis. » Nous ne saurions admettre un tel portrait flatté du spirituel et loquace abbé, nous qui vivons depuis assez longtemps pour l’avoir rencontré, à notre tour, et pour l’avoir entendu dans sa vieillesse.

904. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les cinq derniers mois de la vie de Racine »

Mais la réflexion que vous faites, monsieur, sur cette belle circonstance de l’histoire de ces anciens enfants des Saints, convient tout à fait à la haute idée qu’une religion aussi éclairée que la vôtre donne de l’image de Dieu qui est dans l’homme, et de l’alliance que Jésus-Christ a élevée à ia dignité de sacrement… » Et il prenait de là occasion pour citer, à son tour, plus d’une parole de l’Écriture se rapportant à l’union mystique du Verbe avec la nature humaine et du Sauveur avec son Église, toutes choses divines dont le mariage humain, en tant que sacrement, n’est que l’ombre et la figure.

905. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le comte de Clermont et sa cour, par M. Jules Cousin. (Suite et fin.) »

. — Mélange peu relevé d’homme d’Église, d’homme de guerre, d’homme de plaisir et finalement de dévot ; au demeurant, fort bonhomme, mais un Condé dégénéré.

906. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. BRIZEUX (Les Ternaires, livre lyrique.) » pp. 256-275

Un autre jour, le poëte, errant dans Rome, vient à découvrir qu’une église y est dédiée au pauvre évêque breton, à Malo, sous le nom italien de saint Mauto, et dès ce moment, pendant bien des journées, il ne pense plus qu’à son patron chéri ; si Saint-Pierre est, un soir, illuminé en l’honneur de quelque saint inconnu, il se dit que c’est pour le sien ; et, tout fier d’avoir signalé la basilique cachée, il s’écrie : Patron des voyageurs, les fils de ton rivage, Venus à ce milieu de l’univers chrétien, Connaîtront désormais ton nom italien, Et tu seras un but dans leur pèlerinage.

907. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre II. Le mouvement romantique »

Le classique s’inquiète de sa destinée à l’église, ou bien en lisant ou faisant un sermon ; le romantique mêle cette inquiétude dans tous ses actes (d’où il perd vite la faculté d’agir), et ne peut exprimer aucune pensée qui ne la contienne (d’où la pente rapide vers le lyrisme).

908. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « (Chroniqueurs parisiens III) Henri Rochefort »

Les apôtres de la primitive Église pratiquaient peu le calembour, et je conçois mal Spartacus vaudevilliste.

909. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIX. Cause et loi essentielles des variations du gout littéraire » pp. 484-497

C’est un siècle calme, ordonné, conservateur, où la pensée et la société se reposent sous le joug multiple de l’Etat, de l’Eglise, des Académies, des traditions, des convenances et des règles de toute espèce.

910. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre XI. Quelques philosophes »

Il sait que tout mouvement libre offense les critiques, prêtres de l’immobilité ou porteurs du manipule de foin que suivent toujours, salive à la bouche, les légions, les centuries et les décuries littéraires : « Jadis un homme se levait, bouclier de la foi, contre les nouveautés, contre les hérésies, le Jésuite ; aujourd’hui, champion de la règle, trop souvent se dresse le Professeur. » Mais « la diabolique intelligence rit des exorcismes, et l’eau bénite de l’Université n’a jamais pu la stériliser, non plus que celle de l’Église ».

911. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le cardinal de Retz. (Mémoires, édition Champollion.) » pp. 238-254

La cause finale est selon la formule : Car ainsi l’ont promis et juré ledit seigneur Parlement et ladite dame Ville de Paris sur les saintes Évangiles, devant l’église de Notre-Dame, au mois de janvier l’an mil six cent quarante-neuf, et ont signé.

912. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Pensées de Pascal. Édition nouvelle avec notes et commentaires, par M. E. Havet. » pp. 523-539

Pascal, contrairement à Bossuet, se prend aussi d’affection pour les petites églises, pour les petits troupeaux réservés d’élus, ce qui mène à la secte : « J’aime, dit-il, les adorateurs inconnus au monde et aux prophètes mêmes. » Mais, à côté et au travers de ces duretés et de ces aspérités du chemin, que de paroles perçantes !

913. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Querelles générales, ou querelles sur de grands sujets. — Seconde Partie. De l’Éloquence. — Éloquence de la chaire. » pp. 205-232

Cependant qu’on se transporte à Londres, je ne dis pas dans les assemblées des Quakers, qui parlent tous par inspiration, mais dans les églises nationales, dans celles de la religion dominante, & l’on verra leurs prédicateurs lire leurs sermons.

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