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64. (1912) Le vers libre pp. 5-41

Mais s’ils avaient cherché à analyser le vers classique, avant de se précipiter sur n’importe quel moyen de le varier, ils eussent vu que dans le distique : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel, Je viens selon l’usage antique et solennel le premier vers se compose de deux vers de six pieds dont le premier est un vers blanc Oui, je viens dans son temple et dont l’autre Oui, je viens dans son temple                         adorer l’Éternel serait également blanc, si, par habitude, on n’était sûr de trouver la rime au vers suivant, c’est-à-dire au quatrième des vers de six pieds groupés en un distique. […] Ce que j’aurais à dire sur l’emploi des strophes fixes, soit les plus anciennes, et des strophes libres serait la répétition de ce que je viens d’énoncer à propos du vers fixe ; il est aussi inutile de s’astreindre au sonnet ou à la ballade traditionnels que de s’astreindre aux divisions empiriques du vers. […] Des mélodies furent chantées par le compositeur Michel-Maurice Lévy, poèmes et mélodies accompagnées de quelques commentaires inutiles à publier ici, Puis vint la conclusion de la conférence. […] Roinard, et tant d’autres, — bref les premiers en date de toute la belle pléiade de poètes du Mercure de France, cette Revue qui a commencé presque comme la Vogue, qui a grandi comme la Revue des Deux-Mondes et qui enfin vient d’entrer un peu à l’Académie Française. […] D’autres encore viendront qui apporteront, qui doivent apporter du neuf, qui doivent servir la cause de la liberté esthétique, et nous les attendons, et certes je ne serai pas le dernier à m’en réjouir !

65. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

J’ai vu tel lui venir communiquer d’un fait d’importance, duquel il n’avait en sa vie ouï parler, qui s’en retournait avec une opinion que quelque autre déjà en avait fait ouverture. […] Tout s’y vient ranger successivement dans les cadres et sous les titres de « Justice », « Ordre public », « Finances », « Agriculture », « Manufactures », « Routes et canaux », « Colonies », « Littérature », « Beaux-Arts », etc., etc. […] Échos de la Ligue, échos de La Rochelle, il nous en vient encore après plus de deux siècles. […] Si on demande d’où venait cet extrême regret, la réponse est prompte : De l’amour… Ces torrents de larmes inondèrent toute la campagne. […] Ce regret venait du soin que ce prince avait eu de les faire vivre en paix37.

66. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Théophile Gautier. »

Il vint dès son bas âge à Paris, j’allais dire il y revint, tant il en est. […] D’où venait ce goût de raffinement presque inné ? […] Victor Hugo n’y devait venir habiter au n° 6 que deux ou trois ans plus tard. […] D’où lui vient ce malheur, cette monstruosité morale ? […] Le Christ, pour lui, n’est pas venu et n’est pas mort.

67. (1909) Nos femmes de lettres pp. -238

Combien d’illustres exemples viennent réconforter sa doctrine ! […] Que l’empreinte venait d’elle… Mais la femme n’a-t-elle pas fait son aveu ? […] J’en sais qui viendront le taxer de sécheresse. […] Voici donc une âme qui vint à la lumière du jour deux mille ans trop tard ! […] Des imaginations bizarres, coupables peut-être, lui venaient.

68. (1912) L’art de lire « Chapitre XI. Épilogue »

Mais pour ceux qui sont entre les deux extrêmes, et c’est le cas, je pense, de la plupart d’entre nous, le livre, ce petit meuble de l’intelligence, ce petit instrument à mettre en activité notre entendement, ce moteur de l’esprit qui vient au secours de notre paresse et plus souvent de notre insuffisance, et qui nous donne la délicieuse jouissance de croire que nous pensons, alors que nous ne pensons peut-être pas du tout, le livre est un ami précieux et bien cher. […] Elle conduit au bonheur, parce qu’elle conduit à la sagesse et elle conduit à la sagesse parce qu’elle en vient et que c’est son pays même, ou naturellement elle aime à mener ses amis. […] La cinquantaine venue, il vendit son étude et se retira, mais non pas au bord d’un cours d’eau et pour y cultiver les fleurs ; il se retira à la Bibliothèque nationale. […] Je le félicitai, en lui recommandant de ne pas se faire d’amis, la Bibliothèque nationale regorgeant d’aimables causeurs qui semblent ne pas aimer la lecture des autres et qui se relayent pour vous empêcher de prendre connaissance du livre que vous venez d’ouvrir. Il me répondit qu’il avait sa méthode, et que, dès qu’un de ceux pour qui la salle de lecture est une salle de conversation venait s’accouder à son fauteuil, il s’endormait immédiatement, ce qui, dans une salle de lecture, comme à un cours public, est dans les moeurs, ne peut froisser personne et n’a pas besoin qu’on s’en excuse.

69. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Quelques documents inédits sur André Chénier »

Viens, mes Muses pour ta parure De leur soie immortelle et pure Versent un plus riche trésor. […] En tête donc se verrait, pour la première fois, le portrait d’André d’après le précieux tableau que possède M. de Cailleux, et qu’il vient, dit-on, de faire graver, pour en assurer l’image unique aux amis du poëte. […] Que ne vient-il vers moi ? […] Son Bacchus, Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée ! […] Toute édition d’écrits posthumes et inachevés est une espèce de toilette qui a demandé quelques épingles : prenez garde de venir épiloguer après coup là-dessus.

70. (1913) La Fontaine « VIII. Ses fables — conclusions. »

La différence, entre sa vie et la fable qu’il faisait, c’est que la fortune n’est jamais venue le chercher. […] Car où en veut venir l’auteur ? […] C’est tout à fait une jouissance de la nature que vient nous peindre La Fontaine. […] Les blés sont mûrs, on vient les voir. […] Mauvaise graine est tôt venue.

71. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Sans doute, et nous le savons assez, il ne triait pas beaucoup dans ce qui venait à sa connaissance, il prenait un peu de toutes mains. […] Froissart va jusqu’à mi-chemin ; il est de son siècle pourtant et de sa robe, et, si l’on surprend parfois chez lui un sourire, l’idée ne lui vient jamais de s’émanciper. […] Il vient, avant que l’action commence, prier le prince de Galles, au nom de ses bons et loyaux services passés, de lui octroyer cette grâce d’être le premier à assaillir et à combattre. […] C’est alors que le prince de Galles et Jean Chandos montent à cheval et s’élancent du vignoble retranché, sentant que le moment décisif est venu : « Sire, dit Jean Chandos au prince, Sire, chevauchez avant ; la journée est vôtre. […] Derrière et à quelque intervalle du corps des maréchaux, également à cheval, dans la même direction venait pour les appuyer la bataille des Allemands ou du connétable.

72. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

Câdir étant mort de mort tragique, le Cid, sous couleur de le venger, se mit en guerre contre le gouvernement de Valence et vint assiéger la ville. […] Le comte tué, et ses deux fils faits prisonniers par Rodrigue, les trois filles du comte qui sont encore à marier, l’aînée Elvire Gomez, la cadette Aldonsa, et la plus jeune Chimène, revêtent des vêtements de deuil, sortent de Gormaz et viennent à Bivar en suppliantes : « Don Diègue les vit venir, et il sort à leur rencontre. « D’où sont ces nonnains qui me viennent demander quelque chose ?  […] Mais les frères, une fois dehors, ne pensent qu’à se venger, et ils projettent de venir brûler nuitamment dans le château de Bivar ceux qui leur ont rendu la liberté. […] A vous qui êtes roi je viens porter plainte. […] Et si par aventure le roi vient à me tuer, vous et vos oncles me pourrez venger. » Alors Rodrigue dit : « Et il n’en sera point ainsi !

73. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

La baronne de Montlouis venait pour vendre une ferme au comte de Thommeray, et c’est son fils qu’elle va lui prendre. […] L’heure vient où la loi sociale atteint et punit ceux qui la transgressent. […] Le moment est venu pour M.  […] Merson est venu pour tenir le même emploi, dans la comédie de M.  […] L’émotion vient, au second acte, avec une des plus belles scènes de la pièce.

74. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Auguste Breuil, avocat, a obtenue des mains de leurs dignes héritiers pour la venir publier aujourd’hui. […] Même avant cette fin de la passion d’amitié, on la voit subir un échec, une variation assez sensible à mi-chemin environ, et sitôt qu’un premier sentiment d’amour s’est venu loger dans le cœur qui d’abord n’avait pas de partage. […] La petite vérole, avant qu’on en eût coupé le cours, venait d’ordinaire aux jeunes filles comme un symptôme à l’entrée de l’âge des émotions. […] Mais enfin elle ne plaisanta pas toujours, et c’est ce moment sérieux, attendri, pas très-violent jamais ni très-orageux, pourtant assez profond et assez embelli, que la Correspondance actuelle vient trahir. […] » D’où vient que ce baiser de feu apparaît tout d’un coup ici pour la première fois ?

75. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « La comtesse d’Albany par M. Saint-René Taillandier. »

Enfin l’abbesse vint à la grille lui déclarer que son épouse avait choisi cette maison pour asile, et qu’elle y restait sous la protection de Mme la grande-duchesse. […] Alfieri, qui la vint visiter au passage, ne la vit, en frémissant, que derrière une grille. […] On me reproche l’obscurité ; mais vienne la liberté, et je serai clair. » C’est un forgeron de poésie qu’Alfieri ; mais il y a des forgerons divins, et il en est un. […] Les réserves viendront après. […] Mais le jour viendra, troupe mal née et criminelle, que moi, retourné pourtant aux côtés de ma dame, je te ferai sentir si je suis poète ! 

76. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (1re partie) » pp. 413-491

Rentré à Turin, il obtient la permission de traverser les Alpes et de venir en France. […] Tant se hâter, tant s’essouffler, se bercer de toutes les folles illusions d’une imagination ardente, pour venir s’abîmer ainsi dans ce cloaque impur ! […] C’est de lui que me vint l’idée de mettre au théâtre la conjuration des Pazzi. […] Ils attendent, ils attendent encore, espérant qu’il va venir d’un instant à l’autre. […] Je m’imagine que vous viendrez avec Mme de Marzan et au surplus deux filles de chambre.

77. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff » pp. 237-315

D’où venez-vous donc ? […] D’où vous vient cette inquiétude ? […] — Il va venir. […]   « Moumou, Moumou, viens près de moi, viens près de ta maîtresse, lui dit la baruinia ; viens, ma petite. […] Tout l’escalier fut envahi par les nouveaux venus.

78. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1856 » pp. 121-159

Des choses autour de moi, que je connais, que j’ai vues et revues cent fois, me vient une insupportable sensation d’insipidité. […] Il vient d’hériter de 1 400 000 francs d’une vieille dame dont il était le filleul. […] Il semble qu’une main du passé ait tenu la pointe du graveur, et que mieux que la pierre du vieux Paris soit venu sur ces feuilles de papier. […] Le père de Barrière était joaillier de la Reine, et, un jour, une belle dame vint choisir chez son père des bijoux. […] Il y a de cela longtemps — Thiers avait 23 ans — et il venait souvent dîner chez Barrière, dans son petit appartement de la rue de Condé.

79. (1859) Critique. Portraits et caractères contemporains

Je ne crois pas que l’instant soit venu. […] Élisa est venue au monde un jour de printemps. […] Condamnée, on la vint prendre, la pauvre fille ! […] D’où vient le mal ? […] Il allait, il venait ; il venait, il allait !

80. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Charles Perrault. (Les Contes des fées, édition illustrée.) » pp. 255-274

Beaurain vint presque tous les jours deux fois au logis, le matin à huit heures jusqu’à onze, et l’après-dînée depuis trois heures jusqu’à cinq. […] Ils s’y promènent tous comme des personnes raisonnables ; les jardiniers peuvent, monsieur, vous en rendre témoignage : ce sera une affliction publique de ne pouvoir plus venir ici se promener… » — « Ce ne sont que des fainéants qui viennent ici », me dit-il. — « Il y vient, lui répondis-je, des personnes qui relèvent de maladie, pour y prendre l’air : on y vient parler d’affaires, de mariages, et de toutes choses qui se traitent plus convenablement dans un jardin que dans une église, où il faudra, à l’avenir, se donner rendez-vous. […] Dirai-je une pensée qui m’est souvent venue en traversant ce jardin tout peuplé de statues ? […] D’autres viendront quand il aura rompu la glace ; et il fait à l’avance comme un programme des conséquences qu’il prévoit. […] Ce sont des armées qui manœuvrent beaucoup pour n’en venir qu’à des combats partiels et à des escarmouches.

81. (1911) Jugements de valeur et jugements de réalité

Et pourtant les valeurs dont il vient d’être question ont la même objectivité que des choses. […] Si c’est la même cause qui est partout agissante, d’où vient que les effets sont spécifiquement différents ? […] Voilà comment il se fait que l’idéal peut s’incorporer au réel : c’est qu’il en vient tout en le dépassant. […] S’il était le produit de la raison individuelle, d’où lui pourrait venir cette impersonnalité ? […] Si les raisons communient à ce point, n’est-ce pas qu’elles viennent d’une même source, qu’elles participent d’une raison commune ?

82. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Contes de Perrault »

Doré n’en vient-il pas ?) […] Sur tous les points de la querelle, Perrault et Fontenelle qui lui vint promptement en aide me paraissent avoir raison, — sur tous, excepté un seul, l’art grec, la poésie et peut-être l’éloquence. […] Mais exiger du soin, de l’application, du recueillement, avant qu’on en vienne à décider sur les œuvres anciennes en faveur desquelles il y a une admiration traditionnelle, ce n’est que justice. […] Perrault était déjà vieux, il était bourgeois de Paris ; il laissa donc les contes venir à lui dans les nombreuses veillées d’hiver, au coin du feu de sa maison du faubourg. […] Aristote et Descartes, avec leur méthode, viendront assez tôt ; assez tôt commencera la critique : qu’elle ne saisisse pas l’enfant au sortir du berceau.

83. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « GLANES, PÖESIES PAR MADEMOISELLE LOUISE BERTIN. » pp. 307-327

L’orage politique vint à la traverse. […] Après cela vient le gros de l’armée, et plus de groupe ; la foule des rimeurs, parmi lesquels, certes, bien des cœurs sincères, quelques caporaux, et de bons soldats. […] Ce que je sais bien, c’est que la renommée finale des poëtes actuels, leur classement définitif dépendra beaucoup de ce qui viendra après. […] à ce qu’il vienne quelque chose de plus grand, de meilleur qu’eux. […] Qu’il vienne donc, qu’il soit né déjà, celui de qui dépendent nos prochaines destinées !

84. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre X »

Elle vient demander à ce jeune homme s’il veut l’épouser. […] si son acharnement à la poursuivre venait d’une jalousie irritée ? […] Il lui offre son nom, son cœur, sa main qu’il vient d’ensanglanter pour elle. […] Sur quoi, Suzanne lui fait part de la fin de leur amour, qui vient d’expirer à la fleur de l’âge. […] René, qui écoutait aux portes, vient jeter à la face du faiseur toutes sortes d’injures infamantes.

85. (1898) Ceux qu’on lit : 1896 pp. 3-361

Il fut grand, quoiqu’il vînt le dernier ! […] D’où vient ce mouvement ? […] Encore une fois d’où vient cette force vitale ? […] Un arbre déraciné venait peut-être de se renverser ? […] L’affaire vint devant les tribunaux : ils donnèrent raison à l’Empereur et à M. de Périgord, qui venait d’être fait duc de Montmorency.

86. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre I. Les Saxons. » pp. 3-71

Un jour pourtant viendra où, dieux et hommes, ils seront vaincus : « Alors tremble le grand frêne d’Yggdrasil […] Chez lui, la phrase se retourne et se renverse, il crie le mot vivant qui lui vient, au moment où il lui vient ; il saute d’une idée dans une idée lointaine. […] Elle apparaît pour peu de temps ; mais quel est le temps qui vient après, et le temps qui est avant ? […] Puis venait après lui sa femme. […] Voici venir une nouvelle conquête qui, cette fois, avec des idées apporte aussi des hommes.

87. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

— que le tour de son avocat soit venu. […] vous venez étudier avec moi la nouvelle chanson ! […] Nulle mauvaise pensée ne me venait. […] Allez, je les vois venir. […] Une querelle s’engage ; ils en viennent aux mains.

88. (1853) Propos de ville et propos de théâtre

demande le nouveau venu à son camarade. […] Et tenez, voici précisément mon amie qui vient me chercher. […] Quand il était venu, le faire revenir, c’était demander de la patience à la poudre. […] On supposerait qu’ils viennent d’être frappés par un malheur commun. […] Ils y viennent reposer pacifiquement avec leurs femmes et leurs enfants.

89. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Aujourd’hui tout cela n’existe plus ou vient se briser contre les faits, les pièces authentiques, les papiers d’État qui sortent tôt ou tard de leur poussière. […] Cependant Charles-Quint abdique et vient terminer sa carrière de grandeur et de fatigue au monastère de Yuste. […] Un accident vint mettre tout à coup ses jours en péril. […] Je ne voudrais pas que la fantaisie vous vînt maintenant de commettre une nouvelle témérité, en suppliant mon père de me laisser en Espagne. […] Un jour il avala un anneau avec diamant qu’il portait au doigt, mais sans en venir à ses fins.

90. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE XIV »

Que vient faire, entre l’alcôve de Césarine et le canon de Claude, cet Ahasvérus en mission ? […] « Viens travailler !  […] Et que dire du mot final : « Viens travailler !  […] Viens perfectionner la batterie du fusil qui a tué la femme de ton cœur, l’idole de tes sens. […] Son père est venu la voir six fois en onze ans.

91. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Mémoires de Daniel de Cosnac, archevêque d’Aix. (2 vol. in 8º. — 1852.) » pp. 283-304

Mme de Calvimont, logée à La Grange près de Pézenas, s’ennuie, et propose qu’on fasse venir des comédiens. […] Pendant que cette troupe se disposait à venir sur mes ordres, il en arriva une autre à Pézenas, qui était celle de Cormier. […] Je répondis d’un air fort sérieux que je venais lui parler de sa part ; ensuite je la pris en particulier, et je lui dis les ordres que j’avais. […] Je lui dis adieu encore une fois, et j’arrivai chez M. le prince de Conti, dans le temps qu’il venait seulement de se retirer. […] Que vient-on lui parler d’entreprise glorieuse et de couronne ?

92. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVII. Conclusion » pp. 339-351

Vous vous rappelez cette entrée en scène du Dépit amoureux, lorsque Mascarille vient trouver Albert et que celui-ci, à chaque parole, lui tourne le dos avec brusquerie. […] Je viens, monsieur, pour vous donner Le bonjour. […] Oui ; mais je viens encore Vous saluer au nom du seigneur Polidore. […] Les Fourberies de Scapin ont la marche aussi alerte, l’allure aussi dégagée que L’Étourdi ; elles ont la même origine que les fourberies de Mascarille, et par elles la dernière période de la carrière de Molière vient se rattacher à son commencement. […] Quelque autre Molière viendra peut-être, qui, dominant de son regard ce vaste travail inégal et confus qui se fait aujourd’hui, en sauvera ce qui mérite d’être sauvé et l’emploiera dans son œuvre.

93. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Tu le sauras de moi à Nérac ; hâte, cours, viens, vole : c’est l’ordre de ton maître, et la prière de ton ami. […] Cette rivière s’étend en deux bras, qui portent non seulement grands bateaux, mais les navires de cinquante tonneaux y viennent. […] Si je je l’aime, que dois-je faire celle d’où elle vient ? […] La rupture de Henri III avec la Ligue l’avertit que l’heure est venue où la France elle-même a besoin de lui et l’appelle à son secours. […] Je fais état de faire venir ma sœur bientôt ; résolvez-vous de venir avec elle.

94. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Pour reprendre ma comparaison, ce qui manque à tous ces cadres, c’est un fond solide et continu auquel ils viennent s’attacher. […] À l’occasion de chacun de ces écrivains célèbres, la partie biographique, anecdotique, viendrait très à propos, à la condition qu’on choisirait non pas l’anecdote futile, mais celle qui caractérise. […] Pour un curieux qui vient assister à ces lectures, le spectacle, on le conçoit, est plutôt encore du côté de l’auditoire que du côté du lecteur. […] Les personnes qui ont le mieux connu Napoléon ont remarqué que, dans cette éducation littéraire rapide qu’il dut s’improviser à lui-même quand il eut pris possession de la puissance, il commença par préférer hautement Corneille ; il n’en vint que plus tard à goûter Racine, mais il y vint. […] Il y a là une disposition morale digne d’estime et presque de respect, et qu’on serait coupable de ne pas favoriser et servir, quand elle vient s’offrir d’elle-même.

95. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VII. La fausse fiancée »

Ce jour là, la provision d’eau vint à s’épuiser. […] Chaque matin elle l’emportait avec elle sur son dos quand elle allait chasser des lougans les perroquets qui venaient pour manger la récolte. […] Si tu tiens à savoir la vérité, fais venir ici toutes les filles du village et ordonne leur de répéter la chanson qu’elles chantent le matin en effarouchant les oiseaux pilleurs de lougans ». […] Quand vint le tour de Dédé, qui était la dernière, celle-ci chanta une tout autre chanson que celle que la vieille avait surprise. […] Il fit venir la griote et lui coupa la gorge.

96. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Que feront-ils chez moi, dit-il en soupirant, si l’on vient à me les renvoyer. […] Une prude vint à paroître. […] “Créature de Dieu, que vous ai-je fait pour venir troubler mon repos. […] Une guerre vient-elle à s’allumer, la tasse de café augmente d’un sol ; la guerre vient-elle à finir, le café reste au même prix. […] bon jour, mylord, d’où venez-vous ?

97. (1875) Premiers lundis. Tome III « De la liberté de l’enseignement »

C’est bien le moins que je vienne rendre témoignage pour elle et la défendre aujourd’hui. […] C’est uniquement au point de vue politique que je viens aborder la question. […] Où en veux-je venir, messieurs ? […] Sée, ferme et impassible, attendait que le moment de parler fût venu. […] Sainte-Beuve aux étudiants qui étaient venus l’acclamer chez lui.

98. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XIII. Dernière semaine de Jésus. »

L’usage était de venir à Jérusalem plusieurs jours avant la Pâque, afin de s’y préparer. […] Les Galiléens qui étaient venus à la fête en conçurent beaucoup de joie et lui préparèrent un petit triomphe. […] béni soit celui qui vient au nom du Seigneur !  […] Des prosélytes parlant grec, qui étaient venus à la fête, furent piqués de curiosité, et voulurent voir Jésus. […] Par un travers fort ordinaire dans les fonctions actives, il en sera venu à mettre les intérêts de la caisse au-dessus de l’œuvre même à laquelle elle était destinée.

99. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XI »

Charles Sternay vient apprendre a Clara Vignot qu’un désastre de fortune l’oblige à partir pour l’Amérique. […] La fortune est venue doter son berceau, sous la figure d’un jeune phtisique romanesque qui l’a fait héritier d’un demi-million. […] D’une autre part, voici venir madame Godefroy, la bouche enfarinée, qui chante aussi le grand air de la Calomnie. […] Un mari dont André, avant son mariage, a séduit la femme, vient lui demander raison de l’offense. […] Au dernier acte, le comte, avant de partir pour son duel, vient à Fontainebleau voir André.

100. (1933) De mon temps…

Mon incertitude est de courte durée, car José-Maria de Heredia vient à moi : « Ah ! […] Après un long moment, Mendès vient ouvrir : « Comment, c’est toi !  […] Nous allions monter dans le wagon quand nous le vîmes venir à nous de son grand pas nonchalant. […] J’ignore d’où et comment elle y était venue, mais elle y faisait figure discrète et rangée. […] Le temps passe et l’heure de se séparer est venue.

101. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre II. Prière sur l’Acropole. — Saint-Renan. — Mon oncle Pierre. — Le Bonhomme Système et la Petite Noémi (1876) »

Il viendra des siècles où tes disciples passeront pour les disciples de l’ennui. […] Un forgeron vint en même temps, avec sa forge, ses clous, ses tenailles. […] Mon incapacité d’être méchant, ou seulement de le paraître, vient d’eux. […] Je n’oublierai jamais le soir où l’on vint m’avertir qu’on l’avait trouvé mort au bord du chemin de Langoat. […] Toute cette vieille société dont je viens d’essayer un crayon a maintenant disparu.

102. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre IV. Que la critique doit être écrite avec zèle, et par des hommes de talent » pp. 136-215

D’où vient cette montagne qui soudain s’oppose à nos voluptés passagères ? […] je vous invite à venir souper demain avec moi ! […] Je viens vous dire et je vous répète que je viens changer votre misère en opulence, votre travail en repos, votre pain dur en noces et festins. […] Tu viens implorante et tu restes juge ; oh ! […] il a tout dit ; vienne un accident qui mette quelque bâton dans la roue de ses projets, aussitôt il s’en console, et la première venue, pourvu qu’elle le veuille épouser, lui fait oublier ce malheur.

103. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

Elle lui avait dit : « Viens !  […] Soubasson vient à la maison. […] Il allait et venait. […] encore de ces pierrots de chasseurs qui viennent agacer M.  […] Mais que viens-je te dire ?

104. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Charles Nodier après les funérailles »

Cet intérêt qui manquait d’abord au sujet, le talent le lui imprime, et il le crée pour ceux qui viennent après lui. […] Il ne vint s’établir à Paris qu’au commencement de la Restauration, et, pendant ces années politiques ardentes, il n’aurait point fallu demander à cette imagination si vive le calme souriant où nous l’avons vu depuis. […] Il vient ; et, bondissant, la Jeunesse animée Reprend ses jeux badins, son essor étourdi ; Et je puise l’amour à sa coupe embaumée Où roule en serpentant le myrte reverdi. […] Le souvenir, la réminiscence, le songe, venaient donc à son aide, et lui obéissaient au moindre signe, comme des esprits familiers et consolants. […] C’est trop longtemps insister et nous complaire à de gracieux retours que la gravité de la fin dernière vient couvrir et dominer.

105. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Cette complication fit que le public sut fort inexactement l’époque où cessa l’intime liaison du roi avec madame de La Vallière, et où de vint exclusive celle qu’il eut avec madame de Montespan. […] Après la prise de Tournay, le roi vint passer quelques jours à Compiègne. […] Elle n’eut pas achevé cela, qu’on vint lui dire qu’elle (madame de Montausier) la demandait, que monsieur de Montespan venait de sortir de chez elle. […] Je la suivis d’assez près pour m’être trouvée en tiers lorsqu’elle (madame de Montausier) lui conta que son mari était venu lui dire mille injures, dont elle paraissait si outrée, qu’elle tremblait de colère sur son lit. […] Je n’insisterai pas sur ce rapprochement qui restera toujours affligeant pour les nobles admirateurs du grand poète, si de nouvelles lumières ne viennent en détruire l’effet.

106. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Jules Janin » pp. 159-171

Il écrivait de sa plume facile, — trop facile, — tout ce qui lui venait et souvent ce qui ne lui venait pas ! […] Janin est intellectuellement un de ces enfants qui ne seraient pas venus au monde, s’ils n’avaient eu un vigoureux aîné qui leur a fait large la voie par laquelle ils sortirent de l’obscur giron maternel. […] Janin, une autre supériorité moins impersonnelle et moins fatale, qui venait non plus seulement des circonstances, mais du genre de talent de l’auteur et de la puissance d’imagination qu’il avait ! […] Il est taillé juste à la grandeur de cet antre obscur, dont il égaie ou scandalise les pousse-bois, comme il les appelle, qui viennent y jouer leurs parties d’échecs : mais le même Neveu de Rameau, dans M.  […] Nous avons un livre charmant et puissant dont les défauts (car il a des défauts, et je les connais bien) viennent non d’indigence, mais de plénitude.

107. (1861) Cours familier de littérature. XI « LXIVe entretien. Cicéron (3e partie) » pp. 257-336

Elle fléchit, elle règle la voix, qui ne lui vient que confusément proférée. […] Car beaucoup de fruits, ou qui se consomment d’abord, ou qui se doivent garder, ne viendraient point sans culture. […] voici ton père qui vient vers toi ! […] Pourquoi ne pas me hâter de venir dans votre société céleste ? […] Tout n’arrive-t-il pas au terme, et n’est-ce pas bien finir quand la satiété est venue ?

108. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

On le remercia beaucoup d’être venu. […] Guillaume II vient quelquefois à Paris. […] Guillaume II vient quelquefois à Paris. […] Moréas était venu passer deux mois à Menton. […] On va vers elle, parce qu’on sait qu’elle vient à vous.

109. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le Roman de Renart. Histoire littéraire de la France, t. XXII. (Fin.) » pp. 308-324

Renart vient rôder à l’entour tout doucement, le col baissé ; mais la force des pieux et des épines l’arrête. […] Les ordres religieux du temps, les Jacobins et les Franciscains, viennent à l’envi lui demander d’être des leurs et de se mettre à leur tête. […] Bombourg, avec ses trente compagnons, est venu le premier sur le pré : il s’écrie à haute voix : « Beaumanoir, où es-tu ?  […] Il fut convenu que trois cents hommes seulement de part et d’autre en viendraient aux mains, et que le territoire contesté appartiendrait aux vainqueurs. Les deux armées ne devaient point assister au combat, afin de n’être point tentées de venir au secours du plus faible.

110. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Daphnis et Chloé. Traduction d’Amyot et de courier »

Théocrite venu tard, et le dernier des beaux noms de poètes, a cultivé et développé à part, avec Bion et Moschus, cette branche oisive, jusque là un peu éparse et flottante, à laquelle il a eu l’art, en la travaillant, de laisser pourtant toute sa saveur agreste et naturelle. […] L’amour vient à Chloé d’avoir vu Daphnis au bain, un jour qu’étant tombé dans une fosse à loup, il a dû, au sortir de là, se laver et montrer, sans y songer, son beau corps. Un peu après, l’amour vient à Daphnis lui-même d’avoir reçu de Chloé un baiser pour prix de la victoire, dans une dispute qu’il a avec un bouvier rival, qui contestait de beauté avec lui. […] Du reste, nulle idée de bonté morale ne se mêle à ce tableau et ne vient l’épurer et l’embellir. […] Tous les accidents, tels que surprises, vols, guerres, qui viennent troubler le cours heureux du récit principal sont racontés lu plus vite possible, et, aussitôt passés, ne laissent derrière eux aucun souvenir.

111. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XVI. Les derniers temps de la comédie italienne en France » pp. 311-338

Baron se présenta pour défendre la prétention des comédiens français, et Arlequin vint pour soutenir celle des Italiens. […] Ils s’assemblent, ils vont, ils viennent, ils se tourmentent. […] Laquais, ne vous avisez jamais de me venir interrompre pour des gueuseries de cette nature-là. […] La mode nous en est venue presque aussitôt qu’en France. […] D’où venait cette soudaine et brutale mesure ?

112. (1864) Études sur Shakespeare

Mais le temps de la puissance des puritains n’était pas encore venu, et, pour obtenir un succès décisif, c’était trop d’avoir à dompter à la fois le goût national et celui de la cour. […] Dans la plupart des pièces antérieures à Shakespeare, des personnages presque toujours emblématiques viennent, d’acte en acte, indiquer le sujet qu’on va représenter. […] Tant sont fugitives les créations légères qui viennent les animer ! […] Les scènes où les amis de Timon s’excusent, sous divers prétextes, de venir à son secours, ne manquent ni de vérité ni d’effet. […] Pourquoi une sorte d’impatience et de fatigue vient-elle assez souvent nous troubler dans l’admiration qu’il nous inspire ?

113. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je tournai un cap de roche grise où se plaisent les aigles, où se brise toujours le vent, même en temps calme ; il me cacha la maison, et je m’enfonçai dans d’autres gorges où le son même de sa cloche ne venait plus me frapper au cœur. […] Tout ce bruit et tout ce mouvement s’entendaient à quelques pas de moi, derrière le buisson qui séparait le sentier battu de la montagne, du petit tertre de mousse enclos de pierres sèches où j’étais venu chercher le dossier du vieux châtaignier. […] Il est venu au printemps un colporteur qui vendait des images de vous dans le pays, comme celles d’un grand de la république ; et puis il en est venu en automne qui vendaient des chansons contre vous, comme celles de Mandrin. […] Je viens ici pour tout oublier pendant quelques jours à ce beau soleil, que le sang et les larmes des peuples ne ternissent pas. […] Je croyais retrouver, en entrant dans la cour et en passant le seuil, tout ce que le temps était venu en arracher.

114. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre III. De la logique poétique » pp. 125-167

Chez les Français, du mot loi vient aloi, titre de la monnaie. […] Ils appellent encore les armoiries insegne, d’où leur vient le verbe insegnare. […] Puis vinrent les pronoms. […] Ce premier chant vint naturellement de la difficulté de prononcer, laquelle se démontre par la cause et par l’effet. […] Du même mot vient sans doute le nom des Sirènes, êtres mythologiques célèbres par leur chant.

115. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre V. Comment finissent les comédiennes » pp. 216-393

D’où vient cette fête ? […] Elle était venue au monde dans la propre maison de M.  […] De quel côté nous viendra le nouveau poète ? […] D’où vient-il ? […] — Le grison : Viendrez-vous ?

116. (1898) La poésie lyrique en France au XIXe siècle

De là vient d’abord sa tendresse. […] Mais, d’ailleurs, soyez tranquilles, son heure va venir. […] C’est dire qu’il fallait que cette enfance errante vînt à se fixer ; qu’il fallait que cette enfance voyageuse vînt à rêver. […] Victor Hugo vient donc d’exprimer son idée une fois. […] Le premier jour, je vous remerciais d’être venus une première fois ; aujourd’hui, je vous remercie d’être venus une cinquième fois.

117. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre troisième. Découverte du véritable Homère — Appendice. Histoire raisonnée des poètes dramatiques et lyriques » pp. 284-285

Après serait venu Sophocle, que Palémon a proclamé l’Homère des tragiques ; enfin la carrière eût été fermée par Euripide qu’Aristote appelle le tragique par excellence, τραγικώτατος. […] Ce dernier mot vient peut-être de salire, saltare danser, de même que chez les Grecs le premier chœur avait été une danse en rond. […] Ce genre de vers dut venir après l’iambique, qui lui-même, ainsi que nous l’avons vu, succéda à l’héroïque. Pindare vint au temps où la vertu grecque éclatait dans les pompes des jeux olympiques au milieu d’un peuple admirateur ; là chantaient les poètes lyriques. […] Ensuite vint Sophocle et après lui Euripide qui nous laissèrent la tragédie nouvelle, dans le même temps où la vieille comédie finissait avec Aristophane.

118. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXIXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 129-192

Le lendemain du jugement à mort, comme je vous ai dit, le bourreau vint avec les hommes noirs au cachot. […] Quant à moi, je ne m’en sens qu’une, et elle a toujours été autant dans ta poitrine que dans la mienne : l’idée de voir, de penser, de respirer seulement sans toi, ici ou là ne m’est jamais venue. […] Dieu, que deviendrions-nous si nous venions à nous perdre dans cet infini où tu me chercherais éternellement, comme dit l’histoire de Francesca de Rimini. […] Je ne pus approcher de son cachot qu’à la nuit tombante, après l’office du soir, que le vieux prêtre était venu réciter dans l’oratoire des prisonniers. […] Non, j’avais mon plan dans mon cœur et il ne m’en coûtait rien de me sacrifier pour mon amant, puisque j’étais sûre qu’il viendrait me rejoindre dans le paradis.

119. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Le prince de Ligne. — I. » pp. 234-253

Son beau moment parisien, sa belle heure française n’était pas encore venue. […] Tout ce qui, à Belœil, était grand, régulier, dans le genre de Le Nôtre, venait du père du prince : lui, il s’occupa d’y jeter le varié et l’imprévu ; il ne lui manqua que plus de temps pour achever son œuvre, son poème. […] Que les pigeons chassés de tous les côtés viennent se réfugier sur les toits. […] Un tableau sans figures ressemble à la fin du monde. » Pourtant le prince de Ligne, dans les dernières années de sa vie passées à son Refuge sur le Leopoldsberg près de Vienne, paraîtra en être venu à admirer plus véritablement la nature pour elle-même. […] Tout cela est dit d’un rien, avec une légèreté négligente et piquante, mêlée d’un certain aveu d’inexpérience, et comme par un Hamilton qui en serait venu à aimer sincèrement les champs.

120. (1829) Tableau de la littérature du moyen âge pp. 1-332

D’où vient-il ? […] De là vient ce que M.  […] Cette fanfare poétique que vous venez d’entendre, c’est de la banlieue de Limoges qu’elle vient. […] Vient-elle du Midi ? […] D’où vient-il ?

121. (1887) Discours et conférences « Discours à l’Association des étudiants »

Laissez la pensée venir à vous, avec son vêtement naturel, qui est la parole ; ne l’appelez pas, ne la pressez pas. […] Ne mettez pas de bornes à votre curiosité ; aspirez à tout savoir ; les limites viendront d’elles-mêmes. […] Dans l’humanité, les derniers venus sont les privilégiés. […] Si la République venait jamais à tomber (ce qu’à Dieu ne plaise !) […] Ne venez donc pas me demander des conseils d’habileté ; je suis peu qualifié pour cela.

122. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Cette loi du caractère français ne vient qu’après, si elle peut venir. […] Venez vous reposer, venez ; pourquoi cette lettre vous occupe-t-elle ? […] viens donc vite ! […] « La nuit vint tout à coup. […] Voilà le beau temps qui va venir bientôt. — C’est drôle !

123. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (2e partie) » pp. 315-400

Ils sont toujours à dire : Ceci vient de là, et ceci vient d’ici ! […] Il ne viendra pas, ou, s’il vient, il sera comme sur des charbons ardents, on verra que son esprit est ailleurs, et qu’il aimerait beaucoup mieux s’en aller. […] Venez un peu. […] — La fauvette grise est-elle l’oiseau qui vient le plus tard chez nous, ou d’autres viennent-ils encore après elle ? […] Nous viendrons à l’avenir plus souvent ici.

124. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1890 » pp. 115-193

venez vite, je connais justement un bon endroit derrière le cirque Fernando !  […] À quatre heures du matin, on venait lui annoncer que l’ingénieur était mort. […] Bientôt dans toute petite localité, la pierre ou le moellon historique qu’on vient voir, sera acheté par un syndicat de cochers conservateurs. […] Chez Charpentier, je tombe sur Zola, qui vient d’apporter le commencement de la copie de son volume sur l’Argent. […] Oui, de laisser après lui des hommes et des femmes qui ne seront plus pour les vivants des siècles à venir, des personnages de livres, mais bien véritablement des morts, dont on serait tenté de rechercher une trace matérielle de leur passage sur la terre.

125. (1885) Le romantisme des classiques (4e éd.)

viens-tu, misérable ? […] Cette fois, Rodrigue ne vient pas à la dérobée et la nuit, comme un coupable poursuivi qui se cache ; il vient en plein jour, tête haute, après sa victoire. […] D’où te vient cette audace ? […] Or, il n’y a rien là que de vrai : car je viens d’Aragon, et je ne viens pas sans ma tête… Je la présente en ce moment à Chimène. […] On vient d’entendre celle de Voltaire.

126. (1884) La légende du Parnasse contemporain

D’où venait-il ? […] Il venait offrir des vers au premier journal parnassien. […] « Viens ici, Nana. […] Je suis venu. […] Mais lui, d’où vient qu’il l’ose ?

127. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre III »

Gaston, qui le voit venir, le laisse ironiquement s’avancer à petits pas dans ses confidences. […] M. de Trélan vient faire ses adieux à cette aimable femme ; car il part plus que jamais pour la Perse. […] Elle vient d’apprendre qu’il a refusé sa main, elle ignore ce qui lui vaut cette disgrâce ; mais, d’où qu’il vienne, ce refus l’élève à ses yeux. […] Et si Caliste venait jamais à savoir la cause de ce refus diffamant ! […] Il rougit, il balbutie, il a peur ; mais Olympe vient à son secours.

128. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Mais les jours passaient, et l’absolution ne venait pas. […] L’idée a fort bien pu lui venir à lui-même. […] En tout pays où il est venu, il en parlait le langage. […] Mais d’où vient-il lui-même ? […] D’où vient ce rôle donné aux oiseaux ?

129. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « L’abbé Monnin. Le Curé d’Ars » pp. 345-359

Plus forte que nos engins modernes de publicité, cette gloire lui était venue à travers la chaîne électrique de tant de cœurs ! […] Pour nous, catholiques, au tribunal du souverain juge le Curé d’Ars aura donc un million d’âmes qui diront à Dieu : « C’est par lui que nous sommes venus à vous, Seigneur !  […] l’égal, pour le moins, de Bossuet, de Fénelon, de sainte Thérèse, et lui donnait sans cesse cet air de prophète qui ne vient aux plus grands génies qu’à force de regarder Dieu. […] Il va, il vient il se remue, il se précipite dans toutes les voies où le Bien apparaît dans son empêchement ou son incertitude. […] Il se contente, vieillard placide, d’aller de son presbytère à son église, et, là, de s’asseoir dans l’encoignure d’une chapelle, sur une planche de bois noir, puis d’attendre… Et, tout à coup, des milliers d’êtres humains viennent s’agenouiller devant l’escabeau de ce prêtre, pour s’en relever fortifiés et y envoyer, à leur tour, ceux qui n’y sont pas venus encore !

130. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

Il a manqué à Gœthe d’être venu à Paris et d’y avoir passé six mois. […] « Vous avez bien fait, disait un jour Gœthe à un étranger qui venait apprendre l’allemand à Weimar, de venir chez nous. […] Le champ des généralités est bien vague ; la meilleure manière de se connaître est d’en venir au fait et de se donner rendez-vous sur un terrain déterminé, sur un sujet précis. […] Il lui présente, et avec raison, ce séjour comme un complément d’éducation littéraire et sociale dont le nouveau venu aura à profiter. […] Sur ce terrain, qui est tout nôtre, il ne saurait nous être indifférent de le voir venir et se développer.

131. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Deux frères de cette bande se relayaient pour venir à l’école à tour de rôle. […] « Mon frère ne peut pas venir, lui répondit celui-ci ; il est sur l’arbre. — Et que fait-il sur l’arbre ? […] « Tous nos enfants, dit l’inspecteur, ont pleuré avec elle sur cette tombe, où il est entendu qu’elle viendra dormir à son tour. […] Prenons donc la vertu de quelque côté qu’elle vienne et sous quelque costume qu’elle se présente. […] Il vint à vous comme à un bureau de vertu.

132. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre X. La commedia dell’arte en France pendant la jeunesse de Molière » pp. 160-190

En 1645, il en vint une très nombreuse et très remarquable par le talent des artistes qui la composaient. […] Depuis ce jour, chaque fois que Scaramouche venait à la cour, il avait ordre de se rendre auprès du dauphin ; il y venait en habit de Scaramouche sur lequel il mettait un manteau, la guitare sous le bras, et escorté de son chien, de son chat, de son singe et de son perroquet. […] Pasquariel vient tout doucement derrière lui, et par dessus ses épaules bat la mesure ; ce qui épouvante terriblement Scaramouche. […] Elle était venue à Paris en 1639 et 1640, comme nous l’avons vu dans le récit de la scène de Scaramouche et du Dauphin, et elle avait conquis les bonnes grâces de la reine mère. […] Les principaux acteurs de cette troupe étaient les mêmes qui étaient venus précédemment : Scaramouche, Trivelin, Aurelia, Horace.

133. (1891) La bataille littéraire. Quatrième série (1887-1888) pp. 1-398

— Viens, mon enfant, viens avec moi, lui dit Nizerolles, le prenant par la main et l’entraînant. […] tu viens du polygone ! […] Je t’en supplie, viens m’aimer. […] » est venue au monde pour aimer, pour être aimée. […] monsieur Gerbier, venez, je vous attends !

134. (1864) Histoire anecdotique de l’ancien théâtre en France. Tome I pp. 3-343

Beaucoup de princes et de grands personnages la faisaient venir dans leurs hôtels. […] En littérature comme en politique, la puissance du jour, tant qu’elle a le dessus, peut à peu près tout ce qu’elle veut, puis vient la réaction, puis vient le jugement de la postérité. […] Femme, viens achever ce que j’ai commencé. […] Je suis venu. […] Si, pendant sa vie, on l’avait traité en fou, il serait venu plus sage ici.

135. (1874) Premiers lundis. Tome I « Mémoires de madame de Genlis sur le dix-huitième siècle et la Révolution française, depuis 1756 jusqu’à nos jours — I »

I Ce n’est pas d’aujourd’hui que madame de Genlis fait les avances envers le public ; il y a longtemps qu’elle se croit comptable d’explications envers lui, et qu’elle lui distribue son histoire, comme une dette, en précis de conduite, en souvenirs, en romans : mais ce n’étaient là que des à-compte trop légers envers les contemporains et la postérité ; voici venir enfin, sous forme de mémoires, la plus considérable, la plus officielle, et probablement aussi la dernière édition de sa vie. […] D’où lui vient ce besoin fantastique de constater presque solennellement l’authenticité de ses mémoires ? […] A parler sérieusement, il n’est qu’un cas où le personnage vivant ait plein droit d’invoquer avec éclat et franchise l’attention publique sur l’intimité de ses pensées et de sa vie ; c’est quand ce personnage est public lui-même, que ses actes extérieurs sont dévolus à l’opinion, et qu’il les discute par-devant elle : ses mémoires ne sont rien alors qu’un plaidoyer qu’il lance dans les débats, et le procès se poursuit jusqu’à ce que vienne l’histoire. […] Elle a pu se croire une puissance dans le siècle, du moment qu’elle s’en est venue accomplir, vers l’an de grâce 1800, je ne sais que le mission prédestinée, dogmatisant parmi les châteaux et les palais, à la plus grande gloire d’en haut ; et maintenant que la lumière est revenue, qu’on n’a plus que faire de précurseur, et que la vie militante a fait place à la vie privée, c’est peut-être un devoir à ses yeux d’enregistrer publiquement les mérites et indulgences qui lui reviennent de cette pieuse lutte, engagée sous son patronage. Il y a plus : bien avant sa venue d’Altona, et un peu avant son départ pour Londres, madame de Genlis avait pris une part non moins active à d’autres luttes, d’un intérêt non moins puissant, quoique plus profane ; elle fut patronne des clubs avant d’être mère de l’Église ; c’était toujours prêcher, et cette prédication disposait à l’autre.

136. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Saint-Arnaud. Ses lettres publiées par sa famille, et autres lettres inédites » pp. 412-452

Dans cela, il y a trois idées ; le reste est remplissage, tiré par les cheveux, détestable ; mais le vieux général pleurait, et il est venu m’embrasser. […] … Patience, notre temps et notre tour viendront !  […] Je viens d’atteindre le sommet de l’échelle militaire. […] À n’en juger même qu’en moraliste et en philosophe, il est évident qu’ici le sacrement vint directement en aide et en réconfort à la vertu guerrière. […] C’est alors qu’on en vint ou qu’on en revint à l’idée d’un débarquement en Crimée.

137. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre III. Services locaux que doivent les privilégiés. »

Mais « jamais il n’est venu au condamné la moindre idée de réclamation ni d’appel ». […] Sur ce sol ruiné par le fisc, il vient prendre une part du produit, tant de gerbes de blé, tant de cuvées de vin. […] Il vient à la ville, surtout à la cour. — D’ailleurs il n’y a plus de carrière que par cette issue : pour parvenir, on est tenu d’être courtisan. […] À Chartrettes, les bêtes fauves, traversant la Seine, viennent détruire chez la comtesse de La Rochefoucauld toutes les plantations de peupliers. […] En 1789, cent huit remises viennent d’être plantées dans un seul canton de la capitainerie de Fontainebleau et malgré les propriétaires.

138. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) » pp. 81-155

tu viens avec moi et tu me conduis à mon insu où je dois aller. […] Le cours de ces eaux est si entrelacé qu’on ne sait au juste si elles vont ou si elles viennent. […] Rendez-vous à mes désirs, venez. […] Benintendi viendra à son ordinaire passer les soirées avec nous ; est-il rien de plus doux et de plus aimable que son commerce ? […] « Je m’en approchai comme si j’étais venu m’agenouiller au sépulcre de mes pères.

139. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIe entretien. Balzac et ses œuvres (2e partie) » pp. 353-431

Vraiment les écus vivent et grouillent comme des hommes : ça va, ça vient, ça sue, ça produit.” […] « Nanon, venez m’aider à me coucher, dit la mère d’une voix faible. […] « Elle ne tarda pas à venir, après avoir rassuré sa mère. […] Je me fie à vous, venez voir ma femme toutes et quantes fois vous le jugerez convenable. […] Un monsieur de Paris est venu dernièrement offrir à M. 

140. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « PENSÉES FRAGMENTS ET LETTRES DE BLAISE PASCAL, Publiés pour la première fois conformément aux manuscrits, par M. Prosper Faugère. (1844). » pp. 193-224

La publication de l’éblouissant morceau sur l’amour vint renouveler à temps la question, qui commençait à s’épuiser. […] On le sait, la Paix de l’Église venait d’être conclue ; les Arnauld, les Nicole, les Saci, sortaient à peine de la retraite ou de la prison. […] Eh bien, si l’on vient à le considérer directement, que voit-on ? […] J’aime les biens, parce qu’ils donnent les moyens d’en assister les misérables….. » Que ce christianisme vrai et de source vient en démenti aux idées des plus sages païens ! […] Le christianisme est venu précisément bouleverser tout cela : le Calvaire fait le contraire des Jeux Olympiques.

141. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre VI. La poésie. Tennyson. »

La gloire lui était venue aisément et vite : il en avait joui dès trente ans. […] L’âge venu, on la réclame. […] Lentement, par degrés, en dépit d’elle-même, elle cède aux prières, recueille les blessés dans son palais et vient au lit du mourant. […] Pour trouver du plaisir là, il faut qu’ils aient bien besoin d’excitation ; la poudre du boulevard vient imprégner la glace qu’ils mangent ; l’odeur du gaz et les émanations du pavé, la sueur laissée sur les murs fanés par la fièvre d’une journée parisienne, « l’air humain plein de râles immondes », voilà ce qu’ils viennent respirer de gaieté de cœur. […] La pitié vient, on pense à cet autre poëte qui, là-bas, dans l’île de Wight, s’amuse à refaire des épopées perdues.

142. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXIXe entretien. Conversations de Goethe, par Eckermann (1re partie) » pp. 241-314

Dans l’une des dernières, je trouvai Goethe qui vint très gaiement vers moi. […] Madame de Goethe venait souvent lui prendre le bras, s’enlacer à lui et l’embrasser. […] On vint à dire que je devrais apprendre l’anglais. […] Le 29 septembre 1808, le duc de Weimar y fit venir Goethe. […] Venez à Paris, j’exige absolument cela de vous.

143. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — I. » pp. 80-97

Je ne viens pas concourir comme bien l’on pense, ni anticiper non plus sur un jugement dans lequel j’entrerai très peu : je ne veux que rendre à ma manière, et comme quelqu’un du dehors, l’impression qu’a faite sur moi la lecture de Froissart, la rejoindre et la comparer à cette autre impression que m’ont produite les mémoires de Joinville. […] On ne m’en doit point blâmer si à cela ma nature étoit encline ; car en plusieurs lieux il est reçu que toute joie et tout honneur viennent et d’armes et d’amours. […] Le roman de Cléomadès, par le poète Adenet, un des célèbres trouvères du siècle précédent, fut un de ces livres favoris, et par lequel lui vint le mal qu’il désirait tant. […] Chez Froissart le poète de société, le trouvère à la mode, qui ne vient, pour ainsi dire, qu’au second plan, a pourtant son à-propos et sert à ménager les voies à l’historien. […] Néanmoins on ne saurait dissimuler que, surtout dans ses premiers livres, il ne penche visiblement pour l’Angleterre dont il avait tant à se louer et de laquelle lui venaient pour cette première partie la plupart de ses renseignements : et ce faible pour elle, il l’a gardé toujours.

144. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Charron — II » pp. 254-269

C’est ainsi qu’en d’autres passages, il présente la philosophie comme l’aînée de la théologie, de même que la nature est l’aînée de la grâce ; ce qui ne peut être dit raisonnablement que d’une philosophie capable d’atteindre d’elle-même, et par une pleine vue, à des principes que la théologie viendrait ensuite confirmer ou couronner. […] Son chapitre sur l’éducation, sur les devoirs des parents envers les enfants, vient bien après ceux de Rabelais et de Montaigne sur le même sujet et en est comme une rédaction complète et nouvelle. […] Il vint pourtant à Paris pour remercier l’évêque de Boulogne, qui s’y trouvait, et de plus pour vaquer à la réimpression de son livre, auquel il avait apporté en quelques endroits des adoucissements et des précautions. […] Il montre qu’il y a une certitude suffisante dans les notions qui nous viennent par les sens. […] On est accoutumé à rapporter à Jean-Jacques Rousseau l’honneur de ce conseil : il lui a donné, en effet, dans L’Émile, l’aile et le souffle de son éloquence, il a été le dernier venu et qui a fait le plus de bruit sur cette question.

145. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Madame Bovary par M. Gustave Flaubert. » pp. 346-363

Il aimait à se voir arriver dans la cour, à sentir contre son épaule la barrière qui tournait, et le coq qui chantait sur le mur, les garçons qui venaient à sa rencontre. […] Par bonheur Léon, sur ces entrefaites, vient à partir à temps ; il va continuer ses études de droit à Paris. […] Elle en vient, dans son égarement de passion, jusqu’à ne plus supporter un jour d’absence loin de Rodolphe, et à réclamer un enlèvement, à implorer une chaumière avec lui au fond des forêts, une cabane au bord des mers. […] Un soir que Rodolphe est venu, rendre visite à Mme Bovary et qu’il s’est installé dans le cabinet aux consultations où personne n’entre à cette heure, on entend du bruit ; Emma lui dit : « As-tu tes pistolets ?  […] Commencé, dit-on, depuis plusieurs années, il vient à point en ce moment.

146. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mémoires de Mme Elliot sur la Révolution française, traduits de l’anglais par M. le comte de Baillon » pp. 190-206

Je viens d’en relire quelques-unes : celle de Mme Royale (la duchesse d’Angoulême), une relation auguste et simple ; celle de Mlle de Pons, depuis marquise de Tourzel, celle de Mme de Béarn, née Pauline de Tourzel. […] Mme Elliott, malade des émotions de ces journées, ne put retourner savoir le résultat de la démarche ; mais le duc vint lui-même chez elle le lui apprendre, et lui raconta de quelle manière il avait été reçu ; comment, arrivé à temps pour le lever du roi et s’y étant rendu, ayant même présenté au roi la chemise selon son privilège de premier prince du sang, et ayant profité de ce moment pour dire qu’il venait prendre les ordres de Sa Majesté, Louis XVI lui avait répondu rudement : « Je n’ai rien à vous dire, retournez d’où vous êtes venu. » Le duc paraissait ulcéré ; cette dernière injure, venant après tant d’autres affronts, avait achevé de l’aliéner. […] Ce malheureux n’était autre que le marquis de Champcenetz, l’ancien gouverneur des Tuileries, fugitif et caché depuis le 10 août, mais que la pauvre dame qui l’avait recueilli n’espérait plus pouvoir dérober aux recherches, si on ne lui venait promptement en aide. […] Quand ma voiture vint, je retournai chez moi, mais tout me semblait affreux et sanglant. […] Dès les premiers instants, en raison du malheur commun, on devient les meilleurs amis du monde. « C’était un très gai jeune homme, avec un air très militaire, très beau et très galant. » Il venait beaucoup, dès qu’on le lui permit, du côté des dames, et il y en avait de très grandes de l’ancienne noblesse, qui toutes paraissaient le connaître.

147. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Œuvres de M. P. Lebrun, de l’Académie française. »

Demain, le fatal demain, est déjà venu… Mais que l’on juge pourtant de l’effet instantané d’une telle parole de l’Empereur, d’un tel coup d’éperon sur une jeune imagination ardente et enthousiaste. […] viens, capricieuse ! Tout entier viens me rallumer ; De mon bonheur reine envieuse, Viens de ton âme m’animer. […] Viens tout près d’une âme altérée, Ouvre-moi ta source sacrée, Viens dans ta source m’enivrer. […] Les vagues venaient battre les falaises et couvrir la grève de coquillages : maintenant des troupeaux y paissent.

148. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Madame Guérin qui sait l’amour de Louis, vient timidement, à son insu, intercéder pour lui auprès de la veuve. […] La marquise Galeotti, courtisée par d’Estrigaud, s’est passé la fantaisie de faire venir chez elle sa maîtresse. […] Cependant le baron d’Estrigaud vient interrompre le tête-à-tête. […] L’honneur d’une femme serait trop fragile, s’il suffisait, pour le briser, de l’algarade du premier venu. […] Navarette vient à la rescousse.

149. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Né à Versailles, il s’était choisi, retrouvé une petite patrie et avait donné son cœur à la Vendée d’où venaient ses grands-parents. […] C’est ce que viendront nous dire tous les traditionalistes. […] Ils virent venir la tempête que leurs ainés, en grand nombre, niaient. […] Nous avons eu à Poelcapelle cinq régiments de la garde prussienne qui, les uns après les antres, sont venus se briser sur le 66e. […] Mes hommes viennent d’aller chercher la soupe et pour bien me battre, je vais bien manger.

150. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — VIII. Les calaos et les crapauds »

tu n’ignores pas que, lorsqu’on a accordé sa fille à quelqu’un, l’usage veut que le gendre vienne cultiver le champ de son beau-père ! […] Il viendra, accompagné de tout son peuple, et tu pourras faire d’eux tout ce qu’il te plaira ». […] Les crapauds pénétrèrent dans le champ de grand-papa calao, sans donner d’autre avis de leur venue — comme, d’ailleurs, le prescrivent les convenances en pareil cas. — Et ils commencèrent à défricher. […] Le chat joue ici le rôle de conseiller comme dans le conte : « D’où vient le soleil. » 152.

151. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Une curiosité assez nouvelle est encore venue fortifier cet amour, l’a nourri, entretenu, l’a préservé de l’ennui et des défaillances. […] Or, il est naturel de se servir de ce qu’on sait, et la science de M. de Glouvet vient d’autant mieux à propos, que la chicane tient une assez grande place dans la vie des paysans. […] Des moissonneurs, coiffés de larges chapeaux de paille, allaient et venaient dans la vaste pièce de blé. […] Robine vient trouver Fleuse ; il est conduit par sa petite fille, Louise de la Ronce-Fleurie, une enfant sage, naïve et droite, et qui vénère son grand-oncle le berger. […] Cet idiot a de brèves paroles qui viennent, on le dirait, de plus loin que lui.

152. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Ce n’est pas un pardon qu’il vient implorer, c’est un congé douloureux et résigné qu’il vient prendre. […] La jalousie se déclare, chez lui, avec les symptômes de l’épilepsie ; c’est à faire venir l’exorciste. […] Jeannine vient s’excuser d’avoir manqué à son engagement et prendre congé de madame Aubray. […] Souvent ce jeune homme leur venait en aide : bientôt Jeannine est devenue sa maîtresse. […] Jeannine vient à son secours, en se sacrifiant.

153. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Dans le Moyen Âge, les troubadours n’auraient pas dédaigné la provocation que, dans ma hardiesse, je viens vous faire. […] d’où lui viennent ses inquiétudes, ses pâleurs subites ? […] Jacques vient prendre congé de Marthe en pleurant. […] Ajoutez que Jacques n’a pas deviné d’où lui est venu ce bienfait inespéré. […] Huit jours se passent : l’autre dimanche est venu.

154. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Œuvres de Louis XIV. (6 vol. in-8º. — 1808.) » pp. 313-333

L’idée de gloire, qui est inséparable de Louis XIV, s’y mêle, et, comme l’avenir aura un jour à s’occuper de ses actions, comme la passion et le génie des divers écrivains devront s’y exercer, il veut que son fils trouve là de quoi redresser l’histoire si elle vient à se méprendre. […] Saint-Simon, qui est venu sur la fin du règne et à une époque où l’esprit d’opposition reparaissait, n’a pas assez distingué ce premier moment d’entière et pure originalité royale chez Louis XIV. […] Regrettait d’en être venu si tard à l’étude de l’histoire, il considère que « la connaissance de ces grands événements que le monde a produits en divers siècles, étant digérée par un esprit solide et agissant, peut servir à fortifier la raison dans toutes les délibérations importantes ». […] En cela Louis XIV ne sut réussir qu’à demi ; il força évidemment dans ses pompes le caractère de la monarchie française, et, en vieillissant, il en vint à n’être plus en accord avec l’esprit public de la nation. […] Quand ce monarque s’oublie et se néglige, il a la phrase longue, de ces phrases qui ont été depuis, l’apanage de la branche cadette et dont on ne voit pas la fin : c’est là où Louis XIV en vient quand il sommeille.

155. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre v »

»‌ Le jour même, un appel en français et en yiddish fut lancé aux Juifs immigrés, les invitant à venir s’inscrire dans les salles de l’Université populaire juive, 8, rue de Jarente. […] Mon cher aumônier, au cas où je viendrai à disparaître, j’aimerais bien dormir sous l’égide de David. […] Maintenant approchons-nous d’un pas, et de cet ami du dehors venons à nos adoptés.‌ […] Voilà des Israélites nouvellement venus parmi nous et chez qui la part irraisonnée, quasi animale qu’il y a dans notre amour de la patrie (comme dans notre attachement à notre mère), n’existe pas. […] Si vous saviez combien elles sont riches et belles les émotions que donne la venue au monde du jour bien-aimé !‌

156. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Waterloo, par M. Thiers (suite) »

se fit entendre ; chacun crut, parce qu’il le désirait, que l’ordre d’attaquer à fond était venu ; Milhaud le crut, Lefebvre-Desnoëttes le crut, Ney se le figura. […] C’est cette droite qui offrait le côté vulnérable et découvert, du moment que Grouchy ne venait pas. […] Et pourquoi donc ce Grouchy de contretemps, et de malheur ne venait-il pas ? […] La nuit était venue, quelques carrés de la garde tenaient seuls et demeuraient, dans le débordement universel, comme des têtes de rochers sombres. […] Léonidas ou tel autre héros grec a-t-il mêlé un juron de son temps à la parole sublime qui a traversé les siècles, et qui, des Thermopyles ou de Marathon, est venue jusqu’à nous ?

157. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre VII. La littérature française et les étrangers »

Diderot est le véritable créateur du théâtre allemand : les théories et les drames de Lessing en viennent. […] Ceux qui ne pouvaient venir ou revenir vers le commun centre de tous les esprits, la France allait les trouver. […] Ce fut une grande époque dans la vie du pauvre Galiani quand Aufresne vint donner des représentations à Naples. […] Elle fait venir Diderot à Pétersbourg ; elle correspond avec Galiani, Grimm, Voltaire. […] Addison, Prior viennent en France.

158. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome II « Mémoires pour servir à l’histoire des gens-de-lettres ; et principalement de leurs querelles. Querelles particulières, ou querelles d’auteur à auteur. — M. de Voltaire, et M. de Maupertuis. » pp. 73-93

Le jeune auteur vouloit aller à la célébrité : la plus grande qu’il ait eue lui vient en effet de son acharnement contre la personne & les écrits d’un grand homme*. […] Mais quelques attentions singulières du roi, une grosse pension, la faveur de le voir à des heures réglées, de lire avec lui plus intimément les ouvrages par lesquels le roi se délasse du gouvernement, m’ont attiré la jalousie. » Les mauvaises intentions d’un rival en crédit à la cour de Berlin, vinrent bientôt à la connoissance de M. de Voltaire. […] Aussitôt qu’il fut rendu à la vie, il en instruisit ainsi, par une lettre, l’auteur de l’Akakia : « Je vous déclare que ma santé est assez bonne pour vous venir trouver partout où vous serez, pour tirer de vous la vengeance la plus complette. […] Il se décida pour venir à Strasbourg. […] D’où vient, lui dit-on, le déchirez-vous ?

159. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIIe entretien. Chateaubriand, (suite.) »

Repoussé par la société, abandonné d’Amélie, quand la solitude vint à me manquer, que me restait-il ? […] Au lieu de me répondre, elle me vint tout à coup surprendre. […] « Le moment était venu où j’allais expier toutes mes inconséquences. […] allez-vous faire comme cette étrangère qui vint ici il y a quelques jours ? […] On vient alors me chercher, pour remplir les fonctions paternelles. 

160. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1878 » pp. 4-51

Je vois tout à coup cette fille venir droit à moi et me prendre — j’étais son maître et là, elle, c’était une esclave — me prendre par les cheveux de la nuque, en me disant : “Viens ! […] Il faisait venir des huitres d’un certain marchand d’huitres de Marennes, et les donnait à garder dans une cave du quartier qui leur conservait une fraîcheur particulière. […] Je suis seul dans mon wagon, et en la trépidation du chemin de fer, et par la nuit qui vient, ma pensée va au roman des « Deux clowns. » (Les Frères Zemganno.) […] La nuit est venue. […] Or, ce dîner en principe était donné à Gambetta, qui devait demander le chêne au dessert, mais il n’a pu venir qu’après dîner.

161. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Helleu vient me demander à faire des pointes sèches, d’après mon facies. […] Enfin, c’est Montesquiou qui vient savoir de mes nouvelles, en même temps qu’il vient chercher son exemplaire des Chauves-Souris, pour le faire illustrer de son portrait, par Whistler. […] On vint à parler d’une de ses amies, toujours en traitement, sans être malade. […] Groult me faisait voir quelques tableaux et dessins, qu’il venait d’acheter. […] — Je veux, répliqua le juif, qu’il vienne travailler chez moi, sans salaire, jusqu’à ce qu’il se soit acquitté.

162. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Appendice aux articles sur Roederer. (Voir page 393.) » pp. 533-543

Les boulets venaient autour d’elle et de sa petite fille. […] — Un aide de camp vient dire au général qu’on le demande. […] ) — On voit venir les aides de camp sur le pont. […]  » Le moment d’après, son mari est venu, m’a regardé de tous les côtés, et m’a reconnu. […] Un jour, le patron ne le voyant pas se mit à dire : « Bernis ne vient donc pas déjeuner ? 

163. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre VI. Jean-Baptiste  Voyage de Jésus vers Jean et son séjour au désert de Judée  Il adopte le baptême de Jean. »

Or, de tous les personnages du passé, dont le souvenir venait comme les songes d’une nuit troublée réveiller et agiter le peuple, le plus grand était Élie. […] Les nouveaux venus se firent baptiser comme tout le monde. […] Un grief tout personnel vint, d’ailleurs, s’ajouter à ces motifs d’État et rendit inévitable la perte de l’austère censeur. […] Sa foi dans la prochaine venue du Messie ne fit que s’affermir ; il suivait avec attention les mouvements du dehors, et cherchait à y découvrir les signes favorables à l’accomplissement des espérances dont il se nourrissait. […] Les synoptiques font venir Jésus vers Jean, avant qu’il eût joué de rôle public.

164. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCIVe entretien. Alfred de Vigny (1re partie) » pp. 225-319

« D’où vient ce qui se passe ? […] D’où vient donc ce qui se passe ? […] venez ici. […] C’est par bonté que vous êtes venue. […] vous ne voulez pas venir.

165. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Sincère vient d’un mot latin qui veut dire : pur, en parlant du vin. […] D’où avait pu me venir cette puissante joie ? […] D’où venait-elle ? […] Sa muse étant la sympathie, d’où viendrait à ces fictions la pugnacité ? […] Je sentais qu’il m’entendait venir, qu’il me voyait, mais qu’il ne voulait ni parler ni bouger.

166. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 8 mars 1886. »

Gross, l’exécuteur testamentaire de Wagner, vint à Paris. […] Vous venez me conter que Wagner n’aimait pas la France. […] Qu’on vienne donc maintenant nous parler d’art à propos de Wagner ! […] Carvalho dirige, il se trouverait bien deux cents jeunes peintres pour venir siffler et venger l’honneur de leur pays. […] Garder les nôtres, moins bons, parce que le nouveau vient d’Allemagne ?

167. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers, Tome xix. (L’île d’Elbe, — L’acte additionnel. — Le champ de mai.) » pp. 275-284

Et que viens-je de lire encore ? […] Edgar Quinet qui, le dernier de tous, dans un article écrit avec un certain feu, mais sans aucune logique (il serait trop aisé de le démontrer en détail), s’en vient plaider contre ce qu’il appelle la légende napoléonienne ; et qui prétend nous refaire un 1815 tout nouveau ! […] Puis vient la police de l’île, l’organisation de la petite armée, de la petite marine ; les embellissements de la ville capitale auront ensuite leur tour, puis la réparation ou la construction des routes, l’exploitation des carrières de marbre et des mines de fer. […] Son parti est pris ; il ne s’en ouvre d’abord qu’à sa mère, venue là pour partager son destin et vivant auprès de lui. […] Lanfrey la veut, est celle qu’eût écrite Tocqueville : elle n’est pas venue.

168. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « en tête de quelque bulletin littéraire .  » pp. 525-535

D’où vient qu’on ne la recueille pas sincèrement, qu’on hésite, qu’on recule, et qu’il y a souvent si loin entre ce qui se dit de judicieux, de vivement senti, et ce qu’on imprime ? […] La Revue des Deux Mondes, venue à un moment où cette faculté de jeune et active union était déjà perdue, a essayé du moins d’en ressaisir et d’en sauver les débris. […] Avec un peu d’habitude, on s’y endurcit ; et mon ami, bien qu’il ait le cœur poétique et tendre, en est venu à ne plus mesurer ce champ d’oubli qu’à la toise. […] A Rome, on commençait à s’y perdre après Catulie, et à user dans tous les sens le pastiche mythologique, quand Virgile vint à propos asseoir son double édifice des Géorgiques et de l’Énèide, non loin duquel Horace put adosser son Tibur. […] Aucun monument véritable, aucune pièce étendue et exemplaire, n’a suivi les admirables préludes que leurs auteurs n’ont pas surpassés ; la perfection du genre n’est pas venue.

169. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Émile Augier, Louis Bouilhet, Reboul »

L’oubli viendrait à certaines œuvres sans que nous y missions obstacle. […] Il faut qu’elles viennent comme elles peuvent s’entasser et se presser dans ce cadre étroit, kaléidoscope sans éclat et sans variété de sottises et de choses médiocres ! […] II Parmi les tard venus à cette place, il en est un pour lequel le succès est partout venu vite, et qui pourrait s’appeler, comme Masséna, l’enfant chéri de la Victoire. […] Son livre doit être signalé d’autant plus aux jugements de la Critique, qu’il est d’un bon exemple qu’on sache, au moment où Augier vient d’être nommé à l’Académie, ce que la langue française doit à un pareil poète. […] On a cette âme ou on ne l’a pas ; mais on ne la fait pas venir.

170. (1855) Louis David, son école et son temps. Souvenirs pp. -447

Cependant le 9 thermidor vint et Robespierre tomba. […] Viens ! viens ! […] Jésus-Christ disant : « Laissez venir à moi les petits enfants !  […] D’où venaient originairement ces idées de régénération de l’art ?

171. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — II » pp. 231-245

D’où vient cet ordre ? d’où viennent ces mouvements ? […] Et sur la terre même, d’où vient la succession, la régularité des saisons ; et dans les végétaux, dans les corps organisés, cet ensemble de lois mystérieuses et manifestes qui y président et qui constituent la vie ; et ces mouvements d’un ordre supérieur et singulier, cette activité spontanée des animaux ; et nos propres sensations à nous, et ce pouvoir de penser, de vouloir et d’agir que je sens en moi ? […] Il voudrait bien pouvoir ne le reléguer que dans les dehors de la place, dans ce qu’on appelle humeur : « Mes malheurs, mon cher Coindet, n’ont point altéré mon caractère, mais ils ont altéré mon humeur et y ont mis une inégalité dont mes amis ont encore moins à souffrir que moi-même. » Avant d’en venir à se croire l’objet de cette conspiration générale qui paraît avoir été son idée fixe depuis 1764-1766, il avait passé par bien des degrés. Il y avait loin encore de l’âme tendre, jalouse, exigeante, susceptible, dévorée d’un immense besoin de retour, de celui qui disait : « J’étais fait pour être le meilleur ami qui fût jamais, mais celui qui devait me répondre est encore à venir », il y avait loin de cette âme seulement refoulée et douloureuse à celle qui devait tourner toute chose en poison, à ce Jean-Jacques, par exemple, qui, en apprenant la mort de Louis XV, s’écriait : « Ah !

172. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Jamais muse du ciel ne fut si bien venue       Et de mon âme et de mon cœur ! […] Je ne me suis arrêté qu’au moment où je ne sais quelle violente douleur vint m’avertir que j’avais pris la route du désespoir, et que j’allais toucher à ses premières limites. […] il se fit dans ce jeune homme à l’âme ardente la révolution précisément inverse de celle qui venait d’enlever et de transformer Lamennais. […] Les larmes lui vinrent aux yeux. […] Un jour, si l’avenir vient combler mon attente, J’expirai mes erreurs par une œuvre éclatante ;.

173. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Millevoye »

Chez lui, l’accord est parfait entre le moment de la venue, le talent et la vie. […] Il vint à Paris âgé de quinze ou seize ans, et suivit en 1795 le cours de belles-lettres professé à l’École centrale des Quatre-Nations par M.  […] Il aimait tendrement sa mère ; quand elle venait à Paris, elle l’avait tout entier. […] Il est venu, il a fleuri aux premières brises ; mais l’hiver recommençant l’a interrompu. […] La mode ayant changé en poésie, les nouveaux venus le méprisent, les moraux le conspuent, personne ne le défend.

174. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « La comtesse Diane »

D’où vient cette abondance ? […] Ou bien le mot larme vous vient à l’esprit, et il suscite immédiatement le mot sourire. […] Si La Rochefoucauld était venu après la comtesse Diane, elle l’aurait dit avant lui, voilà tout, car elle est, Dieu merci, assez riche de son fonds ! […] D’où vient cela ? […] Il y a de l’infini et du lointain dans cette mélopée imperturbable et limpide ; cela semble venir en effet du pays des neiges et des steppes démesurées.

175. (1894) La bataille littéraire. Septième série (1893) pp. -307

Le mariage vient d’être conclu, signé à la mairie. […] » a déjà prudemment songé à choisir ce premier venu. […] La nuit vint, des hommes entrèrent : on la scella dans le cercueil. […] Puis les années viennent et l’esprit de Joseph de Maistre cherche un aliment à son activités. […] Ainsi s’accomplit la chute des âmes qui viennent du divin Éther.

176. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Théocrite »

J’aime mieux ne pas me détourner de l’idéal pur, et ne pas venir mêler sans nécessité le Moyen-Age à la Grèce, Gautier de Coincy à Théocrite. […] « Viens ici, nourrice. […] « Maintenant que je suis seule, poursuit Simétha, par où viendrai-je à pleurer mon amour ? […] « Écoute mon amour, d’où il m’est venu, auguste Diane ! […] « Écoute mon amour, d’où il m’est venu, auguste Diane !

177. (1857) Cours familier de littérature. IV « XIXe entretien. Littérature légère. Alfred de Musset (suite) » pp. 1-80

Le soleil vient briser ses rayons sur leur cime, Comme un soldat vaincu brise ses javelots. […] Le poème de Mardoche vient après ces fantaisies dans le premier volume. […] Pourquoi de tes amours viens-tu m’entretenir ? […] Qui vient ? […] Si l’effort est trop grand pour la faiblesse humaine De pardonner les maux qui nous viennent d’autrui, Épargne-toi du moins le tourment de la haine ; À défaut du pardon laisse venir l’oubli.

178. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

D’Arcelles me faisait observer qu’un accordeur de pianos est le premier venu. […] Son fiancé vint-il la rejoindre ? […] Sarcey l’a engagé à venir à Paris, M.  […] J’ai dit comment le malheur lui vint. […] Le cheval de cet officier venait d’être tué dans la mêlée.

179. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXIIe entretien. Littérature russe. Ivan Tourgueneff (suite) » pp. 317-378

Écoute, quand tu reviendras au pays, viens me voir ; la bombance durera trois jours chez moi. […] « Pourquoi Guédéonofski ne vient-il pas ? […] peut-être sentiront-elles, au fond de leur tombeau, que tu es venu les voir. […] Si je l’invitais à venir passer une journée avec sa mère et ma vieille tante. […] venait-elle de la terre ?

180. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Œuvres de Maurice de Guérin, publiées par M. Trébutien — II » pp. 18-34

Les descriptions pittoresques, les marines qui viennent ensuite y gagnent en beauté ; ces conversations élevées en font le ciel. […] Un grand silence s’est établi, et j’entends comme les voix de mille souvenirs doux et touchants, qui s’élèvent dans le lointain du passé et viennent bruire à mon oreille. […] Heureux qui regarde, du haut de la montagne, le lion bondir et rugir dans la plaine, sans qu’il vienne à passer un voyageur ou une gazelle ! […] Un petit jardin bien planté, et où il vient un peu de tout, s’étend sur le devant jusqu’à un petit ruisseau qui tombe dans la mer. […] L’idée du Centaure lui vint à la suite de plusieurs visites qu’il avait faites avec M. 

181. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Maurice et Eugénie de Guérin. Frère et sœur »

Sa sœur Eugénie était venue à Paris pour assister au mariage, et bientôt elle le ramena mourant au Cayla. […] Il était chez M. de Lamennais, il vient d’en sortir : il a fort à faire, craint-elle, de lutter avec cet éloquent démon et ce grand tentateur. […] Écoutez ce qui vient à la fin de ce joli récit, où son vœu secret lui échappe : « Le 14 mars 1836. — Une visite d’enfant me vint couper mon histoire hier (une histoire de pauvre vieille et de mendiante sur son grabat). […] D’où cela vient-il donc ? […] Je voudrais qu’elles y fussent quand tu viendras, et te faire voir les deux fleurs amies.

182. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite et fin.) »

Il y a plus d’une manière de voir venir la mort, et nul ne peut savoir avant l’heure comment il l’envisagera lui-même. […] Les amis vinrent ; on riait, on causait ; à neuf heures, on servait un souper fin, et au coup de onze heures sans faute, on se retirait. […] Celle de Filleau de Saint-Martin, en 1678, vint permettre enfin à tout le monde de le lire dans une langue facile et agréable. […] Quelque temps après, il vint dire, tout satisfait, au comte d’Oxford qu’il savait l’espagnol. […] Rabelais eut plus à faire en son temps, et il vint au milieu de la mêlée.

183. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « Le père Monsabré »

Ils n’y viennent pas, ou, s’ils y viennent d’aventure, comme ce sont évidemment des simples et des résignés, ils ne s’irritent point d’être exclus des chaises réservées ; ils acceptent avec la douceur de l’habitude les plus mauvaises places à l’église comme dans la vie : cela leur semble naturel. […] Et vous, filles et femmes tentées par la misère ou par la folie obscure de votre corps, et vous, mendiants, infirmes et meurt-de-faim, toute la cohue invoquée par Jean Richepin dans la Ballade des Gueux  venez, venez ici ! […] C’est égal, j’aurais désiré je ne sais quoi qui n’est pas venu. […] N’est-ce pas que je vois sortir de vos yeux comme un flot de votre vie qui vient se mêler à ma vie ? N’est-ce pas que je crois reconnaître dans ce signe une sorte de sacrement par lequel votre cœur vient chercher mon cœur ?

184. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Elle lui vint pourtant en premier lieu de son libraire Rey d’Amsterdam, et aussi de Duclos. […] Je ne m’attacherai point à le rendre uniforme ; j’aurai toujours celui qui me viendra, j’en changerai selon mon humeur, sans scrupule ; je dirai chaque chose comme je la sens, comme je la vois, sans recherche, sans gêne, sans m’embarrasser de la bigarrure. […] Les dimanches, mes camarades venaient me chercher, après le prêche, pour aller m’ébattre avec eux. […] La description de ces années de l’Ermitage, et de la passion qui vient l’y chercher, a bien de la séduction encore, et peut-être plus de relief que tout ce qui a précédé ; il aura raison de s’écrier pourtant : Ce n’est plus là les Charmettes ! […] Si j’avais pensé atout cela, rien ne me serait venu.

185. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Cependant, si, après ces jeux, on venait à conclure que le vers libre n’est une nouveauté qu’en typographie, la conclusion serait injuste. […] Kahn confond la déclamation et la versification, et il donne à la déclamation une fixité absolument arbitraire, car quelle objection à noter ainsi les vers de Racine : Oui | je viens dans son temple adorer l’Éternel Je viens | selon l’usage antique et solennel Pourquoi détacher chaque membre de phrase ? Est-ce que Je viens dans son temple adorer l’Éternel mis pour Je viens adorer l’Eternel dans son temple ne forme pas une phrase « indéchirable », au triple point de vue grammatical, rythmique et sémantique ? […] En somme ce vers n’est qu’un seul mot, —  Oui — je — viens — dans — son — temple — adorer — l’Éternel car il est un vers, et s’il n’était pas un seul mot, il ne serait pas un vers. […] Qu’un tel vers nous paraisse plus près de la prose qu’il n’y est en vérité, cela vient sans doute de notre ignorance ; mais aujourd’hui même et s’il s’agit ne notre littérature, il semble plus facile de sentir que de définir la nuance qui sépare tels vers libres de telle prose rythmique.

186. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XV. »

viens à nous ; Hymen, ô dieu de l’hyménée ! […] viens à nous ; Hymen, ô dieu de l’hyménée ! […] viens à nous ; Hymen, ô dieu de l’hyménée ! […] viens à nous, Hymen, ô dieu de l’hyménée ! […] viens à nous ; Hymen, ô dieu de l’hyménée !

187. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE CHARRIÈRE » pp. 411-457

De Paris, dans tout cela, il en est peu question : y vint-elle ? […] Peu importe donc que Mme de Charrière y soit jamais venue, puisqu’elle en était. […] Si le comte Max, avec qui je dois danser la première, ne vient pas avant qu’on commence, je la danserai avec vous, si vous le voulez. — Je la remerciai ; et, dans le même moment, une dame vient à moi et me dit : — Ah ! […] Pousser au delà, c’eût été gâter ; en venir au mariage, s’il eut lieu, c’eût été trop réel. […] Elle y vint.

188. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Les Arabes avaient fui, et personne ne venait. […] Hélas, c’est la mort qui est venue. […] Oui, nous en sommes venus là. […] Eh bien ce livre est venu. […] Il faut se mettre au lit… Il est temps… Venez.

189. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Joachim Du Bellay, auquel nous viendrons tout à l’heure, ce premier lieutenant de Ronsard et le porte-enseigne du groupe, n’a pas été le moins favorisé, et c’est justice. […] Sur ces entrefaites, un très-utile secours venait s’ajouter à tous ceux qu’avaient déjà les curieux et les studieux pour se guider dans cette branche particulière d’ancienne poésie. […] En commençant par les Œuvres françoises de Joachim Du Bellay, dont nous n’avons encore que le premier volume, l’éditeur a dérogé à son ordre, et la notice biographique qui nous est promise ne viendra qu’avec le second tome. […] Ne l’oublions pas : un régime nouveau s’était déclaré, un nouveau climat (pour ainsi dire) avait lui et s’était coloré d’une lumière et de reflets venus d’au-delà des monts : on était dans la période de la Renaissance. […] Son Illustration est la première étape marquée dans cette marche recommençante de notre langue ; les petits traités, si prisés, d’Henri Estienne ne sont venus qu’après.

190. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. Anecdotes. » pp. 123-144

Il y a tant à dire sur La Harpe que je ne puis m’empêcher d’en venir reparler encore. […] Les auteurs critiqués par lui (j’en ai honte pour eux) en vinrent bien souvent à la menace : « On se moque d’un nain qui se piète pour se grandir, écrivait Dorat, et, quand il importune, une chiquenaude en débarrasse. » Un méchant auteur du temps, Blin de Sainmore, passe même pour en être venu aux voies de fait en pleine rue contre La Harpe (février 1774). […] C’était au château de Clichy où Mme Récamier passait l’été : La Harpe y était venu pour quelques jours. […] Puis vient le tour des femmes. […] Il léguait ainsi à ceux qui venaient après le soin d’exercer toutes les vertus dont il s’était si bien passé.

191. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1881 » pp. 132-169

Nous sommes dans l’escalier, où tout à l’heure, l’on entendait Massin crier à Delessart : « Viens me poser une pustule !  […] Zola vient nous chercher à la gare de Poissy. […] Il fut appelé pour soigner un prêtre de quatre-vingts ans, tombé en paralysie depuis une dizaine d’années, et qui venait d’être pris d’une pneumonie aiguë. […] Et l’on comprit à de vagues paroles, qu’il croyait, à chaque éclair, que c’était le diable qui venait pour l’emporter. […] C’est cette soirée de notre séjour, en 1851, à Sainte-Adresse, où, sur un défi de la Dubuisson, de venir la trouver dans sa chambre, mon frère montait après le treillage, et était auprès d’elle, en une seconde.

192. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

D’où vient cette lumière ? […] Seraient-ils venus à dessein de la surprendre avec un amant ? […] Voilà ce qui me vient à l’esprit, parce que je ne suis plus malin. […] Le ridicule ne vient donc pas du vice de costume, il est le même de part et d’autre. […] Hallé vient ici très-bien à l’appui de ce que je dis.

193. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Joseph de Maistre »

L’auteur ne vient pas pour distraire, il ne veut pas munie consoler, il ne veut que s’attrister avec une mère. […] Sûrement les Français ne pourraient pas leur faire un plus grand plaisir que de s’en aller d’où ils sont venus. […] Que les grands seigneurs demeurent chez eux et ne viennent pas casser nos pots ! […] En se faisant attaquer par ceux qui viennent après, il les amène sur son terrain, il les traîne à la remorque. […] La bête a l’inconvénient de ne venir jamais seule ; elle introduit le fripon.

194. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

La révolution française ne le surprit donc pas ; il l’avait vue venir, il l’attendait. […] Frayssinous venait la prêcher. […] D’où venaient les combattants ? […] La misère, à la suite de cette vie épicurienne, était venue frapper à la porte de sa mansarde, et à la place de la gloire qu’il attendait, il avait vu venir la faim. […] Guizot leva la visière ; il vint lui-même se dénoncer à mademoiselle de Meulan.

195. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre V. Transition vers la littérature classique — Chapitre II. La langue française au xvie siècle »

Les soldats, les courtisans, les dames reçoivent par mode les mots des étrangers auxquels nos Français vont se frotter, ou qui viennent chercher fortune chez eux. […] Viennent ensuite les composés, que conseille Ronsard, que défend Henri Estienne et que prodigue Du Bartas : porteciel, portepunbeaux, haut-bruyant, doux-amer, etc. […] Parfois les deux syntaxes concourent au lieu de se contrarier, et le latinisme vient en aide à l’archaïsme dans l’omission fréquente des pronoms sujets, dans la suppression de la conjonction que devant le subjonctif, et surtout dans l’usage si développé alors de l’inversion. Du latin aussi viennent ces idées, arbitraires et erronées le plus souvent, d’analogie et de régularité, qui bouleversent la langue et jusqu’à l’orthographe. […] L’exercice populaire de la parole a poli plus tôt le langage de Calvin, en a retranché l’excès et la « débauche » : tout le siècle finit par y venir.

196. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — III » pp. 455-479

La voix de l’amitié qui l’appelait lui vint du Nord, de Copenhague où il avait une amie, Mme Brun, sœur de l’érudit et pieux évêque de Seeland, le poète Munter. […] À cela près, cette partie de l’ouvrage est curieuse, très agréable, en général exacte ; les antiquaires qui sont venus depuis (M.  […] Voilà la voûte du cachot rompue, et un beau rayon vient briller sur les douleurs qui tenaient votre âme captive. […] J’avais tort ; tout ce qui vous connaît est venu à moi me témoigner la joie de vous voir aussi consolée que vous pouvez l’être. […] — Il faut ne jamais oublier que ni les idées ni les sentiments ne viennent du dehors, qu’ils sont en nous, que ce qui vient du dehors n’est que l’excitation qui commence leur vie toute spirituelle.

197. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre II. Les romans bretons »

En premier lieu viendront les lais divers et les poèmes sur Tristan ; puis la Table ronde, et les aventures de ses chevaliers ; enfin le Saint Graal, et sa troupe mystique de gardiens et de quêteurs. […] Un chevalier toutes les nuits vient regarder la dame accoudée à sa fenêtre : elle a un vieux mari qui s’inquiète, et lui demande ce qu’elle fait ainsi ; elle répond qu’elle vient entendre le chant du rossignol, et le brutal fait tuer le doux chanteur : la dame envoie le petit corps de l’oiseau à son ami, qui le garde dans une boite d’or : et c’est tout. […] Tristan était venu demander la main d’Yseult pour son oncle le roi March, et ramenait la blonde fiancée, quand une funeste erreur leur fait boire à tous deux le philtre que la prudente mère d’Yseult avait préparé pour attacher à jamais le roi March à sa fille. […] Blessé, se sentant mourir, il envoie un ami la chercher : si elle veut venir, l’ami dressera une voile blanche sur son vaisseau ; sinon, il le garnira de voiles noires. […] Le poète n’omet rien : qu’« il ne luisait lune ni étoile », et qu’« en la maison n’avait lampe ni chandelle allumée », que Lancelot entre au verger par une brèche de mur, vient sous la fenêtre de la reine, et là se tient « si bien qu’il ne tousse ni éternue », que la reine vient en « molt blanche chemise », sans cotte ni robe dessus, mais un court manteau sur ses épaules ; qu’ils se saluent, etc.

198. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre douzième »

Tel est le faible des écrivains à vues : s’il leur vient une idée, fût-elle hors de leur sujet, il n’y a pas de risque qu’ils en fassent le sacrifice. […] De tous les points du monde, on viendrait à Paris pour y briguer l’honneur d’être enterré à l’Elysée et d’y conquérir « les droits d’une bourgeoisie illustre et immortelle. » Cet Élysée serait en même temps un lieu d’asile. […] Il suffit de mêler à la pensée religieuse quelque souvenir éloigné et comme épuré des plaisirs qui nous viennent par les sens, dans la contemplation ou dans l’usage des choses de la nature. […] Pour le roman, les seules parties qui n’en soient pas fanées sont celles où l’on sent venir René. […] Un nouveau style vient ajouter aux plaisirs qui nous viennent des choses de l’esprit.

199. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre XI. »

Traversant la mer d’Icare, vienne le roi Apollon de Délos, heureusement visible, et pour moi toujours favorable ! […] Ailleurs, au contraire, l’action de l’hymne vengeur ou prophétique vient aggraver ces terreurs, au lieu d’en distraire. […] L’épreuve qui vient heureusement pour cette ville, je supplie le Dieu de ne pas l’éloigner. […] je suis venu vers ta rustique demeure. […] Car seule tu nous viens en aide, à nous qui menons le rude labeur des champs.

200. (1861) La Fontaine et ses fables « Deuxième partie — Chapitre I. Les personnages »

La peste est venue, il faut qu’un animal se dévoue. […] La chapelle du roi se remplissait de courtisans quand il allait à la messe ; un jour qu’il y vint sans être attendu, il fut étonné de la trouver vide. […] Un peu plus loin vient l’avocat qui a pris ses grades, et tient boutique de démonstrations, injures, amplifications, exclamations et mouvements d’indignation. […] De là vient la laideur du monde moderne. […] La Mort vient à la fin : Que veux-tu ?

201. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre III. La nouvelle langue. » pp. 165-234

Mais surtout des descriptions viennent par multitudes y insérer leurs dorures. […] Mais le malheur est venu. […] La promeneuse s’étonnait, quand tout d’un coup elle aperçut une belle dame qui venait l’instruire. […] Surtout voici venir la malice alerte, l’art de rire aux dépens du prochain. […] La conception ne vient pas d’eux, mais de Byzance.

202. (1893) Alfred de Musset

D’où vient-il ? […] Venez, seigneur. […] D’où te vient cet accoutrement ? […] — D’où te vient ce large habit noir ? […] Es-tu venue ici sans trembler ?

203. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre I. Le broyeur de lin  (1876) »

Toute cette compagnie venait, à chaque rayon de soleil, à l’ombre de l’auvent, s’asseoir sur de vieilles chaises de paille. […] Cette petite noblesse de race avait disparu en grande partie ; les autres étaient venus se fixer à la ville depuis longtemps. […]  » Enfin le jour vint où le ménage fut complet. […] Avant cela, il n’était venu à la pensée de personne que la fille de Kermelle fût folle. […] Un samedi soir, elle sentit venir sa fin.

204. (1913) La Fontaine « VI. Ses petits poèmes  son théâtre. »

D’où vient la maladie ? […] D’où vient la maladie parmi les mortels   Elle nous vient, assure le poète, de la Némésis. […] Pandore ouvrit sa boîte ; et mille maux divers S’en vinrent au secours de notre intempérance. […] Une partie en a été citée, ce n’est généralement pas la plus heureusement venue. […] Le charretier réclame le payement de son âne qui vient d’être tué. « Qui est-ce qui l’a tué ?

205. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LEBRUN (Reprise de Marie Stuart.) » pp. 146-189

Suspends ici ton vol ; d’où viens-tu, Renommée ? […] Quand on vint à découvrir le malentendu et que l’ode était de l’élève de Saint-Cyr, les 6,000 fr. se convertirent pour le jeune homme en une pension de 1,200 fr. […] Le Consulat vint et brisa le développement, la transformation dès lors très-sensible. […] Marie Stuart était une transition, mais j’ose ajouter une transition à ce qui n’est pas venu, à ce que l’auteur n’a pas achevé de réaliser lui-même. […] Victor Hugo en vînt à la célébrer.

206. (1875) Premiers lundis. Tome III « Les poètes français »

Malherbe ne vient qu’à son rang dans ce volume ; car, s’il opéra une réforme, ce fut Ronsard qui fit la révolution. […] Avec quelque peine, par quels degrés de déchirement douloureux le loyal jeune homme en vient, d’offense en offense, à se décider à rompre, jusqu’au duel final et vengeur auquel il est contraint ! […] Les poètes connus viendront dans l’âge suivant ; mais le plus souvent, au lieu de s’appliquer à de dignes et sévères sujets, ils s’amuseront alors à des inventions purement romanesques, aux romans dits d’aventures. […] Ce sont deux théories, deux tempéraments en présence : d’une part, la théorie de la veine libre et du premier jet, du laisser-aller, de la verve pure et simple quand elle vient et comme elle vient (Régnier ou Alfred de Musset) ; et d’autre part, celle de la verve contenue, élaborée, resserrée et fortifiée par l’art (Malherbe ou André Chénier). […] Jouissons tous ensemble de la saison passée, mais que ce soit encore pour en tirer bon conseil, et en vue de la saison à venir.

207. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XIV » pp. 126-174

Le chevet du lit s’appuyait au mur du fond, le pied venait en avant, et l’on avait accès de trois côtés. […] Somaise vient encore à l’appui de ces dates. […] Les questions sur la langue sont innombrables ; elles viennent à tout propos. […] Venons à la comédie de Molière. […] Vint ensuite Almahide ou L’Esclave reine, en 1660 ; et ensuite… une infinité d’autres ouvrages du même genre.

208. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Les philosophes voyageaient pour venir l’entendre ; les princes étaient curieux de le voir ; et les oracles, dans les temples, lui rendaient les mêmes hommages qu’aux rois.  […] C’est alors que je jouirai de la proie enlevée sur les barbares, quand le ravisseur domestique ne viendra plus faire sa proie de mon bien. […] On dit qu’un jour ayant reçu une députation de quatre-vingts prêtres qui venaient pour le fléchir, il les fit embarquer tous ensemble, et ordonna qu’on mît le feu au vaisseau, quand ils seraient en pleine mer. […] Dans ce moment, l’orateur se peint vieux, accablé d’infirmités et de faiblesse, courbé sous le poids des ans, mais ranimant ses forces languissantes, pour former ce prince destiné à commander un jour au monde : « Viens mon fils, dit-il, viens sur les genoux d’un faible vieillard, recevoir les leçons que la sagesse destine aux princes ; ce sont celles que reçut Antonin, Numa, Marc-Aurèle et Titus. […] Ainsi, les hommes célèbres de ce siècle le seront dans les siècles suivants ; on parlera d’eux comme nous parlons de ceux qui les ont précédés ; leur gloire même n’étant plus exposée à l’envie en deviendra plus pure ; car il vient un temps où les ennemis et les rivaux ne sont plus.

209. (1914) Note conjointe sur M. Descartes et la philosophie cartésienne pp. 59-331

Ce sont ceux qui sont venus tout seuls. […] C’est une grâce qui lui vient. Et qui lui vient instantanée. […] Et de la race à venir. […] Bergson est venu.

210. (1914) Note sur M. Bergson et la philosophie bergsonienne pp. 13-101

Elle vient au monde idée toute faite comme un arbre de théâtre vient au monde tout fait et arbre de théâtre. […] Ce sont des arbres venus au monde plats. Ainsi une idée toute faite vient au monde plate et toute faite. […] L’esprit vient d’un côté. […] La grâce aussi est cette armée royale qui vient au secours.

211. (1896) Le livre des masques

Elle ne viendra peut-être pas ? […] elle viendra. Elle vient toujours. Il est tard, elle ne viendra peut-être que demain. […] … Que viens-tu faire sur cette terre où sont les maudits ?

212. (1892) Journal des Goncourt. Tome VI (1878-1884) « Année 1882 » pp. 174-231

Cette vieille bonne tombe malade chez sa maîtresse, très gravement malade, et une nuit, on vient réveiller la tragédienne, et lui apprendre que la malade agonise. […] « Moi, fait Tourguéneff, c’est une pensée très familière, mais quand elle vient, je l’écarte ainsi, dit-il, en faisant un petit geste de dénégation de la main. […] Et l’animal — bibelot, à la fois doré et locomobile, — l’égayait beaucoup, jusqu’au moment, où, tout à coup, il lui venait l’idée de faire sertir la tortue par un bijoutier. […] Le vieux vaudevilliste, très paillard de sa nature, la décidait à venir lui ôter ses chaussettes, le soir, dans sa chambre… La charmante fille était cousue dans un sac. […] Daudet me disait, ce soir, qu’on était venu le chercher, pour la mort de sa mère, au moment où il était en train de faire le premier feuilleton de L’Évangéliste, et qu’il avait été pour lui très douloureux, de reprendre ce feuilleton, où la fiction de son roman se mêlait à la réalité du triste spectacle, qu’il venait d’avoir sous les yeux.

213. (1856) Cours familier de littérature. I « Ve entretien. [Le poème et drame de Sacountala] » pp. 321-398

Jones, vint par hasard à tomber sous mes yeux. […] un chasseur sans pitié est venu me séduire, abuser de mon innocence dans le paisible ermitage de mon père ! […] Mais, mon amie, les plantes que nous venons d’arroser sont au moment de fleurir. […] Il entend venir sa suite au bruit des chevaux dans la forêt. […] Viens-tu à surprendre sur ta paupière humide une larme qui chercherait à détruire l’effet de tes résolutions ?

214. (1890) La bataille littéraire. Troisième série (1883-1886) pp. 1-343

D’où vient Fanny ? […] » cria-t-il d’une voix perçante. « Le moment est venu !  […] si on était venu ! […] La douleur ne venait plus tout de suite. […] La foule ne vint guère qu’à partir de trois heures.

215. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Mélanges religieux, historiques, politiques et littéraires. par M. Louis Veuillot. » pp. 44-63

Je ne les crains pas autant que quelques-uns le pensent, mais le moment pour moi de mordre à celui-ci n’était pas venu. Quand je dis que le moment me paraît venu aujourd’hui, que l’on me comprenne bien ; ce n’est point parce que M.  […] Il m’a reproché un jour de m’être occupé de Rabelais, de qui La Bruyère a dit que c’est tantôt « le charme de la canaille », et tantôt « le mets des plus délicats. » Je viens à lui au même titre, comme à un grand satirique et railleur, quoiqu’au fond je le trouve souvent moins raisonnable que Rabelais. […] J’en viens vite aux parties où j’ai à louer. […] Il est temps enfin d’en venir au journaliste en M. 

216. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis de Belloy »

Venu plus tard, Térence eût sans doute pensé différemment, et il aurait tenté au théâtre ce que Virgile accomplit pour l’épopée ; il aurait essayé de combiner les éléments étrangers et l’inspiration latine en des productions toutes neuves, et de rester Romain en imitant. […] Mais non : le père a beau questionner le matin les petits esclaves qui vont et viennent. — « Holà ! […] C’est alors (le récit du bonhomme dure toujours) qu’un bourgeois d’Athènes, un certain Chrêmes, sur la bonne réputation de ce jeune fils de famille, vient offrir au père de lui accorder sa fille unique avec une grosse dot. […] Sur ces entrefaites, cette femme, cette Chrysis vient à mourir. […] Voilà d’où viennent toutes ces larmes, tout cet attendrissement !

217. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DE LA MÉDÉE D’APOLLONIUS. » pp. 359-406

Les Argonautes donc, au commencement du chant iii, après une longue navigation, après toutes sortes d’aventures déjà et de périls, viennent d’entrer dans l’embouchure du Phase et d’aborder en Colchide. […] car vous venez pour quelque chose, et l’on ne vous voit guère d’habitude, étant comme vous êtes les premières des déesses. » Je force peut-être un peu le ton, mais je l’indique du moins. […] Après le repas qu’Éétès a fait servir aux nouveaux venus avant toute chose, d’après les lois de l’hospitalité, il y a lieu pour Jason d’expliquer au roi le sujet de son voyage. […] puisses-tu n’en venir jamais à cette affreuse douleur pour tes enfants !  […] Nous pourrions prolonger encore ; l’entretien n’en reste pas là ; Jason s’efforce de démentir les éloquents présages et de chasser ces idées de tempêtes et d’oiseau messager : qu’elle vienne seulement en Grèce, et elle verra comme elle y sera honorée.

218. (1861) La Fontaine et ses fables « Troisième partie — Chapitre I. De l’action »

Mercure, ayant pitié de lui, vint lui demander pourquoi il pleurait. […] D’où vient ce double talent ? […] Il vint une année de sécheresse, de sorte qu’il ne resta point d’eau dans l’étang. […] Une vache était là ; l’on l’appelle, elle vient. […] Pourquoi venir troubler une innocente vie ?

219. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

J’y venais, presque tous les jours, passer la soirée comme en famille. […] Un de mes plus intimes amis, le baron de Vignet, neveu des deux comtes de Maistre, venait d’être nommé secrétaire de l’ambassade de Sardaigne à Londres. […] On disait que le marquis Torregiani, très bel homme, au visage toscan voilé par une empreinte de tristesse, y venait tous les jours. […] Le comte Gino Capponi, héritier du grand nom et de la grande influence de ses ancêtres, avec qui j’étais lié d’ancienne date à Paris, y venait tous les jours. […] et un tribunal anglais s’est-il avisé de venir demander compte à l’illustre barde des opinions du corsaire ou des sentiments de Lara ?

220. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — I. » pp. 1-19

On raconte qu’en faut, au sortir du sermon, son plus grand plaisir était de rassembler autour de lui ses condisciples et de leur répéter ou de leur refaire le discours qu’ils venaient d’entendre. […] Ces premier succès semblèrent plutôt l’effrayer que l’enhardir : sa retraite à l’abbaye de Sept-Fons ne vint qu’après. […] Massillon qui paraissait pour la première fois devant Louis XIV, et qui y venait précédé d’une réputation d’austérité, savait mêler le compliment et l’hommage à la leçon même. […] On venait à lui ; on trouvait l’honnête homme, le religieux éclairé, affectueux, un peu faible pourtant. […] Quelle grandeur quand les ministres des rois venaient au pied de son trône !

221. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Journal du marquis de Dangeau — II » pp. 18-35

Mme de Montespan y vint passer l’après dîner et joua avec le roi. » La retraite et la chute de Mme de Montespan était donc imposante encore, et digne, sinon menaçante. […] Dangeau n’en omet aucune, et il nous dit aussi quel jour Racine eut la faveur si recherchée d’un Marly : « Le roi a fait venir ici M. Racine à ce voyage-ci (28 septembre 1689), et lui a donné une chambre. » Venir à Marly était beaucoup, mais y avoir une chambre et y coucher, c’était la clef de l’Olympe. […] Comme singularité, je remarque qu’en février 1688 on jouait à Versailles Jodelet ou le maître-valet, de Scarron, et la Dauphine y assistait, sans qu’on prît garde aux origines, et que cette pièce était du premier mari de Mme de Maintenon : de telles idées ne venaient pas à l’esprit, ou du moins on les gardait pour soi. […] Le marquis d’Uxelles capitule et rend Mayence, un peu trop tôt cependant, à ce qu’il parut ; mais il n’avait plus de poudre et tous ses mousquets étaient crevés : « Jeudi, 29 septembre 1689. — M. le marquis d’Uxelles est venu à Marly.

222. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Les Caractères de La Bruyère. Par M. Adrien Destailleur. »

Il venait, dit-on, d’acheter une charge de trésorier de France à Caen, lorsqu’il fut appelé à Paris pour y enseigner l’histoire à M. le Duc, petit-fils du grand Condé. […] il avait devant lui la matière la plus riche pour l’observation, et il venait d’acquérir dans la maison de Condé, en s’y abritant, ce que d’autres y auraient perdu, l’indépendance. […] Il s’y sentit bientôt si goûté, si à l’aise, si en plein dans son élément et dans sa veine d’observation, qu’il est venu jusqu’à nous des témoignages et comme des échos de ses joies. […] De la sagacité et de l’humeur dont il était, l’idée de son livre dut lui venir du premier jour et en observant. […] L’audace lui est venue avec le succès ; il mettra double et triple charge ; il chargera à balle forcée la carabine.

223. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Le Mystère du Siège d’Orléans ou Jeanne d’Arc, et à ce propos de l’ancien théâtre français (suite.) »

les temps annoncés, et dont les signes ont été prédits, seraient-ils venus ? […] , sa mission sur la terre et déclare que, pour lui, le temps d’agir, de sauver et de régénérer le monde, est venu. […] Les contrastes ne manquent pas ; à peine Jésus est-il au désert que deux diables y viennent rôder et l’espionner. […] Après ce coup il se sauve de Scarioth et vient chercher fortune en Judée. […] Mais qu’on ne vienne pas soi-même provoquer la comparaison par des préférences ou des vanteries injustifiables.

224. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

Ils sont venus à nous en se donnant la main, l’oncle et le neveu ; celui-ci nous a raconté, dès notre enfance, la mort mémorable de l’autre. […] Pline l’Ancien, dit le Naturaliste, vient d’être traduit complètement par M.  […] À propos du soleil, âme de la nature, dont il trace un éclatant tableau, il en vient à parler de Dieu. […] Quand, des animaux, il en vient aux productions de la terre, aux arbres et autres végétaux, Pline expose les usages qu’en ont tirés les arts et l’industrie aux diverses époques. […] que voilà donc une disette qui nous viendrait bien à propos !

225. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Monsieur Étienne, ou une émeute littéraire sous l’Empire. » pp. 474-493

Il n’était pas du temps des Patriarches, mais bien de son temps, et il offre un type exact et distingué de l’homme de lettres et de l’homme de talent à la date précise où il vint. […] Étienne vint à Paris vers 1796 ; il n’avait rien que son esprit. […] Étienne préludait véritablement aux Deux Gendres, cette pièce qui est le point central où son œuvre dramatique vient aboutir. […] C’est à ce moment que le succès éclatant de la comédie des Deux Gendres vint le désigner, d’autre part, comme un successeur presque direct de Molière. […] Cette seconde grande comédie ne vint pas.

226. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — III. Franklin à Passy. (Fin.) » pp. 167-185

Lorsque Franklin arrivait à Paris à la fin de décembre 1776, et que son voyage, qui allait devenir un séjour de huit années et demie, faisait à l’instant le sujet de tous les commentaires, ce n’était pas la première fois qu’il voyait la France : il y était venu déjà passer quelques semaines en septembre 1767 et en juillet 1769. […] J’ai hâte d’en venir à son rôle philosophique et social, ce qui nous intéresse surtout aujourd’hui. […] Il aimait, en général, plus à écouter qu’à parler, et on pourrait citer telle femme du monde, qui, venue le soir par curiosité dans le même salon que lui, s’est plainte de son silence. […] Lord Shelburne lui avait adressé son fils lord Fitzmaurice ; et, à la seconde visite, Franklin écrit dans son Journal (27 juillet 1784) : Lord Fitzmaurice vient me voir. […] J’ai, il est vrai, par-ci par-là un petit remords en réfléchissant que je perds le temps si paresseusement ; mais une autre réflexion vient me soulager, en murmurant tout bas à mon oreille : « Tu sais que l’âme est immortelle : pourquoi donc serais-tu chiche à ce point d’un peu de temps, quand tu as toute une éternité devant toi ? 

227. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Le Chevalier de Méré ou De l’honnête homme au dix-septième siècle. »

D’où vient donc qu’il en arrive autrement ?  […] C’est, au reste, à la suite de ces deux épistolaires que vient se classer le chevalier et qu’il mérite d’avoir rang dans notre littérature. […] Le maître vint à ce bruit, et je le saluai. […] Et puis, en relisant tout ceci, une pensée dernière me vient, qui remet chacun à sa place. […] Je ne fais que poser ces petits problèmes pour les biographes futurs, s’il en vient.

228. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Mémoires ou journal de l’abbé Le Dieu sur la vie et les ouvrages de Bossuet, publiés pour la première fois par M. l’abbé Guetté. Tomes iii et iv· » pp. 285-303

Puis le lendemain, mercredi des Cendres : Mme Bossuet est sortie de son lit à midi pour venir vite prendre des cendres et entendre la messe que j’ai dite pour M. de Meaux. […] Dieu vient là bien à propos ! […] Tous les convives l’attendaient à la salle à manger, et personne n’était venu à sa chambre, où l’on savait que j’étais enfermé avec lui. […] La place de la droite du prélat était vide, il me fit signe de m’y mettre : je remerciai, disant que j’étais placé et déjà servi ; il insista doucement et poliment : « Venez, voilà votre place. » J’y allai donc sans résistance ; on m’y apporta mon potage. […] Mais, revenu à Meaux, il retombe dans sa bonne humeur, il a un accès de satisfaction, comme le rat qui rentre dans son fromage : « À mon arrivée (samedi 31 mars 1708), j’ai trouvé mes six beaux fauteuils neufs venus en bon état, et tous les autres meubles et estampes avec des verres que j’avais envoyés avant moi.

229. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers. »

Ce serait faire de lui un comte de Charolais, et rien dans le cours de sa vie si galante, mais nullement inhumaine, ne viendrait justifier un tel début d’atrocité. […] Ce fusil était chargé à balle, et il le tenait en main, lorsque malheureusement, en le tournant et le retournant, le coup vint à partir et tua roide  mort le Père du Cerceau qui était vis-à-vis de lui. […] La seconde, en effet, eût été Mlle Marquise, maîtresse du duc d’Orléans, et par ordre de rang ou de préséance, Mme de Boufflers venait la troisième. […] Mais cette consolation et cette illusion lui manquèrent à dater de 1764, lorsque la mort imprévue de son mari vint tout à coup la délier. […] Après toutes ces préparations et ces acheminements à un refus trop prévu, il en vient au seul remède, selon lui efficace.

230. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Lettres inédites de Michel de Montaigne, et de quelques autres personnages du XVIe siècle »

C’était un usage établi, et qui datait de François Ier, que les gentilshommes vinssent à la Cour et s’y fissent présenter sans y être amenés par aucun office particulier. […] C’est en ce sens qu’il répondit d’abord aux jurats de Bordeaux qui, en lui annonçant sa nomination, le priaient instamment de venir y faire honneur. […] il est trop tard pour se changer, quand on a passé la plus grande partie de sa vie ; « il n’est plus temps de devenir autre. » De propos en propos, il oublie un peu son point de départ, et il en vient, selon sa coutume, à se développer à nous et à se dévider tout entier. […] Nous vous supplions très humblement de vous en venir, incontinent que vos affaires le pourront permettre. […] Nous n’avons rien vu, et avant-hier soir, y fûmes jusques après minuit, où M. de Gourgues se trouva ; mais rien ne vint.

231. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid(suite et fin.)  »

Il est temps que la beauté du langage vienne faire oublier ce qu’il y a d’un peu singulier, et même d’un peu comique, dans la situation du vieillard : « Tout cassé que je suis, je cours toute la ville… » Dès que don Diègue et Rodrigue se sont rencontrés, Corneille retrouve ses accents et traduit admirablement son modèle, lequel, à cet endroit, est des plus beaux : « Touche ces cheveux blancs à qui tu rends l’honneur ; Viens baiser cette joue, et reconnais la place Où fut jadis l’affront que ton courage efface. » — Admirable ! […] La flotte qu’on craignait, dans le grand fleuve entrée, Vient surprendre la ville et piller la contrée. […] L’infante arrive en visite chez Chimène ; elle vient tâter le terrain, voir s’il n’y a pas là quelque chose à faire. […] « Je vais mourir, Madame, et vous viens en ce lieu, Avant le coup mortel, dire un dernier adieu… » « — Tu vas mourir !  […] Il est venu, comme on dit, la mettre au pied du mur, pour mieux voir de ses yeux la pure passion déployer ses ailes et s’envoler.

232. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Coulmann pour venir nous entretenir ainsi, nous qui ne sommes pas de sa famille, et nous informer en détail de ses historiettes de société et de ses impressions de tout genre ? […] Coulmann, ne venait plus que rarement. — Elle ne lui en voulait, pas de sa froideur et de l’éloignement amené par les années. […] Je me suis trouvée avec une douzaine de femmes ou maîtresses de voleurs qui venaient aussi chercher leur permission. […] « Nous venons pour savoir, lui crient-ils, quel est le bon acte de Fernand Cortez. […] Coulmann lui ayant dit qu’il se proposait de venir le voir : « Oui, répondit Béranger, je suis sur qu’il viendra ; il ne néglige pas cette occasion de popularité.

233. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Œuvres de Barnave, publiées par M. Bérenger (de la Drôme). (4 volumes.) » pp. 22-43

continue-t-il, non, tu ne seras jamais pour ton frère un être éteint et fantastique : souvent présent à ma pensée, tu viens animer ma solitude… Quand une pensée douce vient m’émouvoir, je t’appelle à ma jouissance. […] Souvent tu présides aux pensées qui viennent animer mes rêves avant le sommeil. […] J’ai dit qu’une parole malheureuse vint, presque dès les premiers jours changer sa situation à l’Assemblée et altérer la candeur de son caractère. […] Les impressions d’alors ne firent qu’y venir en aide et la confirmer. […] [NdA] Je renvoie à la fin de l’article pour quelques détails qui me sont venus sur ces rapports de Barnave avec la Cour.

234. (1889) Impressions de théâtre. Troisième série

D’où vient cet ennui ? […] Tout Paris venait chez lui. […] viens à mon aide ! […] Et tout le monde y viendra. […] Il est venu dès le lendemain.

235. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

Au moment de ladite biographie, sa mère était venue le voir, et tombant sur ledit imprimé, s’était mise à pleurer à chaudes larmes. […] Bonnetain est venu avec sa pièce, et Daudet lui fait lire. […] Enfin Porel vient s’asseoir sur les premiers bancs de l’orchestre entre les censeurs. […] Nous étions venus pour protester contre l’indigne cabale, qui n’a pas cessé de s’attacher à vous, et pour forcer le respect dû à votre talent. Nous n’étions pas venus pour applaudir.

236. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Au fond, je crois que la nouvelle ne viendra pas, et que je veille pour rien. […] Ton fils aîné ; mon fils aîné sera l’héritier de tous mes biens présents et à venir. […] Je fais venir aujourd’hui Malhené qui me dit, ce que je pressentais, que j’ai un zona, auquel se mêle toujours un douloureux rhumatisme intercostal. […] Hanotaux des Affaires étrangères, qui vient causer avec moi des tapis persans du xvie  siècle. […] Demande à Daudet de m’avoir une consultation de Potain, et de venir un peu causer affaires sérieuses.

237. (1762) Réflexions sur l’ode

Vous en verrez d’excellentes, chacune en leur genre, comme l’ode à la Fortune et l’ode à la Veuve, dont le caractère est absolument différent, quant aux idées, quant au style, quant à la nature même des stances et de la mesure ; et vous viendrez après cela nous tracer des règles. […] Si on vient un jour à ne plus parler la langue française, nos neveux mettront toujours La Fontaine au rang des grands poètes, parce qu’ils sauront le cas infini que nous en faisons, et que d’ailleurs nos neveux n’auraient garde de ne pas penser comme leurs ancêtres. […] Elle n’a pas eu lieu de s’en repentir ; et le public, par ce qu’il vient d’entendre et d’applaudir avec justice, peut juger des espérances et des ressources qui lui restent. […] Le temps des hérésies théologiques, si orageux et si humiliant tout à la fois pour l’espèce humaine, est heureusement passé ; celui des hérésies littéraires, moins dangereux et plus paisible, est peut-être venu : peut-être même, dans ces matières frivoles abandonnées à nos disputes, ce qui serait aujourd’hui hérésie scandaleuse sera-t-il un jour vérité respectable. […] Que le soleil vienne éclairer tout à coup les habitants d’une caverne obscure, qu’il darde impétueusement ses rayons dans leurs yeux non préparés, il ne fera que les aveugler pour jamais ; il fera pis encore ; il leur rendra pour jamais odieux l’éclat du jour, dont ils ne connaîtront que le mal qu’il leur aura causé.

238. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre V. Du gouvernement de la famille, ou économie, dans les âges poétiques » pp. 174-185

Ils doivent laisser ce patrimoine dans des lieux qui jouissent d’un air sain, qui possèdent des sources d’eaux vives, et dont la situation naturellement forte leur assure un asile dans le cas où les cités périraient ; il faut enfin que ce patrimoine comprenne de vastes campagnes assez riches pour nourrir les malheureux qui, dans la ruine des cités voisines, viendraient s’y réfugier, les cultiveraient, et en reconnaîtraient le propriétaire pour seigneur. […] De là vinrent sans doute ces phrases latines, summo loco, illustri loco nati, pour dire les nobles ; imo, obscuro loco nati, pour désigner les plébéiens : les premiers habitaient les cités, les seconds les campagnes. […]   L’institution des sépultures, qui vint après celle des mariages, résulta de la nécessité de cacher des objets qui choquaient les sens. […] Ainsi un froid très vif contraint les bêtes sauvages à venir chercher un asile dans les lieux habités. […] Ensuite durent venir les fiefs roturiers réels, pour lesquels les vassaux durent être les premiers prædes ou mancipes obligés sur biens immeubles ; le nom de mancipes resta propre à ceux qui étaient ainsi obligés envers le trésor public.

239. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Tous ces grands écrivains sont trop rébarbatifs pour que le premier venu les aborde. […] M. de Balzac a déjà produit énormément et tout nous porte à espérer que le moment du repos n’est pas encore venu pour lui. […] Ici, il peut venir un doute : ce roman a-t-il réellement paru au bas d’un journal quelconque ? […] Puis viennent les quasi-indifférents qui, en général, ne voient pas M.  […] Je viens tout à l’heure d’en toucher un mot.

240. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Puis il s’arrêta, attendant la fin qu’il était venu chercher. […] Et une grande espérance leur venait, sachant combien Lilia était bonne. […] Les convenances veulent qu’il vienne visiter la pécheresse malade. […] Comment toute cette famille a-t-elle pu venir à Houssaye en un jour ? […] Le soupçon ne lui vint pas un instant que cette pensée fût coupable.

241. (1882) Hommes et dieux. Études d’histoire et de littérature

Apres lui les Alexandrins et les Romains vont venir. […] Le Sénat vient au-devant de lui en habits de fête. […] Tu es venue, suivant ta vieille coutume. […] Viens au plus vite, ô Mort ! […] Viens, luttons ensemble sur cette aire de marbre.

242. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 11-15754

It lucrum ad me, (Plaute) le profit en vient à moi. […] Il est long-tems à venir. […] Ce mot vient du Latin adversus, contraire, opposé. […] La Grammaire n’est venue qu’après que les langues ont été établies. […] L’i ne se perd que dans la conjonction si devant le pronom masculin, tant au singulier qu’au pluriel ; s’il vient, s’ils viennent, mais on dit si elles viennent.

243. (1887) Essais sur l’école romantique

J’en viens à la question de principes. […] » dit l’autre voix du fond des cieux venue. […] D’où vient ce défaut de M.  […] J’en viens à mon amendement. […] Comme on sait bien ce qu’il est venu faire !

244. (1896) Écrivains étrangers. Première série

Et de là vient sa véritable grandeur. […] Et au lieu du mariage projeté c’est la mort qui est venue. […] Puis le soir était venu, et l’on s’était séparé. […] Gladstone qu’il en était venu à admirer Disraeli. […] Et maintenant viens près de moi, et dis-moi que tu m’aimes.

245. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Elle y vint ! […] Voici venir l’heure des représailles. […] Où veux-je en venir ? […] Rien n’est venu empêcher qu’elle ne continuât. […] Laïs vient à lui.

246. (1864) Le roman contemporain

Gouvernement venu par l’épée, pourrait-il éviter de tirer l’épée ? […] Ce furent les ténèbres qui vinrent profondes et fatales. […] Feydeau vient-il parler d’idées au public ? […] D’où viennent à l’auteur ces réminiscences du demi-monde ? […] Cette créature humaine était venue dans la vie comme cela.

247. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Ce point noir se mouvait et venait vers eux rapidement. […] J’allais y venir. […] Et ce Millenium annoncé qui n’était pas venu ! […] C’est de là que Virgile est venu vers Dante. […] Comme à Dante, la faveur des princes vient à Gœthe avec la renommée.

248. (1885) Les étapes d’un naturaliste : impressions et critiques pp. -302

Puis il en vient aux mystiques. […] viens, quelle joie ! […] — Viens, mon beau gardian ! […] Malandran va venir ; — aïe ! […] Quand me viens-tu chercher ?

249. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Notes et pensées » pp. 441-535

Il vient d’Allemagne ; qui a-t-il vu ? […] Les nouveaux venus gobent tout et admirent de confiance. […] C’est à la suite de cette incartade que Turquety a quitté sa province et est venu habiter Paris, Passy. […] Dubois, sut de lui mon nom, mon adresse, et vint pour me voir sans me rencontrer. […] Je ne me suis jamais offert ; j’ai attendu qu’on vînt à moi.

250. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre I. Les origines. — Chapitre II. Les Normands. » pp. 72-164

C’est que ce peuple, lorsqu’il vint en Neustrie, n’était ni un corps de nation, ni une race pure. […] Avec le goût, aussi naturellement et aussi vite, la curiosité leur était venue. […] Il prend la ville, et aussitôt les ambassadeurs de Saladin viennent lui demander grâce pour les prisonniers. […] voici la Mort terrible,  — qui vient pour nous détruire tous !  […] Poiz a crié : « Venez, venez !

251. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Puis vient le quatrième acte, l’acte du cirque, l’acte important, l’acte mouvementé, l’acte décisif. […] L’appétit vient en mangeant. […] Après le nom de M. de Balzac, vient sous ma plume le nom de M.  […] Bonnaire venait, au nom de M.  […] Buloz vient lui demander son tour de représentation pour une œuvre qu’il protégeait.

252. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Discours prononcé à la société des visiteurs des pauvres. » pp. 230-304

Il faut venir aux pauvres comme de plain-pied. […] dit-elle. « Attends que ça vienne », répond-il. Et ça vient. […] Il vient demander la main de Lia pour son neveu. […] » Et il ajoute : « Une idée me vient, qui n’a contre elle que d’être simple à l’excès et de me venir un peu tard.

253. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre III. De l’organisation des états de conscience. La liberté »

Tel est cet ensemble de sentiments et d’idées qui nous viennent d’une éducation mal comprise, celle qui s’adresse à la mémoire plutôt qu’au jugement. […] L’intelligence humaine n’embrasse-t-elle pas alors, dans le moment présent, une portion aussi grande qu’on voudra de la durée à venir ? […] C’est bien, en effet, au souvenir d’un fait de conscience passé, non à la connaissance anticipée d’un fait de conscience à venir, qu’on doit assimiler la prévision astronomique. […] On passera donc insensiblement du premier sens au second, et l’on se représentera la relation causale comme une espèce de préformation du phénomène à venir dans ses conditions présentes. […] Le déterminisme de Leibnitz ne vient pas, en effet, de sa conception de la monade, mais de ce qu’il construit l’univers avec des monades seulement.

254. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre II. De la reconnaissance des images. La mémoire et le cerveau »

Des deux interprétations que nous avions annoncées, la première vient ainsi se fondre dans la seconde, que nous allons examiner. […] À vrai dire, c’est dans des hypothèses physiologiques de ce genre que viennent se perdre, bon gré mal gré, toutes ces théories de la reconnaissance. […] De là vient le rôle prépondérant, et non plus accessoire, que les souvenirs-images y jouent. […] Les faits cliniques viennent d’ailleurs confirmer ici l’observation journalière. […] D’où vient cet ordre, et qu’est-ce qui assure cette coexistence ?

255. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre I. Principe des mœurs sous l’Ancien Régime. »

Le roi vient alors à la ruelle de son lit, s’agenouille sur un carreau et fait sa prière, pendant qu’un aumônier à voix basse prononce l’oraison Quæsumus, Deus omnipotens. […] Au Palais-Royal, toutes les personnes présentées peuvent venir souper les jours d’opéra. À Châteauvillain, tous ceux qui viennent faire leur cour sont invités à dîner, les nobles à la table du duc, les autres à la table de son premier gentilhomme. […] Mémoires de Laporte (1632). « M. d’Épernon vint à Bordeaux, où il trouva Son Éminence fort malade. […] Amelot, du 23 septembre 1780. — Duc de Luynes, XV, 260, 367 ; XVI, 268. 163 dames, dont 42 de service, viennent faire la révérence au roi. 160 hommes et plus de 100 dames viennent rendre leurs devoirs au dauphin et à la dauphine.

256. (1864) Cours familier de littérature. XVII « CIIe entretien. Lettre à M. Sainte-Beuve (2e partie) » pp. 409-488

Il s’est tourné vers Dieu, d’où vient la paix et la joie. […] ………… Mareste cependant avait consenti à donner à Beyle une lettre d’introduction pour moi ; il vint. […] … Je viens vous plaire. — Causons !  […] Venez, un ami vous attend !  […] Je rêvais donc ainsi, sur ce quai solitaire, À mon jeune matin si voilé de mystère, À tant de pleurs obscurs en secret dévorés, À tant de biens trompeurs ardemment espérés, Qui ne viendront jamais, … qui sont venus peut-être !

257. (1909) De la poésie scientifique

Or, la première interprétation dissidente vint, disons-nous, de M.  […] Notre aîné de près de dix années, à nous tous qui venions, M.  […] Venir à savoir, c’est venir à être, c’est-à-dire tendre à recréer en soi l’unité devenant l’Unité-consciente… L’homme a donc pour loi morale, d’accord avec l’univers, la loi du Plus-d’effort… Nous sommes au monde pour tendre à notre unité pensante et morale. […] Et surtout, n’est-ce point de là que vient en reprise des travaux de Helmholtz et d’autres, l’étude de plus en plus suivie de la graphophonie où se distinguent actuellement, en France, MM.  […] Il est à regretter seulement que la mauvaise place d’un petit chapitre et une inattention, laissent croire que l’auteur conçoive comme « décadents » les poètes venus autour de Mallarmé.

258. (1834) Des destinées de la poésie pp. 4-75

Seulement, de quart d’heure en quart d’heure les deux battants ferrés de toutes les portes de Jérusalem s’ouvraient, et nous voyions passer les morts que la peste venait d’achever, et que deux esclaves nus portaient sur un brancard aux tombes répandues tout autour de nous. […] Un trou creusé dans la terre et qui était censé correspondre à l’oreille du mort, lui servait de porte-voix vers cet autre monde où dormait celui qu’elle venait visiter. […] J’essayais de comprendre les paroles qu’elle murmurait ainsi et qui venaient jusqu’à moi ; mais mon drogman arabe ne put les saisir ou les rendre. […] Ce noble et respectable vieillard était venu me chercher avec ses fils et quelques-uns de ses serviteurs, jusqu’aux environs de Tripoli de Syrie, et m’avait reçu dans son château d’Éden avec la dignité, la grâce de cœur et l’élégance de manières que l’on pourrait imaginer dans un des vieux seigneurs de la cour de Louis XIV. […] On n’apercevait que la porte surmontée d’une ogive vide où pendait la cloche, et quelques petites terrasses taillées sous la voûte même du roc où les moines vieux et infirmes venaient respirer l’air et voir un peu de soleil, partout où le pied de l’homme pouvait atteindre.

259. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Une cour fut tenue, des messagers vinrent des contrées lointaines. […] Après le décor, vient l’homme, l’acteur. […] Le miracle vient alors donner l’expression suprême du Gral, et, quand il est terminé, tout semble s’effacer, et Parsifal reste seul bien en vue. […] Depuis la seconde représentation, Hunding vient mourir au fond du ravin et M.  […] Vos compatriotes viennent très nombreux assister aux représentations de la Valkyrie qui ont lieu régulièrement les lundi, mercredi et vendredi de chaque semaine.

260. (1833) De la littérature dramatique. Lettre à M. Victor Hugo pp. 5-47

L’instant viendra où je ferai paraître cette bruyante cohorte, armée de pied en cap et prête à mourir en défendant son chef. […] Aussi, Monsieur, quelle n’a pas été ma surprise quand j’ai vu les comédiens venir dire en plein tribunal, par l’organe de leur avocat, que sans l’ordre du gouvernement ils auraient rejoué votre pièce. […] Le malheur que vous venez d’éprouver par la défense de cette pièce m’a rappelé bien vivement celui que j’ai ressenti en 1801. […] Quand on vient au secours de ces établissements, quel est le moyen qu’on emploie ? […] Cette franchise de ma part me rappelle ce que disait un grand maestro au jeune compositeur auquel je dois la musique de mon Prisonnier, et dont la mort est venue trop tôt interrompre les brillants succès.

261. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

Quelle ne fut pas ma surprise, quand l’abbé de Lamennais étant venu me voir le lendemain: « Eh bien, lui dis-je, votre livre paraît donc ? […] Ledru-Rollin à notre dîner hebdomadaire ; il n’y était pas venu par délicatesse, je lui en sus gré, mais comme M.  […] C’est la seule blessure que j’aie jamais reçue dans ma vie, et par une femme à qui je venais offrir mes services. […] Aubry-Foucault, qui avait été la victime expiatoire des nombreux procès de la Gazette et qui l’était encore, vint me voir à sa sortie de prison. […] Le jeune fils de M. de Genoude vint la prendre. « Allez, lui dis-je, à la cour exilée de ce jeune prince, dont votre père et moi nous avons célébré la naissance et déploré les catastrophes.

262. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre VI. Premiers pas hors de Saint-Sulpice  (1882) »

La petite aisance que j’ai maintenant ne m’est venue que tard et malgré moi. […] Il me vint un moment l’idée de faire quelques. […] Dans les malheurs publics oui pourront venir, j’aurai donc ma conscience tout à fait en repos. […] Il m’est arrivé fréquemment, écrivant une lettre, de m’arrêter pour tourner en propos général les idées qui me venaient. […] L’image de l’inconnu que je lèse vient ainsi m’arrêter tout court dans mon zèle.

263. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre troisième. Le souvenir. Son rapport à l’appétit et au mouvement. — Chapitre troisième. La reconnaissance des souvenirs. Son rapport à l’appétit et au mouvement. »

« Je sentais que, déjà auparavant, étant couché ici, dans ce même lit, on était venu et on m’avait dit : Millier est mort. » Le cas de fausse mémoire le plus complet, selon Th. […] « Souvent, dit-il, dans une promenade, l’idée m’est venue que j’avais déjà vu, entendu ou pensé auparavant ceci ou cela sans que je pusse me rappeler dans quelles circonstances. […] La mémoire a donc ses spectres et ses revenants, qui lui viennent du monde vaporeux des songes. […] Quelques philosophes ont soutenuw récemment cette hypothèse ; ils ont cru pouvoir prédire que, dans les siècles à venir, l’homme deviendra de plus en plus inconscient. […] Au contraire, ils viennent se résumer dans une synthèse de plus en plus complète, qui n’est autre qu’une sensibilité de plus en plus riche et de plus en plus intuitive.

264. (1898) Les personnages de roman pp. 39-76

Elle est venue. […] » Et ils viennent, dans la joie. […] On ne contestera pas que les personnages soient venus ici tous ensemble, à l’appel de l’idée. […] Ils s’asseyent devant leur table, et, notant les idées qui leur viennent, font de la composition un travail suivi et régulier. […] C’est de lui que vient la vie, de plus en plus pleine, de ces êtres de fiction.

265. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLIXe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Ses ennemis même venaient assister à ce spectacle. […] Puis vint Louis XIV, qui lui rendit le caractère fanatique et somptueux de la Gaule et de l’Espagne. […] Se secouant aussitôt, il s’écria : « Loin, bien loin de ma pensée de souffrir que mon Jésus qui m’a créé et qui m’a racheté vienne jusqu’à mon lit. […] Ticine Lazare, votre médecin, réputé très-habile, vint. […] Mais il les laissa peu à peu, insensiblement, et comme en dissimulant, comme pour venir en aide à mes larmes.

266. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Les nouveaux venus auront un sens plus sûr des réalités et cesseront de rendre la femme responsable de leurs propres vices. […] Jules Laforgue qui vient ensuite est trop averti pour leur demander l’impossible. […] On vient à l’amour tranquillement, comme à une fenêtre, pour contempler des horizons. […] À se crisper ainsi, la lassitude vient vite. […] Voici venir le troupeau des amants romantiques et ténébreux, fils de Werther et de Lara.

267. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Appendice »

… Nul fait important n’est venu avancer la solution du grand problème qui me préoccupe à si juste titre. […] S’ils venaient à m’infecter de leur positivisme ? […] Une circonstance extérieure vint hâter, malgré moi, mes pas un peu lents. […] Il redouble encore quand, quelques heures après, on m’apprend que l’archevêque est venu lui-même au séminaire et demande à nous parler. […] Venez donc avec moi, cher ami, et nous passerons ensemble d’agréables moments.

268. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1859 » pp. 265-300

Distraction venue à temps et qui nous empêche de songer au retardement de notre roman dans La Presse. […] Il nous entretient de son livre La Question romaine, qui vient d’être saisi. […] Il vient perdre sa journée avec nous. […] Vous savez qu’il vient d’y en avoir encore un à Erzeroum ? […] C’est toujours dans notre cervelle les infinies déductions de l’imprévu, déductions qui ne viennent à la pensée de presque personne.

269. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Saint-Martin, le Philosophe inconnu. — II. (Fin.) » pp. 257-278

La bagarre de la fuite du roi me fit retourner de Lunéville à Strasbourg, où je passai encore quinze jours avec mon amie ; mais il fallut en venir à la séparation. […] L’année suivante, à Pâques, tout était arrangé pour retourner près de mon amie ; une nouvelle maladie de mon père vient encore comme à point nommé arrêter tous mes projets. […] Il attribue le sang-froid et la sérénité dont il jouit alors, et qui ne lui venait point de sa nature physique, à ses bonnes lectures spirituelles et à de vives prières qu’il avait faites pendant toute la nuit du 10. […] Il en fut tiré à la fin de 1794 (frimaire an III) lorsqu’il fut nommé par son district pour aller assister comme élève aux leçons des Écoles normales que le gouvernement conventionnel venait d’instituer. […] Son père, octogénaire et mourant, se fit apporter au pied de l’autel, et vint joindre ses bénédictions à celles du prêtre.

270. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

À peine étions-nous arrivés à nos logements, que plusieurs officiers de ce général vinrent nous prier de sa part d’accepter à dîner avec lui. […] Un soir on vint les faire lever à minuit, et on les dirigea en toute hâte sur Malaga. […] Je ne pus me contenir, je me jetai à son cou, je sanglotais, et j’y serais resté longtemps si nos malheureux camarades ne fussent venus m’en arracher. […] Je le priai de venir, et je le conduisis moi-même auprès du lit de notre ami… Le général sourit, accueillit on ne peut mieux le bon ecclésiastique et lui dit ce qu’il voulut. […] Il comblerait d’honneurs Merlin, Franceschi, qu’avec un signe je leur ferais tout quitter pour venir avec moi. — Pourquoi ?

271. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LOYSON. — POLONIUS. — DE LOY. » pp. 276-306

Plusieurs romanciers pourtant auraient droit encore de réclamer contre nos lenteurs ; leur tour viendra. […] Auguste Barbier, avec lequel il n’a d’ailleurs que peu de rapports, vient d’apprendre au public le vrai nom de l’auteur, jusqu’ici pseudonyme. […] …………… Etre selon mon cœur, hâte-toi, l’heure presse, Viens, si tu dois venir : Hâte-toi ! […] et tout ce travail est-il venu avec bonheur ? […] Magnin venait d’écrire sur les Rayons et les Ombres (voir au tome Ierde ses Causeries).

272. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DE BARANTE. » pp. 31-61

La révolution vint très-vite interrompre les cours qu’il suivait au collége d’Effiat. […] M. de Barante père venait d’être nommé préfet à Carcassonne. […] En écoutant ces souvenirs encore fervents, et dont chaque coin de haie gardait l’écho, l’idée lui venait d’en faire part un jour au public, de mettre du moins sa plume au service d’une pieuse et honorable confidence. […] Le grand exemple présent de Walter Scott venait apporter des preuves vivantes à l’appui de cette manière, en dehors, il est vrai, du cercle régulier de l’histoire, mais si prés qu’il semblait qu’il n’y eût qu’un pas à faire pour y rentrer. […] Un rapprochement, un contraste m’a dès longtemps frappé, et il vient ici assez à propos, puisqu’il s’agit de récit.

273. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre IV. Le patriarche de Ferney »

Tout le monde le comprit ainsi, et les « frères » saluèrent avec-joie le maître qui leur venait. […] Et il en vient toujours du nouveau, toujours de l’imprévu. […] C’est un étrange défilé de gens de toute nation, de tout costume, de toute couleur, qui viennent déposer en faveur de la raison. […] Mme Suard vint à Ferney en 1775. […] Il arriva le 10 février 1778, et logea chez le marquis de Villette : les députations de l’Académie, de la Comédie-Française, nombre de grands seigneurs, des princes du sang vinrent lui rendre hommage.

274. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Il est trop évident que, venu après Balzac, il ne se doute même pas que Balzac ait écrit. […] Puis, épouvantée de sa chute, elle s’en vient la raconter à Charlotte et va mourir la nuit dans la neige, en robe de bal. […] La douleur qui nous vient du sacrifice accompli porte d’ailleurs avec soi sa consolation. […] Vient enfin la période soit de l’abandon complet et furieux, soit du désespoir et du suicide  Quoi ! […] et s’en vient mourir chez celui qu’elle aime  Julia de Trécœur aime le second mari de sa mère.

275. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre II »

Le duc est le parrain des deux jeunes filles ; il vient signer au contrat de Julie, et il profite de l’occasion pour demander à la marquise la main de Philiberte. […] Aussi, quand le jeune homme, enhardi par Julie, vient résolument lui avouer son amour, l’héritière se redresse et répond à ce loyal aveu comme on répondrait à la mendicité d’un parasite. […] non ; on va, on vient, on se rencontre, on se quitte, on se retrouve, avec la nonchalance et le laisser-aller de la campagne. […] Bref, la scène est une charge, mais une charge, plaisante et bien venue, qui réussit par elle-même. […] On est venu avertir Frantz que le chien de Spiegel marchait dans les plates-bandes de sa seigneurie, et il a fait tuer ce vieux chien fidèle, le chien de l’atelier, le chien de la maison.

276. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VII »

C’est Léa qui vient faire sa paix, les lèvres ouvertes et les bras tendus. […] Et puis l’idée lui vient que ce mariage irritera peut-être l’amant infidèle. […] Alors il en vient à la nuit infâme où elle s’est livrée au premier venu. […] La passion de Paul a le vertige d’une possession : c’est à faire venir l’exorciste. […] Où ai-je lu qu’un homme vint un jour proposer une mnémonique au grand Thémistocle ?

277. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chansons de Béranger. (Édition nouvelle.) » pp. 286-308

Elle se résume dans le refrain : c’est par là qu’elle lui est venue, et c’est par là qu’elle demeure aussi dans notre souvenir, bien supérieure souvent à ce qu’elle est par l’exécution. […] c’est dommage : ces rois qu’on déifie, ces maîtres exigeants ne viennent là qu’à toute force et par la nécessité du refrain. […] Au moment où le lecteur commence à s’échauffer et à user de tout son organe, un mot brusque venu du dehors : Le cordon, s’il vous plaît ! […] Ce n’est pas une guerre de détail que je viens faire à un poète que j’admire ; mais cette guerre, cet examen de détail, veuillez le remarquer, on n’en a fait grâce pourtant jusqu’ici à aucun des poètes modernes, excepté Béranger. […] Ils sont venus à lui ; oui, tous, un peu plus tôt, un peu plus tard, ils sont venus reconnaître en sa personne l’esprit du temps, lui rendre foi et hommage, lui donner des gages éclatants.

278. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Hégésippe Moreau. (Le Myosotis, nouvelle édition, 1 vol., Masgana.) — Pierre Dupont. (Chants et poésies, 1 vol., Garnier frères.) » pp. 51-75

Quand viendra-t-elle donc, quand jaillira-t-elle encore une fois du rocher cette source, toujours attendue, d’une inspiration fraîche et charmante ? […] En parlant ici d’Hégésippe Moreau, je ne viens faire, on peut le croire, le procès ni à la société ni aux poètes. […] Moreau vint à cette époque à Paris, et, toujours par les conseils de M.  […] Or, ce fabliau, le voici : Un jour, Dieu permit, dans ses desseins, que l’élément de vie, le feu, se retirât tout à coup de l’air, et vînt à manquer à la nature. […] « Venez-vous voir les blés à Vaugirard ? 

279. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — III. (Fin.) » pp. 175-194

D’Incarville dit au roi que le fonds s’épuise : Rosny rassure le roi et dit qu’il y en a encore, et, après contestation, quand on en vient aux preuves, il faut bien finalement que les quatre-vingt-dix mille écus qui n’ont pas été dépensés se retrouvent. […] Un certain jour, à propos d’un nommé Robin qui venait acheter les offices de la généralité de Tours et de celle d’Orléans, et qui offrait un présent pour les avoir à plus bas prix, Rosny, qui le renvoie avec honte, a une discussion ensuite avec le chancelier de Cheverny et avec d’autres du Conseil qui favorisent le susdit traitant. […] Grâce à cet ordre inusité, les vivres abondent dans le camp d’Amiens, les munitions ne manquent jamais ; Rosny y a fait organiser un hôpital pour les malades et les blessés, et l’on y est si bien que les gens de qualité eux-mêmes s’y font traiter plutôt que de venir à Paris. […] Chez Rosny, le soldat, le gentilhomme et bon Français, l’homme des camps vient doubler et rehausser l’économe intègre et habile. […] Il venait d’être nommé grand maître de l’artillerie.

280. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Le marquis de la Fare, ou un paresseux. » pp. 389-408

Il prédit donc, sous Louis XIV, qu’un jour viendra où, à la première occasion, l’excès de cette autorité amènera de nouveaux désordres, et il anticipe de loin par la vue sur le xviiie  siècle. […] viens, vole à mon secours,       M’écriai-je dans ma souffrance ;       Prends pitié de mes derniers jours… Et il définissait cette dernière sorte d’amours qui lui étaient venus en aide, et qui étaient les moins célestes de tous, les plus libertins, si ce n’est les plus vulgaires : Heureux si de mes ans je puis finir le cours       Avec ces folâtres Amours ! […] Cicéron, Chateaubriand, Vauvenargues, venez-nous en aide avec vos nobles images de la gloire ! […] [NdA] Il s’agit d’Hermias, un moment roi d’Atarnée en Mysie, disciple et ami d’Aristote, et qui, venu tard et resserré dans un cadre étroit, paraît avoir eu des vertus héroïques. […] [1re éd.] laissez les années venir

281. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

J’écris à ma chère enfant ; qu’il attende. » Une jeune Irlandaise vient me solliciter pour une grâce que je ne lui ferai pas obtenir ; un fabricant de Tours vient me remercier d’un bien que je ne lui ai pas procuré. […] Le maître d’hôtel vient demander si je veux qu’on serve ? […] Mais les agréables incidents qui viennent en égayer et en diversifier le tableau disparaissent pour nous devant une réflexion plus sérieuse. […] S’ils ont des défauts, on les fouette ; mais aux premières caresses qu’on leur fait, ils viennent se jeter entre vos bras. […] Je viens vous rendre ce qui est à vous… » On peut juger de l’émotion de Mme de Choiseul en racontant cette visite inattendue ; des larmes altéraient sa voix.

282. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Eudore Soulié, qui viennent s’ajouter à celles de l’estimable Beffara. […] N’y a-t-il pas eu, en quelque étude, un clerc digne de s’appeler Maucler, un officieux qui a prêté l’oreille, qui a tout d’un coup prétendu savoir ce qu’il venait fortuitement d’apprendre et qui a cherché à dérober le los et honneur d’autrui ? […] Venons au résultat. […] « Ces livres lui venaient-ils de sa mère ? […] On y mettrait une école de dessin ou une salle d’asile, et les enfants du quartier viendraient y étudier ou y apprendre à lire sous l’invocation de ce nom illustre et trois fois populaire.

283. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

S’il faut être infidèle, c’est une infidélité nouvelle qu’il préférera à une ancienne, et Pompéa vient d’insulter à cette nouveauté d’infidélité. […] Chateaubriand et Byron étaient venus ; il fallait, quand on s’amusait, s’enfoncer plus fort le plaisir pour s’arracher à un ennui plus intime et plus poignant. […] C’est une de ces scènes chères à ceux qui s’intitulaient les enfants du siècle, c’est leur idéal d’orgie, une de ces bacchanales éclatantes et sacrées que Pompéa vient d’évoquer devant Herman, et elle n’a plus ensuite qu’à vouloir, ce semble, pour triompher de lui. […] Pourtant l’homme chez Herman est si faible et si misérable qu’encore étourdi du refus qu’il vient d’essuyer, sentant que le danger désormais pour lui n’est plus que du côté d’Emma, et bien résolu d’y parer, il va, pour se rafraîchir les idées, chercher au parc… qui ?… cette Lisette dont il se ressouvient tout d’un coup un peu tard et qui, heureusement, ne viendra pas.

284. (1866) Cours familier de littérature. XXII « CXXXe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 193-236

Fior d’Aliza, venez avec moi pour qu’ils ne meurent pas sous le coup ; vous leur resterez, n’est-ce pas ? […] Le père Hilario leur dit seulement qu’il viendrait les chercher le lendemain secrètement, avant le lever du jour, pour donner devant eux la bénédiction mortuaire et la bénédiction nuptiale à leurs enfants. […] J’avais apporté sa zampogne, afin qu’on me prît pour un des zampognero des Maremmes qui viennent jouer dans les rues de Livourne pour consoler les pauvres galériens. […] De sorte que ses compagnons, par flatterie pour les gardiens, affectaient la répugnance et l’horreur pour lui, afin de se faire bien venir d’eux. […] Jamais Fior d’Aliza n’avait été plus belle ; elle portait son enfant comme une vierge de Raphaël, ignorant comment ce fruit d’innocence lui était venu dans une nuit de mort !

285. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Florian. (Fables illustrées.) » pp. 229-248

Mlle Clairon était alors à Ferney ; on lui ménagea une surprise pour sa fête, de galants couplets que vinrent lui chanter un petit berger et sa bergère. […] Même en étant là avec Florian chez Voltaire, on sent que Rousseau est venu. […] La pastorale d’Estelle vint ensuite (1787), peu de temps après Numa (1786). […] qu’un petit loup viendrait bien ! […] Les qualités du fabuliste sont naturelles chez Florian : il a la fertilité de l’invention, et les images lui viennent sans effort.

286. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Maintenon. » pp. 369-388

Au retour, confiée aux soins d’une tante calviniste, elle fut, bien que née catholique, rejetée dans l’hérésie, d’où il fallut qu’une autre parente, Mme de Neuillant, la vînt arracher avec un ordre de la Cour. […] Le roi, qui venait voir ses enfants, connut donc Mme Scarron ; mais le premier effet qu’elle produisit sur lui ne fut point favorable : « Je déplaisais fort au roi dans les commencements. […] « Ce maître vient quelquefois chez moi, malgré moi, et s’en retourne désespéré sans être rebuté », disait Mme de Maintenon dans son humilité triomphante. […] La reine étant venue à mourir subitement en 1683, Mme de Maintenon se trouva devant une perspective d’ambition inespérée, et elle en sut tirer parti comme de tout, avec solidité, considération, et un couvert de modestie suprême. Elle en vint à être épousée secrètement du roi à une date qu’on croit être 1685.

287. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La princesse des Ursins. Lettres de Mme de Maintenon et de la princesse des Ursins — I. » pp. 401-420

Mme des Ursins s’appelait alors à Paris Mme de Bracciano, elle y venait quelquefois, y faisait d’assez longs séjours ; elle y donnait de petits bals, qui finissaient à dix heures du soir, pour les héritières à marier. […] Devenue veuve une seconde fois, et sans enfants, il ne semblait pas que ses qualités bien appréciées de ses amis dussent s’exercer sur un plus vaste théâtre que celui d’une brillante société, lorsqu’une nécessité imprévue vint la produire. […] Elle sentit que le jeu lui venait : elle ne parut point s’en saisir avec trop d’empressement ; elle se fit même prier pour ce qui était l’objet de son secret désir7. […] Après une première station à Toulouse d’où elle continuait de correspondre avec sa royale élève et où elle vint à bout de parer l’exil pour l’Italie, elle reçut l’ordre tant désiré de venir à Versailles, et dès lors elle ne douta plus du succès final et du triomphe. […] Berwick, en signifiant à la Cour la nécessité de quitter Madrid, avait proposé un plan fait pour séduire : c’était que la reine vînt se mettre en personne à la tête de son armée, qu’elle lançât de là des proclamations et appelât tout ce qu’il y avait de loyaux sujets à combattre sous son étendard : « La princesse des Ursins et M. 

288. (1897) Préface sur le vers libre (Premiers poèmes) pp. 3-38

Je sais bien qu’en France il fut longtemps plus difficile de discuter le sonnet que la loi de la gravitation universelle, d’attenter aux Trois Unités qu’à la liberté politique ; mais les temps viennent toujours. […] C’est il y a onze ans que Jadis et Naguère nous vint apporter tant de courbes gracieuses et flexibles, et peu après, la bienveillance de Verlaine me mettait en possession du manuscrit des Illuminations que je publiais immédiatement dans la Vogue. […] Laforgue, depuis nos vingt ans simultanés, connaissait mes théories ; mais à l’application de mes principes encore embryonnaires, désirs plus que système, mais contenant en germe les développements à venir, nos vers furent bien différents de par nos organisations et nos buts dissemblables. […] Choses d’autrefois (je ne veux pas dire qu’ils en soient venus à la dilection), nous ne comptions d’affection dans la grande presse qu’auprès de Mirbeau. […] Mais s’ils avaient cherché à analyser le vers classique, avant de se précipiter sur n’importe quel moyen de le varier, ils eussent vu que dans le distique : Oui, je viens dans son temple adorer l’Éternel, Je viens selon l’usage antique et solennel le premier vers se compose de deux vers de six pieds dont le premier est un vers blanc Oui, je viens dans son temple et dont l’autre adorer l’Éternel serait également blanc, si, par habitude, on n’était sûr de trouver la rime au vers suivant, c’est-à-dire au quatrième des vers de six pieds groupés en un distique.

289. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre iii »

Un prêtre admirable, adoré des hommes, qui viennent tous lui serrer la main. […] Et il m’a dit : « Je vais venir avec vous dans votre tranchée. » Il m’a pris le bras et nous sommes descendus.‌ […] Quand il est arrivé à chacun de mes gosses, il leur prenait la tête entre ses mains : « D’où viens-tu, mon petit ? […] S’il vient à mourir, il ne cessera pas d’exister. […] Elle convie en des appels enthousiastes tout le ciel à venir faire cortège à l’âme qui va monter.

290. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Nouveaux voyages en zigzag, par Töpffer. (1853.) » pp. 413-430

Et ne venez pas lui dire que ces merveilleux peintres des choses naturelles ne font que copier minutieusement la nature. […] Au moment où ces réflexions lui viennent (car c’est en voyage qu’elles lui viennent, sur la route de Viège dans le Valais, alors qu’il se dirige vers la vallée de Zermatt), il rencontre une bergère : … Plus loin c’est une bergère qui tricote en suivant sa vache le long des touffes d’herbe dont la route est bordée. […] Mais les Calame, les Diday et autres qui marchent sur leurs traces n’étaient point encore venus. […] Après avoir décrit en une page d’une large et précise magnificence la physionomie générale du Cervin, par opposition à l’effet de Chamonix, il en vient à s’interroger sur les sources de son émotion : D’où vient donc, se demande-t-il en présence de cette effroyable pyramide du Cervin, d’où vient l’intérêt, le charme puissant avec lequel ceci se contemple ? […] Il n’y a pas visé d’abord, et elle lui est venue comme cela.

291. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Charles-Victor de Bonstetten. Étude biographique et littéraire, par M. Aimé Steinlen. — I » pp. 417-434

Il ne dénigre pas le présent, il ne voit pas l’avenir en noir, il ne loue pas le temps passé ; il n’est nullement esclave des habitudes ; il repousse ces lâches maximes qui viennent en aide à l’inertie trop naturelle de l’âge et à la paresse des organes : À quoi bon ? […] Les barons de Bonstetten que l’histoire rencontre assez souvent à la fin du xiiie et au commencement du xive  siècle, étaient d’abord établis dans leur branche principale à Zurich ; c’est au xve  siècle seulement que l’un d’eux vint se fixer à Berne et fut agrégé à la bourgeoisie de cette ville. […] Il le manqua (indépendamment même des grands événements qui vinrent à la traverse) par l’éducation qu’il reçut et qu’il se donna, par son esprit novateur, ses lumières trop libérales, par ses goûts et ses vues de philosophie, de littérature et de poésie qui le promenaient en tous sens, et qui faisaient de lui un patricien bernois par trop infidèle à l’esprit du vieux sénat cantonal. […] Aucune femme honnête ne venait égayer la vie de ces rats de livres à forme humaine. […] Je racontais a Gray ma vie et mon pays, mais toute sa vie à lui était fermée pour moi ; jamais il ne me parlait de lui, il y avait chez Gray entre à présent et le passé un abîme infranchissable : quand je voulais en approcher, de sombres nuées venaient le couvrir.

292. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Mme de Graffigny, ou Voltaire à Cirey. » pp. 208-225

On peut être tranquille, je ne viens parler ici ni du drame de Cénie, ni même des Lettres péruviennes, de ces ouvrages plus ou moins agréables à leur moment, et aujourd’hui tout à fait passés. Je viens surtout parler de Voltaire, chez qui Mme de Graffigny nous introduit et qu’elle nous aide à surprendre sous un jour assez nouveau ou du moins très au naturel. […] Mais, avant de l’écouter, sachons un peu comment et pourquoi Voltaire lui-même y est venu. […] Puis vient la petite galerie avec les statues, les Vénus, les Cupidons, enfin tout ce que le goût Louis XV peut rassembler dans son luxe et sa perfection. […] Le jour venu, Mme de Graffigny était malade, au désespoir ; elle n’avait pas un sou vaillant (la pauvre femme !)

293. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Les Gaietés champêtres, par M. Jules Janin. » pp. 23-39

Aussitôt dit, aussitôt accepté, et voilà, le jour venu, ces deux jeunes gens en route avec l’aurore. […] Ils sont partis, ce semble, pour une promenade au bois ; mais, à eux comme à l’auteur, l’idée vient en marchant, et ils vont plus loin sans songer seulement à se retourner et sans s’être dit qu’ils iraient plus loin. […] J’oubliais presque une certaine Denise, paysanne et boulangère, qui vient à la traverse et qui dit bien des choses « dans le patois fleuri de ses doux yeux ». […] Mais à peine le navire est-il en mer, que, la nuit venue, de singuliers prodiges se font sentir. […] Mais j’entends se récrier un sage : Où est la nécessité de venir peindre Mlle Déjazet ?

294. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — II. (Suite.) » pp. 149-166

Franklin avait près de soixante et onze ans quand il vint en France à la fin de 1776. […] Ces sortes d’exécutions sommaires, quand l’idée en vient en Amérique (et elle vient quelquefois), ne rencontrent que peu de résistance, par l’absence de force armée. […] L’Amérique, à cette date, est comme un adolescent robuste, qui est lent à se dire et même à comprendre qu’il veut être décidément indépendant ; l’instinct, longtemps contenu, le lui dit tout bas, et le jour vient où, en se levant un matin, il se sent tout d’un coup un homme. […] Une foule de conseillers privés, qui ne venaient jamais, y furent conviés comme à une fête ; il n’y en avait pas moins de trente-cinq, sans compter une foule immense d’auditeurs. […] La position des États-Unis est critique, mais l’énergique bon sens de Franklin lui dit que l’heure est venue pour la prudence elle-même d’être téméraire.

295. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. Ernest Renan »

Des incidents récents et fort imprévus sont venus la lui donner et l’ont jeté, pour ainsi dire, dans le flot d’une popularité pour laquelle il ne semblait pas fait, et que certainement il n’ambitionnait pas. […] Venu à Paris, recruté et appelé en vertu de ses succès de province dans le petit séminaire que dirigeait alors un abbé déjà célèbre, M.  […] Renan, après ces deux années d’Issy, vint, pour son cours de théologie, au séminaire de Paris, et c’est là qu’en voyant se dérouler crûment et carrément devant lui la théologie scolastique, cette vieille doctrine de saint Thomas « remaniée et triturée par vingt générations sorboniques », son sens critique, déjà éveillé, se révolta : il n’y put tenir ; tant d’objections imprudemment posées, et qu’une logique robuste ou subtile se flattait à tout coup d’abattre, tant et de si rudes entorses données à la vérité historique le venaient relancer, malgré sa prudence, et le forcèrent enfin à sortir de derrière ses retranchements. […] Sa tendre sœur, dans cette crise pénible, vint à son aide et lui épargna les soucis de la vie matérielle : il put être tout entier du moins à ses idées et aux nobles soins de progrès et d’avancement intérieur auxquels il s’était voué. […] Mais il eut beau faire, la préoccupation religieuse perçait ; on sentait venir un témoin, un observateur d’un ordre à part, armé d’instruments à lui et suspect de curiosité pure, sous la forme du respect.

296. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. (suite.) »

Après les éléments, après les astres et les mondes, vient l’homme, un autre atome devant Dieu, mais un atome sentant ; après le soupir de la nature, le soupir du cœur humain : Et moi, ne sais-tu pas ce que mon cœur désire ? […] Ce qui est beau, ce qui est vraiment élevé, ce qui vient du cœur et non de la tête, c’est le sentiment qui, après tant de misères et d’affronts, l’oblige non à maudire, mais à bénir ses persécuteurs, à leur pardonner. […] A sa vivante artère ils ont saigné mon cœur, Ne viens pas voir couler mon sang… pardonne-leur ! […] Sans doute, avec toutes ses plaintes individuelles, avec ses continuels retours et apitoiements sur lui-même, il vient trop tard. […] Sully Prudhomme était aussi bien venu que cette Forge, il n’aurait pas à se plaindre, et il ’aurait dès à présent remporté le prix.

297. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Troisième partie. Disposition — Chapitre V. Subordination et proportion des parties. — Choix et succession des idées »

De là vient que souvent un morceau gagne moins par ce qu’on laisse que par ce qu’on retranche. […] De là vient la surprise qu’on éprouve souvent, quand, tout échauffé encore d’une inspiration qu’on croit féconde, on veut faire l’examen rigoureux de ce qu’on a inventé : on sentait en soi un bouillonnement d’idées, prêtes à déborder, et voilà qu’on ne retrouve presque plus rien. […] Dans le Jules César de Shakespeare, Antoine vient prononcer l’oraison funèbre du dictateur. […] Je viens pour ensevelir César, non pour le louer. […] Maintenant, avec la permission de Brutus et des autres (car Brutus est un homme honorable, et ils sont tous des hommes honorables), je suis venu pour parler aux funérailles de César.

298. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XVII. Forme définitive des idées de Jésus sur le Royaume de Dieu. »

Des gens venaient lui demander de se constituer juge et arbitre dans des questions d’intérêts. […] Pardonnons-lui son espérance d’une apocalypse vaine, d’une venue à grand triomphe sur les nuées du ciel. […] Renoncer à un monde près de crouler, se détacher peu à peu de la vie présente, aspirer au règne qui allait venir, tel eût été le dernier mot de sa prédication. […] De complaisantes explications jettent un voile sur le règne réel qui ne veut pas venir. […] Un profond changement s’était, d’ailleurs, opéré dans la manière d’envisager la venue du Christ.

299. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance de Voltaire avec la duchesse de Saxe-Golha et autres lettres de lui inédites, publiées par MM. Évariste, Bavoux et Alphonse François. Œuvres et correspondance inédites de J-J. Rousseau, publiées par M. G. Streckeisen-Moultou. — I » pp. 219-230

Ravenel, qui s’était occupé, le premier et avant tout autre, de la copie et de la collation exacte des papiers de Neuchâtel, s’est borné à préparer un travail qui n’attendait qu’un éditeur, et que cet éditeur (le goût pour Jean-Jacques s’étant refroidi) n’est jamais venu lui arracher ; car M.  […] Mais vient la philosophie de l’histoire qui arrange et raccommode tout cela après coup… e sempre benel ! […] Où veut-il en venir, cependant, en étalant ainsi nos variations et nos faiblesses ? […] Et ceci me rappelle un contraste ; car, pour être juste envers Rousseau, il ne faut jamais le séparer de son siècle ni de ceux qu’il est venu contredire et en face desquels il a osé relever son noble drapeau. […] Elle n’admettait que ce qui lui paraissait évidemment prouvé, aimait à disputer, parce qu’elle avait presque toujours une opinion à elle, et ne cédait qu’à la conviction ou enfin à la convenance. » Et lorsqu’il en vient à raconter la dernière maladie de cette jeune femme : « Elle craignait la mort parce qu’elle devait la séparer de tout ce qui lui était cher.

300. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Béranger est venu, et il a résolu la question pour les esprits cultivés d’une part, et pour le peuple de l’autre. […] À lire nos autres poëtes vivants, on sent toujours, même chez les plus instinctifs, quelque chose qui transporte ailleurs, qui nous jette en d’autres contrées, en d’autres souvenirs, qui rappelle que Pétrarque et le Tasse ont gémi, que Goethe et Byron sont venus. […] Quelques-unes de ces pièces, telles que le Juif errant, sont purement poétiques, artistiques ; l’inspiration de cette admirable ballade, en effet, c’est la perpétuité de la course maudite, la folle rage du tourbillon : la moralité n’y vient que d’une façon détournée et secondaire ; on n’a pas le temps de l’entendre. […] Mais dans les Contrebandiers, le poëte n’élude rien ; il accepte la question sociale dans son énormité, il la tranche avec audace ; l’air pur du sommet des monts l’a enivré, et sa voix, que redit et renfle l’écho des hautes cimes, ne nous est jamais venue si sonore.  […] L’été vient tarir la rigole Qui sert de limite à deux rois.

301. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Quatrième partie. Élocution — Chapitre III. Association des mots entre eux et des mots avec les idées »

De là vient que tant de substantifs ont de la peine à se séparer de tant d’adjectifs : de là vient que tel sujet tire presque toujours après lui tel verbe. […] Souvent alors on se sent une facilité merveilleuse : les mots viennent sous la plume et s’y rangent docilement. […] D’où vient qu’un discours sensé où les expressions ont leur sens exact et précis, où il semble qu’il ne manque rien d’essentiel, manque son effet, et soit faible, froid, ennuyeux ? […] De là vient que, contrairement à ce que souvent on s’imagine, ce n’est pas en se privant des mots abstraits qu’on donnera au style la vie, la couleur et l’éclat. […] Il faut faire attention qu’ils ne se contrarient pas, et que l’un d’eux ne vienne pas dérouler soudain un cortège inattendu de formes et d’idées dont on n’a point affaire.

302. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXIII » pp. 378-393

Enfin, sans rien demander de positif, elle lui fil voir les horreurs de son état, et la confiance qu’elle avait en sa bonté, et mit à tout cela un air qui ne peut venir que de Dieu. […] On fit hier une promenade ensemble, accompagnés de quelques dames ; on fut bien aise d’aller à Versailles pour le visiter avant que la cour y vienne. Ce sera dans peu de jours, pourvu qu’il n’y ait point de hourvari… L’ami de Quanto arriva un quart d’heure avant Quanto ; et comme il causait en famille, on le vint avertir de l’arrivée. […] Le roi vint donc chez madame de Montespan, comme il avait été décidé ; mais insensiblement il l’attira dans une fenêtre ; ils se parlèrent bas assez longtemps, pleurèrent, et se dirent ce qu’on a coutume de dire en pareil cas. […] Voilà ma grande raison ; celle de l’âge vient ensuite.

303. (1860) Ceci n’est pas un livre « Mosaïque » pp. 147-175

Un sourire calme et béat inondait sa physionomie ; on aurait été mal venu à le déranger dans ces moments-là : c’est qu’il composait alors une page de George Sand ou un chapitre de Michelet. […] D’où vient qu’ils se trompent invariablement cent fois sur cent fois ? […] — D’où te vient aujourd’hui, etc. […] Le voisin de chambre de Calino vient l’avertir officieusement qu’il est temps de se lever, s’il veut courre le lièvre. […] Jacques, le cordonnier de mon oncle, qui vient d’être condamné à cinq ans de réclusion.

304. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Le roi Stanislas Poniatowski et Madame Geoffrin »

Déjà avancée dans la vie quand le prince Poniatowski lui présenta son fils, — car on en était alors arrivé à cette dégringolade de tout que les princes polonais venaient dans leurs grosses bottes, droits et heureux comme des princes, ainsi que le dit Sterne de son postillon, demander pour leurs fils les bontés de femmes dont on eût à peine parlé sous Louis XIV, mais qui étaient devenues des puissances parce qu’elles donnaient à dîner à quelques impertinents écrivassiers ! […] elle aima, cela est certain et ressort et jaillit pour moi de toutes les lettres de la Correspondance que voici ; mais son amour ne fut pas plus fort que sa raison, restée imperturbablement la maîtresse de son logis et la faiseuse de son ménage ; et si cet amour, qui lui vint tard, fut fou, — car tout amour est fou, — ses folies ne dépassèrent point les limites de son pauvre cœur, résolu à être aussi sage que sa tête, mais qui ne le fut pas toujours… Elle aima, tout l’atteste. […] Vu de trois quarts, il tourne vers une fenêtre ouverte ces yeux lumineux qui ne sont pas désespérés encore, et il a l’air d’attendre quelque chose qui ne vient pas et qui pour lui n’est jamais venu… Ce qui vint seul, ce fut Madame Geoffrin. Elle vint juvénilement à près de soixante-dix ans, et à travers cinq cents lieues d’espaces qui auraient dû, dans ce temps-là surtout, épouvanter une vieille Parisienne sédentaire, assez courageuse pour abandonner son salon. Elle vint romanesquement enivrée, mais s’en retourna triste d’une mystérieuse tristesse que la correspondance n’explique pas, et dans laquelle on peut voir encore de l’amour… Qu’on l’y voie ou qu’on ne l’y voie pas, du reste, il y en a assez dans ces lettres, où elle parle à Stanislas-Auguste comme à Dieu, pour qu’on soit sûr qu’elle a aimé, Madame Geoffrin !

305. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Roger de Beauvoir. Colombes et Couleuvres. »

La jeunesse est épuisée ; La mort vient d’un pas vainqueur. […] Le chagrin tardif m’est venu surprendre Comme un oiseleur sûr de ses filets… Vous étiez trop loin pour pouvoir m’entendre Quand au fort du deuil je vous appelais ! […] Mais je vous retrouve au bord de mes tombes… Venez-y manger sur mes deux genoux ! […] Déjà très-éloigné par la vérité des sentiments de son premier recueil de poésies qui n’avait que la vérité très-relative de la jeunesse et la ferveur de l’imitation, M. de Beauvoir, s’il ne veut pas manquer aux dons qu’il a reçus, aux facultés d’une nature primitivement exquise et dont il a certainement abusé comme tous ces Polycrates de la destinée qui lancent à la mer leur émeraude qu’un brochet ne leur rapporte pas toujours, M. de Beauvoir doit entrer résolument dans la voie que certaines pièces de son dernier recueil viennent d’ouvrir. […] D’où vient qu’après avoir quitté vos bras charmants, Et regagné l’alcôve à la tenture noire, Nous regardons souvent, le crucifix d’ivoire, Le front humide encor de vos embrassements ?

306. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « EUPHORION ou DE L’INJURE DES TEMPS. » pp. 445-455

On en est venu, tous les morceaux principaux de l’ancienne littérature ayant déjà trouvé maître, à s’attacher aux moindres miettes, aux moindres noms. […] Il est facile, à présent qu’ils ont péri, de venir dire qu’ils méritaient sans doute assez peu de survivre ; que les meilleurs, après tout, et les plus dignes, ont surnagé et nous en tiennent lieu ; que ces poëtes d’une seconde époque devaient en avoir bien des défauts qui les rendent médiocrement regrettables, le raffinement, l’obscurité, le néologisme. […] C’est bien, c’est beau, un air de simplicité vient à propos s’ajouter à l’artifice ; mais qui osera dire que c’est là exactement le premier palais ? […] On sait que La Bruyère se plaint, en commençant son livre, de la difficulté qu’il y a de venir tard ; Chœrilus de Samos, au début de ses Poëmes persiques, s’en plaignait également. […] L’imprimerie, notre grand secours, à force de nous venir en aide, ne finira-t-elle point par produire un ensevelissement d’un genre nouveau ?

307. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Contes — V. L’avare et l’étranger »

L’avare et l’étranger (Haoussa) Il y avait un homme d’une avarice extrême qui quitta son village et s’en alla habiter à l’écart, tant il craignait que des étrangers ne vinssent lui demander l’hospitalité et partager avec lui son touho (couscouss). […] Tout à coup il aperçut l’étranger qui, de nouveau, venait à lui : « Vite ! […] Quand ils le virent arriver, ils se précipitèrent à sa rencontre, des couteaux aux poings : « Je ne viens pas ici pour vous nuire leur dit-il, mais seulement pour vous faire connaître que quelqu’un vous a insultés ». […] Pendant la nuit les guinné sont venus chez l’avare.

308. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

La seule belle venue. […] Toute journée d’eau qui vient, (et Dieu sait s’il en vient), leur enlève le peu qui leur reste. […] Ils vous invitent à venir faire la vendange. […] Parce que c’était la mode qui venait. […] Le raffinement ne leur vient point.

309. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre I. La Restauration. »

Les cavaliers par plaisir venaient là. […] Après tout viennent le dégoût et la maladie. […] Beaucoup de cavaliers y vinrent, chassés par Cromwell. […] « Es-tu sûre que sir Rowland n’oubliera pas de venir, et qu’il ne mollira pas s’il vient ? […] … Ô Seigneur Dieu, voici quelqu’un qui vient.

310. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

—  Qui vient là sur un noir coursier ? […] Le dernier jour est venu, et six pouces de fer ont eu raison de toute cette force et de toute cette furie. […] Laissez-le semer sa folle avoine, le bon grain viendra à son tour. […] La routine vient s’appliquer par-dessus, la nécessité fouette, et la bête avance. […] —  (Coquin de Pedro, venez donc plus vite !)

311. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

Certes, il venait plus distinct et plus fort de seconde en seconde. Il venait à moi, mais comment ? […] faites venir le patron !  […] Devinck) qui venait d’avoir lieu […] — « Vous venez pour parler au ministre ? 

312. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Son mari vint près d’elle. […] mon doux Sauveur, n’êtes-vous pas venu ?  […] Le solitaire le reçut fort bien et voulut savoir d’où il venait. […] Le poète était venu exprès de Mâcon pour lui lire son ouvrage. […] Mais d’où venez-vous donc ?

313. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

Si l’un des trois éléments, sensitif, moteur et musculaire, vient à être supprimé, les deux autres continuent de vivre sans doute, mais ils n’ont plus de sens, de même qu’une phrase perd sa signification dès qu’un de ses membres vient à lui manquer. […] Si un seul des trois termes précédents vient à manquer, l’acte n’a plus lieu. […] Ce n’est que quand les mouvements respiratoires du thorax viennent à cesser que la mort réelle de l’organisme commence. […] Une expérience simple vient en donner la démonstration. […] Ce n’est que dans ces dernières années que l’expérimentation est venue en démontrer la fausseté.

314. (1896) Les Jeunes, études et portraits

Rien n’y est engagé qui ne vienne des sens. […] La protestation attendue ne vint pas. […] Qui est cette femme et d’où vient-elle ? […] Une autre personne doit venir ; elle ne vient pas. […] C’est ce devoir que nous venons remplir.

315. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « XLI » pp. 167-171

. — Mais en littérature, il n’y a pas même de bâtons flottants ; l’Histoire de l’Empire de Thiers ne viendra que dans dix-huit mois ; on n’a rien, on n’espère rien pour cet hiver. […] Limayrac est le seul jusqu’ici qui ait traité ce livre détestable comme il convient ; si cet article n’était pas venu, il n’y en aurait eu aucun dans les journaux de Paris qui méritât de compter. […] On dit que l’admiration dure encore en Allemagne, et qu’elle vient seulement d’atteindre à son apogée à Vienne, où plus d’une belle dame appelle par gentillesse son petit enfant Tortillard. […] — L'abbé Combalot vient, à son tour, de publier sa brochure sur la liberté de l’enseignement et contre l’Université.

316. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Alexis Piron »

vous avez le front de venir ici ?  […] Piron avait obtenu son effet et en était venu à ses fins. […] Que venez-vous faire à la Cour ? […] Je fus voir Voltaire dès que je le sus arrivé ; on le cela ; mais, un moment après que je fus rentré, on me vint prier de sa part à souper. […] Le buste de Piron que je viens d’indiquer nous permet également de nous replacer devant lui et nous le montre.

317. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Malherbe »

Enfin Malherbe vint, etc. […] Comme elle venait régner en France, il en aurait tiré un augure favorable pour les arts et la littérature de ce pays. […] On n’en demandait pas tant à l’époque où vint Malherbe. […] La princesse de Condé venait d’accoucher de deux enfants morts, à Vincennes, où elle était allée s’enfermer avec M. le prince, qui y était en prison. […] Pourtant, une certaine délicatesse morale qui nous est venue, et qui est un fruit de la civilisation, fait qu’on répugne au chant dans de telles luttes.

318. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Seconde partie. Émancipation de la pensée » pp. 300-314

Schlegel surtout, en prouvant que la question de l’origine du langage devait être traitée historiquement, et non point par des théories spéculatives ; en prouvant ensuite, par les faits nombreux que lui-même a rassemblés ; en prouvant, dis-je, que cela était possible, ôte à ces sortes de recherches ce qu’elles avaient de conjectural et de hasardé, et vient déterminer ainsi un des plus grands pas qui puissent être faits dans la science réelle de l’homme. […] M. de Bonald n’est donc pas venu pour faire entrer dans la société une vérité nouvelle ; mais il est venu pour empêcher une vérité ancienne de sortir de la société. […] Notre esprit se tendait involontairement à considérer la pensée, abstraction faite de l’expression ; et il en venait à s’exercer même sur la langue maternelle comme si c’eût été une langue étrangère, c’est-à-dire qu’il venait à traduire sa pensée au lieu de l’exprimer. […] Dès lors ce qu’il y avait d’essentiel et de subsistant par son énergie propre a cédé la place aux signes variables et plus ou moins arbitraires ; dès lors le génie individuel a remplacé le génie général ; dès lors les impressions ont été reçues par un plus ou moins grand nombre, mais n’ont pas été reçues par tous ; dès lors enfin l’art est venu au secours de la nature.

319. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre second. De la sagesse poétique — Chapitre XI. De la géographie poétique » pp. 239-241

[Il est probable que Pythagore vint en Italie de Samé, partie du royaume d’Ulysse, située dans la première Ionie, plutôt que de Samos, située dans la seconde.] — De la Thrace grecque vinrent Mars et Orphée ; ce dieu et ce poète théologien ont évidemment une origine grecque. De la Scythie grecque vint Anacharsis avec ses oracles scythiques non moins faux que les vers d’Orphée. […] Le mot hara dut signifier chez les anciens Latins, non pas le lieu où l’on élève les troupeaux, mais la victime, d’où vint certainement haruspex, celui qui tire les présages de l’examen des entrailles des victimes immolées devant les autels. […] C’est aussi de ce mot Ara, prononcé et entendu d’une manière si uniforme par tant de nations séparées par les temps, les lieux et les usages, que les Latins durent tirer le mot aratrum, charrue, dont la courbure se disait urbs (le sens le plus ordinaire de ce mot est celui de ville) ; du même mot vinrent enfin arx, forteresse, arceo, repousser (ager arcifinius, chez les auteurs qui ont écrit sur les limites des champs), et arma, arcus, armes, arc ; c’était une idée bien sage de faire ainsi consister le courage à arrêter et repousser l’injustice. Ἄρης, Mars vint sans doute de la défense des aræ.

320. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre quatrième. Du cours que suit l’histoire des nations — Chapitre VII. Dernières preuves à l’appui de nos principes sur la marche des sociétés » pp. 342-354

. — Enfin vient la monarchie, et Antonin veut faire une seule Rome de tout le monde romain. […] Lorsque vinrent les âges de civilisation avec les gouvernements populaires, l’intelligence s’éveilla dans ces grandes assemblées112. […] Premièrement les droits étant éternels dans l’intelligence, autrement dit dans leur idéal, et les hommes existant dans le temps, les droits ne peuvent venir aux hommes que de Dieu. […] La quantité prouve que persona ne vient point, comme on le prétend, de personare. […] C’est ainsi qu’il en vint à méditer les idées intelligibles et parfaites des esprits (idées distinctes de ces esprits, et qui ne peuvent se trouver qu’en Dieu même), et s’éleva jusqu’à la conception du héros de la philosophie, qui commande avec plaisir aux passions.

321. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre X, Prométhée enchaîné »

La Puissance et la Force viennent d’y conduire le Titan ; elles l’ont déjà renversé sur le roc, dans l’effroyable posture de l’écartellement. […] C’est comme un long essaim d’oiseaux qui viendrait sur lui. […] C’est donc un allié qu’elles viennent visiter dans son infortune. […] Nouveaux venus, vous vous croyez inaccessibles au malheur dans vos citadelles. […] L’aigle, mis à une ration de clémence, ne venait plus que tous les trois jours déchirer la chair du patient.

322. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre VI » pp. 394-434

Il s’occupa de reproduire le modèle incroyable qu’il avait sous les yeux, laissant aux lecteurs à venir, le soin de juger du mérite et de l’intérêt de la ressemblance. […] et il fallut attendre que le roi fût mort, pour en venir à songer que le roi lui-même, serait quelque jour, un sujet de comédie. — « On peut tout croire, hélas ! […] D’où il suit qu’il est fort nécessaire de tenir compte aux anciens de leur comédie, et des difficultés qu’elle a rencontrée, en songeant aux difficultés de la comédie aux siècles à venir ! […] adieu, pour jamais ; adieu à ce beau geste que j’aimais tant ; adieu à cet esprit si fin qui s’en va d’où il est venu, qui retourne à Molière ! […] Cette noble femme restera, pour les comédiennes à venir, un encouragement, un conseil, un exemple en beaucoup de choses.

323. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « L’abbé de Bernis. » pp. 1-22

J’y viendrai bientôt, mais aujourd’hui je ne veux avoir affaire qu’au premier et plus léger abbé de Bernis : on verra l’homme sérieux en lui se dégager insensiblement. […] Il vint faire ses premières études au collège des Jésuites (Louis-le-Grand) à Paris ; il fit sa philosophie et sa théologie au séminaire de Saint-Sulpice et en Sorbonne. […] En attendant les bénéfices qui ne venaient pas et dont il n’avait qu’un tout petit, dit-on, à Boulogne-sur-Mer2, l’abbé-comte de Bernis se lança dans le monde pour lequel il était fait, et dans le plus grand monde ; mais il y était pauvre comme le dernier des nouveaux venus. […] Le cardinal de Fleury, ami de sa famille, le fit venir, et lui déclara que, s’il continuait de la sorte, il n’avait rien à attendre tant que lui, cardinal de Fleury, vivrait. […] Si une bonne abbaye venait à vaquer, ce serait un grand point de l’obtenir.

324. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Je viens le dernier, mais je n’y échappe pas plus que les autres. […] Cette conversion rendant moins agréable etmoins facile sa résidence à Pétersbourg, elle vint en France dès la fin de l’année 1816 ; elle avait trente-quatre ans. […] Les derniers venus, en pareil cas, les plus nouveaux en civilisation, ne se montrent pas les moins ardents à renchérir et à subtiliser. […] On y vient, on y revient avec plaisir ; on y cause de tout, on y cause en commun de certains sujets qui intéressent tout le monde, et on le fait avec de légères discordances et dissonances dans lesquelles une maîtresse habile de maison, comme un chef d’orchestre sans archet et sans geste, maintient ou rétablit vite l’harmonie. […] On a recouru pour cela à des témoignages venus d’écrivains protestants.

325. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « M. De Pontmartin. Causeries littéraires, causeries du samedi, les semaines littéraires, etc. »

J’ai eu, il y a quelque temps, maille à partir avec lui ; je ne viens pas réveiller la querelle, mais il m’est difficile d’éviter de parler d’un écrivain qui se fait lire du public et que nous rencontrons à chaque moment. […] Après la révolution de 1830, M. de Pontmartin retourna passer quelques années dans son pays d’Avignon, avant de venir chercher la réputation littéraire à Paris. […] Je ne pouvais en dire moins sur les défauts et les lacunes de M. de Pontmartin comme critique sans me mentir à moi-même ; j’en viens avec plaisir aux qualités. […] Elle aime le frère de son intime amie Laurence, Jules Daruel, un gentil sujet, qui vient d’autant plus régulièrement visiter sa sœur qu’il ne la trouve jamais sans Aurélie. […] Un vrai père, moins altier, moins égoïste, devait venir à la pension au moins une ou deux fois l’an, quand il était sûr de ne pas rencontrer sa femme.

326. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Dominique par M. Eugène Fromentin (suite et fin.) »

Dominique une fois nouées et commencées, l’amitié entre eux s’ensuit, mais elle ne vient point tout d’un coup ; il y faut du temps, quelque intervalle : une absence y aide. […] Plus tard, il a été élevé par une tante paternelle, qui est venue s’installer exprès au château des Trembles, bonne dame, mais qui n’a pas eu d’action ni d’influence sur son neveu. […] En attendant il acquiert à la fin, comme précepteur, du pouvoir et de l’ascendant sur l’esprit de son élève ; il en vient à le bien comprendre. […] » — « Mais je lui tendis, sans répondre, la page que je venais d’écrire. » II. […] Consterné d’abord du mariage de Madeleine qui se fait peu après, Dominique, ayant terminé vers le même temps ses classes, vient à Paris, et là une nouvelle vie commence.

327. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Comment Malouet, modéré en tout, en vint-il à contracter une liaison si intime avec un aussi fougueux écrivain que l’abbé Raynal, au point d’en faire son hôte, son commensal, sa société de chaque jour ? […] Dans une lettre à d’Alembert du 18 mai 1782, il lui annonce l’arrivée à Berlin du solennel exilé qui fuyait l’arrêt du Parlement : « Mais savez-vous ce qui vient d’arriver aujourd’hui ? […] C’est au retour de ces voyages en Prusse et en Suisse que Raynal s’en vint un jour tomber à Toulon à l’hôtel de l’intendance. […] Un jour, à Verberie, comme il arrivait, selon son habitude, portant à la main un paquet très sommaire enveloppé dans un mouchoir de couleur, Chabanon qui, de la fenêtre, le voyait venir, lui cria : « L’abbé, tu arrives avec ton bagage ; tu viens donc ici pour trois ans ?  […] La conversation en vint sur cet incident.

328. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

L’Empereur vint à lui d’un air courroucé et fui dit : « Quelle lettre impertinente m’avez-vous adressée ? […] Plus tard, dans la poursuite de l’armée anglaise commandée par Moore, Ney, tenté un moment de prendre la meilleure direction, n’ose le faire de son chef, et il ne vient plus ensuite qu’en réserve derrière Soult. […] Croyez-vous que les Anglais osent ainsi s’avancer loin de leurs flottes, surtout après ce qui vient d’arriver à Moore ? […] Je viens enfin, mon cher Monnier, de me décider au saut périlleux : j’écris au prince de Neuchâtel pour lui demander ma démission. […] Napoléon s’intéressait particulièrement à ce qu’il écrivît l’histoire des campagnes d’Italie, de 1796 à 1800 : il le fit venir plus d’une fois à Trianon ou aux Tuileries pour l’entretenir à ce sujet.

329. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Son père, chapelier de son état, transplanta, en 1702, sa famille à Paris, et vint loger dans le faubourg Saint-Germain, non loin de la Comédie. […] Le jeune homme se trouvait dans sa chambre avec sa mère au moment où l’on vint annoncer qu’une dame demandait à le voir : « Une dame qui demande mon fils !  […] Je trouve, dans des lettres inédites adressées par elle à un ami dont on ignore le nom, des paroles qui viennent confirmer de sa part ce sentiment habituel et sincère. […] L’abbé ajoutait qu’il avait paru consentir à tout, et qu’il venait demander ce qu’il devait faire. […] L’abbé entrait dans son sens en lui indiquant l’hôtel de Bouillon comme le lieu d’où venait le péril.

330. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur Bazin. » pp. 464-485

L’auteur, selon la mode du moment qui encourageait ces sortes de pastiches, suppose qu’un cadet de Gascogne, venu à Paris au début du règne de Louis XIII, et pendant la faveur du maréchal d’Ancre, raconte ses premières aventures. […] En 1822, dans le concours sur Lesage, il eut une première mention, laquelle ne venait toutefois qu’après deux prix et un accessit. […] L’idée lui était venue d’écrire un roman, Le Gil Blas révolutionnaire ; mais il n’avait rien de cette imagination qui crée les personnages ou qui anime les détails. […] En général, il n’aurait pas voulu solliciter les choses, mais qu’elles le vinssent trouver d’elles-mêmes, et encore, quand même elles le prévenaient, elles n’étaient pas sûres de le trouver d’humeur à les bien accueillir toujours. […] C’est ainsi du moins que ceux qui viendront après seront à même de prendre une idée de lui et de le reconnaître entre tant de gens également distingués, qu’on loue d’une manière uniforme et monotone.

331. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur Théodore Leclercq. » pp. 526-547

Dès lors, les passions civiles s’enflammèrent, et des deux parts une irritation incurable, en se déclarant, vint ajourner toute solution modérée, toute raison. La raison ne vient guère jamais aux nations et aux masses que par nécessité, par épuisement, quand, après avoir bien souffert, on sent qu’il n’est encore, pour en finir, que d’y mettre chacun du sien et de s’accorder. Cet épuisement de la nation était réel et sensible en 1814, épuisement physique plutôt encore que moral, et qui ne venait que d’une perte de sang trop abondante. […] C’est qu’à François aussi, en un clin d’œil, l’amour-propre d’auteur lui est venu. […] Est-il jamais venu à l’idée de personne de leur reprocher les emplâtres dont ils se couvrent, ou les jambes de bois dont ils feignent d’avoir besoin ?

332. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Les secrétaires d’État qui, comme on sait, n’étaient que ses premiers commis, venaient prendre ses ordres, faisaient exécuter, chacun dans ses bureaux, le travail convenu, le soumettaient, quand il était nécessaire, au Premier ministre, et puis le signaient eux-mêmes. […] Dans les voyages qu’il fait à Paris, où il vient prêcher quelquefois et prendre l’air de la Cour, il s’aperçoit qu’il lui faut un pied-à-terre ; il voudrait une maison à lui, par convenance et décorum, plutôt que de prendre des chambres garnies. […] Bien que ce premier ministère assez obscur, séparé du second, si glorieux, par un intervalle de sept ans, n’ait duré que cinq mois (31 octobre 1616-24 avril 1617), on y découvre déjà, à y regarder de près, les traits distincts de la politique de Richelieu, l’application vigoureuse de ses principes aux mêmes maux qu’il guérira plus tard, et l’efficacité commençante des mêmes remèdes qui étaient sur le point d’opérer quand l’assassinat du maréchal d’Ancre vint tout rompre et tout remettre en suspens. […] Richelieu, très lié avec Barbin, intendant de la maison de la reine et homme de bon jugement, qui venait d’être nommé secrétaire d’État, dut agir et influer par lui dès ce moment décisif. […] Richelieu, dans de très belles pages historiques et morales, en nous développant le caractère de ce maréchal qui était vain et présomptueux avant tout, et qui tenait à paraître puissant plutôt qu’à l’être en effet, a bien marqué en quoi ce ministère, qui passait pour être tout au favori, ne lui était point cependant inféodé, et on sent à merveille que, si Luynes ne fût venu à la traverse, et que si le maréchal eût vécu, la lutte se serait engagée dans un temps très court entre Richelieu et lui pour l’entière faveur de la reine mère.

333. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « M. Necker. — II. (Fin.) » pp. 350-370

Necker par deux Lettres très vives, très hardies, où il s’arme de la méthode de Pascal, mais à mauvaise fin, et pour en venir à des conclusions ouvertement spinozistes et épicuriennes. […] Il démontre sous toutes les formes, et par une quantité de considérations prises dans le cœur humain, que la morale religieuse vient sans cesse au secours de la législation civile : Elle parle un langage que les lois ne connaissent point ; elle échauffe cette sensibilité qui doit devancer la raison même ; elle agit, et comme la lumière et comme la chaleur intérieure ; elle éclaire, elle anime, elle s’insinue partout ; et ce qu’on n’observe point assez, c’est qu’au milieu des sociétés cette morale est le lien imperceptible d’une multitude de parties qui semblent se tenir par leurs propres affinités, et qui se détacheraient successivement, si la chaîne qui les unit venait jamais à se rompre. […] Necker n’est pas peintre, et il faut attendre, pour le réveil et le triomphe des images chrétiennes, que Chateaubriand soit venu. […] Necker, quel temps je suis venu prendre pour entretenir le monde de morale et de religion ! […] plus on a connu le monde, ses fantômes et ses vains prestiges, plus on a senti le besoin d’une grande idée pour élever son âme au-dessus de tant d’événements qui viennent la décourager ou la flétrir.

334. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Nous voici à notre tour ; et notre jour fatal viendra bientôt peut-être. […] La géologie vient agrandir l’histoire, et la même question renaît agrandie. […] S’il vient du dedans, il dépend du dehors. — Par exemple, il y a une force qui développe le poulet et l’organise. […] D’où vient donc que M.  […] Il évita la politique, et ne vint aux élections que par conscience.

335. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre IV. Shakspeare. » pp. 164-280

venez, et courez la chance de votre colère ! […] Émilia, viens. […] —  Cela n’est pas bon, cela ne peut venir à bien […] viens, mon oiseau, viens !  […] D’où venait-il ?

336. (1837) Lettres sur les écrivains français pp. -167

venez sans façons me demander à déjeuner un de ces matins ! […] C’est là que Méry voulait en venir. […] Alphonse Brot y était venu, mais je ne l’affirmerai pas. […] L’occasion de le prouver m’est venue, je l’ai saisie. […] Mais le sommeil ne vint pas pour l’un des deux voyageurs, de sorte que M. 

337. (1869) Philosophie de l’art en Grèce par H. Taine, leçons professées à l’école des beaux-arts

On conte qu’Apelles, étant venu voir Protogènes, ne voulut pas dire son nom, prit un pinceau et traça sur un panneau préparé une mince ligne sinueuse. […] Les colonies multipliées viennent peupler et exploiter les côtes de la Grande-Grèce, de la Sicile, de l’Asie Mineure, du Pont-Euxin. […] Milon conduisait ses concitoyens au combat, et Phayllos fut le chef des Crotoniates qui vinrent aider les Grecs contre les Mèdes. […] Quand l’écho des discours philosophiques venait faire vibrer une âme remplie de formes pittoresques, c’était pour y épurer et agrandir les figures divines. […] L’infirme n’y est pas » abattu : il voit doucement venir la mort : tout sourit autour de lui.

338. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIe entretien. Vie et œuvres de Pétrarque » pp. 2-79

Le chef de cette illustre maison, Étienne Colonna, vint, à son tour, visiter ses frères et ses neveux à Avignon ; il y goûta avec passion le talent de Pétrarque. […] Les Français y sont traités comme des esclaves révoltés qui viennent saccager et avilir le domaine de leurs maîtres. […] C’était la demeure d’été des évêques de Cavaillon : ces évêques y venaient dans la canicule respirer la fraîcheur de la vallée. […] C’est pour cela qu’il était venu solliciter avec passion Clément VII de rentrer au Vatican ; son ambassade n’eut pas de succès. […] Mais d’où leur peut venir cet orgueil insupportable dont ils sont bouffis ?

339. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIe entretien. Les salons littéraires. Souvenirs de madame Récamier. — Correspondance de Chateaubriand (3e partie) » pp. 161-240

Si vous ne venez pas, j’aurai perdu mon appui. […] Venez vite faire cesser cette fatalité. […] Écrivez, et surtout venez !  […] Venez vite ! […] Venez !

340. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXe entretien. Dante. Deuxième partie » pp. 81-160

Puis vient une louve maigre (symbole de l’inextinguible avidité de la Rome papale). […] Je viens d’un séjour où le désir me rappelle. […] « Quand nous eûmes atteint ainsi le quatrième jour, Gaddo vint s’étendre à mes pieds en me disant : “Mon père, pourquoi ne viens-tu pas à mon secours ? […] « Viens ! viens !

341. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Introduction. Origines de la littérature française — 1. Éléments et développement de la langue. »

Viennent les barbares, et cette brillante façade de la civilisation impériale est jetée à bas : tout ce qui fermentait et évoluait sous l’immobilité stagnante de la langue artificielle des lettrés est mis à découvert. […] Un jour vient où dans le latin décomposé, désorganisé, se dessine un commencement d’organisation sur un nouveau plan ; un jour vient où les hommes qui le parlent s’aperçoivent qu’ils ne parlent plus latin : le roman est né ; c’est-à-dire en France, le français. […] On ira reprendre dans le riche fond de la latinité ce que l’on y avait d’abord laissé ; et les mots savants viendront presque dès le premier jour s’ajouter aux mots populaires : de ces deux classes de mots, formés ceux-ci sous l’influence et ceux-là hors de l’influence de l’accent latin, ceux-ci par la bouche et l’oreille du peuple, et ceux-là par l’œil des scribes, de ces deux classes se fera une langue plus riche, plus souple, plus fine, plus intellectuelle. […] Elle s’est implantée dans nos colonies d’Afrique et d’Amérique, dont la contribution à la littérature n’est pas insignifiante, si, de là, sont venus Parny et M. 

342. (1920) La mêlée symboliste. I. 1870-1890 « Laurent Tailhade à l’hôpital » pp. 168-177

Tandis que je me faisais ce petit sermon dont je pensais qu’il était bon que la postérité fût avertie, des malades allaient et venaient autour de nous, traînant péniblement leur pauvre carcasse endolorie. Ils changeaient de place leur douleur, à la recherche d’un soulagement qui ne voulait pas venir. […] Écoutez-la parler de son pays : « La rue sent le pain de maïs chaud, l’huile de noix et les raisins mûrs… Les colporteurs vendent des mouchoirs écarlates et des bijoux de cuivre ; les vieilles femmes en marmottes étalent sous des parapluies rouges des tomates et des piments doux ; les lépreux se font traîner sur de petits chariots, et les enfants viennent les regarder dans l’ombre grouillante de vermine et de mouches. […] » L’heure de la soupe est venue. […] La nuit est venue.

343. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Mézeray. — I. » pp. 195-212

Le jeune Mézeray fit de brillantes études à l’université de Caen, et de là il vint à Paris où, sous les auspices de son compatriote Des Yveteaux, il comptait débuter dans la poésie. […] La monarchie française serait venue au point souhaitable de sa grandeur, si elle avait pour bornes les Alpes, les Pyrénées et le Rhin. […] Il semble d’abord que la principale chose y soit les portraits des rois et reines, et que le texte n’y vienne que pour accompagner ces illustres images, cette suite de tailles-douces, figures et médailles, recueillies et payées par un amateur généreux, Remy Capitain. […] Je me trompe pourtant d’appeler cela un règne, ce fut une anarchie continuelle : d’autant qu’il vint à la couronne à treize ans ; il fut sous des régents plusieurs années, et puis, étant venu en âge, tomba sous la captivité de ses favoris, et à vingt-six ans en cette longue maladie qui mit presque cette monarchie au tombeau… Si bien que toute sa vie n’a été qu’une folie ou de cerveau ou de jeunesse, et, ni sain ni malade, il n’a jamais eu une once de bon conseil et de forte résolution, mais a toujours été hors de lui-même, ayant été en tout temps possédé par ceux qui l’obsédaient, et ferme seulement en un point, qui était de se changer à l’appétit de tous ceux qui se saisissaient de lui. […] Cette édition vient d’être réimprimée, en tenant compte des textes originaux (1853). — M. 

344. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Massillon. — II. (Fin.) » pp. 20-37

Venu à une époque où la corruption était déjà poussée au plus haut degré, et où elle ne se recouvrait que d’un voile léger en présence du monarque, il comprit bien quelle était la nature de l’incrédulité qu’il avait à combattre, et en ce sens il est curieux de voir l’ordre d’arguments qu’il juge le plus à propos de lui opposer. […] Il le redit en cent façons frappantes de vérité : « On commence par les passions ; les doutes viennent ensuite. » Ces doutes, il n’essaye pas de le dissimuler, étaient déjà dans le beau monde le langage le plus commun de son temps. […] Spinoza, peu lu, peu compris, était resté dans l’ombre : mais d’autres incrédules moindres et plus éloquents avaient tracé ouvertement leur sillon sous le soleil et propagé en tous sens leurs germes : bien des âmes, bon gré mal gré, les avaient reçus ; on avait beau faire, chacun se ressentait plus ou moins à son jour d’être venu au monde depuis Voltaire et depuis Rousseau. […] Après ces retards inévitables, Massillon, âgé pour lors de cinquante-huit ans, se rendit en son diocèse en 1721, et n’en sortit plus qu’une seule fois pour venir prononcer à Saint-Denis l’Oraison funèbre de la duchesse d’Orléans, mère du Régent (février 1723). […] C’était ainsi que, parmi les rides de ce visage déjà flétri et dans ces jeux qui allaient s’éteindre, je croyais démêler encore l’expression de cette éloquence si sensible, si tendre, si haute quelquefois, si profondément pénétrante, dont je venais d’être enchanté à la lecture de ses Sermons.

345. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres inédites de P. de Ronsard, recueillies et publiées par M. Prosper Blanchemain, 1 vol. petit in-8°, Paris, Auguste Aubry, 1856. Étude sur Ronsard, considéré comme imitateur d’Homère et de Pindare, par M. Eugène Gandar, ancien membre de l’École française d’Athènes, 1 vol. in-8°, Metz, 1854. — I » pp. 57-75

J’y disais en propres termes, et en m’adressant au poète auquel je venais d’élever dans mon volume une sorte d’autel expiatoire Non que j’espère encore, au trône radieux D’où jadis tu régnais, replacer ta mémoire. […] Elle n’ose jamais procéder que suivant la méthode la plus scrupuleuse et la plus uniforme de la grammaire : on voit toujours venir d’abord un nominatif substantif qui mène son adjectif comme par la main ; son verbe ne manque pas de marcher derrière, suivi d’un adverbe qui ne souffre rien entre deux ; et le régime appelle aussitôt un accusatif, qui ne peut jamais se déplacer. […] Mais dans ces considérations générales où l’on opère sur des siècles et des âges tout entiers, et où la critique parcourt à vol d’oiseau d’immenses espaces, on oublie trop un point essentiel, c’est que le poète vient à une heure précise et à un moment. […] Rabelais après Villon était venu, et avait fait sa parodie bouffonne, dont le rire au loin retentissait. […] J’ai réservé bien des choses à dire, et qui viendront naturellement avec l’examen de l’intéressant travail de M. 

346. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Cette guerre, Frédéric la voyait de loin venir, quoiqu’elle l’ait en définitive un peu surpris. […] Si la paix me venait par vos mains, elle me serait doublement chère, et vous auriez l’honneur d’avoir pacifié l’Allemagne. […] Elle s’en doute bien elle-même, et voudrait que Voltaire vint donner à sa petite société un dernier tour, un dernier poli de civilisation en faisant « un pèlerinage à Notre-Dame de Bareith. » Il promet toujours et ne vient jamais : « Vous me faites éprouver le sort de Tantale : soyez donc archi-germain dans vos résolutions, et procurez-moi le plaisir de vous revoir. » On a joué chez elle le Mahomet : « Les acteurs se sont surpassés, et vous avez eu la gloire d’émouvoir nos cœurs franconiens. » Elle demande décidément au poète philosophe de « la conduire dans le chemin de la vérité » ; et en attendant, elle lui fait des objections, mais des objections dans un sens plus avancé, plus radical. […] La mort du cardinal de Tencin, en mars 1758, vient priver d’un canal commode et sûr, dans le cas où il y aurait eu lieu de nouveau à l’employer. […] Mais d’où vient qu’à toute cette existence et à cette physionomie si animée, si courageuse, il manque toutefois un certain charme, une certaine beauté idéale, et que le poète ou le peintre ne pourrait même la lui prêter sans être infidèle ?

347. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Journal d’Olivier Lefèvre d’Ormesson, publié par M. Chéruel » pp. 35-52

Celui-ci fut proposé et choisi : par son zèle, par sa bonne comptabilité, il se fit bien venir du trésorier, et aussi du dauphin à qui il avait souvent affaire, et qui l’emmenait avec lui dans ses voyages pour payer sa dépense. […] M. de Morvilliers étant venu à mourir, M. d’Ormesson, peu agréé de Henri III, qui l’avait trouvé rétif à ses profusions (« Il est paresseux, à la vérité, disait ce roi, mais il est homme de bien ») ; pensa à la retraite, et s’étant défait de ses charges, il s’était dit qu’il achèverait paisiblement ses jours, tantôt à Paris, tantôt dans ses maisons des champs, qu’il embellirait. […] Il venait chez lui de belles dames et des princes. Henri IV aimait le bonhomme, comme il disait ; il venait volontiers à ses assemblées, et y amena un soir le duc de Savoie, avec tous les princes et princesses. […] Un autre de ses neveux, le marquis de Pont-de-Courlay, est insulté dans le même temps à Saint-Germain, et il aurait été maltraité des pages et des laquaisc « sans l’assistance de quelques gardes qui croisèrent leurs hallebardes pour empêcher l’entrée d’une porte où il venait d’entrer ».

348. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Lettres inédites de Jean Racine et de Louis Racine, (précédées de Notices) » pp. 56-75

Ce n’était pas du tout logique à Racine de garder le cygne et de supprimer le rat puisque, les armes étant parlantes, le cygne, qui figurait la seconde moitié de son nom, ne venait là qu’à la condition que le rat y représentât la première. […] Où veux-je en venir ? […] Il n’y a que les grands hommes qui comptent ; leurs héritiers affaiblis, leurs disciples pâlissants ne viennent qu’à la suite et se confondent en eux. […] Cela même étouffe et asphyxie, si l’on reste trop près de son père, comme le rejeton venu trop près du grand chêne : Nunc altæ frondes et rami matris opacant. […] La fortune ne lui vint que par un mariage qu’il contracta dans une honorable famille de Lyon et qui le mit au-dessus de ses affaires.

349. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Elle qui m’a confié toute son âme et toute sa vie, quand moi-même je lui ai voué dans mon cœur toute la tendresse qu’on a pour une épouse, souffrirais-je qu’une nature aussi honnête, aussi pure, aussi bien élevée, en vienne, par misère, à tourner mal ? […] Dans cette querelle que Déméa vient faire à Micion, ce dernier lui-même est d’un comique achevé dans sa douceur. Micion tout à l’heure était troublé de l’absence d’Eschine ; Déméa vient lui apprendre tout ce que le libertin a commis d’excès cette nuit même, et dont toute la ville est indignée. […] N’essayons pas de porter la raison dans l’amour, pas plus que d’être sage dans la folie. » Que la scène entre son jeune homme Phédria et la courtisane Thaïs (dans l’Eunuque) vient bien à l’appui de cette doctrine ! […] C’est toi que je voulais, et tu viens le premier.

350. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire des cabinets de l’Europe pendant le Consulat et l’Empire, par M. Armand Lefebvre (suite et fin.) »

Il est plus difficile qu’on ne le croirait de saisir tout d’une venue les grands hommes en tout genre : il faut du temps et passer par plus d’un degré pour arriver à les embrasser dans leur ensemble. […] En histoire, nous avons eu un travail analogue à faire pour en venir à une large et juste idée de Napoléon. […] Armand Lefebvre sur le même sujet et sa conception très-juste en général, très-ferme, et que les documents publiés depuis sont venus en grande partie vérifier. […] « Le moment semblait donc venu pour le premier Consul de se recueillir dans sa pensée, de s’entourer de toutes les lumières de son vaste esprit, et d’éviter à son pays des chances si redoutables. […] Armand Lefebvre a soigneusement analysé les causes de cette rupture et montré comment de conséquence en conséquence on en vint à cette extrémité.

351. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet »

Inflexible dans la modération, il y portait un peu de roideur et n’évitait pas l’isolement : d’où vient qu’il fut toujours plus estimé qu’écouté, et plus écouté que suivi. […] Son Voyage à la Guyane vient bien après le Voyage à l’Ile de France de Bernardin de Saint-Pierre (publié en 1773), et avant celui de Chateaubriand au pays des Natchez. […] Il était venu à Cayenne en 1730 ; il avait été économe chez. les Jésuites, qui étaient alors les seuls propriétaires opulents, et il était lui-même un homme aisé, lorsqu’il s’établit à Ovapock. […] L’abbé Raynal lui arrivait un jour à l’improviste et s’en venait loger chez lui : il n’y resta pas moins de trois années ! […] C’est dire qu’il était mûr et tout prêt quand les suffrages des électeurs de Riom, ses compatriotes, vinrent le chercher et le prendre pour député aux États généraux.

352. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Mémoires de Philippe de Commynes, nouvelle édition publiée par Mlle Dupont. (3 vol. in-8º.) » pp. 241-259

On devine que la décadence est très avancée, et qu’au premier choc sérieux viendra la ruine. […] Louis XI, on ne sait trop comment, et par excès de confiance en sa supériorité de finesse, s’était venu mettre au pouvoir de Charles ; le renard s’était jeté sous les griffes du lion. […] Louis XI, qui est venu s’asseoir sur un escabeau, tout contre le paravent, rit aux éclats et lui dit de répéter, de parler haut, et qu’il commence à devenir un peu sourd. […] Après Louis XIV, après Louis XV, 89 vint trop tard. […] Ces idées de Commynes purent ne lui venir à lui-même qu’après la mort de son maître, quand il eut connu à son tour l’adversité, l’oppression, et qu’il eut pu vérifier par expérience sa maxime : « Les plus grands maux viennent volontiers des plus forts ; car les faibles ne cherchent que patience. » Mais, quelle que soit leur date dans la vie de Commynes, les idées qu’on vient de voir donnent la mesure de l’étendue de son horizon.

353. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — I. » pp. 201-219

si l’Angleterre, me disais-je, a ses Grandisson, la France a ses Beaumarchais… » Pour s’expliquer un peu l’enthousiasme et le ton, il faut dire que Beaumarchais, à cette date, venait en effet, de se signaler par un acte énergique de dévouement envers les siens. […] (s’écrie Beaumarchais dans l’un de ses Mémoires), vous l’aviez promis, solennellement promis à M. le Dauphin, à Mme la Dauphine, père et mère du roi (de Louis XVI), aux quatre princesses, tantes du roi, devant toute la France, à l’École militaire, la première fois que la famille royale y vint voir exercer la jeune noblesse, y vint accepter une collation somptueuse, et faire pleurer de joie, à quatre-vingts ans, le plus respectable vieillard. […] C’est chez lui, c’est dans son quatrième Mémoire contre Goëzman (février 1774), qu’il faut relire cet incomparable récit où le talent vient tout mouvoir et tout animer. […] Tout ce motif, la manière dont il est conçu et exécuté, avec tant de largeur, de supériorité, de gaieté et d’ironie, tout d’une venue et d’une seule haleine, compose un des plus admirables morceaux d’éloquence que nous puissions offrir dans notre littérature oratoire. […] Le soir de cette condamnation, le prince de Conti venait s’écrire chez Beaumarchais, et l’invitait à passer chez lui la journée du lendemain : « Je veux, disait-il dans son billet, que vous veniez demain ; nous sommes d’assez bonne maison pour donner l’exemple à la France de la manière dont on doit traiter un grand citoyen tel que vous. » Toute la Cour suivit l’exemple du prince et s’écrivit chez le condamné.

354. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Un symbole »

La discussion vint, le vingt-deux juillet 1873, devant l’Assemblée. […] Le « Vœu national » vient d’être renouvelé au cours de la cérémonie de son vingt-cinquième anniversaire. […] Elle en a le droit d’autant plus incontestablement que, en raison de ce qui vient d’être exposé, ce vote est moralement nul, puisqu’il concerne un monument fictif, tout différent de celui qu’érigent les sectaires du prétendu « Vœu national ».‌ […] La noble tentative qui a échoué au Panthéon par l’adjonction d’éléments dont l’inhéroïsme vraiment trop puéril vient détruire d’un seul coup la grandeur du symbole, cette tentative grandiose triompherait à Montmartre et y acquerrait une incontestable grandeur. […] C’est la voix des ancêtres qui vient chaque jour rappeler aux vivants de quelle chair ils sont pétris, quel sang coule en eux, de quelles pensées ils sont les fils.

355. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

… Et dire que jamais, même quand l’œuvre réussit, jamais ce n’est le succès que vous avez voulu, qui vous vient ! […] » Il vient jeter les yeux sur les modes nouvelles de la mascarade. […] Et qui sait si toutes nos impressions de choses extérieures ne viennent pas, non de ces choses, mais de nous. […] Il est bête de venir en un temps en construction, l’âme y a des malaises comme un corps qui essuierait des plâtres. […] … Puis j’ai vu venir dans l’ombre, tout au loin, tout au loin, au-delà d’un grand cintre vitré, j’ai vu venir une petite lueur, qui a grandi, est devenue, une lumière.

356. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1886 » pp. 101-162

Un des derniers jours de son séjour, sa mère, par extraordinaire, se levait et venait s’asseoir à la table du déjeuner. […] Il en était venu à vivre dans un état continuel d’ivresse, quand une femme se prit d’amour ou de pitié pour cet être de talent, noyé, sombré dans la boisson. […] Entre Albert Duruy, qui vient s’entendre avec Daudet sur le lieu du combat, et qui a la tenue d’un témoin de duel, à la fois sérieux et chic. […] Elle est veuve, a une fille de trente ans, qui vient me demander de faire passer dans un journal, une petite nouvelle. […] C’est une pensée qui me vient aujourd’hui dans une longue promenade à travers la banlieue.

357. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

— « Viens l’embrasser !  […] Viens, mon petit roi !  […] Elle est venue le voir souvent. […] Va-t’en voir s’ils viennent ! […] (Je viens, bien entendu, de relire la pièce.)

358. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « PARNY. » pp. 423-470

Mais la nature voluptueuse du créole s’imprégna en lui de bonne heure de la philosophie régnante, et tout d’abord cette philosophie semblait, en effet, n’être venue que pour donner raison à cette nature ; l’accord entre elles était parfait. […] Quand son cœur fut épuisé, il ne trouva plus qu’elles dans son esprit… » Oui, il vient un âge où ce qui n’avait été à nos lèvres que le sourire aimable et flottant de la jeunesse se creuse sensiblement et devient une ride : oh ! […] Il se rencontre ici plus d’une petite difficulté de chronologie qu’il est presque pédantesque de venir soulever en matière si légère. […] « L’Amour vint. […] Venez demain mardi ; nous serons seuls depuis onze heures du matin jusqu’à neuf heures du soir, y compris la demi-heure du dîner.

359. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Montluc — III » pp. 90-104

Ce qui est certain, c’est qu’ayant affaire à un adversaire digne de le comprendre, sans aucune stipulation directe il se vit traité par lui sur le pied qu’il avait souhaité ; le dimanche matin, 22 avril (1555), il fut reçu au sortir de la ville par le marquis de Marignan et par toute cette armée, non comme un vaincu, mais comme un héros et le plus noble des compagnons : Les trois mestres de camp des Espagnols me vinrent saluer, et tous leurs capilaines. Les mestres de camp ne descendirent point, mais tous les capilaines descendirent et me vinrent embrasser la jambe, puis remontèrent à cheval et m’accompagnèrent jusqu’à ce que nous trouvâmes le marquis et le sieur Chiapin, qui pouvaient être à trois cents pas de la porte de la ville ; et là nous nous embrassâmes, et me mirent au milieu d’eux, et allâmes toujours parlant du siège et des particularités qui étaient survenues, nous attribuant beaucoup d’honneur ; même me dit qu’il m’avait beaucoup d’obligation, car outre qu’il avait appris beaucoup de ruses de guerre, j’étais cause qu’il était guéri des gouttes. […] Lui-même, âgé de moins de soixante ans, il avait au cœur un reste de vigueur et d’ardeur dévorante qu’il ne sut plus comment dépenser, et qui en vint bientôt à s’exaspérer odieusement et à se dénaturer dans ces luttes intestines. […] Il avait eu de tout temps le premier mouvement terrible, il érigea en système cette terreur : Ce n’est pas comme aux guerres étrangères, remarque-t-il, où on combat comme pour l’amour et l’honneur : mais aux civiles, il faut être ou maître ou valet, vu qu’on demeure sous même toit ; et ainsi il faut venir à la rigueur et à la cruauté : autrement la friandise du gain est telle, qu’on désire plutôt la continuation de la guerre que la fin. […] C’est alors que le désir d’une plus absolue retraite le venait prendre quelquefois et le tentait de se vouer à une entière solitude : Il me ressouvenait toujours d’un prieuré assis dans les montagnes, que j’avais vu autrefois, partie en Espagne, partie en France, nommé Sarracoli : j’avais fantaisie de me retirer là en repos ; j’eusse vu la France et l’Espagne en même temps ; et si Dieu me prête vie, encore je ne sais que je ferai.

360. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. » pp. 31-51

Un écrivain de talent, mais d’un talent moindre, venu après M.  […] Dans le mouvement de fureur dont ils furent saisis en entendant ces propositions d’Hannon, ainsi frauduleusement transmises, les Mercenaires se mirent en marche au nombre de vingt mille, et, pour appuyer leurs menaces, ils vinrent camper au rivage de Tunis en vue de Carthage, à une lieue environ. […] Sa réputation, la haute estime qu’il inspirait, lui attirèrent l’alliance d’un certain chef numide nommé Naravase, qui était d’abord avec les révoltés, mais qui, faisant subitement défection, vint s’offrir à lui avec ses cavaliers. […] Mais j’ajourne toute réflexion, et j’en viens à l’analyse de Salammbô. […] Giscon, le général carthaginois, est obligé de venir en personne, à cette heure de nuit, leur donner des explications qui ne font que les irriter.

361. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Lettres d’Eugénie de Guérin, publiées par M. Trébutien. »

Pour renouveler moi-même l’étude, il m’est venu la pensée de ne plus prendre seulement Eugénie de Guérin en elle-même, mais de la comparer : comparer, c’est mieux marquer les contours, c’est achever de définir. […] Venir comparer celle-ci et Mme Swetchine, catholique à catholique, c’est trop proche et trop aisé : il n’y a pas assez d’intervalle ni d’ouverture pour les points de vue : elles sont de la même paroisse. […] On est pris et pour ce qu’on a été réellement en soi, et surtout pour ce qu’on représente. — Assez de préambule comme cela, et venons-en à notre analyse comparée. […] Venez, charmantes messagères, c’est à présent que j’ai besoin de vous. — Vous le voyez, ma chère, je parle au papier, je veux tout supplier, plume, encrier, et ces petits doigts qui font les morts à présent : n’aurez-vous pas pitié de moi ?  […] Nulle verdure aux forêts de chênes, nul velours sur les prés ne vient adoucir l’éclat de la lumière.

362. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIV. La commedia dell’arte au temps de Molière (à partir de 1662) » pp. 265-292

Il n’est point aisé d’offrir un spécimen des représentations que donnaient alors ces comédiens qui vinrent s’établir définitivement à côté de Molière. […] Le geôlier vient prendre son prisonnier pour le conduire devant les juges. […] Dès que Diamantine est partie, Trivelin vient annoncer à Arlequin que M.  […] « Je suis un pauvre homme, répond Arlequin, je n’ai pas moyen d’en avoir davantage. » Isabelle vient pour voir le Docteur, et, ne le trouvant pas, elle le veut attendre. […] Quand cette pièce de Scaramouche, pédant scrupuleux fut jouée en monologues, à la foire Saint-Laurent (en 1709) pour braver les défenses obtenues par les comédiens français, sept acteurs venaient l’un après l’autre réciter leur rôle.

363. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Le symbolisme ésotérique » pp. 91-110

On songe au morphinomane à qui la drogue indispensable vient à manquer soudain. […] D’où vient cet appétit de merveilleux, ce fétichisme indéracinable des cœurs ? […] Wagner est venu annoncer que la synthèse de l’Art, c’était « le Rêve joyeux de la vérité belle ». […] En novembre 1882, tous deux viennent à Paris achever leurs études, sans rien abandonner de leurs ambitions littéraires. […] Tout vient d’un seul.

364. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre premier. Considérations préliminaires » pp. 17-40

Encore cela ne suffirait point : il faut savoir non seulement d’où l’on vient et où l’on est, mais aussi où l’on va. […] L’appel de Louis XVI à cette nation qui venait d’être amollie par ses prospérités, causa tout à coup un ébranlement général. […] Je n’ignore point tout ce que les idées nouvelles présentent d’opposition au sentiment que je viens d’exprimer ; mais je sais aussi que nulle base de la société ne peut être enlevée sans danger : je sais que lorsqu’une de ces bases vient à manquer, la Providence se hâte toujours de la remplacer ; je sais enfin que ce qui a été, même lorsqu’il n’est plus, est encore la raison de l’existence pour ce qui est. […] Puisse notre monarque, qui est venu régner aussi sur le peuple des souvenirs et sur le peuple des destinées nouvelles, consolider son ouvrage, en consommant parmi nous celui de Numa ! […] Ainsi, lorsque la nation française vint à tourner les yeux du côté de la terre de l’exil, elle sembla proclamer la pensée généreuse, de revenir au culte si moral des aïeux, de renoncer à l’idolâtrie.

365. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

Ainsi, sur les bords du Tibre, la triste sœur de Didon, qui avait reçu les honneurs d’un petit temple, dans le lieu où elle était venue mourir, en racontant les premières douleurs de Carthage, avait cédé la place à la vierge secourable aux nautoniers. […] Plutarque, de son temps, s’étonnait du silence des oracles ; il ignorait quel sceau venait d’être apposé sur la bouche des Sibylles. […] Si toute la poussée vient d’arrière, un grand bouleversement sera inévitable. […] Le génie romantique et le génie pittoresque sont deux frères qui viennent succéder au génie statuaire et au génie classique, vieux monarques dont nous devons encore honorer les cendres augustes quoique nous ne vivions plus sous leurs lois. […] Quatremère de Quincy vient d’agrandir pour nous l’horizon même des arts chez les anciens.

366. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

tant pis pour ceux qui viendront, ils verront le phénomène un autre jour ! […] D’où vient l’obstacle ? […] Et cette nuit dit-il, on est venu chanter sous mes fenêtres. […] De là vient le chagrin qui aigrit cet homme, de là vient cette mauvaise humeur qu’il nous fait subir. […] Pourquoi Vienne (en Dauphiné) venait-elle ainsi sous ma plume ?

367. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

L’évêque regrettait presque d’être venu, et pourtant il se sentait vaguement, fortement ébranlé. […] Et puis, tenez, ce n’est pas tout cela : que venez-vous me questionner et me parler de Louis XVII ? […] « La réponse était dure, mais allait au but avec la rigidité d’une pointe d’acier ; l’évêque en tressaillit ; il ne lui vint aucune riposte. […] « Le terroriste ne se doutait pas qu’il venait d’emporter successivement l’un après l’autre tous les retranchements de l’évêque » (qui n’avait pas même répliqué). […] » Et il y a longtemps, bien longtemps avant la révolution de 1848, que cette idée lui est venue : car je me souviens parfaitement qu’avant 1848 il y pensait, il s’en occupait, il avait peut-être commencé à l’écrire.

368. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Venez rêver ! venez aimer ! — venez mourir ! […] Tout bruit vient expirer à ses carreaux voilés, Avec le souvenir de ses jours en allés, Il vit là. […] je maudis et redoute ton sort… Viens, regarde mes yeux : jamais plus les étoiles N’auront pour tes regards de regards accueillants ; Viens, touche mes deux mains : jamais tes doigts tremblants Du lointain idéal n’écarteront les voiles ; Que ta bouche goûte ma bouche !

369. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre II. Le comique de situation et le comique de mots »

D’où vient le comique de la répétition d’un mot au théâtre ? […] Les domestiques viendront répéter dans un autre ton, transposée en style moins noble, une scène déjà jouée par les maîtres. […] Souvent on nous présentera un personnage qui prépare les filets où il viendra lui-même se faire prendre. […] Elles viendront se classer dans un genre où figure un type de comique officiellement reconnu. […] Nous venons d’employer un mot anglais : la chose elle-même, en effet, est bien anglaise.

370. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MARIA » pp. 538-542

Or, puisque c’est l’attrait dans la belle jeunesse Que ce luxe ondoyant que le zéphir caresse, Et d’où vient jusqu’au sage un parfum de désir, Je veux redire ici, d’un vers simple à plaisir, Non pas le jeu piquant d’une boucle enlevée, Mais sur un jeune front la grâce préservée. […] Le blocus nous tenait, mais sans trop se poursuivre ; Dans ce mal d’habitude, on se remit à vivre ; La nature est ainsi : jusque sous les boulets, Pour peu que cela dure, on rouvre ses volets ; On cause, on s’évertue, et l’oubli vient en aide ; Le marchand à faux poids vend, et le plaideur plaide ; La coquette sourit. […] dis-je à cette mère empressée à conclure, Vous venez vendre ainsi la plus belle parure De votre enfant ; c’est mal. […] A force toutefois de savoir le chemin, Elle s’apprivoisa : — comme un oiseau volage Que le premier automne a privé du feuillage, Et qui, timidement laissant les vastes bois, Se hasarde au rebord des fenêtres des toits ; Si quelque jeune fille, âme compatissante, Lui jette de son pain la miette finissante, Il vient chaque matin, d’abord humble et tremblant, Fuyant dès qu’on fait signe, et bientôt revolant ; Puis l’hiver l’enhardit, et l’heure accoutumée : Il va jusqu’à frapper à la vitre fermée ; Ce que le cœur lui garde, il le sait, il y croit ; Son aile s’enfle d’aise, il est là sur son toit ; Et si, quand février d’un rayon se colore, La fenêtre entr’ouverte et sans lilas encore Essaye un pot de fleurs au soleil exposé.

371. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

En 1836 (vingt ans après sa triste aventure), Marceline écrit à son amie, la chanteuse Pauline Duchambge, qui venait d’être lâchée, si j’ai bien compris, par le père Auber : « Tu es triste ? […] Venir en Italie pour guérir un cœur blessé à mort d’amour, c’est étrange et fatal. » Le mot « amour » a été effacé dans le texte original, et cette rature est étrangement expressive. […] Sainte-Beuve est venu dîner tranquillement ; il t’aime et te regrettait beaucoup. » — « M.  […] Balzac est venu me voir il y a quelques jours, je te conterai cela. […] Michelet est venu me voir.

372. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre IV. Shakespeare l’ancien »

(Sophocle, en effet, devait venir.) […] Pourquoi l’Océan vient-il monté sur un dragon ? […] On vint comme en pèlerinage compulser le Prométhée. […] D’où lui vient cette hilarité ? […] Toutes les merveilles de la pensée sont là, l’ironie vient les compliquer et les compléter.

373. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Alphonse Daudet »

L’originalité, d’où qu’elle vienne et quelle qu’elle soit ! […] Y a-t-il et pouvait-on y mettre la marque des facultés que je viens réclamer pour le compte de Daudet ? […] Or, Flaubert vient de Gautier, qui vient lui-même de Gœthe. […] et qui viennent demander, le croira-t-on ? […] Ce ne serait plus la Royauté dans l’exil, mais la Royauté dans la mort, et dans la mort venue par l’exil.

374. (1863) Histoire de la vie et des ouvrages de Molière pp. -252

Chacun venait se ranger dans son alcôve, dont la ruelle était ornée avec recherche. […] Et ne dormait-on pas s’il n’en eut fait venir ? […] Un nouveau succès vint inaugurer ce titre nouveau. […] Ses amis venaient souvent l’y visiter. […] Viens donc te noyer avec nous. — Oh !

375. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Ampère », même lorsque vers la fin il était infidèle et qu’il ne venait plus. […] Guizot est venu hier à mon banc me demander si, lorsque le moment sera venu, vous consentirez à être présenté au roi. […] Il faut savoir prendre le temps comme il vient. […] Bunsen était venue bientôt me rassurer après de vives alarmes en m’annonçant sa convalescence. […] Tâchez de venir demain, et aimez toujours un peu.   

376. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « De la poésie en 1865. »

Armand Renaud en est venu, de recherche en caprice, et après avoir épuisé la coupe, à des accents vraiment passionnés et profonds. […] A mesure qu’il avancera dans la vie, que le nuage doré s’abaissera et qu’il verra plus clair en lui-même, il lui faudra pourtant choisir. — Je mettrais dans le même groupe, si j’avais le temps de m’y arrêter, Albert Glatigny, un osé et un téméraire, qui, après les Vignes folles, est venu lancer les Flèches d’or 38 : quelques-unes portent loin. […] » ou bien : « C’est encore du Lamartine (ce qui est plus rare ;) » ou bien : « Ceci rappelle Victor Hugo, dernière manière » ; — ou : « Ceci est du Gautier, — du Banville, — du Leconte de Lisle, — ou même du Baudelaire. » Ce sont les chefs de file d’aujourd’hui, et ils s’imposent aux nouveaux venus. […] Plus je tarde et plus il me vient à la pensée de noms qui se pressent et qui auraient droit de se plaindre de l’oubli. […] Je me hâte d’en venir aux trois ou quatre noms qui me sont imposés par des circonstances particulières et que je me suis donné pour sujet aujourd’hui.

377. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre IV. Le théâtre des Gelosi » pp. 59-79

Le capitaine, de son côté, était venu dans cette ville et était sur le point d’y prendre femme. […] Cependant Flaminio, qui n’était pas satisfait de l’hymen qu’on lui préparait, s’était enfui de Gênes et était venu à Bologne, où il s’était épris d’Isabelle, qu’il avait suivie à Rome. […] Il s’assied au milieu de la scène et se dispose à manger, quand deux voleurs viennent, le saluent très poliment et s’assoient sans façon de chaque côté de lui. […] Lorsque Isabelle sort, Pantalon lui essuie le front et lui fait de tendres reproches, en lui recommandant bien, lorsqu’une pareille volonté lui viendrait encore, de ne pas hésiter à l’avertir. […] Un faux marchand vient remercier tout haut le faux mendiant du service que celui-ci lui a rendu en lui donnant le secret d’avoir un héritier.

378. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « Une soirée chez Paul Verlaine » pp. 18-33

Quelques amis venaient le voir et s’assemblaient autour de son lit. […] Cet aveu, qu’eussent pu faire beaucoup de nouveaux venus, est à retenir. […] Je suis venu pour voir Verlaine. […] L’hiver était venu. […] La patronne tricotant, assise au milieu de ses enfants, surveillait de sa place, le soir venu, les-allées et venues des couples, dont l’ombre, au passage, se profilait sur le judas du couloir.

379. (1824) Notes sur les fables de La Fontaine « Livre dixième. »

Vient ensuite l’histoire des deux rats et de l’œuf, après laquelle La Fontaine oublie qu’il est cartésien et s’écrie : V. 197. […] Après le sentiment de la douleur physique, vient celui de l’injustice qui lui fait subir un pareil traitement ; et puis l’indignation contre l’ingratitude ; enfin l’amour-propre a son tour. […] Il avait du bon sens ; le reste vient ensuite. […] Mille dégoûts viendront, dit le prophète ermite.1 Il en vint en effet, l’ermite n’eut pas tort.

380. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre VII. Les hommes partagés en deux classes, d’après la manière dont ils conçoivent que s’opère en eux le phénomène de la pensée » pp. 160-178

De là vient qu’il a été dit que les idées nouvelles trouvent toujours un représentant. […] De là vient, sans doute, cette indépendance à l’égard de l’autorité, caractère particulier des temps où nous vivons. En effet, on en est venu à repousser l’autorité des siècles, l’autorité des usages, l’autorité des traditions. […] Il n’était pas venu dans la pensée d’imaginer que l’invention du langage pût être au pouvoir de l’homme. […] Ceux-là sont venus à comprendre qu’il s’est opéré un grand changement dans l’intelligence humaine, et que ce changement a pénétré dans le sanctuaire même de la pensée.

381. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’Empire Chinois »

Publié en 1854, L’Empire Chinois 17 en est déjà à sa seconde édition, et nous croirions venir bien tard pour en parler, si, comme tant d’autres ouvrages, il ne devait avoir qu’une destinée de passage. […] Mais ce qu’il n’a pas voulu écrire, nous savons, nous, qu’il le raconte quelquefois, et ces faits, pour lesquels il choisit avec prudence son auditoire, démontrent un tel ramollissement de la fibre humaine chez les Chinois que le premier boulet venu — qu’il soit lancé par un peuple étranger ou par une révolution ! […] Philosophie peu compliquée qui succède à toutes les autres et vient engloutir les systèmes qui demandaient au moins un effort de cerveau pour les créer ou pour les comprendre, elle est simple comme les quatre planches très simplement jointes qui forment un cercueil ! […] Quant à nous, qui avons cherché dans le livre de Huc une occasion d’être juste envers un pays pour lequel nous n’avons jamais éprouvé de respect ni de sympathie, ce que nous avons trouvé de plus remarquable dans ce peuple, qui a le mouvement sans la vie, c’est l’esprit, — c’est ce genre de pensées qui ne viennent pas du cœur, par opposition avec les grandes qui en viennent et qui constituent le Génie, — c’est l’esprit comme les vieilles civilisations le comprennent, volatil, brillant, chatoyant, agaçant comme un diamant aux lumières, affilé comme un dard, passant comme une flamme, ou qui reste comme un parfum. […] de tout ce que le Temps éteint sur le sépulcre de la Chine, où la Philosophie européenne, en pleureuse, vient brûler les pastilles de ses admirations, l’esprit est le dernier rayon qui brille et qui lutte avec l’inévitable obscurité.

382. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VII. »

Accordez-moi la riche abondance qui vient des dieux immortels, et donnez-moi d’obtenir toujours de tous les hommes bonne renommée, d’être ainsi doux à ceux que j’aime, amer à mes ennemis, respectable à ceux-ci, terrible à ceux-là. […] Cet autre, Apollon l’a fait prophète, Apollon, le roi qui lance ses flèches au loin ; et il prévoit le mal qui de loin vient à l’homme : car les dieux communiquent avec lui. […] Son exemple dut recommander d’autant plus l’art nouveau dont il s’était servi avant qu’Hérodote, cet Homère de la prose, vînt charmer les Hellènes par sa grâce ionienne et la peinture de leurs exploits. […] La mort viendra, le jour où les Parques auront filé l’écheveau. […] Celui-là est importun il ceux qu’il vient supplier, cédant au malheur et à l’affreuse pauvreté : il déshonore sa race ; il dément la noblesse de ses traits.

383. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Une chaloupe canonnière vint, le long du bord, sommer les fugitifs de se rendre. […] Le pauvre garçon se préparait à venir à Paris, pour voir l’Exposition. […] Un jour vint où ce peintre curieux et inventif des fêtes charnelles eut le dégoût de la chair. […] Le Braz, d’autres viendront encore, qui feront d’abondantes récoltes. […] Nous venons d’Athènes, c’est possible, mais en passant par l’Égypte.

384. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

La délicatesse vient du sentiment, la pureté tient à la raison. […] D’où vient qu’il est plus difficile de bien lire que de bien parler ? […] De là vient que les enfants ne s’habituent point à penser à ce qu’ils lisent, ni plus tard à ce qu’ils disent. […] D’où vient cela ? […] « Et je n’ai déclamé, quand on venait aux coups, « Que des — En avant !

385. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

VIENNE En décembre, 20 représ. wagnériennes (Vogl). […]Venez donc demain, dirent ils. […] Bientôt, il vit venir Iseult toute émue et empressée. […] cria-t-elle à Tristan, viens là. […] Les Bretons ne virent jamais femme d’une telle beauté ; ils s’émerveillent dans la cité, et se demandent d’où elle vient et qui elle est.

386. (1908) Esquisses et souvenirs pp. 7-341

Il vint à Alger pour soigner un mal de poitrine. […] Tout cela, dit-on, vient d’Allemagne eu de Lyon. […] À vrai dire, un peu de contrebande leur vient en aide. […] L’homme docte vint m’ouvrir tout ensommeillé. […] Par bonheur l’inconstance y vint mettre de l’ordre.

387. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1885 » pp. 3-97

Dimanche 25 janvier Aujourd’hui Daudet et sa femme viennent me voir, viennent étrenner mon grenier. […] Il est venu une quinzaine d’hommes de lettres. […] Céard est venu, ce matin, me lire la petite notice, qu’il a écrite, pour l’en-tête des lettres de mon frère. […] il ne veut plus de Dieu, plus de religion, et vient-il de débondieuser le Christ, il bondieuse Hugo et proclame l’hugolâtrie. […] Les femmes font vraiment très bien sur les fonds, et entrent tout à fait dans l’harmonie du mobilier… Mais la généralité de mon public demande toutefois que les femmes viennent tard, tard, tard.

388. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

La pièce lui a semblé bien marcher à la répétition, mais son frère est venu lui dire, ce matin, que son fils lui avait rapporté, que les corridors étaient tout à fait hostiles à la pièce. […] » C’était la nuit du dimanche, et le mardi soir, on venait me chercher, pour aller à l’enterrement de mon père. […] Et le commandant Brunet se promenait sur le pont, pendant son quart, quand il faisait signe de venir causer avec lui à un maître timonier, faisant son quart de l’autre côté du bord. […] On était venu le chercher, dare dare, pour une femme qui avait une pneumonie. […] Deux heures après, le domestique venait chercher Lavoix, pour porter le mort sur son lit.

389. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis (suite) »

Petrucci, alarmé par le trouble évident de l’archevêque, venait d’entr’ouvrir la porte des bureaux et d’appeler du monde à son aide. […] Le fils et le petit-fils du roi étaient venus au-devant de lui sur la darse ; et la foule se portait sur la route d’un homme si célèbre. […] Il lui raconta dans ses détails secrets l’horrible conjuration à laquelle il venait d’échapper et qui l’avait privé d’un frère. […] Le peuple, irrité, vint au pied des remparts pour l’outrager de paroles et pour menacer de mort ses enfants. « Frappez-les ! […] Elle feignit une maladie et fit prier Manfredi de venir dans sa chambre.

390. (1824) Observations sur la tragédie romantique pp. 5-40

S’il est vrai que Racine l’ait surpassé, aucun de ceux qui sont venus après l’un et l’autre, n’a jamais pu les atteindre. […] Schiller est venu enfin, et l’Europe a eu un théâtre. […] Et puis, qu’Horace vienne dire : Nec pueros coram populo Medea trucidet. […] Corneille et Racine n’ont pas transcrit même les Grecs ; on s’abuse en supposant une imitation si servile : c’est un point qui vient d’être éclairci mieux que jamais par M.  […] M. de Stendhal, l’auteur qui écrit avec le plus d’esprit et de grâce en faveur du genre romantique, ne nous apprend point d’où il vient, ni en quoi il consiste.

391. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

Et c’est le sentiment de la nécessité comme de la grandeur de ce rôle qui fait dire à Boileau, avec un accent si vrai : Enfin Malherbe vint ! […] Ce prince ayant su par Desyveteaux que le gentilhomme normand dont Duperron lui avait tant vanté les vers était à Paris, le fit venir, et lui demanda une prière pour son voyage en Limousin. […] Il se vantait d’avoir dégasconné la cour, où, en effet, le gascon était venu à la suite de Henri IV. […] Desportes ferait illusion même à des esprits cultivés, parce que les vices de sa langue viennent le plus souvent du mauvais emploi qu’il fait d’un esprit fin, délié, dont la retenue paraît venir du goût, plutôt que de la peur de tomber comme Ronsard. […] Né près de Falaise, venu à Paris vers la fin du règne de Henri IV, précepteur du duc de Vendôme puis du dauphin qui fut Louis XIII, renvoyé de la cour en 1611, mort en 1619.

392. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

monsieur, on dit que vous ne venez qu’à deux heures à votre bureau… — Il est vrai, monsieur le comte ; j’arrive un peu tard ; la rue Sainte-Avoie est si loin du faubourg Saint-Honoré où je demeure ! […] Mais il se trouve que ce jeune auteur, ami du père de la jeune personne, est un vieillard de soixante ans qui a fait dans sa jeunesse (à dix-sept ans, il est vrai, et il y en a plus de quarante) cette pièce qu’un tour de faveur si tardif vient d’exhumer. […] Il nous faut pourtant en venir à quelques-unes de ses malices si vantées. […] D’où venait cet obstacle secret au bonheur d’Olivier, cette impossibilité d’union ? […] [NdA] Une réclamation m’est venue sur ce point, et de la part d’une personne qui, par sa position au Constitutionnel de 1817, devait être bien informée.

393. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre septième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie. »

Le savant aura beau sourire des larmes du poète ; même dans l’esprit le plus froid, il y a une multitude d’échos prêts à s’éveiller, à se répondre ; une simple idée, venue par hasard, suffit à en appeler une infinité d’autres, qui se lèvent du fond de la conscience. […] Notre esprit vient se retremper dans la notion de l’infini, y prendre force et élan, comme les racines de l’arbre plongent toujours plus avant sous la terre, pour y puiser la sève qui étendra et élancera les branches dans l’air libre, sous le ciel profond. […]  » La mousse imperceptible est indigne de toi…  » — Oiseau, dit le soleil, viens et monte avec moi ! […] Tout est calme dans cette poésie ondulante et rythmée comme les flots des grèves par les nuits d’été ; seule la mélancolie, qui naît vite à leur murmure continu, vient voiler l’immuable sérénité du poète du lac du Bourget. […] D’où vont venir les pleurs que nous allons verser98 ?

394. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre III. Le théâtre est l’Église du diable » pp. 113-135

De grands poètes sont venus qui ont corrigé ces excès, je le veux bien, mais ils ont remplacé ces grossièretés, repoussantes à la longue, par un charme irrésistible à ce point que la comédie est devenue une force. […] Voilà cette histoire ; elle est bien simple, elle est facile à raconter ; et si vous n’étiez pas venu me chagriner par votre sortie contre Molière, je ne m’en serais pas mal tiré. […] Elle devrait quelque pitié à l’amour de ce pauvre Arnolphe…, elle se jette à la tête du premier venu qui lui parle. […] L’enfant joua peu à peu tous les petits rôles de Molière ; peu à peu l’esprit lui vint, puis sa main blanchit, puis son coude et le bras se remplit, puis la jambe ; un jour le voile tomba de cette voix éclatante, sonore, et touchante. […] On venait leur apporter, des plus beaux salons, toutes sortes de petits ridicules frais éclos, dont ces messieurs et surtout ces dames faisaient leur profit immédiat.

395. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Viens, mon drapeau ! viens, mon espoir ! […] Il vient ! il vient ! […] Nous ont crié : Venez, soyez nos maîtres !

396. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Jamais il ne lui est venu dans l’esprit de se venger d’elle par une guerre civile, et il trouve bien plus honnête le nom d’innocent banni, que celui de coupable victorieux. […] Après avoir fait des miracles de courage, ces gens-là venaient savoir s’ils avaient bien fait ou non ; ils venaient rendre compte de la victoire de laquelle il fallait quelquefois se justifier, et laquelle était quelquefois punie. […] » Plusieurs traits viennent à la suite de ceux-là, qui n’ont pas été dédaignés par Montesquieu, lorsqu’il a composé ses Causes de la grandeur et de la décadence des Romains. […] Je crois cet éloge bien mérité : et il est difficile de le croire une plate louange, quand on considère l’homme qui la donne, le fonds de l’ouvrage où il l’a placé, le sentiment qui l’anime en l’écrivant, celui qu’il suppose à la personne pour qui il l’écrit ; et enfin cet éloge vient si naturellement à la place où il se trouve, qu’on ne peut y méconnaître une sorte d’à-propos qui ne serait pas venu à l’auteur pour une femme vulgaire.

397. (1923) Les dates et les œuvres. Symbolisme et poésie scientifique

Et le soir vient, un calme sur l’eau. […] Pensez-vous qu’il voudrait venir me voir ? […] Vous viendriez avec lui. […] Je venais d’arriver à Paris. […] Peut-on voir là une action venue des poèmes de Poe ?

398. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Mari in partibus de sa femme, il vient parler affaires avec elle, régler des comptes, combiner des opérations, et il repartira, comme il est venu, sans avoir entrouvert sa chambre à coucher. […] La maison craque, et un avoué, maître Richard, vient sonner le glas de sa ruine imminente. […] Elle vient s’expliquer avec Nourvady. […] Nourvady vient chercher Lionnette, pour l’enlever, dans le domicile conjugal ! Il y vient, sachant que le mari s’y trouve, comme s’il rendait une visite !

399. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Bussy-Rabutin. » pp. 360-383

Diseur de bons mots, mauvais caractère , a dit Pascal : Bussy vint à point pour expliquer cette pensée. […] Et quand on nous vient conter que, le jour de la bataille d’Arbelles, on eut peine à éveiller Alexandre, je crois que, si cela fut, il faisait semblant de dormir par vanité, ou qu’il était ivre. […] On n’est point surpris, quand on lit aujourd’hui le livre, qu’un roi comme Louis XIV ait jugé avec cette sévérité une telle faute qui venait en confirmer tant d’autres. […] Toutefois, venir les choisir pour en faire une œuvre, une histoire, un monument à toujours, comme dirait Thucydide, c’était donner témoignage d’un goût corrompu et d’un esprit gâté. […] En 1673, le roi lui permit de venir passer quelque temps à Paris pour ses affaires.

400. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Peu après sa naissance, sa famille quitta le Nivernais, et vint habiter la Picardie et la petite ville de Blérancourt. […] Il venait assez souvent à Paris, y voyait Camille Desmoulins et quelques autres de cette jeunesse révolutionnaire. […] Daubigny), de venir à la fête ; je vous en conjure ; mais ne vous oubliez pas toutefois dans votre municipalité. […] Il vint y poser, avec un cynisme audacieux, sa doctrine sauvage. […] À chaque relais venaient des gendarmes pour demander des papiers ; un simple mot du jeune homme les satisfaisait, et l’on passait.

401. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Derniers Jours d’un condamné » (1832) »

C’est avec joie qu’il vient à son tour, lui chétif, donner son coup de cognée, et élargir de son mieux l’entaille que Beccaria a faite, il y a soixante-six ans, au vieux gibet dressé depuis tant de siècles sur la chrétienté. […] Tel vint avec sa basse, tel avec son fausset. […] La foule, pleine de pitié, était sur le point de forcer les gendarmes et de venir à l’aide du malheureux qui avait subi cinq fois son arrêt de mort. […] À Saint-Pol, immédiatement après l’exécution d’un incendiaire nommé Louis Camus, une troupe de masques est venue danser autour de l’échafaud encore fumant. […] Le « parlement » d’Otahiti vient d’abolir la peine de mort.

402. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre V. La parole intérieure et la pensée. — Premier problème : leurs positions respectives dans la durée. »

Ce processus a eu un premier terme, qui était en apparence contemporain de la première conception de l’idée : une expression provisoire, soit trop brève, soit inexacte, soit équivoque et obscure, soit entachée de plusieurs défauts en même temps, nous était venue tout d’abord à l’esprit. […] Quels qu’ils soient, les mots qui nous viennent alors à l’esprit ont un sens ; par leur usage et par leur rapprochement, ils éveillent une pensée, et cette pensée venue avec les mots et par eux coexiste un instant dans la conscience avec la pensée qui a suscité les mots. […] Ces esprits, chez lesquels les facultés d’attention, de comparaison, de discrimination, sont sans énergie250, et qui se contentent, par paresse ou par suffisance, de la première expression venue, sont toujours de médiocres penseurs, d’une originalité contestable et confuse. Mais ces idées adventices que la mémoire verbale vient associer à la conception primitive peuvent aussi apporter à cette conception un précieux concours ; elles peuvent la compléter, la préciser, l’enricher, sans la dénaturer. […] Mais une vive émotion peut gêner la parole intérieure elle-même ; l’homme troublé balbutie et s’excuse de s’exprimer si mal ; il sait pourtant bien ce qu’il veut dire, mais les mots ne lui viennent pas sur les lèvres parce qu’ils ne lui viennent pas à l’esprit.

403. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « L’obligation morale »

Donc, à nos yeux, leur autorité leur venait moins d’eux-mêmes que de leur situation par rapport à nous. […] Elle ne vient donc pas précisément du dehors. […] D’où lui vient sa force ? […] d’où vient le respect qu’il inspire ? […] Ce qu’il y a de proprement obligatoire dans l’obligation ne vient donc pas de l’intelligence.

404. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Gandar, qui venait d’être nommé professeur titulaire d’éloquence française à la Faculté des lettres de Paris. […] non ; l’étude que je venais faire n’a pu être une étude complète qu’à ce prix. […] que j’avais besoin de venir à Islington pour comprendre la scène du cimetière ! […] on vient d’en voir un échantillon. […] D’autres travaux, d’autres devoirs vinrent à la traverse et rompirent la trame.

405. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

Le Bouddhisme, qui vint infléchir le Brahmanisme, ne le modifia pas essentiellement. […] D’autres efforts viendraient, d’autres étaient d’ailleurs déjà venus ; tous seraient convergents, puisque Dieu en faisait l’unité. […] Maintenant, d’où venait l’élan, et quel en était le principe ? […] Nous arrivions ainsi à ce que nous venons d’annoncer comme le second point. […] Ils ont, par là même, indiqué au philosophe d’où venait et où allait la vie.

406. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « L — II » pp. 196-197

Un des évêques signataires de la lettre insérée dans les journaux, l’évêque de Versailles, vient d’être nommé par le roi à l’archevêché de Rouen, sans doute à titre de récompense ! […] On peut trouver singulier que l’initiative en telle matière vienne uniquement d’un homme politique qui jusqu’ici était plutôt réputé timide : c’est que les autres le sont encore plus. […] L'abbé Combalot venait d’être condamné pour diffamation contre l’Université et autres délits de presse à quinze jours de prison et 4000 fr. d’amende.

407. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

regardez, le roi de justice est venu ! […] Mais, lorsqu’on les voyait venir, on s’écartait. […] Elle copie l’idée telle qu’elle vient, à mesure qu’elle vient, imitant le mouvement naturel de l’esprit et le progrès saccadé de l’inspiration. […] C’est pour voir Protagoras que nous sommes venus. […] Démodocus vient consulter Socrate pour son fils Théagès.

408. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Mais, avant de revenir sur ce point qui mérite quelque discussion, je veux parler d’un travail important et neuf qui vient d’ouvrir à tous l’accès d’un Recueil souvent cité et très peu lu, l’Anthologie. […] Dès que vint l’âge des grammairiens, des rhéteurs, des critiques, et, après la grande moisson faite, on dut songer en Grèce à rassembler un tel choix de jolies poésies, d’épigrammes ou inscriptions en vers, de petites pièces qui couraient risque de se perdre si on ne les rattachait par un fil. […] Établissez après cela des lois générales, et venez trancher sur des questions qu’il eût suffi d’une découverte imprévue et inespérée pour résoudre en sens contraire ! […] Évidemment Léonidas était connu pour son talent de versificateur, et on venait lui demander, lui commander des dédicaces dans tout son quartier. […] Pourtant, si Léonidas n’avait traité que de tels sujets, il y aurait lieu de regretter qu’il fut venu en un temps où la grande carrière était fermée, et que la misère l’eût confiné à des emplois si humbles.

409. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Joséphine de Saxe dauphine de France. (Suite et fin.) »

Au moins ici ces Annexes ne viennent qu’après les choses sérieuses. […] Avant même de le voir, étant encore à Nangis, il lui vint un avertissement inattendu. […] Si la dauphine ne remplit pas toutes les espérances qu’on plaçait en elle et en sa venue, ce ne fut point tout à fait sa faute. […] Le maréchal au centre, à Bruxelles, avait l’œil à tout et voyait venir. […] L’automne où il mourut, il venait d’avoir une visite d’une élite de femmes de la Cour, une princesse du sang, Mademoiselle de Sens, à leur tête.

410. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite et fin.) »

La députation d’Aix venait précisément de se mettre à la disposition de Raynal pour demander son rappel à Paris et faire annuler l’arrêt du Parlement qui subsistait encore. […] Il y eut un tollé général au dehors contre l’abbé philosophe qui, après s’être déprétrisé autrefois, venait se déphilosophiser aujourd’hui. […] Un moment Malouet a la pensée de partir pour Saint-Domingue, où l’insurrection vient d’éclater, et où des intérêts de fortune l’appellent. […] Vint ensuite la demande de M. de La Tour du Pin. « Pour vous. » lui dit l’évêque, « vous pouvez nous être utile et fort utile à Paris. » — « Comment cela ? […] Il vint au-devant de moi, il paraissait ravi.

411. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Mais viennent les mécomptes, les embarras de la carrière, les défaillances du talent, les refus sourds et obstinés. […] C’est la Champmêlé elle-même, puis bientôt Despréaux en tête de la troupe comique, tenant flambeau à la main, qui viennent annoncer sa revanche et son triomphe au poëte. […] » — Et le conseiller offrant la main à madame de Crissé : « Venez, venez, madame : (se retournant) le roi a ri…. ce n’est pas ce qu’il a fait de mieux ! […] L’impulsion dont tout esprit a besoin, et qui arrive à son heure, lui était venue. […] Magnin : son enthousiasme, tout vif qu’il était, vint assez tard et se tempéra de ses autres qualités, de façon à moins craindre le retour.

412. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre quatrième »

A cet habile artisan de mots il ne vient jamais de pensées profondes, de douces ni de bienfaisantes. […] Pour en venir là, comme il a fallu que Voltaire sortît de lui-même ! […] Il n’y cherchait que son aise : la poésie vient l’y trouver. […] Quand il vint à Paris, en 1782, Parny et Bertin y jouissaient de la faveur publique. […] Vinrent ensuite les élégies, sous l’inspiration d’un amour contrarié.

413. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Madame de Lambert et madame Necker. » pp. 217-239

Vers le même temps, un peu après toutefois, viendrait celui de Mme de Tencin, puis celui de Mme Geoffrin, de Mme Du Deffand : on arriverait ainsi jusqu’à Mme Necker. […] J’ai été vingt-cinq ans sans entrer dans sa maison, hors une fois que j’allai la voir pour la préparer à son voyage de l’éternité (c’est-à-dire pour la faire confesser)… Elle m’a pourtant conservé son estime et son amitié jusqu’à la fin… Elle venait me voir et m’écrivait de temps en temps : mes réponses tiraient toujours sur sa conscience. […] Elle ressemble en ceci au vieux moraliste Charron qui se contente de bien exprimer les pensées et de les joindre ensemble, de quelque part qu’elles lui viennent, pourvu qu’il les trouve justes et à son gré. […] Je viendrai avec détail un autre jour à cette seconde figure, et j’aurai encore affaire, dans un exemple plus piquant qu’on ne le suppose, à l’honnêteté, à la morale et au culte de l’esprit. […] On vient tout à l’heure d’en voir une de Rancé.

414. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Pommier. L’Enfer, — Colifichets. Jeux de rimes. »

Voilà une voix qui vient d’une poitrine profonde et qui a de l’accent ! […] qu’y a-t-il pour qu’il ne soit plus le satirique et tout à la fois le comique, qui fut le Callot de l’enfer, puisqu’il venait après le Dante, car M.  […] Dans le romantisme contemporain que ceux qui sont venus après ce romantisme nous feront adorer, M.  […] Amédée Pommier vient d’élever à sa plus haute puissance, il ne l’a point inventée. […] Serait-ce là pour lui, trop indéchiffrable d’inscription, la colonne d’Hercule du travail poétique qu’il vient d’achever et auquel il ne souhaite pas qu’on ajoute ?

415. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LX » pp. 231-236

Le journal la Presse et un journal des tribunaux, le Droit, viennent, dit-on, de faire marché avec le chemin de fer d’Orléans pour recevoir par un convoi à part des nouvelles du procès Lacoste qui va se débattre dans le Midi : madame Lacoste est, comme madame Lafarge, une jeune femme qu’on accuse, d’avoir empoisonné son vieux mari. […] Letronne et pour repousser le philologue helléniste qui venait ainsi porter ses habitudes sceptiques et faire l’intrus au centre du moyen âge. […] Quand on en vient là, toute discussion est superflue ; et, en vérité, du moment qu’il croyait nécessaire d’implorer le Deus ex machina, contre la règle de l’art, Nec Deus intersit, il aurait mieux fait de couper court tout de suite aux difficultés historiques, en admettant que le cœur de saint Louis, s’envolant miraculeusement de Monréale à Paris, à travers les airs, était venu s’enterrer lui-même dans la Sainte-Chapelle, à l’insu de tout le monde, gardant un incognito que personne ne pouvait violer. — On voit qu’avec un peu d’aide, quelque chose d’analogue à la Sainte Ampoule pouvait nous être rendu ; et, à l’heure qu’il est, il y a des gens qui ne me pardonnent pas d’y avoir mis obstacle. » On a là un échantillon de la manière piquante et incisive de M.

416. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Rodenbach, Georges (1855-1898) »

Georges Rodenbach est un des meilleurs écrivains belges qui soient venus se servir de notre langue, et l’acquisition pour la littérature française est bonne. […] Invinciblement, son œuvre fait songer à quelque patient Hollandais, grand créateur de tulipes, colleur de timbres-poste, et qui, dans ses vitrines jalonnées d’insectes rares, en serait venu, maniaque mégalomane, à piquer d’abondance, sur le liège des coléoptères de hasard, de vagues cloportes, de banales araignées, des feuilles mortes, que sais-je ? […] Sa fin prématurée, d’ailleurs, vient, témoigner pour lui-même, et aujourd’hui je puis penser qu’après tout j’ai pu mal le comprendre… Toute l’œuvre de Rodenbach atteste sa préoccupation de mourir jeune et la crainte de ne rien laisser de sa vie et de ses émotions. « Seigneur, s’écriait-il déjà aux pages de la Jeunesse blanche, donnez-moi cet espoir de revivre Dans la mélancolique éternité du livre. » [Mercure de France (1898).] […] Mais ce n’est pas seulement parmi les maîtres que Georges Rodenbach comptait des sympathies, et sa collaboration fréquente aux jeunes Revues montre combien les nouveaux venus goûtaient son œuvre.

417. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Première partie — Section 36, de la rime » pp. 340-346

Aucune méthode reduite en art ne vient à son secours. […] Dans les contrées envahies par les barbares, il s’est formé un nouveau peuple composé du mélange de ces nouveaux venus et des anciens habitans. Les usages de la nation dominante ont prévalu en plusieurs choses et principalement dans la langue commune, qui s’est formée de celle que parloient les anciens habitans, et de celle que parloient les nouveaux venus. Par exemple, la langue qui se forma dans les Gaules où les anciens habitans parloient communément latin quand les francs s’y vinrent établir, ne conserva que des mots dérivez du latin.

418. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Il en vient à conclure que le style de Parini serait plus sincèrement virgilien que celui de Caro. […] A un certain moment, Leopardi songea sérieusement à venir habiter en France ; il croyait que ce n’est que là encore qu’on peut vivre hors de la patrie138. […] Le vrai à peine touché t’interdit à nous, ô imagination chérie ; notre esprit se retire de toi pour toujours ; les années viennent nous soustraire à ton premier pouvoir si plein de prodiges, et la consolation de nos chagrins périt. […] Il est triste comme un Ancien venu trop tard. […] Cependant je me dis ce qui me reste à vivre, Je cherche quand viendra le moment qui délivre, Et je me jette à terre et j’étouffe mes cris.

419. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Gabriel Naudé »

Pour Naudé qui débute vers 1623, et qui s’en va passer hors de France de longues années, Malherbe ni Balzac ne sont guère jamais venus. […] Il est décidément injuste pour les romans, qu’il estime une pure frivolité, comme si Rabelais et Cervantes n’étaient pas venus. […] Après vingt-sept ans de prison, ce dominicain philosophe venait d’être rendu à la liberté par la bonté d’Urbain VIII. […] Un malheur ne vient jamais seul ; Naudé en eut un autre en ces années. […] Du temps de Naudé, on en vint d’emblée aux injures.

420. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre quatrième. L’idée du temps, sa genèse et son action »

Le temps ne nous vient pas découpé en périodes présentes, « pareil, dit M.  […] Faire attention, c’est attendre quelque chose qui va apparaître, c’est tendre à une représentation qui va venir. […] Elle vient quand la besogne est déjà faite sans elle. […] De là vient l’illusion que, si le monde était détruit, il y aurait encore et nécessairement le temps. […] L’avenir n’est pas ce qui vient vers nous, mais ce vers quoi nous allons.

421. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1889 » pp. 3-111

Marillier, agrégé de philosophie, qui a fait un article en faveur de Germinie Lacerteux, vient me voir. […] Des amis viennent me voir et s’exclament : « Oh cette salle, on ne peut s’en faire une idée !  […] J’avais un hérisson, qui depuis deux ans avait fait son domicile de mon jardin, et qui, à la nuit tombante, venait, tous les soirs, manger quelques restes qu’on lui mettait devant le perron. […] Et Daudet, se reconnaissant une certaine parenté avec Mistral, déclare qu’il était venu au monde, avec le goût de la campagne, qu’il n’avait point l’appétence de Paris, qu’il n’avait point l’ambition de devenir célèbre, qu’il avait été porté à Paris comme un duvet, et que l’ambition de la célébrité, lui était venue du milieu, dans lequel il était tombé. […] Ce soir Geffroy vient dîner.

422. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « VICTORIN FABRE (Œuvres mises en ordre par M. J. Sabbatier. (Tome II, 1844.) » pp. 144-153

Né en 1785 dans l’Ardèche, il vint à Paris à l’âge de dix-neuf ans, c’est-à-dire tout au début de l’Empire ; et par ses goûts déclarés, par ses essais sérieux et variés en vers et en prose, par le caractère des doctrines, il mérita bientôt de se voir l’enfant chéri, le fils adoptif de la littérature alors régnante, de celle qui se rattachait plus étroitement aux traditions du xviiie  siècle. […] Une fois entré sous le patronage des hommes distingués qui l’adoptèrent, l’idée ne lui vient jamais d’en sortir, de s’en détacher ; il ne se dit pas que leur ombre, un moment tutélaire, lui est funeste en se prolongeant, que, s’il n’y prend garde, toutes ces belles fleurs et ces palmes du lauréat ne produiront jamais leur fruit : Nunc altæ frondes et rami matris opacant, Crescentique adimunt fœtus uruntque ferentem53. […] On démêla d’une manière générale le sujet du Cours qu’il venait ouvrir ; il se proposait de parler de la société civile, des lois de la civilisation et de la perfectibilité, du rapport qui existe entre les lumières et le bonheur des nations ; c’était un publiciste qui aspirait à remanier le grand problème du xviiie  siècle et à se frayer une voie entre Montesquieu et Rousseau. […] Lorsque Victorin fut mort, Auguste, atteint du coup, se renferma dans l’appartement de son frère, laissa croître sa barbe, ne sortit plus, ne permit plus qu’on enlevât la poussière des papiers et des meubles, désormais consacrés à ses yeux ; il mourut tout entier à ce deuil, et constatant sa pensée fixe dans un testament dont un récent procès est venu révéler les dispositions singulières. Que si, rabattant de ces illusions de famille, nous venons à peser à leur juste valeur les œuvres de Victorin Fabre (je ne parle que de celles qui sont publiées), nous trouvons qu’il mérite, en effet, une mention honorable dans la littérature des premières années du siècle.

423. (1860) Ceci n’est pas un livre « Les arrière-petits-fils. Sotie parisienne — Premier tableau » pp. 180-195

Impossible aujourd’hui : le ministre d’État vient d’obliger — par décret — les vaudevillistes à parler français…, et puis ils le savent tous — l’argot ! […] Quel est donc l’imbécile qui a dit que l’appétit vient en mangeant ? L’appétit vient en ne mangeant pas. — Si je faisais un petit somme ? […] Je ferai de plus observer à monsieur que je suis venu en remise. […] Et, là-dessus, viens un peu que je t’explique le journal, à toi aussi.

424. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

Je viens d’essuyer une espèce de tempête sur le Windermere, un lac, le plus grand de tous ceux de ce pays-ci, à deux milles de ce village. […] S’il faut une tempête pour qu’on y consente, puisse la tempête venir et briser tous mes mâts et déchirer toutes mes voiles !  […] Vous venez me faire semblant de croire que votre manière d’écrire m’ennuie. […] sont-ils venus ? […] Depuis plus d’un an je désirais ce moment, je soupirais après l’indépendance complète ; elle est venue et je frissonne !

425. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Sully, ses Économies royales ou Mémoires. — II. (Suite.) » pp. 155-174

Le 13 au soir il reçut une lettre du roi tout allègre et engageante, et qui le pressait de venir, en ces termes : Mon ami, je ne pensai jamais mieux voir donner une bataille que ce jourd’hui. […] Je vous conjure donc de venir et d’amener tout ce que vous pourrez, surtout votre compagnie et les deux compagnies d’arquebusiers à cheval de Badet et Jammes, que je vous ai laissées ; car je les connais et m’en veux servir. […] Monté sur ce courtaud et en assez méchant équipage, Rosny chercha alors à s’orienter à travers la plaine, lorsqu’il vit venir à lui un groupe d’ennemis au nombre de sept, dont l’un portait la cornette blanche et générale de M. de Mayenne. […] Après eux venait le sieur de Maignan, écuyer (et ordonnateur de la pompe), ayant la tête bandée et un bras en écharpe à cause de deux plaies. […] Henri IV lui ayant exposé la question complète telle qu’elle s’agitait alors au sujet de sa religion, et lui ayant recommandé d’y bien réfléchir, lui dit qu’il le renverrait quérir dans trois ou quatre jours ; car c’était la coutume de Rosny, lorsqu’il était consulté par le roi, de demander du temps pour y penser ; il réfléchissait durant plusieurs nuits aux choses sans fermer la paupière, et mettait en ordre avec méthode tout ce qui lui venait dans l’esprit, afin de le déduire ensuite de point en point.

426. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

Il y aurait impertinence à venir s’interposer ici. […] Ils excitèrent d’abord étonnement bien plus que répulsion ; et la répulsion leur vint plutôt et surtout du côté du Clergé. […] Je n’oublierai pas non plus Wilson, cet homme de bien, si uni, si modeste, si indulgent pour ceux qu’il avait une fois rencontrés et vus venir sur un terrain de confiance et d’honnêteté. […] D’autres, voyageurs libres, sont restés sur la lisière : je les vois, encore les mêmes, qui vont et viennent, passent et repassent comme autrefois. […] Il semble par moments que l’inspiration d’une moitié des Français ne soit plus en France et qu’elle vienne d’au-delà des monts.

427. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Le maréchal de Villars. »

C’est dans l’une de ces campagnes de Flandre où le pain manquait et où le prêt ne venait guère, où l’argent, cette étoile de gaîté, ne brillait que par son absence, que, pour dissiper une mutinerie commencée, il eut l’idée de faire battre la générale. […] On dit toujours que tout le monde est brave ; et vous ne sauriez imaginer, quand ce vient au fait et au prendre, le peu que l’on trouve de certains courages qui veulent bien marcher à la tète de tout. […] Il déclarait au roi ne pouvoir prendre sur lui plus de responsabilité, à moins qu’il ne reçût un ordre positif ; et si l’ordre était venu, il eût été le premier sans doute à proposer les objections. […] Il venait à moi, et en m’abordant me demanda si j’étais encore d’avis d’attaquer ; que les ennemis étaient préparés et qu’on lui conseillait de se retrancher. […] Dans toute sa carrière active antérieure, il a montré l’instinct et le sentiment de la grande guerre, de brillantes et solides parties, des talents de plus d’un genre qui le classent comme capitaine à une belle place entre ceux qui viennent après les plus grands.

428. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Les États-Généraux venaient d’être convoqués. […] La reine, qu’on avait retournée, faisant un dernier effort, venait elle-même de retourner le roi. […] Il règne et circule dans son récit comme un rayon venu on ne sait d’où. […] Ce fut vers ce moment que l’idée de recourir à Mirabeau germa dans les têtes royales, soit qu’elle y vînt d’elle-même, soit qu’elle eût été suggérée. […] Feuillet de Conches : d’où viennent ces désaccords, si la source où l’on a puisé est la même ?

429. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DISCOURS DE RÉCEPTION A L’ACADÉMIE FRANÇAISE, Prononcé le 27 février 1845, en venant prendre séance à la place de M. Casimir Delavigne. » pp. 169-192

Casimir Delavigne, né au Havre en 93, d’une honorable famille de la classe moyenne, vint faire ses études à Paris, au lycée Napoléon. […] Un moment vient où le jeune homme, qui jusqu’alors avait paru suivre la leçon des devanciers et des maîtres, se croit sûr de lui. […] Il eut d’abord une modique place dans l’administration de ce bienveillant et universel patron, Français de Nantes, qui, l’ayant aperçu un jour dans ses bureaux, lui demanda : « Que venez-vous faire ici ?  […] L’intérêt dramatique, qui animait l’œuvre au gré de la foule, vient assez confirmer ce jugement. […] Une diction irréprochable et ornée, dont chaque point soutient ou égaye l’attention, vient servir et compléter cet heureux ensemble.

430. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre III. L’art et la science »

Puis sont venus les premiers livres ; sublime progrès. […] Les nouveaux venus respectent les vieux. […] De là vient la certitude des poètes. […] Des religions meurent, et, en mourant, passent aux autres religions qui viennent derrière elles un grand artiste. […] L’Iliade s’éloigne, le Romancero arrive ; la Bible s’enfonce, le Koran surgit ; après l’aquilon Pindare vient l’ouragan Dante.

431. (1841) Discours aux philosophes. De la situation actuelle de l’esprit humain pp. 6-57

Et n’est-il pas venu pour vous racheter, vous et tous ceux qui souffrent ? […] L’anarchie morale vient s’y joindre. […] D’où vient-elle, où va-t-elle ? […] Mais, je le reconnais, la poésie de la parole est venue fleurir dans vos ruines ; elle est venue, seule, célébrer des funérailles. […] Or que viens-je de dire de la société actuelle que chacun ne pense et n’avoue !

432. (1888) Portraits de maîtres

Ce fut donc dans Atala que vint se révéler la poésie attendue. […] Les poésies apocryphes de Clotilde de Surville viennent sous ses yeux. […] Le génie lui vint, qui est une collaboration du don et de la patience. […] Est-ce là qu’on veut en venir ? […] L’Aigle du casque vient faire face au petit roi de Galice.

433. (1891) Lettres de Marie Bashkirtseff

Venez chez nous, à Tcherniakovka ; vous nous manquez. […] Bien, bien dommage que T. ne vienne pas. […] Je viens pour vous faire travailler, et ferme. […] Je viens justement de vendre une petite étude. […] Je devrais donc venir à vous maintenant.

434. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre deuxième. Les mœurs et les caractères. — Chapitre II. La vie de salon. »

Il faut que la commodité, le luxe, l’agrément coulent de source et viennent d’eux-mêmes se placer à portée des lèvres. […] Le fils dit « Monsieur » à son père ; la fille, respectueusement, vient baiser la main de sa mère à sa toilette. […] Paris est l’école de l’Europe, une école d’urbanité, où, de Russie, d’Allemagne, d’Angleterre, les jeunes gens viennent se dégrossir. […] ne sont-ils pas venus ensemble ? […] « Lorsque j’arrivai en France, le règne de M. de Choiseul venait seulement de finir.

435. (1858) Cours familier de littérature. V « XXXe entretien. La musique de Mozart (2e partie) » pp. 361-440

Léopold Mozart était venu visiter son fils à Vienne sur la fin de l’année 1785. […] s’écrie Zerlina éperdue, que don Juan vient d’entraîner dans une chambre voisine. […] Je t’invite aussi à venir partager le pain dont je me nourris ; viendras-tu ? — Je viendrai”, répond don Juan avec une intrépidité que rien n’arrête. […] si donn’Anna venait encore m’apparaître !

436. (1864) Cours familier de littérature. XVII « XCVIIe entretien. Alfieri. Sa vie et ses œuvres (2e partie) » pp. 1-80

J’allai entre autres présenter mon ouvrage au pape qui régnait alors, Pie VI, à qui déjà je m’étais fait présenter il y avait un an, lorsque j’étais venu me fixer à Rome. […] J’éprouvai donc une immense satisfaction, quand vint le jour où ces tragédies, qui m’avaient coûté tant de sueurs, terminées et emballées, s’en allèrent en Italie et ailleurs. […] Chaque jour on attendait celui qui verrait s’établir enfin un ordre de choses tolérable ; mais le plus souvent on désespérait que jamais ce jour dût venir. […] On venait les prendre de nuit, dans leur lit, à côté de leurs femmes, puis on les expédiait pour Livourne, où on les embarquait brutalement pour les îles Sainte-Marguerite. […] Chaque nuit on pouvait venir me chercher ; mais j’avais pris toutes mes mesures pour ne me laisser ni surprendre ni maltraiter.

437. (1865) Cours familier de littérature. XX « CXVIIIe entretien. Littérature américaine. Une page unique d’histoire naturelle, par Audubon (2e partie) » pp. 161-239

Les parents ne me regardaient plus comme un ennemi, et venaient souvent se poser tout près de moi, comme si j’eusse été l’un des rochers de la caverne. […] Pour la femme, qui vint ensuite et seule aussi, on en demanda huit cents dollars qui furent sur-le-champ comptés. […] Je me tenais à une fenêtre, à proximité du lieu ; il en vint plus de mille, et je ne les vis pas toutes, tant s’en faut ! […] Le trou fut ouvert doucement ; je me hissai le long des parois en m’aidant de la masse de détritus ; mon camarade venait par derrière. […] Sa femelle vient le rejoindre.

438. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

Mais à cette série d’événements extérieurs, d’aventures, est venu s’ajouter un nouveau drame, exclusivement intérieur, — le drame de Wotan. […] Parler de la traduction de ces œuvres serait venir trop tard sur uns place déjà déblayée. […] Comment faire représenter une œuvre par des chanteurs, des musiciens, des décorateurs qui n’en ont pas la moindre idée, et de plus, comment la faire comprendre à un public qui vient — non point sans notions artistiques quelconques, ce qui serait un mal léger — mais qui vient avec l’intention formelle d’y trouver autre chose que ce que l’auteur y a mis ? […] Le point de vue vraiment wagnérien que je viens d’exposer est applicable à l’Allemagne aussi bien qu’à la France. […] Cela viendra, soyez-en sûrs — le jour où les inquiétudes extérieures seront tant soit peu calmées, le jour aussi où le gouvernement, la presse, le public relativement éclairé ne trembleront plus d’angoisse devant le premier Peyramont venu.

439. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1887 » pp. 165-228

Léon Daudet vient me prendre pour me conduire chez Potain, auquel il a demandé un rendez-vous pour moi. […] » il le vit encore parfaitement regarder en l’air, et chercher d’où venait l’applaudissement, avec le sang-froid d’un individu, qui serait tout autre part que sur l’échafaud. […] Et sait-on d’où vient le succès de cette pièce, effet que je n’avais pas prévu à la lecture ? […] Il aimait beaucoup sa mère, et quand sa mère vint à mourir, il eut l’idée de forger, pour mettre sur sa tombe, un petit saule pleureur. […] Je suis forcé de faire venir le docteur Malhené, qui trouve à mon rhume le caractère d’une forte bronchite.

440. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre onzième. La littérature des décadents et des déséquilibrés ; son caractère généralement insociable. Rôle moral et social de l’art. »

Puis vient l’accomplissement du vol.  […] Il faut changer et se renouveler ; or, les génies sont rares, et l’on doit savoir attendre avant de déclarer l’heure de la décadence irrémédiablement venue. […] Puis viennent les Lamartine et les Hugo, qui n’ont pas brillé par l’humilité. […] On en vient là de nos jours. […] C’est ainsi que, peu à peu, en élargissant sans cesse ses relations, l’art en est venu à nous mettre en société avec tels et tels héros de Zola.

441. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

Une remarque me vient. […] D’où vient-il, celui-là ? […] Des gendarmes viennent, qui l’interdisent. […] Mais qu’il a été long à venir, ce mot ! […] … J’en viens.

442. (1890) Impressions de théâtre. Quatrième série

Soyez sûr qu’il ne viendra pas. […] Un ours énorme vient à passer par là. […] Venez ! […] D’où vient cela ? […] D’où vient donc qu’on la maltraite si fort ?

443. (1896) Impressions de théâtre. Neuvième série

— Oui, mais comment suis-je venu ici ? […] — Mais, dites-moi, êtes-vous déjà venu à Delphes ? […] D’où vient cela ? […] qu’il était inutile que nous venions ! […] Eh bien, je viens vous sauver de la honte.

444. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Il était myope, et il vint jusqu’à un certain âge sans porter de lunettes ni se douter de la différence. […] Enfin, M. de Lalande étant venu à Bourg vers ce temps, M.  […] Lycée, Lycée, quand viendras-tu à mon secours ? » Le Lycée vint, mais sa femme, au terme de sa maladie, se mourait. […] Ampère venait pourtant à merveille pour réparer une lacune.

445. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Histoire littéraire de la France. Ouvrage commencé par les Bénédictins et continué par des membres de l’Institut. (Tome XII, 1853.) » pp. 273-290

. — Sachons-le bien, quand l’encre venait à geler dans une de ces froides bibliothèques de bénédictins, le savant religieux était obligé, pour s’en servir, de l’aller faire dégeler un moment au feu de l’infirmerie ou de la cuisine. […] On ne sait trop d’abord où il en veut venir ; il rappelle certains orateurs cauteleux dont nous tairons les noms ; il a l’art d’irriter les opinions qu’il effleure. […] Tout se passait donc au mieux pour Renart : le roi penchait à la paix, et Ysengrin, tout dolent, ne sachant plus comment s’en tirer avec sa colère, restait assis à terre entre deux bancs, sa queue entre les jambes, lorsqu’un coup de théâtre vient tout changer. […] Ici scène dramatique qui rappelle plus au sérieux le moment où l’intimé, dans Les Plaideurs de Racine, produit la famille du chien Citron : ……………………… Venez, famille désolée, Venez, pauvres enfants qu’on veut rendre orphelins ! […] font-elles (je traduis et je transcris presque littéralement), gentilles bêtes, et Chiens et Loups, qui êtes ici assemblés, venez en aide à cette malheureuse ; je hais l’heure où je vis le jour.

446. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Essais de politique et de littérature. Par M. Prevost-Paradol. »

Entré à l’École normale au sortir d’études brillantes et où le tour bien français de son talent se marquait déjà, moins latin d’abord et bien moins grec que d’autres, il en vint sans trop d’effort, au bout d’un an, à être le premier de sa volée, comme on disait autrefois, et l’un des princes, unanimement reconnus, de sa génération de jeunesse. […] Ceux qui l’ont entendu alors ont gardé la meilleure impression de son esprit, de son goût, de l’élégance et de la vivacité de sa parole : l’éloquence proprement dite serait venue avec un peu plus de chaleur. […] Puis viennent des articles, parfaits dans leur brièveté, sur Démosthène, sur Thucydide. […] Il est venu à temps, et son succès s’explique par autre chose encore que par son talent même : il était très désiré. […] Enfin justice s’est faite, le bon goût a été vengé ; un véritable homme d’esprit, de talent et de tact est venu rendre inutile cet empressé vétéran. — Je ne sais ce qu’on fera et je n’ai pas voix au chapitre ; mais, à ne compter que les services, il mériterait bien d’être de l’Académie avant lui.

447. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Mémoires de l’Impératrice Catherine II. Écrits par elle-même. »

Il se prêta de mauvaise grâce à cette conversion et résista toujours tant qu’il put aux actes de dévotion russe si chers au peuple, Il tenait au luthéranisme dans l’âme ; il tenait à son Holstein, à son petit duché héréditaire plus qu’à ce grand empire qui lui venait comme un don du ciel ; il avait à cœur avant tout la haine du Danois. […] Un jour, avant les noces et au printemps de l’année 1745, comme il habite au palais d’été avec l’Impératrice et un peu loin de la maison où Catherine est avec sa mère, il fait dire tout net à sa fiancée par un domestique, « qu’il demeure trop loin de chez elle pour venir la voir souvent. » Quand on en est à ce point de galanterie avant les noces, que sera-ce après ? […] Un jour, à un de ces bals, je la regardais danser un menuet : quand elle eut fini, elle vint à moi ; je pris la liberté de lui dire qu’il était fort heureux pour les femmes qu’elle ne fût pas homme, et que son portrait seul ainsi peint pourrait tourner la tête à plus d’une. […] Cependant, quand les dames avaient ordre d’y venir en habits d’homme, j’y venais avec des habits superbes, brodés sur toutesles coutures ; ou d’un goût fort recherché, et cela passait alors sans critique : au contraire cela plaisait à l’Impératrice, je ne-sais pas trop pourquoi (on vient de voir au contraire qu’elle soupçonne bien pourquoi). […] « Une vingtaine d’années plus tard il me prit fantaisie, nous dit Catherine, de lui demander ce qui, dans ce temps-là, l’avait pu porter ainsi à venir partager l’ennui et l’insipidité de notre séjour à Rajova, tandis que sa propre maison fourmillait tous les jours de toute la meilleure compagnie qui se trouvât à Moscou.

448. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

David était venu visiter l’atelier ; Mme de Noailles, dont le frère rentrait d’émigration, était toute joyeuse ; David l’avait félicitée de cette rentrée, lui l’ancien jacobin, l’ancien terroriste ! […] Il y avait donc, à tous égards, peu d’à-propos à venir lire à haute voix, dans un salon, et devant un auditoire ainsi composé, ce qui se lit des yeux sans inconvénient et avec assez d’intérêt dans le cabinet. […] Après l’état des lieux, on a le dénombrement et le signalement, des élèves dont aucun, à ce moment-là, si, l’on excepte Granet, n’était destiné à devenir un grand peintre ; le temps des Gérard, Gros, Girodet, était passé : celui d’Ingres ne devait venir qu’un peu après. […] Jésus-Christ disant : « Laissez venir à moi les petits enfants !  […] » « … Après le mouvement oratoire de Maurice, et pendant le repos du modèle, Moriès, Ducis, Roland, de Forbin, M. de Saint-Aignan, Granet et beaucoup d’autres qui représentaient assez bien le parti aristocratique à l’atelier, vinrent prendre les mains de Maurice et le féliciter sur son élan généreux.

449. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [I] »

Jomini, qui semble venu tout exprès pour concevoir et pour exposer la science stratégique à son moment le plus mûr et le plus avancé, est un des plus frappants exemples des vocations premières et des qualités spéciales que la nature dépose en germe dans un cerveau, toutes prêtes à éclore et à se développer au premier souffle des circonstances. […] Venu à Paris en 1796, placé dans la maison Mosselmann, puis agent de change pour son compte en société d’un de ses compatriotes, Rochat, il était en voie de faire son chemin dans les affaires, lorsque les premières campagnes de Bonaparte en Italie vinrent raviver toutes ses ardeurs et troubler son sommeil. […] Mais ici il rencontra les éternelles difficultés auxquelles vient se heurter tout homme d’initiative et d’invention au début de la carrière. […] Voilà un jeune chef de bataillon, et un Suisse encore, qui vient m’apprendre, à moi, comment je gagne mes batailles. […] Frédéric le Grand, par ses actions glorieuses, par une série d’exemples et d’opérations d’un ensemble et d’un ordre supérieurs à ce qui avait précédé, vint renouveler la matière des raisonnements et ouvrit le champ de la théorie : il suscita de nouveaux historiens et des critiques dignes de lui.

450. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. LE COMTE MOLÉ (Réception à l’Académie.) » pp. 190-210

S’il est vrai, comme l’a dit d’Alembert encore, que l’écrivain isolé soit une espèce de célibataire, il vient un âge où les plus intrépides célibataires commencent à ne pas trouver absurde de se marier. […] Et l’Académie vous voit venir, et elle sourit, et elle triomphe ; et dans sa malice (car elle en a, jamais de colère), elle vous fait dire plus d’une fois : Repassez. […] Le danger pour l’Académie, si danger il y avait, ne viendrait jamais de quelques hommes distingués et lettrés du monde politique ; il viendrait des gens de lettres médiocres s’attroupant en bloc, se coalisant ou se déchirant. […] M. de Bonald s’y mêlait ; M. de Chateaubriand, enfin, venait couronner le cercle de cette intimité d’alors, autour de Mme de Beaumont. […] Balzac et sa rhétorique ne venaient, pour M.

451. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Racine — II »

D’abord il n’en vient à l’âme qu’une plainte sourde, lointaine, étouffée, qui n’indique pas son objet et nous livre à tout le vague de l’ennui. […] que d’êtres inachevés, flottants, passeront dans ses rêves et lui feront signe de venir ! […] Racine, qui veut pleurer, viendra à la profession de la sœur Lalie. […] Il résulte de cette perpétuelle nécessité de noblesse et d’élégance que s’impose le poëte, que lorsqu’il en vient à quelques-unes de ces parties de transition qu’il est impossible de relever et d’ennoblir, son vers inévitablement déroge, et peut alors sembler prosaïque par comparaison avec le ton de l’ensemble. […] Racine se trouvait précisément dans l’église du monastère des Champs, quand l’archevêque Harlay de Champvallon y vint, le 17 mai 1679, à neuf heures du matin, pour renouveler la persécution qui avait été interrompue durant dix années, mais qui, à partir de ce jour-là, ne cessa plus jusqu’à l’entière ruine.

452. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre IV. L’heure présente (1874) — Chapitre unique. La littérature qui se fait »

Nous ne saurons la valeur de ce qui est, que par ce qui sera, et en viendra. […] Deux écrivains dramatiques, pourtant, nous sont venus. […] Personne ne peut dire si, dans aucun genre, les hommes nécessaires viendront. S’ils viennent ici et non pas là, il y aura création ici, et là stagnation. S’ils ne viennent nulle part, tout ira en dissolution, jusqu’à ce qu’ils apparaissent : et nul ne peut prévoir où, quand et comment commencera le renouvellement.

453. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « Xavier Eyma » pp. 351-366

Encore une fois, vient-elle de l’auteur ou vient-elle du sujet du livre ?… D’où qu’elle vienne, c’est prodigieux, La contradiction est si pressée de naître dans le livre de Xavier Eyma, qu’elle arrive même avant le livre ! […] … Le droit de ne pas venir au secours des misères de la mère-patrie ! […] Où donc est la patrie pour notre colonie d’Alger, et le droit lui viendra-t-il un jour contre la métropole ? […] Je ne veux pas relever trop durement la contradiction, parmi les autres, de la page 232 (IIe vol.), à propos de ces foules d’émigrants européens qui viennent chaque jour dénationaliser l’Amérique, et qu’il appelle un germe (drôle d’expression, par parenthèse, pour de pareilles populations !)

454. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « M. Théodore de Banville »

Pour ceux qui viendront après nous comme pour nous, M.  […] Il y a une Muse qui ne descend pas du ciel, celle-là, mais qui sort du sang de la France et vient mettre sa pâle, main divine et blessée sur l’épaule rose divine d’une autre Muse invulnérable. […] Il a l’emphase gaie, et sa gaieté n’est pas celle non plus de son oncle, Alfred de Musset ; ce n’est pas la gaieté de l’auteur d’Un spectacle dans un fauteuil, qui vient d’une observation sociale très raffinée. […] Le poète des Funambulesques écrivait prophétiquement à la date de 1857 (il était et nous étions alors dans le bleu) : « Sommes-nous sûrs que les chevaux indomptés ne viendront plus jamais mordre l’écorce de nos jeunes arbres ? […] « Pour que nos vieux cœurs allemands· Se repaissent de funérailles, Viens fouler sous tes pieds fumants Des cervelles et des entrailles.

455. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXX. De Fléchier. »

Il cherche à édifier plutôt qu’à plaire ; il vient annoncer que tout est fini, afin de ramener à Dieu qui ne finit point ; il nous fait souvenir de la fatale nécessité de mourir, pour nous inspirer la sainte résolution de bien vivre71. […] Je passe rapidement sur tous les discours, pour venir à celui qui a, et qui mérite en effet le plus de réputation ; c’est l’éloge funèbre de Turenne, de cet homme si célèbre, si regretté par nos aïeux, et dont nous ne prononçons pas encore le nom sans respect ; qui, dans le siècle le plus fécond en grands hommes, n’eut point de supérieur, et ne compta qu’un rival ; qui fut aussi simple qu’il était grand, aussi estimé pour sa probité que pour ses victoires ; à qui on pardonna ses fautes, parce qu’il n’eut jamais ni l’affectation de ses vertus, ni celle de ses talents ; qui, en servant Louis XIV et la France, eut souvent à combattre le ministre de Louis XIV, et fut haï de Louvois comme admiré de l’Europe ; le seul homme, depuis Henri IV, dont la mort ait été regardée comme une calamité publique par le peuple ; le seul, depuis Du Guesclin, dont la cendre ait été jugée digne d’être mêlée à la cendre des rois, et dont le mausolée attire plus nos regards que celui de beaucoup de souverains dont il est entouré, parce que la renommée suit les vertus et non les rangs, et que l’idée de la gloire est toujours supérieure à celle de la puissance. […] Il y a des mots qui disent plus que vingt pages, et des faits qui sont au-dessus de l’art de tous les orateurs ; par exemple, le mot de Saint-Hilaire à son fils : Ce n’est pas moi qu’il faut pleurer, c’est ce grand homme  ; et ce trait du fermier de Champagne qui vint demander la résiliation de son bail, parce que, Turenne mort, il croyait qu’on ne pouvait plus ni semer, ni moissonner en sûreté ; et cette réponse, si grande et si simple, à un homme qui lui demandait comment il avait perdu la bataille de Rhétel, par ma faute  ; et cette lettre qu’il écrivit au sortir d’une victoire : « Les ennemis sont venus nous attaquer, nous les avons battus ; Dieu en soit loué. […] ce tombeau s’ouvrirait ; ces ossements se ranimeraient pour me dire : Pourquoi viens-tu mentir pour moi, qui ne mentis pour personne ? Laisse-moi reposer dans le sein de la vérité, et ne viens pas troubler ma paix par la flatterie que j’ai haïe. » Et ailleurs, après avoir parlé des conseils qu’on lui donnait sur la manière de se conduire à la cour, l’orateur ajoute : « Ces conseils lui parurent lâches ; il allait porter son encens avec peine sur les autels de la fortune, et revenait chargé du poids de ses pensées, qu’un silence contraint avait retenues.

456. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 14 mars 1885. »

De quelle école vient le postulant ? […] Puis, c’est le tour d’Éva de venir, dans cet humble réduit, réchauffer son doux espoir. […] [NdA] Alors, les musiciens nouveaux sont venus. […] Cette image inspirera le symbolisme et vient directement du romantisme allemand. […] C’est toujours la question des formes à venir.

457. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Introduction. Le problème des idées-forces comme fondamental en psychologie. »

De là vient l’illusion qui fait croire à tant de philosophes et de savants que les idées sont des fantômes analogues aux ombres des morts dans les inania regna. […] La psychologie des idées-forces aboutit donc à la continuité et à la solidarité de tous les processus mentaux, qui viennent tous se réduire au processus appétitif. […] La relation de la conscience comme forme à un contenu tout objectif et sensoriel est-elle la meilleure expression de ce rapport primordial auquel vient aboutir l’analyse intérieure ? […] En faisant attention à une idée ou à une sensation appartenant à la sphère de quelque sens particulier, « le mouvement est un ajustement de l’organe du sens, mouvement senti comme il vient. […] Ribot, Sergi, Richet, Binet, etc., tous les faits mentaux, surtout les volitionnels, seraient des développements du simple réflexe, auxquels la conscience viendrait, dans certains cas, se surajouter comme un accessoire.

458. (1874) Premiers lundis. Tome I « M. de Ségur. Mémoires, souvenirs et anecdotes. Tome II. »

Puis vient une peinture de la cour et du ministère, alors dirigé par M. de Vergennes. […] Un jour, la conversation vint à tomber sur le partage de la Pologne, que M. de Ségur imputait à Catherine. […] pour le partage de la Pologne, l’impératrice n’en a pas l’honneur ; car je puis dire qu’il est mon ouvrage. » Et il se mit là-dessus à raconter comment lui était venue un matin cette heureuse idée de s’agrandir sans perdre de sang ni d’argent, comment il l’avait communiquée à Catherine, qui en fut frappée ainsi que d’un trait de lumière, et plus tard à son frère qui l’embrassa en le remerciant, et qu’aussitôt après cette officieuse confidence les négociations avaient commencé. […] Et voilà donc quels sont les hommes, quand l’éducation et les institutions ne viennent pas au secours de leur faible nature !

459. (1889) L’art au point de vue sociologique « Préface de l’auteur »

La chimie ne faisait que naître avec Lavoisier ; la vraie physiologie était encore à venir : on ne cherchait guère alors à pénétrer dans l’intérieur de l’organisme, à sonder la cellule vivante ou l’atome, encore moins la conscience. […] C’est ainsi que le déterminisme, qui, en nous déniant cette forme de pouvoir personnel qu’on appelle libre arbitre, semblait d’abord n’avoir qu’une influence morale dépressive, paraît aujourd’hui donner naissance à des espérances métaphysiques, très vagues encore, mais d’une portée illimitée, puisqu’il nous fait entrevoir que notre conscience individuelle pour rait être en communication sourde avec toutes les consciences, et que d’autre part la conscience, ainsi épandue dans l’univers, y doit avoir, comme la lumière ou la chaleur, un rôle important, capable sans doute de s’accroître et de s’étendre dans les siècles à venir. L’esthétique, où viennent se résumer les idées et les sentiments d’une époque, ne saurait demeurer étrangère à cette transformation des sciences et à cette prédominance croissante de l’idée sociale. […] Le but de la religion est donc la satisfaction effective, pratique, de tous nos désirs d’une vie idéale, bonne et heureuse à la fois, — satisfaction projetée dans un temps à venir ou dans l’éternité.

460. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

Viens. […] Viens. […] Elle vient pourtant, l’heure de l’abandon. […] Vient-il du Mâconnais, ce vin, ou du Bordelais ? […] La voici : c’est de la conscience interrogée avec candeur que vient le bien ; c’est de l’opinion du monde complaisamment écoutée que vient le mal.

461. (1900) Le rire. Essai sur la signification du comique « Chapitre I. Du comique en général »

D’où vient une expression ridicule du visage ? […] L’idée ne nous vient plus d’opposer la rigidité inerte de l’enveloppe à la souplesse vivante de l’objet enveloppé. […] D’où vient le comique d’un nez rubicond ? […] D’où venait ici le comique ? […] D’où vient cette continuité de progrès ?

462. (1940) Quatre études pp. -154

Ils n’ont pas seulement regardé la prairie, mais le brin d’herbe, mais la marguerite qui vient jeter sa note blanche et jaune au milieu de la verdure. […] Ainsi commence l’histoire du vieux marin : son navire faisait voile vers le Sud, joyeusement ; et le temps resta beau jusqu’au moment où fut atteinte la ligne : alors vinrent la tempête, l’ouragan ; alors vinrent ensemble le brouillard et la neige ; alors vint un froid prodigieux ; et des blocs de glace, aussi hauts que le mât, flottèrent autour du navire, verts comme de l’émeraude ; et les glaces craquaient, criaient, grondaient, hurlaient. […] Enfin tout s’illumine ; et vient la gloire. […] D’où vient cette douce rosée qu’il répand sur sa route, tandis que des traits de feu l’entrouvrent de toutes parts ? […] Déjà l’optimisme leibnizien venait à son secours.

463. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LA REVUE EN 1845. » pp. 257-274

Si, pour les écrivains qui se respectent, il est, à certains égards, bien pénible de venir même toucher par allusion à ces tristes conflits, quelque chose ici l’emporte, le besoin pour eux de rendre hommage à la vérité et de ne pas laisser s’autoriser par leur silence l’ombre d’un doute sur ce qu’ils pensent, sur ce qu’ils souffrent de tout ce bruit. […] C’est encore un ancien, l’aimable et sage Ménandre, qui disait que dans ce monde, en fait de bonheur et de succès, le premier rang est au flatteur, le second au sycophante ou calomniateur, et que les gens de mœurs corrompues viennent en troisième lieu. […] Il y eut, pour en venir là, bien des assauts, bien des ruptures. […] L’âme, l’inspiration de toute saine critique, réside dans le sentiment et l’amour de la vérité : entendre dire une chose fausse, entendre louer ou seulement lire un livre sophistique, une œuvre quelconque d’un art factice, cela fait mal et blesse l’esprit sain, comme une fausse note pour une oreille délicate ; cela va même jusqu’à irriter certaines natures chez qui la sensibilité pénètre à point dans la raison et vient comme aiguiser celle-ci en s’y tempérant. […] On en est venu dans un certain monde (et ce monde, par malheur, est de jour en jour plus étendu) à croire que l’esprit suffit à tout, qu’avec de l’esprit seulement on fait de la politique, de l’art, même de la critique, même de la considération.

464. (1874) Premiers lundis. Tome II « Jouffroy. Cours de philosophie moderne — II »

Pour connaître donc et déterminer la destinée de l’espèce ; il suffit de bien connaître et de bien déterminer la destinée de l’individu ; et pour bien connaître la destinée de l’individu, c’est-à-dire ce qu’il est, d’où il vient, où il va, ou, en d’autres termes, sa nature, son origine et sa fin ; il faut l’observer en lui-même et directement, le soumettre à la méthode expérimentale de Bacon transportée dans les faits de conscience. […] Tant qu’une révélation reste à faire, et lorsque l’époque en est venue, le seul grand psychologiste possible, le seul psychologiste capable de tirer directement de l’observation individuelle l’avenir de l’humanité, c’est le révélateur lui-même ; car déjà l’humanité transformée vit en lui et remplit son moi ; mais ce révélateur alors ne s’amuse jamais à faire une psychologie, il fonde une religion. […] Du moment que Dieu n’est plus conçu comme un être à part et hors du monde, du moment qu’il est inséparable de la nature et de l’humanité, et qu’il se manifeste uniquement en elles et par elles, du moment enfin que le mal cesse d’être un principe positif ennemi du bien, dès lors l’homme n’a plus peur de Satan, de même qu’il n’a plus besoin de médiateur pour entrer en rapport avec Dieu ; la communication est directe, immédiate ; il sent l’influence divine dans chacune de ses relations avec les hommes et avec les choses ; il ne s’imagine aucunement devoir recourir à des envoyés mystérieux, à des anges ; et les anges, les envoyés mystérieux, les démons ne lui viennent pas. […] Par cela seul aussi, votre solution de la destinée humaine est toute trouvée ; on la voit venir d’avance ; elle est impliquée dans votre mode de recherche. […] Il a montré le gouvernement, comme la société, en quête de l’idée nouvelle et ne la possédant pas ; l’ordre moral nul, l’ordre matériel ne subsistant que parce que tout le monde se rend compte du péril et y prend garde ; il n’a vu dans la liberté et dans les diverses conséquences qu’on en réclame que des moyens pour atteindre à un but inconnu ; et durant tout le temps qu’il appuyait ainsi le doigt sur ces plaies du siècle, l’auditoire jeune et fervent, comme un malade plein de vie, palpitait ; il était suspendu en silence aux lèvres du maître éloquent, et il attendait jusqu’au bout le remède : le remède n’est pas venu.

465. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXI. Dernier voyage de Jésus à Jérusalem. »

lui dit-on ; consulte les Écritures ; est-ce qu’il peut venir un prophète de Galilée 945 ?  […] En tout cas, ce n’était pas d’un tel parti que pouvait venir une réaction bien vive contre Jésus. […] Le larron ne vient que pour dérober, pour tuer, pour détruire. Le mercenaire, à qui les brebis n’appartiennent pas, voit venir le loup, abandonne les brebis et s’enfuit. […] Il déclarait qu’il était venu éclairer les aveugles et aveugler ceux qui croient voir 992.

466. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface du « Roi s’amuse » (1832) »

Tout ce qu’il y a d’honorable et de loyal parmi les ennemis de l’auteur est venu lui tendre la main, quitte à recommencer le combat littéraire aussitôt que le combat politique sera fini. […] Il aurait bien voulu que le public en vînt à étouffer cette pièce sans l’entendre pour un tort imaginaire, comme Othello étouffe Desdémona. […] Seulement que les puissants montrent sur l’inconvénient d’avoir pour ami l’ours qui ne sait écraser qu’avec le pavé de la censure les allusions imperceptibles qui viennent se poser sur leur visage. […] Il en est venu à tyranniser petitement. […] Pour le moment un rôle politique lui vient ; il ne l’a pas cherché, il l’accepte.

467. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Les Nièces de Mazarin » pp. 137-156

Il est des hommes qui passent obscurs dans la vie, et qui seraient grands si l’occasion historique leur venait. […] Le moment n’est pas venu où il doit imposer, à la société dont il sera le maître, le ton de convenance superbe et de décence majestueuse qui nous fait d’ici baisser les yeux. […] D’autres préoccupations vinrent encore s’emparer de lui : il se jeta dans la dévotion la plus outrée ; il se fit des scrupules inouïs. […] Elle tourna son orgueil aux grandes choses ; elle vint à temps, et son action fut décisive. […] Madame de Maintenon vint comme les années, comme la raison, après la poésie ; comme l’amour chaste après l’amour orageux !

468. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1894 » pp. 185-293

Il arrivait cependant des jours, où il lui venait l’idée de faire un dîner, comme dans un restaurant de Paris. […] La Maison réglée est tout bonnement le livre d’un maître d’hôtel ; mais d’un maître d’hôtel qui n’est pas le premier venu. […] Il me dit qu’il vient d’en lire une partie à sa femme, qui a été un peu troublée par la passion mise dans le bouquin. […] Il vient me demander une lettre de recommandation pour de Béhaine. […] Un vieux bonhomme, un jour, forçait sa porte, et venait lui demander sa protection pour son fils détenu au bagne, et qui était le paysan qu’il avait poursuivi.

469. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Et d’où lui vient cette puissance ? […] D’où vient cela ? […] La Tosca vient y chercher son amant. […] Et Blanche… sentez-vous venir le coup ? […] Sapho vient l’y relancer.

470. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CVIIIe entretien. Balzac et ses œuvres (3e partie) » pp. 433-527

Une belle personne en robe de soie vient le matin lui faire visite, la servante s’étonne et la suit à son départ. […] De là vient une faiblesse qui abâtardit l’homme et lui communique je ne sais quoi d’esclave. […] Le bruit cessa, la nuit vint. […] Le comte est venu s’établir sur ce domaine au retour de l’émigration. […] « — Vient-elle souvent à Tours ?

471. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. DE VIGNY (Servitude et Grandeur militaires.) » pp. 52-90

Il en était venu aussi à croire médiocrement à tant de grands hommes, qui sont l’idole de la foule moutonnière et la pâture des imaginations inassouvies ; l’injustice l’avait de bonne heure aguerri sur la gloire. […] Il s’est peint en personne plus qu’il n’imagine dans cette invocation à un culte qu’on garde inviolable, même sans savoir d’où il vient ni où il va, même sans l’idée d’un regard céleste et d’une palme future. […] D’où vient cela ? […] Les voici tels qu’ils sont venus au monde, avec toutes les souillures baptismales : leur date de naissance est leur unique mérite et ma seule excuse. […] Il nous conviait à venir entendre un drame de Shakspeare, traduit en vers français par lui et par Émile Deschamps : « 28 mars 1829.

472. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Note I. De l’acquisition du langage chez les enfants et dans l’espèce humaine » pp. 357-395

Peut-être vient-il du mot tiens, qu’on a employé souvent avec elle et dans un sens assez voisin. […] Viens dans les jambes de papa. […] » — Pour la première fois, l’idée de l’immobilité finale vient d’entrer dans sa tête. […] Max Müller, vient d’en donner une solution à la fois très simple, très ingénieuse et très solidement fondée. […] Ici, la faculté d’abstraire nous vient en aide.

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