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1154. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre XI. Seconde partie. Conséquences de l’émancipation de la pensée dans la sphère de la littérature et des arts » pp. 326-349

La plupart des observations que nous venons de faire sur la littérature s’appliquent aux arts : les arts aussi sont de la poésie.

1155. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Lawrence Sterne »

C’est en France qu’il composa ce Sentimental Journey, que, pour mon compte, je mets bien au-dessus de Tristram Shandy, et dont l’observation est si fine et si voluptueusement délicate qu’elle échappe absolument aux gros yeux de congre cuit des sots.

1156. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre VI : M. Cousin philosophe »

Les observations et les analyses sont de simples accessoires qu’elle emploie pour se donner un faux air de science, et sur lesquels elle ne s’appuie pas.

1157. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Les Lettres sur Jean-Jacques sont un hymne, mais un hymne nourri de pensées graves, en même temps que varié d’observations fines, un hymne au ton déjà mâle et soutenu, où Corinne se pourra reconnaître encore après être redescendue du Capitole. […] On y trouve quelquefois, à des faits généraux bien saillants et bien constatés, des causes trop ingénieusement cherchées pour être absolument vraies, trop particulières pour correspondre aux résultats connus. » Mais il y loue hautement la force, l’originalité : « Et ces deux qualités, dit-il, y plaisent d’autant plus qu’on sent qu’elles sont le produit d’une sensibilité délicate et profonde, qui aime à chercher dans les objets leur côté analogue aux vues les plus relevées de l’esprit et aux plus nobles sentiments de l’âme44. » La Clef du Cabinet des Souverains, journal un peu mixte, publié par Panckoucke, donna, sur l’ouvrage de Mme de Staël, des Observations dues au médecin-littérateur Roussel, auteur du livre de la Femme, mais surtout un jugement de Daunou, ou du moins une analyse bienveillante, ingénieusement exacte, avec des jugements insinués plutôt qu’exprimés, selon la manière discrète de ce savant écrivain dont l’autorité avait tant de poids, et qui porte un caractère de perfection sobre en tout ce qu’il écrit45. […] Tantôt inspirée par sa sensibilité naturelle, elle laisse échapper son âme ; mais tout à coup l’argumentation se réveille et vient contrarier les élans du cœur… Ce livre est donc un mélange singulier de vérités et d’erreurs. » Les éloges accordés au talent s’assaisonnent parfois d’une malice galante et mondaine : « En amour, Mme de Staël a commenté Phèdre… Ses observations sont fines, et l’on voit par la leçon du scholiaste qu’il a parfaitement entendu son texte. » La lettre se termine par une double apostrophe éloquente : « Voici ce que j’oserais lui dire, si j’avais l’honneur de la connaître : Vous êtes sans doute une femme supérieure. […] Dans Delphine, l’auteur a voulu faire un roman tout naturel, d’analyse, d’observation morale et de passion.

1158. (1866) Dante et Goethe. Dialogues

Mais ne me sera-t-il pas permis de hasarder une observation ? […] Voyons, quelle est l’observation qui vous étouffe ? […] Elle attendait qu’on lui fît quelque observation, mais on garda le silence. […] Il allie à l’étude l’observation, les essais et les expériences. […] Chez le grand Allemand comme chez le grand Italien, le génie de la spéculation intuitive s’allie à l’esprit d’observation le plus rigoureux.

1159. (1907) Propos de théâtre. Quatrième série

Comme c’était bien là un retour à l’observation sérieuse et sévère de la réalité ! […] Dumas n’avait même de faculté d’observation que sur ce « point »-là. Mais ce point est large, et la faculté d’observation dont il était doué à cet endroit était d’une pénétration infinie. […] L’éditeur, un peu impatienté, mais du reste atténuant par un sourire la verdeur de l’observation, finit par dire : « Enfin, vous aimez donc l’argent, Madame Sand ?   […] Une observation seulement, que je soumets (je tiens à souligner le mot) à son goût si sûr.

1160. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome III pp. -

Tournemine lui-même a laissés sous ce titre : Observations sur l’Histoire du peuple de Dieu. […] On trouve, dans ces mêmes observations, une critique vive des peintures indécentes dont l’Histoire du peuple de Dieu est pleine. […] Il parle tour à tour, dans ses Observations, en sçavant, en théologien, en religieux, en citoyen, en sage. […] Venise & Padoue, disoit-il, sont les lieux où j’ai fait ces observations importantes. […] La princesse de Galles se contenta de montrer les Observations critiques au fameux curé de S.

1161. (1894) Journal des Goncourt. Tome VII (1885-1888) « Année 1888 » pp. 231-328

» Enfin la lecture s’acheva, et Porel me demanda un petit changement au tableau de la Boule-Noire, voyant un bal de ce genre, non pris de face, mais de côté et par un coin de la salle, me demanda encore, — c’était plus grave, — la suppression du septième tableau, disant : « Je vous jouerai, et je vous jouerai avec ce tableau, si vous l’exigez », mais, pour moi, il compromet la pièce… car, il faut vous attendre, que pour cette pièce, dans les conditions où vous l’avez faite, vous allez avoir tous vos ennemis prêts à vous agripper… eh bien, il faut leur donner le moins possible de prise sur vous. » L’observation de Porel sur le bal de la Boule-Noire est parfaitement juste, et rend le tableau plus distingué. […] Ce Colombey est le seul acteur, qui ne subisse pas l’inspiration de Porel, et a dû montrer qu’il ne voulait pas la subir, car Porel ne lui fait aucune observation, et le laisse jouer, comme il veut. […] ce Porel, il faut bien l’avouer, ce Porel est d’une fécondité d’imaginations, d’une richesse d’observations, d’une abondance de ressouvenirs d’après nature.

1162. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

Quant à sa conversation, sauf un peu de maniérisme dans l’expression, elle est pleine d’observations aiguës, de remarques délicates, d’aperçus originaux, de trouvailles de jolies phrases, et que souvent il termine, il achève par des sourires de l’œil, par des gestes nerveux du bout des doigts. […] Alors je lui donnai le conseil de refaire le livre, comme si l’autre n’existait absolument pas, et vraiment la comparaison serait curieuse entre ces deux livres : l’un au moment où l’observation n’existait pas encore chez l’écrivain ; l’autre au moment où cette observation est arrivée à la perspicacité aiguë.

1163. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre IV. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire. » pp. 87-211

De ce nombre sont l’histoire de Scipion l’Afriquain, pour servir de suite aux hommes illustres de Plutarque, avec les observations de M. le Chevalier de Folard, sur la bataille de Zama, in-12. 1738. […] M. l’Abbé de Mabli, auteur d’Observations très-judicieuses sur les Grecs, a donné aussi des Observations sur les Romains.

1164. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LA FAYETTE » pp. 249-287

Si Mme de La Fayette réforma le roman en France, le roman chevaleresque et sentimental, et lui imprima cette nuance particulière qui concilie jusqu’à un certain point l’idéal avec l’observation, on peut dire aussi qu’elle fonda la première un exemple tout à fait illustre de ces attachements durables, décents, légitimes et consacrés dans leur constance101, de tous les jours, de toutes les minutes pendant des années jusqu’à la mort ; qui tenaient aux mœurs de l’ancienne société, qui sont éteints à peu près avec elle, mais qui ne pouvaient naître qu’après cette société établie et perfectionnée, et elle ne le fut que vers ce temps-là. […] Là se fait sentir le mérite ; là l’observation, par endroits, se retrouve.

1165. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIIIe entretien. Fior d’Aliza » pp. 177-256

Je lui fis ma visite de devoir en arrivant à Londres ; il oublia de me la rendre ; je n’insistai pas : ce ne fut qu’après mon séjour à Richmond que, sur l’observation de M. de Marcellus, M. de Chateaubriand me fit une visite et m’envoya une invitation à un de ses dîners diplomatiques. […] Les esprits impartiaux apprécieront sans doute les motifs du silence que M. de Lamartine a gardé jusqu’ici, et la justesse de ces observations.

1166. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre premier. La sensation, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre premier. La sensation »

Si, de plus, n’avaient pas été faites quelques observations fortuites, comme celle de la force attractive ou répulsive développée par le frottement de la résine, nous n’aurions eu aucun pressentiment de l’électricité, « de cette force qui, dit Nægeli, joue un si grand rôle dans la nature inorganique et organique, qui provoque les affinités chimiques, qui, dans tous les mouvements moléculaires des êtres organisés, a probablement une action plus décisive qu’aucune autre force, de laquelle enfin nous attendons les plus importants éclaircissements pour expliquer les faits physiologiques et chimiques encore à l’état d’énigmes. » Nos sens n’ont donc eu nullement pour « but » de nous procurer la connaissance des phénomènes naturels, ni de nous éclairer sur ce que Platon appelait leur « essence » intime. […] Nous admettons donc, pour notre part, la possibilité d’une fusion, d’une combinaison, d’une synthèse entre des états de conscience, sinon entre des étais d’inconscience mentale, — entre des sensations « senties », sinon entre des sensations « non senties » ; et l’observation vérifie la réalité de ces sortes de synthèses.

1167. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre deuxième. L’idée de l’espace. Son origine et son action »

Une observation attentive pendant trois semaines entières sur un aveugle-né avait persuadé à Platner qu’un homme privé de la vue ne perçoit que l’existence de quelque chose d’actif, différent de ses propres sentiments de passivité, et qu’en général il ne perçoit que la différence numérique des impressions ou des choses. « En fait, pour les aveugles-nés, le temps tient lieu d’espace. […] Dunan conclut de ses observations que Marie V… « voyait probablement tous les objets à une distance, qui était probablement indéterminable pour elle, car nous ne pûmes lui arracher aucune indication à cet égard, mais elle les voyait projetés dans l’espace ».

1168. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1860 » pp. 303-358

Tout est incompréhensible chez cette créature qui peut-être ne se comprend guère elle-même ; l’observation ne peut y prendre pied et y glisse comme sur le terrain du caprice. […] Nous nous sauvons de là, et nous nous apercevons que notre système nerveux, dont l’état nous avait à peu près échappé dans la contention de toutes nos facultés d’observation, ce système nerveux secoué et émotionné de tous les côtés à notre insu, a reçu le coup de tout ce que nous avons vu.

1169. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Charles Dickens »

Dans ses descriptions, dans ses personnages, dans ses scènes, l’effort à imiter la nature, à imaginer vrai, à se rappeler de précises observations, est évident ; il est contenu par certaines incapacités natives, par des préjugés acquis, mais le romancier anglais n’en possède pas moins une marque qui le distingue nettement de tous les artistes idéalistes, dans ses préférences pour ces laideurs, ces vulgarités, ces irrégularités du réel, que ceux-ci s’empressent d’effacer, par le travail de sélection qui les caractérise. […] Il doit faire vrai ; la moitié de son mérite — et chez Daumier cela touche au génie — consiste dans la justesse de l’observation, l’exactitude de la silhouette, la précision de la satire, la vie surprise par le dessin sommaire, de façon que le spectateur ne puisse douter un instant qu’on lui montre un être réel, observé dans son aspect, analysé dans son caractère.

1170. (1886) Quelques écrivains français. Flaubert, Zola, Hugo, Goncourt, Huysmans, etc. « Gustave Flaubert. Étude analytique » pp. 2-68

Elle est, comme un livre de science, un recueil d’observations  ou, comme un livre d’histoire, un recueil de traditions, bien _ différente de tous les romans d’idéalistes que composent une série d’effusions au public à propos de motifs ordinaires ou de faits clairsemés. […] Ces données mettent en présence deux séries de faits contradictoires ; d’une part, l’amour des mots précis, des phrases autonomes et statiques, des descriptions exactes, de la psychologie analytique, l’abondance des faits dans la contexture de l’œuvre, le recours constant à l’observation et à l’érudition, l’impression de vérité que donnent les livres de Flaubert ; d’autre part, son excellence à rendre la beauté pure, le mystère, le général, sa haine et sa souffrance du réel, ses échappées vers le roman historique et vers l’allégorie, la splendeur de son style, l’harmonie de ses périodes, la magnificence diffuse ou précise de ses mots.

1171. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « III. M. Michelet » pp. 47-96

Rien de moins bourgeois que Mme de Staël ; elle avait bien des défauts et nous les reconnaissons… Pédante, si l’on veut, quelquefois sans grâce et précieuse, esprit faux en philosophie, bas-bleu, à ravir l’Angleterre de l’éclat enragé de son indigo, Mme de Staël, par la distinction de sa pensée, par la subtilité de son observation sociale, par son style brillant d’aperçus, par ses goûts, ses préoccupations, ses passions même, tendait vers la plus haute aristocratie, vers la civilisation la plus raffinée. […] Scribe comme Robespierre, trop scribe même (l’observation est de M. 

1172. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — II. (Fin.) » pp. 364-380

On est toujours puni par où l’on a péché : cette délicatesse de nuances qu’il portait dans toute son observation, il en payait la façon en détail dans sa propre sensibilité nerveuse et maladive.

1173. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Geoffroy de Villehardouin. — I. » pp. 381-397

Voilà le côté politique et prudent ; mais l’autre côté généreux et grandiose, je ne le dissimulerai pas, comme l’ont trop fait dans leurs divers récits des écrivains raisonnablement philosophes : la grandeur du courage et l’héroïsme, ce sont là aussi des parties réelles qui, même après des siècles, tombent sous l’œil de l’observation humaine.

1174. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Vicq d’Azyr. — I. » pp. 279-295

Au retour, on jugea indispensable de maintenir des correspondances, de recueillir et de comparer les observations, tant sur ce sujet que sur plusieurs autres qui intéressent la santé publique.

1175. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Histoire du Consulat et de l’Empire, par M. Thiers. (Tome XII) » pp. 157-172

Je ne sais si je limite mon observation au point juste où je le désire : je ne voudrais rien retrancher à l’exposé des faits de guerre, tels que les présente M. 

1176. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres complètes de Saint-Amant. nouvelle édition, augmentée de pièces inédites, et précédée d’une notice par M. Ch.-L. Livet. 2 vol. » pp. 173-191

Saint-Évremond dit cela en pensant à Pétrone, et il continue en appliquant ses observations à ce qui n’est que grossier et répugnant à la propreté et aux sens : Notre délicatesse va plus loin, et l’on n’aimerait pas aujourd’hui la description d’un objet rebutantt.

1177. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — I » pp. 39-56

À travers tout ce brillant de jeune homme et cette ardeur de s’avancer qui pouvait sembler un peu aveugle et téméraire, il y eut donc de la suite, de l’étude, de l’observation, ce qui se trouve toujours au fond de ces grands bonheurs, que, de loin, on se plaît à attribuer au seul hasard.

1178. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Guillaume Favre de Genève ou l’étude pour l’étude » pp. 231-248

Guillaume Favre ne paraît pas s’être posé ces questions, ni s’être jamais pris à partie lui-même sur son mode de développement toujours servi par les circonstances ; il apportait dans les lettres un esprit et une méthode d’observation positive ; il ne songeait qu’à la vérité du fait qu’il poursuivait et à sa propre satisfaction individuelle.

1179. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Correspondance diplomatique du comte Joseph de Maistre, recueillie et publiée par M. Albert Blanc » pp. 67-83

Personne peut-être n’a été plus à même que moi de faire des observations directes on indirectes sur l’esprit français.

1180. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Souvenirs de soixante années, par M. Etienne-Jean Delécluze »

Je ne sais si quelques autres écrivains distingués, bien que très inférieurs aux précédents, n’ajoutèrent pas aussi leurs observations timides

1181. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Sainte-Hélène, par M. Thiers »

Qui n’a lu ses admirables Précis des campagnes de Turenne, de Frédéric, de César, suivis d’observations détaillées, — tout l’art et la science de la guerre résumés en quelques pages concises, et ramenés à des principes fixes, supérieurs, qu’il n’appartient pourtant qu’au génie ou au talent de savoir, à des degrés divers, mettre en pratique et appliquer ?

1182. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Salammbô par M. Gustave Flaubert. (Suite.) » pp. 52-72

S’il lui arrivait seulement de tenir compte, dans un livre futur, d’une ou deux observations essentielles que nous lui aurions faites avec tout un public ami, ce serait un résultat.

1183. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « M. Octave Feuillet »

Il faut joindre l’observation directe et vraie, prise à sa source et renouvelée sans cesse5.

1184. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Entretiens sur l’architecture par M. Viollet-Le-Duc »

Charles Nodier, Victor Hugo, avaient énergiquement tonné contre la bande noire ; des savants positifs, les antiquaires de Normandie, M. de Caumont, Auguste Le Prévost, un si bon et si aimable esprit, décrivaient et remettaient en honneur les monuments, églises, restes d’abbayes et de moutiers, de leur riche province ; pionniers utiles, ils amassaient des matériaux pour un futur classement complet qui se ferait d’après l’observation comparée des caractères.

1185. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Don Quichotte (suite.) »

Est-ce à dire pourtant que Cervantes, en son livre, se soit montré l’égal des plus savants médecins dans le traitement de la monomanie, dans l’observation de ses différentes phases et périodes, de ses prodromes, accès et déclin, et qu’il mérite de prendre rang comme praticien à côté des Pinel, des Esquirol, des Blanche, avec ce mérite, en sus, de les avoir devancés de deux cents ans8 ?

1186. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres choisies de Charles Loyson, publiées par M. Émile Grimaud »

Sans doute, et je suis le premier à le reconnaître, la méthode de Maine de Biran, qui consiste proprement à saisir et à présenter dans un cours d’observations psychologiques la véritable histoire de l’âme, n’a pas attendu pour se produire « ces toutes dernières années » ; je n’ai garde d’oublier les Jouffroy, les Damiron, et M. 

1187. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre VIII. De l’invasion des peuples du Nord, de l’établissement de la religion chrétienne, et de la renaissance des lettres » pp. 188-214

Des commentaires sur les ouvrages des anciens avaient pris la place des observations philosophiques : il semblait qu’entre la nature et l’homme, il dût toujours exister des livres.

1188. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre X. De la littérature italienne et espagnole » pp. 228-255

L’observation poussée en ce genre jusqu’à la plus parfaite sagacité, est un travail qui pourrait conduire à toutes les idées philosophiques.

1189. (1785) De la vie et des poëmes de Dante pp. 19-42

Béatrix, qu’il aima, est immortelle comme Laure, et peut-être la destinée de ces deux femmes est-elle digne d’observation ; mortes toutes deux à la fleur de leur âge, et toutes deux chantées par les plus grands poëtes de leur siècle.

1190. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Qu’est-ce qu’un classique ? » pp. 38-55

Un vrai classique, comme j’aimerais à l’entendre définir, c’est un auteur qui a enrichi l’esprit humain, qui en a réellement augmenté le trésor, qui lui a fait faire un pas de plus, qui a découvert quelque vérité morale non équivoque, ou ressaisi quelque passion éternelle dans ce cœur où tout semblait connu et exploré ; qui a rendu sa pensée, son observation ou son invention, sous une forme n’importe laquelle, mais large et grande, fine et sensée, saine et belle en soi ; qui a parlé à tous dans un style à lui et qui se trouve aussi celui de tout le monde, dans un style nouveau sans néologisme, nouveau et antique, aisément contemporain de tous les âges.

1191. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « Observations générales, sur, l’art dramatique. » pp. 39-63

Observations générales sur l’art dramatique.

1192. (1912) L’art de lire « Chapitre IV. Les pièces de théâtre »

Mais le maître en ce genre, maître incomparable, du moins à considérer tous les auteurs français, et pour les autres je sens mon incompétence, c’est Molière, qui trace un caractère par le style même du personnage dès les premières répliques qu’il prononce, qui met des nuances de style sensibles entre des personnages à peu près semblables, et par exemple entre Philaminte, Armande et Bélise, peut-être et je le crois, entre Mademoiselle Cathos et Mademoiselle Madelon ; qui indique par des styles différents les différents âges, même, d’un même personnage ; car on sait parfaitement que Don Juan n’a pas le même âge au cinquième acte qu’au premier, malgré l’apparente observation de la règle des vingt-quatre heures, et qu’il change de caractère du commencement à la fin de la pièce ; or, observez le style, et vous verrez que de ces différences dans le caractère et de ces différences d’âge, le style même vous avertit.

1193. (1905) Les ennemis de l’art d’écrire. Réponse aux objections de MM. F. Brunetière, Emile Faguet, Adolphe Brisson, Rémy de Gourmont, Ernest Charles, G. Lanson, G. Pélissier, Octave Uzanne, Léon Blum, A. Mazel, C. Vergniol, etc… « I »

Albalat, avec une érudition profonde et un esprit d’observation remarquable, aiguisés encore par la concentration d’un effort continu, s’est proposé de combler et qu’il a comblée, au jugement des critiques de valeur, qui ont pris la peine de suivre attentivement son œuvre.

1194. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre IX. Seconde partie. Nouvelles preuves que la société a été imposée à l’homme » pp. 243-267

Je ne sais de qui est cette observation sur l’énergie vitale : les éléments matériels dont se compose un être quelconque, ai-je vu quelque part, sont, tout le temps que dure la vie de cet être, en opposition avec les affinités chimiques ; et, lorsque la vie se retire, les affinités chimiques viennent se ressaisir de ces éléments pour leur imprimer de nouvelles combinaisons.

1195. (1903) Considérations sur quelques écoles poétiques contemporaines pp. 3-31

Modestes observations sur l’art de versifier, de Clair Tisseur.

1196. (1913) Le mouvement littéraire belge d’expression française depuis 1880 pp. 6-333

Mais Taine, lui, tire de ses observations une loi sur l’impuissance littéraire naturelle, instinctive, du peuple belge8. […] Cette peinture, d’une observation nerveuse, d’une sobriété morne, trahit l’immense pitié et le brûlant amour de Krains pour la profonde souffrance des hommes. […] Se restreindre aux limites d’un sujet strict, faire œuvre de psychologue et non de peintre, disséquer des sentiments, en surveiller les évolutions, les combiner entre eux, en un mot équilibrer une œuvre d’imagination réfléchie et de calcul, même basée sur l’observation de la réalité, les eût contraints à composer singulièrement avec la franchise spontanée de leur nature. […] Plusieurs pièces, vivantes et dramatiques, d’une observation perspicace, d’une allure brillante, La Blessure, La Rivale, plus encore L’Instinct, l’ont révélé à Paris où, récemment, La Flambée lui valut un bel et légitime succès. […] Et, plus tard encore, que n’a-t-on dit de la phrase brisée de La Bruyère et de son observation impitoyable, succédant à la période cicéronienne et aux critiques de mœurs toutes générales des sermonnaires ?

1197. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome I pp. 5-537

Il faut d’abord les examiner toutes, ainsi qu’elles ont été considérées, et ensuite comme si elles ne l’eussent jamais été, pour y faire, par ses observations, de nouvelles découvertes, et en tirer des rapports de son propre fonds. […] Ceci nous fournira matière à d’utiles observations. […] Passons maintenant à l’observation de quelques différences originelles entre la tragédie antique et la nôtre. […] Les moindres observations, inscrites dans les préfaces des grands maîtres, valent souvent mieux que les long traités des argumentateurs ; et ces jets de lumière qui leur échappent sont précieux à recueillir. […] La crainte bien épurée nous fait supporter toutes ces choses ; elle nous fait même courir au-devant avec joie lorsqu’il s’agit des intérêts de la patrie, de l’honneur, de la vertu, et de l’observation des lois éternelles établies par les dieux.

1198. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Ce prétendu marguillier est un homme plein de sens, qui dans une petite brochure de quelques pages a renfermé des vérités et des observations dignes de figurer dans le jugement de l’Académie. […] Ces observations ne doivent pas affaiblir notre estime pour le génie de Corneille, mais notre enthousiasme pour la prétendue excellence de l’art dramatique : quelle école que celle où les sentiments les plus faux et les plus dangereux ont tant d’éclat et de pompe ! […] Il était digne du commentateur de Corneille de négliger les broutilles de l’art et de puiser ses observations dans une source plus noble. […] ) Les observations de Voltaire, sur les instances que Cinna fait à Auguste pour l’engager à garder l’empire, ont du moins quelque chose de très spécieux, et ne sont pas indignes d’un littérateur distingué. […] Le Commentaire de Voltaire est un composé bizarre de vues solides et de minuties puériles, d’excellents principes et de plaisanteries indécentes, d’observations fines et de chicanes injustes, de protestations d’estime et de preuves de malveillance.

1199. (1782) Essai sur les règnes de Claude et de Néron et sur la vie et les écrits de Sénèque pour servir d’introduction à la lecture de ce philosophe (1778-1782) « Essai, sur les règnes, de Claude et de Néron. Livre second » pp. 200-409

Le progrès de la physique consiste à diminuer le nombre des causes par la multiplication des effets : il faut donc recueillir, et sans cesse recueillir des observations ; une bonne observation vaut mieux que cent théories. […] Et qu’on n’imagine pas que j’allège la tâche du physicien ou du naturaliste : rien de plus difficile que de bien observer, rien de plus difficile que de bien faire une expérience, rien de plus difficile que de ne tirer de l’expérience ou de l’observation que des conséquences rigoureuses ; rien de plus difficile que de se garantir de la séduction systématique, du préjugé et de la précipitation. […] Mon amour pour le repos et ma paresse s’en accommodaient également ; et quoique je fusse persuadé que la philosophie ne manquerait jamais d’ennemis, et que Sénèque resterait exposé dans l’avenir aux mêmes reproches qu’on lui a faits de nos jours, surtout si l’on n’y répondait pas, j’inclinais à laisser la dispute où elle en était, lorsque je reçus les observations qui suivent.

1200. (1864) Études sur Shakespeare

On y vit en effet, pour la première fois, une pièce réduite en actes et en scènes, et constamment écrite sur un ton élevé ; mais elle était loin de prétendre à l’observation des unités, et l’exemple d’un ouvrage très-ennuyeux, où tout se passe en conversations, ne dut séduire ni les poètes ni les acteurs. […] Lucrèce, pour charmer ses douleurs, s’arrête à contempler un tableau de la ruine de Troie ; le poëte, en le décrivant, représente avec complaisance les effets de la perspective « et le sommet de la tête de plusieurs personnages qui, presque cachés derrière les autres, semblent s’élever au-dessus pour décevoir l’esprit. » C’est là l’observation d’un homme bien récemment frappé des prestiges de l’art, et un symptôme de cette surprise poétique qu’excite la vue d’objets inconnus dans une imagination capable de s’en émouvoir. […] Chez les Grecs, et dans les temps modernes, en France, la comédie est née de l’observation libre, mais attentive, du monde réel, et elle s’est proposé de le traduire sur la scène. […] Au lieu de ces cerveaux électriques, prompts à communiquer l’étincelle qu’ils ont reçue, au lieu de ces hommes ardents et simples dont les projets, comme ceux de Macbeth, « passent aussitôt dans leurs mains », le monde offre maintenant au poëte des esprits pareils à celui de Hamlet, profonds dans l’observation de ces combats intérieurs que notre système classique a puisés dans un état social déjà plus avancé que celui du temps où vécut Shakespeare. […] Il s’établira, comme la liberté, non sur le désordre et l’oubli de tout frein, mais sur des règles plus sévères et d’une observation plus difficile peut-être que celles qu’on réclame encore pour maintenir ce qu’on appelle l’ordre contre ce qu’on nomme la licence.

1201. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

J’étais bien timide alors, et je ne m’approchais qu’en tremblant pour faire quelques remarques et observations à demi voilées. […] Quelques observations furent faites, qui n’avaient aucune intention blessante, ni aucun caractère d’hostilité ni d’aigreur : elles portèrent uniquement sur l’exactitude de certains faits et de certaines interprétations historiques.

1202. (1859) Cours familier de littérature. VII « XXXVIIIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Le drame de Faust par Goethe » pp. 81-160

Sa taille est élevée ; sa stature est mince et souple ; ses membres, un peu longs comme dans toutes les natures nobles, sont rattachés au buste par des jointures presque sans saillie ; ses épaules, gracieusement abaissées, se confondent avec les bras et laissent s’élancer entre elles un cou svelte qui porte légèrement sa tête sans paraître en sentir le poids ; cette tête, veloutée de cheveux très fins, est d’un élégant ovale ; le front, siège de la pensée, la laisse transpercer à travers une peau féminine ; la voûte du front descend par une ligne presque perpendiculaire sur les yeux ; un léger sillon, signe de la puissance et de l’habitude de la réflexion, s’y creuse à peine entre les deux sourcils très relevés et très arqués, semblables à des sourcils de jeune fille grecque ; les yeux sont bleus, le regard doux, quoique un peu tendu par l’observation instinctive dans l’homme qui doit beaucoup peindre ; le nez droit, un peu renflé aux narines comme celui de l’Apollon antique : il jette une ombre sur la lèvre supérieure ; la bouche entière, parfaitement modelée, a l’expression d’un homme qui sourit intérieurement à des images toujours agréables ; le menton, cet organe de la force morale, a beaucoup de fermeté, sans roideur ; une fossette le divise en deux lobes pour en tempérer la sévérité. […] Jamais la force lyrique et la force impassible et analytique de l’observation ne furent plus étrangement réunies dans un même homme.

1203. (1922) Enquête : Le XIXe siècle est-il un grand siècle ? (Les Marges)

Flaubert l’admirable, Zola le géant, Daudet le gentil, les précieux Goncourt, le vériste Maupassant lui dispensent des éléments d’observation. […] Enfin n’est-il pas un peu naïf de se réclamer aussi bruyamment de l’intelligence quand on ne trouve à opposer aux fortes œuvres d’observation et de lyrisme, qu’un de ces pâles romans d’aventures, entachés d’indigence verbale et dépourvus, précisément, de toute idée.

1204. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

A tous ces faits l’observation a trouvé des exceptions. […] Il devient plus chrétien à mesure qu’il avance dans la vie, et par la même vérité d’observation qui nous le montre se corrigeant avec le temps, la religion de son enfance passe insensiblement de sa mémoire dans son cœur, et y prend la place laissée vide par les passions qui se retirent.

1205. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1874 » pp. 106-168

Moi là-dessus, comme je me récrie et que j’affirme, que la classe la plus intelligente que j’avais rencontrée dans ma vie, était celle des internes, Blanchard me donne raison sur ce point, mais il ajoute, qu’aussitôt leurs études finies, le besoin de gagner de l’argent — l’argent que gagne un médecin, un chirurgien étant la cote de sa valeur — le besoin de gagner de l’argent, le retire de tout travail, de toute étude, émousse son observation par l’abêtissement de visites rapides et successives, par la fatigue même des étages montés. […] Il parle spirituellement de son impudeur à fourrer dans ses livres, tout ce qui lui fournit des observations littéraires, et se dit déjà presque brouillé avec une partie de sa famille.

1206. (1864) William Shakespeare « Première partie — Livre II. Les génies »

Le phénomène du trépied antique et de la table moderne a droit comme un autre à l’observation. […] L’observation, qui s’acquiert et qui, par conséquent, est plutôt une qualité qu’un don, est incluse dans la création.

1207. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre III. Le roman » pp. 135-201

Le procédé littéraire est presque tout scientifique, on devine à quelles observations, à quels efforts l’auteur s’est astreint pour arriver à bien connaître le mécanisme du rêve, pour s’en rendre maître et réussir à nous donner ces contes saisissants de vérité. […] Caruchet, dont l’Ensemencée prouvait une observation aiguë et nerveuse, de Mme Danielle d’Athez qui écrivit d’aimables romans, que de femmes oubliées au cours de cette étude qui ont peut-être du talent et certainement du génie.

1208. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVIII. J.-M. Audin. Œuvres complètes : Vies de Luther, de Calvin, de Léon X, d’Henri VIII, etc. » pp. 369-425

Michel Morin, le Régicide, Florence ou la Religieuse, sont des romans sans grandeur d’invention ou sans observation profonde, dans lesquels le sentiment chrétien se sauva seul des naufrages de la pensée. […] Au moment où il revenait gerber sa moisson d’observations et d’études, il fut atteint d’une mort tout à la fois inopinée et prévue.

1209. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre IV. De la délimitation, et de la fixation des images. Perception et matière. Âme et corps. »

D’autre part, la même observation psychologique qui nous a révélé la distinction de la matière et de l’esprit nous fait assister à leur union. […] Mais n’insistons pas sur ces divers points, non plus que sur les arguments contestables tirés de l’observation des aveugles opérés : la théorie, classique depuis Berkeley, des perceptions acquises de la vue ne paraît pas devoir résister aux assauts multipliés de la psychologie contemporaine 106.

1210. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gabrielle d’Estrées. Portraits des personnages français les plus illustres du XVIe siècle, recueil publié avec notices par M. Niel. » pp. 394-412

Il faut avoir l’esprit singulièrement fait pour voir dans cette parole de prudente et prévoyante observation de Sully l’indice qu’il pourrait bien avoir trempé dans l’empoisonnement supposé de Gabrielle, et il y aurait lieu, vraiment, de répéter ici avec Dreux du Radier : « C’est un soupçon punissable. » On sait le reste.

1211. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Nouvelles lettres de Madame, mère du Régent, traduites par M. G. Brunet. — II. (Fin.) » pp. 62-79

Sans sortir des observations générales, quoi de plus juste et de plus sensé que cette réflexion de Madame, écrite peu de mois avant sa mort (16 avril 1722) : Les jeunes gens, à l’époque où nous sommes, n’ont que deux objets en vue, la débauche et l’intérêt ; la préoccupation qu’ils ont toujours de se procurer de l’argent, n’importe par quel moyen, les rend pensifs et désagréables : pour être aimable, il faut avoir l’esprit débarrassé de soucis, et il faut avoir la volonté de se livrer à l’amusement dans d’honnêtes compagnies ; mais ce sont des choses dont on est bien éloigné aujourd’hui.

1212. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Chateaubriand. Anniversaire du Génie du christianisme. » pp. 74-90

Et après cette première citation : Dans un autre endroit, continue Chateaubriand, je peins ainsi les tombeaux de Saint-Denis avant leur destruction : « On frissonne en voyant ces vastes ruines où sont mêlées également la grandeur et la petitesse, les mémoires fameuses et les mémoires ignorées, etc. » Je supprime encore ce second morceau, inséré à la suite du premier, et qui prêterait aux mêmes observations comparatives ; mais je vais donner toute la fin de la lettre avec son détail mélangé, afin que le lecteur en reçoive l’impression entière, telle qu’elle ressort dans son désordre et son abandon : Je n’ai pas besoin de vous dire qu’auprès de ces couleurs sombres on trouve de riantes sépultures, telles que nos cimetières de campagne, les tombeaux chez les sauvages de l’Amérique (où se trouve le tombeau dans l’arbre), etc.

1213. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Henri IV écrivain. par M. Eugène Jung, ancien élève de l’École normale, docteur es lettres. — I » pp. 351-368

Pour essayer moi-même d’appliquer quelque analyse ou de rattacher quelques observations à ces lettres, je choisirai celles qu’il a écrites à la comtesse de Grammont, l’une de ses premières maîtresses, et qui sont certainement tout entières de sa façon.

1214. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — III » pp. 337-355

Saint-Évremont, en regrettant que M. de Rohan n’ait pas pénétré plus avant dans les desseins de César, et mieux expliqué les ressorts de sa conduite, avoue pourtant « qu’il a égalé la pénétration de Machiavel dans les remarques qu’il a faites sur la clémence de César, aux guerres civiles. « On voit, dit-il, que sa propre expérience en ces sortes de guerres lui a fourni beaucoup de lumières pour ces judicieuses observations. » Rohan, dans ce travail sur les guerres des Gaules et sur l’ancienne milice, paraît un homme fort instruit ; il n’y a plus trace de ces premières inadvertances qu’on a tant relevées dans son premier voyage de 1600, lorsqu’il y faisait Cicéron auteur des Pandectes, comme il aurait dit des Tusculanes.

1215. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Œuvres de Frédéric-le-Grand Correspondance avec le prince Henri — I » pp. 356-374

Le prince Henri, avant la fin de cette terrible guerre et à la veille de son plus beau succès, retrouve encore ses susceptibilités extrêmes ; sur une observation que lui fait le roi qu’il occupe trop peu de terrain pour ses approvisionnements, et à la nouvelle qu’on lui dépêche le major d’Anhalt avec des ordres pour parer à certaines résistances de généraux peu dociles, le voilà qui s’émeut plus vivement que jamais et qui propose brusquement sa démission (mars 1762).

1216. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « La Margrave de Bareith Sa correspondance avec Frédéric — II » pp. 414-431

Cela dit, ne confondons point les ordres ; laissons les existences diverses et les personnages du passé dans les cadres naturels que la réalité nous offre et où notre observation les décrit.

1217. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

Elle veut passer de l’observation et de la conversation politique à l’action.

1218. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Œuvres complètes d’Hyppolyte Rigault avec notice de M. Saint-Marc Girardin. »

On peut être critique de bien des sortes : 1° sur des écrivains d’autrefois, sur d’anciens sujets qu’on traite et qu’on rajeunit sans les altérer et sans les fausser ; 2° sur des auteurs modernes et des sujets à l’ordre du jour. 3° On peut être un critique polémique encore, soutenant des luttes, débattant des questions contre des adversaires. 4° On peut être aussi critique dissertateur et moraliste, essayant de tirer de chaque sujet d’observation qui s’offre une moralité pratique, une leçon.

1219. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Madame de Staël. Coppet et Weimar, par l’auteur des Souvenirs de Mme Récamier »

M. de Custine, alors très jeune, mais de l’esprit le plus fin, le plus aiguisé, le plus tourné à l’observation de la société, et dans un premier enthousiasme qui admettait déjà quelque malice, a tracé en huit ou dix pages un portrait vivant.

1220. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe et d’Eckermann (suite) »

Quand j’avais dix-huit ans, l’Allemagne aussi avait ses dix-huit ans, et on pouvait faire quelque chose ; mais maintenant ce que l’on demande est incroyable, et tous les chemins sont barrés. » Il est donné à ceux qui sont venus en troisième ou en quatrième ligne, à des époques encombrées et à des fins d’école, de sentir toute la justesse de cette observation.

1221. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Térence. Son théâtre complet traduit par M. le marquis du Belloy (suite et fin.) »

Mais ce que vous passez de temps à travailler vous-même, si vous l’employiez à surveiller votre monde, vous y gagneriez. » A ces observations hasardées d’un ton de bonté, avec intérêt, Ménédème répond d’abord sèchement : « Chrémès, vos affaires vous laissent-elles donc assez de temps de reste pour vous occuper de celles des autres et de ce qui ne vous regarde en rien ? 

1222. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il n’est pas en représentant ni en délégué ; il lui manque les insignes, le panache et l’écharpe ; il est en bourgeois, la tête couverte d’un chapeau ordinaire et commun, aux larges bords, les bras croisés, les cheveux longs, flottants, avec la queue derrière, dans l’attitude de l’observation sévère, ardente, pénétrante ; le profil est grave, attentif ; l’œil à moitié dans l’ombré lance un regard perçant : tout dans cette physionomie veut dire sévérité, vigilance, fermeté.

1223. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Méditations sur l’essence de la religion chrétienne, par M. Guizot. »

. — Recevez, etc. » À mon tour, je glisserai une légère observation.

1224. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Observations sur l’orthographe française, par M. Ambroise »

Observations sur l’orthographe française, par M. 

1225. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Réception de M. le Cte Alfred de Vigny à l’Académie française. M. Étienne. »

La première formation du parti libéral serait piquante à étudier de près, et, dans ce parti naissant, nul personnage ne prêterait mieux à l’observation que lui.

1226. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre II. Du goût, de l’urbanité des mœurs, et de leur influence littéraire et politique » pp. 414-442

Ils ne réuniraient presque jamais dans les compositions littéraires le naturel des observations avec la noblesse des sentiments ; loin de s’aider de leurs souvenirs, ils auraient besoin de les écarter : à peine le recueillement de l’âme pourrait-il encore donner quelquefois l’idée du vrai tableau.

1227. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre VI. De la philosophie » pp. 513-542

La philosophie, dans ses observations, reconnaît des causes premières, des forces préexistantes.

1228. (1870) De l’intelligence. Première partie : Les éléments de la connaissance « Livre premier. Les signes — Chapitre II. Des idées générales et de la substitution simple » pp. 33-54

. — Cette mimique est le langage naturel, et, si vous avez quelque habitude de l’observation intérieure, vous devinez à quel état intérieur elle correspond.

1229. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre II. Les formes d’art — Chapitre IV. Le roman »

De là la médiocre profondeur de son observation psychologique : le réaliste qui s’attache à garder aux choses extérieures tous les accidents de leur individualité, est forcé de se tenir aux vérités moyennes de la vie de l’âme.

1230. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre III. Le naturalisme, 1850-1890 — Chapitre VI. Science, histoire, mémoires »

Les écrivains qui se sont senti le don de l’observation morale ont émigré en masse vers le roman et le théâtre, pour mettre en action et en drame leur expérience.

1231. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Pierre Loti »

Chétive et misérable vie, en effet, que celle du scribe occupé dans son coin à polir ses phrases et à noter ses petites observations sur un tout petit groupe humain, quand le monde est si vaste et l’humanité si variée !

1232. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre dixième »

On reconnaît là son point faible : trop de confiance dans la vue de l’esprit, et l’observation négligée comme le petit côté du naturaliste.

1233. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre V. La littérature et le milieu terrestre et cosmique » pp. 139-154

Il faut une longue série d’observations prudentes et méthodiques pour déterminer les effets multiples et infiniment variés que tel ou tel aspect de la nature produit sur les imaginations, que telles ou telles conditions atmosphériques exercent sur les différents tempéraments.

1234. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Bain — Chapitre III : Les Émotions »

Nous avons bien pour nos poids et mesures un étalon indépendant auquel on peut les comparer ; pour régler nos montres nous avons nos observations astronomiques, et c’est l’Observatoire de Greenwich qui est notre régulateur ; mais, en morale, il n’y a pas de critérium réel de cette espèce.

1235. (1886) De la littérature comparée

Posnett part de cette observation de Karl Otfried Müller, que les trois degrés du développement politique des Grecs se trouvent en quelque sorte reflétés dans leur littérature : la période épique correspondant à la période monarchique, la poésie lyrique aux temps les plus agités et au progrès du gouvernement républicain, le drame à l’hégémonie d’Athènes et à la période de liberté.

1236. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Des lectures publiques du soir, de ce qu’elles sont et de ce qu’elles pourraient être. » pp. 275-293

Une lecture bien faite porte son commentaire avec soi. » Cette dernière observation est vraie, moyennant quelque amendement toutefois.

1237. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Pline le Naturaliste. Histoire naturelle, traduite par M. E. Littré. » pp. 44-62

» C’était pour ajouter une observation de plus à son grand ouvrage, qu’étant à Misène à la tête de la flotte, au moment où l’éruption du Vésuve se déclara, Pline alla droit au péril, pour y saisir de plus près ce mystère des causes dont il était si curieux.

1238. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Le Palais Mazarin, par M. le comte de Laborde, de l’Institut. » pp. 247-265

Là, sans quitter le théâtre, il rapporte ses observations, toujours fines et quelquefois profondes.

1239. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Portalis. Discours et rapports sur le Code civil, — sur le Concordat de 1801, — publiés par son petit-fils — I. » pp. 441-459

Portalis faisait de cette affreuse époque de la veille un tableau vrai, avec des traits tirés de Tacite ; il ajoutait avec une observation fine qui n’était qu’à lui : On poursuivait les talents, on redoutait la science, on bannissait les arts ; la fortune, l’éducation, les qualités aimables, les manières douces, un tour heureux de physionomie, les grâces du corps, la culture de l’esprit, tous les dons de la nature, étaient autant de causes infaillibles de proscription… Par un genre d’hypocrisie inconnu jusqu’à nos jours, des hommes qui n’étaient pas vicieux se croyaient obligés de le paraître… On craignait même d’être soi ; on changeait de nom ; on se déguisait sous des costumes grossiers et dégoûtants ; chacun redoutait de se ressembler à lui-même.

1240. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « De la retraite de MM. Villemain et Cousin. » pp. 146-164

Quant à ce qui ressort de tout le morceau, que « les lettres, c’est l’esprit, humain lui-même » ; que « l’étude des lettres, c’est l’éducation de l’âme », qu’il me soit cependant permis de faire à ce sujet aussi mon petit discours, non pas napoléonien, mais d’humble bon sens et d’observation un peu sévère.

1241. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « La reine Marguerite. Ses mémoires et ses lettres. » pp. 182-200

On a cité d’elle un mot d’observation pratique, qui nous dit mieux le secret de sa vie : « Voulez-vous cesser d’aimer ?

1242. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « L’abbé Gerbet. » pp. 378-396

Dans ces volumes de l’abbé Gerbet, les introductions, les dissertations sur la symbolique chrétienne et sur l’histoire de l’Église, conduisent à des observations pleines de grâce ou de grandeur, à de beaux et touchants tableaux.

1243. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Regnard. » pp. 1-19

Il s’en revient en France après deux années d’absence environ, riche d’observations et mûr.

1244. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Les observations de détail ne nous manqueraient pas si nous voulions nous y livrer.

1245. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Michelet »

Imagination qui va, les ailes ouvertes et avec des frémissements presque fous, à toutes choses, même aux vilaines, et quelquefois de préférence à celles-là, enfant terrible qui remue tout avec le bout de sa bûchette, — le fond du ruisseau qui était pur et le bord qui ne l’était pas, — Michelet a écrit, comme on le sait, l’Oiseau et l’Insecte, deux livres à la Bernardin de Saint-Pierre, d’une observation assez innocente.

1246. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — La banqueroute du préraphaélisme »

Cette fidèle observation des couleurs réelles de la nature l’a conduit à les traduire sur la toile dans leur authentique et intégrale valeur, à les prendre pour ce qu’elles sont.‌

1247. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

Les dogmes abstraits acquis par la science se changeaient ainsi en émotions personnelles et en espérances journalières ; dans une observation de psychologie, dans une classification de logique, il apercevait contenus sa conduite et son bonheur. 

1248. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XIV : De la méthode (Suite) »

Nous avons ainsi transformé la multitude disséminée des faits en une hiérarchie de propositions, dont la première, créatrice universelle, engendre un groupe de propositions subordonnées, qui, à leur tour, produisent chacune un nouveau groupe, et ainsi de suite, jusqu’à ce qu’apparaissent les détails multipliés et les faits particuliers de l’observation sensible, comme on voit dans un jet d’eau la gerbe du sommet s’étaler sur le premier plateau, tomber sur les assises par des flots chaque fois plus nombreux, et descendre d’étage en étage, jusqu’à ce qu’enfin ses eaux s’amassent dans le dernier bassin, où nos doigts les touchent.

1249. (1925) Les écrivains. Première série (1884-1894)

Les Nuits d’hiver sont une série de nouvelles, à la manière de Tourgueneff, très pittoresques, très dramatiques, et toutes pleines d’observations sincères, curieuses, de vues modernes, avec un tour hardi de pensée. […] En vous écoutant, j’admirais l’énorme somme de vos connaissances, l’infinie diversité de vos observations, l’abondance, l’éclat, la hardiesse, de vos idées, et ce prodigieux labeur que vous aviez imposé à votre frêle et délicate jeunesse. […] Émile Hennequin meurt sans laisser l’œuvre magistrale et définitive qu’il rêvait, et pour l’accomplissement de laquelle, chaque jour, avec fièvre, avec passion, il amassait des matériaux, prodiges d’investigation scientifique, d’observation humaine et de sensations esthétiques. […] Étant pauvre, il avait accepté cette situation avec joie, car elle le faisait vivre, lui et sa famille ; et puis, il y trouvait, au milieu des dépêches et des renseignements de toute nature, une mine d’observations sur les hommes et sur les faits pour l’œuvre à laquelle il allait vouer sa vie. […] *** Je me rappelais ces paroles en lisant, l’autre jour, dans un journal la phrase que voici : « La politique est un art d’expérience et d’observation, appliqué à créer, pour les hommes, la plus grande source de bonheur possible ».

1250. (1903) Légendes du Moyen Âge pp. -291

Toutes ces observations doivent être justes, comme celles que l’on peut encore vérifier ; mais elles ne concordent plus avec l’état actuel des lieux. […] Il a, seul, pénétré une première fois dans la « chambre » où Antoine de la Sale s’était jadis arrêté ; enfin, reprenant l’ascension d’un autre côté et dans des conditions plus favorables, il a pu faire des observations de tout genre, dont je ne donnerai qu’un bref résumé, et il a ainsi posé les jalons d’une investigation plus complète, qui, je l’espère bien, sera un jour reprise et menée à bonne fin. […] Antoine de la Sale préludait par là, je l’ai dit, à ces narrations qui devaient faire sa gloire ; celles-là n’ont plus rien de fantastique, et il y a porté à sa perfection le don d’observation fidèle et minutieuse qu’il manifestait déjà dans l’agréable récit de sa visite à la montagne sibylline. […] Il ne mourra pas jusqu’au jour du Jugement. » Ces deux textes (qu’on peut lire l’un et l’autre dans Graesse, p. 122 ss.) donnent lieu à plusieurs observations. […] En général, la langue de notre lai est très correcte, et par là même donne lieu à peu d’observations ; elle ne présente pas non plus à la lecture de difficultés sérieuses.

1251. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Jean-Jacques Ampère »

Le Voyage dantesque, c’est-à-dire le pèlerinage à tous les lieux consacrés par les vers du poète florentin, la Poésie grecque en Grèce, et une Course dans l’Asie Mineure, qui n’en est qu’un chapitre détaché, sont des essais d’un genre composite, un mélange de réalité, de souvenirs, de lectures et d’observations, le tout vivement présenté et des mieux assortis. […] On le ramena bien faible encore à Marseille ; mais au milieu même de ses dangers et de son épuisement sa noble fièvre morale ne le quitta pas un instant, et il ne songeait qu’à ne pas laisser perdre les trésors de connaissances et d’observations qu’il venait de conquérir. […] Les observations de Diez sur la permutation des lettres ne sont pas du tout vaines, et Ampère avait raison d’entrer à sa suite dans cette voie.

1252. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Nieuwerkerke lui fit l’observation que cette représentation était d’un goût médiocre, et à la barricade, lui donna l’idée de substituer le Retour des Cendres de l’Empereur. […] * * * — La maladie sensibilise l’homme pour l’observation, comme une plaque de photographie. […] C’est un tas d’observations, une suite de coupures dans le vif de votre phrase, de votre idée : c’est énervant à la longue comme une amputation faite à coups de canif.

1253. (1880) Goethe et Diderot « Diderot »

Issue de l’observation baconienne et devenue la philosophie du xviiie  siècle, cette philosophie a été jugée, non seulement par nous et par ceux qui, comme nous, hommes de religion révélée, ne croient point à cette chimère de philosophie, à ce serpent qui se mord la queue sans pouvoir l’avaler jamais, mais elle l’a été par la philosophie même du xixe  siècle, aussi insolente pour le xviiie  siècle que le xviie l’avait été pour le xviie , malgré les grands noms de Malebranche et de Descartes. […] Ce n’est qu’un livre à bâtons rompus sur la nature, sans composition, sans enchaînement, sans déduction, et, quoique l’auteur y parle beaucoup de l’observation baconienne, d’un dogmatisme sans réalité. […] C’est à partir de cette époque qu’il a décrit le cintre immense qui part de Bernardin de Saint-Pierre, Chateaubriand et madame de Staël, pour aboutir à Balzac et à Stendhal… Les écrivains du xviiie  siècle étaient trop animés et trop esclaves des passions de leur temps pour avoir l’impartialité de l’observation et la profondeur dans l’étude de la nature humaine, ces deux conditions nécessaires à ce genre de composition.

1254. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Après quoi, il ne sera pas inutile de faire une observation pour quelques personnes dont les infortunes de Mme Guyon risqueraient d’émouvoir trop vivement la sensibilité. […] Limitons toutefois dès à présent le sens et la portée de notre observation. […] L’observation est juste : je demande seulement si c’en est le lieu, dans la chaire chrétienne, et si c’en est le temps un mercredi des Cendres ? […] Marivaux est, dans l’histoire de notre théâtre, — à quelque distance de Racine, — l’écrivain dont l’observation féminine a eu le plus d’étendue. […] Il n’est pas douteux, à vrai dire, que sa pénétration soit vive et son observation souvent profonde.

1255. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Benjamin Constant et madame de Charrière »

On lit dans une lettre de Mme de Charrière d’une date postérieure quelques détails singuliers sur cette composition primitive : « Après mon retour de Paris, dit-elle, fâchée contre la princesse d’Orange, j’écrivis la première feuille des Observations et Conjectures politiques, puis vinrent les autres ; j’exigeais de l’imprimeur qu’il les envoyât, l’une après l’autre, à mesure qu’il les imprimait, à M. de Salgas, à M.  […] Gaullieur, ils s’adressaient des messages dans lesquels ils échangeaient leurs observations de chaque heure, et continuaient sans trêve leurs conversations à peine interrompues. […] Dans six mois il ne sera plus temps, au lieu qu’à présent mes observations pourraient faire quelque sensation. […] On trouve dans quelques catalogues du temps ces Observations attribuées à Mirabeau, Avis à M. 

1256. (1890) Les princes de la jeune critique pp. -299

N’était-ce pas hier que je lisais les lignes suivantes : « Les romanciers modernes se sont découvert un riche, un inépuisable domaine d’observation, lorsqu’ils se sont avisés qu’il existe une sensibilité particulière à chaque métier. […] Il a de naissance, autant qu’on peut le présumer, ce goût et cette aptitude pour l’observation interne ; toutefois il n’a pas négligé de les fortifier par l’étude ; il a suivi la pente de sa nature. […] Alexandre Dumas fils : « Je cherchai le point sur lequel la faculté d’observation dont je me sentais ou me croyais doué pouvait se porter avec le plus de fruit, non seulement pour moi, mais pour les autres. […] Il dira joliment de Rivarol, cet homme d’esprit qui gaspilla en menue monnaie des trésors d’observation et de finesse, qu’il s’amusait à faire des ricochets avec des louis d’or. […] Bourget conservait de l’école naturaliste la méthode scientifique, le souci de l’observation exacte, l’emploi de l’analyse, la conception réaliste et pessimiste de l’univers ; mais en même temps il réagissait contre elle en spiritualisant l’art autant qu’elle l’avait matérialisé ; il le ramenait à la délicatesse, aux effets de demi-teinte, à l’étude des mœurs élégantes et des sentiments tendres ou raffinés ; au naturalisme de la chair il opposait, si l’on peut ainsi parler, le naturalisme de l’âme.

1257. (1891) Esquisses contemporaines

Une science consacrée toute à l’observation des phénomènes extérieurs, exclusivement attachée aux faits matériels, ne saurait engendrer d’autre poésie que celle, monotone et fatale, qui se déploie dans quelques-uns de nos romans. […] L’esprit se perd dans l’observation de ses surfaces, de ses mouvements et de ses lois. […] La source de l’autorité, qui hier résidait dans un postulat rationnel à priorique, réside aujourd’hui dans l’observation et l’expérience objective. […] Le doute s’établit à l’égard des réalités spirituelles parce que l’observation sensible prend le pas sur l’observation intérieure ; l’unité dans la théorie devient plus pressante que l’unité dans l’être intime parce que l’esprit se détourne de l’esprit, accorde une place trop grande à la contemplation objective et se prend à chercher dans l’univers le secret de l’univers. […] Aucune synthèse ne saurait s’appuyer sur l’exclusive observation des phénomènes.

1258. (1888) Impressions de théâtre. Deuxième série

Une ironie presque insensible, comme extérieure à l’œuvre, et qui ne coûte rien à la vérité des parties d’observation, arrive à fondre tout cela dans une harmonieuse unité. […] Joignez qu’il est brave : il y a bien quelque crânerie dans le détachement et dans le sang-froid avec lesquels il se livre à son exercice favori d’analyse et d’observation, une heure avant le terrible duel. […] l’esprit critique, l’habitude de l’observation et du dédoublement de soi, loin d’étouffer la passion, peut la rendre à la fois plus délicate, plus caressante et plus ardente. […] Il faut admirer ici une vérité et une profondeur d’observation dont Victor Hugo n’était pas coutumier. […] est encore une chanson proprement parisienne, et d’un comique un peu supérieur, où entre un grain d’observation.

1259. (1864) Physiologie des écrivains et des artistes ou Essai de critique naturelle

Or, l’autre, vous m’entendez bien, alors qu’il s’agit de ces astres que nous appelons les grands génies, c’est l’observation psychologique, morale, spiritualiste : rappelons-le à ceux qui pourraient l’oublier, ou croire que nous l’oublions. […] On pourrait faire et on a fait, je crois, quelque observation analogue sur Benjamin Constant et sur Chateaubriand. […] En effet, les romans de Mme de La Fayette, de Mme de Staël et de George Sand fourniraient de nombreux exemples à l’appui de cette observation. […] Déjà, la Bourguignonne Mme de Sévigné, et le Bordelais Montesquieu, nous ont donné occasion de vérifier, par leur exemple, la justesse de cette observation. […]   Qu’on ne dise pas que ces observations, dont j’essaye de donner un spécimen, sont minutieuses, microscopiques.

1260. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

En adhérant à la conclusion si nettement exposée par ces maîtres, je ne fais, moi non plus, que résumer ma propre observation de la vie individuelle et sociale. […] Il y a là de quoi fournir des épigraphes à cinquante traités de politique civile et religieuse, un foisonnement de paradoxes, de rêveries, d’observations fines, d’utopies. […] Sans doute, la parfaite exactitude d’observation s’y trouve ; mais ce qui donne à ces livres leur saveur de vie profonde, c’est qu’une âme d’homme y apparaît, meurtrie et nostalgique, tourmentée et vaincue, inassouvie et violente. […] Au lyrisme fougueux succède l’observation implacable, et la prose précise de Voltaire recommence d’être en vogue. […] Je dresserai par voie d’observation une liste des petits faits qui constituent cet écrivain ou ce général.

1261. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Bourdaloue. — II. (Fin.) » pp. 281-300

Il y a dans ces pages une sorte d’essai sur l’amitié humaine considérée dans les amitiés prétendues solides, et dans les amitiés sensibles et prétendues innocentes, qui nous présente un Bourdaloue plus familier et tel qu’il pouvait être dans la direction particulière des âmes : on trouve dans ce qu’il dit de la dernière espèce d’amitié entre les personnes de différent sexe bien de l’observation et même de la délicatesse ; j’y renvoie ceux de mes lecteurs qu’un essai de Nicole n’ennuie pas.

1262. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « M. de Stendhal. Ses Œuvres complètes. — II. (Fin.) » pp. 322-341

Parfaitement honnête homme et homme d’honneur dans son procédé et ses actions, il n’avait pas, en écrivant, la même mesure morale que nous ; il voyait de l’hypocrisie là où il n’y a qu’un sentiment de convenance légitime et une observation de la nature raisonnable et honnête, telle que nous la voulons retrouver même à travers les passions.

1263. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Honnête homme, il a, à certains égards, les mœurs de son temps ; et ce n’est pas de ce qu’il a fait à la rencontre que je m’étonne : ce qui me passe un peu, c’est qu’il ait songé par endroits à l’écrire, à le consigner exactement dans ses cahiers d’observations et de remarques : il n’a pas la pudeur ; il parle de certains actes comme un pur physiologiste, notant, sans d’ailleurs y prendre plaisir, le cas qui lui paraît rare et la singularité.

1264. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

La correspondance entre Vauvenargues et Mirabeau, dans sa nouveauté d’aujourd’hui, est donc une intéressante lecture, profitable et pleine de sens ; elle agite beaucoup d’idées, provoque bien des observations contraires, pose au naturel les deux personnages, ajoute à notre bonne opinion de l’un, et ne laisse pas du tout une mauvaise opinion de l’autre.

1265. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Histoire de Louvois et de son administration politique et militaire, par M. Camille Rousset, professeur d’histoire au lycée Bonaparte. (Suite et fin) »

Assez d’autres princes, selon l’observation de Chateaubriand, ont eu des vices dont rougit la nature humaine, de ces vices honteux et caverneux qui se cachent : Louis XIV a eu ses défauts, ses faiblesses de volupté et d’orgueil, sans, en rien dérober et en plein soleil.

1266. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Ducis épistolaire. »

Né à Versailles, dont il est resté le poète chéri, où il a vécu tant d’années et où il est mort69, fils d’un père savoisien et patriarcal, de qui il a prétendu tenir toute sa poétique, bien différente, dit-il, de celle des Marmontel et des La Harpe, et d’une mère, bonne femme humble et antique ; d’abord secrétaire de maréchaux et de généraux, il fit la guerre et la vit de près, sans en tirer grand profit pour son observation de poète : « Ducis a fait la guerre de Sept-Ans avec nous, dit le prince de Ligne.

1267. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « Le père Lacordaire. Les quatre moments religieux au XIXe siècle, (suite et fin.) »

D’autres enfin, qui n’ont rien trahi parce qu’ils n’avaient rien promis, parce que leurs paroles n’excédaient pas leur pensée et que les réserves y étaient toujours présentes, et qui ne prétendirent guère jamais voir dans ces combinaisons réputées divines que les plus belles des espérances humaines, ont passé graduellement à l’observation, à la science, n’espérant plus que de là, tout bien considéré, la réalisation, bien lente et bien incomplète toujours, de ce qui doit affranchir notre espèce de ses lourds et derniers servages.

1268. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Œuvres complètes de Molière »

Puis, quel vaste champ s’était ouvert à son observation, et quel trésor d’impressions et d’images il en devait rapporter !

1269. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « M. Émile de Girardin. »

Il s’y détache comme des profils nettement tranchés, celui de l’homme de guerre, par exemple, tel qu’il apparaissait à nu et se dessinait au lendemain du premier Empire : « L’homme qui a toujours vécu dans les camps réduit toutes les questions de morale au mot d’honneur, tous les devoirs à l’observation de la discipline, et la vertu à la bravoure.

1270. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Le mariage du duc Pompée : par M. le comte d’Alton-Shée »

Au milieu des vérités d’observation et d’expérience dont cette pièce est semée et qui sont exprimées d’une touche ferme et sans prétention, il y a donc, contrairement à plus d’un exemple à la mode, une veine de sentiment et de bonne nature ; il s’y rencontre à tout instant, à travers les faiblesses, de bonnes fibres en jeu.

1271. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Mémoires de madame Roland »

L’observation est applicable à plus d’une de ces femmes distinguées qui se sont faites elles-mêmes, qui ont tout appris toutes seules, et qui ont eu à se travailler dès l’enfance.

1272. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite.) »

Le roi est pour moi d’une attention de mère… » C’est d’elle, c’est de cet enfant son premier-né, que quelques années après, Marie-Antoinette, dont on a déjà vu la justesse de coup d’œil en ce genre d’observations familières, écrivait (25 décembre 1784) : « Ma fille qui a six ans fait beaucoup de progrès ; elle a le caractère un peu difficile et d’une fierté excessive ; elle sent trop qu’elle a du sang de Marie-Thérèse et de Louis le Grand dans les veines ; il faut qu’elle s’en souvienne pour être digne de son sang, mais la douceur est une qualité aussi nécessaire et aussi puissante que la dignité, et une nature orgueilleuse éloigne les affections… » On sent dans ce peu de lignes le trait de nature et la ligne primitive qui fera de la plus vertueuse et de la plus respectable des princesses une personne moins aimable qu’on n’aurait voulu.

1273. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette (suite et fin.) »

Comme simple lecteur, je ne puis m’empêcher de faire une observation : Marie-Antoinette parle d’une personne sûre et bien posée ; cette dernière locution m’étonne un peu au xviiie  siècle.

1274. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Mlle Eugénie de Guérin et madame de Gasparin, (Suite et fin.) »

Sur la montagne, la verdoyante ramée des hêtres triomphait si bien du feuillage noir des sapins, elle s’étendait si lustrée, si criante, elle montait si vaillamment jusqu’à la région des pâturages, et ceux-ci commençaient à verdoyer si ferme, qu’à part la coupole de neige qui couvrait le fin sommet, on ne voyait que ce vert terrible qui semblait refouler la pensée en soi-même. » En allant chez la vieille, il y a un endroit plus élevé, un col à passer, et, si l’on s’y arrête pour jouir du spectacle, on voit en bas cette vallée se déroulant au plus loin dans sa moire verte et « d’un vert criard », mais de l’autre côté, du côté du village, au-dessus et par-delà, on voit la montagne et ses dernières pentes, mouchetées de sapins, semées de hêtres et offrant aussi des places plus riantes, car la saison y est retardée, et quand le vallon est en mai, on n’est là-haut qu’en avril : « Les vergers croissaient parmi, et comme j’avais monté pour arriver au col, je retrouvais fleuris les arbres qui, dans le vallon, avaient passé fleur. » Voilà des expressions charmantes et neuves, nées de l’observation même.

1275. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Histoire de la Grèce, par M. Grote »

Le génie d’Homère n’est donc pas si morcelé et si épars qu’on l’a dit : c’est un esprit poétique, vaste et exubérant sans doute, mais propre aussi à organiser, et conservant encore, à ce second moment, cette fraîcheur d’observation et cette vivacité de détail qui constitue le charme de la ballade, de la saga, de l’épos primitif.

1276. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Les fondateurs de l’astronomie moderne, par M. Joseph Bertrand de l’académie des sciences. »

Flammarion y fait appel ; il est orateur à propos des astres ; il prodigue les professions de foi ; il parle de nobles croyances, comme si la noblesse était de quelque chose dans les inductions de la science sévère et dans la calme observation de la nature.

1277. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Saint-Simon considéré comme historien de Louis XIV, par M. A. Chéruel »

Chéruel sur presque tous les points, lorsqu’on a reconnu la justesse de la plupart de ses observations, pourtant rien n’est changé au mérite de Saint-Simon ; il reste ce qu’il est, Saint-Simon après comme devant, le plus prodigieux des peintres de portraits et le roi de toute galerie historique.

1278. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée par le chevalier d’Arneth »

Le portrait est juste ; il n’a rien de satirique ; il est impartial ; deux ou trois petits mots semblent y déceler une plume étrangère, quoique tout y soit, d’ailleurs, d’une observation bien française.

1279. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « Idées et sensations : par MM. Edmond et Jules de Goncourt. »

Hommes d’observation, de sincérité et de hardiesse, ils se sont fait une doctrine à leur usage : ils se sont dit de ne pas répéter ce qui a été dit et fait par d’autres ; ils vont au vif dans leurs tableaux, ils pénètrent jusqu’au fond et aux bas-fonds ; ils veulent noter la réalité jusqu’à un degré où on ne l’avait pas fait encore ; ils tiennent, par exemple, à copier et à reproduire la conversation du jour et du moment, les manières de dire et de parler si différentes de la façon d’écrire, et que les auteurs, d’ordinaire, ne traduisent jamais qu’incomplètement, artificiellement ; ils ne reculent pas au besoin devant la bassesse des mots, fussent-ils dans une jolie bouche et du jargon tout pur, confinant à l’argot ; ils imitent, sans rien effacer, sans faire grâce de rien ; ils haïssent la convention avant tout ; pas d’école : « Aussitôt qu’il y a l’école de quelque chose, ce quelque chose n’est plus vivant. » Ils haïssent la fausse image et le ponsif du beau : « Il y a un beau, disent-ils, un beau ennuyeux, qui ressemble à un pensum du beau. » Très-bien : Je les comprends, je les approuve, je les suis volontiers, ou à très-peu près, jusque-là.

1280. (1868) Nouveaux lundis. Tome X « La comédie de J. de La Bruyère : par M. Édouard Fournier. »

Chatel lorsqu’il dit : « Le séjour de La Bruyère en Normandie dut être de bien courte durée, et pourtant il lui parut assez long pour exciter sa mauvaise humeur, au point de le faire manquer à la politesse et au bon goût, lui qui avait, avec un vif sentiment des convenances, le secret de ces deux qualités essentielles à l’homme de lettres : « La ville dégoûte de la province », écrit-il… « Les provinciaux et les sots sont toujours prêts « à se fâcher. » La Bruyère était dans son droit quand il faisait ses observations de moraliste, et c’est vraiment trop de susceptibilité que de venir défendre la province, uniquement parce que soi-même on l’habite.

1281. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE SÉVIGNÉ » pp. 2-21

Une seule observation générale nous suffira : c’est qu’on peut rattacher les grands et beaux styles du siècle de Louis XIV à deux procédés différents, à deux manières opposées.

1282. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre premier. La structure de la société. — Chapitre II. Les privilèges. »

. — Turgot (collection des économistes), Réponse aux observations du garde des sceaux sur la suppression des corvées, I, 559.

1283. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre II. Littérature dramatique — Chapitre I. Le théâtre avant le quinzième siècle »

Vous aurez une idée légère de l’inénarrable pièce où Adam le Bossu a jeté tout à la fois ses rancunes et ses observations, toute son individualité, et la vie de cette ardente commune picarde, et jusqu’aux superstitions légendaires qui, à côté de la religion, maintenaient une idée du surnaturel dans ces natures matérielles : outre le dessin de l’œuvre, outre la verve des scènes populaires, il y a des coins de vraie poésie, tendre ou fantaisiste, où l’on n’accède parfois qu’à travers d’étranges et plus que grossières trivialités.

1284. (1895) Histoire de la littérature française « Sixième partie. Époque contemporaine — Livre II. L’époque romantique — Chapitre IV. L’Histoire »

et comme il apparaît que cet éperdu visionnaire avait le sens de l’observation, le discernement instantané des réalités suggestives !

1285. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Henry Rabusson »

L’écrivain — j’entends celui qui par vocation observe les hommes et transcrit ses observations — peut se jouer à lui-même la comédie de la passion.

1286. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série « Alphonse Daudet, l’Immortel. »

Alphonse Daudet n’a rien fait de plus brillant, de plus crépitant ni de plus amusant ; rien où l’observation des choses extérieures soit plus aiguë ni l’expression plus constamment inventée ; rien où il ait mieux réussi à mettre sa vision, ses nerfs, son inquiétude, son ironie… Un livre comme celui-là, c’est de la sensibilité accumulée et condensée, une bouteille de Leyde littéraire.

1287. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre V »

L’observation, absente de l’ensemble, se disperse dans l’étincellement des détails.

1288. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Discours sur l’histoire de la révolution d’Angleterre, par M. Guizot (1850) » pp. 311-331

Daunou seul lui fit quelques observations judicieuses, mais timides.

1289. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Les Confessions de J.-J. Rousseau. (Bibliothèque Charpentier.) » pp. 78-97

Et il continue, avec ce sentiment de bonhomie, d’observation et de vérité naïve, à développer un tableau où tout est parfait, où tout enchante, et où il n’y a que le nom de Maman appliqué à Mme de Warens qui froisse moralement et qui fasse peine.

1290. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « La Harpe. » pp. 103-122

Le gouvernement, afin d’éviter les querelles indécentes, avait désiré que les journaux gardassent le silence sur Voltaire, lorsque, cinq semaines environ après sa mort, La Harpe, rendant compte dans le Mercure (5 juillet 1778) des pièces que venait de jouer la Comédie-Française, Tancrède et Bajazet, se permit quelques observations sur cette dernière tragédie, regardée généralement, disait-il, comme l’une des plus faibles de Racine.

1291. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « De la poésie et des poètes en 1852. » pp. 380-400

Malgré de jolis vers et des traits fins d’observation, on se demande où est le charme, l’entraînement, le courant du moins, la veine sinon la verve, quelque chose qui porte, qui prenne et qu’on retienne.

1292. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Le duc d’Antin ou le parfait courtisan. » pp. 479-498

On a raconté aussi que plus tard, dans un séjour de Louis XIV à Fontainebleau, le roi ayant blâmé un bois qui masquait la vue, la même scène se renouvela avec quelque variante : peu de jours après l’observation du roi, d’Antin, alors directeur des Bâtiments, avait préparé avec art son coup de théâtre : il avait fait scier tous les arbres près de la racine ; des cordes étaient attachées aux troncs, et toute une armée de bûcherons invisibles attendait en silence.

1293. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Armand Carrel. — I. » pp. 84-104

Mais il y a un autre point de vue, plus vrai, plus naturel et plus humain, qui, tout en laissant subsister les parties supérieures et de première trempe, permet de voir les défauts, d’entrevoir les motifs, de noter les altérations, et qui, sans rien violer du respect qu’on doit à une noble mémoire, restitue à l’observation morale tous ses droits.

1294. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Boileau. » pp. 494-513

. ; Les Embarras de Paris), par celles qui suivirent immédiatement : Muse, changeons de style (1663), et la Satire dédiée à Molière (1664), Boileau se montrait un versificateur déjà habile, exact et scrupuleux entre tous ceux du jour, très préoccupé d’exprimer élégamment certains détails particuliers de citadin et de rimeur, n’abordant l’homme et la vie ni par le côté de la sensibilité comme Racine et comme La Fontaine, ni par le côté de l’observation moralement railleuse et philosophique comme La Fontaine encore et Molière, mais par un aspect moins étendu, moins fertile, pourtant agréable déjà et piquant.

1295. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — II. (Fin.) » pp. 246-265

Dans ses peintures morales, et dans l’examen des conditions qu’il exige des hommes appelés à être des conseillers politiques, il avait certainement en vue tel ou tel de ceux qu’il avait connus ; mais ses observations sont si justes et si fortes que, rien qu’à les transcrire ici, il semble encore aujourd’hui qu’on puisse mettre des noms propres au bas des qualités et des défauts : Les plus grands esprits, dit Richelieu, sont plus dangereux qu’utiles au maniement des affaires ; s’ils n’ont beaucoup plus de plomb que de vif-argent, ils ne valent rien pour l’État.

1296. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome premier — Livre deuxième. L’émotion, dans son rapport à l’appétit et au mouvement — Chapitre deuxième. Rapports du plaisir et de la douleur à la représentation et à l’appétition »

Quand, par l’effet de l’association et de l’hérédité, le travail de comparaison et de classification qu’enveloppe la perception est devenu inhérent au mécanisme des organes, alors les plaisirs élémentaires disparaissent entièrement du champ de l’observation : il n’en reste que les lignes et silhouettes, comme dans un dessin délicat.

1297. (1899) Esthétique de la langue française « Le vers libre  »

Même observation pour : Des torses de vaincus, fixés avec des chaînes au socle de la statue pyramidale.

1298. (1889) Émile Augier (dossier nécrologique du Gaulois) pp. 1-2

La nouvelle formule grandissait avec lui : l’observation exacte, la vie réelle mise à la scène, la peinture de notre société, en une langue sobre et correcte.

1299. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre III. Personnages merveilleux des contes indigènes »

Même observation pour la Mort dans le conte agni de Delafosse (op. cit.

1300. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre V. Séductions pour la compréhension de la psychologie indigène. — Conclusion »

Son bon sens et son esprit d’observation lui ont démontré que si l’union fait la force, elle fait la force surtout du plus roublard des membres de l’association.

1301. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Xavier Aubryet » pp. 117-145

Ce serait là plutôt une œuvre de moraliste, qui veut donner envie de la vertu en la peignant charmante, qu’une œuvre d’observation et de réalité ressouvenue.

1302. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Prosper Mérimée »

Mais tel qu’il était, — les chats observent, ce sont des animaux d’affût, — il pouvait observer et minuter ses observations.

1303. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « J. de Maistre » pp. 81-108

Étudier le génie dans son œuf est une volupté d’observation que ce volume ne manquera pas de donner à ceux qui sont capables de la sentir.

1304. (1906) Les œuvres et les hommes. Poésie et poètes. XXIII « Charles Baudelaire  »

Toute cette observation minutieuse d’états pathologiques misérables, dans lesquels l’homme a perdu l’équilibre et la possession de soi-même et n’a trouvé jamais que le bonheur sot de la sensation, est revêtu de l’expression qui ferait tout lire et presque tout pardonner.

1305. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « Brizeux. Œuvres Complètes »

On y retrouve au moins l’observation du détail simple, ingénu, domestique, et cette couleur locale, déjà vue et goûtée dans Marie, mais que dans Marie elle-même on voudrait plus profonde ; car nous sommes en Bretagne, et la Bretagne est un pays de clair-obscur.

1306. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Première série

Je ne vois pas comment et par où l’observation du « milieu intérieur » est d’un ordre plus élevé que l’étude des effets du dehors sur ce milieu. […] Mais c’est aussi, nous l’avons vu, un certain optimisme, la sympathie pour l’homme, exprimée directement, l’observation du « milieu intérieur » et, sous les déguisements de la mode, de l’éternel fond moral de l’humanité. […] Zola que bien des choses dans le romantisme ont vieilli et paraissent ridicules ; que les œuvres qui nous intéressent le plus aujourd’hui sont celles qui partent de l’observation des hommes tels qu’ils sont, traînant un corps, vivant dans des conditions et dans un « milieu » dont ils subissent l’influence. […] Zola ; que c’est l’auteur du Nabab qui part de l’observation de la réalité et qui est comme possédé par elle, tandis que l’auteur de l’Assommoir ne la consulte que lorsque son siège est fait, et sommairement et avec des idées préconçues. […] Ainsi, au vieux et éternel fonds de gauloiserie on voit combien se sont ajoutés d’éléments nouveaux : l’observation de la réalité, et plus volontiers de la réalité plate ou violente ; au lieu de l’ancienne gaillardise, une sensualité profonde, élargie par le sentiment de la nature, mêlée souvent de tristesse et de poésie.

1307. (1923) Nouvelles études et autres figures

Lorsqu’il a pris dans les légendes communes de l’humanité le mythe des âges, il y a mêlé un élément nouveau et disparate, le principe du progrès. » L’observation est juste pour le Grec en général ; elle ne me persuade pas pour Hésiode. […] C’était un assemblage de toits inégaux, de frontons, de pavillons avec ou sans belvédère ; et il y avait même une plate-forme pour observations astronomiques qu’on nommait la Guérite. […] Laissons de côté Les Maîtres d’autrefois, où il a enfermé « trente années de méditations et d’études, de rêveries et d’observations ». […] Enfin, bien qu’il se défende de faire de l’ethnographie, le Sahel abonde en fines observations sur les hommes, sur les différentes races, sur les Arabes, sur les Maures. […] Il importe peu qu’il n’en tire ni ses décors ni ses personnages : la seule chose qui compte est d’avoir pu multiplier sous différents éclairages ses observations de la nature humaine.

1308. (1913) Les livres du Temps. Première série pp. -406

Cette observation d’une ironie facile ne prouve point cependant qu’il ait complètement échoué dans sa propagande. […] Cette émouvante histoire appelle quelques observations. […] Cependant elle se rebiffe lorsqu’il lui fait des observations désobligeantes à propos d’une de ses filles d’honneur, dont le vice-roi de Naples et le cardinal de Gurk sont tous deux amoureux fous. […] Il partait de cette observation évidemment juste que la majorité des hommes adopte une opinion non point pour des raisons objectives, mais à cause de la satisfaction qu’elle apporte à leurs besoins sentimentaux. […] Je suis un peu surpris que cette observation ne l’ait pas fait hésiter dans son adhésion à la théorie de Schopenhauer.

1309. (1848) Études critiques (1844-1848) pp. 8-146

Ainsi Richardson, le plus sec des puritains, a composé un livre immortel du récit des affectations et des pruderies d’une miss anglaise, le tout à force d’observations fines, mais sans mélange d’un seul grain de poésie. […] Mais toute la finesse d’observation possible, toute la philosophie, toute la raison du monde ne sauraient suffire à produire une bonne nouvelle. […] Jules Janin a quelque chose à dire ; il a une foule de réflexions, d’observations, de pointes sentimentales, de bouffées d’enthousiasme qui demandent à s’exprimer : il faut bien leur trouver un moule.

1310. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

C’est faute d’expérience qu’on a regardé comme des fables une infinité de faits que Pline rapporte, & qui se confirment de jour en jour par les observations de nos Naturalistes. […] Dans la tragédie, à l’observation de la nature se joignent dans un plus haut degré que dans la comédie, l’imagination & le sentiment ; & ce dernier y domine. […] C’est une observation dont les acteurs peuvent profiter pour éviter le piége où les Poëtes les attirent. […] Tragédie ) ; mais nous placerons ici quelques observations particulieres aux personnages de l’épopée. […] Si cette observation est fondée, voilà le prestige de la fable rendu sensible, & l’art réduit à un point déterminé.

1311. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

Nous avons sans doute une vanité qui sert également à nous donner beaucoup de travers et à nous rendre infatigables dans l’observation des travers d’autrui. […] Nos observations sur cette matière pourront d’autant plus aisément se varier que nos auteurs comiques ont enfermé dans un petit nombre de types semblables, sous des intrigues analogues et quelquefois sous la même donnée, des mœurs fort différentes. […] Verve, bon sens, imagination, humeur originale, tour d’esprit singulier, justesse d’observation, sentiment du paysage et de la poésie des choses, rien ne lui a manqué ; et il n’eût tenu qu’à lui, s’il eût voulu y faire effort, d’avoir toujours ce qu’il a eu quelquefois, l’art de dire. […] Son système d’observation, d’où sont exclus les vains égards pour l’homme, exige une ou deux fois qu’il pousse plus loin que le licencieux, jusqu’au cynisme ; il sera simplement cynique, et, ce qui l’achève, il le sera avec une sorte de recueillement et de respect solennel pour la liberté de son œuvre. […] L’exact et sérieux génie de l’observation ?

1312. (1896) Études et portraits littéraires

Au surplus, — et c’est la tare de son œuvre, — quelque chose de gâté fausse son observation si souvent juste ; un trait de laideur, de difformité, d’ignominie, qui presque partout s’accuse et domine. […] Ce qui est vrai, c’est qu’il n’a pas de système préconçu, pas d’idée générale et préalable du monde qui subordonne son observation. […] Venons-y de suite et attachons-nous à l’œuvre maîtresse, celle où Lesage a versé le meilleur de lui-même, fond premier et acquis, esprit, observation et style ; sans compter que l’auteur dramatique s’y montre à l’égal du romancier. […] Oui, et peut-être plus encore que Flaubert, pour l’observation tranquille, « la bonté de l’œil », et cette façon nette de découper dans le vaste monde son champ de vision propre. […] Oserons-nous dire pourtant que nous ne souscrivons pas à toutes ces observations, que, plus d’une fois, le large esprit se rétrécit aux vétilles, que le futur franc écrivain s’assujettit à un purisme de régent ?

1313. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

Dans les consultations, même verbiage, même contrariété de sentimens, mêmes querelles & mêmes injures, même routine pour l’ordonnance des remèdes, même entêtement pour l’observation des règles & des formes, bien ou mal entendues. […] Une observation cependant qu’on se permettra, c’est que, dans le temps même que parut la profession de foi des pasteurs qui se disoient calomniés, on fit imprimer, à Neufchâtel en Suisse, le socianisme tout pur. […] Naudé manda ses observations aux sçavans messieurs Dupui : elles étoient très-détaillées. […] Mais ces observations particulières, il les tenoit cachées. […] Cette bulle fixe, aux missionnaires des Indes orientales, un temps pour l’observation de certains articles, après lequel il leur est ordonné de revenir en Europe, s’ils ne les observent pas, quand même, dit le pape, il n’y auroit pas de leur faute (*).

1314. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « LEOPARDI. » pp. 363-422

Dans sa seconde édition des vers retrouvés de Merobaudes, ayant profité de ses observations, il lui a rendu un éclatant hommage143. […] Avant de mourir, je vais protester contre cette invention de la faiblesse et de la vulgarité, et prier mes lecteurs de s’attacher à détruire mes observations et mes raisonnements plutôt que d’accuser mes maladies. » J’ajoute, avant de donner le commentaire, cette autre phrase d’une lettre écrite de la campagne près de Naples (22 décembre 1836), et qui touche, dans un sentiment plus doux et avec délicatesse, cette idée de la vie d’au delà ; cette fois je traduis : « Adieu, mon excellent ami, j’éprouve un continuel et bien vif désir de vous embrasser ; mais comment et où le pourrai-je satisfaire ?

1315. (1863) Cours familier de littérature. XVI « XCVe entretien. Alfred de Vigny (2e partie) » pp. 321-411

Pour un monde entier je n’en aurais pas fait l’observation au commandant ; mais, comme il me suivait des yeux, et voyait les miens arrêtés sur les doigts de Laure, il me dit avec un certain air d’orgueil : « — Ce sont d’assez gros diamants, n’est-ce pas ? […] Chacun devient grave lorsque son nom est prononcé. — Ceci n’est point théorie, mais observation. — L’homme, au nom d’Honneur, sent remuer quelque chose en lui qui est comme une part de lui-même, et cette secousse réveille toutes les forces de son orgueil et de son énergie primitive.

1316. (1893) Du sens religieux de la poésie pp. -104

Et pourtant il y faut ajouter cette observation qui transforme et grandit tout : l’art s’élève au-dessus de la vie, car il échappe au temps : l’œuvre d’art habite l’éternité… La vie de l’homme oscille entre deux seulement des trois temps du verbe, le futur et le passé. […] On ferait aisément des observations analogues à propos de l’œuvre musicale.

1317. (1856) Jonathan Swift, sa vie et ses œuvres pp. 5-62

On se plaint de l’observation du dimanche, mais on oublie l’utilité des églises pour les marchés, les rendez-vous d’affaires et d’amour, et surtout le sommeil. […] Les partisans de ce Gulliver, qui ne laissent pas que d’être en fort grand nombre chez nous, soutiennent que son livre durera autant que notre langue, parce qu’il ne tire pas son mérite de certaines modes ou manières de penser et de dire, mais d’une suite d’observations sur les imperfections, les folies et les vices de l’homme. » C’est à l’homme, en effet, qu’en veut Gulliver et à tout ce que l’on voit de plus excellent en lui-même et dans le monde où il domine.

1318. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 13, qu’il est probable que les causes physiques ont aussi leur part aux progrès surprenans des arts et des lettres » pp. 145-236

Les observations qu’on fait par le moïen des médailles sont confirmées par ce qu’on remarque dans les ouvrages de sculpture dont on connoît le tems et qui subsistent encore. […] C’étoit long-temps avant que les barbares dévastassent l’Italie qu’elles faisoient cette observation.

1319. (1753) Essai sur la société des gens de lettres et des grands

Comme dans des circonstances pareilles et avec des intérêts semblables, les hommes voient à peu près les mêmes choses, je ne doute pas que plusieurs gens de lettres n’aient fait les mêmes observations que moi ; tant pis même pour ceux à qui elles seront nouvelles : mais la plupart d’entre eux ne peuvent faire part aux autres de ces observations, parce qu’ils sont en quelque sorte établis dans le pays où je n’ai fait que passer, et qu’il faut être de retour chez soi pour parler à son aise des nations qu’on a parcourues ; je souhaite que mes réflexions puissent être de quelque secours à ceux qui me suivront dans la même carrière ; et quand je ne me proposerais pas un but si raisonnable, je serais du moins semblable à la plupart des voyageurs, assez rassasiés de leurs courses pour n’avoir nulle envie de les recommencer, mais en même temps assez pleins de ce qu’ils ont vu pour vouloir en entretenir les autres.

1320. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Granier de Cassagnac » pp. 277-345

Le livre écrit par Cassagnac confesse, sans hésitation et sans fausse honte, cet aveuglement d’un esprit qui ne s’est ouvert que quand Dieu a eu pris dans ses mains assez de sang et de boue révolutionnaire pour en frotter les yeux de tous, en prononçant le dernier éphéta que nous ayons entendu… Implicitement donc et en fait, le livre de Cassagnac est un perpétuel démenti à toutes les habiletés et les prévoyances de l’histoire contemporaine, au passé de l’auteur comme observation et intelligence, à sa politique humiliée. […] Voilà, sans compter beaucoup d’autres, sur lesquels nous allons revenir, le premier et le principal mérite du livre de Granier de Cassagnac : c’est le livre d’un homme qui n’a rien pressenti, mais qui a tout compris, et qui, naturellement, par le fait de ses facultés éminemment politiques, s’est trouvé immédiatement, par la raison, par l’observation sur le vif, par les conclusions arrêtées, de niveau avec l’histoire des temps présents.

1321. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Malherbe et son école. Mémoire sur la vie de Malherbe et sur ses œuvres par M. de Gournay, de l’Académie de Caen (1852.) » pp. 67-87

Cette observation de Balzac et de Godeau se peut résumer ainsi : Ronsard et son école ne savaient pas l’art d’imiter ; dans leur ardeur et leur inexpérience première, ils transportaient tout de l’antiquité, l’arbre et les racines : Malherbe le premier sut et enseigna l’art de greffer les beautés poétiques.

1322. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Roederer. — I. » pp. 325-345

Le premier, qui est achevé d’imprimer47, contient les comédies historiques, déjà connues, et quelques pièces qui ne le sont pas, des comédies normandes et de campagne qui montrent une finesse d’observation jointe à une veine de gaieté franche.

1323. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — I » pp. 139-158

On a recueilli avec soin ces premières productions de Cowper ; on y distingue déjà un caractère de finesse, d’observation maligne et de tournure moralisante qu’il développera par la suite, mais il n’y avait encore aucun cachet propre, aucune originalité.

1324. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « William Cowper, ou de la poésie domestique (I, II et III) — III » pp. 178-197

À toutes les observations qui lui étaient faites par M. 

1325. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Lorsque enfin il eut achevé d’écrire et de distiller sa Défense des ouvrages de M. de Voiture, ainsi qu’il l’intitula, il en fit faire deux copies, dont il envoya l’une à Balzac comme pour prendre son avis, et dont il dépêcha l’autre à Paris chez Conrart, le centre et la source des curiosités, comptant bien sur l’indiscrétion de ce dernier, et que l’ouvrage paraîtrait imprimé comme à son insu, et avant que les observations et les corrections de Balzac y pussent atteindre ; c’est en effet ce qui arriva.

1326. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Dans sa Vénus physique, qu’il a voulu faire riante, il a mêlé une pointe d’érotisme à l’observation des choses naturelles, et il a accommodé du Réaumur à l’usage de Lycoris.

1327. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « L’abbé de Marolles ou le curieux — II » pp. 126-147

Au point de vue de la description des caractères et de l’observation naturelle des talents, l’étude de Marolles a sa moralité particulière : il nous apprend à ne mépriser personne.

1328. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

Et puisque j’en suis sur ce sujet de l’Académie, un des sujets les plus nationaux en France, dont tout le monde parle, qu’il est, ce semble, si aisé de connaître, et dont pourtant on raisonne si souvent à faux, je demande à rappeler quelques faits et à présenter quelques observations sans beaucoup de suite et dans le pêle-mêle où elles me viendront.

1329. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Madame Swetchine. Sa vie et ses œuvres, publiées par M. de Falloux. »

Stendhal dirait dans une de ses explications à l’italienne : Ce que c’est pourtant qued’avoir de l’âme et des entrailles, et de n’avoir ni amant, ni enfant — Elle a tout analysé, tout scruté (au moins elle le croit) ; ignorante des lois naturelles positives et des méthodes d’observation autant qu’avide et curieuse de tous les mirages de la réflexion morale et des mille explications ingénieuses à la saint Bernard et à la saint Augustin, elle est devenue une femme docteur en matière de sentiment et de spiritualité, de même qu’elle sera bientôt un docteur aussi en matière de conciles œcuméniques : «  … Quand vous me dites : Avez-vous éprouvé cela ?

1330. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Merlin de Thionville et la Chartreuse du Val-Saint-Pierre. »

» Mais la vue de la récréation aux jours de fête, avec la division tranchée des trois groupes, est d’une belle observation morale et d’un effet lugubre, qui termine bien cette suite de tableaux : « Ces jours-là, après les grâces dites à l’église, les chartreux se promenaient dans le grand jardin, en formant trois groupes séparés : les vieillards excluaient leurs confrères au-dessous de quarante ans, et ceux-ci les confrères au-dessous de trente ; les jeunes erraient pour la plupart seuls, craignant de se communiquer leurs tristes et douloureuses pensées ; la tète baissée, ils regardaient la terre et me semblaient lui demander de se hâter de s’ouvrir pour eux.

1331. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite.) »

C’est dans la Correspondance de Garrick, publiée en Angleterre, dans une lettre qui lui vient de France, que je lis les observations bien fines, et d’un bien grand sens, d’une femme de mérite, connue par ses succès au théâtre et dans les lettres, Mme Riccoboni ; ces réflexions qu’elle adressait à Garrick trouveront accès, j’en suis sûr, auprès de tous les bons esprits, des cœurs doux, indulgents et modestes : « La rupture de M. 

1332. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

J’ai dit l’effet que produit de loin et historiquement l’ensemble de cette guerre ; mais, si on l’examine en détail et au point de vue stratégique, les observations et les critiques s’élèvent en foule.

1333. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Réminiscences, par M. Coulmann. Ancien Maître des requêtes, ancien Député. »

Une observation générale est à faire pour qu’il n’y ait pas de mécompte.

1334. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Mémoires de Malouet (suite.) »

Necker est encore celui qu’a tracé M. de Montyon dans ses Particularités et Observations sur les Ministres des Finances ; on y lit, entre autres coups de crayon d’après nature : « … Ses mouvements étaient inégaux, brusques, forces ; il portait la tête fort élevée et même renversée, et il y avait de l’affectation dans cette contenance : car le degré de renversement de sa tète était un thermomètre de la situation politique. » 91.

1335. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

. — Il est fait mention dans la Correspondance de Napoléon Ier , au tome XXII, page 283, d’un général Lanchantin, que Napoléon met à la tête d’une 2me brigade destinée à la formation d’un corps d’observation de l’Italie méridionale, après la dissolution de l’armée de Naples (24 juin 1811).

1336. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. ALFRED DE MUSSET. » pp. 177-201

Son talent d’observation et son génie de peintre y triomphent dans le choc violent des événements et l’originalité des caractères.

1337. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

L’observation fine de Gresset venait de prendre sur le fait un travers, un vice particulier à ce moment de société auquel il assistait ; son talent redevenu net, vif, élégant, et à la fois enhardi, avait mis l’odieux objet dans une entière lumière ; sa conscience d’honnête homme l’avait flétri.

1338. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Sur l’aimable et sage M. de Boismorel, qui joue un si beau rôle dans les Mémoires ; sur Sévelinges l’académicien89, qui n’est pas non plus sans agrément ; sur certain Genevois moins léger, et « dont l’esprit ressemble à une lanterne sourde qui n’éclaire que celui qui la tient ; » sur toutes ces figures de sa connaissance et bientôt de la nôtre, elle jette des regards et des mots d’une observation vive, qui plaisent comme ferait la conversation même.

1339. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Jules de Glouvet »

Et je ne m’en plains pas, car ce souci d’un bon cœur n’est point incompatible avec l’art ni avec l’observation ; il implique de la cordialité, de la simplicité, de la gravité ; puis, la littérature d’aujourd’hui nous a tant déshabitués des « récits moraux et instructifs » que, lorsqu’il s’en présente un par hasard, on est tout prêt à trouver cela original, on est charmé, on est ému et on s’en sait bon gré ; on se dit comme le Blandinet de Labiche : « Mon Dieu !

1340. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Victor Duruy » pp. 67-94

En 1864, il avait souhaité une intervention en faveur du Danemark ; en 1866 une alliance avec l’Autriche et l’envoi d’une armée d’observation sous Metz.

1341. (1894) Propos de littérature « Chapitre II » pp. 23-49

On pourrait faire la même observation, en l’accentuant, au sujet de certaines com positions d’un jeune maître à l’inspiration noble et sans cesse variée, M. 

1342. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Seulement ici plusieurs observations s’imposent.

1343. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Alexandre Dumas ne la ménage plus ; il manie ses fibres secrètes comme les cordes d’un instrument insensible : son observation prend les procédés de la dissection.

1344. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) «  Mémoires et correspondance de Mme d’Épinay .  » pp. 187-207

On sent, en lisant Grimm, un esprit supérieur à son objet, et qui ne sépare jamais la littérature de l’observation du monde et de la vie.

1345. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Diderot. (Étude sur Diderot, par M. Bersot, 1851. — Œuvres choisies de Diderot, avec Notice, par M. Génin, 1847.) » pp. 293-313

Commandé par son ami, il s’avisa, pour la première fois, de regarder, d’examiner ce qu’il n’avait jusque-là que vu en passant ; et du résultat de son observation et de ses réflexions naquirent ces pages de causeries merveilleuses, qui ont véritablement créé en France la critique des beaux-arts.

1346. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Cette observation si fine et si juste doit servir à expliquer le procédé de Jasmin dans les divers poèmes qu’il a depuis composés : L’Aveugle (1835), puis Françounette (1840), Marthe la folle (1844), Les Deux Frères jumeaux (1845), La Semaine d’un fils (1849).

1347. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Le maréchal Marmont, duc de Raguse. — I. » pp. 1-22

Mes blessures étaient encore ouvertes, mon bras sans aucun mouvement, et soutenu par une écharpe ; il me demanda comment je me portais, et quand je lui eus dit que je souffrais encore beaucoup, il répondit : « Il faut vous faire couper le bras1. » Je lui répliquai que je l’avais payé assez cher par mes souffrances, pour tenir aujourd’hui à le conserver ; et cette singulière observation en resta là.

1348. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — II. (Fin.) » pp. 63-82

Dupin dit, dans sa préface, que, dès que L’Esprit des lois parut, deux de ses amis et lui se mirent à le lire en l’examinant ; il ajoute que ce n’est pas pour le public qu’on a fait imprimer ces Observations, qu’on ne les destine qu’à un certain nombre d’amis, et que pour cette raison on n’a tiré l’édition qu’à un petit nombre d’exemplaires.

1349. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Franklin. — I. » pp. 127-148

Le jeune Franklin avait un goût prononcé pour la marine ; il y eût trouvé une carrière bien propre à exercer ses qualités de hardiesse, de prudence et d’observation continuelle.

1350. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Grimm. — II. (Fin.) » pp. 308-328

Pour excuser l’amour-propre de Montaigne, Grimm trouve une raison pleine d’observation et de finesse ; remarquant que l’amour-propre est moins fâcheux quand il se montre sans dissimulation et avec bonhomie, il ajoute : « Loin d’exclure la sensibilité pour les autres, il en est souvent la marque et la mesure la plus certaine.

1351. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Monsieur Arnault, de l’Institut. » pp. 496-517

Arnault ne ressemblent pas à d’autres ; il les conçoit à sa manière et en invente les sujets ; il ne songe point à imiter La Fontaine, il songe à se satisfaire et à rendre d’une manière vive un résultat de son observation propre ; il obéit à son tour d’esprit, à son jet d’expression, et on ne peut s’étonner si, comme lui-même l’avoue, « l’apologue a pris peut-être sous sa plume un caractère épigrammatique ».

1352. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre sixième. Genèse et action des idées de réalité en soi, d’absolu, d’infini et de perfection »

. — Non pas ; il se place au point de vue d’une relation possible et conditionnelle : s’il était à ma place, il sentirait ce que j’ai senti, et, si j’étais à sa place, si je faisais les observations et raisonnements qu’il fait, je penserais comme lui.

1353. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre quatrième. L’expression de la vie individuelle et sociale dans l’art. »

Ce qui fait que la science de la vie morale et du caractère aura peine à sortir de l’état d’enfance dans lequel elle se trouve, c’est qu’elle est réduite, pour toute méthode, à l’observation au lieu de l’expérimentation.

1354. (1888) La critique scientifique « La critique scientifique — Analyse esthétique »

Que l’on joigne à cette observation générale le fait que les personnes capables et désireuses d’entreprendre des travaux d’esthopsychologie seront évidemment des lecteurs d’une curiosité universelle et impartiale, habiles à sentir tout le charme de presque toutes les œuvres, disposés tout au moins à s’assouplir à les comprendre, et partant du principe que toute œuvre qui émeut n’importe quel barbare ou quel raffiné a des propriétés qui justifient cet effet.

1355. (1872) Les problèmes du XIXe siècle. La politique, la littérature, la science, la philosophie, la religion « Livre II : La littérature — Chapitre II : La littérature du xviie  siècle »

Voici au contraire la théorie solide et profonde que je recueille, en la développant, dans les analyses et les observations de M. 

1356. (1913) Essai sur la littérature merveilleuse des noirs ; suivi de Contes indigènes de l’Ouest-Africain français « Essai sur la littérature merveilleuse des noirs. — Chapitre I. »

Les conclusions que l’on peut tirer de la lecture des contes sous ce rapport ont, au moins, une valeur confirmative de ce que l’observation directe du noir nous aura déjà appris.

1357. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre VII. Mme de Gasparin »

Ces Horizons prochains étaient, comme vous venez de le voir, un recueil de nouvelles d’un ton fort rare, dans la littérature contemporaine, car ce ton était celui d’une mysticité singulièrement émue, mêlée aux réalités extérieures d’une observation très bien faite.

1358. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Innocent III et ses contemporains »

Elle a bien discuté, bien nié, bien versé des mépris sur son chemin ; mais elle a manqué le meilleur coup qu’elle pût porter, l’observation vraie et cruelle, d’autant plus, cruelle qu’elle est vraie : c’est que tous les Papes, sans exception, tous les hommes, même les plus éminents, qui ont représenté l’Église et par qui l’Église a vécu, ont été moins grands que leur situation, et ont manqué d’une intelligence à la hauteur de leurs devoirs ; c’est que nul d’entre eux ne s’est servi, dans l’intérêt de l’institution catholique, de circonstances uniques dans l’histoire et qui semblaient aller d’elles-mêmes au-devant d’une main qui les prît au passage et qui sût les plier à ses desseins.

1359. (1891) La vie littéraire. Troisième série pp. -396

C’est une vérité que l’observation peut établir, et si frappante que tout le monde en est touché. […] Mais les physiciens sont obligés de compter avec ce qu’on nomme, dans les sciences d’observation, l’équation personnelle. […] Nous en viendrions à rechercher si la science et l’observation n’appuient pas déjà solidement nos essais de psycho-physiologie. […] À ses grandes planches d’après le Guerchin ou Potier on préfère aujourd’hui les compositions de style familier où il montra son esprit d’observation avec une pointe de fine malice. […] Il fait depuis longtemps des calculs et des observations.

1360. (1892) La vie littéraire. Quatrième série pp. -362

Il faut beaucoup d’observation et une sorte d’instinct pour saisir le caractère de l’époque dans laquelle on vit et pour démêler au milieu de l’infinie complexité des choses actuelles les traits essentiels, les formes typiques. […] Nous étions persuadés qu’avec de bonnes méthodes expérimentales et des observations bien faites nous arriverions assez vite à créer le rationalisme universel. […] L’observation a été faite cent fois : cette danseuse, qui tout à l’heure, sur la scène, donnait à ses mouvements une grâce légère, un rythme, une volupté d’art qui était la poésie même et le rêve, voyez-la maintenant dans la rue : elle marche lourdement et son allure n’a rien qui la distingue de la foule obscure. […] Ces observations d’ailleurs n’enlèvent rien au mérite de votre exégète provençal. […] * * * * * Monsieur, Permettez à un grammairien de profession de vous communiquer une observation à propos du mot άθηρηλοιγός .

1361. (1828) Introduction à l’histoire de la philosophie

L’analyse psychologique est l’observation attentive des faits qui constituent en chacun de nous la nature humaine. […] Il faudrait prendre un certain nombre d’époques, d’écoles, de systèmes célèbres ; étudier successivement ces époques, ces écoles, ces systèmes : une observation assidue donnerait peu à peu les rapports qui les séparent et qui les unissent, et les lois de leur formation générale. […] Comme elle n’accepte aucun résultat antérieur à l’observation, il n’y a point pour elle d’époques convenues dans l’histoire de la philosophie. […] On pourrait même à la rigueur ramener la méthode suivie à la méthode d’observation et d’induction. […] Ainsi, pour la méthode, nous retenons, comme la conquête du siècle, le goût des recherches expérimentales, l’observation et l’induction jointe à l’observation, en un mot, l’analyse : mais nous ne rejetons pas la vieille synthèse ; nous donnons pour support à l’analyse une synthèse primitive, qui lui fournit une matière sur laquelle elle peut s’exercer.

1362. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Nous avons vu que ce qu’il lui reproche, c’est surtout de restreindre de la façon la plus ridicule le champ de son observation. […] Car ce qui est pour chacun de nous « le vraisemblable » dépend beaucoup de notre expérience personnelle, de notre aptitude à l’observation, et même des hasards de notre vie et des rencontres que nous y avons faites. […] Son odieuse manie d’observation et de dédoublement lui aura du moins servi à cela. […] J’ai rarement vu tant d’esprit en si peu d’espace, ni un esprit plus cinglant, ni tant d’observation sous des traits d’esprit. […] Nous n’y avons pas seulement trouvé les qualités connues de M. de Porto-Riche, la netteté, la hardiesse, l’acuité d’observation et d’expression, mais encore l’énergie soutenue, la suite, la teneur.

1363. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

On ne saurait imaginer ce qu’elle a coûté à son auteur de temps, d’observation, d’intelligence et de raison. […] Ma tâche s’en trouve bien allégée, et il ne me reste qu’à présenter sur ce livre, Napoléon et ses détracteurs, quelques observations très courtes qu’on me pardonnera de jeter sans ordre et comme elles me viendront à l’esprit. […] Condition cruelle pour le maître de l’école naturaliste, qui a préconisé l’emploi du document humain, c’est-à-dire, autant que je puis comprendre, l’observation directe, et la vie prise sur le fait. […] Et peut-être cette observation l’aurait amené à rendre, par endroits, le ton de son livre moins âpre et moins amer. […] J’en ai fait l’observation : l’humilité, rare chez les doctes, l’est encore plus chez les ignares.

1364. (1906) Propos de théâtre. Troisième série

Et comme cela le gêne extrêmement et ne peut pas durer, il arrive, et très vite, un moment où M. de Max tourne délibérément le dos au roi à qui il parle et s’adresse directement au spectateur ; et cet ambassadeur qui, pour faire ses observations au roi d’Epire, lui tourne le derrière et ce roi qui ne lui répond pas : « Seigneur, j’ai accoutumé de parler à des visages », sont tout ce qu’il y a de plus comique. […] Une observation qui ne s’adresse pas précisément à elle, puisqu’il s’agit d’un jeu de scène traditionnel ; mais aussi, il faut dire qu’elle l’accuse plus que les autres, ce qui fait qu’il a attiré particulièrement mon attention. […] Excellente observation et excellente adaptation de l’idée de Molière à nos mœurs contemporaines et à nos travers contemporains. […] Les observateurs du temps l’ont remarqué et les poètes de circonstance ont mis cette observation en vers et en jolis vers : Il ne fallait au fier Romain Que des spectacles et du pain ; Mais au Français, plus que Romain, Le spectacle suffit sans pain.

1365. (1889) Ægri somnia : pensées et caractères

C’est ainsi que vos Saltimbanques ont eu leur tour, et qu’il m’est arrivé de dire à leur sujet qu’où il y a de la finesse d’observation, de vrais portraits sous d’amusantes caricatures, une satire enjouée des travers des hommes, du franc rire et une langue naturelle, il y a une œuvre littéraire, et qu’en faisant, dans les entr’actes de son enseignement, une petite place à un vaudeville qui réunit toutes ces qualités, un professeur ne déroge point. — Et il faut bien croire, ajoutai-je, que le post-scriptum de la leçon n’en était pas la plus mauvaise partie, puisque tels des élèves de ma conférence, dont les talents ont jeté du lustre sur l’École, chatouillent quelquefois mes vieilles oreilles de souvenirs obligeants sur ces causeries autour du poêle. […] II C’était pour moi un sujet d’observations morales, et parfois d’émotions affectueuses, de noter, dans les mouvements de son humeur et sur les traits de son visage, les alternatives et les étapes de son travail. […] Par quel ensemble d’observations et de raisonnements, de précautions contre les causes d’erreur, de soins minutieux pour obtenir ces spécimens organiques à l’état de parfaite pureté ; par quel usage perfectionne des moyens connus, et quelle invention de moyens nouveaux, il arrivait à rendre ses démonstrations inattaquables, c’est ce que, faute de compétence et d’habileté de, plume, je renonce à décrire. […] En considérant ce qu’un tel résultat avait demandé d’observation intense et de patience, de logique serrée et fine, de hardiesse et de prudence, d’ardeur à examiner et de circonspection à décider, j’y pris l’idée d’un travail auprès duquel le travail des faiseurs de livres n’était que l’honnête effort de gens cherchant l’idéal et n’arrivant qu’à l’a peu près. […] La science n’admet que ce qui tombe sous l’observation.

1366. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre I. Les idées et les œuvres. » pp. 234-333

Il faisait toujours comme les autres faisaient ; jamais il ne jouait le grand homme et ne se donnait des airs en compagnie. » Devenu plus âgé et plus grave, il n’en resta pas moins aimable, le plus aimable des hôtes, si bien qu’un de ses voisins, fermier, je crois, au sortir de chez lui, disait à sa femme : « Ailie, ma fille, je vais me coucher, et je voudrais dormir douze mois pleins, car il n’y a qu’une chose dans ce monde qui vaille la peine de vivre, c’est la chasse d’Abbotsford. » Joignez à ce genre d’esprit des yeux qui voient tout, une mémoire qui retient tout, une étude perpétuelle promenée dans toute l’Écosse, parmi toutes les conditions, et vous verrez naître son vrai talent, ce talent si agréable, si abondant, si facile, composé d’observation minutieuse et de moquerie douce, et qui rappelle à la fois Téniers et Addison. […] Ce qu’il expose, ce sont les grands intérêts de l’âme, « c’est la vérité, la grandeur, la beauté, l’espérance, l’amour, —  la crainte mélancolique subjuguée par la foi, —  ce sont les consolations bénies aux jours d’angoisse, —  c’est la force de la volonté et la puissance de l’intelligence, —  ce sont les joies répandues sur la large communauté des êtres, —  c’est l’esprit individuel qui maintient sa retraite inviolée, —  sans y recevoir d’autres maîtres que la conscience, —  et la loi suprême de cette intelligence qui gouverne tout1222. » Cette personne inviolée, seule portion de l’homme qui soit sainte, est sainte à tous les étages ; c’est pour cela que Wordsworth choisit pour personnages un colporteur, un curé, des villageois ; à ses yeux, la condition, l’éducation, les habits, toute l’enveloppe mondaine de l’homme est sans intérêt ; ce qui fait notre prix, c’est l’intégrité de notre conscience ; la science même n’est profonde que lorsqu’elle pénètre jusqu’à la vie morale ; car nulle part cette vie ne manque. « À toutes les formes d’être est assigné un principe actif ; —  quoique reculé hors de la portée des sens et de l’observation, —  il subsiste en toutes choses, dans les étoiles du ciel azuré, dans les petits cailloux qui pavent les ruisseaux, —  dans les eaux mouvantes, dans l’air invisible. —  Toute chose a des propriétés qui se répandent au-delà d’elle-même — et communiquent le bien, bien pur ou mêlé de mal. —  L’esprit ne connaît point de lieu isolé, —  de gouffre béant, de solitude. —  De chaînon en chaînon il circule, et il est l’âme de tous les mondes1223. » Rejetez donc avec dédain cette science sèche « qui divise et divise toujours les objets par des séparations incessantes, ne les saisit que morts et sans âme et détruit toute grandeur1224. » « Mieux vaut un paysan superstitieux qu’un savant froid. » Au-delà des vanités de la science et de l’orgueil du monde, il y a l’âme par qui tous sont égaux, et la large vie chrétienne et intime ouvre d’abord ses portes à tous ceux qui veulent l’aborder. « Le soleil est fixé, et magnificence infinie du ciel — est fixée à la portée de tout œil humain. —  L’Océan sans sommeil murmure pour toute oreille. —  La campagne, au printemps, verse une fraîche volupté dans tous les cœurs. —  Les devoirs premiers brillent là-haut comme les astres. —  Les tendresses qui calment, caressent et bénissent — sont éparses sous les pieds des hommes comme des fleurs1225. » Pareillement à la fin de toute agitation et de toute recherche apparaît la grande vérité qui est l’abrégé des autres. « La vie, la véritable vie, est l’énergie de l’amour — divin ou humain — exercée dans la peine, —  dans la tribulation, —  et destinée, si elle a subi son épreuve et reçu sa consécration, —  à passer, à travers les ombres et le silence du repos, à la joie éternelle1226. » Les vers soutiennent ces graves pensées de leur harmonie grave ; on dirait d’un motet qui accompagne une méditation ou une prière. […] La zoologie, l’astronomie, la géologie, la botanique, l’anthropologie, toutes les sciences d’observation si cultivées et si populaires, y font de force pénétrer leurs découvertes dissolvantes.

1367. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre IV. La philosophie et l’histoire. Carlyle. »

L’analyse méthodique jointe à la coordination des sciences positives, la critique française raffinée par le goût littéraire et l’observation mondaine, la critique anglaise appuyée sur le bon sens pratique et l’intuition positive ; enfin, dans un recoin écarté, l’imagination sympathique et poétique, ce sont là les quatre routes par lesquelles l’esprit humain chemine aujourd’hui pour reconquérir les hauteurs sublimes où il s’était cru porté et qu’il a perdues. […] Nous ne croyons qu’à l’observation, aux statistiques, aux vérités grossières et sensibles ; ou bien nous doutons, nous croyons à demi, par ouï-dire, avec des réserves. […] Pigs of observation have discerned that there is, or was once supposed to be, a thing called justice.

1368. (1933) De mon temps…

Il intervenait dans la conversation par de brèves remarques qui avaient toujours du poids et de la portée, relatant un fait curieux ou une observation perspicace. […] Ses romans : Le Mariage de Don Quichotte ou La Jeune Fille verte, ses esquisses contées ou dialoguées : Les Tendres Ménages ou Mon Amie Nane, donnent la même impression d’un jeu de sentiment, d’observation ou de fantaisie mené avec la même dextérité hardie et prudente, avec le même doigté nerveux et sûr. […] Tantôt il relatait un fait curieux, présentait quelque observation aiguë ; tantôt il exprimait quelque remarque ingénieuse ou une opinion originale, mais ce qu’il disait m’intéressait moins que lui-même et je considérais, avec toute la ferveur de ma jeune admiration, son beau visage aux yeux noirs et vifs, aux larges méplats, et cette élégante moustache blanche et la blancheur de cette souple chevelure argentée.

1369. (1896) Le livre des masques

D’autres ont sans doute ou eurent une langue plus riche, une imagination plus féconde, un don plus net de l’observation, plus de fantaisie, des facultés plus aptes à claironner les musiques du verbe, — soit, mais avec une langue timide et pauvre, d’enfantines combinaisons dramatiques, un système presque énervant de répétition phraséologique, avec ces maladresses, avec toutes les maladresses, Maurice Maeterlinck œuvre des livres et des livrets d’une originalité certaine, d’une nouveauté si vraiment neuve qu’elle déconcertera longtemps encore le lamentable troupeau des misonéistes, le peuple de ceux qui pardonnent une hardiesse, s’il y a un précédent, — comme dans le protocole — mais qui regardent en défiance le génie, qui est la hardiesse perpétuelle. […] Négligeant l’observation et le style, dépourvus d’imagination, de fantaisie et surtout d’idées, tant générales que particulières, les façonniers qui assument le métier de narrer des histoires ont déconsidéré la fiction au point qu’un homme intelligent, soucieux de loisirs dignes de son intelligence, n’ose plus ouvrir un de ces tomes et que les quais eux-mêmes se révoltent et s’endiguent contre le flot jaune. […] Par l’observation : son regard aigu pénètre comme un dard de guêpe dans les choses et dans les âmes ; il lit, comme la photographie nouvelle, à travers les chairs et à travers les coffrets.

1370. (1835) Critique littéraire pp. 3-118

Une autre fois cependant, j’essaierai peut-être de présenter quelques observations timides aux réformateurs. […] Mais en revanche, toutes ses lettres datées de la Zélée sont remplies d’observations positives, d’ingénieux récits, de réflexions neuves et piquantes sur tous les pays où le bâtiment relâche, Sainte-Croix de Ténériffe, le Brésil, le Cap, l’île Bourbon ; Jacquemont visite ces contrées en courant, et il en parle avec savoir et profondeur. […] Cette communication inattendue avait réveillé son zèle scientifique ; c’était comme un noble défi d’ajouter par ses observations personnelles aux expériences déjà si décisives de ces deux savants célèbres ; il espérait découvrir au pied des Ghates, et sur leurs croupes, des couches tertiaires et alluviales, et trouver, dans les accidents de leur stratification sur ces montagnes, des éléments supérieurs à toutes les conjectures précédentes pour la solution du problème important de leur âge géologique.

1371. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre III. De la signification de la vie. L’ordre de la nature et la forme de l’intelligence. »

Bornons-nous à rappeler que l’extension admet des degrés, que toute sensation est extensive dans une certaine mesure, et que l’idée de sensations inétendues, artificiellement localisées dans l’espace, est une simple vue de l’esprit, suggérée par une métaphysique inconsciente bien plutôt que par l’observation psychologique. […] L’observation et l’expérience sont sans doute nécessaires ici pour arriver au principe, c’est-à-dire pour découvrir l’aspect sous lequel il fallait envisager les choses ; mais, à la rigueur, avec beaucoup de chance, on eût pu le trouver tout de suite ; et, dès qu’on possède ce principe, on en tire assez loin des conséquences que l’expérience vérifiera toujours. […] Et je sais qu’ils ne se sont pas tous constitués en même temps, puisque l’observation me montre, aujourd’hui même, des nébuleuses en voie de concentration.

1372. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — II. Duclos historien » pp. 224-245

Le genre d’observations qui est propre à Duclos est sensé, rapide, mais d’une nature très sobre : J’ai cru devoir donner, dit-il, une idée de l’état de la France et de la cour de Charles VII, pour faire mieux entendre ce qui regarde son successeur : on verra que Louis XI, né et élevé au milieu de ces désordres, en sentit les funestes effets.

1373. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Marivaux. — I. » pp. 342-363

Il préfère à tout ce qui est plan et projet conçu dans le cabinet les idées fortuites nées à l’occasion, notées, prises sur le fait dans la vie du monde ; mais ces idées que lui suggère l’observation de chaque jour, il faut voir comme il les traduit dans son langage, même quand il les prête aux autres ou qu’il les met dans la bouche de ses personnages.

1374. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — III » pp. 132-153

Il a sur notre nation et sur notre caractère des observations très originales, et s’il dit des vérités aux autres peuples, il nous en adresse assez à nous-mêmes les jours d’éloges, pour qu’on puisse tout citer sans faire de jaloux : On ne le croirait pas, dit-il, la nation française est, des nations de l’Europe, celle dont les peuples ont communément plus de jugement mêlé avec le plus d’esprit.

1375. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Le maréchal de Villars — III » pp. 81-102

Ainsi s’achève cette campagne, en marches et contremarches, et dans une continuelle observation.

1376. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Histoire du règne de Henri IV, par M. Poirson » pp. 210-230

Poirson l’a tiré en entier de l’observation directe des circonstances et des actes de son règne.

1377. (1870) Causeries du lundi. Tome XIII (3e éd.) « Souvenirs militaires et intimes du général vicomte de Pelleport, publiés par son fils. » pp. 324-345

Necker ne prévoyait point l’expédition d’Égypte ; mais il vit un jeune officier qui lui parut plus sérieux et plus réfléchi que beaucoup d’autres, et il voulut lui procurer une lecture solide, qui montrait, dans un parfait exemple, comment on peut tirer profit de ses observations en tout voyage.

1378. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Benjamin Constant. Son cours de politique constitutionnelle, ou collection de ses divers écrits et brochures avec une introduction et des notes, par M. Laboulaye »

Benjamin Constant est un homme à peu près de votre âge, passionné pour la liberté, d’un esprit et d’un talent en première ligne ; il a marqué par un petit nombre d’ouvrages écrits d’un style énergique et brillant, pleins d’observations fines et profondes ; son caractère est ferme et modéré ; républicain inébranlable et libéral.

1379. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Entretiens de Gœthe, et d’Eckermann »

J’étais conduit, grâce à lui, à une observation plus précise dans les deux voies ; et l’idée de l’unité, ce qu’a d’harmonieux et de complet chaque être individuel considéré en lui-même, le sens enfin des mille apparitions de la nature et de l’art, se découvraient à moi chaque jour de plus en plus.

1380. (1866) Nouveaux lundis. Tome V « Don Carlos et Philippe II par M. Gachard Don Carlos et Philippe II par M. Charles de Mouy »

Que si les types connus et répétés vous ennuient, rien n’est épuisé ; l’imagination et l’observation sont deux sources ; ayez vos types tout neufs, ayez-les à vous, et, par votre talent, faites-les aussitôt vulgaires ; opérez le miracle du poète et dites-leur : Vivez et marchez !

1381. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Anthologie grecque traduite pour la première fois en français et de la question des Anciens et des Modernes »

Dübner a donné le premier volume de son édition variorum de l’Anthologie dans la collection Didot ; on y trouve tout rassemblé, traduit, discuté, élucidé autant qu’il est possible : j’en ai profité trop tard ; j’ai aussi et surtout usé des observations orales de ce bon et savant homme, dont l’amitié m’est précieuse et chère.

1382. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid (suite.) »

Vaugelas, dans ses Remarques publiées en 1647, fait souvent cette observation que, depuis dix ou douze années, tel ou tel usage qu’il estime meilleur s’est introduit et a prévalu : or, ces dix ou douze années en arrière se rapportent parfaitement à la venue du Cid.

1383. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Essai de critique naturelle, par M. Émile Deschanel. »

Deschanel, un esprit sincère, autrefois professeur distingué de rhétorique, qui, dans un livre ingénieux, plein de faits et de remarques, vient réclamer cette transformation de l’ancienne rhétorique en histoire et en observation naturelle.

1384. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Maurice comte de Saxe et Marie-Josèphe de Saxe, dauphine de France. »

Mais il est impossible que dans les dictées d’un homme de guerre d’une vocation aussi décidée il n’y ait pas de bonnes et fines remarques de détail (comme chez Montluc en son temps), des observations pratiques utiles au métier et d’autres qui touchent au moral de l’art et qui sont supérieures : Mes Rêveries en sont semées ; Napoléon, en les lisant, y a fait les deux parts10 ; et le comte Vitzthum a raison d’y signaler, à son tour, de bonnes et même de tout à fait belles pages : ainsi l’exposé de la bataille de Pultava, ainsi un curieux récit de l’affaire de Denain au point de vue du prince Eugène11 ; ainsi des réflexions sur la défaite de Malplaquet, sur la déroute de Ramillies ; de singulières anecdotes sur des paniques d’hommes et de chevaux même après la victoire gagnée, racontées à l’auteur par Villars ; mais surtout un admirable endroit sur l’idée du parfait général d’armée que le comte de Saxe avait vu à peu près réalisé en la personne du prince Eugène.

1385. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Le Général Franceschi-Delonne : Souvenirs militaires, par le général baron de Saint-Joseph. »

Mais non : une garde nombreuse, insolente, impitoyable, nous tourmentait sans cesse ; un seul mot, la moindre observation, quoique faite avec douceur, ne nous valait autre chose de ces cerbères que des injures et la baïonnette sur la poitrine.

1386. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [I] »

Déjà un essai tout grammatical sur ce point de la syntaxe vient d’être fait par un étranger, un savant de Stockholm, M. le professeur Lidforss, sous ce titre, qui, bien que régulier à la rigueur, ne laisse pas de paraître un peu bizarre : Observations sur l’usage syntaxique de Ronsard et de ses contemporains (1865).

1387. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Victor Hugo — Victor Hugo en 1831 »

Sa course lyrique, qui est bien loin d’être close, offre pourtant assez d’étendue pour qu’on en saisisse d’un seul regard le cycle harmonieux ; mais il n’est encore qu’au seuil de l’arène dramatique ; il y entre dans toute la maturité de son observation, il s’y pousse de toutes les puissances de son génie : l’avenir jugera.

1388. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. EUGÈNE SCRIBE (Le Verre d’eau.) » pp. 118-145

Agé de vingt-neuf ans, déjà brisé au métier, n’ayant pas encore de parti pris sur la manière d’encadrer et de découper à la scène son observation du monde, il pouvait prendre telle ou telle route.

1389. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. CHARLES MAGNIN (Causeries et Méditations historiques et littéraires.) » pp. 387-414

Puisque j’en suis avec lui à des observations de ce genre, il en est une qu’il me permettra encore ; ce n’est guère que la même un peu autrement retournée.

1390. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « LES JOURNAUX CHEZ LES ROMAINS PAR M. JOSEPH-VICTOR LE CLERC. » pp. 442-469

Mais on était encore en ces années dans l’âge d’or de la maladie, et un honnête homme, Sabatier de Cavaillon, répondant d’avance au vœu de Bonneville, adressait, en avril 1786, comme conseils au gouvernement, des observations très-sérieuses sur la nécessité de créer des espions du mérite 198. « Épier le mérite, le chercher dans la solitude où il médite, percer le voile de la modestie dont il se couvre, et le forcer de se placer dans le rang où il pourrait servir les hommes, serait, à mon avis, un emploi utile à la patrie et digne des meilleurs citoyens.

1391. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLXIe Entretien. Chateaubriand »

« En amour, disait-il ironiquement, madame de Staël a commenté Phèdre : ses observations sont fines, et l’on voit par la leçon du scoliaste qu’il a parfaitement entendu son texte... » Faut-il ajouter, pour aggraver le tort, qu’à cette époque madame de Staël commençait à encourir la défaveur ou du moins le déplaisir marqué de celui qui devenait le maître ?

1392. (1895) Histoire de la littérature française « Troisième partie. Le seizième siècle — Livre I. Renaissance et Réforme avant 1535 — Chapitre II. Clément Marot »

4° Elle l’interrompt aussi quand du conte destiné à amuser, elle l’ait un instrument d’observation, une méthode de description des passions humaines.

1393. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre II. Corneille »

Des personnages secondaires Autour de ses héros, représentants de cette force infinie qui est en nous et dont la plupart de nous font si peu d’usage, Corneille place des âmes moyennes, telles que la vie en présente à chaque instant ; ces caractères de second plan sont souvent d’une observation curieuse, d’une vérité originale et fine.

1394. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre II. Boileau Despréaux »

L’imitation des anciens fournit à Boileau le moyen de transformer en forme d’art l’observation de la nature.

1395. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Octave Feuillet »

Les personnages qu’elle construit se ressemblent presque tous, n’ont point cette variété et cette abondance de traits individuels et précis que recherche une autre poésie et que fournit seule l’observation de la réalité.

1396. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « La jeunesse du grand Condé d’après M. le duc d’Aumale »

L’écrivain ou le dilettante né du peuple peut quelquefois hausser son observation jusqu’aux grands en parcourant toute la région intermédiaire : un grand ne sort point de sa classe, sauf en des occasions extraordinaires et trop rapides, et est condamné à une assez grande ignorance, à une pauvreté relative d’impressions.

1397. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XIII. Retour de Molière à Paris » pp. 225-264

Molière a donc cette fois la véritable initiative, il aborde la critique des mœurs contemporaines, il y exerce son propre esprit d’observation, il est lui-même et doit fort peu aux autres.

1398. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre premier »

De là une quantité d’idées délicates, d’observations fines, exprimées avec grâce, et beaucoup de créations charmantes dans la langue des sentiments du cœur et de la politesse.

1399. (1887) Discours et conférences « Rapport sur les prix de vertu lu dans la séance publique annuelle de l’Académie française »

Cela parut singulier à madame Gros, qui en fit un jour l’observation à l’un deux.

1400. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XII. La littérature et la religion » pp. 294-312

Tels sont quelques-uns des traits que le protestantisme a donnés à la littérature éclose à son ombre, et si quelques-uns de ces signes particuliers tendent aujourd’hui à s’effacer, ils sont encore assez visibles pour qu’une observation attentive permette de constater à quel point un ensemble de croyances religieuses modèle les œuvres littéraires.

1401. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXXVII et dernier » pp. 442-475

Le roi se fit un titre de cette déclaration pour interdire toute observation à cette femme qu’on supposait toute-puissante.

1402. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Huet, évêque d’Avranches, par M. Christian Bartholmèss. (1850.) » pp. 163-186

Huet et Ménage s’étaient tous deux attelés à deux grosses besognes, Ménage à des observations sur Diogène Laërce, Huet à une traduction d’Origène, dont il avait retrouvé un manuscrit : ce sont de ces travaux qui font honneur à ceux qui les mènent à fin, mais qu’on maudit tout en les exécutant.

1403. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Lettres de Goethe et de Bettina, traduites de l’allemand par Sébastien Albin. (2 vol. in-8º — 1843.) » pp. 330-352

C’était un être nouveau et plein de grâce, qui venait s’offrir à son observation de poète et de naturaliste.

1404. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Monsieur de Broglie. » pp. 376-398

Les dames y tiennent beaucoup de place ; les observations sérieuses s’y retrouvent sous le badinage.

1405. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « L’abbé Galiani. » pp. 421-442

Au milieu de ces distractions d’esprit et des jeux avec sa chatte qui lui fournit mille sujets d’observations philosophiques et folâtres, Galiani remplit exactement ses devoirs d’homme public et ceux de chef de famille.

1406. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Mme de Caylus et de ce qu’on appelle Urbanité. » pp. 56-77

L’observation de Mme de Caylus est droite et prompte ; elle va au fond des caractères sans qu’il y paraisse.

1407. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Correspondance entre Mirabeau et le comte de La Marck (1789-1791), recueillie, mise en ordre et publiée par M. Ad. de Bacourt, ancien ambassadeur. » pp. 97-120

Les trois principaux personnages en jeu sont la reine, Mirabeau et le comte de La Marck lui-même, ce dernier bien digne d’être associé aux deux autres par son jugement excellent, sa finesse et sa fermeté d’observation, sa connaissance des hommes et des choses, par son dévouement au malheur d’une reine et à l’amitié d’un grand homme, et qui justifie pleinement aujourd’hui aux yeux de la postérité ce qu’il écrivait un jour à Mirabeau : « Dieu ne m’a mis sur la terre que pour aimer et surveiller votre gloire. » Rien, en effet, de plus honorable pour la réputation politique de Mirabeau que le contenu de ces diverses notes et l’esprit général qui les anime.

1408. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « L’abbé Maury. Essai sur l’éloquence de la chaire. (Collection Lefèvre.) » pp. 263-286

Si je vous avais écrit pendant mon séjour à l’armée, je vous aurais parlé en franc garnisonnier de l’ordre profond et de l’ordre mince ; mais ma tête est refroidie à présent sur la tactique, et il ne me reste que des observations utiles à mon métier sur une classe d’hommes que je ne connaissais pas, et dont les mœurs méritent d’être étudiées.

1409. (1865) Causeries du lundi. Tome VI (3e éd.) « Beaumarchais. — II. (Suite.) » pp. 220-241

Malgré tout, il y a eu là une infusion d’idées, de hardiesses, de folies et d’observations bien frappées, sur lesquelles on vivra cinquante ans et plus.

1410. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Voltaire et le président de Brosses, ou Une intrigue académique au XVIIIe siècle. » pp. 105-126

Une année se passa ainsi dans l’observation et dans l’inquiétude : il avait soixante ans.

1411. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Volney. Étude sur sa vie et sur ses œuvres, par M. Eugène Berger. 1852. — I. » pp. 389-410

Au lieu de nous raconter ses marches, l’emploi de ses journées, et de nous permettre de le suivre, il n’a donné que les résultats de ses observations durant trois ans : « J’ai rejeté comme trop longs, dit-il, l’ordre et les détails itinéraires ainsi que les aventures personnelles : je n’ai traité que par tableaux généraux, parce qu’ils rassemblent plus de faits et d’idées, et que, dans la foule des livres qui se succèdent, il me paraît important d’économiser le temps des lecteurs. » Il a donc composé un livre, un tableau, et n’a pas senti qu’il y avait plus de charme pour tout lecteur dans la simple manière d’un voyageur qui nous parle chemin faisant, et qu’on accompagne.

1412. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Histoire » pp. 179-240

Par l’analyse psychologique, par l’observation de la vie individuelle et de la vie collective, par l’appréciation des habitudes, des passions, des idées, des modes morales aussi bien que des modes matérielles, nous voulons reconstituer tout un monde disparu, de la base au sommet, du corps à l’âme.

1413. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre premier. La solidarité sociale, principe de l’émotion esthétique la plus complexe »

Sur cent vingt aveugles examinés par le docteur Dumont, trente-sept (le tiers à peu près) présentaient des désordres intellectuels variant depuis l’hypocondrie jusqu’à la manie et aux hallucinations — mêmes observations au sujet du toucher.

1414. (1888) La critique scientifique « La critique et l’histoire »

La première, en décomposant les œuvres d’art en leurs éléments, et en étudiant le jeu des bons moyens d’expression et des émotions exprimées, fournira à l’esthétique un grand nombre de faits et permettra de fonder les généralisations futures de cette science sur de larges assises d’observations.

1415. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre I. Shakespeare — Son génie »

Les poètes ont en eux un réflecteur, l’observation, et un condensateur, l’émotion ; de là ces grands spectres lumineux qui sortent de leur cerveau, et qui s’en vont flamboyer à jamais sur la ténébreuse muraille humaine.

1416. (1864) William Shakespeare « Deuxième partie — Livre II. Shakespeare — Son œuvre. Les points culminants »

Dieu crée dans l’intuition ; l’homme crée dans l’inspiration, compliquée d’observation.

1417. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre I. Après la mort — Shakespeare — L’Angleterre »

. ; or il n’y a de viable en littérature que les choses d’observation immédiate et les ouvrages faits sur des sujets contemporains. — Que dites-vous de la théorie ?

1418. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Prince » pp. 206-220

Je voudrais bien savoir ce que les artistes à venir dans quelques milliers d’années pourront faire de nous, surtout si des érudits sans esprit et sans goût les réduisent à l’observation rigoureuse de notre costume.

1419. (1759) Réflexions sur l’élocution oratoire, et sur le style en général

Cette contrainte et les avantages qui en naissent, sont peut-être la meilleure raison qu’on puisse apporter en faveur de la loi si rigoureusement observée jusqu’ici, qui veut que les tragédies soient en vers ; mais il resterait à examiner si l’observation de cette loi n’a pas produit plus de mauvais vers que de bons, et si elle n’a pas été nuisible à d’excellents esprits, qui, sans avoir le talent de la poésie, possédaient supérieurement celui du théâtre.

1420. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre X. Première partie. Théorie de la parole » pp. 268-299

Mais il est une observation qui a échappé à Platon et à M. de Maistre, et que je crois devoir consigner ici.

1421. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Nisard » pp. 81-110

Nisard avec une justesse d’observation qu’il a faite seul, — le Giaour, Sélim, Conrad, Lara, Hugo, sont des types de la fidélité dans l’amour.

1422. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « La Révolution française »

Si l’expérience et l’observation ne lui avaient enseigné la consubstantialité des hommes et des choses dans les manifestations de l’histoire, s’il n’avait pas vu qu’à tous les âges du monde les hommes qui ont trempé au plus profond d’une époque, qui en occupèrent les avenues et les hauteurs, laissent sur elle l’éclatant honneur ou l’éclatante infamie de leur caractère ou de leurs passions, — de leur humanité, enfin, qu’elle ait été vertueuse ou scélérate, — il se serait épargné, et à nous aussi, l’inutile détail de ces consciences corrompues, de ces personnalités abjectes, de toutes ces grandeurs apocryphes qui, quand on les touche d’un doigt ferme, se rétractent en de honteuses politesses ou coulent en fange sur la main.

1423. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Philarète Chasles » pp. 147-177

Lui qui avait de la réalité à côté de l’imagination dans la tête, qui avait de l’observation, de la netteté dans le regard, et de la raillerie au service de tout ce qui était hypocrite, pédant et niais, croit à la perfectibilité du genre humain comme le plus simple épicier de cette grande époque, dont c’est l’opinion.

1424. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Sainte-Beuve. Les Poésies de Joseph Delorme, Les Consolations, les Pensées d’août. »

Ce lyrisme, auquel le poète s’est assoupli par la volonté, l’exercice et surtout le compagnonnage littéraire, est le plus grand ennemi de sa nature sincère, de cette poésie qui est la sienne, toute d’observation triste ou cruelle, qui se déchire le cœur dans un coin, et de ce petit coin sombre avec son noir chagrin, comme Alceste, allonge sur le monde extérieur un regard qui, comme celui de certains peintres malades de la bile ou du foie, teint, d’une nuance particulière et soucieuse, les objets sur lesquels il va lentement et longuement se fixer.

1425. (1906) Les idées égalitaires. Étude sociologique « Première partie — Chapitre II. Réalité des idées égalitaires »

« La valeur de la détermination qui résulte d’une conviction personnelle, comme l’idée des droits et des devoirs de l’homme en général ne sont, suivant Zeller 26, des principes généralement reconnus que dans la période de transition qui coïncide avec la disparition de l’ancien point de vue grec. » La fameuse distinction de la « liberté à l’antique » et de la « liberté à la moderne » 27 repose sur cette observation que le véritable prix de l’individu était inconnu à la cité antique.

1426. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXVIII. Des obstacles qui avaient retardé l’éloquence parmi nous ; de sa renaissance, de sa marche et de ses progrès. »

Tous ces secrets supposent déjà une foule d’expériences et d’observations fines ou profondes.

1427. (1894) Études littéraires : seizième siècle

Il a de bonnes observations sur le tempérament colérique des Anglais, « comme de toutes les nations des pays froids »,, sur les Flamands plus inconsidérés que « malicieux », très turbulents, fort impatients de tous les jougs, « très humbles » quand ils ont fait quelque « grand erreur », et alors n’épargnant aucun sacrifice pour rentrer en grâce ; sur les Italiens un peu enclins de nature à céder à l’ascendant de la victoire: « … et ce peuple [de Pise] commence a incontinent à crier Noël, et vont au bout du pont jeter à la rivière un grand lion qui représentait la seigneurie de Florence, et firent faire en place un roi de France foulant un lion. […] Remarquez encore sa prudence extrême et sa circonspection dans les jugements, ce qui est un des signes où le moraliste se connaît: « Alors usurpèrent ceux de là maison d’Yorck ce royaume, ou l’eurent à bon titre, je ne sais lequel ; car de telles choses le partage [jugement] s’en fait au ciel. » Commynes est plein de ces petites phrases-là, où il peut entrer un peu de malice, et encore je ne sais, mais où surtout se révèle, comme dans les hésitations et suspensions de jugement et les utrum… an… nescio de Tacite, l’esprit très réfléchi, l’observation lente et la défiance de soi dans la curiosité, qui sont la physionomie même du moraliste. […] Cette observation que nous aurons encore à faire, explique l’étonnement des lecteurs peu familiers avec la littérature française ancienne, quand, remontant de Rabelais et surtout de Ronsard au siècle précédent, ils croient redescendre ; elle explique en particulier pourquoi Commynes semble à très peu près le contemporain de Duperron. — Cette langue, on vient de le voir, bien entendu quand elle était maniée par un habile, et surtout par un diplomate dressé à la nécessité d’être facilement compris même des étrangers, était limpide, souple, facile et gracieuse, comme aussi parfaitement capable d’ampleur, de richesse et d’éclat. […] On retrouve cette observation dans les historiens qui ont plus tard ou attaqué ou défendu Marot, et l’on sait que les calvinistes, pour faire des psaumes de Marot des chants religieux, ont bien pris soin de les mettre sur une musique nouvelle, écrite pour eux. […] Il lui faut rattacher toujours une observation à une série d’observations et une série d’observations à tout un système embrassant l’ensemble de toutes les choses qu’il croit connaître.

1428. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

C’est encore un simple fait d’observation. […] Balzac n’hésite pas à écrire : « Ayons le courage de faire une observation cruelle par un temps où la religion n’est plus considérée que comme un moyen par ceux-ci, comme une poésie par ceux-là. […] Il a travaillé sur le concret et adopté l’observation dans les domaines qui la comportaient. […] Même observation pour l’Iliade, que Tolstoï a beaucoup étudiée, avec grande raison, mais avec laquelle il voulait rivaliser, et cette illusion nous stupéfie. […] Le public tenait compte de leurs préventions, et leurs dénis de justice n’excluaient pas certaines observations en partie fondées et salutaires.

1429. (1920) Impressions de théâtre. Onzième série

Pas la moindre trace d’observation directe et sincère ; les personnages sont tous de pure convention. […] Ce n’est pas en répudiant ces types, mais plutôt en les contrôlant, en les modifiant, en les enrichissant par l’observation, bref en leur donnant la vie, que Molière créera la plupart de ses personnages. « Le grand progrès réalisé par lui, dit M.  […] Il est certain que j’ai trouvé plus d’art, plus de sérieux, plus de sincérité, plus d’observation, un plus grand effort intellectuel dans Esther Brandès, Rolande, les Résignés, le Comte Witold, le Maître ou l’École des veufs que dans tel vaudeville joué deux cents fois de suite. […] oui, c’est entendu, Regnard n’a ni observation, ni comique, ni rien de rien. […] Voyons maintenant s’il n’y aurait pas quelques observations à faire sur le choix des morceaux.

1430. (1898) Essai sur Goethe

Goethe eut toujours « soi-même, le monde, et ce qui est au-dessus de l’un et de l’autre, comme but complexe d’observation devant les yeux ». […] Ce petit fait causa à Goethe une satisfaction des plus vives, qui ne fut point cependant sans mélange, car l’empereur lui reprocha d’avoir conduit son héros au suicide, non par la passion seule, mais par des déceptions de vanité et des froissements d’ambition : « C’était, selon lui, affaiblir l’idée que le lecteur se fait de l’amour immense de Werther pour Charlotte. » Goethe sentit si vivement la justesse de cette observation, qu’il la garda pour soi seul : il s’abstint de la consigner dans sa relation de l’entrevue ; plus tard, il refusa de la répéter à Eckermann, qui, cependant, réussit à lui soutirer tant de révélations intéressantes ; en sorte que, si nous la connaissons aujourd’hui, c’est aux souvenirs du chancelier de Muller que nous le devons. […] Mais pour prêter aux sentiments secrets l’intensité nécessaire, pour donner au récit la couleur tragique qui le relève, pour arriver enfin au dénouement qui seul s’imposait, il lui a fallu s’inspirer d’un accident étranger, c’est-à-dire introduire dans l’amalgame des éléments extérieurs fournis par l’observation, non par l’expérience. […] Si je suis pour vous le représentant de bien des objets divers, vous m’avez, de votre côté, ramené à moi-même, en me détournant de l’observation trop exacte des choses extérieures. […] Ce n’est plus lui qui mène l’action selon les données de l’observation et les bonnes recettes du roman : c’est l’autre, celle qu’on ne peut éviter, celle qu’il ne faut pas nommer, celle dont nous ne sentons la constante présence qu’aux moment décisifs, aux heures suprêmes, celle qui préside au mystère de notre naissance et nous pousse à la mort par des chemins dont nous ne comprenons ni les détours, ni les accidents, ni les haltes douces.

1431. (1927) Approximations. Deuxième série

Une observation de la vie aussi juste et aussi légère n’appartient qu’à qui la regarde avec un certain détachement, à qui ne regarde pas qu’elle, — et c’est par là que Tant pis pour toi nous introduit fort avant dans le secret du charme de Gérard d’Houville. […] Voyez Marinette : l’auteur met une certaine coquetterie à ne nous la présenter que comme un tout petit personnage, mais tandis que Remy ne relève que d’une acuité à vrai dire incroyable d’observation, Marinette a derrière elle toutes les ressources, toutes les réserves de la sensibilité de Gérard d’Houville. […] Tout à l’inverse, dans la forme de critique qui lui est particulière, Pourtalès, par son honnêteté et par sa sagesse, me remet en mémoire sa propre observation sur Hamlet ; « Hamlet, qui veut voir clair, n’y voit que trop ; d’où ces lucides hésitations où les superficiels dénoncent de l’inconséquencedk ». […] Mais quand, peu à peu, je me sentis plus à l’aise dans la puanteur et dans l’inconfort, quand il ne me coûta plus une épuisante dépense d’énergie pour me maintenir simplement à flot, quand je retrouvai quelque liberté d’observation et quelque franchise du collier, ah ! […] Selon la profonde observation de Vauvenargues « l’art n’est ici lui-même qu’une nature plus parfaite et l’original des préceptes » [Vauvenargues, « les Orateurs », in Œuvres complètes I, Paris, Brière, 1821, p. 286.

1432. (1923) Au service de la déesse

La plupart des observations que Charles Darwin a faites, et qu’il a décrites avec un art délicieux, sont extrêmement sujettes à caution. […] N’allez-vous pas conclure de cette observation qu’une table de bois digère à merveille la gélatine, et digère assez bien la viande rôtie, et refuse obstinément le fromage ? […] Les expériences et les observations de Charles Darwin, dont il était si fier et, croyait-il, fier avec tant de modestie, — car il sacrifiait à ce très humble mérite la renommée de philosophe qu’on lui offrait et qu’on le suppliait d’accepter, — ces observations et expériences composent un roman de la nature aussi hardi que celui que l’on raille si volontiers chez notre Bernardin de Saint-Pierre. […] Les expériences et les observations de Darwin sont à présent contestées : les expériences et les observations sur lesquelles il avait fondé son hypothèse. […] Peu à peu, la besogne le divertit : « L’attirant de ce monde neuf, qui a quelque chose de la séduction d’une terre non explorée, pour un voyageur, puis la tension des sens, la multiplicité des observations et des remarques, l’effort de la mémoire, le jeu des perceptions, le travail hâtif et courant d’un cerveau qui moucharde la vérité, grisent le sang-froid de l’observateur et lui font oublier, dans une sorte de fièvre, les duretés et les dégoûts de son : observation. » Ça le dégoûte et ça le grise !

1433. (1895) La comédie littéraire. Notes et impressions de littérature pp. 3-379

Paul Déroulède, j’aurais, sans doute, quelques observations à présenter. […] Fuster une timide observation. […] S’il est conçu par un vrai poète, le côté roman (c’est-à-dire l’observation des mœurs ; l’étude des caractères, la description des milieux) se trouvera sacrifié. […] Masson-Forestier s’attache presque exclusivement à l’observation des mœurs judiciaires… Ses nouvelles sont, pour la plupart, des causes exposées sous une forme attachante et développées avec beaucoup d’art. […] Il éveille un monde d’idées, d’observations, de rapprochements, de méditations.

1434. (1854) Causeries littéraires pp. 1-353

Alix, la Crise, Rédemption montrèrent, vers cette époque, toutes les ressources de cette plume délicate, de cette observation pénétrante et flexible, qui, dégagée des combinaisons vulgaires et de l’attirail matériel du théâtre, n’en arrivait que plus sûrement à l’émotion et à l’effet. […] L’observation n’existe pas chez M. de Musset, ou, si elle existe, il suffit d’une bouffée d’air ou de poésie pour qu’elle s’envole hors de portée : on dirait un de ces ballons qui ont bien un homme à leur base, mais qui, entraînés par le vent loin de la terre, et des regards, ne laissent plus distinguer que la voile brillante et légère qui les soutient à travers l’espace. […] M. de Musset, — il nous l’a dit lui-même dans une ravissante boutade, — ne croit pas à l’observation, à l’étude du cœur humain, dans ce qu’elle a de collectif et de concluant. […] La poésie ne lui fait pas défaut ; mais, au lieu de tout entraîner, elle se soumet, après quelques résistances, à l’observation, ou plutôt à la vérité : que dis-je ? […] Quelle observation fine et vraie !

1435. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Eugène Gandar »

Aussi profite-t-il sans hésiter de ma bonne volonté, et me laisse-t-il maître de m’arrêter autant que je le trouverai sage dans toutes les villes où je verrai un sujet de profitables recherches et de fécondes observations. […] Mon impression maintenant est plus nette, et j’espère, cet hiver, jeter quelque lumière sur une question qui est, à mes yeux, l’une des plus importantes et l’une des plus délicates que présente l’histoire des lettres. » Il me semble que la lumière qu’il désirait est toute faite ; l’observation est bien simple et ne paraît pas comporter tant de mystères.

1436. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

Dans le portrait tel qu’il a été imprimé en 1809, cette phrase sur Rousseau est supprimée, et l’on y a mis l’observation sur Fontenelle au passé : On a dit de M. de Fontenelle qu’il avait… Il résulte, au contraire, de notre version plus exacte et plus complète, que Fontenelle vivait encore quand Mme du Deffand traçait ce portrait. […] Mme du Deffand portait plus de feu, plus d’imagination dans le propos ; pourtant chez elle, comme chez Mlle De Launay, comme chez d’autres encore, ce qui frappe avant tout, c’est le tour précis, l’observation rigoureuse, la perfection juste, ni plus ni moins.

1437. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Ce sont des observations faites par lui, à l’exécution d’Allorto et de ses complices, les assassins du jardinier d’Auteuil. […] Samedi 12 août Hennique vient de son Laonnais, nous demander à Daudet et à moi, nos observations, nos critiques sur Les Deux Patries.

1438. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Pyrame de Candolle a fait des observations très analogues sur la nature générale des affinités de plusieurs familles de plantes distinctes. […] Une répétition indéfinie de la même partie ou du même organe est, d’après les observations d’Owen, le caractère commun de toutes les formes inférieures ou peu modifiées.

1439. (1932) Les deux sources de la morale et de la religion « La religion dynamique »

D’abord, il s’en faut qu’une expérience scientifique, ou plus généralement une observation enregistrée par la science, soit toujours susceptible de répétition ou de contrôle. […] Rappelons seulement que l’observation, par les sens et par la conscience, des faits normaux et des états morbides nous révèle l’insuffisance des explications physiologiques de la mémoire, l’impossibilité d’attribuer la conservation des souvenirs au cerveau, et d’autre part la possibilité de suivre à la trace les dilatations successives de la mémoire, depuis le point où elle se resserre pour ne livrer que ce qui est strictement nécessaire à l’action présente, jusqu’au plan extrême où elle étale tout entier l’indestructible passé : nous disions métaphoriquement que nous allions ainsi du sommet à la base du cône.

1440. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre III. L’âge classique. — Chapitre III. La Révolution. »

On y joue avec les vérités générales ; on en retire agilement quelqu’une du monceau des faits où elle gît cachée, et on la développe ; on plane au-dessus de l’observation dans la raison et la rhétorique ; on se trouve mal et terre à terre tant qu’on n’est pas dans la région des idées pures. […] À ce titre, elle est une science d’observation, positive et utile comme la botanique ; encore les meilleurs fruits qu’ils en retirent, c’est la théorie des sentiments moraux. […] In like manner should we in the heart and centre of our soul, in the best and highest appartments thereof, in the places most exposed to ordinary observation, and most secure from the invasions of worldly care, erect lively representations and lasting memorials unto the Divine bounty.

1441. (1926) La poésie pure. Éclaircissements pp. 9-166

Cependant ce qui est vrai de la poésie, considérée par un effort d’observation, dans sa pure essence, n’est plus également vrai de l’œuvre infiniment complexe où cette poésie se trouve réalisée. […] vos idées, m’écrit-il aimablement, quelques-uns des témoignages que vous apportez, vos formules et surtout l’esprit dans lequel est menée votre enquête, coïncident merveilleusement avec ma propre évolution, commencée il y a plus de deux ans. je suis peintre, plus spécialement paysagiste, et, professeur, j’ai voulu enseigner l’histoire de l’art… etc : (c’est moi qui souligne cette observation capitale) en un mot, tout ce qui dépasse le travail de bon élève, tout cela est d’ordre mystique… quels sont les rapports de cette mystique avec la mystique religieuse ? […] Alfred Lartigue estime que la physique peut aboutir à une métaphysique, à une « théorie définitive qui monterait comme un soleil à l’horizon, le jour où l’homme pourrait se hisser sur un bloc d’observations assez haut pour la voir ».

1442. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Ces études, chez Vicaire, infinies lectures à droite et à gauche, une érudition curieuse de tout et renseignée immensément, fréquents séjours à la campagne et au village sans cesse occupés à l’observation amoureuse de la nature surprise chez elle, une recherche fervente des traditions, des légendes, jusqu’à l’étude par le menu des chansons populaires de son pays, la Bresse, ont formé un poète bien à part, entre tous ceux d’à peu près ma génération. […] Barbey d’Aurevilly : romancier très-inégal, catholique ultra, autoritaire à faire pâlir de Maistre, critique détestable souvent et contestable toujours, il présente mainte face à l’observation et mainte facette à la malignité. […] Mais au philosophe, à l’artiste comme à l’industriel, il n’est que juste de dire qu’elles offrent un champ nouveau d’observation, et de précieuses occasions, en même temps que d’agrandir leurs connaissances, — et qui n’en a besoin, même ou plutôt surtout, parmi ceux qui ont le plus d’acquis et sont le mieux doués ?

1443. (1927) Des romantiques à nous

À vrai dire, l’observation, la peinture de l’humanité en général n’y fait pas défaut Mais elle n’en est pas l’objet ni l’inspiration principale, ni la plus vive source d’intérêt Il est plat d’écrire que la Chartreuse de Parme est une « étude des petites cours italiennes ». […] C’est ainsi qu’il se livre, dis-je, et qu’on profite de ses faiblesses dont, au fond, on se moque bien, puisqu’elles ne furent pénibles qu’à lui et qu’il les a emportées au tombeau, pour attaquer, écraser en lui ce qu’il eut de meilleur, de vraiment royal, ce qui est le plus haï au monde quand il n’a pas la fortune d’y être plus piotégé : la supériorité de l’esprit, sa pleine et entière liberté, sa clairvoyance aiguë, et cette fierté de tête, ce sens du pur dont il faut être nanti pour oser de scandaleuses observations comme la suivante, si caractéristique du Sainte-Beuve le plus magistral : « La plupart des hommes célèbres meurent dans un véritable état de prostitution. » Voyez l’injustice ! […] Celui-ci est le produit d’une faculté imaginative longuement nourrie de la lecture des vieux romans bretons du moyen âge (que Jacques Boulenger dit n’être bretons que dans la mesure où le Cid est espagnol), de l’étude des grands écrivains bretons du XIXe siècle, de mille impressions et observations recueillies au cours de voyages répétés et de flâneries ardentes dans tous les chemins et ports de Bretagne, de Saint-Brieuc à la pointe du Raz, de Vitré au Huelgoat et à Carbaix, de Perros-Guirec aux îles du Morbihan. […] L’observation serait de peu de portée, si on ne pouvait l’appliquer qu’à celles de ses productions où il n’y a pas beaucoup de substance.

1444. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

Étant un homme, vous ne pouvez tirer quelques conclusions approximatives, touchant la psychologie de l’Être, que de l’observation de vos semblables, en raisonnant par analogie avec ce qui se passe en vous. […] Je te conterai seulement une de mes expériences… Mais il sied, d’abord, que tu tiennes pour… évidente cette proposition : Tous les systèmes possibles trouvent dans l’observation de la nature de quoi justifier leurs axiomes. […] … Ils sont deux : un homme et… Tiens, l’autre, il me semble que je l’ai déjà vu… Il faut pourtant que je fasse observer la consigne… Il tire, non sans efforts, l’épée flamboyante, se met au port d’arme et toise Grymalkin et Maître Phantasm arrêtés en observation à quelques mètres de lui. […] Je n’entends pas qu’une pensée triste réussisse à te distraire de l’observation des fantoches sinistres ou simplement grotesques qui vont parader devant toi… D’ailleurs, je vais t’apprendre la raison pourquoi… Il lui parle tout bas.

1445. (1925) Proses datées

Son art consistait dans la combinaison de ces éléments d’observation réaliste et dans leur aboutissement à un extraordinaire comique, fait de bouffonnerie, d’ironie et aussi d’ordre et de logique. […] Toutes ces bonnes gens inspiraient à Alphonse Allais une sympathie amusée et ce fut à leur contact que s’éveilla en lui ce sens de l’observation et de la réalité qu’il posséda à un haut degré et qui, dans la suite, servit de point d’appui à ses fantaisies les plus déconcertantes, à ses inventions les plus burlesquement saugrenues. […] Balzac est un grand observateur, mais l’observation n’est chez lui que l’opération préalable, et c’est par l’imagination qu’il la complète. […] Car Balzac n’est pas seulement le maître du roman au dix-neuvième siècle, quelqu’un ayant porté ce genre d’écrit à une ampleur et à un détail d’observation, à une intensité de vie inconnue avant lui. […] Elle tendait à isoler l’art de la morale ou plutôt à lui donner sur elle une telle supériorité qu’elle se soumît à lui pourvu que le poète sût trouver dans le mal, soit par un jeu d’imagination, soit par observation intérieure, des éléments de beauté.

1446. (1903) Le problème de l’avenir latin

Il est nécessaire que nos observations contemporaines se fondent sur le bloc entier de l’histoire européenne. […] Ainsi l’une des premières observations qui s’imposent a trait au rôle respectif de la parole et de l’action chez les peuples latins. […] Par-delà toutes les critiques de détail, il y a en effet une observation capitale à formuler. […] Aux curieux, aux dilettantes, il offre un champ immense d’observations et de recherches. […] L’auteur condense cette observation en des formules excellentes que nous ne pouvons mieux faire que de reproduire.

1447. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

L’auteur même des Essais commence à déplaire, pour ce qu’il a de trop personnel ; et on lui préfère son disciple Charron, pour avoir dépersonnalisé les observations du maître. […] Quant aux « raisons nouvelles » qu’il avait tirées de « ses adversaires mêmes », il ne faut, pour les trouver, chercher ni bien longtemps ni bien loin ; — et il suffit d’une seule observation. […] N’était-ce donc pas un grand point de gagné si l’on établissait contre eux, sans aucun recours à la révélation, mais par le seul secours de l’observation, que l’homme diffère extrêmement de la bête ? […] Si cette observation est vraie, en voit-on bien la conséquence ? […] Les présidents à mortier font des observations sur « l’usage des glandes rénales », à moins qu’ils ne dissertent sur « les causes de la transparence des corps ».

1448. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « De la tradition en littérature et dans quel sens il la faut entendre. Leçon d’ouverture à l’École normale » pp. 356-382

Je m’oublie, messieurs ; nous aurons assez d’occasions d’appliquer ensemble et de vérifier dans une pratique assidue ces diverses observations que je vous présente ici sans trop d’ordre et de méthode, l’Art poétique de notre maître Horace nous ayant dès longtemps autorisés à cette manière de discourir librement des choses du goût.

1449. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Le détail des Bucoliques est d’une continuelle et parfaite observation rurale, d’une peinture fidèle, prise sur nature, et du rendu le plus délicat ; elles sont bien d’un poète qui a vécu aux champs et qui les aime, et chaque fois qu’on sort de les relire, on ne peut que répéter avec M. de Maistre : « l’Énéide est belle, mais les Bucoliques sont aimables. » Ayant écrit moi-même autrefois une Étude sur Virgile, il m’est resté quelque surcroît d’idées et de remarques que je demande à joindre ici comme un dernier hommage et tribut au souverain poète à qui j’aurais aimé, moi aussi, à élever mon autel.

1450. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. NISARD. » pp. 328-357

., et y porte une expression abondante, redondante quelquefois, mais facile, claire, sensée, une foule d’observations morales qui plaisent à beaucoup d’esprits modérés et distingués, qui enchantent beaucoup d’esprits solides, qui ne satisfont peut-être pas toujours au même degré quelques délicats, subtils et dédaigneux.

1451. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « UNE RUELLE POÉTIQUE SOUS LOUIS XIV » pp. 358-381

Jay a écrit, dans des Observations sur elle et sur ses œuvres : « Supérieure sous tous les rapports à Mme Des Houlières, mais ne devant peut-être cette supériorité qu’à l’influence des grands spectacles dont elle fut témoin et dont elle reçut les impressions, elle a conquis une palme immortelle… » L’originalité poétique de Mme Dufrénoy (si on lui en trouve) n’est pas dans les chants consacrés à des événements publics, mais dans la simple expression de ses sentiments tendres.

1452. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « L’abbé Prévost »

L’abbé Desfontaines, dans ses Observations sur les Écrits modernes, parmi de justes critiques du plan et des invraisemblances de cet ouvrage, s’est montré de trop sévère humeur contre l’excellent doyen, en le traitant de personnage plat et d’homme aussi insupportable au lecteur qu’à sa famille.

1453. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Du génie critique et de Bayle »

J’ai été autrefois touché de cette même avidité, et je puis dire qu’elle m’a été fort préjudiciable. » Mais voilà, au moment même du reproche, qu’il l’encourt de plus belle ; il voudrait tout savoir, même les détails rustiques, lui qui tout à l’heure regrettait le temps perdu à la chasse ; il demande mainte observation à son frère sur les verreries de Gabre, sur le pastel du Lauraguais.

1454. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mémoires sur la mort de Louis XV »

Mémoires sur la mort de Louis XV La maladie d’un roi, d’un roi qui a une maîtresse, et une c… pour maîtresse, d’un roi dont les ministres et les courtisans n’existent que par cette maîtresse, dont les enfants sont opposés d’intérêts et d’inclination à cette maîtresse, est une trop grande époque pour un homme qui vit et qui est destiné à vivre à la Cour, pour ne pas mériter toutes ses observations.

1455. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

On isole une donnée simple, très générale, très accessible à l’observation, très familière, et que l’écolier le plus inattentif et le plus ignorant peut aisément saisir.

1456. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre cinquième. Le peuple. — Chapitre I »

Par des observations et des calculs analogues, Arthur Young arrive à montrer qu’en France « ceux qui vivent du travail des champs, et ce sont les plus nombreux, sont de 76 pour 100 moins à leur aise qu’en Angleterre, de 76 pour 100 plus mal nourris, plus mal vêtus, plus mal traités en santé et en maladie ». — Aussi bien, dans les sept huitièmes du royaume, il n’y a pas de fermiers, mais des métayers.

1457. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Quoique ses observations fussent souvent fines et piquantes, elle y mettait tant de réserve et de modération, que jamais on ne s’en offensait.

1458. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre I. Les mondains : La Rochefoucauld, Retz, Madame de Sévigné »

Les plus spirituelles reconnurent pourtant que l’observation était exacte.

1459. (1868) Alexandre Pouchkine pp. 1-34

Personne ne raconte plus spirituellement que Pouchkine, personne n’entremêle plus agréablement la satire hardie, mais honnête, aux observations justes et fines de mœurs et de caractères ; personne enfin n’effleure avec plus de discrétion des situations qui, sous une plume moins habile, alarmeraient les lecteurs les moins timorés.

1460. (1894) Propos de littérature « Chapitre V » pp. 111-140

Il me reste à examiner chez MM. de Régnier et Griffin — et l’on voudra bien étendre ces observations à d’autres poètes de ces jours, — des qualités et des défauts qui se rattachent de plus loin à la philosophie, à la méthode ou à la forme qu’ils ont préférées ; ces notes réunies achèveront d’éclairer leur personnalité.

1461. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Discours préliminaire, au lecteur citoyen. » pp. 55-106

Il ignore donc, ce charitable Ministre du Dieu de paix, que trois ans avant la mort de ce Vicaire, j’ai déclaré que personne n’avoit eu part à mon travail, & défié tout Littérateur d’oser avancer qu’il m’eût fourni par écrit la moindre observation dont j’aie fait usage.

1462. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — Chapitre VIII »

Mot de nature, trait de haut comique qui part du fond de l’observation.

1463. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XV »

Des traits d’observation saisissante, pris sur le vif de l’âme féminine, se mêlent au grimoire de ses caractères ; son héroïne est de fière étrangeté et de grande allure.

1464. (1864) William Shakespeare « Conclusion — Livre III. L’histoire réelle — Chacun remis à sa place »

Si vous êtes curieux au point de lui demander comment s’appelait le marchand anglais qui le premier en 1612 est entré en Chine par le Nord, et l’ouvrier verrier qui le premier en 1663 a établi en France une manufacture de cristal, et le bourgeois qui a fait prévaloir aux états-généraux de Tours sous Charles VIII le fécond principe de la magistrature élective, adroitement raturé depuis, et le pilote qui en 1405 a découvert les îles Canaries, et le luthier byzantin qui, au huitième siècle, a inventé l’orgue et donné à la musique sa plus grande voix, et le maçon campanien qui a inventé l’horloge en plaçant à Rome sur le temple de Quirinus le premier cadran solaire, et le pontonnier romain qui a inventé le pavage des villes par la construction de la voie Appienne l’an 312 avant l’ère chrétienne, et le charpentier égyptien qui a imaginé la queue d’aronde trouvée sous l’obélisque de Louqsor et l’une des clefs de l’architecture, et le gardeur de chèvres chaldéen qui a fondé l’astronomie par l’observation des signes du zodiaque, point de départ d’Anaximène, et le calfat corinthien qui, neuf ans avant la première olympiade, a calculé la puissance du triple levier et imaginé la trirème, et créé un remorqueur antérieur de deux mille six cents ans au bateau à vapeur, et le laboureur macédonien qui a découvert la première mine d’or dans le mont Pangée, l’histoire ne sait que vous dire.

1465. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre II. Des poëtes étrangers. » pp. 94-141

C’est un Poëme didactique, rempli de préceptes & de regles, où les observations se suivent, comme dans l’Art poétique d’Horace, sans cette régularité méthodique qu’on eût exigée d’un Ecrivain en prose.

1466. (1767) Sur l’harmonie des langues, et en particulier sur celle qu’on croit sentir dans les langues mortes

Observations sur l’Italie et sur les Italiens, par M. 

1467. (1899) Le roman populaire pp. 77-112

Si j’avais à juger l’école naturaliste française, non dans sa formule, où il entre beaucoup de vérité, non pas même dans l’œuvre de tel ou tel auteur, mais dans l’ensemble des livres qui se réclament du naturalisme, je dirais que son principal défaut littéraire a été de méconnaître la réalité ; je montrerais ce qu’il y a de contraire aux règles de l’observation et de la sincérité, dans le procédé qui consiste à ne peindre de l’homme que les instincts, à supprimer les âmes, à expliquer le monde moral par des causes inégales aux effets, à murer toutes les fenêtres que l’homme, accablé tant qu’on le voudra par la misère, le travail, la maladie, l’influence du milieu, continue et continuera d’ouvrir sur le ciel.

1468. (1922) Durée et simultanéité : à propos de la théorie d’Einstein « Chapitre III. De la nature du temps »

Même observation encore s’il en avait deux, si c’était un univers superficiel, toile indéfinie sur laquelle se dessineraient indéfiniment des images plates l’occupant chacune tout entière : la rapidité de succession de ces images pourra encore devenir infinie, et d’un univers qui se déroule nous passerons encore à un univers déroulé, pourvu que nous soit accordée une dimension supplémentaire.

1469. (1919) L’énergie spirituelle. Essais et conférences « Chapitre I. La conscience et la vie »

Il est inutile d’entrer dans le détail des observations qui, depuis Lamarck et Darwin, sont venues confirmer de plus en plus l’idée d’une évolution des espèces, je veux dire de la génération des unes par les autres depuis les formes organisées les plus simples.

1470. (1929) Les livres du Temps. Deuxième série pp. 2-509

Cependant, même lorsque La Fontaine se borne à l’observation et à la constatation du réel, il y a bien toujours dans ses fables un jugement au moins implicite. […] Émile Faguet présente des observations très ingénieuses, mais un peu trop restrictives à mon gré. […] Le peuple n’aurait pu alors supporter qu’un prince se contentât de l’adoration pure d’un être pur et de l’observation de la justice2 ». […] Tharaud l’ont enregistrée sans observation.

1471. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome III

Ces observations n’ont point pour objet de décrier un ouvrage qui a de véritables beautés, mais de montrer combien de fautes entraînent la précipitation et la négligence. […] C’est dans ces oppositions qu’il se plaisait à étaler ce qu’on appelle sa philosophie, c’est-à-dire, des observations très communes sur le caractère, les mœurs, les usages de ces peuples ; mais il savait traduire en fort beaux vers ce qu’on lit dans tous les voyageurs : Aussi est-il un grand coloriste, beaucoup plus qu’un grand philosophe. […] Il me reste plusieurs autres observations sur le plan, le caractère et le style, qui feront la matière d’un autre article. […] Ces observations n’empêchent pas que Mérope ne soit le chef-d’œuvre de Voltaire. […] Le cardinal Quirini était trop civil pour faire à l’auteur de Sémiramis de pareilles observations, et cependant ces observations auraient été très décentes et très convenables de la part d’un cardinal : mais, par malheur, ce cardinal était poète, et, en cette qualité, il reconnaissait Voltaire pour son supérieur et son chef ; il l’avait même choisi pour son original : il avait traduit en vers italiens, avec tout le respect et la dévotion d’un commentateur, le poème de La Henriade, et celui de La Bataille de Fontenoi ; c’était à ces traductions qu’il devait l’honneur de la dédicace de Sémiramis ; et il était enchanté de voir son seigneur suzerain en littérature et en poésie, lui rendre hommage, comme s’il eut été son vassal.

1472. (1891) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Première série

Mais un moraliste est un homme bien patient, et les allures sont lentes, prudentes, circonspectes et peu hardies de cet « esprit de finesse » dont mille observations ténues, délicates, et chacune dix fois discutée et contrôlée, sont les « principes. » L’histoire morale est de l’histoire, et le moraliste est un historien. […] Cet éloignement, cette répulsion de Bonald à l’égard de la matière à pensée, à l’égard du fait, de l’observation, de l’information, vraiment, je ne l’exagère point. […] Bonald a repoussé ces observations avec plus d’emportement que de raisons. […] Toutes ces observations se ramènent à dire que tout ce qui est vie morale puissante (à excepter celle de l’auteur) manque à ces œuvres, et que toutes les autres qualités de l’excellent romancier s’y trouvent. […] C’est pour cela que l’observation psychologique sert d’ordinaire de soutien ou de ragoût aux œuvres d’imagination, et n’y entre que pour une part dans l’ensemble.

1473. (1889) Derniers essais de critique et d’histoire

Voilà pourquoi il veut que son candidat soit du pays, et que, pendant de longues années, il ait fourni matière à l’observation de ses voisins ; en cela, il a raison encore. […] On ferait une belle histoire de cette évolution graduelle et naturelle, sincère et progressive, déterminée tout entière par le seul effet de l’observation assidue, jointe au travail intérieur d’un esprit loyal et sain. […] Souvent même son roman a pour principe un doute de haute casuistique ou une recherche de psychologie supérieure ; par ce côté de son esprit, elle prend place à côté de Rousseau, son maître, au-dessus des moralistes ordinaires, qui ont formulé leurs observations en axiomes sans savoir, comme elle, les mettre en scène et en action. […] Son talent, encore un peu flottant, se fixa ; son jugement se mûrit ; son style, déjà sérieux et réfléchi, atteignit, par l’observation soutenue des plus exactes bienséances, la gravité, la dignité, l’ampleur, et, du biographe vif et libre, on vit se dégager le critique, le moraliste, l’historien que nous connaissons. […] Son procédé est la méthode déductive qui, écartant l’observation, dédaignant l’expérience et l’histoire, construit la société d’après un axiome préconçu.

1474. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome III pp. 5-336

Virgile a conçu et exécuté son Énéide, ainsi que Valérius Flaccus son Argonautique, d’après l’observation des mêmes lois. […] La même observation s’applique à la fable de notre seul poème national. […] Observation de l’unité dans l’Odyssée. […] Non, il tient à l’observation de cette règle, puisque le sujet de la fondation de Rome n’importait pas moins aux Romains, que celui de la prise de Sion n’importait aux peuples modernes ; puisque l’art de Virgile, relativement à toutes les autres règles que l’unité, surpasse infiniment l’art du Tasse. […] Les aventures multipliées qu’Arioste a décrites se croisent de tant de manières, que l’esprit se fourvoie dans ce charmant dédale, et je risquerais bien de voir ici ma règle tomber à faux, si je voulais soumettre l’épopée badine à l’exacte observation de chacune de mes conditions : mais, grâce au ciel, les principes exclusifs ne me tyrannisent pas ; je m’y attache seulement assez pour indiquer le mieux dans tous les genres, sans juger avec rigueur que ce qui en sort un peu soit absolument mauvais.

1475. (1888) La vie littéraire. Première série pp. 1-363

Zola répugnent à l’observation directe. […] C’est que nous sommes ainsi faits, tous tant que nous sommes, que nous ne comprenons et ne sentons vraiment que la forme générale et, pour ainsi dire, l’esprit des choses, et qu’au contraire les éléments qui constituent ces choses échappent à notre observation et à notre intelligence par leur infinie complexité. […] Leur vie est un perpétuel travail d’observation et d’expression. […] Il n’y a, d’ailleurs, à l’influencer ni pour ni contre ; elle sait son métier de postérité ; elle a le sens mystérieux et implacable des conclusions infaillibles et définitives. » C’est sur ce point que je me permettrai de présenter à l’écrivain que j’admire infiniment quelques observations humbles mais fermes. […] Rien, dans ces pages d’un pseudo-naturaliste, ne révèle l’observation directe.

1476. (1802) Études sur Molière pp. -355

« Détachez par extrait de votre Art de la Comédie, tout ce qui concerne l’homme immortel que le faux goût, que la satiété du beau poursuivent jusque sur la scène dont il fit la gloire ; joignez à de nouvelles observations sur l’Art du poète dramatique, des remarques sur l’Art du comédien ; décomposez celui-là pour prouver à celui-ci qu’il ne peut le bien rendre s’il ne le connaît parfaitement ; consacrez par ce moyen la bonne tradition ; dénoncez par ce moyen la mauvaise ; resserrez ces observations et ces remarques dans un volume qui devienne nécessaire à chaque possesseur d’un exemplaire de notre excellent comique ; et si vous épargnez des recherches au lecteur paresseux, si vous procurez au plus futile l’avantage de raisonner insensiblement ses plaisirs, si vous ménagez l’amour-propre des uns et des autres, en les amenant au point de s’initier comme d’eux-mêmes aux mystères de Thalie, je vous garantis qu’ils voudront juger à leur tour votre Art de la Comédie, et que vous n’aurez peut-être pas des critiques plus sévères. » Cruel ami ! […] Avant de faire des observations sur ces trois ouvrages, nous devons, d’après la tâche que nous nous sommes imposée, parler d’abord des chagrins domestiques qu’éprouvait Molière ; l’ingrate compagne de qui il attendait toute sa félicité ne cessait de faire son tourment, et par son indifférence pour lui, et par sa haine pour toutes les personnes qui pouvaient le consoler ; elle voyait avec peine ses bontés pour un enfant de treize ans, pour Baron : elle s’oublia même jusqu’au point de le frapper. […] Voltaire, dans ses observations sur les comédies de Molière, article des Femmes savantes, ajoute, en parlant de Cotin : Les Satires de Despréaux l’avaient déjà couvert de honte, et Molière l’accabla… La meilleure satire qu’on puisse faire d’un mauvais poète, c’est de donner d’excellents ouvrages ; Molière et Despréaux n’avaient pas besoin d’ajouter des injures.

1477. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Une pièce peut être excellente, pourvu qu’elle remplisse les conditions particulières de la scène ; le mérite littéraire, peinture des passions, humanité, observation, poésie, y est de surcroît : elle s’en passe à merveille. […] Il est atteint de timidité au sens où la timidité est une maladie de l’esprit, une manie qui relève de l’observation médicale. […] La physiologie et la médecine sont alors les sciences qui s’imposent tout particulièrement à l’attention et influent sur la direction des esprits ; l’expérimentation y remplace l’observation, et après avoir été longtemps un art où régnait en maître l’empirisme, la médecine va de plus en plus, grâce à Claude Bernard et à Pasteur, devenir une science. […] « En chacun de nous il y a deux hommes, le savant, celui qui a fait table rase, qui, par l’observation, l’expérimentation et le raisonnement, veut s’élever à la connaissance de la nature, et puis l’homme sensible, l’homme de tradition, de foi ou de doute, l’homme de sentiment qui pleure ses enfants qui ne sont plus, qui ne peut, hélas ! […] Proal n’a pas cherché le seul plaisir d’étaler sous nos yeux les tableaux d’une sorte de musée des horreurs ; mais à l’aide des observations qu’il a pu faire à l’audience ou dans son cabinet de juge d’instruction et de procureur de la République, il s’est efforcé d’étudier la psychologie de l’amoureux criminel, de la femme délaissée, de l’assassin par jalousie, du meurtrier par honneur, du suicidé par amour contrarié.

1478. (1892) Sur Goethe : études critiques de littérature allemande

Ainsi Goethe puisait à son insu dans tout ce qui se passait sous ses yeux les éléments de ses futures créations ; non seulement chaque observation réfléchie, mais encore chaque impression involontaire de son enfance et de sa jeunesse déposait dans son esprit le germe d’un sentiment ou d’une œuvre poétique. […] « Quand j’ai mis du noir sur du blanc », dit le Famulus de Faust qui ne comprend rien à l’hypocondrie de son maître, « je me sens l’âme toute ragaillardie. » Sous ce mot plaisant d’un nigaud et sous ce contentement d’un barbouilleur de papier, il y a une observation, triste sans doute pour la nature humaine, mais juste et vraie. […] Elle renferme des observations intéressantes et elle dénote chez l’auteur beaucoup de science et un esprit juste. […] Les jugements ingénieux sur les poètes allemands et sur leur influence, et en particulier sur Goethe, des observations fines et profondes sur l’avenir que le panthéisme réserve à la poésie, se mêlent heureusement, dans les pages détachées du journal d’Élisabeth, à de vigoureuses controverses morales, à une raillerie amère, à la peinture monotone et puissante par sa monotonie même des angoisses de l’esprit. […] Le talent d’observation de M. 

1479. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1866 » pp. 3-95

* * * — Certaines charges de ce temps-ci sont des cauchemars d’observation. […] » * * * — La princesse a des saillies d’une observation très fine.

1480. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

On a parlé de l’article de Strindberg sur l’infériorité de la femme, d’après l’étude de ses sens, ce qui est incontestable sous le rapport du goût et de l’odorat, et à propos de cette infériorité, je rappelais une observation d’un livre de médecine, où il est affirmé que le squelette d’homme a une personnalité, que n’ont pas les squelettes de femmes, qu’on dirait fabriqués à la grosse. […] « Vous n’avez vécu que pour les choses de l’intelligence ; et, non content de chercher dans l’observation de notre coin de nature et d’humanité, matière à remplir vos études et à satisfaire la curiosité de vos goûts, vous avez élargi l’horizon contemporain, vous avez ressuscité le charme d’un siècle disparu, vous avez rapproché de nous la fantaisie et le mystère des arts lointains.

1481. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Vernet » pp. 130-167

Combien de philosophes, faute de ces observations si simples, ont fait à l’homme la morale des loups, aussi bêtes en cela que s’ils avaient prescrit aux loups la morale de l’homme ! […] Il y a plusieurs petites observations, que j’ai presque toujours faites, c’est que les spectateurs au jeu ne manquent guère de prendre parti pour le plus fort, de se liguer avec la fortune, et de quitter des joueurs excellens qui n’intéressaient pas leur jeu, pour s’attrouper autour de pitoyables joueurs qui risquaient des masses d’or.

1482. (1899) Arabesques pp. 1-223

Je n’ai plus que quelques observations à présenter touchant son cas, et je passe à un autre sujet. […] Les autres s’inspirent de l’observation, se réclament de la Révolution et considèrent que le jeu des lois naturelles suffit à déterminer l’homme et l’univers sans qu’il soit besoin d’invoquer un moteur divin pour les expliquer. […] Les esprits sont tellement habitués à se repaître de formules creuses, de déclamations vaines et de sophismes sentimentaux, qu’il s’en trouve fort peu pour suivre, sans fatigue ou sans répugnance, un raisonnement basé sur l’observation de la réalité, jusqu’en ses conséquences logiques. […] Elles ont pour résultat d’abaisser le niveau moyen des intelligences, puisqu’il est d’observation courante que le grand nombre confie, de préférence, la férule aux plus médiocres, c’est-à-dire à ceux qui ne l’effrayent point par trop d’indépendance dans les idées et qui se conforment à son horreur du changement.

1483. (1882) Autour de la table (nouv. éd.) pp. 1-376

Il a cherché des trésors et n’en a pas trouvé que ceux qu’il portait en lui-même : son intelligence, son esprit d’observation, sa mobilité, sa capacité merveilleuse, sa force, sa gaieté, sa honte, son génie, en un mot. […] Quand il trouvait une curiosité égale à la sienne, il exploitait cette mine d’observations avec un cynisme de confesseur : c’est ainsi qu’il s’exprimait sur ce chapitre. […] Il était un peu quintessencié, mais naïvement, et ce grand anatomiste de la vie laissait voir qu’il avait tout appris, le bien et le mal, par l’observation du fait ou la contemplation de l’idée, nullement par l’expérience. […] Sa spontanéité, je l’ai déjà dit, sa véritable manifestation, son plaisir, sa vie par conséquent, étaient dans la parole échangée, dans la remarque fugitive colorée à l’instant par le trait de l’observation juste ou de la comparaison poétique ; dans la réplique mordante ou gracieuse, dans les courts récits pleins d’atticisme ou de charme.

1484. (1901) Des réputations littéraires. Essais de morale et d’histoire. Deuxième série

Alexandre Dumas, racontant la chute de la Princesse de Bagdad, a fait une observation que les pauvres auteurs sifflés peuvent appliquer plausiblement, pour consoler leur amour-propre, à tous les accidents bruyants du même genre : c’est que le public « n’existe pas. » « Tout ce tapage était produit par cent ou cent cinquante personnes au plus, y compris les individus payés qui gagnaient consciencieusement leur pièce de quarante sous, en sifflant ou en criant, y compris les claqueurs, payés aussi… Il restait à peu près quinze cents personnes (le public) qui ne disaient rien, qui attendaient l’issue de cette bataille. […] L’anglais Sterne, Duclos, Stendhal, Taine ont tous fait la même observation, chacun à son tour : ils ont noté qu’un visiteur qui se permettrait de raisonner, de penser, d’apporter quelque fantaisie ou quelque préoccupation étrangère au répertoire des lieux communs, commettrait une espèce d’inconvenance et donnerait à croire qu’il ne sait pas vivre ; ils ont écrit que, dans la bonne société française, il faut faire comme tout le monde, parler comme tout le monde, être comme tout le monde, et qu’on est « un original », autrement dit, un excentrique, un braque, dès qu’on se distingue, par le moindre trait d’indépendance, de l’universelle banalité. […] Car ils arrivent tous en Italie avec des impressions formées d’avance par leurs lectures, et d’observation naïve, spontanée, il n’y en a plus trace. […] Un des éléments de l’autorité chez un critique, c’est une confiance intrépide en son propre jugement : si bien qu’il est contraire à l’idée de l’autorité d’avoir trop d’intelligence ; car le premier exercice que fait de sa critique un homme intelligent, c’est sur lui-même, appliquant la méthode des astronomes qui cherchent d’abord leur « équation personnelle », c’est-à-dire la quantité d’erreur constante à laquelle leurs observations sont exposées, du fait qu’ils sont Herschell, Laplace, Arago ou Schiaparelli, et qu’ils observent avec leurs lunettes la planète Mars, de l’observatoire de Milan ou de celui des Montagnes-Rocheuses. […] Mais, à l’autre extrémité de la littérature, le misérable écrivain-fantôme qui aujourd’hui rêve de faire un livre sans avoir rassemblé ces matériaux du style, l’observation, la réflexion, la lecture, la connaissance des hommes, la science des choses, l’expérience de la vie avec toutes ses épreuves et le contact intime de la réalité, est un fou qui allume sa lampe sans y avoir mis de combustible.

1485. (1817) Cours analytique de littérature générale. Tome IV pp. 5-

Fidèle à suivre les premiers linéaments de ma méthode rigoureuse, je constatai cette observation préliminairement développée, et l’ayant appliquée ensuite à la double essence de l’art théâtral, je prends soin de la reproduire ici, relativement aux poèmes composés sur la colère d’Achille, et sur les fureurs de Roland, ou, si l’on veut des exemples récents, à l’égard de la Henriade et du Lutrin. […] Le faux de cette observation saute aux yeux : il est évident que l’on a confondu dans la critique deux choses très différentes et même très opposées, que l’auteur a très bien su distinguer dans son poème. […] L’observation des usages et des localités. […] Or, si la fable la plus mince, imaginée par l’espièglerie du satirique, s’agrandit et prend une telle consistance de l’observation des localités, combien plus importe cette condition aux fables vraiment grandes et héroïques ! […] Ces ornements poétiques se multiplièrent par la seule observation des choses locales : je leur dus l’éclat de deux grands épisodes ; l’un sur les phases de la lune et sur les flux de l’Océan, l’autre sur l’antique formation du détroit des colonnes d’Hercule, par la rupture des côtes de l’Afrique et de l’Europe, qui cédèrent passage à l’irruption des mers.

1486. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Werther. Correspondance de Goethe et de Kestner, traduite par M. L. Poley » pp. 289-315

Observation bien juste et sentie !

1487. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Sismondi. Fragments de son journal et correspondance. »

Mais l’analyse de tous les sentiments du cœur humain est si admirable, il y a tant de vérité dans la faiblesse du héros, tant d’esprit dans les observations, de pureté et de vigueur dans le style, que le livre se fait lire avec un plaisir infini.

1488. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « L’Académie française »

Le recueil de ses observations critiques sera publié au moins quatre fois par an. » L’Académie est loin d’avoir été fidèle aux termes et à l’esprit de cet article fondamental.

1489. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Œuvres françaises de Joachim Du Bellay. [III] »

On m’assure pourtant qu’il ne sera ni tout à fait inutile, ni désagréable pour ceux mêmes qui le savent déjà, de citer le sonnet célèbre, qu’on s’attend à lire chaque fois qu’il est question de Du Bellay ; j’obéis donc à cette observation qui m’est faite au dernier moment, d’autant plus que c’est la meilleure preuve que je n’ai pas surfait le poète : Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestui-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge !

1490. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — I. » pp. 166-193

Et cependant Mme Roland est bien sous le même souffle, sous la même inspiration sentimentale que cette autre fille de Jean-Jacques : « Quoi qu’il en soit du fruit de l’observation et des règles de la philosophie, écrit-elle à Bancal, je crois à un guide plus sûr pour les âmes saines, c’est le sentiment.

1491. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Sans doute sa théorie du drame n’a guère de valeur que comme démenti donné au convenu, au faux goût, à l’éternelle mythologie de l’époque, comme rappel à la vérité des mœurs, à la réalité des sentiments, à l’observation de la nature ; il échoua dès qu’il voulut pratiquer.

1492. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXVIIe entretien. J.-J. Rousseau. Son faux Contrat social et le vrai contrat social (3e partie) » pp. 5-56

Devoir de ce premier groupe de la famille de reconnaître et de respecter, dans les autres groupes semblables à elle, le même droit divin de vivre et de multiplier sur la terre, domaine commun de la race humaine ; de ne point la tuer, de ne point lui dérober sa place au soleil et au festin nourricier du sillon ; mais de reconnaître, d’assister, d’aimer les autres hommes ses semblables, et de leur appliquer cet instinct tout spiritualiste et tout moral de la justice législative incréée, qui invente et qui sanctionne toute société par une force morale mille fois plus forte que la force législative, la conscience, et dont toute violation est crime, dont toute observation est vertu !

1493. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIVe entretien. Mélanges »

J’ai fait à l’auteur les observations que vous faites vous-mêmes, il les a consenties et vous pouvez être rassurés.

1494. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

Un vigoureux talent, une observation perpétuelle, une ardeur alerte, voilà ce qu’on remarque dans la Maison de la Vieille, et qu’on ne croît pas que ce livre est décousu ; malgré son grouillement, il est systématique et construit de main d’ouvrier.

1495. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre premier »

« M. de Balzac, dit-il, explique avec tant de force ce qu’il entreprend de traiter, il l’enrichit de si grands exemples, qu’il y a lieu de s’étonner que l’exacte observation de toutes les règles de l’art n’ait point affaibli la véhémence de son style ni retenu l’impétuosité de son naturel… Plus une personne a d’esprit, ajoute-t-il, et plus infailliblement elle est convaincue de la solidité et de la vérité de ses raisons, principalement lorsqu’elle n’a dessein de prouver aux autres que ce qu’elle s’est auparavant persuadé à elle-même. » Plus loin, parlant du caractère moral et des écrits de Balzac : « Il y a, dit-il, dans ces écrits une certaine liberté généreuse qui fait voir qu’il n’y a rien de plus insupportable que de mentir2. » Descartes interprète en bien même sa vanité, disant que Balzac ne parle de lui avec avantage que par l’amour qu’il porte à la vérité, et par une générosité naturelle.

1496. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 457-512

La plupart de ses Dissertations littéraires sont un tribut d’hommages qu’il se paye à lui-même, ou des arrêts prononcés contre ses Rivaux ; ses observations sur la Tragédie, une justification de ses Pieces, & la satire adroite de celle des autres ; son Essai sur la Poésie épique, une Apologie de la Henriade, & une censure injuste des autres Poëmes ; la connoissance des beautés & des défauts de la Poésie & de l’Eloquence, dans la Langue Françoise, donnée sous un nom emprunté, l’apothéose de ses Productions ; mille autres Ouvrages de sa façon, sont autant de trompettes sonores qu’il consigne à la Renommée, pour préconiser son mérite en tout genre.

1497. (1863) Le réalisme épique dans le roman pp. 840-860

Qu’on le remarque bien toutefois : alors même que Goethe n’avait pas encore subi l’influence de son ami, son réalisme était déjà une source de richesses, car l’observation chez lui n’était que le commencement de l’art, elle n’excluait pas le choix, le dessein, l’arrangement, la pensée enfin, c’est-à-dire la poésie.

1498. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XII, les sept chefs devant Thèbes. »

C’est le visionnaire de l’observation ; ses yeux grossissent et enflamment tout, le danger se reflète dans son imagination en monstrueuses images ; il a dans l’esprit cette tête de Méduse que Pallas portait sur son égide d’or. — Quel tableau que celui des Sept Chefs trempant leurs mains dans un bouclier noir où bouillonne le sang d’un bœuf égorgé, et jurant de détruire Thèbes, par toutes les Divinités du carnage !

1499. (1857) Causeries du lundi. Tome III (3e éd.) « Monsieur de Latouche. » pp. 474-502

On me le peint encore, dans cette même demi-teinte à la fois fidèle et adoucie, arrivant tard à la littérature sérieuse, ne s’y naturalisant qu’avec effort ; s’en distrayant souvent ; s’essayant de bonne heure à des sujets de poésie plus ou moins imités de l’anglais, de l’allemand, à de petites pièces remarquables de ton et de coloris, mais où l’expression trahissait la pensée, et qu’il a corrigées et retravaillées depuis, sans les rendre plus parfaites et plus faciles ; « nature exquise pour l’intelligence, avec des moyens de manifestation insuffisants ; point d’amour-propre en tête-à-tête, humble aux observations dans le cabinet, douloureux et hargneux devant le public ; généreux de mœurs et désintéressé, mais faisant mille tours à ses amis et à lui-même. » D’un cœur ardent, passionné, d’un tempérament vif et amoureux, il avait un grand souci de sa personne et de tout ce qui mène à plaire.

1500. (1913) Le bovarysme « Première partie : Pathologie du bovarysme — Chapitre V. Le Bovarysme des collectivités : sa forme idéologique »

À désigner d’une façon plus précise et plus concrète le groupe particulier pour lequel cette idée, générale est, en tout temps et en tout lieu, une altitude utile, en antagonisme avec l’attitude d’utilité spéciale à tout groupe national, on est amené, d’un point de vue d’observation positive, à nommer le peuple juif, nouveau-venu dans tous les pays du monde.

1501. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1858 » pp. 225-262

» Octobre Ayant ouvert un livre de Gerdy : Physiologie philosophique des sensations, je pense au beau travail qu’il y aurait pour un Michelet, au lieu de mettre sa pensée sur l’Insecte ou l’Oiseau, de prendre, comme sujet d’étude, ce petit monde inconnu : l’Enfant, et de raconter, avec des observations mitoyennes à la médecine, mais planant au-dessus, l’éveil successif de ses sensations et l’éclairage, petit à petit, de la rose intellectuelle de son cerveau.

1502. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1870 » pp. 321-367

Et malgré tout, la faculté d’observation persiste en lui, et, de temps en temps, il me surprend par une notation, une remarque de romancier.

1503. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre deuxième. Le génie, comme puissance de sociabilité et création d’un nouveau milieu social »

A dix ans, « déjà tourmenté du désir de sortir de lui-même, de s’incarner en d’autres êtres dans une manie commençante d’observation, d’annotation humaine, sa grande distraction pendant ses promenades était de choisir un passant, de le suivre à travers Lyon, au cours de ses flâneries et de ses affaires pour essayer de s’identifier à sa vie. » (Daudet, Trente Ans de Paris ; Revue bleue, p. 242, 25 février 1888.)

1504. (1809) Quelques réflexions sur la tragédie de Wallstein et sur le théâtre allemand

Werner, connu, même en France, par le succès mérité de sa tragédie de Luther, et qui réunit au plus haut degré deux qualités inconciliables en apparence, l’observation spirituelle et souvent plaisante du cœur humain, et une mélancolie enthousiaste et rêveuse, Werner, dans son Attila, présente à nos regards la cour nombreuse de Valentinien, se livrant aux danses, aux concerts, à tous les plaisirs, tandis que le fléau de Dieu est aux portes de Rome.

1505. (1885) Les œuvres et les hommes. Les critiques, ou les juges jugés. VI. « Sainte-Beuve » pp. 43-79

Encore une fois, voilà ce qu’à propos de Virgile Sainte-Beuve nous a montré avec une rare faculté d’observation et des accents qui montent jusqu’à l’éloquence.

1506. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « I — L’avenir du naturalisme »

C’est l’investigation scientifique, c’est le raisonnement expérimental qui combat une à une les hypothèses des idéalistes, et qui remplace les romans de pure imagination par les romans d’observation et d’expérimentation… C’est là ce qui constitue le roman expérimental : posséder le mécanisme des phénomènes chez l’homme, montrer les rouages des manifestations intellectuelles et sensuelles telles que la physiologie nous les expliquera, sous les influences de l’hérédité et des circonstances ambiantes, puis montrer l’homme vivant dans le milieu social qu’il a produit lui-même, qu’il modifie tous les jours, et au sein duquel il éprouve à son tour une transformation continue.

1507. (1911) Lyrisme, épopée, drame. Une loi de l’histoire littéraire expliquée par l’évolution générale « Chapitre IV. Conclusions » pp. 183-231

. — Quant aux conséquences de cette méthode pour l’esthétique littéraire, j’ai déjà dit que je renonce à les exposer ici ; sans doute, c’est une grosse lacune ; j’espère la combler plus tard, en profitant des observations qui me seront faites sur l’exposé purement historique ; les dernières pages de ce livre diront bien d’ailleurs l’importance très grande que je donne à l’art, à la valeur absolue de l’œuvre littéraire. — Il me reste donc à exposer les conséquences de ma méthode pour la vie totale.

1508. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

Balzac, qui n’avait fait que de mauvais romans sous les pseudonymes de lord Rhoone, de Villergié, Horace de Saint Aubin, dut à madame Gay un grand nombre des anecdotes et des fines observations qui contribuèrent puissamment au succès de ses ouvrages. […] Balzac se remettait à l’œuvre, ampliant toujours, ajoutant un trait, un détail, une peinture, une observation de mœurs, un mot caractéristique, une phrase à effet, faisant serrer l’idée de plus près par la forme, se rapprochant toujours davantage de son tracé intérieur, choisissant comme un peintre parmi trois ou quatre contours la ligne définitive. […] Le Médecin du Pecq, les Nuits du Père-Lachaise, Aristide Froissard, et d’autres romans, prouvèrent que Gozlan n’avait pas seulement de l’esprit, mais qu’il savait écrire un ouvrage de longue haleine, intéressant, rempli de piquantes observations et de peintures curieuses. […] Il a fait sur lord Byron, Henri Heine, Chateaubriand, Mickiewicz, Balzac, Déranger, Schiller, Shakspeare, des discours pleins d’éloquence, d’observation, d’aperçus ingénieux et fins, de rapprochements inattendus qui dénotaient une érudition profonde, une intime et parfaite connaissance du sujet ; et quel feu, quel enthousiasme, quel lyrisme effréné il y mettait ! […] quel chef-d’œuvre de patience et d’observation !

1509. (1788) Les entretiens du Jardin des Thuileries de Paris pp. 2-212

Nous fîmes tous ensemble une observation qui parut assez plaisante, ce seroit de réunir dans un même lieu, des habitans de chaque climat, & de les voir tous ensuite à une même table, où ils se feroient servir selon leur maniere de boire & de manger. […] Quant à vos observations sur la maniere de se réjouir, elle est relative à chaque nation, mais je conviens que la vôtre a l’air d’intéresser les spectateurs, & qu’il n’y a rien chez un français, lorsqu’il se promene, qui ne soit animé. […] Mais répliqua la comtesse, d’après vos observations, je ne ferois pas une visite dans Paris même ; je n’irois jamais à un spectacle ; car enfin pour m’y rendre, ne m’exposerois-je pas à la rigueur de la saison, n’aurois-je pas le désagrément de voir ma voiture arrêtée par les autres, de me trouver coudoyée par cette foule qui inonde les promenades, & cependant cela ne m’empêchera jamais de dire qu’une visite chez des amis, qu’une promenade, qu’un bon spectacle ne soient très-agréables. […] A chaque moment ils se trouveroient arrêtés… On pourra dire, d’après cette observation, que la langue anglaise a par-tout pillé, car les Allemands peuvent lui reprocher comme nous de les avoir volé. […] enfin, à force de questions, de prieres, d’objections, il me tira dans un coin, & il me dit : Il n’y a que vous au monde à qui je révele le résultat de mes observations.

1510. (1894) Écrivains d’aujourd’hui

C’est aussi la Normandie qui a fourni le plus de matière à son observation. […] ici encore il se contentait d’enregistrer des histoires arrivées : il décrivait ce qu’il avait vu, ayant lui-même ces fois-là servi d’objet à son observation et, par un don de double vue, fixé sur lui son propre regard. […] C’est « une idée chez ceux qui ne sont pas très capables d’en avoir deux, et qui, en ayant conçu ou emprunté une, y accommodent toutes les observations de détail qu’ils font sur les routes ». […] Au portrait convenu d’un Buffon en manchettes de dentelles, il substitue celui, infiniment plus vrai, de Buffon « penché et à la loupe à son œil de myope…, homme du laboratoire, de l’observation cent fois reprise et de l’expérience cent fois répétée ». […] Mais le siècle n’en a pas assez, et le besoin de l’heure présente, le devoir de l’Église, c’est de pousser le siècle à des recherches plus profondes, à des observations plus étendues, qui ne laisse inexploré aucun atome de matière pouvant cacher un secret, aucune particularité de l’histoire, aucun acte de la vie de l’humanité pouvant donner la clef d’un problème. » — Nous sommes un siècle de démocratie.

1511. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre V. Les contemporains. — Chapitre II. Le Roman (suite). Thackeray. »

Dans cette foule, deux hommes ont paru, d’un talent supérieur, original et contraire, populaires au même titre, serviteurs de la même cause, moralistes dans la comédie et dans le drame, défenseurs des sentiments naturels contre les institutions sociales, et qui, par la précision de leurs peintures, par la profondeur de leurs observations, par la suite et l’âpreté de leurs attaques, ont ranimé, avec d’autres vues et un autre style, l’ancien esprit militant de Swift et de Fielding. […] Ailleurs les minutieuses descriptions paraissent souvent puériles ; nous blâmions l’auteur de s’arrêter, avec un scrupule de peintre anglais, sur des aventures d’école, des scènes de diligence, des accidents d’auberge ; nous jugions que cette attention intense, faute de pouvoir se prendre aux grands sujets de l’art, se rabaissait enchaînée à des observations de microscope et à des détails de photographie.

1512. (1896) Essai sur le naturisme pp. 13-150

Et puis l’abus qu’ils firent de l’observation donna de misérables résultats, les conduisit tout droit aux minuties de l’analyse. […] Mais le naturiste s’oppose au naturaliste, en ce qu’à l’observation il préfère l’émotion.

1513. (1889) L’art au point de vue sociologique « Chapitre huitième. L’introduction des idées philosophiques et sociales dans la poésie (suite). Victor Hugo »

D’autre part, il faudrait des écrivains accoutumés à l’analyse des Stendhal et des Balzac, pour saisir la finesse ou la profondeur de certaines observations psychologiques répandues en masse dans l’œuvre de V.  […] On ne voit rien, mais on se sent adoré233… Plus d’une observation fine se mêle à tant de divagations qu’on lui a mainte fois reprochées : « Le premier symptôme de l’amour vrai chez un jeune homme, c’est la timidité ; chez une jeune fille, c’est la hardiesse. » Une vieille fille, selon lui, peut bien réaliser l’idéal de ce qu’exprime le mot respectable ; « mais il semble qu’il soit nécessaire qu’une femme soit mère pour être vénérable234. » V. 

1514. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

D’après mes observations et par les écrits de C. […] Or la rareté, d’après les observations géologiques, est le précurseur de l’extinction totale.

1515. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Deuxième série

Du reste, comme feront plus tard à peu près tous les socialistes, Saint-Simon remarque, ce qui en son temps est prévoir, que les masses populaires ne s’intéressent nullement à la liberté : « Les discussions sur la liberté, qui agitent beaucoup la classe moyenne, sont devenues à peu près indifférentes à la classe inférieure, parce qu’elle sent très bien que, dans l’état actuel de la civilisation, l’arbitraire ne peut jamais porter sur elle. » — La seconde partie de cette observation est tout à fait fausse, et personne n’a plus d’intérêt que les petits à ce qu’il y ait le moins d’arbitraire possible dans une société ; mais la remarque de fait est très juste, et prophétique.

1516. (1895) Impressions de théâtre. Huitième série

L’observation y semble exacte, mais inutile, sans nulle arrière-pensée qui lui donne du prix. […] irréalisables et contradictoires), c’est que l’observation naïve de certaines souffrances est en effet la meilleure instigatrice de sentiments qui, poussés par la réflexion et la logique, deviennent révolutionnaires le plus aisément du monde. […] Ce n’est nullement par un effet de leur intelligence, mais en grande partie par leurs ridicules physiques et par l’assurance même de leur stupidité (pourvu qu’il s’y joigne un instinct de vérité et un don d’imitation de la vie) que certains de nos bouffons les plus célèbres nous plongent dans de telles gaietés ; et 3e (cette observation-là est moins neuve encore que les deux premières) la vanité professionnelle est, neuf fois sur dix, plus forte chez le comédien que tous les autres sentiments, y compris l’amour et même l’amour « pour de bon ». […] Au total, pas trace d’observation dans ces esquisses de cabots ; cela est croqué de chic ; ce sont silhouettes purement vaudevillesques, si faiblement individuelles qu’elles en deviennent indiscernables, que je crains de m’être embrouillé tout à l’heure dans les Caracel, les Lovel et les Larvejol, et que je ne sais plus qui est le peintre, qui le romancier, qui l’avocat et qui l’auteur dramatique. […] Vivantes par la chaleur même du sentiment moral dont elles sont toutes imprégnées ; vivantes par le réalisme direct et franc de l’exécution, et par la plus véridique observation de l’humanité moyenne ; point d’inutiles curiosités de psychologie ou d’expression ; des traits frappants de justesse, volontiers un peu gros ; un relief très scénique ; un mouvement continu ; beaucoup de naturel ; et, au milieu de tout cela, je le répète, la grâce salubre, partout sentie, d’une âme droite et bonne.

1517. (1894) La vie et les livres. Première série pp. -348

Chercher autour des livres le mouvement de la vie sociale qui les fait éclore, et qu’à leur tour ils pourront modifier, apercevoir, dans les résultats de l’enquête instituée par les écrivains, quelques indications sur l’état intellectuel et moral de notre pays, associer à l’analyse des œuvres l’observation des événements, faire de l’histoire littéraire une contribution à la connaissance de la société contemporaine, voilà un programme attrayant, sans doute téméraire, nullement chimérique. […] Les observations qu’il a recueillies en lisant des journaux de modes, en assistant au vernissage des Salons de Paris et à l’ouverture des expositions de la Société royale de Londres, ou simplement en flânant sur le boulevard, forment un copieux album, comparable aux séries de planches dont se sert le terrible professeur Cesare Lombroso pour illustrer ses inquiétantes études de médecine légale et d’anthropologie criminelle. […] De ce long itinéraire, les explorateurs ont rapporté une moisson d’observations géographiques et de riches collections dont l’anthropologie et la zoologie feront leur profit. […] Il est plus aisé de l’appliquer que de la définir, mais il est évident qu’elle suppose à la fois une connaissance précise des choses mortes et une attentive observation de ce qui, dans la vie présente, est un legs et une trace du passé. […] L’observation hostile, ironique, railleuse des réalistes français nous dégoûta.

1518. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

Voilà des traits avec lesquels on peut reconstituer un personnage, de même que l’observation du personnage a fourni ces traits à La Bruyère. […] Le style descriptif suppose la couleur, le relief, l’imagination, l’image, la magie plastique des mots, la vie représentative et physique : description, tableau, observation, gestes, portraits, détails. […] Il se refuse à exprimer les dehors physiques des choses, la sensation directe du spectateur, les extrémités hautes et basses de la passion, la physionomie prodigieusement composée et absolument personnelle de l’individu vivant, bref, cet ensemble unique de traits innombrables, accordés et mobiles60 qui composent, non pas le caractère humain en général, mais tel caractère humain et qu’un Saint-Simon, un Balzac, un Shakespeare lui-même ne pourraient rendre, si le langage copieux qu’ils manient et que leurs témérités enrichissent encore ne venait prêter ses nuances aux détails multipliés de leur observation.

1519. (1924) Souvenirs de la vie littéraire. Nouvelle édition augmentée d’une préface-réponse

Les romans de Daudet n’ont rien de commun avec le Naturalisme ; ils sont avant tout des productions de sensibilité personnelle ; et c’est cette sensibilité qui explique sa passion des choses vécues, sa compréhension de la souffrance, la transposition qu’il en a faite dans ses livres et les épisodes romanesques avec lesquels il était heureux d’adoucir son observation implacable. […] Emile Faguet était un très bon psychologue ; il l’a prouvé dans‌ ses Amours d’hommes de lettres, et il nous eût certainement donné une œuvre de fine observation.‌ […] Voilà le poète fort ennuyé, car il n’aime point les observations des gérants, et qui demande à l’illustre chroniqueur, son vis-à-vis, un élégant moyen de réparer le désastre. […] Jules Lemaître tint compte de ses observations et modifia son texte pour la publication de la Revue Hebdomadaire.‌ […] Je les trouve surtout lorsque je me mets à compulser l’énorme réserve des notes, observations, idées de toutes sortes, accumulées en trente ans de travail et de rêve.

1520. (1924) Critiques et romanciers

Vivre et penser en dehors de la religion n’est pas possible sans la haïr un peu… » Mais, « la grâce du style, l’observation fine et vraie », le talent de raconter ? […] Il lui sembla que sa qualité, premièrement défavorable, d’étranger tournerait à son avantage : à mesure qu’il serait un étranger qui s’acclimate, il garderait la fraîcheur d’observation libre, mais de mieux en mieux pénétrerait dans le secret d’une âme très différente de la nôtre. […] Et il faut avouer que ces réflexions, ces observations, ces peintures, même ces lieux communs, ayant rencontré là, pour la première fois, une expression à peu près parfaite, gardent une fleur, une saveur, une plénitude, une grâce ou une force qu’on n’a guère retrouvées depuis. […] Il doit tenir du laboratoire et de la clinique, comme l’observation elle-même qu’enregistre le romancier ». […] Les romanciers d’observation se comparent aux cliniciens.

1521. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Essai sur Talleyrand (suite et fin.) »

C’est le samedi 3 mars 1838 que, nonobstant un état de santé des plus précaires, et sans tenir compte des observations de son médecin, il vint lire cet Éloge de Reinhard dans une séance dite ordinaire, mais qui fut extraordinaire en effet.

1522. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « M. VILLEMAIN. » pp. 358-396

Quelques observations nous ont été adressées au sujet et à l’encontre de ce jugement sur Victorin Fabre.

1523. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « LOUISE LABÉ. » pp. 1-38

Dès l’abord, dans la dispute qui s’engage entre Amour et Folie au seuil de l’Olympe, chacun voulant arriver avant l’autre au festin des Dieux, Folie, insultée par Amour qu’elle a coudoyé, et après lui avoir arraché les yeux de colère, s’écrie éloquemment : « Tu as offensé la Royne des hommes, celle qui leur gouverne le cerveau, cœur et esprit ; à l’ombre de laquelle tous se retirent une fois en leur vie, et y demeurent les uns plus, les autres moins, selon leur mérite. » Les plaintes d’Amour et son recours à sa mère après le fatal accident, surtout le petit dialogue familier entre Cupidon et Jupiter, dans lequel l’enfant aveugle fait la leçon au roi des Dieux, sont semés de traits justes et délicats, d’observations senties, qui décèlent un maître dans la science du cœur.

1524. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « DÉSAUGIERS. » pp. 39-77

Ce flâneux de Cadet Buteux est un excellent type de gros sens parisien, faubourien, d’observation badaude et populaire.

1525. (1860) Cours familier de littérature. X « LXe entretien. Suite de la littérature diplomatique » pp. 401-463

Les soulèvements spontanés des peuples conquis sont des droits, les soulèvements artificiels par l’étranger sont des crimes : nous ne ferons jamais la diplomatie des crimes. » J’envoyai, peu de temps après cette conversation, un diplomate confidentiel en observation à Vienne pour y tenir le même langage, et, sans la guerre d’agression du roi de Piémont à l’Autriche, un système d’alliance, fondé sur des concessions libérales et nationales en Italie, pouvait s’ébaucher entre la république et l’Autriche.

1526. (1861) Cours familier de littérature. XII « LXXIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (3e partie) » pp. 369-430

Je ferai ici une simple observation sur la critique qui a été faite le plus souvent de mon style historique par des historiens mes émules ou mes rivaux.

1527. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXIVe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 257-320

Plaçons ici une observation plus personnelle.

1528. (1889) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Quatrième série «  M. Taine.  »

Toutes les idées qu’il a de l’humanité ont eu pour source des observations qu’il a faites lui-même.

1529. (1914) Enquête : Les prix littéraires (Les Marges)

Mais ces mutations sont la vie du monde et elles offrent d’agréables joies spirituelles à notre observation.

1530. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Permettez-moi maintenant de joindre à ces observations, peut-être trop longues, le récit de ce qui s’est passé, il y a quelques années, dans un château voisin de la capitale.

1531. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 février 1885. »

. — Cette étude montre que Wagner a repris l’idée du théâtre grec ; elle compare le théâtre de Bayreuth aux théâtres anciens et modernes ; 5° Observations sur Parsifal : explication de passages douteux ; 6° Un dialogue de fin d’année, au sujet du nouveau calendrier wagnérien ; enfin les communications nouvelles, etc.

1532. (1887) Revue wagnérienne. Tome II « Paris, le 15 décembre 1886. »

Non seulement son enthousiasme et son exaltation se communiquèrent aux artistes, mais, fût-ce sa légende qui inspira les Giotto, fût-ce lui qui commença à construire les grands dômes où leur art s’étala, son intense amour de la nature, la personnification qu’il fit des montagnes, des forêts et des fleuves fut la première impulsion à l’observation de la nature, aux essais de la dessiner et de rendre avec le pinceau le vrai milieu, à la place de quelque fond d’or ou de mosaïque.

1533. (1887) Journal des Goncourt. Tome I (1851-1861) « Année 1855 » pp. 77-117

* * * — Placer dans un roman un chapitre sur l’œil et l’œillade de la femme, un chapitre fait avec de longues et sérieuses observations.

1534. (1888) Préfaces et manifestes littéraires « Romans et nouvelles » pp. 3-80

Donc ces hommes, ces femmes et même les milieux dans lesquels ils vivent, ne peuvent se rendre qu’au moyen d’immenses emmagasinements d’observations, d’innombrables notes prises à coups de lorgnon, de l’amassement d’une collection de documents humains, semblable à ces montagnes de calepins de poche qui représentent, à la mort d’un peintre, tous les croquis de sa vie.

1535. (1899) Esthétique de la langue française « Esthétique de la langue française — La déformation  »

Observations de l’Académie française sur les Remarques de Vaugelas (1704).

1536. (1857) Cours familier de littérature. III « XVe entretien. Épisode » pp. 161-239

Je me dis parfaitement l’heure qu’il est à l’observation des chants d’oiseaux, du bourdonnement des insectes et des bruits de feuilles qui s’élèvent ou qui s’éteignent dans la campagne, selon que le soleil monte, s’arrête ou descend dans le ciel.

1537. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « VII. M. Ferrari » pp. 157-193

Seulement ces monstres d’une goutte d’eau ont beau être affreux à dégoûter de leur étude et à nous faire briser le microscope à travers lequel on les voit, ils n’ont jamais pour le lecteur qu’un intérêt très secondaire, et on peut leur appliquer une observation qui est de M. 

1538. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Émile Zola »

Zola, qui aurait bien la petite coquetterie d’être une monstruosité, ni inspiration, ni observation indiquant une haute puissance d’artiste, même fourvoyée.

1539. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vii »

Ces vues n’ont rien de neuf et je les cite pour faire connaître à quel type d’âme se rattache Joseph Hudault, mais ici il arrive à une observation qui sort proprement de son expérience et qu’il faut retenir :‌ Je me suis convaincu qu’aujourd’hui on ne peut faire passer une idée morale, un bon conseil, qu’avec un accroissement de bien-être.

1540. (1907) Jean-Jacques Rousseau pp. 1-357

Je vous dis cela, persuadé que mon mal n’a jamais été connu de personne et qu’on en pourrait peut-être tirer quelques observations utiles à la médecine. […] Le même Rousseau écrit au livre II des Confessions : Quand j’ai dit qu’il ne fallait point parler aux enfants de religion si l’on voulait qu’un jour ils en eussent, et qu’ils étaient incapables de connaître Dieu, même à notre manière, j’ai tiré mon sentiment de mes observations, non de ma propre expérience ; je savais qu’elle ne concluait rien pour les autres. […] Le Contrat social est remarquable d’incohérence et d’obscurité. — Tantôt Rousseau suppose le « Contrat », tantôt il paraît croire à sa réalité historique. — On ne sait jamais bien s’il constate ou s’il édicte, s’il est Aristote ou s’il est Lycurgue. — C’est un mélange confus de théorie et d’observation prétendue. — Il conseille aux citoyens, sitôt le pacte social conclu, de choisir un législateur, à la manière de Lycurgue ou de Solon ; il est lui-même ce législateur : mais, si le peuple est incompétent pour faire sa Constitution, comment se trouve-t-il ensuite si merveilleusement compétent pour faire ses lois ?

1541. (1880) Une maladie morale : le mal du siècle pp. 7-419

Éteinte dans sa forme individuelle, mais revivant à certains égards sous une autre forme plus abstraite, elle peut être appréciée à la fois, avec la liberté qui appartient à la critique du passé, et avec l’intérêt qui s’attache à l’observation des faits contemporains. […] Pour présenter avec son art, avec son éloquence, les résultats de ses observations sur lui-même, il fallait qu’il fût sous l’empire d’une de ces exaltations qui, tant qu’elles durent, éloignent l’ennui et l’abattement. […] Les mêmes observations peuvent s’appliquer au Peintre de Saltzbourg. […] Descartes, du moins, dans son doute méthodique, avait eu le soin de mettre en réserve un principe inattaquable, que l’observation lui faisait toucher au fond de sa conscience, et grâce auquel il pouvait reconstruire tous les autres éléments de la vérité. […] N’est-il point le résultat d’observations faites sur la société de son temps ?

1542. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Son dessein général Ainsi orienté, ainsi poussé par les tendances maîtresses que j’ai dites et tempéré et contenu par son aptitude à comprendre ce qu’il n’aimait pas, après de longues années de voyages, d’observations, de comparaisons et de réflexions, vers quarante ans, d’après les meilleures conjectures des historiens, Platon songea à enseigner et à écrire. […] Que des choses dépassent la portée de nos observations, rien n’est plus facile à constater ; mais que des choses dépassent la portée de nos raisonnements, et quelles sont ces choses, c’est ce qu’il est beaucoup plus malaisé de déterminer ; parce qu’il n’est pas si facile que l’on peut croire de distinguer une hypothèse raisonnable d’un raisonnement et de dire : ceci est imagination, ceci est raisonnement véritable. […] Rien de plus rationnel que ce que je dis ici, ni rien qui puisse mieux être vérifié par des observations de tous les jours. […] La chose est d’observation et d’expérience ; et l’on peut ajouter, du reste, que le bien de l’espèce le veut ainsi. […] L’écueil ici, dont a pâti Molière, c’est de laisser échapper quelques traits d’observation vraie, qui, ramenant le spectateur à un demi-sérieux, le ramèneraient infailliblement à des préoccupations de moralité et alors lui feraient prendre avec humeur soit l’absence de moralité, soit quelques atteintes légères à la morale.

1543. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Lamartine »

La vérité, enfin, vous la trouverez dans ces excellentes observations de M.  […] On ne dira pas mieux sur ce sujet, et je ne saurais donc mieux faire que de vous citer quelques-unes des observations de l’inquiet et souffrant poète des Rêves et Pensées sur l’heureux et glorieux poète des Harmonies. […] Deschanel de si damnables observations, il serait beaucoup plus juste d’accuser Lamartine de nonchalance que de « virtuosité. » Pour moi, je l’avoue, j’aime ces nonchalances, pêle-mêle avec le reste.

1544. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Un homme de haute et sagace observation (M. […] Il en est de l’érudit comme du moraliste : il sait une quantité de points dans le vaste champ de la littérature et de la critique, comme l’autre dans le champ de l’observation humaine ; il s’y attache, il s’y enfonce, il en tire lumière ou plaisir, il se les exagère parfois.

1545. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il faut décidément un jour écrire deux ou trois pages d’observations là-dessus. […] Il y a déjà là, dans le petit détail du paysage, l’observation artiste et amoureuse de la nature de Madame Bovary.

1546. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

A défaut de métaphores, l’Astrée est pleine de fines observations notées avec délicatesse. […] Beaucoup plus tard (1735), un grammairien ingénieux et sagace fit une observation analogue, notant l’identité des finales dans David et avide, bal et balle, sommeil et sommeille, mortel et mortelle, caduc et caduque, froc et croque. […] Elle a disparu de Zruan, qui est normalement zeruan, χρονος Les mêmes observations se feraient en albanais où la lettre écrite ε ou œ, en transcription, possède à peu près les divers sons de notre e muet, y compris le son nul. […] Tous ceux qui se promènent dans les Musées ont pu faire de telles observations : jamais un visiteur de hasard ne prononça un mot qui trahisse une sensation d’art ; ce qui chatouille ce brave homme ou cette jeune fille, c’est l’anecdote, c’est ce geste maternel ou amoureux, cette belle robe, ce beau cri de bravoure que profère dans la fumée l’homme à panache ; dans les poèmes, c’est l’anecdote encore et le sentiment : la poésie qui n’est pas lyrique, qui conte des histoires, est la seule qui ait jamais été populaire en aucun pays.

1547. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

il en serait trop heureux ; il veut dire simplement que la capacité générale d’aimer, qui est la sympathie, devient de l’égoïsme à deux, quand elle se détermine à un sujet particulier : l’observation n’est pas très neuve. » Le mot de Baudelaire, lié à toute une sensibilité d’artiste, et la glose pédantesque du critique, se ressemblent tout juste comme un violon et une boîte à violon. […] Mes observations porteront sur tout à la fois, car l’éducation d’un peintre ne saurait se faire d’une manière complète dans une nature qui ne l’est point par elle-même. […] Enfin Fromentin y déploie des qualités qui nous font penser qu’il aurait pu tirer de ce genre d’expérience personnelle, unie à l’observation, d’autres romans aussi bons. […] « Une grande concentration d’esprit, une active et intense observation de lui-même, l’instinct de s’élever plus haut, toujours plus haut, et de se dominer en ne se perdant jamais de vue, les transformations entraînantes de la vie avec la volonté de se reconnaître à chaque nouvelle phase, la nature qui se fait entendre, des sentiments qui naissent et attendrissent ce jeune cœur égoïstement nourri de sa propre substance, ce nom qui se double d’un autre nom et des vers qui s’échappent comme une fleur de printemps fleuri, des élans forcenés vers les hauts sommets de l’idéal, enfin la paix qui se fait dans ce cœur orageux, ambitieux peut-être et certainement martyrisé de chimères ; voilà, si je ne me trompe, ce qu’on pourrait lire dans ce registre muet, plus significatif dans sa mnémotechnie confuse que beaucoup de mémoires écrits.

1548. (1901) Figures et caractères

Il eut un don remarquable et charmant d’observation ironique, fine et spirituelle. […] Mais à travers l’enflure du style éclatent à chaque instant des traits admirables de vérité et d’observation. […] L’observation y fait un contre-poids heureux à l’imagination, mais l’utilité du réalisme est soumise à la condition qu’il sache se subordonner. […] Elle nia que, hors l’observation directe de la nature et des mœurs, il y eût rien de valable. Elle prétendit imposer à l’écrivain la servitude de l’observation et réduire le droit d’imaginer à l’imitation textuelle de la vie.

1549. (1774) Correspondance générale

Si vous les avez parcourus, vous vous serez aperçu que des observations, bonnes ou mauvaises, sur l’Histoire naturelle composent la plus grande partie de ce qu’ils contiennent. […] Monsieur, Je ne connais rien de si fin et de si délié et qui marque tant de goût et tant de précision que vos observations ; vous avez raison partout. […] Monsieur et cher maître, l’ami Thiriot aurait bien mieux fait de vous entretenir du bel enthousiasme qui nous saisit ici, à l’hôtel de Clermont-Tonnerre, lui, l’ami Damilaville et moi, et des transports d’admiration et de joie auxquels nous nous livrâmes deux ou trois heures de suite, en causant de vous et des prodiges que vous opérez tous les jours, que de vous tracasser de quelques méchantes observations communes que je hasardai entre nous sur votre dernière pièce29. […] Si je savais, mon ami, où trouver Sedaine, j’y courrais pour lui lire votre lettre et vos observations. […] La seule observation qu’il me permettra de lui faire, c’est que j’ai plus de réputation que de fortune, conformité malheureuse qui m’est commune avec la plupart des hommes de génie sans y avoir le même titre.

1550. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « L’abbé Fléchier » pp. 383-416

[NdA] Il semble même qu’il ait jusqu’à un certain point tenu compte de son observation au sujet de la Renommée dont il a fait l’interprète de l’avenir ; car dans la pièce, telle qu’elle est imprimée, il a pris soin de ne nous représenter la déesse que comme se faisant l’écho des premiers bruits répandus et des premières rumeurs du destin ; les oracles transpirent déjà, elle répète ce qu’elle a entendu :                                      Toto tum pectore prona Volvit centum oculos, et centum subrigit aures, Impatiens strepere, et magnos inquirit inortus, Exploratque aditus fati, primaevaque captat Auspicia, et velox collecti nuncia veri, Quae didicit, pandit patriis oracula regnis.

1551. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Il faisait des observations judicieuses et désintéressées sur les circonstances, sur les motions, sur les votes, qui prouvaient un complet détachement de lui-même.

1552. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXVe entretien. La Science ou Le Cosmos, par M. de Humboldt (4e partie) » pp. 429-500

La moindre observation, la moindre réflexion démontre qu’il n’en est rien, car autrement pourquoi un seul des deux sexes serait-il si richement paré, tandis que l’autre est vêtu de couleurs sombres et ternes ?

1553. (1895) Histoire de la littérature française « Première partie. Le Moyen âge — Livre I. Littérature héroïque et chevaleresque — Chapitre I. Les chansons de geste »

L’épopée avait son comique, simple, primitif, comme elle, et savoureux par-là dans sa grossièreté : le succès sans doute de ces épisodes lança les trouvères dans la recherche des effets plaisants : dénués de finesse comme ils étaient, ils avilirent la matière épique par la lourde et vulgaire outrance du comique sans observation qu’ils y jetèrent à profusion : comique de foire, dont les « bonnes farces », les têtes cassées et les larges ripailles sont les principaux moyens.

1554. (1895) Histoire de la littérature française « Seconde partie. Du moyen âge à la Renaissance — Livre I. Décomposition du Moyen âge — Chapitre II. Le quinzième siècle (1420-1515) »

Quelques observations morales qu’il démêle à l’aide de personnifications discrètes marquent la puissance de son esprit.

1555. (1886) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Deuxième série « M. Deschanel et le romantisme de Racine »

Mais, avant d’aborder celle de ses théories qui s’applique à tout le théâtre de Racine, je ne puis m’empêcher de signaler au passage telle observation de détail un peu trop ingénieuse à mon gré.

1556. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Je ne pense pas qu’il y ait eu, même parmi les saints, une âme plus incapable d’ironie ou d’observation malveillante que l’âme angélique de Marceline.

1557. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

Il l’a prise telle que l’observation la lui a fournie, sensuelle et maladive, nerveuse et subtile, capable d’un élan du cœur et d’un caprice désintéressé, mais viciée, au fond, d’une tare incurable, et corrompue à ce point qu’elle déprave jusqu’au sacrifice.

1558. (1857) Articles justificatifs pour Charles Baudelaire, auteur des « Fleurs du mal » pp. 1-33

Si je m’arrête tout d’abord à ce résultat, c’est qu’en s’ajoutant à d’autres observations, elle confirme une opinion que j’ai depuis longtemps sur l’avenir de la poésie.

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