Cette seule et unique fois, un artiste a pu « se plonger dans les profondeurs de l’âme » et laisser le monde apparent complètement de côté. […] Une fois arrivé à la connaissance du monde, que fait l’homme ? […] qui signifient que le sauveur des autres s’est délivré lui-même de l’illusion du monde par la connaissance et la pitié. […] Depuis l’aveu de leur amour ils sont en vérité morts ; le monde n’existe plus ; ils sont livrés à eux-mêmes. […] Il s’agit du Monde comme volonté et représentation.
Le monde qui apparaît de près, d’une démonstration immédiate qui dresse aussi merveilleusement les lieux qu’elle ouvre les cœurs. […] La corruption du grand monde russe, qui devait être connue par le menu d’un aristocrate comme le comte Tolstoï, figure à peine dans son œuvre, comme les mœurs ignobles de la populace, et la grossière crapule des marchands. […] où se marque un esprit rétréci, individualisé, retranché du monde au point de toucher à l’irrationalité aiguë des pires fous. […] Entre le spectacle du monde et l’âme où il se réfléchissait, il venait comme une ternissure. […] Sa magnifique aptitude à concentrer, sur le spectacle du monde, d’intenses dons de vision, son amour même de la vertu, de la bienfaisance humaines le gardaient de cette facile solution à longue échéance.
Eh bien, l’histoire de cette aimable et pieuse Russe, femme du monde restée femme du monde, heureusement ! […] Elle resta toujours dans cet entre-deux de la vie ascétique et du monde, du monde encore et de la vie de la pensée. […] Intérieure deux fois. — Intérieure vis-à-vis du monde, avec lequel c’eût été être extérieure au contraire et retentissante, si elle avait nettement rompu. Intérieure vis-à-vis de Dieu qu’elle savait porter et cacher dans son âme, au milieu de ce monde qu’elle n’a cessé de voir. […] Oui, c’est le type de la femme et particulièrement de la vieille femme, mais sur un double fond idéal, rarement uni, de monde et de sainteté !
Les Souvenirs, quand ils sont écrits par des personnes du monde, sans prétention littéraire, ont toujours de l’agrément. […] Il y a quelque temps que, parcourant un de ces livres aimables et légers, les Souvenirs de madame Lebrun, je me plaisais à y retrouver tout ce monde facile, brillant, poliment mélangé d’avant la Révolution, gens de cour, gens d’esprit, Russes, Français, dont Delille était le poète favori, et madame Lebrun le peintre ordinaire. […] Une personne, qui n’en est aux Souvenirs qu’autant qu’elle le veut bien, vient de nous introduire dans des scènes et parmi un monde plus rapproché, mais qui déjà a besoin qu’on le rappelle. […] On est difficilement accepté pour deux talents divers en ce monde ; ceux qui vous ont accordé le premier sont les plus prompts à vous chicaner sur le second. […] En arrivant dans le monde européen, en y entrant par l’Espagne, sa seconde patrie, contrée de caractère et d’allure encore franches, elle a pu ne pas trop se heurter d’abord et s’acclimater.
Quand le monde a tant d’attraits, on ne vit que pour lui. […] Sur ce principe, on peut deviner le genre de talent que le monde demande aux ministres. […] En effet, c’est le monde qui fait alors l’opinion, et, par elle, il pousse aux mœurs dont il a besoin. […] C’est la Révolution qui a amené la vieillesse dans le monde. […] Véritablement, pour ce beau monde, la vie est un carnaval aussi libre et presque aussi débraillé qu’à Venise.
Oui, certes, il est très clair que, sous la pression constante du monde extérieur, les esprits ne peuvent manquer de contracter des habitudes, de prendre des plis ineffaçables. […] Pour la déterminer, il faudra rechercher patiemment quels sont les traits essentiels qu’on retrouve en tout temps chez les habitants d’un pays et qu’on ne trouve que parmi eux, C’est l’œuvre de l’avenir de construire la science des rapports qui existent entre le monde physique et le monde moral. […] La Fontaine, Racine, la Bruyère viennent au monde dans les alentours ou à Paris même. […] J’oserai ajouter qu’il existe un accord curieux, très explicable d’ailleurs, entre ce qu’on aime dans le monde extérieur et ce qu’on préfère dans le monde intérieur. […] Ainsi s’établit cette vérité paradoxale que la littérature a contribué pour sa petite part à changer la face du monde qui nous environne.
Par idéaliste, je désigne celui qui, détournant son regard des choses et des êtres du monde extérieur, du monde sensuel qui nous enveloppe en un perpétuel contact, ne daigne employer les formes de la nature qu’à l’expression de ses conceptions intellectuelles. […] Le spectacle de ce monde, en dehors de la nature sauvage, des musées ou des édifices anciens lui répugne. […] Notre monde ne peut plus s’en nourrir, ayant entrevu d’autres horizons et pressenti d’autres vérités. […] La pensée de Ruskin va à rencontre du monde moderne. […] Son rêve d’esthéticien lui a voilé l’ensemble du monde.
Il y vit l’homme en proie à deux fatalités : celle de ses passions et celle du monde extérieur. […] Ce monde est un scandale au juste ? […] Ce monde n’est pas vrai : il n’est que le rêve de Hâri. […] La Vigne de Naboth, Nurmahal, le Conseil du Fakir, Djiham-Ara, c’est la Syrie et la Perse, le monde juif et musulman. […] Ce corbeau pessimiste juge le monde à peu près comme Kaïn.
Ce monde est mon regard qui se contemple en moi. […] Vers celui dont le monde est l’émanation, Tout ce qu’il a créé n’est qu’aspiration. […] Pourtant chaque atome est un être, Chaque globule d’air est un monde habité ; Chaque monde y régit d’autres mondes, peut-être, Pour qui l’éclair qui passe est une éternité ! […] La conséquence, chez Musset, de cette recherche inquiète de l’au-delà, c’est que la croyance en la réalité de ce monde s’affaiblit : « ce monde est un grand rêve », une « fiction ». […] ) « Le seul bien qui me reste au monde est d’avoir quelquefois pleuré. » (Tristesse.)
Des changements simultanés des formes organiques dans le monde entier. — VII. […] Des changements simultanés des formes vivantes dans le monde entier. — L’un des faits les plus étonnants que la paléontologie ait constaté, c’est que les formes de la vie changent presque simultanément dans le monde entier. […] Ce grand fait de la succession parallèle des formes de la vie à la surface du monde s’explique aisément par la théorie de sélection naturelle. […] D’où il suit qu’après de longs intervalles de temps les habitants du monde entier semblent avoir changé partout simultanément.
Ce qui fait le prosélytisme, ce qui entraîne le monde, ce sont des vérités incomplètes. […] C’est l’éternelle duperie de l’amour qui ne voit au monde que son objet. […] Nullement ; ils restent écrivains, philosophes, moralistes, et c’est par là qu’ils agissent sur le monde. […] Le centre du monde, c’était le coin de terre le plus méprisé de l’Orient. […] Que dire de ceux qui attendent tous les jours la fin du monde et la venue d’un corps humain qui descendra du ciel pour régner ?
Le génie de Guérin, ce grand poëte naturaliste, embrasse le monde avec ses horizons et ses paysages. […] Le monde a toujours recherché la volupté de la surprise et des contrastes. […] Nous n’ayons pas à les dire au monde : cela ne le regarde pas ! […] Voilà ce qui, dès le premier moment, imposa au monde, qui s’étonna plus d’elle qu’elle ne fut étonnée de lui. […] Le monde la traita en femme du monde : c’est ce qu’il respecte le plus.
On sait bien ce qu’est un poëte dans ses livres ou dans le monde, et même dans l’intimité ; on ne sait pas, on ne peut savoir ni soupçonner, à moins de l’avoir vu de près, ce que c’est qu’un poëte dans un journal, dans une Revue. […] La Revue des Deux Mondes trouve occasion de vérifier ce mot-aujourd’hui ; elle en prend acte à son honneur. […] On en est venu dans un certain monde (et ce monde, par malheur, est de jour en jour plus étendu) à croire que l’esprit suffit à tout, qu’avec de l’esprit seulement on fait de la politique, de l’art, même de la critique, même de la considération. […] Eh bien, dans ce rôle de critique positive que nous pratiquons, la Revue des Deux Mondes se pique de tenir ferme à quelques points, de compter de près avec les œuvres mêmes, et d’observer un certain esprit attentif de vérité et de justice. […] Celui-ci fut écrit pour servir comme de programme à la Revue des Deux Mondes, à la veille de l’année 1845.
Les limites du monde fini, pour l’un et pour l’autre, sont les limites de la science. Le monde fini seul, physique et moral, est à la portée de la méthode scientifique. […] Le dogme de la création explique l’origine du monde et l’origine de l’homme. […] Qui peut dire quelle révolution profonde la première faute a apportée dans le monde ? […] Il a changé le monde ; il a régénéré l’âme humaine.
Si l’on considère en Dieu un certain attribut, on en déduira un certain monde ; si un autre attribut, un autre monde. […] Il vient donner à ses amis des nouvelles de son monde imaginaire comme on en donne du monde véritable. […] Le monde de Balzac. […] S’il y a des climats dans le monde physique, il y en a aussi dans le monde moral. […] Quel monde à gouverner qu’un monde qui tombe !
Le temps, au contraire, a commencé avec le monde, quand Dieu l’a créé et y a mis un ordre merveilleux. […] Il s’appuie d’abord sur ce fait d’observation évidente, à savoir qu’il y a dans le monde des choses qui se meuvent et d’autres qui ne se meuvent pas. […] La nature est pleine de ces dévouements qui seraient des sarcasmes du destin s’ils n’étaient des augures d’un autre monde. […] Le monde moral où il entre par cette dépendance éclairée de sa liberté, est le vrai monde où son âme doit vivre, tandis que son corps vit dans un monde tout différent, où la liberté n’a presque plus rien à faire. […] Il eut toute l’intelligence que le monde antique pouvait léguer au monde à venir, mais l’âme lui manqua : il fut le premier des savants, le moindre des philosophes.
Ces problèmes, sortant en quelque sorte de terre et venant effrayer le monde, s’emparèrent de mon esprit et devinrent une partie intégrante de ma philosophie. […] Cet homme excellent me dissuada nettement de faire mon entrée dans le monde littéraire avec cet énorme paquet sur la tête. […] Vers 1700, Newton avait atteint des vues sur le système du monde infiniment supérieures à tout ce qu’on avait pensé avant lui, sans que ces incomparables découvertes eussent le moins du monde influé sur l’éducation du peuple. […] L’unité de croyance, c’est-à-dire le fanatisme, ne renaîtrait dans le monde qu’avec l’ignorance et la crédulité des anciens jours. Mieux vaut un peuple immoral qu’un peuple fanatique ; car les masses immorales ne sont pas gênantes, tandis que les masses fanatiques abêtissent le monde, et un monde condamné à la bêtise n’a plus de raison pour que je m’y intéresse ; j’aime autant le voir mourir.
lui était spirituel comme on l’est dans le monde, seulement avec la différence de la force, de la finesse et de l’éclat de son esprit. […] Il avait la simplicité de l’homme du monde, de l’homme qui sait vivre, de l’honnête homme, comme on disait du temps de Pascal. […] C’était chez la baronne A. de M…, en plein monde antilittéraire du faubourg Saint-Germain. […] IV Trois sortes d’esprits règnent sur le monde, — aussi bien sur le monde de l’Action que sur le monde de la Pensée : l’esprit religieux, l’esprit social, l’esprit individuel, et jamais l’Histoire, qui les reconnaît tous les trois, n’a songé même à discuter leur hiérarchie. Elle a étagé au sommet du monde de l’Action les fondateurs de religion, puis au-dessous d’eux les législateurs, puis, au-dessous des législateurs, les grands penseurs et les artistes.
Mais il nous a trop parqués dans un monde d’aristocratie humaine créé par lui, et qui, en somme, n’est pas le monde de la réalité… « Il n’y a pas de minuit tissé d’étoiles », disait magnifiquement lord Byron. […] Le monde, quoi qu’il fit, ne parviendrait pas à s’en défaire, ni peut-être même à s’en passer ! […] Non, une telle bande ne mérite pas de vivre ; non, cette vermine croissante ne peut exister et laisser le monde vivre ordonné à côté d’elle. […] Afin de mieux fuir cette démocratie dévorante qui s’étend sur le monde comme le cancer dont il doit mourir, on se réfugie et on se calfeutre dans l’aristocratie des exceptions humaines. […] Dans le monde trop rare qu’on a inventé, dans cette bergerie céleste où du moins on voudrait un loup, on introduit les deux choses les plus rares, et qu’on voit le moins présentement dans ce monde qu’on méprise et qu’on a raison de mépriser, — le stoïcisme, qui est le christianisme de ceux qui ne sont pas chrétiens, et l’amour, qui n’existe plus que de nom dans une société athée à tout, jusqu’à l’amour !
J’acceptai : cette proposition convenait à mes goûts de solitude et ne contrariait en rien mon dégoût du monde. […] Le monde et moi nous étions deux. […] J’aurais griffonné le jour, mais je l’aurais vue le soir ; le monde m’aurait dédaigné, mais mon cœur m’aurait applaudi. […] Le monde a soif de justice ; l’engouement nécessaire à toute vérité en Europe passe enfin du côté des persécutés. […] En l’écrivant, il savait assez que c’était la plus haute adulation qu’il pût adresser au restaurateur du vieux monde, qui pétrissait dans ses mains un monde nouveau.
De là ce monde étrange où vit l’enfance, où vivait l’homme primitif. […] Disons plutôt : Tout sera pour le mieux quand l’homme, ayant accompli son œuvre légitime, aura rétabli l’harmonie dans le monde moral et se sera assujetti le monde physique. […] Jusqu’ici ce n’est pas la raison qui a mené le monde : c’est le caprice, c’est la passion. […] La science qui gouvernera le monde, ce ne sera plus la politique. […] Voyez au contraire, à l’époque d’Auguste, quand le monde ancien commence à se dissoudre, ces aspirations vers l’avenir, si éloquemment exprimées par le poète incomparable dans l’âme duquel les deux mondes s’embrassèrent.
La vision du monde matériel on moral est la même dans les châteaux, les villes et le plat pays7. […] « Le monde d’alors est étroit, factice, conventionnel », la vie est triste, mesquine, limitée et comme emmurée de tous côtés. […] Sans doute ce monde n’est pas immobile, ni inerte, puisqu’il vit : les historiens ont de grandes entreprises politiques et religieuses à raconter, une évolution des formes sociales et des institutions à raconter. […] Selon le mot tant de fois cité d’un des plus ignorants moines qui aient fait le métier de chroniqueur, « le monde se pare d’une blanche robe d’églises neuves ». […] Glaber (R. des Deux Mondes, 1er oct. 1891) 8.
si tu le pouvais, s’il existe quelque communication entre ce monde et l’autre, reviens ! […] Il y a un cercueil entre le monde et moi ; c’est fini du peu qui m’y pouvait plaire. […] Ce monde n’a rien pour elle, elle s’habitue à en sortir. […] Rien au monde n’est plus puissant sur l’âme, plus pénétrant. […] Tout y est de cette vie et tout y est de la vie future ; deux mondes entiers, le monde naturel et le monde surnaturel s’y déroulent par pages, notes, lettres, effusions secrètes, dans ce style qui n’est pas du talent, mais qui est la nature !
» Rappelez-vous ce qu’il dit une fois de Sainte-Hélène : « Napoléon, le maître du monde, devait mourir séparé du monde par un fossé dans lequel coulerait l’Océan. » Il parle quelque part de je ne sais quelle doctrine indigne de la majesté de l’absurde. […] Il a la foi de ce qu’il dit et il ne se baisserait pas d’une ligne pour ramasser tout un monde de popularité, si Dieu le mettait à ses pieds. […] Le vieux monde s’est rassis sur ses vieux fondements, et ç’a été tout. […] Le monde ne sut point assez ce que valait Donoso Cortès, et M. […] Au premier rang de ce monde par les titres et les relations, Donoso Cortès, marquis de Valdegamas, n’y exerça pas toute l’influence à laquelle, de talent et d’âme, il avait droit, et la faute en fut justement au monde de ce temps, haïsseur de toute vigueur et de toute vérité complète !
Dahak (le Satan de la Perse) rompra les fers qui l’enchaînent et s’abattra sur le monde. […] La dynastie des Hérodes vivait dans un monde si différent du sien, qu’il ne la connut sans doute que de nom. […] Tout peuple appelé à de hautes destinées doit être un petit monde complet, renfermant dans son sein les pôles opposés. […] Le plus triste pays du monde est peut-être la région voisine de Jérusalem. […] En aucun pays du monde, les montagnes ne se déploient avec plus d’harmonie et n’inspirent de plus hautes pensées.
Devant le monde infini, qu’est-ce que l’homme ? […] Quand la pensée s’est élevée à ces hauteurs, le monde change d’aspect, le monde moral surtout. […] Quelque optimisme qu’on professe, on sait si notre monde est le lieu qui convient à cette sanction. […] Cette loi de finalité qui gouverne la nature comme la volonté, le monde physique comme le monde moral, n’est point, ainsi que Kant le pense, une simple conception de la raison pure, sans application possible au monde de la réalité naturelle ; c’est aussi bien une loi de l’expérience que la loi de causalité. […] Bien d’autres voix protestent chaque jour en faveur des mêmes vérités dans le monde de la libre pensée.
Ajoutez que le véritable système du monde fut parfaitement connu de la plus haute antiquité. […] Il est créé comme un monde. […] Le point d’optique de Paris était plus vrai que celui de Turin pour juger la marche du monde. […] Le monde récompensa dans son fils et dans ses filles son immense renommée. […] Le monde, plus vieux d’un demi-siècle, est exactement dans le même état où vous l’avez laissé.
Bain d’être sorti de l’analyse expérimentale pour se demander comment nous percevons le monde extérieur, et pourquoi nous y croyons. […] « Le monde, nous dit-il, ne peut être connu que par son rapport avec l’esprit. […] Nous sommes incapables d’examiner l’existence d’un monde matériel indépendant : cet acte en lui-même serait une contradiction. Nous ne pouvons parler que d’un monde présenté à notre esprit. […] « Cependant un monde possible implique un esprit possible pour le percevoir, tout comme un monde actuel implique un esprit actuel. » La conclusion de M.
Elle était déjà très-consolée ; elle revoyait peu à peu le monde, recommençait à danser cette danse du schall qu’elle dansait si bien, et ressongeait à Paris, son vrai théâtre. […] » Et elle ajoute, avec une crudité dont je ne l’aurais jamais crue capable : « Le monde est si bête ! […] Parcourant dernièrement les papiers de Chênedollé, j’y trouvais quelques passages relatifs à Mme de Krüdner, et je remarquais qu’à cette date de 1802, dans le monde de Mme de Beaumont et de M. […] « C’est un bel éloge à faire de quelqu’un, au milieu de la corruption du monde, que de le croire digne d’être appelé romanesque. […] Elle avait un immense besoin que le monde s’occupât d’elle : sous une forme inattendue, ce besoin allait être satisfait.
Voyages dans toutes les parties du monde. […] Quoique cet ouvrage soit fort historique, il y a néanmoins bien des choses qui concernent la Géographie & la description de cette partie du monde. […] On trouve dans cet ouvrage l’histoire naturelle, ecclésiastique, militaire, morale & civile des contrées du nouveau monde. […] On peut y joindre l’excellent Voyage autour du monde de l’Amiral Anson, 4. vol. in-12. ; un autre Voyage autour du monde, fait en 1764.
Pour se juger exactement, il faut se voir dans l’ensemble du monde, et la France ne voit qu’elle-même. Il lui semble qu’elle est à la fois la France et le monde, ou plutôt que le monde se borne à la suivre et à l’imiter. […] L’évolution du monde pourrait s’accomplir en dehors de nous, sans troubler un instant la sérénité de notre optimisme. […] Pourront-ils faire que nous ne soyons pas la France, que nous ne soyons pas la conscience du monde ? […] » se demande-t-il ; est-il vrai que la France ait perdu sa situation dans le monde ?
quel changement dans le monde ! […] Chateaubriand, dès l’enfance, trouva dans le rêve d’immédiates et d’absolues jouissances, des conquêtes faciles et complètes ; il se lit un monde en idée, et se sentit maître du monde. […] Dans les Natchez, œuvre de jeunesse, bien que publiée tardivement, le Nouveau Monde et l’Ancien Monde, l’homme de la nature, le sauvage, et l’homme de la civilisation, l’Européen ; il semble que la première idée de l’œuvre soit née d’une lecture de Rousseau. Dans les Martyrs, encore un ancien monde et un nouveau monde, le monde païen et le monde chrétien, la beauté gracieuse et la sainteté sublime : où Corneille n’avait vu que deux âmes (dans Polyeucte), faire voir deux sociétés, deux civilisations, deux morales, deux esthétiques ; ce que Bossuet avait indiqué d’un trait sobre et sévère, en prêtre qui instruit (dans le Panégyrique de saint Paul, et ailleurs), le développer en artiste, pour la beauté et pour l’émotion. […] De ce romanesque enveloppant l’épique, il fera Notre-Dame de Paris ou les Misérables, le monde du moyen âge et le monde contemporain, et deux mondes dans chaque monde, truands et seigneurs, pauvres et riches.
Rien au monde ne peut être comparé à l’intérieur de Saint-Pierre. […] Dieu leur a donné à tous un atome ou un monde de matière, et une parcelle ou un monde d’intelligence, selon les desseins qu’il a sur eux. […] Rien sans mystère, car le nom de mystère est le nom de la volonté ou de l’action de Dieu dans les deux mondes, le monde physique et le monde de l’âme. […] Est-ce qu’une énigme explique un monde ? […] Le mystère est le passe-partout des deux mondes !
À la vanité des nations, joignez celle des savants ; ils veulent que ce qu’ils savent soit aussi ancien que le monde. […] Cette erreur est devenue scandaleuse par la vanité des Égyptiens et des Grecs, qui, à les en croire, ont répandu la civilisation dans le monde. […] Une langue ancienne qui est restée en usage, doit, considérée avant sa maturité, être un grand monument des usages des premiers temps du monde. […] C’est une tradition vulgaire que le monde fut d’abord gouverné par des rois, — que la première forme de gouvernement fut la monarchie. […] Les Phéniciens furent les premiers navigateurs du monde ancien.
[Revue du Monde catholique, 15 avril 1848.] […] Comme fait, si le temps l’a détruite, fille de la vérité sociale elle trouve une expiation vengeresse dans les désordres et les souffrances qui ont déchiré les entrailles du monde depuis qu’elle ne le protège plus. […] Après avoir jeté un de ces regards qui résument sur la constitution du travail dans le monde antique, F. […] Maîtrisé par l’idée spéciale de son livre, il a passé vite sur tous les caractères qui distinguent le monde moderne de l’ancien monde ; car il n’y a qu’une grande division en histoire, et c’est la croix de Jésus-Christ qui l’a faite. Le monde ancien finit à cette croix qui s’élève ; le monde moderne y commence ; et ce qu’on a appelé le Moyen Âge n’est que la jeunesse du monde chrétien, qui ne finira plus sur la terre.
En 1849, quand la Révolution, pour un instant souveraine, tenait presque dans les idées une aussi grande place que dans le gouvernement, l’Académie française mit au concours la question de l’influence de la charité chrétienne sur le monde romain. […] Chastel condamne implicitement la grande ressource économique du catholicisme, cet ascétisme sublime qui fut une des causes du salut de l’ancien monde, et qui ne serait plus un moyen puissant contre le paupérisme de notre âge ! […] Il a prouvé, enfin, que cette charité enseignante, née dans le sang du Crucifié, arrosée du sang des martyrs, cette fleur du sang de Dieu et des hommes, n’a grandi, parfumé et guéri les plaies du monde, que parce qu’elle s’est épanouie dans la double Thébaïde du désert et du célibat. […] Ce secret, ce dernier mot des influences de la charité chrétienne sur le monde ancien et sur le monde moderne, des protestants ne pouvaient pas le dire, mais s’ils ne le disaient pas, ils mutilaient l’histoire et les faits criaient, malgré l’habileté des mutilateurs. […] Le livre de Martin Doisy, qui, de tous les ouvrages soumis au jugement de l’Académie, répondait seul sans réplique aux prétentions de l’Économie, fille de la Philosophie, par le tableau de tous les biens réels et possibles faits au monde par l’économie, fille de la charité, n’a été l’objet que d’une mention honorable.
Les critiques disent et le monde répète que l’argent n’a rien à faire à ceci… Rubens, Yan Dyck, Raphaël, Titien, Voltaire, Aristote, Montesquieu, Newton, Cuvier, ont-ils pu monumentaliser leurs œuvres sans les ressources d’une existence princière ? […] Ces deux fragments, auxquels nous renvoyons le lecteur, et qui servaient d’en-tête auxdits bulletins de la Revue des Deux Mondes, se terminent l’un et l’autre, dans les Portraits contemporains, par trois points de suspension. […] Mais une note de la même Table, à propos de l’article sur l’École du monde (1er février 1840), qu’on lira plus loin, nous apprend que ces chroniques étaient rédigées de concert entre MM. Sainte-Beuve et Labitte, et signale particulièrement l’article sur l’École du monde comme étant de M. […] Cette liste porte exclusivement, dans les chroniques de la Revue des Deux Mondes, de novembre 1838 et février 1839, sur des travaux de moyen âge, de philosophie et de sciences.
Le monde n’est qu’une série de sacrifices humains ; on les adoucirait par la joie et la résignation. […] Je serais fâché que quelque chose manquât au monde ; car j’ai conscience de tout ce qu’il enferme. […] « Un monde sans Dieu est horrible. […] Nous ne demandons pas une récompense ; nous demandons simplement à être, à savoir davantage, à connaître le secret du monde, que nous avons cherché si avidement, l’avenir de l’humanité, qui nous a tant passionnés. […] Ajoutons que si le mouvement a existé de toute éternité, on ne conçoit pas que le monde n’ait pas atteint le repos, l’uniformité et la perfection.
On habite avec un cœur plein, un monde vide ; et, sans avoir usé de rien, on est désabusé de tout. […] Enfin, les Grecs et les Romains, n’étendant guère leurs regards au-delà de la vie, et ne soupçonnant point des plaisirs plus parfaits que ceux de ce monde, n’étaient point portés, comme nous, aux méditations et aux désirs par le caractère de leur culte. […] Le monde n’est point l’objet de ses vœux, car il sait que l’homme vit peu de jours, et que cet objet lui échapperait vite. […] De toutes parts s’élevèrent des couvents, où se retirèrent des malheureux trompés par le monde, et des âmes qui aimaient mieux ignorer certains sentiments de la vie, que de s’exposer à les voir cruellement trahis. […] Dégoûtées par leur siècle, effrayées par leur religion, elles sont restées dans le monde, sans se livrer au monde : alors elles sont devenues la proie de mille chimères ; alors on a vu naître cette coupable mélancolie qui s’engendre au milieu des passions, lorsque ces passions, sans objet, se consument d’elles-mêmes dans un cœur solitaire55.
De là l’action exercée en sens inverse par les deux grandes races qui ont fait la civilisation de l’ancien monde : celle de la Grèce sur l’Asie et l’Orient, celle de l’Italie sur l’Occident et l’Europe. […] Il périt pour avoir voulu réconcilier Rome avec le monde, les vainqueurs avec les vaincus, de même que Henri IV (la comparaison est de M. […] « Un souffle nouveau de moralité jusque-là inconnue passe sur le monde. » Je ne sais quelle douceur primitive de l’âge de Numa se retrouve à la fin des temps et après des âges de fer. […] On jouit, sauf quelques menaces et des veilles pénibles aux frontières, de l’unité incontestée du monde romain, de ce qu’on a appelé « la majesté de la paix romaine. » Un écrivain qui n’est pas suspect d’optimisme, Tertullien, comparait l’univers, en ce siècle heureux, au verger riant d’Alcinoüs : « Le monde, disait-il, est comme le jardin de l’Empire. » Adrien, on le sait, rassemblait dans la villa magnifique qui porte son nom des échantillons de toutes les merveilles du monde : le monde à son tour, du temps d’Adrien et de ses deux successeurs, n’était pour le Romain qu’une magnifique villa, une villa Adriana en grand. […] Ainsi, dans cette longue crise finale du monde ancien, la consolation offerte, la promesse dernière devait surpasser et, s’il se peut, submerger le désespoir.
au progrès du monde. […] Dès l’heure de sa naissance, l’esprit critique s’empare du gouvernement du monde. […] Ce lieu fut Rome, pour le monde romain, puis pour le monde impérial et papal. […] L’atmosphère actuelle du monde n’est point celle où puisse se lever une telle aurore. […] — Pourtant il détient la sécurité du monde.
Sur ce que tu bénis, sur ce que tu maudis, Tu sens la pression du monde formidable115. […] Le monde est l’œuvre où rien ne ment et ne dévie, Et dont les mots sacrés répandent de l’encens. […] Il n’est pas seulement, selon Hugo, une « âme du monde », un principe de vie animant un grand corps ; il est le cœur du monde : Oh ! […] Vous habitez le seuil du monde châtiment. […] De ce monde où l’on souffre le poète relève nos yeux vers le ciel, et il nous y montre la Foi, ceinte d’un cercle d’étoiles.
Comprenant les besoins du monde, ils ont essayé de les satisfaire. […] Je cherche à savoir si Zola a montré un sens du réel plus évident, s’il s’est fait du monde une conception vive, si son œuvre a plus de vertu et d’innocence. […] Je ne sais point si cette morale est conforme aux nécessités du monde possible. […] Elle est conforme aux choses du monde. […] La partie sérieuse et pensante de la jeunesse veut agir sur le monde et ne se contente pas du tout de célébrer le printemps.
Le monde sait quel fut le sort de cette grande monarchie et de cette grande race espagnole, après le seizième siècle qu’elle avait rempli de sa splendeur. […] À travers mille hommages recueillis à Grenade, à Cordoue, elle vint plus tard dans le monde agité de Madrid. […] Que le monde se réveille ! […] Le temps a fait un pas, et, sous le coup de ses vicissitudes, qui délivrent aussi promptement qu’elles accablent, déjà un monde n’est plus tributaire d’un autre monde ; mais le soleil des Incas et des Aztèques illumine la colonne immuable du Calvaire. […] Fleuris ; étends tes rameaux ; que la race fatiguée d’Adam repose à ton ombre sainte, d’un bout du monde à l’autre !
De quel nom appeler tant d’intelligences d’élite qui, sans dogmatiser abstraitement, ont révélé à la pensée une nouvelle façon de s’exercer dans le monde des faits ? […] Le jour où la philologie périrait, la critique périrait avec elle, la barbarie renaîtrait, la crédulité serait de nouveau maîtresse du monde. […] Deux voies, qui n’en font qu’une, mènent à la connaissance directe et pragmatique des choses ; pour le monde physique, ce sont les sciences physiques ; pour le monde intellectuel, c’est la science des faits de l’esprit. […] Philosopher, c’est savoir les choses ; c’est, suivant la belle expression de Cuvier, instruire le monde en théorie. […] Egger sur Aristarque (Revue des Deux Mondes, 1er février 1846).
En 1864, Wagner dit : « l’œuvre de l’art le plus élevé doit se mettre à la place de la vie réelle, elle doit dissoudre cette Réalité dans une illusion, grâce à laquelle ce soit la Réalité elle-même qui ne nous apparaisse plus que comme une illusion … La nullité du monde ! […] Et en 1882, dans l’article daté de Venise, 1er novembre, et consacré au souvenir des représentations de Parsifal qui venaient d’avoir lieu, il écrit : « Oublier dans la contemplation de l’œuvre d’art — rêvée mais vraie — le monde réel du mensonge, c’est la récompense pour la douloureuse véracité qui nous a forcés de reconnaître que ce monde n’est que misère » (X, 395). — Nulle part, dans ce poème de Parsifal, nous ne touchons au monde réel. […] Primitivement, nous ne devions voir Parsifal qu’errer par le monde ; aujourd’hui, ce long épisode de sa vie, qui remplit les vieux poèmes, est réduit à une simple mention, dans ce seul vers : « Je suivis les sentiers de l’erreur et des souffrances … » Dans le Ring et dans Tristan (que le maître considérait comme un acte du Ring) Wagner avait créé l’image de la vie-réelle, du « monde qui n’est que misère » : dans Parsifal, — où il a expressément, tenu à établir un strict parallélisme avec le Ring — il a « bâti le monde saint d’une meilleure vie »au. […] Alors, ce drame : l’âme livrée primitivement à la mensongère tromperie de l’Apparence, et niant l’amour ; puis, cette heure (l’heure possible parmi les pâles existences banalement dévouées aux vies mauvaises, dans le croupissement des animalités, sous l’aveuglement de l’être faux), l’heure (suprême) où le rêve, vague emportement de la pensée, hors le monde habituel te prend, âme, et t’enveloppe de ténèbres majeures et te donne cette vision du Vrai, donc ce choix, — l’heure, extraordinaire, (l’heure du Breuvage) où l’âme songe tout à coup qu’il est une autre vie, qu’elle peut vivre, qu’elle vivra ; dès lors, la lutte ; et le bien heureux moment où, âme, libre tu t’en iras, âme libre, libre du monde faux, éclosant dans le plein ciel de ton monde authentique, ô joyeuse de ton libre amour ! […] Elle est la déesse Jördh de la mythologie nordique, et trouve son équivalent dans la figure de Gaïa dans le monde grec.
Des impulsions, un monde qui a un but mystérieux (quelle nouvelle !) […] Ce fut sur ce pied-là que le monde, révolté ou charmé tout d’abord de l’insolence de M. […] Boissier, qui croyait que le monde pouvait très bien se passer de la morale chrétienne et que le stoïcisme suffisait. […] Il est à cheval sur le monde ancien et le monde moderne, étonnant et superbe califourchon ! […] Il le fut de son fils, de son fils Commode, le crapuleux boucher auquel il laissa lâchement l’Empire du monde.
Mais dans les conséquences qu’ils peuvent avoir en ce monde si niaisement scientifique du xixe siècle, ils sont capables d’exercer une influence momentanément tragique, et ils commencent de l’avoir déjà. […] … Il ne retourne, ni plus ni moins, que du fakirisme indien comme de la philosophie définitive du monde actuel et du monde de l’avenir, comme du dernier pas de la science sous ce ciel constellé qui a mêlé la lumière de dix-neuf cents ans de Christianisme à la lueur de ses étoiles ! […] Par exemple, il se trompe sur Joseph de Maistre, qui n’a nullement maudit la vie parce qu’il a voulu que l’Expiation rachetât, aux yeux de Dieu, tout un monde en chute ! […] L’un, — celui du grotesque mysogine Schopenhauer, — par la suppression de l’amour, avec ou sans opération ; c’est la philosophie de la chanson fameuse : Oui, pour un rien, Oui, pour un rien, Nous laisserions finir le monde, Si nos femmes le voulaient bien ! Et l’autre, celui de Hartmann, — moins intelligible, qu’il appelle l’inanition, qui n’est pas, comme on pourrait le croire, l’action vulgaire de mourir de faim, — et qui, bien plus expéditif que celui de Schopenhauer, finirait le monde à un moment donné et à la même minute.
Or, c’est de cela qu’il retourne aujourd’hui dans La Fin d’un Monde et du Neveu de Rameau. […] Les cent ans dans lesquels nous avons vu crouler ce monde que Diderot croyait peut-être éternel ! […] Il s’agit d’un homme et de la fin d’un monde dans M. Janin, et ce monde qui fut la plus puissante des monarchies, craque, éclate et croule de toutes parts, en des épisodes comme l’histoire superbe des trois filles du marquis de Nesle, et cet homme qui meurt avec ce monde c’est le Neveu de Rameau, souffleté d’abord et tué ensuite de la main de son fils, dont lui-même a fait un parricide ! […] La Fin d’un Monde et du Neveu de Rameau.
Le monde a-t-il commencé par un jour ? […] Tâtez le pouls du monde intellectuel, et dites s’il est prêt à mourir. […] Les républicains auraient été, aux yeux de l’avenir, les incendiaires du vieux monde. […] La France soulevée de son lit aurait débordé de ses frontières comme de ses lois, et malheur au monde ! […] L’Italie n’est pas seulement une terre ; c’est un instrument de musique, c’est l’orgue du monde.
Le 30 novembre de la même année, sa veuve, déjà mère d’une fille, mit au monde Jonathan Swift. […] Le monde où il nous conduit est hors du nôtre, mais c’est un monde animé où nous nous sentons mouvoir et respirer. […] Il se brouillait et se réconciliait sans cesse avec ceux qui l’entouraient, et perdait par degrés, avec le commerce du monde, les consolations qui se tirent de la mémoire et de la pensée. […] Prendre au sérieux le monde et les grandeurs du monde, la vie et les occupations de la vie, la science, la politique, les passions, les plaisirs ; se plaire dans cette mêlée, désirer et craindre avec emportement, voilà un des penchants de l’âme humaine, une des habitudes de sa pensée, et le mouvement perpétuel du monde en découle. Mais les maux de la vie, le sentiment de sa brièveté, des échecs irréparables, parfois un penchant naturel de l’âme donnent, pour nous, au monde et à la vie une tout autre figure.
S’il fut un moment embarrassé dans le monde, ce moment-là dut être bien court, et il n’y parut pas longtemps. […] C’est l’attention seule, lui dit-il, qui grave les objets dans la mémoire : « Il n’y a pas au monde de marque plus sûre d’un petit et pauvre esprit que l’inattention. […] Le jeune homme est logé à l’Académie, chez M. de La Guérinière ; le matin il y fait ses exercices, et le reste du temps il doit le consacrer au monde. […] Il a du génie avec la plus vaste lecture du monde. […] Lord Chesterfield, à cette époque, vivait tout à fait séquestré du monde par ses infirmités, dont la plus pénible pour lui était une surdité complète.
Les Bas-bleus sont trop d’un monde qui a perdu sa virilité pour ne pas croire, en se regardant et en se comparant, que les femmes sont égales aux hommes comme X est égal à X en algèbre, et pour craindre le ridicule devant lequel, — avec une pareille prétention, — elles auraient tremblé autrefois. […] Le ridicule est toujours le viol d’une convention ou d’une convenance sociales — d’une manière générale de sentir et de penser ; et les Bas-bleus, avec leurs livres, leurs thèses et leurs affectations, ont tant bleui le monde, que le monde ne s’apercevra bientôt plus de la couleur de leurs bas ! […] Du moins les Barbares apportaient un sang neuf et pur au sang corrompu du vieux monde ; mais les pédantes qui, dans la décrépitude de ce monde, ont remplacé les Barbares, ne sont pas capables, ces bréhaignes ! […] Après celui-là, la matière que l’on croyait divisible à l’infini ne se divisera plus… À moins pourtant que dans ce monde du devenir d’Hegel et du Ça ira des Sans-Culottes, il n’entre dans la caboche humaine l’idée — très digne d’elle — qu’à l’aide de l’éducation et de la science, on peut tirer de la fange de leur animalité les chiens et les singes et les faire entrer avec nous — et au même titre que nous, — dans l’immense et imbécile farandole du Suffrage universel !
Les élégances du monde et de la société s’y joignirent bientôt. […] La jeune Livonienne, lorsqu’elle vint de bonne heure à Paris, y vit la continuation de ce monde. […] Elle y dénonce la plaie qui n’est pas seulement celle du grand monde, mais du monde entier, celte vieille plaie de Pilate, que Dante punissait par l’enfer des tièdes, et que, de nos jours, tant de novateurs généreux, à commencer par elle, se sont fatigués à insulter. […] Elle le croyait sincèrement sans doute ; mais un reste d’adresse, d’insinuation flatteuse du monde, s’y mêlait et n’y nuisait pas. […] Mme de Krüdner, avec son monde, sa fille, son gendre, et le jeune ministre Empeytas qui la dirigeait, était allée loger au château du Mesnil, près de là.
je n’ai jamais été de ceux qui croient à la popularité du beau dans ce monde ; mais quand le beau s’avise, en plus, d’être le saint, oh ! […] II S’il n’y avait eu que le monde, en effet, autour de l’obscure religieuse de Westphalie, le monde du monde, ou le monde du couvent, — car le couvent parfois dans un certain sens est le monde, — qui saurait seulement son nom aujourd’hui ? […] Cazalès a traduites toutes les deux dans la langue catholique du monde, puisqu’il les a traduites en français. […] cette faculté est suprêmement celle de la sœur Emmerich, laquelle n’est pas seulement une Voyante qui vous fait voir ce qu’elle voit, mais une Ravissante qui vous prend et qui vous transporte au centre positif d’un monde que vous n’aviez jamais entrevu jusque-là que dans les lointains de la pensée indistincte ou la brume des souvenirs confus ! […] Qui jamais dans le monde naturel entendit parler d’une telle hardiesse ?
L’atmosphère dumpf m’enveloppait ; je la voyais, je la sentais ; c’était comme une couche, un quelque chose mauvais conducteur qui m’isolait du monde extérieur131. Je ne saurais vous dire combien cette sensation était profonde ; il me semblait être transporté extrêmement loin de ce monde, et machinalement je prononçais à haute voix les paroles : Je suis bien, bien loin. […] Je regardais autour de moi avec terreur et étonnement ; le monde m’échappait. […] J’avais un ardent désir de revoir mon ancien monde, de redevenir l’ancien moi. […] Le colonel anglais133 parfois a cru pour de bon qu’il n’existait plus ; il m’a dit qu’alors il restait des heures entières immobile, comme en extase, sans rien comprendre du monde extérieur.
Il y a donc des lois immuables dans le monde physique, pourquoi n’y en aurait-il pas dans le monde moral ? […] Il y a aujourd’hui dans le monde un souffle antispiritualiste. […] Aussi refuse-t-il de donner au monde le nom de Dieu, car c’est profaner Dieu que de le confondre avec le monde. […] Voyez la Revue des deux mondes du 15 février 1861. […] (Voyez la Revue des deux mondes du 15 octobre 1863.)
Il y a plus et ce moi, qui se conçoit distinct d’un monde extérieur, ne se perçoit qu’en fonction de ce monde extérieur : il ne prend conscience de lui-même que dans les modifications qu’il subit du fait de ce monde extérieur. […] En même temps, il faut constater que s’il se conçoit nécessairement autre qu’il n’est par le fait de sa division avec lui-même, il ne connaît aussi les objets du monde extérieur qu’indirectement par le rapport incomplet dans lequel ils entrent avec la fausse et partielle représentation qu’il se forme de lui-même. […] La matière et le monde extérieur tout entier ne devraient-ils pas leur origine à cette même fantaisie intellectuelle par laquelle les premières sociétés humaines confèrent la divinité à des idoles taillées dans le bois par la hache de leurs artisans, idoles auxquelles elles attribuent un pouvoir souverain et auxquelles elles se soumettent ? […] Cet acte initial par lequel l’être unique se distingue en sujet et en objet lève le rideau sur la fiction du monde phénoménal.
Ces idées se rapportent tantôt au monde extérieur, tantôt au monde intérieur. […] Où finit le monde de la conscience commence le monde extérieur. […] Le monde du conscient a ses racines dans le monde de l’inconscient. […] Le monde est une place assiégée. […] D’où vient l’ordre du monde ?
l’usure d’un monde sur un autre monde ! […] Bonaparte livra donc le monde à pacifier à son ministre, devenu son oracle. […] Dresde et Leipsick le punissaient d’avoir refusé la paix au monde et à lui-même. […] Où penchait sa volonté il fallait que penchât le monde : le monde ou lui ne pouvaient manquer d’être bientôt brisés. […] Que pouvait faire M. de Talleyrand contre le monde et contre le sort ?
II Un peu tard, en effet ; car il ne s’agit de rien moins que de l’aurore du monde ! […] Idée chimérique et fausse, et risible même, qui n’est pas, elle, éveillée, comme le monde selon Pichat, de ce matin, puisqu’elle traîne partout dans tous les livres modernes, où, fat pour le compte de son temps, Pichat l’a ramassée. […] Plus poète, plus vraiment poète quand il est involontairement le catholique du passé que quand il est l’athée de l’heure présente ; plus poète quand il remonte par la pensée dans ce monde qui a dormi (dit-il) que quand il est dans ce monde qui s’éveille, Laurent Pichat, au lieu d’appeler son livre : Les Réveils, aurait mieux fait de l’appeler : Les Regrets ; car ce qui vibre le plus dans ce livre et ce qui y prend irrésistiblement le cœur, c’est la vie vécue, c’est la puissance des souvenirs et leur mélancolie amère. […] Laurent Pichat, ce cygne des années lointaines qui s’est mis, comme un jeune coq, à chanter l’aurore qui se lève sur un monde nouveau le poulailler de la Démocratie, aurait, assurément, plus de grâce et de profondeur dans ses chants s’il chantait les heures crépusculaires, voisines de la nuit qui nous menace. […] ……………………………………… Tous les pleurs du monde ont coulé.
À la longue, c’est absolument comme si l’on causait avec les personnes de ce monde-là. […] Il chercha à rentrer dans le monde, et bientôt il se trouva tout au milieu. […] Les hommes vus de près et dans l’intérieur sont souvent pires, mais quelquefois aussi ils valent mieux que quand on ne les voit et qu’on ne les juge que d’après le monde et sur l’étiquette de la renommée. […] Les grâces et les qualités rares de cette jeune personne, sa distinction naturelle, l’avaient mise, même dans ce monde de cour, sur un pied tout différent de celui où la plaçaient sa condition et sa naissance. […] Il vit à Rome Mme des Ursins, alors Mme de Bracciano, qui réunissait le meilleur monde.
Le point de vue des familles n’est pas nécessairement celui du monde littéraire et philosophique ; il serait plutôt tout l’opposé. […] Il ne comprend que l’unité de principe et ses conséquences rigoureuses, le système exact, la logique absolue : un monde complet, tout un ou tout autre. […] Songez seulement à ce que seraient les nôtres, si nous étions venus au monde dix siècles plus tôt ou, dans le même siècle, à Téhéran, à Bénarès, à Taïti. […] Il voulait régénérer à tout prix le monde. […] — Je ne crois pas que depuis que le monde est monde, il y ait eu un mouvement si prodigieux d’idées au milieu du silence de tout ce qui est institué pour parler.
Mme d’Houdetot était de ces âmes qu’on peindrait d’un mot : elles ont passé dans le monde en voyant le bien. […] Une femme de trente ans a vu le monde, elle sait le mai, même en n’ayant fait que le bien. […] Dès qu’ils sont au monde, osez vous dire que votre jeunesse va passer dans la leur ; ô mères ! […] J’y trouve des observations du monde, et des délicatesses sentimentales, dans une mesure pourtant qui n’est peut-être ni tout à fait le monde même, ni tout à fait l’idéal romanesque. […] C’est toute une vie intime, une veine cachée au monde, et dont il ne se doute pas.
Et sans les géographes, successeurs et émules de Colomb, où serait l’Australie, germe d’un cinquième monde ? […] La géographie seule vous répondra et rectifiera d’un coup d’œil sur l’atlas, aussi bien que d’un retour de conscience, la puérile manie d’aller brûler et dévaster un palais impérial merveilleux, musée du monde antérieur à Pékin ! […] L’ancienne France suffisait à elle-même et au monde ; l’histoire change avec la géographie. […] voilà ce qui grandit démesurément à la proportion des choses infinies cette petite fourmilière inaperçue sur ce petit globe à peine aperçu lui-même dans cette poussière de mondes lumineux que l’astronomie nous dévoile à travers la nuit ! […] Les mondes ne sont-ils pas les caractères de l’imprimerie divine avec lesquels l’Infini écrit ses leçons à l’intelligence de ses créatures, le catéchisme de l’infini ?
Si vous ne croyez pas à l’action personnelle de Dieu sur le monde, abandonnez cet accablant sujet d’Attila ! […] Attila, cet élément et non cet homme à notre façon, déchaîné à travers le monde, ne saurait se décomposer comme les autres hommes. […] N’existe-t-il pas quelque part un monde dont Montesquieu et Gibbon, aux oreilles bouchées comme Ulysse à la Syrène céleste, n’entendirent jamais le bruit ? […] Il y a les Saints, ces pères du monde moderne, qui créaient une civilisation inconnue de miracles, de foi et de vertus ! […] Les Barbares avaient tous les vices, et ceux du monde qu’ils trouvaient devant eux, et ceux du monde qu’ils laissaient derrière ; les vices des Romains qu’ils rencontraient, les vices de l’Asie dont ils étaient descendus.
La sainteté est le fruit de la solitude, mais la sagesse consommée est le fruit du monde. […] L’Église était, avec la guerre, le monde universel de l’époque. […] Le monde actuel penche vers la première de ces philosophies. […] que la gloire du monde passe vite ! […] S’il est quelque joie dans le monde, le cœur pur la possède.
Ou le monde sans eux n’est-il qu’un vain chaos ? […] Aux Grecs il a emprunté la conception d’une sorte de monde des formes et des idées qui est le monde même de l’art ; bannissant la passion et l’émotion humaines, on dirait qu’il voit toutes choses, comme Spinoza, sous l’aspect de l’éternité. […] Ce culte des formes, par lequel il se rattache à la Grèce, n’exclut pas une sorte de dédain profond et final pour un monde qui, par cela même qu’il n’a d’intéressant que ces formes où se mire l’intelligence, n’est en somme qu’un monde d’apparences et d’illusions. […] Il fut un temps, avant que les êtres animés eussent des yeux, où pesait sur le monde physique une nuit aussi sombre et aussi lourde que celle qui pèse aujourd’hui sur le monde moral. […] De nos jours, les partisans de la contingence dans le monde, M.
Il cherche Dieu dans la nature comme le grand et éternel secret des mondes ; il croit, il adore, il prie. […] Il ne faut donc pas le croire en ce qui touche à ce monde, mais il faut le croire en ce qui touche à l’autre. […] Je vais créer maintenant les hôtes de ces mondes. […] Ces fragments étaient l’œuvre d’un de ces hommes qui consacrent toute leur existence et tout leur génie dans ce monde à regarder et à sonder d’autres mondes. […] Ce monde plein de travaux a été créé pour d’autres devoirs encore que la contemplation passive de la Divinité.
Ce recueil, si répandu et si estimé qu’il soit, n’est pas celui de Fénelon que je conseillerais aux personnes du monde ni que je préfère. […] Au-dehors, le monde vous rit, et la partie du monde la plus capable de nourrir l’orgueil donne au vôtre ce qui peut le flatter, par les marques de considération que vous recevez à la Cour. […] Le silence surtout lui paraît un grand remède, et le seul dans les instants même qu’on ne peut dérober au monde. […] Ne savait-on pas que les hommes sont fragiles, que le monde est contagieux, que les gens faibles ne peuvent se conserver qu’en fuyant les occasions ? […] Voilà ce qu’on appelle la vie du monde… On a toute la grâce.
Le monde ne souffre pas la passion, et en cela il est dans son droit. […] La même Mme de Genlis fonde l’ordre de la Persévérance, qui compte bientôt « jusqu’à quatre-vingt-dix chevaliers du plus grand monde ». […] Ils ne comprennent rien au vaste monde qui enveloppe leur petit monde ; ils sont incapables d’entrer dans les sentiments d’un bourgeois, d’un villageois ; ils se figurent le paysan, non pas tel qu’il est, mais tel qu’ils voudraient le voir. […] Si clairvoyants dans le monde, leurs yeux sont obtus en politique. […] Mme de Genlis, les Dangers du monde, I, scène VII ; II, scène IV Adèle et Théodore, I, 312 Souvenirs de Félicie, 199 Bachaumont, IV, 320.
. — Double échelle et échelons correspondants du monde physique et du monde moral. […] Mais nous savons que la sensation ordinaire est un composé, qu’elle diffère de ses éléments, que ces éléments échappent à la conscience, qu’ils n’en sont pas moins réels et actifs, et, dans cette pénombre inférieure et profonde où naît la sensation, nous trouverons peut-être le lien du monde physique et du monde moral. […] — Nous sommes arrivés ici au point de jonction du monde physique et du monde moral, c’est de là que partent les deux lignes opposées et indéfinies où chemine l’expérience humaine ; les deux convois ainsi formés avancent et s’écartent toujours davantage en se chargeant de plus en plus à chaque station. […] Ainsi le monde physique se réduit à un système de signes, et il ne reste plus pour le construire et le concevoir en lui-même que les matériaux du monde moral. […] Au-dessous du monde organique s’étend le monde inorganique, et le premier n’est qu’un cas du second.
L’homme qui ne peut se sentir vivant que dans un monde vivant. […] S’il y a sacrifice, toujours c’est d’une chose à une autre, d’une moins bonne à une meilleure, d’un monde temporel à un monde éternel. […] Cette imposteuse disait que le monde était son monde, le monde de la Réalité. […] De sa monotone histoire, il conclura très vite à la monotonie du monde (scepticisme). […] Et entendre dès maintenant, dès ce monde.
Le monde est vain, où fuyait ta course échappée. […] Oui, tu dis vrai, ce monde est vain quand il n’existe par moi-même. […] Dans le monde des intelligibles l’idée de l’Amour gouverne toutes choses et permane, opposée à ce qui passe ; c’est en elle que se développe le Moi. Le Moi, nettement distingué du monde sensible et du monde des idées, se précise en l’action — elle est à l’idée ce que l’œuvre est au songe — comme il se prouve, grandit et se perpétue par l’Amour. — Si la vie offre de graves motifs à la Douleur elle en offre aussi à la Joie et, en son résultat, doit toujours être saluée comme glorieuse : elle est le miroir de toute activité, la vallée sans fin où se meut la Geste même de l’homme. […] « Pourquoi créer, pourquoi donner au monde mauvais la plus vierge part de notre âme ?
, et apprendre à la France et au monde, les noms de deux hommes de lettres de plus : MM. […] l’imprimeur de la Revue des Deux Mondes et d’En 18.. […] Le monde politique attendait curieusement le feuilleton de Janin. […] Il aime les livres qui font semblant d’aller dans le monde : ce livre vient de la rue. […] Ce projet de roman qui devait se passer dans le grand monde, dans le monde le plus quintessencié, et dont nous rassemblions lentement et minutieusement les éléments délicats et fugaces, je l’abandonnais après la mort de mon frère, convaincu de l’impossibilité de le réussir tout seul… puis je le reprenais… et ce sera le premier roman que je veux publier.
La conception du monde et de la vie que se sont formée, il y a trois ou quatre mille ans, les solitaires des bords du Gange, voilà que beaucoup d’entre nous y sont revenus et qu’elle convient parfaitement à l’état de nos âmes. […] Cette idée que nous sommes des parcelles de Dieu qui est le monde et qui n’est qu’un rêve on en tire tout ce qu’on veut. […] Et ainsi, toutes les impressions particulières que nous donnent les objets du monde physique, il les approfondit et les agrandit aussitôt par l’idée toujours présente que tout s’enchaîne et se tient dans le rêve ininterrompu de Maïa… Les frontières deviennent indistinctes entre les différentes formes de la vie — vie végétale, animale et humaine. Les fleurs sont des femmes, puisque femmes et fleurs sont l’épanouissement inégalement complet, à la surface du monde, de la même âme divine. […] En voici sur les mondes.
Je ferai une Contemporaine, mais royaliste et de qualité, la contemporaine de l’ancien grand monde. » Il aimait les coiffes ; il avait reçu les confidences de quantité de vieilles dames d’autrefois, et savait à ravir le menu de ce haut commérage. […] Elle n’avait rien négligé pour le bien élever et le mettre dans le monde sur un pied digne de son nom. […] Caustique et médisant dans le monde où il était craint pour ses épigrammes, il avait contracté une sécheresse qu’il pratiquait avec elle et qu’il lui apportait sans déguisement. […] Elle dit quelque part, à propos des scènes du monde et des spectacles plus ou moins agités auxquels elle assistait : « Il y a trois personnages qui raisonnent bien différemment : l’homme du monde, le philosophe et le chrétien : le premier croit que ceci dure ; le second, que c’est quelque chose, mais qui passe ; et le chrétien le voit comme quelque chose déjà passé. […] Une fois faufilé dans le grand monde, et la Révolution aidant, avec de l’audace et de l’esprit il devint ce qu’on l’a vu.
Au fond, tel monde, telle idée de Dieu ; de sorte que l’idée de Dieu change avec les changements du monde. […] La raison du dix-septième siècle ne fut comme les autres que locale et temporaire, et son Dieu ne fit comme les autres que réfléchir le monde qui l’avait produit. […] Il a le droit de préparer de toute éternité le malheur infini des âmes qu’il répand sur le monde, et, si quelque âme lui agrée davantage, de bouleverser une nation pour la sauver. […] Il n’a pas besoin de les chercher ; on voit que sa pensée habite dans ce monde. […] Hérodote eût pu dire de lui, comme d’Hésiode et d’Homère, qu’il a créé un monde divin.
Son système, véritable effort d’esclave qui fait de la métaphysique comme le noir fait de la canne à sucre, ira rejoindre les autres systèmes de métaphysique qu’a vus passer le monde, dans ce vaste cimetière d’éléphants où ils gisent tous, oubliés ; mais on en rapportera les choses d’esprit comme des ivoires. […] Ribot, et sous le joug de cet Omniarque des badauds, dont la tyrannie phénoménale est une des choses les plus humiliantes qu’il y ait pour l’esprit humain, il lâcha en écho — à l’instar de Goethe — sa petite Théorie de la vision et des couleurs, un épisode de l’œuvre définitive publiée en 1819 : Le monde comme volonté et comme perception, dont le monde ne voulut ni ne s’aperçut… Ce fut comme s’il n’était pas ! […] Sa grande découverte, sa Thèbes aux cent portes, comme il l’appelle, fut que « tout, dans le monde, se réduit à la volonté ». […] Seulement, après avoir tout ramené de ce qui est au principe de la volonté, il ajoutait qu’il ne savait pas ce qu’est la volonté en soi, et de cette déclaration il niait carrément la cause efficiente et la cause finale du monde, c’est-à-dire la métaphysique elle-même ; et il n’en était pas moins fier pour cela ! […] Jamais ils n’auraient pu, comme Schopenhauer, ramener tout à cette volonté par laquelle, seule, le monde est intelligible, et qu’il retrouve partout identique à elle-même et au même degré dans tous les êtres.
Vous gouvernez un monde obéissant à vos intuitions, moi je flotte timidement entre le métier et le génie. […] Si chaque homme aimait tous les hommes, il posséderait le monde entier ! […] Ô vous, sa mère, je vous remercierai éternellement d’avoir mis au monde celui que j’aime ! […] La philosophie du monde futur couve là dans son berceau ; il en sortira quelque Platon. […] La primauté littéraire fait lentement le tour du monde comme la primauté politique.
On n’avait encore combiné que des phrases ; on croit pour la première fois créer des idées ; on plane sur le monde ; on remonte à l’origine des choses, on découvre le mécanisme de l’esprit. […] Selon les panthéistes d’Allemagne, la somme des bluets, c’est le monde. […] En d’autres termes, la somme des choses qui existent, c’est le monde ; la loi, ou formule primitive, de laquelle on peut les déduire, c’est Dieu. […] Supposons qu’il n’y ait que des bluets au monde ; comme ce type ne dépend pas d’eux et que partant il ne dépend de rien, on peut l’appeler l’inconditionnel et l’absolu. […] « Dieu n’étant donné qu’en tant que cause absolue, à ce titre, selon moi, il ne peut pas ne pas produire, de sorte que la création cesse d’être inintelligible, et qu’il n’y a pas plus de Dieu sans le monde, que de monde sans Dieu. » 1re Préface, p. 34.
On découvre ensuite dans la hiérarchie des anges, doctrine aussi ancienne que le monde, mille tableaux pour le poète. […] Quelle innombrable troupe de divinités vient donc tout à coup peupler les mondes ! […] Le merveilleux chrétien, d’accord avec la raison, les sciences et l’expansion de notre âme, s’enfonce de monde en monde, d’univers en univers, dans des espaces où l’imagination effrayée frissonne et recule. […] De globes en globes, de soleils en soleils, avec les Séraphins, les Trônes, les Ardeurs, qui gouvernent les mondes, l’imagination fatiguée redescend enfin sur la terre comme un fleuve qui, par une cascade magnifique, épanche ses flots d’or à l’aspect d’un couchant radieux.
Alors il le cherche à travers ce monde solitaire ou il a été jeté ; il le demande aux cieux, à la terre, à tout ce qui l’environne ; il prête l’oreille pour l’entendre. […] La première hymne qui fut chantée dans cette solitude du monde, fut une grande époque pour le genre humain. […] Il semble que vers l’origine du monde, l’homme, peu assuré des bienfaits de la nature, s’étonnait, pour ainsi dire, à chaque instant, de n’en être pas abandonné ; et le désordre qu’il voyait dans plusieurs endroits de la terre encore sauvage, lui faisait mettre un plus grand prix à l’ordre constant qu’il apercevait dans les cieux. […] Par un heureux accord, tu fonds tellement ce qui est bien avec ce qui ne l’est pas, qu’il s’établit dans le tout une harmonie générale et éternelle : seuls parmi tous les êtres, les méchants rompent cette grande harmonie du monde. […] Il ne faut donc pas s’étonner si les premiers peuples du monde, qui étaient presque tous des peuples pasteurs, et surtout les Orientaux qui, habitant un plus beau climat, doivent plus aimer et sentir la nature, ont donné à leurs éloges religieux un caractère que l’on ne trouve point parmi nous.
Le monde fut charmé, et l’Itinéraire à Jérusalem fut et demeure son chef-d’œuvre. […] Le Tasse, plus tard, mêlait avec génie les vérités du catholicisme, religion nouvelle du monde, aux fables divines ou infernales de son époque. […] Chateaubriand fut, dans cette brochure, le précurseur de la vengeance du monde contre l’oppression de l’Europe. […] La raison des choses est la tristesse, parce que la souffrance et la mort sont le chemin et le but final de tout dans ce monde. […] Quiconque ne comprend pas la tristesse ne comprend pas ce monde des larmes.
Ceci dit, et le portrait à peine achevé, et tout d’un coup, ce monde éclatant, ce monde éternel, s’en va et disparaît dans l’abîme ! […] Elle domine, de sa grandeur, les passions environnantes… à peine si demain, le monde saura le nom de cette Muse ! […] Ainsi va le monde. Le monde n’a jamais que trente-six ans. […] , ne laissant après eux que de faibles traces de ce talent qui agitait le monde !
Cette dame, alors âgée au moins de 60 à ans, d’une santé très délicate, ne voyait du monde que chez elle, et c’est sans doute pour cette raison qu’il en est peu parlé dans les écrits concernant les grandes sociétés de cette époque. […] On n’écrivait que les contrats de mariage ; de lettres, on n’en entendait pas parler. » Vers 1665, parut dans le monde une femme d’un autre genre, moins brillante, mais probablement plus aimable. […] Propos, agréables commerces, Où le hasard fournit cent matières diverses ; Jusque-là qu’en votre entretien La bagatelle à part : le monde n’en croit rien. Laissons le monde et la croyance. […] La maison de madame de Coulanges était ouverte à moins de monde que celle de madame de Richelieu, mais elle recevait une société plus choisie parce qu’elle était moins nombreuse.
L’Empire démesurément agrandi par Cyrus, encore accru par Cambyse, dominait le monde. […] Isaïe montre Jéhovah mettant la main sur Cyrus et le lançant vers le monde qu’il lui a livré : — Ainsi, dit Jehovah à Coresch (Cyrus), son Messie : « Je te soutiens par le bras pour étendre les nations devant toi. […] Toutes les richesses du monde affluaient dans son trésor par des pentes aussi entraînantes que celles qui portent les fleuves à la mer. […] Sa cour était un monde de dignitaires, de gardes, de veneurs, de pages, d’eunuques et d’esclaves. […] Ce coin de terre était le point du jour de la civilisation éternelle ; l’imperceptible peuplade sentait battre en elle l’âme du monde.
Rigoureusement parlant, le ton seul du livre suffisait pour expliquer son succès, car le monde est pour les livres ce qu’il est pour les hommes. […] On ne l’a point assez remarqué, le monde, cet ennuyé et ce capricieux, aime à la fureur les contrastes. […] Le monde, puisqu’il s’agit de son goût pour une œuvre qui ne fut jamais faite pour lui, lit avec avidité l’Imitation, et ne veut pas lire l’Évangile, et les raisons de cela ne viennent pas de l’Imitation. […] D’un autre côté, comme limitation place la vertu très haut, le monde y applaudit, pour se dispenser d’y atteindre. […] Ceux qui ont reçu les coups du monde et les morsures du monde trouvent ce livre sans forte connaissance du fin fond du cœur.
sans énergie et sans verve, nous raconte à son tour une histoire… incroyable, une histoire affreuse et bouffonne, qui a lieu depuis quelques années et qui continue, à la barbe du monde civilisé, sous le ciel de Dieu, de l’autre côté de l’Atlantique, jusqu’en cette année de Notre-Seigneur Jésus-Christ 1856. […] Parmi nous, pourtant, les plus maniaques d’égalité relèvent à la frontière, pour l’honneur de la France, l’inégalité dont ils ne veulent pas à l’intérieur, et ils appellent avec raison la première des nations du monde le pays des vainqueurs de Sébastopol. […] Quand on ne croit pas au hasard, aussi bête que les couleuvres africaines adorées par Soulouque et dont d’Alaux se moque avec juste raison, lorsqu’on a le bon sens d’admettre la variété providentielle des fonctions pour tous les peuples, les nègres, qui probablement ont leurs origines comme les autres races, semblent avoir été mis particulièrement dans le monde pour montrer combien est pesant aux créatures humaines le fardeau de la liberté. […] Quand Dieu veut dégoûter le monde de liberté, il lui offre en spectacle les nègres essayant de s’en faire une, comme ils ont fait depuis plus de soixante ans, rejetant la règle, créant des républiques et des empires, toujours d’imitation, et toujours aussi, en raison de leur nature même, retombant de leurs premiers maîtres sous la main de maîtres plus durs ! […] Gustave d’Alaux a de la force dans la raison, et il l’a bien prouvé en peignant sobrement le monde noir, ce monde que l’imagination conçoit seule, et qui emporterait, le mors aux dents, tout écrivain de quelque pente vers la fantaisie.
Le vrai culte de l’antiquité, c’est de sortir du sanctuaire avec l’esprit du dieu prêt à se répandre dans un monde nouveau. […] C’est sans doute que la justice, bannie du reste de l’univers, a son refuge dans le cœur de l’homme, et c’est ainsi que le monde moral, né de la conscience humaine, va se relever en face du monde physique, théâtre des jeux éternels de l’atome, instrument et matière du destin. Mais le Chercheur ne veut pourtant pas reconnaître qu’il s’est entièrement trompé dans son enquête à travers le monde. […] Et y a-t-il au monde contradiction plus forte que la forme du sonnet avec la largeur de l’inspiration que réclamait l’audace du sujet ? […] Je ne parle même pas de la sanction, mais de l’origine et du prix de cette idée, qu’on nous dit étrangère au monde comme à Dieu, s’il y en a un.
Sur Mme de Sévigné et son monde, sur ses amis et connaissances, et les amis de ses amis, grâce aux recherches infatigables de son curieux biographe, on aura tout désormais, et plus que tout. […] Il y a de la Dorine dans Mme de Sévigné, une Dorine du beau monde et de la meilleure compagnie ; à cela près, la même verve. […] On a remarqué, d’ailleurs, qu’à cette époque de Louis XIV, toutes les femmes du monde écrivent avec charme ; elles n’ont pour cela qu’à écrire comme elles causent et à puiser dans l’excellent courant d’alentour. […] Je n’ai point la bouche la plus petite du monde, je ne l’ai point aussi fort grande. […] On y trouve la plus grande liberté du monde ; on y vit avec une égale discrétion.
sur le monde intérieur et sur le monde extérieur dont elle est enveloppée ? […] S’il cherche par la pensée, hors de lui et de ce monde visible, son repos dans un monde meilleur, il trouve même ce monde, son refuge, peuplé de terreurs et de supplices. […] La coupe de Socrate, le glaive de Caton, l’empire de César, c’est le monde ! […] Ce monde n’est qu’un crépuscule, la pleine lumière n’est qu’au-delà du tombeau. […] Amuser le monde aux dépens du monde, ce n’est pas l’édifier, c’est le corrompre.
Toute la plainte du monde passe en son cœur. […] Le sens du monde nous est révélé : « Nous sommes accordés à la mélodie de ce monde. […] La face du monde change incessamment. […] Jamais style n’eut moins besoin du monde. […] Que vient-il faire au monde ?
L’illustre auteur, dans sa marche infatigable, peut se comparer à une comète ardente qui a successivement apparu à l’horizon de plusieurs mondes d’esprits, salué d’eux avec transport à cause de son éclat, à mesure qu’il se découvrait pour la première fois dans leur ciel. […] Sincèrement il conçoit l’idée d’une régénération spirituelle et religieuse moyennant la liberté, et, las de crier aux puissants, il lui paraît que c’est avec une autre prédication qu’il faut désormais réveiller, spiritualiser et christianiser le monde. […] » Il faut convenir qu’il y a des hommes par le monde qui ont le droit d’être fiers de ce qu’on appelle intelligence humaine et raison. Ce sont les écrivains qui, sous la Restauration, formaient le monde philosophique, dit éclectique. […] Au milieu de ces oublis, de ces absences, où pourtant ne manquent jamais la bonne foi et la candeur, notez comme très-présent un portrait de feu le cardinal-duc de Rohan, qui est le plus joli, le plus vrai et le plus malin du monde.
Ses défauts sont de ceux qui choquent le plus aisément en France, ce ne sont pas des défauts français ; et ses qualités sont de celles qui ne viennent trop souvent dans le monde qu’après les choses de tact et de goût, car elles tiennent à l’âme et au caractère. […] C’est dans ce monde que Mme Necker, encore jeune fille, acheva de se former en sa fleur première et qu’elle brilla. […] Il fut décidé qu’elle partirait pour Paris, où l’emmenait une femme du monde, Mme de Vermenou, qui, en passant à Genève, l’avait vue et s’était éprise de son mérite. […] Dans ses manières, dans son langage, ce n’était ni l’air ni le ton d’une femme élevée à l’école des arts, formée à l’école du monde. […] Les devoirs, les convenances du grand monde, une vigilance perpétuelle exercée sur soi et autour de soi, une sensibilité qui se contraignait et se refoulait souvent en silence et avec douleur, tout contribua à user Mme Necker avant l’âge.
La science ne saisit qu’un fragment du monde ; la métaphysique s’efforce de concevoir le monde même, et elle ne peut le concevoir que comme une société d’êtres, car, qui dit univers, dit unité, union, lien ; or, le seul lien véritable est celui qui relie par le dedans, non par des rapports extrinsèques de temps et d’espace ; c’est la vie universelle, principe du « monisme », et tout lien qui unit plusieurs vies en une seule est foncièrement social1. […] Ainsi que l’a dit Victor Hugo, La fauvette à la tête blonde Dans la goutte d’eau boit un monde : Immensités ! […] L’art de l’homme, comme celui de la nature, consiste à mettre en effet dans la goutte d’eau un monde : la fauvette ne sentira que la fraîcheur vivifiante de la goutte d’eau, le philosophe et le savant apercevront dans la goutte d’eau les immensités. […] Selon Guyau, le génie artistique et poétique est « une forme extraordinairement intense de la sympathie et de la sociabilité, qui ne peut se satisfaire qu’en créant un monde nouveau, et un monde d’êtres vivants. […] Guyau estime que « la conception moderne et/ scientifique du monde n’est pas moins esthétique que la conception fausse des anciens.
Ce n’est pas que ses sentiments sur le fond des choses eussent le moins du monde changé. […] M. de Talleyrand l’ayant un jour invité à dîner, l’abbé s’excusa en disant qu’il n’était pas homme du monde. […] Mais le monde fut satisfait ; la société (ainsi qu’elle aime à se désigner elle-même) était redevenue très indulgente ; elle avait obtenu ce qu’elle désirait avant tout : M. de Talleyrand, avant de mourir, avait fait sa paix ; il avait répondu à l’idée qu’on s’était toujours faite de lui, c’est-à-dire de l’homme qui savait le mieux les convenances, la forme des choses, ce qu’on doit au monde et ce que le monde peut exiger. […] Tout y conspirait en effet : la famille, les entours, le monde ; et le malade lui-même y était consentant. […] que le monde est dégoûtant, méchant, violent !
Mallarmé voyait ce monde de nos réalités, et, au-dessus, le monde plus joyeux de l’art : cette double vision, simultanée, contient déjà toute l’explication de son œuvre prochaine. […] Il admit la réalité du monde, mais il l’admit comme une réalité de fiction. […] il est aujourd’hui devenu l’esclave de ce monde glacé. […] Il voit et conçoit le monde autrement ; et nous sommes impuissants à le recréer tel, avec lui, ce monde étant désormais effacé de nos visions ordinaires. […] Un parti tout entier, un vrai petit monde revit devant eux, le monde des libéraux de province anglais, aux premières années de notre siècle.
— Un second fait non moins frappant, dans l’examen des lois générales du monde organisé, c’est que les barrières, de quelque sorte qu’elles soient, ou les obstacles de toute nature aux libres migrations des espèces, sont en connexion, de la manière la plus étroite et la plus importante, avec les différences qu’on observe entre les productions des diverses parties du monde. […] Aujourd’hui ces formes, tempérées de l’ancien monde et du nouveau, sont séparées par l’océan Atlantique et par la partie septentrionale de l’océan Pacifique. […] Une fois ceci admis, il est difficile de s’empêcher de croire que pendant toute cette période la température du monde entier a été partout à la fois plus froide qu’elle n’est aujourd’hui. […] Darwin elle-même, et ramènerait à supposer des créations et des destructions totales et périodiques des formes du monde vivant. […] Si tous ces types n’ont pas été recréés au commencement de l’époque actuelle, il faut bien qu’ils aient persisté en quelque point du monde pendant qu’ils étaient détruits sur d’autres.
L’Europe, plus tard ce sera le monde, tend à l’unité. […] C’est très commode. — Pas le moins du monde ! […] Il a peuplé le monde de fantômes et de mensonges. […] La religion doit être progressive comme tout au monde. […] Il l’avait cru trouver dans l’action de Dieu sur le monde, ou, au moins, dans l’action sur le monde de l’idée que le monde se fait de Dieu.
Il oublie que Voiture, tant qu’il vécut, tint le dé en ce monde-là ; or, on sait, en fait d’esprit, mais aussi en fait de goût, ce qu’était Voiture. […] Mme de La Fayette avait dans ce monde une sorte de rôle d’autorité, et exerçait pour le ton une critique sage. […] Il avait peu étudié, nous dit Segrais, mais son sens merveilleux et sa science du monde suppléaient à l’étude. […] La Vérité vous jugera, et vous n’êtes au monde que pour la suivre, et non pour la juger. […] n’est-elle pas la plus heureuse femme du monde ?
Point de livre alors qui ne soit écrit pour des gens du monde et même pour des femmes du monde. Dans les entretiens de Fontenelle sur la Pluralité des mondes, le personnage central est une marquise. […] En ceci, nul écrivain ancien ou moderne n’approche de lui ; pour simplifier et vulgariser, il n’a pas son égal au monde. […] Étranger, protestant, original de tempérament, d’éducation, de cœur, d’esprit et de mœurs, à la fois philanthrope et misanthrope, habitant d’un monde idéal qu’il a bâti à l’inverse du monde réel, il se trouve à un point de vue nouveau. […] Il semble qu’il n’y ait plus qu’elle au monde ; du moins elle est partout et elle inonde tous les genres littéraires ; on ne s’inquiète pas si elle les déforme, il suffit qu’ils lui servent de conduits.
Cosmos veut dire l’univers, le monde, le tout. […] En réalité, qu’apprenait au monde ce voyage déclaré classique en naissant ? […] Si j’étais savant ou philosophe, je proclamerais plutôt autant de dieux qu’il y a d’êtres existant dans les mondes. […] Son frère Guillaume assistait aux congrès où se réglait le sort du monde. […] Rien au monde ne peut m’être plus agréable que d’apprendre que tu me conserves ton amitié.
C’est l’homme, en effet, que Hello étudie et scrute devant nous ; non pas l’homme d’un temps, mais de tous les temps : l’homme tombé et racheté, l’homme d’avant la Croix et d’après la Croix, — cette Croix qui partage en deux l’histoire du monde ! […] Lui qui n’est pas un religieux dans son cloître, mais à qui le mépris du monde en a bâti un dans son cœur, il n’a pas craint de toucher à des sujets qui auraient épouvanté un esprit moins essuyé que le sien des écumes du siècle. […] Ce sont même les Saints les plus ridicules, les plus bas au regard du monde, qu’il a trouvés et qu’il a posés les plus grands à la lumière de Dieu. […] Les unes obscures, presque inconnues d’un monde qui ne s’est pas livré aux études et aux préoccupations religieuses, comme, par exemple, celles de saint Panurphe, de saint Leufroy, de saint Jude, de sainte Gertrude, de saint Goar, etc., et les autres radieuses et populaires pour tout le monde, comme celles de saint Pau], de saint Jean Chrysostôme, de saint Grégoire le Grand, de saint Augustin, de saint Bernard, de sainte Thérèse. […] J’eusse aimé, par exemple, à lui voir entreprendre l’histoire des Stylites, qui paraît au bégueulisme de ce temps impossible à écrire, ne fût-ce que pour la lui voir jeter, après l’avoir écrite, à la face du inonde et de l’orgueil du monde écrasé !
Il me semble voir un Océan couvert de vaisseaux démâtés, dévoilés, faisant eau de toutes parts : ainsi m’apparaît le monde. […] Pendant quelques mois elle vit le monde, le meilleur monde, celui dont elle était née. […] Nevers m’ennuyait avec son petit monde, ses petites femmes, ses grands dîners, toilettes, visites et autres ennuis sans compensation. […] Les enchaînements se font si bien de chose à autre, qu’on noue le monde par un cheveu quelquefois. […] La solitude fait cela ; il y vient des idées qui ne ressemblent à rien du monde, inconnues, jolies comme des fleurs ou des mousses.
Dans les derniers temps de sa vie, Jésus crut que ce règne allait se réaliser matériellement par un brusque renouvellement du monde. […] Ce n’est pas l’ancienne Loi, ce n’est pas le Talmud qui ont conquis et changé le monde. […] Certes, si l’Évangile se bornait à quelques chapitres de Matthieu et de Luc, il serait plus parfait et ne prêterait pas maintenant à tant d’objections ; mais sans miracles eût-il converti le monde ? […] De même, en morale, la vérité ne prend quelque valeur que si elle passe à l’état de sentiment, et elle n’atteint tout son prix que quand elle se réalise dans le monde à l’état de fait. […] Des hommes très vertueux, d’un autre côté, n’ont rien fait pour continuer dans le monde la tradition de la vertu.
Ils sont d’un autre monde, ils ne méritent pas le nom d’hommes, puisqu’ils n’ont pas la faculté qui fait la noble prérogative de l’humanité. […] L’Angleterre, en apparence un des pays du monde les plus religieux, est en effet le plus athée ; car c’est le moins idéal. […] Je donnerais tout au monde pour l’avoir vue à ce moment-là. […] Jetez un regard sur ce triste monde qui obéit à Tibère ; dites-moi s’il est bien mort. […] Comment ces pauvres enthousiastes rendraient-ils la vie à un cadavre et, sans levier, soulèveraient-ils un monde ?
S’il doit quelque chose au monde ce n’est que de la beauté. […] On peut à la rigueur se l’imaginer seul au monde, constituant à lui tout seul le monde, et continuant à créer. Car — et j’exagère à dessein — par définition il crée son œuvre de toutes pièces, de rien, ainsi que Dieu créa le monde ; il tire de lui-même son monde : à ce point qu’on peut dire, que « à la poésie, il est une seule condition, le poète ». […] Si hautes que semblent ses idées, si purs ses sentiments, si jeune sa vision et si nouveaux ses rêves, ils ne compteront pour rien s’il n’en a fait de la beauté : c’est-à-dire quelque chose qu’il appelle poème et qui est un monde en ce monde, un corps entre les corps et parmi les êtres un être. […] Et certes nous préférerons ceux qui ont compris les hommes, qui ont puisé dans le monde la matière à repétrir !
Mais il n’en est pas moins certain que, dans les temps antérieurs, rien ne s’est produit de comparable à la situation présente de l’Église, depuis que le monde est sorti de ses entrailles, — car il en est sorti comme l’enfant du sein de sa mère, — et jamais ce monde ingrat qui veut la tuer n’a été plus près du parricide. […] Parmi elles, la Prusse tient encore au monde qui n’est plus par sa féodalité militaire, mais elle n’est séparée de la démocratie qui doit la dissoudre que de l’épaisseur d’un seul homme… Après cet homme, elle deviendra ce que sont devenues toutes les autres La prophétie de Napoléon s’accomplit. […] … Voilà, en Italie, comme en Europe, comme partout dans le monde moderne, les sinistres prémisses du syllogisme formidable posé par les événements, et dont le Pontificat de Léon XIII pourrait être la conclusion. […] Ce serait ou la fin de la papauté, source religieuse de tous les pouvoirs politiques du monde, ou la fin du monde chrétien, c’est-à-dire du monde civilisé, qui disparaîtrait dans une incommensurable anarchie, pire que la Barbarie, car la Barbarie était disciplinée, et l’anarchie, c’est le chaos ! […] Puisqu’elle a fait le monde une fois, pourquoi ne le ferait-elle pas une seconde ?
Eh bien, un des livres les mieux faits dans le sens même que l’Académie veut imprimer aux œuvres historiques sur le paganisme de l’ancien monde, est ce livre de M. […] Il parle simplement, comme un homme du monde, spirituellement, comme il écrit… et malheureusement pour dire les mêmes choses à peu près. […] — Et c’est le mot, ici, puisque le Christianisme va faire son entrée (veut-il nous faire croire) dans le monde, par la porte du paganisme. […] … au lieu du coup de tonnerre du Christianisme tombant du ciel, de ce coup de tonnerre comme le monde n’en avait jamais entendu. […] L’avalanche se ramasse en tombant dans le fond du gouffre ; les dernières pages sont les derniers coups… Il faut empêcher par toute voie que le Christianisme soit un démenti donné à toutes les lois du monde, de la nature et de l’humanité !
Il nous conduit jusqu’au seuil du monde chrétien et nous y laisse. […] Elle commence aux mondes des terreurs et des perditions. […] Il en jouit délicieusement, et sa pauvreté fut la plus gaie du monde. […] Il a réussi sans lutte, ce qui est rare en ce monde et surtout en ce temps. […] Le fond appartient au monde, et le monde a bientôt repris son bien.
Parfois je m’arrête pour prêter l’oreille à ces tremblantes vibrations, qui me paraissent venir de profondeurs infinies, comme des voix d’un autre monde. […] Ma sœur était si modeste, elle avait tant d’aversion pour le bruit du monde, que j’aurais cru la voir, de son tombeau, m’adressant des reproches, si j’avais livré ces pages au public. […] Voilà pourquoi la religion n’est plus maintenue dans le monde que par la femme. […] Le but du monde est le développement de l’esprit, et la première condition du développement de l’esprit, c’est sa liberté. […] Devenues individuelles, elles sont la chose du monde la plus légitime, et l’on n’a dès lors qu’à pratiquer envers elles le respect qu’elles n’ont pas toujours ou pour leurs adversaires, quand elles se sentaient appuyées.
Croyez-vous que, dans un pareil monde, nous serions ce que nous sommes ? […] je répète ma question : croyez-vous que, dans un pareil monde, nous serions ce que nous sommes ? […] Et alors, avertis par cet exemple, nous avons mieux regardé notre petit monde terrestre et, sous le désordre apparent, là aussi nous avons retrouvé l’harmonie que l’étude du Ciel nous avait fait connaître. […] C’était ou un type immuable fixé une fois pour toutes, ou un idéal dont le monde cherchait à se rapprocher. […] C’est Newton qui nous a montré qu’une loi n’est qu’une relation nécessaire entre l’état présent du monde et son état immédiatement postérieur.
Sans cette communication de l’homme vivant à l’homme vivant, et de l’homme mort à l’homme qui naît sur la terre, l’homme serait resté un être éternellement isolé, le grand sourd et muet des mondes ; il y aurait eu des hommes, il n’y aurait point eu de société humaine, il n’y aurait point eu d’humanité. […] C’est l’écho universel et éternel du monde pensant. […] Le monde est un renouvellement éternel, et, par la même loi, un anéantissement perpétuel des choses. […] Rien ne naît de rien dans ce monde, pas même le génie : quand vous apercevez un grand monument littéraire, soyez sûrs qu’il n’est pas isolé, et que derrière ce monument il y a une littérature invisible par la distance dont ce monument est le chef-d’œuvre, mais non le commencement. […] Gloire aux lettrés studieux qui les déchiffrent, et les recomposent comme Cuvier recomposait un monde antédiluvien à l’aide de quelques ossements !
Enfin, elle le distrait le plus joliment du monde. […] Ils ont apporté la grâce au monde. […] Il avait son petit génie, qui était de se moquer du monde. […] L’imagination est le grand remède aux maux de ce monde. […] C’est que vous avez l’intention de transformer le monde.
Un homme, en ce temps-là, s’aperçut un jour de la monstruosité sous laquelle le monde vivait en paix et allait son train. […] Transporté de honte pour le compte du genre humain, cet homme, qui était un écrivain du talent le plus élevé, résolut d’arracher, dans la mesure de ses forces, Christophe Colomb à la destinée de silence et d’ingratitude qui pesait depuis près de quatre siècles sur sa mémoire, et qui avait mis la grandeur de l’oubli en proportion avec la grandeur du service rendu par lui au monde tout entier. […] C’est même cet incompressible fanatisme, dont il se vante comme de sa meilleure faculté, qui l’a empêché de prouver aux regards du monde ses autres facultés et sa supériorité d’écrivain. […] Dans une époque où le génie de la concession qui gouverne le monde va jusqu’à lâcher tout, un esprit de cet absolu et de cette rigueur a épouvanté ceux-là même qu’il aurait le mieux servis. […] Otez, en effet, par la pensée, la personnalité de Christophe Colomb de la synthèse du monde, que, seule, l’Église embrasse, et que seule elle explique, et il ne sera plus qu’un homme à la mesure de la grandeur humaine ; mais avec l’Église et faisant corps avec elle, il devient immédiatement le grand homme providentiel, le bras charnel et visible de Dieu, prévu dès l’origine du monde par les prophètes des premiers temps… Les raisons de cette situation miraculeuse dans l’économie de la création, irréfragables pour tout chrétien qui ne veut pas tomber dans l’abîme de l’inconséquence, ne peuvent pas, je le sais, être acceptées par les esprits qui chassent en ce moment systématiquement Dieu de partout ; mais l’expression de la vérité, qu’ils prennent pour une erreur, est si grande ici, qu’ils seront tenus de l’admirer.
Il devait nous venir comme une plante des tropiques, du Nouveau Monde. […] Le Torse, le seul morceau d’art au monde qui nous ait donné la sensation complète et absolue du chef-d’œuvre. […] Là-dedans, une conversation de gens gênés comme dans du faux monde et qui se traîne. […] toutes les choses du monde, lorsqu’on les voit par derrière ! […] À faire, dans Napoléon, tout un chapitre sur cette tête, un monde, — ce cerveau plein des affaires du monde et des comptes de boutons d’une armée4.
— Le monde fantastique et pittoresque. — Comment Tennyson retrouve les songes et le style de la Renaissance. […] Son public. — Le monde en Angleterre. — La campagne. — Le confort. — L’élégance. — L’éducation. — Les habitudes. — En quoi Tennyson convient à un pareil monde. — Le monde en France. — La vie parisienne. — Les plaisirs. — La représentation. — La conversation. — La hardiesse d’esprit. — En quoi Alfred de Musset convient à un pareil monde. — Comparaison des deux mondes et des deux poëtes. […] Au contraire, le poëte est devant ce monde comme le premier homme au premier jour. […] Y a-t-il un poëte qui, mieux que Tennyson, convienne à un pareil monde ? […] En somme, le monde n’apparaît ici que comme une pièce de théâtre, matière à critique et à raisonnements.
L’âme n’est perceptible que par la conscience qu’elle a d’exister ; elle ne perçoit les impressions du monde extérieur que par ses sens, impressions qu’elle communique à son tour au monde extérieur par l’intermédiaire de ces mêmes organes appelés sens. […] Mais l’âme, toute divine qu’elle soit, n’étant pas Dieu et ne pouvant pas, comme Dieu, tirer d’elle-même son être et sa substance, se nourrit du monde extérieur et nourrit à son tour le monde extérieur d’elle-même. […] Ces sens sont les liens des deux mondes : le monde intellectuel et le monde matériel. […] En attendant, plus nos sens bornés à ce petit nombre communiquent d’impressions du monde extérieur à l’âme, plus l’âme est âme, c’est-à-dire plus elle perçoit, plus elle exerce de pression du monde extérieur sur elle-même et d’elle-même sur le monde extérieur. […] Tel devait être le regard de tous les yeux dans le jardin de félicité, avant que le soupçon et la ruse fussent entrés à la suite des passions dans la nature ; simple miroir qui réfléchissait le monde extérieur à l’âme pensante et l’âme pensante au monde extérieur, dans le milieu d’un mutuel amour et d’une universelle paix.
Le monde germanique et le monde français luttaient dans les universités, dans les livres et sur les théâtres. […] Si je pouvais découvrir ce que contient le monde dans ses entrailles ! […] « Et cela est un monde ! Et l’on appelle cela un monde ! […] la force, le dieu du monde !
Par là, la vie mondaine, échappant au formalisme frivole, eut un caractère profondément intellectuel ; les salons furent comme des marchés d’idées, où les échanges ne languissaient pas, et la fonction propre de l’homme du monde fut la conversation. […] Les gens du monde y dominent et donnent le ton : c’est, dit Chapelain, « le grand monde purifié », « la pierre de touche de l’honnête homme ». […] Chez Mlle de Scudéry, aux samedis, moins de grand monde, et plus de gens de lettres : c’est une ruelle littéraire, un peu pédante. […] Mais il suffira ici de nous arrêter à l’homme qui incarne à bon droit le goût précieux, à celui qui a qualité pour représenter ce monde et cet art, à Voiture281. […] Mais comme il ne pouvait se maintenir dans ce monde où sa naissance ne l’appelait pas, qu’en plaisant, il a voulu seulement plaire et toujours plaire.
Ces dignes ecclésiastiques étaient les hommes les plus respectables du monde. […] Son esprit n’avait d’autre culture que celle de l’homme du monde d’une excellente éducation. […] La réussite de la difficile affaire de la rue Saint-Florentin l’avait mis à la mode dans le monde légitimiste ; quelques relations avec le monde orléaniste lui assuraient une autre clientèle dont il n’était pas bon de se priver. […] La mort de Louis XIV ne fut plus pour moi la fin du monde. […] Le monde s’ouvrit pour moi.
Mais si Dieu l’eût seul écouté, le monde serait encore à faire. […] En orateur et en avocat habile il enjôle son monde. » Ce monde enjôlé et enchanté par ce professeur à la française trouva insupportables les complications d’Amiel. […] Le monde de Genève est beaucoup plus fermé à ce vieux Genevois, à ce professeur de l’Académie, que le monde parisien au huitième de nègre qu’était Dumas. […] Mais Philine appartient à une famille on ne peut plus modeste de Genève, que le monde (cette sixième partie du monde qu’est Genève) ne permet pas à un professeur. « Je puis tout pardonner, mais le monde ne pardonne rien. […] Ce monde en vaut un autre, si un autre le vaut.
Vous croyez donc qu’il n’y a plus dans ce monde ni brutalité, ni sauvage orgueil, ni cruauté stupide ? […] Ce sont les aristocrates les plus exclusifs qu’il y ait au monde. […] s’il avait seulement un levain de bassesse, si léger qu’il fût, quel chemin il ferait dans le monde ! […] Le monde n’a pas cessé d’être merveilleux, la vie n’a pas cessé d’être poétique. […] Il en est ainsi du monde poétique et merveilleux ; il existait nécessairement avant qu’aucun poète eût apparu dans le monde ; il existerait encore alors même que la race des poètes s’éteindrait.
Mais Dieu ne fait-il pas le beau pour tout le monde ? […] Je lis à un endroit du Journal : « Filé ma quenouille et lu un sermon de Bossuet. » Ou bien, après quelque élan mystique où elle s’est sentie comme ravie dans la quiétude défloraison : « Allons, ma pauvre Âme, reviens aux choses de ce monde. […] Loin de moi l’idée d’établir une rivalité, de risquer un parallèle qui pourrait devenir une pomme de discorde et allumer la guerre civile dans un certain monde ! […] C’était un singulier contraste, on l’avouera », que cette âme virginale, cette colombe » du Cayia, au sortir de son désert ; faisant connaissance pour la première fois avec Paris et le monde lettré par cet échantillon, d’homme, d’esprit, par ce bouquet de feu d’artifice. […] » Il meurt, et dès lors sa vie, à elle, n’est plus qu’un deuil, une consécration de toutes ses pensées et de toutes ses heures au cher et unique absent, un soin religieux de sa mémoire, un dialogue avec lui d’un monde à l’autre.
Voyez où nous en sommes aujourd’hui, en pleine moitié du dix-neuvième siècle, chez la nation qui est évidemment la nation la plus artistique du monde actuel. […] Que le vieux monde s’écroule, nul n’en peut douter ! […] Une nation vigoureuse encore, malgré ses débilités, est obligé de le soutenir, À l’heure qu’il est, nous servons de béquille au monde catholique, au monde antique, au monde musulman. […] On va visiter leur tombeau et on le trouve vide, car elles l’ont quitté pour transmigrer à travers le monde. […] Qu’il s’y mêle hardiment, qu’il se baigne sans crainte dans les eaux fécondes de ces fleuves de régénération, il y trouvera des forces qu’il ne soupçonne pas et des vigueurs à soulever le monde.
Quelques-uns à peine survivent, dispersés et inconsolés aujourd’hui ; et ceux qui n’ont fait que traverser un moment ce monde d’élite, ont le droit et presque le devoir d’en parler comme d’une chose qui intéresse désormais chacun et qui est devenue de l’histoire. […] Tout le monde, ou du moins bien du monde allait dans ce salon, et il n’avait rien de banal ; on y respirait, en entrant, un air de discrétion et de mystère. […] Mme Récamier, jeune, eut besoin de cet ange à côté d’elle et en elle, car le monde qu’elle traversa et où elle vécut était bien mêlé et bien ardent, et elle ne se ménagea point à le tenter. […] Telle je la conçois dans le monde et dans le tourbillon, avant la retraite. […] Elle ne tint jamais plus de place dans le monde que quand elle fut dans cet humble asile, à une extrémité de Paris.
Il est arrivé, en effet, que, ce drame une fois terminé, l’auteur qui l’avait lu et relu dans le monde avec applaudissement, fut pressé de le publier ; il hésita, il consulta, et, comme il s’adressa à un homme grave (M. de Broglie), il lui fut conseillé de laisser là l’imagination sur la personne et l’âme d’Abélard, et d’en venir à l’étude même de sa philosophie. […] Il avait cet autre don et ce talent naturel des similitudes et des paraboles, qu’aura aussi saint François de Sales, et qui anime si heureusement d’images parlantes les perspectives et les vues du monde moral. […] Le fait est que j’ai invariablement remarqué, pour mon compte, que s’il y a une certaine quantité et une certaine qualité d’esprits qui admettent, qui embrassent volontiers cet ordre métaphysique d’idées et croient les comprendre, il y a, pour le moins, une très grande moitié du monde, même du monde intellectuel, qui ne s’en trouve pas plus convaincue après qu’auparavant, et qui continue d’attendre la preuve après qu’on a prouvé. […] Anselme, qui a de beaux mots et des paroles heureuses pour exprimer sa pensée, disait en écrivant à Baudouin, roi de Jérusalem : « Il n’est rien qui soit plus cher à Dieu en ce monde que la liberté de son Église. » Ç’a été comme la devise et la maxime des seize dernières années de sa vie, et l’opinion catholique universelle lui en a su gré avec une solennelle reconnaissance. […] [NdA] Revue des deux mondes du 1er juin 1852, à la fin d’un excellent article sur la Chanson de Roland.
Si courtes et si rares ont été les apparitions que j’y ai faites depuis que le vaste monde m’a pris, que je peux dire qu’il y a quarante ans que je l’ai quittée. […] Il vaudrait sûrement mieux vivre et mourir solitaire ; mais on n’est pas le maître ; le monde vous prend par les cheveux, fait un peu de vous ce qu’il veut. […] Sachons être à notre jour des arriérés ; les rôles changent si vite en ce monde ! […] Notre cote en ce monde est au-dessous de notre valeur réelle. […] Croyez-en l’expérience d’un compatriote, qui vous a quittés jeune et qui vous revient vieux, après avoir vu des mondes assez divers.
La plus cruelle de toutes cependant, c’est la perte du rang qu’on occupait dans le monde. […] L’attrait des biens de ce monde est si vif qu’il fait tout pâlir, même l’éclat d’une existence future. […] -C. conseille par ce passage, mais une sorte de calme qui serait utile même dans les intérêts de ce monde. […] Les philosophes du dix-huitième siècle ont appuyé la morale sur les avantages positifs qu’elle peut procurer dans ce monde et l’ont considérée comme l’intérêt personnel bien entendu. […] Les événements de ce monde, quelque importants qu’ils nous paraissent, sont quelquefois mus par les plus petits ressorts, et le hasard en réclame sa forte part.
Il sentait que la colonne fondamentale du monde conservateur auquel il tenait allait s’écrouler. […] Cela aurait été une pauvre distraction pour lui de combiner quelques éléments pour fabriquer notre monde informe, et de le faire rouler tous les ans sous les rayons du soleil, s’il n’avait pas eu le plan de faire de cet amas de matière la pépinière d’un monde d’esprits. […] Une portion de philosophes l’écoute comme une révélation cachée des deux mondes. […] La reine, adorée de l’Allemagne et du monde, meurt d’humiliation ; l’espoir de la venger court dans tous les cœurs de l’Allemagne. […] Cela n’existait pas dans ce monde avant l’épopée dramatique de Weimar.
Les lois orageuses, et toutes pleines de perturbation, du monde extérieur, ne se réfléchissaient qu’obscurément dans la pensée terne et stagnante de l’homme. […] Les premières religions consacrèrent sous mille formes cette lutte de l’activité matérielle du monde et de l’activité matérielle de l’homme, la supériorité croissante de cette dernière et sa victoire définitive. […] Cependant l’esprit, maudissant la chair et se plaçant hors du monde, proclamait la paix, la charité universelle, la communion des âmes et la règle d’un seul Dieu. Ces grandes et saintes vérités du christianisme pénétrèrent le monde, mais empreintes de cet anathème lugubre lancé à la chair, qui les empêchait d’être définitives. […] Les relations actives avec le monde, avec la nature, et toutes les excitations du dehors leur semblaient funestes, et la perfection pour eux consistait à les retrancher.
Ces postulats posés, « la théorie psychologique maintient qu’il y a des associations naturellement et même nécessairement produites par l’ordre de nos sensations et de nos réminiscences de sensations, lesquelles, en supposant qu’il n’existât dans la conscience aucune intuition d’un monde extérieur, en produiraient inévitablement la croyance et le feraient regarder comme une intuition. » Et d’abord, que voulons-nous dire par ces mots : un monde extérieur, une substance externe ? […] Dans ces deux cas (et tous y rentrent), mon idée du monde extérieur est l’idée de sensations actuelles ou possibles. Ces diverses possibilités sont même la chose importante pour moi dans le monde. […] Elle est accusée, dit-il, de ruiner notre croyance à l’existence de nos semblables, à l’existence d’un monde suprasensible ou de Dieu, et à l’immortalité. […] On pouvait admettre à la rigueur que le monde extérieur est une collection de phénomènes sans substratum ; car il reste encore un esprit qui en fait la synthèse et qui lui sert de support.
Je ne suis certainement pas juge de l’importance que peut avoir en théologie dogmatique la croyance à l’Immaculée conception ; cependant il faut avouer que les hommes de nos jours étaient peu troublés par cette question, et qu’ils eussent volontiers attendu l’autre monde pour savoir à quoi s’en tenir à ce sujet ; mais leur conscience d’hommes et de citoyens est tous les jours déchirée par le conflit des anciennes doctrines et des nouvelles, et c’est là-dessus qu’on les laisserait libres, à ce que l’on dit. […] Ce n’est pas tout de dire : L’âme n’est pas le corps, Dieu n’est pas le monde ; il faut encore rattacher l’âme au corps et Dieu au monde. […] Si Dieu et le monde sont hors l’un de l’autre, comme une chose est en dehors d’une autre chose, comment Dieu peut-il agir sur le monde et le gouverner ? […] Il a montré Dieu hors du monde et le monde hors de Dieu ; il n’a pas assez montré Dieu dans le monde et le monde en Dieu.
Il y aurait ici des observations très importantes à faire sur l’état où se trouvaient et l’empire romain en général, et le peuple juif en particulier, lorsque le christianisme est venu renouveler le monde. […] À leur entrée dans le monde ils ont été détrompés de toutes choses, et le bienfait des illusions n’a pas tardé de leur être enlevé. […] Les lectures oiseuses, qui ont inondé toutes les classes de la société, ont fortifié ces fâcheuses impressions en donnant une fausse direction à la sensibilité, et en créant un monde fantastique qu’on a décoré du nom de monde idéal. […] Ce n’était point assez que le monde physique fût livré aux incertitudes et à l’esprit de système, nous voulions dénaturer encore le monde moral et achever de décolorer la vie. […] Le christianisme et les idées que le christianisme a mises dans le monde sont encore à présent notre seul salut.
Le combat, c’est le monde et c’est l’âme du monde, se manifestant dans toutes les sphères de son activité comme dans la sphère de la guerre, et y dominant, à travers toutes les résistances et toutes les luttes, pour les mêmes raisons et par les mêmes moyens ! […] Cette discipline transformatrice de l’homme, qui solidifie la nature humaine devant le danger et la destruction, et met une âme et une volonté à la place des frémissements et des tressaillements de la chair, tous les génies militaires qui ont paru dans le monde et y ont laissé une trace de leur passage, depuis Xénophon jusqu’à César et depuis César jusqu’à Napoléon, ont voulu la réaliser, l’exalter, la pousser jusqu’au plus haut point de perfection, — quelquefois par des moyens atroces. […] Et, en effet, je l’ai dit plus haut, mais il faut le répéter à ceux qui ont appelé la guerre et son art du nom avilissant de militarisme pour mieux l’insulter, tout se passe, dans tous les mondes possibles, comme dans le monde de la guerre ; et ce que dit l’auteur des Études sur le Combat de la discipline des armées, on peut le dire de toutes les institutions de l’humanité, — religion, législation, gouvernement et art même, car l’art a ses règles, — qui toutes ont leurs disciplines, ces institutions, ou, pour parler mieux, qui ne sont que des disciplines sans lesquelles l’homme, faible créature, s’abolit, s’efface et se réduit au rien qu’il est , comme disait Bossuet ! […] Quand la mécanique, l’abominable mécanique, s’empare du monde et le broie sous ses bêtes et irrésistibles rouages, quand la science de la guerre a pris des proportions de destruction inconnues, par le fait d’engins nouvellement découverts et perfectionnés qui ne font plus d’elle qu’un épouvantable massacre à distance, voici une tête assez maîtresse de sa pensée, dans ce tapage du monde moderne bouleversé, pour ne pas se laisser opprimer par ces horribles découvertes, qui rendent, à ce qu’il semble, les Frédéric de Prusse et les Napoléon impossibles, et qui dépravent jusqu’au soldat ! […] L’auteur des Études sur le Combat dit plus simplement : « Vaincre, c’est être sûr de vaincre. » C’est enfin l’âme qui gagne les batailles et qui les gagnera toujours, comme elle les a gagnées à toutes les époques du monde… La spiritualité, la moralité de la guerre, n’ont pas bougé depuis ces temps-là.
Résumé par la France, sa tête de colonne, le monde Occidental avait puisé à la double mamelle de ses nourrices, Rome et la Grèce, deux breuvages différents qui devaient troubler sa pensée et qui ne pouvaient pas remplacer le lait maternel de la Tradition. […] On n’avait jamais vu le monde romain d’une telle venue et d’une telle embrasse. […] Les indiquer, ne sera-ce donc pas continuer, à notre manière, la forte éducation historique que Champagny nous a donnée sur le monde romain ? […] … Ainsi, tous deux, Thiers et Champagny, ne comprennent pas plus l’un que l’autre, dans des mondes différents, le passage de la République à l’Empire. […] Cette œuvre n’en restera pas moins une grande et belle chose, la première lumière souveraine qui ait lui sur l’ensemble du monde romain.
— ou plutôt est-ce le monde philosophique qui s’abaisse ? […] En supposant, dit-il, que tout ce qui est jusqu’ici tombé dans le monde y soit tombé en raison des lois de la pesanteur, ce qui tombera demain tombera-t-il de même ? […] c’est sur cette division des trois états qu’il aperçoit successivement dans les Annales du monde, et qu’un autre historien ne verra pas et traitera de chimérique, c’est sur cette division que M. […] Est-ce la division du pouvoir en pouvoir spirituel et pouvoir temporel, qu’il dit d’ordre majeur, la grande affaire, et que le Moyen Âge a léguée au monde moderne ? […] Et c’est avec tout cela pourtant que vous voulez éclairer le monde jusqu’au fin fond de sa dernière illusion !
Elle devint, cette fille coquette, innocemment coquette, qui aimait le monde et les propos du monde, elle devint une épouse ardemment chaste et tendrement austère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une carmélite incomparable, qui, ne trouvant pas son ordre assez sévère, le réforma et le mit pieds nus. Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes, parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi, elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle, dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre ! […] Le Système du Monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de Sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre dans les arcanes de leur beauté que les livres même de Laplace. […] Si des hommes, comme Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire sont des colosses d’investigation et de profondeur dans les sciences naturelles, dans le monde extérieur de la vie, une Sainte Térèse est un colosse du même ordre, à l’opposite de ces sciences, dans le monde interne de la spiritualité. […] Cette Voyante en tout, ne voyait pas que le monde surnaturel.
raison, s’ils sont sans foi et s’ils la travestissent ; mais, s’ils sont catholiques comme le prêtre, des laïques, à cette heure du monde, auront, à coup sûr, plus d’autorité en racontant la merveilleuse histoire de l’Église que le prêtre, à qui l’opinion, malheureusement hostile aux prêtres, criera de toutes ses gorges : « Vous parlez pour vos Saints et pour vos chapelles ! […] Les Pères du Concile de Bâle n’ont certainement pas fait le protestantisme, qui roule dans les flancs du monde depuis la Chute, mais, comme les chapons qui couvent les œufs qu’ils n’ont pas pondus, ils l’ont couvé. […] Ni le Hussitisme et ses guerres d’un fanatisme si sauvage, ni le Condottierisme qui déchire et se partage l’Italie, ni les exploits de Huniade et de Scanderbeg contre les Turcs, inspirés par l’héroïque mais mourant esprit des Croisades, n’ont la gravité désastreuse de ce concile de Bâle où la Révolution, comme les temps modernes l’ont vue depuis, sophistique, bavarde, ergoteuse, n’ayant à la bouche que cet insolent et menaçant mot de réforme qui a fini par titrer le protestantisme, est entrée dans l’Église pour descendre de cette cime du monde et s’étendre dans le monde entier, et de religieuse se faire politique sans pour cela cesser d’être religieuse, — les communards et les athées de ce temps ne le prouvent-ils pas ? […] à ce parlementarisme politique dont les nations sont actuellement excédées, ne fait pas illusion à son bon sens éclairé par la foi ; mais, au moment où il écrit, j’aurais voulu qu’il en eût marqué davantage la radicale erreur, tombée de si haut dans le monde, ne fût-ce que pour ajouter à la force d’opinion qui doit un jour l’emporter ! Puisque le monde politique a répercuté l’erreur du monde religieux, ne serait-il pas à souhaiter que les choses s’achevassent comme elles ont commencé, et que la répercussion eût lieu encore du triomphe de la vérité sur l’erreur ?
proscription des nourrices, qui donnent un lait salubre et pur au lieu du lait appauvri ou fiévreux des femmes du monde. […] Les philosophes admirent la sobriété de sa vie, les femmes du monde sa sensibilité ; Diderot, son ami, soupçonne son éloquence et lui conseille quelque sophisme hardi, insolent, contre les idées qui servent de fondement au monde. […] Le voisinage de Rousseau, déjà recherché du grand monde, lui avait paru une bonne fortune pour son salon : le rôle de Mécène d’un cynique insociable tentait toutes les femmes. […] Il ne vit jamais plus de monde, et un monde plus choisi, que dans sa forêt. […] Absurdités inexplicables, à moins d’avoir, comme le fils de Philippe, Aristote pour maître, la Macédoine pour héritage et le monde pour théâtre de ses vices ou de ses vertus.
On ne peut se dissimuler que Saint-Martin, avant la Révolution, n’ait été un théosophe d’une espèce particulière et suivant le grand monde. […] Saint-Martin croit qu’il y a dans la Révolution française autre chose encore qu’une destruction et qu’un jugement de Dieu, et qu’elle a introduit quelque élément nouveau dans le monde. […] Au fond, il est adversaire et rival du christianisme constitué et établi dans l’Église ; il a tout bas son ordre trouvé, sa religion à lui, son règne de Dieu qui doit en partie réparer le monde et réintégrer l’homme dans un état de presque divine félicité, lui rendre même des facultés tout à fait merveilleuses et des lumières présentement surnaturelles. […] Je conçois que ces points-là ont pu nuire à mes ouvrages, parce que le monde ne s’élève pas jusqu’au degré où, s’il était juste, il trouverait abondamment de quoi se calmer et me faire grâce, au lieu qu’il n’est pas même assez mesuré pour me faire justice. […] Tous nos profits, tous nos revenus, devraient être le fruit de notre travail et de nos talents ; et ce renversement des fortunes opéré par notre Révolution nous rapproche de cet état naturel et vrai, en forçant tant de monde à mettre en activité leur savoir-faire et leur industrie.
Ce qu’elle vit ensuite dans ce monde de précoces débauches dépasse toute créance. […] Qui croirait qu’il y a un monde des enfants trouvés ? Ce monde existe, et l’on y est très heureux. […] La pauvre fille a été jetée comme une perle au milieu d’un triste monde d’infirmes et d’incapables. […] Avons-nous donc tant d’intérêt à prouver que le monde où nous vivons est entièrement pervers ?
L’influence du monde s’est fait sentir à bien d’autres choses dans la littérature française. […] Sans compter que les réunions du monde sont les endroits où le ridicule est le mieux senti, le mieux saisi, le mieux raillé ! […] Le désir de plaire au monde a poussé maintes fois écrivains et orateurs à sacrifier les qualités fortes et solides aux qualités douces et brillantes. […] Le monde n’apprécie l’art que rapetissé à sa taille, qui est petite. […] § 3. — Je n’ai dit encore que les résultats généraux de la vie du monde.
À cette époque, d’ailleurs, Huet n’était qu’un homme du monde, le plus savant des jeunes gentilshommes normands, mais pas autre chose. […] Il prétendait que tout ce qui fut jamais écrit depuis que le monde est monde pourrait tenir dans neuf ou dix in-folio, si chaque chose n’avait été dite qu’une seule fois. […] Aussi le monde jouissait de lui sans qu’il eût rien d’opiniâtre ni d’absolu comme les hommes de cabinet. […] Les injures qu’elle reçut de Boileau et de ce jeune monde lui furent, à lui, très sensibles ; il les ressentit en ami et en chevalier. […] Boileau attaqua, en effet, au début presque tous les amis de Huet, Ménage, Mlle de Scudéry, Chapelain, ce monde de l’hôtel Rambouillet et de M. de Montausier.
Mais, tandis qu’il ne songeait ainsi, en affichant cette jolie personne, qu’à donner le change au monde et à éblouir d’elle le public, le roi s’éblouit lui-même et devint sérieusement amoureux. […] Plus tard, au cloître, une de ses plus grandes gênes et mortifications sera pour la chaussure que, dans le monde, elle faisait accommoder à sa légère infirmité. […] Toutes les femmes du monde, toutes les femmes d’esprit, Mme de Sévigné elle-même, trouvèrent qu’elle manquait de dignité. […] Tels étaient les propos du monde, qui aime à rabaisser et à dénigrer tout ce qui a brillé, sauf à s’apitoyer plus tard sur l’objet même de sa rigueur : on a ainsi joué de toutes les cordes de l’émotion et de la conversation. […] Vous jugez bien que, selon le monde, je dois être contente, et, selon Dieu, je suis transportée.
Personne au monde n’a des pigeons comme j’en ai. […] Et si le monde se permettait d’avoir son opinion sur le faune, le faune, lui, se croyait justifier à juger le monde. […] Qu’y a-t-il de meilleur au monde que la gaieté ? […] C’est la dure loi qui lie indissolublement l’amour à la mort, tant dans le monde physique que dans le monde moral. […] Au fond l’artiste et le monde ont le même idéal.
Je me jetai dans le monde, un monde qui ne m’entendait pas. […] « Tout m’échappait à la fois, l’amitié, le monde, la retraite. […] Le monde, la solitude, mon absence, ma présence, la nuit, le jour, tout l’alarmait. […] L’œil de la pénitente était attaché sur la poussière du monde, et son âme était dans le ciel. […] On n’est point, monsieur, un homme supérieur, parce qu’on aperçoit le monde sous un jour odieux.
L’esprit plierait sous le poids des connaissances infinies que suppose un monde infiniment divers si, par des simplifications méthodiques, il ne laissait de côté le détail pour s’en tenir aux aspects les plus généraux. […] Le monde n’est qu’un système de concepts logiquement liés. […] Puisque le monde est une pensé, la pensée, par ses seules forces, doit pouvoir le reconstruire. […] En fait, comme ils ne séparent pas l’idée de la sensation, comme ils ne distinguent pas le sensible de l’intelligible, ils considèrent le monde tout entier comme soumis aux mêmes procédés d’investigation ; les méthodes qui ont réussi dans l’étude du monde matériel sont aussi celles qui doivent être employées à connaître l’esprit, car il n’en existe pas d’autres. […] Pour repenser le monde dans ce qu’il a d’explicable, c’est-à-dire et tant qu’il est semblable à l’esprit, c’est assez que l’esprit se replie sur lui-même et prenne conscience de sa nature.
Je ne crois pas que dans le monde il y ait rien qui leur ressemble. […] La vertu, la beauté, la politesse, sortiront de ce monde avec Laure. […] Sa présence seule suffisait pour nous garantir des pièges de l’ennemi et des écueils de ce monde. […] prie pour moi, afin que je dédaigne de ce monde toutes ses douces amorces et tout ce qui n’est pas toi ! […] Le monde, depuis Virgile, n’avait pas eu un tel poète ; l’amour, depuis le christianisme, n’avait pas eu un tel amant !
Arbre bleu, frapper, établissent des catégories génériques qui ne correspondent qu’à un aspect abstrait du monde ambiant. […] L’essence même du tempérament artistique est de percevoir vivement tout le spectacle du monde ambiant, qui échappe d’habitude, en majeure partie, aux hommes obtus et sains. […] Il est le révélateur du monde et de la vie. […] Le nom d’Edgar Poe est peu répandu parmi les lecteurs étrangers au monde des lettres ; parmi les artistes, au contraire, sa gloire est universellement reconnue. […] Toute la vue du monde et de la société s’est ressentie de ce changement dans la conception de l’homme.
Le philosophe, l’homme du monde, l’homme qui joue aux maximes, se confondent en lui. […] Le monde est plein de ces grands ou de ces demi-orateurs dépaysés. […] elle irait ainsi de Paris jusqu’à Berlin ; et, comme il est grand voyageur, il y a telle de ses phrases, en vérité, qui a pu faire avec lui le tour du monde. […] Ce monde poli eût été un peu étonné, le premier jour, de toutes ces protestations, de ces génuflexions, et de tout ce bruit en son honneur. […] Cousin à travers sa verve et tout son talent, et qui me font douter qu’il ait réellement pénétré par l’esprit autant que par l’enthousiasme et par l’érudition dans cet ancien monde.
Le monde lui appartient ; il l’exploite comme il l’entend. […] Et quelle misérable chose seront alors et ce monde et cette vie ! […] C’est le train ordinaire du monde et le cours du siècle. […] Freytag créant son petit monde. […] Israël forme un monde dans l’œuvre de M.
. — Le Nouveau Monde, drame en 5 actes (1880). — Contes cruels (1883). — Akédysseril (1886). — L’Amour suprême (1886). — L’Ève future (1886). — Tribulat Bonhomet (1887) […] Une série de pièces : Les Demoiselles de Bienfilâtre, l’Affichage céleste, la Machine à gloire, le Plus Beau dîner du monde, décelaient un esprit de goguenardise singulièrement inventif et âcre. […] C’est la perpétuelle revanche des grands idéalistes, ignorés de la foule — et de plus d’un de leurs amis — qu’en réalité ils habitent un autre monde, un monde créé par eux-mêmes, simplement évoqué par de simples paroles, car « tout verbe, dans le cercle de son action, crée ce qu’il exprime ». […] De grandioses symboles comme Vox populi, l’Impatience de la foule, s’y dressent tout à coup à côté de profondes visions d’au-delà de Véra, de l’Intersigne, des railleries aiguës, sinistres ou gravement lyriques des Demoiselles de Bienfilâtre, de la Machine à gloire, du fantaisiste humour qui distingue le Plus Beau Dîner du monde, l’Affichage céleste, etc… Les Contes cruels signalent avec une admirable netteté les deux courants que suit la pensée de Villiers : l’un positif, affirmant les croyances mystiques, les aspirations idéales ; l’autre négatif, dissolvant, aux acides d’une raillerie puissante, la dureté du temps présent abhorré du rêveur… Par sa fidélité, jamais démentie, aux formules de l’idéal romantique, Villiers de l’Isle-Adam s’est condamné à rester étranger aux courants novateurs de la littérature. […] Ou bien elle se replie sur elle-même, se concentre sur le monde matériel et exprime en ironies vengeresses la cruauté de ses désenchantements.
Son monde ancien et son monde nouveau, au lieu de se combiner pour la faire vivre, la tuent par leur contraste. À ce point du récit, il y a un monde d’illusion et un monde de vérité. […] Il doit, lui, trouver bien singulier un monde où tout le monde n’en est pas, ou plutôt un monde où chacun n’a pas son île. […] Je crois que le monde d’images où vit M. […] Hors du monde de l’art on s’indignera.
Le monde matériel. […] Il y a donc un lien entre les mondes. […] Il s’accroît sans doute indéfiniment par l’adjonction de mondes nouveaux. […] Ainsi, d’un immense réservoir de vie doivent s’élancer sans cesse des jets, dont chacun, retombant, est un monde. […] A côté des mondes qui meurent, il y a sans doute des mondes qui naissent.
C’est le cerveau qui fait partie du monde matériel, et non pas le monde matériel qui fait partie du cerveau. […] S’il est matière, il fait partie du monde matériel, et le monde matériel, par conséquent, existe autour de lui et en dehors de lui. […] Disons qu’elles varient avec eux, mais que ces mouvements eux-mêmes restent inséparablement liés au reste du monde matériel. […] Ce qui est donné, c’est la totalité des images du monde matériel avec la totalité de leurs éléments intérieurs. […] Considérez ce système d’images qui s’appelle le monde matériel.
Le monde est fondé sur une immense et universelle iniquité. […] Échapperait-il à la loi du monde ? […] le vilain monde ! […] le vilain monde ! […] Le monde est un système de trinités.
Il partage en ce temps-là sa vie entre les Villars, les Sully, les Richelieu, les d’Ussé, les La Feuillade ; il nage à fleur d’eau dans ce grand monde et s’y déploie à l’aise comme chez lui, avec une légère pointe d’insolence qui sent la conquête. […] Ces messieurs se moquent du monde de s’imaginer que le succès de l’affaire dépende de me voir arriver à Paris le 15 plutôt que le 20 ; quelques jours de plus ou de moins ne gâteront rien à nos arrangements. […] On voit que dans les affaires comme dans la littérature, comme dans le monde, et partout, il entre la tête haute, sûr qu’il est de son fait, remettant les gens à leur place et prenant la sienne hardiment, en grand seigneur de l’esprit. […] Ce grand monde et ces salons qui se disputaient Voltaire l’accomplirent à certains égards et firent de lui le poète du tour le plus vif, le plus aisé, l’homme de lettres du goût le plus naturellement élégant. […] Je ne réformerai point les abus du monde ; il vaut mieux y renoncer.
Renan, gouvernera peut-être un jour le monde, délivrés, par l’omnisciente, des passions inférieures, devront se ressembler entre eux à un tel point qu’ils seront à peu près indiscernables. […] L’esprit scientifique vous condamne à la vision d’un monde gouverné par des forces aveugles et où manque la bonté. […] Le seul fait de ne rien comprendre au monde et de n’y voir aucune explication est quand on y songe, suffisamment douloureux. […] Du reste, un goût inné le portait vers ce monde, vers la vie qu’on mène aux alentours de l’Arc de Triomphe et vers les âmes et les corps de femmes qui y habitent. […] Regardez, de grâce, en vous et autour de vous : vous verrez qu’il y a autre chose au monde.
C’est là, surtout, l’infériorité du moyen âge devant le monde antique : il raisonne trop, et le faux goût de la décadence a devancé pour lui l’éveil du génie. […] C’est qu’en dépit de la division systématique soutenue dans quelques ouvrages célèbres, il n’y a pas deux mondes distincts pour l’imagination, il n’y a pas deux grandes écoles égales et contraires ; il y a moins et plus. […] Protée du moyen âge, revêtant toutes les formes du monde civilisé et du monde barbare, prodiguant tour à tour le raisonnement, l’imagination, la subtilité des allégories, l’invective et la plaisanterie, Dante n’aura que rarement, dans la première partie de son poëme, la pureté de l’accent lyrique. […] Qu’est-elle, pour tenir ainsi le monde dans ses mains ? […] De même, il a donné aux grandeurs du monde un régulateur et un chef qui transfère à propos ces biens frivoles, d’un peuple à un autre et d’un sang à un autre sang, malgré tout l’effort des conseils humains.
Il me tentait, je l’aurais essayé, si je n’avais recherché que les suffrages du monde savant. […] Je veux bien qu’il n’affirme rien du monde inconnu : du moins il doit toujours trembler sur le seuil de ce monde. […] Pour elle, le monde n’avait pas bougé. […] Sur les balcons tendus d’étoffes le monde aristocratique est assis. […] Gogol nous entretient d’un monde trop nouveau.
nous sommes arrivés à une époque où ceux qui aiment, vénèrent et se dévouent à propager les vérités du catholicisme, peuvent laisser là les argumentations inutiles, qui n’imposent plus au scepticisme même quand elles l’étonnent, et se contenter de reproduire les textes sacrés, d’où la lumière jaillit sur le monde des anciens sophistes et doit rejaillir de la même force sur les nouveaux. […] Le monde et l’Allemagne retentissent et retentiront longtemps encore du livre déicide de Strauss. […] Cette rage, vieille comme le monde et éternelle comme lui, et qui n’est, en fin de compte, que la révolte délirante de l’orgueil, sait se masquer avec la figure de chaque époque ; mais une pareille mascarade ne change pas le fond des choses, et le fond des choses, c’est le travail destructeur, latent ou visible, mais implacable, de la philosophie. […] Jésus, le Dieu qui a crucifié l’orgueil et la volupté humaine, qui est venu apporter au monde païen deux choses qui, pour la première fois, descendaient du ciel : l’humilité et la charité, n’est plus maintenant qu’un philosophe qui a dit aux peuples d’une voix plus douce, mais qui a dit comme les Gracques ou comme tous les souleveurs de plèbe : « Comptez vos maux et comptez-vous ! […] On verra s’il peut y avoir quelque chose de commun entre le Rédempteur des hommes qui nous a relevé de la chute et ceux qui, repoussant l’idée de la chute comme une calomnie à la nature humaine, nient que le monde eût besoin d’être relevé ; entre Celui qui a dit : « Bienheureux ceux qui souffrent !
Elle revient en maint endroit sur cette peu flatteuse idée, qu’on ne peut plus vivre avec le monde tel qu’il est, « que tous les jours elle trouve le monde plus bête ». […] On a, en les lisant ou en les écoutant (quand on a eu le plaisir d’en rencontrer quelqu’une de pareille), l’impression qu’on est au bout du monde et que la création est épuisée. […] Je viens de lire une très agréable et fidèle description de ce monde-là par une personne plus jeune et qui en avait reçu dès le berceau les dernières et intimes élégances, par une personne de notre temps, et qui n’a disparu que d’hier. […] C’est ce même monde dont Mme de Créqui répète à tout moment qu’on n’y pouvait plus vivre. […] Il faut prendre garde de faire à notre tour comme Mme de Créqui, et de prétendre fermer après soi le monde.
Première partie depuis le Commencement du Monde jusqu’à l’Empire de Charlemagne. […] On y distingue un bel endroit sur les subtilités de cette Grèce curieuse, et sur cette autre philosophie toute pratique, mâle et frugale, des Romains, et qui les rendit maîtres du monde. […] Tous ces grands noms, en effet, tous ces grands événements du monde romain, du monde oriental ancien, à cette époque de crise, tout cela n’est pour Bossuet qu’une préparation, une belle et sévère avenue d’un aspect auguste, qui aboutit à la naissance de Jésus-Christ. […] Et reprenant de nouveau l’histoire de la Création et des époques primitives, tous ces récits dont Moïse est censé avoir recueilli les traditions, Bossuet nous montre le grand Ouvrier à l’œuvre, tantôt bienfaisant et clément, tantôt terrible et jaloux, toujours efficace, présent, vigilant, vivant : on n’en saurait prendre nulle part une idée plus forte, celle d’un Dieu qui tient le monde à chaque instant dans sa main, qui ne lui laisse pas le temps de s’engourdir, qui est toujours prêt à recommencer la création, à la retoucher, à secouer son monde. […] Et puis, les meilleurs et les plus fins jugements du monde ne sont pas la même chose qu’un recours direct aux manuscrits et que l’établissement définitif d’un texte.
n’ai-je pas bien du monde aujourd’hui ? […] Le roi, qui précédemment avait peu souri à l’idée de l’épouser, « connut, en la voyant de plus près, combien il avait été injuste en ne la trouvant pas la plus belle personne du monde ». […] On eût dit qu’aussi bien que son âme, son esprit animait tout son corps ; elle en avait jusqu’aux pieds et dansait mieux que femme du monde. […] Avec cette princesse, je perdis l’envie et l’espérance de mon retour, et, pleinement dégoûté du monde, je tournai toutes mes vues du côté de mon ministère. […] Louis XIV, en se liant avec elle d’une amitié si vraie et qui avait dominé l’amour, semblait avoir voulu s’attacher à régler cet heureux naturel et à lui donner de ses propres qualités : « il la rendit en peu de temps une des personnes du monde les plus achevées ».
L’individualité n’est point, pour lui, dans ce monde. […] Les uns lèguent au monde les arts de l’imagination, les autres lui donnent les sciences exactes, d’autres sont établis gardiens des traditions, dépositaires des doctrines primitives. […] Ainsi les traditions de la déchéance de l’homme circulaient dans le monde ; et celles d’un Réparateur de la nature humaine, d’un Médiateur entre Dieu et l’homme, circulaient en même temps. […] Maintenant cette Espagne généreuse, qui a laissé déjà échapper une fois l’empire du monde, a repris ses fonctions naturelles dans la société. […] Il serait peut-être permis d’affirmer, dans un autre sens, que tout est fait dans le monde pour un certain nombre d’hommes.
Il a remué le monde. […] Il a sur le monde et la vie des idées très arrêtées. […] Cet homme est doué pour parler au monde. […] C’est un monde ! […] Tout se paye en ce monde, et surtout la volupté.
Il prend en pitié le monde réel, et se renferme dans celui de l’imagination. […] Sans doute que faire dans ce monde ? […] C’est dans le monde de la rêverie, dans le monde idéal qu’il établit son domaine. […] Le monde philosophique et religieux. […] Ils sortaient du collège, et ils entraient à peine dans le monde.
où est le monde romain ? […] Sans parler de cette confusion du droit spirituel et du droit temporel dans leurs mains, oubliez-vous ce que la papauté souveraine à Rome a perdu d’alliés ou de sujets catholiques depuis Jules II dans le monde actuel ? […] Que les États romains, comme tous les États du monde moderne, peuvent, s’ils le jugent à propos, se constituer dans l’intérieur de leur limite, sous telle forme de gouvernement qui réunira l’assentiment de la majorité des citoyens. […] Que dirait le monde, par exemple, si la Suisse prenait tout à coup le caprice de s’annexer à la France ou de s’annexer à l’Autriche ? […] Monarchisés, vous êtes menaçants comme les armes du cabinet qui vous annexe ; confédérés, vous êtes inoffensifs pour tout le monde, inviolables seulement chez vous !
Tel n’est pas, évidemment, le cas des questions métaphysiques, ou du moins on ne connaît encore ni de calcul qui démontre « l’objectivité du monde extérieur », ni de balance où se contrepèsent « les antinomies de la raison pure ». […] Un système de rapports n’explique pas l’homme à lui-même, son origine ou sa destinée, ne résout pas l’énigme du monde. […] Toute leur ingéniosité n’a pu faire pourtant que le problème de l’objectivité du monde extérieur comportât plus de trois solutions. […] Entre le monde extérieur, quel qu’il soit, et la constitution de notre mentalité, quelle qu’elle soit, il y a un rapport constant. […] Empressons-nous seulement d’ajouter que cette conviction de l’objectivité du monde extérieur, nous n’y avons pu aboutir que par le chemin de la métaphysique.
Ce monde n’était plus fait à leur mesure. […] que l’on s’en va vite de ce monde ! […] Nul lieu au monde ne me plaît comme le chez moi. […] je dis dans huit jours, mais qui compte au sûr dans ce monde ? […] Quant à elle, elle était morte à ce bas monde ; mais le monde supérieur, le monde céleste, celui où tout est éternel, lui apparaissait plus visible que jamais.
La Revue de Paris quitterait sa forme de recueil et paraîtrait trois fois la semaine en feuille, de manière à servir ainsi de chaloupe-canonnière au gros vaisseau de la Revue des Deux Mondes auquel elle est liée. […] On attribue même à ce dernier la rédaction actuelle de la chronique de la Revue des Deux Mondes, où il aurait remplacé M. […] — La Revue des Deux Mondes publie un très-intéressant travail du comte Alexis de Saint-Priest sur la destruction des jésuites en Portugal, en Espagne, en France et à Rome, vers le milieu du dernier siècle ; c’est pour l’auteur une occasion de soulever un coin du voile qui recouvre encore l’histoire diplomatique de ce temps-là. […] Il prêche depuis toute cette semaine trois fois le jour à Notre-Dame, à six heures du matin pour les ouvriers de la Cité, à une heure pour les femmes du monde, à huit heures du soir pour les hommes. […] On vient de voir un homme du monde, M. de Saint-Priest, y chercher et y trouver une occasion de nouveauté, un prétexte piquant à des portraits politiques et diplomatiques.
Coup d’œil sur le monde politique, ancien et moderne, considéré relativement au but de la science nouvelle La marche que nous avons tracée ne fut point suivie par Carthage, Capoue et Numance, ces trois cités qui firent craindre à Rome d’être supplantée dans l’empire du Monde. […] Enfin Numance commençait à peine son âge héroïque, lorsqu’elle fut accablée par la puissance romaine, par le génie du vainqueur de Carthage, et par toutes les forces du monde. […] Celles du Nord, comme la Suède et le Danemark il y a un siècle et demi, et comme aujourd’hui encore la Pologne et l’Angleterre, semblent soumises à un gouvernement aristocratique ; mais si quelque obstacle extraordinaire n’arrête la marche naturelle des choses, elles deviendront des monarchies pures. — Cette partie du monde plus éclairée a aussi plus d’états populaires que nous n’en voyons dans les trois autres. […] Après avoir observé dans ce Livre comment les sociétés recommencent la même carrière, réfléchissons sur les nombreux rapprochements que nous présente cet ouvrage entre l’antiquité et les temps modernes, et nous y trouverons expliquée non plus l’histoire particulière et temporelle des lois et des faits des Romains ou des Grecs, mais l’histoire idéale des lois éternelles que suivent toutes les nations dans leurs commencements et leurs progrès, dans leur décadence et leur fin, et qu’elles suivraient toujours quand même (ce qui n’est point) des mondes infinis naîtraient successivement dans toute l’éternité.
Je me bornerai donc au monde de l’art. […] Ni ses yeux, ni ses oreilles, ni son intelligence, ne percevront jamais le monde divin du Beau. […] Je suis entré, par l’hommage rendu au génie de Victor Hugo, dans le monde des vrais poètes, et je n’en sortirai plus. […] Nous ne sommes plus ici dans le monde de la banalité universelle. […] Le monde civilisé tout entier lui a rendu un hommage unanime.
Moins le monde vaut, plus je vaudrai. » Ainsi raisonnait-il. […] Non, jamais le monde n’a si étrangement pué au nez d’un homme. […] Dans le monde qui s’amuse, il distingue toujours scrupuleusement les Salomon et les d’Aurec, et les viveurs de la bourgeoisie riche ou de la finance et ceux de l’ancienne aristocratie. […] Enfant et adolescent (il le contait lui-même volontiers), il était comme ivre d’être au monde, de voir la lumière, et de sentir. […] Les « voyants », du moins ceux du Midi, sont des gens qui « voient » mieux et plus nettement que nous, même les images de ce bas monde.
Leurs façons de parler sont étrangères à notre monde. […] Toutes les théories et préfaces du monde n’y feront rien. […] Le grand monde y est aussi scrupuleusement dépeint, à peu près, que le monde bourgeois, ouvrier et paysan, dans les œuvres complètes de M. […] Le monde, c’est le luxe, voilà la vérité, et c’est M. […] Revue des deux mondes.
Plongé en plein dans le monde licencieux de Paris, il se livrait à toutes les liaisons et à toutes les rencontres ; considérant, après coup, les dangers qu’il y avait courus, il remercie la Providence de l’avoir conduit encore si bien, et de l’avoir soutenu à travers les précipices et quelquefois les bourbiers. […] Deux cafés se partageaient alors l’honneur de réunir l’élite du monde littéraire : le café Procope, en face de la Comédie, et le café Gradot, au quai de l’École. […] Mais déjà Duclos était lancé dans le monde proprement dit et dans le grand monde : Il se procura un accès, nous dit Sénac de Meilhan, auprès du maréchal de Brancas, commandant en Bretagne. […] Venons à son mérite et à ses ouvrages, et remarquons d’abord que Duclos, grâce à ses relations du grand monde, fut reçu à l’Académie des inscriptions et belles-lettres en 1739, avant d’avoir rien produit de sérieux et seulement sur ses promesses. […] Aujourd’hui encore, il nous semble saisir au passage, dans le portrait de Mme de Tonins et de sa société de beaux esprits, un tableau composé du monde de Mme de Tencin et de Mme de Lambert, ou plutôt de leurs imitatrices.
Ici c’est un contour plus ferme, plus fini, sur un sujet plus désintéressé ; l’observation du monde y tient plus de place, sans que l’attendrissement y fasse faute ; l’affection et l’ironie s’y balancent par des demi-teintes savamment ménagées. […] Elle en a vu à merveille et elle en a aimé le monde, le ton, l’usage, l’éducation et la vie convenablement distribuée. […] Elle s’instruisit par la société, par le monde ; elle s’exerça à voir et à sentir dans un horizon tracé. […] Eugène, au milieu de ce monde de convenances et d’égards, a ses jalousies, ses allégresses, ses folies d’un moment. […] Hier enfant, ce fils est devenu un homme ; il veut être libre, se croit son maître, prétend aller seul dans le monde… Jusqu’à ce qu’il ait acheté son expérience, vos yeux ne trouveront plus le sommeil, que vous ne l’ayez entendu revenir !
La relation, Quinze jours au désert, qu’on a pu lire dans un des derniers numéros de la Revue des deux mondes, nous montre un Tocqueville simple voyageur, chevauchant à côté de son ami Gustave de Beaumont, cherchant presque les aventures, et nous racontant ses impressions vives et sérieuses, aux limites extrêmes de la colonisation, à travers une forêt vierge. […] Sans faire tous les métiers comme Gil Blas, il est bon de savoir ce que c’est qu’un métier, ne fût-ce que pour être plus indulgent au pauvre monde, au commun des honnêtes gens, et pour ne pas opposer trop souvent un veto absolu aux faits accomplis nécessaires. […] Royer-Collard le patriarche ; mais le monde va, l’humanité subsiste et se transforme ; les sectes morales les plus nobles elles-mêmes passent ; et dans le lointain quel effet nous font-elles ? […] Dans ses lettres à M. de Kergorlay on le voit de bonne heure tracer le plan de sa vie, s’assigner un but élevé et se confirmer dans la voie dont il n’a jamais dévié : « À mesure que j’avance dans la vie, écrivait-il (6 juillet 1835) âgé de trente ans, je l’aperçois de plus en plus sous le point de vue que je croyais tenir à l’enthousiasme de la première jeunesse : une chose de médiocre valeur, qui ne vaut qu’autant qu’on l’emploie à faire son devoir, à servir les hommes et prendre rang parmi eux. » Il est déjà en plein dans l’œuvre politique, au moins comme observateur et comme écrivain, et malgré tout, en présence du monde réel, il maintient son monde idéal ; il se réserve quelque part un monde à la Platon, « où le désintéressement, le courage, la vertu, en un mot, puissent respirer à l’aise. » Il faut pour cela un effort, et on le sent dans cette suite de lettres un peu tendues, un peu solennelles. […] De nos jours, d’ailleurs, je ne vois pas d’emploi plus honorable et plus agréable de la vie que d’écrire des choses vraies et honnêtes qui peuvent signaler le nom de l’écrivain à l’attention du monde civilisé, et servir, quoique dans une petite mesure, la bonne cause.
L’atome trait d’union, l’atome universel, l’atome lieun des mondes, existe-t-il ? […] Un Christophe Colomb découvrant un monde sera suivi d’un Luther découvrant une liberté. […] quelques-unes semblent pleines du songe d’un monde antérieur. […] Chacune de ces grandes âmes nouvelles venues renouvelle la philosophie, ou l’art, ou la science, ou la poésie, et refait ces mondes à son image. […] Dans le cosmos que la vision épie et qui échappe à nos organes de chair, les sphères entrent dans les sphères, sans se déformer, la densité des créations étant différente ; de telle sorte que, selon toute apparence, à notre monde est inexprimablement amalgamé un autre monde, invisible pour nous invisibles pour lui.
Elle devint, cette fille coquette, innocemment coquette, qui aimait le monde et les propos du monde, elle devint une épouse ardemment chaste et tendrement austère de Notre-Seigneur Jésus-Christ, une carmélite incomparable, qui, ne trouvant pas son ordre assez sévère, le réforma et le mit pieds nus. Elle devint cette petite fourmi, comme elle s’appelle avec une grâce d’humilité délicieuse en une femme qui avait le cœur plus grand que tous les mondes parce que Dieu, en l’habitant, l’avait élargi ; elle devint, non pas uniquement la créature d’élection et de perfection surnaturelle dont le souvenir plane encore sur le monde ému, mais aussi la première, la plus grande, la plus auguste des supérieures d’Ordres, ornée, avec toutes les vertus du Ciel, de toutes les qualités prudentes, politiques, humaines, de la terre ! […] Le Système du monde de Laplace n’a qu’un petit nombre de lecteurs qui l’entendent et peuvent le juger, mais les écrits de sainte Térèse sont plus difficiles à comprendre, dans les arcanes de leur beauté, que les livres même de Laplace. […] Si des hommes comme Cuvier et Geoffroy Saint-Hilaire sont des colosses d’investigation et de profondeur dans les sciences naturelles, dans le monde extérieur de la vie, une sainte Térèse est un colosse du même ordre, à l’opposite de ces sciences, dans le monde interne de la spiritualité. […] Cette Voyante, en tout, ne voyait pas que le monde surnaturel.
Ce n’est qu’un homme du monde teinté d’érudition. […] Il tuerait l’honneur du monde. […] Pas le moins du monde. […] Bourget ne l’applique guère au monde extérieur. […] À la science, le monde réel ; à la poésie, le monde du rêve !
Quand on opère sur les choses réelles, on n’est pas tenté de planer dans le monde imaginaire ; par cela seul qu’on est à l’ouvrage sur la terre solide, on répugne aux promenades aériennes dans l’espace vide. […] L’esprit plane sur les sommets comme s’il avait des ailes ; d’un regard, il embrasse les plus vastes horizons, toute la vie humaine, toute l’économie du monde, le principe de l’univers, des religions, des sociétés. […] Elle semble bien lourde à des hommes de plaisir, aux compagnons de Richelieu, Lauzun et Tilly, aux héros de Crébillon fils, à tout ce monde galant et libertin pour qui l’irrégularité est devenue la règle. […] À la séance publique de l’Académie des Inscriptions, les femmes du monde applaudissent des dissertations sur le bœuf Apis, sur le rapport des langues égyptienne, phénicienne et grecque. […] Dernier signe et le plus grave de tous Si les curés qui travaillent et sont du peuple ont la foi du peuple, les prélats qui causent et sont du monde ont les opinions du monde.
le monde est déjà silencieux comme le tombeau. […] « Les preuves de la spiritualité de l’âme ne peuvent se trouver dans l’empire des sens, le monde visible est abandonné à cet empire ; mais le monde invisible ne saurait y être soumis ; et si l’on n’admet pas des idées spontanées, si la pensée et le sentiment dépendent en entier des sensations, comment l’âme, dans une telle servitude, serait-elle immatérielle ? […] Le retour à main armée de l’île d’Elbe était incontestablement le plus grand attentat de Napoléon contre la conscience publique, contre la paix du monde, et contre la fortune de la France. […] Cet exil, volontaire cette fois, dans la délicieuse demeure de Coppet, loin du bruit des armes, qui décidaient du sort du monde sans altérer sa félicité domestique, ressemblait au recueillement de Cicéron dans son Tusculum pendant que César l’invitait à venir à Rome pour y partager l’amitié du maître du monde. […] Une faute, selon le monde, fut le tardif, mais suprême bonheur de sa vie.
À un autre titre encore, ils se rappellent sans se ressembler : c’est par la vaste et longue influence qu’ils exercèrent sur leur pays et sur le monde. […] Aussi, pendant cette retraite auprès de madame du Châtelet, qui dura près de vingt ans, sa renommée rayonna de là sur le monde entier. […] Le monde fut initié aux scandales de cette rupture entre Voltaire et Frédéric. […] Il vivait par son immortalité dans le monde passé, présent, futur, et le monde vivait en lui ; voilà pourquoi il était toujours jeune. […] le monde est visible et Dieu serait caché ?
Cette voix ne s’éteindra jamais dans le monde ; car ce n’est pas l’homme qui l’a inventée. […] Un trou creusé dans la terre et qui était censé correspondre à l’oreille du mort, lui servait de porte-voix vers cet autre monde où dormait celui qu’elle venait visiter. […] Le silence et la rêverie nous gagnèrent ; ce que nous pensions à cette heure, à cette place, si loin du monde vivant, dans ce monde mort, en présence de tant de témoins muets, d’un passé inconnu, mais qui bouleverse toutes nos petites théories d’histoire et de philosophie de l’humanité ; ce qui se remuait dans nos esprits ou dans nos cœurs, de nos systèmes, de nos idées, hélas ! […] La poésie s’est dépouillée de plus en plus de sa forme artificielle, elle n’a presque plus de forme qu’elle-même. — À mesure que tout s’est spiritualisé dans le monde, elle aussi se spiritualise. […] Un monde de poésie roule dans ma tête, je ne désire rien, je n’attends rien de la vie que des peines et des pertes de plus.
Le mépris calme du monde est l’âme de son sérieux génie. […] Il protège les sots contre le bourreau comique qui leur enfonce aux applaudissements des sages, ses coups d’épingle dans le corps, et lui arrachant l’épingle, il la plonge agrandie et transformée en glaive de feu dans le sein du bourreau, et dans celui des sages qui applaudissent129. — L’humoriste installe sa propre personne sur le trône130, parce que le petit monde intérieur, plus vaste que le vaste monde extérieur, ouvre à l’imagination un champ infini ; mais s’il élève son moi, c’est pour l’abaisser et l’anéantir poétiquement comme le reste de l’univers. — Il déborde de sensibilité131 : lorsque, planant sur le monde, il se balance dans sa légère nuée poétique, ses larmes brûlantes tombent comme une pluie d’été qui rafraîchit la terre. […] Tantôt elle reflète le monde réel dans sa nudité prosaïque. Tantôt elle reflète le monde artificiel dans sa mensongère élégance. […] Car elle aiguise sur la glace son poignard de Melpomène, et sur la glace la plus dure qui soit au monde, je veux dire la vie raffinée des salons168. — La comédie française n’est qu’une épigramme prolongée169.
Le récit d’une sœur, comme les Lettres et les Memoranda d’Eugénie de Guérin, a fait le tour du monde et il est tout prêt à le recommencer. […] J’insiste, parce que c’est une thèse, partout posée par moi, que je ne cesserai de poser que quand il n’y aura plus un seul bas-bleu dans ce monde — et ce ne sera pas demain ! […] Elle était restée femme comme il faut, en cette attitude charmante de femme comme il faut, qui se joue d’écrire et qui est chez soi, dans les choses de l’âme et de l’esprit, autant que dans les choses du monde. […] , et intéressant pour tout le monde, comme s’il n’avait pas été si pur ! […] Ni la critique, ni le monde qui sait lire ne seront dupés de ces couronnes qui tombent peut-être jusque les yeux de Mme Craven et qui l’empêchent de se voir et de se juger.
Les éditeurs n’ont pas été créés et mis au monde pour faire les affaires du génie. […] Eu dehors de ses chants et des sentiments qui les inspirèrent, la vie d’Alfred de Musset fut élégante et vulgaire, car l’élégance du monde, et même du plus raffiné, peut être quelquefois vulgaire. […] Comme tous les jeunes gens qui vécurent sous Louis-Philippe, ce triste Napoléon de la paix à tout prix, en se dévorant d’activité étouffée, Musset, qui n’avait ni les millions ni la pairie de lord Byron, devint homme du monde du temps, avec l’âme la moins faite pour le monde. […] , cette vie de monde que le monde lui avait faite, à ce dandy qui ne l’était que par les habits de Staub et les gants de Geslin, mais qui, sous ses caparaçons de mondain, garda toujours sa tendresse dans son incorruptible sensitivité… Hermine de pensée et de cœur jusqu’à sa dernière heure, qui mourut de ses taches encore plus que de ses blessures, pour qu’il fût bien et dûment puni d’avoir, étant hermine, cru qu’on peut se guérir de ses blessures en se roulant dans le ruisseau de feu du vice, comme le bison dans son bourbier ! […] L’histoire de cette vie, à laquelle le monde n’assistait pas, n’eut réellement pour théâtre que les six pouces de sa poitrine, et d’autres grands événements que ceux-là qui ne sont vus par personne, pas même par les yeux les plus chers et les plus près de nous !
En face du monde encyclopédique, il s’est lui-même défini le défenseur officieux de la Providence. […] Réponse très spirituelle et fine : Saint-Martin, quand il osait dans le monde, avait beaucoup de ces paroles49. […] Une fois retiré du service, Saint-Martin vécut dans le monde et dans la belle société du xviiie siècle ; il voyagea en France et à l’étranger, en Angleterre, en Italie ; il vit Rome, mais à son point de vue. […] Voyons-le donc dans le monde où il vivait alors et comme un des témoins les plus discrets et les plus originaux de la société de ce temps. […] J’aurais peut-être été bien malheureux sur la terre si j’avais eu ce que le monde appelle du pain ; car il ne m’aurait rien manqué.
Elle s’intéresse à son succès dans le monde ou auprès des journaux, et le voudrait voir à l’Académie. […] Necker était l’objet du culte de la maîtresse de la maison, qui chérissait en lui les moyens de conserver un grand ascendant dans le monde et une influence dans les affaires. […] Le ton, les manières, une certaine élégance qui cache le défaut de solidité, l’art des à-propos, tout cela se trouve sans effet au milieu d’hommes étrangers au grand monde et habitués à réfléchir. […] On m’a cru misanthrope dans le monde, tandis que la philanthropie était en quelque sorte chez moi une passion. […] Ce qui doit dégoûter de la science, c’est que jamais elle ne nous apprendra ni l’origine du monde, ni le premier principe des êtres, ni leur destination.
Établie chez sa tante, elle se trouva dans le monde le plus différent de celui qu’elle venait de quitter, dans un monde pourtant à sa manière presque aussi belliqueux. […] Et puis le monde, ayant voulu d’abord absolument que Mme de Pontivy fût une héroïne conjugale, tint bon dans son dire. […] Ils étaient donc heureux sans que le monde les soupçonnât et les troublât. […] Son monde à lui, en effet, selon ses goûts, aurait été plutôt celui dont elle citait là les noms, ou encore le monde de Mme de Lambert et de M. de Fontenelle. […] Je les aurais rachetés aussitôt échappés, mais le monde survenant me contraignait ; et ma foi en vous, d’ailleurs, répondait à tout.
Et c’est exquis, car les princes Charmants ne sont-ils pas créés et mis au monde pour épouser les princesses des Hespérides ? […] Et l’on adore, dans ce monde-là, les « grandes scènes dramatiques de la nature ». […] Le monde où ils se déroulent, il est vrai, et le style qui les enveloppe sont essentiellement aristocratiques ; mais aussi ils s’en piquent trop ! […] L’étalage continuel de ce monde inaccessible a quelque chose d’impertinent et de désobligeant : vous nous faites bien durement sentir que nous ne sommes pas « nés ». […] Ce sont des « hommes du monde » : nous voudrions des hommes dessous.
Jeune, en débutant dans le monde littéraire, il commença par blesser la vanité de la foule des petits auteurs ; ils s’en vengèrent en s’en prenant à sa naissance. […] Rivarol, à son entrée dans le monde, y parut d’abord sous le nom de chevalier de Parcieux, s’autorisant de la parenté qu’il avait par sa grand-mère avec le savant (Deparcieux) si justement honoré, et que recommandaient de grands projets d’utilité publique. […] Mais, dans le monde, l’esprit est toujours improvisateur ; il ne demande ni délai ni rendez-vous pour dire un mot heureux. […] Si vous voulez qu’un grand peuple jouisse de l’ombrage et se nourrisse des fruits de l’arbre que vous plantez, ne laissez pas ses racines à découvert… Pourquoi révéler au monde des vérités purement spéculatives ? […] [NdA] Revue des deux mondes du 1er juin 1849, p. 724 ; — et au tome II de l’ouvrage intitulé : Chateaubriand et son groupe littéraire.
Nous en sommes venus à ce point qu’il faut qu’elle disparaisse du monde, ou que le monde, tel qu’il est constitué, disparaisse. […] Ils n’ont guère varié que sur la date et l’apparition de ces principes dans l’histoire du monde. […] C’était une idée de tous les temps, une idée vieille comme la monarchie, comme le monde, comme la souffrance et la misère : c’était l’impôt. […] Quand je creuse cette idée, je trouve qu’au fond, et si on y regarde bien, les causes n’existent pas en dehors des hommes, et qu’en fin de compte la loi qui gouverne le monde est la même loi qui gouverne nos faibles cœurs. […] Est-ce qu’avant la découverte des télescopes le monde planétaire n’existait pas ?
Le mécanisme du monde reste pour Nietzsche ce qu’il est pour Darwin. […] Les joies victorieuses rythment le monde. […] Il n’y a point de justice transcendante au monde ; il n’y a point de justice immanente des choses. […] Elle « s’applique à toutes les branches de la science, parce qu’elle est une fonction de l’esprit : elle embrasse toute la science, parce qu’elle est une manière de penser le monde ». […] Lorsqu’un des misérables ouvriers dont il nous dit l’effort infinitésimal quitte la loupe et oublie sa minuscule besogne bien « contemporaine » pour regarder un peu autour de lui et penser un peu le monde, M.
Il y a eu des cristallisations héroïques d’amour, dans le monde cythéréen l’équivalent des Platon, des Léonard et des Goethe dans le monde apollinien ; il y a eu des Stendhal d’amour analogues au Stendhal de lettres. […] Son Charles Baudelaire, ses monographies sur la peinture du XVIIIe siècle, sa Religion de la musique, montrent excellemment à quel point cette place centrale dans le monde du beau permet une critique riche et vivante. […] On pourrait la transporter tout entière dans le monde de son art, dans le rythme intérieur de la création hugolienne, de l’ordre de Vénus dans celui d’Apollon. […] Camille Mauclair sont presque des lieux communs des prédicateurs chrétiens (voyez le sermon sur la haine de la vérité et bien d’autres de Bossuet), lorsqu’ils veulent marquer la place de la société spirituelle de l’Église, dans le monde qui la déteste et l’assaille. […] Tout ce livre est écrit pour aboutir à la troisième partie, le miracle de l’amour, et pour orienter ce miracle même vers celui du rythme universel, de l’ordre profond du monde.
nous habitons une seule patrie, le monde. […] Mais le monde s’empresse de rassurer son maître. […] Jamais le monde ne fut si près de sa fin. […] Il était évidemment égaré dans le monde moderne. […] Le monde vivant contemplait, ébloui et ravi, ce monde immobile.
Elle est longue, elle est ovale, il y a place pour beaucoup de monde. […] Nous pénétrons par la pensée dans tous les mondes de l’univers. […] Ce qui fait la nouveauté et l’originalité de cette forme, c’est l’association du monde métaphysique et du monde réel. […] Byron, au contraire, a porté le drame dans le monde fantastique beaucoup plus que dans le monde réel. […] Et puis, il y avait de l’homme du dehors, l’homme du monde, car il était très homme du monde en dépit de sa vie retiré.
Mettons toujours plus de vie dans le monde ! […] Le monde en est-il plus connu ? […] « L’homme contre le monde », contre le monde entier, l’homme « principe négateur du monde », est-ce que cela n’est pas tellement singulier qu’il en est risible ? […] Ils ont inventé le monde divin. […] Elle augmente la souffrance dans le monde.
Ce n’est pas dans le monde abstrait de la raison pure qu’on devient sympathique à la vie ; tout ce qui touche et émeut tient toujours un peu au corps. […] La science populaire et, à beaucoup d’égards, la science ancienne ne voyaient le monde qu’à travers l’homme et le teignaient de couleurs tout humaines. […] La lunette, au contraire, avec laquelle les modernes voient le monde est du plus parfait achromatisme. […] Nos critiques français, qui n’ont étudié que le monde grec et latin, ont peine à comprendre que le christianisme ait été d’abord un fait exclusivement juif. […] Voir une belle page de Laplace, à la fin du Système du Monde, 1re éd.
Monde profane ! […] Y eut-il un moment où Massillon ne fut point assez en garde contre ce monde malicieux et perfide qui l’entourait, et qui ne demandait que prétexte à raillerie ? […] Il semble, en plusieurs de ses sermons, y avoir songé et y avoir répondu : qu’on lise dans cette pensée le sermon Sur l’injustice du monde envers les gens de bien et celui surtout Sur la médisance : Les traits de la médisance, dit-il, ne sont jamais plus vifs, plus brillants, plus applaudis dans le monde que lorsqu’ils portent sur les ministres des saints autels : le monde, si indulgent pour lui-même, semble n’avoir conservé de sévérité qu’à leur égard, et il a pour eux des yeux plus censeurs et une langue plus empoisonnée que pour le reste des hommes. […] Les honneurs se paient toujours, en ce monde, par quelque complaisance. […] Il fut blâmé néanmoins et beaucoup dans le monde, surtout des gens de bien de tout parti ; car, en ce point, l’excès du scandale les avait réunis.
Mais avec la maladie cessante s’évanouissaient aussi les graves dispositions de Santeul, et il se laissait de nouveau entraîner au monde et aux applaudissements. […] Santeul avait toujours désiré se voir lancer hors du monde de collège, et avoir, lui aussi, un pied en Cour. […] Il y portait une gaieté de réfectoire qu’on se gardait bien de lui ôter, et qui tranchait avec les délicatesses de ce monde poli. […] Il alla un jour jusqu’à faire des vers contre une dame de ce grand monde à laquelle sans doute il n’agréait pas. […] Ses saillies, ses plaisanteries, au travers desquelles il faisait paraître un bon sens exquis, étaient les plus agréables du monde.
Je voudrais bien avoir trois ans de moins et avoir été aussi instruit que je le suis présentement des choses du monde. […] Chaulieu dit quelque part qu’il eut toute sa vie la manie de ne respecter que le mérite personnel ; c’était une manie, en effet, dans le monde et le siècle où il vivait. […] Avec cela, il se gouvernait, ai-je dit, et c’est par là qu’il était un maître et un arbitre écouté dans son monde. […] Dès qu’on sut qu’il faisait des vers, on eut peur de lui ; il fut la terreur des sots ; il ne courut plus par le monde de chansons ni de vaudevilles qu’on ne les lui prêtât ; il s’en plaint lui-même. […] Veut-on savoir comment se passait une soirée quelconque de ce beau monde si spirituel ?
Byron nous semblait porter le signe de deux destinées : d’une destinée qui s’achève, et d’une destinée qui commence ; d’un monde qui s’engloutit, et d’un monde qui surgit. […] Mais cet élan du sentiment a devancé, comme toujours, les possibilités du monde. […] L’art ne peut aujourd’hui que réfléchir la ruine du monde. […] Créer, c’est aimer ; l’amour universel est le grand artiste et le créateur du monde. […] Il devient, faut-il le dire, la proie du monde extérieur.
Charles Didier, roide et guindé, flatté du rôle, s’était fait en ce temps-là son cornac et introducteur d’office dans ce monde nouveau où il se lançait : on ne les voyait plus l’un sans l’autre. […] C’est la meilleure pâte de petit homme qui soit au monde ; mais le voilà sans carte et sans boussole, et rien ne garantit qu’il n’échouera pas au premier écueil. […] Le monde extérieur, celui de l’Empire et des guerres brillantes, celui de l’administration à tous les degrés et des affaires, le monde de l’industrie et des arts, celui des beaux-arts, le monde des lettres et de la philosophie humaine, le monde proprement dit, celui de l’élégance et des plaisirs, rien n’y pénètre, rien n’y passe, même à la traverse. Le monde ! […] Le premier contact avec un monde plus varié a révélé au solitaire ses aspirations puissantes, irrésistibles ; il ne se borne plus à se considérer lui-même comme à La Chesnaie, il se compare : il a conscience de ce qu’il peut désormais, il osera.
Si l’œil cherche à sonder le lit murmurant de ces vagues, on songe à la profondeur des abîmes qu’elles recouvrent, aux monstres qui bondissent, ou rampent, ou nagent dans les mystères de ce monde des eaux. — Émotion ! […] XII Si nous parcourions ainsi successivement tous les phénomènes du monde visible ou du monde social, nous trouverions partout des éléments sans nombre de poésie, cachés aux profanes dans toute la nature comme le feu dans le caillou. […] Il forma la résolution de s’enrôler parmi les missionnaires qui allaient convertir le Canada au christianisme, et de se consacrer, comme les premiers apôtres de l’Évangile, à la poursuite des âmes parmi les idolâtres, dans les forêts du nouveau monde. […] Je visite cet aréopage où saint Paul annonça aux sages du monde le Dieu inconnu ; mais le profane vient après le sacré, et je ne dédaigne pas de descendre au Pirée, où Socrate fit prendre sa république. […] L’évêque de Meaux s’imposait à Rome par ses services à l’Église, à laquelle il conquérait par la main du roi la France protestante au catholicisme ; il s’imposait à Versailles par son ascendant à Rome, au monde, par la sublimité de son génie.
Il y avait à cette époque, en France, une école d’épicuréisme et de scepticisme qui se représentait dans la science par Gassendi et La Mothe Le Vayer ; dans les lettres et dans le monde, par Des Yveteaux, Des Barreaux, et bien d’autres. […] qu’elle s’était acquise, le nombre et la distinction de ses amis et de ses connaissances, continuèrent à lui attirer du monde quand les charmes eurent cessé, et quand la bienséance et la mode lui défendirent de plus mêler le corps avec l’esprit… Sa conversation était charmante. […] Vous avez été aimée des plus honnêtes gens du monde, et avez aimé autant de temps qu’il fallait pour ne rien laisser à goûter dans les plaisirs, et aussi juste qu’il était besoin pour prévenir les dégoûts d’une passion lassante. Jamais on n’a porté si loin le bonheur de votre sexe : il y a peu de princesses dans le monde à qui vous ne fassiez sentir la dureté de leur condition par jalousie de la vôtre ; il n’y a point de saintes dans les couvents qui n’eussent voulu changer la tranquillité de leur esprit contre les troubles agréables de votre âme. […] Il unissait au ton du grand monde celui de la bonne bourgeoisie parisienne.
Il y a vingt-neuf ans de cela, je le vois encore faire son entrée dans le monde littéraire, d’abord dans le cercle intime de Victor Hugo, puis dans celui d’Alfred de Vigny, des frères Deschamps. […] Tous ces brillants couplets et ces jets de verve que leur succès même a usés depuis, mais qui dans la poésie française étaient alors si nouveaux : Amour, fléau du monde, exécrable folie, etc. […] Cependant le succès du théâtre était venu se joindre pour lui à la faveur du monde. […] — Le seul bien qui me reste au monde Est d’avoir quelquefois pleuré. […] [NdA] La Revue des deux mondes du 15 mai 1857 (page 475) semble contester l’exactitude de ce mot.
« Quelque chose que nous ne savons pas se remue dans le monde : il y a là un travail de Dieu. […] « Tout ce qui arrive dans le monde a son signe qui le précède. […] « Les innombrables pensées diverses, qui se croisent et se mêlent à l’horizon du monde spirituel, sont le signe qui annonce le lever du soleil des intelligences. […] vous êtes le protecteur de l’innocent et de l’opprimé, car c’est votre amour qui a créé le monde, et c’est votre justice qui le gouverne. […] À propos des suggestions inspirées par l’enfer aux oppresseurs du monde, le poëte-prophète signale surtout la grande déception de l’obéissance passive.
Il rêvait d’enfermer un monde d’images dans un petit nombre de vers absolument parfaits et de faire tenir les songes d’un dieu dans de petites coupes bien ciselées. […] Et toute son enfance s’est passée à Cuba, parmi les enchantements de la plus belle flore qui soit au monde : une enfance nue, libre et rêveuse, pareille à celle de Paul et Virginie. […] A ce groupe de poèmes se rattachent encore les tierces rimes, plus espagnoles que le Romancero, qu’on a pu lire dernièrement dans la Revue des Deux Mondes. […] Elle exprime d’abord l’exaltation d’une âme tendue à jouir superbement de toute la beauté éparse dans le monde et dans l’histoire et de toutes les œuvres où l’humanité a le plus joyeusement épanché son génie. […] Le Parnasse contemporain, 1866, 1869, 1876 (Lemerre) Revue des Deux Mondes, 15 mai et 1er novembre 1885.
* * * — Au fond, il n’y a au monde que deux mondes : celui où l’on baille, et celui où l’on vous emprunte vingt francs. […] Si la Revue des Deux Mondes changeait de couleur sa couverture, elle perdrait 2 000 abonnés… Amusez-vous, allez, on regrette ça plus tard, il n’est plus temps… À propos, vous avez écrit un joli article sur cet ornemaniste, sur ce Possot… Vous avez quelque chose de lui, hein ? […] * * * — J’ai eu, dans ma famille, un type de la fin d’un monde, — un marquis, le fils d’un ancien ministre de la monarchie. […] il l’aurait eue… s’il s’était tenu un rien du monde moins salement ! […] C’est, croyons-nous, le premier journal littéraire quotidien, depuis la fondation du monde.
Il y regne le ton du monde & d’un monde poli, ingénieux, tel que celui qui composoit la petite cour de Madame de Tencin. […] Les mœurs du monde lui étoient moins connues que les passions du cœur humain ; & il réussit aussi mal à plaisanter ou à peindre des choses ridicules, qu’il excelle à exprimer le sentiment. Le Sage, auteur de plusieurs Romans estimables, connoissoit mieux le monde que l’Abbé Prévot, & ses ouvrages en sont le portrait ou la satyre. […] Zadig, Memnon, le Monde comme il va. […] Il a depuis vêcu loin du grand monde, & il faut apparemment qu’il ait pris les plaisanteries de ses nouvelles sociétés.
Jeté, à quelque temps de là, dans le monde, sans fortune et sans appui, Chamfort se trouva bientôt réduit à l’état le plus misérable ; il ne subsistait que de son travail pour quelques journalistes et pour quelques prédicateurs, dont il faisait les sermons. […] j’aurai un prix à l’Académie, ma comédie réussira, je me trouverai lancé dans le monde, et accueilli par les grands que je méprise ; ils feront ma fortune sans que je m’en mêle, et je vivrai ensuite en philosophe. » Heureux pressentiment ! […] Un esprit brillant, des réparties ingénieuses, une figure agréable, achevèrent ce que le talent avait commencé ; mais les succès que Chamfort eut auprès des femmes ne tardèrent pas à le désabuser sur les plaisirs qu’on trouve dans le grand monde. […] En effet, quand il ne voulait être qu’homme du monde, il était précisément ce qu’il fallait pour y plaire. […] Il s’était retiré en auteur dégoûté des grands, du monde, et des succès littéraires.
… la pluralité des mondes et l’habitation des étoiles, que M. […] C’est notre Credo pris à rebours et fondé sur la pluralité des mondes éternels, sans royaume des cieux et sans enfer ! […] Si on met l’infini à la place de l’étendue, où pose-t-on l’axe du monde et que devient pour M. […] Jean Reynaud exige la pluralité des mondes ou il n’admet pas Dieu, parce que (ajoute-t-il avec un sérieux qui rend la chose plus comique encore), sans la pluralité des mondes, Dieu est évidemment « lésé dans son caractère de créateur ». […] Quand on a lu cet immense volume d’hypothèses sur la pluralité des mondes éternels, savez-vous à quoi l’on retourne pour se délasser d’une telle lecture ?
Oui, « le monde physique existe », et il y a des arrangements de mots qui peuvent ressusciter dans notre imagination les objets absents ; mais c’est bien long, Gautier. […] Oui, l’humanité dans son fond est abominable et féroce, et la nature n’a jamais connu la justice ; mais c’est bien long, Zola et c’est bien gros Des artistes abondants nous décrivent le monde ou les hommes avec un luxe de détails dont nous n’avons que faire ; car, nous aussi, nous savons regarder. […] Contre la vision du monde mauvais il a l’ironie, et c’est assez. […] Donc la destinée n’est ni juste ni douce ; le monde n’est point bon, et il est incompréhensible. […] Dans le monde, il obtint la triste réputation d’insensible et d’insouciant ; et dans la solitude, son imagination inquiète lui créait des tourments d’autant plus affreux qu’il n’aurait voulu en confier le secret à personne. » Le croirons-nous ?
Il me semble que, lorsqu’on est en somme parmi les privilégiés de ce monde, lorsqu’on ne souffre ni continuellement, ni trop violemment dans son corps, et qu’on est préservé des extrêmes douleurs morales par la littérature et l’analyse (lesquelles, soyez-en sûrs, nous sauvent de plus de maux qu’elles ne nous interdisent de joies), une sorte de pudeur devrait vous empêcher de répéter trop longuement des plaintes déjà développées par d’autres. […] J’aurais dû reconnaître, dans le cas de Maupassant, autre chose qu’un plaisir d’orgueil et d’ironie à constater que le monde est inintelligible et mauvais ; autre chose qu’un plaisir de langueur à s’abandonner aux mélancolies que versent certains crépuscules ou que distillent certains brouillards ; bref, autre chose que de la littérature. […] Et, parmi son nihilisme, l’auteur n’en jouissait pas moins du monde physique avec une intensité extraordinaire et avec une franchise d’« avant le péché ». […] L’esprit de Maupassant fut donc comme une table rase offerte aux impressions du monde ambiant. […] Pour que la philosophie du Cas de Mme Luneau ou même de Marroca fût le vrai, il faudrait que la douleur fût absente du monde, et qu’on pût ne jamais songer à la mort.
Il vous dira dans le lieu même, qu’il met une difference immense entre ces pieces et le Misantrope, et qu’il n’y vient que pour voir un acteur qui réussit dans quelque personnage bizarre, ou bien une scéne qui aura du rapport avec une avanture récente et dont il est parlé dans le monde. […] Le monde ne connoissoit gueres alors le genre de comique noble qui commet ensemble des caracteres vrais, mais differens, de maniere qu’il en resulte des incidens divertissans, sans que les personnages aïent songé à être plaisans. […] Mais après un certain nombre de représentations, le monde comprit que la maniere de traiter la comédie en philosophe moral étoit la meilleure, et laissant parler contre le Misantrope les poëtes jaloux, toujours aussi peu croïables sur les ouvrages de leurs concurrens, que les femmes sur le mérite de leurs rivales en beauté, il en est venu avec un peu de temps à l’admirer. […] Elle fit aller un peu plus de monde à la tragédie de Pradon qu’il n’y en auroit été, par le motif seul de voir comment le concurrent de Racine avoit traité le même sujet que ce poëte ingénieux. […] Les bienfaits des grands l’avoient déja couronnée, et le monde prévenu par ces éloges l’attendoit l’encensoir à la main.
En fait, une religion qui progresse est une religion à l’envers de toutes les religions connues, qui, comme on le sait, ont très peu progressé, mais sont restées, au contraire, parfaitement immobiles dans la majesté de leur établissement et de leur influence sur le monde. […] III Et la preuve de ceci, c’est que la Religion progressive, qu’il vient proposer au monde en détresse de vérité comme une découverte, un apaisement et le salut, n’est pas du tout une idée nouvelle. […] Mais c’est comme cela… La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a, et les postillons aussi, — les plus beaux postillons ! […] Il oppose l’homme au gouvernement, et la justice, qui n’est pas de ce monde dans son absolu, à l’ordre, qui peut l’être et doit l’être pour que les sociétés valent quelque chose… Certes ! […] Preuve frappante de la Vérité immuable pour laquelle le monde est fait, et qui met à pied les postillons !
À propos de l’École du monde 80 15 février 1840. Le dernier numéro de la Revue contenait un article, sévère peut-être, mais certainement mesuré, sur la comédie de l’École du monde ; huit jouis après, le Messager, qui appartient, dit-on, à l’auteur de cette comédie, ouvrait une série d’attaques directes et même de dénonciations formelles contre M. […] La Revue des Deux Mondes, tant reprochée à M. […] Sainte-Beuve par la nouvelle Table de la Revue des Deux Mondes.
Singlin voulut d’abord savoir d’elle si elle se sentait disposée à quitter le monde au cas qu’un jour elle fût à même de le faire. […] si du sein du monde sérieux où elle est entrée, elle pouvait sourire à l’effet, au charme de son nom seul sur ceux qui la jugent elle y sourirait. […] « C’étoit une chose à étudier que la manière dont Mme de Longueville conversoit avec le monde. […] Le prince de Conti en particulier, dès son entrée dans le monde, s’était mis sur le pied de lui plaire plutôt en qualité d’honnête homme que comme frère. […] Ce n’est pas que je voulusse la faire passer pour une sainte qui est allée jouir de Dieu au sortir de ce monde ; tout ce qui se passe dans l’autre nous est caché.
Ce n’est pas pour cela un nouvel arbre dans le monde. […] Elle vient au monde idée toute faite comme un arbre de théâtre vient au monde tout fait et arbre de théâtre. […] Ce sont des arbres venus au monde plats. Ainsi une idée toute faite vient au monde plate et toute faite. […] Mais Descartes et le monde ont suivi l’ébranlement cartésien.
Émery, il ne sut rien de ce qui se passait dans le monde. […] Le monde était pour eux un orgue de Barbarie qui se répète. […] Il n’y a sûrement pas un établissement au monde où l’élève soit plus libre. […] Pinault était la chose du monde la plus singulière. […] Un éternel fieri, une métamorphose sans fin, me semblait la loi du monde.
Au demeurant, la plus innocente créature du monde. […] Suivez, par le monde, l’histoire des idées et des mœurs. […] C’est tout un monde que ces chansons, et tout un monde charmant. […] C’est elle qui crée le monde. […] Rien au monde ne vaut un sacrifice.
Diderot n’est point un génie créateur, apte à tirer un monde de soi ; il est loin de Descartes, loin même de Rousseau. […] Le monde est un vaste billard, où une infinité de billes roulent, se croisent, se choquent, formant un inextricable réseau de mouvements nécessaires, qui ne s’épuisent jamais. […] La religion, qui punit le sacrilège plus que l’adultère, est immorale ; elle laisse, pour des pratiques, subsister toute la corruption du monde. […] Si, un beau jour, hors de la vie, nous nous trouvons face à face avec lui, dans son monde, eh bien, Dieu n’est pas assez mauvais diable pour nous en vouloir de l’avoir nié, quand nous n’avions aucune raison de l’affirmer. […] Il y a de tout dans son style : analyse, synthèse, idée, sensation, hallucination, réalisme, romantisme ; c’est un monde grouillant, qui n’a pas toujours la beauté, qui du moins a souvent la vie.
Venu en France à la révolution de 1688, à la suite de son roi légitime, il y vécut dans le meilleur monde, se dédommageant des ennuis de la petite cour dévote de Saint-Germain par des séjours chez les Berwick et chez les Grammont. […] Il faut qu’autour de lui tout soit disposé et lui prête faveur ; il faut que le climat, en quelque sorte, soit préparé ; qu’au milieu des sots et des grossiers dont le monde, et le plus beau monde, en tout temps fourmille, une élite d’esprits assortis se recueille, se rassemble dans un coin, et sache l’écouter et lui répliquer ; s’il parle à voix basse, que rien ne s’en perde ; s’il ne dit que ce qu’il faut, qu’on ne lui en demande pas davantage ni surtout trop. À partir de la seconde moitié du xviiie siècle, le monde, à cet égard, changea ; la déclamation prit le dessus, et un certain faux montant devint nécessaire. […] Au train dont y va le monde, l’espèce de ces esprits rares se perdra-t-elle ? […] Bossuet vient de sortir fort à propos du monde au moment où il écrit (1704).
De même, il lui arriva d’être saisi d’un grand mépris du monde, et d’un dégoût insupportable do toutes les personnes, avant de sentir aucun attrait du côté de Dieu. […] Il dut lui paraître étrange que la lumière de la révélation eût été refusée au monde ancien, et qu’à deux âges différents du genre humain, la morale eût eu deux principes contradictoires. […] Cette ironie sur l’usage que fait Descartes de Dieu, seulement pour mettre en mouvement le monde, touche à l’injustice. […] Ainsi commence ce dialogue, qui a tour à tour la grâce d’une conversation entre des personnes du monde, la solidité d’une discussion, le piquant d’une scène de comédie. […] Je n’espère rien du monde, je n’en appréhende rien, je n’en veux rien.
Non seulement beaucoup d’espèces d’eau douce, appartenant aux classes les plus différentes, ont une extension très vaste ; mais des espèces alliées prévalent, dans le monde entier, de la manière la plus remarquable. […] Je n’ai pas encore eu le temps de poursuivre l’examen de cette question dans toutes les autres parties du monde ; mais, aussi loin que j’ai pu aller, j’ai trouvé que la règle était d’application générale. […] Les habitants de chaque île, quoique pour la plupart distincts, ont cependant des ressemblances beaucoup plus étroites les uns avec les autres qu’avec les habitants de toute autre partie du monde. […] Il en est de même des habitants des lacs et des marais, avec cette réserve que de plus grandes facilités de dispersion ont répandu les mêmes formes générales dans le monde entier. […] Gould m’a fait observer, il y a longtemps, que, parmi les genres d’oiseaux les plus répandus dans le monde entier, beaucoup des espèces qui les composent ont aussi une extension très vaste.
Il le console du spectacle de ce monde si plat. […] C’est le plus beau pays du monde. […] La législation des mondes est une législation égalitaire. […] Il n’y a rien au monde de plus inégal, de plus inéquitable et de plus injuste que le monde. […] C’est comme cela que le monde marche.
Jones sont donc dans une analogie parfaite ; le génie de l’observation est donc appelé à faire désormais le même genre de découvertes à la fois dans le monde physique et dans le monde moral. […] Lorsque Pascal disait que l’homme ne sait que ce qui lui a été enseigné, et que, par conséquent, nous ne pouvons nous dispenser de remonter toujours à un enseignement primitif comme à une cause première, il commençait à jeter le pont qui devait réunir un jour le monde ancien et le monde nouveau. […] Dieu ne répète pas à chaque instant l’acte de sa toute-puissance par lequel il créa le monde ; et le monde cependant est une suite de créations successives, qui s’opèrent par l’effet toujours le même de cet acte de la volonté de Dieu. […] La parole a répandu dans le monde toutes les idées qu’elle avait à y répandre : sa mission est en quelque sorte finie ; mais ce qui existe par elle continue d’exister.
Luther, lui, préférait le Turc au Pape, et c’était bien naturel… c’était parfaitement logique à Luther, avec la situation qu’il s’était faite dans le monde, cet aimable homme ! […] Le monde du Croissant avait, tant de fois, essayé de faire tant de mal au monde de la Croix, qu’il eût été tout simple que les |philosophes du xviiie siècle eussent gardé pour cela à Mahomet un peu de reconnaissance. […] La Bible et l’Évangile l’ont mis au monde et l’ont bercé, ce rêveur qui a fini sa longue rêverie par la réalité d’un monde ! […] À la place de ces caricatures historiques, il y a la figure du grand homme, doux et inspiré, qui apprit aux Arabes la miséricorde et l’aumône, et dont le cimeterre, qu’il a fini par tirer dans les intérêts de sa foi, n’a pas aveuglé de son éclat Barthélemy Saint-Hilaire, puisqu’il a écrit fermement cette parole vraie : c’est que le livre du Coran a fait plus que le sabre pour la domination du monde. Il y a, enfin, dans le Mahomet retrouvé d’aujourd’hui, un homme de génie qui croit à son génie, et ce génie, le plus grand de tous aux yeux d’un monde qu’il sauve, s’appelle le génie religieux.
Le sauvage de l’Océanie prend son île pour le monde. […] C’est ce que Hegel entendait dire, quand il avance que chaque penseur est libre de créer le monde à sa manière. […] Le monde est-il donc un cimetière, la vie une cérémonie funèbre ? […] Est-ce de trop vivre dans le monde de l’esprit qui les a rendus inhabiles aux grandes choses ? […] Il y a là tout un monde que personne n’ose dire.
Pickwick, dans Le Magasin d’antiquités, Dickens aborde le chapitre des comédiens errants ; dans Olivier Twist, il décrit le monde des voleurs et des filles de Londres ; dans les Temps difficiles, ce sont des ouvriers et une troupe d’écuyers ambulants ; chacun de ces tableaux de mœurs est assurément peint avec les couleurs les plus fausses et les plus faibles, et quand Dickens veut parler du grand monde, c’est encore en homme qui s’est plu à s’en faire une idée directement contraire à la réalité ; l’école de M. […] Pas un mot qui ne soit plus à l’adresse du lecteur que des personnes en présence, et il en est de même de tous ces tableaux du grand monde, ces extraordinaires dîners de cérémonie où de vieux roquentins élimés ou d’énormes apoplectiques échangent avec leurs voisines en turban des propos si prétentieusement vides. […] Hors l’aspect que le monde présente à la pitié irréfléchie, Dickens n’y trouve rien qui l’émeuve. […] Elles nous en reproduisent les puissantes émotions par une représentation fictive, dont la douleur et la crainte égoïste seules sont exclues ou plutôt transmuées en un doux et lent frémissement de lointaine anxiété, tandis que s’exaltent par contre ce que le monde contient de grand, d’intense, d’embrasé. […] Pecksniff lui inspire continuellement la même sorte d’indignation ; qu’en présence d’un dîner de cérémonie dans le monde, il éprouve, tout au long du récit qu’il en fait, la même humeur satirique et méprisante.
. — Ses commencements au milieu de l’ancien monde. — Poésie des liturgies chrétiennes. — Lyrisme populaire et lyrisme savant. […] « Salut, Vierge propitiatoire au monde ! […] Salut, racine du monde ! […] que le silence occupe les régions du monde, pendant que je célèbre le sacrifice des pieux concerts ! […] Nous chanterons l’impérissable Dieu, glorieux Fils du Dieu père de tous les siècles, le Fils créateur du monde, essence universelle, sagesse infinie, Dieu parmi les êtres célestes, et mort parmi les habitants du monde souterrain.
On n’en revient pas de n’avoir plus à gouverner le monde. […] Elle est déjà bien ancienne, elle l’est, presque autant que le monde, mais longtemps elle a été limitée à un petit nombre de cas, ou bien elle prenait une autre forme. […] C’est l’homme du monde que j’envie davantage : il a un caractère unique. » Maurepas se consolait par la légèreté et la satire, et en faisant collection de tous les noëls moqueurs où l’on chansonnait les gens. […] Si vous saviez combien de fois il m’avait assuré que nous passerions notre vie ensemble, et que je n’avais pas au monde un meilleur ami que lui ! […] Il commence à voir à contresens le monde, et, si un retour de fortune lui ménage un rôle dans l’avenir, il n’y rentre plus qu’à contretemps.
La fille de l’heure présente n’est plus même cette lorette de Gavarni qui avait gardé au fond d’elle un petit rien de grisette, et consacrait un peu de son temps à amuser son cœur… Du reste, le bas monde de l’amour ne fait que refléter le haut monde de l’amour, ce monde où les femmes de la société commencent à prendre l’habitude de se faire entretenir. […] Toute ma valeur, ils n’ont jamais parlé de cela, c’est que je suis un homme pour qui le monde visible existe. […] On est bien malheureux vraiment, d’être organisé nerveusement, quand on vit dans le monde des lettres. […] Puis entre nous et ce monde, il y a un fossé. […] Deux idéals vers lesquels est tourné tout ce monde.
II Il en est ainsi en ce qui touche à la réalité psychologique où toutes les autres formes de la réalité se viennent refléter, et il en est ainsi, soit que l’on conteste, soit que l’on accorde l’existence du monde extérieur. […] Dans l’hypothèse où l’on accorde l’existence du monde extérieur, les conclusions auxquelles il faut aboutir demeurent encore les mêmes. Les objets du monde extérieur ne deviennent des réalités pour le moi que par le moyen des sensations de plaisir ou de douleur dont ils l’affectent. […] Dans un monde où le spectacle ne persiste qu’autant que les spectateurs consentent à être aussi en partie des acteurs, il lui semblait que ce dilettantisme était une menace pour l’intérêt dramatique de la représentation. […] Ils n’entrent en effet en relation avec tous ces objets du monde extérieur, ainsi qu’on vient d’en faire la remarque, qu’autant que leur sensibilité est encore affectée par eux : quelque joie à considérer les formes et les couleurs leur rend seule perceptibles les formes et les couleurs, quelque émotion, au contact des passions humaines leur permet seule de connaître les passions humaines.
Les personnages artificiels. — Les femmes du monde. — Miss Prue. […] Mistress Millamant. — Les hommes du monde. […] La comédie romanesque est hors de sa portée ; il ne peut saisir que le monde réel, et dans ce monde l’enveloppe palpable et grossière. […] Vous voyez que si ce monde n’est pas celui de Louis XIV, c’est néanmoins le monde, et que, s’il a plus d’écume, il va du même courant. […] Son caractère est un fonds d’honnêteté, mais accommodé au monde.
Il voudrait transformer la femme du monde, lui ôter de ses préjugés et du factice des salons, en lui laissant tout son charme. Il a pour maxime que « le monde polit les mauvaises natures et gâte les bonnes. » Il lui voudrait rendre, à elle, toute sa bonté, son intégrité. […] Le monde réel, le présent n’est pas si désenchanté que vous voulez le voir, allez ! […] La Fantaisie est la reine du monde. » C’est l’artiste et le poète qui parle. […] La femme du monde a bien vite senti qu’elle avait affaire à un poète, à un artiste, à un homme d’une autre race.
Il voyait que le monde s’était repris d’amour pour les histoires des anciens héros. […] Mais le monde alors était rempli de guerres, et le temps semblait peu favorable aux récompenses. […] On y lit : Ô Roi, je t’ai adressé un hommage qui sera le souvenir que tu laisseras dans le monde. […] J’ai vécu trente-cinq années dans la pauvreté, dans la misère et les fatigues, et pourtant tu m’avais fait espérer une autre récompense, et je m’attendais à autre chose de la part du maître du monde ! […] Enfin, croyant les choses apaisées et oubliées, il était revenu dans sa ville natale, lorsqu’un jour, passant par le bazar, il entendit un enfant réciter un vers sanglant de cette même satire qui avait couru le monde.
Vers ce temps (1740), Mme Du Deffand a un salon qui est devenu un centre ; elle est liée avec tout ce qu’il y a d’illustre dans les lettres et dans le grand monde. […] « N’est-il pas insupportable, disait-elle de son monde factice, de n’entendre jamais la vérité ? […] Elle avait pourtant un ami vrai, Formont ; un ami d’habitude, le président Hénault, et assez de liaisons du monde pour combler une autre existence moins exigeante ; mais le tout ensemble ne suffisait au plus qu’à distraire la sienne. […] On prit fait et cause pour ou contre Mlle de Lespinasse ; en général, le jeune monde et la littérature, les encyclopédistes en masse furent pour elle. […] Walpole, en bon Anglais qu’il est malgré ses traits d’esprit à la française, lui a fait lire Shakespeare ; elle l’a aussitôt goûté, elle s’est récriée comme à la découverte d’un monde nouveau : « Oh !
Je vois, j’écoute, et jusqu’à ce moment je n’envie pas les plaisirs du grand monde. […] C’est le monde ramené au chaos, et repétri pour en faire un monde nouveau. […] L’homme dans le monde, le monde dans l’homme, en d’autres termes la destinée de l’homme et sa pensée, qui est encore sa destinée, voilà le centre et l’unité de cette étrange composition. […] Demain nous créerons d’autres mondes. […] Dépouillé de foi et d’amour, le monde doit mourir.
. — Comment il figure le monde d’après son propre esprit. […] Il est comme eux un des moments de l’histoire du monde. […] Nous perçons par elle dans un monde inconnu et sublime. […] Cependant, en notre âge du monde, ces habits ecclésiastiques se sont misérablement percés aux coudes. […] Toutes les choses que nous voyons debout dans le monde sont proprement le résultat matériel extérieur, l’accomplissement pratique et l’incarnation des pensées qui ont habité dans les grands hommes envoyés au monde.
Il sent qu’il est près de lui accorder ce titre, et à l’instant, par une sorte de respect humain philosophique, il s’arrête ; mais, en le lui retirant, il le retira aussi à tout ce qu’il y a eu de grand dans le monde. […] Les conquêtes même, quand elles ne sont pas purement destructives, sont plutôt, suivant lui, un grand véhicule : La quantité d’idées qui étaient dans le monde avant que les Romains l’eussent soumis et, par conséquent, tout agité, était bien au-dessous de la quantité d’idées qui y entra par l’insolente prospérité des vainqueurs, et par le trouble et l’abaissement du monde vaincu. […] Il préfère à tout ce qui est plan et projet conçu dans le cabinet les idées fortuites nées à l’occasion, notées, prises sur le fait dans la vie du monde ; mais ces idées que lui suggère l’observation de chaque jour, il faut voir comme il les traduit dans son langage, même quand il les prête aux autres ou qu’il les met dans la bouche de ses personnages. […] Marivaux n’a qu’un tort ou qu’un malheur, c’est qu’en étant en effet lui-même, et en usant à bon droit de sa manière de sentir pour s’exprimer avec une singularité souvent piquante, il dépasse sans s’en douter la mesure, tombe sensiblement dans le raffiné, et devient maniéré, minaudier, façonnier, le plus naturellement du monde. […] Nul ne sait aussi bien que Marivaux le monde de l’amour-propre ; il en a fait le tour et l’a traversé dans tous les sens, et, remplissant la maxime de La Rochefoucauld, il y a peut-être découvert quelques terres inconnues.
Tout cela tenait en haleine le monde parisien, et l’empêchait de s’endormir sur le Beaumarchais jusqu’à la première représentation du Barbier de Séville. […] En récidivant il abuse, il généralise, il a du système ; il fait un monde à l’envers d’un bout à l’autre, un monde que son Figaro règle, régente et mène. […] qui sait si le monde durera encore trois semaines ? […] Le Figaro du Mariage affecte la gaieté plus encore qu’il ne l’a ; il est devenu un personnage, et il le sent ; il régente et dirige tout un monde, et il s’en pique. […] Il est bien clair que nous entrons dans un monde d’une moralité et d’une industrie nouvelle.
Cependant il arrive que le monde s’apaise. […] C’est comme le bégayement du monde où, confusément, passent les rêves de sa première patrie, les songes et les merveilles de l’Orient. […] Elle dira les idées portées par un monde, et d’où sont sorties les lois qui ont renouvelé ce monde. […] Elle ressuscitera un monde disparu, avec ses misères et ses grandeurs, ses abaissements et ses grâces. […] Ses traditions circulent, ses idées vivent, ses aspirations s’agitent, son génie lutte dans le monde contemporain.
Bien qu’il nous ait, parfois, conviés à assister aux pires situations du monde, nous n’en conçûmes aucun dégoût, et si passionné qu’il pût être, il ne le fut jamais au point de perdre le sens des solides proportions dont nous ont pourvus les Latins. […] Par l’entremise de ces figures nous ̃ avons connu que le monde terrestre nourrit des héros éternels, qu’ils songent, ceux-ci, ténébreusement, au flanc des montagnes et qu’il suffirait d’un grand homme afin d’en accoucher la terre. […] Aussi, nous sommes-nous constitué une nouvelle conception du monde. […] Ce colossal créateur nous a violemment imposé un monde d’archanges, de géants et de dieux. […] Aux premières époques du monde, Hésiode fortifiait l’âme des laboureurs, et le chant qu’exhalait sa flûte les instruisit en contant leurs travaux.
Il s’agissait pour lui, à son début, de se faire jour dans le monde littéraire par quelque chose d’original et qui attirât l’attention. […] Tout auteur tant soit peu influent et à la mode crée un monde qui le copie, qui le continue, et qui souvent l’outrepasse. […] Arthur vient à Paris ; il connaissait déjà la haute compagnie de Londres, et du premier jour il n’a rien d’emprunté ni de neuf dans notre monde élégant. […] dit le monde…. Le monde !
On le soigna fort à cause des rares talents qu’il produisit de bonne heure, et les jésuites l’avaient déjà entraîné au noviciat lorsqu’un jour (il avait seize ans), les idées de monde l’ayant assailli, il quitta tout pour s’engager en qualité de simple volontaire. […] Mais le monde habituel de Prévost, c’est le monde honnête et poli, vu d’un peu loin par un homme qui, après l’avoir certainement pratiqué, l’a regretté beaucoup du fond de la province et des cloîtres ; c’est le monde délicat, galant et plein d’honneur, tel que Louis XIV aurait voulu le fixer, comme Boileau et Racine nous en ont décoré l’idéal, qui est à portée de la cour, mais qui s’en abstient souvent ; où Montausier a passé, où la Régence n’est point parvenue. […] Prévost vivait ainsi, heureux d’une étude facile, d’un monde choisi et du calme des sens, quand un léger service de correction de feuilles rendu à un chroniqueur satirique le compromit sans qu’il y eût songé, et l’envoya encore faire un tour à Bruxelles. […] Ceux qui m’accusent, comme ce léger M. de Loménie (qui n’est qu’un écho de son monde), d’avoir attendu la mort de M. de Chateaubriand pour laisser voir ma pensée à son sujet, ne m’ont pas bien lu. […] Je trouve dans les lettres de mademoiselle Aïssé (1728) : « Il y a ici un nouveau livre intitulé Mémoires d’un Homme de qualité retiré du monde.
Le monde de l’érudition : les bénédictins. […] Il les élabora lentement, sous le contrôle rigoureux de l’expérience, non la sienne seulement, mais celle de tout son monde. […] Toutes mondaines d’origine, elles manifestent le pur génie du monde et sa naturelle direction. […] Le goût des portraits, Retz l’a pris aussi à son monde ; il y a été vraiment supérieur. […] Brunetière, Revue des Deux Mondes, 1er février 1887.
Par dépit de ne pouvoir pétrir le monde à sa guise, il se taille dans les nuages un vaste empire de rêve. […] Le monde s’est affranchi du dogme chrétien, mais sa momie pèse toujours sur les consciences. […] Ses disciples pullulent et se jettent sur le vieux monde, les armes à la main. […] « Expliquer le monde par Dieu, songe-t-il, c’est reculer seulement la difficulté. […] Si jamais elle meurt, l’âme du monde est morte.
Cette religion du néant pèse sur le monde bouddhiste avec une lourdeur torpide et morbide. […] Il me répondit : « Je n’ai pas réussi dans les affaires du monde ; je m’en retourne aux monts Nan-Chan pour y chercher le repos. […] Plus le monde avance en âge, plus s’aggrave ce fléau des âmes. […] Les sages, les philosophes, les voluptueux même se hâtent de quitter, avant la fin, le spectacle de la tragédie orgiaque que les Césars donnent au monde. […] Jamais ascète chrétien n’a jeté sur la vie, du fond de sa cellule, un regard plus triste que ce héros assis sur le trône du monde. — « Oh !
Si, au lieu d’un pédagogue, je prends un homme du monde, un intelligent, et si je le transporte dans une contrée lointaine, je suis sûr que, si les étonnements du débarquement sont grands, si l’accoutumance est plus ou moins longue, plus ou moins laborieuse, la sympathie sera tôt ou tard si vive, si pénétrante, qu’elle créera en lui un monde nouveau d’idées, monde qui fera partie intégrante de lui-même, et qui l’accompagnera, sous la forme de souvenirs, jusqu’à la mort. […] Le pauvre homme est tellement américanisé par ses philosophes zoocrates et industriels qu’il a perdu la notion des différences qui caractérisent les phénomènes du monde physique et du monde moral, du naturel et du surnaturel. […] La France, il est vrai, par sa situation centrale dans le monde civilisé, semble être appelée à recueillir toutes les notions et toutes les poésies environnantes, et à les rendre aux autres peuples merveilleusement ouvrées et façonnées. […] Tout ce monde, véritablement hors nature, s’agitait, ou plutôt posait sous une lumière verdâtre, traduction bizarre du vrai soleil. […] Qu’est-il venu dire en ce monde ?
Le mot a volé à travers les deux mondes et a trouvé accès dans toutes les langues cultivées. […] C’est elle qui nous donne la connaissance exacte du monde extérieur. […] La conscience obtient une image défigurée et vague du monde extérieur. […] Sa conception du monde est un pastiche confus de celle du Florentin. […] « Le coup d’œil le plus superficiel sur l’état du monde nous montre », écrit M.
Buloz ce qu’elle est restée depuis pour tout le monde malgré M. […] J’avais donc toutes les peines du monde à me séparer d’elles, quand M. Buloz m’envoya demander, pour doter la cadette qui se retirait du monde littéraire, un roman quelconque. […] Il fallait qu’en filant du monde littéraire dans le monde politique, la pauvre étoile jetât un dernier reflet. […] Soumet veut dire en parlant de l’article de la Revue des Deux Mondes, nous allons le dire, nous.
Dans ces années-là, il se prêtait encore au monde. […] Leconte de Lisle devait-il apercevoir le monde actuel ? […] Ils vont, comme on peut voir, d’une extrémité à l’autre du monde et de l’histoire. […] Tout artiste puissant est « créé comme un monde ». […] Telle autre que vous prêtez au monde vous est une vision spéciale.
Au-delà du monde fini, l’école positiviste nie qu’il y ait quelque chose. Ce n’est pas seulement la science, c’est la réalité au-delà du monde fini qu’elle conteste ; selon elle, ce n’est pas l’inconnu qui est au-delà de cette limite, c’est le néant. […] Pour l’un comme pour l’autre, il n’y a de science que du monde fini. […] Guizot, malgré sa sympathie évidente pour l’église romaine, soit le moins du monde disposé à reconnaître la vérité du dogme catholique. […] On s’étonne qu’il y ait du mal dans le monde, et le premier, le principal de tous ces maux, c’est le vice, c’est le péché.
Elle est d’observation facile ; elle est précieuse même pour les écrivains qui savent très peu le monde. […] Elle a quitté le monde pour soutenir un peu d’humanité chancelante, oublieuse, fatiguée de la route. […] Elles disparaissent volontairement du monde. […] Je ne puis cacher que j’ai beaucoup étudié le monde de la mode et ses environs. […] Une atmosphère enveloppe ce petit monde en formation.
Il se garda bien de s’égarer en un monde irréligieux, qui voulait tirer de lui un vain amusement ; il n’aspirait à gagner que le peuple ; il garda pour les simples des moyens bons pour eux seuls. […] Il n’y eut jamais dans le monde de querelles aussi vives que celles des Juifs entre eux. […] Que dut-elle être pour le fondateur d’un monde nouveau ? […] L’antipathie qui, dans un monde aussi passionné, dut éclater tout d’abord entre Jésus et des personnes de ce caractère, est facile à comprendre. […] C’était un esprit nouveau qui apparaissait dans le monde et qui frappait de déchéance tout ce qui l’avait précédé.
Chapitre premier L’idée force du monde extérieur I. […] La différence est la chose du monde qui nous est le plus familière, puisque nous n’avons une conscience distincte que des différences ; nous sommes donc habitués à concevoir ou le contraire de ce que nous sentons, ou quelque chose de différent. […] Mais le plus étonnant, ce serait, avec Renouvier, d’invoquer une croyance libre, un acte de libre arbitre pour objectiver ce qui nous contraint, ce qu’il y a de moins libre au monde. […] Mais cet appétit ne dit pas encore moi, ne se représente pas en opposition et en séparation avec un monde extérieur. […] Le monde des représentations est donc aussi un monde d’images motrices.
Elle ne s’inquiète que du qu’en dira-t-on du monde. Le monde, son admiration, son mépris, et jusqu’à ses commérages, voilà ce qui plane éternellement sur la solitude et la désolation de sa vie ! […] Abailard craint le mépris du monde, non dans ce qu’il aurait de mérité et de légitime ; il le craint, non pas pour l’homme moral, si coupable en lui, mais pour l’homme physique qui n’est plus. Héloïse, elle, qui n’a pas besoin qu’on la mutile pour cesser d’être femme, Héloïse qui ne le fut jamais, tant elle est, de tempérament et d’âme, philosophe, Héloïse brave le mépris du monde parce que l’homme qui l’a perdue est un de ces fascinateurs de passage qui traversent de temps en temps l’Histoire et qui voient pendant quelques minutes le monde idolâtre et imbécile à leurs pieds. […] Oddoul soit le moins du monde le domestique de la Philosophie, dans cette question de l’exaltation d’Héloïse et d’Abailard.
Elle ne s’inquiète que du qu’en dira-t-on du monde. Le monde, son admiration, son mépris, et jusqu’à ses commérages, voilà ce qui plane éternellement sur la solitude et la désolation de sa vie ! […] Abailard craint le mépris du monde, non dans ce qu’il aurait de mérité et de légitime. […] Héloïse brave le mépris du monde, parce que l’homme qui l’a perdue est uni de ces fascinateurs de passage qui traversent de temps en temps l’histoire et qui voient pendant quelques minutes le monde idolâtre et imbécile à leurs pieds. […] Oddoul soit le moins du monde le domestique de la Philosophie, dans cette question de l’exaltation d’Héloïse et d’Abailard.
Né dans ce tourbillon de poussière que l’on appelle, par une dérision de l’histoire, les États-Unis34 ; revenu, après l’avoir quittée, dans cette auberge des nations, qui sera demain un coupe-gorge, et où, bon an mal an, tombent cinq cent mille drôles plus ou moins bâtards, plus ou moins chassés de leur pays, qu’ils menaçaient ou qu’ils ont troublé, Edgar Poe est certainement le plus beau produit littéraire de cette crème de l’écume du monde. […] Elle vient d’une grande chose, de la foi qui lui montre l’enfer à œil nu et de l’indignité sentie, qui lui dit qu’il y peut tomber, tandis que la peur d’Edgar Poe est la peur de l’enfant ou du lâche d’esprit, fasciné par ce que la mort, qui garde le secret de l’autre monde, quand la religion ne nous le dit pas, a d’inconnu, de ténébreux, de froid. […] Edgar Poe, le Bohême de génie, n’est après tout ni plus ni moins qu’un Américain, l’énergique produit et l’antithèse du monde américain des États-Unis ! […] Spirituellement parlant, la question de l’autre monde a toujours étrangement pesé sur cet homme de l’autre monde, comme nous disons géographiquement. […] A nos yeux, à nous qui ne croyons pas que l’Art soit le but principal de la vie et que l’esthétique doive un jour gouverner le monde, ce n’est pas là une si grande perte qu’un homme de génie ; mais nul n’est dispensé d’être une créature morale et bienfaisante, un homme du devoir social ; c’est là une perte qu’on ne rachète point !
Cette grotesque invention du monde renversé prouve seulement que l’éloquence n’est pas de la diplomatie, et qu’entre le barreau et la tribune il y a la distance des affaires privées aux affaires publiques. […] Ces enjambées du monde veulent des géants, et encore ces géants trébuchent-ils tôt ou tard dans leur carrière ; mais les pygmées ! […] il faudrait pour cela que le monde fût immobile, et le monde change à tout instant. […] Quoi de plus indiqué par l’état réel du reste du monde ? […] M. de Metternich se borna à ne pas donner de sujets de guerre au monde, déjà trop agité, selon lui, en heurtant la France.
On peut dire, avec une parfaite exactitude, que la médiocrité gouverne le monde. […] et en n’achevant pas cette généreuse tentative de rénovation du monde intellectuel, moral et politique. […] Le génie littéraire et oratoire de la France répondit à l’attente du monde. […] Le monde s’était fait tout écho pour l’entendre. […] La France était la tragédienne en action du monde moderne : on frémissait, mais on ne pouvait pas s’empêcher de regarder.
Voilà deux consciences qui sont comme deux mondes impénétrables l’un à l’autre. […] 2° Pouvons-nous réduire à une même mesure des faits qui se passent dans des mondes différents ? […] Je m’explique ; je suppose qu’en un certain point du monde se passe le phénomène α, amenant pour conséquence au bout d’un certain temps l’effet α′. En un autre point du monde très éloigné du premier, se passe le phénomène β, qui amène comme conséquence l’effet β′. […] Bien que ces deux faits se passent dans des mondes impénétrables, je n’hésite pas à regarder le premier comme antérieur au second, parce que je crois qu’il en est la cause.
C’était l’enfant gâté de la circonstance, lequel avait trouvé un monde sans le savoir et en faisant des fautes, comme ces enfants, qui jouaient, trouvèrent le télescope, en posant deux verres l’un en face de l’autre. […] C’est la rédemption par le sang du Sauveur des hommes qui a fait naître dans le cerveau de cet immense chrétien, qui s’appelait Colomb, l’idée d’un monde possible à découvrir ! […] C’est tout un monde et un monde nouveau qui se mêle à l’ancien et qui l’agite. […] Ce mariage fixa Colomb en Espagne, et c’est l’Espagne qui devait prendre l’aumône d’un monde qu’il offrait à la main de toutes les nations ! […] Roselly de Lorgues est autant élevée à la gloire de l’Église, car il n’y a que l’Église romaine dans le monde qui puisse faire des grands hommes d’une telle beauté de perfection !
On voulut l’y fixer ; mais Rome n’était plus que la seconde ville du monde. […] « Ce n’est que par intervalles et rarement, dit-il, que Dieu lance le tonnerre ; mais c’est tous les jours, et sur le monde entier, qu’il verse sa lumière. […] c’est que tu avais gouverné ta maison avant de gouverner le monde. […] Prince, continue l’orateur, ma voix, dans ce moment, représente la voix du monde entier. […] Pour l’être, il faut, comme Dieu, n’exclure ni aucun peuple, ni aucun homme de sa province. » Valens irrité refusait la paix aux barbares ; c’est le philosophe qui fléchit l’empereur : l’éloquence donna la paix au monde.
Je n’ai plus un ami au monde, je crois. […] Le salut du monde est attaché à son crime. […] Ils mesurent leur monde et l’immensité de ce monde les étonne. […] À quinze ans, elle parut dans le monde. […] Il est la fin d’un monde.
Mlle Pauline de Meulan, née en 1773, à Paris, fut élevée au sein des idées et des habitudes du monde distingué d’alors. […] Il était difficile qu’on ne parlât pas beaucoup dans le monde des articles de Mlle de Meulan, et qu’on n’en parlât pas en divers sens. […] Guizot arrivait dans le monde avec des convictions philosophiques, religieuses, très-prononcées, et qui avaient quelque chose alors de la rigueur absolue de la jeunesse. […] Ceux qui ne sont ni mère ni père, et qui n’ont pas la foi pure et simple du catéchisme, s’ils savent un peu le monde et la vie, arrivés à trente ans, sont bien embarrassés souvent en face de l’enfance. […] Dès 1802, nous trouvons un article d’elle à propos d’une réimpression du petit traité de Fénelon ; elle y disait : « Les préceptes sur l’éducation m’ont toujours paru la chose du monde la plus incertaine.
Mais il reste dans le monde, et continue ses travaux. […] Resté seul et libre, il se répandit davantage dans le monde. […] Et de là même sa puissance sur le monde laïque : idées, méthode, style, tout en lui est du savant et de l’honnête homme, rien du théologien. […] C’est un homme du monde qui parle aux gens du monde : une raison qui se communique à la raison de tous. […] Tout l’envers du monde et de l’homme apparaît, triste à voir.
J’ai essayé de montrer, par exemple, combien a été grande l’influence de la période glaciaire sur la distribution des espèces identiques ou représentatives dans le monde entier. […] Car, d’après ma théorie, de telles strates doivent avoir été déposées à ces époques anciennes et complétement inconnues de l’histoire du monde. […] Une petite partie du monde seulement a été géologiquement explorée. […] Mais comme tous les groupes ne peuvent ainsi réussir à croître en nombre, puisque le monde ne pourrait les contenir, les plus dominants l’emportent sur ceux qui le sont moins. […] Mais la croyance que les espèces sont d’immuables productions était presque inévitable, aussi longtemps que l’on a cru à la courte durée de l’histoire du monde.
Que devient-elle dans l’autre monde ? […] Il apporte le monde entier aux pieds de Stella. […] Ce n’est là qu’un monde, et il y en a un autre. […] Cowley a ces mœurs et il est de ce monde. […] Drake fait le tour du monde.
Ballanche : il avait des parties vagues, nuageuses, inintelligibles, je le crois, même pour lui, et qu’il ne parvint jamais à éclaircir, qu’il ne débrouilla jamais aux yeux du monde ni aux siens ; il avait des puérilités et des enfances, des bégayements sans fin dans l’entretien habituel, et, tout à côté de cela, il lui sortait de la bouche, et surtout de la plume, des paroles d’or. […] Vers la fin, et bien que l’Abbaye fût toujours pour lui « le centre du monde », il avait son petit cercle d’adorateurs à lui et d’admiratrices, son petit cénacle, une petite chapelle succursale à domicile, dont il était le pontife et l’oracle […] Chaque salon, chaque monde a comme son diapason d’entretien : celui du monde de Mme Récamier était, avant tout, modéré. […] Voilà ce que les plus misanthropes auraient eu à dire ; voilà la seule réserve qu’on pourrait faire, en parlant de ce coin de monde si orné et si délicieux. […] Je ne suis pas insensible à voir la France dans un tel état de considération au dehors et de prospérité au dedans, et de penser que la gloire et le bonheur de ma patrie datent de mon entrée au ministère ; mais, si vous m’ôtez cette satisfaction d’un honnête homme, il ne me reste qu’un profond ennui de ma place, de la lassitude de tout, du mépris pour les hommes beaucoup augmenté, et l’envie d’aller mourir loin du bruit, en paix et oublié dans quelque coin du monde : voilà l’effet de l’encens sur moi.
Le monde est absurde, il ne sait ce qu’il veut, il faut le laisser dire et faire ce qu’il veut. […] Byron a été chassé d’Angleterre par les mauvaises langues, et il aurait fui enfin à l’extrémité du monde si une mort prématurée ne l’avait délivré des Philistins et de leur haine. […] Se permettant tout et n’accordant rien aux autres, il devait se perdre et soulever le monde contre lui. […] Il était partout à l’étroit ; il jouissait de la liberté personnelle la plus illimitée, et il se sentait oppressé ; le monde lui était une prison. […] Voilà pourquoi sa destinée a eu cette splendeur que le monde n’avait pas vue avant lui, et qu’il ne reverra peut-être pas après lui. — Oui, oui, mon bon, c’était là un gaillard que nous ne pouvons pas imiter en cela !
Nous autres gens du moins beau monde, nous avons besoin qu’on nous parle clair et de savoir vite et avec netteté de qui il s’agit. […] Avec cela de plus, vous auriez bien des chagrins de moins ; ce n’est pas qu’on soit insensible, mais on se résigne ; si l’on s’ennuie, on prie ; si on regrette le monde, si notre tête prend le chemin des fêtes, des bals, on l’arrête en pensant que ce n’est pas celui-là qui mène au Ciel. Savez-vous que nous sommes bien aveugles, bien insensés, bien bêles de ne nous occuper que do ce monde, de nous amuser à des bagatelles, de prendre racine ici-bas, comme si l’éternité nous y était promise, et d’oublier cet autre monde, ce beau royaume ? […] C’est bonheur vraiment que de prier dans ces grandes maisons de Dieu, où il semble que la dévotion s’agrandit. » Elle a hérité je ne sais quoi du Moyen-Age et de ses saintes avec leur passion pour la prière, pour la bienheureuse solitude, pour la fuite du monde et la vie cachée. […] Le monde, rien dans le monde ne vaut ce qui se passe sous ce drap des morts couvert de fleurs.
On a dit : Le grand architecte des mondes ; on pouvait dire : Le grand poète des univers ! […] Un poème épique résume un monde tout entier. […] Ce dieu l’épouse, et l’entraîne dans un monde inférieur et souterrain. […] Elle apprend à connaître le prix et la réalité des deux mondes terrestre et céleste. […] C’est le monarque du monde !
Cependant l’idée de progrès n’est pas étrangère, ainsi qu’on l’a souvent répété, aux époques même les plus anciennes du monde classique. […] Il est certain que les lois du progrès humain ont des rapports plus étroits avec celles de la vie qu’avec celles qui gouvernent le monde inorganique. […] Telle est la dignité suprême de l’être libre, individuel ou collectif, qu’il petit indéfiniment retarder l’avènement du règne de Dieu sur terre, et tandis qu’une invincible nécessité maintient l’ordre au sein du monde matériel, il peut, lui, faire l’ordre ou le de faire au sein du monde moral. […] Les âmes des bêtes sont, pour Platon, des âmes humaines dégradées et punies ; l’âme humaine est elle-même une émanation de l’âme du monde, seule parfaitement sage et parfaitement bonne. […] Le monde, dit-il dans la Métaphysique, n’est pas comme un mauvais poème dont les épisodes soient sans liens entre eux.
Le cachet du temps et du monde où il avait vécu s’y marque par un coin ; et quoiqu’il ait dit. […] Cela dit, prenons-le par ses bons côtés, par ses saillies qui souvent vont fort loin dans le vrai et dans le sérieux, prenons-le dans sa parfaite connaissance de la vie, du monde et des hommes. […] Le prince de Ligne déroba sa douleur de guerrier sous le sourire de l’homme du monde et sous l’indifférence du philosophe. […] Mes arbres croissaient ; ce que j’aimais était encore au monde, ou existait pour moi. […] Le prince de Ligne souffrait par moments de n’être pris que comme une curiosité, une simple utilité mondaine dans cette réunion de rois et de ministres qui allait trancher les destinées du monde.
Il le dit quelque part très ingénieusement (j’y rajeunis à peine quelques mots) : Il semble que pour planter et installer le christianisme en un peuple mécréant et infidèle comme maintenant est la Chine, ce serait une très belle méthode de commencer par ces propositions et persuasions : Que tout le savoir du monde n’est que vanité et mensonge ; — Que le monde est tout confit, déchiré et vilainé d’opinions fantasques, forgées en son propre cerveau ; — Que Dieu a bien créé l’homme pour connaître la vérité, mais qu’il ne la peut connaître de soi, ni par aucun moyen humain, et qu’il faut que Dieu même, au sein duquel elle réside, et qui en a fait venir l’envie à l’homme, la révèle comme il a fait, etc., etc. […] Il faut discerner la peau de la chemise39 : l’habile homme fera bien sa charge… ; il l’exercera, car elle est en usage en son pays, elle est utile au public, et peut-être à soi ; le monde vit ainsi, il ne faut rien gâter… » Voilà ce qu’on sent trop dans Charron, ce que les contemporains y voyaient peut-être moins distinctement que nous, et ce que son livre De la sagesse nous a appris à discerner en lui. […] Il y a quelque égoïsme et bien de la superbe dans ce portrait si méprisant du monde, mis en regard de cette sorte d’insensibilité mi-sceptique et mi-stoïque qu’il caresse et qui est son idéal secret. […] … L’homme croit que le ciel, les étoiles, tout ce grand mouvement céleste et branle du monde, n’est fait que pour lui… Et le pauvre misérable est bien ridicule. […] [NdA] Le point faible, c’est qu’avec cette manière de raisonner, le monde serait resté éternellement païen.
Prud’homie parfaite, selon lui, a pour fondement « un esprit universel, galant, libre, ouvert et généreux, un esprit voyant partout, s’égayant par toute l’étendue belle et universelle du monde et de la nature ». […] On citerait de Charron quantité de beaux et judicieux passages pour la tolérance et contre les dogmatistes opiniâtres, qui veulent donner la loi au monde : « Où le moyen ordinaire fait défaut, l’on y ajoute le commandement, la force, le fer, le feu. » Il parle avec bien de l’humanité et du bon sens contre la question et la torture : avec bien du sens aussi contre l’autorité en matière de science. […] Le jour où Charron a ainsi emprunté à Montaigne, et en propres termes, cette délicieuse et inoubliable image pour la mettre couramment au beau milieu de son texte, il a été bien modeste, et il a donné pour jamais, devant le monde et devant la postérité, sa mesure comme écrivain, sa démission comme auteur original. […] Dans le spectacle de ce monde et dans le rôle qui y est départi à l’homme, il plaide, par des raisons plausibles, les causes finales, et maintient pour vrai le but apparent des choses, en se tenant au point de vue de l’optique humaine. […] Ne t’inquiète de rien que de la vérité ; que ce ne soit pas un système dont le poids et les chaînes accablent l’esprit, mais des enfants de l’amour nés dans des heures pastorales, pour toi, pour nous, pour tes amis, pour le monde. » Et encore : « Après cela, précisément dans l’intérêt de ma santé, je relis le sage Montaigne, comme on prend un calmant ; il est si serein, si spirituel, si conlent !
Il resta le premier, trois années durant, et en tête de cette promotion très distinguée (1841-1844) qui comptait dans ses rangs les Corrard, les Janet, les Burnouf, les Thurot, Sommer, Denis, etc., tous noms justement estimés dans le monde universitaire, et quelques-uns bien connus dans le monde des académies. […] Grâce à Dieu, si nous vous enseignons l’Antiquité, ce n’est pas pour vous déporter dans un autre monde et vous dénaturer tout ensemble. […] Dans ces fastidieux sujets où la conclusion est donnée et où l’on enfonce des portes ouvertes, il s’égayait lui-même et comptait bien égayer son monde par les malices et les grâces qu’il prodiguait tout le long du chemin. […] Rigault, en abordant la critique, avait à respecter tout ce monde, tous ceux que, de près ou de loin, il saluait ses maîtres. […] Veuillot : c’était pour lui une source inépuisable de contradictions, une occasion de succès coup sur coup dans son monde qui ne lisait ni ne goûtait L’Univers ; c’était une suite d’ovations qui finissaient par valoir le grand triomphe.
La création du monde et de l’homme, voilà la réponse chrétienne, et non pas l’éternité du monde, c’est-à-dire sa formation et ensuite sa transformation (une première matière étant donnée) en vertu de lois naturelles, éternellement existantes, constantes même dans leur infinie progression et ne dérivant que de soi. […] Guizot que, si l’on refuse au christianisme sa sanction miraculeuse, sa divinité, c’est-à-dire sa sincérité même et sa loyauté originelle, de telles négations vont plus loin encore et s’attaquent à autre chose qu’à Jésus-Christ en personne ; elles mettent en question tout l’édifice moral du monde dès le commencement : « Elles ne peuvent se concilier, dit-il, avec le gouvernement d’une Providence sage et bonne qui n’a pu permettre que la plus sublime sagesse fût révélée au monde dans la folie la plus méprisable, et la plus haute perfection dans la fourberie la plus repoussante. […] Ô mes parents pauvres de ces tout premiers temps du monde, de ces âges sans nom et si obscurément prolongés, je ne rougis pas de vous ! […] On est le premier à savoir que les transformations du monde moral lui-même, comme celles du monde physique, ne se font qu’avec une extrême lenteur et moyennant des milliers de siècles ; qu’il serait téméraire de les devancer, et que rien qu’à vouloir les trop présager à l’avance et les prédire on risquerait d’amener des soulèvements anticipés et des explosions partielles. […] Boutmy dans la Presse , du 27 août 1864. incompatibilité profonde avec l’esprit humain, avec la société humaine, l’abîme de l’irresponsabilité morale où tomberaient les âmes… ; en un mot, la fin du monde civilisé, tel qu’il a été jusqu’ici conçu et qu’il a existé depuis la première cité et le premier autel.
La maréchale de Luxembourg donne le ton au grand monde : elle protège Rousseau. […] Cependant Rousseau pénètre dans les âmes, en dépit de l’obstacle que lui oppose l’incurable esprit du monde. […] Mais à mesure que l’on sort du grand monde, et que l’on descend vers le peuple, les choses deviennent plus sérieuses. […] Dans un monde assujetti à la hiérarchie, où tous les compartiments sociaux subsistent encore, Beaumarchais nous fait assister au puissant et drolatique jaillissement de son individualité, qui passe par-dessus toutes les barrières et s’ouvre tous les mondes. […] Le monde a marché depuis Molière, Lesage et Marivaux.
Or, toutes les fois que vous rencontrez un groupe naturel de faits, vous pouvez mettre cette méthode en usage, et vous découvrez une hiérarchie de nécessités ; il en est ici du monde moral comme du monde physique. […] Ils tiennent au large dans une demi-ligne ; vous enfermez douze cents ans et la moitié du monde antique dans le creux de votre main. […] Les faits se sont réduits, les formules les ont remplacés ; le monde s’est simplifié, la science s’est faite. […] Elle ne vient pas d’une chose extérieure, étrangère au monde, ni d’une chose mystérieuse, cachée dans le monde. […] Par cette hiérarchie de nécessités, le monde forme un être unique, indivisible, dont tous les êtres sont les membres.
Elles glissent élégamment dans un monde à deux dimensions. […] Ce n’est pas, littéralement, une génération d’héritiers, puisque ce quart de siècle lui a transmis non un monde fait, mais un monde à faire, et ne lui a pas laissé de modèles. […] Le monde littéraire a gagné en variété. […] Le monde de Vigny est un monde sans Dieu, la conscience de Vigny est la conscience tragique d’un monde sans Dieu. […] Le monde qu’il cherche le fuit.
Le sens commun, la sagesse vulgaire, est la règle que Dieu a donnée au monde social. […] Car ce sont deux lois naturelles : Qui ne peut se gouverner, obéira, — et, aux meilleurs l’empire du monde. […] Répétons donc ici le premier principe de la Science nouvelle : les hommes ont fait eux-mêmes le monde social, tel qu’il est ; mais ce monde n’en est pas moins sorti d’une intelligence, souvent contraire, et toujours supérieure aux fins particulières que les hommes s’étaient proposées. […] De même que Dieu est l’esprit du monde, l’esprit humain est un dieu dans l’homme. […] J’essayais d’y démontrer que l’homme est Dieu dans le monde des grandeurs abstraites, et que Dieu est géomètre dans le monde des grandeurs concrètes, c’est-à-dire dans celui de la nature et des corps.
Accueillie du premier jour dans le plus grand monde de la Restauration, elle y fut extrêmement comptée. […] Le grand défaut de son style, c’est l’élégance vague, celle du beau monde et des salons. […] Le monde français, même le plus actif et le plus animé, ne connaît pas cet échauffement, cette surexcitation d’idées et de questions qu’apportent avec eux, quand ils s’en mêlent, ces Français du dehors, voisins de l’Orient et qui n’ont pas trouvé leur centre. […] Sa chapelle, placée sous la protection de Notre-Dame-Auxiliatrice, dont la fête tombe le 24 mai, joue un grand rôle parmi les habitués de son monde. […] Elle se montrait plus vraie et plus franche de nature que le monde artificiel au milieu duquel elle était encadrée.
Il le simplifie beaucoup trop en n’y voyant que la lutte du bien et du mal, cette lutte éternelle, dit-il, qui est vieille comme le monde. […] Rien n’est neutre en ce monde, excepté vous ; le jour n’est pas neutre envers la nuit ; la vie n’est pas neutre envers la mort… » Et il continue sur ce ton déclamatoire. […] Ce n’est pas précisément un critique que M. de Pontmartin, et j’ai dit pourquoi ; mais c’est un aimable causeur et chroniqueur littéraire à l’usage du beau monde et des salons. […] Mais je le préfère et je le souhaite, dans son intérêt autant que dans le nôtre, écrivant à la Revue des Deux Mondes. […] Revue des Deux Mondes, Chronique de la quinzaine, 1er janvier 1854.
Mais ce n’est pas d’elle non plus que nous avons en ce moment à parler ; femme aimable et qu’on aime à rencontrer dans ce monde-là, elle n’a pas, dans l’histoire de la société d’alors, le degré d’importance des deux autres […] L’envie et la jalousie naturelle au monde suffiraient pour expliquer la répugnance d’un grand nombre. […] Les grâces inexprimables et délicates de votre caractère et de votre conversation, comme les douces notes d’un luth, sont perdues au milieu du tumulte du monde dans lequel je vous ai vue journellement engagée. […] Le monde ne comprend guère autrement ces sortes de liaisons. […] L’opinion d’une personne du monde, sage et de bon esprit, Mme de Verdelin, s’accordait en ceci avec le conseil de Hume.
Fontenelle, décidément, commence ; c’est le pédant le plus joli du monde. […] Et d’abord, on peut demander toujours de quel monde il s’agit. […] Ce qu’il gagne en goût dans le monde, il le perd en originalité, en audace, en fécondité. […] Le monde, moins solennel, plus attirant que la royale avenue, a également la tiédeur de son milieu. […] Il s’agit de la Revue des Deux Mondes et de ce qu’on y fondait.
D’où sortait donc cette personne si distinguée et si habile, qui ne semblait point destinée à un tel rôle par sa naissance ni par sa position dans le monde ? […] Elle y réussit par mille petits artifices et bons offices d’amitié, et par une liberté et une sévérité qui semble être sa seule fin en tirant le monde à elle ; car elle ne cesse de gronder ceux qu’elle a une fois enjôlés. […] Elle aimait à morigéner son monde, et elle faisait le plus souvent goûter la leçon. […] Mme de Tencin appelait les gens d’esprit de son monde ses bêtes ; Mme Geoffrin continuait un peu de les traiter sur le même pied et à la baguette. […] Ces esprits délicats et rapides sont surtout propres à la connaissance du monde et des hommes ; ils aiment à promener leur vue plutôt qu’à l’arrêter.
Il lui en veut encore d’avoir été l’instrument puissant de la grande transformation du monde romain. […] Les Romains, en effet, se prêtent merveilleusement à l’application de ce système si enchaîné : on dirait, en vérité, qu’ils sont venus au monde exprès pour que Montesquieu les considérât. […] Le mot de Mme Du Deffand : « Ce n’est pas L’Esprit des lois, c’est de l’esprit sur les lois », est un mot qui pouvait être vrai dans la société particulière de Montesquieu, mais qui cessait de l’être au point de vue du public et du monde. […] Les chapitres comme ceux de la Constitutionc, et principalement des mœurs politiques de l’Angleterred (livre xix, ch. 27), sont des découvertes dans le monde de l’histoire. […] Montesquieu, dans le monde, ne se laissait pas aller aux coteries qui devenaient impérieuses ; on a retenu sur lui les jugements de Mme Geoffrin et de la duchesse de Chaulnes, c’est-à-dire de deux femmes qui aimaient assez à tirer parti de ceux qu’elles voyaient et à en jouer à leur gré.
Or, en étudiant la nature, c’est-à-dire les tendances fondamentales de l’homme, on s’aperçoit qu’elle ne peut être satisfaite en ce monde, et, par exemple, atteindre la plénitude de la science, de l’activité, du bonheur. Donc elle n’a pas pour fin en ce monde cette satisfaction et cette plénitude ; car il serait absurde qu’une fin lui fût proposée et qu’elle ne pût l’atteindre. […] Donc notre fin en ce monde est la pratique de la vertu. […] Donc le bœuf dont j’ai mangé hier, renaîtra dans un autre monde, y vivra douze ans encore, et s’y reproduira. […] Les sciences naturelles tout d’un coup devenaient adultes, et la Société Royale semblait la capitale du monde pensant.
Bohèmes, malgré tout, cependant, ces derniers, malgré leur attitude de Staters et d’olympiens, leur importance, leur influence, leur situation dans tous les mondes, officiels ou non officiels, leurs chaires quand ils sont professeurs, leurs bibliothèques quand ils sont bibliothécaires, leurs palmes d’académiciens quand ils sont de l’Académie : — le signe essentiel, caractéristique, du bohème, n’étant pas de n’avoir point d’habit, mais de n’avoir point de principes, de manquer de l’asile sacré d’une morale fixe autour de la tête et du cœur, de vagabonder dans ses écrits à tout vent de doctrine, et, comme déjà nous l’avons dit, de vivre, enfant de la balle politique ou littéraire venu ou trouvé sous le chou de la circonstance, sans feu ni lieu intellectuel, — c’est-à-dire sans une religion ou sans une philosophie. […] Le monde littéraire, comme tous les mondes, se brise et se classe en deux camps absolus, irréconciliables, comme la vérité et l’erreur ? […] S’ils revenaient au monde, ils s’informeraient, ils feraient des questions. […] Cette critique, qui juge résolument qu’un livre est mauvais et qui donne les raisons de son jugement, « les salons l’ont tuée », nous dit cet éclatant homme du monde, ce comte d’Orsay, Μ. […] , comprendra. » La critique est maintenant une femme, — ajoute toujours, en surchargeant son idée, ce galantin de Rigault, — « une femme du monde, qui cause, qui sourit, qui pique et ne rudoie jamais.
Les lois du monde sensible sont ce qu’elles sont ; elles ne sont pas nécessaires. […] C’est là ce monde intellectuel que ce divin philosophe a mis dans l’esprit de Dieu avant que le monde fut construit, et qui est le modèle immuable de ce grand ouvrage. […] … Y a-t-il quelque part ou dans le monde ou hors du monde des triangles ou des cercles subsistant dans cette parfaite régularité, d’où elle serait imprimée dans mon esprit ? […] Nous n’apercevons pas Dieu, mais nous le concevons, sur la foi de ce monde admirable exposé à nos regards, et sur celle de cet autre monde plus admirable encore que nous portons en nous-mêmes. […] Pas le moins du monde.
Vous aimez le monde, qui s’amuse de tout et qui n’aime rien. […] ou seulement ce que c’est que le monde ? […] Y verrons-nous une loi du monde ? […] Personne au monde n’en a jamais rien su. […] Et le monde a raison !
Il ne restait en hommes, à madame de Rambouillet, que ses plus anciens amis, Chapelain, Cottin, Ménage, Vaugelas, Montausier quelquefois ; le comte de Grignan demeurait avec sa belle-mère, mais homme du monde fort dissipé, il n’était nulle part plus rarement que chez elle. […] Elle fit son entrée dans le monde dans cette même année 1654, où l’abbé d’Aubignac et Molière faisaient la guerre aux précieuses, l’un à Paris, l’autre en province. […] Elle se dévoua à consoler de respectables douleurs, au lieu de rechercher des plaisirs ou des avantages personnels : en entrant dans le monde, elle sembla vouloir s’y placer sous un vénérable patronage qui la préservât des écarts et des calomnies. […] » Le 7 octobre 1655, à propos de l’estime que M. de Turenne lui avait témoignée pour elle : « … Il faut que je vous dise, madame, que je ne pense pas qu’il y ait au monde une personne si généralement estimée que vous… On s’accorde à dire qu’il n’y a point de femme de votre âge plus vertueuse et plus aimable que vous. […] Les deux maisons principales qui s’ouvrirent à la bonne compagnie, quand l’hôtel de Rambouillet se ferma au grand monde, furent l’hôtel d’Albret et l’hôtel de Richelieu, vers 1655.
Alexandre Dumas fils, un homme de lettres et un homme du monde, qui devrait avoir assez de fierté et de hautaine indifférence pour endosser la responsabilité de ses opinions devant tous les genres de publics, a fait, nous dit-on, saisir tous les exemplaires où se trouvait sa lettre. […] Il souhaite que le monde les entende et qu’elles fassent coup, non seulement en France, mais en Europe. […] En grâce, Mesdames, ne vous mêlez pas de convertir. » Mais femme qui fait des livres n’entend à rien, et tous les curés du monde y perdraient leur latin et la sagesse de leurs conseils. […] En religion, le bas-bleu, qui est en général libre penseur, ne donne pas beaucoup ; mais à la fin du roman, les Lélias se convertissent, même celle de Mme Sand, dans les dernières éditions, et la femme du Retour du Christ, de ce livre au titre insolemment exagéré, car le Christ n’est pas absent de ce monde ; il y est insulté et flagellé, mais il y reste — heureusement pour le monde — comme il restait au poteau, insulté et flagellé par les Juifs et par les Romains ! […] Selon les bas-bleus, ces terribles et jalouses égalitaires, les femmes, dans ce monde à refaire, sont capables de faire très bien tout ce que font les hommes ; et quand ils le peuvent, ils l’essayent, et c’est même là ce qui leur donne la grâce suprême dont ils sont doués !
Mettons pour Hegel, qui est le plus fort de tous ces Allemands, mettons quelque chose comme quatre-vingts à cent ans d’influence malsaine sur le monde, quelque chose comme la beauté de Ninon qui, vieille, fit des conquêtes, jusqu’à l’épée dans le ventre, car on se tua pour ses beaux vieux yeux chargés de tant d’iniquités. […] C’est de la plaisanterie, en effet, que ressortent tous ces systèmes de philosophie, qui veulent expliquer ce monde de mystère et en supprimer le crépuscule… C’est de la plaisanterie ! […] Les Mandarins seuls de la Philosophie se sont risqués et continueront de se risquer dans la logique d’Hegel, mais ils ont rapporté déjà et continueront de rapporter de leur accointance avec les œuvres du professeur de Berlin une méthode historique et des vues sur l’histoire qui pourraient très bien bouleverser le monde, sous prétexte de l’expliquer. […] Vera, assez ferme de regard pourtant, pour voir qu’elle ne peut jamais, dans ce monde inférieur, être que relative, contingente et bornée, autant pour lui, Hegel, qu’un autre ! […] Il est évident qu’Hegel est l’homme le plus éminent de la philosophie, dans la nation la plus forte en philosophie qu’il y ait présentement dans le monde, et si c’est là une mesure très rassurante pour ceux qui tiennent la philosophie pour le peu qu’elle est, c’est une chose troublante et très entraînante pour ceux-là qui l’aiment et qui l’exagèrent parce qu’ils l’aiment.
Avant Swedenborg, il y avait dans le monde toute une filiation de mystiques, de têtes frappées de visions, même parmi les philosophes. […] Il entra tout à coup de plain-pied, — tranquillement, — sans combat, et comme s’il se fût agi de l’évolution la plus simple, dans le monde extraordinaire dont il n’est plus sorti et qui a fait de lui la curiosité et l’énigme de l’Europe. […] » Dieu, dit-il, lui « ouvrit le monde intérieur », et il fut immédiatement Voyant. Il n’eut plus d’accointances qu’avec le monde extra-mondain du ciel ou de l’enfer, et il vécut avec les trépassés et les anges, qui, dans son système, d’ailleurs, sont la nature et la forme humaines. […] La quittance retrouvée de madame de Marteville, l’entrevue avec la reine Ulrique à Stockholm et avec le prince de Prusse dans l’autre monde, toutes ces merveilles, si elles ne manquent pas d’absurdité, manquent de merveilleux.
Ils souffriront peut-être que, pour une fois, on venge les amis de Dieu, qu’on croit généralement par trop simples, des brillants amis du Démon et du monde, qu’on croit véritablement par trop forts ! […] En effet, il n’y a que cela qui explique sa vie ; il n’y a que la notion de Notre Seigneur Jésus-Christ telle que nous la portons dans nos âmes, qui puisse expliquer cette espèce de règne (car c’en fut un) d’un prêtre caché au bout du monde, dans sa pauvre petite Bethléem de quelques feux et de quelques âmes, et que les foules, à défaut de mages, sont de partout venues visiter ! […] Ce fut enfin, au xixe siècle, — à trois pas de Ferney et de Genève, — un de ces spectacles que l’univers avait désappris depuis le Moyen Âge ; car on avait bien vu, depuis le Moyen Âge, des saints dont se détournait le monde, mais on n’avait pas vu de saints vers qui le monde eût gravité ! […] Lui, le doux prêtre, ne remue pas violemment le monde ; il ne le bouleversera pas, comme saint Vincent, pour le régénérer. […] Malgré deux ou trois efforts qu’il fît un jour pour s’ôter de la place où Dieu l’avait mis aux regards du monde comme un pont du ciel qu’il lui avait jeté, malgré la tentation qui le prit de la pénitence au désert, du silence ardent des Chartreuses et de la contemplation rigide et extatique en Dieu des grands Solitaires, Dieu ne permit point au serviteur qu’il s’était choisi d’être autre chose qu’un grand confesseur, et je dirai plus : le confesseur au dix-neuvième siècle.
Les saints se passent très bien de la gloire du monde. […] une telle preuve faite, sans que le grave et sincère historien qui l’a faite ait, une minute, joué aux enfantillages de la thèse ou du paradoxe, n’est pas indifférente à l’histoire et à l’édification de ce monde. Le monde est fort lâche et fort sot. […] Pour nous chrétiens, saint Vincent de Paul est bien autre chose qu’un homme d’État, puisque le Saint-Esprit avait pris son cœur pour tabernacle ; mais il ne s’agit pas du Saint-Esprit pour les gens d’esprit qui endoctrinent présentement le monde. […] Or, son royaume à lui, ce n’était pas la France ou une partie de l’Europe coupée au fil du glaive, mais c’était le monde tout entier conquis, embrassé, dévoré par cette « toute petite compagnie » de Saint-Lazare, comme il l’appelait, et qui, fondée par lui, renouvela le miracle des apôtres.
Il prêtait de l’argent et faisait figure dans ce petit monde. […] La merveille du monde ! […] Ce monde poétique qui s’agite dans son cerveau ne s’affranchira-t-il jamais des lois du monde réel ? […] Pauvre monde que le nôtre ! […] Même loi dans le monde organique et dans le monde moral.
c’est la Revue des Deux Mondes : dans son numéro du 1er juin 1855, elle donne dix-huit poèmes. […] Se plaît-il dans le monde du fantastique comme Hoffmann, ou dans les sphères de l’idée pure comme M. […] Elles mettent un peu de folie dans le monde ; elles soufflètent le billet de banque sur les deux joues ; elles sont le caprice lâché, nu, libre et vainqueur dans le monde des notaires et des épiciers de morale à faux poids201. […] Le monde mourrait de civilisation. […] Devant la splendeur de cette force et de ce génie, qu’importe le reste du monde ?
En sortant du séminaire Saint-Sulpice, le monde s’offrait à moi comme un vaste désert d’hommes ; ma récompense fut de vous trouver, cher ami, dans cette petite pension de la rue de l’Abbé-de-l’Épée (alors rue des Deux-Églises), où y exerçais au pair les fonctions de répétiteur. […] En ce monde, la science est encore ce qu’il y a de plus sérieux. […] Nous devons plus à l’astronomie qu’à aucune théologie du monde. […] Vivez longtemps pour la science, pour ceux qui vous aiment ; vivez pour notre chère patrie, qui se console de bien des défaillances en montrant au monde quelques enfants tels que vous.
Il lui manque d’être homme du monde. […] Il n’y a rien au monde qui soit plus vide. […] On se place parmi le beau monde. […] Ce monde n’a plus d’assiette. […] Le monde est un grand naufrage.
Après elle, en effet, je n’en vois guère dans le monde. […] l’opinion, il aurait tant voulu qu’elle l’adorât cette reine du monde ! […] C’est un nom assez connu de par le monde. […] Il n’y a pas de poète au monde qui ne dût tirer d’une pareille œuvre un immortel honneur. […] Donc, elle est, malgré tout, le premier du monde.
Ainsi le monde nous semble mauvais, et nous ne saurions en concevoir un autre supérieur (encore moins un monde actuellement parfait). […] Le monde est plus grand que tu ne crois. […] Zola voit en effet le monde comme il le peint ? […] et n’est-ce pas surtout par elle que le monde est mauvais ? […] Ce joyeux monde, presque tout artificiel, nous plaît par là même.
Monde sans Dieu, ou Dieu sans monde ? […] Elle a déplacé en quelque façon les pôles du monde moral. […] le monde ne veut-il pas que je sois fausse ? […] Ne sont-ce pas en effet les idées qui, après tout, mènent le monde ? […] son esprit même qui pénétrait dans le monde des lettres.
Il fit du monde une tragédie de dix ans. […] Mais Alexandre et César ne cherchaient d’autre moralité que le bruit de leurs pas dans le monde et dans l’histoire. […] Qu’il en jouisse, puisque le monde a plus d’écho que d’intelligence, et confondra toujours le bruit avec la gloire ! […] J’avais beau trouver le monde prévenu et accueillant pour moi, ce n’était pas mon air natal. […] … l’humanité pour tout le monde !
Un passage des Lettres semble indiquer qu’elle fut mise au couvent des Nouvelles Catholiques ; mais c’est surtout dans le monde qu’elle se forma. […] La marquise (Mme de Villette) m’écrit de Douvres : elle y est arrivée vendredi au soir, après le passage du monde le plus favorable. […] Sans pédanterie, connaissant le monde, ne le haïssant point, et sachant pardonner suivant les circonstances, vous sûtes mes fautes sans me mésestimer. […] Cette petite pièce a couru le monde plus de dix ans avant qu’on s’avisât d’en faire aucune application. […] Mais elle croit que cela lui donne de la considération dans le monde.
Jupiter se joue, disait Héraclite, et le monde se fait ; le darwinisme applique un adage semblable au monde des idées : la nature, par un de ses jeux, a produit un cerveau qui mieux que les autres lui servait de miroir, le cerveau humain, et elle s’y est contemplée. […] Chaque conscience étant, avons-nous dit plus haut, une monnaie frappée à l’effigie du monde, les lois du grand balancier se retrouvent dans l’empreinte ; mais, d’autre part, nous ne connaissons le balancier et la loi du monde que par l’empreinte. […] Mais ce monde vrai est-il tout le monde réel ? […] Le monde n’est plus un mécanisme mort, il est animé et agissant. […] La cause serait le monde de l’instant A, le phénomène universel A, qui cesserait d’être pour laisser place au monde de l’instant B, au phénomène universel B.
Car, pendant le cours de chaque année successive et dans le monde tout entier, la terre et l’eau ont été constamment peuplées d’innombrables hordes d’êtres vivants. […] Il en est de même dans le nord de l’Amérique et en beaucoup d’autres parties du monde. […] Nous n’avons pas davantage le droit de supposer que toutes les mers de l’ancien monde ont toujours été ouvertes et libres du sud au nord, comme elles le sont actuellement. […] Ce qu’il ne faut pas oublier surtout, c’est qu’une très petite partie du monde a été étudiée avec soin. […] Mais avons-nous le droit de supposer qu’un pareil état de choses a toujours existé depuis le commencement du monde ?
Permettre aux États-Unis de renouveler la folie du premier Empire, de mettre le blocus anti-européen, non plus sur leurs ports seulement, mais sur un monde, comme ils viennent de le proclamer, ce n’est plus une lâcheté seulement, c’est accepter les fourches caudines de New-York, c’est abdiquer la navigation, le commerce, le coton, le libre-échange, la marine du vieux monde, c’est ne plus vivre que de la mort de la vie ! […] Avant de connaître et de sentir les rapports de l’homme, je connus et je sentis les rapports de l’homme avec le monde. […] Plus ambitieux que les conquérants, je désirais le monde et mes vœux n’avaient pas de bornes. […] J’allai visiter ma famille qui habitait alors la Louisiane ; et, emportant avec moi tous les oiseaux du nouveau continent, je fis voile pour le vieux monde. […] La vieille détacha de la paroi de la hutte un long couteau de cuisine, dont la lame devait m’envoyer dans l’autre monde.
La réputation de Fléchier dans le monde lettré commençait à se faire, grâce à ses compositions de collège qui avaient leurs lecteurs et leurs juges, même à la Cour. […] Vous m’avez remis devant les yeux l’image d’un monde que j’avais presque oublié, et je me suis intéressé aux plaisirs et aux chagrins que vous avez exprimés dans vos ouvrages. […] Parmi les choses rares de la ville, il se laisse montrer une dame qu’on y estime, tant en esprit qu’en beauté, l’une des merveilles du monde. […] Une infinité de petits ruisseaux serpentent dedans, et font voir un beau cristal qui s’écoule à petit bruit dans un lit de la plus belle verdure du monde. […] [1re éd.] et à une heure de paix pour le monde ag.
C’est tout un monde que ce demi-monde que M. […] Qui n’a pas rencontré, par le monde, de ces horribles mères défigurées en matrones ? […] Comment une femme du vrai monde peut-elle se rendre à une entrevue suspecte, à une visite dangereuse, sur la sommation d’une lettre anonyme ? […] Il veut être reçu dans le monde, c’est là son rêve, son ambition dernière et suprême. […] Ses millions luisent pour tout le monde, et il offre gracieusement à M.
Le monde antique s’était constitué sur le sentiment de la différence et de l’inégalité entre les hommes : il avait ainsi développé une civilisation où s’était manifesté Un écart extraordinaire entre une minorité de privilégiés et une immense majorité de serviteurs et d’opprimés. […] De même que le monde antique s’était constitué sur la base du principe d’inégalité, le monde chrétien se constitue sur la base du principe d’égalité. […] D’une façon générale, il apparaît que l’idée qui, dans sa pureté, allait à renier le monde, concluait au renoncement des biens terrestres, proclamait la fraternité humaine, l’égalité de tous et la vanité des différences, tenait en mépris l’effort intellectuel et la recherche scientifique, condamnait l’attachement à la beauté des formes, des mots et des sons, a donné naissance, avec le monde moderne qu’elle a créé, à l’organisation de la propriété, au développement de la richesse, à la constitution des hiérarchies, à un labeur inouï de l’humanité occidentale pour s’emparer des forces de la nature, à un accroissement des besoins, à une culture scientifique, dont le monde antique n’a pas approché, ainsi qu’à des formes d’art nouvelles et d’une égale beauté. […] C’est là un premier cas d’un Bovarysme nominal : l’idée se montre ici déformée, conçue autre qu’elle n’est par toute la part de l’humanité qui a constitué le monde occidental moderne. […] L’idée chrétienne qui concluait à renoncer et aspirait à mourir n’est donc intervenue parmi ces ferments d’énergie forcenée que comme un poison propre à les engourdir et à les atténuer, et il s’est trouvé qu’à l’égard de cette énergie du monde barbare, trop sauvage et trop ardente, ce poison fut utile.
Ce monde, cette franc-maçonnerie de la réclame règne et gouverne, et défend la place à tout homme bien né. […] » À la fin du dîner, au café, dans ce monde dînant en manches de chemise, Dinochau, le cheveu frisotté, la figure émerillonnée, vient se mêler à la littérature, et raconte des charges d’Auvergnat. […] Un salon au meuble en palissandre et en velours rouge, et ayant l’aspect d’un salon du monde bourgeois riche — mais toutefois avec, au-dessus du piano, une copie du tableau du Mariage de la Vierge de Pérugin, et, en face, Le Baptême de Jésus, un gothique brugeois. […] Sous ces arbres un monde, mais un monde qui remue et bruit à peine, un monde qui se traîne ou demeure, la tête baissée sur la poitrine, les mains prenant appui sur les nœuds des genoux. […] Il n’est plus un homme, mais un pur esprit, que rien, rien au monde, ne semble rattacher à l’humanité.
Plus le présent était déchu et privé de tels exemples, plus on les adorait dans le passé, comme l’œuvre d’un monde meilleur. […] La rencontre la plus frappante, c’est d’y voir, au moment où décline le génie grec, croître et s’élever les Romains que, d’après d’anciens oracles déjà répandus dans la Grèce italique, le poëte nomme les maîtres futurs du monde et les vengeurs de Troie. […] Empreints par leur date et l’état du monde gréco-barbare d’un caractère de curiosité savante et de subtilité, ils gagnaient surtout à se rapprocher et à s’étayer de quelques découvertes de la science. […] Dans Alexandrie cependant, le passage et le marché du monde, au bord de cette Égypte dont les monuments projetaient leur ombre mystérieuse sur les arts transplantés de la Grèce, parmi ces influences du monde oriental aboutissant de toutes parts à la ville nouvelle, entre ces ferments de culte divers qui s’amassaient dans cette cité cosmopolite, il semble que plus d’une inspiration devait s’offrir à la pensée de l’écrivain et du poëte. […] Admettons plutôt que, dès cette époque, et dans les siècles qui suivirent jusqu’à l’avènement du christianisme, à part la version des Septante, il dut se faire dans le monde grec oriental une infiltration constante des idées juives.
Un sens profond du mystère et de la vie universelle, une large sympathie qui attache l’homme à tout ce qui est, et qui fait dégager des animaux, des arbres, de toute la nature l’intime frémissement d’une sensibilité humaine, l’inquiétude irréparable de l’au-delà, l’âpre curiosité du monde inconnu, effrayant et attirant, qui reçoit les fugitifs du monde des vivants, imprègnent toute cette poésie, et lui prêtent un inoubliable accent52. […] Gaufrey Arthur, de Monmouth, avait mis en émoi le monde des clercs par sa fabuleuse Historia regum Britanniæ, dont quatre traductions françaises avaient presque aussitôt rendu Arthur et Merlin universellement populaires. […] C’est pour leur plaire, et à tout le beau monde, qu’il prodigue les détails de mœurs délicates, les peintures de la vie aristocratique. […] Enfin il réalisa dans sa plus précise et révoltante forme le type du parfait chevalier, qui laisse pays et femme pour courir le monde, et par folle vaillance s’acquérir un fol honneur : le ressort, au fond, qui le meut, c’est la vanité. […] Qualités et défauts, tout en eux était « sociable », fait pour l’usage et le plaisir du plus grand nombre : tout destinait leurs œuvres à réussir dans le monde autant qu’en France.
On entre, en le lisant, dans un monde absolument nouveau : on est vraiment dépaysé. […] Son « détachement » surnaturel n’a rien de commun avec les « airs détachés » d’un homme du monde ; l’humilité même les lui interdit. […] Elle est proche de son terme : le curé la recueille au presbytère, et c’est là qu’elle met son enfant au monde. […] Un honnête homme selon le monde est déjà fort éloigné d’être un vrai catholique. […] Elle doit être de plus en plus, par la force des choses, une monarchie absolue dans le monde des âmes, une théocratie.
L’histoire du monde se compose de grandeur et de décadence, de justice et d’injustice : il y a lutte entre les bons et les mauvais principes. […] A dire la vérité, la démocratie n’est dans le monde moderne que depuis les révolutions de France et d’Amérique. […] Quel œil serait assez perçant pour prévoir et deviner toutes les conséquences qu’un état social aussi nouveau peut produire dans le monde ? […] Si la démocratie est une cause de hasard, destinée à paraître et à disparaître dans le monde, les peuples s’y précipiteront en aveugles pour jouir dès l’heure présente des prétendus biens qu’elle promet. […] Il est permis de soutenir le mouvement de la terre sans aller en prison comme Galilée, l’infinité du monde sans être brûlé comme Bruno ; on peut être panthéiste et même athée sans craindre le supplice de Michel Servet et de Vanini.
Même dans le monde végétal, où l’organisme est généralement fixé au sol, la faculté de se mouvoir est plutôt endormie qu’absente : elle se réveille quand elle peut se rendre utile. […] Or, si nous considérons de ce biais la vie à son entrée dans le monde, nous la voyons apporter avec elle quelque chose qui tranche sur la matière brute. Le monde, laissé à lui-même, obéit à des lois fatales. […] Dans un monde où tout le reste est déterminé, une zone d’indétermination l’environne. […] En d’autres termes, la tension de la durée d’un être conscient ne mesurerait-elle pas précisément sa puissance d’agir, la quantité d’activité libre et créatrice qu’il peut introduire dans le monde ?
» Tel devait être, ce semble, à l’origine du genre humain, à l’envoi de ce spectateur et de ce maître sur la terre, le premier élan de la poésie : elle remontait à Dieu et lui présentait l’offrande du monde. […] Sur une autre influence du monde oriental, elle semblait, au contraire, déjà faite. […] Le monde oubliera-t-il jamais le cantique du passage de la mer Rouge ? […] « Si j’avais faim, je ne te le dirais pas ; car le monde est à moi, avec tout ce qu’il renferme dans son sein. […] Ils ne se relèveront pas ; ils n’auront pas la terre en héritage ; ils ne couvriront pas de villes la surface du monde.
Mme de Pompadour amène avec elle un monde particulier et une nuance féminine distincte. […] Il ne faudrait pas essayer de faire l’histoire de Mme de Boufflers, dans sa jeunesse ; ses mœurs furent celles du grand monde de son temps, c’est-à-dire plus que légères. […] Elle avait moins d’instruction que d’esprit, et que de science du monde. […] Je suis avec un profond respect, etc. » Tout cela ne prouverait qu’une chose, c’est que Mme de Luxembourg savait mieux le monde et le français que l’orthographe. […] Ce voyage de Mme de Luxembourg à Chanteloup fit une grosse affaire dans ce monde à la mode.
Le monde est fait ainsi ; loi suprême et funeste ! […] C’était à qui, dans ce jeune monde, donnerait à son nom comme à son costume une coupe non bourgeoise, une tournure bien moyen âge ou étrangère. […] Le monde de Murger est plus naturel et à l’abandon, il est aussi plus sensible : le Manchon de Francine n’aurait jamais pu naître au milieu des dagues de Tolède et des yatagans damasquinés de 1833. […] Mais, dans le monde Murger, la politique est absente naïvement et par indifférence : dans l’impasse du Doyenné, elle est dédaignée, conspuée, comme inférieure et bourgeoise, et tout à fait garde nationale. […] Son recueil de Poésies publié en 1845, par tout ce qu’il contient, et même avant le brillant appendice des Émaux et Camées, est une œuvre harmonieuse et pleine, un monde des plus variés et une sphère.
Le IVe et le Ve siècle ne sont si maigres et si superstitieux dans le monde latin qu’à cause des calamités des temps. […] Et la papauté, quelle est son origine, si ce n’est cette même idée que tout vient de Rome, que Rome est la capitale du monde ? […] La Grèce ignorait nos préjugés aristocratiques, qui frappent d’ignominie quiconque exerce une profession manuelle et l’excluent de ce qu’on peut appeler le monde distingué. […] La plupart des positions libérales, en effet, absorbent tous les instants, et, qui pis est, toutes les pensées ; au lieu que le métier, n’exigeant aucune réflexion, aucune attention, laisse celui qui l’exerce vivre dans le monde des purs esprits. […] Ce qu’il faut dans un tel état, c’est la plus grande variété possible entre les individus ; car chaque originalité c’est l’esquisse d’un aspect des choses ; c’est une façon de prendre le monde.
Il était pied-bot par vice d’humeur, ce qui augmentait sa timidité naturelle dans le monde. […] De sentiment humain ou de patriotisme, avec ces êtres à part qui se croient de la lignée de Jupiter, il n’en faut jamais parler : la nation et le monde étaient faits pour eux ; ils le croyaient sincèrement, et ils agissaient hautement en conséquence. […] Les philosophes, quelques philosophes du moins, ont imaginé que si l’homme, après sa naissance et dans ses premiers mouvements, n’éprouvait pas de résistance dans le contact des choses d’alentour, il arriverait à ne pas se distinguer d’avec le monde extérieur, à croire que ce monde fait partie de lui-même et de son corps, à mesure qu’il s’y étendrait de son geste ou de ses pas. […] Dans cette folle conspiration, qu’elle entreprit de dépit contre le Régent (1718), et où elle poussa son timide mari, elle put voir que le monde était plus gros, plus rebelle, plus difficile à remuer qu’elle ne croyait. […] Elle resta persuadée comme auparavant que l’ordre du monde, quand il allait bien, était que tout fût pour elle et uniquement pour elle.
Bref, les plus aimables femmes du monde, quand elles sont un grand nombre ensemble et qu’il n’y a point d’hommes, ne disent presque jamais rien qui vaille, et s’ennuient plus que si elles étaient seules. […] Ce sont là des remarques fines, et qui sentent l’expérience du monde et presque celle du cœur. […] Sur tout sujet du monde elle fait ainsi, elle donne un petit cours complet, trop complet souvent, et où elle combine les exemples historiques qu’elle a rassemblés, avec les anecdotes qu’elle recueille dans la société de son temps. […] Son mérite et ses qualités estimables lui concilièrent jusqu’à la fin une petite cour et des amis, qui ne parlaient d’elle que comme de la première fille du monde et de la merveille du siècle de Louis-le-Grand . […] Ce costume de mascarade était d’emprunt : ce qui lui était essentiel et propre, c’était la façon d’observer et de peindre le monde d’alentour, de saisir au passage les gens de sa connaissance, et de les introduire tout vifs dans ses romans, en les faisant converser avec esprit et finesse.
La duchesse de Duras avait récemment composé d’agréables romans ou nouvelles qui avaient été très goûtés dans le grand monde ; elle avait de plus fait lecture, dans son salon, d’un petit récit non publié qui avait pour titre Olivier. […] Il y avait encore sous la Restauration une ligne de démarcation dans le grand monde ; n’allait pas dans le faubourg Saint-Germain qui voulait ; ceux que leur naissance n’y installait point tout d’abord n’y étaient pas introduits, comme depuis, sur la seule étiquette de leur esprit. […] L’Abbesse de Castro, publiée d’abord dans la Revue des deux mondes (février et mars 1839), appartenait probablement à cette série d’historiettes sombres et sanglantes. […] La part de vérité de détail, qui peut y être mêlée, ne me fera jamais prendre ce monde-là pour autre chose que pour un monde de fantaisie, fabriqué tout autant qu’observé par un homme de beaucoup d’esprit qui fait, à sa manière, du marivaudage italien. […] Vers ce temps, Beyle vendait à la Revue des deux mondes une série de nouvelles italiennes qu’il se proposait de faire et dont il n’y eut qu’une ou deux d’achevées.
M. d’Argenson l’aîné fut d’abord traité par le monde comme il l’avait été par son père, et on l’avait surnommé d’Argenson la bête pour le distinguer de son frère l’homme d’esprit : il n’était que sérieux, réfléchi, et plus occupé d’être que de paraître, tandis que son frère était tout entier tourné à percer et à plaire. […] Nous étions alors si grands garçons, c’est-à-dire si avancés dans le monde, que sans être nés libertins, nous l’étions devenus, car on imite, d’âge en âge, l’étage un peu devant nous ; les petits garçons veulent trancher du jeune homme, comme les jeunes gens avancés pour leur âge contrefont les hommes importants. […] Je fréquentais les spectacles, les assemblées, les femmes ; je faisais des connaissances ; j’allais au cabaret et autres lieux quand j’étais avec des gens du monde ; je me figurais être si bien dans le monde ! […] sacrifierons-nous toujours à ce monde sot, scrupuleux, médisant, qui vous imaginerait coupable parce que vous m’auriez rendu fort heureux ? […] D’Argenson sait bien où est l’excès, et ayant dans la suite à parler des historiens modernes comparés aux anciens, il dira, en rendant aux autres le conseil qu’il avait reçu : J’ai déjà prévenu d’une des plus grandes difficultés pour les auteurs : ils devraient être en même temps hommes de cabinet et hommes du monde.
Jeune encore et belle sans prétentions, elle s’était mise dans le monde sur le pied d’aimer sa fille, et ne voulait d’autre bonheur que celui de la produire et de la voir briller5. […] Le monde va si vite de nos jours, et tant de choses sont tour à tour amenées sur la scène, que nous n’avons pas trop de tous nos instants pour les regarder et les saisir. […] On a beaucoup dit que Mme de Sévigné soignait curieusement ses lettres, et qu’en les écrivant elle songeait, sinon à la postérité, du moins au monde d’alors, dont elle recherchait le suffrage. […] Elle idolâtrait sa fille et s’était de bonne heure établie dans le monde sur ce pied-là. […] Quant à elle, au milieu des accidents de ce monde, elle incline la tête, et se réfugie dans une sorte de fatalisme providentiel, que ses liaisons avec Port-Royal et ses lectures de Nicole et de saint Augustin lui avaient inspiré.
Et il y a un grand charme dans cette sorte de comparaison, qui nous fait passer en un seul instant de l’un des deux mondes dans l’autre. […] Mais ses cris contre la société, son dédain pour les solutions de la philosophie, la révélation de sa vie solitaire et de ses jouissances contemplatives, portèrent dans beaucoup d’âmes, avec le dégoût du monde, un véritable enthousiasme pour les scènes de la nature. […] La puissante imagination de M. de Chateaubriand, sollicitée par tant d’émotions, ramenée vers la nature par les convulsions du monde politique, cherchant partout des démonstrations au spiritualisme, et faisant parler la terre et les cieux pour ranimer la foi religieuse, a trouvé là bien des couleurs. […] Ils sont si mystérieux, et tellement allégoristes, que leurs compatriotes ont peine à les suivre dans leur monde idéal. […] Jamais le monde littéraire n’a compté plus de sectes différentes qu’aujourd’hui.
Mais si l’on entend par ce mot de marguillier, mal choisi pour tout le monde, ce que je ne veux pas comprendre, je dirai, moi, à son critique, qu’il est marguillier comme Platon — lequel, du reste, avait vendu de l’huile — était épicier. […] » disait Napoléon Bonaparte, — et voilà comment, dans ce monde, se paye la Supériorité ! […] , épouvanté de ne pas trouver le mot de ce monde, qui, s’il n’est pas tombé, n’est plus que l’œuvre d’un diable devenu fou, — comme disait Byron, — c’est-à-dire une absurdité, finit pourtant par accepter. […] … Oui, peut-être dans les cloîtres, en quelques coins retirés du monde, en quelques poitrines inclinées au pied des crucifix dans le silence de quelques chapelles. […] C’est, bien là l’ordre, dans ce monde désordonné, — dans ce monde du Sabbat humain, où, en toute chose, on dit la messe à la renverse.
Magnin a si bien analysé autrefois dans la Revue des Deux Mondes, et que dernièrement M. […] Quinet, il est vrai, dit à merveille dans sa préface : « L’époque la plus riche assurément que l’histoire romaine ait présentée à l’épopée est celle où le monde antique parvint à sa plus haute unité sous la puissance du premier des Césars. […] La ville lui cacha le monde. » Observons, en passant, qu’un autre inconvénient, tout opposé à celui où se heurta Lucain, serait que l’univers cachât trop l’individu. […] Quinet a plus d’un beau mouvement cornélien, comme quand il dit : Deux mondes sont ici, qu’en tout je vois paraître ; Ou Brutus, ou César, lequel vaut-il mieux être ? […] Brutus, homme de bien ; César, âme du monde : il en est le lien.
Chapelain Ce beau monde, dont Balzac faisait l’éducation, était assez disposé, tant par ignorance que par suffisance, à prendre son seul plaisir pour critérium de la valeur des œuvres littéraires : principe séduisant, mais dangereux. […] Descartes À la différence de Balzac et de Chapelain, Descartes292 est tout indépendant du monde : je dirais même qu’il est indépendant de la littérature de son temps. […] Il s’assure ainsi de l’existence de sa pensée, où consiste son être essentiel, de l’immatérialité de son esprit, de l’existence de Dieu, de l’existence du monde extérieur ; et dès lors le monde intelligible lui appartient : il n’est plus rien qui puisse se dérober à la raison bien conduite ; les premiers résultats garantissent l’universelle efficacité de la méthode. La raison cartésienne se met à la place de Dieu, et compose la machine du monde : mieux encore, elle n’explique pas seulement, elle agit, car de la science dépend la puissance ; par son progrès, elle vaincra la maladie et la mort même. […] Il avait supprimé en 1633 son Traité du monde effrayé qu’il était par la condamnation de Galilée, et c’est pour suppléer en quelque façon à ce grand ouvrage, qu’il donna son Discours de la Méthode.
Le monde pensant vit se lever de toutes parts de nouveaux horizons, et l’on découvrit de nouvelles terres. […] Que d’idées devaient en effet s’essayer, s’agiter dans ce jeune monde, et de celles qu’on n’est pas accoutumé à attribuer au xviie siècle ! […] Il redisait à Nicole, demi-solitaire et retiré, que le monde ne laissait pas d’intéresser à distance, les nouvelles du salon de Mme de La Fayette. […] Chassez un chien du fauteuil du roi, il grimpe à la chaire du prédicateur, il regarde le monde indifféremment, sans embarras, sans pudeur : il n’a pas, non plus que le sot, de quoi rougir. […] [NdA] La Bruyère a dit quelque chose de pareil : « Si le monde dure seulement cent millions d’années, il est encore dans toute sa fraîcheur, et ne fait presque que commencer.
Le temps ne sait encor de quel nom te nommer ; Un long frémissement circule dans les mondes, Quand l’un d’eux a trouvé dans ses veines profondes Quelques lettres pour le former ! […] Après les éléments, après les astres et les mondes, vient l’homme, un autre atome devant Dieu, mais un atome sentant ; après le soupir de la nature, le soupir du cœur humain : Et moi, ne sais-tu pas ce que mon cœur désire ? […] Et pour se donner patience et courage, il passe en revue tous les martyrs de la muse, la grande procession des glorieux affligés à commencer par Homère, tous ceux que le monde a couverts d’insultes, qu’il a abreuvés de fiel et couronnés d’épines : Et c’est ainsi partout, et c’est ainsi toujours ! […] Toujours intact aux yeux du monde, Il sent croître et pleurer tout bas Sa blessure fine et profonde : Il est brisé, n’y touchez pas ! […] L’intelligence dit au cœur : « Le monde n’a pas un bon père, « Vois, le mal est partout vainqueur. » Le cœur dit : « Je crois et j’espère ; « Espère, ô ma sœur !
On n’a goût à rien produire, quand tout est mis en question. » Mais songez donc que, depuis le commencement du monde, tout est ainsi en question, et que si les grands hommes dont les travaux nous ont faits ce que nous sommes eussent raisonné de la sorte, l’esprit humain serait resté éternellement stérile. […] Mais nous, qui avons commence à penser en 1830, nés sous les influences de Mercure, le monde nous est apparu comme une machine régulièrement organisée ; la paix nous a semblé le milieu naturel de l’esprit humain, la lutte ne s’est montrée à nous que sous les mesquines proportions d’une opposition toute personnelle. […] Il peut naître chez les races fortes et aux époques de crise des monstres dans l’ordre intellectuel, lesquels, tout en participant à la nature humaine, l’exagèrent si fort en un sens qu’ils passent presque sous la loi d’autres esprits et aperçoivent des mondes inconnus. […] Qu’elle est touchante cette coutume de l’Inde et de l’Arabie : le fou honoré comme un favori de Dieu, comme un homme qui voit dans le monde d’au-delà ! […] Ceux qui se trouvent bien du monde tel qu’il est ne peuvent aimer le mouvement, à moins qu’ils ne s’élèvent au-dessus des vues d’intérêt personnel.
La Reine des Fées de Spencer est ce qu’il y a de plus fatigant au monde ; le poëme d’Hudibras, quoique spirituel, est rempli de plaisanteries prolongées jusqu’à la satiété. […] On s’aperçoit souvent que le poète est contraint ou dirigé par sa soumission à l’orthodoxie : mais ce qui fait de Milton l’un des premiers poètes du monde, c’est l’imposante grandeur des caractères qu’il a tracés. […] Qu’est-ce que le monde ? […] L’Angleterre est le pays du monde où les femmes sont le plus véritablement aimées. […] Que leur importe le monde, et ses plaisirs, et sa folie !
Point de femmes, point de monde, point de plaisirs, point d’amusements. […] toi, tu es un détail. » * * * — À faire quelque chose sur la fin du monde amenée par l’instruction universelle. […] Un tailleur, homme du monde, ami des lettres, ayant des opinions, des goûts, des manies artistiques. […] Non une excellente société, mais Chicard y connaissait tout son monde. […] * * * — Le monde finira le jour où les jeunes filles ne riront plus des plaisanteries scatologiques.
On sait si dans le monde de de Blocqueville, — dans le monde des salons — ces deux femmes sont devenues populaires. […] Nous voilà bien loin de ces dialogues, supérieurs à ceux de Socrate dans Platon, de toute la supériorité du monde chrétien sur la sagesse antique, et de la langue philosophique la plus spirituelle dans tous les sens et la plus splendidement transparente qu’on ait jamais parlée aux hommes ! […] C’est enfin le catholicisme féminisé qui affirme « que l’humanité perdue par la femme se surlèvera par la femme », le dernier mot d’un catholicisme bas-bleu, qui sera peut-être une formelle hérésie demain ; car le bas-bleuisme, en définitive, n’est que la vanité de la femme en révolte contre l’homme et l’ordre religieux et hiérarchique du monde ! […] Eugénie de Guérin, dont Mme de Blocqueville se vante, à la première page de son livre, de s’être inspirée, Eugénie de Guérin qui, si elle revenait au monde, s’effrayerait, dans sa simplicité de cœur et de foi, du fatras auquel on la mêle, n’avait point de ces façons de penser sur le catholicisme que professent Mme la duchesse Eltha et Messieurs ses amis. […] Combien cela ramène délicieusement sur la terre du fond du monde stellaire, des météores et des comètes, et dans les détails intimes et négligés des chambres à coucher !
Mais Louis Faliés a été modeste, et la modestie ne vaut rien dans ce monde, où on la prend toujours au mot. […] Étude, c’est l’essai solitaire qui risque une confidence avec le public, et le monde est brutal ; il ne veut que des choses accomplies. […] Du reste, quand on va au fond de ce mot, dont le monde actuel est follement épris comme d’une nouveauté, on y trouve une chose assez vieille : c’est l’action très connue et très continue des siècles, en vertu de laquelle les mœurs se polissent. […] Si les races humaines supérieures doivent commander nécessairement aux races inférieures, il n’y a donc dans le monde, selon le mot de Tacite, que des hommes faits pour commander et d’autres pour obéir. […] Campez-vous où vous voudrez dans l’Histoire, jusqu’à l’avènement du Christianisme, cette grâce surnaturelle pour les nations comme pour l’homme, le monde tout entier n’est qu’un fauve.
Que se dire dans ce monde en poudre ? […] Si cet incroyable mouvement continue, avant un siècle il n’y aura plus dans le monde que des comédiens ! […] Mais le feuilleton creuse dans tout cela ; il est le détail, mis en lumière et jamais assez fouillé au gré de personne, de la vie, de l’esprit et jusqu’à des modes du comédien ou de la comédienne, ces deux illustrations du monde renversé ! […] Tout ce qui a en soi une force quelconque de pensée doit s’attacher à réprimer, dans la mesure de cette force, cet histrionisme envahisseur, qui va nous déborder demain et qui a fait toujours suivre, dans l’histoire du monde, les saltimbanques par les Barbares. […] C’est par les journaux, par les petits Bachaumont de la chronique, que la province a pu apprendre depuis quelques jours que la société parisienne avait transformé ses salons en salles de spectacle et que cette société, faite pour donner le ton au monde, le recevait, à cette heure, de ses comédiens.
En sortant d’une étude si consommée des faits, Lerminier, son œuvre achevée, s’est mis à conclure, les yeux sur son siècle, et sa conclusion, qui va du monde ancien au monde moderne, atteint le monde moderne et lui montre cruellement ses fautes. […] C’est à la Renaissance, en effet, que l’idolâtrie de l’imitation du monde grec a commencé. […] Ainsi, quand nous examinerons le livre de Champagny, nous montrerons que, la chose romaine périssant, un esprit qui s’échappait d’elle passa du côté des Barbares qu’elle avait vaincus, si bien que sous les nombreuses transformations du temps, et malgré ce grand coup de foudre du Christianisme qui a rompu le monde en deux, jetant l’Antiquité par là et le monde moderne par ici, nous, Français, nous continuons en bien des points la chose romaine. […] Ainsi, quand on l’oppose au nôtre, on peut résumer le monde grec dans une douloureuse infériorité : l’absence de la famille, entraînant nécessairement l’abaissement le plus honteux de la morale, le règne des courtisanes, etc., etc., et l’inhabileté constatée au grand art, le plus digne de la mâle raison de l’homme, la politique, l’art de gouverner.
L’Incarnation du Fils de Dieu dans Jésus-Christ sauva le monde païen, qui périssait dans la pourriture. L’Incarnation de la Royauté dans Saint Louis sauva le monde féodal, qui périssait dans le sang. […] Et il ne fit pas seulement justice… mais le monde lui-même lui demanda de la lui faire. Le monde tout entier s’en rapporta à lui et à son équité souveraine. Le monde tout entier : les peuples comme les rois, les papes comme les empereurs !
Et si ce n’était qu’en matière d’idées que Merlin fût un ruminement, je ne m’en étonnerais pas, car les têtes toutes-puissantes qui renouvellent leur inventaire intellectuel et aient plus d’une source d’inspiration à leur service, le nombre en est infiniment restreint parmi les poètes, même parmi ceux que le monde appelle les plus grands. […] Peu importe que le fond de ces deux ouvrages soit, sous deux noms différents, le même prétexte ou le même procédé pour nous faire voir le monde merveilleux ou historique des légendes et nous réverbérer, en le concentrant dans notre âme, ce prodigieux panorama ; mais il importe fort pour le mérite du poète et son progrès, pour l’intérêt et pour l’émotion du lecteur, que la forme et la manière de l’un ne soient pas par trop identiquement la forme et la manière de l’autre ! […] Merlin est un pèlerin qui se promène à travers le monde, comme Ulysse, Pantagruel, Childe-Harold, Don Juan, le Cosmopolite ; mais par cela même qu’il est un enchanteur, le grand intérêt humain, profond et varié des célèbres pèlerins d’Homère, de Rabelais, de Byron, de Goldsmith, ne peut pas exister pour le pèlerin de M. […] Edgar Quinet, vous l’avez vu déjà, le fait promener à travers le monde, comme Ulysse, Childe-Harold, Don Juan, Don Quichotte, le Cosmopolite, et même son propre Ahasverus. Non content de cette promenade à travers le monde, il le fait promener même en dehors de ce monde, comme le Dante, et de cette promenade éternelle, le but est de nous dérouler toute l’histoire, légendaire et poétique, du passé comme de l’avenir, car l’enchanteur Merlin, qui entre aux limbes, comme il entre partout, par la vertu de sa petite baguette de coudrier, n’a pas beaucoup de peine ni de mérite à nous prophétiser ce qui est de l’avenir pour lui, du temps du roi Arthur, et ce qui est du passé pour nous, Charlemagne, Hugues Capet, la Saint-Barthélemy, Louis XIV, la Révolution française, la tête coupée de Louis XVI, Robespierre et Napoléon.
Et en effet il ne suffit pas pour qu’un ouvrage prétende à un renom et à une récompense de moralité dans le talent, qu’après avoir présenté des scènes plus ou moins vives et hasardées, empruntées à un monde équivoque, l’auteur se ravisant ajoute après coup je ne sais quelle intention et quel correctif, comme on met une affabulation au bout d’une fable, ou plutôt comme on mettrait un quatrain moral à la fin d’un conte. […] Quelques auteurs pourtant peuvent se tromper avec une sorte de sincérité et croire qu’il n’y a nul inconvénient à présenter hardiment les scènes d’un monde mélangé et corrompu, en ayant pour guide et pour conducteur quelque sentiment pur, quelque passion plus élevée, représentée dans un des personnages, et en visant à une conclusion satisfaisante pour les cœurs honnêtes ou pour les convenances sociales. […] La Commission de l’année dernière pas plus que celle de cette année ne se l’était dissimulé : la grande difficulté littéraire que rencontre l’institution présente, c’est que le but moral qu’elle réclame avant tout puisse tomber d’accord, dans les ouvrages dramatiques d’un ordre élevé, avec toutes les autres conditions de grâce, d’élégance, d’émotion, de divertissement et de distinction légère que le monde proprement dit a droit de son côté d’exiger ; c’est que le but moral, si on l’y introduit, ne s’y affiche pas d’une manière contraire à la vérité des choses ni au goût, et qu’un genre prétendu honnête mais faux, comme en d’autres temps, n’aille pas en sortir. […] Mais il a été remarqué d’autre part que cette sorte d’exagération avait toujours été concédée aux moralistes, aux satiriques, aux auteurs de comédies ; que c’est un peu la condition de la scène ; que si la vérité peut manquer sur quelques points du tableau, cette vérité se fait sentir en d’autres endroits d’une manière vive, énergique et neuve : par exemple, lorsque le personnage principal au quatrième acte se voit presque amené, à force d’humiliations d’avanies et d’outrages, à se repentir de ce qu’il a fait de bien, et à apostropher le monde entier dans une sorte de délire : moment dramatique et lyrique tout ensemble, d’une vigueur poignante. […] Le ton du dialogue est généralement bon, sans recherche et sans vulgarité ; c’est, en somme, un monde d’honnêtes gens à qui l’on a affaire.
Les environs, d’ailleurs, sont charmants, et nul endroit du monde ne fut si bien fait pour les rêves de l’absolu bonheur. […] Ce cercle enchanté, berceau du royaume de Dieu, lui représenta le monde durant des années. […] Car au-delà, du côté du nord, l’on entrevoit presque sur les flancs de l’Hermon, Césarée de Philippe, sa pointe la plus avancée dans le monde des Gentils, et du côté du sud, on pressent, derrière ces montagnes déjà moins riantes de la Samarie, la triste Judée, desséchée comme par un vent brûlant d’abstraction et de mort. Si jamais le monde resté chrétien, mais arrivé à une notion meilleure de ce qui constitue le respect des origines, veut remplacer par d’authentiques lieux saints les sanctuaires apocryphes et mesquins où s’attachait la piété des âges grossiers, c’est sur cette hauteur de Nazareth qu’il bâtira son temple. […] Là aussi, sur cette terre où dorment le charpentier Joseph et des milliers de Nazaréens oubliés, qui n’ont pas franchi l’horizon de leur vallée, le philosophe serait mieux placé qu’en aucun lieu du monde pour contempler le cours des choses humaines, se consoler de leur contingence, se rassurer sur le but divin que le monde poursuit à travers d’innombrables défaillances et nonobstant l’universelle vanité.
En homme sans expérience du monde, il jugeoit de la superiorité du mérite de Raphaël sur le sien, par la difference de leurs fortunes. […] Une perle baroque et de vilaine eau, de quelque poids qu’elle soit, ne sçauroit valoir la fameuse peregrine ; cette perle, dont un marchand avoit osé donner cent mille écus, en songeant, dit-il à Philippe IV, qu’il y avoit un roi d’Espagne au monde. […] Ainsi le peintre éleve, dont l’esprit s’abandonne aux idées qui ont rapport à sa profession, qui se forme plus lentement pour le commerce du monde, que les jeunes gens de son âge, que sa vivacité fait paroître étourdi, et que la distraction, qui vient de son attention continuelle à ses idées, rend gauche dans ses manieres, devient ordinairement un artisan excellent. […] Le monde n’est pour lui qu’un assemblage d’objets propres à être imitez avec des couleurs. […] Ne désabusez pas si-tôt un jeune artisan, trop prévenu sur la consideration que son art mérite, et laissez-lui croire du moins durant les premieres années de son travail, que les hommes illustres dans les arts et dans les sciences, tiennent encore aujourdhui le même rang dans le monde qu’ils y tenoient autrefois en Grece.
Autrefois, il suffisait de se déplacer pour avoir un avantage très net sur son voisin qui ne bougeait pas ; mais aujourd’hui les déplacements étant devenus fort aisés pour tout le monde (preuve de grande civilisation, comme l’on sait), les descriptions et les faits nouveaux, qu’allaient chercher au loin des voyageurs incapables de penser et d’inventer au coin de leur feu et les portes fermées, deviennent, par la facilité avec laquelle on se les procure, du domaine commun, tout autant que si ce domaine était immobile. […] Il y a deux grandes classes de voyageurs en ce monde, et qui dominent, en les séparant, tous les genres et sous-genres, que Sterne, avec le génie des nuances humaines qui était le sien, a énumérées dans sa charmante et célèbre préface. […] À la rigueur, il ne devrait venir qu’à la seconde ; car c’est Marseille et non pas l’Orient qui est la pensée première et centrale de ce livre ; c’est Marseille, la clef du monde dans le présent, dans le passé et dans l’avenir. […] Sans doute Marseillais de naissance, Salvador, ainsi que nous l’avons déjà dit, considère un peu trop le monde à travers Marseille. […] Quand on voudra en faire une boutique, fût-ce la boutique du monde, la Providence, qui est bien aussi spirituelle que nous dans les leçons qu’elle nous donne, lui enverra la nécessité d’une guerre ou la menace d’une famine, et on sera averti.
Ensuite : ceux-là gouverneront toujours le monde qui sont d’une nature meilleure. […] Sans doute les hommes ont fait eux-mêmes le monde social, c’est le principe incontestable de la science nouvelle ; mais ce monde n’en est pas moins sorti d’une intelligence qui souvent s’écarte des fins particulières que les hommes s’étaient proposées, qui leur est quelquefois contraire et toujours supérieure. […] Ainsi se trouvent réfutés par le fait Épicure, et ses partisans, Hobbes et Machiavel, qui abandonnent le monde au hasard. Zénon et Spinoza le sont aussi, eux qui livrent le monde à la fatalité. […] On a pleinement démontré dans cet ouvrage que les premiers gouvernements du monde, fondés sur la croyance en une providence, ont eu la religion pour leur forme entière, et qu’elle fut la seule base de l’état de famille.
Si l’on nous accorde que la bonne littérature est celle qui reflète le mieux le monde intérieur et les phénomènes de l’âme, comment ce qui est vrai dans le monde ne serait-il pas vrai dans les livres ? […] Hugo, dans un domaine où il régnait jadis en souverain : le paysage, les magnificences du monde extérieur. […] À quoi l’on est exposé en ce monde ! […] N’a-t-il pas eu, lui aussi, sa lignée et sa descendance dans le monde moderne ? […] Cousin qui l’écrit, et cela vaut mieux pour tout le monde.
Le voyage du duc de Bordeaux en Angleterre défraye la conversation d’un certain monde, qui d’ailleurs se restreint et diminue de plus en plus M. […] Mais ces enfants, même en étudiant avec soin ce qu’on leur apprend, ignorent une quantité de choses de la société et de la vie, et du monde moderne, qu’on apprend d’ordinaire par l’air, dans l’atmosphère générale et par les relations de tous les jours : ils arrivent au sacerdoce, bons prêtres peut-être quant à la piété et à la connaissance théologique et liturgique spéciale, mais ignorants d’ailleurs, grossiers de manières et incapables d’agir dans une sphère un peu élevée. […] Le beau monde, la haute société ont beau se vanter de remplir les églises, les confessionnaux, tant qu’ils ne rempliront pas les cadres de la milice sacerdotale, ils n’ont rien fait, et ils n’y paraissent pas disposés. […] Il aurait trop réussi, si l’on venait à considérer ces jeunes égoïstes de vingt ans qui, sans aucune ferveur, sans même aucun des défauts de leur âge, ne songent qu’à se pousser dans le monde et à y faire leur chemin. […] Il est vrai que ces résultats si évidents sont amenés par les déductions les plus ingénieuses et les plus imprévues du monde : c’est une des formes de l’esprit de l’écrivain.
Ne pas souffrir, c’est un idéal négatif et qui serait plus sûrement atteint par l’anéantissement du monde. […] Loin de là, sans ce langage, la plupart des analogies intimes des choses nous seraient demeurées à jamais inconnues ; et nous aurions toujours ignoré l’harmonie interne du monde, qui est, nous le verrons, la seule véritable réalité objective. […] Et c’est pour cela que le monde est divin, puisque c’est pour cela qu’il est harmonieux. […] Un monde si extérieur que cela, si même il existait, nous serait à jamais inaccessible. […] C’est donc cette harmonie qui est la seule réalité objective, la seule vérité que nous puissions atteindre ; et si j’ajoute que l’harmonie universelle du monde est la source de toute beauté, on comprendra quel prix nous devons attacher aux lents et pénibles progrès qui nous la font peu à peu mieux connaître.
Que sera le monde en 1920 ou 1930 ? […] Ne profanez jamais l’amour ; c’est la chose la plus sacrée du monde ; la vie de l’humanité, c’est-à-dire de la plus haute réalité qu’il y ait, en dépend. […] Mais il y a une vérité qui sera éternelle, c’est que des relations des deux sexes résultent des obligations sacrées, et que le premier des devoirs humains est de s’interdire, dans l’acte le plus gros de conséquence pour l’avenir du monde, une coupable étourderie. […] Hors les cas de désastre national, faites une part au sourire et à l’hypothèse où ce monde ne serait pas quelque chose de bien sérieux. […] Je prie ceux d’entre vous qui ne me verront que cette fois de garder de moi, quand je ne serai plus de ce monde, un souvenir affectueux.
l’individualisme était dans le monde avant Jean-Jacques Rousseau, et cette poudre-là il ne l’a pas inventée. […] Dans ce monde chrétien qui l’avait dompté, une possession d’État avait été, bien avant Rousseau, octroyée à l’individualisme ; et c’est un autre homme que Rousseau, c’était Descartes, qui avait fait le coup, lorsqu’il avait mis dans sa philosophie le Cogito, ergo sum : « Je pense, donc je suis », dont il répondra devant Dieu ! […] Quoi qu’il en soit, on ne peut disconvenir qu’Adam n’ait été souverain du monde, comme Robinson de son île, tant qu’il en fut le seul habitant ; et ce qu’il y avait de commode dans cet empire était que le monarque, assuré sur son trône, n’avait à craindre ni rébellions, ni guerre, ni conspirateurs. » Telle est la froide bouffonnerie qui ouvre le Contrat social. […] Ces dix mille Adams se donnèrent, spontanément, bien entendu, un rendez-vous commun, on ne sait quand (la date est restée supra-historique et métaphysique, comme il convient à une bonne philosophie de l’histoire), on ne sait comment (car alors il n’y avait ni courriers ni télégraphie : on a mis quatre mille ans, dit Jean-Jeannot Fourier, l’aîné des fils de Jean-Jacques, pour inventer l’étrier), on ne sait où (le point est resté vague sur la mappe monde, et si ce fut partout, ce fut difficile à trouver), et enfin pourquoi ? […] Cet être d’origine indécise, qui vida ses petits (on dispute sur le nombre en disant qu’il se vante) dans le trou creusé par l’adorable saint Vincent de Paul, qui lui épargna l’assassinat ; cet ingrat monstrueux, qui glorifia l’ingratitude et publia le Vicaire savoyard pour chasser et abolir saint Vincent de Paul, le dépositaire et le nourricier de ses enfants, dut vouloir bâtardiser l’humanité, et son Contrat social n’est que la tentative de l’orgueil malade et insensé, qui crée le monde à son image !
En tout cas, les deux images restent prêtes à divorcer ; le divorce règne en permanence dans le monde des idées, qui est le monde de l’amour libre. […] Les théologies situèrent la justice au-delà du monde, dans l’éternité. […] Logiquement, il devrait dire : « J’ignore tout, hormis mon royaume, qui n’est pas de ce monde, et César comme le reste. » Mais en prononçant cette négation : « pas de ce monde », il affirmait « ce monde », et il dut songer aux relations qu’avec « ce monde » devaient nécessairement avoir ses disciples, les hommes de bonne volonté. […] Revue des deux mondes, 15 mai 1880. […] Gaidoz, directeur de Mélusine, est l’homme du monde le mieux documenté.
Il disciplinait comme son roi, le monde qu’il gouvernait. […] La philosophie n’occupe guère que les universités, le clergé et le monde des littérateurs. […] Or ce monde artificiel où elles vivent est bien moins étendu que le monde réel. […] Cette voix ne s’éteindra jamais dans le monde ; car ce n’est pas l’homme qui l’a inventée. […] L’éclat, la gloire du monde, les triomphes d’amour-propre le séduiraient encore.
Aucun effort d’imagination, des scènes du monde ouvrier, des paysages parisiens, reliés par l’histoire la plus ordinaire du monde. […] Écoutez tout ce monde : « Ah ! […] S’agit-il du monde, portes ouvertes, ou du monde, portes fermées ? […] Nullement, nous sommes dans le meilleur monde, un monde fréquenté par des princes. […] — de ne pas avoir encore conquis le monde.
Il sait, à présent, que le monde entier s’occupe de lui. […] Lamennais a osé écrire : « Je doute qu’il y ait au monde un pays plus ennuyeux que la Suisse. […] Elle éclaircit les affaires du monde les plus embrouillées. […] Il courtisa beaucoup l’abbé de Pure qui était une autorité dans ce monde-là et qui faisait la loi dans les ruelles. […] Napoléon, médiocre en grammaire, avait, à l’occasion, le style d’un maître du monde, éclatant et prompt comme la foudre.
Maintenant, c’est la plus belle floraison de cités, de sociétés municipales qui existe au monde. […] À d’autres le soin d’examiner le monde comme une pièce d’orfèvrerie ! […] Mais que le monde est vaste ! […] Il n’y a rien au monde qui s’élève plus naturellement et s’ennoblisse plus promptement. […] L’âme de Dieu se répand dans le monde à travers les pensées des hommes.
. — la revue des deux mondes reste aux mains de m. buloz. — les bretons, de brizeux. — poésies de théophile gautier. — orgueil de la vie. […] La Revue des Deux Mondes a eu sa crise intérieure. […] Quant à la Revue des Deux Mondes, M. […] Buloz, donnera désormais à la Revue des Deux Mondes un fonds plus consistant et prêtera un point d’appui plus solide et plus fixe à l’activité de l’habile directeur.
quel monde varié et brillant, capable de remplir l’esprit et les yeux d’un poëte ! […] Car celui qui priverait ce monde de nous, Dieu me sauve ! […] Une meurtrissure, une franche ordure passe en pareil monde pour un trait d’esprit. […] Quelles œuvres le monde peut-il encore produire ? […] Le régime scolastique a érigé en reine la lettre morte et peuplé le monde d’esprits morts.
Il mène de front les lettres, le monde, les affaires. […] Qu’on dise que le monde ne s’améliore pas tous les jours ! […] Tout me repousse du monde et m’avertit de le quitter ; Nina ! […] Une louve allaita les jumeaux, et Rome s’appela la reine du monde. […] Ce monde sublime, comme il échappe à tes sens !
Y eut-il jamais une meilleure éducation pour un lettré homme du monde ? […] y a-t-il quelque chose de plus engageant que la politesse et l’élégance du monde, sans la verve factice et les mensonges complimenteurs du monde ? […] Car le monde choisi raffine le langage. […] Tel est le ton charmant du monde. […] Auprès de Tillotson, c’est le plus charmant homme du monde.
Élisa est venue au monde un jour de printemps. […] Le monde parisien se compose de deux mondes bien divers : « Le monde des anciennes vertus, des anciennes croyances, qui révère l’Église, la famille, la royauté » ; et puis le monde flottant, indécis entre toutes les passions, tous les principes. […] Le monde s’en soucie comme de ça. […] Il fut la victime du monde féodal, qui l’écrasa sous ses ruines. […] Certes, voilà ce que personne au monde n’oserait affirmer.
Indiana n’est pas seulement un livre de vogue ; son succès n’est pas en grande partie dû à une surprise longtemps ménagée, à une complaisante duperie du public, à l’appât d’un nom gonflé de faveur, aux amorces habiles d’un titre bizarre ou mystérieux, promené, six mois à l’avance, de l’élégant catalogue en vélin aux couvertures beurre frais des nouveaux chefs-d’œuvre : la veille du jour où Indiana a paru, personne ne s’en inquiétait par le monde ; d’insinuantes annonces n’avaient pas encore prévenu les amateurs de se hâter pour avoir, les premiers, un jugement à mettre en circulation ; la seconde édition n’était probablement pas toute satinée et brochée avant la première ; bref, Indiana a fait son premier pas naïvement, simplement, sous un nom d’auteur peu connu jusqu’ici et suspect même d’en cacher un autre moins connu encore. Mais dès qu’en ouvrant le livre on s’est vu introduit dans un monde vrai, vivant, nôtre, à cent lieues des scènes historiques et des lambeaux de moyen âge, dont tant de faiseurs nous ont repus jusqu’à satiété ; quand on a trouvé des mœurs, des personnages comme il en existe autour de nous, un langage naturel, des scènes d’un encadrement familier, des passions violentes, non communes, mais sincèrement éprouvées ou observées, telles qu’il s’en développe encore dans bien des cœurs sous l’uniformité apparente et la régularité frivole de notre vie ; quand Indiana, Noun, Raymon de Ramière, la mère de Raymon, M. […] Ce cousin, fort singulier original, rebuté et comprimé lui-même dès l’enfance, sacrifié par ses parents à un frère aîné qu’on lui préfère, s’attache à la petite Indiana comme au seul être qui lui sourie au monde et qui lui rende amitié pour amitié. […] Il faut voir, dès la première scène du roman, ces trois personnes, ce petit monde, sans oublier le beau chien griffon Ophélia, par une pluvieuse soirée d’automne, dans le vaste salon du castel de Lagny. […] C’est bien là l’amour chez la femme que le vice de nos éducations, l’étroitesse de nos convenances et nos finesses vaniteuses n’ont pas tournée au frivole et rabaissée au médiocre ; c’est l’amour placé comme il doit l’être, dès qu’une fois on l’admet, au-dessus des vains bruits et des biens apparents, sans balance, hors de pair, sur le trône du monde.
L’une des principales causes finales des grands événements qui nous sont connus, c’est la civilisation du monde. […] Les Grecs se sont livrés avec folie à la recherche des différents systèmes du monde. […] Platon, cet écrivain si brillant d’imagination, revient sans cesse à une métaphysique bizarre du monde, de l’homme et de l’amour, où les lois physiques de l’univers et la vérité des sentiments ne sont jamais observées. […] C’est ainsi que devait être un peuple qui commençait la civilisation du monde. […] Les Grecs devaient donner l’impulsion à la littérature et aux beaux-arts ; les Romains ont fait porter au monde l’empreinte de leur génie.
Les Grecs sortant de leur pays pour se répandre dans le monde, la géographie alla s’étendant jusqu’à ce qu’elle atteignit les limites que nous lui voyons aujourd’hui. […] Les parties du monde furent ainsi appelées du nom des parties du petit monde de la Grèce, selon la situation des premières relativement à celle des dernières. […] D’après ces principes, la grande péninsule située à l’orient de la Grèce conserva le nom d’Asie Mineure, après que le nom d’Asie eut passé à cette vaste partie orientale du monde, que nous appelons ainsi dans un sens absolu. […] Puisque des Latins nous sommes revenus aux Grecs, remarquons que cette nation vaine en se répandant dans le monde, y célébra partout la guerre de Troie et les voyages des héros errants après sa destruction, des héros grecs, tels que Ménélas, Diomède, Ulysse, et des héros troyens, tels que Anténor, Capys, Énée. Les Grecs ayant retrouvé dans toutes les contrées du monde un caractère de fondateurs des sociétés analogue à celui de leur Hercule de Thèbes, ils placèrent partout son nom et le firent voyager par toute la terre qu’il purgeait de monstres sans en rapporter dans sa patrie autre chose que de la gloire.
— Il semble qu’en eux, prenant conscience de soi, le siècle hésite entre la crainte d’être au couchant du monde et l’espoir d’être à l’aurore d’un monde. […] Le monde tel qu’il le voit, fondé sur la hache du bourreau, n’est pas le monde de Jésus. […] Je le répète : la fin du monde ou le commencement d’un monde ? […] Quel est leur monde intérieur ? […] Fabre pour de curieuses études du monde ecclésiastique et M.
Dante le choisit pour guide dans l’autre monde, et jusqu’au seuil du paradis. […] Toutes les choses du monde n’en sont-elles pas composées ? […] Elle suit en tout les goûts et les opinions des gens de son monde, ou de sa coterie, ou de son âge. […] Il est de ceux « pour qui le monde matériel existe », selon la formule de Gautier. […] Perrichon a raison : « Que l’homme, même du monde, est petit, vu de la mer de Glace !
« Il faut avoir vu ce pays unique dans le monde », disait-elle encore de l’Angleterre. […] En vain elle essayait d’apprivoiser Alfieri avec le monde : il a consacré dans ses Mémoires sa répulsion invincible. […] Je suis seule dans ce monde, qui est devenu un désert pour moi. […] Il n’y a plus de bonheur pour moi dans ce monde, après avoir perdu à mon âge un ami comme lui, qui, pendant vingt-six an ? […] Il y a une injustice dans les choses de ce monde qui fait horreur.
Honoré Bonhomme s’est révélé au monde littéraire, et déjà il est en possession d’une notoriété assurée, disons mieux, d’une incontestable autorité. […] Honoré Bonhomme, qui depuis un certain jour « s’est révélé au monde littéraire », a commencé par dire quelques vérités qu’elle a rarement entendues… à qui ? […] Né à Paris en 1709, d’un père procureur au Châtelet, au sein d’une famille nombreuse où il comptait quantité de frères et de sœurs, il était de pure race bourgeoise, et il fut très à même de très bonne heure de connaître la ville, tout ce monde de robins, de présidents et de présidentes singeant la Cour, une espèce dont il s’est tant moqué. […] Collé restait trop exclusivement gaulois et ne souffrait point qu’on fît un pas en avant ; il abondait dans son sens et dans ses goûts : c’était une fin et un bout du monde qu’une telle manière d’être non renouvelée. […] Très-bourgeois en tout, Collé s’était pris, sur le tard, d’une vive amitié pour un petit cousin qui était surnuméraire dans les fermes, et c’est à ce jeune homme, pour le former au monde et aussi le pousser dans sa carrière, qu’il adresse, au nom de sa femme et au sien, de longs et minutieux conseils.
Son fonds d’adolescence et de première entrée dans le monde resta à très-peu près le même, ni plus ni moins. […] Après le Méchant, dans lequel il prouva une heureuse entente des tracasseries du monde, comme dans Vert-Vert il s’était joué avec les tracasseries du couvent, Gresset avait tout dit. […] Comme s’il avait pris à la lettre et tout à fait au sérieux son sujet du Méchant, et comme s’il s’était dit qu’il n’y avait pas à demeurer dans un pareil monde, il ne tourna plus désormais de regard qu’en arrière, vers la retraite et vers la vie de province. […] » Comment la vue seule de Paris et de ce monde qu’il avait une fois connu ne fit-elle point à Gresset cet effet-là ? […] Car enfin, même en se retirant au bout du monde, on emporte des préservatifs avec soi : Voltaire se fit un Paris et un Versailles partout où il alla, et tout en se vantant par coquetterie d’être Suisse et très-Suisse.
Mais Boileau n’était pas assez de sang-froid ni assez philosophe pour aller chercher et goûter une pensée saine dans une expression qui ne l’était pas : et Fontenelle, à son entrée dans le monde, offrait les vérités, bonbonnière en main, absolument comme on offrirait des dragées ou des pastilles. […] Il réalisa et résolut ce délicat problème dans ses Entretiens sur la pluralité des mondes, qui parurent en 1686 et qui eurent le plus grand succès. […] Pourtant il se rend compte du progrès particulier au monde moderne, et il en est, à sa manière, un organe et un instrument. […] Ce livre des Mondes offre, en quelque sorte, deux aspects, et il aboutit par une double influence à deux ordres d’écrits tout différents. […] Le premier exemple de ce mode d’exposé lucide et agréable a été donné par Fontenelle dans ses Mondes et ailleurs.
Mérimée a noté l’autre jour (Revue des deux mondes du 1er mars) le très petit nombre d’anecdotes et de faits qui s’y rapportent. […] Aux beaux jours du Consulat, Mme de Genlis, encore à la mode, un soir qu’elle devait recevoir beaucoup de monde, eut l’idée de jouer au coin de sa cheminée un proverbe improvisé, avec M. […] Il s’accommodait volontiers de tout ce qui passait devant lui dans le monde, parce qu’il y trouvait matière à sa raillerie et à son plaisir. […] Partout est pris sur le fait et convaincu d’avoir joué quatre rôles en un jour, en habit d’académicien, en simple habit d’oncle, en robe d’avocat et en capitaine de la Garde nationale : « Vous qui êtes un homme du monde, dit le jeune homme à son oncle, vous appelez cela l’esprit du monde ; moi qui suis un comédien, j’appelle cela de la comédie. […] Théodore Leclercq, devaient quelquefois embarrasser ce monde gracieux, qui n’y cherchait avant tout que le délassement d’une soirée et qu’un plaisir de l’esprit.
Il voulut montrer à toute la terre, et c’est lui qui le dit, qu’il y en avait encore un au monde. […] Regrettait d’en être venu si tard à l’étude de l’histoire, il considère que « la connaissance de ces grands événements que le monde a produits en divers siècles, étant digérée par un esprit solide et agissant, peut servir à fortifier la raison dans toutes les délibérations importantes ». […] « Car enfin ce n’est pas une chose facile que de se transformer à toute heure en la manière que l’on doit », et « la face du monde où nous vivons est sujette à des révolutions si différentes, qu’il n’est pas en notre pouvoir d’y garder longtemps les mêmes mesures ». […] Aussi l’empire est-il allé à ceux qui ont passé comme des éclairs d’une partie du monde à l’autre . […] On a dit de Louis XIV que personne ne contait mieux que lui : « il faisait un conte mieux qu’homme du monde, et aussi bien un récit ».
il y a toujours eu de ces philosophies dans le monde ; il y en avait, même en Allemagne, du temps de la jeunesse de Heine. […] C’est lui, Schelling, qui écrivait, tout philosophe qu’il fût, cette réserve sublime : « Il est impossible de se tirer de l’explication du monde sans la chute. […] On a dit que l’humanité est malade, que le monde est un grand hôpital. […] Il n’a pas expiré, il n’a pas le moins du monde été frappé à mort par la nouvelle philosophie allemande. […] est moins grand que Voltaire parce qu’il a fait moins de train dans le monde, mais ce train ne tenait qu’à l’heure qui sonnait sur la tête de Voltaire.
Ils veulent enseigner en riant ; et ils feront bientôt jusqu’à de l’épigraphie punique en « hommes du monde ». […] Pas le moins du monde. » Que veut-on de plus clair ? […] La morale des honnêtes gens, avec les facilités qu’elle offrait, a reconquis son empire naturel sur le monde. […] En vain, François de Sales, en rendant la religion plus humaine et surtout plus traitable, s’était-il efforcé de l’accommoder insensiblement au monde, de peur que le monde ne s’habituât à se passer d’elle. […] Mais n’est-ce pas se moquer du monde, et pas très plaisamment, que d’écrire le chapitre suivant ?
Un écrivain remarquable, original, téméraire de vérité et de paradoxe, surgit dans un coin du monde. […] M. de Maistre regardait le premier face à face l’écroulement du monde religieux et politique avec le sang-froid d’un esprit partial, sans doute, mais surhumain. […] On ne craignait pas l’ascendant de Cagliari sur le monde ; on admirait l’esprit de son représentant. […] En vain le monde croule, Dieu nous garde d’une idée imprévue ! […] Enfin, Monsieur, la carte géographique est pour tout le monde ; vous ne pouvez voir autre chose que ce que j’y vois.
Tout s’y trouve de ce qu’il est indispensable de voir et de savoir pour prendre figure d’homme du monde et se produire, avec avantage, dans la meilleure société : l’adresse des bons faiseurs, des recettes inédites de parfums, dont l’une est empruntée à M. […] La supériorité intellectuelle et morale se résumait à peu près en ceci : « Mépriser la politique et aimer le théâtre. — Connaître au moins de vue et de nom les personnages de “la fête” à Paris. — N’aller déjeuner et dîner que dans les restaurants connus. — Faire semblant d’avoir tout lu. — Savoir tous les potins. — Couper les livres des auteurs qui dînent chez vous. — Dîner beaucoup en ville et aller à la messe. — Retenir d’une exposition les tableaux des gens qu’on rencontre dans le monde. — Éviter le solennel et prendre la vie à la blague. » * * * Étrange société où connaître les gens qui font « la fête » suffit pour conférer un titre d’excellence. […] C’est à quoi le monde s’emploie. […] Je n’en éprouve pas moins une sorte de stupeur à feuilleter les journaux du temps, pleins de futiles commérages, de faux scandales, de potins d’alcôves et de coulisses comme je le fais en ce moment, dans l’angoisse de l’invasion, tandis que le monde s’écroule, que la grosse Bertha fait rage et que de quart d’heure en quart d’heure, toutes mes vitres tremblent au bruit des détonations. […] Excellentes personnes que ces deux notabilités d’un monde si différent et qui se distinguaient, l’une par ses petites manies, l’autre par son esprit à l’emporte-pièce.
Désintéressé des buts illusoires que s’obstine à convoiter une entité imaginaire, il est donc plus aisé de s’attacher, ainsi qu’on a résolu de le faire ici, aux phénomènes qui, parmi l’écoulement des individus, demeurent à travers la durée sur la scène du monde, à ces fins que réalise le désir humain détourné des objets chimériques pour lesquels il se consume : la vie de l’Espèce et la Connaissance. […] Par la vertu de cette illusion, les hommes ressemblent à des sujets hypnotisés qui, ayant reçu pendant leur sommeil une suggestion, créent pour l’accomplir, sitôt que l’heure est venue, les circonstances et le décor qui leur sont nécessaires, modifiant et travestissant s’il, le faut le monde extérieur, et suscitant aussi dans leur âme toute nue germination de motifs, afin d’enraciner l’acte dans les régions profondes de leur volonté, de lui imprimer le sceau de leur personnalité coutumière. […] Au contraire, une confiance joyeuse, une ardeur singulière et un intérêt puissant les stimulent à se persuader qu’à tout moment ils sont maîtres de changer leur destinée en modifiant souverainement la forme de leur âme, en modifiant aussi en quelque mesure la forme du monde. La croyance qu’ils peuvent agir sur eux-mêmes donne naissance à toutes ces complexités du monde moral que l’on a décrites en traitant une première fois de l’illusion du libre arbitre, et qui sont le sentiment du mérite et du démérite, celui de la responsabilité, celui du remords, toute cette floraison d’apparences psychologiques qui jettent tant de trouble et de violence dans les actes humains. […] Quant à l’illusion selon laquelle l’homme se flatte d’agir sur le monde pour augmenter son bonheur en pénétrant ses lois et en les exploitant à son profit, on a dit tout ce qu’il en fallait mettre en évidence au cours des développements consacrés au Bovarysme scientifique.
Non contente d’augmenter le jeu des passions dans le drame et dans l’épopée, la religion chrétienne est elle-même une sorte de passion qui a ses transports, ses ardeurs, ses soupirs, ses joies, ses larmes, ses amours du monde et du désert. […] Pour arriver à la jouissance de cette beauté suprême, les chrétiens prennent une autre route que les philosophes d’Athènes : ils restent dans ce monde afin de multiplier les sacrifices, et de se rendre plus dignes, par une longue purification, de l’objet de leurs désirs. […] « L’amour veut être libre et dégagé des affections de la terre, de peur que sa lumière intérieure ne se trouve offusquée, et qu’il ne se trouve ou embarrassé dans les biens, ou abattu par les maux du monde. […] Vous préférez le monde à la bonté divine, etc., etc. […] La gravité et la noblesse du caractère chrétien sont marquées jusque dans ces vous opposés aux tu de la fille de Félix : cela seul met déjà tout un monde entre le martyr Polyeucte et la païenne Pauline.
Le voilà au cœur de la plus belle société et du plus grand monde. […] Bonstetten, déjà aguerri au monde, qui avait vu du pays et beaucoup comparé, ne se laissa point prendre à ces caresses et à ces flatteries : il s’en raille agréablement. […] Mme de La Rochefoucauld, vous avez du tabac qui est le plus noir du monde…. […] Vous avez en vous un trésor de connaissances, vous avez un ami ; pourquoi ne pas jouir d’un bonheur qui est en votre puissance, au lieu dépasser votre vie dans des intrigues sans intérêt, auxquelles nous sommes, vous et moi, moins propres que personne au monde ? […] Saint-René Taillandier en a, depuis, donné d’intéressants extraits dans la Revue des deux mondes (15 février 1861).
Il vit sur tous les points du monde, non pas autre à l’orient, autre à l’occident, mais partout le même, partout roi de la création et maître des animaux. […] La vérité nouvelle n’en fit pas moins son chemin, et, dès le jour où elle parut dans le monde, elle suscita les premiers doutes qui préparèrent l’émancipation des noirs. […] C’est encore un trait commun à Buffon et à Descartes, qu’au milieu de spéculations qui semblent si étrangères à la science de la vie, il leur arrive par moment de jeter sur le monde moral un rapide et sûr regard. […] Avant lui, les animaux du nouveau monde étaient appelés du même nom que les animaux analogues de l’ancien. […] De cette comparaison sortent deux remarques fécondes : l’une, que la nature vivante paraît, en général, beaucoup moins grande et moins forte dans le nouveau monde que dans l’ancien ; l’autre, que les animaux du nouveau monde, comparés à ceux de l’ancien, forment comme une nature collatérale, comme un second règne animal, qui correspond presque partout au premier.
« Misérable monde, instable et trompeur ! […] Un citoyen romain s’afflige de voir sa patrie, qui est de droit reine du monde, devenir esclave des hommes les plus vils. […] Rien n’est stable dans ce bas monde, pas même la tombe des grands hommes : les sépulcres ont leurs vicissitudes comme les empires. […] autrefois vivante, maintenant transfigurée et élevée au-dessus de l’immortalité, afin que le monde eût l’occasion de la connaître et de l’aimer ! […] Ces montagnes, dira-t-il, renferment dans leurs entrailles ce grand poète qui fait la gloire du monde.
Y a-t-il quelque chose d’éternel au monde, et le monde lui-même, s’il n’est pas Dieu, s’il est créé, est-il éternel ? […] Pascal, en opposant l’infini d’un atome à l’infini du monde, a montré que ces deux infinis se valent, puisqu’il est possible de concevoir un monde dans « l’enceinte de ce raccourci d’atome ». […] Mais quel éteignoir sur le génie de Molière, s’il était venu au monde dans la Genève de Calvin ! […] Pas le moins du monde. […] Il n’y a qu’heur et malheur, en ce monde.
On n’a jamais su mieux le mal, sans le faire, que Mme de Maintenon ; on n’a jamais été plus rassasiée et plus dégoûtée du monde, tout en le charmant. […] Cependant Mme de Maintenon ne manquait pas de recommander à son jeune monde le style qui est si proprement le sien, « le style simple, naturel et sans tour », des lettres courtes, un naturel parfait et précis. […] Je rame, en vérité, pour amuser Mme la duchesse de Bourgogne… Comme on sent partout dans Mme de Maintenon à Saint-Cyr une âme qui en a assez du monde, qui dit aux jeunes âmes riantes : « Si vous connaissiez le monde, vous le haïriez » ; qui a connu la pauvreté et le manquement de tout, qui a été obligée de faire bonne mine et de sourire contre son cœur, d’amuser les autres, puissants et grands, et qui, sensée, délicate, raisonnable, est à bout de toute cette longue et amère comédie, — ne désirant plus, le masque tombé, que le repos, la réalité, la vérité, et une tranquilité égale et fructueuse dans l’ordre de Dieu ! […] Je prends au hasard deux pièces qui nous feront tout aussitôt pénétrer dans ce monde moral plus ému qui existe, il faut bien le reconnaître, et dont il ne servirait à rien de s’interdire et de se fermer rigoureusement l’aspect, depuis que Rousseau, Goethe, Chateaubriand, Byron et Lamartine sont venus. L’une de ces pièces s’adresse à un mort ou à une morte chérie : À un esprit qui s’en est allé Du haut des brillantes étoiles, ou du sein de l’air invisible, ou de quelque monde que n’atteint point l’humaine pensée, Esprit !
Ici de belles pages plus générales viennent consoler, cependant, de cette histoire allégorique et mystique si prolongée, et qui nous paraît, malgré tout, un peu dure : c’est un coup d’œil jeté sur l’état du monde avant la venue du Messie, sur la préparation graduelle des esprits à le recevoir. […] Un nouveau modèle de la perfection est offert et révélé au monde. […] On ne saurait mieux comprendre qu’en lisant Bossuet à cet endroit et dans tout ce qui suit, la difficulté qu’il y avait pour le monde, pour l’univers païen, à faire ce grand pas, à sortir non plus en la personne de quelques individus d’élite, mais en masse et par classes et nations tout entières, de cette chose confuse et qui nous paraît si absurde, l’idolâtrie. […] Il protège la Religion au dedans et au dehors du royaume et jusqu’aux extrémités du monde. […] Les portraits qu’il trace d’Athènes et de Lacédémone pourraient être sans doute plus creusés ; Montesquieu, en son Esprit des Lois, a opposé le caractère des deux peuples dans des chapitres qui seraient définitifs, si rien était définitif en ce monde.
La rencontre qu’il fit de Messieurs de Port-Royal fournit un aliment à son activité morale, et leur doctrine, qui était quelque chose de neuf et de hardi, devint pour lui un point de départ d’où il s’élança avec son originalité propre pour toute une reconstruction du monde moral et religieux. […] Mais ces hommes de doute et d’érudition, ou bien les libertins simplement gens d’esprit et du monde, comme Théophile ou Des Barreaux, prenaient les choses peu à cœur ; soit qu’ils persévérassent dans leur incrédulité ou qu’ils se convertissent à l’heure de la mort, on ne sent en aucun d’eux cette inquiétude profonde qui atteste une nature morale d’un ordre élevé et une nature intellectuelle marquée du sceau de l’archange ; ce ne sont pas, en un mot, des natures royales, pour parler comme Platon. […] Fénelon, serein, confiant et sans tourment, voit l’admirable ordonnance d’une nuit étoilée et se dit avec le mage ou le prophète, avec le pasteur de Chaldée : « Combien doit être puissant et sage celui qui fait des mondes aussi innombrables que les grains de sable qui couvrent le rivage des mers, et qui conduit sans peine, pendant tant de siècles, tous ces mondes errants, comme un berger conduit un troupeau ! […] Pascal, contrairement à Bossuet, se prend aussi d’affection pour les petites églises, pour les petits troupeaux réservés d’élus, ce qui mène à la secte : « J’aime, dit-il, les adorateurs inconnus au monde et aux prophètes mêmes. » Mais, à côté et au travers de ces duretés et de ces aspérités du chemin, que de paroles perçantes ! […] Le monde marche ; il se développe de plus en plus dans les voies qui semblent le plus opposées à celles de Pascal, dans le sens des intérêts positifs, de la nature physique travaillée et soumise, et du triomphe humain par l’industrie.
Parmi les notes et extraits de ses lectures, qui datent de cette époque, on lit comme par pressentiment une pensée de Mme de Sévigné : « Ne quittez jamais le naturel, cela compose un style parfait. » Pour le préserver pourtant, quelques années encore, des amorces d’un monde trop présent et pour diversifier ses études, M. […] Walckenaer, frais, vif, rose et riant, peint par Greuze, menant de front les plaisirs et le travail, ardent à l’étude, au monde, à la société, sensible aux passions, présentant l’image d’une jeunesse à la fois sérieuse et amoureuse ; nous ne pouvons que le deviner, mais littérairement il se trahit, et toujours il gardera dans son style, dans sa manière de dire, même quand il voudra peindre le siècle de Louis XIV, quelque chose de ce qui caractérise l’époque de Louis XVI. […] C’est assez faire entendre aussi, je pense, ajoute-t-il, que les personnages ne sont pas des sauvages de l’Ancien ni du Nouveau Monde ; ils sont Français et costumés à la française : enfin, ce qui est encore plus extraordinaire, autant du moins qu’il a été possible à l’auteur, ils parlent français… ». […] Cette lettre, je le répète, est un assez joli et assez naturel échantillon du style élégant comme on le concevait dans les premières années du siècle, avant l’effort de régénération de la langue à ses vraies sources : mais entre cette élégance et celle de Louis XIV, on conviendra qu’il y a tout un monde. […] Il a de ces anachronismes de ton qu’on ne sait comment s’expliquer ; lorsqu’il dira, par exemple, à propos de Mme de Maintenon entrant dans le monde à cette date brillante de sa jeunesse : « Ce qu’on appelle le monde, le beau monde, est un Diorama. » Je ne sais si Mme de Maintenon, exacte et stricte comme elle est, lui aura pardonné ces discordances ; mais je suis bien sûr que Mme de Sévigné n’y regarde pas de si près avec un tel ami, avec un d’Hacqueville si serviable et si nécessaire.
C’est le monde de l’ennui dont on sort soulagé, avec la ferme résolution de n’y jamais rentrer ! […] Je suis seule dans ce monde, qui est devenu un désert pour moi. […] Tout cet attachement poétique n’était que respect pour soi-même et convenance envers le monde. […] Ce pédantisme équestre l’isolait du monde. […] Il va voyager, c’est-à-dire courir à travers le monde, sans but et sans fruit.
Quand je commençai de la lire dans le livre de Forneron, je me trouvai attiré par la calme élévation de l’auteur, par son dédain de toute idée d’en bas, par son mépris de la canaille, cette Reine d’un monde renversé, par sa notion vraie des grandes choses catholiques. […] Luther, ce sanglier en rut, levait son groin sur le monde et allait pousser son grognement terrible. […] », cette incrédulité y est à peine aperçue, tant la pensée et le monde religieux sont pour l’historien de cette époque des Guise peu de chose, et disparaissent devant le monde politique dans lequel il voit et par lequel il explique tout. […] Il n’y a pas de héros qui ne soit plus ou moins diminué ou plus ou moins contaminé par cette histoire… Catholiques ou protestants, tout l’ensemble de ce monde-là est effroyable. […] Il s’est détourné, pour ne pas en avoir l’horreur, de tout ce qui, dans la Révolution française, révolte le plus le cœur et la pensée, et, chimérique, il a fait d’elle la grande Chimère que le monde moderne adore.
Oui, l’Allemagne avait entre les mains après Sedan le plus beau rôle de l’histoire du monde. […] « La figure de ce monde passe », dit l’Écriture. […] Quand la guerre aura disparu du monde, la noblesse disparaîtra aussi ; non auparavant. […] Ce libéralisme est souvent une cause de faiblesse, c’est une raison pour que le monde y vienne ; car le monde va s’énervant et perdant de sa rigueur antique. […] On reconnaîtra un jour qu’elle était le sel de la terre, et que sans elle le festin de ce monde sera peu savoureux.
La vie du monde lui faisait peur ; celle de l’Église lui paraissait douce. […] Du reste, il n’est pas de ce monde. […] S’il ne voit pas le monde extérieur, s’il ne reçoit pas par l’instruction la nourriture intellectuelle dont il a besoin, il créera pour lui-même un monde. […] Le père loue en Dieu la Loi du monde, la mère le prie comme la Cause aimante. […] Rome est la ville du monde où l’on est le plus à l’aise pour philosopher.
On sait que ce pays est un de ceux qui a eu le plus d’influence sur le reste du monde ; il fut l’école d’Orphée et d’Homère, de Pythagore et de Platon, de Solon et de Lycurgue. Il donna ses obélisques à Rome, ses lois à la Grèce, ses institutions religieuses à une partie de l’Orient, ses colonies et ses usages à plusieurs pays de l’Asie et de l’Europe ; il n’eut presque sur tout que des idées vastes ; ses ruines même nous étonnent, et ses pyramides, qui subsistent depuis quatre mille ans, semblent faire toucher le voyageur aux premiers siècles du monde. […] L’orateur finissait par invoquer sur lui le dieu redoutable des morts, et par le confier pour ainsi dire à la divinité, en la suppliant de ne pas l’abandonner dans ce monde obscur et inconnu où il venait d’entrer ; enfin en le quittant, et le quittant pour jamais, on lui disait pour soi et pour tout le peuple, le long et éternel adieu. […] Mais aussi lorsqu’un prince humain et bienfaisant, tel qu’il y en eut plusieurs, avait cessé de vivre, et que les prêtres récitaient ses actions en présence du peuple, les larmes et les acclamations se mêlaient aux éloges ; chacun bénissait sa mémoire, et on l’accompagnait en pleurant vers la pyramide où il devait éternellement reposer… Depuis trois mille ans, ces usages ne subsistent plus, et il n’y a dans aucun pays du monde, des magistrats établis pour juger la mémoire des rois ; mais la renommée fait la fonction de ce tribunal ; plus terrible, parce qu’on ne peut la corrompre, elle dicte les arrêts, la postérité les écoute, et l’histoire les écrit.
Qu’est-ce qu’un boeuf, un coq, un cochon viendront faire dans un semblable monde ? […] Car ce n’est pas assez pour nous de connaître l’homme ; il n’est qu’une portion du monde, et notre esprit est fait pour reproduire les sentiments de tous les êtres ; il est incomplet, s’il n’est pas universel. […] Loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ? […] Il transpose, et ce mot est de tous le plus exact ; car il transporte dans un monde ce qu’il a vu dans un autre, dans le monde moral, ce qu’il a vu dans le monde physique. […] Ces deux vers de style si correct et si bien tournés ne conviennent qu’à une dame du temps, à une héroïne du beau monde.
Elle enveloppa sa honte, aux yeux du monde, d’un voile de retenue et de dignité. […] Ce fut peut-être sa dernière apparition dans le monde nocturne de bruit et de flambeaux où elle avait brûlé sa vie. […] Il a un rendez-vous, le soir même, avec une femme du monde, une grande dame, et, ne sachant où loger son tête-à-tête, il a pensé à son ami Paul. […] Décidément c’est une âme perdue, le naufrage est accompli ; la femme du monde n’est plus, l’aventurière commence, et elle ira loin. […] Cependant, ce qu’il prouve à sa manière, c’est qu’il est impossible aux amours illégitimes de vivre et de durer dans le monde habitable.
Le monde tressaille à cet hymne d’un poète inconnu et, soudain, tous les cœurs sont à lui. […] Un moment, il eut l’idée de publier son volume par souscriptions : il était sûr de cinq cents souscripteurs, tous du « monde ». […] Il sépare Dieu du monde dans sa pensée, jamais dans son imagination, jamais dans sa prière. […] Ô Varuna, tous les mondes sont en toi. […] En réalité, c’est le monde mis en métaphores ; une prosopopée universelle.
Il y a plus de vingt ans que j’ai l’honneur de la connaître et que j’ai affaire à elle ; que, dans mes études de Port-Royal, j’ai occasion de la rencontrer à chaque instant, de me dire et de me redire en quoi elle diffère par le caractère et le tour d’esprit de sa sœur la mère Angélique, la grande réformatrice du monastère ; que j’ai l’habitude de recourir à ses lettres, à celles dont il existe à la Bibliothèque impériale et à l’Arsenal des recueils manuscrits, pour y chercher la suite et le détail des relations qu’entretenaient avec le dedans de Port-Royal les amis du dehors, les ci-devant belles dames plus ou moins retirées du monde, telles que Mme de Sablé, le ci-devant frondeur M. de Sévigné, oncle de la spirituelle marquise. […] Si elle avait vécu dans le monde, on aurait parlé d’elle comme d’une précieuse du bon temps et de la meilleure qualité. […] — « La mère Angélique est trop forte pour moi, je m’accommode mieux de la mère Agnès », disaient les personnes du monde qui s’adressaient d’abord à l’une et à l’autre dans une intention de pénitence. […] L’éloquent avocat, qui allait bientôt devenir un solitaire et un pénitent des plus rigoureux, pensait alors à s’engager plus avant dans les liens du monde ; il était amoureux d’une belle et sage demoiselle, et il s’en était ouvert à la mère Agnès pour l’éprouver et se ménager sans doute son approbation. […] Mlle Pascal avait un certain talent, ou du moins une grande facilité pour les vers : la mère Agnès, plus rigide qu’à elle n’appartient, lui écrit : « Vous devez haïr ce génie, et les autres qui sont peut-être cause que le monde vous retient ; car il veut recueillir ce qu’il a semé » ; et elle lui cite en exemple sainte Lutgarde, « qui refusa le don que Dieu lui avait fait d’entendre le psautier ».
Je voudrais d’abord que le critique eût du bon sens, la chose du monde la mieux partagée… au temps de Descartes. […] Les générations naissantes viendraient se former par nos conseils à la vie du monde et de l’art. […] D’une part, il s’y commet des péchés dont il n’est pas bon d’informer le monde, et je vois tous les jours un zèle imprudent donner à des ouvrages blâmables une renommée qu’ils n’avaient pas. […] Car enfin, si elle avait ce crédit, il semble que nous devrions être les plus fins connaisseurs du monde, les plus amoureux de l’art et de l’art le plus sublime. […] Mais peut-être la critique découvrira-t-elle quelque génie perdu dans la foule et que le monde n’estime pas à son prix ?